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RAPPORT D'ENQUÊTE SUR LE ONZIÈME CAS D'ENCÉPHALOPATHIE SPONGIFORME BOVINE (ESB) AU CANADA

Contexte

Le 9 décembre 2007, une vache trouvée dans un élevage commercial de bovins de boucherie dans le Centre-Est de l'Alberta a été abattue à la suite d'une maladie qui a duré environ trois mois et demi. Ce même jour, un vétérinaire en pratique privée a prélevé des échantillons de l'animal dans le cadre du Programme national de surveillance de l'ESB au Canada. Le 11 décembre, le Laboratoire national de référence pour l'ESB à Lethbridge (Alberta) a reçu les échantillons de cerveau qu'il a soumis au dépistage de l'ESB au moyen du test Prionics-Check PrioStrip. Les résultats de cette épreuve préliminaire n'ont pas permis d'écarter un diagnostic d'ESB. Conformément au protocole d'analyse établi, le test a été répété le même jour et une seconde réaction est apparue. D'autres épreuves de dépistage rapide (Prionics-Check Western, Bio-Rad Elisa et Hybrid Western Blot) réalisées au même laboratoire ont produit des résultats positifs le 12 et le 13 décembre respectivement. Le 14, l'épreuve d'immunoblot SAF (fibrille associée à la tremblante) a donné des résultats positifs et il en a été de même, le 17, pour la méthode d'immunohistochimie. La carcasse a été gardée en sûreté à l'endroit où le prélèvement des échantillons a eu lieu, avant d'être envoyée au laboratoire de l'ACIA à Lethbridge pour être incinérée. Aucune partie de la carcasse n'est entrée dans la filière d'approvisionnement alimentaire des humains ni dans la chaîne d'alimentation animale.

L'ACIA a lancé immédiatement une enquête épidémiologique en accord avec les plus récentes lignes directrices sur l'ESB de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE). Plus spécifiquement, elle a suivi les lignes directrices recommandées pour un pays reconnu comme présentant un risque d'ESB maîtrisé. L'enquête de l'ACIA a ainsi porté sur :

  • la cohorte d'alimentation (tous les bovins qui, au cours de leur première année de vie, ont été élevés avec l'animal atteint d'ESB, lui aussi dans sa première année de vie, et qui, selon l'enquête, ont consommé les mêmes aliments potentiellement contaminés que celui-ci, durant la période en question;
  • la cohorte de naissance (tous les bovins nés dans le même troupeau que l'animal atteint d'ESB, ainsi que dans les 12 mois précédant ou suivant la naissance de celui-ci, si les bovins mentionnés plus haut ne pouvaient être identifiés.

Enquête sur l'animal

L'animal positif était une vache Hereford non enregistrée née le 15 mars 1994. Elle était âgée de 165 mois au moment de sa mort. L'âge de l'animal a compliqué l'enquête parce qu'il dépassait la période habituelle durant laquelle les entreprises commerciales visées conservent l'information (par exemple, les relevés des ventes aux enchères sont généralement gardés sept ans). Cependant, les relevés de ferme, qui couvraient une longue période, ont indiqué que la bête en question était née, avait été élevée et avait séjourné toute sa vie dans la même exploitation. Le producteur a déclaré que la vache avait été malade pendant environ trois mois et demi et que, avant sa mort, elle s'était mise à boiter et avait une posture anormale. Le producteur ayant décidé que l'animal devait être abattu, un vétérinaire en pratique privée s'est rendu à la ferme pour déterminer si l'animal répondait aux critères du Programme national canadien de surveillance de l'ESB. La réponse étant oui, des dispositions ont été prises pour faire analyser en laboratoire des échantillons appropriés. Une autopsie a donc été réalisée, des adhérences abdominales ont été observées, et un diagnostic présomptif de péritonite a été posé par le praticien qui avait envoyé les échantillons.

L'exploitation où le cas a été découvert est une ferme d'élevage de vaches et veaux de boucherie. On y pratique à la fois l'élevage d'animaux de race et l'élevage commercial. Il s'est avéré que la cohorte de naissance comprenait 357 animaux, qui, à l'instar de l'animal positif, étaient nés à la ferme même. Il s'agit d'animaux mâles et femelles nés entre le 15 mars 1993 et le 15 mars 1995. Les deux sexes ont été inclus puisqu'ils avaient accès aux mêmes aliments commerciaux et pouvaient avoir été exposés aux mêmes aliments potentiellement contaminés que l'animal positif. Durant la période de temps visée, aucun animal d'un an ou d'un âge inférieur n'a été acheté par l'exploitation. Tous les sujets de remplacement étaient des veaux produits par l'élevage même. Par conséquent, il n'y a pas eu d'autres cohortes d'alimentation.

L'enquête de retraçage de la cohorte a permis de retrouver huit animaux vivants, dans l'exploitation comme telle et dans un autre troupeau. Les huit ont été abattus sans cruauté, et leurs carcasses, ainsi que celle de l'animal positif, ont été détruites par incinération, conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé animale.

Étant donné que les bovins de la cohorte seraient maintenant âgés de 13 à 15 ans, la plupart ont déjà été abattus ou sont morts de causes naturelles. Voici quel a été le sort des 349 animaux restants :

  • 81 animaux ont été retracés dont on a confirmé la mort ou l'abattage;
  • 254 animaux ont été retracés dont on a présumé la mort ou l'abattage;
  • 14 animaux ont été impossibles à retracer à cause de dossiers incomplets.

L'enquête a révélé que l'animal positif avait donné naissance à deux veaux au cours des deux années précédant sa mort. Rappelons que l'ACIA n'exige plus l'abattage de veaux issus de vaches atteintes d'ESB nés dans les 24 mois précédant l'apparition des signes cliniques, conformément à l'actuel chapitre sur l'encéphalopathie spongiforme bovine du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l'Organisation mondiale de la santé animale (2007). Cependant, elle continue de retracer les veaux nés d'une femelle positive pour respecter les conditions actuelles de certification des exportations de certains pays importateurs. Selon l'enquête, le veau né en 2006 avait été abattu. Celui de 2007 a été retrouvé dans la ferme en question : il a été abattu sans cruauté pour garantir le respect par le Canada des conditions actuelles de certification des exportations, et sa carcasse a été incinérée au Laboratoire de Lethbridge de l'ACIA.

Enquête sur les aliments du bétail

L'enquête sur les aliments du bétail a produit des relevés incomplets au sujet de la première année de vie de l'animal. Un régime alimentaire probable a été établi par remémoration des pratiques alimentaires habituelles, et une liste des aliments utilisés a été établie à partir des factures disponibles pour la période durant laquelle l'animal était âgé de 10 à 20 ans. Ces relevés ont permis de déterminer les types de produits employés et les fournisseurs d'aliments du bétail avec lesquels existait une relation d'affaires.

L'examen de cette information a montré des pratiques alimentaires compatibles avec une exploitation de ce type. Il s'est avéré que l'animal positif était resté avec sa mère de la naissance jusqu'au sevrage, soit vers l'âge de huit mois. Avant le sevrage, l'animal a été gardé sur des pâturages collectifs et avait accès à des aliments minéraux. Au moment du sevrage, il a été retiré des pâturages et nourri de fourrages récoltés à la ferme ainsi que d'une ration mélangée à la ferme, constituée de grains produits aussi à la ferme, d'un supplément protéinique commercial et(ou) d'aliments minéraux. L'animal a continué d'être nourri avec ce type de produits jusqu'à l'âge d'environ 13 mois.

Les autres produits alimentaires trouvés à la ferme, mais pas directement liés à l'animal en question comprenaient un succédané de lait et des aliments complets préparés industriellement. Les produits alimentaires du commerce (minéraux, succédanés de lait, suppléments protéiniques, rations complètes) ont été achetés auprès de divers fournisseurs, lesquels étaient tous des entreprises bien reconnues à l'intérieur de la région commerciale.

La période visée par cette enquête sur les aliments date d'avant l'application, en août 1997, de la première interdiction décrétée par le Canada au sujet des aliments du bétail. L'âge de l'animal a aussi nui à l'enquête, car il dépassait les périodes durant lesquelles on conserve normalement l'information. C'est pourquoi les inspections de retraçage en amont effectuées auprès des fournisseurs et des fabricants d'aliments commerciaux livrés à la ferme où l'animal est né n'ont pas mis à jour de relevés précis de livraison ni de formules de mélange pour la période en question. Trois des quatre fabricants qui ont pu fournir un supplément protéinique dont l'animal aurait été nourri ont peut-être ajouté de la farine de viande et d'os (FVO) comme ingrédient dans la formulation de leur supplément. L'un de ces fabricants a été en mesure de confirmer l'utilisation de FVO dans les suppléments et d'attester qu'une source de FVO avait déjà été mise en cause dans de précédentes enquêtes sur l'ESB. Cette information concorde avec la pratique commerciale ayant cours à l'époque (avant l'interdiction de 1997) dans l'industrie des aliments du bétail d'utiliser de la FVO comme source de protéines.

Un examen des pratiques courantes dans l'alimentation des élevages et la fabrication des aliments d'animaux de ferme révèle une exposition probable à des matières infectieuses par le biais d'un supplément alimentaire commercial contenant de la FVO.

Sommaire de l'enquête

Le onzième cas d'ESB au Canada a été attribué à une souche atypique et moins prévalente d'ESB qui a aussi été signalée en Europe. Il s'agit du second cas d'ESB au Canada mettant en cause une souche atypique. Une caractéristique commune des cas atypiques d'ESB est que les animaux touchés sont d'un âge avancé au moment du diagnostic (par exemple, les deux cas atypiques trouvés au Canada étaient des bovins de plus de 13 ans). Ce tableau contraste avec les cas classiques d'ESB apparus au Canada où l'âge moyen était d'environ six ans.

L'identification de ces souches atypiques d'ESB montre l'existence possible, et de plus en plus reconnue à l'échelle internationale, de souches multiples de l'agent de l'ESB, les progrès réalisés constamment dans les méthodes de diagnostic et le renforcement des opérations de surveillance de l'ESB partout dans le monde.

Depuis la confirmation en mai 2003 du diagnostic d'ESB chez un animal né au Canada, notre pays a sensiblement augmenté le dépistage ciblé dans les catégories de bovins à haut risque, comme le préconise l'Organisation mondiale de la santé animale. Ce travail vise à la fois à déterminer le niveau d'ESB au Canada et à surveiller l'efficacité de la série de mesures d'atténuation des risques mise en place. Le Programme national de surveillance de l'ESB au Canada continue de révéler un taux d'ESB extrêmement faible au pays, 11 cas ayant été détectés jusqu'à présent.

En ce qui concerne l'ESB, la salubrité du boeuf produit au Canada est garantie par des mesures de santé publique adoptées en 2003 après la première découverte de l'ESB chez un animal né au pays. L'enlèvement des matières à risque spécifiées (MRS) - les tissus qui sont se sont avérés être capables d'abriter l'agent infectieux de l'ESB - sur toutes les carcasses des animaux abattus pour consommation humaine est la mesure la plus efficace pour protéger les consommateurs, au Canada et dans les pays importateurs, contre une exposition à l'agent infectieux de l'ESB dans les produits carnés.

Comme le système de surveillance le démontre, l'interdiction frappant les aliments du bétail mise en oeuvre en 1997 empêche effectivement l'amplification de l'ESB dans la filière canadienne des aliments du bétail. D'autres règlements visant à renforcer cette interdiction ont été adoptés le 12 juillet 2007. Le changement le plus important consiste à exiger le retrait des MRS de toute la fabrication des aliments destinés aux animaux de ferme, de la nourriture pour animaux de compagnie et des engrais. Ce renforcement accélérera nettement l'éradication de l'ESB du cheptel bovin national en empêchant l'entrée de plus de 99 % des sources potentielles d'agent infectieux de l'ESB dans le système canadien d'alimentation du bétail. Ces mesures réduisent efficacement le risque de transmission de l'ESB.

Le 22 mai 2007, le Canada a été officiellement reconnu, en vertu du système scientifique de l'Organisation mondiale de la santé animale, comme pays à risque maîtrisé pour l'ESB. Ce statut reconnaît clairement l'efficacité des mesures de surveillance, d'atténuation et d'éradication qu'il a mises en oeuvre ainsi que le travail réalisé par tous les ordres de l'administration publique, l'industrie de l'élevage bovin, les vétérinaires et les éleveurs pour lutter efficacement contre l'ESB au Canada et finir par l'enrayer de son territoire.