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Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
www.homestead.com/societascriticus
Vol. 4 no. 2
Cette
revue est éditée à compte d'auteurs.
Colloque International
Reconversion Industrielle
Les soins de santé au Québec et
au Canada
Le nœud est dans
la politique, non dans l’arbre!
___________________________________________________
D.I.
Revue d’actualités et de culture!
Où la culture nous émeut!
Humour (DVD Daniel Lemire)
___________________________________________________
Le Journal (Reportage et
analyse de D.I. et Societas Criticus)
- Festival Arabe
- Les Prix Gémeaux
- Oh, la lou! St-Henri, ça change!
- Analekta… délectable!
- Parlons Télévision
- Avancez
en arrière! (Sur
Guy Sorman)
- Réinventer la ville!
- Projet de l’autoroute Notre-Dame
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel
Handfield, M.Sc. Sociologie, Cynique-réaliste et
Délinquant Intellectuel pour penser autrement!
Gaétan Chênevert,
M.Sc. Adm. (productivité
humaine), Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer par courriel. Si votre texte est en
fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf"
(rich text format) sans
notes automatiques.
par
Michel
Handfield
27 novembre 2002
Crétin, « Moron » et Bunker
Après le brouhaha médiatique et politique suite à la déclaration de Mme Françoise
Ducros, directrice des communications au bureau du premier ministre Jean
Chrétien, qui a traité Georges W. Bush de crétin ou de « moron », je me questionne sur notre santé politique
collective. En effet, nous semblons
vivre une dissonance cognitive collective, car quand nous avons ce que nous
voulons, nous sommes contre! Je m’explique.
Le commentaire général est que l’on ne s'attend pas à un tel
comportement d'un membre du gouvernement ou près du gouvernement et on réclame
une sanction ou sa démission, car cela place le Canada dans l’embarras. En
fait, notre sens commun nous dit que ce n'est pas la bonne chose à faire.
Qu'ils le pensent nous va, car on peut le penser nous aussi, mais qu'ils le
disent... c'est autre chose. Franchement, ils pourraient être plus
diplomatiques. Tel est le sentiment général – mais pas le mien, je l’ai dit
dans une autre intervention sur ce Forum.
Mais en même temps on perd confiance dans nos institutions, car on sent
qu'on nous ment et que nos politiciens et leur entourage parlent faux! On leur
demande de la transparence et de la franchise avec raison. On est même de plus
en plus cyniques. Bunker, le cirque était une fable politique intéressante à ce
sujet. Mais si les citoyens sont cyniques envers les politiciens, Bunker nous
montrait aussi que les politiciens sont cyniques à notre égard. En fait, ils
ont peut être raison d’être cynique envers le peuple, celui-ci leur demandant
de la franchise et de la transparence… mais SURTOUT de ne pas dire ce qu’ils
pensent si ça fait de la peine à George W ou à d’autres! Le message que je
perçois, c’est soyez franc et transparent, mais surtout ne le dites pas! You hou, réveillez-moi quelqu’un!
***
vendredi, 22 novembre, 2002
Crétins! « Ne peut s’appliquer aux Etats-Unis. »
On peut dire n’importe quoi de Saddam Hussein ou
de Oussama Ben
Laden; les traiter de cons, crétins et pire encore.
Appeler la foudre de Dieu sur eux. On peut associer le nom de Jean Chrétien au
mot crétin et même vendre des livres qui jouent sur cette association de
mots : « Les
Chrétienneries »! Mais on ne peut toucher à Georges W.!
En effet, une adjointe du premier ministre Jean
Chrétien, Françoise Ducros, aurait « qualifié le président des Etats-Unis,
Georges W. Bush, de « crétin » lors d’une conversation privée avec un
journaliste de la CBC » nous apprend La Presse d’aujourd’hui (en
page A 3) et la classe politique canadienne est choquée de tels propos! Wow les
moteurs, ce qui est choquant, c’est de ne pas respecter la conversation privée,
pas de dire de Georges qu’il est crétin!
Quand on dit défendre les droits de l’homme et
combattre l’obscurantisme à coup de bombes on doit aussi accepter la liberté
d’expression. Quand la liberté de posséder autant d’armes à feu que l’on
veut est protégée par la constitution,
la liberté d’user des mots doit l’être autant! Bref, on avoir le droit de
questionner Georges W. et même de le traiter de crétin. Surtout quand au nom
des valeurs supérieures des USA – qui ont la peine de mort soit dit en passant
et une industrie militaire exportatrice d’armes – ont est prêt à attaquer des
pays qui ne respectent pas les valeurs occidentales, car ils ont la peine de
mort et possèdent des armes! Vendre les armes est bien, les acheter et les
posséder est mal! En fait, Georges W. devrait oublier les guerres saintes,
arrêter de tenir des alliances douteuses et avoir des valeurs plus humanistes,
comme soutenir l’éducation mondiale davantage que le militarisme mondial! Il
est assez brillant pour le comprendre, car je suis sur qu’il n’est pas un
crétin. C’est juste qu’il a baigné dans une idéologie de droite – orthodoxe et
religieuse - et que sa vision du monde est ainsi tronquée. En fait il souffre
des mêmes maux que les orthodoxes et fondamentalistes juifs et musulmans.
Le Canada et le Québec ayant une politique de
réinsertion envers les délinquants, je suggère qu’on place Ariel Sharon, George
W., Saddam et Oussama dans une cellule de transition
avec des films XXX, des livres de Noam Chomsky (1), La Boétie,
le Marquis de Sade, etc. et qu’il n’en sorte pas tant qu’ils n’auront pas
compris qu’on ne peut se battre au nom de Dieu quand nos religions croient
toutes en un seul Dieu – car ça doit être le même crisse de gars! - et que l’amour est mieux que la guerre!
1. Particulièrement « De la guerre comme
politique étrangère des Etats-Unis » de Noam Chomsky (Agone, 2001) dans
lequel Chomsky nous apprend que les USA, défenseur du monde et de la justice,
ne veulent pas signer d’accord qui limiteraient leur souveraineté et les
obligerait à respecter des accords internationaux. « En fait, au sens
strict, les Etats-Unis n’ont jamais signé de conventions, et, lorsqu’ils l’ont
fait, …, ils imposent systématiquement une clause de réserve dont les termes
exacts sont : « Ne peut
s’appliquer aux Etats-Unis. » » (p. 183) Qu’en serait-il si Saddam
leur répondait dans les mêmes termes concernant les résolutions de l’ONU?
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
***
lundi,
11 novembre, 2002
Le développement… à maintenir!
Il
y a actuellement des négociations en cours entre la Ville de Montréal et
le Ministère des Affaires municipales et de la Métropole quant à la
structure du développement économique local dans la nouvelle ville fusionnée de
Montréal. Nous espérons que ce ne soit pas dans le but d’un affaiblissement du
développement local, mais bien de son renforcement.
À
l’époque où Monsieur Chevrette était responsable du Développement des régions
(en 1996 environs) on a eu droit à un première Politique de soutien
au développement local dans lequel il reconnaissait que la situation
montréalaise était différente. (1) On espérait alors que les CDÉC de Montréal
jouent pleinement le rôle de CLD (2) sur leur territoire, les territoires de
chaque arrondissement montréalais étant plus populeux que bien des territoires
municipaux et régionaux de la province. En lieu et place nous avons eu un CLD
Montréal avec nos CDÉC comme mandataires CLD. Ce n’était pas tout a fait
pareil, mais cela reconnaissait la spécificité de chaque arrondissement. Au
même titre que la nouvelle ville est composée de conseils d’arrondissement,
pour préserver la spécificité des anciennes villes de banlieue de l’île de
Montréal, vous devez reconduire la structure actuelle du CLD Montréal et des
CDÉC mandataires CLD.
Ce
peut aussi être l’occasion de mettre sur pied de nouvelles CDÉC, car certains
arrondissements auraient avantage à voir un tel outil de développement
économique et communautaire poindre dans leur milieu. Cependant cela ne doit
pas se faire au détriment des CDÉC existantes, mais à partir de nouveaux
budgets. Cette grande ville devait être un modèle d’économie nous disait-on au
moment de la fusion. Ces argents doivent donc être réinvestit pour les
citoyens. À moins qu’on nous ait menti… et que la nouvelle ville n’était qu’un
« trip » mégalomane sans vision (avoir une grande ville pour une
grande ville seulement) ou de suiveur (le faire parce que l’Ontario l’a fait) tout en se présentant comme les défenseurs de
la spécificité québécoise!
Malheureusement
les citoyens n’ont aucun recours contre ces comportements politiques, sauf de
défaire le parti au pouvoir lors des élections. Mais vu le temps écoulé entre
le geste et les élections, les retours en arrières causeraient souvent plus de
mal que de bien! Et il n’est pas dit que les retours en arrière soient
possibles, malgré des promesses en ce sens, car comme le dit mon
« chum » Machiavel « un prince peut-il manquer de raisons
légitimes pour colorer l’inexécution de ce qu’il a promis? » (3) Alors ne
commettez pas davantage l’irréparable. Votre soutien aux CDÉC ne doit pas être
que des bons mots en période électorale, mais un soutien réel de leur rôle
actuel et même sa bonification. Il est bien vue de parler de partenariat avec
le privé actuellement, mais n’oubliez pas que votre soutien aux CDÉC signifie
un partenariat beaucoup plus large, soit
avec le milieu économique, social,
communautaire et citoyen!
Notes
1.
Malheureusement je ne trouve plus mon exemplaire de ce texte et j’écris cela de
mémoire. A ce moment je faisais bénévolement partie du Comité de ma CDÉC qui
avait été mis sur pied pour étudier cette première Politique de soutien au
développement local et régional du Ministre Chevrette et pour voir ce qui
pourrait être possible pour notre CDÉC, car cette première politique ouvrait la
porte à des différences répondant à la spécificité montréalaise.
2.
Pour nos lecteurs peu familier avec ses acronymes un CLD est un Centre Local de
Développement et une CDÉC est une Corporation de Développement Économique
Communautaire.
3.
Machiavel, [1532] 1996, Le Prince : Paris : Bookking
International, chapitre XVIII, p. 128
***
16 septembre, 2002
Les gars-lité!
Depuis quelques temps on a droit à des articles
sur les problèmes des garçons à l’école et la supériorité des filles. Plus de
filles réussissent leurs études et entrent à l’université; les filles
occuperont les positions dominantes et les gars feront les p’tites
jobines! Etc. On nous sert des explications sur le modèle scolaire féminisé
(1). Toutes ses explications sont valables, mais j’aimerais soulever une
hypothèse supplémentaire:
La discrimination
positive envers les filles décourage les garçons.
Depuis la fin des années 70 on a droit à des programmes
de discrimination positive pour corriger
la faible représentativité des femmes en emploi et dans les postes de
direction. Bref on corrigeait une discrimination due aux générations passées.
Mais ce sont rarement les femmes des
générations discriminées qui en ont profitées. Peu de femme on dû passer de
femme au foyer à directrice et vice-présidente de banque même si elles savaient
équilibrer un budget! Par contre leurs filles, qui étaient au secondaire ou au
cégep, ont su profiter de ces programmes. On favorisait l’embauche des filles
au dépends des garçons pour répondre à ce nouveau critère parfois de façon
juste (à compétence égale) et parfois de façon moins juste (ce concours n’est ouvert qu’aux femmes, etc.).
La « rumeur populaire » disait alors (et dit encore) si tu es une
femme, noire et handicapée tu auras une « job » ou une promotion! Je
ne dis pas que c’est vrai, mais telle est la croyance populaire, l’opinion dans
la rue. Vous l’avez certainement entendu dans plusieurs milieux. Moi si.
Quel est l’impact de cette croyance sur les
garçons? Se disent-ils à quoi sert l’école puisque de toute façon les
« jobs » ne sont pas pour moi?
A quoi bon me forcer, à quoi bon continuer. Et on se retrouve avec les
problèmes actuels de décrochage et d’écart de réussite entre les garçons et les
filles à l’école. D’autres problèmes sociaux (usage de drogue, gang de rue,
criminalité mineure et majeure, etc.) peuvent-ils aussi avoir leur origine dans
ce qui peut être perçu comme une dévalorisation masculine? Ce sont des questions qui méritent d’être
posées.
Les solutions devront être multiples et non seulement viser l’école. Il faudra
regarder le message que la société envoie aux garçons. Il faudra réviser les
politiques discriminatoires, car la discrimination est-ce vraiment positif? Ce
ne l’était pas pour les filles autrefois, ce ne l’est pas davantage pour les
garçons aujourd’hui. Bien des choses devront changer si on veut améliorer le
sort de tous. En commençant par combattre les inégalités plutôt que de la
rendre positive!
1. Par
exemple la majorité des enseignants sont en fait des enseignantes. Et cela va
même plus loin. « L’école montréalaise », feuillet d’informations de
la Commission Scolaire De Montréal nous apprenait dans son numéro de mars 2002 que
71% des emplois dans cette commission scolaire étaient occupés par des femmes!
***
15 septembre, 2002
Pour la création de la Sémitie
Israël est associé à un pays juifs. La Palestine
aux palestiniens. Mais c'est le même territoire, d'où ce conflit qui perdure.
Changeons de paradigme. Autant les juifs que les palestiniens sont des sémites.
Mais les religions Juive, Chrétienne et Musulmane les séparent. Comme on a déjà
enlevé ce pays aux uns pour le donner aux autres (résultat des 2 grandes
guerres), ce qui n’a fait qu’aggraver le conflit, rechangeons la donne :
créons la Sémitie (car tant les noms de Palestine et d’Israël sont trop chargés
émotivement pour les conserver), pays de sémites de
diverses orientations religieuses.
En espérant que cette simple idée soit une
pierre à la construction de la paix plutôt qu’une pierre que les uns et les
autres se lancent sur la gueule!
dimanche, 15 septembre, 2002
***
Mode de pensée terroriste
D’abord, il faut un ennemi. Ensuite il faut
l’aide de Dieu, God ou Allah. La cause est plus
grande que le prix de l’humain (souvent ils ont la peine de mort). Enfin il
faut qu’il accepte sans condition les demandes fixées. Sinon on passe à
l’attaque – avec l’aide de Dieu. Naturellement.
Je ne sais pas si j’ai l’esprit tordu, mais
quand je vois George W. Bush partir en cabale contre Sadam
Hussein et l’Irak, j’y vois comme une pointe de guerre sainte. S’il est si
dangereux, qui l’a armé et pourquoi? Le God bless America est-il moins
fanatique que inch Allah? La peine de mort aux Etats-Unis est-elle davantage un
signe de civilisation que la peine de mort dans un pays islamiste? Le refus de
signer des accords internationaux (sur l’environnement, par exemple, pour ne
pas nuire au commerce), de vendre de l’armement et de soutenir certaines
dictatures est-il moins grave que les attentats terroristes?
En fait, les Etats-Unis sont un pays de la
liberté intérieure, mais pour qui le monde extérieur n’est qu’une ressource.
C’est ce paradoxe qui fait que ce pays est tant décrié et qu’on y émigre tant,
toutes origines confondues. C’est le pays de la business, et pendant qu’on fait
de la business on laisse peut être la politique (et surtout la politique
extérieure) dans les main d’un peu n’importe qui! Vu sa puissance c’est peu
rassurant. Il serait temps que les États-uniens se prennent en main.
P.S. Je conseille à nos lecteurs le très bon livre de Noam Chomsky,
« De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis » chez Agone
(2001), si cette question les intéresse.
Michel Handfield
***
8 août, 2002
Procès au crime organisé
Le méga procès des motards vient de faire un
« flat ». Tous n’ont d’yeux que pour ce procès. Car le commerce de la
drogue est un crime. L’organisation, criminelle de ce fait. Mais pourtant leur
organisation est comme toutes autres organisations capitalistes, orientée vers
le profit avec ses prises de contrôle hostile, l’usage de bras et ses dommages
collatéraux comme le dit Georges W. Bush. Je sais, vous allez dire qu’ils
commettent des gestes illégaux. Et bien parlons-en.
L’esclavage est interdit au Canada et dans le
monde. On ne peut acheter une personne. En fait ce serait même immoral d’y
penser. Alors pourquoi Vidéotron a-t-il le droit de vendre des personnes?
Pourquoi M. Landry, actuel premier Ministre, a-t-il déjà subventionné la vente
de personnes chez Bell Canada? Parce qu’on ne les appelle pas des personnes
mais des employés!
Toutes choses étant égale, ou on dit que les
motards vendent du rêve et on abandonne le procès, car ça n’est pas illégal de
vendre du rêve, tous les politiciens le font;
ou on regarde sérieusement la question de la vente d’employés au Québec
et au Canada. Mais il n’est pas éthique selon moi de ne regarder que l’un et
pas l’autre.
***
vendredi, 19 juillet, 2002
Le syndicaliste!
Nous saluons le départ de Louis Laberge à l’âge de 78 ans. Ce fut un syndicaliste combatif
et souhaitant améliorer le sort des travailleurs (salaire, sécurité d’emploi,
création d’emploi). . Louis Laberge a d’ailleurs créé
le Fonds de solidarité pour atteindre ce but en sauvant des emplois à travers
le sauvetage d’entreprises.
Maintenant, le Fonds regarde le rendement. C'est
ainsi qu'Entourage, créé par le fonds, mais vendu par la suite, a acheté les
travailleurs de Vidéotron qui étaient en grève! Paradoxe! On est passé du
syndicalisme social au syndicalisme financier! On voit là le principe de contre
productivité d'Illich. Nous devons nous souvenir de l’époque de Louis, car cela
semble une époque révolue, la solidarité sociale étant remplacée par l’individualisme
et la non implication. Les manifestations, lorsqu’il y en a, se font de plus en
plus dans l’indifférence du peuple sinon dans sa désapprobation, car cela nuit
à sa tranquillité. Il est obligé de
faire un détour pour s’en retourner chez lui! Car il ne veut pas savoir et
encore moins s’impliquer. Il considère un jeune parti politique comme un
changement – l’ADQ et Mario Dumont – sans avoir fait son devoir de citoyen de
s’informer du programme dudit parti! En fait, le citoyen dit « ne me parlez
surtout pas de politique, c’est plate! », mais se plaint des listes
d’attente dans les hôpitaux! Et en cas de privatisation, le Fonds de solidarité
ne sera certainement pas loin! Paradoxe, quoi!
***
vendredi, 14 juin, 2002
Les Cowboys intelligents
(Ou ce que la chanson a vu avant les médias)
Le dernier album des cowboys fringants, break
syndical, vaut plusieurs
éditoriaux de nos grand journaux. En conséquence, la critique longue de CD
mérite de se trouver en page éditoriale de Societas Criticus. Un fait
rare.
Première impression : des paroles
intelligentes sur des airs accrocheurs! Du Renaud country! Ça décape pas à peu
près! Voici quelques paroles de « en berne » :
Chu né "dins" années soixante-dix
Dans un Québec en plein changement
Où l'emblème de la fleur de lys
Donnait un peu d'espoir aux gens
Mais quand je r'garde ça aujourd'hui
Chu donc pas fier de ma patrie
Ça dort au gaz dins bungalows
Le cul assis su'l statut quo
En s'gavant de téléromans
Et des talks-shows les plus stupides
Se laissant mourir su'l divan
Avec leur petit air candide
(…)
Si c'est ça l'Québec moderne
Ben moi j'mets mon drapeau en berne
Et j'emmerde tous les bouffons qui nous gouvernent!
D’autres sont plus légères, mais tout aussi
intelligentes. Je pense « à’polyvalente »!
Et que dire de la manifestation! Du bon stock! Si les jeunes ne lisent pas, à
ce qu’on dit, mais qu’ils écoutent ça, j’ai de l’espoir pour l’avenir. Car il
n’y a pas un éditorial de nos quotidiens dit sérieux qui arrive à cela, eux qui
cherchent à expliquer le moindre changement cosmétique de nos partis politiques
comme un virage idéologique! Sur « en berne » (je l’aime celle là)
ils chantent :
Et l'premier-ministre fait semblant
Qui s'en fait pour les pauvres gens
Alors qu'on sait qu'y est au service
Des fortunés et d'leurs business
Juste ça, ça vaut n’importe quel éditorial sur
les contrats entre les partis au pouvoir et leurs grands donateurs, tous les
partis politiques confondus! En
connaissez vous beaucoup de gens qui sont prêts à payer des milliers de dollars
pour dîner avec un premier ministre, un(e) ministre ou un(e) maire(sse)
pour leurs beaux yeux? Surtout dans ces
milieux ou la moindre dépense doit rapporter! Et nos journaux sont tous surpris
de ce copinage comme si c’était toujours la première fois!!!.
Quand l’État s’associe aux entrepreneurs pour acheter des postes de télés, des cablo-distributeurs ou investir dans les aéroports, les
ponts ou l’eau en partenariat, ce n’est certainement pas parce que les
entreprises veulent faire des cadeaux à l’État vu leur faible taux d’imposition
et qu’elles avaient des remords de conscience d’être si peu imposées!
Le capitalisme c’est la recherche du profit et
si le copinage est nécessaire, croyez qu’il sera utilisé! Et si certains se
font prendre à accepter des pots de vins,
ils ne sont pas nécessairement pires que les autres. Ils sont justes
moins prudents! Accepter un pot de vin est illégal. Accepter un poste très
lucratif sur un (ou plusieurs) CA corporatif après s’être retiré de la
politique est légal. Mais est-ce bien différent si c’est pour service rendu? La
justice et l’apparence de justice dit-on. On ne doit jamais confondre l’éthique
politique et les tics politiques, car ces derniers on tendance à se reproduire
et toujours surprendre les journalistes comme si c’était la première fois. On
n’a pas de mémoire ou on dort au gaz comme le disent nos fringants
cowboys!
Les cowboys fringants. A écouter pour vrai! Pas
juste le son, les paroles aussi! Car ce sont des éditos entraînant… vers une
réflexion sociale et davantage d’intelligence politique nous l’espérons!
http://www.cowboysfringants.com/
***
Montréal le jeudi, 23 mai, 2002
Liberté ou asservissement?
Pour moi la question du kirpan posait problème
si c’était une arme. Si c’était seulement un symbole religieux, cela ne m’en
posait pas. Mais où est la limite entre l’arme et le symbole? Un kirpan
miniature accroché à une chaîne, qui se comparerait à une croix pour un
chrétien, pourrait-il être considéré comme une arme au même titre qu’un kirpan
de 14 pouces de long? Et le célèbre couteau suisse, qui dépanne tant de gens et
qui vient même en prime avec certaines montres suisses, est-il moins une arme
qu’un kirpan? La question est culturelle et éthique en même temps. Car si la
lame du kirpan coupe moins que mon couteau suisse y a t il vraiment question à
débattre puisqu’on ne débat pas du droit de vendre le couteau suisse qui est si
utile?
Cependant, après la lecture de Rima Elkouri, « Cachez ce kirpan », dans La
Presse (22 mai 2002, p. E 1), cette
question vient au second plan. En effet, Mme Elkouri
nous apprend que « pour que
le tableau de la parfaite pagaille soit complet, il ne manquerait plus que le
jeune Gurbaj Singh Multani fasse une petite crise d'adolescence et qu'il
décide lui-même qu'il ne veut rien savoir du poignard sikh que son père
l'oblige à porter... » Voilà la vraie question. Celle sur laquelle
la cour devrait se pencher. Est-ce que le jeune Gurbaj
Singh Multani porte ce
couteau parce qu’il le veut (Droits de la personne) ou parce que sa culture
l’oblige à le porter à travers l’autorité de son père (multiculturalisme)?
La question est là. Pour empêcher la dictature
d’une culture de la majorité sur les minorités on a eu la politique du
multiculturalisme en 1971 au Canada. On noyait ainsi les cultures québécoises
et anglo-saxonnes dans le multiculturalisme et on reconnaissait alors tous les
groupes ethnoculturels comme égaux. Plus tard on eu les Chartes des droits de
la personne adoptée en 1975 par le Québec (sous Robert Bourassa) et en 1981 par le Canada (sous Pierre-Elliott Trudeau) pour soi-disant permettre aux
citoyens de se soustraire de la dictature des majorités. Mais on ne revisita
jamais la notion de multiculturalisme à la lumière des droits individuels.
Ainsi nous n’avons jamais vidé la question des
droits individuels par rapport aux cultures d’appartenance, aux cultures
minoritaires et aux droits collectifs. Par exemple la culture autochtone, sikh
ou haïtienne permet-elle des comportements qui ne seraient pas admis pour un
canadien de souche? Cette question est soulevé dans le cas du jeune Gurbaj Singh Multani
tout comme elle fut soulevée en janvier 1998 par l'Honorable juge Monique Dubreuil qui a laissé sortir deux violeurs
avec une peine à purger «dans la collectivité» vu le «contexte culturel
particulier à l'égard des relations avec les femmes» chez les haïtiens.
Jusqu’où le multiculturalisme et les droits individuels s’opposent? Manque-t-il
la notion de responsabilités dans nos chartes? Ce sont des questions difficiles à soulever,
car nos chartes et le multiculturalisme ont acquis le statut d’intouchable.
Mais à force de contradiction il faudra se les poser un jour. Et mieux vaut
sous un gouvernement de centre que sous un gouvernement de droite. Si monsieur
Chrétien veut laisser un héritage marquant, c’est une question qu’il devrait
regarder au plus tôt.
***
mardi, 21 mai, 2002
Urbanismystique!
Du 28 au 31 mai, Montréal sera l’hôte d’un
congrès sur « Les initiatives de reconversion industrielles à partir de la
société civile ». (1) Le besoin est là, le paysage socio-économique ayant
changé au cours des dernières décennies avec l’informatisation du travail, le
travail autonome et la délocalisation/relocalisation d’entreprises sur la
planète. Des usines désaffectées
côtoient des projets de construction d’usines neuves répondant à de nouveaux
critères. Quoi faire avec ces anciennes structures est un défi. Un tel congrès
est donc bienvenu pour ouvrir de nouvelles pistes.
Cependant, en même temps que le paysage
industriel a changé, le paysage mystique a lui aussi changé. De la religion
monopolistique on est passé à la concurrence et à la mystique autonome
(méditation et nouvel âge)! Ceci soulève de nouveaux problèmes d’urbanisme.
D’un côté on vend des églises pour en faire des condos et de l’autre les
espaces commerciaux sont sollicités par de nouvelles églises. Chaque groupe
veut sa petite église, ce qui amène son lot de nouveaux problèmes :
besoins de stationnement accru dans une même période pour les fidèles et les
citoyens dans des zones inappropriées, risque de confit entre la foi, le
commerce et la notion de tranquillité chez les citoyens, etc. Des montées d’intolérance sont possibles et
c’est malheureux. Nous le voyons actuellement en Europe. Il faut se rappeler
que nous sommes tous citoyens d’une ville, d’un pays, d’un continent et d’une
planète qui nous est prêtée. (2)
Si comme citoyen nous ne pouvons rien à la
théologie, nous pouvons par contre exercer des pressions au niveau
urbanistique, communautaire et politique. En attendant un colloque sur les
reconversions d’Églises voici nos recommandations pour faciliter les
choses. Les Églises ayant été payés par les fidèles et le milieu, avant de
procéder à leur vente, l’on devrait :
1) Favoriser leur utilisation partagée entre
différentes fois de sorte qu’elles deviennent un lieu de culte et communautaire
ouvert aux diverses composantes de la communauté environnante. Ceci aurait pour
conséquence (i) d’éliminer les irritants avec les commerçants et les citoyens
lorsque des lieux de culte sont faits à des endroits inappropriés d’autant plus
que plusieurs de « nos » églises possèdent des espaces de
stationnement, et (ii) de favoriser un dialogue et un
partage entre diverses communautés ethno religieuses et laïques.
2) Favoriser l’usage communautaire des églises
où leur reconversion est possible et où il y a des besoins pour un tel usage.
3) Regarder avec les fidèles et les citoyens les
usages possibles de ces églises pour la communauté avant de les vendre. Ainsi
une église pourrait être vendue pour transformation en condo avec la condition
de conserver une salle communautaire au sous-sol ou de faire un certain nombre
de logements sociaux pour la communauté environnante.
Car il ne faut pas oublier que si la foi change,
ces monuments à Dieu ont été créés par des citoyens. Ceux-ci doivent être
consultés avant leur transformation. Nous sommes d’ailleurs conscient de ce
problème, car dans notre quartier et les quartiers voisins il y a une
insatisfaction grandissante face à ces
transformations d’églises sans tenir compte des besoins du milieu d’une part et
la dissémination de petites églises un peu partout dans les lieux résidentiels
et commerciaux d’autre part. On se doit de penser une politique urbanistique de
la foi comme on a une politique urbanistique du commerce et de l’industrie.
Notes
1. www.aruc-es.uqam.ca/aruces/rvm2002
2. Petite
réflexion théologico-sociale de ma part. La paix est l’objectif de toutes les
religions. Paradoxalement, plusieurs des conflits actuels dans le monde se font
au nom de Dieu par des religions qui croient en un Dieu unique (nous n’avons
qu’à penser aux Protestants et aux Catholiques en Irlande) Si Dieu est unique,
je me demande s’il apprécie ce mal qui est fait en son nom! A moins qu’il y ai plusieurs Dieux qui se chamaillent. Alors plusieurs de
nos grandes religions sont dans l’erreur! A défaut d’être dans le secret des
Dieux, je crois qu’à la mystique ont devrait ajouter une bonne dose
d’humanisme, car si on regarde l’effet cumulé de nos comportements individuels
et économiques sur l’environnement on menace continuellement de destruction nos
semblables et notre planète et on semble facilement l’oublier. En fait, on est
une menace pour nous même! Pensons juste à la pollution causé par la mode des
gros camions ou par le traitement exagéré des pelouses aux herbicides. Pensons
ensuite aux comportements dus à des intérêts politiques et financiers…
***
vendredi, 17 mai, 2002
Où est passée la ville?
Dans le
cahier « Montréal Plus » de La Presse du 16 mai om titre « Où
sont passés les surplus? ». Moi je me demande où est passé la ville? L‘île
de Montréal comptait une grande ville et des villes satellites que l’on
appelait la banlieue. La fiscalité désavantageait la grande ville alors
plusieurs choix étaient possibles. Le plus simple eu été de corriger la
fiscalité en donnant les responsabilités de
l’île à la Communauté Urbaine de Montréal et les transferts budgétaires
correspondant. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
Le Maire de Montréal de l’époque – Pierre
Bourque – eut l’idée de résoudre le problème en fusionnant toutes les villes
avec Montréal. Ainsi la ville devait profiter de la richesse de ses satellites
de banlieues pour rencontrer ses obligations. Mais, l’opposition des villes de
banlieues faisait peur au gouvernement du Québec. Il choisit donc une solution
mitoyenne qui, comme toutes solutions de ce genre, ne fait qu’immobiliser les
choses car personne n’a les coudées
franches. On divisa les pouvoirs, les responsabilités et les budgets entre la
grande ville (que l’on appelle ville centre) et les arrondissements. Cependant,
cette division engendre de nouveaux problèmes, car si tous les arrondissements
sont égaux, certains ont davantage de responsabilités, comme l’arrondissement Ville-Marie de qui relève le centre ville, et d’autres
davantage de budget car ce sont des anciennes villes qui ont conservé certains
avantages de ce fait. La nouvelle ville est ainsi un cul de sac avec cette
division entre ville centre et arrondissements. Rien n’a été réglé au problème
de Montréal.
La solution des défusions proposée par les
libéraux ne serait guère plus intéressante, d’autant plus que la CUM n’existe
plus pour permettre un partage de services sur l’île de Montréal. Les problèmes
de la ville centre demeurent ainsi entiers.
Quant à l’Action Démocratique, si leur programme parle de changer les
relations de travail et d’ouvrir la voie à la concurrence dans les services
municipaux, ce parti ne propose rien pour résoudre cette impasse. Montréal sera
le parent pauvre de la prochaine élection, le PLQ devant satisfaire l’électorat
opposé aux fusions à Montréal et le PQ et l’ADQ les régions! Si, en plus, les
politiciens de Montréal s’opposent sur les lignes d’anciennes appartenances
entre les banlieues et l’ancien Montréal, je crois qu’on n’est pas sorti du
bois! La métropole ne revendiquera plus, occupé qu’elle sera par les
oppositions entre ses arrondissements. Le Gouvernement du Québec pourra ainsi
mener les affaires comme il le veut, sans opposition montréalaise, car Montréal
ne sera plus jamais une ville, mais un amalgame d’arrondissements qui
s’opposent pour le moindre dollars et le moindre pouvoir Machiavel n’aurait jamais imaginé pareil
stratagème : détruire une ville en disant créer « La » grande
ville!
Michel Handfield, M.Sc. sociologie, Coéditeur de
Societas Criticus
***
`1er et 2 mai 2002
Réflexion d’un itinéraire!
Dans mon itinéraire d’écoute de « Versant
Jazz » de Sylvain Lelièvre, itinéraire un peu
particulier vu que j’ai reçu le CD le lendemain de son décès, j’ai choisi de
faire un tour au centre-ville (en partant du site du Festival de Jazz) et dans
le vieux Montréal, car Lelièvre, c’est l’urbanité!
Dans ce trajet je me suis arrêté à l’église
Notre-dame (Vieux Montréal). Des frais de 2$ sont demandés pour visiter avec ou
sans guides… Comme j’allais méditer sur Lelièvre (oui, oui, j’avais mes écouteurs sur la tête et le
CD dans les oreilles) je n’ai pas eu à payer. Cependant le procédé (avec
Guichet et cordon) m’a dérouté pour une église. Surtout quand je pense aux
fidèles qui ont construit ces monuments, souvent en se privant pour l’église,
alors qu’ils n’étaient pas riches, mais croyants…
A « Christ Church », à côté de La Baie
au centre-ville de Montréal (je vous le dis, j’ai fait un tour de ville avec Lelièvre dans les oreilles), il n’y a qu’un tronc pour les
dons des visiteurs. Beaucoup moins mercantile! Et en plus on annonce des
concerts gratuits! Beaucoup plus dans l’esprit musical et fraternel qui
rapproche les êtres humains!
***
lundi, 22 avril, 2002
Surpris? Pas moi!
Le choc pour les Français de voir Le Pen affronter Chirac au second tour me surprend. Car
quel que soit le Gouvernement (socialiste, libéral ou conservateur) on
fonce dans la mondialisation de la production,
c’est-à-dire de permettre à des entreprises de produire où les salaires
sont 100 fois moindre tout en continuant à vendre leur produit au même prix que s’il était fait dans un pays
développés. Car la mondialisation de la production ne signifie pas nécessairement
un accroissement des choix et une baisse des coûts pour le consommateur. Par
exemple le décodage des DVD américains et européens ne sera pas davantage
compatible même si tous les lecteurs de DVD sont fait à Taiwan d’une part, et
une Chevrolet faite au Mexique ne se vendra pas moins chère que celle faite au
Canada d’autre part!. Cette
mondialisation signifie un transfert d’emplois et un accroissement du
chômage pour certaines catégories de citoyens, car tous n’ont pas le talent
pour être ingénieur, informaticien ou médecin! Et si les emplois de montage
sont transférés, ceux qui n’avaient que ça auront quoi comme travail? Les
citoyens sont inquiets. Que leur répond le centre gauche ou le centre droit?
« On n’a pas le choix, c’est la mondialisation! » Alors si un
Gouvernement ou un autre n’y change rien, puisque c’est la mondialisation et
les organismes comme l’OMC qui mènent le monde, à quoi bon voter. C’est ce que
pense de plus en plus de citoyens! Et cela conduit à des taux records
d’abstention et ouvre la voie aux partis extrémistes, dont l’électorat
constitue un bloc d’opposition qui vote quelles que soit les conditions
politiques et météorologiques! C’est là
un premier facteur d’explication du « choc » français.
Le second facteur d’explication est le goût des
débats et des divisions sémantiques de la gauche. Malheureusement. Nous le
vivons particulièrement ici, au Québec, ce qui ne veut pas dire que cela ne se
vit pas ailleurs aussi.
Ainsi, au problème de l’emploi, on ne pense pas
toujours en terme de besoins citoyens et de moyens d’accroître l’emploi, comme
la réduction du temps de travail, mais en terme de catégorisation et de quotas.
Il faudrait accroître les mesures de discrimination positive pour ma gang, ta
gang ou sa gang! Mais cela n’accroît pas le travail disponible! En même temps
que l’on a fait des programmes favorisant l’emploi des femmes, des handicapés
et des minorités visibles dans la fonction publique on a fait des coupes de
milliers d’emplois et réduit l’embauche de nouveau personnel à près de zéro
dans cette même fonction publique! Et au
lieu de discuter de quantité et de qualité d’emplois on a discuté de la
féminisation des termes! Pour moi, le gars, la fille, le blanc, le noir, le
rouge, le bleu, etc. ont tous besoin de travailler, mais tant qu’ils se
diviseront les gens de la droite auront le beau jeu, car la gauche est trop
occupée à débattre sur la sémantique plutôt qu’à s’unir.
Ce n’est pas plus juste de donner du travail à
ma cousine parce qu’elle est une fille qu’à mon cousin parce qu’il est un gars!
La question est comment faire pour avoir du travail pour les deux? Et pendant
que l’on discutera du bien fondé de cette question et de son côté peut être
réactionnaire au féminisme, mon autre
cousin et mon autre cousine auront peut être perdu leur emploi parce que
l’usine aura déménagé là où les salaires sont insignifiants! Avec une
subvention probablement. Car il y a longtemps que les gouvernants savent que
diviser permet de régner en toute impunité. Et pendant que la gauche est
divisée, la droite règne!
Même si on abat des clôtures contre la
mondialisation, Nike vend à prix d’or des casquettes produites en Asie pour quelques sous. Et tant l’anarchiste
anti-mondialisation que le bourgeois vont la porter fièrement. Il y a longtemps
que le logo de Nike a remplacé la feuille d’érable, la fleur de lys ou le
drapeau français sur la tête des gens. La propagande leur fera bientôt le
remplacer dans leur tête aussi. C’est peut être cela que le vote français nous
montre. L’inconscient collectif a compris qu’il ne sert à rien de voter quand
les gouvernements, de quelque tendance qu’ils soient, défendent tous la même
vision mondiale au dépends de leurs propres citoyens! Quand le Président de
Nike ou de GM ont plus de pouvoirs que les chefs de gouvernements et que ces derniers,
toutes tendances confondues, ne font qu’ajuster leurs politiques aux demandes
des premiers. Quelle différence y a-t-il entre les têtes de Bush, Chirac,
Jospin, Le Pen quand c’est la même main qui dirige
les marionnettes?
***
vendredi, 5 avril, 2002
Sonnez le réveil!
La Presse d’aujourd’hui nous apprend qu’un entrepreneur en construction en a marre de la
« collusion qui favorise les amis du régime » (Éric Trottier, « Favoritisme dans l’octroi de contrats
gouvernementaux? », 5 avril 2002, E-1). Surpris probablement. Tout comme
vous étiez surpris des affaires « Oxygène 9 », « Groupe Vaugeois », et autres « Groupaction »!
Les entreprises et les entrepreneurs qui
« investissent » dans la politique s’attendent certainement à un
retour tout comme vous vous attendez à ce que votre REÉR rapporte. Cela va de
soi! Sinon pourquoi investir dans la politique? Pour la déduction fiscale? Le
même 700 ou 1000$ serait probablement plus rentable s’il servait à payer un
fiscaliste dans ce cas.
Et les partis ont besoin de cet argent pour leur
campagne électorale, car une élection ça se gagne à coup de millions. Le
bénévolat ne suffit pas, ni les petits 5$. Frank Zampino,
dans un élan de transparence, l’a reconnu quand il a dit que « ce ne sont
pas les assistés sociaux qui vont financer nos campagnes
électorales! » (La Presse, 15 mars 2002). Les manchettes récentes le
prouvent. Le financement vient de personnes intéressées par les retours
d’ascenseur que sont les lucratifs contrats gouvernementaux ou les commissions
sur les subventions!
Tous se sont élevés contre cette déclaration de
M. Zampino, qui ne disait qu’une vérité.
Il n’a jamais dit que les assistés sociaux et
les « sans emploi » n’étaient pas d’aide, car ils le sont. Plusieurs
font du bénévolat en politique, parfois par don de soi, parfois par conviction
et parfois dans l’espoir d’un contact ou d’un emploi et c’est légitime. Notre
système est un système marchand. Ce n’est pas parce qu’un journal fait des
profits que son prix de vente baisse ou qu’il devient gratuit. Certains
bénévoles tout comme certains entrepreneurs donnent, du temps ou de l’argent
selon chacun, en espérant un retour! Une petite subvention avec ça?
Bref en critiquant M. Zampino,
vous avez oublié l’essentiel. Qui donne et que reçoivent-ils en retour? Peut
être que l’assisté social qui donne du temps et montre sa capacité de travail
ne recevra jamais d’emploi politique alors que l’entrepreneur qui aura
contribué de quelques milliers de dollars recevra son « contrat de
route ». Elle est peut être là l’injustice. Qui l’a regardé?
On parle souvent de la formation déficiente dans
nos écoles. Peut être que la lecture du Prince de Machiavel devrait être
obligatoire à l’école. Ainsi nos citoyens seraient plus aptes à juger de la
politique et à revendiquer des changements. Car en feignant de donner des
leçons aux rois, Machiavel en a donné de grandes au Peuple comme le disait
Rousseau. Mais je ne rêve pas, car vaut mieux tenir le peuple dans l’ignorance.
C’est pour cela que l’on a tout de suite critiqué M. Zampino.
Non parce qu’il avait dit une fausseté, mais parce qu’il avait éclairé ce qu’on
ne voulait pas montrer. Parce qu’il fut transparent et honnête, on l’a qualifié
de candide. Tiens donc!
***
mercredi, 13 février, 2002
Juge…ment!
Deux événements isolés ont attiré notre
attention cette semaine : la défaite du couple Pelletier Salé en patinage
artistique et la démission du ministre Baril en politique. Deux événements en
apparence sans lien et pourtant, quand on y regarde de plus près, il y en a.
D’abord, quand on additionne les points, le
couple canadien l’emporte (105,1) sur le couple russe (104,7), mais les règles
en cas de vote égalitaire changent la règle de calcul et permettent les
tractations politiques :
je te gratte le dos, tu me grattes le dos! Une juge française y
semble impliquée.
Ensuite, on parle aujourd’hui de rumeurs de l’implication de Pauline Marois dans la crise actuelle au PQ… Si les scandales font
perdre la prochaine élection au PQ, madame la vice-premier ministre se trouvera
en bonne position pour une nouvelle course à la chefferie et refaire le parti à
son image - à moins qu’il ne survive à une telle crise!
Dans les deux cas il s’agit de question de
pouvoirs et de prestige. Il n’y a pas de solidarité féminine. Madame la
ministre n’est pas davantage solidaire de la femme sur l’aide sociale qu’un
ministre. Pour le Pouvoir, point de passe droit. Avez-vous vu madame cesser de
subventionner les grandes entreprises et investir davantage dans la santé,
l’éducation, le social? C’est comme en patinage artistique : si on peut
ficeler les choses d’avance, on le fait - hommes et femmes confondus – et on
poursuit le même plan que les prédécesseurs. Marx avait raison : tout est
affaire de lutte de classe! Tant l’homme que la femme en Mercedes sont rarement
solidaire de l’homme ou de la femme sur l’aide sociale. En fait, ils sont
davantage solidaires de la protection de leurs acquis et de bons clients de
firmes de lobbying aussi bien dans le sport, les affaires ou la culture pour mousser
leurs intérêts!
Le féminisme serait-il le nouvel opium du peuple
pour laisser croire qu’une femme en position de Pouvoir est différente d’un
homme? Un moyen de faire taire 52% de
l’humanité qui espère que La Femme changera les choses, quand en fait il n’y a
plus d’hommes ou de femmes en haut; que des gens de POUVOIR. Margaret Tatcher ou Ronald Reagan c’était pareil. Pauline ou
Bernard ou La juge ou le juge en
patinage artistique aussi c’est du pareil au même!
Si cela fait enfin comprendre au peuple que
lorsqu’il ne s’occupe plus de la politique – et il y en a dans tout, qu’il ne
l’oublie jamais – il ne s’occupe plus de rien. Il démissionne et la ministre,
la juge ou le patron ont le beau jeu de faire ce qui leur plaît et leur
rapporte. Après le peuple est surpris et ne comprend pas. Il a abdiqué! Qu’il
se réveille avant d’avoir tout perdu, même ce qu’il reste de démocratie et de
biens publics!
***
mercredi, 16 janvier, 2002
PQ : Gouvernement souverainiste ou copiste?
On voit actuellement les problèmes d’Enron, qui a misé sur la déréglementation de l’énergie aux
Etats-Unis. Que fait notre gouvernement péquiste qui dit vouloir être
souverain? Il déréglemente, nous apprenait Lisa Binse
dans La Presse de samedi (12 janvier 2002), pour suivre les USA et l’Ontario!
Car l’Ontario de son côté, elle qui dit «We are proud to be Canadian!», que fait-elle? Elle
suit les Etats-Unis et privatise l’Hydro-Ontario! La
souveraineté, ça commence en affirmant et maintenant nos différences, pas en
copiant les Etats-Unis. Sinon Bye Bye Québec, Bye Bye Canada, Welcome USA! Et je ne suis pas d’accord. Mais c’est ce qu’on voit de plus en
plus ici: on copie le modèle états-uniens ou on s’aligne sur leurs positions
dans de plus en plus de domaine allant des sports jusqu’à la santé et à l’école!
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Réflexion d’un itinéraire!
Dans mon itinéraire d’écoute de « Versant
Jazz » de Sylvain Lelièvre, itinéraire un peu
particulier vu que j’ai reçu le CD le lendemain de son décès, j’ai choisi de
faire un tour au centre-ville (en partant du site du Festival de Jazz) et dans
le vieux Montréal, car Lelièvre, c’est l’urbanité!
Dans ce trajet je me suis arrêté à l’église
Notre-dame (Vieux Montréal). Des frais de 2$ sont demandés pour visiter avec ou
sans guides… Comme j’allais méditer sur Lelièvre (oui, oui, j’avais mes écouteurs sur la tête et le
CD dans les oreilles) je n’ai pas eu à payer. Cependant le procédé (avec
Guichet et cordon) m’a dérouté pour une église. Surtout quand je pense aux
fidèles qui ont construit ces monuments, souvent en se privant pour l’église,
alors qu’ils n’étaient pas riches, mais croyants…
A « Christ Church », à côté de La Baie
au centre-ville de Montréal (je vous le dis, j’ai fait un tour de ville avec Lelièvre dans les oreilles), il n’y a qu’un tronc pour les
dons des visiteurs. Beaucoup moins mercantile! Et en plus on annonce des
concerts gratuits! Beaucoup plus dans l’esprit musical et fraternel qui
rapproche les êtres humains!
***
Sylvain Lelièvre,
versant jazz, live au lion d’or, Novembre 2001. GSI Musique NAC-9408
Depuis 2 semaines j’attendais ce CD. Le hasard a
fait qu’il est arrivé ce matin à la boîte postale de Societas Criticus/DI. Ce
matin, lendemain du décès de Sylvain Lelièvre (décédé
à 15h50 hier à l’âge de 59 ans d’une embolie cérébrale). Ce texte ne peut en être un comme les autres.
L’écoute ne peut en être une comme les autres.
Sylvain Lelièvre dont
je classe les paroles au niveau de Brassens, mais de la quotidienneté. Sylvain Lelièvre, dont les textes nous sont
connus et qui était là! Qui était là est le mot, car je ne pense pas à Lelièvre en terme de « La » chanson, mais de
chansons et de peintures d’émotions. Certain sont les chanteurs d’un hit! Lelièvre était le chanteur d’une palette d’émotions. Un
temps gris, un événement heureux, etc. et l’on pense à une de ses chansons. Lelièvre qui était toujours vu comme de la relève.
Pourquoi? A cause des Leclerc, Vignault et Ferland
qui l’ont précédé? Son portrait de la génération des 20 ans
(« Marie-Hélène ») est encore vrai. Comme lui,
« Marie-Hélène » n’a pas vieilli. Là il sera peut être reconnu à sa
juste valeur, car il n’est plus… de la relève. Malheureusement.
Ce dernier CD, ce CD jazz, devait donc s’écouter
différemment. Je l’ai mis dans mon baladeur et j’ai débuté son écoute à
l’extérieur de la Place des Arts. Au coin de St-Urbain
et Ste-Catherine, avec « le joueur de
piano » dans les oreilles, je me suis dit qu’il aurait été agréable de le
voir là, sur scène, au Festival de Jazz. Il m’a semblé entendre un soupir dans
mes écouteurs.
J’ai suivi St-Urbain
jusque dans le vieux Montréal, et je suis arrêté l’écouter quelques instant à
la basilique Notre-Dame, le temps « d’Abraham et papa », chanson clin-d’œil à la relation père/fils, mais aussi profonde
dans le regard de la relation au Père
spirituel, qui demanda jadis a Abraham d’immoler son fils et qui, quelques siècles plus tard, récidiva encore
en laissant son fils unique mourir sur la croix! Comme le refrain dit
« papa, non t’aurais jamais fait ça ». C’est chanté avec un clin d’œil, c’est léger,
mais dans le contexte de la mort de Sylvain, cela prend une profondeur...
J’ai ensuite poursuivi ma route jusqu’au vieux
port avant de revenir au centre-ville, car Lelièvre
c’est de l’urbanité avec « Marie-Hélène » et « Le blues du
courrier »! C’est aussi des pauses intérieures, car cet album jazz
comporte 5 titres instrumentaux! Un album qui s’écoute bien. C’était prometteur
pour la suite avec ce tournant jazz, car ce son va à ses chansons.
Malheureusement, suite il n’y aura pas…
Petite note en post-scriptum
Le parallèle avec Brassens se fait aussi dans le
côté jazz de sa musique. D’ailleurs
Brassens aussi a fait un CD jazz avec ses musiques - CD qui est aussi dans nos Musts…
Michel Handfield
*******************
Colloque
international
Rendez-vous Montréal 2002
Les initiatives de reconversion industrielle à partir de la société
civile
28-31 mai, 2002
Note de la rédaction
La première version de ce texte s’est trouvé sur
la page Le journal (événements couverts). Cependant cette nouvelle version se
trouve dans la section Mondialisation, car les reconversions industrielles sont
souvent une conséquence des changements du paysage industriel et urbain dus aux
effets de la mondialisation qui entraînent des fusions, des fermetures et des
délocalisations d’entreprises à l’échelle mondiale. Cette mondialisation amène
aussi des opportunités nouvelles, d’où des reconversions. La page
mondialisation de Societas Criticus était donc la place la plus approprié pour
ce texte dans les circonstances.
Résumé
Le colloque est une réalisation conjointe de la
Société de développement Angus (SDA), de l'Alliance de recherche entre universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS) et du programme LEED de l'Organisation de
coopération en développement économique (OCDÉ).
L’objectif central du colloque est de mettre en valeur, à partir d’expériences
innovatrices de reconversion industrielle, les atouts d’une stratégie de
mobilisation des ressources initiée localement par la société civile. De façon
précise, le colloque se penchera sur les dynamiques mises en œuvre pour réaliser
« autrement » une opération de reconversion industrielle. Un des
enjeux clé du colloque portera sur l’identification des conditions de transférabilité de ces innovations lors de la mise en œuvre
de projets de reconversion industrielle.
www.aruc-es.uqam.ca/aruces/rvm2002
Au sujet de notre couverture du colloque (5
juin, 2002)
Societas Criticus ne rapporte pas l’événement,
mais le traite, l’analyse et le questionne. Nous ne rapportons d’ailleurs pas
tout ce qui a été dit – quoi qu’on peut en résumer de
grandes lignes à l’occasion. Ce serait un travail peu utile, car des actes de
ce colloque seront publiés et le feront mieux que nous. En fait nous pouvons
allumer sur une simple phrase qui peut paraître anodine, mais qui, pour nous,
soulèvent des questions et des pistes à explorer et surtout à ne pas laisser de
côté, comme le cas de Peter Kresl, du département
d’économie de Bucknell University
(Pensylvanie),
qui a parlé des migrations urbaines mercredi (29 mai)
Notre couverture de ce colloque ne s’arrête pas
non plus à ce texte. Nous pourrons dans un dossier, dans une critique de livre,
dans un éditorial y revenir lorsque des éléments du colloques
nous apparaîtrons éclairant pour un sujet que nous traiterons. Car pour nous la
connaissance acquise lors de ce colloque ne se limite pas à être transmise
uniquement dans un texte parlant de celui ci. C’est une connaissance
transférable à d’autres sujets, une connaissance acquise… et nous même ne savons
pas ce qui en résultera.
Généralement nous tentons de rapporter les
choses plus rapidement. Nous l’avons d’ailleurs fait les deux premiers jours de
ce colloque, mais un problème de modem nous a forcé à prendre davantage de
recul. Nous avons donc composé avec cet élément et ce texte apparaît donc
quelques jours après que le tout se soit terminé. Cela donne probablement une
autre perspective à notre travail.
Mardi, 28 mai, 2002
Ce soir c’était le lancement du colloque. La
conférence d’ouverture regroupait plusieurs personnalités. Au lieu de vous les
nommer, voici un bref mot résumant leur commentaire et notre analyse.
Roch Denis, recteur de l’UQÀM
L’UQAM a une politique
de soutien aux communautés et aux organismes qui y oeuvrent. Plusieurs de ses
profs, qui oeuvrent au sein de chaires d’études
comme l’ARUC-ÉS. (www.aruc-es.uqam.ca), sont aussi
impliqués dans le milieu et accompagnent les groupes dans leurs projets, que ce
soit le technopôle Angus, le RESO, la Cité des arts du cirque, etc. Ceci fait
donc de l’UQAM, qui est au sein d’un ancien quartier
industriel, un lieu privilégié pour un tel colloque sur la reconversion
industrielle à partir de la société civile.
De nouveaux créneaux prometteurs s’ouvrent aussi
au niveau de la santé de nos sociétés, car il faut réduire les risques de
fracture sociale et de l’exclusion. Bref, le recteur avait un discours porteur
d’avenir.
Il est vrai que la reconversion industrielle est
porteuse d’avenir. En tant que sociologue, nous espérons que M. Denis voit
juste et que de nouveaux créneaux s’ouvrent pour les diplômés des sciences
sociales autant dans les entreprises que dans le secteur public et
communautaire. Car les sciences sociales répondent à un besoin, mais cela ne doit
pas seulement se faire par l’engagement personnel, mais aussi par une
contribution au sein d’emplois rémunérés. Emplois encore trop rares dans ce
domaine par rapport aux besoins réels.
Et un petit ajout. L’Université
de Montréal a « contribué » depuis longtemps elle aussi à la
reconversion industrielle, car elle est construite sur une ancienne carrière
qui était ouverte sur un flanc du Mont-Royal. On en voit les vestiges quand on
passe du pavillon principal au pavillon Lionel-Groulx
par les chemins intérieurs! Le recteur de l’UQAM ne
l’a pas mentionné. C’était pourtant une reconversion réussie d’une carrière désaffectée. C’est
vrai que c’est aussi mon Alma Mater et que les reconversions de carrières m’intéressent,
car je suis sur le CA d’un organisme qui vise à convertir une ancienne carrière
de mon quartier (la Carrière Francon dans St-Michel) en terrain de camping. Un
projet visionnaire. J’ai donc un double
préjugé à le dire ici!
Michel Gonnet,
Directeur exécutif, Caisse des Dépôts et Consignations, France
Les mutations économiques affectent les
entreprises et les territoires. Des emplois sont perdus et les employés,
souvent peu qualifié, ont difficilement des emplois de substitution – surtout
où la communauté est construite autour d’un employeur majeur. Le rôle de la
Caisse est de créer des outils financiers innovateurs et adaptés au terrain.
Avec notre appui il est aussi plus facile d’obtenir du financement privé.
http://www.caissedesdepots.fr/
http://treasury.fgov.be/interdepofr/algemeen/algemeen.htm
Carlos Mendizabal,
Représentant du Gouv. Mexicain, OCDE/Programme LEED
Plusieurs entreprises ont abandonnés les
affaires faute de pouvoir se moderniser. Il faut accroître l’éducation, l’investissement,
la formation au travail pour devenir efficace et productif. Il faut apprendre
de l’innovation mondiale, de ce qui se fait ailleurs – d’où l’importance de
tels colloques. On doit aussi tenir compte de la société civile. Pour réussir
le changement il faut la société civile, c’est incontournable.
Nous vous suggérons aussi un livre que nous
avons lu il y a quelques années concernant l’apport de la société civile dans
le changement au Mexique:
Wolfgang Sachs et Gustavo Esteva, 1996, Des
ruines du développement, Montréal : écosociété
Claude Drouin,
Secrétaire d’État, Agence de développement économique du Canada pour les
régions du Québec.
Malheureusement il était absent, mais il avait
fait parvenir un mot traitant des nouveaux modes de production plus compétitifs
qui nécessitent de nouvelles infrastructures industrielles. Ceci change donc
l’environnement urbain – qui se retrouve avec d’anciennes structures
désaffectées d’un côté et de nouvelles structures de l’autre. La reconversion
est alors une nouvelle forme de développement et de réutilisation en lieu et
place du délabrement. Les exemples du Canal Lachine et du technopôle Angus en
sont l’illustration.
http://canaldelachine.qc.ca/canal.htm
Rita Dionne-Marsolais,
Députée de Rosemont et Ministre déléguée à l’énergie.
Le site Angus étant dans son comté, la ministre
a parlé de l’importance du milieu qui se mobilise, car Angus c’était un vaste
complexe de fabrication ferroviaire. De l’espace et des emplois avant sa
fermeture dans les années 90. A ce jour 14 entreprises y ont trouvé place et
400 emplois ont été créés. On en vise 2000.
Pour ma part, connaissant le milieu, je sais que
400 emplois, c’est moins que les milliers d’emplois qui y existaient
auparavant, mais l’économie a changé et le train est replacé par le camion. Des
habitations y ont aussi poussées. Et dans ces habitations il y a probablement
quelques travailleurs autonomes – les nouveaux emplois quoi! C’est un coin qui
s’est dynamisée et nous pouvons en témoigner, car il est dans le quartier
voisin de Societas Criticus! Cependant ces changements dans l’emploi, en
quantité et en qualité, font en sorte qu’il va falloir se pencher rapidement
sur la reconversion des gens. Ils étaient travailleurs (avec un salaire). Une
part importante des travailleurs et
diplômés laissé de côté par la nouvelle économie sont maintenant impliqués
(avec le bénévolat par exemple), mais non salariés. Auront-ils droit à un
revenu de participation? Des avenues seront à penser, car une fracture se fait
entre ceux qui travaillent et n’ont pas le temps de s’impliquer dans le milieu
et ceux qui ne travaillent plus, au sens courrant du terme, mais qui
s’impliquent dans le soutien et le développement de leurs communautés. Les deux
sont nécessaire au développement économique de nos communautés. Une longue
réflexion est à faire sur le sujet. C’est ce que m’inspire cette soirée, car la
reconversion industrielle signifie autant la reconversion du bâti que des gens.
Donald Johnston, secrétaire Général OCDE, Ancien
Ministre du développement économique et régional sous Trudeau
L’OCDE regarde les expériences de différents
pays et il en ressort les aspects positifs et négatifs, ce qui a bien marché et
moins bien marché selon les contextes. Un « pool » d’expérience et
d’expertise se crée ainsi pour le bénéfice de tous.
Il est clair que le rôle de la société civile
est nécessaire pour redynamiser les territoires suite aux changements
industriels. On peut difficilement revenir à l’ancien. Si une industrie ne
fonctionne plus, rien ne sert de la faire vivre artificiellement et ainsi
menacer celles qui fonctionnent encore avec l’appui de fonds publics à des
entreprises qui sont condamnées à fermer de toute façon. Il faut savoir passer
à autre chose. Mais c’est parfois difficile, car la communauté peut avoir peur,
sa qualification n’étant pas nécessairement adaptable au nouveau contexte. Il
est donc important que les leaders de la communauté locale projettent une image
créatrice de l’avenir. Il faut aussi que les gouvernements acceptent leurs
responsabilités. Le macro-économique est important, mais le succès dépend du
local, de la micro-économie. Il faut souligner l’importance d’initiatives comme
la Société de Développement Angus a conclu M.
Johnston.
***
Nous avons retenu de cette soirée l’importance
de politiques concertés en matière de formation pour faciliter les
reconversions et amoindrir les craintes. Comme je le disais plus haut,
l’industrie et les reconversions industrielles ne concernent pas juste le
béton! C’est aussi des gens. D’où l’importance de ce 1er colloque et
de ceux qui suivront, nous l’espérons,
pour regarder d’autres aspects des reconversions : la formation, les
revenus de remplacement (revenu de citoyenneté ou d’implication par exemple?),
les nouvelles formes de travail et d’incertitudes, etc.
Bref, ce fut une soirée intéressante. Avec des
points de vue différents selon les fonctions des panélistes, mais convergents
vers l’importance du local dans toutes les reconversions. Allez aux gens est le
message de base semble-t-il. Reste à savoir si le Politique est vraiment prêt à
le faire ou si cela donnera encore de beaux rapports sur les tablettes.
Mercredi, 29 mai, 2002
Aujourd’hui, nous avons assisté à la conférence
« Les stratégies de reconversion industrielle : point de vue des
chercheurs » et aux ateliers sur « Les syndicats et le milieu
local dans le redéveloppement de vieilles zones
industrielles » et « Reconversion de territoires de la vieille
économie ».
Ressort continuellement les questions du
dynamisme du milieu et du travail avec le milieu pour assurer la reconversion
industrielle après la vie utile d’une entreprise (par exemple une mine ou une
carrière) ou sa fermeture pour cause de désuétude, de concurrence ou de
relocalisation pour répondre aux lois de la nouvelle division internationale du
travail. Des points de vue et des manières de faire différentes et adaptées à
chaque cas. Mais aussi des apprentissages.
***
Dans la Conférence sur le point de vue des
chercheurs, Peter Kresl, du département
d’économie de Bucknell University
(Pensylvanie), a attiré notre attention en parlant
des migrations urbaines vers les couronnes de la banlieue, car c’et un problème
que connaissent la plupart des grandes villes dont Montréal. Cela mérite qu’on s’y arrête un instant, vu les
questions que cela a soulevé pour nous. Il parlait des Etats-Unis, mais est-ce
pareil pour toutes les grandes villes?
L’immigration arrive en ville, les blancs
s’installent dans la 1ere couronne; l’immigration commence à aller vers la
banlieue, les blancs ouvrent une deuxième couronne. L’immigration ou leurs
descendants y pénètrent, les blancs reviennent vers les centres villes! On voit
ainsi une séparation qui se fait entre les communautés. Chaque communauté a ses
commerces, ses quartiers, etc. – du moins en partie, car ce n’est pas
nécessairement tranché en bloc monolithique – ou elle est majoritaire. Normal,
peut être… mais ceci soulève certaines questions selon moi:
Est-ce un ségrégationnisme qui s’apparente au
racisme ou est-ce un besoin naturel de se trouver dans des lieux communs?
Un quartier « blanc » est-il la même
chose qu’un quartier chinois ou un quartier arabe? Où serait-il davantage perçu
comme raciste?
Le phénomène de la banlieue, importé des
Etats-Unis, est-il un phénomène ségrégationniste? A-t-on importé le
ségrégationnisme avec la banlieue sans même en être conscient? Est-ce pareil
dans toutes les grandes villes/agglomérations?
Avec les condos, qui mettent des barrières
économiques à leur accessibilité, assiste-t-on à un nouveau ségrégationnisme
envers les plus défavorisés? La crise du logement est-elle une conséquence d’un
racisme et de discriminations économiques qui font que, n’ayant plus le droit
de choisir ses locataires, on préfère vendre des appartements plutôt qu’en
louer? Une conséquence du libre marché sur lequel toutes les discriminations
sont permises en autant qu’elles sont commerciales. Les hôpitaux privés, les
écoles privées, les vendeurs de condos peuvent mettre des barrières économiques
à leur accessibilité et ce ne sont pas des discriminations. D’ailleurs on loue
des condos… Une forme de détournement de la location peut être, car on peut ainsi
en accroître le prix plus facilement.
Avec la mondialisation – où des poches de
richesse et de pauvreté existent dans plus en plus de pays – en revient-t-on
aux classes sociales comme facteur de discrimination? La consommation et
l’emploi deviennent-ils facteur ségrégationniste à la place de la race ou du
sexe ou s’ajoutent-ils à la race et au sexe? Le chômeur, blanc ou noir,
devient-il un exclu alors que la chirurgienne, blanche ou noire, a toutes les
portes d’ouvertes?
On consent à vivre le multiculturalisme au
travail, mais dans la vie privée chacun va dans des villes dortoirs et des
quartiers qui leur ressemble, monolithique jusqu’à un certain point dans
certaines villes de banlieues ou certains quartiers, et offrant ainsi des
services qui répondent à la communauté en place. Est-ce une forme de racisme,
de ségrégationnisme ou un besoin naturel des communautés? Est-ce la loi du
marché? Car la concentration d’une communauté permet l’offre de services et
l’offre de service attire les membres de cette communauté.
Ceci soulève aussi d’autres questions. Le
fonctionnaire qui détermine si une chose est raciste ou discriminante vit-il le
multiculturalisme de la ville ou a-t-il choisi la banlieue? Est-ce que cela
teinte sa perception du racisme? Choisir de vivre en un lieu multiculturel
change-t-il les perceptions? Choisir de vivre en un lieu plus homogène
accroît-il le racisme? Les groupes ethniques sont-ils racistes envers les
autres groupes et/ou la majorité? Les mariages interraciaux sont-ils fréquents
ou non? Sont-ils un signe de ségrégationnisme ou de racisme?
Ce sont des questions qui doivent se poser. Il y
aurait là un autre thème de colloque à faire: ville, banlieue et
multiculturalisme. Car comme l’a dit un conférencier au cours de la journée, il
faut faire des colloques de plus en plus inclusifs, car si les thèmes de la vie
se rejoignent tous, pourquoi les séparer dans des colloques pointus? Alors au
lieu d’avoir un colloque sur le racisme et un autre sur la ville pourquoi ne
pas en faire un thème commun dans un avenir rapproché.
http://www.facstaff.bucknell.edu/kresl/
Jeudi, 30 mai, 2002
Nous avons eu droit à deux présentations
montréalaises : le RESO et la Société de Développement Angus (SDA). Le
tout débute par un drame économique pour la communauté, des fermetures
d’entreprises majeures. Une fois le premier choc passé, elles se sont prisent
en main et ont été de l’avant avec des projets mobilisateurs… Ce ne fut pas
simple et c’est un travail de longue haleine… qui se poursuit encore. Mais ce
sont deux histoires intéressantes et desquelles peuvent ressortir des
enseignements – pas nécessairement transférables, mais révélateurs de possibles
de la prise en charge par une communauté aux prises avec un choc économique
majeur.
***
D’abord le RESO (Regroupement pour la relance
économique et sociale du Sud-ouest). En 1987
l'usine de jouets Coleco
et celle de matelas Simmons fermaient, mettant ainsi
à pied plus de 1000 employés. Les acteurs du milieu ont réagi, créant Urgence
Sud-ouest, qui a ensuite donné naissance au Comité de relance de l’économie et
de l’emploi dans le Sud-Ouest. Et en 1989 ce comité recommandait de créer le
RESO, une corporation de développement économique communautaire pour relancer
le Sud-ouest de Montréal.
La force du RESO fut sa connaissance
du terrain et sa capacité d’asseoir des acteurs qui travaillaient séparément.
De mettre les normes de côté pour atteindre un objectif commun. Prenons
l’exemple de la formation professionnelle. La plupart des gens ne pouvaient se
qualifier pour suivre de la formation menant à un emploi. C’était à qui n’avait
pas son secondaire V, était trop âgé ou trop jeune pour le programme, etc. Le
RESO s’est donc assis avec une commission scolaire et a pensé une formation
pour les gens qui ne se qualifiait pas selon les programmes en place. A leur
formation technique s’ajoutait la formation académique manquante. L’offre fut
un succès. Plus de 200 demandes pour une dizaine de places. La réussite des
gens choisis fut aussi exceptionnelle. Il en résultat la poursuite de ce
programme.
Le RESO a aussi réussi à asseoir les
bailleurs de fonds qu’ils soient du municipal, du provincial ou du fédéral.
C’était nouveau à l’époque, chacun protégeant jalousement sa juridiction. De
succès en succès ils ont gagné en crédibilité jusqu’à devenir un acteur majeur
que les nouvelles entreprises qui veulent s’implanter dans le Sud-Ouest consultent maintenant.
Si le RESO est parti du milieu, il
n’est pas parti de zéro non plus, car les intervenants à son origine ont aussi
été voir ce qui se faisait ailleurs en développement économique et
communautaire : comme le Early Warning System
(pour identifier les signes précurseurs à des fermetures utilisé à Chicago);
des expériences vécues dans les quartiers noirs de Chicago; les communautés
rurales qui se mobilisaient pour conserver leur village; des modèles
autochtones de coopération; etc.
Le RESO a aussi inspiré le milieu,
ayant servi de modèle dans la création des CDEC par la suite. D’autres modèles
allant dans le même sens émergeaient aussi avec les fermetures d’usines, notament dans l’Est de la ville de Montréal touchée elle
aussi par de nombreuses fermetures. Je pense ici à Pro-Est.
Au lieu de nous étendre davantage
sur le sujet, je conseille au lecteur de visiter le site du RESO (www.resomtl.com) en attendant les actes de ce colloque.
***
En après midi ce fut la présentation du projet
Angus dans Rosemont. Les « shops Angus »,
c’était une usine du CP qui faisait des trains. Tout était là, même une
fonderie. Le minerai de fer arrivait du port… et il en ressortait un train!
(Pour un historique, voir le site de Jocelyn Vachet: www.geocities.com/jocelynvachet/les_usines_angus.htm.
Certains quartiers, comme Rosemont, se sont
construit avec Angus. Sa fermeture en 1992, pour transformer ce site en
quartier résidentiel, faisait
disparaître la partie industrielle de Rosemont par la même occasion. Les
gens du milieu et la CDEC Rosemont-Petite-Patrie ne
pouvaient laisser faire cela. Comme je ne suis pas « sténographe » je
vous réfère à la partie historique du site de la SDA à ce sujet: www.sdaangus.com/SDA/historique/historique.html
En bref, la CDEC s’est entendu avec le CP pour
acheter la moitié du site pour faire du développement industriel et la Société
de Développement Angus fut mise sur pied avec ce mandat. Mais on ne parle pas
de développer n’importe comment ni à n’importe quel prix. On recherche des
emplois formateurs ou de longue durée. Un entrepôt avec deux gardiens n’entre
pas dans leurs conditions par exemple, car la SDA a ses conditions, car c’est
elle qui est propriétaire du site et loue des espaces. Elle ne vend pas le fond
de terrain.
La SDA a aussi un œil sur les synergies. Ainsi,
à mesure que le site se développe de nouvelles occasions d’affaires
apparaissent, comme créer des entreprises d’économie sociale en cafétéria,
courrier, fabrication de matériel de bureau… A ce sujet, se trouve sur le
site Insertech
Angus (http://www.insertech.qc.ca/), un fabricant
d’ordinateurs qui est aussi une école pour les jeunes… Un exemple de synergie
entre le développement technologique dans un secteur d’avenir et une mission
sociale (formation des jeunes).
Cependant la SDA n’a pas un secteur particulier
en mire, car se limiter à un secteur, même s’il est d’avenir actuellement,
c’est aussi s’attacher à ses soubresauts et ses crises. On ne veut pas revivre
une autre fermeture d’Angus! Ils prônent davantage la diversification. J’espère
que les ministres qui étaient présents à
ce colloque et qui favorisent des Cités du « Multimédia », de la
« Mode », etc. ont compris le message, car il est revenu souvent et
par différents conférenciers d’ici et d’ailleurs. La convergence ne signifie
pas un secteur unique.
Vendredi 31 mai 2002
Cette dernière journée s’est ouverte sur la
conférence « Reconvertir autrement : vision globale ». Georges Benko, du département de géographie de l’Université de
Paris I, soulignait que si les entreprises choisissent une localisation pour
des avantages de coûts de main-d’œuvre et de proximité des ressources, nous
ajouterions d’avantages fiscaux pour notre part, elles ne s’intègrent pas et
sont facilement délocalisables/relocalisables,
car elles ne sont pas enracinées.
Par contre, si on établi des relations
politiques et économiques, qu’on « l’intègre » dans nos réseaux
locaux (centres de recherche, chambre de commerces, etc.), elle aura davantage
de difficultés à quitter le territoire parce qu’elle perdra ses relations.
Naturellement la nouvelle division internationale
du travail, fait en sorte que la
conception de produits peut être faite dans les pays développés, mais leur
production dans les pays périphériques où les salaires sont inférieurs. Il a
cité le cas d’entreprises qui conçoivent les jouets en France, mais les
produisent en Chine par contre!
Pour notre part nous avons quelques objections à
cette approche, car d’une part les relations ne sont pas un gage de rétention,
surtout avec les fusions d’entreprises. Même si de bonnes relations sont
établies avec la direction locale, les décisions sont souvent prises dans un
autre pays, sinon sur un autre continent, sur des bases comptables seulement.
Parfois la décision est même prise sur des humeurs à court terme des marchés
boursiers. D’autre part, la nouvelle division internationale du travail ne
signifie pas une division internationale des compétences. Celui qui a de la difficulté à l’école et qui ne terminera pas ses
études de base est-il condamné à déménager dans un pays de la périphérie pour
avoir un emploi à sa mesure? Ceci pose le besoin d’un revenu d’appoint pour
ceux que le marché ne peut plus utiliser
sur le territoire national tout en ayant besoin d’importer de la
main-d’œuvre extérieure pour répondre aux nouveaux besoins du marché. De
nouvelles politiques économiques solidaires sont maintenant nécessaires au
niveau mondial. Enfin, ceci soulève une dernière question : Si la
main-d’œuvre peu qualifié n’a pas de revenu d’appoint, qui remplacera cette
perte de consommateurs sur le marché? Des subsides gouvernementaux aux
entreprises tels qu’on le voit de plus en plus souvent. Le marché doit avoir un
certain équilibre pour fonctionner et cette nouvelle division internationale du
travail rompt-elle cet équilibre? Ce sont des questions à examiner. (1)
Michel Grossetti, du
Centre d’études des rationalités et des savoirs du CNRS (Toulouse) a souligné
que de nouvelles universités régionales peuvent être créer ce qui contribue à
renforcer des régions. Pour sa part, Xavier Greffe, de l’Université Paris I, a
parlé des friches culturelles, c’est-à-dire de l’appropriation d’espaces
abandonnées et de leur reconversion en ateliers d’artistes ou en art comme tel.
Cela a plusieurs effets positifs dont redonner confiance au territoire et
amener une nouvelle culture de projet. S’y greffe aussi une production
artisanale et commerciale. Ce renouveau du milieu amène des entreprises
extérieures à la friche et recrée un milieu
économique.
Note :
1. Cette question nous rejoignait
particulièrement, car mon mémoire de maîtrise portait sur ce sujet :
Michel Handfield, 1988, La division
internationale du travail et les nouvelles formes d'organisation du travail :
une nouvelle perspective, Université de Montréal.
***
La table de discussion suivante concernait
« De la théorie à l’action : mise en œuvre et transférabilité ».
Un retour sur le colloque fut fait par la plupart des participants à cette
table et nous croyons que la lecture de leur texte dans les actes du colloque
sera préférable à ce que nous pourrions en rapporter ici. Par contre deux
commentaires méritent notre attention ici, car ils relèvent d’un certain sens
commun se dégageant de ce colloque.
D’abord, Léa Cousineau, ancienne conseillère
municipale de Montréal et maintenant présidente de la Commission des partenaires du marché du travail, a souligné l’importance d’avoir
des leaders qui se rallient à la cause ou au projet. Ce sont les leviers qui
permettent d’aller chercher l’appui des citoyens et les partenaires (des
milieux d’affaires et politiques) nécessaire à son développement.
Ensuite, Sergio Arzeni, du programme LEED de l’OCDE, a souligné qu’il faut interpréter toutes les expériences rapportées
dans ce colloque comme des apprentissages. Si elles ne sont pas transférables
en tant que tel, il y a des convergences et des points communs à retenir. Il a
aussi souligné qu’il est malheureux que la violence attire un éclairage des
médias et que la politique y répond alors. Pour d’autres modèles de
développement il faut que la politique soit à l’écoute des milieux non
seulement lorsqu’il y a de la violence…
Enfin,
Hélène Deslauriers, directrice du réseau des SADC, a
parlé de cet outil. Loin de reprendre son propos, nous préférons vous envoyer
au site Internet des SADC : http://www.reseau-sadc.qc.ca
***
Le colloque s’est finalement terminé sur les
discours d’usage de la Ministre Rita Dionne-Marsolais,
députée de Rosemont à l’assemblée nationale (Québec); d’Yvon Charbonneau,
député fédéral d’Anjou, et Christian Yaccarini, pdg de la SDA. Ici le ton fut à
la coopération avec les citoyens pour les aider dans leur prise en charge. Une
belle clôture où les messages politiques furent
minimal.
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
Qui a couvert tout le congrès pour Societas
Criticus
************************
14 Mars 2002
Questions et propositions sur l’avenir des soins de
santé au Québec et au Canada
Vittorio Capparelli, responsable Patronato INCA-CGIL. Ancien
conseiller municipal, Montréal
Michel Handfield, M.Sc. sociologie, co-éditeur
de Societas Criticus
***
La santé est partagée entre le Québec et le
Canada, en conséquence nos remarques et
propositions s’adressent aux deux paliers de gouvernements, car nous ne
faisons pas de discrimination politique. D’ailleurs, du partage des idées et
des modèles entre les différentes parties du Canada, ne peut que résulter une
amélioration pour tous les citoyens.
1. Une question d’argent et de philosophie ou de
choix politico financiers!
Lorsqu’on cherche un coupable, on doit savoir à
qui profite le crime. A qui pourrait profiter
cette crise de la santé? Telle est la première question à poser.
Cette crise ne profite certainement pas aux
malades et à la population qui s’en inquiètent. Par
contre les tenants de la privatisation pourraient y trouver leur compte. Car
avec les coupures de places dans les centres hospitaliers, le public ne pourra
que revendiquer une forme de privatisation de services sous formes d’hôpitaux
et de cliniques privées. C’est ainsi qu’en même temps qu’on coupe des lits dans
les hôpitaux, personne ne questionne le
besoin d’un ministère de la santé et de 18 régies régionales! Combien coûte
cette bureaucratie? Chaque hôpital devant avoir son département des ressources
humaines, tout comme les régies régionales et le ministère probablement, il
doit y avoir beaucoup de personnel non hospitalier dans la machine. Quand avons-nous
entendu parler de la coupe de bureaux dans la santé et de bureaucrates
travaillant assis dans les marches des hôpitaux? Certainement moins souvent que
de coupe de lits et de malades dans les corridors! En fait on est même passé
d’un à trois ministres de la santé au Québec, c’est dire qu’il y a de l’argent
pour autre chose que les soins.
Nous avons aussi de l’argent pour construire un
méga hôpital universitaire qui ne devrait que s’occuper que de soins haut de
gamme. Les autres malades vont aller où? Surtout si la construction de ce méga
hôpital est l’occasion de nouvelles coupures de lits…
L’avant-garde des baby-boomers ayant eu de bons
emplois leur permettant de faire des économies et d’avoir des assurances
collectives, ils sont aussi, pour la plupart, solvables, bien assurés
collectivement et prêt à payer pour des soins de qualités. Il y a donc
possibilité d’ouvrir des hôpitaux privés quitte à les fermer une fois que ce
lucratif marché aura été écrémé, la génération
suivante n’ayant pas eu ces conditions, ayant été à la pige à l’ombre de ces
prédécesseurs. On remettra alors la santé dans les mains de l’État en revendant
ce qu’ils auront eux même aidé à mettre sur pied dans le privé avec des
subventions à l’entreprise naturellement. Un peu comme en Angleterre on a
privatisé le transport public ferroviaire
sous les conservateurs et où, vu les prises de profits sans
réinvestissement, on se pose maintenant
la question de la renationalisation de ce service sous les travaillistes, vu
son fonctionnement erratique, le profit y étant plus important que le service
public!
Naturellement, tous les gouvernements
provinciaux diront qu‘Ottawa ne fait plus sa part en matière de santé. Les
chiffres montrent d’ailleurs que la part fédérale a rétréci. Mais en même temps
que les provinces disent ne pas avoir assez d’argent pour la santé, on voit que
s’ils ont moins d’argent à mettre dans la santé, ils en ont pourtant à mettre
pour subventionner des entreprises privées!
On peut alors se demander si on ne s’en va pas
vers un nouveau modèle d’organisation de la santé, où le public s’occupe de ce
qui est coûteux, comme la recherche et les hôpitaux universitaires et le privé
de ce qui rapportera comme la création de cliniques et d’hôpitaux spécialisés
dans les interventions sûres et rapides pour lesquelles tant l’État pourrait
payer (pour les citoyens sous un certain seuil de revenu) que les compagnies
d’assurances privées pour ceux qui peuvent se permettre une surprime
d’assurance ou même de payer par leurs propres moyens. Ainsi la pose d’une
prothèse jugée essentielle mais non prioritaire pourrait être faite dans une
clinique privée dans un délai de quelques jours si vous ou votre assurance paye
la surprime ou de quelques semaines ou mois si vous êtes assuré par la régie
seulement. Et qu’est-ce qui pourrait assurer la rentabilité de ces cliniques si
elles opèrent avec des revenus de la régie comparable à ceux des hôpitaux
publics? Leur mode d’organisation qui pourrait être beaucoup moins
bureaucratiques. C’est peut être là qu’il y a à faire dans le public.
Si nous voulons nous assurer d’un service
public, il faut que la part du Fédéral pour les besoins de santé soit accrue,
mais à certaines conditions. A toute hausse du Fédéral ne doit pas correspondre
une baisse provinciale, sinon cette
hausse pourrait être révisée. Si la baisse provinciale sert à hausser les
investissements en formation universitaire cela peut être justifiable, mais si
la baisse sert des secteurs moins important, comme de subventionner l’achat de
Vidéotron par Québécor par exemple, il peut être justifiable d’imposer une
pénalité!
Naturellement, pour soutenir un service de santé
public et gratuit il faut une volonté politique. La question de savoir si cette
volonté existe peut se poser, car la mode est aux privatisations au nom de
l’efficacité. Pourtant les gestionnaires des deux systèmes sortent souvent des
mêmes écoles de gestion et le privé gère de plus en plus avec l’aide de
subsides gouvernementaux. Mais si une part des coûts sont publics, les profits
eux sont privés. Ils ont donc les moyens de se payer des lobbyistes et des campagnes de publicités vantant les
mérites de leur gestion. La pression devient donc forte pour des
privatisations. Dans une publicité sur « Les grands sommets (MD) des dirigeants
de la santé » prévu pour le 16 et 17 avril 2002 et parue dans La Presse du
12 mars 2002, on retrouve parmi les invités Michel Clair, Président de la
commission d’études sur les services de santé et les services sociaux et
Président et chef de l’exploitation de la Générale de services Santé N.A. Inc., une filiale de
« La Générale de Santé », « premier réseau d’hospitalisation
privée en France et en Europe » (http://www.generale-de-sante.fr) et partenaire avec la Caisse de Dépôt pour des investissements dans le
domaine de la santé en Amérique Latine! (http://www.newswire.ca/releases/December2000/27/c6310.html) Peut être que les liens entre le privé et le public sont déjà bien
établi et que la crise de la santé n’est qu’un prétexte pour les
opérationnaliser au nom de l’efficacité. Bref, cette crise serait-elle voulue?
C’est la question que nous nous posons et que vous devriez vous poser pour le
bien de tous. Car il ne faut pas oublier qu’une large part des problèmes
actuels vient des rationalisations que nos propres gouvernements ont faites
dans la santé. Rationalisations qui mettent à l’avant plan les besoins d’un
système privé parallèle! Ce n’est peut être qu’une coïncidence, mais la
commission se doit de la regarder. Comme citoyens nous devons poser la
question, mais nous n’avons pas les moyens de l’investiguer. Vous, vous en avez
sûrement les moyens, du moins nous l’espérons.
2. Une question d’organisation
L’argent n’est pas le seul problème de notre
système de santé. Une certaine
désorganisation du système est en cause et certains correctifs peuvent être
apportés par des changements organisationnels, soit:
i. Intégrer les CLSC aux hôpitaux, où cela est possible:
Nous savons tous qu’un cas de grippe qui se
présente à l’urgence d’un hôpital plutôt qu’à un CLSC ou une clinique privée
engorge l’urgence pour un et accroît indûment les coûts du service pour deux.
Une solution simple serait de placer le CLSC
dans les locaux hospitaliers de telle sorte que le triage envoie les cas
qui se présente ou au service d’urgence hospitalière ou au CLSC selon les cas.
Les coûts et une part de l’engorgement des urgences seraient ainsi réduits et
chacun des systèmes fonctionnerait selon son mandat.
ii. Revoir le contingentement médical:
Actuellement certaines professions médicales
sont en manque de personnel. Plusieurs raisons expliquent cela, du
vieillissement de la population, qui nécessite davantage de soins, au
changement de mentalité chez les jeunes qui préfèrent conserver du temps pour
la famille et les loisirs quitte à travailler moins d’heures que leurs prédécesseurs. La fiscalité fait
aussi en sorte que travailler moins d’heures diminue leur fardeau fiscal tout
en accroissant leur qualité de vie, ce qui fait qu’au total il est probablement
plus avantageux au plan humain et
personnel d’assumer cette légère perte de revenu!
Une solution à ce problème serait de revoir le
contingentement dans ces professions. Ainsi plus de professionnels seront
disponibles et, ce faisant, pour travailler, ils devront aussi accepter d’aller
en région. Je ne dis pas l’ouverture complète des portes comme dans les
sciences sociales, où on est si nombreux et les emplois si rares que l’on fait
souvent du bénévolat. Quoi que des médecins et des infirmières bénévoles, parce
que sans emplois¸ ça changerait des salles d’attente bondée par manque de
médecins!
iii. Assurer l’offre de service 24h sur 24 et 7 jours sur 7:
Au même titre que pour le commerce la notion de
congé le dimanche n’existe plus au nom de la laïcité de la société, cette
notion doit aussi disparaître du domaine de la santé, car on ne peut choisir
d’être malade seulement les jours ouvrables. Comme la santé est plus importante
que l’épicerie, ces privilèges d’une autre époque que sont les fins de semaines
et les vacances des fêtes et d’été doivent être réparti de façons équitables
sur toute l’année. Il n’y a pas de raison d’avoir moins de service un 26
décembre ou un 26 juillet qu’un 26 février!
Si les infirmières peuvent aller magasiner le dimanche, les vendeuses
doivent pouvoir voir le médecin le lundi soir! Ce n’est que logique et équité.
iv) Offrir l’équité pour les soins à domicile:
Afin de réduire les coûts associés à la santé,
il faut accepter d’accorder un certains bénéfice au malade et/ou à ceux qui accompagnent un
proche à la maison. C’est ainsi que les médicaments d’une personne pourrait être couvert même si elle est à la
maison (car si elle demeure à l’hôpital ils sont couverts), ce qui n’est pas
toujours le cas. Ceci peut donc prolonger son hospitalisation indûment juste
pour des raisons économiques, ce qui engorge le système et allonge parfois son
rétablissement, ou accroître ses souffrances si elle est retournée à la maison
et m’a plus accès à ses médicaments non assurés. On n’accepterait pas ce
traitement pour les animaux!
La même chose est vraie pour les personnes
nécessitant des soins de longue durée ou en perte d’autonomie. Des crédits
d’impôts et/ou une rente pourraient être disponible pour retarder leur
entrée dans le système et des services
d’appoints leur être offerts à domicile.
v) La carte à puce:
La carte à puce pourrait être introduite si elle
favorise une meilleure communication entre les intervenants pour le bien de la
personne. Cependant des études indépendantes doivent être faite sur le sujet,
peut être par le Fédéral en partenariat avec les provinces, car il semble que
les conclusions ne sont pas claires sur le sujet selon ce qu’on a peut lire sur
le sujet. (une recherche avec le mot « carte à
puce » et « carte à microprocesseur » les sites Internet des
grands quotidiens devrait vous en convaincre)
vi) Prévention de la fraude:
Peut être que la carte à puce serait un moyen de
prévenir la fraude, ce que devait faire la carte avec photo. Cependant on a vu récemment des journalistes
passer avec une carte d’une personne de sexe opposée! Alors ce sujet est
davantage une question de resserrement des normes que de technologie. Faire une
confiance aveugle en la technologie – même la carte à puce – pourrait avoir
pour conséquence de réduire la vigilance et, au contraire, ouvrir la porte à
davantage de fraude. Ici aussi des études indépendantes pourraient être faites
par le Fédéral avec l’accord des provinces.
v) Remplacement des quotas:
Actuellement des gestes médicaux sont limités
par des quotas – par exemple les opérations – pour des raisons budgétaires.
Mais un chirurgien qui décide d’opérer moins que son quota pour des raisons de
qualité de vie (profiter de ses enfants tandis qu’ils sont jeunes par exemple)
n’est pas nécessairement puni. Alors pourquoi celui qui a le temps d’en faire
plus est-il puni. Le quota devrait être remplacé par une norme de sécurité
comme pour les camionneurs pour éviter qu’un médecin, par exemple, opère 2
jours de 18 heures et prenne 5 jours de congé ensuite. Si un médecin est prêt à
opérer 5 jours semaine et que les équipements sont disponibles pourquoi l’en
empêcher?
vi) Le ticket modérateur ou orienteur:
La question du ticket modérateur soulève des
passions. Le mettre pourrait éloigner des gens du système de santé et être
dommageable. Ne pas le mettre favorise un gaspillage, certains prenant le
système pour un bar ouvert. Il y a donc moyen de l’utiliser comme moyen de
discipline. Si la personne se présente pour un rhume à l’urgence de l’hôpital
on lui donne le choix entre la clinique la plus près ou un coût de 10$ parce
que ce n’est pas le lieu approprié. Ainsi, les autres ressources du système qui
sont sous-utilisés devraient être davantage sollicité et ceci ne pourra
qu’aider à atteindre un équilibre dans l’utilisation des ressources de santé au
Québec et au Canada.
3. Conclusion
Nous vous remercions
de votre attention et nous espérons que notre modeste contribution et
les travaux de votre commission sauront protéger notre système de santé pour
nous et pour les générations qui suivront. Car c’est là un des acquis canadien
qui nous distinguent des Etats-Unis et ne pas savoir le conserver éliminerait
une barrière importante qui nous permet de conserver notre caractère distinct
par rapport aux Etats-Unis. Ne pas le conserver serait ouvrir la porte à notre
états-unisation et à notre intégration
future aux U.S.A.
***
Jeudi, 14 février, 2002
Retour… sur notre texte à sketches
Ou Pop psycho et
formation professionnelle!
Michel Handfield
Nous
soulignions dans notre « Texte à sketches… Psycho mystico
thérapeutique! » que certains groupes de pop-
psycho pouvaient donner de la formation reconnue par emploi-Québec
et que des diplômés universitaires ne le peuvent pas nécessairement. Nous avons
donc contacté emploi-Québec sur le sujet
. Cependant, nous n’avons pu obtenir de réponse écrite de leur part. Les
conditions d’agrégations sont disponibles sur notre site et nous n’avons rien
d’autre à dire, c’est à peu près la réponse reçue!
Par
contre avec quelque peu d’insistance, les conversations furent instructives
même si elles furent brèves. Ainsi, moi, avec une maîtrise en sociologie je ne
pourrais être accrédité pour donner de la formation, sauf si je fais 135 heures
de pédagogie ou d’andragogie ou si j’ai 250 heures d’expériences en formation
et seulement si la sociologie est qualifiable, ce qui n’est pas nécessairement
le cas!
Pourtant
les problèmes sociaux sont nombreux en entreprises et je pourrais enseigner au
cégep avec une maîtrise! Quand j’ai souligné ce fait et que je leur ai fait remarquer qu’aucune
mention n’est faite des diplômes sur leurs fiches d’Informations détaillées des
formateurs, la réponse fut que ce n’est pas ça qui compte! Un Ph.D. pourrait être refusé mais un secondaire III dans un
métier accepté, car son expérience peut être davantage relié aux besoins des
entreprises. Nous n’avons pas les mêmes
critères que les autres institutions de formation m’ont ils dit! Ce qu’il faut
c’est un minimum dans le champs professionnel visé (3
ans), avoir enseigné 250 heures ou avoir 135 heures de formation en andragogie
ou en pédagogie.
Pour ce
qui est des groupes nouvel âge, la réponse est que certaines groupes ont déjà
été accréditées et que d’autres le sont
ou le seront encore, car l’accréditation
n’a rien à voir avec la croyance du groupe. Ces groupes ou leurs formateurs
peuvent avoir un bonne expérience en marketing, en service à la clientèle ou en
ressources humaines et de l’expérience (250 heures) ou la formation (135
heures) pour la passer aux autres, ce qui les qualifient! Ce qui compte c’est
de passer de la formation qualifiante. Un diplômé universitaire n’a pas
nécessairement cette expérience et la qualification pour la passer! De toute façon ces groupes ne transmettent
pas des croyances… mais des connaissances dans ce cadre. Pour emploi-Québec
cela semble très clair…
***
Pour ma part ce l’est moins et je doute que
la séparation soit aussi claire qu’eux le croient. Des organismes
formateurs ayant comme approche
« la psychologie transpersonnelle » me
laissent un doute. C’est une « Une psychologie du potentiel humain »
qui…
.
« (…) n'élabore pas son modèle de la psyché à partir du
malade et du souffrant; elle regarde plutôt vers les saints, les prophètes, les
grands artistes, les héros et les héroïnes de l'humanité comme modèles du plein
développement humain et de la nature de la psyché humaine. Au lieu de nous
définir tous comme partiellement névrotiques (sinon pires), la psychologie transpersonnelle définit la personne comme étant dans un
processus de développement vers une humanité complète tel qu'illustré par les
grandes femmes et les grands hommes. Holistique, la psychologie transpersonnelle recherche un développement équilibré des
dimensions intellectuelle, émotionnelle, spirituelle, physique et sociale de la
vie d'une personne » (source : Centre québécois de recherche et de
formation en éducation transpersonnelle, http://www.cqrfet.qc.ca/)
Et ils
sont accrédités comme formateur en gestion des ressources humaines et en
communication – services à la clientèle selon le site d’emploi-Québec!
J’ai vérifié et les adresses correspondent entre leur site et leur fiche
d’Informations détaillées des formateurs. Sûr, sûr qu’ils ne transmettent que
des connaissances en ressources humaines et en service à la clientèle et qu’un
diplômé universitaire (particulièrement en marketing) ne pourrait en faire
autant? Même en sociologie? Car à la base du service et des ressources humaines
on retrouve les relations sociales!
Sociologue
avec une maîtrise (et un mémoire portant sur la division internationale du
travail et les nouvelles formes d’organisation du travail), ou quelqu’un avec
un doctorat ne peut pas nécessairement se qualifier pour donner de la formation en entreprise selon emploi-Québec… car la formation en entreprise ne relève pas
des mêmes critères éducationnels que les autres types de formation (cégeps et
universités par exemple) m’a-t-on dit! Et pourtant la catégorie 06 Sciences
humaines (philosophie, géographie, sociologie, histoire, psychologie) existe,
car elle est présente sur plusieurs fiches d’ informations
détaillées du formateur disponible sur le site d’emploi-Québec!
Et dans aucun cas on n’indique le niveau de diplômation
du formateur sur ses fiches! Probablement qu’ils ne sont pas certifiés « Qualité-Québec » au ministère de la solidarité sociale
responsable de l’application de la loi du 1%. Les normes c’est pour les autres,
pas pour eux!
Ceci
soulève une autre question, de fond celle-là. On parle sans cesse de
l’importance de l’éducation pour l’emploi, mais lorsque des diplômés
universitaires qui pourraient faire de la formation en entreprise n’ont pas le
droit d’en faire et que des formateurs plus ou moins nouvel âge ont le droit
d’en faire, je me pose la question de la valeur des études pour cet organisme
gouvernemental. Après on fera des études pour savoir pourquoi le décrochage
scolaire. Quand la formation universitaire ne vaut pas plus que la formation
sectaire, la question ne se pose même plus selon moi!
Les
normes ne sont pas les mêmes en éducation et en entreprise. Pourquoi? Peut-être
parce que des gens qui questionnent, ça ne produit pas et dans une économie de
chaînes de montage, ce n’est pas de diplômés qu’on a besoin mais de bras
interchangeables. Alors les diplômés
sans emploi on les traite de rêveur, car il est plus facile de leur reprocher
leur champ d’étude que de questionner nos valeurs comme société! Un diplômé en
littérature ou en philo ça sert à quoi pour les entreprises? Si ça servait à
vérifier les traductions françaises que les entreprises nous donnent parfois
avec leurs produits, ce serait déjà beaucoup me semble. Mais les traductions
automatiques coûtent beaucoup moins cher et qu’importe leur illisibilité.
L’important c’est la réduction des coûts! Et après on fait des Salons de la
qualité et des bannières ISO 9000! Et on fait des tribunes téléphoniques sur
les diplômés qui ont choisi des professions sans avenir… Sont-ce les
professions qui sont sans avenir ou nos choix socio-économiques et politiques?
La loi
du 1% est aussi questionnable, car elle est restrictive sous des allures
progressistes. En effet, un vaste changement organisationnel, une expérience de
démocratisation comme j’ai eu la chance d’y participer il y a plusieurs années
dans une équipe multidisciplinaire, est quasi impossible à réaliser maintenant,
car cela demande des approches différentes et exige un investissement beaucoup
plus important qu’un pour cent (1%) sur une année. Pourquoi une entreprise
investirait-elle aujourd’hui 5,10, 15 ou même 20% de
sa masse salariale dans un tel changement si cela ne lui permet pas de le
déduire sur plusieurs années? Et il n’est pas sûr que ce serait même
qualifiable selon les normes actuelles, car cela va beaucoup plus loin que la
simple formation: c’est du changement organisationnel en même temps que la
démocratisation du milieu de travail. Cela se passe sur plusieurs dimensions à
la fois, tant techniques qu’humaines, sociales et politiques! C’est apprendre
en faisant.
Enfin,
pour revenir aux psychothérapies, une dernière information: le titre de
psychothérapeute serait réglementé selon des infos que nous avons obtenu le 8
décembre dernier (2001) sur le site de
l’Association des Psychologues du Québec, soit :
« Mais le gouvernement a récemment adopté une loi qui
réglementera un nouveau titre : psychothérapeute.
Ce titre ne pourra être porté que si l’on possède déjà un
autre titre (comme médecin, infirmière, travailleur social, ergothérapeute ou
psychologue).
(…) Le gouvernement aurait plutôt dû séparer relation d’aide
(capacité d’écoute et d’aide que tous les professionnels des sciences humaines
finissent par développer) et psychothérapie (processus d’intervention plus
spécialisé et précis en termes de diagnostic et de changement de la
personne). »
(source : www.apq-psycholog.qc.ca,
malheureusement ce site ne fonctionne plus au moment d’écrire ces lignes)
Il est
fini le temps où n’importe qui peut s’auto qualifier psychothérapeute avec une
approche plus ou moins magique ou mystique. Reste à voir si emploi-Québec
fera bande à part ou resserrera ses critères, car bien
des diplômés pourraient aider les entreprises, mais il ne semble pas que le
diplôme soit un critère pour emploi-Québec, pour qui la psychothérapie et le nouvel âge
ne semblent pas poser de problèmes! Ces
groupes y ont une valeur équivalente aux autres professions et parfois même
plus!
Il est
vrai que dans certains métiers l’expérience et le « tour de main »
comptent peut être davantage que le diplôme, mais ce n’est pas la règle
partout. Obliger le diplôme universitaire « at
large » ne serait pas logique, mais ne pas le reconnaître non plus. Être
ébéniste de métier ne s’apprend pas à l’université, mais faire des ressources
humaines avec une approche mystique n’est pas davantage qualifiable pour
autant! Il faut tenir compte de l’expérience, mais qu’une secte ait un bon
marketing et l’enseigne me pose un problème éthique. Qui contrôle la frontière
entre marketing à succès et endoctrinement?
***
22 septembre, 2002
Le nœud est
dans la politique, non dans l’arbre!
Michel Handfield
Une citoyenne de Montréal nous a écrit pour nous
souligner que Montréal veut abattre des arbres matures sur le boulevard
Henri-Bourassa. (1) De très beaux arbres,
je suis allé voir. Il est ridicule de les couper, car c’est un muret
naturel et oxygénant pour les citoyens. Un havre au centre d’une rue où la circulation
est dense. Un îlot de nature au milieu du macadam! Bref, il faut sauver ses
arbres. Que l’administration centrale revienne sur cette décision
d’arrondissement si on est vraiment une ville. Il faut sauvegarder ces arbres!
C’est clair.
Malheureusement, la ville que Madame Harel (ex-ministre d’État à la Métropole) nous a concocté est une ville composée de
petits royaumes, qu’on appelle des Arrondissements, et n’a plus grand pouvoir sur ceux-ci. Le pouvoir
supérieur (Québec) a su diviser Montréal, sous le couvert d’une fusion, pour
que celle-ci ne représente plus une force majeure comme elle le fut déjà.
Québec a su utiliser ce projet si cher à
feu Jean Drapeau, d’une île, une ville, et à son disciple Pierre
Bourque, pour diviser Montréal au point que
cette ville n’aura plus jamais la force qu’elle avait du temps de
Drapeau! Montréal est devenue une ville comme une autre et pour en être bien
sûr on l’a noyé dans une Communauté Métropolitaine de plus d’une soixantaine de
municipalités, incluant des villes agricoles! On peut bien réhabiliter Maurice
Duplessis et avoir mis sa statue devant le parlement, car Québec à encore peur
de la grande ville. On ri du temps où les curés parlaient de Montréal comme
d’un lieu de perditions, mais on encadre bien Montréal pour être sûr de la
contrôler! Pour être sûr que les décisions soient prisent ailleurs; par des ministres de Québec, sous le couvert
d’un Ministère à la Métropole s’il le faut. Car imaginez que les politiciens
municipaux puissent agir pour leur ville, cela ferait ombrage à Québec. Que se
passerait-il si des citoyens commençaient à revendiquer, à s’impliquer à
vouloir co-gérer ou autogérer leur quartier et leur ville? Ce serait la fin de
la servitude volontaire et le début d’un municipalisme libertaire! (2) Ce
serait le début de la fin pour les politiciens suffisants que l’on connaît, car
ils se devraient de répondre à un vrai barrage de question de la part des
citoyens. Ils se devraient de réfléchir plutôt que de suivre la ligne du parti.
Mais comme
l’Union Nationale de Maurice Duplessis influence encore tous les partis
politiques, on n’en est pas là. Le chef détient la vérité et les députés ne
sont que des agents de relations publiques, des courroies de transmissions qui
défendent ce que le Premier Ministre et son conseil des Ministres décident! On
ne vote pas pour un représentant, et encore moins pour un programme, dans le
Québec moderne, mais pour un Chef qui a une belle image et qui passe bien… à
l’écran! Le p’tit Dumont en est la parfaite illustration, lui qui est si
populaire grâce à son image de jeunesse, mais dont le programme veut revenir à
l’époque duplessiste, d’avant la loi sur la fonction publique et au temps du
patronage; de l’exploitation et de la quasi absence de filet social et de sécurité
pour les citoyens. Avancez en arrière. Ne passez pas GO et bienvenue au milieu
du dernier siècle!
Il faut
aussi dénoncer haut et fort cette décision de couper des arbres qui vient d’anciens de l’administration Bourque qui se positionnent pourtant comme les défenseurs de
l’environnement. (3) On peut d’ailleurs
lire dans leur programme 2001 qu’ils s’engagent « à présenter une charte
de l’environnement » (p. 19); à réduire la pollution sonore aux abords des
infrastructures routières (p. 20) et à «faire de Montréal la capitale mondiale
de l’environnement » (p. 21). Tous des objectifs qui vont contre la
décision de Noushig Eloyan,
présidente de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et membre du Parti
Bourque, qui autorise « d'arracher les 28 ormes chinois du boulevard
Henri-Bourassa, dont certains mesurent près de 10 mètres, afin de donner plus
d'espace aux deux voies permettant de tourner à gauche en direction du pont
[Papineau] ». (4) Car les arbres ne
font pas tourner l’économie; les autos si, même si elles vont vers la banlieue
et que l’on dit, la main sur le cœur, qu’on est contre l’étalement urbain, pour
un Montréal vert et surtout pour la défense de l’environnement et des arbres en ville! Bourque, qui fut
directeur du jardin botanique, n’exploite t il pas cette image d’écologiste et
d’amant de la nature chaque fois qu’il en a l’occasion? Pourtant, malgré ses beau discours, il marche
à côté de ce qu’il dit! (5) Machiavel a encore raison! Lui qui a dit « un
prince peut-il manquer de raisons légitimes pour colorer l’inexécution de ce
qu’il a promis? » (6)
***
Mais revenons à la dame qui nous a écrit au
sujet de ces arbres en nous demandant si nous pouvions intervenir pour éviter
qu’ils ne disparaissent. J’ai fais de la recherche pour savoir si des
organismes s’occupaient de ce dossier et savoir comment les appuyer. J’ai même appelé à l’éco-quartier
d’Ahuntsic leur disant que j’aimerais avoir différents points de vue sur le
sujet et savoir s’ils connaissent des organismes qui s’occupent de ce cas, mais
la réponse fut négative. Le simple citoyen n’est pas toujours mobilisé, sauf
lorsque ça le touche de près dit-on. Mais lorsque c’est le cas, lorsqu’il est
mobilisé même si ce n’est pas dans sa cour, il n’est pas facile pour lui de
faire connaître son appui et de le donner. Si le milieu n’a pas d’outils
d’intervention, il est difficile de faire quelque chose.
Nous savons aussi qu’il existe des organismes
environnementaux dans différents secteurs de la ville, comme le Projet
d’Aménagement Résidentiel et Industriel Saint-Michel (connu sous le nom de PARI
St-Michel) ou la
Société de Développement Environnemental de Rosemont, mais ils ne peuvent intervenir hors de leur quartier/arrondissement.
De tels organismes existent-t-ils dans tous les arrondissements? Une page ou un
forum Internet de veille et de défense
environnementale de l’île de Montréal pourrait être intéressante. Il y a là du
travail à faire, mais les moyens manquent. Peut-être qu’au lieu de
subventionner des entreprises comme GM, de tels organismes mériteraient un
financement leur permettant une certaine permanence et pérennité. Mais le
Pouvoir n’a pas intérêt à financer qui le critiquera. Ce manque de financement
doit faire l’affaire de quelqu’un, puisqu’en même temps on peut se permettre,
comme société et comme État, de perdre des centaines de millions de dollars en
subvention à des entreprises qui ferment leurs portes par la suite. Au fait,
combien nous a coûté l’aventure GM en fonds public depuis les années 60?
***
Ceci ne nous a quand même pas arrêté de chercher
un moyen de pression citoyenne. Nous en avons trouvé un : le courriel. Les
sites gouvernementaux nous donnes les courriels de nos représentants alors
écrivons leur! Dans ce dossier il s’agit de :
Noushiq Eloyan, Présidente de l’arrondissement: neloyan@ville.montreal.qc.ca
Gérald Tremblay, Maire de Montréal: maire@ville.montreal.qc.ca
Pierre Bourque, le chef de Vision Montréal: pbourque@ville.montreal.qc.ca
Écrivons-leur notre avis sur ce dossier : Il
faut sauvegarder ces arbres! C’est clair.
Notes :
1. Éric Trottier,
« 28 arbres matures dans la mire de la Ville », La
Presse. 4 septembre 2002.
2. La Boétie, 1576
(1995), Discours de la servitude volontaire, Mille et Une Nuits
et Biehl,
Janet, 1998, Le municipalisme libertaire, Montréal :
écosociété
3. Voir le programme de Équipe Bourque/Vison
Montréal à :
http://www.visionmtl.com/campagne/images/Programme.pdf
4. Éric Trottier, Ibid.
5. Il faut le voir défendre les arbres du rapide
du Cheval blanc à Pierrefonds, menacé par un projet domiciliaire, en même temps
que son équipe permet cette coupe d’arbre du Boulevard Henri-Bourassa. Il faut
aussi se rappeler qu’il a permis des projets controversés de construction sur
le Mont-Royal lors de ses deux mandats à la Mairie de Montréal.
6. Machiavel, 1532 (1996), Le Prince,
Paris : Bookking International, p. 128
Note du 11 novembre, 2002
Malheureusement, ces arbres furent coupés malgré
l’opposition à cette action. Le progrès passe par l’asphalte!
***
Michel Handfield
Le Gouvernement du Québec révise actuellement
les normes du travail. Il est temps, car elles ont pris de l’âge et ne sont
plus adaptées aux conditions actuelles, où le travail est de plus en plus
autonome et, probablement, moins normé. Naturellement, elles devraient être
plus sévères selon les uns – les défenseurs de ceux qui n’ont aucune protection
- et
moins sévères selon les autres - les associations d’affaires pour qui le
libre marché est la meilleure protection, car le marché vise le point
d’équilibre qui devrait « satisfaire » tant les acheteurs que les
vendeurs de la force de travail!
C’est oublier le principe d’accumulation, qui
fait que les entreprises ont souvent atteint leur taille grâce au soutien
politique et à la protection d’États dans le passé. Le libre marché serait tout
de même « naturel » selon les penseurs néolibéraux. Comme si notre
côté animal devait l’emporter sur la justice sociale et l’évolution
politique! C’est oublier que la
transmission héréditaire et
l’accumulation n’existent pas dans le règne animal! Si les penseurs néolibéraux
ne le disent pas, Omar Aktouf (1) lui le dit:
« Eh bien, je
serais fort aise de voir nos chefs d’industrie humains, une fois rassasiés, se
retirer comme le chef de meute chez les lions ou les loups pour laisser les
autres se servir à leur tour, comme le fait n’importe quel chef dans n’importe
quelle espèce animale vivant en groupe » (2002, pp. 89-90)
Prenons le parti pris de donner raison aux
entreprises et accordons leur le libre marché juste pour voir. Mais pour que le
marché soit libre, il faut que les gens puissent vendre leur force de travail
librement; qu’ils n’y soient pas obligés. Ils doivent donc avoir de quoi
répondre à leurs besoins de base tout comme la nature sait en fournir! Comme
l’ours trouve un abri ou de la nourriture gratuite, accordons leur un revenu de
citoyenneté qui couvre leurs besoins de base.
De l’autre côté, comme les entreprises demandent
à être des citoyens, soyons juste et accordons leur le droit d’être traité en
citoyen à part entière! Donnons leurs les mêmes droits et responsabilité qu'aux
autres citoyens.
Il n’y a plus de normes du travail, sauf les
normes qui régissent les relations entre citoyens. Les mêmes droits,
obligations, devoirs et responsabilités pour tous. Le citoyen ne peut vendre
ses enfants, son conjoint ou ses voisins et l’entreprise ne peut vendre ses
employés, sous peine de prison! Je ne peux mettre la sécurité d’autrui en
danger, l’entreprise non plus, ce qui signifie l’abandon de produits dangereux
si leur utilité n’est pas supérieure à leur dangerosité. Comme citoyen, je ne
peux vendre le bien public, l’entreprise non plus et encore moins être subventionnée
pour le faire (comme pour la vente d’eau en bouteille!).
Les entreprises n'ont plus droit aux subventions
autres que celles auxquelles a droit le citoyen et aux mêmes conditions de
revenu. Comme les citoyens, ils doivent être résident pour faire affaire ici,
donc avoir au moins une usine sur le territoire! Car si on n’est pas résident,
comment peut-on se proclamer citoyen? Ils doivent aussi payer les mêmes impôts.
A partir de 50 000$ de revenus ils paient leur 50% d'impôts. De vrais citoyens!
Avec l'argent que l'État tirera de ces mesures,
l'État pourra d’abord instaurer le revenu de citoyen auquel les entreprises
auront aussi droit en place de subventions s’ils répondent aux mêmes conditions
de pauvreté que les citoyens! Les paradis fiscaux leurs seront aussi illégaux
qu’aux autres citoyens et ils seront
passibles des mêmes pénalités pour évasion fiscale – fini cette injustice de
lois d’exception et d’arrangements particuliers pour les entreprises et les
entrepreneurs. L’État pourra ensuite investir
dans un bon régime de santé et d’éducation pour tous. Car l’État c’est ce que
nous nous donnons collectivement comme service. On n’est pas client de l’État,
mais citoyens. On a trop souvent tendance à l’oublier.
Quant à l’effet de l’abolition des normes du
travail, cet effet sera largement compensé par les nouvelles responsabilités
des entreprises; l’égalité juridique; et le revenu de citoyenneté. En effet,
les entreprises qui voudront de bons employés, devront hausser leurs conditions
pour les attirer. L'égalité du marché entre citoyens normalisera les normes du
travail! Et si nos entreprises trouvent cela injuste on pourra toujours leur
rappeler que d’être citoyen, cela comporte aussi des obligations.
Peut être est il irréaliste de considérer les entreprises comme des
citoyens. Je vous l’accorde. C’est justement pour cela qu’il est normal de
traiter différemment les entreprises et
que les normes du travail existent, si imparfaites soient-elles! Alors quand
nos entreprises en ont contre le fait qu’on leur impose des normes, elles
devraient penser à ce que ce puisse être si nous les considérions comme tous
les autres citoyens! Elles verraient que leur position est davantage enviable
que celle des simples citoyens! Juste à comparer les taux d’imposition des
entreprises et des particuliers pour s’en convaincre.
Pour ceux que les nouvelles normes de travail
intéressent, nous vous suggérons ces liens :
Révision des normes du travail
Conseil du patronat du Québec (Voir les communiqués)
Fédération Canadienne de
l’Entreprise Indépendante
Au bas de l’échelle (Voir le dossier concernant la
réforme des normes du travail)
Conseil d’intervention pour l’accès des femmes
au travail
Note :
1. Tout ce paragraphe est inspiré du livre Omar Aktouf, 2002, La stratégie de l’autruche,
Montréal : écosociété, pp. 89-90
***
Quelques liens:
15 novembre,
2002
Sony Music Radio Sampler, september 2002
CD des succès de Sony pour la radio. De la bonne
pop. De la bonne musique. Des hits de la radio. J’ai particulièrement apprécié
Chantal, In this life; Aselin
Debison, Driftwood; Oasis, Little
by little; et Corey
Hart, sunglasses at
night 2002. C’est le genre “greatest hits” du mois!
Big Mark & the blues
express Steak and potatoes, ML06012 (http://www.bigmarkblues.com/)
Drum, contrebasse, saxophone, guitare, harmonica… un mélange d’électrique et d’acoustique. Du
blues avec du chien. Pour ça que ça fait plus d’une semaine que je l’ai et que
je n’avais rien écrit encore, car je tape plus des mains que sur le clavier
quand je l’écoute. Entraînant de la
première à la dernière « toune ». A découvrir si vous êtes amateur de
blues. Si vous aimez le rock et les rythmes entraînant à avoir pour découvrir
un bon blues qui a du piquant – du red hot chili pepper. D’ailleurs il y a un piment (De Arbol
pepper) dans la pochette du CD et la recette du
« Big Mark’s steak marinade and sauce »
dans la pochette. De quoi mettre du piquant dans vos soirées. A voir en
spectacle aussi – pour les détails voir leur site web. Je les ai d’ailleurs
découvert au festival de Jazz de Montréal cet été.
***
30 octobre, 2002
Lynda Thalie : Rock
sensuel!
Lynda Thalie, sablier, GSI Musique, GSIC-605 (www.lyndathalie.com)
Une voix
à la fois douce et puissante et une musique qui a du rock avc
des sonorités orientales. Une sensualité musicale, avec la puissance du
rock associé à des touches de
douceurs orientales. Comme un peintre qui mélangerait deux mondes.
Bref un très bel album, où se mêlent les accents rock et orientaux à une voix.
A part
« Pour toi », qui tourne présentement sur les radios, j’attire votre
attention sur « Marsa » (versions originale
et remix), « Alger, Alger » et « Sablier ». Pour se faire
plaisir je recommande de l’écouter quand les voisins ne sont pas là et de
monter, monter, le volume!
Michel
Handfield
***
26 octobre, 2002
Térez Montcalm, GSI Musique, GSIC-900
Son CD est digne de son talent avec
des chansons plus intimistes comme « Tu ignores », jazzé comme « quando
ti amo » ou « Good old bleu » (où sa voix chaude donne toute la palette
de ses émotions), plus pop comme « Don’t you say goodbye »…
et une piste cachée, la 13e, qui vaut la surprise. Une chanson
connue, accompagnée à la contrebasse et qui nous emporte. Malheureusement, le titre n’y est pas. Et
zut, je l’ai sur le bout de la langue. A vous de le découvrir si vous écoutez
ce CD. Un CD bien équilibré pour qui aime la pop aux accents jazz, ce que Térez
Montcalm livre avec naturel.
Michel Handfield
***
vendredi, 18 octobre, 2002
Angèle Dubeau & La
Pietà, Violons du monde, AN 2 8721
Je l’ai écouté et je l’ai fait écouter en partie
à deux autres personnes (car j’avais mon discman avec
moi) et elles l’ont aimé. Un dosage de musique classique et d’airs populaires.
De langoureux et de « bougeant », de plaintif et de festif. A part
les 3 pièces dont j’ai parlé plus haut (dont « What
a Wonderful World » qui me donne aussi un
frisson sur le CD) il y a du Chopin, Ennio Morricone,
François Dompierre, etc. Bref un très beau CD qui
parle… ou plutôt qui fait parler le violon et la musique! C’est souvent plus
universel et plus fort que les paroles. A faire écouter à l’ONU peut être en
ces temps troubles! Que notre premier Ministre le mette sur sa liste de cadeau
de Noël à faire aux chefs d’État! Ce ne sera pas vaine dépense.
Michel Handfield.
***
24 septembre, 2002
Laloux, Vos désordres sont désirs, GSIC – 606
Premier album de Philippe Laloux.
Mais attention, ce n’est pas un jeune nouveau. Il a du vécu derrière lui. Il a
étudié le violon et le solfège dans les années 60 dans sa Etats-Unis natale; a
chanté Brassens, Ferré et LeForestier à l’aventure le
long de la côte belge; a fait de la radio à Montréal et fondé le restaurant Laloux de l’avenue des Pins (il y a même une recette de
poisson à la fin du livret!). Un poète et guitariste, mûr malgré que ce soit
sont premier album. Ça se sent et ça
s’écoute. Car il maîtrise bien son art de parolier, musicien et chanteur. Et il
a su être bien accompagné musicalement.
Les chansons sont à la fois douces et rythmées,
sur des rythmes de samba et de bossa-nova.
De la musique du monde avec des paroles francophones. C’est Baudelaire
au Brésil comme il le chante sur Lingua
brasileira …
C’est
Beaudelaire au bal masqué
Trouvant
ses fleurs sur le pavé
Une
portugaise blessure
Qu’on
aurait trempé dans l’azur
Qu’on aurait trempé
dans l’azur
En résumé, c’est un disque plaisant à
écouter.
***
23
septembre, 2002
Ça fait 2 ou 3 semaines que les 5 CDs suivants d’Analekta sont sur le lecteur de mon bureau et que je les écoute dans l’ordre et
dans le désordre! J’étais dans des rénovations, alors j’ai délaissé quelque peu
le bureau. Mais dès que l’occasion se présentait j’en écoutais un. Je me suis
aussi amusé à les écouter au hasard (random), le
lecteur étant à 5 CDs. Bref j’ai pu me faire plus
qu’une opinion.
Michel Handfield
Tafelmusik, Jeanne Lamon, A Baroque Feast/Festin baroque, AN 2 9811
Non, il n’y a pas le canon de Pachelbel sur ce
CD et c’est une raison de l’acheter! Car presque chaque fois que l’on regarde
un CD d’Etats-Unis baroque on a le célèbre canon dessus! Là vous aurez autres
choses, enfin. Le Tafelmusik Baroque Orchestra est un
orchestre canadien, qui joue sur instruments d’époques, sous la direction de Jeanne
Lamon.
La joie d’entendre du Handel,
Purcell, Vivaldi (et encore là pas les éternelles quatre saisons), Bach
Locatelli et Marcello joué comme à leur temps mais avec la qualité
d’enregistrement d’aujourd’hui! La joie de découvrir autre chose. Ainsi, au
lieu d’un extrait des 4 saisons, vous aurez le plaisir de découvrir le Concerto
pour deux violoncelles de Vivaldi ou encore son concerto en la
mineur pour deux violons, op. 3 no. 8!
Ce n’est pas que j’en ai contre le canon ou les
4 saisons. C’est très beau, mais si vous achetez plutôt des bouquets baroques – soit des CDs de différentes œuvres baroques, des best of! - que des œuvres complètes vous aurez
plusieurs fois les mêmes œuvres. Mais pas ici. Avec ce CD vous risquez
fortement de découvrir du nouveau et du beau.
Handel, Cantates italiennes et autres œuvres, Marie-Nicole
Lemieux, contralto et Luc Beauséjour, clavecin FL 2
3161
Restons dans le baroque avec Handel.
Sur ce CD on retrouve aussi Marie-Céline Labbé à la flûte baroque et Amanda Keesmaat
au violoncelle baroque. Malgré la formation réduite, ce n’est pas un album
dépouillé. C’est un album qui laisse la place à la voix. Tout en nuance. Un CD
qui s’écoute bien pour découvrir un Handel parfois
instrumental, parfois chanté. Un fort beau CD, car une journée que ça jouait à
la maison une amie qui m’a appelée m’a demandé c’est quoi que tu écoutes, ça
l’air beau! Alors pour que ça a l’air beau au téléphone, imaginez sur votre
chaîne stéréo! Si vous aimez le baroque et/ou le chant classique, faite la
découverte de Handel et vous ne le regretterez
pas.
Fritz Kreisler, James Ehnes,
violon, Eduard Laurel, piano, FL 2 3159
On passe à un autre genre. Du moderne classique!
Fritz Kreisler (1875-1962), « précurseur de tous les violonistes du XX e
siècle » et qui avait une « technique révolutionnaire de la main
gauche » comme on le dit dans le livret du CD, joué par James Ethnes, né en 1976 et qui « s’est taillé une
réputation de premier plan parmi les violonistes de concert ». Deux instruments, mais dans des œuvres qui
leurs donnent de l’ampleur. Ce n’est pas dénudé comme sonorité. Certaines
œuvres sont de lui, d’autres des arrangements qu’il a fait d’œuvres classiques.
Ceci fait que tant l’amateur de classique que de contemporain y trouveront leur
compte. Et pour la virtuosité du violon, ça vaut l’écoute.
Les Must, Analekta Vol 9, ANS 9.
Ce CD échantillon comprend leurs plus
importantes réalisations de 2001-2002. Un échantillonnage qui montre la qualité
Analekta pour le mélomane qui ne les connaît pas encore. Surtout hors Québec,
car ici leur réputation n’est plus à faire. Une belle carte de visite, d’autant
plus qu’ils seront dorénavant distribués aux Etats-Unis par Naxos.
Des valeurs sûres comme Handel,
Saint-Saëns, et Bach. Des découvertes avec Heitor
Villa-Lobos (1887-1959) ou La Grenouille tirée de L’odyssée
d’Alice Tremblay, une musique de François Dompierre!
Pour le plaisir du classique et pour découvrir.
Carlos Placeres, A los ancestros, AN 2 9807
Vous avez fait un souper en écoutant Les Musts,
se lever pour faire la vaisselle, ça ne vous tente pas vraiment. Et bien mettez
Carlos, et vous allez faire la vaisselle en dansant, car on ne peut s’empêcher
de bouger sur cette musique chaude et ensoleillée. C’est de la musique cubaine
contemporaine comme ils le disent dans la pochette. C’est de la musque rythmé
pour moi! Le texte de présentation de la pochette vaut la peine d’être lu, car
il montre une recherche historique derrière ce disque. En fait, ce CD sort du
cœur et de la tête tout à la fois. Et vous pourrez aussi danser une p’tite
rumba sur « Rumba en el solar ».
A
découvrir si vous ne connaissez pas la musique du monde.
***
Lundi, 1er juillet, 2002
Nathalie Renault, Creuser des océans, NR 2003, Distribution plages
Auteure-compositrice-interprète originaire de Campbellton, Nouveau-Brunswick.
Mélodie, voix et paroles intéressantes. Ce n’est pas de la pop guimauve. C’est
de la pop avec des accents de jazz. Le
« Blues à Fred » nous a particulièrement intéressé par la facture de
son intro… à l’ancienne. « Creuser des océans » avec son style piano
blues jazz (un peu boogie woogie)
permet de se donner une bonne idée de l’artiste. C’est d’ailleurs le premier
extrait tiré de l’album nous apprend la documentation d’accompagnement. Bref,
nous avons regardé dans le programme du festival de jazz de Montréal pour voir
si elle y serait, mais elle n’y est pas. Elle aurait pu y être, car elle a des
accents jazzy tout en étant pop!
Glamour Puss, Electric & Alive! At
the harvest jazz & blues festival, 02 50891, Distribution
plages
Eux seront au Festival de Jazz de Montréal 2002.
Avec raison! Nous les avons découvert avec ce CD et ça déménage. Sauf sur la
première pièce qui est un blues plus sensuel, au sax! Être cliché je dirais que
les pièces sont toutes meilleures les unes que les autres! Interprétation
intéressante de « Caline de blues », mais
celle de Peter Gunn, à brasse pas à peu près! Avec
foule déchaînée, car c’est un album Live. Vivez le blues en direct de votre
salle d’écoute préféré… et montez le volume! Le sax sur Peter Gunn…Ah right!
Michel Handfield
***
dimanche, 30 juin, 2002
Otto Joachim (http://www.musiccentre.ca/CMC/dac_rca/BioSetFra.html)
J’ai rencontré Otto Joachim par hasard il y a
moins d’un mois. En parlant j’ai appris qu’il était compositeur et fut
professeur de musique, etc. Étant ouvert à toutes sortes de musiques, je lui ai
demandé de me faire parvenir un de ces CDs pour le
découvrir d’abord moi-même et ensuite le faire découvrir à nos lecteurs. Il m’en a donné deux, dont un double. J’en
suis fort aise, car Otto Joachim, ce n’est pas un genre en soi. C’est un
créateur et quand on a entendu une de ses musiques ce n’est pas comme si on
avait entendu toute l’œuvre. Car
certains compositeurs se répète d’une œuvre à l’autre. Pas lui. J’y entends des
différences marquées.
D’abord, l’Hommage à Otto Joachim, chaîne
culturelle radio (SRC). Selon moi, le plus accessible. Pour le
découvrir et faire une incursion dans le contemporain. La première pièce est
lourde de sens – une dénonciation du Nazisme et des camps de concentration (le
texte est dans le livret). Très moderne avec Colombe Demers comme récitante!
Avec l’ensemble de la SMCQ sous la direction de Walter Boudreau. Les autres pièces sont de facture plus
classique, pour du contemporain s’entend, avec le Quatuor Molinari
(sur Quatuor à corde); l’orchestre métropolitain (Métamorphoses) et l’ensemble
instrumental de Radio-Canada (sur Illumination II). Ce CD comprend 5 pièces que
j’ai apprécié – je ne peux dire le contraire, ça 3 semaines que je les laisses
sur le lecteur de CD!
Ensuite nous avons écouté Otto Joachim, Elektroakustische Momente
(double cd). Cette œuvre mélange les instruments
classiques et électroniques – tels les convertisseurs fréquence-tension
– ce qui donne des sonorités très particulières comme des notes de pianos qui
partiraient en orbite dans une capsule spatiale. De la légèreté et de la
profondeur tout à la fois. Toucher les étoiles et plonger dans le noir total
d’une grotte! C’est le sentiment à écouter cette œuvre. Une frange musicale
d’orchestre symphonique avec un esprit de rocker psychédélique! Pour ceux qui
n’ont pas peur des découvertes.
Michel Handfield
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vendredi, 14 juin, 2002
Les cowboys fringants, break syndical, TRICD-
7200 (http://www.cowboysfringants.com/)
Première impression : des paroles
intelligentes sur des airs accrocheurs! Du Renaud country! Ça décape pas à peu
près! Voici quelques paroles de « en berne » :
Si c'est ça l'Québec moderne
Ben moi j'mets mon drapeau en berne
Et j'emmerde tous les bouffons qui nous gouvernent!
D’autres sont plus légères, mais tout aussi
intelligentes. Je pense « à’polyvalente »!
Et que dire de la manifestation! Du bon stock! Si les jeunes ne lisent pas, à
ce qu’on dit, mais écoutent ça, j’ai de l’espoir pour
l’avenir. Car il n’y a pas un éditorial de nos quotidiens dit sérieux qui
arrive à cela, eux qui cherchent à expliquer le moindre changement cosmétique
comme un virage idéologique!
Les cowboys fringants. A écouter pour vrai! Pas
juste le son, les paroles aussi!
Si vous voulez en savoir plus sur nos
impressions, nous en avons fait un éditorial : « Les Cowboys intelligents (ou ce que la chanson a vu avant les
médias) » disponible à http://www.netrover.com/~stratji/editos.htm
Michel Handfield
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7 juin, 2002
Nous avons reçu deux CD de Sony. Après quelques
écoutes voici ce que nous en pensons.
Sony Music Radio Sampler,
May 2002, SMPD 126
Un CD d’été, parfait pour écouter sur la route,
au chalet, en « party », car il y en a pour
tous - même certaines tounes remix! De Céline Dion, “I’m Alive”, à Jenifer Lopez, “Alive” (Remix)! Même les amateurs de folk-rock
en auront à leur goût, avec CREED – « One last Breath »
(Guitars down radio version)! David Bowie y côtoie Shakira, Oasis, Aerosmith et
plusieurs autres! Fini la chicane pour savoir c’est la musique de qui on
écoutera en auto…
Girls Night Out, TVK 4121
De Jenifer
Lopez (I’m real) a Toya (I do!!), en passant par
Amanda Marshall (Everybody’s get a story)! Un autre excellent
CD avec de la musique pour tous les goûts. Et en plus celui-ci est associé à
une bonne cause : The Canadian
Breast Cancer Foundation (www.cbcf.org) Sûrement que vous ne connaîtrez pas toutes ses chanteuses, alors une
belle occasion de faire des découvertes en même temps.
Michel Handfield
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5 mai, 2002
Le Cabaret des refrains (GSIC-977) et Le Cabaret
des refrains volume 2 (GSIC-603)
En fait nous avons reçu le volume 2. Nous
connaissions aussi cette émission de Monique Giroux
depuis qu’elle jouait en après-midi sur les ondes de la Première Chaîne de
Radio-Canada. Bref, des fans.
A l’écoute du volume 2, j’ai eu l’envie irrésistible
d’avoir le premier aussi. J’ai donc été l’acheter, c’est dire que je l’aime. Le
défaut, c’est qu’un CD ne peut contenir 345 chansons, car ayant écouté la
plupart des cabarets des refrains, j’en voudrais plus. J’entends « Et
Maintenant » par Sâo et il me manque
« Nathalie » par Charles Tisseyre!
Le plaisir de ces CD est que nous avons des
chansons connues chantées par des interprètes connues mais pas pour ces
chansons! Ainsi Marie Laberge chante
« J’arrive » de Brel ou Fred Fortin chante « Santiano »
de Hugue Aufrey sur le
volume 2! Sur le 1, nous avons droit à Daniel Boucher qui chante « Ainsi
va la vie » de Fugain, Dédé Fortin qui chante
« J’suis snob » de Boris Vian ou Jean-Louis Millette
qui chante « Barbara » de Jacques Prévert que chantait Montand! Plus
d’une quinzaine de chansons sur chaque album qui vous rappelleront des
souvenirs, car elles sont toutes assez connues, et vous en feront de nouvelles
interprétations. Des moments rares aussi, comme Gilles Vigneault qui s’attaque
à une composition qui n’est pas la sienne, mais de Trenet (« La folle
complainte ») sur le premier CD de cette émission.
***
Manon Lévesque, Vertiges, GSIC-601 (www.manonlevesque.com)
Je ne la connaissais pas. Son site Internet nous
apprend quelle est originaire de Sainte-Hélène de Kamouraska;
qu’après des études universitaires en musique, elle a suivi un stage d’écriture auprès de Francis
Cabrel et qu’elle fut professeur de chant durant près de dix ans et qu’elle est
lauréate de plusieurs prix, notamment du Festival International de la Chanson
de Granby et du Festival en Chanson de Petite-Vallée
entre autres choses.
C’est une découverte pour moi, avec une touche
mi pop, mi musique du monde. Elle a une très belle voix et elle la maîtrise
aussi bien que son piano. Je ne peux cependant dire qu’une chanson est plus
rock ou plus « space », car la voix peut
être plus douce et la musique plus rock. D’autres fois la musique est plus près
de la musique du monde et la voix a un effet de douceur, de légèreté, comme sur
« le vent tourne », un effet « spatial ». Cependant, toutes
les chansons dégagent une énergie, mais pas dans le sens de rock ou de new age.
Plutôt dans un sens harmonique et de vigueur, dans un sens nouveau. D’ailleurs
ce disque mélange des choses aussi hétéroclites que des « percussions
indiennes et pots de fleurs » (Ganesh Anandan), du violon électrique (François Beaugart), le piano et la voix de Manon Lévesque ainsi que
guitares, batteries, etc. Ce CD est un peu comme une recette qui mélangerait
des saveurs et des épices nouvelles avec des plus courantes, des plus
traditionnelles. Tous ne réussiraient
pas à en sortir de quoi, mais Manon Lévesque a la touche heureuse sur cet
album. Et lorsqu’on lit son parcours, ce n’est certes pas par hasard. Il y a du
travail sur cette album. Un bon album différent!
Des extraits de l’album sont d’ailleurs
disponibles sur son site. Cependant, selon la vitesse de votre connexion et
différents facteurs comme votre carte son et vos hauts parleurs, cela est plus
ou moins juste.
Le 08-08-88 à 8h08, Spectacle en hommage à Félix
Leclerc avec la participation de Sabrina Bisson,
Daniel Boucher, Marie-Michèle Desrosiers et Claude
Gauthier. (GSIC-983)
Cet album je l’ai demandé après avoir entendu à
la radio l’interprétation du « Chant d’un patriote » qu’en fait
Daniel Boucher. Croyez moi, j’avais monté le volume dans l’auto et dès que j’ai
pu me stationner j’ai appelé au poste (Première Chaîne de Radio-Can!)
pour savoir c’était quoi et qui!
J’ai reçu l’album et je n’ai pas été déçu. S’y
mélange des versions instrumentales (Le p’tit bonheur) et originales de Félix
(Contumace) avec des réinterprétations et parfois des anecdotes. Comme Claude
Gauthier qui raconte sa première rencontre avec Félix alors qu’il avait 20
ans! Des réinterprétations qui montrent
un Félix toujours actuel dans le propos! D’ailleurs le propos de Félix qui
précède « Contumace » devrait faire réfléchir sur notre manie de
vouloir tout caser et de tout contrôler au dépends de la créativité humaine! Si
Platon, Machiavel et autres classiques de la littérature et de la philosophie
sont encore actuels, pourquoi en serait-il autrement de Félix, de Brassens et
de Ferré? Contestataires les jeunes? D’autres l’ont déjà été avant eux et leur
propos l’est resté dans le temps! Réinterprétation de Félix qui devrait
intéresser les plus vieux, les nostalgiques de Félix, et les plus jeunes qui ne
le connaissent pas. A écouter la musique et, surtout, les paroles!
Michel Handfield
***
1er mai 2002
Sylvain Lelièvre, versant
jazz, live au lion d’or, Novembre 2001. NAC-9408
Depuis 2 semaines j’attendais ce CD. Le hasard a
fait qu’il est arrivé ce matin à la boîte postale de Societas Criticus/DI. Ce
matin, lendemain du décès de Sylvain Lelièvre (décédé
à 15h50 hier à l’âge de 59 ans d’une embolie cérébrale). Ce texte ne peut en être un comme les autres.
L’écoute ne peut en être une comme les autres.
Sylvain Lelièvre dont
je classe les paroles au niveau de Brassens, mais de la quotidienneté. Sylvain Lelièvre, dont les textes nous sont
connus et qui était là! Qui était là est le mot, car je ne pense pas à Lelièvre en terme de « La » chanson, mais de
chansons et de peintures d’émotions. Certain sont les chanteurs d’un hit! Lelièvre était le chanteur d’une palette d’émotions. Un
temps gris, un événement heureux, etc. et l’on pense à une de ses chansons. Lelièvre qui était toujours vu comme de la relève.
Pourquoi? A cause des Leclerc, Vignault et Ferland
qui l’ont précédé? Son portrait de la génération des 20 ans
(« Marie-Hélène ») est encore vrai. Comme lui,
« Marie-Hélène » n’a pas vieilli. Là il sera peut être reconnu à sa
juste valeur, car il n’est plus… de la relève. Malheureusement.
Ce dernier CD, ce CD jazz, devait donc s’écouter
différemment. Je l’ai mis dans mon baladeur et j’ai débuté son écoute à
l’extérieur de la Place des Arts. Au coin de St-Urbain
et Ste-Catherine, avec « le joueur de
piano » dans les oreilles, je me suis dit qu’il aurait été agréable de le
voir là, sur scène, au Festival de Jazz. Il m’a semblé entendre un soupir dans
mes écouteurs.
J’ai suivi St-Urbain
jusque dans le vieux Montréal, et je suis arrêté l’écouter quelques instant à
la basilique Notre-Dame, le temps « d’Abraham et papa », chanson clin-d’œil à la relation père/fils, mais aussi profonde
dans le regard de la relation au Père
spirituel, qui demanda jadis a Abraham d’immoler son fils et qui, quelques siècles plus tard, récidiva encore
en laissant son fils unique mourir sur la croix! Comme le refrain dit
« papa, non t’aurais jamais fait ça ». C’est chanté avec un clin d’œil, c’est léger,
mais dans le contexte de la mort de Sylvain, cela prend une profondeur...
J’ai ensuite poursuivi ma route jusqu’au vieux
port avant de revenir au centre-ville, car Lelièvre
c’est de l’urbanité avec « Marie-Hélène » et « Le blues du
courrier »! C’est aussi des pauses intérieures, car cet album jazz
comporte 5 titres instrumentaux! Un album qui s’écoute bien. C’était prometteur
pour la suite avec ce tournant jazz, car ce son va à ses chansons.
Malheureusement, suite il n’y aura pas…
Nous l’avons mis dans les musts sans hésiter.
Petite note en post-scriptum
Le parallèle avec Brassens se fait aussi dans le
côté jazz de sa musique. D’ailleurs
Brassens aussi a fait un CD jazz avec ses musiques - CD qui est aussi dans nos Musts…
Michel Handfield
***
18 mars, 2002
Depuis environs 2 semaines j’ai ces 3 CDs sur le lecteur laser et je les écoute à diverses
occasions. J’ai hésité entre en faire la critique immédiatement ou après
avoir vu les films, deux de ceux-ci
étant des trames sonores. Mais écrire un journal Internet fait en sorte qu’on
ne trouve pas toujours le temps d’aller aux vues quand on le veut, alors j,ai finalement choisi d’en faire la critique sans avoir vu
les films. (Michel Handfield)
Craving Theo, Columbia, CK 85970 www.cravingtheo.com
Entraînant, rythmé, ça sonne! A condition
d’aimer le gros rock et le heavy métal. Et si, comme
moi, vous connaissez le rock des années 70-80, vous allez
« entendre » des influences Métallica, Iron Maden et Led
Zep! Un bon CD qui donne envie de monter le
volume! Ça fait quelques fois que je
l’écoute et c’est bon… fort! (Michel Handfield)
Mel Gibson, Music from and
inspired by WE WERE SOLDIERS, CK 86403
www.weweresoldiers.com www.sonynashville.com
Un disque avec de la profondeur, de la lourdeur!
Pas au sens péjoratif, mais au sens de « loader ». Le choix des
pièces est excellent, allant du country, avec « For you »
de Johnny Cash & Dave Mattews, au pop rock, avec
« Fall Out » de Train, et certaines pièces
avec une sonorité différente comme « Sgt MacKenzie » de Joseph Kilna MacKenzie, où
la cornemuse prend l’espace et enveloppe l’auditeur. Un disque « loadé » aussi dans le sens où ce n’est pas une trame
sonore à la guimauve! A travers certaines des pièces on peut sentir la légèreté
et l’amitié pour oublier, mais à travers d’autres on perçoit le poids du drame
qui se joue! Car le thème n’est pas facile, c’est la guerre. J’espère trouver le temps d’aller voir le
film pour vous en parler. (Michel Handfield)
Music from the motion
picture A WALK TO REMEMBER, EK 86311
Trame sonore plutôt soft rock, sauf une ou deux
pièces plus rock. Cela irait avec la vue, qui (selon ce que j’en ai lu) promeut
certaines valeurs chrétiennes qui reviennent à la page aux USA, donc une
certaine douceur par rapport aux générations précédentes. La jeune chanteuse Mandy
Moore, que l’on retrouve sur la bande sonore, fait aussi ses débuts d’actrice
dans ce film. C’est une chanteuse que je ne connaissais pas, mais qui
m’apparaît intéressante. Son site est le http://www.mandymoore.com/ En fait, c’est probablement un disque
intergénérationnel, les jeunes aimant cette nouvelle chanteuse et les parant ne
trouvant pas le son agressif. De la pop largement populaire! (Michel Handfield)
***
17 février, 2002
Vicky, L’amour est bleu, Succès Volume 1, M12-1636 www.dep.ca
Doux, doux, l’amour est
Douce est ma vie…
Bleu, bleu, l’amour est bleu
….
Qui ne se rappelle pas de cet air…. On l’entend
et ça nous revient tout de suite. Tout comme pour
Dans une taverne du vieux Londres
Où se retrouvaient des étrangers
(…)
Et nous écoutions nos cœurs chanter
C’était le temps des fleurs
On ignorait la peur
Les lendemains avaient un goût de miel
….
On replonge en 1967 pour « L’amour est
bleu » et 1968 pour « Le temps des fleurs »…. Comme si c’était
hier. Pourtant j’avais 9 ans en 1967! Un disque plein de souvenirs des temps de
croissance économique, de pop, de Hippies qui devaient changer le monde et de
promesses d’un futur où la science règlerait tout – c’était le progrès
universel dans la vision d’Expo 67 à Montréal!
Très beau CD. J’ai eu du plaisir à l’écouter dès
sa réception vendredi et à le mettre à l’occasion d’une soirée familiale samedi
soir. Tout le monde s’en rappelait, de celle qui fêtait son 42e
Hiver à des parents et amis, qu’ils aient la mi-trentaine ou 70 printemps!
Un seul regret, le manque d’infos dans le CD. Qu’est-elle
devenue? Chante-t-elle encore, telles étaient les questions. Pour le volume 2
il serait intéressant de mettre un peu d’informations sur Vicky.
Mais il y a quand même dans la pochette l’adresse de courriel d’un des plus
grands collectionneurs de Vicky et l’adresse du site
Internet de Vicky à l’endos de la pochette. Un beau
coup de cœur de notre part….
Miche Handfield
***
17 février, 2002
Giants of Jazz play Brassens – Eddie Davis, Harry
Edison, Joe Newman, Cat
Anderson, Dorothy Donegan,
Moustache et autres - Phillips 832 466-2
(Georges Brassens joue de la guitare sur tous les instrumentaux en plus
de chanter une chanson et le refrain pour une autre!)
Ce disque c’est Gaétan Chênevert qui devrait en
écrire la critique, mais Gaétan est Homme de parole alors il m’en a parlé et me
l’a fait jouer au téléphone! Écoute ça… c’est bon en tabarnouche!
Du vrai Jazz puis du vrai Brassens, c’est pas des
musiciens qui ont commencé à jouer hier… Eh bien je l’ai acheté celui-là, car
moi Brassens! Quel CD, la trompette chante Brassens… le piano sur les copains
d’abord! Pour moi les copains sont autour du piano! Si pour vous le Jazz c’est
SO SO, là vous allez découvrir le Jazz par Brassens. C’est pas piqué des vers…. Brassens, c’est un Must même en
musique seulement… Et si vous aimez le Jazz, et bien découvrez Brassens!
Tadam dam dam, dam dam,
les copains d’abord… dadi, dadi… Je craque…
Miche Handfield
***
17 février, 2002
Sol, Le retour aux souches… la suite (extraits
de spectacles de 1986 à 1996), Analekta, AN 2 7503-4 http://www.analekta.com/site/cat.f/an_2_7503-4.html
Sol, c’est les mots dans les mots. Ainsi il l’a
dit « Tu aimeras ton prochain », il n’a pas dit quand, ni que
« tu aimeras ton lointain! »… De là à comprendre les problèmes de
politique internationale il n’y a qu’un pas que l’on franchit allègrement avec
Sol, qui nous explique « Le premier
venu ». Tout comme pour comprendre l’économie du travail avec
« L’appel de la carrière ». Bref si on l’économise on ne peut pas en
avoir pour le partager! Elle est de moi celle-là, car Sol c’était mon émission
de télé quand j’était petit. Sol m’a marqué dans mon amour des mots. Sol ce fut
le monologuiste d’aujourd’hui que j’ai vu à ses débuts après télé dans un
spectacle sur la grande place du Complexe Desjardins à la fin des années 70 ou
début 80! Sol, c’est Sol et il ne mourra jamais, car « il y aurait
toujours des sous-sols quelque part » (Marc Favreau, « Rien détonnant
avec Sol! », Stanké, 1978, p. 15)
Sol c’est d’abord la sonorité des mots. Dire
quelque chose, mais comprendre quelque chose de plus profond, de plus vrai de
plus signifiant encore. Sol, c’est le Diogène de notre temps!
D’ailleurs ce CD ne sera pas classé parmi mes autres
CD, mais dans ma bibliothèque avec les grands dérangeants que sont Diogène,
Montaigne, La Boétie, Brassens, Ferrés, Chomsky…
Michel Handfield
***
13 janvier, 2002
Maryse Letarte, En dedans, MUS2-1402
Nous avons reçu ce CD vendredi le 11. A la
première écoute il surprend un peu par la tonalité de la voix. Country? Woups, cette toune là est plus rock, celle-là folk. La
musique est classique un petit bout! Déstabilisant. On le réécoute. En 2 jours
je l’ai écouté 3 à 4 fois. C’est bon. Je pense à Richard Desjardins la première
fois que je l’ai entendu à la radio. Parole de vérité. Belle musique, parfois
surprenante, comme le début à la contrebasse sur « Paralysée à Holywood ». Contrebasse qu’elle joue tout comme la
guitare et d’autres instruments, car elle est musicienne en plus d’être auteure-compositeure!
Et des paroles qui laissent songeur, dans le
sens qu’elles font réfléchir si on s’arrête à lire le livret. Comme sur
Clones :
« On n’est rien
que des petits clones. Blancs, noirs, jaunes, rouges, que des petits clones. Tous la même peur de la différence. (…) Quand les clones en
moins bon état font des choses qu’on n’peut tolérer,
on les caches ou on fait comme eux (dans certains États) : on les tue mais
proprement, c’est bien mieux. Y’a des bus qui explosent en Algérie, mais
l’étudiante battue à mort par ses amis, c’est par ici et c’est pareil, pareil,
pareil… »
Un bon CD selon moi et selon plusieurs autres
critiques selon la documentation reçue.
Michel Handfield
*****
Chaud les shows
Dans le cadre du festival « Présence
autochtone » nous avons assisté à deux spectacles de musique. L’un de
country, au parc Émilie-Gamelin,
et l’autre de blues au Spectrum (ce dernier fut
enregistré par Radio-Canada pour diffusion ultérieure. D’entrée de jeu, les 2
shows étaient du gros calibre. Ça brassait la cage. Cependant, nous préférons vous parler des
découvertes que nous y avons faites plutôt que du show en soi, car c’était 1
soir seulement.
D’abord, dans le show « Contrée
indienne » (country & western)
il y avait Bourbon Gauthier, Jeff Smallwood, Vern Cheechoo et Karen Pine,
Claude McKenzie et Émile Grégoire plus une présentation plus traditionnelle de
danse et chant traditionnel.
Pour nous,
Vern Cheechoo et
Karen Pine furent une découverte, car ils ont fait un country rock fort
intéressant. (Pour avoir une idée de leur album « Touch
the earth and sky » allez à http://www.orchard-studio.com/verche.html.) Et Vern s’est payé du fun à la guitare avec
Jeff Smallwood, guitariste renommé que nous avons vu
dans d’autres occasions (http://www.jeffsmallwood.com/). Jeff a aussi fait du country rock digne de ce qui se fait de mieux
selon moi. Il n’a rien à envier aux guitaristes « made in USA », lui
qui a performé sur plus de 300 CDs comme guitariste!
Tout comme Claude McKenzie, qui chante en langue Innu
avec des musiques country rock. Y’a brasse sa guitare! Bref vous aurez deviné
qu’on apprécie le country rock et que ces 3 là nous ont fort bien servi!
Bourbon Gauthier et Émile Grégoire, dont on doit
souligner la présence sur la scène et le sens du show, sont ce qu’on qualifiera
davantage de western. Du western bien servi par ailleurs, car, même si nous
sommes davantage amateur de country rock, nous y avons eu du plaisirs.
Dans l’autre show, « Blues, Blanc,
Rouge », celui de blues… on trouvait
Joanne Shenandoah, Richard Desjardins, George Leach, Joranne,
Kathia Rock, et Evie Mark
et Sivuaraapik. Comme
ce spectacle sera diffusé sur les ondes de radio-Canada
cet automne, nous ne parlerons que de nos découvertes. Evie
Mark et Sivuaraapik nous ont fait découvrir le chant
de gorge, un art assez impressionnant. Katia Rock, chanteuse innu-montagnaise, qui fut premier prix, catégorie Solo, au
concours Mamu 1995 nous a fait découvrir une très
belle voix (nous n’avons cependant pas trouvé de CD à son nom par le web)… Joanne Shenandoah (http://www.joanneshenandoah.com/),
quant à elle, a une dizaine d’albums à
son actif mérite d’être connue ici tout comme George Leach (http://www.georgeleachmusic.com)
qui brasse ça une guitare! Du blues-rock à son
meilleur. Le verrons-nous au festival de Jazz de Montréal un jour? A souhaiter.
La remarque que je me suis faites durant ce
spectacle fut que l’on s’est toujours trompé quand on parlait des 2 solitudes
au Québec – les Anglophones et les Francophones! En fait il y a trois
solitudes, car les autochtones sont là et on a eu assez d’échanges avec eux –
même de sang à preuve les métis – pour ne pas les oublier. Et dans un tel
festival on voit qu’on les connaît peu alors que la musique nous uni. Cela je
l’ai aussi senti dans le show country, où le tam tam était omniprésent au début. Le rythme et la relation à
la musique africaine (selon de récentes découvertes on viendrait tous d’Afrique
d’ailleurs), le rythme et le battement du cœur, le succès des tam tam de la montagne et des jams de tam tam
dans un parc ou sur une plage.
Il y a quelque chose d’universel là, Comme une
origine commune que l’on a peu être oublié au cours des siècles et des
millénaires où nous sommes allé chacun de notre côté et où nous avons développé
nos p’tites habitudes. A 50 ans iriez-vous revivre
avec papa, maman et vos frères et sœurs sans difficultés? Mais les différents
n’empêchent pas de s’apprécier. Peut être devrions nous y penser pour la suite
de l’humanité!
Michel Handfield
****
mardi, 26 février, 2002
Ce soir à la place des arts, le programme de l’Orchestre
Symphonique de Montréal était Mahlérien :
Kindertotenlieder (Chants des enfants morts) avec Ewa
Podles, contralto
Symphonie no. 5 en do dièse mineur (in C sharp minor)
Chef: Antoni
Wit
Le chef, Antoni Wit, est un habitué de Mahler. En effet, en regardant nos CDs nous en avons trouvé 5 de Mahler qu’il a dirigé sous
étiquette Naxos. Mais revenons à ce soir. La 5e, c’est un Mahler non
chanté contrairement à plusieurs autres Mahler, mais d’une force instrumentale
impressionnante. L’écouter c’est enveloppant, le voir impressionnant, car on
voit tout le jeu des musiciens. J’observais particulièrement les percussions et
la symbiose entre les violons et les instruments à vent derrière et c’était
beau à voir, pas juste à entendre, même si je ne suis pas un spécialiste.
La première pièce était plus sobre et sombre,
avec orchestre réduit. La voix faisait corps avec l’orchestre et passait toute
l’émotion – on sentait la lourdeur – de cette pièce. Cette pièce se trouve
aussi sous étiquette Naxos et nous en parlons plus bas.
Les CDs Naxos/Mahler
sous la direction de Antoni Wit
que nous avons sont :
Symphony No. 5, avec le
« Polish National Radio Symphony Orchestra (8.550528)
Sympony No. 6 in A Minor « Tragic »
(8.550529-30)
Symphony No. 4 in G Major
(8.550527)
Symphony No. 3 et Symphony No. 10 (Adagio) (8.550525-6)
Symphony No. 2 in C Minor
« Resurrection » (8.550523-4)
***
Et pour le Kindertotenlieder,
nous le retrouvons avec Bernadette Greevy,
Mezzo-soprano, et le National Symphony Orchestra of
Ireland sous la direction de Jano Fürst. Sur ce CD,
une particularité : la dernière pièce –
Rückert-Lieder – est sous la direction de Franz-Paul Decker, un ancien chef
que l’OSM a connu. (Naxos 8.554156)
J’aime Mahler je crois!
Michel Handfield
***
13 janvier, 2002
23 février, 2002
Maryse Letarte, En dedans, MUS2-1402 (CD et
spectacle)
Nous avons reçu ce CD vendredi le 11. A la
première écoute il surprend un peu par la tonalité de la voix. Country? Woups, cette toune là est plus rock, celle-là folk. La musique
est classique un petit bout! Déstabilisant. On le réécoute. En 2 jours je l’ai
écouté 3 à 4 fois. C’est bon. Je pense à Richard Desjardins la première fois
que je l’ai entendu à la radio. Parole de vérité. Belle musique, parfois
surprenante, comme le début à la contrebasse sur « Paralysée à Holywood ». Contrebasse qu’elle joue tout comme la
guitare et d’autres instruments, car elle est musicienne en plus d’être auteure-compositeure!
Et des paroles qui laissent songeur, dans le
sens qu’elles font réfléchir si on s’arrête à lire le livret. Comme sur
Clones :
« On n’est rien
que des petits clones. Blancs, noirs, jaunes, rouges, que des petits clones. Tous la même peur de la différence. (…) Quand les clones en
moins bon état font des choses qu’on n’peut tolérer,
on les caches ou on fait comme eux (dans certains États) : on les tue mais
proprement, c’est bien mieux. Y’a des bus qui explosent en Algérie, mais
l’étudiante battue à mort par ses amis, c’est par ici et c’est pareil, pareil,
pareil… »
Un bon CD selon moi et selon plusieurs autres
critiques selon la documentation reçue.
Michel Handfield
Hier (22 février) j’ai vu « En dedans…
en spectacle » au Studio-théâtre Stella
Artois de la Place des Arts. Ma première impression : Belle simplicité. La
salle est intimiste et on est tout près de l’artiste… et de son piano. On est
dans son salon! Ce fut agréable. Les spectateurs étaient heureux et les
musiciens aussi. En fait les musiciens avaient l’air d’avoir du
plaisirs et semblaient très content d’être là. Ça paraissait dans leur
sourire tout au long de la soirée.
Elle expliquait aussi ses chansons, ce qui m’est apparu fort intéressant. Ainsi
l’idée de « Paralysée à Hollywood » est celle d’une personne qui vit
sa vie ailleurs par la télévision… Une
personne pour qui « la TV est ON, la vie est OFF ». Elle a d’ailleurs
reprise cette chanson en rappel, piano et voix seulement. Un beau moment, car
on pouvait boire les paroles… et réfléchir sur cette boîte carrée qui entre
dans nos vie sans qu’on s’en méfie tellement elle est familière.
Une autre chanson à laquelle la présentation
donnait à réfléchir pour moi qui m’intéresse à la situation mondiale est
« occupe-toi de conduire ton char à toi» qui veut dire « mêle
toi de tes affaires! » Dans sa présentation elle disait « Vous rappelez-vous autrefois on disait
que les américains sont devenus riches parce que… » « ils se mêlaient de leurs affaires » Pourquoi disait-on
ça? Eh bien, je crois le savoir. Les Etats-Unis ne sont pas entrés
immédiatement en guerre dans les deux guerres mondiales du XXe
siècle (14-18 et 39-45) et ont probablement commercé avec les belligérants pour
leur plus grand profit. Ainsi ils s’occupaient de leurs affaires et faisaient
des affaires en or! Depuis, leurs affaires se sont étendues à la planète et ils
ont le nez partout… Ils se mêlent encore
de leurs affaire$ quoi!
Bref des paroles qui vont plus loin que la
sonorité des mots quand on s’y arrête, ce qui en fait une très bonne parolière
qui a plus à dire que la rime! Et c’est fait finement, ce qui démontre beaucoup
de talent.
Michel Handfield
jeudi, 6 juin, 2002
Nous avons revu le spectacle de Maryse Letarte « En dedans » au Gesù
samedi 1er juin. Un petit plus par rapport au premier spectacle que
nous avons vu d’elle. En effet, elle a fait une nouvelle chanson et une
interprétation au piano d’une chanson de Cyndi Lauper, qui montrent l’étendue de son registre de voix, la
première étant grave et la seconde haute. Un second album à venir, nous
l’espérons, avec ces 2 chansons dessus.
Michel Handfield
Sylvie Dupont
***
lundi, 29 avril, 2002
Raoul Léger, la vérité morcelée
prendra l’affiche au Cinéma ONF
1564, rue Saint-Denis, (514) 496-6887
du 6 au 10 mai à 19 h et 21 h
Prix d’entrée : 5 $
Un film de Renée Blanchar
produit par Jacques Turgeon
au Studio documentaire Acadie
Thriller documentaire. Un homme est mort – un
missionnaire laïque – en 1981. C’était Raoul Léger, originaire d’Acadie qui
avait quitté femme et famille pour aller œuvrer au Guatemala dans les Missions
étrangères. Mais œuvrer pour aider le peuple, quand celui-ci souffre
d’injustices et de sévices par les militaires au pouvoir, ça peut aller
beaucoup plus loin que les paroles. Ça implique un engagement avec les
libérateurs que le Pouvoir considère hors la loi!
Ça implique aussi les tractations politiques pour ne
pas voir les choses, pour brouiller les pistes! La CIA par exemple, ce que
Clinton a reconnu en 1999! Et le MOSSAD Israelien!
Comme il y a des amitiés et des intérêts entre les Gouvernements, les réponses
aux questions de la famille sont difficiles à obtenir – même de la part du
Canada!
Tout cela s’inscrivait dans la théologie de la
libération. On prenait l’évangile au sérieux; les promesses de justice, de
fraternité et de changements sociaux, étaient pleinement vécus
par les fidèles… L’évangile et l’engagement religieux comme position
révolutionnaire. Marx et le Christ unis! De quoi faire peur au Pouvoir - qui
combattait alors l’église et les communistes! Ce fut le cas au Guatemala, mais
aussi dans d’autres régions de l’Amérique du Sud, où ces apôtres de la justice
sociale, tout comme les syndicalistes et les défenseurs des droits humains,
n’étaient pas bien vus.
Un film qui explique cette période à travers la quête
de la vérité au sujet de leur frère par les sœurs Cléola
et Andréa Léger. Un film qui a aussi soulevé chez moi une question. Qu’est
devenue cette théologie de la libération? Disparue depuis l’arrivée du pape
Jean-Paul II, plus conservateur que son prédécesseur. Et les peuples asservis
dans la mondialisation économique?
Un tel film devrait être présenté en première partie
de films commerciaux, car le cinéma a aussi une vocation d’éducation. A défaut,
il devrait être présenté dans le réseau scolaire, car former des citoyens ça
veut aussi dire former des gens capable de poser des questions aux élites
économiques et politiques! C’est peut être pour éviter ce genre de
questionnement que l’on coupe dans les budgets scolaires, car au lieu de former
des citoyens on essaie de former de bons employés… seulement!
Bientôt disponible en
vidéocassette (70 minutes)
No d'identification de la
vidéocassette : 143C 9202 036
Une production du Studio
documentaire Acadie et
une distribution de l'Office national du film du Canada
Prix consommateur : 19,95 $
Prix institutionnel : 39,95 $
Renseignements sur le site de l’ONF
Liens :
société des missions-étrangères
Guatemala sur encyclopedia.com
Michel Handfield
***
18 mars, 2002
AI, Intelligence Artificielle, Steven Spielberg,
DVD, 89567.
Ce film
de science fiction est en soi une science fiction, ayant pris environs
20 ans à naître. En effet, Stanley Kubrick a acheté les droits de « Super-Toys Last All Summer Long », une courte
histoire de l’auteur de science-fiction Brian Aldiss, au début des années 80 et
a travaillé jusqu,à sa mort pour traduire cette
histoire en film. Finalement c’est son ami
Steven Spielberg, qu’il a souvent consulté à ce sujet, qui a mis cette
histoire en film. Il aurait pu être laissé dans l’oubli… il est devenu chef
d’œuvre.
Car si le film est bon, bien monté et tout ce
que l’on peut dire du genre. Il faut bien voir que l’histoire, le regard et les
question que le film pose sur l’Homme, l’environnement, notre avenir en tant
qu’humanité; bref ce qu’on contrôle et
ce qu’on ne contrôle pas est là - comme une nouvelle période de glaciation qui
pourrait être dû à nos actions mais aussi à des cycles qui nous dépassent! Il y
a un deuxième et troisième degré à ce film qui font que tant le préado que le
philosophe ou le scientifique pourront y trouver matière à leur niveau. Un film
que je conseille à tous et aussi à Georges W. Bush qui semble jouer avec des
technologies qu’il ne connaît pas… Si ça peut l’amener à réfléchir!
J’oubliais de vous dire que c’est l’histoire
d’un robot petit garçon (avec Haley Joel Osment) si bien fait qu’il entre donc dans une quête
d’humanité, car il a été ainsi programmé, qui a bien des conséquences…
En fait, nous même comme société, pour qui un
employé n’est plus qu’une ressource qu’on peut vendre ou renvoyer chez elle
sans même en savoir les conséquences, avons nous encore notre humanité ou
sommes-nous des robots très bien programmés? Un film qui peut être vu sous bien
des angles!
Liens :
http://kubrickfilms.warnerbros.com/
http://aimovie.warnerbros.com/
Sur l’intelligence artificielle :
http://www.cs.berkeley.edu/~russell/ai.html
***
Pay it forward (Payez
au suivant), DVD, 18877
Ce film est aussi avec Haley Joel
Osment, qui a une idée surprenante pour un travail
scolaire. Car le nouveau professeur a demandé comment on pourrait changer le
monde? Idée simple, mais aux grandes
conséquences… qui dépassent les frontières de l’école. Un autre film qui peut
être vu par tous, car les enfants plus ou moins grands y trouveront
du plaisirs et les grands penseurs des questions… sur l’humanisme dans les plus
petits gestes! (Michel handfield)
***
Forest Gump, DVD, 15644
Forest Gump (Tom Hanks) est surprenant. Un film à trois facette. La
première, l’histoire d’un simple d’esprit qui fait son chemin avec succès un
peu beaucoup par chance. Un « Jacques le fataliste » contemporain et
états-uniens! Une belle histoire.
La seconde histoire, une revue de l’histoire
contemporaine des Etats-Unis vu à travers les yeux d’un simple d’esprit qui
s’attarde aux choses davantage que la plupart des gens dits normaux. Bref,
sourires et réflexions en même temps.
La troisième histoire. Tous peuvent avoir du
succès, même Forest Gump, s’ils se plient au modèle
en place : obéir et persévérer. Questionne pas et va de l’avant. Le mythe
états-unien!
Bref un film qui peut être vu de bien des
manières. Pas surprenant qu’il ait gagné 6
ACADEMY AWARDS!
***
30 octobre, 2002
Lynda Thalie : Rock sensuel!
Hier
soir nous avons assisté au lancement du premier album de Lynda
Thalie, sablier. Une voix et une
présence. Une musique qui a du rock avec des sonorités orientales. Une
sensualité musicale et visuelle. C’est la première fois que je parle de
sensualité pour de la musique je crois, mais c’est l’impression que j’ai eu en
voyant sa façon de bouger et en écoutant cette voix à la fois douce et
puissante. La musique contribue aussi à ce climat rock sensuel, avec la
puissance du rock associé à des touches
de douceurs orientales en même
temps. Comme un peintre qui mélangerait
deux mondes. A découvrir en spectacle.
***
Lynda Thalie, sablier, GSI Musique, GSIC-605
Pour le
disque, tout ce que je viens de dire plus haut est bien rendu. Mais il y a un
bémol, c’est qu’on ne la voit pas. Pour ça il faudra attendre un DVD ou la voir
en spectacle! Bref un très bel album
rock sensuel où se mêlent les accents rock et orientaux à une voix. C’est ça, A
UNE VOIX, mais quelle voix!
A part
« Pour toi », qui tourne présentement sur les radios, j’attire votre
attention sur « Marsa » (versions originale
et remix), « Alger, Alger » et « Sablier ».
Pour se
faire plaisir je recommande de l’écouter quand les voisins ne sont pas là et de
monter, monter, le volume!
Michel
Handfield
Lynda Thalie
Sablier, un disque particulièrement
étonnant ! (Le communiqué)
Montréal,
le mardi 29 octobre 2002 – La vitrine du
disque québécois vient de s’enrichir à nouveau avec la venue de l’auteure-compositeure-interprète Lynda
Thalie et son album Sablier. S’inspirant de ses racines et de son vécu, cette
québécoise d’origine algérienne nous fait découvrir un mélange sonore tout à
fait unique.
L’album
Sablier, réalisé par Nicolas Maranda (Coma, Richard
Petit), regroupe 8 chansons originales, en plus d’une reprise d’un classique de
Lili Boniche Alger, Alger et d’une version remixée de
Marsa. Par ailleurs, l’extrait Pour toi tourne
présentement dans la plupart des radios de la province du Québec.
Grâce à
l’alchimie exceptionnelle entre la chanteuse et lui, Nicolas Maranda a su intégrer les sonorités orientales et
tenter des expériences musicales pour donner un «groove»
irrésistible aux pièces. Son travail de réalisation l'a également mené à
recourir au service du bassiste de renom Tony Levin
(King Crimson, Peter Gabriel, Jean-Pierre Ferland).
En 2000,
lors du concours Ma première Place des Arts, Lynda
Thalie fut couronnée lauréate dans la catégorie « Interprète », en
plus de remporter les prix Distinction et Radio-Canada.
En
spectacle le 17 novembre 2002 au Kola-Note de
Montréal
Dans le
cadre du Festival du monde arabe de Montréal
Écoutez
des extraits de l'album Sablier dans la section 'discographie' du
site:
***
26 octobre, 2002
Térez Montcalm
GSI Musique, GSIC-900
J’étais au lancement du dernier CD de Térez
Montcalm mercredi au théâtre Corona. D’abord, un mot du théâtre. Endroit
intéressant de par son architecture. Et il y a un bar dans la salle, ce qui en
fait un heureux mélange entre le club et la salle de spectacle. L’acoustique
est fort belle. Une salle qui a une âme!
Térez Montcalm fut présentée par nul
autre que JP lui même! (1) Une belle surprise pour elle (qui ne le savait pas)
et pour la salle. Elle a interprétée 4 chansons. J’ai aimé, tout comme le CD,
mais faut dire que je suis vendu d’avance. Car j’aime cette voix rauque et jazz
depuis son précédent album. J’étais assis dans la première rangée… et la
contrebasse m’entrait dedans. Particulier. En fait le bassiste a fait 2 « tounes » à la contrebasse et deux à la basse guitare,
mais la contrebasse faisait vibrer en profondeur, venait me chercher. Ça a un
son qui ne s’imite pas! Poooom!
Térez Montcalm vit ses chansons.
Elle a une présence. Elle doit être à voir en spectacle. Elle sera d’ailleurs
au Corona les 19, 22 et 23 novembre
prochain à 20h00.
Son CD est digne de son talent avec
des chansons plus intimistes comme « Tu ignores », jazzé comme « quando
ti amo » ou « Good old bleu » (où sa voix chaude donne toute la palette
de ses émotions), plus pop comme « Don’t you say goodbye »…
et une piste cachée, la 13e, qui vaut la surprise. Une chanson
connue, accompagnée à la contrebasse et qui nous emporte. Malheureusement, le titre n’y est pas. Et
zut, je l’ai sur le bout de la langue. A vous de le découvrir si vous écoutez
ce CD.
Un CD bien équilibré pour qui aime la pop aux
accents jazz, ce que Térez Montcalm livre avec naturel.
Michel Handfield
1. Jean-Pierre Ferland pour ceux qui ne le
connaissent pas!
***
vendredi, 18 octobre, 2002
Angèle Dubeau & La Pietà, Violons du
monde, AN 2 8721
Le lancement avait lieu au Café Hydro-Québec du
Monument National. (1). Un café avec une petite scène et 150 places. On y
enregistre d’ailleurs « Les choix de Sophie ». Un endroit intéressant
où le métal, le bois, les spots se mêlent…
et que je qualifierais de modernisme techno contemporain! Une sonorité… Angèlique! Ce n’est pas une faute! S’il faut tout vous
expliquer ce mot a pour racine Angèle comme dans du beau son!
***
Naturellement, elle et La Pietà ont faites une
prestation. Elles nous ont présenté un arrangement pour violon (réalisé par
François Dompierre) de « What
a Wonderful World » popularisé par Louis
Armstrong. J’en ai eu un frisson. C’est mon barème pour exceptionnel au niveau
de la sonorité ou de l’émotion. (2) Ont aussi été interprété un extrait de
« The Old Toronto Klezmer Suite » de Srul
Irving Glick, qui est un classique contemporain. Et,
mon autre coup de cœur, « Seven Scottish
Airs » de Gustav Holst (celui qui a fait « The
Planets ») qui est très très
entraînant! On y reconnaît d’ailleurs
l’air de « Ce n’est qu’un au revoir ». C’était pour moi une
curiosité, mais une recherche Internet
confirme ce n’est pas un hasard, car les paroles de « Ce n’est qu’un au
revoir » sont de M. Mallory, mais la musique est
un folklore écossais!
Trois chansons qui donnent le goût d’en entendre
plus – nous y reviendrons plus bas – mais aussi d’en voir plus. Ce sera
possible les 14, 15 et 16 novembre 2002 au Monument National, car Angèle Dubeau et La Pietà
y seront en spectacle (info@monument-national.qc.ca).
***
Critique du CD
Depuis le lancement, hier, je l’ai écouté 2 ou 3
fois et je l’ai aussi fait écouter en partie à deux autres personnes (car
j’avais mon discman avec moi). Elles ont hâte de
l’écouter en entier. Un dosage de musique classique et d’airs populaires. De
langoureux et de « bougeant », de plaintif et de festif. A part les 3
pièces dont j’ai parlé plus haut (dont « What a Wonderful World » qui me donne aussi un frisson sur le
CD) il y a du Chopin, Ennio Morricone, François Dompierre, etc. Bref un très beau CD qui parle… ou plutôt
qui fait parler le violon et la musique! C’est souvent plus universel et plus
fort que les paroles. A faire écouter à l’ONU peut être en ces temps troubles!
Que notre premier Ministre le mette sur sa liste de cadeau de Noël à faire aux
chefs d’État! Ce ne sera pas vaine dépense.
1. Malheureusement, ils n’ont pas encore de
site, sauf pour l’école Nationale de Théâtre qui y loge (http://www.ent-nts.qc.ca)
2. En fait mes chansons frissons étaient, avant
que celle-ci ne s’y ajoute, « De la main gauche » (Danielle Messia et la reprise de Luce Dufault
qui me fait le même frisson!); la finale de la 9e de Beethoven;
« Chat sauvage » de Marjo; «Les lacs du
Connemara » de Michel Sardou et quelques autres.
Michel Handfield.
DVD Daniel Lemire
20 ans d’humour 1982-2002
Analekta, ANDVD0 7520
Samedi soir, ce fut soirée d’humour à la maison. On était 3 dans la
quarantaine et une p’tite jeune du début vingtaine. On a écouté Daniel Lemire.
On l’a tous aimé. Notre jeune nièce par contre se demandait « c’est qui
lui ?» dans un extrait du bye bye 1991
(« Le chapon rouge »). Le « lui » c’était Robert Bourassa
(Patrice Lécuyer)
avec Brian Mulroney (Yves Jacques)! Notre jeunesse est rendue de
l’histoire. C’est dur à prendre! Mais un sketch d’anthologie. Cynique
humoristique intelligent! Est-ce que les choses ont vraiment changé depuis?
On voit l’évolution sociale qui va d’ « Yvon Travailler » au Lundi
des Ha! Ha! (1982-91) à « Oncle Georges et les vieux » (1998-2002),
en passant par « Edmond et le verglas »! Cynique et humain à la fois.
En riant des « vieux » par exemple, cela nous fait nous pencher sur
leur condition! Et sur celles qu’on leur fait!
On voit aussi l’évolution de Daniel Lemire. Des premiers sketches, où
l’accessoire et le costume étaient importants, aux plus récents, où le texte
prend davantage de place que l’accessoire. Déjà au début, il y avait des germes
politico social (Passe-partout sont trois et sont subventionnés eux autres),
mais le propos était plus général. C’était l’époque de l’humour absurde.
L’époque des débuts de Ding et Dong! « Oncle Georges et Yogourt » en est
une bonne illustration.
Daniel Lemire serait-il né d’un croisement entre Sol et Yvon
Deschamps? Bref un excellent DVD
d’environs 3 heures de plaisirs! Aussi disponible en vidéocassette.
Michel Handfield
***
Arts
mercredi, 27 novembre, 2002
SALUT, RIOPELLE!
Nous avons assisté au lancement du DVD-ROM « SALUT, RIOPELLE! » et il est fort impressionnant. C’est à la fois une encyclopédie texte et un trajet multimédia sur Riopelle. Cette seconde partie permet des découvertes sur sa vie et les gens qu’il a côtoyés. Et elle est à la fois chronologique – par période – et anarchique, le hasard jouant dans la « sortie » des éléments. Bref un ouvrage à la mesure de Riopelle, à la fois organisé et anarchique, mais géant dans le tout!
Le catalogue des œuvres de Riopelle, des textes de Riopelle, les 16 signataires du Refus global et leurs œuvres (ce qui se trouve difficilement dans un même document ailleurs que sur ce DVD ROM), ses rencontres parisiennes,… bref tout ce qui a façonné et ce qu’a façonné Riopelle s’y trouve. Grandiose, je vous dis.
Un très beau cadeau pour les amateurs de Riopelle, d’arts, de culture et d’histoire, car « Salut, Riopelle! » c’est le parcours d’un peintre, mais aussi d’un homme ici et en Europe, qui a même travaillé dans un garage à Paris (c’était un amateur de char!). Ce fut aussi de grandes rencontres avec des littéraires. Bref, un DVD ROM qui s’adresse à un plus large public que les seuls connaisseurs. Un très beau produit.
Cependant, il ne s’adresse pas à tous, car il faut d’abord un ordi muni d’un DVD ROM (ça ne fonctionne pas sur un lecteur de DVD) et d’une configuration minimale PIII 450 (ou G3 450 sur Mac) et 500 Mo d’espace libre sur votre Disque Dur!
Un très beau produit et je vous invite à en voir les caractéristiques sur le site de transdesign : http://www.tramdesign.com/riopelle/
Quelques sites de référence :
http://www.artcyclopedia.com/artists/riopelle_jean_paul.html
***
(Reportage et analyse)
Montréal, 10
octobre, 2002
Lancement du Festival
du Monde Arabe de Montréal
du 3 au 17 novembre 2002
Hier j’ai assisté au lancement du FMA de
Montréal. Un programme à la fois diversifié et intéressant, mêlant expositions,
cinémas, discussions, spectacles… De tout pour tous. Nous ne reviendrons pas
sur le programme, car il est sur notre page AGENDA et sur la page du Festival.
En fait nous allons plutôt parler de la
conférence de presse. Le FMA est sous la présidence de Louise Harel et de Pierre Bourque,
qui en est le porte parole. Notre ex-Maire a collaboré avec ce Festival
depuis ses débuts, car il a toujours cru à l’interculturel.
Louise Harel a
souligné l’importance du dialogue entre les cultures sur la scène montréalaise.
Et Pierre Bourque a souligné l’importance du mariage entre l’Occident et le
bassin méditerranéen (Arabe) pour la paix mondiale. Il nous faut connaître
l’autre et développer des lieux de partage! C’est là que des villes
multiculturelles, telle que Montréal, prennent leur importance.
Cependant, nous croyons que cela devrait se
faire des deux côtés. A quand un festival de l’Occident dans les pays Arabes?
Mais en attendant, faisons notre part et encourageons ce festival du Monde
Arabe de Montréal. Car la culture est parfois locale, mais parfois dépasse ses
origines pour devenir mondiale! Et nous avons la chance de contribuer à cet
échange et ce partage. C’est d’ailleurs une des caractéristiques de la culture.
Plus on l’échange, plus on s’enrichit à son contact et à celui des autres!
Michel Handfield
***
30 septembre, 2002
Le 17e Gala des prix gémeaux (2002)
Michel Handfield
Societas Criticus était là. Dans la salle de presse.
Je le spécifie. Car c’est différent. Bienvenue dans les coulisses de la presse.
Le show est pensé pour la télé et la salle. Donc vous l’avez vu. Dans la salle
de presse nous l’avions à la télé comme vous, mais la pub en moins!
Ce que nous avions en plus, c’était les gagnants
qui venaient rencontrer les journalistes et les photographes. Ceci donnait une
ambiance particulière où se mêlait le show télé, les félicitations, les
questions des journalistes, etc. Bref, une chance que je l’ai enregistré pour
le réécouter, car j’en ai manqué des bouts. Je l’avoue, je n’ai pas posé de
question. J’aurais pu par exemple demander à Infoman (Jean-René Dufort) si il croit qu’avec un Gémeaux Stéphane Dion va enfin
vouloir le rencontrer? Je ne lui ai pas demandé, mais je lui souhaite. Tout
comme Stéphan Bureau semble avoir un penchant vers l’humour, Jean-René
développera-t-il un penchant vers les grandes émissions d’informations? A quand
« Le 60 du XXIe siècle » avec
Jean-René Dufort?
En fait, à la
télé, je regarde surtout Radio-Canada (« Virginie »;
« Infoman »; « Catherine »; « Bunker »; « Un
gars, une fille »; « Le monde de Charlotte » et quelques autres!), sauf pour « Les francs tireurs » à télé-Québec. Et des regards sur les autres canaux parfois, si ma conjointe regarde
de quoi qui me plaît. Mais plus souvent qu’autrement je suis sur le
canal « Internet »! Bref, il y avait plusieurs émissions en
nomination que je ne connaissais même pas. Ceci me permet donc de voir ce Gala
avec une autre vision.
***
Moi qui touche à tout pour Societas Criticus,
j’ai d’abord constaté, avec les événements couverts à date, qu’il y a une
séparation entre les journalistes des arts et culture par exemple et les
journalistes politiques de l’autre. Les gens que je vois dans un congrès sur la
mondialisation ne sont pas les mêmes qu’au Gala des Gémeaux. Et pourtant, il y
a des liens entre société et culture; entre la vie et la télé. La télé nous
montre parfois où en est la société sur certaines questions et parfois elle va
un peu plus loin, ce qui force un débat social et fait évoluer les choses.
Certains auteurs n’ont pas peur de parler de questions controversées dans leurs
téléromans et d’émettre des opinions qui ne sont pas dans le
« mainstream », ce qui suscite des débats dans les couples, au bureau
et dans les médias! D’autres mettent une génération et ses préoccupations à
l’avant-scène. En fait « La vie, la vie », gagnante de
10 gémeaux, jouait un peu sur ces deux tableaux, d’où sont succès probablement.
« Un gars, une fille » questionne aussi, mais dans un
autre registre plus humoristique, et fut gagnant de 4 Gémeaux cette année!
Bunker en est un exemple. Certains chroniqueurs politiques et quelques
politiciens sont aux aboies avec cette série. Ils nous mettent en garde, car
cette série va rendre les gens plus cyniques ou va leur faire croire que les
politiciens pensent au pouvoir avant le bien de leurs concitoyens nous
disent-ils Moi qui touche les deux, j’aurais le goût de demander à ces
chroniqueurs de la scène politique : Cout’donc vous autres, avez-vous
pratiqué toutes ces années la chronique politique sans avoir lu Machiavel et La
Boétie? Car cette série illustre, en caricaturant,
une réalité politique et sociale. Quand les gens d’affaires peuvent rencontrer
les politiciens et parler d’économie mondiale dans des congrès à quelques
milliers de dollars par personne, croyez-vous qu’ils ne tissent pas des liens?
Dans les souper de parti, à 1000$ le couvert, qui croyez-vous est là? Le simple
citoyen ou le courtisan? Quand on négocie le retrait de l’État et l’achat d’entreprises publiques par le
privé, quand on parle du partenariat privé/public pour la gestion des
infrastructures comme les aqueducs, les routes ou le métro dans des
congrès ce n’est pas du téléroman, mais
la vraie vie. Mais on en parle peu. Ces discussions préliminaires ont cours dans des lieux privés, loin des caméras
et des journalistes. Lorsqu’on en est avisé c’est lorsque le résultat est quasi
ficelé à un projet de loi. En échange d’une baisse de taxe aux plus haut
revenus, payerez-vous au privé pour roulez sur la route ou être soigné? Posez
vous la question. Bunker ne donne pas les réponses, mais l’illustre à sa
manière, avec le financier qui tire les ficelles du pouvoir. C’est une fable de
la réalité. J’ai vu des conférenciers à un congrès sur les villes parler de
meilleure gestion du bien public si cette gestion est privatisée. Et ces
financiers participent aux caisses électorales, souhaitent des baisses d’impôt
pour les hauts revenus et sont prêt à acheter des routes, faire des ponts à
péages et des cliniques médicales privées pour les privilégiés. Alors que
Bunker rende cynique et donne une fausse image de la politique, je ne gagerais
pas trop là dessus. Le cynisme et cette image de la politique existaient bien
avant Bunker.
En fait la télé est un miroir; parfois aux
alouettes (fiction), parfois de la réalité, mais le plus souvent un peu des
deux! Que d’anciens politiciens se retrouvent dans de grandes firmes
d’ingénierie qui prônent des partenariats avec le secteur public n’est
certainement pas un hasard. Regardez le mode de pensée du financier dans
Bunker. Est-ce le mode de pensée des financiers derrière Mario Dumont? Ce
serait intéressant de voir un chroniqueur télé et un chroniqueur politique
plancher ensemble sur cette question. Serait-ce cynique ou réaliste de croire
que les financiers derrière l’ADQ flairent la bonne affaire? La vente de feu de
l’État peut être! J’ai hâte au Gala de l’an prochain pour voir ce qu’on dira de
Bunker.
***
La deuxième chose que j’ai constatée, c’est que
les journalistes, comme les téléspectateurs, sont davantage touché par
certaines émissions que d’autres. Ainsi Gilles Pelletier et Danielle Wetherup, de la Monnaie Royale, sont arrivés dans la
salle de presse lors de la présentation de la gang de rock et belles
oreilles personnifiant « La
ribouldingue ». Ils sont donc passés dans le vide, car « La
Ribouldingue » fut un programme culte à son époque tout comme Rock
et belles oreilles fut un groupe
culte à une autre époque! Le mélange des deux ne laissait place à rien d’autre!
Malheureusement, car on aurait pu demander à Mme
Wetherup si la monnaie royale va commémorer les 50
ans de la télé. Moi même je n’y ai pas pensé, la Ribouldingue prenant toute la
place! C’était aussi malheureux pour Gilles Pelletier qui a tenu des rôles
marquant à Radio-Canada, notamment dans « Rue de l’anse »
(1963-1965) et dans « l’Héritage » (1987-1990). Je suis sûr du
rôle marquant de Gilles Pelletier dans « l’Héritage », moins
dans « Rue de l’Anse ». Mais je me rappelle que lorsque
j’étais jeune il y avait une émission qui se passait au bord du fleuve, où on
parlait de bateau. Une recherche
Internet me laisse donc croire que c’était « Rue de l’Anse »
(1963-65; Rediffusion
: 1966-1967, 1969-1970, été 1971), car « Cap aux sorciers »
a pris fin l’année de ma naissance (1958)! Bref, si je me rappelle d’une
émission de ce temps, c’est qu’elle était marquante!
***
La troisième chose qui m’a frappée fut les
souvenirs que cette soirée faisait revivre. La présentation des thèmes
d ‘émissions en tour de chant fut une bonne idée. Le Pirate Maboul et Sol
interprété par Martin Deschamps de façon très rock Je dis Sol, car je me souviens d’avoir
connu Sol avant « Sol et Gobelet »! Selon le site
Internet du 50e de radio Canada (http://radio-canada.ca/television/50/) Sol fut d’ailleurs accompagné de
Bim (Louis de Santis)
et de Bouton (Yvon Dufour) avant Gobelet (Luc Durand). Mais c’est avec Gobelet
que l’émission a connu son envol.
Michel Rivard aussi y est allé de ses thèmes.
D’abord, celui de « Rue des pignons » m’a rappelé ce téléroman
fort marquant. C’était le « Virginie » du temps, qui parlait
de la vie dans un quartier populaire. Ce téléroman a duré de 1966 à 1977. Que
sont ces acteurs devenus? Quelqu’un referait-il une « rue des pignons next generation »?
Rivard a aussi joué le thème des « couches
tard » (1961-70) que j’écoutais parfois, car même si mes parents
étaient conservateurs sur certaines choses, ils étaient libéraux pour que j’aie
de la culture! Libéraux pour l’époque s’entends, car aujourd’hui c’est autre
chose. Bref, ce gala en était un à nous donner des souvenirs. Un seul défaut.
Au lien des sketches de Normand Brathwaite on aurait dû faire quelques pauses
rétrospectives de notre télévision : une scène de « Cré Basile »,
une autre de « Format 30 ou 60 » avec Pierre Nadeau, etc. Bref une fête de la télé d’ici!
***
Quatrièmement,
étant une revue Internet nous tenons à souligner le prix du meilleur
site Web, qui « vise à récompenser un site Web conçu pour une production
télévisuelle qui a été inscrite dans au moins une catégorie des Prix Gémeaux
2002 », qui est allé à l’unanimité au site d’il parle avec les
loups : www.ilparleaveclesloups.com
Quant aux lauréats, aux toilettes des artistes
et aux potins cela se trouvera dans les journaux spécialisés. Ce n’est pas du
domaine de Societas Criticus. Vous trouverez aussi des informations, entrevues,
photos, etc. sur les lauréats et la soirée sur les sites suivants que nous vous
invitons à visiter :
http://radio-canada.ca/television/gemeaux2002/
***
24 septembre, 2002
Oh, la lou! St-Henri, ça change!
Michel Handfield
Hier nous avons assisté au lancement du premier
CD de Philippe Laloux, « vos désordres
sont désirs! » au Bistro Le P’tit
Bonheur, adjacent au Théâtre Corona sur la rue Notre-Dame à St-Henri. Mais
avant de vous en parler nous voulons glisser un mot sur St-Henri.
Autrefois, quartier pauvre, ce quartier
s’embourgeoise avec le développement du Canal Lachine, de condos, du Marché
Atwater, etc. La rue Notre-Dame se refait une beauté avec le Théâtre Corona
et le bistro adjacent ainsi que
plusieurs boutiques d’antiquaires de qualité. Autrefois, lieu de tavernes
(c’était l’impression que j’en avais quand j’étais enfant et qu’on allait voir
un oncle à St Henri), ce coin en devient un de culture et d’Épicure,
particulièrement avec le marché! On voit que la ville y investit au niveau de
l’aménagement urbain sur la rue Atwater et le long du Canal. En espérant
cependant que cet embourgeoisement ne délogera pas les natifs et les anciens du
quartier, mais ajoutera plutôt à la mixité et à la vie de ce quartier. Car il
serait paradoxal qu’avec l’embourgeoisement ce quartier perde son âme.
Le Bistro nous est apparu un lieu fort
intéressant. Adjacent au Corona, il on y sert des repas : Grillades et
recettes à la bière. Endroit éclairé et ouvert sur une cour arrière. Avec une
petite scène, car y ont lieu occasionnellement des spectacles. (Nous avons
d’ailleurs demandé à recevoir leurs communiqués pour l’Agenda de Societas/DI)
Endroit intimiste, mais sans être trop petit et près du métro Lionel
Groulx (quelques rues à l’est d’Atwater
sur Notre-Dame).
Philippe Laloux nous a
présenté son CD, de la musique du monde au sens personnel. En effet, Philippe Laloux est un belge, qui a étudié la musique alors qu’il
était jeune (violon et solfège à l’Académie royale de Bruxelles); qui a voyagé;
qui fit de la radio au Québec (Radio Centre-Ville et
Radio-Canada); qui ouvrit un restaurant, « Laloux »,
sur avenue des Pins; et qui a une passion pour le Brésil! Ça fait un CD
francophone aux accents musicaux brésilien. Un CD qui a du rythme de bossa-nova
et de samba, mais tout en douceur en même temps.
Il a fait deux petites chansons et ses musiciens
on fait une « batouka », musique des plages brésilienne très rythmée.
Il aurait été intéressant d’avoir un bonus « track »
caché sur le CD comportant une « batouka » comme ils nous en ont fait une. Ce sera peut
être pour le prochain CD. Pour la
critique du CD voir la section DI Musique.
Références :
***
5 septembre, 2002
Analekta… délectable!
Michel Handfield
Pour la critique des CDs voir la section DI Musique
Nous avons assisté au lancement de la nouvelle
saison de musique de l’étiquette Analekta au château Dufresne. Cadre
enchanteur, classique, qui se prête bien à cette étiquette. La grande nouvelle.
Naxos distribuera les disques Analekta aux Etats-Unis. Une percée pour cette
étiquette. On a annoncé aussi des lancements forts intéressants comme le
« festin baroque » de Tafelmusik et
Carlos Placeres, un chanteur cubain, dans la
musique du monde. Nous y reviendrons dans les critiques de CD prochainement,
car nous en avons 5 à écouter. Et nous prenons le temps de le faire et même de
les réécouter quelques fois avant d’écrire.
Dans les choses à venir, soulignons « les
violons du monde « d’Angèle Dubeau et de La
Pietà; 100 ans de danses, avec l’OSQ et un DVD, 20
ans d’humour de Daniel Lemire. Nous
devrions revenir sur ce DVD lors de sa sortie, car Daniel Lemire est souvent
fort cynique, au sens ancien du terme. Celui qui plaît à Societas Criticus. Le
cynisme qui ne fait pas que dérider, mais qui fait réfléchir. Qui fait rire,
mais aussi grincer des dents. Le cynisme qui questionne comme le faisait
Diogène dans les temps ancien!
***
18 août, 2002
Parlons Télévision
Michel Handfield
Avertissement: nous avons trouvé les liens de la majorité des
émissions dont nous parlons. Cependant, ils peuvent ne pas fonctionner
correctement, car certains sites exigent
que nous revenions à la page d’accueil et refaisions les choix. Par exemple si www.cesunexemple.kom/vavoir.aaa ne fonctionne pas, il faut alors revenir à la
racine du site www.cesunexemple.kom et refaire le
choix de vavoir dans le menu.
***
C’est
probablement la première fois que nous parlons télé dans les pages de Societas
Criticus. C’est que je suis davantage radio accro que télé accro. Gaétan (mon
co-éditeur) écoute davantage la télé, mais n’est pas « écrivo-moteur »
comme moi! Alors il n’écrit pas sur la télé, mais il m’en parle en espérant que
ça fasse son bout de chemin pour que j’écrive!
Attention,
cela ne fait pas de moi un ignare de la télé. Car ma blonde est accro télé! La
télé joue donc souvent dans la maison. Même si je ne l’écoute pas, j’y jette un
coup d’œil. Je l’écoute « involontairement » en lisant! Parfois cela
m’accroche au point que, sans dire un mot, je descend au sous-sol (l’ordi et
l’Internet sont là) et j’allume
« hypocritement » la télé du bureau
pour écouter la fin de l’émission ou du film qu’elle écoutait tout en
travaillant mes textes ou en faisant de la recherche! Je suis un peu comme Guy dans un gars, une fille – émission variété vérité en nomination aux Gémeaux
2002 – et ma Sylvie un peu comme la sienne!
Cela
me donne du recul. Mais j’ai aussi mes émissions. Comme « La vie la vie », qui est malheureusement terminée, mais qui a
néanmoins 13 nominations (à égalité avec Mon meilleur ennemi). La pub m’incite aussi vers quelques émissions à
venir cet automne. Il y en a une qui tourne autour du pouvoir et de la
politique à Radio-Canada! J’ai hâte de voir si c’est cynique et critique comme
la bande annonce semble le promettre, bref dans les cordes de Societas
Criticus.
Bunker le cirque sera donc à surveiller.
***
Mais avant de voir les
nouvelles émissions, parlons du 17e Gala des prix
Gémeaux qui sera diffusé
le dimanche 29 septembre 2002. Suite à la crise de l’an dernier,
certains producteurs n’y sont plus, soit TVA,
TQS, Julie Snyder (Productions
J) et Fabienne Larouche (Aetios
Production). Il est à noter que ces deux dernières ne se sont pas présentées
devant le Comité de révision de l’Académie, malgré leurs critiques passées,
contrairement à TVA et TQS qui ont pris la peine d’aller faire leur
représentation! La présidente a pour sa part souligné le fait que le Gala ne
récompense pas la popularité des émissions mais leur qualité jugée par les
pairs. Cette distinction est importante. Une émission écoutée par un million de
personnes peut être de bonne qualité, mais ça n’empêche pas une émission peu
écoutée – vu son propos plus spécifique par exemple – d’être jugée de meilleure
qualité par les professionnels du domaine. Qualité et popularité sont deux
choses distinctes. (Voir
le rapport de la présidente) Un autre gala, le Métro Star, récompense la popularité des
émissions par un vote du grand public. A chacun sa spécificité.
Dans le cas du retrait
de Fabienne Larouche, ceci empêche certaines émissions comme Fortier (TVA), Virginie et Music Hall (Radio-Canada)
– émissions de qualité et populaires – d’être en compétition. Le retrait de TVA
et de TQS est moins grave à ce niveau, car ils sont présents par les émissions
des producteurs indépendants qu’ils diffusent (Le grand blond, etc.). Ces stations
manquent cependant dans la catégorie des émissions d’informations. Cela a son importance, les grands réseaux
(Radio-Canada, TVA et TQS) se distinguant de plus en plus par leur signature
« information » que par leurs séries et émissions de variété, car plusieurs
de ces émissions, comme les téléromans, Music Hall (Radio-Canada) ou Fortier
(TVA) seraient interchangeable d’un
réseau à l’autre. L’info est vraiment la marque de commerce des stations et
n’est pas interchangeable; ce même si les lecteurs de nouvelles peuvent l’être.
Peut
être qu’avec l’achat de TQS par BCE – qui est aussi propriétaire du prestigieux Globe and Mail et de CTV par l’intermédiaire de Bell Globemedia – cela changera. Une télé du calibre du Globe and
Mail serait drôlement intéressante au niveau de la télé privée accessible sans
le câble. L’empire BCE a certainement les moyens de faire de la bonne télé sans
espérer un profit rapide, mais un rendement à moyen et long terme. Et comme BCE
profite de la télé satellite au dépends de Québécor / Vidéotron dont le conflit avec ses techniciens s’enlise, elle
peut se permettre d’investir dans sa télé, là où le groupe Québécor risque de
couper pour amoindrir ses pertes à court et moyens terme. Les prochaines années
de la télé risquent d’être intéressantes. Ces changements, s’ils surviennent,
ne seront pas remarquables dans la nouvelle saison, mais le seront certainement
dans les suivantes. (1)
Cette
présentation des prix Gémeaux soulève une autre question. Celle de TFO. Des émissions de TFO sont en nomination aux
Gémeaux, mais ne sont pas accessibles au Québec, le CRTC ayant refusé leur demande en ce sens (voir la décision). C’est dire que nous sommes privés d’une télévision
canadienne de qualité pour des raisons économiques (le coût supplémentaire aux
câblodistributeurs) et peut être
politique. Quel drôle de pays, qui parle d’unité et limite ainsi les échanges
interprovinciaux! (2)
J’ai
une déception cependant. Je suis branché, mais pas câblé. Alors RDI, qui semble fort
intéressant (par les pubs que j’en vois), ne m’est pas accessible malgré qu’une
part de mes taxes serve à cette station. Quand RDI passera-t-elle au mode de
diffusion traditionnel? Car il n’est pas normal que l’information, qui fait
partie du mandat de Radio-Canada, soit ainsi réservée au câble et à la télé
payante. Ce n’est pas de la faute de l’Académie, mais c’est l’occasion de le mentionner, car la
première partie du Gala des Gémeaux sera diffusée sur RDI (dès 14h30) et animé
par Gregory Charles, ce qui fait qu’elle ne sera pas accessible à tous. Seule
la seconde partie sera accessible à tous sur le réseau traditionnel. Cette seconde partie sera animée par Normand Brathwaite et sera diffusée à 20
heures sur les ondes de Radio-Canada. Elle sera précédée d’une spéciale sur le Gala
et ses coulisses à 19h30.
Bref,
ce devrait être un Gala intéressant. Vu la situation, nous aurons peut être
droit à quelques déclarations « politiques » de certains
membres. Car quand il y a controverse, il est toujours tentant de prendre la
parole. Un seul regret : Comme je suis un fan d’Infoman, j’aurais aimé le voir dans une catégorie
« information » plutôt que série humoristique, car son cynisme, au
sens classique du terme, nous permet de relativiser les événements pour mieux les
réfléchir. Ce n’est pas parce que ça semble drôle que ce n’est
pas sérieux. Loin de là.
Postface
Dans
La Presse du samedi 17 août 2002 (A 12) Fabienne Larouche répond à l’Académie
dans une lettre intitulée « Les Gémeaux et les corbeaux ».
Pour elle il est odieux que TVA et TQS n’y soient pas. Mais dans les faits,
s’ils n’y sont pas comme producteurs, ils y sont par les séries qu’ils
diffusent et qui sont le fait de producteurs indépendants. Comme EMMA
(productions Point de Mire/TVA), FLASH (Zone 3/TQS), FUN NOIR (Zone 3/TQS); HISTOIRE DE FILLE (Match TV/TVA); etc.
Fabienne
Larouche, n’y est pas. Mais il est difficile de croire que « le vrai
scandale demeure leur attitude [attitude de l’Académie et de sa présidente
probablement] hautaine et méprisante,
mépris qui les pousse à envisager comme possible la tenue d’un gala sur la télé
sans TQS et TVA » comme elle le dit dans sa lettre.
C’est
son droit de boycotter le Gala, mais il faut être juste. Ce Gala ne récompense
pas la popularité, mais la qualité de la production. C’est sont choix de se
présenter à l’un des Galas et non à l’autre. Mais si on récompense la
popularité dans un Gala (Métro Star) on peut aussi récompenser la qualité dans
l’autre (Gémeaux). Si seule la côte d’écoute ferait foi de tout, certaines
info-pubs seraient en avance sur des émissions fort bien faites, mais traitant
de sujet peu populaire comme la politique! La côte d’écoute et le jugement par
les pairs ont chacun leurs biais et c’est pour cela que 2 galas sont mieux
qu’un seul.
Notes :
1.
Avec la convergence des médias, TVA fait maintenant partie du groupe Québécor
et Radio-Canada fait un partenariat avec La Presse. TQS, CTV et le Globe and
Mail font partie de Bell. TQS devrait donc changer de facture et avoir des
émissions plus relevées selon nous. Et
comme en français les journaux les plus près du Globe and Mail sont Le Devoir et La Presse, une
collaboration Le Devoir/TQS serait intéressante. Cela ferait du bien dans notre
paysage télévisuel qu’un poste privé soit de cette qualité avec des émissions
d’affaires et d’analyse publique.
2.
L’arrivée de TVO aurait pu créer de la concurrence à Télé-Québec et cela n’était pas jugé souhaitable. Politiquement
on aurait aussi appris qu’il se fait de la bonne télé française dans une
province anglaise.
***
Avancez en arrière!
Michel Handfield, M.Sc. Sociologie
1er août, 2002
Guy
Sorman, en entrevue avec Stéphan Bureau au Point (Télé de Radio-Canada) les 16
et 17 juillet dernier était égal à ce qu'il pourfendait.
Il est
pour le progrès, contre le retour en arrière, c'est à dire les idées de la
gauche soixante-huitarde! On ne peut rejeter son œuvre en bloc. Certains abus
ont été fait au nom d’une prise en charge des citoyens par l’État; d’une infantilisation du public par des
technocrates qui décident de ce qui est bon pour eux et contre eux. Malgré
qu’il ait raison sur certains points, on se doit de demeurer critique.
Le
progrès qu’il défend s’apparente au néolibéralisme: retrait de l'État et
reconnaissance de la supériorité du marché. La liberté crée le meilleur! Cela
s’apparente à un retour au capitalisme sauvage. Ce capitalisme a ses
squelettes dans le garde-robe: indigence, travail des enfants, etc. Il suffit
de lire « Le Capital » de Marx pour voir que les conditions de vie de
l’Angleterre ultra-libérale n’étaient pas des plus faciles. Les assurances et
la sécurité sociale n’existaient pas. Ces conditions existent encore
aujourd’hui dans certains pays, notamment des pays industriels émergents. A
titre d’exemple prenons le travail des enfants. Un rapport de Kebebew Ashagrie (1999) nous
apprend, entre autres, que :
“Estimates
based on results of ILO's recent surveys and
demographic variables indicate that children between 5 and 1 1 years old, who are engaged in
economic activities globally, may total between 50 and 60 million.”
Et encore:
“Many young
children work very long hours per day, in some cases working six or seven days
of the week, especially in rural areas. More than a third of the children work
more than 40 hours per week, with more than one in ten working 56 hours or
more. In many instances, the girls work longer hours than the boys,
particularly girls engaged in paid or unpaid domestic work. As a result, many
children report their work as stressful (almost half of the working children),
exhausting (more than one-half of them), or without free time or a rest day
(about three quarters of them).”
Même aux
Etats-Unis, que M. Sorman prend pour modèle, on a vu des entreprises géantes
comme Enron et
WorldCom chuter, entraînant avec elles les
fonds de pensions de leurs employés. Leur sécurité s’est effondrée au point que
Playboy en profite pour offrir aux plus belles employées de ces géants déchus
de poser dans ses pages en échange d’un pécule! Le modèle États-uniens en prend
un coup.
Modèle
économique, peut être. Mais trop souvent on y associe progrès économique et
spéculation. Car s’il y a progrès économique, ne devrait-il pas se répercuter à
tous les échelons de la société? Tel n’est pas le cas; la redistribution ne se
fait pas. Au contraire. Intel, malgré un bénéfice de 466 millions $ (US) au second
trimestre à annoncé la suppression de 4000 emplois, car le bénéfice était moindre que prévu. (La
Presse, 17 juillet 2002, D 7) On ne coupe pas des emplois parce que l’on a des
pertes, mais parce que le surplus est moindre que ce à quoi les analystes
s’attendent! On est passé d’un capitalisme de producteurs, où l’entreprise
devait produire pour être rentable, à un capitalisme financier, où ce qui fait
la valeur de l’entreprise n’est plus ce qu’elle produit mais ce qu’en pensent
les analystes et les spéculateurs boursiers. Certaines entreprises rapportent
davantage à leurs administrateurs et leurs actionnaires par la spéculation
autour de leur titre que par ce qu’elles produisent ou vendent. Ce n’est pas
pour rien que les marchés sont volatiles et qu’un titre peut passer de quelques
100$ US à quelques dollars (parfois même quelques sous) en quelques jours!
Quand au
progrès social, il y a de quoi le questionner. Au nom de la loi du marché, les
protections sociales sont davantage le fait de programmes privés d’assurances
et d’aide philanthropique que d’interventionnisme d’État aux États-Unis. Les
programmes d’aides sont réduits au minimum et c’est davantage la charité
publique qui tient lieu de filet social. Même la prévention est à risque :
« (…) aux Etats-Unis, il est impossible d’aviser la
population qu’il y a des aliments meilleurs que d’autres, sous peine d’être
poursuivie en justice. Les spécialistes en sont réduits à dire que « tous les
aliments ont leur place dans un régime équilibré. » » (1)
Le
modèle États-uniens n’est pas un modèle si intéressant. Du moins au plan de la
sécurité sociale. A ce sujet d’autres modèles sont davantage intéressant, tel
le modèle de Rhénan. (2)
Par
contre, s’il n’y a pas de filet social, il n’y a pas d’entraves à la liberté de
création. Le rêve américain (3) fait que, peu importe le pays d’origine, on
immigre ou on entre illégalement aux Etats-Unis dans l’espoir de devenir
quelqu’un, c’est-à-dire de faire fortune à partir de rien! C’est le pays où beaucoup d’espoirs sont
brisés, mais où les rêves sont possibles. De quoi faire rêver Guy Sorman. Car
par rapport à la société française, qui est davantage contrôlée et codifiée
(selon son rang on ne tape pas à l’ordinateur), la société américaine projette
l’image de chefs d’entreprises en running, le cellulaire à la taille, assis sur
un banc public et travaillant sur leur « ordi » portable! Une image
de rêve. « L’American way
of life » c’est la liberté! On comprend alors que pour Sorman, qui trouve
la société française sclérosée, les USA sont un modèle. Mais aussi, peut être,
une provocation pour faire réagir les français face la sclérose de leur
société. (4) Le modèle États-uniens n’est pas tant un modèle qu’une provocation
face au modèle français.
Au
niveau des biotechnologies Sorman accepte tout, comme d’autres rejettent tout.
C’est comme si l’on ne peut plus juger les choses. On prend le «package», ou on
le refuse. Si on le prend, on est moderne; si on ne le prend pas, on est
réactionnaire voir conservateur! Il est
vrai que certaines biotechnologies peuvent être valides tout comme certaines
formes d’organismes génétiquement modifiés. Mais c’est jouer
avec l’inconnu. On ne peut en connaître
toutes les conséquences. Il faut être prudent. Faire des semences adaptées pour
les zones arides peut aider à développer une forme d’agriculture de subsistance
pour des populations qui sont sur la lame de rasoir entre la survie et la
famine. Mais faire de nouvelles semences résistantes aux insecticides pour en
permettre l’épandage industriel par avion sur de large zone agricole n’est pas
un gain en soi (sauf pour l’entreprise qui vend et le grain et l’insecticide
correspondant), car quels seront les effets de ces épandages sur
l’environnement et sur les consommateurs de ces produits agricoles? (5)
Il faut
conserver un esprit critique, ce qui est de plus en plus difficile. On est pour
les biotechnologies ou on est contre. On est pour la mondialisation ou on est
contre! Mais quelles biotechnologies? Quelle mondialisation? Il n’y a plus de
place aux débats et aux nuances. Les biotechnologies qui permettent d’accroître
la valeur nutritive des aliments sont une chose; celles qui permettraient de
faire des tomates carrées pour mieux les emballer sont autre chose! La
mondialisation qui permet de lire le dernier livre français ou la dernière
revue africaine est une chose; celle qui permet de fermer une usine canadienne
d’automobile pour en ouvrir une au Mexique, pour la seule raison que les
salaires sont plus bas, en est une autre! Certains diront que si tel est le cas
c’est parce que l’automobile est un secteur ancien, avec des chaînes de
montage, et que tel n’est pas le cas des nouvelles industries.
Détrompez-vous : «À Bangalore (Inde), siège de plus de 1000 sociétés
de conception de logiciels, un jeune programmeur dans le langage Java de Sun
est embauché aux alentours de 200$ par mois -- moins d'un dixième qu'aux
États-Unis. » (Madhavan, 2002) Il
n’est pas surprenant que les grandes entreprises états-uniennes se disputent
cette main-d’œuvre. Il ne serait pas surprenant que, tout comme dans
l’automobile, le vêtement et les autres secteurs industriels, une partie de
cette production se fasse dans ces pays où les salaires ne sont qu’une fraction
de ceux des pays industrialisés.
Par
contre, si l’entreprise bénéfice de ces avantages de coûts, les consommateurs
en bénéficient-ils? Je ne croirais pas que Microsoft offre sur le marché des
programmes comme Windows ou Office au dixième de leur prix même s’ils étaient produits aux Indes. Les entreprises d’automobiles n’ont pas
réduits leur prix quand elles ont transféré leur production au Mexique. Vous
payez toujours ce produit à la valeur canado états-uniennes! La mondialisation
donne aux entreprises la liberté de produire où elles le veulent. Mais le
consommateur ne gagne pas la liberté d’acheter ce qu’il veut, où il le veut.
Des normes l’en empêchent. Des normes d’État, mais aussi de l’industrie. En effet, faire venir du vin, du fromage
ou un DVD de France est presque impossible. Dans le cas du vin ou du fromage.
Les douanes l’arrêteront probablement. Dans le cas du DVD, même si vous le
recevez, il ne pourra pas jouer sur votre lecteur de DVD car il n'aura pas le
même encodage. Une barrure régionale est mise sur les DVD pour ne pas qu’un
appareil joue les DVD venant d’une région non autorisée. Ce n’est pas que
l’appareil est différent, les lecteurs de DVD sont tous japano-asiatiques ou
presque, mais c’est qu’un code électronique l’empêche de le lire! (6)
La
mondialisation n'est pas pour le consommateur, seulement pour le producteur.
C'est ce qu'oublie de dire Guy Sorman. Malheureusement. Car cela rend sa
critique partiale et lui fait perdre de la crédibilité malgré ses bons points.
Elle prend position pour l'un contre l'autre comme le fait le mouvement
anti-mondialisation qu’il dénonce. Être pour les OGM ou la mondialisation
aveuglément, c'est comme être contre aveuglément. Où est le débat? Où sont les
améliorations possibles? Les pros et les
contres sont les deux faces d'une même pièce de monnaie!
Il faut
prendre de l’un et de l’autre. Mais jetant Marx avec le mur de Berlin, on a
jeté une idée fort intéressante: thèse, antithèse, synthèse. Bref au
capitalisme sauvage (thèse) s'est opposé un socialisme sclérosant à certains
égards (antithèse). La synthèse ne devrait pas être un retour en arrière, mais
de prendre le meilleur des deux... pour créer une forme de capitalisme social
ou de socialisme libéral. On passe à côté de l’histoire.
Postface
Nous
n’avons pas lu le dernier livre de Guy Sorman, Les Ennemis du
progrès, mais vous en trouverez une note de presse en annexe plus bas.
Nous avons par contre lu Le Génie de l’Inde (Fayard, 2000) que
nous avons bien aimé. La solution libérale (Pluriel, 1984)
est un autre livre d’intérêt du même auteur. Mais quel que soit l’auteur, nous
conservons toujours un esprit critique, car il est facile de passer de l’essai
et de la réflexion à l’idéologie. Car sur la base d’une bonne critique de la
société, d’une critique juste, il est facile de faire passer une idéologie
concurrente comme étant LA solution. Et là il y a risque de dérapage. De
Diogène le cynique nous avons retenu que l’on doit TOUT questionner et de John
Ralston Saul nous avons appris à douter!
Notes
1. Manon
Nestlé, doyenne du Département de nutrition de l’université de New York,
en entrevue à l’actualité, par Louise Gendron: La grande Malbouffe,
L’actualité, Août 2002, pp. 20-22. La citation vient de la page 20.
2. Cela
n’étant pas l’objet de ce texte nous vous suggérons de consulter Michel Albert,
1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris : Seuil, coll.
Points Actuels, 318 p. En bref l’auteur y parle des deux modèles de
capitalismes qui s’affrontent. Le modèle néo-américain, qui prône le
désengagement de l’État, versus le modèle dit de rhénan, qui table pour sa
part sur la coopération entre l’État et
le privé avec un souci de la collectivité à long terme.
3. Je
suis obligé d’utiliser cette expression consacrée, mais je préfèrerai parler de
rêve États-uniens, car pour moi l’Amérique ou l’américain s’adresse à tout le
continent et inclut autant le Canada que le Chili par exemple.
4. Sur
la sclérose de la société française, Sorman rejoint un autre sociologue
français, Michel Crozier. A ce propos voir les ouvrages suivant de Crozier: Le
phénomène bureaucratique (1963), Seuil, Points; La société
bloquée (1970), Seuil, Points Politique; et État modeste État
moderne (1987), Seuil, Points Essais.
5. Voir
notre dossier Alimentation et biotechnologies dans la section Dossier de
Societas Criticus.
6. Pour
éviter qu’un film soit visionné en DVD avant sa sortie en salle dans une région
du monde, le monde est divisé en 6 zones et les films ne peuvent être lus sur
un appareil zoné différemment. Par exemple la zone 1 est le Canada et les USA,
la 2, l’Europe, le Japon… Une simple recherche avec les mots DVD et zone sur
Internet vous donnera toute l’information voulue sur le sujet.
Bibliographie
Ashagrie,
Kebebew, 1999, YOUNGEST WORKERS AND HAZARDOUS
CHILD LABOUR, International Labour Organization, Bureau of Statistics,
May 1999 (http://www.ilo.org/public/english/bureau/stat/child/summary.htm)
Intel
supprimera 4000 emplois, in La Presse, 17 juillet 2002, D 7
Madhavan,
Narayanan, Microsoft et Sun se disputent les
ingénieurs indiens, in La Presse Le jeudi 4 juillet 2002 (www.cyberpresse.ca)
Marx,
Karl, [1867] 1977, Le Capital Livre premier, Paris :
éditions sociales
Saul, John Ralston, 1995, The Doubter’s
Companion, Canada: Penguin book
Saul, John Ralston, 2001, On
equilibrium, Canada: Penguin/Viking
Annexe
Guy SORMAN : Les Ennemis du progrès
Longtemps,
la France symbolisa la connaissance, la science contre l’obscurantisme. Cette
foi presque excessive dans le progrès fut théorisée par Condorcet et Auguste
Comte: eux considéraient que notre pays portait haut le flambeau qui conduirait
les peuples vers la lumière. Longtemps, Claude Bernard, Louis Pasteur, Marie
Curie incarnèrent cette prééminence de la raison qui devait s’affirmer aussi
bien dans notre recherche, notre industrie, que dans nos valeurs républicaines;
celles-ci n’étant pas dissociables de celles-là.
Quand
avons-nous laissé choir notre attachement au progrès?
Commençons
par les techniques de l’information. Celles-ci sont dominées par les
Etats-Unis, mais d’autres nations se battent, comme les pays scandinaves ou le
Japon; la France est singulièrement à la traîne, conséquence de la conception
hiérarchique de la société que perpétuent nos élites d’État : la bourgeoisie
administrative et universitaire considère par exemple qu’il appartient aux
secrétaires, et non pas aux énarques ni aux agrégés, de saisir des textes. La
cyberculture, qui démocratise et bouleverse la pyramide du commandement, doit
donc être contenue : c’est ainsi que nous restons en marge de la société de
l’information.
Le
retard est encore plus inquiétant dans les biotechnologies, en proie à une
véritable campagne obscurantiste capable d’éliminer le pays de Pasteur de la
course à la maîtrise du vivant et à ses perspectives économiques.
La folle
campagne contre les OGM, mélange d’antiaméricanisme primaire, de calculs
protectionnistes à courte vue et de nostalgies de terroirs disparus, conduit à
l’exil nos chercheurs et déplace hors de France les entreprises et les
capitaux.... Claude Bernard, réveille-toi, ils sont devenus fous!
L’obscurantisme
gagne aussi la recherche médicale; alors que le Parlement britannique, par un
geste pionnier, a adopté en janvier 2001 une loi autorisant le clonage à des fins thérapeutiques, notre Comité national d’éthique s’est
divisé, incapable d’adopter une position claire et franche en faveur du progrès
scientifique. Le président de la République s’est révélé encore plus
conservateur en se prononçant franchement contre le clonage. Une position à
rapprocher de l’attitude opposée du Premier ministre britannique, Tony Blair,
qui alerte souvent ses compatriotes contre ce qu’il appelle la montée de
“l’anti-science” en Europe.
L’anti-science
fonctionne sur un mode connu : choisissez des terrains sensibles, diffusez de
fausses informations, prétendez qu’elles sont démontrées, fabriquez des
explications simplistes clé en main, qui tiennent lieu d’intelligence des
faits, et séduisez ainsi les esprits craintifs, allergiques à tout changement.
Qu’il s’agisse des OGM, du réchauffement possible du climat, de l’énergie
nucléaire et du clonage, nos nouveaux millénaristes recyclés s’emploient à nous
apeurer de manière à se poser en sauveurs de l’humanité ; ce qui leur importe,
ça n’est évidemment pas la vérité, mais le pouvoir, ce pouvoir qu’ils craignent
de voir leur échapper.
Guy
Sorman enseigne, écrit et dirige un groupe de presse. Il est en outre maire
adjoint de Boulogne sur Seine.
Parmi
ses ouvrages publiés , rappelons La Solution libérale, Les Vrais Penseurs de
notre temps, Le Bonheur français , Le Monde est ma tribu , Une belle journée en
France, La Nouvelle Solution libérale et Le Génie de l’Inde.
Source,
nouveautés de la Librairie Arthème Fayard, http://www.editions-fayard.fr/
***
jeudi, 27 juin, 2002
Réinventer la ville!
Dans le cadre du 8e forum
international sur la nouvelle économie de « La conférence de Montréal » nous avons
assisté au Forum International « Réinventer la ville : vers des
partenariats innovateurs entre les gouvernements, le secteur privé et la
société civile » organisé en collaboration avec le CRDI.
Comme d’habitude dans de telles conférences, il
y a plus d’infos que nous pouvons en retenir. C’est positif. Le seul point
négatif, on ne trouve pas les sites Internet des organismes représentés dans la
documentation remise. Nous y avons remédié en mettant quelques liens que nous
avons trouvés au bas de cet article et en les plaçant de façon permanente sur
la page le monde et les communautés.
Il y a trop d’informations pour que nous
pensions en faire un compte rendu détaillé et nous espérons que des actes de ce
colloque seront publiés. A souligné une question soulevé par Maurizio Bernardo, ministre régional des ressources en eau et des
services publics, Lombardie, Italie : Si les investissements sont financés
uniquement par les tarifs (avec baisse de taxe correspondante) est ce que cela
va poser des problèmes d’accès et est-ce que les usagers vont accepter le
changement?
Ceci soulève quelques questions de notre part.
Dans le cas de l’eau, où la consommation peut être équivalente
peu importe la richesse, cela contribuerait-il à accroître le fardeau des plus
pauvres? Est-ce qu’il y aura vraiment
réduction de taxe ou l’argent ira ailleurs?
Est-ce que cela contribuerai à réduire les taxes des plus riches, les
plus pauvre étant exempté de taxe devant maintenant payer l’utilisation du bien
public comme tout autre produit commercial? Devrait-il y avoir un minimum d’eau gratuite permise et
tarification une fois ce minimum dépassé? Cette
dernière proposition serait peut être un incitatif à la réduction du
gaspillage. Mais pour être équitable, il ne faudrait permettre l’utilisation
gratuite de l’eau par les entreprises comme mode de subvention, car cela va à
l’encontre du message que l’eau a une valeur sociale et économique, est rare et
doit être protégé par tous.
Il faut aussi être très prudent face aux notions
de privatisation et de partenariat dans le domaine de l’eau, car si c’est un
bien mondial et une richesse patrimoniale, on ne peut autoriser l’entreprise
privée à en tirer bénéfice. Et l’eau attire les entreprises privées. Je ne dis
pas qu’elles n’ont pas un apport, mais cet apport ne doit pas se transformer en
prise de contrôle et en tarification d’un bien communal de leur part.
D’ailleurs, pour les tenants des privatisations comme modèle de gestion,
n’oubliez jamais qu’Enron est né de la
déréglementation du secteur énergétique aux Etats-Unis. Et Enron
ne fut pas un modèle de gestion, mais bien davantage un modèle d’arnaque… Alors
la supériorité du privé? N’oubliez jamais que les gestionnaires du privé ou du
public sortent souvent des mêmes écoles de gestion. Mais les uns rêvent peut
être de la finance comme moyen d’enrichissement personnel et les autres de la
gestion comme un levier pour aider les autres. La différence n’est pas tant
dans l’éducation et le talent, mais dans les valeurs personnelles de
dépassement de soi… Sinon pourquoi un MBA choisirait de s’investir dans la
gestion d’un organisme charitable ou communautaire et un autre dans le privé
avec des bonis mirobolant à diplôme égal? Alors attention aux sirènes des
privatisations, d’autant plus que M. Novak de Lavalin International l’a dit, même privé, nous avons
besoin de subsides gouvernementaux! Alors tant qu’à mettre des fonds publics,
aussi bien en avoir le plein contrôle.
Un autre conférencier que nous avons apprécié
fut le Maire de Winnipeg, qui nous a dit être natif de Rosemont, Montréal PQ,
et qui ne se définit ni de gauche ni de droite. Il veut faire du développement
durable dans sa ville et espère être la première ville canadienne à signer le protocole de Kyoto.
En filigrane la question des pays se posait dans
le cadre de la mondialisation. Avec les accords internationaux passerons-nous
plutôt à des formes de gouvernements continentaux et mondiaux d’un côté et
régional/municipal de l’autre? Plusieurs des participants soulignaient que pour
la plupart des gens le gouvernement de proximité, celui qui comprend les
problèmes et devrait les résoudre, c’est le municipal. Mais ils n’ont pas les
moyens, les autres paliers gouvernementaux
les conservant même s’ils transfèrent les responsabilités au niveau
local. Ce nouveau discours venait autant du Canada anglais que de Montréal ou
d’ailleurs dans le monde à cette conférence. Une tendance qui se dessine? A
quand le mouvement des villes souveraines?
Il est clair que les infos recueillies ou
entendus à cette conférence nous inspirerons certainement dans l’avenir. Nous avons apprécié.
Liens
ITEMS International (qui travaillent
démocratie/connaissance/multimédia avec, notamment, le Dr Sylviane Toporkoff
que nous avons rencontré à cette conférence) : www.items.fr
Issy-Les-Moulineaux (ville française qui élargie
la démocratie avec les citoyens par
l’usage de l’Internet. Projet fait avec ITEMS International et le Dr Sylviane Toporkoff) : www.issy.com
Winnipeg : www.city.winnipeg.mb.ca
Lombardie (Italie): www.regione.lombardia.it
Commune de Milan (Italie) : www.comune.milano.it
Porto Alegre
(Brésil) : www.portoalegre.rs.gov.br
Michel Handfield
***
Montréal, le jeudi, 17 janvier, 2002
Projet de l’autoroute Notre-Dame
Je n’avais pas prévu présenter de mémoire sur le
sujet, mais ayant entendu à la radio qu’un grave accident de la circulation est
arrivé au coin des rues Pie-IX et Notre-Dame (que les
gens qualifient d’autoroute Notre-Dame) ce matin, ceci m’amène à vous faire un
bref commentaire.
Premièrement, si on va de l’avant avec une
« autoroute à la Décarie » soit disant pour accommoder la circulation
lourde du port, il faudra beaucoup d’entrées et de sorties sur de courtes
distances, ce qui ne sera pas sécuritaire vu la vitesse et le poids des
véhicules en cause;
Deuxièmement, comme on est en milieu urbain
pourquoi ne pas faire comme Toronto et faire un boulevard urbain. Toronto n’a
pas eu peur de démanteler la partie Est du « Gardiner Expressway »
pour faire un projet de boulevard urbain, de parcs et de pistes cyclables. Le
Devoir en a d’ailleurs parlé et je vous invite à consulter le site de la ville
de Toronto sur le sujet : http://www.city.toronto.on.ca/roads/gardiner_dismantle.htm;
Enfin, le port de Montréal pourrait faire une
voie de service pour les camions qui ont à faire du transport portuaire. Ainsi,
le réseau routier serait allégé de ce fret et cela nuirait peu à l’efficacité
du port. Si les employés doivent partout faire plus avec moins, je ne vois pas
pourquoi le port ne pourrait pas adopter la même philosophie et réorganiser son
espace pour faire autant tout en se dégageant une voie de déserte pour son
camionnage.
Bien à vous,
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
Co-éditeur de Societas Criticus
***
vendredi, 15 novembre, 2002
Le Salon du livre de Montréal a ouvert son édition 2002!
(14 au 18 novembre
2002)
Comme chaque année Societas Criticus a été au
salon du livre. Mais cette année au lieu d’y aller avec mon co-éditeur, nous
avons fait du nouveau. J’y ai été accompagné d’une étudiante en éducation qui a
regardé les livres pour enfants et qui nous fait occasionnellement des textes,
Audrée Anne Dupont. Elle devrait d’ailleurs revenir sur les livres qu’elle a
choisies au cours des prochains jours ou des prochaines semaines – car elle est
à l’université et travaille en plus. Je lui laisse d’abord la parole, comme
invitée :
Le tour du salon
d’Audrée Anne
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours
aimé lire… C’est avec plaisir que je suis allé visiter le salon du livre ce
jeudi. Je voulais en connaître davantage
sur ce qui était offert dans la littérature jeunesse. Je n’ai vraiment pas manqué
d’informations. Je me suis promené de
kiosque en kiosque en ramassant le plus d’informations possible sur les
collections et livres offerts.
Aux éditions Vermillon, j’ai rencontré Lysette
Brochu, auteure du livre Moi, Mabel, la vache
volante. Ce fut une rencontre
agréable où j’ai pu échanger avec l’auteure sur l’importance de la lecture à
l’école et comment elle suscitait de l’intérêt en racontant les histoires de
ses livres. Une critique est à venir…
Mais en attendant vous pouvez toujours visiter son site au www.lysettebrochu.com
Aux éditions Michel Foisy,
j’ai rencontré l’éditeur et l’auteur des livres Marie-Neige
et la plume magique et La carte de hockey magique.
Ce dernier livre s’est déjà vendu 10 000 exemplaires.
Après avoir terminé ces quelques lignes, je
mettrai le nez dans ces livres pour y
découvrir tout un monde enchanteur… Je vous ferai donc part de mes commentaires
dans un prochain article.
Il est bon de noter que le Salon du livre de
Montréal offre des activités jeunesse.
Bonne lecture!
***
Pour ma part je m’étais donnée une mission.
Parler du salon sous un autre angle que la sociopolitique et l’économique. J’ai
choisi la cuisine. Il y a beaucoup et j’ai l’impression de ne pas avoir tout vu
dans les 5 heures que j’aie été là! Car la place Bonaventure a été rénovée et le salon est plus grand qu’il
ne l’était. Vous aurez plus à voir cette
année. C’est mon impression.
Respectons notre thème. Sur la cuisine il y a
plusieurs livres. De recettes, c’est sûr! Mais aussi sur des thématiques, car
c’est ce que je regardais : les vins, les fromages, les cafés, etc. Ce
peut être le genre de cadeau à faire à quelqu’un qui a une passion. Par exemple
sur les épices ou les cafés. D’ailleurs j’en ai trouvé un sur « Les
épices de santé » d’Élizabeth Lemoyne aux Éditions Molières (2002). Quelle ne fut pas ma joie de voir que
les piments forts – que j’ai appris à aimer grâce à des amis italiens - font partis des épices santés… (http://www.biblairie.qc.ca).
Nous avons aussi vu « Les ABCdaires » de Flammarion. Très bien fait avec des
sujets comme les épices, le café, le vin, etc. et d’autres sujets variés comme
le cubisme par exemple. Et ailleurs des
livres sur les liqueurs, les fromages, les scotchs, etc. Bref des idées
cadeaux. Cela nous donne le goût de demander aux éditeurs de nous envoyez
quelques livres saveurs pour que nous en parlions avant le temps des fêtes. Nos
lecteurs découvriraient ainsi notre côté épicurien, car nous n’aimons pas que
la politique!
J’avoue avoir peu regardé les livres de
recettes, car je fais la cuisine et je suis davantage créatif (en passant je
sers mes pommes de terre au four avec un petit plat contenant sel de mer, huile
d’olive aux agrumes et, au goût, quelques gouttes de vinaigre balsamique!que)
que « suiveux » de recettes! Cependant il y a de très beaux livres de
recettes au salon. Mais, malgré ma « créativité » il y en a un qui a
attiré mon attention et sur lequel je veux attirer la votre:
Marie-Josée Bettez et Éric
Théroux, 2002, Déjouer les allergies alimentaires, Québec
Amérique
Ce livre est particulier, car il se penche
sur les allergies et propose des substituts par quoi les remplacer dans les
recettes! Il comporte des explications, tableaux et recettes! (www.quebec-amerique.com)
Naturellement, on ne peut sortir la politique
de Societas Criticus. Deux livres ont donc attiré notre attention chez écosociété :
- J-Claude St-Onge, 2002, Dieu est mon
copilote. « Effectuant une relecture des Livres saints des trois
grandes religions monothéistes (l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et le
Coran), l’auteur montre qu’aucun d’entre eux n’est plus ou moins violent que
l’autre. » (Jaquette arrière du livre)
- Zehira Houfani-Berfas, 2002, Lettre d’une musulmane aux
Nord-Américaines. Les 3000 victimes états-uniennes ont causé tout un
émoi. Les 800 000 victimes du Rwanda on-t-elle « eu droit à une
minute de silence »? Le livre d’une femme engagée. (D’après la jaquette
arrière)
Nous avons aussi vu un très beau livre sur
Hugo le politique. Nous vous en parlerons dès que nous le recevrons. En fait
nous reviendrons plus tard sur tous ces livres en nos pages.
Michel Handfield
***
Nouvelle chronique pour les livres que nous
avons reçu, car nous ne pouvons tous les lire en criant ciseau! Mais nous
cherchions comment en parler en attendant d’en faire une critique ou d’en
parler dans un dossier, car il peut s’écouler un certain délai entre la
réception et le texte. Cette nouvelle chronique répond à ce besoin.
Pierre-André Taguieff,
2002, La couleur et le sang – Doctrines racistes à la française,
France : Mille et une nuits, essai (326 pp)
« Depuis environ cinq siècles, le mythe du
« sang pur », l’imaginaire autour de la couleur de la peau… se sont à la fois
succédé et croisés.» nous
annonce la jaquette! Bref ce livre se penche sur la question du racisme en
France. Mais le racisme a quelque chose d’universel – malheureusement! - et les analyses de l’auteur sur les
« quatre principaux types de systèmes de pensée fondés sur l’idée de
race » sont certainement d’intérêt pour ici comme pour en France ou
ailleurs.
Jeremy Rifkin, 2002, L’économie hydrogène,
Paris : La découverte (334 p.)
Le dernier Rifkin resoulève la question de la
crise du pétrole, la majorité des réserves de l’or noir étant au Moyen-Orient,
une région géopolitiquement instable… Nos choix, les énergies polluantes (comme
le charbon) ou de nouvelles sources énergétiques comme l’hydrogène. Jeremy
Rifkin refait de la prospective et ce n’est pas mauvais; il faut tracer des
plans, mêmes s’ils sont imparfaits, pour avancer. Rifkin sait le faire.
David Shipler, 2002, L’étoile
et le croissant, France : Presses de la Cité (637 p.)
Ce livre fut publié pour la première fois en
1988 et couronné du prix Pulitzer. L’auteur était allé sur le terrain pour
brosser un portrait de la situation du Proche-Orient. Avec des témoignages
d’Israéliens et de Palestiniens « de base »! L’auteur y est retourné
15 ans plus tard et a rencontré ses interlocuteurs d’antan. Ils lui ont raconté
ce qui a changé!
***
Spécial Salon du livre
Catégorie Enfants
16 novembre 2002
Brochu,
Lysette. Moi, Mabel,
la vache volante.
Illustrations de Joanne Girard.
Editions du Vermillon, mars 2002.
Moi, Mabel,
la vache volante
Il
existe un temps dans la vie de quelqu’un où il se pose des questions sur
lui-même et voudrait changer… L’histoire de Mabel
illustre très bien cette idée. En effet,
c’est que Mabel se trouve grosse et aimerait bien
voler dans le ciel. Avec l’aide de
Denis, elle y parviendra pour se rendre compte qu’il vaut mieux rester
soi-même.
Les
illustrations sont magnifiques et le texte court. Le livre se lit donc très bien et peut
facilement être raconté à des enfants. L’histoire saura les toucher puisqu’ils
pourront s’associer à Mabel. L’auteure suggère ce
conte pour les 10 ans et moins. Sur son
site www.lysettebrochu.com , Mme Brochu nous donne des suggestions d’activités en rapport avec son
conte et les vaches (bricolage, coloriage, assemblage, chansons…). Un site bien rempli qui accompagne ce petit
livre avec une morale charmante : « Je suis bien dans ma peau ».
Audrée Anne Dupont.
vendredi, 15 novembre, 2002
Michel Foisy, 2003, La carte de hockey
magique (Préface de Maurice Richard), Ste-Thérèse :
Michel Foisy éditeur
Quand j’ai vu le titre de ce livre, j’étais réticente. Disons que les
sports et moi, ça fait deux! Cependant j’ai été charmé par l’histoire. C’est
rempli de jeux de mots et d’expressions amusantes :
(…) Explique-nous le
théorème de Pythagore, dit le professeur.
« Euh! » balbutiai-je. C’était vraiment un cas de sinus! J’en
prendrais pour mon rhume et sur quelle tangente me diriger? (p. 60)
C’est un roman qui saura plaire tant aux filles qu’aux garçons, où se
mêlent jeu de mots, histoire d’amour et noms de joueurs de hockey. L’histoire
est originale. Faire une machine voyager dans le temps qui s’active avec la
« carte de hockey magique », celle de Maurice Richard. Ça sort de
l’ordinaire.
Les jeunes pourront facilement s’associer au personnage principal,
Maxime, un adolescent comme les autres (il a des boutons, des amis et tombe en
amour!). Une histoire qui se lit très bien. Il y a même une suite, La carte
de 1 000 000$. C’est à suivre!
Audrée Anne Dupont
***
dimanche, 27 octobre, 2002
Mondialisation, Communication et Éthique!
Michel Handfield
Christian Arnsperger
et Philippe Van Parijs, 2000, Éthique
économique et sociale, Paris : La découverte/Repères
Rapport de l’UNRISD,
2000, Mains visibles – assumer la responsabilité du développement social,
Suisse
Omar Aktouf, 2002, La
stratégie de l’autruche, Montréal : écosociété
Possibles, automne 2002, Les cultures face
à la mondialisation, Montréal
***
Il y a
quelques mois nous avions en tête un dossier dans lequel nous prévoyions parler
des courants politique et économique mondiaux. Nous avions demandé les
livres « Éthique économique et
sociale » et « Mains visibles
– assumer la responsabilité du développement social » à titre de
documentation, car l’un parle de ces courants d’un point de vue éthique et
l’autre du modèle néo-libéral montant. Mais nos dossiers n’aboutissent pas
toujours. On ne les perd pas non plus, car ce dossier non terminé peut en
alimenter d’autres. Tous comme ces livres pourront servir de référence à
d’autres textes. Mais vu leur intérêt, la sortie de la revue Possible sur la
culture et le dernier ouvrage d’Omar Aktouf, c’était
l’occasion d’en parler ici.
*
**
D’abord, regardons l’Éthique économique et
sociale. A écouter les bulletins de nouvelles et les lignes ouvertes on
a le choix entre des néo-libéraux et des socialistes; tous les deux déconnectés
de la réalité naturellement. En fait on est porté à la simplification
dichotomique! Mais la réalité est
beaucoup plus complexe. Dans ce livre on passe 4 courants en revue :
l’utilitarisme; le libertarisme; le marxisme; l’égalitarisme libéral de John Rawls et des variations à partir de Rawls!
Le prologue sur l’éthique, qui est fort
théorique, n’est pas des plus facile à lire. Il vous fera travailler, car on
est en zone inconnue. Presque en philosophie pure. La suite change de ton.
Devient beaucoup plus concrète, car les chapitres qui suivent en première
partie traitent de chacun un des grands courants. Et ces courants on les
comprends bien, car on les vit ou ont souhaiterait les vivres. Le libertarisme,
par exemple, c’est ce dont on entend beaucoup parler actuellement sous le
nom plus populaire de néolibéralisme: le recul de l’État providence et la
montée du privé. Mais ce n’est pas un modèle inéluctable comme certains veulent nous le faire croire.
Il y a d’autres modèles. Pas seulement le socialisme ou le marxisme d’ailleurs.
Il y a aussi l’utilitarisme et l’égalitarisme libéral de John Rawls! Personnellement je l’ai bien aimé celui-là! Et dans
les variations à partir de Rawls on parle de la
question du revenu de citoyenneté à partir d’un point de vue éthique.
D’intérêt, je vous dis.
Mais attention, tous les modèles ont des forces
et des faiblesses. Il est sûr qu’en 120 quelques pages on ne va peut être pas
au fond de tout, mais je peux vous dire qu’on va beaucoup plus loin, mais de
façon concise, que bien d’autres textes.
La seconde partie se compose de deux exemples,
l’un sur la santé et l’autre sur l’immigration, examinée à la lumière de chacun
des courants vus dans le livre. Ce sont des questions débattues partout dans le
monde et auxquelles tant le spécialiste que l’ouvrier ou le sans emploi
débattent que ce soit autour d’un scotch dans un Club privé ou d’une bière sur
la table de la cuisine. De quoi éclairer le profane et l’aider à comprendre les
enjeux électoraux, s’il est prêt à y mettre un certain effort. Un livre
intéressant pour le spécialiste aussi, car éthique et politique semblent
parfois aux antipodes! Mais la notion même d’éthique est influencée par l’idéal
type politique. Et ce qui est non éthique pour un courant peut l’être pour
l’autre.
*
**
Le rapport de l’UNRISD, United Nations Reseach
Institue for Social Development ou, en français,
l’Institut de Recherche des Nations Unies pour le Développement Social, est une
brique de près de 200 pages en grand format (20cmX26cm). C’est aussi une brique
au sens où ce rapport frappe fort. Car on y questionne les accords économiques
d’un point de vue social. Ainsi, en page xvii on y
écrit :
« … l’une des
grandes réussites de la société civile internationale dans les années 90 a été
de faire capoter en 1998 l’Accord Multilatéral sur les Investissements (AMI),
ou du moins de l’avoir provisoirement écarté. »
Ce rapport est donc d’intérêt car il en examine les
facettes et les impacts que ce soit sur la démocratie, le développement
durable, le secteur public, etc.
Ainsi certaines critiques de la mondialisation
seraient fondées. On n’en parle malheureusement très peu dans la sphère
politique et on nous la présente plutôt comme étant inéluctable et porteuse de
bien être. Mais bien être pour qui?
*
**
C’est cette dernière question que regarde Omar Aktouf dans. La stratégie de l’autruche. Nous
n’avons pas terminé de le lire, mais il coulait de source que nous devions en
parler ici, car la mondialisation néolibérale est un choix éthique qui en
rejette d’autres. C’est le choix du marché et le rejet de la justice
sociale :
« Les
néolibéraux ont parachevé le tout en décrétant (…) qu’il existait une
incompatibilité originelle entre le marché et la justice sociale, et que bien
sûr, l’attitude scientifique et rationnelle commandait de choisir le marché
contre la justice sociale. » (p. 42)
Aktouf ne manque pas de référents et fait monter ce modèle au temps ancien, car
déjà Aristote distinguait entre l’économique, qui signifiait la recherche du
bien-être et de la communauté, donc produire pour le bien de tous, et la
chrématistique, qui signifie plutôt produire pour le plaisir de l’accumulation.
(p. 72) Et les exemples ne manquent pas, des entreprises délaissant leur raison
d’être – la production créatrice d’emplois et de valeurs d’usage – pour la
spéculation – réducteur d’emplois mais créateur de valeur financière. Et les
exemples d’entreprises qui congédient en même temps que leurs profits
atteignent des sommets ne manquent pas.
Ce livre est bien écrit, par un humaniste qui
s’intéresse a plus qu’un seul bilan financier des entreprises. Leur bilan
social et humaniste est tout aussi important. Un livre à lire pour comprendre
l’incompréhensible. Pour comprendre pourquoi des entreprises subventionnées
réduisent leur personnel tout en faisant des profits record! Après lorsque un
politicien ou un manager vous expliqueront que le profit est essentiel et que
s’il s’accroît, alors il pourra contribuer, en tombant vers le bas, à améliorer
le sort des plus pauvres et que cela justifie amplement une subvention de 235
millions à une entreprise qui a fait 1 milliard de profit, vous pourrez rester
fièrement debout et leur demander comment expliquez-vous « la gigantesque
faillite de la firme financière LTCM (lancée et conseillée par les Prix Nobel ultra-conservateurs Merton et Scholes
et « indemnisée » sur fonds publics) »? (p. 56) On encore
comment GM a fermé malgré ses nombreuses subventions?
*
**
La mondialisation, le néolibéralisme, c’est
économique! Mais pour la culture, qu’en est-il? C’est à cette question que
s’attaque le dernier numéro de la revue possible : « Les
cultures face à la mondialisation ». Car la mondialisation culturelle
existe aussi, même si elle a moins les feux de la rampe. Mondialisation qui
menace les cultures locales par la submersion aux productions culturelles
anglo-saxonnes et Etats-uniennes en particulier. Mais aussi mondialisation au
sens d’échanges et de découvertes de ce qui se fait hors du
« mainstream » commercial
connu. Pensons aux festivals du jazz, Nuits d’Afrique et du nouveau cinéma qui sont des lieux de découvertes à Montréal. La même chose est
aussi vraie ailleurs dans le monde.
Avec la mondialisation, les petites cultures,
les groupes ethno régionaux font entendre leur voix. C’est ainsi que « La
Communauté européenne a proposé en 1992 une Charte européenne des langues
régionales ou minoritaires », mais « seule une minorité de pays l’a
signée jusqu’à présent, comprenant la Croatie mais pas… la France » (Éditorial d’André Thibault, p. 8). C’est
tout dire!
Mais en même temps, même si les films et les téléromans sont en langue du pays, il
faut bien voir que c’est souvent des « soaps » États-uniens traduits.
Autant les québécois que les mexicains et peut être les chinois connaissent les
malheurs des riches tournées par l’industrie hollywoodienne! Cela comble des heures de diffusion sur les
chaînes privées de télédiffusion. Quand Gabriel Gagnon, dans « La culture
québécoise résistera-t-elle à la globalisation? », se demande si les
industries culturelles américaines (cinéma, musique, télévision, magazines,
etc.) seront rapidement prédominante au Canada (pp. 46-7), la question est déjà
dépassée, car pour la masse elle l’est déjà! D’ailleurs plusieurs émissions de
la télé privée viennent des USA et pour celles faites ici, plusieurs
« clonent » déjà le modèle télévisuel des Etats-Unis – avec les rires
en cannes en prime!
Bref, je ne ferai pas le tour de tous les textes
ici, mais si la culture vous intéresse, vous aurez là plus de 170 pages de
lecture pour alimenter votre réflexion.
*
**
Quatre livres d’intérêts, qui ont
complémentaires pour comprendre notre monde et les choix qui s’offrent à nous.
Pour comprendre ce qui se cache derrière les non choix que l’on nous propose
trop souvent :
- Il faut privatiser parce que…;
- La solution est le partenariat… dans la santé,
l’éducation, la construction de ponts, les transports en commun, etc.;
- L’avenir passe par les fusions municipales…;
-L’État a des choix difficile à faire (comme
couper dans les budgets de services au citoyens);
- La culture c’est important pour nous et comme
nous sommes un gouvernement responsable nous suivons ce dossier avec intérêt.
Comprenez donc qu’on aime ça être sur les photos avec les artistes, mais qu’on
a pas trop d’argent à mettre là dedans. On aime mieux subventionner des faiseux d’chars (1) que
d’arts;
- Nous avons un fond de 2, 3, 4 (le chiffre
n’est jamais assez élevé de toute façon) milliards de dollars à travers nos
différents programmes de soutient aux entreprises qui veulent s’installer et se
développer sur notre territoire!
Si vous reconnaissez là le discours de vos
dirigeants, de quelques pays que ce soit, ces livres devraient vous
intéresser.
Note :
1. Pour nos lecteurs étrangers, un char, c’est
une automobile. (Expression québécoise)
Par extension on peut prendre ici toute l’industrie automobile incluant
les usines de camions et d’autobus subventionnées.
************
Philippe Muray, 2002, Chers
djihadistes…, France : mille et une nuits/Fondation du 2 mars
Il le faut le dire au départ, ce livre est
intéressant pour qui veut faire travailler ses neurones. C’est une perspective
française et critique des événements du 11 septembre et de ses suites. Mais
surtout une critique philosophique et cynique de notre civilisation. Si vous
êtes ouvert à réfléchir c’est pour vous.
« Mais notre
plus belle réussite vient encore de ce que nous avons obtenu de nos populations
qu’elles désirent ce que, dans ce domaine comme dans d’autres, elles
subissent. » (p. 15)
En fait, la civilisation occidentale que
certains intégristes attaquent n’est que mirage. C’est un paravent. Notre
civilisation n’est plus civilisation. Elle est commerce. Les citoyens
infantilisés. Les djihadistes croyaient
attaquer les libertés où il n’y a que des modes; une idéologie où on se refuse
voir la réalité. Notre civilisation se passionne davantage pour Harry Potter
que pour comprendre ce que signifie la mondialisation : « il est en
effet capital, chez nous, de penser à rien et de trouver que c’est le
pied. » (p. 27)
Pendant ce temps l’économie-reine peut s’approprier le bien public, comme
l’eau, pour la revendre au citoyen qui l’avait auparavant; polluer et être
subventionné pour le faire! L’auteur n’a pas peur de provoquer. Il dit des
djihadistes qu’ils sont « les premiers Barbares à s’en prendre à des
Vandales; les premiers incendiaires en concurrence avec des pyromanes » (p.
35).
Un livre à lire, si vous acceptez le jeu, car ce
n’est pas un essai mais un pamphlet qui cherche à faire réfléchir par la
provocation. Et qui n’a pas tort!
Michel Handfield
***
Se mettre à date!
Michel Handfield
(samedi, 27 avril, 2002)
Cette chronique livre est une remise à date.
Depuis les 2 ou 3 dernières années nous avons demandés quelques livres à des
éditeurs soit pour en faire une critique, soit pour documenter des dossiers.
Nous avons parlé de la plupart des livres reçus, sauf quelques rares exceptions
où :
i) nous avons reçu
le livre une fois le dossier
complété;
ii) le dossier ne fut pas complété ni publié pour
diverses raisons;
iii) nous avons donné le livre contre une critique…
qui n’est jamais venue;
iv) le livre nous fut retourné sans la
critique!
Ce sont les aléas d’une revue qui n’ôtent en
rien à la qualité de ces livres. En fait, comme nous regardons toujours les
livres en librairie avant de les demander,
le fait d’en avoir fait la demande est déjà un certain gage de
qualité.
Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de
faire un survol de ces livres « oubliés »! Nous sommes donc sûr d’un certain niveau de
qualité et nous n’avons pas peur de vous en parler même si nous ne les avons
pas nécessairement tous lu de la première à la dernière ligne!
***
Jean-Guy Vaillancourt, Michel Séguin, Louis
Maheu et Liliane Cotnoir, 1999, La gestion
écologique des déchets, Montréal : Presses de l’université de
Montréal
Recueil de textes montrant comment les luttes
sociales et les pratiques citoyennes ont un impact sur l’environnement et notre
qualité de vie. Comment des citoyens et
des groupes qui regardent leur milieu attirent le regard de la police (chapitre
2 : Mouvements de base et groupes environnementaux)! Ou encore comment,
même si on est pris dans une mondialisation au-dessus de nos têtes, la
communauté rapprochée a son importance dans la
recherche et l’application de nouvelles solutions :
« … il semble
bien que des expériences d’économie sociale environnementale comme celles des ressourceries, qui sont basées sur un communautarisme
éthique et sociopolitique répondant aux besoins immédiats de la population,
nous tracent des voies originales à suivre pour éviter tant le nouveau « managerialism » que l’ancien modèle de gestion breaucratique. » (p .
183)
***
Brigitte Dumas, Camille Raymond et Jean-Guy
Vaillancourt (Sous la direction de), 1999, Les sciences sociales de
l’environnement, Montréal :
Presses de l’université de Montréal
Recueil de textes couvrant différents aspects de
l’environnement vu sous l’angle des sciences sociales. On navigue entre théorie et pratique, avec la particularité
que la pratique en science sociale ne place pas toujours le chercheur ou le
scientifique au dessus de la mêlée, mais souvent dans la mêlée! Ses valeurs
auront certainement un impact sur ses choix de recherche et les questions qu’il
posera.
***
George Woodcock et
Ivan Avakumovic, 1997, Pierre Kropotkine,
prince anarchiste, Montréal: écosociété
Kropotkine, à la fois aventurier,
révolutionnaire, scientifique et visionnaire! Citoyen et réfugié, prisonnier et
homme libre. Car son œuvre en est une de liberté! Et sa pensée est réactualisée
suite à la chute du communiste, car pour lui la révolution russe de 1917 devait
célébrer la liberté. Ce ne fut pas le cas.
Ouvrage qui se lit comme un roman, car la vie de
Kropotkine en fut une d’aventure!
***
Jacques B. Gélinas, 2000, La globalisation
du monde - Laisser faire ou faire?
Montréal : écosociété
Le marché. Aller au marché Jean-Talon
à Montréal, regarder la marchandise d’un producteur/vendeur à l’autre, négocier
le prix, voilà ce qui a influencé les économistes qui parlent du marché. Mais ces marchés ne
sont plus la norme. Ils sont minorités à côté des conglomérats de l’alimentation
dont les prix sont identiques d’un établissement à l’autre et non négociables,
les commis n’ayant aucun pouvoir sur le prix de vente. C’est le genre de truc
que l’on peut comprendre en lisant ce livre. La différence entre la réalité et
les lois économiques! (Cet exemple est inspiré de la section « Du marché
local au marché global », pp. 56 et suivantes)
Mais ce livre va aussi plus loin en parlant
d’alternatives qui apparaissent au sein même du système actuel!
***
Normand Baillargeon,
2001, Les Chiens ont soif – critiques et propositions libertaires,
Marseille : Agone, Montréal : Comeau et
Nadeau
Première impression : A lire en écoutant
« L’absolutely meilleur of Renaud » au
coton! Car les deux fessent! Les deux sont anar! Ils font flèches de tout bois
morts de la pensée suiveuses! La pensée d’ « Hexagone » et de « Miss Maggie »
de Renaud, se retrouvent dans ce livre qui questionne.
En fait ce livre peut se résumer à cette
citation de Georges Bernard Shaw qu’on y trouve à la page 59 :
«Les gens raisonnables
s’adaptent au monde; les gens déraisonnables persistent à tenter d’adapter le
monde à eux. Tout progrès, dès lors, dépend des gens déraisonnables. »
L’auteur regarde tout, de l’économie mondiale au
téléjournal de Radio-Canada en passant par l’éducation.
Il questionne tout. Ainsi parmi les 100
premières économies mondiales, 51 sont des entreprises! (p. 13)
Le chapitre sur l’économie politique vaut son
pesant d’or! Imaginez un prof qui
demande à ses étudiants ce qu’ils pensent de l’éducation en tant
qu’économistes! Et ces étudiants ne sont pas n’importe qui! Adam Smith, Pareto,
Keynes,… Quelle imagination, mais aussi quelle façon agréable de comprendre
certaines choses….
Un livre d’intérêt.
***
Collectif sous la direction de Corine Gendron et Jean-Guy Vaillancourt, 1998, L’Énergie au Québec Quels sont nos choix,
Montréal : écosociété
Nous avions une idée de dossier autour de la
question de l’énergie, dossier qui est resté en plan, et nous avions demandé ce
livre. Ce livre a déjà 4 ans, mais il est toujours
actuel au moment ou l’Hydro Québec sert davantage d’incitatif économique aux
entreprises qu’aux citoyens et que l’Hydro Ontario a passé à un doigt de la
privatisation n’eut été d’une objection légale des syndicats!
A titre d’exemple le chapitre III s’intitule
« Un public exclu des débats et des décisions sur l’énergie » (par
Barbara Sérandour),
le chapitre IX, « De la Révolution tranquille à la capitulation
tranquille » (par Martin Poirier) et le chapitre VII, « Les coûts et
les dangers du nucléaire » (par Gordon Edwards)! En fait, avec les
problèmes de réchauffement de la planète, la diminution de ressources eaux, et
l’utilisation de l’électricité comme subvention indirecte aux entreprises, ces
questions – et particulièrement la question du nucléaire – nous inquiètent
toujours. Pour être informé, un livre à consulter.
***
Léo-Paul Lauzon, 2001, Contes et comptes du Prof Lauzon – Le
néolibéralisme dénoncé net, fret, sec! Montréal : Lanctôt éditeur
Ce livre réunit les chroniques de Léo-Paul Lauzon parues entre août 1997 et avril 2001 dans
plusieurs journaux et revues communautaires et culturelles tel qu’il le dit
dans son avant-propos.
Pour ceux qui ne le connaissent pas –
probablement dans nos lecteurs à l’extérieur du Québec – Léo-Paul
Lauzon est un prof de comptabilité de l’UQAM qui n’a
pas peur de questionner les faux fuyants et les mythes que propagent les
politiciens et les entrepreneurs sur l’économie. Et il n’est surtout pas gêné.
Il termine ainsi une de ces chroniques en s’adressant ainsi à Bernard Landry (a
cette époque Ministre des finances et maintenant Premier Ministre) :
Je te quitte sur
cette dernière observation, mon cher Bernard : je constate que ton
discours et celui de ta conseillère en communications sont clonés sur ceux du Conseil du patronat
et de la Chambre de commerce et je me pose la question : « Qui
influence qui ? » Il n’y a pas à dire, ta compréhension et ta vision des
finances publiques sont pour le moins singulières… » (p. 17)
Il nous parle aussi de santé, de bourse, de
syndicalisme et autres sujets tout aussi intéressant sous la plume de Léo-Paul. Car il a le sens de la démystification et du
punch. Tient, une autre citation, sur nos souverainistes celle-là :
Au Québec, par
exemple, mon oncle Landry et mon oncle Bouchard, n’en démordent pas, il faut
s’aligner sur les États au plus sacrant! (p. 24)
Je sais, elle est peut être hors contexte, mais
allo souverainistes, qui s’alignent sur les Etats-Unis!
***
Serge Tisseron, 1999, Comment
l’esprit vient aux objets, France : Aubier
La personne à qui nous avions donné ce livre
pour une critique nous l’a remis en nous disant qu’elle ne pouvait écrire
là-dessus car elle se reconnaissait dans le livre. Nous n’avons pas eu le temps
de le lire par la suite, mais probablement que nous aussi nous nous y
reconnaîtrions. La jaquette du livre
nous apprend que l’auteur est psychiatre et psychanalyste et présente ainsi ce
livre :
Du
« doudou » aux portables, en passant par nos bibelots, nos vêtements
et les images de nos écrans, quelle relation entretenons-nous avec les objets
de notre environnement?
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur eux!
***
Pierre Kropotkine, 2001, L’entraide, Un
facteur de l’évolution, Montréal : écosociété, collection
retrouvailles
A l’époque où le libéralisme était encore
débridé, et où l’humain travaillait souvent pour moins que sa subsistance,
Kropotkine proposait une autre conception du progrès, celle-là basée sur
l’entraide et la sociabilité. C’est en 1902 que
paru ce livre. Sa réédition est intéressante, car on a de plus en plus
l’impression de revenir à cette époque du libéralisme débridé, les entreprises
ayant à la fois des subventions pour conserver des emplois et transférant de
large part de leur production dans les pays où les salaires et les lois
environnementales et sociales sont les plus faibles.
***
Michael Hansen et collaborateurs, 2001, La
guerre au vivant – OGM &
mystifications scientifiques, Montréal : Agone/Comeau
& Nadeau
Recueil de textes remettant en cause les biotech! En fait, les biotechnologies semblent davantage
relever de la «spéculation financière » que de la science. Ce qui semble
intéresser les actionnaires est davantage le rendement que les effets des
technos en causes.
Nous avons eu ce livre dans la foulée de notre
dossier Alimentation et biotechnologies (Hiver 2000-2001), car nous
prévoyions revenir sur ce sujet. Ceci ne
s’est cependant pas fait, ce qui est loin d’être une raison de priver le livre
d’une visibilité dans Societas Criticus.
Pour ceux que leur alimentation et que la
science intéresse. Qui sont curieux et critique à la fois. A lire.
***
Noam Chomsky, 2000, Le nouvel
humanisme militaire – Leçons du Kosovo,
Montréal : écosociété
Le sujet militaire et politique mondiale étaient
une autre idée qui nous trottait en tête
pour un texte. Finalement, les événements nous ont plutôt conduit à
faire des éditos sur le sujet. Ce livre avait été demandé pour ce dossier qui
ne s’est jamais réalisé. Mais Chomsky est un fin analyste et son livre tout aussi
éclairant sur la situation actuelle. Voici quelques lignes de ce qu’il est
écrit sur la jaquette arrière :
« Cette première guerre menée par l’OTAN
redéfinit les fondements mêmes du droit international, alors que les
« États éclairés » l’interprètent et l’appliquent selon leurs propres
intérêts, sans aucune crainte de représailles. »
J’aurais le goût d’écrire « sans aucune crainte de
représailles », sauf de « terroristes » et on jurerait que ce
livre décrit ce qui se passe actuellement. Même si nous n’avons pas fait de
dossier, certainement un essentiel pour ceux qui s’intéressent à la politique actuelle. Que vous soyez pour ou
contre cette politique ce livre sera certainement éclairant.
***
Noam Chomsky, 1996, Les dessous de la
politique de l’Oncle Sam, Montréal :
écosociété
Pour rester dans le même sujet, un autre livre
de Chomsky, qui montre comment la guerre fait partie de la politique étrangère
de notre voisin du Sud! Et même quand on croit qu’ils ont perdu, ils ont peut
être gagné, laissant en arrière d’eux des pays divisé et aux prises avec des
luttes internes qui les empêcheront, sinon à tout jamais, de jouer un rôle de
leader dans leur région pour un long laps de temps et permettront aux USA de
s’y implanter pour leur venir en aide! Les Etats-Unis, gardien du Monde! Dans
quel sens? Protecteur ou geôlier? A chacun de lire et de se faire une idée.
Rien n’est jamais tout blanc, ni tout noir. Mais il est bon d’avoir des
critiques acerbes de leur société pour la comprendre autrement parfois. Chomsky
en est un des USA. On doit le lire, ce qui n’oblige pas à être en accord avec lui, mais
cela amène certainement un autre éclairage et des questions nouvelles.
***
Normand Beaudet, 1993,
Le mythe de la défense canadienne, Montréal : écosociété
Dans la foulée du dossier sur le sujet militaire
et la politique mondiale que nous avions
le goût de faire on voulait regarder le rôle du Canada comme partenaire de la
paix, car le Canada ne nous semble pas avoir une armée d’attaque mais plutôt
une armée de gardiens de la paix. Ce livre pouvait nous apporter d’autres
points de vue et nous l’avions demandé pour cette raison. Peut être notre armée
en est-elle une de gardien de la paix, mais notre industrie vit-elle des
conflits?
Nous ne pouvons y répondre, mais si ces
questions vous intéressent, les références officielles et des livres plus
critiques comme celui-ci vous permettront de vous faire une idée plus juste que
de vous fier qu’aux seuls ambassadeurs de la critique du tout gouvernemental et
à leur contre partie du salut par l’entreprise privée militaro-industrielle!
Rien de mieux que de l’information pour comprendre et choisir à ce que l’on
veut croire, car en ce domaine du secret militaire on peut se faire une idée.
Mais peut on vraiment SAVOIR?
***
Jean de Maillard,
2001, Le marché fait sa loi – De l’usage du crime par la mondialisation,
Fondation du 2 mars/Mille et une nuits
L’auteur est magistrat! Le texte est bien écrit
et lorsqu’il y a des données, elles en étonneront plus d’un. L’analyse relève à
la fois du sens commun et de la rationalité, ce qui est fort
rafraîchissant : Ainsi, sur la mondialisation….
Désormais l’OMC a
pour mission de veiller à ce qu’aucune réglementation nationale n’entrave la
liberté du commerce et des
échanges. … il aurait alors fallu
admettre l’évidente nécessité de remplacer les législations nationales et
d’inventer une réglementation mondiale, avec les institutions politiques
adéquates. (…) La globalisation bancale, incomplète qu’on a laissé se créer
ouvre des béances immenses qui se payent le prix fort en termes politiques et
sociaux, et en dérives criminelles. (pp. 111-2)
Comme il est dit sur la jaquette arrière du
livre : « le marché fait désormais sa loi. La criminalité est devenu
un mode banal de formation de plus-value. »
***
Ernesto Che Guevara, 2001, Voyage à
motocyclette latinoamericana – journal de voyage,
Mille et une nuits
Ce livre est écrit à partir des pages de journal
et de souvenir de voyages de Che Guevera.
Il avait 24 ans lorsqu’il est parti avec son ami, Albert Granado,
faire la traversée de l’Amérique latine. Ce qu’il vit influença son destin et
il devint le personnage – révolutionnaire – que l’histoire a retenu. Ce que lui
a retenu de l’histoire avant que l’histoire ne le retienne, c’est un peu ce
livre!
***
mardi, 19 février, 2002
Gerald Messadié, 2000,
Madame Socrate, JC Lattès et Gerald Messadié, 1988,
l’homme qui devint Dieu, Laffont/Le livre de poche
Xanthippe, c’est la femme derrière l’homme, mais
pas au sens de la femme soumise. C’est plutôt un esprit éclairé qui
« allumait » Socrate sur différents thèmes de la politique par ses
questions et ses oppositions. C’était une fonceuse et… un vrai détective avec un sens de l’analyse
aiguisé!
Platon était bisexuel et dans ce temps là ça
n’avait pas l’air d’un problème la bisexualité ou l’homosexualité. C’était une
chose normale qui ne faisait ni ne défaisait la valeur des gens. Nous, qui
évaluons notre progrès démocratique à notre degré d’acceptation des
différences, nous ne sommes peut-être pas si évolué qu’on le croit. Car si nous
avons des racines grecques, nous avons aussi des racines judéo-chrétiennes. Et
du judaïsme nous avons pris plusieurs interdits moraux et une certaine
conception du monde :
« Les Juifs ont
effroyablement simplifié leur représentation du monde, le bien en haut, le mal
en bas. Ils ont du coup éliminé de leurs têtes toutes la complexité du
monde. » (L’homme qui devint Dieu, p. 155)
Mais, tant au siècle de Périclès qu’à celui de
Jésus, la corruption et les intrigues existaient. C’est ainsi que Jésus sortit
les marchand du temple et dénonça les tractations d’affaires et de Pouvoir des
« prêtes » du temps. Mais en même temps il apportait un humanisme
nouveau pour les juifs, rigoristes malgré tout. C’était un rebelle. « Et quel
rebelle, Jésus! » (L’homme qui devint Dieu, p. 364)
A Athènes, 400 ans avant Jésus, Socrate, qui
était considéré comme l’homme le plus sage de la Cité, fut lui aussi déçu des
hommes à qui il faisait confiance et se laissa condamner… Les deux sont morts pour des idéaux plus
grands que leur siècle et de ce que leurs contemporains pouvaient porter!
Diogène, le non conventionnel qui, par sa seule
personnalité, sa vivacité et son insolence, remet en cause les beaux systèmes
et détruit les certitudes, arrive à la
fin du livre « Madame Socrate » et questionne les apparences sur
lesquelles on a construit notre civilisation! En fait ces deux livres vont au
cœur de notre civilisation. La démocratie dont la Grèce est le berceau d’une
part et notre morale judéo-chrétienne d’autre part. .
Deux livre pour les amateurs d’histoire – car ce
sont des romans avec une forte dose d’historicité – et pour qui veut comprendre
notre temps. D’ailleurs, on questionne actuellement la possibilité pour les
couples homosexuel(le)s d’être parents. Les positions
en cause étaient là bien avant nous. D’un côté, chez les Grecs l’homme pouvait
à la fois avoir des enfants avec sa femme et des relations homosexuelles avec
son amant. De l’autre, dans le judaïsme et les débuts du Christianisme une
toute autre morale existait. Nos racines sont là et nos débats y plongent
encore! L’histoire actuelle…
Gaétan Chênevert
Michel Handfield
19 février, 2002
***
Fernand Patry, 2001,
L’évangile de Marie-Madeleine, Motréal : Libre
Expression, 237 p.
En lisant ce livre, je n’étais jamais sûre
d’être dans la fiction, vu la qualité d’écriture. C’est probablement là toute
la force du livre, car il porte à réfléchir et se questionner sur le message
chrétien et son côté misogyne :
« Les secrets
et les mystères sont si ancrés dans la tradition de l’Église catholique que
sans eux la foi n’existerait pas. En tant que femme, j’ai parfois l’impression
que l’Église fonctionne comme une secte masculine qui se protège derrière la
muraille du silence, de la suspicion et du secret. Jésus a certainement été
plus transparent que ses successeurs. » (p. 66)
Ce roman tourne autour de la relation que Jésus
avait avec Marie-Madeleine, relation de confiance qui élève celle-ci au rang de
« disciple bien aimée » et d’apôtre! D’ailleurs, l’une des lettres
commence ainsi :
Cette lettre
posthume, je la dédie à mon père Joseph. J’en confie l’écriture a ma bien-aimée disciple Marie, …. (p. 125)
Car Jésus ne fut pas crucifié pour rien :
il était un révolutionnaire pour le temps par ses idées libérales et
égalitaires…
« Il utilise la
Loi mais la conduit à son achèvement en évidence l’égalité entre les hommes et
les femmes. C’est audacieux de sa part mais conforme à l’attitude provocatrice
que lui prêtent les écrits évangéliques. » (p. 108)
Un livre qui actualise le message chrétien et
qui permet au lecteur, à travers la lecture de ce récit, de se questionner sur
ce message. Qu’en est-il aujourd’hui? Comment le comprendre?
Cette fiction,
imaginée par le prêtre dominicain Fernand Patry
maintenant animateur de pastorale au CHUM Hôtel-Dieu, est à lire peu importe votre foi pour ses
questionnements contemporains.
Sylvie Dupont
***
jeudi, 31 janvier, 2002
Noam Chomsky, 2001, De la guerre comme
politique étrangère des Etats-Unis, France : Agone (Québec : Comeau & Nadeau)
Le second livre pour comprendre la politique
Etats-uniennes après Le Prince de Machiavel, qui lui permet de
comprendre toute La Politique de quelque État que ce soit! Car ce pourquoi on
agit n’est pas toujours avouable. Ce qu’on dit et ce qu’on fait, est loin
d’être toujours pareil! C’est souvent le contraire même! Le livre d’un
illuminé, croirons certains d’entre vous. Non, le
livre d’un professeur du Massachussets Institute of Technology (MIT) de
Boston, mais aussi militant libertaire.
Il montre l’officiel et l’inavouable de la
politique étrangère de notre voisin du Sud! L’officiel : le rôle de
pacificateur et de gendarme du monde des USA. Le rôle de policier contre le
terrorisme aussi. L’inavouable, dans un document du Département d’État datant
de 1940 :
« Avec
seulement 6,3% de la population mondiale, nous représentons près de 50% de la
richesse mondiale (…). Notre tâche principale, dans les années à venir, est de
mettre en place un système de relations internationales qui nous permette de
maintenir ce déséquilibre. (…) Nous devrions cesser d’évoquer des principes
aussi irréalistes et flous que les droits de l’homme, l’amélioration du niveau
de vie et la démocratisation.» (PPS, 23 février 1948) (Chomsky, pp. 30-1)
Ce livre est très actuel, car il permet aussi de
comprendre le processus de domination/action des USA :
« Il est
remarquable, en effet, que les Etats-Unis tentent de s’inventer régulièrement –
et assez systématiquement – des ennemis dès qu’un pays lui échappe
effectivement. Nous souhaitons alors faire de ce pays une base soviétique
[maintenant que l’URSS a perdu sa puissance, est-ce qu’on en fait une base du
terrorisme?] pour justifier l’agression que nous devons mener contre lui en
accord avec les principes géopolitiques qui nous guident et assurent notre
mainmise sur une grande partie du globe. » (p. 37)
Naturellement on y apprend plein de chose. Que
le grand défenseur de la démocratie, en 1965, a « appuyé un coup d’État en
Indonésie qui entraîna le massacre de près de 700 000 personnes – pour la
plupart des paysans sans terres -, transformant en quelque mois le pays en un
véritable « paradis pour investisseurs ». (p. 43)
Naturellement, cela est toujours fait dans
l’intérêt national des USA, mais, attention, comme le dit Chomsky :
«(…) l’intérêt national, cela ne concerne pas
nécessairement le peuple américain. Il s’agit plutôt de l’intérêt de
ceux qui dominent, contrôlent, possèdent ou influencent l’économie américaine.»
(p. 29)
Car l’intérêt premier est l’intérêt économique…
C’est ainsi qu’ils n’agissent pas dans certains dossiers de politique
internationale, même lorsqu’il y a génocide, mais sont prêt à agir en un quart
d’heure dans d’autres cas selon leurs intérêts économiques en jeu!
On peut toujours se dire qu’il y a l’ONU qui
peut lever une force de paix. Mais encore là les USA n’en ont rien à faire, car
seul leur intérêt compte. Le monde est à leur service, leur fournisseur. Eux
n’ont que faire de leurs obligations, pourtant bien réelles:
«Les Etats-Unis, par
exemple, sont pratiquement en passe de faire disparaître l’ONU en refusant de
payer ce qu’ils lui doivent conformément aux traités. Ces sommes sont de
véritables dettes mais les Etats-Unis ne les paient pas car ce serait sacrifier
la souveraineté du pays. Pourquoi devrions-nous permettre à une organisation
que nous ne maîtrisons pas de
fonctionner aux dépends de notre liberté d’action? Voilà pourquoi les
Etats-Unis ne paient pas leurs dettes. » (p. 184)
Pour ces mêmes raisons de leur souveraineté et
liberté – mais qu’en est-il de la liberté de ceux qui travaillent à 1$/jour
dans les filiales étrangères de leurs entreprises ou de ceux qui sont sous des
dictatures parce que le « régime » est ami de Washington? – ils
refusent l’instauration d’une cour internationale de justice «chargée de
poursuivre les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité» (p. 182)! Leur bilan est aussi pauvre pour les
conventions internationales des droits de l’Homme. Leur bilan est l’un des
pires du monde nous dit Chomsky :
«En fait, au sens
strict, les Etats-Unis n’ont jamais signé de conventions, et, lorsqu’ils l’ont
fait, ce qui est très rare, ils imposent systématiquement une clause de réserve
dont les termes exacts sont : «Ne peut s’appliquer aux Etats-Unis.» (p.
183)
Je me demande si cela ne les place pas au même
rang que certains pays qu’ils dénoncent pour leur intégrisme, car l’intégrisme
économique, qui oublie le social et l’humanisme, n’est-il pas comparable à
l’intégrisme religieux qu’ils dénoncent? La peine de mort aux Etats-Unis, dans
un pays communiste, une dictature ou un pays musulman, est toujours la peine de mort!
Ceci est plausible et j’en ai eu la preuve
aujourd’hui même dans La Presse! En effet :
«Lorsqu’un avocat
lui a demandé, hier, pourquoi il ne voulait pas aller aux Etats-Unis, Ikhlef a répondu qu’il avait suivi les conseils de la GRC. « Deux agents de la GRC m’ont dit que c’était
mieux pour moi de rester au Canada, a-t-il déclaré. Ils m’ont fait comprendre
qu’aux Etats-Unis, je risquerais de ne pas profiter de tous mes droits
démocratiques.» (Procès de Mourad Ikhlef, Une
policière de la GRC fréquentait un « nid de terroristes » à Anjou,
in La Presse, Jeudi 31 janvier 2002, p. A 11)
Si la GRC le dit… je ne les contredirai
certainement pas! D’ailleurs Monsieur Bush ne veut pas reconnaître les
prisonniers Talibans comme des prisonniers de guerre, pour ne pas qu’ils aient
les droits associés à ce statut, pourtant il a dit à la Planète entière que c’était
une guerre au terrorisme. Comment alors des prisonniers d’une guerre reconnue
comme telle ne peuvent être considérés comme prisonniers de guerre?
Un livre à lire. Je le conseille aussi à ceux
qui sont des défenseurs des USA et de Bush, car la vision que les médias nous
en donnent est-elle la bonne? Est-elle la vraie? Un clip de 30 secondes d’une
vue peut vous faire aller voir un navet au Cinéma et le regretter alors
pourquoi un clip de 30 secondes d’un Président au Télé journal devrait-il lui
donner un appui indéfectible de son peuple et de tous les autres pays sans se
questionner? Si on a des Offices de
protection des consommateurs et que l’on est de plus en plus avisé au niveau de
la consommation, pourquoi n’est-on pas aussi vigilant au niveau politique?
Et si vous voulez continuer dans la même veine,
un autre livre de Noam Chomsky est à lire : Responsabilités des
intellectuels, Marseille : Agone Éditeur, 1998.
Michel Handfield
***
mercredi, 6 novembre, 2002
Karl Marx, le retour
Howard Zinn (Traduit de l'anglais par Thierry Discepolo)
http://www.agone.org/karlmarxleretour
jeudi, 24 octobre, 2002
http://www.agone.org/delaguerrecommepolitiqueetrangeredesetatsunis
vendredi,
4 octobre, 2002
Serge HALIMI & Dominique VIDAL
L'opinion, ça se travaille
Les medias et les guerres justes:
du Kosovo a l'Afghanistan
(4e édition revue & augmentée)
Le
travail des grands medias avait été "extraordinaire" pendant la
guerre du Golfe, "exemplaire" pendant celle du Kosovo. Au moment des
opérations américaines en Afghanistan, il fut "remarquable". En tout
cas, c'est ainsi que le jugea le président du Conseil supérieur de
l'audiovisuel. Et, une fois encore, l'autosatisfaction immédiate se vit
crédibilisée par une autocritique rétrospective suivant le mode du "C'est
parce que nous sommes irréprochables aujourd'hui que nous pouvons confesser
avoir été mauvais hier".
Comme
toujours, la presse fut très contente de la presse, la télévision se jugea
admirable, la radio manqua de souffle pour clamer ses louanges. Et, dès lors
qu'après le 11 septembre les journaux avaient pulvérisé leurs chiffres de vente
et les télévisions leurs records d'audience, tous s'estimèrent plébiscités par
le public, c'est-à-dire par le marché. Ils avaient idéologiquement contribué au
resserrement de l'emprise américaine sur l'humanité tout entière. Mais cela
n'était plus leur affaire. C'était devenu une vieille habitude. La prochaine
guerre la confirmera.
Deux ans
et demi avant les attentats du 11 septembre 2001 et le lancement de la guerre
contre l'"axe du Mal", la ligne dure, impériale, de l'exercice
solitaire du pouvoir par les Etats-Unis avait triomphé grâce à la guerre du
Kosovo. Journalistes au "Monde diplomatique", Serge Halimi et
Dominique Vidal décryptent ici le traitement médiatique auquel ces
interventions militaires donnèrent lieu.
156
pages - 9 * 18 cm
Prix
9 euros
ISBN :
2-7489-0008-1
http://www.agone.org/lopinioncasetravaille
***
Howard ZINN
Une histoire populaire des
Etats-Unis
De 1492 a nos jours
(Traduit
de l'anglais par Frédéric Cotton)
Cette
histoire des Etats-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels
d'histoire parlent habituellement peu. L'auteur confronte avec minutie la
version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George Walker Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes.
Les Indiens, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes
ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des
années 1980-1990, tous, jusqu'aux victimes contemporaines de la politique
intérieure et étrangère américaine, viennent ainsi battre en brèche la
conception unanimiste de l'histoire officielle.
Howard
Zinn a enseigne l'histoire et les sciences politiques à la Boston University, ou il est aujourd'hui professeur émérite. Son
oeuvre (une douzaine d'ouvrages) est essentiellement consacrée à l'incidence
des mouvements populaires sur la société américaine.
812
pages - 12 x 21 cm
Prix
28 euros
ISBN :
910846-79-2
http://www.agone.org/unehistoirepopulaire
Reçu 25 mai, 2002
REVENIR AUX LUTTES
Agone 26/27, 2002
LES AUTEURS
Franck Poupeau, Fanny Doumayrou, Jean-Philippe Melchior, Paul
Lagneau-Ymonet, Pierre Contesenne, Jacques Toublet, Serge Quadruppani, John
Jordan, Jennifer Whitney, Naomi Klein, Michael Albert, Franck Poupeau,
Serge Halimi, Pierre Rimbert, Louis Pinto, Francois Athane, Thierry
Discepolo, Pierre Bourdieu, Jacques Bouveresse, Jean Bricmont, Aldo G.
Gargani, Marcel Martinet, Alfred Rosmert, Boris Souvarine, Charles Jacquier
AU SOMMAIRE
Éléments pour une critique de la contestation
FRANCK POUPEAU
Parce qu'ils ont pour effet de rendre le mouvement social dépendant de
l'opinion publique, les discours triomphalistes constituent un obstacle a
toute critique interne de la contestation. Ce qui est en jeu alors réside
moins dans les moyens d'action directe utilises que dans les conséquences
éventuelles sur le débat public et sur l'image du mouvement dans les
medias. En outre, cette critique se heurte a la tendance a
l'institutionnalisation des organisations, qui reproduit, dans le champ
militant, la coupure entre les profanes et les professionnels de la
politique.
Licenciement, reclassement, déclassement
FANNY DOUMAYROU
Dans l'avalanche de dégraissages et de fermetures d'usines qui marque
l'actualité sociale, on voit émerger un large consensus des politiques et
des dirigeants d'entreprises pour présenter le "reclassement" comme
solution miracle au problème des licenciements. On explique aux salaries
menaces de perdre leur emploi : "La logique économique est implacable, vos
licenciements, inéluctables, votre résistance, inutile. Votre avenir n'est
pas si sombre, puisque l'on s'engage a vous reclasser. Mieux vaut vous
résigner" Mais la puissance financière des grands groupes ne règle que la
paix sociale, pas l'avenir professionnel des salaries licencies.
Libéralisme & nouveau mode de contrôle des salaries dans l'entreprise
JEAN-PHILIPPE MELCHIOR
Renault-Le Mans peut être présenté comme un type idéal en matière de
conditions de travail et de relations entre la direction et les salaries
dans ce secteur industriel. Au nom de la productivité et de la "qualité",
la direction cherche a supprimer toute forme de résistance et a écarter
tous ceux qui ne s'inscrivent pas pleinement dans la poursuite de ces
objectifs. Les moyens mis en oeuvre pour éradiquer les obstacles a ce
management ramènent les relations sociales a ce qu'elles étaient avant
l'émergence du syndicalisme, quand chaque salarie, prive de toute
possibilité de réaction collective, ne pouvait lutter contre l'exploitation
sans subir personnellement la répression patronale.
"Refondation sociale" & pacification syndicale. Les fonctions de la notion
de 'société civile'" PAUL LAGNEAU-YMONET
L'entreprise de "refondation sociale" menée par le patronat français
depuis 1999 s'appuie sur la redéfinition de termes politiques propres a
promouvoir certains rapports sociaux et a disqualifier toute tentative de
contester aussi bien la légitimité que les effets des politiques
économiques néolibérales. La mobilisation de la notion de "société civile",
qui appartient a des traditions politiques très diverses, constitue un
exemple privilégie de ce travail d'imposition d'une vision du monde social
conforme aux intérêts des décideurs économiques, sous l'impulsion conjointe
du MEDEF et de la CFDT.
Quel corporatisme ? Notes sur la disqualification des mouvements syndicaux
PIERRE CONTESENNE
L'actualité sociale génère régulièrement des néologismes, inventes par
des personnalités politiques ou des journalistes pour designer des faits ou
des acteurs sociaux afin de les disqualifier. La disqualification du
"corporatisme", terme détourné de sa véritable signification au profit
d'une vision libérale du monde social, constitue un lieu commun par lequel
la pensée dominante entreprend la déligitimation des forces collectives de
contestation.
Chronique des luttes. Premier volet. Un métier dans les luttes
Entretien avec Jacques Toublet Propos présentés par Franck Poupeau
Cette série d'entretiens réalisés avec des militants veut tout a la
fois restituer la mémoire des luttes et comprendre comment se constitue le
capital militant, ce mélange d'autorité et de savoir-faire qui s'investit
dans les activités revendicatives. Ces "chroniques des luttes" seront
consacrées a des formes minoritaires d'engagement qui caractérisent des
militants, responsables ou anonymes, pour lesquels les luttes ne
constituent pas une voie détournée de promotion - sociale ou politique -
mais l'accomplissement d'une résistance enracinée dans le "refus de
parvenir".
Perspectives militantes
Les multiples visages de la révolte globale & la face assassine de Big
Brother
SERGE QUADRUPPANI
Un air de carnaval & de révolution
JOHN JORDAN & JENNIFER WHITNEY
Critique des "Mc Protests"
NAOMI KLEIN
De nouvelles cibles
MICHAEL ALBERT
La guerre de l'eau (Bolivie, 1999-2001)
FRANCK POUPEAU
Il arrive que les mouvements de contestation les plus implantes dans
une population restent les plus ignores des medias et des réseaux
militants. C'est le cas de la "guerra del agua", qui a eu lieu a Cochabamba
de janvier a septembre 2000. Moins romantique et médiatisée que les
guérillas centraméricaines, elle incarne pourtant une forme de contestation
dont pourraient s'inspirer bien des mouvements de résistance au libéralisme
: elle est, a ce jour, la seule lutte qui ait fait reculer, sur le terrain,
les forces néolibérales ; et elle s'est accompagnée de pratiques
radicalement démocratiques dans la mise en place d'une gestion
participative de l'eau.
La récupération de la contestation par les medias
SERGE HALIMI & PIERRE RIMBERT
Les groupes contestataires (partis, associations, collectifs ou
syndicats) agissent le plus souvent comme si leur rapport aux medias allait
de soi : ils pensent se servir des grands moyens de communication sans s'y
asservir. Le danger que les "medias dominants", c'est-à-dire les "faiseurs
d'opinion", font peser sur les mouvements contestataires est analyse au
travers de l'exemple de ce que les journalistes appellent le "mouvement
anti-mondialisation", et plus précisément de l'association ATTAC.
L'espace public comme construction journalistique. Les auteurs de
"tribunes" dans la presse écrite
LOUIS PINTO
Parmi les transformations récentes qui ont contribue a modifier la
physionomie de la presse, que ce soit dans son contenu, son style ou encore
ses fonctions, une des plus remarquables est l'essor de la "tribune".
Intermédiaire entre courrier des lecteurs, articles d'information élaborés
par les journalistes de métier et écrits d'expert, ce genre est censé
favoriser des traits qui manquent habituellement a la simple relation des
faits. Son statut d'exception est propre a rassurer les journalistes : ils
sont justifies de ce qu'ils sont et ne sont pas, justifies de ne pas
appartenir a un groupe dont les déficiences sont attestées par celui qui,
par ses défis de "gêneur", est capable de "déranger" les doctes et les
doctrinaires.
Marcel Mauss, le don & la révolution
FRANCOIS ATHANE
L'amnésie des conditions sociales de production du discours
scientifique, qui accompagne souvent la citation des auteurs consacres, a
pour effet d'évacuer le contenu politique de leurs textes. Elle contribue
ainsi a entretenir la séparation entre préoccupations politiques et
recherches en sciences sociales, alimentant aussi bien
l'anti-intellectualisme de l'action militante que le mépris pratique de la
réflexion savante. De sorte que les engagements politiques de Durkheim, de
Weber ou de Mauss ne sont souvent evoques que sur un mode allusif sans être
investis dans l'analyse des textes.
La sociologie dans les luttes. De la situation coloniale a l'impérialisme
néolibéral, FRANCK POUPEAU & THIERRY DISCEPOLO
Les textes "politiques" ou "critiques" de Pierre Bourdieu retenus ici
tiennent avant tout de la mise en situation : invitation a la lecture d'une
oeuvre souvent neutralisée et rendue inaccessible par ses conditions
académiques de réception ; rassemblement d'analyses, d'entretiens et de
textes de circonstance, écrits souvent mineurs qui se retrouvent parfois
dans les livres sous une forme plus élaborée, plus "savante". Il s'agit de
montrer, a travers les étapes de l'itinéraire du sociologue, replace dans
son contexte historique, une articulation certaine entre recherche
scientifique et intervention politique.
PIERRE BOURDIEU - "Les sous-prolétaires algériens" - "Sartre, l'invention
de l'intellectuel total" - "Incorrigiblement optimiste"
De la société ouverte a la société concrète
JACQUES BOUVERESSE
Le chemin qui mène du dieu ou de la bête Etat a l'Etat humain, s'il y
en a un, passe nécessairement par la notion de pouvoir local. Il faut
naturellement se garder de transformer a nouveau cette idée en un fétiche
et admettre qu'elle devra, comme n'importe quelle autre, faire ses preuves.
Mais il est indispensable de lui donner la possibilité et les moyens réels
de les faire. "Les idées montrent en fin de compte a l'avenir non pas le
chemin, mais seulement la direction ; elles sont des filets qui sont jetés
sur le futur pour attraper quelque chose et qui sont toujours en partie et
jamais entièrement déchirés par lui."
Questions aux "défenseurs des droits de l'homme"
JEAN BRICMONT
Les événements du 11 septembre 2001 sont suffisamment graves pour
qu'ils nous conduisent a nous poser des questions de fond. Ainsi le
tournant pris vers la fin des années 1970 par la plupart des mouvements de
gauche ; tournant qui a consiste a remplacer la lutte pour des objectifs
sociopolitiques tels que le socialisme (entendu sous une forme ou une
autre) par celle en faveur des droits de l'homme et de la démocratie. Ce
tournant a amené, in fine, beaucoup d'intellectuels et d'organisations de
gauche a soutenir ou a s'opposer très mollement a la guerre de l'OTAN
contre la Yougoslavie.
Les "secrets" de Wittgenstein. Notes sur quelques "révélations" faites au
grand public français en commémoration du 50e anniversaire de sa mort
THIERRY DISCEPOLO
Au milieu du tourbillon éditorial qui entoura l'an dernier le
cinquantenaire de la mort du philosophe Ludwig Wittgenstein paraissait un
tout petit livre au titre accrocheur : Carnets secrets. De quels "secrets"
ces cahiers sont-ils donc tisses ? De quels propos sont-ils remplis ? de
quelles réflexions hétérodoxes ? Quels rapports ce journal entretient-il
avec l'oeuvre du philosophe ? L'introduction ne nous en dit pas grand
choses. Le présent texte et le suivant ont pour objet de répondre a ces
questions.
Le courage d'être. Introduction aux "Carnets secrets 1914-1916" de Ludwig
Wittgenstein ALDO G. GARGANI (Traduit de l'italien par Patricia Farazzi)
On nous a appris a nous représenter l'auteur d'une oeuvre
philosophique en le séparant de sa biographie. Au milieu, entre les deux
moities dont est artificiellement composée cette même personne, surgirait
l'oeuvre théorique, comme une structure autonome et indépendante. Pourtant
les Carnets secrets de Wittgenstein font voler en éclats cette image
fictive dont nous avons longtemps été prisonniers.
Le refus de parvenir. Cette fusion entre l'idée de civilisation & l'idée de
Révolution MARCEL MARTINET
John Dewey, homme d'action
ALFRED ROSMERT
("Résister aux sirènes du mensonge d'Etat", avant-propos de Charles Jacquier)
Leon Blum, les grandes illusions,
BORIS SOUVARINE
("En désespoir de cause", avant-propos de Charles Jacquier)
http://atheles.org/agone
Prix : 22 euros
ISBN : 2-910846-58-X
Format 15x21 cm
372 pages
***
vendredi, 29 mars, 2002
Pierre
Bourdieu
Interventions,
1961-2001
Science
sociale & action politique
Les
interventions de Pierre Bourdieu depuis les greves de
decembre 1995 ont
ete l'objet de condamnations souvent
virulentes, notamment de la part des
journalistes et des intellectuels mediatiques
dont il avait analyse le
pouvoir. Il fut alors accuse de decouvrir
l'action politique "sur le tard",
d'abuser de sa notoriete scientifique ou
encore de revenir a des figures
intellectuelles surannees. Ce qui semblait
choquer avant tout, c'etait
qu'un savant intervienne de la sorte, portant le fer de la critique dans le
domaine politique.
Les
interventions du sociologue dans l'espace public datent pourtant de son
entree dans la vie intellectuelle, au debut des annees 1960 a propos de
la
guerre d'Algerie. Des lors, une reflexion constante sur les "conditions
sociales de possibilite" de son
engagement politique l'incite a se
demarquer aussi bien d'un scientisme donneur
de lecons que du spontaneisme
alors si courant chez les "intellectuels libres".
Ce
recueil n'a pas seulement pour but de regrouper les nombreux textes
"politiques" ou "critiques" souvent peu
accessibles ou inedits en francais.
Il tient
avant tout de la mise en situation : invitation a la lecture d'une
¦uvre souvent neutralisee par ses
conditions academiques de reception.
Il
s'agit de montrer, a travers les etapes
de l'itineraire du sociologue,
replace dans son contexte historique, une articulation certaine
entre
recherche scientifique et intervention politique; le travail de
conversion
des pulsions sociales en impulsions critiques.
A
travers ce parcours, c'est finalement la genese d'un
mode d'intervention
politique specifique qui est retracee : science sociale et militantisme,
loin de s'opposer, peuvent etre concus comme les deux faces d'un meme
travail d'analyse, de decryptage et de
critique de la realite sociale pour
aider a sa transformation. La trajectoire illustree
par les textes de ce
recueil montre comment la sociologie elle-meme
se trouve enrichie par
l'engagement politique et la reflexion sur les
conditions de cet engagement.
(Textes
choisis et presentes par Franck Poupeau
& Thierry Discepolo)
ISBN
2-910846-62-8
Prix :
20 euros
488
pages / format 12*21 cm
http://atheles.org/agone/interventions19612001
***
18 mars, 2002
LES
CHIENS ONT SOIF
Critiques
& propositions anarchistes
Normand Baillargeon
Regardez-les
aller. Lisez leurs journaux. Ecoutez leurs stations de radio.
Regardez
leurs chaines de television.
Les chiens ont soif. Les medias sont
deja, dans une large mesure, contrôles
par les cartels auxquels ils
appartiennent et jouent un role fondamental
dans la preparation et
l'adaptation des esprits aux "nouvelles realites".
Tout cela echappe en
partie a la connaissance du public comme a tout contrôle democratique.
L'ecole et l'universite sont desormais transformees dans leur
mission et
dans leurs valeurs constitutives par ces memes
forces, pour les memes
raisons et avec les memes objectifs. A defaut d'une vaste mobilisation
populaire, c'est foutu. Il va falloir se battre. L'ennemi est enorme, mais,
comme toujours, pas invincible, a condition de s'y mettre tous ensemble. Au
nombre des solutions, il faut considerer
l'Écopar pour concevoir et rendre
possible la mise en place d'institutions economiques
dans le respect de
valeurs qui sont celles de la gauche, plus precisement
de la gauche
libertaire.
Militant
anarchiste, Normand Baillargeon enseigne l'histoire
de l'education
et la philosophie a l'Universite du Quebec a Montreal. Dernier livre
paru:
L'ORDRE MOINS LE POUVOIR, Histoire & actualité de
l'anarchisme, Agone,
Collection
"Memoires sociales", Marseille, 2001
http://atheles.org/agone/lordremoinslepouvoir
ISBN
2-910846-66-0
Prix :
16 e
186
pages / format 12*21 cm
http://atheles.org/agone/leschiensontsoif
***
18 mars,
2002
À lire
dans Explore en ligne :
*Une
interview avec David Brooks, auteur du nouveau livre "L'Eau : Gérer localement" que lance le CRDI cette
semaine. Il est le premier d'une nouvelle série "En_Focus
: Du chercheur au décideur".
L'Eau : Gérer localement résume les résultats de trois
décennies de recherches sur l'approvisionnement en eau financées par le CRDI. Il examine les réponses à la rareté de l'eau appliquées à l'échelle locale ou communautaire, dans les
ménages, les champs cultivés, les villages et les quartiers des villes. Pour
lire cette interview, cliquez ici :
http://www.idrc.ca/reports/read_article_french.cfm?article_num=1059
* De
plus vous pouvez consulter maintenant un nouveau site web
thématique sur l'eau créé par le CRDI : http://www.idrc.ca/water/index_f.html
Vous y
trouverez le texte intégral de ce nouveau livre.
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