ISSN: 1918-5901 (English) -- 1918-591X (Français)

 

2015: Volume 8, Numéro 2, pp. 15-23

 

La “Black Press” canadienne du 19ème siècle:
Racines et trajectoires des pratiques communicationnelles et d’un activisme intellectuel exceptionnels gommés dans nos études en communication

Boulou Ebanda de B’béri

Université d’Ottawa, Canada

Texte intégral: PDF TDM: HTML PDF

Abstract:

In this country, the intellectual activism of black Canadian journalists of the 19th century is completely absent in the history of journalism, media studies, and communication. This essay seeks to instigate discussions about this gap and provide evidence of their strong contributions to Canadian communication, journalism, and media studies histories. Indeed, how can we admit that a black woman—founder and chief editor of a weekly international publication, The Provincial Freeman, in the mid 19th century in Ontario from 1853-1857—did not even receive a little quote in the history of communication and journalism in this country? How can we admit that when we talk about feminist activism in Canadian women’s studies, Mary Ann Shadd is still unknown, despite her being a perfect model of “agency”? Without even sharing the same rights as those white counterparts in the 19th century, Shadd was able to read, write, publish, and manage a communications company with men working for her. The ultimate goal of this paper is to illustrate the important contributions of these African-Canadian activists in the 19th century to Canadian media, and ultimately include them in our academic disciplines, so that they too can become objects of popular knowledge.

Keywords: 19th Century; Black Press; Intellectual Activism; Journalism; Liberation Theology

Résumé:

L’activisme intellectuel des journalistes canadiens de race noire du 19ème siècle est complètement absente dans l’histoire du journalisme, des Études de médias et des communications dans ce pays. Dans cette recherche, nous tentons de sortir des marges historiques cette absence qui représente une véritable “racialisation” “ethnicisation” devenue systémique des connaissances au Canada. Car comment peut-on admettre qu’une femme noire, fondatrice et éditrice en chef d’un hebdomadaire international au milieu du 19ème siècle en Ontario, de 1853 à 1857, The Provincial Freeman, ne reçoive même pas une petite citation dans l’Histoire de la communication et du journalisme de ce pays? Comment admettre que quand nous parlons d’activiste féministe dans les Études de femmes au Canada, que Mary Ann Shadd soit encore inconnue, alors qu’elle est un modèle parfait de l’”agency”, car sans même partager les mêmes droits que ces consœurs blanches au 19ème siècle, elle était capable de lire, d’écrire, de publier et de gérer une entreprise de communication avec des hommes travaillant pour elle. L’objectif ultime de cette recherche est donc de sortir des marges disciplinaires ces activistes Afro-canadiens aux pratiques intellectuelles “racialisées” et “ethnicisées”, hommes et femmes des médias du 19ème siècle au Canada et de les inscrire dans nos disciplines académiques afin qu’ils deviennent, eux aussi, des objets de connaissance populaire a priori!

Mots-clés: 19ème siècle; Activisme intellectuel; Black Press; Journalisme; Pratiques de Libération

Le fond de cette recherche part d’un constat troublant: il existe une méconnaissance effrayante de la Grande Histoire du Canada. Bonan, mal an, depuis plus d’une dizaine d’années, 9/10 de nos étudiants en communication déclarent souvent n’avoir jamais entendu parler de Viola Desmond alors qu’une bonne partie (un peu plus de 60% d’entre eux) admet avoir entendu parler de l’histoire de Rosa Park. Comment Park est-elle devenue l’objet d’une connaissance populaire canadienne aux dépends de Desmond, alors que Park était Américaine et Desmond Canadienne? Comment peut-on admettre que certains de nos collègues et étudiants s’exclament souvent: “Oh, Canada’s Rosa Park”, quand ils parlent de Desmond, alors que cette dernière s’était rebellée en 1947 bien avant Park, en 1955?

Grande est aussi notre surprise de constater que plusieurs pionniers-journalistes afro-canadiens comme Mary A. Shadd, Henri C. Bibb et de bien d’autres activistes intellectuels ayant contribué à la construction d’un Canada pré-multiculturel et multiracial au 19ème siècle ne reçoivent même pas de petites citations dans nos Études de la communication et du journalisme. Parmi les références consultées (Bizimana, 2007; Craick, 1959; Desbarats, 1990; 2004; Felteau, 1983; Keserton, 1967; Nichols, 1948; Osler, 1993; Prichard & Sauvageau, 1999; Robinson, 2004; Rutherford, 1978; 1982; mais aussi des archives de l’Encyclopédie du patrimoine culturelle de l’Amérique française et autres presses partisanes comme la Canadian Press Association) on ne trouvera pas les travaux de journalistes de la “Black Press”. Dans ces écrits, la notion de Black Press, en soi, est inexistante au Canada. Or, le rôle de la presse culturelle dans l’évolution des mentalités ou dans la formation d’actions citoyennes a largement été étudié au Canada (Craick, 1959; Desbarats, 2004; Felteau, 1983; Johnston, 2000; McNairn, 2004; Prichard & Sauvageau, 1999; Rens, 2001; Rutherford, 1982). Par ailleurs, quoique encore dans les marges, l’apport des femmes journalistes activistes a déjà fait l’objet de quelques études au Canada (Fiamenco, 2008; Lang, 1999). Toutefois, même ici, Mary Ann Shadd, cette afro-canadienne qui semble être la pionnière de toutes les femmes journalistes dans ce pays, elle qui fonda et dirigea entre 1853-1857 le Provincial Freeman, un des tout premier hebdomadaire international en Amérique du nord et peut-être même dans le monde, est absente dans ces recherches. Il est vrai que les analyses de Flamenco et de Lang se concentraient aux femmes journalistes canadiennes à la fin des années 1880, alors que Shadd avait initié The Provincial Freeman en 1852. Toutefois, ces exemples illustrent assez bien la notion “d’amnésie historique” propre au Canada (Ebanda de B’béri, 2014), car son Histoire et même plusieurs de ses disciplines académiques paraissent innocentes à l’extérieur, alors qu’elles sont profondément euro-centriques. Elles citent toujours les mêmes noms; elles montrent toujours les mêmes paradigmes; elles discriminent néanmoins, toujours, contre des connaissances différenciées, des pratiques qu’elles qualifient souvent d’exotique, parce que, semble-t-il, ceux et celles qui les auraient produites ne sont pas des “Canadiens naturels” (Dei, 2005). Ainsi la connaissance historique en Études de communication en général serait elle aussi totalement blanchie, il n’y est pas encore recensées des pratiques de la communication orale et visuelle des Aborigènes Canadiens, encore moins celles de la Black Press du 19ème siècle.

Nous rencontrons pour la première fois la notion de Black Press canadienne dans un livre d’histoire, Black in Canada: A History de R. Winks (1997). Dans un chapitre d’une vingtaine de pages environ, Winks note que les Afro-canadiens du 19ème siècle ne composaient pas un ensemble homogène et ne pouvaient donc pas représenter une cause commune comme aux ÉU. Il ajoute que chaque fois qu’ils voulaient s’attaquer aux idéologies dominantes, ils rencontraient une résistance farouche de l’establishment blanc anti-immigration. Son chapitre conclut qu’en dehors des grands titres “anti-esclavagistes” ou “pro-abolitionnistes”: Negro . . . press had proved they were not genuine sources of strength. While functional, they were not relevant (Ibid: 412). C’est donc un portrait de “communautarisme passif” que dénote Winks relativement à la Black Press. Cependant, comme mouvement, la Black Press nait à Philadelphie (ÉU), en 1827 (Blackett, 2002; Joyce et al., 1983; Pride & Wilson II, 1997). Au cœur du mouvement est la mission de rendre publique la vie quotidienne des noirs et de donner une voix à leurs souffrances et à leurs luttes pour plus de justice sociale. Pour les spécialistes des histoires socioculturelles et des relations raciales aux ÉU, tout le long du 19ème (et du 20ème siècle d’ailleurs), cette presse engagée deviendra le lieu d’une résistance intellectuelle d’où émergera de sérieuses réflexions sur l’esclave, et l’humanité (Blackett, 2013), sur l’égalité des droits (Clary, 2004; Stouffer, 1992) et sur le colonialisme (Saint-Jean, 1994). Plusieurs autres chercheurs déclarent que ces réflexions ont inspiré les débats sur les grands enjeux sociaux du 20ème siècle, comme celui des Droits civils. (Joyce, Hall, Brown & Hench, 1983).

Buxton et McKerche (1998) ainsi que Kesterton et Bird (1995) notent que la majorité des recherches sur l’histoire des médias écrits au Canada a souvent souffert des questions de périodisation (Sutherland, 1989). À ce constat, nous pourrions raisonnablement ajouter que les questions de genre, de racialisation des connaissances et des rapports de pouvoir (Ahmed, 2004; Backhouse, 1999; Bhabha, 1990; Jiwani, 2006; Razack, 2002) et plus spécifiquement celles du droit et d’égalité que traitaient des journalistes activistes de la Black Press canadienne, n’ont pas encore fait écho dans nos études en communication. Toutefois, l’étude des presses culturelles, comme la Black Press du 19ème siècle, nous enseigneraient qu’elles sont d’excellents lieux de résistance et la matrice de plusieurs luttes de justice sociale et d’égalité raciale. C’est en effet, ce que nous constatons dès les débuts du 19ème siècle au Canada. Ici, la Black Press canadienne aurait joué un rôle déterminant: (1) dans la conception des relations culturelles et raciales au Canada; (2) pour l’implication du Canada dans l’activisme transatlantique et (3) dans la construction nationale d’un Canada multiculturel, même si les pratiques et les journalistes ayant utilisé ce moyen d’expression se trouvent dans les marges de la Grande histoire du Canada et celles des Études en communication.

Les journalistes comme Henri C. Bibb (ex-esclave, fondateur et éditeur de la Voice of the Fugitive (1851-1853), qualifiée de “Nouvelle provenant du Canada” et première véritable Black Press d’envergure au Canada) et Mary Ann Shadd dont ses textes dans The Provincial Freeman (1853-1857) ciblaient la vie quotidienne des noirs au Canada, aux États Unis et ailleurs dans le monde sont quelques-uns de ces illustres activistes intellectuels, journalistes culturels totalement gommés dans l’Histoire du journalisme et les Études de communication au Canada. Pourtant, en utilisant le potentiel de la presse pour disséminer une “information engagée”, d’où s’initieront de profondes réflexions sur les rapports humains et de véritables changements sociaux, Bibb et Shadd auraient suivi les stratégies du mouvement anti-esclavagiste transatlantique de la Black Press des États-Unis en 1827.

 Aujourd’hui, nous tentons rétablir l’importance de cette presse en étudiant les pratiques communicationnelles et l’activisme intellectuel de leurs journalistes. Comme nos recherches précédentes sur l’histoire des noirs au Canada (voir The Promised Land Project: History and Historiography of the Black Experiences in Chatham-Kent and Beyond), nous voulons penser ces pratiques et ces actions comme des paradigmes ayant façonné le paysage socioculturel et multiracial du Canada “pré-multiculturel” (Wright, 2014). À cet effet, notre analyse recherche d’archives historiques de la Black Press ici au Canada et ailleurs dans le monde commence à sortir une cartographie intéressante de leurs trajectoires de production et leurs réseaux de distribution. Nous commençons à comprendre comment ils fonctionnaient en réseau, comme une armée “d’intellectuels” et de “collaborateurs transcontinentaux” qui utilisaient le potentiel de la presse pour parler de la vie quotidienne des noirs ici et ailleurs dans le monde et grâce à qui émergeaient de véritables politiques de justices sociales. En analysant ces pratiques de productions de sens, nous commençons à peine à comprendre la complexité de leurs actions citoyennes qui auraient eu un impact important sur le devenir multiculturel du Canada moderne. Nous commençons à comprendre comment leurs trajectoires, la formation de leurs alliances et de leurs réseaux participent à des articulations d’un activisme politique transatlantique. Il nous reste néanmoins beaucoup à faire. Il faudra savoir qui ils étaient véritablement, combien étaient-ils, qui étaient leurs lecteurs, de quels sujets traitaient-ils; étaient-ce des sujets locaux, nationaux, internationaux ou transnationaux? Comment utilisaient-ils la presse? En quoi leurs productions intellectuelles pourraient-elles s’articuler avec d’autres grands enjeux sociétaux et universels de droit et d’égalité des Êtres humains au 19ème siècle.

Comme paradigme, la Black Press semble donc contenir tous les ingrédients d’un “réseau structuré” de journalistes et “d’activistes intellectuels” qui mobilisent des pratiques exceptionnelles de la communication et le plein potentiel de la culture de l’impression pour disséminer une information engageant de véritables changements sociaux. (Harry, 1997; Pride & Wilson II, 1997; Stevens et Johnson, 1990). Nos présentes recherches sur les noirs au Canada nous poussent à croire qu’il y a eu des contacts transnationaux entre les activistes abolitionnistes européens, américains et canadiens (Ebanda de B’béri, 2014; Reid-Maroney, 2013). Nous sommes convaincus que le Canada a servi de base-arrière à l’émergence de la Black Press aux États-Unis dès ses débuts en 1827. Une affaire particulière nous offre quelques pistes de départ, l’Affaire David Walker de Boston en 1830. En effet, dans son article, Appeal to the Coloured Citizens of the World (remarquez le transcontinentalisme racialisé de ce titre et notez aussi que cet article fut distribué secrètement à Boston et dans d’autres villes du Sud des ÉU autour de 1830), Walker exhorte les noirs à se soulever contre l’esclavage et à résister jusqu’à ce que mort s’en suive à leurs maitres blancs. La distribution de cet article avait créé une énorme controverse qui força le Congrès américain à voter la “Gag Rule”, une législation censurant toute discussion anti-esclavagiste dans les médias (Jacobs, 1971; Suggs & Young, 1988).

Nous soupçonnons que l’article de Walter avait été imprimé quelque part ici à Montréal avant de se retrouver aux EU. En effet, Walter avait travaillé pour l’un des tous premiers journaux de la Black Press, Freedom’s Journal, fondé par son ami John Brown Russwurm (un journaliste abolitionniste d’origine jamaïcaine qui a fait ses études à Montréal autour des années 1830). Si ces faits devenaient fondés, nous pourrions avoir des arguments solides pour repenser le rôle historique du Canada dans la grande histoire de l’activisme transatlantique. L’Affaire Walker semble être un bel exemple de réseaux transculturels et transcontinentaux d’activistes abolitionnistes américains et canadiens (mais aussi caribéens et européens) qui avaient développé des “tactiques de détournement” (de Certeau, 1975; 1980) avec des “dispositifs de marronnage” (Ebanda de B’béri, 2009; 2014) afin de produire et de disséminer des informations contradictoires aux discours institutionnels cela, dans un environnement hostile. Ce sont ces activistes intellectuels qui mobilisent des pratiques communicationnelles exceptionnelles, leurs racines et leurs trajectoires, ainsi que leurs réseaux transculturels et transcontinentaux qui sont au centre de cette recherche.

Cette recherche consiste donc à comprendre comment ils travaillaient en réseau avec d’autres activistes ailleurs dans le monde, notamment en Afrique, aux Caraïbes, en Europe et aux ÉU. Nous voulons comprendre le rôle de cette presse dans l’émergence des mouvements transatlantiques comme celui du “Retour aux sources” qui a vu le départ de plusieurs milliers d’afro-américains et canadiens pour les côtes ouest-africaines. En effet, entre le 6 aout et le 1er octobre 1800, un groupe de noirs quitte le port d’Halifax pour aller s’établir en Afrique, répétant ainsi un mouvement transatlantique qui avait débuté en janvier 1792 quand environ 1200 Noirs avaient décidé d’aller s’établir à Freetown, au Sierra-Léone. Considérant que les personnes ayant participé à ces mouvements venaient de partout d’Amérique du nord et des Caraïbes (voir entre autres: Barnes, 2004; Jenkins, 1975), nous nous demandons ce qui avait été écrit dans la Black Press d’Halifax et d’autres provinces canadienne sur ce sujet.

Enfin, cette recherche ne porte pas seulement sur l’inventaire d’archives historiques liées à la Black Press. Nous irons plus loin dans leur analyse. En effet, leur contenu nous permettra d’isoler des unités signifiantes récurrentes qui seront ensuite codifiées pour une analyse de discours approfondi. Par exemple, dans un rapport bien médiatisé du 19ème siècle, The Refugees from Slavery in Canada-West, rapport commandé par The Freemen Commission en association avec le Sénat américain en 1863, S. G. Howe, le Commissaire principal, reprend l’idée que les noirs ne survivront pas longtemps le dur climat du Canada. Il ajoute que les réfugiés, essentiellement plus d’hommes que de femmes, commencent à développer des attitudes immorales, d’autant plus que les mariages interraciaux ne sont pas tolérés au Canada. La portée historique et théorique de cette déclaration représente un univers discursif incommensurable. Nous pensons notamment à une illustration directe du racisme au Canada, mais aussi à une pré-théorisation de la masculinité de l’Homme noir et possiblement de sa sexualité. L’analyse de cet “univers discursifs” devient incontournable, car il faudra comprendre comment les “dispositifs” de la Black Press répondraient à ce type d’arguments et comment ils les combattraient. Une bonne analyse du discours nous aiderait à entrouvrir les contours signifiants d’une “intervention politique” et d’un “engagement intellectuel” des pratiques journalistiques du 19ème siècle. Par exemple, en sortant certaines interventions de journalistes comme Bibb ou Shadd du “communautarisme passif” retrouvé dans certaines études d’histoire des noirs au Canada, nous commençons à remarquer que l’activisme intellectuel des journalistes de la Black Press abordait de plein fouet les questions contemporaines de la “race”, du “genre” et du “droit à la citoyenneté”. Ces mêmes questions sont posées par des jeunes afro-canadiens qui ne parviennent pas à s’identifier, aujourd’hui, avec les personnages historiques de leur pays.

C’est le philosophe Eboussi Boulaga (1977) qui, avec justesse, avait noté que l’oubli et la méconnaissance de sujets historiques avaient pour conséquence de réduire à une universalité vague et abstraite les particularités revendiquées par un peuple. Cette même assertion au cœur du projet la Route de l’esclave de l’UNESCO situe assez bien notre contexte canadien, avec ses “amnésies historiques” et ses “écarts socioculturels”. En réalité, sous-jacente à la problématique de cette recherche, se trouve la question de la naturalisation des identités diverses ayant toutes contribué à bâtir le Canada moderne. Aujourd’hui, dans les marges de cette histoire sociale du Canada se trouvent encore cloitrées plusieurs connaissances et personnalités ethnicisées, culturalisées, genrées et racialisées, inconnues et absentes de ses textes officiels. Les récentes créations des écoles à vocation afro-centrique à travers le pays illustrent ce sentiment de malaise social; un important groupe racialisé, jeunes Afro-canadiens et leurs parents qui sentent leur non-appartenance à la Grande Histoire et à la société du Canada. Ce fait légitime l’importance de réaliser des projets comme celui-ci, car leurs portées auraient des retombées pouvant booster le sentiment d’appartenance de ces canadiens encore marginalisés. Nous sommes donc convaincus qu’une connaissance naturalisée des travaux d’activistes intellectuels et de journalistes comme Bibb ou Shadd servira cette cause. Plusieurs études démontrent, en effet, que le malaise de ces Afro-canadiens défit les biens fondés de nos discours de “diversité” et de “multiculturalisme”.

Bibliographie

Ahmed, Sara. (2004). The cultural politics of emotion. New York: Routledge Press.

Backhouse, Constance. (1999). Colour-coded: A legal history of racism in Canada, 1900-1950. Toronto: Toronto University Press.

Barnes, Kenneth C. (2004). Journey of hope: The Back-to-Africa Movement in Arkan. Chapel Hill, NC: University of North Carolina Press.

Bhabha, Homi K. (Ed.). (1990). Nation and narration. London: Routledge.

Bizimana, Aimé-Jules. (2007). De Marcel Ouimet à René Lévesque: les correspondants de guerre canadiens-français durant la Deuxième Guerre Mondiale. Montréal: VLB.

Blackett, Richard J. M. (2013). Making freedom: The underground railroad and the politics of slavery. (The Steven and Janice Brose Lectures in the Civil War Era). Chapel Hill, NC: The University of North Carolina Press.

Blackett, Richard. J. M. (2002). Building an antislavery wall: Black Americans in the Atlantic Abolitionist Movement, 1830-1860. Baton Rouge, LA: Louisiana State University Press.

Buxton, William J. & McKercher, Catherine. (1998). Newspapers, magazines, and journalism in Canada: Towards a critical history. Acadiensis, 23(1), 103-126.

Clary, Francoise. (2004). Médias, pouvoirs et culture de l’image aux Etats-Unis. Mont-Saint-Aignan, France: Les Presses de l’Université de Rouen.

Cooper, Afua. (1977). Nineteenth-century Black militant: Octavius V. Catto, 1839-1871. Pennsylvania History, 44, 53-76.

Craick, William A. (1959). A history of Canadian journalism. Toronto: Ontario Publishing Company.

de Certeau, Michel. (1975). L’Écriture de l’histoire. Paris: Gallimard.

de Certeau, Michel. (1980). L’Invention du quotidien (1) Art de faire. Paris: UGF.

Dei, George S. (2005). Racism in Canadian contexts: Exploring public and private issues in the educational system. In Wisdom J. Tettey and Korbla P. Puplampu (Eds), The African diaspora in Canada: Negotiating identity and belonging (pp. 93-110). Calgary: University of Calgary Press.

Desbarats, Peter. (1990). Guide to Canadian news media. Toronto: Harcourt Brace Jovanovich.

Desbarats, Peter. (2004). The special role of magazines in the history of Canadian mass media and national development. In Daniel J. Robinson (Ed.), Communication history in Canada (pp. 126-138). Don Mills, Canada: Oxford University Press.

Ebanda de B’béri, Boulou. (2009). Transgeographical practices of “Marronage” in some African Films: Peck, Sissako and Téno, the new griots of new times? Cultural Studies, 23(5-6), 810-830.

Ebanda de B’béri, Boulou. (2014). The politics of knowledge: The Promised Land project and Black Canadian history as a model of historical “manufacturation”? In Boulou Ebanda de B’béri, Nina Reid-Maroney, and Handel Kashope Wright (Eds.), The Promised Land: History and historiography of the Black experience in Chatham-Kent’s settlements and beyond (pp. 17-39). Toronto: University of Toronto Press.

Eboussi Boulaga, Fabien. (1977). La Crise du Muntu: Authenticité africaine et philosophie. Paris: Présence africaine.

Felteau, Cyrille. (1983). Histoire de la presse, Tome 1, le livre du peuple, 1884-1916. Montréal: Les Editions La Presse.

Fiamenco. Janice A. (2008). The women’s page: Journalism and rhetoric in early Canada. Toronto: University of Toronto Press.

Harry, Amana. (1997). [Review of the book A history of the Black press]. Journalism & Mass Communication Quarterly, 74(4), 893.

Howe, Samuel G. (1864). The Refugees from slavery in Canada West. Report to the Freedmen’s Inquiry Commission. Boston, MA: Wright & Potter, Printers.

Jacobs, Donald M. (1971). David Walker: Boston race leader, 1825-1830. Essex Institute Historical Collections, 107(1), 94-107. 

Jenkins, David. (1975). Black Zion: The return of Afro-Americans and West Indians to Africa. London: Wildwood House.

Jiwani, Yasmine. (2006). Discourses of denial: Mediations of race, gender, and violence. Vancouver: University of British Columbia Press.

Johnston, Russell T. (2000). Newspapers, advertising, and the rise of the agency, 1850-1900. In Daniel J. Robinson (Ed.), Communication history in Canada (pp. 126-138). Don Mills, Canada: Oxford University Press.

Joyce, William L., Hall, David D., Brown, Richard D. & Hench, John B. (Eds.). (1983). Printing society in early America. Worcester, MA: American Antiquarian Society.

Kesterton, Wilfred & Bird, Roger. (1995). The press in Canada: A Historical overview. In Benjamin Singer (Ed.), Communications in Canadian society. Toronto: Nelson.

Kesterton, Wilfred. (1967). A history of journalism in Canada. Toronto: MacClelland & Stewart.

Lang, Marjory. (1999). Women who made the news: Female journalist in Canada, 1880-1945. Montreal: McGill-Queens University Press.

McNairn, Jeffrey L. (2000). The capacity to judge: Public opinion and deliberative democracy in Upper Canada, 1791-1854. Toronto: University of Toronto Press.

Nichols, Mark E. (1948). CP: The story of the Canadian Press. Toronto: Ryerson Press.

Osler, Andrew M. (1993). News: The evolution of journalism in Canada. Toronto: Copp Clark Pitman Ltd.

Prichard, David & Sauvageau, Florian. (1999). Les journalistes Canadiens: un portrait de fin de siècle. Sainte-Foy, Canada: Presses de l’Université Laval.

Pride, Armistead S. & Wilson II, Clint C. (1997). A history of the Black Press. Washington, D.C.: Howard University Press.

Razack, Sherene H. (2002). Race, space and the law: Unmapping a white settler Society. Toronto: Between the Lines Press.

Reid-Maroney, Nina. (2013). The reverend Jennie Johnson and African Canadian History, 1868-1967. Rochester, NY: University of Rochester Press.

Rens, Jean G. (2001). The invisible empire. Montréal/Kingston: McGill-Queen’s University Press.

Robinson, Daniel J. (Ed.). (2004). Communication history in Canada. Don Mills, Canada: Oxford University Press.

Rutherford, Paul. (1978). The making of Canadian media. Toronto: McGraw-Hill Ryerson.

Rutherford, Paul. (1982). A Victorian authority: The Daily Press in late nineteenth-century Canada. Toronto/Buffalo: University of Toronto Press.

Saint-Jean, Armande. (1994). D’Hier a aujourd’hui. Petite histoire sociale du journalisme au Québec. Québec Studies, 18, 75-98.

Stevens, Summer E. & Johnson, Owen V. (1990). From Black politics to Black community: Harry C. Smith and the Cleveland Gazette. Journalism & Mass Communication Quarterly, 67(4), 1090-1102.

Stouffer, Allen P. (1992). The light of nature and the law of God: Antislavery in Ontario, 1833-1877. Baton Rouge, LA: Louisiana State University Press.

Suggs, Henry L. & Young, Plummer B. (1988). Newspaperman: Race, politics, and journalism in the New South, 1910-1962. Charlottesville, VA: University Press of Virginia.

Sutherland, Fraser. (1989). The monthly epic: A history of Canadian magazines. Toronto: Fitzhenry & Whiteside.

Winks, Robin W. (1997). The Blacks in Canada: A history. Montréal/Kingston: McGill University Press.

Wright, Handel Kashope. (2014). Multiculturality before multiculturalism: Troubling history and Black identity beyond the last stop on the underground railroad. In Boulou Ebanda de B’béri, Nina Reid-Maroney, and Handel Kashope Wright (Eds.), The Promised Land: History and historiography of the Black experience in Chatham-Kent’s Settlements and beyond (pp. 40-61). Toronto: University of Toronto Press.

À propos de l’auteur

Dr. Boulou Ebanda de B’béri est Directeur-fondateur du Laboratoire des médias audiovisuels pour l’étude des cultures et societies, et Professeur de communication, medias, et des études culturelles à l’Université d’Ottawa, Canada. Ses plus récentes publications sont: Global Perspectives on the Politics of Multiculturalism in the 21st Century (2014; avec F. Mansouri); The Promised Land Project: History and Historiography of the Black Experiences in Chatham-Kent and Beyond (2014; avec N. Reid-Maroney & H. K. Wright); Le Verbe au Cinema (2013); et Les “Cultural Studies” dans les mondes francophones (2010).

Pour citer ce commentaire:

Ebanda de B’béri, Boulou. (2015). La “Black Press” canadienne du 19ème siècle: Racines et trajectoires des pratiques communicationnelles et d’un activisme intellectuel exceptionnels gommés dans nos études en communication. Global Media Journal -- Canadian Edition, 8(2), 15-23.

Texte intégral: PDF TDM: HTML PDF

 

 

 
 

Accueil | A propos de GMJ -- CE | Rédacteur | Comité scientifique |
Numéro en cours | Numéros en préparation | Anciens numéros |
Consignes
| Liens vers les médias | Contacter la revue | Chercher

Copyright © Global Media Journal -- Édition canadienne
Tous droits réservés.