Déclaration additionnelle relative aux vaccins conjugués récemment autorisés contre Haemophilus influenzae, type B (Hib), associés à d'autres vaccins recommandés pour les nourrissons

Journal de l'Assocation médicale canadienne 1995; 152 : 530-532
Santé Canada, 1994
Reproduit avec la permission du Ministre des Approvisionnements et Services, 1996


Demandes de tirés à part du rapport original (Relevé des maladies transmissibles au Canada 1994; 20 : 157-160) : Eleanor Paulson, rédactrice, RMTC, Bureau de l'épidémiologie des maladies transmissibles, Laboratoire de lutte contre la maladie, Parc Tunney, Ottawa ON K1A 0L2.

Contenu


À l'heure actuelle, trois vaccins conjugués contre le Hib sont approuvés au Canada pour usage chez les nourrissons de 2 mois et plus. Le Bureau des produits biologiques a autorisé dernièrement deux nouvelles préparations vaccinales qui permettent d'administrer en une seule injection (a) le polyribosylribitolphosphate­anatoxine tétanique (PRP­T) associé à l'anatoxine diphtérique­vaccin anticoquelucheux­anatoxine tétanique­vaccin antipoliomyélitique trivalent inactivé (DCT­VPTI) et (b) le conjugué d'oligosaccharide Hib (HbOC) associé au DCT. On trouvera ci­après des renseignements succincts sur chacun des produits, des recommandations quant à leur utilisation respective et un aperçu des questions qui demeurent en suspens.

Vaccin conjugué PRP­T contre le Hib, reconstitué avec le vaccin DCT­VPI (PENTA)

Le vaccin PRP­T (Act­HIB, Pasteur Mérieux, distribué au Canada par les Laboratoires Connaught Limitée, Willowdale, Ont.) se présente sous la forme d'une poudre lyophilisée, qui peut être reconstituée avec le diluant fourni à cet effet ou avec le vaccin DCT adsorbé fabriqué et distribué par les Laboratoires Connaught Limitée. En janvier 1994, le Bureau des produits biologiques a approuvé l'utilisation du vaccin adsorbé DCT­Polio de Connaught pour reconstituer le PRP­T. Par conséquent, il est maintenant possible, dans les provinces où l'on utilise le vaccin inactivé contre la poliomyélite, de procéder à une seule injection par visite pour immuniser les nourrissons contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la poliomyélite et le Hib.

Les deux composantes du vaccin combiné, à savoir le PRP­T et le DCT­VPTI, sont également offertes séparément et sont décrites en détails dans le Guide canadien d'immunisation[1]. Tout comme le vaccin combiné PRP­T/DCT (Act­HIB reconstitué avec le vaccin DCT adsorbé de Connaught) approuvé auparavant, le PRP­T/DCT­VPTI (Act­HIB reconstitué avec le vaccin DCT­Polio adsorbé de Connaught) est offert dans un emballage en carton contenant cinq doses uniques de chaque produit.

On a comparé, pour les injections de la série primaire (administrées à l'âge de 2, 4 et 6 mois), l'immunogénicité et la réactogénicité des vaccins PRP­T et DCT­VPTI, selon qu'ils étaient administrés en association dans la préparation combinée, ou seuls à des points d'injection distincts. Cette étude a été réalisée auprès de 439 nourrissons canadiens[2]. Après deux doses de vaccin, les nourrissons qui avaient été vaccinés avec la préparation combinée avaient une moins bonne réponse anti­PRP ­­ évaluée en fonction de la moyenne géométrique du titre des anticorps (MGT) (0,24 comparativement à 0,42 µg/mL; p < 0,05) et du pourcentage de nourrissons présentant des anticorps anti­PRP mesurables (66,8 % contre 79,1 %; p < 0,005) ­­ que les nourrissons qui avaient reçu les vaccins PRP­T et DCT­VPTI à des points d'injection distincts. En revanche, après la troisième dose 98 % des vaccinés avaient des anticorps anti­PRP à des taux protecteurs, et il n'y avait pas de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne la MGT.

Un mois après l'administration de la troisième dose du vaccin, les quatre autres composantes du vaccin avaient suscité des réponses immunitaires comparables dans les deux groupes de nourrissons, à deux exceptions près. Premièrement, une plus faible proportion de nourrissons vaccinés avec la préparation combinée avaient des titres d'agglutinines contre la coqueluche de 1:256 en plus, comparativement aux nourrissons recevant des injections distinctes (39,8 % contre 50,2 %; p < 0,005). Il n'y avait toutefois pas de différences significatives entre les deux groupes pour ce qui est de la MGT ou du pourcentage de nourrissons ayant des titres d'agglutines mesurables. Deuxièmement, les nourrissons à qui l'on avait administré le vaccin combiné étaient moins nombreux à avoir des titres d'anticorps contre le tétanos égaux ou supérieurs à 2,0 UI/mL que les nourrissons qui avaient reçu des injections distinctes (3,3 % contre 12,3 %, p < 0,001). Bien que la MGT ait été significativement plus basse chez les sujets vaccinés avec la préparation combinée (0,50 contre 0,76 UI/mL), tous les vaccinés de ce groupe, sauf un, présentaient des taux protecteurs égaux ou supérieurs à 0,01 UI/mL.

Au chapitre des effets secondaires locaux et systémiques de la vaccination, on n'a pas observé de différences dignes de mention entre les deux groupes pendant la série primaire.

Indications

Dans les régions où l'on administre le vaccin inactivé contre la poliomyélite, le PRP­T reconstitué au moyen du DCT­VPTI peut être utilisé pour la primo­vaccination, conformément aux calendriers vaccinaux actuellement recommandés. On peut également s'en servir pour la dose de rappel, à l'âge de 18 mois.

[Contenu]

Vaccin conjugué HbOC contre le Hib associé au vaccin DCT Tri­Immunol (TETRAMUNE)

Jusqu'à récemment, le vaccin HbOC (HibTITER, Division des laboratoires Lederle de Cyanamid Canada, Markham, Ont.) devait être administré seul dans un autre membre que le DCT. Un nouveau produit (TETRAMUNE, de Lederle) a été approuvé en avril 1994. Cette formulation liquide prémélangée associe le HbOC au vaccin adsorbé Tri­Immunol, autorisé antérieurement, dont les composantes sont les anatoxines diphtérique et tétanique et le vaccin entier contre la coqueluche. Les deux préparations qui entrent dans la composition du vaccin combiné, le HbOC et le DCT, sont aussi approuvées séparément, et une description détaillée de ces vaccins figure dans le Guide canadien d'immunisation[1].

Le profil d'innocuité du produit combiné ne diffère guère de celui du vaccin DCT utilisé seul[3]. La réponse en anticorps à la composante Hib est amplifiée lorsque cette dernière est administrée en association avec d'autres agents, sans doute parce que le vaccin entier contre la coqueluche a un effet adjuvant[4]. Le vaccin combiné induit en outre une réponse immunitaire aux autres composantes beaucoup plus élevée que celle des préparations administrées seules.

Indications

Le vaccin combiné HbOC­DCT peut être utilisé pour la primo­vaccination, conformément aux calendriers vaccinaux actuellement recommandés. On peut également s'en servir pour la dose de rappel, à l'âge de 18 mois.

[Contenu]

Questions en suspens

Vaccin conjugué PRP­T contre le Hib, reconstitué avec le vaccin DCT­VPTI (PENTA)

La protection conférée par le vaccin PRP­T n'a pas été évaluée directement, mais les réponses immunitaires à la vaccination et l'expérience clinique actuelle donnent à penser qu'elle est satisfaisante.

En ce qui concerne la préparation combinée DCT­VPTI/PRP­T, on ne sait pas encore si les plus faibles taux d'anticorps anti­PRP observés après l'administration de deux doses, ou les réponses immunitaires aux agglutinines attenuées contre la coqueluche ou aux antitoxines du tétanos après l'administration de trois doses compromettent de façon significative la protection contre ces maladies. On ignore en outre si l'âge de 18 mois constitue l'âge optimal pour l'administration de la dose de rappel, étant donné qu'il a été établi en tenant compte des calendriers de vaccination actuels et non sur la foi d'évaluations de la baisse des titres d'anticorps anti­PRP. Enfin, nous ne disposons pas de données suffisantes concernant la variabilité de l'immunogénicité ou de la réactogénicité du PRP­T, d'un lot à l'autre, lorsqu'il est administré en association avec le DCT ou le DCT­VPTI.

Vaccin conjugué HbOC contre le Hib, associé au DCT Tri­Immunol (TETRAMUNE)

L'efficacité, l'innocuité et l'immunogénicité du vaccin conjugué contre le Hib ont été amplement documentés dans la population américaine. L'usage du TETRAMUNE est très répandu aux États­Unis depuis l'autorisation de ce vaccin en 1993. Par ailleurs, peu d'études systématiques ont été réalisées concernant l'utilisation des vaccins Tri­Immunol, HibTITER et TETRAMUNE chez les enfants canadiens.

Interchangeabilité des vaccins conjugués combinés contre le Hib

On ne sait pas encore si les préparations combinées contenant le PRP­T ou le HbOC sont interchangeables chez les nourrissons qui ont été vaccinés mais n'ont pas encore reçu la série primaire complète. Les données préliminaires donnent à penser que les vaccins PRP­T, HbOC ou PRP­complexe protéique de la membrane externe (PRP­OMP), administrés séparément, sont interchangeables lors des injections administrées à l'âge de 2, 4 et 6 mois; on n'a observé aucune différence significative dans les taux d'anticorps après la série primaire. Ces études ont été réalisées auprès d'un nombre restreint de nourrissons et n'ont porté que sur quelques­uns des calendriers vaccinaux possibles. Par conséquent, tant que nous ne disposerons pas de preuves plus concluantes, il est préférable d'administrer toute la série primaire avec une seule préparation. Quoi qu'il en soit, il semble raisonnable, d'utiliser au besoin l'un des vaccins combinés approuvés contenant le PRP­T ou le HbOC pour compléter la série primaire chez les nourrissons qui ont déjà reçu une ou deux doses d'un vaccin conjugué différent contre le Hib. On peut utiliser n'importe lequel des vaccins conjugués anti­Hib pour administrer la dose de rappel entre l'âge de 15 et de 18 mois, indépendamment du vaccin conjugué contre le Hib qui a été utilisé pour la série primaire.

Surveillance après vente des vaccins conjugués contre le Hib

Comme il reste à établir que tous les vaccins contre le Hib actuellement utilisés confèrent une protection de longue durée, la surveillance après vente est considérée essentielle pour tous les produits servant à immuniser les nourrissons contre l'infection à Hib. Il faudra, pendant plusieurs années encore, continuer à accorder une importance prioritaire à la surveillance constante des échecs vaccinaux.

[Contenu]

Références

  1. Comité consultatif national de l'immunisation : Guide canadien d'immunisation, 4e édition (no de cat. H49­8/1993F), Santé Canada en collaboration avec l'Association médicale canadienne, Ottawa 1993 : 66­70, 105­109, 164­169
  2. Gold R, Scheifele D, Barreto L et al : Safety and immunogenicity of Haemophilus influenzae vaccine (tetanus toxoid conjugate) administered concurrently or combined with diphtheria and tetanus toxoids, pertussis vaccine and inactivated poliomyelitis vaccine to healthy infants at two, four and six months of age. Pediatr Infect Dis J 1994; 13: 348­355
  3. Black SB, Shinefield HR, Ray P et al : Safety of combined oligosaccharide conjugate Haemophilus influenzae type b (HbOC) and whole­cell diphtheria­tetanus toxoids­pertussis vaccine in infancy. Pediatr Infect Dis J 1993; 12: 981­985
  4. Paradiso PR, Hagerman DA, Madore DA et al : Safety and immunogenicity of combined diphtheria, tetanus, pertussis and Haemophilus influenzae type b vaccine in young infants. Pediatrics 1993; 92: 827­832

[Contenu]


Source : Comité consultatif national de l'immunisation

Membres : Dr D. Scheifele (président), Dr J. Spika (secrétaire général), N. Armstrong (agent du secrétariat des comités consultatifs), Drs W.L. Albritton, F. Aoki, P. Déry, P. DeWals, R. Gold, S. Halperin, B. Law, M. Naus, L. Palkonyay, Y. Robert. Membres du comité de liaison : Dr J. Waters (ministère de la Santé de l'Alberta), Dr A. Carter (AMC), Dr S. Hadler (Centers for Disease Control and Prevention des États­Unis), Dr J.H.V. Marchessault (Société canadienne de pédiatrie), Major R. Nowak (Défense nationale), Dr H. Robinson (Direction générale des services médicaux).

[Contenu]


Avertissement

Ce guide de pratique clinique est publié à titre d'information uniquement. Ce document ne remplace en rien les conseils d'un professionnel de la santé compétent ou la recherche indépendante, ni n'est-ce là son objet. Sa consultation ne dispense pas non plus le lecteur d'exercer son jugement. L'AMC compte sur les auteurs des GPC pour l'avertir quand les guides deviennent désuets, et elle reçoit d'eux les mises à jour appropriées. L'AMC n'assume aucune responsabilité relativement à des renseignements périmés, à des erreurs ou à des omissions dans le guide de pratique, ou à l'utilisation de l'information qu'il contient.
VOIR Infobanque des GPC ­ PASSER à Page initiale d'AMC En direct
>