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Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Octobre 1997
Vol. 29, no 10



La Conférence 1997 de la CLA : une invitation à la réinvention

par Elizabeth La Forest,
Politique et Communications

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L'Administrateur général de la
Bibliothèque nationale, Marianne Scott
(à droite) au stand de la Bibliothèque.

La Canadian Library Association (CLA) tenait sa 52e conférence annuelle du 18 au 22 juin dernier, à Ottawa, et elle a offert une tribune professionnelle inestimable à plus de 1 100 participants : des bibliothécaires, des employés de bibliothèque et des administrateurs de bibliothèque de tout le Canada et de l'étranger. Ayant retenu le thème « Réinventer les bibliothèques », la CLA n'aurait pas su mieux s'assurer que les participants s'efforceraient de faire mieux connaître leur milieu et son importance. Après des années passées à s'adapter à des problèmes comme la réduction des ressources et le volume et la complexité croissants des besoins de la clientèle, les bibliothèques canadiennes tablent sur leur expérience durement acquise pour aller de l'avant. Connaissant bien les défis actuels et déterminées à acquérir des compétences conformes à notre époque électronique, les bibliothèques possèdent les idées et la détermination requises propres à la réinvention.

À la Bibliothèque nationale du Canada et, de fait, dans les nombreuses autres bibliothèques de la région de la capitale nationale, la conférence de cette année était attendue avec un enthousiasme particulier. Le fait que tant de professionnels des bibliothèques seraient dans la région en même temps a été considéré comme une occasion merveilleuse pour la Bibliothèque nationale d'ouvrir littéralement ses portes et de présenter certains de ses visages, et de ses facettes, aux participants.

En tenant compte du mandat et des responsabilités de la Bibliothèque, des employés de la Bibliothèque nationale ont participé à plusieurs activités. Plus de 60 personnes de la Bibliothèque ont assisté à des ateliers, des visites guidées, des présentations et des occasions de socialiser et de discuter de façon informelle.

Carol Smale honorée à la CLA
Félicitations à Carol Smale qui a été reconnue pour son « dévouement et sa contribution exemplaire à la profession de bibliothécaire spécialisée » par la remise du Canadian Association of Special Libraries and Information Services (CASLIS) Award for Special Librarianship in Canada en juin! Elle a également présidé le comité d'organisation de la conférence 1997 de la Canadian Library Association.

L'apprentissage par la pratique

L'apprentissage par la pratique représente une méthode efficace d'acquérir du savoir-faire. C'est l'approche utilisée dans la session intitulée « L'eau s'inflitre dans votre bibliothèque ? », offerte le 18 juin par des employés de la Bibliothèque nationale. Dix-neuf personnes provenant d'endroits aussi éloignés que Yarmouth (Nouvelle-Écosse) et Delta (Colombie-Britannique) ont assisté à cet atelier informatif et pratique sur la façon de composer avec des « dégâts d'eau » inattendus et indésirables. Alison Bullock des Services de recherche et d'information a présenté une introduction sur la façon de se préparer et de réagir à un désastre suivie d'une période où les participants ont été mis à l'épreuve. « Immergés » dans un incident simulé, ils ont combattu avec des morceaux de polyéthylène et lutté avec des vadrouilles et des aspirateurs de liquide -- et en sont sortis victorieux, bien que troublés. En dépit du chaos humide que cela a provoqué, les participants ont apprécié l'expérience, certains qu'ils se rappelleraient de ce qu'ils ont appris. En ce qui concerne les représentants de la Bibliothèque nationale, ils se sont rendu compte que l'impulsion à sauvegarder et à protéger les fonds existe bel et bien.

Semblable en ce qu'il portait également sur l'apprentissage par la pratique, un atelier sur « INCA et La bibliothèque canadienne accessible II » a été offert aux personnes qui souhaitent comprendre les méthodes servant à évaluer l'accessibilité de leur bibliothèque pour les clients ayant des handicaps. Katherine Miller, des Programmes nationaux et internationaux de la Bibliothèque nationale, Michele Chittenden de la bibliothèque de l'Université Queen's et Margaret Andrewes et Karen Taylor, toutes deux de la bibliothèque de l'INCA pour les aveugles, ont dirigé cette session. Dans la partie pratique de l'atelier, les participants ont simulé deux incapacités. Bien que troublante et frustrante, l'expérience leur a permis d'en arriver à leur propre évaluation de la nécessité et des dimensions de l'accessibilité. Autant pour les présentateurs que pour les participants, être témoin d'une telle démonstration d'engagement professionnel envers la fonction sociale des bibliothèques s'est révélé un enseignement en soi.

La Bibliothèque nationale a animé diverses visites guidées et journées d'accueil afin de donner aux participants à la conférence l'occasion de voir le 395, rue Wellington, de même que les bureaux de la Bibliothèque de l'autre côté de la rivière des Outaouais à Hull (Québec). Les catalogueurs de la Bibliothèque, par exemple, ont invité des catalogueurs d'autres bibliothèques à visiter leurs installations, où se trouvent des services comme le Programme de catalogage avant publication (CIP). Les catalogueurs de la Bibliothèque ont été ravis d'accueillir plus de 20 collègues provenant de toutes les régions du Canada. Autour d'un café et échangeant les uns avec les autres, tous ont parlé de leur travail et des perspectives et se sont relaxés grâce à l'atmosphère de franche cordialité qui régnait. Vu que les catalogueurs ont rarement l'occasion de discuter de questions d'intérêt commun avec des collègues et des clients dans le cadre de leur travail, cette occasion était particulièrement importante -- une occasion spéciale de sortir de la nature renfermée de leur profession. Aujourd'hui, le travail continue mais il a été amélioré.

La présentation des prix décernés par l'Association canadienne des bibliothécaires pour les enfants s'est révélée peut-être l'un des événements les plus éblouissants dont la Bibliothèque a été l'hôte. Le banquet et la cérémonie, tenus dans la salle de lecture de la Bibliothèque sous le regard indifférent des muses, des écrivains, des saints, des politiciens et autres personnages que l'on retrouve dans les murales « Legs » et « Héritage » de John Comfort, ont su alimenter le corps et l'esprit. Chaudement accueillis par Joanne Griener, présidente de l'Association canadienne des bibliothécaires pour les enfants, et l'Administrateur général de la Bibliothèque nationale, Marianne Scott, les invités ont été heureux de célébrer les réalisations des écrivains Brian Doyle et R.P. MacIntyre, et de l'artiste Harvey Chan, qui aident la prochaine génération à apprendre à quel point les livres peuvent procurer de la joie -- et, espérons-le, la valeur des bibliothèques.

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Brian Doyle.
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R.P. Maclntyre.
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Harvey Chan.

Solutions par consensus

Cela est un fait acquis que certains rôles, fonctions et tâches au sein des milieux bibliothéconomiques dépendent de l'interaction des professionnels de bibliothèque. Arriver à un consensus sur de vastes questions telles une infrastructure nationale de mise en commun des ressources est affaire de consultation et de planification méthodique et coordonnée. Quant à elle, la Bibliothèque nationale a insisté sur le rôle intégral des réseaux et des consortiums d'experts dans ses exposés sur la politique stratégique et les pratiques.

Vu que la conférence de la CLA et plusieurs réunions sur la version virtuelle du Catalogue collectif canadien (vvCcc) coïncidaient, un certain nombre d'experts de la norme Z39.50 étaient à Ottawa en même temps. En tablant sur la présence de fournisseurs d'entreprises comme Ameritech, Geac, Sea Change et DRA, et de représentants de bibliothèques comme celle de l'Université du Québec à Montréal et de la Bibliothèque royale de Stockholm, Fay Turner des Services de technologie de l'information de la Bibliothèque a animé une réunion sur la norme Z39.50 et le fonds documentaire des bibliothèques. Le projet pilote de la vvCcc avait publié ses premiers résultats, de sorte que le moment était idéal pour discuter des problèmes et des exigences qui se sont fait jour. Par le dialogue ouvert et intense, les concurrents sur le marché qui participaient à la discussion se sont tous entendus sur des solutions importantes qui permettront, à terme, d'améliorer l'interfonctionnement des systèmes Z39.50.

Les consortiums font le point sur leurs travaux dès qu'ils franchissent un jalon et que des possibilités convenables surviennent. La Conférence de la CLA a offert une telle possibilité avec la discussion en panel, « Accès à l'information électronique du gouvernement », qui a examiné les problèmes liés au passage du gouvernement fédéral vers l'édition électronique. Nancy Brodie, de la Gestion des ressources en information à la Bibliothèque nationale, faisait partie de ce panel, et elle a parlé du Service de localisation de l'information du gouvernement (GILS) -- donc de sa nature et de son fonctionnement. Par exemple, 15 ministères collaborent à l'heure actuelle à un projet pilote qui tente de trouver les meilleurs systèmes pouvant fournir des renseignements sur l'information électronique (métadonnées) élaborée par le gouvernement du Canada.

Étant donné que l'édition électronique dans le secteur public a et aura de plus en plus un impact sur plusieurs marchés, la communication stratégique est essentielle. Ce panel en particulier représentait une tribune idéale pour échanger avec des membres de l'auditoire et aborder les nombreux intérêts et priorités qu'ils représentent.

Participant à « Réinventer les bibliothèques universitaires -- Défis, choix et perspectives », Gwynneth Evans, des Programmes nationaux et internationaux de la Bibliothèque nationale, a uni sa voix à celle d'autres membres du panel pour relever les problèmes importants qui nuisent aux bibliothèques universitaires. Représentant des universités, des bibliothèques d'université et des pouvoirs publics, les membres se sont lancés dans un débat approfondi sur les mesures actuelles et prévues pour concrétiser les recommandations du Groupe de travail sur les bibliothèques universitaires et la communication savante. Comme avec toutes les catégories de bibliothèque, le processus de réinvention des bibliothèques universitaires nécessite le regroupement des connaissances et des forces, exprimé en termes généraux par le groupe de travail. Accroître la sensibilisation. Mettre en oeuvre des meilleures pratiques. Créer une infrastructure des communications électroniques. Édifier une bibliothèque numérique répartie. Les mots seuls peuvent désorienter même le penseur le plus éclairé et le plus déterminé. Embrassant pratiquement chaque programme sur le point d'être entrepris ou déjà en cours dans les milieux bibliothéconomiques, des statistiques de base et des normes de service jusqu'à la numérisation coopérative, les recommandations exigent la formation et la poursuite de consortiums qui s'occupent de programmes spécifiques.

Le Conseil des bibliothèques du gouvernement fédéral et son consortium. L'Initiative canadienne sur les bibliothèques numériques. Le Groupe de travail fédéral sur la numérisation. Les partenariats de l'Institut canadien de l'information scientifique et technique (ICIST). Ceux-ci, parmi d'autres consortiums, ont été soulignés pour illustrer le rôle du gouvernement fédéral dans son appui aux recommandations. Dans l'ensemble, les observations des membres du panel quant à la perspective de « Réinventer les bibliothèques universitaires » se ramenaient à un exposé complet de faits et d'idées. Lorsqu'on a invité les membres de l'auditoire à réagir à l'exposé, ils ont fait part de leurs propres idées et renseignements provocants -- indication positive s'il en est de la part des milieux bibliothéconomiques qu'il est tout à fait temps de consolider nos forces collectives.

Visages et facettes du milieu des bibliothèques

En complément des discussions et du dialogue sur des activités et des sujets particuliers, on a assisté également à des possibilités de communication d'un genre différent : la communication suscitée par les intérêts et les perspectives particuliers des gens. Le 19 juin, la Bibliothèque nationale commanditait un petit déjeuner afin de permettre aux participants à la conférence de rencontrer des membres du personnel et de discuter de certains services clés de la Bibliothèque : les acquisitions et les services bibliographiques, les services de soutien à la référence et à la recherche, les services de mise en commun des ressources, ainsi que les services du W3. La Bibliothèque était représentée par plus de 20 membres du personnel qui ont accueilli leurs invités et se sont entretenus avec eux.

« Matière à consommer » au petit déjeuner de la Bibliothèque.
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Plus de 130 personnes se sont présentées, certaines se déplaçant de table en table pour converser de façon désinvolte et d'autres se rendant directement à une table avec des listes de questions et d'observations précises. De 7 heures jusque bien au-delà de la fin officielle du petit déjeuner à 9 heures, la salle a été remplie de conversations animées. La réussite du petit déjeuner a été le résultat en grande partie de l'accent désormais porté sur les services aux clients. Le fait que tant de personnes aient réglé leur réveille-matin pour participer à cet événement dès l'aurore est peut-être la démonstration la plus convaincante qu'il existe un désir réel au sein des milieux bibliothéconomiques canadiens de définir des meilleures pratiques dans la prestation des services.

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Huguette Lussier-Tremblay, des Services de technologie de l'information de la Bibliothèque, répond aux questions.
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Mary Collis, Service de littérature de jeunesse canadienne, Bibliothèque nationale du Canada (au centre) en compagnie de Anne et Alex Wyse, qui portent le motif du chat tiré d'un de leurs livres.

Le stand de la Bibliothèque nationale, situé par hasard près de l'entrée de la salle d'exposition de la CLA, s'est révélé un autre endroit propice à la communication productive et directe. Tout comme pour le petit déjeuner, le stand était animé par des représentants de diverses sections de la Bibliothèque, qui ont été tenus occupés durant toute la conférence, devisant avec un flot régulier de visiteurs et offrant des démonstrations continues de resAnet, AMICUS et du service basé sur le W3, Information sur le Canada par matière.

Au-delà des questions particulières et des projets précis, les t-shirts affichant la mascotte de l'exposition actuelle de la Bibliothèque, « L'Art d'illustrer », a attiré l'attention de presque tous les visiteurs. Vu que chaque animateur au stand en portait un, le t-shirt sur lequel un motif de chat est imprimé sur fond rouge brillant, en est venu à être considéré comme un genre de balise de la Bibliothèque nationale. Et à tous ceux qui posaient la question, la réponse était : « Oui, nous les vendons ! »

Souvenirs vivaces - et possibilités de réinvention

La conférence de la CLA de cette année s'est révélée un véritable tourbillon d'apprentissage intense et d'interaction intellectuelle. Les activités que nous décrivons ici ne constituent qu'une partie de celles auxquelles ont assisté les représentants de la Bibliothèque nationale. Pour ces derniers, la conférence constituait une occasion d'apprentissage et d'inspiration. Si l'on examine les possibilités de « Réinventer les bibliothèques », les membres du personnel de la Bibliothèque et les autres participants ont célébré et défini une nouvelle époque pour les milieux bibliothéconomiques canadiens. Bien qu'il y ait eu une diversité considérable de sujets et de types d'activité, la conférence a produit un effet d'ensemble. Elle a inspiré la reconnaissance commune de valeurs fondamentales -- et un empressement à les maintenir. L'heure du changement positif est arrivée, et les milieux bibliothéconomiques canadiens vont de l'avant pour s'en occuper.

Origine des photos de la conférence de la CLA : photos du petit déjeuner prises par Harrison Baker, Studio 5; photos du stand prises par David Balatti, Bibliothèque nationale du Canada; photos des prix de l'Association canadienne des bibliothécaires pour les enfants prises par Mary J. Moore, Feliciter, Canadian Library Association.

Canada Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé : 1998-02-06)