Le 7 février 2008, un vétérinaire en pratique privée du Nord de lAlberta euthanasiait une vache Holstein et prélevait chez elle des échantillons dans le cadre du Programme national de surveillance de lESB. Les échantillons de la cervelle de lanimal ont été envoyés au laboratoire du ministère de lAgriculture et de lAlimentation de lAlberta où ils ont été analysés à laide dune épreuve de dépistage rapide Bio-Rad le 13 février 2008. Les résultats de cette épreuve préliminaire nont pas permis décarter la possibilité dun diagnostic positif lESB. Conformément au protocole danalyse établi, le test a été répété le 14 février, et une seconde réaction est apparue. Les échantillons de cervelle ont alors été envoyés au laboratoire national de référence pour lESB à Lethbridge, en Alberta. Dautres épreuves de dépistage rapide (Prionics-Check PrioStrip et Prionics-Check Western) ont été réalisées à ce même laboratoire pour confirmer le résultat de lépreuve préliminaire, et ils ont produit des résultats positifs les 19 et 20 février, respectivement. Lépreuve de dépistage Hybrid Western Blot a produit des résultats positifs le 20 février 2008 et le 22 février 2008, lépreuve dimmunoblot SAF (fibrille associée à la tremblante) a également donné des résultats positifs. Le 25 février, la technique immunohistochimique a confirmé la présence de lESB. La carcasse a été gardée en sûreté à lendroit où le prélèvement des échantillons a eu lieu, puis envoyée au laboratoire de lACIA à Lethbridge pour incinération. Aucune partie de la carcasse nest entrée dans la chaîne dapprovisionnement des humains ni dans la chaîne dalimentation animale.
LACIA a immédiatement amorcé une enquête épidémiologique conformément aux lignes directrices sur lESB recommandées par lOrganisation mondiale de la santé animale (OIE). Plus précisément, lACIA a suivi les lignes directrices recommandées pour un pays reconnu comme présentant un risque dESB maîtrisé. Lenquête de lACIA a ainsi porté sur :
Lanimal atteint de lESB était une vache Holstein enregistrée née le 21 décembre 2001. Elle était âgée de 73 mois au moment de sa mort. Lanimal est né, a été élevé et est demeuré pendant toute sa vie dans la même exploitation agricole. Léleveur a indiqué que la vache était malade depuis environ un mois pendant lequel elle a perdu graduellement sa capacité de se déplacer seule jusquau jour où elle a été incapable de se lever (couchée). Lorsquelle a été examinée par un vétérinaire en pratique privée le 7 février 2008, la vache était déjà à terre. Le vétérinaire et léleveur ont donc décidé quelle devait être euthanasiée. Comme lanimal répondait aux critères du Programme national de surveillance de lESB, des dispositions ont été prises pour faire analyser les échantillons pertinents en laboratoire.
Lexploitation où lanimal est né est une ferme laitière. Il sest avéré que la cohorte dalimentation comprenait 114 animaux qui ont été élevés dans lexploitation agricole avec lanimal chez qui on a détecté la présence de lESB. Les animaux qui ont été vendus alors quils étaient âgés de moins dune semaine pour lengraissement et labattage et qui nont pas ingéré daliments pour animaux préparés à des fins commerciales ont été exclus de la cohorte dalimentation aux fins de lenquête; en effet, ils navaient pas été exposés aux mêmes aliments éventuellement contaminés que la vache chez qui on a détecté la présence de lESB. L'enquête de retraçage de la cohorte dalimentation a permis de retrouver 13 animaux vivants dans lexploitation où le cas dESB a été découvert. Trois de ces animaux ont depuis été abattus sans cruauté. Leur carcasse et celle de lanimal atteint de lESB ont été incinérées. Puisquil est reconnu que lESB nest pas une maladie contagieuse, on a placé 10 vaches en quarantaine pour leur permettre de mettre bas ou pour pouvoir prélever du matériel génétique utile. Par la suite, les vaches seront abattues sans cruauté et leurs carcasses seront incinérées conformément aux recommandations de lOIE. Le sort des 101 autres animaux de la cohorte dalimentation a été le suivant :
Lenquête a révélé que lanimal chez qui on a détecté la présence de lESB avait donné naissance à deux veaux au cours des deux années précédant sa mort. Rappelons que lACIA nexige plus labattage de veaux nés de vaches atteintes dESB dans les 24 mois précédant lapparition des signes cliniques, conformément à la version actuelle du chapitre sur lencéphalopathie spongiforme bovine du Code sanitaire pour les animaux terrestres de lOIE (2007). Cependant, lAgence continue de faire le suivi des veaux nés dune mère atteinte dESB pour respecter les conditions actuelles de certification des exportations de certains pays importateurs. Les descendants nés en 2006 et 2007 ont été retrouvés dans la ferme où le cas dESB a été détecté et ils ont été abattus sans cruauté pour garantir le respect par le Canada de certaines conditions de certification des exportations. Leurs carcasses ont été incinérées au Laboratoire national de référence pour l'ESB.
Lenquête sur les aliments du bétail a porté principalement sur les aliments que la vache atteinte dESB aurait pu ingérer pendant sa première année de vie et sur les pratiques de fabrication utilisées pour produire chacun de ces aliments.
Lenquête à la ferme a révélé que les vaches étaient les seules espèces élevées dans cette exploitation à des fins commerciales. Les autres animaux de la ferme étaient un chien, plusieurs chats et des lapins. Les aliments pour animaux de compagnie sont considérés comme pouvant contenir des substances interdites, mais les enquêteurs ont confirmé que ces aliments étaient rangés dans un autre endroit que les aliments du bétail et que les bovins navaient pas été en contact avec eux.
Aucune pâture nétait utilisée à lexploitation et toute la production fourragère (foin et produits densilage) poussait sur des terrains fertilisés avec des engrais commerciaux et récoltés à laide de la machinerie agricole de la ferme. Les aliments qui nétaient pas à base de fourrage étaient quatre différents aliments complets préparés commercialement, des blocs de sel et des aliments minéraux en vrac qui provenaient de deux fabricants commerciaux daliments du bétail et dun point de vente au détail.
Deux des aliments complets (un pour les vaches laitières et lautre pour les génisses) étaient livrés en vrac et transférés directement dans leur bac respectif de stockage en vrac. Un troisième aliment, celui pour les vaches taries, était livré en sacs de 25 kg et donné directement et seulement aux vaches taries et aux génisses en gestation. Des aliments de démarrage complets pour les veaux étaient également achetés en sacs.
Conformément aux pratiques de gestion pour tous les veaux femelles de la ferme, la vache atteinte dESB est demeurée dans un enclos fermé pendant les huit premières semaines de sa vie environ et elle a ensuite été placée dans une série denclos collectifs avec dautres génisses dâge et de taille semblables. Les veaux ont dabord été alimentés de colostrum, puis de lait et ensuite avec des aliments de démarrage dès leur troisième journée. Cette diète sest poursuivie pendant environ huit semaines. Les veaux femelles ont commencé à manger la ration commerciale (pour génisses et pour vaches laitières) à lâge de huit semaines environ et ont reçu des quantités croissantes au seau (proportion mélangée) jusquà lâge de huit mois environ. À partir de 8 mois et jusquà 13 mois environ, les génisses ont consommé des aliments contenant des minéraux, et elles ont reçu régulièrement des fourrages. Les pratiques de mélange et de manutention des aliments décrites pour cette ferme font en sorte que les génisses de moins de 12 mois nont pas accès à des aliments destinés aux vaches taries. Par conséquent, les aliments que la vache atteinte dESB aurait pu consommer et qui justifiaient une enquête étaient des aliments de démarrage destinés aux veaux, des rations pour génisses, des rations pour vaches laitières, des blocs de sel et des aliments contenant des minéraux.
Lenquête effectuée chez le fabricant daliments commerciaux ayant vendu les aliments minéraux en vrac à léleveur a permis de déterminer que ces aliments étaient fabriqués dans une installation où lon manipulait aussi des substances interdites, mais avec de léquipement réservé à cette fin et conformément aux procédures, ce qui permet dexclure une contamination de cette provenance. De même, les blocs de sel ont été fabriqués dans une installation spécialisée où lon ne manipulait aucune substance interdite.
Les aliments de démarrage donnés aux veaux étaient fournis exclusivement par un fabricant commercial, tandis que les rations destinées aux génisses et aux vaches laitières étaient fournies par ce fabricant et un autre. Ces deux établissements faisaient une utilisation mixte de leur équipement dans la fabrication et la livraison des aliments du bétail et de ceux qui contiennent des substances interdites. Les substances interdites fournies provenaient du même établissement déquarrissage qui fournissait aussi des substances interdites aux fournisseurs daliments du bétail identifiés dans des cas précédents dESB.
Le fabricant qui fournissait environ la moitié des rations destinées aux génisses et aux vaches laitières documentait les procédures pour prévenir la contamination des aliments destinés aux ruminants par des substances interdites. Le fabricant qui fournissait le reste des rations destinées aux génisses et aux vaches laitières et tous les aliments de démarrage destinés aux veaux a indiqué quil disposait de procédures pour prévenir la contamination. Toutefois, la plupart des dossiers de production ne contenaient aucun document démontrant que ces procédures avaient été suivies.
Quatre livraisons daliments de démarrage destinés aux veaux ont été sélectionnées pour enquête pendant la période visée par lenquête. Il ny avait aucun moyen de remonter des produits livrés aux lots de production correspondants. Par conséquent, tous les lots produits pendant la période visée par lenquête (six au total) ont été analysés. Selon les dossiers de production, lun des lots a été préparé immédiatement après des aliments pour bétail contenant des substances interdites, et léquipement de production navait pas été nettoyé comme il se doit (machine à agglomérés).
Pendant la période visée par lenquête, sept livraisons de rations destinées aux génisses ont été sélectionnées à des fins dexamen. Aucun dossier nindiquait la présence dune contamination par des substances interdites pendant leur fabrication, leur transport ou leur entreposage.
Pendant la période visée par lenquête, 28 livraisons de rations destinées aux vaches laitières ont été sélectionnées à des fins dexamen. Selon les dossiers de production, lun de ces aliments a été fabriqué immédiatement après la préparation dun aliment du bétail contenant des substances interdites alors que léquipement de production navait pas été nettoyé comme il se doit (machine à agglomérés). Cet aliment du bétail a été livré à la ferme alors que la vache atteinte de lESB était âgée de 38 jours, soit avant lâge auquel on estime que lanimal a reçu sa première ration laitière (56 jours). Une livraison ultérieure de rations pour vaches laitières, effectuée alors que la vache atteinte dESB était âgée dun dun peu moins de huit mois, pourrait aussi avoir contenu des aliments contenant des substances interdites en raison dun problème de séquence dun compartiment de préagglomération.
En donnant un aliment de démarrage contaminé à un veau pendant les deux premiers mois de sa vie, on peut lexposer à des matières infectieuses. En outre, daprès les éléments de preuve recueillis, deux autres rations envoyées à la ferme pendant la période visée par lenquête pourraient avoir été contaminées par des aliments contenant des substances interdites et pourraient avoir été données à la vache touchée par lESB. En labsence de documentation complète, on ne peut exclure dautres expositions à des substances interdites.
La détection de ce cas ne modifie en rien les paramètres du risque dESB du Canada. Lendroit où lanimal a vécu et son âge correspondent aux cas antérieurs, et les résultats des activités de surveillance de lESB à ce jour, y compris ce nouveau cas, témoignent toujours dun niveau extrêmement faible de risque dESB au pays. Essentiellement, le cas confirme ce que nous savons déjà au sujet du niveau extrêmement faible dinfectiosité de lagent de lESB dans la chaîne de production des aliments du bétail du Canada entre la fin des années 1990 et le début des années 2000 dans une région géographique et un intervalle donnés.
Compte tenu de létat actuel des connaissances sur lépidémiologie de lESB, et selon les résultats de lenquête sur lalimentation de lanimal, il est raisonnable de présumer que celui-ci a été exposé à des aliments à faible degré dinfectiosité au cours de la première année de sa vie. Lenquête sur le cas a fait ressortir quelques possibilités, mais les enquêteurs nont pu déterminer la source exacte dexposition.
Depuis la confirmation en mai 2003 du diagnostic dESB chez un animal né au Canada, notre pays a sensiblement intensifié le dépistage ciblé dans les catégories de bovins à haut risque, comme le préconise lOIE (y compris chez les animaux ne pouvant se déplacer seuls). Ce travail vise à la fois à déterminer le niveau dESB au Canada et à surveiller lefficacité de la série de mesures datténuation des risques mises en place. Le Programme national de surveillance de lESB au Canada continue de montrer que le taux dESB est extrêmement bas au pays, 12 cas ayant été détectés jusquà présent sur plus de 212 000 tests de dépistage ciblés qui ont été effectués depuis 2003. Ce résultat témoigne de lefficacité et de lintégrité du système de surveillance canadien. Le Canada a été classé officiellement, selon le système scientifique de lOIE, dans la catégorie des pays à risque maîtrisé pour lESB. Ce statut reflète clairement lefficacité des mesures de surveillance, datténuation et déradication que le Canada a mises en oeuvre ainsi que le travail effectué par tous les paliers de ladministration publique, lindustrie de lélevage bovin, les vétérinaires et les éleveurs pour lutter efficacement contre lESB au Canada.
En ce qui concerne lESB, la salubrité du boeuf produit au Canada est garantie par des mesures de santé publique adoptées en 2003 après la découverte du premier cas dESB chez un animal né au pays. Lenlèvement des matières à risque spécifiées (MRS) (tissus pouvant abriter lagent infectieux de lESB) de toutes les carcasses danimaux abattus pour consommation humaine est la mesure la plus efficace pour protéger les consommateurs, au Canada et dans les pays importateurs, dune exposition à lagent infectieux de lESB dans les produits carnés.
Comme le démontre le système de surveillance, linterdiction frappant les aliments du bétail qui a été mise en oeuvre en 1997 empêche effectivement la propagation de lESB au Canada. La détection de lESB chez quelques animaux nés après linterdiction frappant les aliments du bétail de 1997 nest pas totalement inattendue, mais elle ne démontre cependant pas léchec des mesures mises en oeuvre pour réduire et éradiquer lESB.
Lexpérience du Canada dans le dossier de lESB a fait ressortir à quel point il est important de sattaquer aux possibilités de contamination croisée des rations pour ruminants ou au risque de donner par mégarde à des ruminants des rations contenant des protéines interdites. Même si la réglementation de 1997 sur le renforcement de linterdiction frappant les aliments du bétail comprend des dispositions pour prévenir ces risques, la détection de la présence de lESB chez des bovins nés après 1997 a été lune des raisons de la mise en oeuvre, le 12 juillet 2007, dune réglementation supplémentaire qui renforce linterdiction frappant les aliments du bétail au Canada. Principalement, on a rendu obligatoire lenlèvement et le réacheminement des MRS de tous les aliments pour animaux, des aliments pour animaux de compagnie et des engrais.
Le renforcement de linterdiction frappant les aliments du bétail limite le risque de contamination de ces aliments par lagent infectieux de lESB par le contrôle de toutes les activités liées aux mouvements de MRS, à leur distribution, à leur transformation, à leur destruction, à leur élimination ou à leurs autres utilisations par lintermédiaire dun système de permis. Cette mesure fait en sorte que ces matières nentrent pas dans les chaînes daliments destinés à la consommation humaine ou animale ni dans les engrais, et elle permet de prévenir efficacement toute infection par lESB en empêchant lexposition des espèces vulnérables à lagent de cette maladie.
Ce renforcement accélérera nettement l'éradication de lESB du cheptel bovin national en empêchant lentrée de plus de 99 % des sources potentielles dagents infectieux de lESB dans le système canadien dalimentation du bétail.