Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Septembre 1998
Vol. 30, no 9



De la Collection des livres rares...

par Michel Brisebois, bibliothécaire des livres rares, Services de recherche et d’information

France. Louis XIV. Louis Par la Grâce de Dieu Roy de France...Donné à Paris le vingt-cinquième jour de Février, l’an de grace mil six cents cinquante-un. [Paris ?: 1651]. Affiche, 46,5 x 37,5 cm

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Par les présentes lettres patentes, le roi de France confirme Charles de Saint-Etienne de La Tour dans le gouvernement et la possession de l’Acadie. Pour comprendre l’importance de ce document, il est nécessaire de résumer le contexte historique. Arrivé en Acadie en 1610 avec son père et un groupe de colons dirigé par Jean de Biencourt de Poutrincourt, La Tour s’adonne au lucratif commerce des fourrures. À la tête de la colonie à partir de 1623, il réussit à la défendre contre les Anglais même après la capitulation de Québec en 1629. En 1631, Louis XIII le nomme gouverneur et lieutenant-général du roi. Après la signature du traité de Saint-Germain-en-Laye en 1632, la France conserve le Canada et l’Acadie et nomme Isaac de Razilly gouverneur de l’Acadie. Ce dernier s’entend avec La Tour pour un partage de l’autorité et du territoire. À la mort de Razilly en 1635, Charles de Menou d’Aulnay est envoyé en Acadie pour veiller aux intérêts de la famille. Il entre immédiatement en conflit avec La Tour. Entre 1635 et 1645, l’histoire de l’Acadie est dominée par cette guerre civile dont le récit a été consigné par plusieurs des partisans de l’un ou de l’autre groupe. D’Aulnay a éventuellement le dessus sur son rival et La Tour, accusé de trahison, devient persona non grata à la cour de France. À la mort de d’Aulnay en 1650, La Tour se rend en France pour y plaider sa cause. L’enquête qui suit lui donne raison et le roi lui accorde son pardon. Par le document que nous présentons ici, Louis XIV et la reine régente nomment La Tour gouverneur de l’Acadie et lui rendent ses biens. La Tour meurt en Acadie en 1666.

La plupart des actes de l’administration royale française ayant trait au Canada ont été répertoriés et décrits par les bibliographes. Ceux-ci ne font référence à ces lettres patentes que dans la version publiée dans les Mémoires des Commissaires du Roi et de ceux de sa Majesté britannique sur les possessions et les droits respectifs des deux couronnes en Amérique (Paris, 1755) et aucun d’entre eux n’a pu trouver un exemplaire de l’édition originale décrite ici.

Ce document d’une grande importance pour l’histoire de la Nouvelle-France et d’une insigne rareté a été acquis récemment d’un libraire européen grâce à la générosité des Amis de la Bibliothèque nationale du Canada.


Canada Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé : 1998-09-17)