Gouvernement du Canada
Symbole du gouvernement du Canada

Liens de la barre de menu commune

RAPPORT D'ENQUÊTE SUR LE QUINZIÈME CAS D'ENCÉPHALOPATHIE SPONGIFORME BOVINE (ESB) AU CANADA

CONTEXTE

Le 3 novembre 2008, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a prélevé des échantillons sur une vache Holstein dans le cadre du Programme national de surveillance de l’ESB du Canada. Le laboratoire du Ministry of Agriculture and Lands (ministère de l’Agriculture et des Terres) de la Colombie­Britannique a reçu les échantillons de cervelle et les a soumis à des épreuves de dépistage de l’ESB au moyen du test rapide Prionics. Les résultats de l’épreuve préliminaire n’ont pas permis d’écarter la présence de l’ESB. Conformément au protocole de dépistage établi, on a répété l’analyse et obtenu de nouveau une réaction positive. Des échantillons de cervelle ont alors été envoyés au laboratoire national de référence pour l’ESB de Lethbridge (Alberta). Des épreuves supplémentaires de dépistage de l’ESB (Prionics-Check PrioStrip, BioRad TeSeE ELISA, Prionics-Check Western et Hybrid Western Blot) ont été menées au laboratoire national de référence pour l’ESB afin de valider le résultat de l’épreuve préliminaire; elles ont donné des résultats positifs le 6 novembre 2008. La présence de l’ESB a été confirmée au moyen de l’épreuve Immunoblot SAF (fibrille associée à la tremblante) le 7 novembre 2008 et de l’épreuve immunohistochimique, le 14 novembre 2008. La carcasse a été confinée au site d’échantillonnage et sera subséquemment transportée au laboratoire de Lethbridge de l’ACIA pour incinération. Aucune partie de la carcasse n’est entrée dans la chaîne d’alimentation des humains ni des animaux.

L’ACIA a immédiatement lancé une enquête épidémiologique conformément aux lignes directrices recommandées pour l’ESB (Code sanitaire pour les animaux terrestres de 2008) de l’Organisation mondiale de la santé animale aussi appelée OIE. Plus précisément, l’ACIA a suivi les lignes directrices recommandées dans le cas d’un pays à risque maîtrisé pour l’ESB. L’enquête menée portait notamment sur ce qui suit :

  • la cohorte d'alimentation (tous les bovins qui, au cours de leur première année de vie, ont été élevés avec l'animal atteint d'ESB (lui aussi dans sa première année de vie) et qui, selon l'enquête, ont consommé les mêmes aliments potentiellement contaminés que lui durant la période en question;
  • la cohorte de naissance composée de tous les bovins nés dans le même troupeau que l’animal infecté dans les 12 mois précédant et suivant la naissance de ce dernier, si les bovins mentionnés ci-dessus ne peuvent être identifiés.
  • les aliments que l’animal a pu avoir consommés au début de sa vie.

ENQUÊTE SUR L'ANIMAL

L’animal positif était une vache laitière Holstein enregistrée qui est née le 1er janvier 2001 et avait 94 mois au moment de sa mort. L’animal est né à l’exploitation agricole et y est resté jusqu’à sa mort. Le producteur a indiqué que la maladie a duré moins de deux jours et que l’animal avait une démarche anormale (locomotion et mouvements inhabituels) surtout à l’arrière. L’animal avançait par petits pas et montrait des signes d’ataxie (mouvements non coordonnés). L’éleveur a décidé de faire détruire l’animal de manière non cruelle. Comme l’animal répondait aux critères du Programme national canadien de surveillance de l’ESB, des dispositions ont été prises pour faire analyser les échantillons appropriés en laboratoire.

L’exploitation où l’animal est né est une exploitation laitière située dans la vallée du Fraser en Colombie­Britannique. Il s’est avéré que la cohorte d’alimentation comprenait 187 animaux qui ont été élevés dans l’exploitation agricole avec l’animal de référence. Tous les animaux de la cohorte étaient des femelles Holstein. Les mâles vendus alors qu’ils avaient moins de deux semaines pour l’engraissement et l’abattage subséquent sans avoir eu accès à des aliments commerciaux ont été exclus de l’enquête parce qu’ils n’ont pas été exposés aux mêmes aliments potentiellement contaminés que l’animal atteint de l’ESB. Aucun mâle n’a été gardé ni élevé à l’exploitation. L’enquête de retraçage en aval de la cohorte d’alimentation a permis de retrouver 22 animaux vivants dans l’exploitation de référence. Ces animaux ont été mis en quarantaine et seront abattus sans cruauté; les carcasses seront éliminées par incinération conformément aux recommandations de l’OIE. Le sort des animaux restants de la cohorte d’alimentation a été le suivant :

  • 122 animaux ont été retracés et on a confirmé leur mort ou leur abattage;
  • 24 animaux ont été retracés et on présume qu’ils sont morts ou ont été abattus;
  • 5 animaux ont été retracés et on confirme qu’ils ont été exportés pour l’abattage et le pays d’importation a été avisé;
  • 14 animaux ont été impossibles à retracer à cause de dossiers incomplets.

ENQUÊTE SUR L'ALIMENTATION DE L'ANIMAL

L’enquête sur les aliments du bétail a porté principalement sur les aliments auxquels l’animal de référence a pu avoir accès pendant sa première année de vie et sur les pratiques de fabrication utilisées pour produire ces aliments du bétail.

Tous les aliments auxquels la vache atteinte de l’ESB a eu accès étaient destinés à l’alimentation des ruminants. Ils comprenaient des fourrages et ensilages cultivés à l’exploitation et achetés, ainsi que des aliments mélangés provenant d’un fournisseur d’aliments commerciaux. L’équipement à l’exploitation comportait un mélangeur mobile servant à mélanger les fourrages avec des produits commerciaux pour les veaux, les génisses et les vaches en lactation. Plusieurs chats étaient nourris dans l’étable et l’unique chien était alimenté dans la résidence du propriétaire, à l’écart de l’exploitation laitière. Il est raisonnable de conclure que les aliments pour les chats et le chien contenaient des matières interdites. En outre, un examen des pratiques d’alimentation à l'exploitation a confirmé que les ruminants n’avaient pas accès aux aliments de ces animaux familiers.

Pendant les trois premières semaines de sa vie, la vache atteinte de l’ESB est demeurée seule dans un enclos à veaux et a été nourrie avec du lait et une ration commerciale pour les veaux. De l’âge de trois à neuf semaines, l’animal a été placé dans une série d’enclos collectifs avec des animaux d'âges semblables et a continué d’être alimenté avec des rations pour veaux et du lait, ainsi que du foin et avait accès à deux types de blocs minéraux. De l’âge de neuf semaines à 12 mois, l’animal a été de nouveau placé dans différents enclos collectifs avec des animaux d’âges semblables et a consommé une ration pour veaux, du foin et de l’ensilage de foin et de graminées produit à l’exploitation. L’animal avait également accès à deux types de blocs minéraux. De surcroît, des minéraux pour vaches taries ont été ajoutés au régime alimentaire de l’animal à trois mois.

Les seuls autres aliments commerciaux utilisés à l’exploitation comprenaient une ration complète pour vaches en lactation et une ration pour vache tarie. L’enquête à l’exploitation a permis de confirmer que la ration pour vache en lactation n’avait pas été servie à l’animal de référence avant qu’il ait atteint l’âge de 12 mois. Toutefois, le même mélangeur mobile a été utilisé à l’exploitation pour mélanger les rations données à l’animal de référence et aux vaches en lactation. On a également établi que le sujet de référence ne pouvait avoir eu accès à la ration pour vaches taries qui était reçue, entreposée et donnée directement à manger dans des sacs, à l'écart des animaux de moins d’un an.

L’enquête chez le fabricant d’aliments commerciaux, qui était le seul fournisseur de la ration pour veaux et de la ration pour vaches en lactation, a permis de déterminer que l’on y traitait des substances interdites. Certains secteurs des installations étaient consacrés à la fabrication d’aliments du bétail dont la formule ne comprenait aucune matière interdite. Cependant, les mêmes moyens de transport étaient utilisés à la fois pour recevoir les ingrédients en vrac et transporter les aliments finis. La procédure écrite et les registres de production pour cet emplacement n’ont pas permis d’écarter la contamination possible par des matières interdites pour les deux types de rations livrées à l’exploitation agricole de référence.

L’enquête chez le fournisseur d’aliments commerciaux a montré que les deux types de blocs minéraux étaient fabriqués à des installations distinctes, indépendantes du principal fabricant d’aliments commerciaux. L'enquête chez le fabricant de ces blocs a permis de déterminer que des matières interdites y étaient traitées pendant la période d’intérêt. Par contre, aucune procédure écrite ni registres de production n’étaient disponibles. Comme la période d’intérêt suit l’introduction de l’interdiction de 1997 frappant les aliments des mammifères, il est peu probable que de la farine de viande et d’os de ruminants ait été intentionnellement utilisée dans la préparation d’un de ces types de blocs minéraux. Toutefois, comme aucun registre de production n’existe, il n’est pas possible d’écarter la possibilité d’une contamination pendant la production.

Les minéraux pour vaches taries utilisés à l’exploitation provenaient d’installations spécialisées qui ne traitaient pas de matières interdites; ils étaient emballés dans des sacs. Il a été déterminé que ce produit n’était pas une source possible de contamination.

Compte tenu du régime d’alimentation à l’exploitation et des registres de production vérifiés, on a conclu que la source probable d’exposition à l’agent infectieux de l’ESB semblait être les rations pour génisses potentiellement contaminées. Cependant, on ne peut écarter le risque associé à l’ingestion possible de petites quantités de rations pour vaches en lactation et d’un des types de blocs minéraux, ainsi que la contamination potentielle de ces produits.

SOMMAIRE DE L'ENQUÊTE

Le dépistage de ce cas ne modifie en rien les paramètres de risque associés à l’ESB au Canada. L'emplacement et l’âge de l’animal correspondent aux cas antérieurs. Les résultats des activités de surveillance à ce jour, y compris le cas présent, témoignent de l’incidence extrêmement faible de l’ESB au Canada.

Depuis la confirmation, en mai 2003, du diagnostic d’ESB chez un animal né au Canada, notre pays a sensiblement augmenté le dépistage ciblé des bovins des catégories à risque élevé comme le préconise l’OIE (y compris les animaux non ambulatoires). Ce travail vise à la fois à déterminer l’incidence de l’ESB au Canada et à surveiller l’efficacité des mesures d’atténuation du risque mises en oeuvre. Le Programme national de surveillance de l’ESB du Canada continue de confirmer l’incidence extrêmement faible de l’ESB au pays, 15 cas ayant été détectés à ce jour.

En ce qui concerne l’ESB, la salubrité de la viande de boeuf produite au Canada est garantie par les mesures de santé publique adoptées en 2003. L’enlèvement des matières à risque spécifiées (MRS) – les tissus qui sont capables d’abriter l’agent infectieux de l’ESB – de toutes les carcasses des animaux abattus pour l'alimentation humaine est la mesure la plus efficace pour protéger les consommateurs, au Canada et dans les pays importateurs, contre l’exposition à l’agent infectieux de l’ESB dans les produits carnés.

Comme le démontre le système de surveillance, l’interdiction frappant les aliments du bétail mise en oeuvre en 1997 empêche réellement l’amplification de l’ESB dans la filière canadienne d’alimentation des animaux. Une réglementation supplémentaire a été édictée en 2007 afin de renforcer l’interdiction frappant les aliments du bétail au Canada. La plus importante modification est le retrait des MRS de tous les aliments du bétail, aliments pour animaux de compagnie et engrais. Ce renforcement accélérera l’éradication de l’ESB du cheptel bovin national en empêchant l’entrée de plus de 99 p. 100 des sources potentielles d’agents infectieux de l’ESB dans la filière canadienne d’alimentation du bétail. Ces mesures réduisent efficacement le risque de transmission de l’ESB.

Le Canada a été classé officiellement, conformément au système scientifique de l’OIE, dans la catégorie des pays à risque maîtrisé pour l’ESB. Ce statut sanitaire reconnaît clairement l’efficacité des mesures de surveillance, d’atténuation du risque et d’éradication que le Canada a mises en oeuvre, ainsi que le travail réalisé par tous les ordres de gouvernement, le secteur de l’élevage bovin, les vétérinaires et les grands éleveurs pour lutter efficacement contre l’ESB au Canada et, ultimement, pour l’éradiquer.