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Revues Internet en ligne
Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
www.homestead.com/societascriticus
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
Vol. 5 no. 1
Cette
revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel
Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser
autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer par courriel. Si votre texte est en
fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf"
(rich text format) sans
notes automatiques.
Dossier Spécial Le piège : Une nouvelle histoire de
société!
Communiqués de
l’image (films, DVD)
___________________________________________________
De la critique… naît la fleur du
changement!
1er avril, 2003
Encore le
vote ethnique!
Michel
Handfield
Deux petites questions: Si le vote ethnique n’existe pas, pourquoi les
politiciens, tous partis confondus autant au provincial qu’au fédéral,
encouragent-ils le multiculturalisme et vont-ils dans les fêtes et parades
ethnoculturelles dès qu’ils en ont la chance?
Si il n’y a pas de marché ethno culturel pour le vote, pourquoi y en a t
il un pour les boucheries ou les fruiteries
par exemple? C’est un fait sociologique. Notre culture et nos origines peuvent
marquer certains de nos choix autant pour les légumes que les grosses légumes
que sont les politiciens. Mais d’autres
facteurs, comme l’éducation ou la culture, peuvent aussi marquer nos goûts
culinaires et politiques. Bref, si le vote ethnique n’est pas la seule
explication de comportements collectifs, elle en est une qui porte malgré tout une certaine pondération dans cette explication. Si tel
n’était pas le cas, tant les vendeurs de légumes que les politiciens ne
prendraient pas tant de soins à cultiver leur image d’ouverture multiculturelle
dans leur pub! En fait, la politique est comme la prostitution. Il y a des
choses dont on ne peut parler, qu’on ne peut nommer; mais qu’on sollicite
allègrement autant en politique que sur le trottoir!
NDLR:
Texte au sujet de la campagne électorale actuellement en cours au Québec. Il
faut dire qu’autant le Canada que le Québec encouragent le multiculturalisme. Même
que dans la Déclaration du gouvernement du Québec sur les relations
interethniques et interraciales, du 10 décembre 1986, on y lit que « Le gouvernement du Québec
continuera à promouvoir le respect mutuel entre tous les groupes de la société
et la représentation des différents groupes ethniques, raciaux et culturels
dans tous les secteurs de la vie nationale. » Alors comment peut-on parler de « la
représentation des différents groupes ethniques » dans la société
québécoise sans reconnaître qu’il peut y avoir un vote ethnique? Ce n’est ni négatif, ni positif. C’est un fait.
L’interprétation que l’on peut en faire ou le ton que l’on peut prendre pour en
parler peut cependant être critiquable s’il est teinté de racisme. Mais d’en
parler n’est pas nécessairement raciste. En fait, refuser d’en parler peut être
tout aussi méprisant et raciste, car cela peut laisser croire que les électeurs
n’ont pas la capacité de comprendre une question aussi délicate et que les
citoyens issus de différentes communautés ethnoculturelles (ce qui inclut les
« de souche » si on considère avoir une culture et des traditions qui
nous viennent de nos ancêtres) ne sont pas capables de dialoguer entre eux.
Bref, le tabou politique sur cette question est pire qu’un franc dialogue sur
le sujet, car il fait preuve d’un manque d’ouverture sur une question qui est
d’abord sociologique avant d ‘être politique.
***
16 mars, 2003
On n’est
pas vache, on est contre, mais on se questionne!
Michel
Handfield
Il y eut une autre marche contre la guerre hier.
J’ai assisté à quelques discours, j’ai regardé quelques pancartes.
« Contre la guerre », j’en suis. Mais j’ai un petit problème.
Pourquoi je n’entends pas de message « Contre la dictature ».
« Contre les intégrismes ». « Contre l’obscurantisme ». Car
je suis contre tout cela aussi.
Est-ce que les gouvernements dictatoriaux
peuvent être banni par la Déclaration des droits de l’Homme? Et les
intégrismes? Si le peuple descend dans la rue pour avoir une dictature
religieuse, doit-on le respecter et laisser faire les barbarismes – comme la
peine de mort pour adultère – au nom du droit du peuple d’avoir choisi?
Y’a-t-il une date de péremption à ce choix? Implique-t-il toutes les
générations qui suivront celles qui auront choisi ce régime?
Jusqu’où l’éducation laïque, humaniste et
scientifique peut aller contre les intégrismes et les croyances religieuses?
Car même aux USA certains fondamentalismes croient et enseignent dans les
écoles que le monde fut ainsi fait en 7 jours (le créationnisme). Que Dieu a
fait l’homme pour dominer la Terre (la genèse). Est-ce que cela fait des lois
environnementales un empêchement aux desseins de Dieu pour l’homme (dominer la
terre)? Est-ce pour cela que George W.
Bush a « déchiré » l’accord de Kyoto? Sa foi est-elle en cause dans
la gestion des USA et de sa vision du monde? La foi religieuse devrait-elle
être accompagnée d’un avis, comme sur les cigarettes, « Attention, le
danger croît avec l’usage »?
Comment faire de l’Iraq une démocratie? Comment
libérer les peuples des dictateurs? Comment être à la fois vigilant face aux
dangers de la dictature idéologique et tolérant face aux autres? On en revient
aux valeurs humaines de base. Aux questions fondamentales. Faut-il oublier
Platon et ses systèmes et ressortir Socrate, Diogène le cynique et La Boétie?
(1) Qui se pose ces questions? Qui nous les pose? Qui manifeste pour que le
Politique se les pose?
Le monde s’éveille
contre le gouvernement États-uniens. Cette autre marche en fait foi ici et
ailleurs. Mêmes aux Etats-Unis il y avait des marcheurs pour la paix et contre
George W. Il y a aussi des politiciens qui s’opposent à George W. chez nos
voisins du Sud, comme le Sénateur Edward M. Kennedy (http://kennedy.senate.gov). Des hauts fonctionnaires ne sont pas en
reste, comme en fait foi la lettre de démission d’un conseiller politique, John
Brady KIESLING, de l'Ambassade États-uniennes
d'Athènes. Cette lettre semble avoir fait le tour du monde sur Internet dans
les derniers jours. (2) Mais la politique étant ce qu’elle est, pour ces
quelques personnalités qui s’affichent, combien gardent le silence au risque de
la guerre?
Le monde doit s’éveiller contre les idéologues,
dictateurs, courtisans et impérialismes (et pas seulement l’impérialisme
États-uniens) et le dire. (3) Il ne s’en portera que mieux. Mais il doit aussi
trouver comment balancer une vision de justice internationale avec les visions
de chaque peuple. Utopie, peut être. A moins de commencer à investir dans une
éducation laïque et scientifique par le biais d’organismes internationaux. Mais
cela signifie aussi de baliser et de cantonner les croyances et les religions
dans la sphère privée. Est-ce possible ou est-ce demander la quadrature du
cercle?
La plupart des religions ont le propre de
vouloir convertir et, par le fait même, de s’affronter. Le problème est lorsque
ces affrontements sortent de la discussion philosophique et théologique pour
entrer dans l’affrontement sanguinaire, que ce soit le terrorisme ou la guerre!
Les pacifiques doivent-ils devenir des apôtres de l’humanisme au risque de
heurter ceux qui marchent à leur côté au nom de leur foi? Peut-on questionner
le message des grandes religions monothéistes (et de leurs différents courants)
qui s’affrontent tout en parlant au nom d’un Dieu unique? Ont-elles une source
commune, étant nées dans le même bassin Moyen-oriental? S’il n’y a qu’un Dieu,
comment les messages de ces religions peuvent-ils être si différents?
Peuvent-ils avoir été transformé pour des raisons de transmission orale, de
culture ou de Pouvoir dans l’histoire? Manque t-on de scepticisme face à
l’histoire religieuse? Nous connaissons Raël et nous
le trouvons, pour la majorité d’entre nous du moins, non crédible. Mais dans
1000 ans, y aura-t-il un dogme raélien qui ne pourra
plus être questionné? Le dogme deviendra-t-il acte de vérité? Qu’en est-il
alors de nos religions ancestrales et de leurs dogmes?
D’un autre côté, qu’est-ce que les philosophies
et les religions orientales ont a dire, elles qui sont différentes? Et les
polythéistes et panthéistes? Ces questions ne sont pas faciles quand on
s’arrête à penser en terme citoyen. Elles ne le sont certainement pas davantage
pour nos politiciens.
Il faut faire la paix. Mais il faut aussi
combattre l’ignorance, la dictature, l’exploitation et faire cesser les
massacres d’innocentes victimes au nom de la politique, d’idéologies, de
croyances et même de la Foi que ces innocentes victimes partagent (parfois et
même souvent) avec leurs bourreaux. Je ne crois pas que ce programme sera
atteint au cours des prochaines semaines même si George W. écoute et ne fait
pas cette guerre. Continuerons-nous à militer pour cette paix et cette justice
si cette guerre n’a pas lieu? Retournerons nous à nos occupations en laissant
se perpétuer des barbarismes comme si de rien n’était, fier que nous serons
d’avoir empêché cette guerre? Disons nous non à la guerre ou non à la guerre et
à toutes les guerres quotidiennes?
Notes:
1. À ce sujet, nous référons le lecteur aux
ouvrages suivants :
Messadié, Gérald, 2000, Madame Socrate,
France : JC Lattès (Même s’il s’agit d’un roman, il constitue un
excellent ouvrage pour comprendre cette période.)
Onfray, Michel, 1990, Cynismes, France: Le
livre de poche, biblio/essais
La
Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.
2. Nous avons nous même reçu copie de la lettre de Démission de John Brady KIESLING par un lecteur de la revue. Nous lui avons
demandé sa source et aussi fait une recherche sur le sujet. Voici donc deux
sources pour cette lettre.
D’abord en Version Originale Anglaise :
http://www.commondreams.org/views03/0227-13.htm
En traduction française :
http://vigirak.com/article.php3?id_article=73
3. C’est là le sujet de prédilection de John Ralston Saul comme
essayiste, car il est aussi romancier. Nous vous conseillons à ce sujet ses
essais suivants, qui sont aussi disponibles en français pour la plupart :
Saul, John Ralston, 1992, Voltaire's
Bastards, Toronto: Penguin book.
Saul,
John Ralston 1994, 1995, The Doubter's companion, Toronto:
Penguin book.
Saul, John
Ralston, 1994, Le citoyen dans un cul-de-sac?
Québec: Musée de la civilisation/Éditions Fides
Saul,
John Ralston, 1995, The
unconscious civilization, Canada: CBC/SRC - Anansi
Saul,
John Ralston, 1998, Reflection of a siamese
twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book
Saul,
John Ralston, 2001 (2002), On
equilibrium, Canada: Penguin book
***
Mardi, 11 mars, 2003
Qui se ressemble…
s’assemble!
Michel Handfield
On est à quelques heures du déclenchement des élections. On fait le beau
pour avoir notre vote. Mais, cette fois la situation est différente. La donne a
changée. On était habitué à une lutte à deux, où à part la question nationale
(Québec/Canada), la gestion était relativement semblable : plus ou moins
au centre. Les passages entre les gouvernements, pas trop houleux. Mais là,
pour la première fois depuis 30 ans, nous avons un troisième joueur, et il nous
propose un « révolutionnaire » retour en arrière!
En effet, l’ADQ propose de couper dans la fonction publique et d’y
éliminer la sécurité d’emploi; de permettre la médecine privée; de revoir la
formule Rand, qui fait que tous les
employés d’une entreprise sont automatiquement membres d’un syndicat si
l’accréditation est acceptée (ce qui n’a jamais empêché Mc
Do de bloquer toute syndicalisation soit dit en passant!); d’abolir l’article 45 du Code du travail, qui
balise le recours à la sous-traitance pour les entreprises privées; etc. (1) Ce
sont des changements majeurs. Et un formidable effacement de l’évolution
sociale des 40 dernières années, bref un retour au duplessisme.
Des questions doivent être posées
concernant le programme adéquiste. Est-ce que la fin
de la sécurité d’emploi des fonctionnaires, le recours à la sous-traitance et
les privatisations représenteront un gain pour les citoyens? Une émission de
télé réalisée par télé-Québec est-elle plus coûteuse
qu’une émission réalisée par le privée, mais subventionnée par le Ministère de
la Culture du Québec et Téléfilm Canada?
Et si elle est plus coûteuse, par contre en donne-t-elle plus au téléspectateur?
Car le producteur privé ne doit-il pas prélever une part des fonds pour son
profit? Et qui paie pour les déductions fiscales des entreprises, sinon tous
les citoyens? Acheter des billets de Hockey, qui sont déductible d’impôt pour
les entreprises, n’est-ce pas aussi une aide de l’État?
Critiquer le public pour le critiquer, comme le fait l’ADQ, et dire que
le privé est la panacée aux dépenses publiques, c’est oublier Enron et tous les scandales du privé des dernières années.
C’est oublier de dire que si les dirigeants des entreprises publiques sont
surpayés, eux qui gagnent quelques centaines de milliers de dollars par année,
les gestionnaires du privé, qui voient la valeur de leurs entreprises en chute
libre et coupent des emplois par milliers, gagnent malgré tout des millions de
dollars en salaire dans le privé! Et en plus leurs entreprises bénéficient
souvent de l’aide de l’État. Il y a là comme un léger oubli de la part de l’ADQ
qui n’en parle pas trop dans son idéalisation du secteur privé et son admiration
pour sa bonne gestion.
Ce ne sont pas des idées toutes
faites qu’il nous faut, mais des gens dans le doute et prêts à examiner les
choses avant de proposer des solutions. Les promesses miracles je m’en méfie,
surtout quand les Chambres de Commerce sont au bord de l’orgasme pour un
politicien; que des anciens politiciens
et des candidats défaits de différentes allégeances politiques s’y retrouvent
comme larrons en foire; et, enfin, que des politiciens du monde municipal, eux
aussi d’allégeance contraire, sont tous prêt à sauter dans le même train pour
une élection, comme si un parti se construisait autour de la popularité d’un
Chef dans les sondages. Cela ne donne
pas la compétence pour gérer l’État.
Je sais que le culte de l’image est fort, mais là c’est trop! J’ai comme
un « léger » doute que
quelques-uns veulent profiter de la popularité du Chef pour être élu et que
d’autres s’attendent à profiter des soldes de l’État, la vente de feu des privatisations,
pour faire de bonnes affaires! Je ne
suis pas sûr d’être gagnant comme citoyen. En fait je crois même que seuls les
citoyens corporatifs y trouveront leur compte. Y a t il quelqu’un qui peut me
parler d’égalité citoyenne dans la salle?
Attention. Je ne dis pas que la fonction publique ne doit pas être revue
et corrigée. Mais avant de la privatiser comme si c’était une recette miracle,
il faudrait penser que le privé reçoit beaucoup d’argent du public sous forme
de subventions et d’une fiscalité que tous les citoyens envieraient. Que le privé
prouve d’abord qu’il peut mieux faire que le public par ses propres moyens!
Mais le public a aussi le devoir de réexaminer ses façons de faire. Peut être y
a-t-il une sclérose bureaucratique dans l’État et un ménage doit être fait.
Mais est-ce en congédiant ou en replaçant les fonctionnaires par des
sous-traitants? En éliminant la sécurité d’emploi? En négociant une nouvelle flexibilité? En
réévaluant le rôle de l’État et le réorganisant? On ne peut avoir une approche globale, ni une
réponse toute faite à la page x de notre programme comme le croit l’ADQ. Il
faut regarder secteur par secteur, questionner et, surtout, douter. Car le
propre de la démocratie est le doute et le questionnement. Mario doit aller se
reposer pour 4 ans et lire John Ralston Saul et Léo-Paul Lauzon. (2) Il
reviendra peut être meilleur et ailleurs qu’à l’ADQ, car je lui reconnaît un
certain potentiel.
Bref, je ne fais pas confiance au parti de Mario Dumont, trop
corporatiste à mon goût, et je ne recommande pas de voter pour lui et l’ADQ
(www.adq.qc.ca).
Le PQ, quand à lui, a prouvé par
ses actions que la spécificité québécoise est de suivre les autres. L’Ontario a
fait des fusions municipales, Québec a suivi sans égard aux citoyens. Maintenant
M. Landry rêve du dollar US et dit vouloir se distancer des Etats-Unis au niveau de la politique internationale
(l’Iraq) comme si les deux étaient possibles! Quand on couche avec l’éléphant,
on ne discute pas! Bref, pour faire passer une idéologie, on se colle à tous
les mouvements populaires, même s’ils sont en contradiction avec les
aspirations de la population.
Je ne conseille pas le vote pour le PQ (http://partiquebecois.org/), sauf pour Jean-Pierre Charbonneau qui défend le rôle du député et de
la démocratie parlementaire, et peut être quelques autres s’ils sont réellement
démocrates. Mais si pour eux la démocratie c’est un référendum pour la question
nationale, mais pas pour les fusions municipales, je crois que le vernis
démocratique est mince!
Le PLQ est dans la même position que le PQ.
Sauf qu’on défend l’idéologie fédéraliste. On promet les défusions, mais on a
des liens avec l’administration de la grande ville de Montréal. Leur
position est quelque peu emberlificotée. On doit conserver la clientèle
anglophone et gagner la francophone, ce qui fait qu’on ne dit pas trop si on va
conserver la loi 101 telle qu’elle est (et qui réponds à la constitution
canadienne) ou rouvrir le dossier au risque de briser un équilibre fragile. Le
parti est libéral, le Chef conservateur. On est aussi dans l’ambiguïté.
Ce fut un parti de pouvoir qui peut encore faire fonctionner un
gouvernement. Mais il faudrait beaucoup de chien de garde, bref qu’il soit
minoritaire. Je conseille faiblement le vote pour le PLQ (www.plq.org/), seulement si le ou la
député(e) est capable de parler sans suivre le programme, c’est-à-dire si il ou
elle a des idées personnelles et est capable de les défendre. Je pense à
Nathalie Rochefort par exemple dans Mercier.
Je conseille d’abord le vote pour les tiers partis si les candidats sont
impliqués dans leur milieu, bien formés et présent (surtout durant la campagne électorale);
c’est-à-dire pas juste un nom sur un bulletin de vote pour que le Comté ne soit
pas vide, car c’est là un irrespect pour les électeurs qui arrive trop souvent
dans les partis de contestation.
Il ne faut pas oublier que les deux Gouvernements que le Québec a connus
lors de changements majeurs (la révolution tranquille en 1960 et le premier
gouvernement du PQ en 1976) étaient composés d’idéalistes ayant une bonne
formation et étant impliqués dans leur milieu et le changement social. Ce
n’était pas des technocrates de la politique et du monde des affaires comme on
en voit trop actuellement au PQ, au PLQ et à l’ADQ, où plusieurs se sont collés
suite à ses succès dans les sondages!
Mais je ne recommande pas le vote aveugle. Je pense à certains
candidats comme Omar Aktouf (3), économiste et professeur aux HEC et
grand critique des politiques néolibérales qui manifeste de l’intérêt pour l'UFP dans la
circonscription de Rosemont. (Voir http://www.ufp.qc.ca/)
De cette façon il devrait y avoir une représentation diversifiée au
Parlement. Car la proportionnelle n’est qu’une panacée au vote en bloc. Si les
citoyens votent de façon diverse, pour le candidat plutôt que le Parti ou le
Chef, l’Assemblée Nationale ne sera que plus représentative et proportionnelle
par la volonté des électeurs! C’est cela la démocratie.
Ma recommandation principale est donc: Regardez les candidats des tiers
partis. Et si vous n’avez pas le goût de voter, parce que vous trouvez nos
politiciens déconnectés et qu’ils vous
semblent en fumer du bon, envoyez leur un message clair en votant Bloc Pot! (http://www.blocpot.qc.ca/) Un peu de couleurs à l’Assemble Nationale ne fera que du bien. Et franchement, ça ne pourrait
pas être pire!
Notes:
1. voir le site de
l’ADQ (http://www.adq.qc.ca/) et les textes suivants qui nous ont servi de
référence :
Clairandrée Cauchy, Henri Massé, le président de la FTQ est formel - Le
programme de l'ADQ est un «danger public», in Le Devoir, Édition du lundi
10 mars 2003
Tommy Chouinard, La plateforme dévoilée jeudi dernier - ADQ :
un programme qui risque de menacer la paix sociale La mise en oeuvre des
mesures proposées susciterait un grand mécontentement, soutiennent des experts,
in Le Devoir, Édition du samedi 1er et du dimanche 2 mars 2003
Kathleen Lévesque, Privatisation, partenariat, sous-traitance Moins
«paternaliste», un gouvernement adéquiste adopterait
le credo de la liberté d'expression, d'initiative et de choix, in Le
Devoir, Édition du vendredi 28 février 2003
2. Pour tes quatre
années de réflexion, Mario, je te suggère de lire ce qui suit :
Saul, John Ralston, 1992, Voltaire's
Bastards, Toronto: Penguin book.
Saul, John Ralston 1994,
1995, The Doubter's companion, Toronto: Penguin book.
Saul, John Ralston, 1994, Le citoyen dans
un cul-de-sac? Québec: Musée de la
civilisation/Éditions Fides
Saul, John Ralston, 1995, The unconscious civilization,
Canada: CBC/SRC - Anansi
Saul, John Ralston, 1998, Reflection
of a Siamese twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada:
Penguin book
Saul, John Ralston, 2001, On equilibrium, Canada:
Penguin/Viking
Lauzon, Léo-Paul, 2001, Contes
et comptes du Prof Lauzon – Le néolibéralisme dénoncé net, fret, sec!, Québec : Lanctôt
éditeur
Bernard, Michel et Lauzon,
Léo-Paul, 1996, Finances publiques, profits privés, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de
l'UQAM.
Bernard, Michel, Lauzon,
Léo-Paul, Patenaude, François, et Poirier Martin, 1998,
Privatisations: l'autre point de vue, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de
l'UQAM.
Bernard, Michel, 1997, L'utopie
néolibérale, Québec: L'aut'Journal &
Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.
3. Aktouf, Omar, 2002, La stratégie de l’autruche,
Montréal : écosociété
***
Lundi, 3 mars, 2003
Mario, il
faut investir dans l’éducation….
Car le congrès de l’ADQ l’a prouvé. En effet, lorsqu’on accuse le
gouvernement de duplessisme pour cause de liens avec les syndicats, c’est un
manque de formation historique. Car le duplessisme c’était justement le
contraire : absence de sécurité d’emploi, le soutien aux entreprises et
chasse aux syndicalistes avec la Police Provinciale – « des
communiches! » disait le cheuf. Bref un peu le programme que tu
proposes avec la fin de la sécurité d’emploi pour les petits fonctionnaires
(alors que c’est bien plus haut que ça coûte cher); le recours au privé et à la
sous-traitance; le retour à la médecine privée… Bref on voit ta méconnaissance
historique.
Je ne dis pas que le Gouvernement est blanc. Loin de là. On peut
l’accuser de corporatisme et je le fais souvent. Mais en fait tous les partis
sont corporatistes. Même le tiens, car je ne crois pas que tu as la côte auprès
des gens d’affaires uniquement pour ta personnalité. Ils doivent voir leur
intérêt dans ton programme de privatisation et de réduction de l’État. Car ces
services quelqu’un devra les fournir et être payé pour les donner, que soit par
l’État ou l’usager-payeur. Et quelqu’un fera du profit.
En fait Mario, t’es tu déjà amusé à comparer combien de fonctionnaires
que tu menaces ont des Mercedes, des BMW et des Jaguar par rapport aux gens
d’affaires qui te supportent? Et combien de tes supporters de haut rang ont des
bénéfices de l’État auxquels les fonctionnaires n’ont pas accès (subventions,
déductions fiscales, dividendes et options boursières à taux d’imposition
privilégiée)? Ce serait peut être un indice que tu devrais commencer à
considérer avant de prononcer tes discours!
Michel Handfield
Délinquant Intellectuel pour penser autrement!
mercredi,
29 janvier, 2003
Is the good target?
George W. say Iraq
had chemical weapons with precision. How he know that with this precision? He
knows who sell them? We want to know who sell those weapons. American or
European corporations? Why he doesn’t take sanction against these
enterprises? Selling give good profit
and is legal, but buying is illegal. Bush doesn’t speak about the corporations
who sell to Iraq. Why? Nobody ask about that!
La bonne cible?
George W. nous dit que l’Irak a des armes
chimiques avec une précision au litre près. Comment se fait-il qu’il le sache
avec une telle précision? Sait-il qui les vend? Nous aussi nous voulons savoir
qui vend ses armes. Des entreprises américaines ou européennes? Pourquoi il ne
prend pas de sanction contre ces entreprises? Vendre donne de bons profits et
c’est légal, mais acheter est illégal. Bush ne parle pas des corporations qui
vendent à l’Irak. Pourquoi? Personne ne le questionne à ce sujet!
Michel Handfield, M.Sc.
dimanche,
26 janvier, 2003
Schizophrénie made in USA
“U.S. Weighs Tactical
Nuclear Strike on Iraq” (Los Angeles Times, January 25, 2003)
A quand
une délégation des Nations-Unies pour contrôler
Georges W.? Doit-on attendre et ensuite l’accuser de crime contre l’humanité ou
le mettre immédiatement en tutelle, voir en prison? On a essayé de destituer
Bill Clinton pour une question de sexe, comme si c’était le MAL absolue, et on
laisse aller ce Président à la guerre comme si c’était le bien. Nos voisins
sont-ils schizophrènes à ce point?
Michel Handfield
Schizophrénia made in
USA
(English
version for our neighbour)
“U.S. Weighs Tactical Nuclear Strike on
Iraq” say the Los
Angeles Times on web (January 25, 2003). When a United Nations delegation to control Georges W.? We have to look him do damage and we accuse
him after of war crime or you control your President now? Put him in Jail if
you can’t control him. Bill Clinton was accused of sex allegation and near
destitute! Is Sex the EVIL and war the GOOD in USA? Are you schizophrenic at
this point?
Michel Handfield
***
vendredi, 10 janvier, 2003
Réaliste
demandé
Les Sénateurs d’Ottawa auraient besoin d’aide et Les Ailes de la mode,
une réduction de loyer, car les ventes ne sont pas à la hauteur de leurs
attentes… Mais peut être qu’un T-Shirt sur lequel est
écrit « Rebel » et qui se vend à 80$ c’est trop cher, surtout quand
avec un peu de peinture et un T-Shirt à 5$ de
n’importe quel Wall Mart un
jeune marginal peut s’en faire un! Ce n’est pas une réduction de loyer ou une
aide gouvernementale qu’il leur faut, mais une réduction de leurs prix! Un réajustement de leurs produits au marché.
C’est vrai que dans une économie où les entreprises sont de plus en plus
subventionnées, on oublie ce qu’est le marché. Pendant ce temps les
gestionnaires patentés nous disent, notamment dans les pages des journaux, que
les mariages privés et publics seraient plus heureux, car l’État ne peut gérer
aussi efficacement que le privé!
Quand le privé fera enfin ses affaires sans recours aux dollars publics,
on fera alors confiance aux gestionnaires du privé qui dénoncent la mauvaise
gestion du public. Et comme ils sont probablement sortis des mêmes
« Business School », qui utilisent les
mêmes méthodes, leur discours à
davantage l’air d’une chicane de famille pour qui aura la plus grande part de
la tarte du contribuable que de gens qui veulent réduire leur morceau de tarte
pour nous en laisser davantage! Si vous êtes vraiment de meilleurs gestionnaires,
ne demandez pas l’aide de l’État pour vous sortir du trouble et changez votre
Mercedes, BMW ou 4X4 pour une sous compacte. Ce sera un début profitable pour
vous et l’environnement. Bref pour nous tous!
Michel Handfield
9
décembre, 2002
Drogue Canada!
Faut-il légaliser la drogue?
C’est une question qui revient constamment dans l’actualité. Même si la
réponse logique était oui, cela ne se fait pas et ne se fera probablement pas. Pourquoi?
Quatre réponses sont possibles :
1) La corporatiste : La Police vit dans une bulle et refuse
la réalité qui montre qu’ils ne peuvent venir à bout de ce commerce. C’est
l’occasion de demander de plus en plus de budget et d’assurer la pérennité du
système de police;
2) La cynique à la
Bunker : Le commerce, même illégal, fait rouler le système, et il est
préférable que l’État prenne sa côte (grâce aux casinos) tout en maintenant une
certaine répression envers les groupes les plus violents. De toute façon, par
les flux financiers, il n’y a plus une institution qui peut se passer des
narcos dollars. Même les caisses électorales doivent en recevoir!
3) La nationaliste : Si nous ne faisons pas une certaine
répression, la DEA de notre voisin du Sud débarquera ici et ce sera l’occasion
pour eux de nous mettre ouvertement sous leur tutelle. En exerçant une certaine
répression bien médiatisée, cela nous protège de l’invasion du Canada par les
USA, du moins à court terme. Car qui dit qu’avec la crise de l’eau un jour ne
nous deviendrons pas une possession des USA pour des raisons économique? Notre
« faible » lutte à la drogue et au terrorisme pourra toujours leur
servir de prétexte pour nous prendre sous leur coupe et faire de nous cinq
nouveaux États des USA : les maritimes, Québec, Ontario, Central Can, et
les Rockies! Et notre défense n’a pas les moyens de
nous défendre contre de telles visées.
4) Un peu toutes ces réponses.
Michel Handfield
Montréal le 3 décembre, 2002
Pirate et receleur!
700 000 personnes au Canada captent illégalement
des signaux de télévision par satellite grâce à une petite soucoupe parabolique
qui ne coûte que quelques centaines de dollars et Maurice Jannard
nous en parle comme d’un crime de contrebande au même titre que le trafic de
cigarettes dan un éditorial (Pirates des ondes, La Presse, 2 décembre
2002). Il y a une différence et ce n’est pas l’intangibilité du produit, mais
la philosophie derrière le produit. Ceci mérite cependant une explication.
Dans le système capitaliste, la technologie a
toujours eu pour but d’intégrer le travail dans la machine de façon à réduire
la quantité de travail nécessaire à la production. Remplacer des caissières par
des guichets automatiques est tout à fait normal. Bref, le capitalisme tente
régulièrement d’intégrer le travail dans la technologie en vue d’accroître son
profit et c’est tout à fait légal. Que la technologie puisse maintenant servir
le simple citoyen à capter des ondes qui passent dans son espace, n’est-ce pas
un juste retour des choses. Car lorsque
vous êtes dans votre maison ou votre auto, des ondes non sollicités – comme
celle des postes de radio que vous n’écoutez même pas – traversent votre espace
sans vous payer en retour. Alors si elles traversent votre propriété ne
sont-elles pas votre en autant que ce ne soit pas pour en faire commerce?
En fait, sont-ce les cablos
distributeurs qui sont lésés ou les citoyens comme moi, qui n’ont pas le câble
ni instrument de captation de signaux, car nous payons pour ce qu’ils vendent
et nous n’y avons pas droit. RDI, n’est-il pas payé par mes taxes? Pourtant je
n’ai pas droit au signal. Et combien de ces postes câblés bénéficient de
subventions de Téléfilm Canada et d’autres organismes gouvernementaux?
Vidéotron, n’a t-il pas été payé en grande partie par les économies de la
Caisse de Dépôt, bref des citoyens? D’ailleurs les 138 postes abolis hier
n’ont-ils pas rapport avec les mauvais investissements dans l’achat de
Vidéotron par Québécor? Et les techniciens de Vidéotron? Qui lèse qui?
En fait la seule solution est d’en moderniser
l’usage et de mettre tous les postes publics gratuits – dont RDI - et les
autres postes payables à l’unité ou en forfait. Ainsi il n’y aura plus de
raison de faire de la contrebande, car les citoyens n’auront plus à payer pour ce qu’ils ne veulent pas. Ainsi,
pour reprendre votre exemple des cigarettes, si vous achetez la marque X vous
n’êtes pas aussi obligé de payer pour les 49 autres marques que vous ne voulez
pas contrairement à la télé payante ou pour avoir un poste vous devez prendre
tout un bouquet, que dis-je la section des fleurs au grand complet! De plus si la contrebande de cigarette est
immorale, c’est qu’elle sert non pas à esquiver le prix du produit mais bien la
taxe qui paie les services que nous voulons nous donner collectivement –
incluant les subventions à Québécor! Le fabricant fait son profit contrebande
ou pas dans le cas de la cigarette. Dans le cas des cablos,
c’est l’inverse. J’ai l’impression que mes taxes servent à faire de la bonne
télévision – RDI, Art-TV – mais qu’un contrebandier
me dit que si je veux regarder ce que j’ai payé par mes impôts je me dois de
passer par lui. Je ne peux non plus acheter que ces deux postes, mais je dois
prendre un kit à 39,95$ par mois qui comprend un tas d’affaire que je ne veux
même pas. Bref j’ai affaire à un receleur et mes taxes nourrissent son offre de
produit. Alors qu’il rencontre quelques pirates ne me tirera pas une
larme. Car moi j’aimerais avoir RDI et Art-TV mais pas les
autres « bébelles » et je n’y ai pas droit. Pourtant je les paie avec
mes taxes. Le lésé, ce n’est pas Vidéotron, c’est moi!
Michel Handfield
lundi, 17 février, 2003
La marche des hommes… contre la maudite
machine! (1)
Michel
Handfield
On a marché!
Samedi je suis allé à la marche contre la
guerre à Montréal, où il y avait environs 150 000 personnes selon les
estimations. Du jamais vu à Montréal et ailleurs dans le monde. A Rome on a
parlé de 3 millions de marcheurs! Le message citoyen est clair. Les affiches
aussi : NON à cette guerre pour le pétrole. Les citoyens ont jugé.
Le conflit est autre
Le condamné Bush se pliera-t-il au jugement
mondial contre cette guerre en Irak? Là est la première question. La seconde
est changera-t-il sa vision du Monde?
Cette question est fondamentale, car George W.
Bush croit qu’il peut mener le monde
depuis son accession au Pouvoir des Etats-Unis comme s’il confond « United States » et « United
Nations »! Il rejette les accords
mondiaux – Kyoto et le Tribunal pénal international par exemple – et ne prend pas l’ONU au sérieux. Il ne
fait qu’à sa tête. Le Monde doit suivre sa façon de faire, car « You are with us, or against us » nous dit-il!
Pouvons-nous être à la fois contre le
terrorisme et le désir de domination États-uniens? Contre la mondialisation
purement économique qu’il nous propose, mais pour une mondialisation à visage
humain qui proposerait une amélioration des conditions mondiales de vie que
sont l’accès à la santé, l’éducation, la nourriture et l’eau potable hors de
leur commercialisation à outrance? Ce ne
sont pas des options que Bush regarde,
mais ce sont celles que les citoyens considèrent, car la scission entre
la richesse et la pauvreté est de plus en plus visible même dans les pays
riches. Les mesures sociales s’amenuisent alors que les profits des entreprises
s’accroissent. La redistribution est remplacée par le Reaganisme :
« Il faut baisser les impôts des riches et des patrons pour stimuler
l’offre d’emploi » (Bernard, 1997, p. 48) C’est ce qui explique la mode de
réduction de l’État (sauf la Défense), des privatisations, la réduction de
l’aide sociale et l’accroissement du soutien aux entreprises par des réductions
fiscales importantes. Ces transferts ont contribué à accroître les profits,
mais non leur redistribution. Tout se passe comme si Georges W. n’avait pas vu
les effets désastreux de cette idéologie reaganienne et ne pouvait que passer
dans ce chemin qu’à suivi Ronald Reagan et son père avant lui.
Il se crée un fossé entre les citoyens et les
visées mondiales des Etats-Unis à l’extérieur de celles-ci et entre le peuple
et l’État à l’intérieur, ressentiment temporisé par la « menace
terroriste » cependant. C’est peut être ce qui explique le discours actuel
du Président des Etats-Unis et le recours fréquent à des alarmes terroristes,
fondées ou non. La peur soude les citoyens derrière leur Président, mais pour
combien de temps encore?
Car les
Etats-Unis deviennent, dans la tête de plus en plus de gens sur cette
planète, l’image du mal développement,
des fermetures d’usines (pour cause de relocalisation où les salaires sont bas
et les protections sociales inexistantes), de la faim dans le monde et de la
privatisation des ressources essentielles à la vie pour leur profit. On les
pointe de plus en plus, eux qui souffrent d’embonpoint, au point de mettre en
danger la santé de leurs enfants, alors que la malnutrition cause des millions
de morts dans le monde d’aujourd’hui. Eux qui produisent des véhicules qui
consomment trop d’énergie et causent les gaz à effet de serre! Ceux-ci
deviennent une cible facile. Mais ils ne l’ont pas compris. Ce n’est pas une
question de richesse, mais d’attitude. Les citoyens du Monde demandent au
gouvernement de George W. Bush « You’re with us
or against us? »
L’anti-états-unisme mondial (je préfère ce terme à l’anti-américanisme,
car l’Amérique ne se limite pas aux Etats-Unis) y plonge ses racines et la
solution à cet anti-états-unisme n’est certes pas militaire.
George W. devrait regarder comment les USA
peuvent aider la planète à aller vers un meilleur développement et davantage de
justice sociale, car ils ont une formidable machine du savoir et un peuple
créatif et généreux à leur disposition. Mais à la place, il agit comme un
idéologue irresponsable, sinon dangereux.
Au lieu de coopérer avec les organismes que le Monde s’est donné, il les
remet en cause. En s’attaquant à l’ONU et aux accords mondiaux sur
l’environnement ou au tribunal pénal international, il remet l’équilibre actuel
en jeu. Cela aura malheureusement plusieurs conséquences pour l’avenir
s’il réussit son projet:
- La première sera que les pays qui auront un différent pourront
dorénavant justifier l’utilisation de la force unilatérale, sur le précédent
des USA, en se disant menacés par des terroristes.
- La seconde sera que les USA pourront se présenter comme
« LE » défenseur de l’ordre mondial en intervenant à la place de
l’ONU, qui ne sera plus que l’ombre d’elle-même, dans tous les conflits, mais
surtout dans ceux qui intéressent les USA ou qui ont une signification à leurs
yeux.
- La troisième, plus insidieuse s’il est possible de l’être, sera que
les USA se donneront le droit d’intervenir partout pour protéger leurs
intérêts, ce qui inclut tant leurs intérêts politiques, financiers que
stratégiques au nom de leur rôle de gardien de l’ordre mondial. Mais en
contrepartie cela signifie aussi que s’ils n’ont pas d’intérêts à intervenir,
des conflits pourriront et des citoyens seront laissé en pâture à leurs
bourreaux. Les 800 000 victimes
rwandaises en sont-elles un précédent?
Nous en viendrions ainsi à mettre
« consciemment » le Monde sous la coupe de l’empire États-uniens. Tel
est l’enjeu derrière cet affrontement. Des États s’allient donc à celui qu’ils
jugent le plus fort, les USA, pour être dans ses bonnes grâces alors que
d’autres s’y opposent pour éviter de placer le Monde sous sa coupe et croient
encore aux organismes que le Monde s’est donné depuis la deuxième guerre
mondiale.
Mieux vaut perfectionner ces organismes que de
se placer sous la coupe d’un nouvel empire, car il y a toujours un risque que
le monde bascule sous la coupe d’un nouvel empire. Aucune garantie n’existe
qu’une civilisation, si avancé et humaniste qu’elle puisse être à un moment de
son histoire le demeure. Quand tous les Pouvoirs sont concentrés en un seul
lieu, un mégalomane peut toujours faire main basse dessus. La seule garantie
plausible pour la démocratie est la séparation des Pouvoirs entre le plus de
mains possibles. Certaines dictatures d’aujourd’hui étaient des démocraties
hier, avant qu’un coup d’État ne concentre les Pouvoirs, tous les Pouvoirs,
sous l’autorité d’une seule personne : le Dictateur. Ne l’oublions jamais.
Sur ce point tant le
terrorisme que la dictature s’abreuvent au même puit : absence d’éducation,
de liberté de penser et de communiquer autre chose que l’idéologie dominante.
C’est un dictat : Vous êtes avec nous ou contre nous. La similarité entre
les discours dictatoriaux, terroristes, idéologiques et ceux de George W. Bush
n’est pas rassurante. Je leur préfère les voix discordantes de l’Europe qui
font preuves de débats et de démocratie citoyenne. Car le Monde ne peut qu’être
dans la diversité et le respect des autres. Tel est l’enjeu derrière ce conflit
avec l’Irak. Ce n’est pas la guerre l’enjeu, mais l’acceptation d’une vision du
monde. La libérale ou la conservatrice orthodoxe que représente George W. Bush?
Même si les manifs font reculer les Etats-Unis, les citoyens ne devront pas
baisser leur garde en retournant chez eux comme si de rien n’était. Ils
auront devoir de vigilance.
Espérons que l’aspirant maître du monde a
compris le message et saura reculer dans la dignité. Car le Peuple peut lui
montrer la porte, comme il l’a déjà montré à d’autres, même aux Etats-Unis.
Mais cela ne doit pas être perçu comme la victoire d’une autre idéologie,
politique ou religieuse. En fait ce doit être la victoire de la connaissance
sur l’obscurantisme. La prochaine étape sera l’investissement mondial dans
l’éducation non idéologique, mais scientifique, humaniste et laïque. Rien de
moins. Un combat beaucoup plus difficile, mais beaucoup plus profitable que le
combat militaire, devra s’engager contre les idéologies et les obscurantismes
de toute nature.
Quelques questions sur la marche
J’étais solidaire des citoyens et des
organismes dans la rue lors de cette
marche pacifique. Cependant, je me dois de souligner un malaise personnel. Il y
avait un camion panaché de drapeaux de la CSN faisant scander des slogans à la
foule et je me demandais, vu les liens commerciaux que tous les pays ont, si ce
syndicat qui s’affichait si fortement
contre la guerre ne défendait pas aussi des travailleurs dont les
emplois dépendent, directement ou non, de l’industrie militaire. J’aurais
préféré qu’ils n’affichent que des drapeaux blancs.
En cas de conflits les syndicats
demanderont-ils à leurs employés de ne pas produire ce qui est destiné à
l’Armée des Etats-Unis ou ce qui est clairement identifiable à de la production
servant à l’agression? Ici et ailleurs naturellement Sinon à quoi sert la
solidarité syndicale mondiale?
Pour aller plus loin dans la compréhension
D’abord, le conflit actuel, sous couvert de
terrorisme, a à voir avec les besoins croissants d’énergie et le pétrole.
Depuis longtemps on parle d’énergie de remplacement, mais rien n’a encore été
« réellement » fait à ce sujet, car cette industrie rapporte des
milliards et ne peut être facilement abandonné. Trop d’intérêts en jeu. Comme
les réserves de pétrole facilement accessible à faible coût sont au
Moyen-Orient, cette cible n’est pas autant dictée par le terrorisme que par
l’économique quoi qu’on veuille nous faire croire. Les manifestations nous ont
montré que les citoyens ne sont pas dupes.
Ensuite, sous jacent à tout cela, il y a la question du partage et de la
cohabitation entre Israël et ses voisins, d’abord Palestiniens et ensuite
Arabe, ce qui inclut des chrétiens et des musulmans! Israël doit être reconnu
par les pays arabe comme existant de plein droit (nous irions plus loin en
disant que les Juifs doivent être reconnus comme des arabes, les Juifs étant
des Sémites au même titre que les Palestiniens) et Israël doit reconnaître la
Palestine comme existant de plein droit aussi. Une autre solution, les termes
de Palestine et d’Israël étant chargé d’une histoire trop conflictuelle,
pourrait être la création d’un État Sémite, la Sémitie, ayant deux provinces,
la juive et la palestinienne et une capitale commune, Jérusalem, puisque tant
les juifs que les palestiniens sont des sémites… et ont une longue histoire
commune qu’ils s’obstinent à ne pas partager.
Les manifestations anti-guerre du 15 février
2003, ayant amené des Juifs et des Palestiniens côte à côte en Israël, sont
peut être un espoir. Face à une menace commune on peut s’unir et voir que l’on
n’est pas si loin l’un de l’autre, car avant d’être d’une ethnie, d’une culture
ou d’une religion on est des humains avec des besoins communs. A la naissance
on n’a pas de langue, de culture ou de religion, mais on a tous besoin du sein!
Le reste on l’acquiert après, par transmission à la maison, à l’école ou
ailleurs. On reçoit le meilleur et le pire, comme les préjugés et la haine qui
sont transmis de génération en génération au point que l’on ne sait parfois
plus pourquoi « on ne les aime pas »,
sauf parce que nos pères ne les aimaient pas! En devenir conscient
serait un pas de fait.
La polarisation du débat, avec l’élection de
gouvernements orthodoxes et conservateurs, n’est pas pour faciliter la paix.
L’Europe, qui a aussi un passé colonial dans cette région, peut, mais
difficilement, prendre la pole qui est en train de brûler la main des
Etats-Unis. Le Canada, avec notre image d’ouverture et de pays jeune, sans
passé colonial, pourrait prendre la pole, mais nous n’avons plus le leadership
que nous avions en ce domaine sous Pearson et Trudeau. Bref, seul le respect
des résolutions des Nations Unis concernant l’Irak, Israël et la Palestine est
une solution actuellement. Le Canada doit le dire clairement, car il a encore
la crédibilité pour le faire. Et il reprendrait ainsi une crédibilité pas si
lointaine au domaine des relations internationales. Pour cela il faut cependant qu’il n’ait pas
peur de se démarquer de son voisin Américain, les Etats-Unis. Si l’Europe sait
nous tendre la main, en nous proposant des accords d’échanges économiques et
sociopolitiques, pour nous sortir de
notre trop grande dépendance face à notre voisin du Sud, nous serions alors
plus libre de les aider. Car, tout est lié à la maudite machine économique. On
n’en sort pas. Même les
« jobs » de plusieurs des manifestants d’hier sont liés à la machine
militaire, car c’est souvent le plus grand poste de dépense des États
dominateurs; un gros consommateur sur la scène mondiale. C’est aussi le
principal « commanditaire » de la Recherche & Développement.
Plusieurs des produits civils que nous connaissons ont pour origine la
recherche militaire. On se doit d’en être conscient.
Passer à une économie de paix et de
développement social exigera de transférer des sommes considérables des budgets
militaires à des budgets civils en
R&D, éducation, santé, etc. Bref, l’État devra reprendre sa place. De gros
joueurs s’y opposeront certainement. Les citoyens sont-ils prêts à appuyer
leurs États dans ce mouvement?
Des livres et références sur le sujet
- D’abord, celui que nous avons cité, car il est un essentiel pour
comprendre l’idéologie néolibérale qu’impose George W. Bush actuellement :
Michel Bernard, 1997, L’utopie néolibérale,
Montréal : l’aut’Jornal et Chaire de développement
socio-économique de l’UQAM.
- Sur le remplacement du pétrole par l’hydrogène :
Jeremy Rifkin, 2002, L’économie hydrogène, Paris : La
découverte. Le titre est clair.
- Sur le conflit
Israélo-palestinien et, celui sous-jacent, du terrorisme :
1) David Shipler, 2002, L’étoile et le
croissant, France : Presse de la cité. On y apprend, par des
rencontre sur le terrain, comment l’espoir fut remplacé par un sentiment de
colère et de trahison sur lesquels la montée des fondamentalismes religieux
s’appui.
2) Zehira Houfani-Berfas,
2002, Lettre d’une musulmane aux Nord-Américaines,
Montréal : écosociété. Comment se fait-il qu’on peut déclarer la guerre
pour 3000 victimes à New-York alors 800 000
victimes rwandaises n’ont pas eu droit à une seule minute de silence…
3) J-Claude St-Onge, 2002, Dieu est mon copilote, Montréal :
écosociété. Le Coran est violent? Et bien, n’en déplaise à George W., la Bible
et l’ancien testament ont aussi leur passage violent. Ils ont tous leur passage
d’amour aussi.
4) Noam Chomsky, 2001, De la guerre comme politique étrangère des
Etats-Unis, France/Québec : Agone et Comeau
et Nadeau. Le titre est clair. Si le rôle des USA dans le monde vous intéresse,
Chomsky en fait la critique éloquente.
5) Aussi un roman historique, car il donne un certain éclairage sur cette région : Gerald Messadié, 1988, L’homme qui devint Dieu,
Paris : Le livre de poche.
- Sur la faim dans le monde :
1) Jean Ziegler, 1999, La faim dans le monde expliquée à mon fils,
Seuil.
2) Car on en parle mais je ne l’ai pas encore vu, de John Ziegler (2003)
aussi, Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leurs résistent,
chez Fayard.
- Sur l’industrie militaire au Québec :
Yves Béalnger et Pierre Fournier, 1989, Le
Québec militaire, Montréal : Québec/Amérique. Malheureusement
ancien, mais cela donne une idée de l’importance de cette industrie. Qu’en
est-il aujourd’hui? Et si on parle de toute l’industrie indirecte? La
métallurgie. Le génie. Et qu dire de
l’industrie du vêtement? A-t-elle des contrats avec des armées étrangères par
exemple?
- Sites à visiter :
1) Le site d’échec à la guerre
2) La page Le monde et les communautés de Societas Criticus pour les liens vers le
monde diplomatique, l’ONU, la maison
blanche, Arab.net, le courrier international et autres sources d’informations.
Note :
1. La marche des hommes est le titre d’une chanson de Morse
Code et La maudite machine celui d’une chanson d’Octobre, deux
groupes québécois des années 1970.
***
Forum national sur la gestion des matières
résiduelles 2003
Hôtel Renaissance à Montréal
Le jeudi le 30 et le vendredi le 31 janvier 2003
Présenté par RECYC-QUÉBEC
Texte, Michel Handfield
lundi, 3 février, 2003
Après avoir assisté au Forum sur la gestion des matières résiduelles à
Montréal, voici quelques commentaires. Je dis bien commentaires, car je ne
rapporte pas des discussions, mais des feelings et quelques références
Internet. Les actes du Forum, qui seront publiés sous peu, rapporteront les
discussions de façon plus appropriée que ne le ferait un article. A chaque
médium sa spécificité.
1. Le Constat :
D’abord, cela fait du bien aux gens du milieu de se rencontrer dans un
tel cadre. D’échanger et de savoir ce que d’autres font. Car l’environnement
recoupe plusieurs secteurs qui étaient représentés ici par autant de
tables de concertation: Secteur municipal;
Secteurs industriel, commercial et institutionnel; Secteurs société
civile, économie sociale et éducation; Secteur de la construction, rénovation
et démolition; Secteur de la consignation; et le Secteur sur l’environnement et
les véhicules routiers. Chacun de ses secteurs a tenu des ateliers le jeudi
avant de revenir en plénière le vendredi.
Ensuite, après avoir assisté à ce Forum, je crois que le secteur
environnemental, qui regroupe des entreprises d’économie sociale, privées et
institutionnelles; des municipalités; des syndicats; des organismes sans buts
lucratifs; sans compter les associations et groupes de pression, va devenir en
soi un secteur autonome, comme l’est devenu le secteur des biotechnologies il y
a quelques temps en se distinguant des
secteurs technologiques et pharmaceutiques desquels il est issu. On parlera tôt
ou tard d’enviroéconomie et nous serons fiers chez Societas Criticus d’avoir
« forgé » ce terme! ( Hi, Hi!)
2. Le Progrès :
Il n’y a pas si longtemps on parlait de vidanges. On disait aux enfants
« fouille pas dans les vidanges, c’est sale! » Maintenant on recycle
et on demande davantage de recyclage. On manifeste contre des sites
d’enfouissement des déchets. Bref, le Québec a changé. Les vidanges sont
devenues une ressource.
Le fait de tenir un tel Forum avec autant de monde (des ateliers ont
même dus être ajoutés) montre le chemin qu’a fait le recyclage dans la
population, les institutions et l’industrie. Je ne mentionne pas le chemin fait
dans les Organismes Sans But Lucratif ou les Groupes de pression, car ils sont
la locomotive de ces changements depuis longtemps. A l’époque, ils passaient
pour des rêveurs. Le rêve devient réalité. Mais il y a encore du chemin à
faire, ce que les participants d’un tel Forum constatent. Ils ont d’abord
besoin de ressources (lire du financement) pour poursuivre et dépasser ce qui
se fait déjà. Car bien des OSBL travaillent avec peu de moyen et sont à bout de
souffle. Si la politique environnementale a l’importance qu’un tel Forum laisse
croire, cela devrait se voir par des investissements dans les organismes du
milieu, car il serait injuste que ce ne soit que les plus grandes entreprises
qui en profitent après tout le travail qui a été fait par les organismes du
milieu pour en arriver là.
Les autres priorités qui sont ressorties de ce congrès peuvent se
résumer, mais non se limiter, à (i) freiner le recours à l’élimination des
déchets (est-ce que cela va influencer le BAPE concernant l’agrandissement du
site d’enfouissement de Lachenaie?); (ii) poursuivre la sensibilisation et la formation au 4R-V
(réduction à la source, réutilisation, récupération, recyclage et
valorisation); et (iii)
développer de nouveaux outils et de nouvelles approches (on parle maintenant
d’éco-créativité).
Plusieurs choses intéressantes furent dites dans ce Forum, que ce soit
dans les ateliers, lors des présentations ou lors des plénières. Les actes de
ce Forum en feront foi. Mais je retiens deux points dont il fut question le
vendredi :
- On manque d’un indicateur de prévention. On sait ce qui est fait, on a
des exemples, mais on ne peut le chiffrer (Jean-Louis Bergey
de l’ADEME);
- Le représentant de la table « Industriel, commercial et
institutionnel », je crois, a soulevé une question importante à l’heure
des bilans: Avec les projets de nouveaux sites d’enfouissement actuellement sur
la table, est-ce la fin de ce beau projet? Parce que si l’enfouissement coûte
moins…
C’est une question fort importante, car le Ministère peut-il permettre
plus d’enfouissement d’un côté, favoriser plus de récupération de l’autre, et
parler de la réduction à la source en même temps? N’est-ce pas là
antinomique?
Dans cet ordre d’idée, circule actuellement l’idée d’une taxe à
l’enfouissement qui pourrait revenir au milieu. Cependant, le ministre délégué
à l’environnement et à l’eau, Jean-François Simard, a dit dans sa conférence de
clôture que:
Nous envisageons le principe des redevances à
l’élimination seulement si cela se révèle rentable pour les municipalités et
les groupes socio environnementaux.
Dans ce cas les audiences sur les sites d’enfouissement, et
particulièrement celles sur l’agrandissement du site de Lachenaie,
sont à suivre. Car si on agrandit les sites sans taxe à l’enfouissement cela
sera-t-il perçu comme un accord à l’enfouissement? Nous saurons vraiment où
l’on va lorsque le Politique prendra une décision sur ces projets. Par contre
le Ministre semble avoir l’environnement à cœur. L’avenir nous dira s’il y a
congruence entre les décisions qui seront prises concernant les sites
d’enfouissement et les espoirs soulevés dans ces deux jours.
3. Pour la suite :
Les objectifs d’un tel congrès sont beaux. Ceux de notre société aussi.
Des choses se font ici, d’autres ailleurs. Le cas de l’Europe est fort
instructif. Les lois assez claires. Mais aux Etats-Unis qu’en est-il? Personne
n’en a parlé. Pourquoi? Se ferait-il peu ou rien? Je suis préoccupé par cette
absence. Si aux Etats-Unis on n’a pas la préoccupation de l’environnement, si
on fait des emballages difficilement recyclables ou non recyclables, leur force
économique étant ce qu’elle est, nos produits risquent-ils d’être emballé dans
le même type d’emballage que les leurs? Car l’usine qui produit ici pour là-bas
(surtout si c’est une filiale états-uniennes) sera-t-elle tentée d’utiliser une
seule variété de plastique (même s’il est difficile à recycler) pour des
économies d’échelle?
Dans un prochain congrès il serait bon de se pencher sur le cas de notre
voisin du Sud. La question des Etats-Unis et du recyclage est plus importante
qu’on peut le croire au premier coup d’œil. Même si certains types de produits
pourraient être recyclé si on leur trouvait un marché assez important, notre
seule récupération n’est pas toujours suffisante pour faire tourner une
industrie et limite ainsi le recyclage de ces produits. La question du volume
se pose même dans des secteurs où nous avons du succès, comme le papier, car
nos déchets ne sont pas suffisants et les papetières doivent en importer pour
faire tourner la machine! Doit-on initier nos voisins à la récupération et importer leur produits recyclables pour
nous assurer de matières premières pour notre industrie? De l’autre côté
pourrons nous réexporter nos produits recyclés sur le marché états-uniens et
mondial? N’oublions pas que c’est ainsi que le Japon a développé son industrie
automobile, en important les vielles carcasses d’autos pour s’assurer d’avoir
le métal pour faire des voitures neuves. Le prochain congrès de Recyc-Québec
devrait porter là dessus : A la conquête des USA et du monde: Les
stratégies d’importation des matières recyclables et de vente de produits
recyclés!
4. A voir :
Jeudi, au dîner, quelqu’un m’a parlé de Mountain
Equipment, une chaîne coopérative de magasins de
sport, qui s’installe à Montréal (Marché central). Ils sont orientés
environnement jusque dans la construction de leur magasin. Voir leur site
Internet : http://www.mec.ca/Main/home.jsp (Il est actuellement en anglais mais sa
francisation est commencée)
Madame Andrée Mathieu qui a parlé d’éco-créativité, est une
collaboratrice du site de l’Agora :
http://agora.qc.ca. Je vous conseille
d’y regarder l’Encyclopédie. Elle a présenté « The Natural
Step » (http://www.naturalstep.org/) et parlé de
quelques cas, mais surtout d’Interface, le plus important manufacturier de
tapis modulaire au monde. Le site d’Interface est : http://www.interfaceinc.com/. Regardez leur section « Sustainability Overview » et
le « Reading Room » dans cette même section.
Pour l’ADEME, qu’a présenté M. Jean-Louis Bergey, voir : www.ademe.fr
Pour Éco-emballages, qu’ont présenté MM. Éric
Guillon et Bernard Herodin, voir : http://www.ecoemballages.fr
5. Amélioration continue
Naturellement, Societas Criticus étant une revue critique, on se doit de
faire quelques recommandations pour l’avenir.
J’ai remarqué lors de la présentation des exemples de cas du jeudi qu’il
y avait beaucoup de va et viens dans la salle. Deux causes sont possibles.
D’abord la plupart des gens étant du milieu, ces présentations les accrochaient
peut être moins. Ensuite, comme un tel Congrès attire des gens de plusieurs
horizons et régions, c’est l’occasion de nouer des contacts et l’après dîner
était propice à cela puisqu’il n’y avait pas de travail en atelier.
Il serait plus approprié de présenter la période « dessert et
café » comme une période de fraternisation et d’échanges entre
congressistes et de faire des présentations plus courtes en petits groupes de
façon à ce qu’il ait interaction entre le présentateur et les congressistes
intéressés. Moi j’en aurais profité pour
demander à Mme Michaud, de Loblaw-Provigo, si
le fait d’être dans l’alimentation ne facilitait pas le processus de
récupération des restes alimentaires en vue du compostage parce qu’ils ont déjà
des entrepôts frigorifiques où conserver ces aliments en attendant la
cueillette?
Autres question suite à ma participation au Forum et à l’atelier Société
Civile, Économie Sociale et Éducation : Qu’est-ce que l’économie sociale
et la société civile? J’en ai une idée, étant impliqué dans le milieu socio
communautaire et environnemental de mon quartier, mais je n’ai pas de
définition claire. Il semble en exister plusieurs d’officieuse, mais en existe-
t-il une officielle?
D’ailleurs la séparation entre ce qui est de l’économie sociale et ce
qui n’en est pas m’apparaît parfois artificielle. Une coopérative qui ferait
des explosifs pour la défense des Etats-Unis serait de l’économie sociale alors
qu’un centre de récupération ou un brocanteur privé, qui fait office de
récupérer et redonner vie à des produits, n’en est pas un vu son caractère
privé même s’il s’agit d’un petit artisan. Cette notion n’est pas toujours
limpide, le rôle social du brocanteur étant pourtant plus clair que celui du
fabricant d’armes, même coopératif. C’est une définition bureaucratique
davantage que sociologique. (Pour plus de détails voir l’annexe sur l’économie
sociale)
Quant à la Société Civile, c’est quoi? C’est qui? Des organismes
citoyens? Des entreprises d’économies sociales? Dans « Le Petit Robert sur
CD-ROM » la société civile est définie comme « l'ensemble des citoyens qui n'appartiennent pas au monde
politique », ce qui inclut autant les institutions que les entreprises
privées. Mais tel ne semble pas être la définition du milieu. Elle s’assimile
davantage aux Groupes citoyens, aux entreprises collectives, aux organismes sans but lucratif, etc., bref
aux entreprises d’économie sociale.
Pour vous aider, disons que le terme de
« Société Civile » fut popularisé avec les mouvements
anti-mondialisation, ceux ci se réclamant de la société civile par opposition
au Politique et aux entreprises capitalistes, surtout les multinationales, car
ces dernières ne peuvent plus se revendiquer de l’État puisqu’elles le
dépassent et lui imposent depuis longtemps leurs choix et façons de faire.
Reste donc les organismes citoyens, OSBL et syndicats qui ont pris ce terme de
« société civile » pour se
redéfinir par opposition à l’État et aux multinationales. Les petits entrepreneurs,
travailleurs autonomes et artisans en font probablement partis, puisque eux
aussi subissent la mondialisation pensée par les grands. Mais je ne sais pas
s’ils sont inclus dans la définition que se donnent les groupes de la société
civile. On peut en trouver une définition sur le site de l’encyclopédie de
l’Agora (http://agora.qc.ca/).
Il y a donc un vocabulaire propre au milieu,
comme dans toutes les professions, qui fait en sorte que leur herméneutique
n’est pas compréhensible à tous. Il faudrait donc un lexique dans les Actes du
Congrès à venir pour expliquer ce que sont la Société Civile et l’économie
sociale.
6. En bref…
Pour conclure, le but étant « Cap sur 2008 » pour l’atteinte
des objectifs de la politique québécoise en matière d’environnement (65% des
matières résiduelles présentant un potentiel de valorisation devront être mises
en valeur annuellement au Québec), d’autres congrès sont à venir pour savoir où
la société québécoise en sera et corriger le tir au besoin. Espérons qu’ils
suivront nos recommandations et qu’on aura droit à un colloque panaméricain.
Car je crois qu’il faut mettre l’Amérique dans le coup. Sinon ce sera toujours
difficile en terme d’opportunités de marché.
Annexe sur l’Économie sociale
Logiquement, l’économie résultant de transactions
entre acteurs sociaux pour l’obtention de biens et services est sociale! Toute
économie est donc une économie sociale et politique. Autrefois on parlait
d’ailleurs d’économie politique et non d’économie tout court comme aujourd’hui,
car l’économie n’était pas désincarnée de son milieu. Mais maintenant que le
rendement et la production ne vont plus de pairs, qu’une entreprise vaut plus
en pièces détachées qu’en entier et que les profits correspondent à des baisses
d’emplois, l’économie ne semble plus avoir de rapport avec la société dans la
laquelle elle est, mais fonctionner en vase clos. Elle est devenue l’Économie!
Par opposition les groupes et les entreprises qui croient qu’il est
nécessaire de revenir aux racines sociales de l’économie; que les personnes, la
communauté et l’environnement sont plus important que les seuls rendements; et
qui ont un « service du personnel » plutôt que des « Ressources
Humaines » (1) deviennent porteur d’une autre façon de faire: l’économie
sociale. Elle regroupe donc les entreprises dont l’objectif premier n’est pas
le profit (ce qui ne les empêche pas de faire des profits), mais le bien être
de ses membres, de ses travailleurs et de la collectivité. Bref, l’économie
sociale est un secteur économique humaniste et progressiste si je puis dire. Malheureusement les définitions
actuelles de l’économie sociale semblent exclure toutes formes d’entreprises
privées alors que certaines d’entre elles pourraient en faire partie, les
gestionnaires étant humanistes et visionnaires. Inversement, certaines
entreprises qui en font partie d’office, comme les mutuelles et les
coopératives, le méritent-elles tous. Car remplacer des caissières par des
guichets automatiques est-ce de l’économie ou de l’économie sociale?
Cette économie n’a pas encore fini de se définir je
crois. C’est pour cette raison qu’il est difficile d’en trouver une définition
arrêtée.
Pour ce qui est d’une définition officielle de l’économie sociale, j’ai
trouvé la définition suivante à la p. 8 de « La Politique de
soutien au développement local et régional et l'économie sociale : Conjuguer
l'économie et le social » (résumé) du Ministère des
régions, 1998 :
Cette définition de
l’économie sociale comprend deux concepts :
Économie : Ce concept
renvoie à la production concrète de biens ou de services ayant l’entreprise
comme forme d’organisation et contribuant à une augmentation nette de la
richesse collective.
Sociale : Cette notion
réfère à la rentabilité sociale et non purement économique de ces activités.
Cette rentabilité s’évalue par la contribution au développement démocratique,
par le soutien d’une citoyenneté active, par la promotion des valeurs et
d’initiatives de prise en charge individuelle et collective. La rentabilité
sociale contribue donc à l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être de
la population, notamment par l’offre d’un plus grand nombre de services.
Tout comme pour le secteur
public et le secteur privé traditionnel, cette rentabilité sociale peut aussi
être évaluée en fonction du nombre d’emplois créés. Le domaine de l’économie
sociale regroupe donc l’ensemble des coopératives, des mutuelles et des
organismes à but non lucratif qui s’ordonnent autour des principes et des
règles de fonctionnement suivants :
Le bien commun
L’organisme d’économie
sociale a pour finalité de produire des biens et des services à ses membres ou
à la collectivité.
L’autonomie de gestion
L’organisme a une autonomie
de gestion par rapport à l’État.
La démocratie
L’organisme intègre dans
ses statuts et ses façons de faire un processus de décision démocratique
impliquant les usagères et les usagers, les travailleuses et les travailleurs.
La primauté de la personne
L’entreprise ou l’organisme
défend la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la
répartition de ses surplus et de ses revenus.
Le principe de la
participation
L’organisme fonde ses
activités sur le principe de la participation, de la prise en charge et de la
responsabilité individuelle et collective.
Deux autres définitions facilement accessibles se trouvent sur le site
du Chantier de l’économie sociale (www.chantier.qc.ca/) et sur celui de
l’Équipe économie sociale, santé et bien-être de l’UQAM (www.unites.uqam.ca/essbe/). Je n’ai
eu accès à aucune définition de l’économie sociale sur le site du Ministère de
l’emploi et de la solidarité sociale (www.mess.gouv.qc.ca/), où je
m’attendais pourtant à en trouver une tout naturellement, économie sociale et
solidarité sociale allant de pair. (2)
Note :
1. En effet, ce serait là un indicateur. Car une
ressource humaine, c’est comme toute autre ressources, échangeable ou jetable
pour 10 cents d’économie. On prend la ressource la plus rentable ou la moins
chère du moment, on ne perd pas de temps avec ça! A fait pas, change là! Un
service du personnel c’est autre chose. On croit à la personne. On peut
l’aider, la former. La soutenir, lui donner le temps que son talent éclose. On
peut la recycler!
Tout un
changement de philosophie est venu avec le passage de « Service du
personnel » à « Ressources Humaines ». Peu l’ont vu. Alors si
une entreprise privée a un « service du personnel » elle va peut
être plus dans le sens d’une « économie sociale » qu’une grosse
coopérative qui a un bureau des « Ressources Humaines » et qui peut
remplacer ses employés par une technologie automatisée pour sauver des coûts...
malgré ses profits!
2. Pour nos lecteurs Français il y a aussi le livre d’André Neurisse, L’économie
sociale, qui peut être intéressant. Ce livre date de 1983 et est dans la
collection « que sais-je? » (No. 2131).
*********
Ce texte n’est pas une
fiction, mais une analyse de la réalité. En ce moment on se prépare à une
confrontation possible aux Nations Unies entre deux visions du monde
capitaliste, l’anglo-américaine et le modèle Rhénan, mais aussi à la remontée
possible de l’Europe au premier plan de la politique internationale. On se
prépare à une guerre annoncée entre les USA et l’Iraq (Bush a fixé le délai de
son ultimatum au 17 mars 2003), représentant deux civilisations différentes,
l’Anglo-États-Uniennes et l’Arabe, mais aussi les civilisations Chrétiennes et
Islamistes entremêlée dans un conflit amour/haine entre elles et avec le
Judaïsme, car il y a des progressistes, des libéraux, des conservateurs et des fondamentalistes dans
chacun de ces camps! Certains se parlent, d’autres se menacent. Et sur ce fond,
des élections se préparent au Québec, dont le déclenchement est prévu pour
cette semaine, en même temps que les idées de gauche et de droite s’embrouille
de plus en plus dans les transformations mondiales qui se dessinent: Le Premier
Ministre du Labour Britannique (Gauche) étant près de Bush (Droite
États-uniennes) alors que Chirac (la Droite française) est à gauche et en
totale opposition à la guerre de George W. Bush! Sommes-nous pris dans un
piège? Et s’il y a piège, il doit y
avoir moyen d’en sortir. Nous l’espérons C’est ce que dossier regarde. Ce n’est
pas un thriller, c’est la réalité!
Le piège : Une nouvelle histoire de
société!
Par Michel Handfield
Montréal, 8 mars, 2003
Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle; ce n’est
point une loi. Le peuple anglais pense être libre; il se trompe fort, il ne
l’est que durant l’élection des membres du Parlement; sitôt qu’ils sont élus,
il est esclave, il n’est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage
qu’il en fait mérite bien qu’il la perde. (J-J
Rousseau, Du contrat social, Chapitre XV, Des député ou représentants)
Le monde change. Ce slogan, nous l’entendons souvent au sujet de
l’évolution technique et économique. Mais au niveau politique qu’en est-il?
Nous avons souvent l’impression que nous revenons aux mêmes oppositions qu’au
temps de Socrate, le père de l’humanisme, et de Platon, le père de l’idéologie
(Saul, 1995, p. 59); que l’évolution est nulle. En fait, l’évolution
sociopolitique fut importante. Pensons aux conditions de vie des débuts du
capitalisme, à l’esclavage, au travail des enfants, à l’absence de droits, à
l’insalubrité industrielle et aux taudis urbains (tels que décrits dans Le
Capital de Marx) que nous avions réussi à surmonter. Nous nous
étions donnés des lois sociales dans les sociétés capitalistes avancées
contrairement à certaines sociétés qui en sont encore aux conditions du XIXe
siècle quand ce ne sont pas des conditions s’apparentant à l’esclavage.
Mais avec le tournant des années 1980, l’économie
a pris de plus en plus de place. Le Politique, qui était la place des débats et
le moteur du changement, est de plus en plus à sa remorque. Les entreprises n’ont plus de frontières,
l’économie ne connaît plus les fuseaux horaires, et la technologie remplace de
mieux en mieux l’Homme. (Hirschhom, 1984; Shaiken,
1984) Tout bascule.
Alors
que les entreprises étaient en concurrences pour conquérir des marchés
nationaux, ce sont maintenant les États qui se concurrencent pour attirer les
investissements. L’économie au service de la société devient la société au
service de l’économie. Il était moral qu’une part de la richesse produite serve
au bien public, ce qu’on appela l’ère de l’État providence. Maintenant c’est
l’État qui doit subventionner les entreprises à partir de l’impôt des citoyens!
On est
entré dans l’ère
du corporatisme :
« There has never been so much disposable
money, yet there is no money for the public good. In a democracy this would no
be the case, because the society would be centred, by general agreement, on
disinterest. In a corporatist system there is never any money for the public
good because the society is reduced to the sum of the interests. It is
therefore limited to measurable self-interest. » (Saul, 1995, p. 37)
La réduction des services de l’État, la diminution des normes du travail
et des conditions d’emplois, par le retour au « travail autonome », sont de plus en plus la réalité des sociétés avancées.
On veut évoluer, mais on recule. Comment en est-on arrive là? Pouvons
nous en sortir? Ce type de discussion
est à la fois terre à terre et philosophique. Car le monde que l’on fait vient
d’abord des idées que l’on a, de la façon dont on les défend et de la façon
dont on le construit par nos actions, toutes nos actions. Le totalitarisme
existe en partie parce qu’une majorité l’accepte en jouant le jeu de la
dénonciation des libres pensant. (La Boétie, 1995) La démocratie existe parce
qu’on joue le jeu de la démocratie. A partir du moment où on ne vote plus et où
nous ne manifestons plus, n’importe quel dictateur peut changer la règle du jeu
et se « proclamer » Souverain! Amnésié par la communication de masse
et de moins en moins communicatif entre nous, citoyens, nous sommes de plus en
plus vulnérables. L’organisation sociale et politique est remplacée par les
loisirs et le marketing. L’État est à la remorque des entreprises
multinationales, qui font des profits supérieurs aux revenus des États et n’ont
pas ses limitations territoriales. Nous sommes pris au piège. C’est l’objet de
ce dossier. Car s’il y a piège, il doit y avoir moyen d’en sortir. Nous
l’espérons.
1. Le monde
d’aujourd’hui!
Le monde d’aujourd’hui est bien différent de celui d’avant. Les frontières
étaient nationales, elles sont maintenant culturelles. Les mondes financier,
politique, culturel, etc., vivent chacun dans leur bulle, au plan local, mais
sont de plus en plus réseautés au plan mondial. Chacun à son langage, ses
idéaux et ses mythes fondateurs. A l’intérieur et à côté d’eux existent des
mondes alternatifs et anarchistes qui rejètent les règles du jeu, mais qui sont
tout aussi mondialisés et réseautés. Le Mouvement anti-mondialisation a connu
le succès grâce à sa capacité de mobilisation mondiale via l’Internet! Les
récentes manifestations anti-guerre (février 2003) ont aussi été mondiales
grâce aux mêmes canaux. Le monde est de plus en plus petit, mais l’individu de
plus en plus seul en ses frontières!
Autant les sociétés traditionnelles étaient un tout, la société moderne
est un lieu. Les mailles sociales étaient liées à la proximité; aujourd’hui
elles sont liées à des intérêts communs à l’échelle du monde économiquement
développée (celui de la mondialisation). Les jeunes de la paroisse ou du
village se fréquentaient. Aujourd’hui ils habitent la même rue sans se
connaître, mais « chattent » avec des amis virtuels d’un autre
continent. Le local est supplanté par le mondial. L’individu supplante le
citoyen et se distancie de ses anciens groupes d’appartenances. Mais le tout
passe par le réseau des réseaux. Il y a les branchés et les analphabètes de
l’Internet. Une nouvelle coupure sociale se dessine. Des peuples entiers, trop
pauvres pour y avoir accès, ne seront bientôt plus sur la carte du monde
« réel », car le virtuel devient le réel! L’information y circule et ne pas y avoir
accès devient synonyme de ne plus être de ce « monde ». Tant les
financiers que les marginaux le savent. Le plus conservateur des financiers ne
peut se passer d’Internet (même s’il fait faire le travail par un autre) et de
ce qu’il contient. C’est l’enjeu en devenir au même titre que le fut
l’éducation gratuite des débuts du capitalisme.
Prenons le monde financier, car c’est la nouvelle élite en place. Celle
qui influence le Politique, à défaut peut être; le Politique ayant renoncé à
lui imposer ses lois. (Brender, 2002) Ce
monde a changé. Autrefois s’en était un d’entrepreneurs et de producteurs;
aujourd’hui s’en est un de financiers et
de spéculateurs qui font que l’on peut gagner ou perdre sans produire,
simplement en gageant sur ce que sera la production d’orange dans 6 mois
(marché des options) ou en achetant une entreprise pour la démanteler, sa
valeur de revente en pièces détachées étant supérieure à sa valeur en un seul
morceau! Dans ce monde, des pros font de l’argent, des petits en perdent et la
plupart des citoyens poursuivent leurs activités sans savoir les tractations
qui se font au dessus de leurs têtes dans les bourses électroniques! Lorsqu’ils
le savent, il est trop tard. Ils
viennent d’apprendre que le Président a eu un bonus proportionnel aux emplois
qu’il vient de supprimer pour accroître le rendement virtuel de l’action. Il
n’est pas sûr que l’école leur a donné ce qu’il faut pour comprendre et encore
moins pour protester. Car l’école veut produire des gens apte à travailler, pas
à questionner!
En fait, chaque monde opère des transactions rationnelles en son sein,
mais pas nécessairement pour l’ensemble. Ainsi, s’il est plus payant d’abandonner
la production à un pays en voie de développement (PVD), on le fait sans penser
qu’en même temps on transfère des connaissances qui feront que ce producteur
pourra nous concurrencer dans notre « core product » ou dans un
autre créneau dans 5, 10 ou 15 ans! Qu’il pourra acculer à la faillite notre
entreprise ou toute une industrie! Le but est la rentabilité à court terme. Les
administrateurs se doivent d’encaisser leur bénéfice, car il n’est plus sûr
qu’ils soient dans leur position dans 6 mois, un an ou deux! Les décisions ne
sont pas prises avec un objectif à long terme, mais en fonction d’une
capitalisation rapide.
Prenons le cas du vêtement. On a transféré la production bon marché vers
les pays en voie de développement en disant que nous conserverions le haut de
gamme, plus rentable. Nous devions ainsi profiter des bas salaires pour
accroître nos bénéfices. Mais c’était oublier qu’une fois que vous avez appris
à produire du bas de gamme, vous pouvez aussi produire du haut de gamme! Alors
même notre haut de gamme vient de plus en plus de PVD. Suffit de regarder
l’étiquette. Parfois on va placer une étiquette du designer occidental bien en
vue pour faire bonne impression, mais
l’étiquette de fabrication sera cachée à l’intérieur (dans un endroit
moins visible) pour ne pas que vous sachiez que le vêtement que vous
allez payer quelques 100$ a été fait dans un pays où le salaire est d'un ou
deux dollars par jour!
Naturellement, on rétorquera que c’est le marché! Mais dans les faits,
ça fait longtemps qu'on a oublié ce qu'est le marché. Essayez de négocier
un prix dans un magasin renommé du centre-ville et vous verrez que le marché
(lieu de rencontre et de négociation entre consommateurs et vendeurs) n'existe plus. Dites d’un chandail qu’il ne
vaut pas plus que 10, 15 ou 25$ (prix que vous payeriez dans certaines grandes
chaînes pour un vêtement venant du même pays)
et on vous regardera comme si vous veniez de Mars! Et si ces
magasins de renom ne vendent pas assez, nous, citoyens, allons leur venir en
aide par le biais de nos institutions subventionnaires ou par des réductions
d’impôts. Réductions qui seront compensées par des hausses d’impôts des
particuliers ou la coupe de services publics naturellement. Il y a toujours
quelqu’un qui paie quelque part et c’est le contribuable. Mais on se doit
d’être positif!
2. Soyons positif!
Être positif. Consommez pour montrer que l’Amérique sait surmonter les
obstacles! Mettez les « success stories » à
l’avant plan et valorisez ce qui
fonctionne « plutôt que de mettre l’accent sur ce qui ne fonctionne
pas » (David, 2002b) ... c’est le credo social à la mode. Le nouvel
âge n’est plus une affaire individuelle. Il est sorti de la marginalité et est
socialement accepté. Il s’enracine dans nos vies au même titre que la science.
Les entreprises demandent à leurs employés d’être positif et leur font suivre
des séminaires qui, il n’y a pas si longtemps, pouvaient être considérés comme
marginaux. Nos ministres nous disent d’être positif et l’école mets un psy sur
le cas de votre enfant s’il est négatif!
Les critiques et les intellectuels sont priés de se taire sous peine
d’opprobre sociale.
A cette philosophie positiviste se greffe l’idée de la recherche
collective du bonheur. On doit trouver le Nirvana, qu’il soit dans la
consommation ou dans une façon « soft » d’être gouverné! Les
critiques en sont les exclus. Les positions alternatives sont à la marge, car
on le sait, « eux », ils ne sont jamais contents! On veut une
gouvernance clef en main. S’il était possible de ne pas en entendre parler ce
serait encore mieux. Si on pouvait impartir notre rôle de citoyen, la majorité
le ferait au profit de fondés de pouvoir professionnels! Quand on nous propose
des choix politiques prédigéré et prêt à être consommé, comme autant de repas
minutes, on ne peut que jubiler! La différence entre les partis politiques est
comme celle entre les fast-foods : très semblables sauf pour quelques
petites garnitures. Potable, mais sans saveur particulière. Le produit n’est
plus qu’image et figure de style. L’exercice de la démocratie, coutume
accessoire. Il n’est pas surprenant que les mouvements populaires, la
marginalité et le milieu alternatif prennent autant de place. C’est un constat
politique, un choix. D’ailleurs, si on considérait le non vote lors des
élections, il aurait souvent la majorité. Mais le Politique ne s’intéresse pas
de savoir ce que le non vote signifie. Et s’il signifiait que « personne
n’est capable de me représenter dans les choix que vous me proposez »?
Mais le non choix n’est pas considéré. Les partis politiques ont des
faiseurs d’images pour vendre leur programme, qui doit tenir en une ligne-choc
de 10 secondes, comme de la bouffe pour chiens! Et cela à la grandeur de la
planète s’il le faut, comme Georges W. Bush qui martèle sans cesse son
programme de guerre : « You’re with us or against us? » On est dans le marketing planétaire!
3. Le marketing
planétaire
En
affaire le marketing et le brainstorming ont remplacé le marché pour
« façonner » le goût du consommateur. L’objectif ultime est de nous
faire afficher notre individualité en portant tous la même griffe, en votant
pour le même parti et en buvant le même cola partout sur la planète! Pour cette
raison j’écris ce texte en buvant une « root beer »! Je suis un délikan intellectuel!
Mais pour être en affaire ou en politique, il faut un marché. Le plus
vaste marché politique actuellement
disponible, c’est le bassin des gens désabusés. Le message peut être
clair : « Je suis contre et je propose ce que la masse dit! »
C’est ainsi que Le Pen a surpris au premier tour des élections françaises.
Malgré ses positions d’extrêmes droites que la majorité dénonçait, un large
électorat a voté pour lui en même temps qu’il disait s’y opposer! Une façon de
dire au Politique qu’il nous emmerde, sachant bien que le premier tour est
l’occasion d’envoyer un message. Au second tour, la vraie élection, Le Pen a
mordu la poussière. Mais les français avaient la possibilité de choisir leur
Président alors qu’aux Etats-Unis les citoyens votent pour des « grands
électeurs » qui, eux, votent pour le Président, ce qui explique que George
W. Bush a pu être élu sans représenter
la majorité des citoyens! (1)
Au Québec, la situation est différente. Nos deux principaux partis
politiques ne se distinguent pas sur des positions idéologiques de gauche ou de
droite, mais à savoir si le Québec veut demeurer au sein du Canada, pour
le PLQ, ou s’il veut s’en démarquer avec
le PQ – je ne dis pas s’en séparer car le PQ est parfois souverainiste pur et
dur alors que d’autres fois il est associatif avec le Canada! S’immisce
maintenant entre les deux l’Action Démocratique du Québec (ADQ), qui offre un
moratoire sur la question nationale mais un programme de réduction et de
privatisation de l’État accompagné de
propositions de baisse d’impôts copié sur le modèle conservateur Etats-uniens!
C’est rassembleur, car tous les citoyens disent payer trop d’impôts! Mais les citoyens commencent à regarder ce que signifie une coupe dans
l’État. Car une baisse de taxe vaut elle le coût, s’il faut payer davantage le
privé pour recevoir des services que l’État nous offrait auparavant?
Il fut un temps où l’État providence était la solution, car le
capitalisme s’opposait au communisme et se devait d’avoir un visage plus
humain. C’était l’ère du capitalisme de rhénan. Mais avec la chute du
communisme et les déficits hors contrôle des États providences, il s’est
effectué un virage radical. L’État s’est retiré de plusieurs de ses sphères
d’activités au profit du privé. On avait assisté à des nationalisations
d’entreprises; maintenant on assiste à leur reprivatisation. Les syndicats ont
connu un recul alors que les entrepreneurs et les financiers devenaient de
nouvelles vedettes et faisaient l’entête des magazines! Le capitalisme se
radicalisait avec le modèle anglo-américain. (2)
Dans les entreprises, plus on était gros, plus on couvrait des secteurs,
mieux c’était. C’était le temps de croît ou meurt! Puis vint l’idée du
dégraissage. Les entreprises vendaient des pans entiers de leurs activités,
même à perte, pour se recentrer sur leur « core product ». La mode du
downsizing venait de naître!
Au nom de la facilité, tant le citoyen que le manager cherchent des
recettes toutes faites. Et des recettes toutes faites il y en a! (Shapiro,
1995; Saul, 1995) Ce sont les
idéologies. La politique et les managers nous les servent continuellement, ce
qui explique l’impression de déjà vu et le désabusement citoyen. Car dès qu’une
idée a du succès, à Londres, Paris ou Washington elle sera reprise ici et
ailleurs jusqu’à la lie. On nous sert le discours de la société distincte, mais
on doit se confondre aux idées maîtresses qui circulent dans le monde que ce
soit la réduction de l’État, les subventions aux entreprises ou les fusions
municipales!
Aujourd’hui la mode nous vient des conservateurs États-uniens et est à
l’État minimal! On doit tendre vers l’effacement de l’État au profit
d’organismes de gestion supranationaux, comme l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC), et de Gouvernements continentaux comme la Communauté Économique
Européenne. Au niveau des entreprises on assiste à des fusions et à une
concentration de plus en plus forte des multinationales. Les petites
entreprises, à moins d’être dans des créneaux très spécifiques, sont soit des
fournisseurs des plus grandes ou des cibles pour celles-ci. Comme les États,
elles ont de moins en moins de spécificité, car le marché n’est plus local,
régional ou national, mais continental ou mondial.
En ce domaine comme en d’autres,
les recettes toutes faites ne sont pas nécessairement bonnes pour tous et ne
peuvent s’appliquer partout de la même façon. Le tout public ou le tout privé
ne sont pas nécessairement la solution. Mais la machine derrière cette
idéologie est puissante et supplante toutes les autres approches dans le monde
industrialisé actuellement. C’est ainsi que l’on nous impose la version la plus
avancée du modèle économique anglo-américain : le néolibéralisme. « You are with us, or against us »
pourrait dire le Président des Etats-Unis sur ce point aussi! Car si la machine
de guerre fonctionne contre les États rebelles aux yeux du Président, la
machine économique fonctionne contre tout modèle idéologico économique qui
n’est pas le modèle néolibéral actuellement proposé par les Etats-Unis à
travers les organismes mondiaux que sont l’OMC, la Banque Mondiale… et les
grandes multinationales! (Albert, 1991; Barber, 1995; Forrester, 1996 et 2000;
Brender, 2002; Ziegler, 2002)
Cependant une avant-garde citoyenne, malgré quelques difficultés, réagit
à travers des coalitions, mondiales elles aussi, comme les groupes
anti-mondialisation et les Organismes Non Gouvernementaux (ONG). À la
mondialisation économique s’oppose de plus en plus une mondialisation sociale
et politique qui plaidera pour une place citoyenne dans les organismes
supranationaux. Mais il faudra une volonté populaire pour leur donner le poids
nécessaire pour faire accepter ces changements par les organismes en
cause. Ce ne sera pas chose facile vu le
poids économique des défenseur du nouvel ordre mondial néolibéral. Ceux-ci ont
les moyens d’organiser des campagnes d’informations sur les maux et les coûts
de l’État, ce qui ne peux que les aider à modeler l’opinion publique. Leur
slogan devient l’air du temps!
4. L’air du temps!
Le mouvement mondial qui « buldoze » actuellement les spécificités locales et leur
économie est le néolibéralisme. Il s’assimilé à une montée de la droite un peu
partout dans le monde autour de la notion de réduction de l’État. Autant le
Labour de Tony Blair (Grande-Bretagne) que les Républicains de Georges W. Bush
(Etats-Unis) sont d’accord sur plusieurs
points. Lors des vagues de privatisations, autant des gouvernements de gauche que
de droite ont vendu des sociétés d’États, malgré leurs programmes et leurs
militants. C’est comme si une fois au pouvoir, on ne peut gouverner qu’au
centre et que celui-ci s’est déphasé vers la droite. Il y a de légères
différences entre le centre gauche et droit, mais on dirait que la majorité des
partis suivent un certain sillon tracé par les organismes supra nationaux que
sont l’OMC et la Banque Mondiale. (à ce sujet
voir Ziegler, 2002) C’est un peu le
message qu’ont envoyé les français en votant Le Pen au premier tour : peu
importe qui gouverne il devra suivre la voie tracée! Alors que ce soit la
gauche ou la droite, seul le discours changera. Comme Blair suit Bush! Mais en
fait, la droite française est plus à gauche que Blair face à l’Iraq, ce qui est
rafraîchissant. Et comme elle est accompagnée de l’Allemagne dans cette
position, est-ce le signal d’une remontée du modèle rhénan et d’une nouvelle
confrontation avec le modèle anglo-américain du capitalisme? C’est à suivre:
capitalisme contre capitalisme prise deux! (Voir la note 2) Pour notre part, nous nous situons dans
cette tradition d’un capitalisme plus social, ce dont nous parlerons plus loin
à la section 7 de ce texte.
Au Québec, les gens d’affaires, qui ont intérêt à faire passer cette
vision de réduction de l’État, l’on vite compris et se sont tournés vers l’ADQ
pour trois raisons. D’abord, c’était un parti à construire. Il n’avait donc ni
tradition, ni programme; donc pas de risque que des militants s’opposent à un
virage à droite contrairement aux deux autres partis qui ont des militants plus
aguerris et une certaine tradition. Ensuite, le noyau du parti était déjà
ouvert aux idées de la droite canadienne et États-uniennes, car ils ont
participé à certaines activités de la droite canadienne et cité en modèle nos
voisins du Sud à quelques occasions déjà. Enfin, l’image de jeunesse du chef et
de nouveauté du Parti leur donnait un avantage de départ auprès des électeurs
et faisait en sorte que le contenu soit en partie totalement ignoré. Bref, ils
y voyaient une façon de faire passer un programme néolibéral sans que les
citoyens ne votent sur le programme, mais sur la seule idée de jeunesse et de
changement du Parti. Ils espèrent toujours un coup de maître : faire
passer ces idées conservatrices pour de la nouveauté! Cependant les médias,
attirés par leur popularité montante, ont commencé à mettre leur contenu en
lumière.
Mais
le succès d’un Parti, comme celui d’un nouveau savon, amène les autres
« producteurs » à en copier certaines lignes et en s’en distinguer
sur d’autres. Notre savon lave aussi blanc, mais vous coûte moins cher! En
langage de marketing politique cela se traduit par « Nous vous proposons
les même réductions d’impôt, mais sans les inconvénient de la médecine à deux
vitesses de notre concurrent! » Cette nouvelle idéologie étant mise sous
examen par les autres partis politiques, ils s’y sont ajustés. Cependant, on
voit que dans l’ensemble, des idées de droite d’hier deviennent les idées du
centre d’aujourd’hui. C’est comme si le marketing politique se chargeait de
nous les faire accepter comme venant de nous!
C’est ainsi que le PLQ, d’où origine l’ADQ d’ailleurs, semble dire que
ce dernier n’offre qu’une pâle copie du programme Libéral, mais plus à droite.
Pour le PQ, même si on frappe aussi sur cette idée du programme de droite de
l’ADQ, on « admet » qu’il faut
revoir le modèle québécois, qui était pourtant une vache sacrée il y a quelques
temps encore. Tous s’accordent pour alléger le poids de l’État et promettre des
réductions d’impôts, car ce modèle est dans l’air du temps. Il est sur toutes les lèvres des commentateurs
politiques et économiques que ce soit à la radio, la télé ou dans les médias
écrits! Bref, on est en train de forger
l’opinion en vue d’une réduction de l’État pour un petit 5$ de réduction
d’impôt… sans savoir ce qu’il nous en coûtera en service privatisé! Car, aux yeux de plus en plus de citoyens la
machine gouvernementale est un coût, la réglementation un irritant et voter une
corvée!
Pour une part grandissante de citoyens le marché est supérieur à toutes
formes de réglementation bureaucratique tels que le disent les commentateurs
vedettes… par le plus pur des hasards!
L’idéologie néolibérale fait son chemin. Le modèle du faible impôt de notre
voisin du Sud nous fait saliver. Celui de leur médecine techno aussi. Sauf
qu’on ne nous parle pas trop de l’inaccessibilité de ce modèle pour la plupart
de leurs citoyens et des coûts de leurs assurances privées par rapport à ceux
de notre assurance étatique. L’information ciblée peut aussi être de la
désinformation!
5. Le
Néolibéralisme s’étend
Pour la plupart des gens, c’est la sclérose du système qui est en cause.
Le fait que le citoyen de bonne foi se heurte à un barrage de formulaires et
que la moindre erreur, même sans gravité, retarde un
processus déjà lent. Le fait que le citoyen a l’impression de ne pas en
avoir pour son argent et que la valeur
d’échange du système (l’impôt payé) lui semble plus élevée que sa valeur
d’usage (ce qu’il perçoit recevoir en retour) comme l’aurait dit Marx. Le
citoyen recherche un État modeste et efficace.
Des penseurs; des scientifiques, tant des sciences humaines que des
sciences pures; des philosophes; des gens d’affaires; des politiciens; des
artistes et même de simples citoyens pensent des modèles et les proposent, que
ce soit par des congrès, des chaires universitaires, des programmes politiques,
des groupes de réflexions, des forums Internet ou les pages d’opinions des
quotidiens. Cette recherche de l’efficacité de l’État n’est pas nouvelle. La
France, dont l’inefficacité bureaucratique semble autant faire partie de la
culture que des mythes, a été inspirante pour Michel Crozier qui a écrit
plusieurs ouvrages sur le sujet (voir en bibliographie). Mais ce qui est nouveau, c’est cette association
entre efficacité et réduction de l’État, comme si une bureaucratie privée était
davantage efficace! Mais a-t-on vraiment plus de service dans une bureaucratie
privée? Qui pose la question.
Les Etats-Unis, pays de la libre entreprise, dont la population
entretien une réticence face à l’État, a été le berceau des penseurs
néolibéraux dans la foulée de Milton Friedman et de l’école de Chicago.
Pour eux l’intervention étatique ne peut être que destructrice! Vu le poids de
cette idéologie aux Etats-Unis et le poids des Etats-Unis dans l’économie
mondiale, il n’est pas surprenant qu’ils se sont fait les défenseurs de cette
idéologie et pèsent de tout leur poids sur l’Organisation Mondiale du Commerce
(OMC) pour que les barrières tarifaires et les législations nationales soient
réduites au minimum face aux impératifs commerciaux. Car les Etats-Unis ne
voient pas le commerce comme un simple moyen d’échange, mais comme un moyen de
démocratisation et de libéralisation du monde!
Rien de moins que le modèle États-uniens comme modèle de démocratie
mondiale. Tel est le mythe qui pousse
les Etats-Unis, malgré tous les détournements de fonds dont a été victime
l’aide au développement international par le passé, a poursuivre dans cette
voie du libre marché comme seul moyen de justice économique et sociale; comme
si les ex-profiteurs transformés en « capitalistes » étaient pour
devenir des philanthropes par un coup de baguette magique!
En fait ce modèle est un héritage du « Reaganisme ». Son but
était de favoriser l’enrichissement de la population par la profitabilité des
entreprises. Si les riches s’enrichissent, les pauvres recevront leur part par
« dégoulinage »: l’activité économique ne pouvant que créer des
emplois et de la richesse pour tous! Il fallait donc baisser les impôts des
riches et affaiblir les syndicats pour stimuler l’emploi! (Bernard, 1997, p. 48
et 125) C’est ce qui explique la mode de réduction de l’aide sociale et les
hausses des subventions aux entreprises, comme si chaque coupe dans l’aide sociale
créait automatiquement des emplois! En fait ces transferts ont plutôt contribué
à accroître les profits, mais non leur redistribution. Même les actionnaires ne
sont pas ceux qui se sont le plus enrichie par cette politique. Par contre les
hauts dirigeants nord-américains en ont largement profité avec « une
augmentation de leur « rémunération » oscillant entre 400 et 600%
tandis que celle de la productivité et des salaires se situait autour de 18% à
25% » depuis 1996! (Aktouf, 2002, p. 115)
Une part des argents ainsi obtenus a aussi servi à l’automatisation du
travail de telle sorte qu’aux coupes de la sécurité sociale se sont ajoutées
des coupes d’emplois, subventionnées par les économies réalisées sur le dos des
travailleurs! Ce n’est pas une approche dont on peut être des plus fiers.
Malheureusement c’est celle qui est prônée par les républicains aux Etats-Unis
et la droite conservatrice au Canada.
Cette alliance entre les gens d’affaires et la droite néolibérale se
voit aussi dans le financement des partis politiques. Alors que la gauche est
soutenue par les organisations syndicales (par exemple le NPD au Canada), et le
centre par des citoyens et des corporations (le Parti Libéral), la droite
néolibérale est d’abord soutenu par des corporations. Le Parti Républicain aux
Etats-Unis en est l’exemple. Et cette droite le leur rend bien en soutenant
l’économie non pas par des incitatifs à la consommation (comme un accroissement
de l’aide sociale) et aux citoyens, mais par des incitatifs à la productivité
et des contrats gouvernementaux – surtout militaire – aux entreprises! C’est le
« corporate welfare ».
(3)
Ce modèle est près de l’anarcho-capitalisme, à l’exception qu’il
conserve un État minimal, qui protège les droits de propriété et commerciaux;
s’occupe de sécurité (police, armée et « big brother »); et est un palliatif à ce à quoi
l’entreprise ne peut répondre pour cause d’absence de marché ou de non
rentabilité, comme l’aide minimale aux pauvres. Mais presque tout est
commercialisable : des soins de santé à l’éducation; de la vente de parfum à celle du lait et de
l’eau! L’État est même prêt à laisser sa place à des fondations privées ou
religieuses qui peuvent s’occuper de l’aide de subsistance en échange
d’avantages fiscaux. C’est un État désengagé.
Il s’agit d’un retour au libéralisme classique, mais hors contexte. Car
le libéralisme d’Adam Smith pouvait être une amélioration par rapport à
« la corruption et l’incompétence des administrations publiques au
dix-huitième siècle ». Mais il lui reconnaissait le droit d’intervenir en
certains domaines : taux d’intérêt, éducation, santé publique, etc. (Bernard, p. 38) Qu’en est-il maintenant que
les entreprises peuvent menacer et faire chanter les États? Smith aurait-il la
même propension au laissez faire s’il voyait les scandales boursiers à la Enron? Et que dirait-il des taux d’intérêts des cartes de
crédit qui ne sont pas fixés par les règles monétaires, ni par la concurrence,
mais par les émetteurs du crédit seulement?
Cette théorie libérale ne semble plus tenir aussi bien la route et les
théoriciens libéraux ont évolués. Cependant ces théories classiques, prisent
hors contexte, font l’affaire des
conservateurs et des milieux d’affaires, qui y voient l’occasion de réduire le
rôle de l’État à leur profit. N’est-il pas paradoxal que les premières applications néolibérales ont été
celles de gouvernements conservateurs, tels ceux de Reagan aux Etats-Unis et de
Mme Thatcher en Grande-Bretagne? C’est aussi un autre gouvernement
conservateur, celui de George W. Bush, qui en est actuellement le plus ardent
défenseur. Bref, le néolibéralisme semble une perversion du libéralisme qui
fait bien plus l’affaire des conservateurs que des libéraux! Mais comme cette
« perversion » est soutenue par un pays aussi dominant que les
Etats-Unis, elle a tout pour devenir une idéologie mondiale et elle l’est.
Selon cette idéologie, le libre marché devient une forme de justice qui
permet une meilleure distribution des produits pour le bien de tous! A preuve,
les mauvais réseaux de distribution des pays non capitalistes et les malheurs que cela occasionne à leurs
citoyens, comme les pénuries et la famine! C’est là la démonstration que libre
marché est un choix rationnel. Mais on parle moins des cas où les citoyens ne
peuvent se payer ce qu’ils produisent pour les marchés occidentaux et de la
sous-alimentation qui côtoie la production alimentaire pour l’exportation!
(Ziegler, 1999 et 2000) C’est un problème qui aurait pourtant pu être résolu
depuis longtemps avec une volonté politique et une foi en la solidarité
sociale. Mais la loi du marché dicte que si la population n’a pas de moyen
d’acheter, il n’y a pas de marché. Et comme il n’y a pas de marché, il y a peu
de produits alimentaires (et encore moins de produits médicaux), sauf ce qui
est produit pour l’auto consommation. Car le marché n’est possible que là où il
y a richesse. Et comme dans son « mainstream », cette idéologie
s’appui sur « un recours accru au marché, au détriment des pouvoirs publics »
(Arnsperger et Van Parijs, 2000, p. 40), c’est l’exclusion pour ceux qui n’ont
pas accès au marché. Exclusion qui condamne
des populations entières! C’est l’extrême malthusien du
néolibéralisme :
« Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir
des moyens d’existence de ses parents auxquels il peut justement les demander,
et si la société ne peut utiliser son travail, cet homme n’a pas le moindre
droit à la plus petite portion de nourriture, et en réalité il est de trop sur
la terre. Au grand banquet de la nature,
il n’y a pas de couvert mis pour lui; la nature lui commande de s’en aller, et
elle ne tarde pas à mettre cet ordre elle-même à exécution. » (Malthus,
1803, Essai sur le principe de la population, cité par Bernard, 1997, p. 55)
La solidarité sociale n’est pas un devoir public, ni une responsabilité
politique ou collective. C’est un choix individuel. Il est vrai que la
philanthropie occupe une large place aux Etats-Unis, qu’elle soutien
l’éducation et la santé. Mais cela se fonde sur des prémisses sociales et
historiques particulières qui ne sont pas nécessairement exportables. Et ce
modèle, sans ces prémisses, crée davantage de mal que de bien. Sauf que l’idéologie États-uniennes s’appuie
sur des moyens financiers, militaires et
politiques impressionnants d’un côté et une machine idéologique bien rodée
(l’industrie culturelle hollywoodienne) de l’autre pour faire de ce modèle, le
nouveau modèle mondial. (4) À tort, la planète rêve du modèle de consommation
États-uniens, mais c’est justement ce modèle qui est derrière la
surexploitation de la planète, car pour assurer des rendements aussi élevés à
leurs actionnaires, les entreprises ont recours au travail sous payés dans les
pays en développement et à l’exploitation à bon marché de leurs ressources
naturelles! Comme le souligne Aktouf, c’est ce modèle qui fait en sorte…
« Que des millions d’enfants soient, de nos jours, silencieusement
et sauvagement exploités par l’ordre industriel mondial et les multinationales.
Que des gamins d’Haïti, du Pakistan, des Philippines, d’Afrique du Sud,
s’arrachent yeux et doigts à confectionner, pour quelques sous la pièce, des
balles de base-ball, des ballons de football, des jeans, des t-shirts et des
chaussures de marques telles que Nike, Levis, Reebock ou Walt Disney, lesquelles « grandes
marques » seront vendues en Occident avec des bénéfices insensés. »
(2002, p. 65)
D’ailleurs, si les droits commerciaux sont l’objet de traités
supranationaux, comme les accords de libre-échange dont l’application a
préséance sur les lois des Etats signataires, les droits des classes
laborieuses ou environnementaux viennent beaucoup plus loin dans les
préoccupations des représentants de ce courant :
« (…) les signataires de Marrakech ont refusé d’inclure dans la Charte
de l’OMC une « clause sociale » et une « clause
écologique ». Ces deux clauses auraient pourtant permis d’exclure de la
libre circulation les marchandises produites dans des conditions sociales ou
écologiques intolérables.» (Ziegler,
2002, pp. 197-8)
Lorsque de tels
accords existent, ils sont beaucoup moins contraignants pour les États
signataires que les accords commerciaux. En fait, certains des principaux
promoteurs des droits commerciaux, comme les Etats-Unis, sont opposés à de tels
accords sociaux, y voyant une menace au commerce mondial! Le chapitre 11 de
l’ALÉNA en est l’illustration parfaite,
car elle limite les pouvoirs nationaux face aux entreprises étrangères. (5) Si
le néolibéralisme est en quelque sorte la forme la plus « soft » de
l’anarcho-capitalisme, en ce sens qu’il conserve un État minimum, il est tout de même orienté vers l’idéologie
capitaliste la plus dure : un capitalisme financier qui n’a que faire de
la justice sociale, sauf de protéger la propriété privée. (6)
Si l’association du milieu des affaires à une certaine forme
d’anarchisme vous surprend, car vous pensez aux affrontement entre les
anarchistes et la police lors des Sommets économiques mondiaux, c’est que vous
sous estimez la propension du capitalisme à récupérer les courants
contestataires. Ce fut le cas du
mouvement hippies et du jeans qui n’avait pas bonne presse dans les années 60!
C’est le cas de l’anarcho-capitalisme aujourd’hui, sous le couvert du
néolibéralisme! D’ailleurs le capitalisme peut tout récupérer. Ce n’est que
question de temps s’il y a un marché!
C’est d’abord le capitalisme gris qui en profite, celui dont le marché
est au noir. Le risque est élevé tout comme la prime. Ce fut le cas pour les livres à l’index, la
boisson, le jeu et maintenant la drogue. Il s’accapare du marché et fait
croître la demande. S’exerce alors une pression sociale pour une acceptation de
ce marché dans l’économie officielle. On le voit pour les drogues douces et la
prostitution. Des spécialistes en débattent. Une campagne de promotion
s’organise, ce qui permet de profiter d’un marché alternatif même pour les
commerçants légaux. C’est ainsi qu’au temps des fêtes j’ai vu j'ai des
vêtements avec l’inscription " Sex Drugs and Rock'n
Roll" à 135$ dans un magasin haut de gamme du centre ville! Récupération
commerciale, mais aussi récupération politique. Pensons au « Bloc
Pot » et aux partis d’opposition qui font de ce dossier leur cheval de
bataille de la liberté citoyenne. Car ce marché, une fois qu ‘il est
qualifié en terme de revenus potentiels pour l’État, représente une perte pour
le système tout entier. Ce sont des milliards de dollars par années qui
échappent à l’économie officielle, aux taxes et aux impôts. Ce sont de nouveaux
services, par exemple des cliniques de désintox, qui seraient financées à même
les taxes sur ce produit comme cela se fait avec la cigarette. Ne nous mettons
pas la tête dans le sable; le système économique ne peut se passer des
narcodollars (Sauloy et Le Bonniec, 1992) et tôt ou tard il s’organisera pour
en récupérer une partie de façon légale au nom d’une certaine éthique. Car
l’éthique n’est pas pure, elle est colorée idéologiquement selon qu’elle soit
utilitarisme, libertarisme, marxiste, libérale, etc. (7)
Bref, l’antiétatisme et le néolibéralisme,
qui sont des formes plus « soft » de l’anarcho-capitalisme, prennent
du gallon chez les entrepreneurs qui veulent moins d’État et cela se voit dans
la montée de partis de droite, comme l’ADQ au Québec, l’effacement de la gauche
en France cet automne et l’alignement du Labour Britannique sur les Républicain
de George W. Bush! Mais qu’a t’on à proposer contre cette idéologie? Le statu
quo? Davantage d’État? Ou couper intelligemment dans l’État pour faire
« mieux » que la droite?
6. Alternatives de
gauche
La gauche se cherche devant ce mouvement néolibéral poussé par d’énormes
moyens financiers et idéologiques. Plusieurs alternatives existent, mais bien
souvent on se trouve face à des courants politiques alternatifs, mais désunis.
Les communistes se distinguent des socialistes, qui se distinguent des
néo-démocrates qui se distinguent du Labour Britannique.
D’ailleurs Tony Blair, le chef du Labour Britannique appuie George W.
Bush, dans sa guerre contre l’Iraq. Inversement le NPD (Canada) et l’Union des
Forces Progressistes (Québec), qui regroupe des joueurs comme le Parti de la
démocratie socialiste de Paul Rose, le Rassemblement pour une alternative
progressiste et le Parti communiste du Québec, sont contre l’intervention
États-uniennes, symbole de l’impérialisme « Américain »! Bref, la gauche est diverse et en
contradiction. Celle-ci se bat elle même par le fractionnement du vote de
contestation, qui passe par un socialisme soft pour les uns, le communisme ou
l’environnementalisme (les Verts) pour d’autres. Nous l’avons très bien vu lors
de la dernière élection française, où la droite n’avait pas une majorité
claire, mais où la gauche était davantage divisée au point qu’elle s’est elle
même effacée du portrait politique!
Un programme de gauche semble toujours fait pour traquer l’idéal, mais
pas pour gouverner dans le réel comme si l’objectif de l’exercice du Pouvoir
allait difficilement avec la gauche. Et lorsqu’un Parti de gauche est élu,
comme le Labour en Angleterre, on dirait qu’il se crée automatiquement une
coupure entre la base et le gouvernement (la même chose est vrai du PQ au
Québec), car le Gouvernement semble rejeter ses principes comme si son
programme n’était qu’un idéal type ne pouvant s’adapter à la réalité et aux
compromis qu’exige le Pouvoir: comme s’il n’était pensé que pour un rôle
d’opposition! Ceci donne l’impression que la déception des citoyens est
toujours plus grande face à un gouvernement de gauche et que leurs défaites
sont plus spectaculaires, allant jusqu’à
« l’effacement » suite à un certain temps au pouvoir. Comme si la
gauche et le Pouvoir étaient antinomiques!
Pour cette raison, la gauche est peut être un excellent chien de garde,
mais moins une alternative de gouvernance. Le statu quo n’est plus possible,
car le citoyen est convaincu de ne pas en avoir pour son argent et n’a pas tout
à fait tort, la gauche doit se repenser.
Comme il ne sert à rien de réécrire ce qui a déjà été écrit, nous
renvoyons le lecteur intéressé à cette question de la gauche à un livre d’Alain
Touraine, « L’après socialisme », et nous passons au renouveau
possible du libéralisme.
7. Pour un nouveau
libéralisme social
Le libéralisme se cherche entre le néolibéralisme, qui est
paradoxalement à la jonction entre les conservateurs et les
anarcho-capitalistes, et une gauche idéologique. Il se doit d’être réaliste et
pragmatique. Il doit faire contrepoids au néolibéralisme et se démarquer des
idéologues de gauche par sa capacité de gouverner et de rassembler, bref de ne
pas mettre les différents groupes sociaux en porte à faux. Car trop de
coalitions ont su rassembler des groupes divergents avant d’être élu, mais se
sont brisées une fois au pouvoir pour cause d’incompatibilité idéologique et
d’incapacité à gouverner.
La forme de
libéralisme qui répond le mieux à ces conditions est le libéralisme social.
David Hume (1711-1776) a écrit que:
"Tout État est affaibli par une trop grande
disproportion entre les citoyens. Chacun, si c'est possible, devrait jouir des
fruits de son travail, par la pleine possession de tout ce qui est nécessaire à
la vie, et de plusieurs des choses qui la rendent agréable. Nul ne peut douter
qu'une telle égalité soit ce qui s'accorde le mieux avec la nature humaine et
qu'elle ôte bien moins au bonheur du riche qu'elle n'ajoute à celui du pauvre.
Elle augmente aussi le pouvoir de l'État, et elle est cause que les taxes ou
impositions extraordinaires seront payées de meilleur gré. Là où les riches
s'engraissent sur le dos d'un petit nombre, il faut que leur contribution aux
nécessités publiques soit très large; mais dès lors que les richesses sont
répandues sur une multitude, le fardeau semble léger à chaque épaule, et les
taxes n'apportent pas de différence bien sensible dans la façon de vivre de
chacun." (Hume, XVIIIe s, p. 63)
Une version moderne de
ce libéralisme serait le modèle du capitalisme de rhénan (8), soit un modèle
qui table sur le souci du bien collectif. Il est éthique qu’une part de la
plus-value que le capitalisme crée soit prélevée pour l’amélioration du bien
être collectif.
En fait le libéralisme que nous proposons aurait une quadruple
perspective: locale, nationale, continentale et mondiale. Un Gouvernement ne
peut être choisi sur une seule vision. Il doit être multi visionnaire, car promettre
de « mettre le monde à l’ouvrage », d’accroître le standard de vie
des citoyens ou « d’investir dans la santé et
l’éducation » ne veut rien dire si on pense agir en vase clos. L’État est
de moins en moins souverain à moins d’être isolationniste! Promettre de
l’emploi est hors de portée des politiciens, car si la situation mondiale ou la
technologie change, les investissements se rééquilibreront sans demander l’avis
au Politique. Des métiers d’avenir d’aujourd’hui pourront être remplacé dans
une dizaine d’années par une nouvelle technologie ou le produit pourra ne plus
exister pour cause de remplacement! En 15 ans à peine la dactylo fut remplacée
par l’ordinateur par exemple. Ou encore, à mesure que la qualité de la
main-d’œuvre étrangère s’accroît, des emplois de plus en plus qualifiés s’en
vont vers les pays en développement pour profiter des bas salaires.
Pour sa part, le Politique est limité à l’intérieur de ses frontières
nationales alors que l’économique a le monde comme terrain de jeu. La mondialisation
concerne la finance, non la démocratie ou l’éducation. Le droit des entreprises
est davantage respecté par les Gouvernements, même dans les pays totalitaires,
que les droits de l’homme, car cela rapporte. Il faut en être conscient pour
changer les choses.
Ce libéralisme social se doit de répondre à l’exigence humaniste, c’est
à dire de croire et d’investir en l’humain. De chercher son mieux être. C’est
là une exigence à niveaux multiples.
Au niveau local, il faut voir aux services de première ligne. La
prévention, la sécurité et la santé. Informer sur la drogue et la sexualité
avant de réprimer. Investir dans des espaces sécuritaires pour les sans abris –
je dis bien espaces, car il y en qui rejetteront toujours les places
organisées. Des espaces qui les abriteraient des intempéries de façon
sécuritaire (des cubicules de béton placé à des endroits stratégiques par
exemple) pourraient être une possibilité. Des logements sociaux aussi. Mais on
se doit de les impliquer dans la recherche de solutions ne serait-ce que pour
comprendre.
Au niveau national, c’est d’investissements dans l’éducation, la lutte à
l’analphabétisme, la sécurité sociale, la défense, la culture, les communications
et l’économie dont on doit parler.
Dans le cas des communications et de l’économie, l’État doit davantage
réglementer qu’intervenir. C’est à lui de fixer les normes qui balisent
l’activité économique sur son territoire et les pénalités correspondantes à
leur non respect. La question du soutien des entreprises est plus délicate, car
les entreprises de grande taille n’ont plus d’État d’appartenance. Le soutien
aux entreprises doit servir à les développer, mais pas devenir un acquis. A
partir d’une certaine taille cette aide doit s’arrêter.
Une exception cependant pour les entreprises qui rendent des services
que l’État ne peut rendre ou qui ne sont pas profitable, mais nécessaire.
Pensons aux entreprises d’économie sociale, aux entreprises d’informations
autonomes, d’insertion sociale ou de prévention qui donnent des services –
comme les travailleurs de rue – pour lesquels ils ne peuvent facturer les
bénéficiaires, mais qui sont socialement
profitables et qui occasionnent même des économies ailleurs dans le système
(par exemple dans le réseau de la santé par la prévention contre les MTS ou
l’échange de seringues pour les héroïnomanes).
Au niveau de
l’éducation et de la lutte à l’analphabétisme l’État doit fixer des normes
nationales et offrir un service d’éducation publique de qualité. Même Adam
Smith, dans La richesse des nations, reconnaissait que l’État doit obliger
l’acquisition de connaissances. À cette époque Adam Smith parlait de
connaissances de base comme lire et écrire, qui étaient alors suffisantes pour
les classes laborieuses. C’était quand même une révolution pour l’époque.
Encore aujourd’hui l’UNESCO estime qu’il y a 862 millions d'analphabètes dans
le monde! (http://portal.unesco.org)
C’est dire que cet objectif d’Adam Smith est loin d’être atteint. S’il était
actualisé, cela signifierait une éducation collégiale de base pour vraiment
comprendre notre rôle de citoyen dans le monde complexe dans lequel nous
évoluons. Malheureusement, les néolibéraux semblent prendre Adam Smith au pied
de la lettre et ne favoriser qu’une éducation minimum aux frais de l’État.
Comme si ce que les pères du libéralisme avaient écrit à leur époque ne pouvait
pas évoluer. Ils le lisent au sens littéral de la même manière que les
orthodoxes religieux le font avec les saints textes, d’où des coupes
continuelles dans notre système d’éducation et la montée de cours
professionnels épurée d’éducation sociale, politique et philosophique. Les
cours non productifs, au sens de non rentables au plan économique, sont
d’ailleurs de plus en plus escamotés avec l’apparition d’attestations d’études
collégiales menant directement à des emplois en quelques semaines (tel Agent(e)s en téléservices et télémarketing pour centre d'appels) à
côté du Diplôme d’Études Collégiales régulier qui, lui, comprend encore un
corpus d’études générales. Mais pour combien de temps?
Dans le cas de la culture, le
marché n’est pas toujours bon juge. Certains artistes ne sont jamais reconnus
de leur vivant. Sont-ils moins bons? Sont-ils trop en avance sur leur temps?
Gauguin « quêtait » pour
peindre. Ses toiles se transigent
maintenant pour des millions! S’il avait écouté le marché, il n’aurait jamais
poursuivi sa carrière. L’État se doit donc de suppléer aux carences du marché
pour les productions culturelles. Cela est d’autant plus vrai que l’État taxe
aussi la culture. Il doit exercer une forme de redistribution.
Pour ceux que l’interventionnisme de l’État agace, pensez au scandale d’Enron, dans l’énergie aux Etats-Unis, et aux carences dans
la distribution énergétique en Californie. Le privé ne fait souvent pas mieux
que le public, car les grandes entreprises ont elles aussi leur bureaucratie,
tout aussi inefficaces et tout aussi rigide au changement que la bureaucratie
publique. (11) Même si elles sont privées, ces entreprises bénéficient de
l’aide de l’État en plus d’exiger un dû aux citoyens pour des services que
l’État leur offrait souvent à moindre coût. Et si elles ne contrôlent pas les
citoyens, elles contrôlent leurs clients, sachant tout de leurs transactions et
de leur crédit et vendant mêmes ces informations à d’autres entreprises.
« Big brother »
peut aussi être privé, ce qu’oublient les détracteurs de l’État.
La sécurité sociale. Si pour les conservateurs et néolibéraux, il faut
que les riches s’enrichissent pour que les pauvres reçoivent leur part, le
libéralisme social a bien compris que l’enrichissement des riches n’est pas
automatiquement investit dans l’emploi. Il peut être investit dans de nouveaux
équipements réducteurs d’emplois ou dans la construction de nouvelles
installations étrangères, là où les conditions sont encore plus favorables aux
entreprises : bas salaire, absence de taxe, absence de syndicat, etc. Il
ne faut surtout pas croire que cela ne concerne que les emplois « bas de
gamme ». Aucun secteur n’est à l’abri. Ainsi dans l’édition du 3 février
2003 du Business Week online on apprend que:
“The next round of globalization is sending
upscale jobs offshore. They include basic research, chip design,
engineering--even financial analysis” (Pete Engardio
et al., 2003).
Le libéralisme social
ne peut donc laisser le marché tout gérer seul. L’État doit jouer un rôle de contrôle
et de redistribution d’une part de la richesse créé. Car si le marché est un
bon outil pour créer de la richesse, il n’en est pas un pour sa redistribution.
L’État doit aussi s’occuper de justice, de police et de défense, car il
représente l’union des citoyens qui se sont constitués en corps collectif dans
le contrat social. Autant Rousseau (1992)
que les néolibéraux sont d’accord là-dessus, puisque même ces derniers
conservent un État minimum en charge de faire respecter la justice et le droit
de propriété. (Arnsperger et Van Parijs, 2000)
Cependant, l’État pourra difficilement contrer les multinationales s’il
reste isolé. Il y aura toujours un pays pauvre, un dictateur ou un chef
religieux qui saura faire comprendre au peuple que c’est pour son bien de
produire dans ces conditions. Que le bien être est dans la consommation ou que
le « prolétaire » aura la récompense divine à la fin de ses jours
s’il vit accepte de vivre dans la pauvreté et la misère. Si ce n’est pas un
dictateur ou un chef religieux qui le fait, ce pourra être un idéologue nouvel
âge: le bonheur est en soi; nos maux sont dus à nos vies antérieures! (12) Pourquoi se parler, s’organiser et se
syndiquer quand des thérapeutes sont prêts à
nous aider à surmonter notre mal de vivre? Contre les maladies
professionnelles il y a la « Foi » en Dieu (religions) ou en Soi
(nouvel âge); les psychologues et la médecine à défaut de changer
l’organisation du travail! Le système est ainsi fait que l’on ne remet pas en
cause l’organisation du travail pour solutionner les maux du travail, mais soi!
Les maux et les solutions sont individuels.
Le ministère de la santé, qui paie les factures de soins individuels, ne
peut pas dire qu’il y a 30 ou 40% de maladies professionnelles dans
l’entreprise X et qu’en conséquence, vu l’anormalité de la chose, il impose un
changement organisationnel impliquant une équipe multidisciplinaire pour y
parvenir – incluant des sociologues car un tel pourcentage ne relève plus de
problèmes individuels ou psychologiques, mais d’un problème social! Et pourtant
il le devrait, car si la cause touche une collectivité il faut agir en
conséquence. Sinon le système traite des individus jusqu’au point d’épuisement
de ses ressources, aucune intervention n’étant faite à la source du problème.
Cela est tout aussi vrai des maladies du travail que des maladies sociales,
comme l’obésité, dont on ne peut attaquer les causes, mais seulement les
conséquences par des régimes
individuels. Le marketing continue de vendre le fast-food et les régimes
minceur… à plus gros prix encore! Une loi interdisant la vente des boissons
gazeuses à l’école irait contre la liberté commerciale et individuelle.
L’exclusivité d’un fabricant de boisson gazeuse à la cafétéria en échange d’une
contribution financière à l’école est même souhaitable pour suppléer aux
réductions des budgets en éducation!
Bref, le sens commun fut mis à la porte par la société de droit. Il faut penser le rétablir et contrebalancer
les droits individuels par les responsabilités et les droits collectifs. On ne
peut tout traiter comme étant des choix individuels.
La question du racisme est une autre question qui se pose dans une
société libérale. Car le racisme existe et doit être combattu. Mais il faut
distinguer entre les préjugés racistes et les préjugés d’ignorance. D’abord, le
préjugé d’ignorance disparaît plus facilement avec l’éducation. Il est plus
facile à contrer, car plus ouvert. A mesure que l’entourage côtoie et connaît
les « minorités », ce type de préjugé tend à disparaître. Le
voisinage devient un moyen de compréhension et d’éducation; voir d’intégration.
Même qu’avec le temps cette intégration sera célébrée par des mariages
interethniques.
Le préjugé raciste est plus difficile à combattre cependant, car il
s’alimente de l’éducation contre le racisme pour se rendre crédible:
« On veut nous faire croire ça pour
nous faire taire! »; « Ils ont infiltré le gouvernement et nous
désinforment! »; « Ils ont acheté le Gouvernement ! »;
« Les lois sont pour eux, mais la police surveille! »; etc.
Ce racisme est insidieux, car il n’est jamais dit ouvertement
(contrairement au préjugé d’ignorance) et
se présente toujours comme « fondé » des informations
privilégiées venant du cousin qui est dans la Police! La propagande contre le
racisme contribue même à son renforcement en « donnant la preuve »
que le Gouvernement est de leur côté… « pour
avoir des votes! » Ce type de racisme joue contre la nouvelle émigration
non européenne, tels les arabes (surtout depuis le 11 septembre 2001 en
Amérique et plus particulièrement aux États-Unis), l’immigration des pays du
tiers monde et dans une moindre mesure l’immigration asiatique et européenne.
Elle joue aussi contre les Juifs encore aujourd’hui, la circulation des
protocoles de Sion en photocopie en étant la démonstration la plus claire, car
il est prouvé depuis longtemps qu’il s’agit d’un faux document mais rien n’y
fait! (13)
Une société libérale doit soulever une autre question sensible: celle du
multiculturalisme et des droits de la personne. Car jusqu’où peuvent ils aller
de pair et jusqu’où sont ils antinomiques? C’est une question qui mérite d’être
soulevée, car l’ethnicité d’origine peut être accolé au citoyen pour combien de
temps? Les italo-canadiens ou les afro-canadiens seront canadiens dans combien
de génération? C’est une forme de
discrimination que de coller des caractéristiques aux individus en fonction de
leur ethnicité, mais le multiculturalisme ne le fait-il pas? N’est-ce pas le
groupe qui détermine ce qu’est l’individu? Ainsi en janvier 1998 l'Honorable juge Monique Dubreuil avait laissé sortir deux violeurs avec une
peine à purger «dans la collectivité» vu le «contexte culturel particulier à
l'égard des relations avec les femmes» chez les haïtiens! Si au lieu d'un viol, il s'était agit de
relations de travail, des haïtiens auraient-ils eu le droit d'engager d'autres
haïtiens à un salaire moindre puisqu'il n'y a pas de telles normes en Haïti?
Non. Pourquoi en est-il autrement des relations hommes/femmes?
Le recours aux cultures « d’origines »,
mieux connu sous le nom de multiculturalisme, peut ainsi aller à l'encontre de
l'égalité entre les individus Il peut même être assimilé à une forme de
« racisme » sous couvert d’ouverture, car en reconnaissant la primauté
du groupe d’origine, peu importe le temps d’appartenance à la société
d’accueil, les ethnies sont toujours identifiées comme un « Eux » par
rapport à un « Nous » collectif. Des membres des groupes ethniques
questionnent parfois les majorités en leur demandant « ça prend
combien de génération avant de ne plus être considéré une ethnie? » On
doit questionner le multiculturalisme aussi, car il constitue peut être une
barrière intangible qui fait qu’ils seront toujours identifiés à une culture
autre. Le multiculturalisme est-il un
« nouveau racisme » sans le nom, en ce qu’il réduit la personne à une
identité culturelle et à des comportements attendus? Les frontières se sont
ouvertes. Les ethnies se côtoient, mais une frontière intangible demeure et fait
en sorte que l’on est définit et que
l’on se définit par notre appartenance ethnoculturelle:
"Le mot racisme, en effet, est trompeur: il réunit sous un label
unique deux comportements dont la genèse, la logique et les motivations sont
complètements dissemblables. (…) le premier déclare que la civilisation est
une, le second que les ethnies sont multiples et incomparables. Si le
colonialisme est bien l'aboutissement du premier, le second culmine dans
l'hitlérisme." (Finkielkraut, 1987, p. 107)
Bef, le problème du
racisme en serait un aussi insoluble que celui de race, car on balance entre la
domination colonialiste, qui fait table rase de toutes les différences
culturelles, et la ségrégation, le citoyen pris à jamais dans une identité
ethnoculturelle qu’on lui accole à cause de la couleur de sa peau ou de la consonance de son nom!
Un autre problème qui vient avec le multiculturalisme est qu’on ne peut
plus séparer les choses. Faire des jugements est jugé! Tout est égal :
« « Toutes les cultures, sont également légitimes et tout est
culturel », affirment à l’unisson les enfants gâtés de la société
d’abondance et les détracteurs de l’Occident. » (Finkielkraut, p. 150)
Comme si l’humanisme
ne valait pas davantage que l’obscurantisme; la science que les mythes;
l’éducation que les idéologies médiatisées!
Les progrès du siècle des Lumières et des droits de l’Homme sont effacés
au nom de la culture historique ou d’origine:
« Au moment même, en effet, où l’on rend à l’autre homme sa
culture, on lui ôte sa liberté : son nom propre disparaît dans le nom de
sa communauté, il n’est plus qu’un échantillon, le représentant interchangeable
d’une classe d’êtres particulière. (Finkielkraut, 1987, p. 104)
L’Homme risque donc de perdre son humanité au nom de son appartenance
multiculturelle! On oublie les Lumières. La connaissance est soumise à
l’idéologie et à la religion. Le créationnisme est sur le même pied que la théorie de
l’évolution. Les fondamentalismes se rejoignent dans le refus de la
connaissance et s’affrontent dans le droit de parler au nom de Dieu! On n’est plus raciste, car on a remplacé
l’appartenance raciale par l’appartenance culturelle. Mais on n’est pas mieux,
car on ne voit plus la personne, cachée qu’elle est par sa culture d’origine comme
elle l’était autrefois par sa race. (14) Humanité perdue? (15)
En fait, le principe des droits de la personne est que chaque individu
est une entité et a des droits qui sont inaliénables par la collectivité. Une
société libérale sociale se doit donc de privilégier l’individu par rapport au
multiculturalisme et de combattre tant le racisme que la discrimination
ethnoculturelle (voir la note 14). Par contre, il est vrai que les cultures
ethniques sont là et ont des choses à apporter à leur nouvelle société
d’appartenance. Mais cela doit être fait sans piéger leurs membres dans une
culture originelle pour l’éternité. On se doit tout simplement de parler
d’ouverture culturelle et sur le monde; d’interculturel à la place de
multiculturalisme. C’est une notion plus ouverte. Une approche libérale
sociale!
Mais le racisme est « condamné » de toute façon par une
nouvelle discrimination « scientifique »: la discrimination
génétique. Les possibilités et les impossibilités de la personne ne seront plus
dues à sa race, comme dans le racisme biologique, ou à sa culture
d’appartenance, mais à ses gènes. D’ailleurs des tests génétiques existent déjà
pour savoir si vous êtes assurables. Bientôt ils existeront pour savoir où l’on
vous classera à l’école, si on redoute que vous soyez criminel avant même que
vous ne sachiez marcher (16), ou si vous serez un athlète exceptionnel. Sur
cette base génétique on limitera votre accès à certaines professions et on vous
canalisera vers des endroits plus appropriés à votre caractère génétique. On
déterminera votre régime de vie – qui à le droit de manger ou de ne pas manger
ou boire telle chose - pour des raison
d’efficacité et de réduction de coûts de santé. Si vous mangez ce qui vous est
interdit (17), vous ne serez plus assurable pour certaines maladies par
exemple. Bref le social aura été évacué au nom de la génétique au même titre
que dans le racisme biologique il fut évacué, les caractères biologiques des
races faisant foi des capacités et des incapacités des individus, et le contrôle
technique de vos comportements aura été instauré au nom de votre bien! Le
libéralisme social se doit d’être vigilant pour ne pas que la science ne
deviennent prétexte à un nouveau fascisme de la bonne vie. Car si les objectifs
de la science sont l’avancement du savoir, ceux du Politique sont le contrôle
de la société!
Au niveau mondial, l’État se doit de défendre des principes d’équités:
des normes minimales en travail, santé et environnement. Des tarifs douaniers
doivent être établis contre les pays qui n’offrent aucune protection à leurs
citoyens, ce qui contribue à la destruction du filet social que ce sont donnés
d’autres pays, sous prétexte que la loi de la nature n’a jamais accordé de
telles protection. (18) En effet, c’est un argument fallacieux que servent les
néolibéraux pour favoriser un accroissement du profit de quelques uns au
détriment de la majorité. La nature n’a jamais fait de système monétaire, ni de
prêt à intérêt et pourtant le système économique les utilise. Comme le dit Aktouf :
« Eh bien, je serais fort aise de voir nos chefs d’industrie
humains, une fois rassasiés, se retirer comme le chef de meute chez les lions
ou les loups pour laisser les autres se servir à leur tour, comme le fait
n’importe quel chef dans n’importe quelle espèce animale vivant en groupe. Mais
là est toute la question : à partir de quelles limites le chef parmi les
hommes peut-il s’estimer rassasié et se retirer au profit des autres? Hélas!
Contrairement à l’animal, l’homme (de l’Occident industriel en premier) ne se
contente pas de satisfaire ses besoins, comme on l’affirme spontanément. Il
s’acharne au contraire à satisfaire des désirs et des caprices, sinon des
folies, qu’il veut faire passer pour des besoins. Et surtout, qu’on veut lui
faire passer pour tels, car aujourd’hui, ces désirs sont très efficacement
fabriqués de toutes pièces par la publicité et les diverses techniques de
marketing – 100 milliards de dollars sont dépensés en publicité chaque année
aux Etats-Unis. On sait l’impact catastrophique de cette consommation effrénée
sur la nature et l’environnement des êtres humains – ceux qui ont à en souffrir
étant bien évidemment les plus pauvres. » (2002, pp. 89-90)
Un système libéral social doit aussi favoriser l’éducation, la science
et la culture au niveau mondial par le soutien d’organismes comme l’UNESCO, plutôt
que l’armement pour contrer le fondamentalisme et le terrorisme. L’éducation
est certes un meilleur outil de paix que les représailles économiques et
militaires, car ces dernières ne font qu’exacerber les tensions et favoriser la
réplique, sous formes de terrorisme, de la part de citoyens et de groupes
sociaux minorisés et dominés. Plaider pour que les pays les plus riches donnent
1% de leurs budgets militaires à l’UNESCO serait un grand pas pour la paix.
De plus, le manque d’outils de développement intellectuel, allant du
manque d’école à celui de livre, fait en sorte que les mythes deviennent des
vérités et que les gens ne peuvent distinguer entre la fable et le réel. Croire
que le SIDA est une malédiction de Dieu et refuser que le condom soit une
alternative, de peur de lui déplaire (procréer qu’il a dit), pendant qu’un
Continent entier (l’Afrique) se meurt de la maladie innommable n’est-ce pas
criminel? Se demande t-on ce que Dieu juge de plus criminel entre ne pas
procréer ou disséminer une maladie comme le SIDA? Seule la connaissance peut
aider à combattre ces mythes et l’emprise d’idéologues sur des peuples qui sont
tenus dans l’ignorance du savoir moderne sous la férule de mythologies.
Le commerce mondial a aussi ses mythes, qui font que la production
d’autosuffisance est remplacée par celle d’exportation et l’achat de biens
importés. Cela se voit depuis longtemps dans l’agriculture. Ainsi, des
productions autochtones, qui pourraient nourrir des populations, sont
remplacées par des productions pensées pour l’exportation en vue de rapporter
des devises étrangères. Mais en contrepartie,
l’on doit importer, à un coût élevé, des aliments de base pour nourrir
une population de moins en moins autosuffisante même chez les agriculteurs. Il
s’ensuit un déficit financier et alimentaire.
C’est une partie du scandale de la faim dénoncé depuis longtemps par des
gens comme René Dumont, décédé en 2001, et Jean Ziegler. Des scandales
semblables se retrouvent dans plusieurs secteurs des ressources
naturelles, allant de l’agro-alimentaire
aux ressources naturelles et minières, où « le marché » fait en sorte
que la ressource vaut peu, mais le produit transformé vaut une
« fortune » en comparaison!
Justice et économie devraient aller de pair dans une société libérale
sociale et les gouvernements nationaux de cette tendance devraient promouvoir
une telle justice par le biais d’organismes internationaux. La mondialisation
ne doit pas servir que la classe économique; elle doit améliorer le bien être
des populations. Nous pourrions poursuivre longtemps ce programme politique,
mais nous croyons qu’il est assez élaboré pour comprendre le sens que nous
donnons au libéralisme social ici.
8. Le piège
Si beau soit ce programme, nous sommes pris dans un piège. D’une part,
le modèle économique actuel a ses supporteurs et non les moindres : les
classes dominantes des pays riches, et en particulier des Etats-Unis, qui ont
une excellente machine de prélèvement des ressources mondiales pour les
utiliser à leur avantage. Elles ont aussi d’excellents outils de propagande
pour faire accepter les inégalités sociales au sein même de la société et pour
justifier leur « incapacité » d’agir face à ces inégalités!
D’autre part, le pouvoir économique des firmes multinationales, qui ne
dépendent plus des frontières nationales, est tel qu’elles peuvent faire de la surenchère
autour de la localisation de leurs usines au nom de la création d’emplois.
Ainsi les Etats ne prélèvent plus d’impôt des entreprises, surtout les
multinationales, mais paient pour qu’elles viennent produire sur leur
territoire. C’est à qui offre les meilleures conditions aux entreprises:
absence de taxe, subvention à la construction, programme d’aide à l’embauche,
réduction des normes en matière d’environnement et d’importation, etc. Il
devient difficile pour un pays de refuser de jouer le jeu, car il condamnerait
ainsi son industrie à péricliter. Seules des normes mondiales minimales en
matière de santé, d’éducation, de sécurité au travail et d’environnement
constituerait une protection contre l’exploitation des États. L’implantation
d’une taxe anti-dumping, dont le bénéfice irait à l’amélioration des conditions
des pays les plus pauvres; au maintien du filet social pour les pauvres des
pays riches, qu’on ne doit pas oublier; et à la recherche de nouvelles
alternatives « environmentally friendly » pour la planète (nouvelles énergies,
construction de véhicules plus écologiques, mise en place de réseaux de
transport publics adaptés aux besoins des doubles et triples couronnes urbaines
et aux horaires brisés, etc.) pourrait changer le cours des choses. Mais pour
cela il faut de la pression citoyenne; l’acceptation de la démocratie; et la
séparation de l’État et de la religion dans la vie de la « polis »
(19) et une conscience qui va beaucoup plus loin que les seuls intérêts locaux;
une conscience qu’on est tous sur un même vaisseau dans l’espace: la terre!
On
est loin de la coupe aux lèvres. Dans les pays démocratiques les gens
s’intéressent de moins en moins à la politique et veulent des gestionnaires qui
sauront se faire oublier entre les élections alors que dans les pays non
démocratique, ce sont les citoyens qui doivent se faire oublier pour survivre.
Si l’Homme a évolué de façon prodigieuse aux plans technique et économique; au
plan social son évolution est beaucoup moindre. Il n’a pas encore appris à
protéger et partager les ressources, mais il sait se battre! On ne peut
distribuer les surplus alimentaires des pays du Nord vers le Sud pour contrer
les famines, mais on peut placer toute une armada en position d’attaque en
quelques semaines de l’autre côté de la planète, les nourrir et les ravitailler
en munitions et combustible sans problèmes!
L’Homme demeure un enfant qui se bat. Seule la massue a changé pour des
armes plus sophistiquée.
Il est temps de travailler sur l’évolution sociale de l’Homme, mais les
idéologies et les mythes empêchent ces changements. Si la tradition ne se
justifie plus, si la religion nuit à la
paix, à l’écoute et au dialogue entre les Hommes, il est peut être temps de
parler d’humanité. Si Dieu existe, il n’a pas demandé aux Hommes de se battre.
Si tel est le cas, c’est que nous l’avons mal compris, toutes religions
confondues. Mais qui comprendra? Ne pas le savoir ne doit pas nous empêcher
d’essayer. Peut être devons nous oublier Dieu et aller au plus profond de notre
humanisme pour désamorcer le piège. Nous n’avons pas de certitude, mais ne rien
faire n’est plus une option valide. Faire la paix sans Dieu sera toujours mieux
que la guerre pour Dieu, même aux yeux de Dieu s’il existe!
Notes
1. Voir : http://news.bbc.co.uk/1/low/world/americas/1022293.stm et http://www.fec.gov/pages/ecmenu2.htm. Ces liens étaient fonctionnels au moment de
l’écriture de ce texte. Une recherche google avec « USA great electors » sera aussi
très instructive.
2. Sur la guerre entre
les formes de capitalisme après la chute du communisme, voir Albert, Michel,
1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris : Seuil, Points Actuels. Sur
les différents courants libéraux, voir Garandeau, Mikaël, 1998, Le libéralisme,
Paris : GF Flammarion, col. Corpus.
3. A ce sujet, voir DONALD L.
BARLETT AND JAMES B. STEELE ,“Corporate
Welfare”, in Time, November 09, 1998:
“A TIME
investigation uncovers how hundreds of companies get on the dole--and why it
costs every working American the equivalent of two weeks' pay every year.”
4. Ce modèle,
largement connu sous le nom de néolibéralisme, s’appelle aussi
« néoconservatisme » (Saul, 1995), libertarisme (Arnsperger et Van
Parijs, 2000) et capitalisme néo-américain (Albert, 1991) selon les auteurs.
5. À ce sujet voir les
liens suivants :
http://www.cec.org/files/PDF/JPAC/JPACCh11paper02-f1_fr.pdf
http://www.nafta-sec-alena.org/french/nafta/chap-111.htm
http://www.mic.gouv.qc.ca/publications/comex/22-AL%C9NA%20chapitre11-septembre%202002.pdf
http://attac.org/quebec/zlea/documents/chap11juin01.doc
Pour d’autres
documents http://www.google.fr/search?sourceid=navclient&hl=fr&q=Chapitre+11+ALENA
Faire une recherche
sur google avec Chapitre 11 ALENA en mots clefs.
6. Pour aller plus
loin sur ce sujet, voir Bernard, 1997; Aktouf 2002; Burbage, 1998; et
Garandeau, 1998.
7. Pour avoir une idée
des différents courants éthiques économiques et sociaux, voir Arnsperger,
Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et sociale,
Paris : La Découverte. Un très bon tour d’horizon du sujet. Le premier
chapitre, théorique, est plus ardu. Le reste est très accessible et se lit
agréablement.
8. Au sujet du livre
de Michel Albert (1981), il traite de l’affrontement entre le capitalisme du
modèle rhénan (représenté entre autres par la France et l’Allemagne) au modèle
anglo-américain (représenté par les USA et la Grande-Bretagne). Ce dernier
semblait avoir gagné la bataille dans les années 1980-90. Mais avec les
événements actuels (les USA qui veulent attaquer l’Iraq pour « combattre »
le terrorisme et renverser Sadam Hussein… à moins que
ce ne soit pour le pétrole et pour « contrôler » la région) et
l’opposition politique du modèle rhénan (la France et l’Allemagne) au modèle
anglo-américain au plan de la politique internationale (ils sont contre cette
attaque sous l’égide des USA et veulent le respect des Nations Unies), le
modèle anglo-américain a peut être gagné une bataille dans le passé, mais pas
la guerre. En fait, l’Europe peut encore, si elle choisit le modèle rhénan
derrière la France et l’Allemagne, changer le cours de l’Histoire en s’opposant
au modèle néolibéral que pousse de l’avant le capitalisme anglo-américain. L’Europe unie a le poids pour le faire.
10. A ce sujet nous
vous invitons à visiter le site des sceptique du Québec et particulièrement l’article Créationnisme
et Christianisme dans le Dictionnaire Sceptique : http://www.sceptiques.qc.ca/SD/creation.html
11. À ce
sujet plusieurs livres de management critiquent cet aspect des entreprises ou
donnent des suggestions pour l’améliorer. Cela fait toujours de bons livres…
mais ne change pas vraiment les choses! Car ceux qui sont en position de
profiter du système sont aussi souvent ceux qui sont en position de bloquer les
changements. Nous vous en suggérons
trois si le sujet vous intéresse : Ernest D. Liberman,
1988, Unfit to manage, USA : Mc
Graw Hill; Eileen C. Shapiro, 1995, fad surfing boardroom,
USA : Addison-Wesley; Jerry S. White, 1988, Intrapreneuring, Canada :
Viking.
12. À ce sujet nous nous référons à un dossier précédent de
Societas Criticus :
Texte
à sketches… Psycho mystico thérapeutique! (janvier 2002)
17. Lorsque vous
faites votre épicerie et que vous payez avec votre carte guichet ou de crédit
vous vous identifiez. La caissière passe le code barre de tous vos articles,
donc votre consommation est enregistrée. Il suffit donc que « Big Brother » juxtapose
votre identifiant et votre commande pour savoir que vous achetez 3 gros chip et
24 Cola par semaine et ainsi coder votre dossier non assurable à telle maladie
pour risque trop élevé! Ou encore, savoir que vous avez acheté Karl Marx et un
livre sur la révolution française pour qu’elle vous classe non employable dans les
emplois de type X, Y et Z! La technologie est là. On peut même ouvrir un
dossier sur votre compte, car à la caisse, les caméras de surveillance vous ont
capté et on a ainsi votre photo!
18. Car les tenants du
néolibéralisme se réfèrent souvent à la loi de la nature, la lutte pour la
survie, pour dire que les assurances sociales sont un coût que la nature n’a
pas. Comme si l’Homme ne devait être qu’un animal comme les autres! A ce sujet
voir Aktouf, 2002; Bernard, 1997; Burbage, 1998; Garandeau. 1998; Arnsperger et
Van Parijs, 2000.
19. À ce sujet, Polis,
vient du grec, la Cité, et est relatif au gouvernement de la Cité, de l’État,
en terme ancien. J’aurais aussi pu choisir le mot politique, mais pour des
raisons d’esthétique et de prospective j’ai
choisi la « Polis », car avec l’effacement des Etats nations,
remplacés par la continentalisation et la mondialisation du monde, la Cité peut
être appelé à prendre de plus en plus de place dans le monde au cours du XXIe
siècle. D’ailleurs le marketing, qui est souvent à l’avant-garde sur les
questions d’image, joue de plus en plus les villes (Milan, L.A., Paris,
Marrakech, Montréal, etc.) que les pays!
Bibliographie
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Sauloy, Mylène, et Le Bonniec, Yves, 1992, A qui profite la
cocaïne, Paris : Pluriel
Shaiken,
Harley, 1986, Work transformed, USA: Lexington books
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Eileen C., 1995, Fad surfing in the boardroom, USA: Addison-Wesley publishing.
Taguieff,
Pierre-André, 2002, La couleur et le sang – Doctrines racistes à la française,
France : Mille et une nuits, 326p plus annexes.
Touraine, Alain. 1980,
L’après socialisme, Paris : Pluriel
Ziegler, Jean, 1999,
La faim dans le monde expliquée à mon fils, France : Seuil
Ziegler, Jean, 2002,
Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent, Paris: Fayard
Pete Engardio, Aaron Bernstein, and Manjeet
Kripalani with Frederik
Balfour in Manila, Brian Grow in Atlanta, and Jay Greene in Seattle, “The New
Global Job Shift”, in BusinessWeek Online, FEBRUARY
3, 2003
Hyperliens
Labour (GB) http://www.labour.org.uk/
Jean Marie Le Pen et
le Front National (France): http://www.frontnational.com/
Parti Républicain
(George W. Bush) : http://www.rnc.org/
Les Démocrates
(USA) : http://www.democrats.org/
PQ (Québec) : http://partiquebecois.org/
PLQ (Québec) : http://www.plq.org/
ADQ (Québec) : http://www.adq.qc.ca/
Tories : http://www.conservatives.com
PCF : http://www.pcf.fr
Parti socialiste
français : http://www.parti-socialiste.fr/
NPD
(Canada): http://www.ndp.ca
Union des forces
progressistes (Québec): http://www.ufp.qc.ca
Les verts (France) : http://www.les-verts.org
Les verts
(Suisse) : http://www.verts.ch
Présidence
de la République (France): http://www.elysee.fr/
Annuaire
politique Français: http://www.annuairepolitique.com/
Le site
vers le Rassemblement pour la République (www.rpr.org), composé de gaullistes sociaux
(Philippe Séguin), de gaullistes conservateurs (Édouard Balladur) et de
libéraux (Nicolas Sarkozy), ne fonctionnant pas, voici le lien vers le Centre
d’information sur le gaullisme : http://gaullisme.free.fr
****
Textes
et reportages reçus sur notre courriel
Mis en ligne 26 janvier, 2003
Bonjour !
Juste un petit mot avant de filer (en retard,
c'est-à-dire à l'heure brésilienne) à une réception de l'ONG Alternatives.
Petites nouvelles : tout va bien... Le soleil
commence à nous donner bonne mine, les contacts que nous prenons sont très
intéressants et prometteurs... Quelques problèmes d'organisation tout de même
(100 000 personnes, c'est effectivement très lourd à gérer !) et, pour nous,
une certaine lassitude qui s'installe par rapport aux temps de transport. Nous
sommes en effet logés en hébergement solidaire chez quelqu'un de très
intéressant, mais qui loge à 35 Km de Porto Alegre
(bus + métro + bus pour aller sur les sites des conférences - ateliers), soit
environ 2h de voyage le matin et autant le soir pour rentrer par le dernier
métro (départ à 22h30 des sites du FSM, arrivée 12h30 ).
Et ce week end : levés à 7h
(même le dimanche...), et plus de 2h30 de transport (jour du sombrero oblige)
pour arriver sur le lieu de conférences intéressantes, dont une ce matin, de
laquelle nous avons tiré : Convergence des Mouvements sociaux...
À part le shopping, (les artisans du Rio Grande
do Sul obligent) : une expo Picasso vient de
commencer au Musée de Porto Alegre et nous aimerions
y faire un saut... Entre deux transports !
À très bientôt,
Valérie et Martin
Fondation de Transition
PS: pour plus d'infos, www.cmaq.net , où nos textes sont publiés, ou
le site spécial FSM d'ATTAC France : www.attac.info/poa2003/
Convergence des Mouvements Sociaux
Fondation de
Transition – IIIè Forum Social Mondial
Porto Alegre – 26 janvier 2003
Table de dialogue et controverse :
“Incompréhensions et tensions entre mouvements
sociaux et institutions politiques : comment conquérir la démocratie
participative ?”
Médiateur : Márcio Moreira Alves, colunista de O Globo
Les participants :
(GM) Gilmar Mauro, Brasil, MST
(LD)
Leyla Daklhi, França, AARRG
(WM)
Willy Madisha, África do Sul, COSATU
(FB)
Fausto Bertinotti , Itália, Partido
da Refundação Comunista
(LB) Louise Beaudoin, Canadá, Ministra dos Relações Exteriores
(JG)
José Genoíno, Partido dos Trabalhadores, Brasil
(GM)
Gladys Marin, Chile, Partido Comunista
do Chile
Question clé : quelles sont les conditions d'une
véritable évolution (sociale, culturelle et politique) durable des sociétés
actuelles, à l'heure où l'on assiste à la montée en flèche des mouvements sociaux
en réaction aux politiques néo-libérales imposées par les gouvernements en
place ?
La société civile constate la perte totale de toute
notion de crédibilité et d'éthique chez tout politicien et, pour se faire
entendre et reconnaître, n'a pas d'autre solution que de “casser la barrière”
qui la sépare de ses élus et des partis politiques ,
selon Leyla Daklhi.
L'émergence actuelle de nouvelles coalitions et de
stratégies de convergence de l'ensemble des mouvements sociaux est le signe
d'une nouvelle mobilisation citoyenne d'envergure et d'une conscientisation
grandissante de la population. Celle-ci tente, en se regroupant tant à
l'échelle nationale qu'internationale, de reprendre sa place dans le débat et
de se réapproprier la “chose politique / publique”, de manière à contrôler les
dérives (néolibérales) et exercer des pressions efficaces sur ses soi-disant
“représentants” au sein des gouvernements élus.
Comme le souligne José Genoíno,
il existe un réel danger de “domestication” de tout parti politique lorsqu'il
accède au pouvoir, les élus se conformant alors au moule de “la machine”
gouvernementale, de la gouvernance néolibérale, au détriment de la population
et de ses droits fondamentaux : même les membres des Partis de gauche en
oublient leurs racines premières et les valeurs qu'ils ont défendues
jusqu'alors et pour lesquelles ils ont pourtant été portés au pouvoir.
Pour contrer ce phénomène, les militants des partis
politiques (que leur Parti soit représenté ou non au gouvernement) et les
mouvements sociaux doivent “travailler” ensemble, en partenariat, et négocier
en toute autonomie / liberté / objectivité avec les gouvernements en place.
L'accès au pouvoir n'est possible qu'avec l'appui
de la Société Civile qui nourrit et inspire les programmes électoraux des
candidats. Pour mener à bien le projet de société pour lequel ils ont été
choisis par le peuple, les élus se doivent de refuser la facilité et le confort
d'une bureaucratie bien rôdée. Bien au contraire, ils doivent rester
solidaires, à l'écoute, travailler “sur le terrain” avec leurs concitoyens et
avec l'ensemble des mouvements sociaux afin de rester en prise directe avec
leur réalité quotidienne et construire avec eux des solutions adaptées propres
à encourager le développement durable, socialement responsable, de la société.
En particulier dans le cas des gouvernements “de
gauche” qui accèdent enfin au pouvoir dans certains pays d'Amérique du Sud
après de longues années de lutte, il est primordial que la Société Civile et
l'ensemble des mouvements sociaux soutiennent les efforts de ces gouvernements
encore fragiles, et maintiennent parallèlement une pression forte sur les élus,
de manière à éviter les dérives et les “récupérations”.
A contrario, la perte de contact avec la population
et ses conditions de vie réelles conduit inévitablement au rejet et à la
dénonciation : la désaffection des Québécois envers le Parti Québécois, à deux
reprises depuis 1968 en est l'illustration flagrante, selon Louise Beaudoin, et conduit le PQ à renouer progressivement,
depuis un an, avec l'ensemble des mouvements sociaux. Toute idéologie de Parti
imposée “par le haut” s'avère contre-productive, nuisible tant pour les
populations qui se sentent manipulées et trahies que pour les élus qui se
heurtent à une opposition générale.
Enfin, le risque politique que comporte l'énorme
dérive démocratique partout à travers le monde est évident, et la question
demeure tout entière : comment inverser l'actuelle tendance vers le discrédit
systématique des gouvernements en place, de la dite “démocratie” et de ses Instituitions ? Renforcer les Institutions démocratiques ne
garantit pas davantage une véritable démocratie : cette dernière se forge par
les pressions sociales, faisant appel aux notions de solidarité, de responsabilité
collective et de militantisme actif à l'échelle locale, nationale, et même
mondiale, qui, seules, peuvent permettre que s'instaure et perdure un vrai sens
éthique du “politique” chez ces politiciens élus.
Il nous faut donc, à nouveau, nous relever et
canaliser toutes les forces vives de la société, continuer les diverses luttes
sociales, développer le réseautage et promouvoir la convergence des causes
citoyennes à l'international, pour ainsi voir un véritable renouveau de la
démocratie, un véritable contre-pouvoir à cette Gouvernance Mondiale
néo-libérale en train de s'imposer sous nos yeux !
NB: Clin d'oeil sur l'allocution de Lula à Davos
- Il est nécessaire de dialoguer avec les
“décideurs” de Davos, l'OCDE, la Banque Mondiale et le FMI, pour construire
ensemble au lieu de s'affronter.
- Il n'existe pas de société idéale, il faut
composer solidairement, construire un monde nouveau basé sur le “bon sens” et
non pas uniquement sur la logique financière.
Mis
en ligne 25 janvier 2003
«La Marche des
Nations»
…La
fébrilité est partout, les quatre coins cardinaux entourant le Marché Central
de Porto Alegre sont pleins à craquer de drapeaux
multilingues et multicolores, milliers de drapeaux virevoltant dans
l’allégresse d’une mer de militantEs venuEs des quatre coins du globe, mer frissonnante au
rythme des discours et musiques latines en attendant le départ… La ville tout
entière de Porto Alegre vit désormais au rythme du
FSM…
La
pluie torrentielle de la nuit que nous venons de passer, en plus d’une pluie
fine mais incessante durant toute la journée, en aurait peut-être découragé
plus d’un, mais à moins d’une heure du rassemblement, et moins de deux heures
avant le départ officiel de la marche, la pluie cessa et les gens étaient bel
et bien à ce nouveau Rendez-vous mondial de l’année, à l’heure où le FSM 2003
commence sa longue route…
Plus
de 1700 ateliers officiels, conférences, débats, panels et témoignages sont
proposés par le Comité Organisateur, et plusieurs centaines d’ateliers
parallèles et d’animations «spontanées», 24 heures sur 24, créés par les
mouvements et organisations au Campement Jeunesse situé au cœur des cinq sites
où se dérouleront les activités du FSM, un Forum dans le Forum : Communauté
parallèle en toute fraternité !
Du
«Viaduc des Açoriens», à l’image de Porto Alegre et du Brésil, un pont, des fresques et une
architecture sculptés en témoignage d’un passé riche de couches successives d’immigration,
plus de 75 000 représentants d’organisations arborant fièrement leurs étendards
passeront sous ce pont pour cette «Marche des Nations, Marche de la solidarité
et de la fraternité, Marche des Alternatives» afin de réfléchir et bâtir
ensemble ce «Nouveau Monde» loin des guerres de la dictature idéologique,
économique et militaire du néo-libéralisme…
Sous
le soleil Brésilien désormais revenu, cette filée incessante de militantEs et de bannières enchantera le ciel au refrain de
«Ho Lula, yo quero ver, un plabiscito contra alca, acontecer / Ho Lula, je voudrais voir, le plébiscite
(Consultation populaire) pour contrer la ZLEA, se concrétiser» de cette IIIè édition de ce FSM débutant, et se dirigera pas à pas
vers un grand «bal d’ouverture» lorsque la lune montrera son premier reflet du
lumière, plein d’espoir et de volonté fraternel des peuples du monde entier…
Fondation
de Transition
23
janvier 2003
Henri Pena-Ruiz et Jean-Paul Scot, 2002, Un
poète en politique. Les combats de Victor Hugo, Paris : Flammarion
Ce livre est d’abord
politique, mais il peut s’adresser autant à ceux qui aiment la littérature et
la politique. Car Hugo c’est un poète et un écrivain, mais aussi un homme qui
s’est « engagé ». Quand on est
jeune, notre milieu nous modèle. En vieillissant on peut demeurer et se
conformer à ce que l’on fut et à nos origines. On peut aussi questionner, changer et –surtout – vouloir changer le
monde. Si la plupart des gens glissent d’une certaine forme de contestation à
des positions plus conservatrices avec les ans, pour quelques autres – dont
Hugo – ce fut l’inverse.
D’origine
bourgeoise, modelé par le monarchisme et un certain libéralisme de sa mère,
Hugo a glissé vers la gauche. Ses prises de position pour les
« misérables » et les Communards en font foi. C’est à la fois l’histoire du changement
qui peut s’opérer chez une personne, Hugo en l’occurrence ici, mais aussi des
changements d’une période riche en histoire. Son parrain, le général Lahorie, lui avait dit « avant tout, la liberté »
phrase marquante pour un enfant. Surtout que ce parrain a été impliqué dans
deux conspirations contre Bonaparte… avant d’être fusillé en 1812. « Hugo fait remonter à cet épisode
tragique sa condamnation de la peine de mort et son attachement à la
liberté. » (p. 22)
Mais attention, ce
livre ne se lit pas comme un roman. En fait la trame n’est pas chronologique,
mais thématique. Ainsi le premier chapitre porte sur la Liberté, partant de son
enfance, marquée par le général Lahorie tel que je
l’ai dit plus haut, à ses réflexions d’après La Commune où il écrit, entre
autres choses « La loi opprime le droit! » (p. 44) Un autre chapitre,
le 7, porte sur ses réflexions européennes – prémonitoire de l’Europe
Unie : « De la nation France aux Etats-Unis d’Europe ».
Il alla très loin. En fait il était mondialiste, mais pas exclusivement économique comme la mondialisation qu’on nous
sert aujourd’hui, mais humaniste :
« Peuples! Il
n’y a qu’un Peuple. Vive la République universelle! » (p. 203)
Cette idée de
république universelle se veut aussi un modèle de Paix. Car « Qu’est-ce
que la guerre? C’est le suicide des masses. Mettez donc ce suicide aux
voix! » (« Déclaration de
paix », 5 mai 1867). (p. 244) Bref, Hugo, Un poète en politique,
c’est la vision d’un homme de lettre sur son monde et ses suites. Quand on
parle de l’avant-garde des artistes pour percevoir les choses à venir, cela
s’applique parfaitement à Hugo. C’est très contemporain. Cet homme du XIXe
soulève des questions encore pertinente pour nous qui commençons le XXIe
siècle. Le Président de la France devrait l’offrir à ses homologues du G-8 pour
Noël. Ce serait une bonne façon de bien engager ce siècle et ce millénaire!
Michel Handfield
Sol,
1997, Presque tout Sol, Québec : Stanké
Sol, j’en
suis fana depuis que j’étais enfant. Du temps de Sol et Gobelet et même avant –
du temps de la boîte à surprise. Je l’ai vu en spectacle, je l’ai en long jeu
et en CD. J’ai aussi son premier livre « Rien détonant avec Sol » (Stanké 1978). Alors quand j’ai vu Presque tout Sol je
me suis dit qu’il fallait que je vous en parle. Car c’est là une idée cadeau
intéressante pour qui aime les mots, l’humour et l’actualité.
Car Sol c’est la finesse du français avec un
sens aigu de la critique, de la satire et même du cynisme au sens antique du
terme – de questionner pour voir que La Vérité n’est pas singulière, mais
plurielle! Qu’il y a des façons de
faire, pas une.
Plus de 500 pages de pur délice. On y trouve des
textes comme les « œufs limpides » ou « Le fier monde »,
malheureusement non daté (mais on le retrouve aussi dans le livre de 1978), qui
dit cette chose toute brûlante d’actualité encore aujourd’hui (p. 154) :
Ceux qui ont le dessus sont drôlement bien
C’est les États riches
Les Établis
Les États bien les
États munis
Et encore plus loin de poursuivre (p. 163) :
(…)
on s’arrache les cinq condiments
on se tire sur la pipeline
on déterre les moratoires
on se traite de musulmenteurs
et ça pétarabe, ça pétarabe,
ça pétarabe …
Bref, un très bon livre à s’offrir ou à demander
en cadeau. A lire en Solitaire ou pour partager les fins mots, c’est un must.
Michel Handfield
Cuisine
Marie-Josée Bettez et Éric Théroux, 2002, Recettes et
trouvailles – Déjouer les allergies Alimentaires, Éditions Québec Amérique
L’aventure de ce livre à commencé par un incident :
« Il avait 16 mois lorsque cela s’est produit. (…) … Christophe s’amusait
dans son carré de sable. Le calme. La paix. Et puis tout a basculé. »
Leur fils était victime d’allergie alimentaire. Le besoin d’informations et la
recherche ont conduit à ce livre. Un livre intéressant, mais qui n’empêche pas
de consulter les spécialistes. Nous avisent-ils Un livre très documenté.
En fait c’est un livre qui a plus d’une utilité.
D’abord pour les gens qui souffrent de telles allergies et pour ceux qui les reçoivent
ce peut être une source d’informations importantes. Il y a notamment
l’explication des allergies et intolérances alimentaires; des conseils et trouvailles; un guide des
aliments de substitutions; des explications sur l’étiquetage des aliments (comment
s’y retrouver); des ressources pour les souffrants d’allergies alimentaires et
beaucoup beaucoup de recettes!
Mais c’est aussi un livre grand public. Car qui
aime tout? Vous n’aimez pas les œufs ou le soya, savez vous par quoi les
remplacer dans une recette qui en contient? Et bien ce guide vous le dira.
On a tous des choses qu’on n’est pas capable de
manger ou de sentir, à quoi on est « allergique » au second sens du
terme, c’est à dire que si on n’y est pas allergique au sens littéral du terme,
on l’est au sens figuré. Ce livre vous dira par quoi les remplacer! Comment
faire une recette qui normalement les utilise… sans les utiliser! Bref c’est un
livre pour toutes les cuisines, même si le public cible est d’abord les
personnes souffrantes d’allergie. Un indispensable pour les amateurs de
cuisine. Une idée cadeau intéressante, car s’ils ne souffrent pas d’allergie,
c’est peut être un livre cuisine qu’ils ne penseront pas s’acheter.
Michel Handfield
Elizabeth Lemoine (avec une préface de Izrael), 2002, Les épices de santé, Paris : éditions
Molière coll. Splendeurs
Un beau livre grand format (245 mm X 345 mm)
avec de superbes photos et dessins. Les
épices sont un sujet fort intéressant. Elles ont traversés les siècles, ont été
objet de commerce mondial des siècles avant nous; elles se retrouvent dans les
livres saints (les épices et les aromates) et ont été au cœur de la
politique : « ils font partie des cadeaux de chef d’État à chef
d’État » (p. 14). Les épices peuvent aussi être des remèdes. Ce livre fait
d’abord ce survol du sujet.
On arrive ensuite au cœur du sujet :
« Les épices de A à Z ». Chaque épice est d’abord décrite dans un
encadrement en terme de Famille, Origine, Taille, Floraison et Propriétés. Suit
un texte descriptif sur l’épice, soit la plante, sa taille, son utilisation,
ses variétés et ses dérivés. Le tout est accompagné de magnifiques photos.
Un exemple parmi d’autres. Le Schinus Molle ou Poivre
rose ou poivre péruvien. On apprend ainsi que cette
plante atteint 15 mètres et que ce poivre a des propriétés anti-inflammatoire,
antiseptique et purgative. On apprend aussi que ce poivre rose (qui en fait est
un faux poivre) est devenu à la mode depuis l’arrivée de la nouvelle cuisine.
On souligne aussi « qu’à cause de ses constituants, le poivre rose peut
devenir toxique à forte dose » (p. 106).
A la fin du volume nous avons quelques pages sur
les poudres et les pâtes d’épices. On explique qu’est-ce que le cajun, le
curry, la sauce de soja ou le Tabasco par exemple. 130 quelques pages de pur délice!
Michel Handfield
Collectif, 2002, L’état du monde junior –
encyclopédie historique et géopolitique, France : La découverte
- Le monde depuis 1945
- Tous les pays de la planète
-Les grands enjeux internationaux
Voilà le menu de la couverture. Un bref aperçu
montre que c’est un livre intéressant pour l’étudiant du primaire (2e
cycle) au secondaire. (Mais les plus curieux des questions sociales, politiques et économiques du 2e
cycle du secondaire auront peut être avantage d’avoir L’État du monde édition
régulière). Il fait le tour des différents pays, mais explique aussi les
grandes questions de notre temps. Ainsi il y a un texte sur la mondialisation,
« La mondialisation a besoin d’être organisée et « civilisée » »,
qui va assez loin. En fait ce texte pose même un diagnostic que l’on voit
rarement dans nos grands journaux :
« Ainsi est-il fréquent d’entendre des
responsables gouvernementaux expliquer qu’ils ne peuvent plus agir ni réformer
la société, leurs marges de manœuvre politiques ayant disparu à cause de la
mondialisation. (…) Dans les faits, les dirigeants politiques qui tiennent ces
discours utilisent le plus souvent la mondialisation comme prétexte pour ne pas
assumer leurs responsabilités. » (p. 139)
Combien de citoyen en âge de voter sont au fait
de ce qu’est la mondialisation et de ce
que cela implique? Et il y a des textes sur la fracture entre riches et
pauvres, l’environnement, etc. Bref, ce livre intéressera aussi les moins
jeunes qui n’ont pas toujours suivi le monde politique et économique et qui
sentent le besoin de se remettre à jour sans que ce ne soit trop astreignant.
Michel
Handfield
Brochu, Lysette.
Moi, Mabel, la vache volante. Illustrations de Joanne Girard. Editions du Vermillon, mars 2002.
Il existe un temps
dans la vie de quelqu’un où il se pose des questions sur lui-même et voudrait
changer… L’histoire de Mabel illustre très bien cette
idée. En effet, c’est que Mabel se trouve grosse et aimerait bien voler dans le
ciel. Avec l’aide de Denis, elle y
parviendra pour se rendre compte qu’il vaut mieux rester soi-même.
Les illustrations
sont magnifiques et le texte court. Le
livre se lit donc très bien et peut facilement être raconté à des enfants.
L’histoire saura les toucher puisqu’ils pourront s’associer à Mabel. L’auteure suggère ce conte pour les 10 ans et
moins. Sur son site www.lysettebrochu.com , Mme Brochu nous donne des suggestions d’activités en rapport avec son
conte et les vaches (bricolage, coloriage, assemblage, chansons…). Un site bien rempli qui accompagne ce petit
livre avec une morale charmante : « Je suis bien dans ma peau ».
Audrée Anne Dupont.
Michel Foisy,
2003, La carte de hockey magique (Préface de Maurice Richard), Ste-Thérèse : Michel Foisy
éditeur
Quand j’ai vu le titre de ce livre, j’étais
réticente. Disons que les sports et moi, ça fait deux! Cependant j’ai été
charmé par l’histoire. C’est rempli de jeux de mots et d’expressions
amusantes :
(…)
Explique-nous le théorème de Pythagore, dit le professeur.
« Euh! » balbutiai-je. C’était
vraiment un cas de sinus! J’en prendrais pour mon rhume et sur quelle tangente
me diriger? (p. 60)
C’est un roman qui saura plaire tant aux filles
qu’aux garçons, où se mêlent jeu de mots, histoire d’amour et noms de joueurs
de hockey. L’histoire est originale. Faire une machine voyager dans le temps
qui s’active avec la « carte de hockey magique », celle de Maurice
Richard. Ça sort de l’ordinaire.
Les jeunes pourront facilement s’associer au
personnage principal, Maxime, un adolescent comme les autres (il a des boutons,
des amis et tombe en amour!). Une histoire qui se lit très bien. Il y a même
une suite, La carte de 1 000 000$. C’est à suivre!
Audrée Anne Dupont
Sous la jaquette!
Lundi, 17
mars, 2003
Jean Guisnel, 2003, Bush contre Saddam – L’Irak, les faucons et
la guerre, Paris: La Découverte
Il est
22 :23 heure le 17 mars, 2003. George W. Bush vient de donner un ultimatum
de 48 heures à Saddam. Le conseil de sécurité des Nations-Unies
n’appuyait pas George W. alors il a décidé d’y aller avec quelques
« amis »! Tel est le contexte d’aujourd’hui.
Ce livre de Jean Guisnel, grand reporter au Point, tombe donc à point. Il
explique cette guerre en devenir. Le pétrole lui semble loin d’être la seule
raison, ni même la principale. « En réalité, la compétition oppose surtout
un président américain obnubilé par son projet impérial à un tyran sanguinaire,
dont le pays demeure une clé de voûte du Moyen-Orient. » L’ambition :
«recomposer le Moyen-Orient » et « assurer à long terme la pérennité
d’Israël ». Un livre qui semble très près des dernières déclarations de
George W sur sa « mission » de faire la démocratie au Moyen-Orient et
de « reshaper » Israël et la Palestine. Et
pourtant nous l’avons reçu il y a quelques jours! Ceci laisse croire que cette
enquête fut bien menée.
9 mars, 2003
(Livres reçus au cours du mois de février)
Ziegler, Jean,
2002, Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent,
France : Fayard
« Aujourd’hui
dans le monde, toutes les sept secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de
faim. » Il est victime… du « profit sans borne »! Et l’empire de
l’Oncle Sam y joue un rôle… naturellement!
L’auteur y passe tous
les concepts clefs en revue, que ce soit « la mort de l’État », les
marchés financiers l’étranglant pour leur plus grand profit, ou L’OMC,
d’avantage un ensemble d’accords en perpétuel mouvance qu’un véritable
organisme. Des accords qui ont un goût
douteux d’ailleurs:
« (…) les signataires de Marrakech ont refusé d’inclure dans la
Charte de l’OMC une « clause sociale » et une « clause
écologique ». Ces deux clauses auraient pourtant permis d’exclure de la
libre circulation les marchandises produites dans des conditions sociales ou
écologiques intolérables.» (pp. 197-8)
Peut être qu’on peut y trouver une explication
à l’antiaméricanisme montant. Car « les déclarations de Bush rappellent de
bien sinistres souvenirs : soit vous êtes avec nous et donc partisan de la
privatisation du monde, soit vous êtes contre nous et nous vous bombardons.»
(p. 55) La diplomatie militaire! Pas surprenant que certains se cabrent contre
eux. Et ce livre n’est pas l’œuvre d’un gauchiste mal dégrossit. Ziegler fut
prof de sociologie à l’université de Genève, membre du parlement Européen et il
est présentement Rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à
l’alimentation. Bref, c’est quelqu’un qui sait de quoi il en retourne et de
quoi il parle!
***
Reçus des éditions La Découverte:
Benasayag, Miguel et Sztulwark,
Diego, 2002, Du contre-pouvoir, Paris : La découverte/Poche
Le reproche qui est
souvent fait aux groupes contre est de savoir contre quoi ils sont, mais pas ce
qu’ils feraient! C’est l’argument facile. Un journaliste demande à un
manifestant dans la rue, la caméra tournant, t’es contre la mondialisation, que
ferais-tu à la place? S’il n’a pas de réponse on extrapole et on dit que le
mouvement n’a pas de solution. S’il répond, on dit qu’il a une réponse toute
faite. Une autre idéologie! Faites le même processus auprès des militants de
base de n’importe quel parti politique et vous risquez d’avoir une réponse
aussi convaincante. Un conservateur sera pour la guerre parce que… et il vous
sortira ce que l’Administration Bush dit. Lui reprochera-t-on ou dira-t-on
plutôt que le peuple a parlé et que le Président comprend? Bref, la couleur du
média donne l’image du message. Comme il y a peu de grands médias qui soient
assez indépendant pour être critique face à la mondialisation, le message des
« antis » relève souvent du folklore contestataire
dans les grands médias et par extension dans l’opinion publique!
Mais dans ces
mouvements, il y a des citoyens impliqués qui sont tout aussi capable de penser
que les élites économiques. Bref on pense des « réformes réalistes »
chez les contre. D’autant plus que ces contres ont souvent une logique qui
tient davantage compte de l’humain que des seules données comptables.
Cependant, le parti
des contre n’existe pas encore. Peut être n’existera-t-il jamais, car il serait
alors obligé d’être pour! Mais certains « contre » s’infiltrent;
questionnent et forcent les partis traditionnels à prendre position. Car les
contre ne sont pas un parti pris, mais un mouvement. Ils sortent des
« formes traditionnelles de l’action politique », mais influencent et
pénètrent la société plus qu’on ne le croit.
Bref, comme le dit si bien la jaquette…
« Ce livre passionnera tous ceux qui cherchent, ici et maintenant,
dans leur engagement militant ou professionnel, les pratiques qui permettront
de réinventer la justice et la liberté. »
Brender, Anton,
2002, Face aux marchés la politique, Paris : La découverte
La finance mène le
monde! Et si c’était parce qu’on lui a laissé la place, toute la place? Car les
marchés « ne sont pas même intelligents. Loin de prévoir quoi que ce soit,
ils se contentent de découvrir le présent et de se souvenir du passé. »
Ils ne peuvent donc dicter les façons de faire à moins que le Politique ne le
veuille bien, c’est-à-dire qu’il ait abdiqué face au marché! « D’autant
que, contrairement à ce que voudrait faire croire un certain conformisme
politique, les marchés ne nous imposent leur loi que lorsque nous renonçons à
leur imposer la nôtre. »
Pastré, Olivier et Vigier,
Michel, 2003, Le capitalisme déboussolé,
Paris : La découverte
« Après Enron et Vivendi : soixante réformes pour un nouveau
gouvernement d’entreprise » nous dit la couverture. Ce livre semble avoir
le mérite de regarder les cas de dérive capitaliste dans leur globalité et dans
le contexte d’une mondialisation qui broie les règles du jeu, les gardes fous
que le Politique avait mis jusque là. Et les auteurs de remettre « les
préoccupations éthiques au cœur du dynamisme entrepreneurial »!
Castel, Odile,
2002, Le Sud dans la mondialisation : Quelles alternatives?,
Paris : La découverte/Alternatives Économiques
La mondialisation. On
en parle beaucoup de notre point de vue de l’Occident, du Nord. Mais au Sud,
qu’en est-il? Que signifie-t-elle pour le Sud? Une détérioration semble-t-il,
sauf pour quelques pays. Les mouvements citoyens et quelques
« iconoclastes des institutions internationales » se sont prononcés
sur le sujet. Pour avoir quelques réflexions sur ce point, mais pas de miracle,
c’est un livre à lire. Et qui dit que le Nord n’a pas à apprendre du Sud. Les laissés
pour compte de la mondialisation y existent aussi. La mondialisation des
solidarités doit se faire pour combattre cette mondialisation uniquement
tournée vers l’économique. Le Sud doit donc être écouté et aidé, Societas
Criticus en a déjà parlé à plusieurs reprises. Ce livre est donc un jalon de
plus à la connaissance solidaire face au mouvement de la mondialisation
économique.
Demoustier, Danièle, 2001, L’économie sociale et
solidaire – S’associer pour entreprendre autrement, France : Syros/Alternatives Économiques
Ce n’est pas là un sujet nouveau pour Danièle Demoustier, car nous avions déjà dans notre bibliothèque, Les coopératives de production (1984, Paris:
La Découverte, coll. Repères). Dans ce nouveau livre elle examine un siècle
(1901-2001) de la liberté d’association en France et le fait que malgré cette
histoire, l’économie sociale « est plus que jamais un projet
d’avenir! » Un secteur en croissance qui prône « une économie plus
humaine et des entreprises plus démocratiques et moins avide de
profit ».
Un livre qui devrait intéresser les
lecteurs du Québec, le Québec s’étant tournée vers l’économie sociale il y a
quelques années, mais aussi les lecteurs francophones et francophiles de la
planète. Car au moment où les citoyens et les travailleurs se sentent menacés
par la mondialisation, il y a peut être un autre modèle économique à
mondialiser. Une économie sociale et solidaire planétaire, ne serait-ce pas un
beau projet à laisser aux générations futures ?
Lahire¸, Bernard (Sous la direction de), 2002, à
quoi sert la sociologie ?, Paris : éditions la découverte
Question à la fois naïve et provocatrice
nous dit la jaquette du livre. Car la sociologie doit elle servir à quelque
chose ou à quoi ne doit-elle pas servir ? Le sociologue doit-il être un
expert au service de l’entreprise ou de l’État ? Un conseiller ? Ou
un battant au « service des luttes des dominés » ?
En fait, moi même étant sociologue, je
crois qu’il y a un peu de tout ça en sociologie. Pour ma part je suis plus près
de « la sociologie comme socio-analyse » pour « aider à la
compréhension du monde social ». Mais je ne suis pas prêt à parler de
« moyen de diminuer [les] souffrances ». J’espère par contre que
l’éveil aux enjeux sociaux et la conscientisation que l’on essai de faire par
Societas Criticus amène des gens à voir les enjeux sociaux et économiques qui
semblent les dépasser et à les questionner de plus en plus, car ces enjeux sont
souvent le fait d’institutions pour lesquelles nous sommes des clients, des
employés ou des citoyens. Comme Touraine, je crois que le monde est une
création de ses acteurs et que nous pouvons contribuer à le changer. Mais
j’admet que l’institutionnalisation sociale a des moyens idéologiques et
organisationnels très puissants à sa disposition.
Laval, Christian,
2002, L’ambition sociologique, Paris : La Découverte/MAUSS
Saint-Simon, Comte,
Tocqueville, Marx, Durkheim, Weber! Ce livre n’est pas un recueil de textes. En
fait, il examine la pensée de ces auteurs en regard de l’économie politique. Et
leur critique face à l’économisme, la société n’étant pas qu’économique!
« La grande force du livre de Christian
Laval est de montrer que tous les sociologues classiques ont en commun d’avoir
voulu répondre au défi de l’économie politique, en laquelle la plupart voyaient
l’incarnation par excellence de l’esprit scientifique appliqué à l’étude de
histoire et de la société, et d’y avoir fortement objecté en historicisant les
catégories que les économistes ont tendance à naturaliser. En définitive, c’est
sur la représentation économique de la société capitaliste, prise comme allant
de soi par les économistes, qu’ils ont fait porter le soupçon en mettant en
cause les fondements utilitaristes de l’économisme.
À l’heure où la société-monde qui s’ébauche semble
vouloir se réduire à un gigantesque marché, rien n’est sans doute plus urgent
que de renouer avec l’esprit de la sociologie classique. Le présent livre y
aidera puissamment en offrant au lecteur une introduction lumineuse aux grands
auteurs de la tradition sociologique. »
C’est un livre qui m’apparaît bien aller avec un autre livre dont nous
avons parlé à quelques occasions dans nos textes, soit celui de Christian Arnsperger et de Philippe Van Parijs, Éthique économique et
sociale, France : La Découverte/repères (2000). Car pour comprendre
l’éthique économique et sociale, il faut aussi remonter aux premiers critiques
de l’économie et du social, justement ceux dont parle Christian Laval dans son
livre.
****
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
17 mars, 2003
Le mal-être juif : Entre repli, assimilation & manipulations
par Dominique Vidal
http://www.agone.org/lemaletrejuif
17 février, 2003
Le Guide
de la sexualité branchée
http://www.optionweb.net/sexualite.html
Après le Guide de la
psychologie branchée, voici maintenant le Guide de la sexualité branchée dont
le lancement est prévu pour le Salon du livre de Québec du 9 au 13 avril, soit
jeudi le 10 avril à l'occasion d'un 5 à 7. Vous pouvez réservez votre
exemplaire en visitant le site www.optionweb.net
***
16 janvier, 2003
Les pillards de la forêt.
Exploitations criminelles en Afrique.
http://www.agone.org/lespillardsdelaforet
13 décembre, 2002
La violence féminine, ça existe.
On parle souvent de la violence conjugale en
l'attribuant presque exclusivement aux hommes. Pourtant, de plus en plus
nombreuses sont les études sérieuses qui démontrent que la violence féminine
existe aussi, et de façon plus marquée qu'on veut bien le croire. Les éditions
Option Santé ont osé aborder ce sujet controversé en publiant deux livres complémentaires.
Le premier, L'homme battu de la travailleuse sociale suisse Sophie Torrent, présente le vécu de l'homme
qui subit les coups de sa partenaire et qui se retrouve démuni car aucun
organisme ne vient à son aide. Elle décrit aussi ce que peut faire l'homme
battu pour quitter une relation conjugale souffrante et dépasser sa réalité
d'homme violenté.
Le deuxième, La violence faite aux hommes du
psychologue – sexologue québécois Yvon Dallaire, fait
justement état de ces statistiques qu'on n'ose publier. Il explique que la
violence physique est le résultat
d'une schismogenèse complémentaire entre deux
personnes souffrantes et souvent handicapées au niveau de leurs habilités
relationnelles.
En visitant le site www.optionsante.com où se trouve la présentation détaillée de ces
deux livres, vous y découvrirez aussi une liste exhaustive de ressources pour
femmes violentes et de groupes d'entraide
pour hommes. Vous constaterez qu'il en existe peu.
***
2 décembre, 2002
Charb n'aime pas les gens, Chroniques politiques 1996-2002, chez Agone :
http://www.agone.org/charbnaimepaslesgens
***
L’espoir
assassiné
Casterman - BD
88 pages
• noir et blanc • 32 x
24,5 cm
grand format à l’italienne dans coffret
ISBN
2-203-39929-5
31,95 $
• en librairie dès maintenant
Ce deuxième tome très attendu, livre la
suite, violente et généreuse, de l’extraordinaire aventure de la Commune de
Paris, mise en image par un Tardi au sommet de son
art. Scénarisée par le romancier Jean Vautrin d’après l’un de ses propres
livres, cette fresque grandiose relate ces quelques semaines du printemps de
1871 pendant lesquelles le peuple parisien a passionnément rêvé d’un monde meilleur,
jusqu’à en mourir...
Dans une ambiance de fièvre, toutes les
passions se déchaînent et pendant ce temps la Commune se fait et l’Histoire
avance. Une myriade de personnages rocambolesques se cherchent, s’aiment ou
s’affrontent, tandis que le destin est déjà en marche. Les rues de Paris, la
gouaille des titis, des maquereaux, des anciens bagnards, l’enchevêtrement des
intrigues : on ne pouvait rêver de meilleur artiste que Tardi pour mettre en bande dessinée ce récit complexe et
riche. Le trait somptueux de son art et ses compositions sont
magnifiées par un format à l’italienne très cinématographique.
“L’espoir assassiné” fait suite à “Les
Canons du 18 mars”, premier volet de la trilogie du Cri du Peuple. Le
premier tome a été récompensé par l’Alph’art du
Public et l’Alph’art du Dessin au Festival
d’Angoulême 2002.
Par sa
manière inimitable de faire résonner à l,unisson
l’épopée romanesque et le grand vent de l’Histoire, Le Cri du peuple est un véritable chef-d’œuvre !
Jacques Tardi fait son entrée chez
Casterman dès 1976, et entame alors le cycle des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec,
dont le succès ne se fait pas attendre. Parallèlement, il adapte le Paris de
Léo Mallet.
Jean Vautrin, alias Jean Herman, est réalisateur, scénariste, dialoguiste et
romancier. Il a écrit Le Cri du peuple
en 1999. Jean Vautrin est Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier des Arts
et des Lettres et Officier dans l’Ordre National du Mérite.
***
vendredi, 6 décembre, 2002
ECOEURANT
Vacarmes cabaret perdu
Mise en scène de Dominic Champagne
Du 19 novembre au 14 décembre 2002
Au théâtre Espace Libre, 1945 rue Fullum, Montréal
Michel
Handfield
A quoi sert notre conscience individuelle
quand c'est toute la machine qui est détraquée? On recycle nos p’tites cannes puis on va porter nos restes de peinture
a notre écocentre
en gros 4x4 et on a l’impression de faire quelque chose pour l’environnement.
On achète des vêtements fait par des enfants
sous payés, mais a-t-on vraiment le choix quand on ne trouve pas autre chose
dans les magasins ordinaires? Et pour aider notre conscience on nous fait
croire que cela va améliorer l’économie de la Chine et va amener la démocratie
aux p’tits chinois!
La démocratie, c’est pour nous montrer que
le monde est civilisé. Mais quand ça compte, on sort les guns! Pour que le
Politique gagne une conscience, ça va prendre combien de « World Trade Center », de massacre
en Palestine et de pétrolier coulé? Ah oui, les enfants sont l'avenir de la
planète… Georges W., Sadam, Ben Laden, Sharon et quelques autres « leaders » ont
il déjà été des kids?
Ça prend combien de p’tites
cannes de bines dans mon bac verts pour compenser les relâchements des lois
environnementales pour le bien de l’économie de marché? Comment ça s’fait que le citoyen est passible d’amende pour jeter des
déchets recyclables et que la grosse compagnie est subventionnée pour polluer?
Et si vous commencez à vous questionner le système n’aime pas ça. Mais le
système a tout prévu pour faire du cash et détourner votre conscience. Il a
inventé le nouvel âge et les psychothérapies. Travaillez votre
« Moi », changez vous au lieu de changer le monde!
En fait l’équilibre c’est peut être de
savoir qu’on ne peut changer le monde en recyclant notre p’tite canne de bines,
mais que ne rien faire n’est pas mieux. D’être équilibré dans nos choix; de ne
pas « bad triper »
pour ce qu’on ne fait pas et croire que notre moindre petit geste va contribuer
à faire pousser des fleurs à Tchernobyl.
C’est le genre de réflexions que nous donne
cette pièce. Mais de façon subtile, humoristique, chantée, mais aussi coup de
poing. Le dosage fait que ça passe bien. C’est un cabaret satirique cynique à
souhait. N’y manquait que le fanal de Diogène dans un coin!
Le bluesman
Karl Tremblay était dans l’assistance et a poussé un blues avec la gang.
Un moment particulier.
Références :
Théâtre il va sans dire (www.ivsd.org) à
L’espace libre (http://www.espacelibre.qc.ca/)
Sur Diogène Le
Cynique voir http://www.utm.edu/research/iep/d/diogsino.htm
(en anglais) et surtout l’excellent livre « Cynismes » de Michel Onfray, Le livre de
poche biblio essais, 1990.
Distribution :
Violette
Chauveau, Bruno Marcil, Julie Castonguay,
Evelyne Rompré, Michel-André
Cardin, Norman Helms, Mario Saint-Amand,
Estelle Esse, Dominic Champagne, André Barnard, Charles Imbeau,
Ludovic Bonnier et Pierre Benoit.
***
Notes d’écoutes
Note de la
rédaction:
Comme je
dois être assez bien informé vu le genre de la revue, j’écoute souvent la
radio. L’écoute des CD est donc limitée à une certaine plage horaire dans la
journée ou la semaine. Et comme j’écoute les CD plus d’une fois avant d’écrire,
il s’écoule généralement un certain temps entre la réception des disques et la
sortie des critiques, soit de quelques jours à, parfois, quelques semaines
selon le nombre de CD reçus et les aléas de l’actualité (suivi de l’actualité,
couverture de conférences, etc.).
1er avril, 2003
Sony Music Radio Sampler #1 2003 SMPD 133
On ouvre sur Céline “I drove all night »
(from Columbia « One heart »)
et on poursuit dans les succès radios pop. Pour ma part j’ai particulièrement
apprécié Ginivine, « Hell
Yeah » (radio release), qui mixe le soft rock au beat disco. Et que dire
de Bruce « the Boss » Springsteen (« waitin’on a sunny day ») qui est toujours égal à lui même et que l’on
reconnaît dès les premières mesures. On a beau dire que le rock est dépassé, le
rock des rockers des 70’ties a une signature que la musique pop plus
contemporaine n’a pas.
Sony Music Radio Sampler #2 2003 SMPD 134
Plus rock que le premier, plus hard aussi, tout en étant danse et soft-rock dans sa palette! Comme si février avait besoin d’un électrochoc avec The ataris, « In this Diary »; The Juliana Theory (Do you believe me?); The coral (Dreaming of you) ou Pearl Jam (thumbing my way); ou encore Memento avec “Nothing sacred”! On y retrouve aussi un peu de balade ou de dance (Macy Gray, When I see you). Mais ma préférée est pop sur un fond de classique (Mozart je crois). C’est NAS avec « I can ». L’art d’actualiser la musique d’une autre époque. Très bien réussi. He can a grand coup!
***
19 mars, 2003
The Ataris, So long Astoria, Colombia, CK-86184
The Ataris
(Kris
Roe: Lead Vocals/Guitar; Mike Davenport: Bass/Vocals; John Collura: Guitar/Vocals; et
Chris "Kid" Knapp: Drums) sont un groupe de
rock indépendant, qui sonnent hardrock et parfois
alternatif. Leurs chansons personnelles comme les images d’un « scrap book de leurs mémoires» comme ils le disent sur
leur site. Et Astoria, c’est pour cela, car c’est
l’endroit où ils ont grandi.
Les paroles ne sont pas que
sonorités. Elles ont du sens. Il faut lire les textes. Dans la chanson titre, il y est dit :
We said that we would never fit in
When we were really just like them.
Does rebellion ever make a difference?
N’est ce pas un certain constat de la vie qu’on fait nos parents – tu
vas voir plus tard – et que nous ferons tous. Nos racines sont là, et on
ressemble parfois à ce que nous avons déjà rejeté. Pas à tout, car nous avons
notre personnalité, mais nous avons aussi des racines. Quand on est jeune ont
est trop occupé pour le savoir, mais on les découvre. Un album de qualité,
mêlant la musique de la nouvelle génération avec des paroles qui ont déjà
mûries.
Deux sites sur Astoria :
***
18 mars, 2003
Artistes variés, Pour l’amour et
Pour l’amour Vol. 2, Sony music direct, TVK 24146 www.sonymusic.ca
Je dirais qu’on les
connaît toutes et qu’elles sont toutes bonnes. Autant pour le premier CD que le vol. 2.
Pour le premier nous avons « L’amour
existe encore » (Céline Dion); « Je n’attendais que vous »
(Patricia Kaas); « La ballade des gens
heureux » (Gérard Lenorman); « Il y a de
l’amour dans l’air » (Martine St-Clair);
« Frédéric » (Claude Léveillé) et plein
d’autres du même niveau. Un best, qui ne pouvait être suivi par rien de moins
qu’un autre best.
Sur le volume 2 nous avons « pour que tu m’aimes
encore » (Céline); « la vie en
rose » (Patricia Kaas); « je t’aime, moi non plus » (Serge Gainsbourg et Jane Birkin); « Michèle » (Gérard Lenorman); « Vivre dans la nuit » (nuance) et je peux toutes les enfiler ainsi, car ce sont tous des hits consommés que l’on fredonne dès qu’on entend les premières notes.
Bref, deux CD souvenir si vous êtes dans la quarantaine et une découverte si vous
êtes plus jeune. Moi je peux vous dire que j’ai monté le volume sur quelques
unes et que ça « y allait au toast » sur le clavier, car j’écoute
généralement les CD plusieurs fois avant de rédiger mes notes d’écoutes. Et pour ces deux là, le volume a monté! Pop souvenirs!
***
9 mars, 2003
Solange, Solo Star, Columbia CK 86354, http://www.solangemusic.com/
C’est la première fois que j’entends Solange. Cela me semble être une nouvelle venue sur la scène musicale, mais qui a du métier dedans! Car malgré son jeune âge, elle a déjà du métier! Ayant commencé à danser à l’âge de 2 ½ ans, fait le tour du monde comme danseuse avec « Destiny's Child , the platinum plus Grammy winning vocal act » conduit par sa soeur Beyoncé, et à 16 ans elle a commencé à travailler sur cet album, Solo star. On y trouve différentes influences allant de la musique arabe au hip hop. Un album qui devrait plaire aux jeunes, car il a du « tsé veut dire »! Et elle est accompagné de N.O.R.E sur Feelin’you (genre rap you know!), B2K sur Dance with you et de quelques autres. Moi j’ai apprécié.
***
Lundi, 3 mars, 2003
Les
disques de Naxos
Dvorak (1841-1904), The
complete symphonies, coffret 6CDs
Grandiose! C’est l’impression qui m’est venue le
plus souvent à l’écoute de ce coffret de 6
CDs, qui comprend ses 9 symphonies; les variations symphoniques Op. 78;
et les « légendes » Op. 59, no 1 à 10.
La musique de Dvorak habille; elle a de
l’ampleur! Cela a du rythme aussi. Il y a une continuité, malgré les
différences entre chaque symphonie, comme une signature Dvorak. Je ne
connaissais pas, j’ai aimé Dvorak. Le
coffret est accompagné d’un livret en anglais qui explique chacun des CDs.
Le descriptif (source: site Internet de
Naxos):
8.506001 DVORAK : Symphonie
nos. 1 - 9
8.550266 DVORAK: Symphony No. 1 / Legends Op. 59, Nos.1-5
8.550267 DVORAK: Symphony No. 2 / Legends Op. 59, Nos. 6-10
8.550268 DVORAK: Symphonies Nos. 3 and 6
8.550269 DVORAK: Symphonies Nos. 4 and 8
8.550270 DVORAK: Symphonies Nos. 5 and 7
8.550271 DVORAK : Symphony No. 9 / Symphonic Variations
Références
sur Antonin Dvorak (1841-1904)
***
Shostakovich, Schnittke, Piano quintets, (Vermeer
Quartet; Boris Berman, piano), Naxos 8.554830
Dimitry
Shostakovich (1906-1975): Quintet for piano and
strings, Op. 57
Alfred Schnittke (1934-1998): Quintet for piano and string
quartet
Flyé! A
la fois classique et déroutant, comme si
on avait croisé des gènes du classicisme avec des gènes de rockers dans le
cœur, l’énergie et la tête (car les instruments sont classiques)! Un piano et
une orchestration mélodique qui part sur le go pour le plaisir. De la douceur
et du rythme. Et une certaine discordance mélodique à l’occasion!
Quant on l’écoute, les deux œuvres coulent ensemble
comme de source. Deux compositeurs qui vont très bien ensemble, ce qui en fait
un excellent CD. Si vous aimez le contemporain, à avoir. Si vous êtes curieux
musicalement, à écouter.
N.B. Le livret d’accompagnement est aussi en français.
****
Berlioz, Symphonie
Fantastique, San Diego Symphony Orchestra – Yoav Talmi,
8.553597
Énergique! Douce! Mélancolique! Tragique!
Passionnée! Bref, tout y est d’où le nom de symphonie fantastique pour moi.
Mais c’est aussi une symphonie prémonitoire de la vie de Berlioz!
Une œuvre prémonitoire, car il n’a que 27 ans au
moment où il l’écrit S’y mêlent la réalité, la beauté et le cauchemar de la
relation compliquée qu’il aura avec Harriet Smithson. En fait il vit Harriet,
une actrice Irlandaise, dans le rôle d’Ophélie dans Hamlet de Shakespeare en
1827 et en devint follement amoureux! Elle lui était fermée, il était
passionné! C’est cette passion qu’il exprima dans La symphonie fantastique!
Mais le supplice qui accompagne parfois la passion s’y exprimait aussi (part 4
« Marche au supplice »)!
Prémonitoire, car ils se marièrent quelques
années plus tard et leur relation fut difficile, le succès de Berlioz n’allant
pas avec la jalousie d’Harriet, et ils se séparèrent.
Une œuvre moderne, romantique et tragique tout à la fois. Une œuvre complète,
une symphonie fantastique, quoi!
N.B. Le livret d’accompagnement est aussi en français.
****
7 février, 2003, 1h14 du matin!
Chloé
Sainte-Marie
Je marche à toi
Voix et
émotions
Elle marche
à nous….
Tout en
musique et en poésie,
En chantant
tout doux,
Ou en
poussant le cri de la vie!
A la fois un
très beau disque,
Avec des
paroles poétiques, sensuelles et pleines de sens!
A la fois un
très beau spectacle,
Avec des
enchaînements éclairant!
Car le CD
s’écoute et se comprend,
Le spectacle
ajoute des enchaînements,
Qui
éclairent autrement,
Par le sens
que donnent ces arrangements!
Son métier
de la théâtralité et du cinéma
Donne une
toute autre dimension
A sa voix et
ses chansons
Qui nous
plongent dans son cinérama!
Bref, chers lecteurs, vous comprendrez que j’ai aimé le CD et que je
suis sorti ébloui du spectacle de Chloé. Il est à la mesure de la profondeur de
ce regard d’un vert perçant…
Remarquable
et Inoubliable!
Chloé Sainte-Marie, Je marche à toi, OCCD9198
http://www.chloestemarie.com/ (vous y trouverez le calendrier des
spectacles)
***
4 février, 2003
Kola, # 1, lubire production.
On sent un vent de jeunesse sur ce CD. Nous l’avons vu en prestation à
la guitare accompagnée d’une bassiste dans un Café « Second Cup » et c’était bien. Sur le CD, c’est plus, car les
chansons sont davantage habillées, accompagné qu’il est de quelques musiciens!
On est dans la chanson poétique, parfois philosophique et
d’introspection :
De plus en plus perdu au sein de la multitude
je me perds à me trouver solitude…. (De plus en plus perdu)
Dans la conscience que le monde
en est aussi un où on est solitaire. Le tout avec des rythmes accrocheurs. Bref
un CD intéressant, avec des textes. Du genre à ne pas jouer sur les radios
commerciales. A acheter…à l’entracte de son spectacle. Car il s’autoproduit et
vend ses CDs où il se représente. Aussi disponible par son site Internet, où
vous trouverez les lieux où il se produit.
Leonard Bernstein, West Side Story – the
original score, American Classics, 8.559126
Clac, Clac, Clac, attention, c’est quelque chose. A) Une comédie
musicale; B) un classique; C) du contemporain; D) Une histoire d’amour; E) Un
drame social. F) Toutes ses réponses! En
F est la bonne réponse, car ce ballet, cette pièce, est à la fois comédie musicale
et drame social, avec bandes rivales et problèmes ethnique dans cette Amérique
ouverte et fermée à la fois. Contemporaine et Actuelle, car si les nouvelles
ethnies du temps où fut écrit « West Side
Story » (les années 50) se sont bien intégrées à l’Amérique depuis, ces
drames arrivent encore aujourd’hui avec les nouvelles ethnies qui viennent
encore aujourd’hui sur ce continent pour vivre « The American
Dream »… et qui trouvent l’amour là où ils ne
l’attendaient pas! Les modes et la technologie ont évolué depuis, mais l’homme,
son fond, son cœur, a-t-il tant changé. Le propos est toujours aussi
contemporain.
La musique aussi est très contemporaine. Je dirais même que cette
musique est à la mode, car son essence est jazz… et le jazz revient. Un CD que
je vous recommande fortement, même très fortement.
Site officiel de west
side story : http://www.westsidestory.com/
Glenn
Miller, Oh So Good, Rarities 1939-1943, Naxos Jazz Legends, 8.120573
You want the real one swing? Glenn vous
le donnera! Ce ne sont les plus rares ou les plus
belles? En fait les deux, car la plupart des enregistrements de ce CD n’ont
jamais été publiés avant sur disque, car c’étaient des enregistrements radios
du « Chesterfield show ». Du « direct ». Toutes les pièces
sont brièvement expliquées. Par exemple :
« Trade Winds is a pretty tune that was never recorded by the band. … but I was
only played twice on the Chesterfield show.”
Il y a aussi des enregistrements du Miller’s Army Air Force, car Glenn Miller a eu un band lors de la seconde guerre mondiale. Band qui alla donner des spectacles pour les militaires d’outre-mer. Le 15 décembre 1944, l’avion à bord duquel il prenait place fut perdu entre la France et l’Angleterre… Un disque historique… et qui a du Swing tout à la fois. Montez le volume!
GLENN
MILLER: A SHORT BIOGRAPHY
Naxos Early Music, Carmina
Burana (Mediaeval Poems and Songs), 8.554837
Tant qu’à être dans l’histoire, remontons le temps. Vous connaissez
Carmina Burana de Carl Orff (Naxos 8.550196), opéra basé sur des textes anciens
de la Grèce et des temps médiévaux? Ce nouveau CD n’est pas une reprise de cet
opéra, mais la reprise de ces textes anciens. Superbe. Et les notes historiques
sont aussi en français dans ce CD. C’est ainsi que l’on apprend que…
« L’ensemble de poèmes et de chansons en
latin médiéval et moyen haut allemand connu sous le nom de Carmina Burana doit
cette dénomination a une abbaye bénédictine de Haute-Bavière,
Benediktbeuren, où ils étaient conservés dans un
manuscrit datant, pense-t-on, de 1230 environ, quelques ajouts ayant été faits
un peu plus tard au cours du même siècle. »
En fait la rythmique m’enchante et les voix, ah les voix! A la fois
ancien et vivant. Nos racines culturelles et musicales y ont certainement
trempées. Si vous aimez la musique ancienne, l’époque médiévale ou si vous
aimez Carmina Burana de Orff, vous ne pouvez passer à côté de ce CD.
Naxos world, Venancio
mbande orchestra, Timbila
Ta Venancio, 76016-2
Venancio Mbande, le leader de ce groupe, a 70 ans. On est dans
l’arrière pays du Mozambique, sans électricité, loin de la modernité. Mais on a
le sens du rythme et de la musique…. On joue du « Timbila »,
un genre de xylophone traditionnel. En fait ce sont les xylophones qui sont des
genres de « Timbila », car ils sont apparus beaucoup plus tard… Le feuillet
d’accompagnement regorge de détails sur le sujet, l’enregistrement, etc. (en
anglais), car cela fut une aventure en soi.
A l’écoute, bienvenue au cœur de l’Afrique, car ce CD a été enregistré
sur place, les musiciens au cœur de deux grands arbres, les danseurs devant,
les cœurs… Bref pas juste un enregistrement, une captation! Un CD document.
Pour ceux qui aiment les percussions, les découvertes et la musique du
monde…. ou qui veulent surprendre leur entourage, je vous le conseille. Car
cette musique est hors de nos normes occidentales! Extraits
sonores sur le site de Naxos world
Biographie/historique (en anglais) : http://bahai-library.org/bafa/mbande.htm
***
13 janvier, 2003
David Sills, Bigs, Naxos Jazz, 86070-2
David Sills est un saxophoniste ténor nous apprend le livret intérieur. On y retrouve des pièces qui ont plus de beat comme « Shark-eez », des plus langoureuses comme « Who can I turn to? ». Un album qui s’écoute bien et dont on ne se lasse pas, car il est sur mon lecteur CD depuis quelques semaines et je l’ai écouté à plus d’une reprise. Le mélange saxo, contrebasse, piano, drum et guitare est bien dosé. « Grunions » est une des pièces que j’apprécie particulièrement à cause de l’énergie qui s’en dégage et « Waiting for Charlies » à cause de ce rhythm-n-Jazz particulier! Un disque qui coule comme rivière, avec des moments plus doux et d’autres plus rapide et même plus énergique comme des tourbillons. Des moments de calme et de vent. Un dosage « naturel », un jazz qui s’écoute bien. Accessible.
David
Sills - the Jazz Saxophonist website
Pekka Pylkkänen’s Tube factory, Opaque, Naxos Jazz,
860682
Dans la suite du précédent
CD, Pekka Pylkkänen est lui
aussi saxophoniste à quoi il ajoute la flûte, la flûte alto et la flûte
indienne. On est dans un jazz moderne – contemporain comme on dit sur certains
sites de jazz – avec « keybords »
contrebasse et « basse »électrique, etc. Un jazz aux accents traditionnels
et moderne tout à la fois. Un jazz qui a du souffle! On entend le vent, la
pluie. On voit « Un trou dans la boue », dernière pièce de cet album,
et un arc-en-ciel au dessus de nos têtes, car c’est un album joyeux, un jazz
festif, non un blues plaintif. Je l’ai aimé comme un tout, un intégral. Moi j’y voyais une suite qui
coulait comme une goûte de pluie le long d’une fenêtre, avec des méandres. Une
continuité. Bon album, qui va bien avec le précédent, encore là dans la
continuité, du saxophone!
12 janvier, 2003
Marlene Dietrich, Falling in love again, Naxos Nostalgia, 8.120558
Avant même de débuter
l’écoute, la pochette contient un petit livret de 8 p (en anglais) ce qui est
bien supérieur à certaines rééditions qui n’ont qu’une simple photo avec les
titres à l’endos. A votre première question la réponse est OUI, l’incontournable
« Lili Marlene », qui date de 1945, est là, car ce sont des
enregistrements de 1939 à 1945. Oui elle chante en allemand, mais aussi en anglais et en français! Près
d’une heure de plaisir d’une autre époque, qui n’était pas pop mais jazzy! Une
époque qui revient peut être si on en juge le succès actuel de certaines
chanteuses de jazz. Si vous voulez écouter sur votre lecteur CD ce que vos
parents ou vos grands parents écoutaient… Et vous risquez d’aimer ça.
Site officiel de Marlene Dietrich
Lucienne Boyer,
Parlez-moi d’amour, Naxos Nostalgia, 8.120558
Parlez-moi d’amour,
qui ne connaît pas cette chanson du répertoire français? Une immortelle. Une
chanson de 1930 qui n’a pas prise une ride! Car ce CD est une compilation des
meilleures pièces de Lucienne Boyer entre 1926 et 1933! Les plus vieilles,
malgré le travail de restauration, ont une sonorité un peu ridée. Mais rien de
désagréable. Leçon d’histoire et de chanson. La voix n’a pas vieillie Les
arrangements, sont d’une autre époque où la voix était la valeur première.
Parfois seul le piano accompagnait. Les textes n’étaient pas une ligne qui
accroche, mais un poème. Pour savoir ce qu’était la chanson avant la télé et le
vidéoclip!
Artie
Shaw, Begin the beguine, Naxos Jazz Legends, 8.120615 (Original 1936-39)
Plus moderne, mais aussi historique. Le Jazz n’a pas vieilli de la même façon que la chanson, car il était d’avant garde. Et comme le Swing est de retour, ce disque pourra intéresser des plus jeunes aussi. Car Artie Shaw était le « King of Swing »! Si tu aimes le Swing mon jeune, tu pourras écouter ça avec ton grand-père, car le King du Swing est un pont entre les générations. Du rythme, du son, du beat! « This is it »! La bonne vieille ligne (« This same old line ») est encore à la mode. Dis toi ça l’jeune comme dirait ma grand-mère! Tu viens swigner mé-mé! Et la qualité de la réédition est très bonne, fait que monte le son! Oh yè!
8 décembre,
2002
Maryse Letarte, En dedans, MJMCD-6873 (CD et DVD)
Nous avons parlé de ce CD en janvier dernier. Mais s’y ajoute un DVD
contenant 4 pièces et un changement de distribution. Notre critique du CD
demeure inchangé et nous l’aimons toujours autant. Mais d’abord nous ajoutons
un mot concernant ce DVD.
Ce DVD propose d’abord 2 vidéoclips,
soit «PARALYSÉE À HOLLYWOOD» et «CLONES». Paralysée à Hollywood, avec le noir
et blanc et les plans caméra apparaît comme un film d’auteur qui va très bien
avec le propos qui est de rêver d’être ailleurs… tout en étant ici. Clone est en couleur et illustre bien le
message de la chanson avec Maryse et les jeux de guerre autour d’elle. Un clip
de circonstance pour le temps où les clones sont tentés de suivre le grand
clone guerrier!
Suive la prestation de «GIRLS
JUST WANT TO HAVE FUN» (de Cyndi
Lauper) et d'une pièce inédite, « TU SAIS PAS C'QUE TU MANQUES » interprétées au piano seulement. A la
fois simple et émouvant; simple et
volontaire, car on sent l’énergie de l’interprète. Ces deux pièces ne sont pas
sur son CD, mais que sur ce DVD. Comme c’est une
édition limitée à 1000 copies (coffret CD et DVD) il est à souhaiter que ces
deux pièces se trouvent sur son prochain CD. Car le deuxième CD est toujours un
peu craint suite au succès d’un premier disque. Sera-t-il à la hauteur. Avec
ses deux pièces, il ne pourra qu’être à la hauteur. Et au talent qu’elle a, il
devrait même surpasser le premier.
***
A la première écoute ce CD
surprend un peu par la tonalité de la voix. Country? Woups,
cette toune là est plus rock, celle-là folk. La musique est classique un petit
bout! Déstabilisant. On le réécoute. En 2 jours je l’ai écouté 3 à 4 fois.
C’est bon. Je pense à Richard Desjardins la première fois que je l’ai entendu à
la radio. Parole de vérité. Belle musique, parfois surprenante, comme le début
à la contrebasse sur « Paralysée à Holywood ».
Contrebasse qu’elle joue tout comme la guitare et d’autres instruments, car
elle est musicienne en plus d’être auteure-compositeure!
Et des paroles qui laissent songeur, dans le sens qu’elles font
réfléchir si on s’arrête à lire le livret. Comme sur Clones :
« On n’est rien que des petits clones. Blancs, noirs, jaunes,
rouges, que des petits clones. Tous la même peur de la
différence. (…) Quand les clones en moins bon état font des choses qu’on n’peut tolérer, on les caches ou on fait comme eux (dans
certains États) : on les tue mais proprement, c’est bien mieux. Y’a des
bus qui explosent en Algérie, mais l’étudiante battue à mort par ses amis,
c’est par ici et c’est pareil, pareil, pareil… »
Un bon CD selon moi et selon plusieurs autres critiques selon la
documentation reçue.
Michel
Handfield
Spectacles
10 avril, 2003
OSM 2003-2004
Michel Handfield
J’ai
été invité il y a quelques temps au lancement de la nouvelle saison de
l’OSM. Une saison qui s’annonce fort
intéressante, avec davantage de pièces connues, mais encore des chefs invités.
Ceci peut sembler moins intéressant que d’avoir un chef attitré pour certains.
Pour
ma part j’aime bien, car différents chefs font ressortir différentes forces,
différentes couleurs, bref font ronronner différemment « la
machine » de l’OSM un peu comme si les pilotes de F1 faisaient une
rotation de voiture d’un grand prix à l’autre. On découvre différents chefs… et
on redécouvre souvent notre orchestre sous un angle différent. Ce fut le cas
cette saison tout comme l’an dernier, où nous avions particulièrement apprécié
le concert Mahler sous la direction d’Antoni Wit
(26
février 2002) qui nous était familier par ses différents enregistrements de
Mahler sous étiquettes Naxos. (1)
Le programme de l’OSM pour 2003-4 est à consulter si vous êtes amateur de
classique, mais aussi de musique populaire, car cette année nous retrouvons
encore les week-ends pop qui
mettront en vedette Claude Dubois (28 et 29 novembre 2003), Lara Fabian (27 et 28 février 2004) et Sylvain Cossette (16 et
17 avril 2004). Bref, de tout pour tous, dont Noël avec Bruno Pelletier (4 et 5
décembre 2003) et les jeux d’enfants pour initier les petites oreilles!
Si j’ai retardé de
vous en parler, c’est que je voulais d’abord faire mes choix de concerts pour
cette saison.
Les choix
de Societas Criticus
Série à la carte (4
concerts)
Dimanche 14 sept. 2003, 14H30 : Passion
Tchaïkovski. Notamment pour la spectaculaire Ouverture 1812. (Naxos 8.550500)
Mardi 9 déc. 2003,
19h30 (Concert Air Canada): Symphonie pour grand écran. Pour découvrir le
classique et un orchestre symphonique avec la musique de John Williams (Harry
Potter suite) ou de Finlandia de Sibelius (Naxos 8.554265 ) que l’on retrouvait dans Die Hard II par exemple.
L’occasion de s’initier au classique de façon plaisante.
Mercredi 21 jan et
Vendredi 23 janvier 2004, 20H (Concert Gala): Elgar et les voix enchantées (Franz-Paul Decker). J’avoue, je
ne connais pas Elgar (Pour le découvrir The Best of
Elgar, Naxos 8.556672)
.
Je suis par contre curieux, car on y trouve le cœur de l’OSM et Marie-Nicole Lemieux, contralto, mais surtout Franz-Paul Decker comme chef. Un
chef que j’aimais voir quand j’étais au cégep – notamment lorsque Radio-Canada
enregistrait des concerts le vendredi soir à la salle Vincent d’Indy de
l’Université de Montréal. Un chef dont j’ai acheté quelques CDs sous sa
direction (encore sous étiquette Naxos) et dont je n’ai
jamais été déçu, car il a toujours su me surprendre. (2)
Lundi 24 et Mardi 25 mai 2004, 20H (Grands
Concerts : La Résurrection de Mahler (Naxos 8.550523-24). Tout simplement grandiose. Mahler c’est
Mahler… avec le cœur de l’OSM.
Le
Festival Tchaïkovski (4 concerts) (3)
Mardi 9 sept. 2003,
20H, Soirée d’ouverture Célébration Tchaïkovski
(Hors série). Un choix intéressant pour découvrir Tchaïkovski par un florilège de succès avec
l’OSM, accompagné de chanteurs et d’Anik Bissonnette (Première danseuse) et de Mario Radacovsky (premier danseur). Dans ce programme on retrouve
la marche slave, le lac des cygnes (Naxos
8.550050) Eugène Onéguine et Iolanta, Roméo et Juliette et plusieurs autres.
Dimanche 14 sept.
2003, 14H30 : Passion Tchaïkovski. Notamment pour la spectaculaire
Ouverture 1812. (Naxos 8.550500) que nous avons
sélectionné dans notre série à la carte.
Mercredi 24 et
Vendredi 26 sept. 2002, 20h, Laplante et le Premier
Concerto de Tchaïkovski: concert intéressant avec le concerto pour piano no 1 (Naxos 8.550137) et la 6e « Pathétique »!
(Naxos 8.550782)
Mardi 30 sept et
jeudi 2 oct. 2003, c’est une soirée d’Opéra
avec Eugène Onéguine (Naxos 8.110216-17), l’opéra le plus populaire de Tchaïkovski
sous la direction du chef du Bolchoï, Alexander Vedernikov.
Pour notre part
cette série nous plait et nous croyons ajouter un ou deux concerts à notre
choix de concerts.
Plusieurs autres concerts sont aussi
d’intérêts durant cette saison 2003-4, dont Beethoven, mais nous ne pouvons
tous les mentionner ici. Soulignons le
Concerto pour orchestre de Bela Bartok
(Naxos 8.550261) les 7 et 8 avril 2004 et Tableaux d’une
exposition de Moussorgsky et Ravel (Naxos 8.550051) les 28 et 30 avril 2004, deux concerts que
nous avions choisis dans la saison 2002-3 mais dont le programme a changé. Il y
a aussi « Voyage dans le cosmos » avec du Ravel, du Holst et le cœur
de l’OSM qui doit être une expérience à voir les 12 et 14 mai 2004. Et
l’incontournable « Messie de Handel »
(Naxos 8.553258 pour les meilleurs
extraits ou 8.550667-68 pour l’intégrale), que nous avons vu il y a
quelques années et qui aura lieu les 16 et 17 décembre 2003 à la basilique
Notre-Dame cette saison. Bref un beau programme tant pour l’amateur que pour
celui qui veut découvrir l’OSM ou s’initier au classique.
Notes
1. Les CDs
Naxos/Mahler sous la direction de Antoni Wit que nous
avons sont :
Symphony No. 5, avec le
« Polish National Radio Symphony Orchestra (8.550528)
Sympony No. 6 in A Minor
« Tragic » (8.550529-30)
Symphony
No. 4 in G Major (8.550527)
Symphony
No. 3 et Symphony No. 10 (Adagio) (8.550525-6)
Symphony
No. 2 in C Minor « Resurrection » (8.550523-4)
2. Sous la direction
de Franz-Paul Decker sous étiquettes Naxos, nous avons deux CDs intéressants,
mais modernes, pour découvrir Franz-Paul Decker : Hindemith (8.553078) et Max Reger (8.553079)
3. Il y a comme une
histoire d’amour entre l’OSM et Tchaïkovski. Ainsi, il y a quelques années,
l’OSM, sous la direction de Dutoit, avait sorti un coffret 5 CDs
« Tchaikovsky experience » sous étiquette London. Je ne sais
cependant pas si ce coffret est encore disponible. Si vous le trouvez, c’est un
achat intéressant. Mais Naxos offre aussi un très large choix de Tchaïkovski.
****
Cinéma
17 janvier, 2003
Chicago, v.f.
Chicago, 1929,
les années Jazz! Quel film. En fait deux
dans un si l’on peut dire. D’abord l’histoire d’une danseuse de club accusée de
meurtre (Velma Kelley joué
par Catherine Zeta-Jones) et d’une
« aspirante », aussi accusée de meurtre (Roxie
Hart joué par Renée Zellweger) et qui rêve de brûler
les planches; de leur rencontre en prison et de leur opposition narcissique!
Ensuite, c’est dans les rêves de Roxie que nous
entrons C’est le « second » film. Celui qui se passe dans sa tête, où
elle voit les protagonistes comme dans un show de cabaret! Toute action se
transforme en chorégraphie! Car elle rêvait de faire carrière… et ce n’est pas
la prison qui l’arrêtera de rêver et d’atteindre son but!
Ce film fait bande
dessinée surréaliste. Ceci permet au spectateur qui y est ouvert d’entrer dans
un second degré sans heurter ceux qui prennent ce film au premier degré, comme
un simple divertissement. Par exemple,
l’avocat tient la machine de la justice comme
une scène de marionnettes où il fait danser les personnages à sa guise. Dans
cette scène j’ai pensé à « Bunker, le cirque », mais avec les moyens
d’Hollywood. La justice danse aux mains des avocats… qui commandent des
honoraires à la mesure de leur talent de « chorégraphe »,
naturellement! Un meurtre, n’est pas toujours un meurtre… si l’avocat sait y
faire! Et on oublie vite dans le Chicago
du début des années 30… Faut savoir tabler sur cette popularité qui est effacé
par l’événement de la prochaine heure!
Un excellent film pour
le divertissement, s’il est pris au premier degré. Une excellente critique sociale, teinté de
cynisme juste à souhait, s’il est pris au second degré. Pour tous quoi!
La version française
est excellente, car tout, les chansons incluses, est traduit, celles-ci faisant
partie intégrante de ce film. J’ai aussi
hâte au DVD pour avoir les deux bandes sonores.
Michel Handfield
Site officiel:
http://www.miramax.com/chicago/index.html
Chicago chez Famous Players:
http://www.famousplayers.ca/F_Feature1.asp?Feature_ID=ALV0428
31 mars, 2003
Un nouveau documentaire de
l’ONF au Cinéma Parallèle
(Ex-Centris)
L’Homme trop pressé prend son
thé à la fourchette
Le temps serait-il devenu fou?
Michel Handfield
Fascinant. Encré dans le présent. C’est ce que le monde du travail
impose aujourd’hui à la classe laborieuse : le double sentiment d’être
essentiel et une machine à la fois. Être vidé par le travail, mais ne pas
pouvoir s’arrêter, car ça mettrait les autres dans le trouble et on en aurait
encore plus à faire le lendemain. Le sentiment de devoir livrer le courrier en
5 minutes au lieu de 10, même au risque de sa vie, entre les autos sur un vélo
au centre-ville de Montréal.
Un film témoin. On n’est pas au temps de Taylor et on ne fait pas de
retour historique. Le taylorisme n’est pas nommé; il est là, entré dans
l’organisation du travail et nos gènes. Si ça ne roule pas assez vite, ça nous
« énarve », car les taches de la maison et
du boulot sont minutées! On voyait une mère de famille qui prépare les enfants
avant de partir pour le travail. Et bien, la minuterie était réglée à quelques
minutes pour le temps du déjeuner. Pas une minute de plus, sinon l’organisation
de la journée tombe. C’est l’embouteillage, le retard au service de garde ou à
l’école, le retard au bureau et le travail qui finit alors plus tard, ce qui se
répercute sur le retour. La journée est désorganisée jusqu’au coucher!
Et si on est malade, au lit, et qu’on ne peut entrer au travail, les
autres, qui sont aussi surchargée que nous, ne peuvent prendre notre travail
non plus. Quand on revient, c’est la journée perdue, la journée à faire et ce
qui n’était pas fini avant notre journée de maladie. De quoi être malade d’être
malade et préférer travailler jusqu’à en être incapable que de prendre une
journée parce que l’on ne file pas. Je me demande d’ailleurs si les
statistiques de la CSST ne montreraient pas une augmentation des longs congés
de maladie et une baisse équivalente des « journée simple» de maladie…
Mais il n’y a pas de statistiques dans le film, que du vécu!
C’est un film qui soulève des questions et qui fait réfléchir sur le mal
du travail, comme si la vie était sortie de la vie moderne. Pourtant, on ne
devait pas être dans la société des loisirs? Certains y sont… si on considère
que c’est un loisir de livrer des messages à bicyclette! Mais je n’en suis pas sûr…
Un film pour tous, si vous voulez faire une introspection sur le monde
qui vous entoure, votre vie et le travail. Un film pour les managers, car ils
doivent prendre conscience que quelque chose ne fonctionne plus dans
l’organisation du travail qu’ils font. C’est bien beau de gérer, mais ne
faut-il pas d’abord comprendre? Un film pour les étudiants en RH, Relations
Industrielles et Psycho qui ont tous à
voir avec l’organisation et les maux du travail… car en filigrane de ce film on
suivait aussi quelqu’un en burn-out. J’avais oublié
de vous le dire, car j’étais trop surchargé pour le faire.
Aussi pour les sociologues, car ce film illustre magistralement bien des propos lu en sociologie du travail et des organisations. Bref, un bon documentaire!
Le communiqué de
presse
Une production de
l’Office national du film du Canada, L’Homme trop pressé prend son thé à la
fourchette, prendra l’affiche du Cinéma Parallèle (Ex-Centris)
du 4 au 24 avril inclusivement (relâche les 18, 19, 20 avril), à 15 h 10 et 21
h 35. À la fois humoristique et grave, le nouveau long métrage de Sylvie Groulx
(J’aime, j’aime pas, À l’ombre d’Hollywood) dessine, avec autodérision, le
portrait éclaté d’une époque résolument vouée à la tyrannie de la vitesse à
tout prix et au culte de la productivité. Esclave de la vitesse absolue,
l’homme pressé « zappe » sa vie, au risque de se perdre.
Documentaire et
fiction, le film s’attache au parcours de plusieurs individus pris dans la
tourmente du monde moderne, alors qu’une femme en burnout
(Michèle Léger) nous tend le miroir de sa détresse et se réapproprie sa vie.
Pertinent et riche dans son propos, L’Homme trop pressé prend son thé à la
fourchette exploite plusieurs registres narratifs et différentes textures
d’image (photographie vibrante de Michel La Veaux) en jouant avec
l’accélération et la décélération du temps. Sans compter les ambiances
poétiques créées par la musique du trompettiste et compositeur norvégien Nils Petter Molvær.
À l’heure du tout-communication, le progrès technologique s’emballe, le
temps s’accélère et, paradoxalement, l’individu n’a jamais été aussi seul et
coupé de lui-même. Mais la réconciliation avec soi et un temps plus personnel
reste néanmoins possible. Au-delà du constat alarmiste, voilà ce à quoi nous
invite Sylvie Groulx. L’Homme trop pressé prend son thé à la fourchette est
produit par Yves Bisaillon au Programme français de
l’ONF.
***
Communiqués de l’image (Films, DVD…)
Le Dernier
Chapitre / The Last Chapter
Les six
premiers épisodes maintenant disponibles en DVD
Montréal, 17 mars 2003 – Alors que la diffusion de The Last Chapter II : The War Continues se poursuit jusqu’au 2 avril à l’antenne de CBC, les épisodes de la première saison présentés au cours de l’hiver 2002 sont maintenant disponibles en formats DVD et VHS.
Rappelons que cette télésérie, écrite par Luc Dionne et produite par Télé-Action, explore le monde des motards criminels, nous plongeant dans une lutte à finir entre deux bandes rivales. Michael Ironside, Roy Dupuis, Marina Orsini, Céline Bonnier, Michel Forget, Dan Bigras et Frank Schorpion campent les principaux personnages de la première série, qui avait rejoint de larges auditoires tant à CBC qu’à Radio-Canada.
C’est CBC Homevideo en collaboration avec Morningstar Entertainment qui assure la distribution en DVD/VHS des six premiers épisodes de Le Dernier Chapitre / The Last Chapter. Déjà les commandes enregistrées en pré-vente auprès des détaillants laissent présager une très forte demande pour cette première série, mise en marché en boîtiers individuels à travers le Canada.
Étant donné que l’engouement du public se confirme et même s’amplifie avec la diffusion de la deuxième saison, on s’attend à ce que les six épisodes de Le Dernier Chapitre : la vengeance / The Last Chapter II : The War Continues soient à leur tour disponibles en DVD d’ici la fin de l’année 2003.
***
AU FIL DE L'EAU de Jeannine Gagné
Prend l'affiche le 7 mars
Montréal, le 4 mars 2003 - Le premier long métrage de fiction de Jeannine Gagné, Au fil de l'eau, présenté en clôture des Rendez-vous du cinéma québécois dimanche 2 mars, prend l'affiche ce vendredi au cinéma Parallèle (Ex-Centris) et au cinéma Quartier Latin. Le film est une adaptation de la pièce de théâtre Au bout du fil d'Évelyne de la Chenelière.
Dérive douce-amère d'un petit groupe d'hommes et de femmes. Une aventure en forêt ranime leurs souvenirs d'enfance et d'amours. Fantaisie grinçante où l'on ne saurait dire si les héros vivent leurs rêves ou rêvent leur vie, Au fil de l'eau est porté par une distribution exceptionnelle composée de Gabriel Gascon, Margot Campbell, Paul Ahmarani, Claude Laroche, Frédérique Collin, Guy Thauvette et Michelle Rossignol.
Réalisatrice et productrice de son film, Jeannine Gagné a travaillé pendant près de dix ans avec le collectif de cinéastes Les Films de l'autre. En 1999, elle fonde la compagnie Amazone film qui se consacre à la production de films d'auteurs pour la télévision et le grand écran tels Home de Phyllis Katrapani, 3 soeurs en 2 temps et Roger Toupin, épicier variétés de Benoit Pilon.
Parmi les principales réalisations de Jeannine Gagné, mentionnons Bébé bonheur (1995), Aube urbaine (Meilleur court métrage aux Rendez-vous du cinéma québécois 1995 et Prix Visions du réel, Nyon 1995), L'Insoumise (Grand prix du Festival international du film et de la vidéo, cinéma et littérature de Famalicao au Portugal en 2001) et Fais semblant que tu m'aimes (court métrage pour enfants, 2000).
Distribué par Cinéma libre, Au fil de l'eau doit sa direction photo à Michel Lamothe. La direction artistique a été confiée à Gabriel Tsampalieros et la musique à Jean Derome.
Il est à noter qu'Au fil de l'eau est le premier film francophone produit dans le cadre du nouveau programme d'aide aux longs métrages indépendants à petit budget de Téléfilm Canada. Le film a aussi bénéficié de l'aide au cinéma indépendant de la SODEC ainsi que du soutien du Conseil des Arts du Canada. Il sera présenté le 15 mars dans le cadre du Festival du film de l'Outaouais.