Les logements traditionnels : iglous (2)

Entrevues - Oeuvres d'art associés de la collection de Cape Dorset


Q : Je voudrais vous poser des questions sur la construction de l'iglou, à commencer par les différences de texture de la neige et l'utilisation de chaque type de neige.

R : Quand je suis sur une piste et que je souhaite construire un iglou pour la nuit, je commence par observer la condition de la neige, pour repérer l'endroit qui se prête le mieux à la construction de l'iglou... S'il y a peu de choix dans le type de neige, on cherche un autre endroit où l'on puisse faire un abri de neige sans trop s'épuiser. Mais quand on est comme aujourd'hui au début du printemps, je recherche de la neige ayant la texture voulue avant de commencer à construire.

Pour bâtir l'iglou, il faut trouver de la neige qui est surtout PUKAJAAK (neige qui est tombée plus tard qu'au début de l'automne, et qui est craquante et friable), mais pas entièrement PUKAJAAK; c'est mon matériau de choix pour construire un iglou. La neige entièrement PUKAJAAK n'est pas bonne non plus, parce qu'elle est froide; la (neige) craquante tend à se détacher, et elle est impossible à réchauffer.

Il existe deux sortes de PUKAJAAK : l'une est étanche à l'air, tandis que l'autre est presque craquante. Je choisis de préférence cette dernière pour mon iglou. On peut aussi faire usage de la neige étanche à l'air, mais elle est plus lourde que l'autre sorte, même si les blocs sont de même taille. En plus, l'iglou devient trop hermétique et finit par manquer d'oxygène. On peut s'en servir en l'absence d'autre neige, mais il vaut mieux l'éviter si on a le choix. Je parle des iglous qui sont utilisés comme abris pour une nuit. Je n'ai jamais construit d'iglou pouvant servir d'habitation permanente.

Q : Comment vous y prenez-vous pour trouver la bonne neige?

R : Je me sers de la hampe du harpon, à condition que son diamètre ne soit pas trop grand et que la tige soit lisse. Si on tient àtrouver de la neige de bonne qualité, on commence par fondre de la neige dans la bouche, puis on place un petit bloc de neige humide sur l'extrémité de la hampe, pour que le bout soit plus épais que le reste de la hampe. Ensuite, on commence à sonder la neige avec la hampe.

On ne sonde pas les couches de neige de la même façon qu'on recherche les trous de respiration des phoques : si le harpon transperce la surface et s'enfonce facilement dans la neige, ce banc de neige ne se prête pas à la coupe de blocs. Mais si la sonde révèle que la neige est de la même consistance dans toute son épaisseur, elle fera un bon matériau de construction. Si enfin on ressent une résistance, mais qu'en-dessous de cette couche la neige est moins compacte, les blocs se séparent d'eux-mêmes à la ligne de rencontre de la neige dure et molle.

Quand j'apprenais à bâtir des iglous, je coupais les blocs dans la neige dure, peut-être parce que je voulais éviter de les briser. Mais je me suis aperçu que même si la neige est plus molle, les blocs ne se brisent pas, à condition de faire très attention quand on les découpe. En l'absence d'un NAJUKKAQ, on s'aperçoit qu'il semble plus difficile de couper le fond du bloc si la neige est de même consistance. Le seul ennui, c'est que ce type de neige nous fatigue plus et qu'il exige probablement plus de temps pour construire un iglou.


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