Canada Identification fédérale pour la Bibliothèque nationale du Canada

NLC HOMEANGLAIS


Projet pilote sur les publications électroniques (PPPE)

Résumé du rapport final

Rédigé par Words That Matter Inc. à l’intention de la Bibliothèque nationale du Canada
Le 7 mai 1996


Introduction

Le présent résumé met en lumière certaines constatations et recommandations faites par les membres de l’équipe du Projet pilote sur les publications électroniques (PPPE). Ce projet avait pour but d’étudier les possibilités pour la Bibliothèque nationale du Canada (BNC) d’interpréter et de réaliser son mandat en ce qui a trait aux technologies électroniques et comment elle peut relever les défis posés par l’émergence des publications électroniques.


Table des matières

Antécédents — L’autoroute de l’information

Le projet pilote sur les publications électroniques

Questions relatives à la sélection, la gestion et la conservation des publications électroniques

Les prochaines étapes pour la Bibliothèque

Conclusion


Antécédents — L’autoroute de l’information

La révolution technologique a eu un impact important sur le flot d’informations. Elle a permis de créer de nouvelles modalités d’édition qui permettent aux consommateurs d’accéder instantanément en direct à certaines publications. Par ailleurs, comme l’autoroute de l’information ouvre la voie à un marché international, le nombre de produits et de services électroniques a explosé. La nouvelle technologie permet aussi aux gouvernements à tous les niveaux de se rapprocher des citoyens et d’améliorer la qualité des services au public.

La croissance rapide du réseau Internet et des techniques qui en facilitent l’accès et l’exploitation sont d’un intérêt particulier pour les éducateurs et les bibliothécaires, car elle permet l’accès universel et la transmission rapide de documents, tout en permettant le stockage d’information sur support électronique.

L’explosion de l’information et l’édition électronique

Le nombre des publications électroniques connaît une augmentation fulgurante et leur qualité ne cesse de s’améliorer. L’explosion dans le domaine de l’édition électronique et de la mise en réseau de l’information engendre des défis de taille pour la Bibliothèque nationale du Canada, y compris celui de réaliser son mandat de conservation du patrimoine de l’édition. La BNC doit trouver des moyens pour identifier, localiser, stocker et conserver les publications électroniques et à permettre l’accès à ces publications. La BNC savait bien que si elle n’abordait pas la question, il se produirait des vides dans sa documentation du patrimoine de l’édition et des outils de recherche du pays.

Le rôle de la Bibliothèque nationale concernant les publications électroniques

Le Parlement a créé la BNC en 1953 pour :

La BNC constitue en outre une des principales ressources aux fins de recherche dans le domaine des études canadiennes.

Le Comité de direction de la BNC s’est penché pour la première fois sur la question des publications électroniques lors d’une séance de planification tenue au mois de mars 1994. La discussion a porté sur deux aspects complémentaires de la question : premièrement, la responsabilité de la BNC en ce qui a trait au stockage et à la gestion des publications électroniques créées par les auteurs et les éditeurs canadiens et, deuxièmement, le rôle de la Bibliothèque en tant que créateur et de distributeur de documents informatisés.

La BNC estime que son mandat s’applique à tous les types de publications, où qu’elles soient et quel que soit leur format. La BNC estime donc que son mandat s’étend non seulement aux publications matérielles sauvegardées sur des disques optiques ou des disquettes, mais aussi aux publications électroniques à proprement parler, telles que celles qui n’existent qu’à un hôte Internet. La nature éphémère de ces publications fait ressortir l’importance du rôle de la BNC pour ce qui est de la conservation des publications qui font partie du patrimoine d’édition canadien.

La BNC ne peut pas conserver une publication électronique seulement en obtenant le droit d’y avoir accès. Elle doit obtenir et stocker une copie électronique de la publication de manière que les générations présente et futures de lecteurs et de chercheurs puissent la lire au moyen de logiciels standard.

Le projet pilote sur les publications électroniques

Durant l’été de 1994, la BNC a affecté des employé(e)s en provenance de plusieurs secteurs de la Bibliothèque pour travailler à temps partiel en tant que membres de l’équipe du Projet pilote sur les publications électroniques (PPPE). En fait, de juin 1994 à juillet 1995, la BNC a mené un projet pilote visant à préciser et à comprendre tous les défis liés à l’acquisition, au catalogage et à la conservation des publications électroniques canadiennes et à l’accès à ces publications. Aux fins du projet pilote, l’équipe du PPPE a utilisé un petit nombre de revues électroniques canadiennes et d’autres publications représentatives qu’il est possible de se procurer gratuitement sur Internet.

Objectifs du projet

L’équipe a formulé dès le début du projet les objectifs suivants :

Budget et contraintes techniques

L’équipe du Projet pilote sur les publications électroniques disposait d’un budget de dépenses non salariales de 20 000 $. Aux fins de l’acquisition, la création, le catalogage, la présentation de publications électroniques existantes, de même que pour y avoir accès, elle a utilisé, dans la mesure du possible, des gratuiciels et les systèmes existants de la BNC.

Systèmes techniques

Au début du projet, on a décidé d’utiliser le World Wide Web comme principal moyen d’accéder aux publications électroniques. Ce système semble avoir la préférence comme instrument d’édition électronique en bonne et due forme. Par conséquent, la BNC devait se procurer un serveur Web.

Dans un premier temps, le serveur dédié au PPPE a été relié au Système de communication interréseau de la BNC. On a créé une page d’accueil du PPPE et offert l’accès au public par catégories de titres et de sujets. Le PPPE est devenu un élément de la structure du Web de la BNC en juin 1995, lorsque le serveur du PPPE a été transféré à l’Infoserveur de la BNC.

La BNC a acquis chaque publication par le truchement du protocole utilisé par l’éditeur : courrier électronique, protocole FTP ou protocole HTTP.

La portée du projet

En raison du grand nombre de documents sur Internet, on a rapidement constaté que la BNC ne pouvait pas acquérir et conserver tous ces documents. Il a fallu élaborer des définitions non équivoques des termes «publication électronique» et «document canadien électronique» afin de déterminer les publications qui s’inscrivent dans le mandat de la BNC.

Publications électroniques

Aux fins du PPPE, une publication électronique s’entend d’un document, fruit d’activités formelles d’édition, comportant de l’information encodée laquelle est rendue intelligible par l’entremise d’un ordinateur, et qui n’est accessible que par ordinateur. Ainsi, cette définition englobe :

Comme la BNC effectue déjà l’acquisition et le traitement de publications électroniques sur supports matériels, l’étude n’a porté que sur la seconde catégorie de publications électroniques, à savoir les publications disponibles en réseau ou en direct. Ont donc été exclus du projet certains types de documents disponibles sur Internet, y compris les documents de courrier électronique, les documents disponibles sur le Web n’ayant pas les caractéristiques des publications traditionnelles, certains sites Gopher, les bases de données accessibles en direct, les archives FTP et les babillards électroniques.

Documents électroniques canadiens

Aux fins du PPPE, une publication électronique canadienne s’entend soit d’une publication «publiée au Canada» (c.-à-d., l’ordinateur hôte où se trouve la publication électronique est situé au Canada), soit d’une publication électronique produite ou commanditée par une entreprise canadienne ou une personne canadienne.

Exemples de publications électroniques

Le projet pilote a tout d’abord ciblé les périodiques électroniques. Ces publications étaient plus faciles à repérer et convenaient davantage à un projet pilote en raison de leurs antécédents et de leur continuité. Certains critères de sélection ont exclu des publications d’intérêt purement local et les publications à vocation strictement publicitaires. En outre, en raison de compressions budgétaires, les publications électroniques dont la consultation exigeait de faire l’achat de logiciels additionnels ont aussi été exclues.

Une fois le projet lancé, la chasse aux périodiques électroniques canadiens sur Internet a commencé. Après avoir dressé une liste de périodiques admissibles dans le cadre du projet, la BNC a communiqué avec l’éditeur de chaque périodique pour obtenir l’autorisation formelle d’installer la publication électronique sur le serveur de la BNC. Les progrès ont été lents au début, mais le projet a rapidement suscité l’intérêt des éditeurs de publications électroniques. Bien que la Bibliothèque ne comptait obtenir qu’environ 10 périodiques, elle avait déjà accès à plus de 45 périodiques au mois de juin 1995.

Un certain nombre de périodiques sont offerts sur plusieurs supports. Étant donné que l’équipe du projet a acquis plus d’une version de plusieurs périodiques, elle a pu acquérir une expérience précieuse sur le plan du traitement de périodiques disponibles sur des supports différents dans le milieu opérationnel de la BNC. La variété des périodiques donne un aperçu de l’édition sur Internet au Canada. On y retrouve des revues où les articles sont évalués par des pairs, des magazines, des bulletins d’information et des séries de feuilles d’information. Le tableau 1 présente un échantillon des périodiques acquis.

Critères de sélection

Bien que dans le cadre du projet pilote on devait se limiter à l’acquisition de périodiques sur Internet satisfaisant à certains critères généraux, l’équipe du projet a recommandé à la BNC d’appliquer la Politique de gestion des collections de la Bibliothèque nationale du Canada aux fins de la sélection de publications électroniques à conserver. Selon les dispositions de cette politique, il y a lieu d’appliquer les critères suivants aux fins de la sélection des publications :

Tableau 1 — Exemples des publications électroniques comprises dans le PPPE

Titre Format Distribution Méthode
d’acquisition
ISSN Équivalent
papier
Genre Évaluation par les pairs
Ability Network Magazine ascii gopher gopher ISSN 1192-1188 Oui Tribune pour les personnes handicapées Non
Canadian Journal of Educational Administration and Policy ascii courrier électronique
gopher
ftp
courrier électronique Non Non Publication érudite Oui
Information gouvernementale canadienne html Web courrier électronique : archives compressées ISSN 1198-5291 Non Journal de discussion et d’étude d’information en provenance du gouvernement du Canada Non
infoCycle ascii courrier électronique Gopher de la BNC Non version fax Bulletin pour gestionnaires de technologie Non
International Teletimes html Web miroir
Non Magazine de culture générale internationale Non
International Teletimes ascii ftp ftp ISSN 1198-3604 Non Magazine de culture générale internationale Non
Nouvelles de la Bibliothèque nationale ascii gopher Gopher de la BNC ISSN 1195-2326 Oui Bulletin; gouvernement Non
The Children's Reader html Web miroir Non papier Revue annuelle de littérature pour enfants Non
The Proofreader html Web miroir Non Non Recensions de livres Non

Questions relatives à la sélection, la gestion et la conservation des publications électroniques

Pour relever les défis que présente la technologie de l’édition électronique, la BNC devra élaborer une politique de sélection, de gestion et de conservation des publications électroniques. Cette politique devra traiter des questions suivantes :

Normalisation de la présentation

L’équipe du projet s’est rendue compte que l’absence de modes de présentation normalisée dans le domaine de l’édition électronique en direct rend plus difficile l’acquisition et la conservation des publications électroniques et l’accès à ces publications. L’emploi de modèles de présentation normalisée favorise l’accès aux publications électroniques par le plus grand nombre de gens possibles.

Bien que la BNC publie certains documents, elle ne dispose ni des ressources ni des compétences nécessaires pour prendre l’initiative sur le plan de l’élaboration de normes de présentation des publications électroniques. La BNC devrait toutefois promouvoir l’introduction de normes de publication et contrôler leur élaboration.

Les modèles de présentation normalisée pour créer, identifier, stocker et présenter les publications électroniques comprennent, entre autres, les éléments suivants :

Versions différentes de la même publication

Les publications électroniques existent souvent en plusieurs versions, chacune présentant un contenu identique ou quasi-identique. La BNC devra décider si elle doit conserver des versions multiples d’une même publication ou conserver la version qui entraînera le moins de problèmes techniques à long terme.

Lorsqu’il existe plus d’une version d’une publication, la BNC devrait faire l’acquisition des versions qui se conforment aux modes de présentation normalisée. Cela empêchera d’avoir à maintenir divers types de logiciels pour assurer l’accès à la publication. En conservant les versions en mode normalisé des publications, la BNC connaîtra aussi probablement moins de problèmes techniques. On a aussi recommandé que lorsque la seule version disponible pour la BNC d’une publication électronique est une version non normalisée, la BNC devrait convertir la publication électronique dans une présentation normalisée pour en faciliter le stockage et l’accès.

En vertu de la Loi sur le droit d’auteur, la BNC n’enfreindrait le droit d’intégrité d’un auteur que si elle déforme, mutile ou modifie autrement l’ouvrage ou si elle l’associe à un produit, à un service, à une cause ou un établissement de manière à porter préjudice à l’honneur ou à la réputation de l’auteur. À la suite de discussions prolongées, on a décidé que la conversion d’une publication électronique en version normalisée pour préserver la qualité du document original et pour en assurer l’accès à long terme ne constitue pas une atteinte au droit à l’intégrité.

Accès et droit d’auteur

Le but visé par la BNC relativement à l’acquisition, au catalogage et à la conservation des publications électroniques est d’assurer l’accès à long terme à ces publications, particulièrement à l’intention des chercheurs et des éducateurs canadiens. On a étudié un nombre de scénarios portant sur les façons dont la BNC pourrait traiter l’accès à sa collection de publications électroniques.

La BNC estime que l’accès aux publications électroniques depuis les bibliothèques devrait être équitable et abordable.

Exemples d’énoncés de droit d’auteur

Bien que les énoncés suivants soient extraits de publications électroniques, la terminologie reflète la pratique dans le domaine de l’imprimé. Ces énoncés ne sont pas explicites au sujet de l’accès et de la distribution électronique.

Big Dreams - copyright ©Dare to Dream Enterprises. Permission est donnée, par la présente déclaration, d’imprimer et de distribuer un nombre illimité de copies fidèles, pour autant qu’aucun droit ne soit perçu. (traduction)

Tous droits réservés pour tous les articles. Il est interdit de les copier sans une autorisation explicite, pour d’autres motifs qu’une utilisation pour référence personnelle. (Ability Network) (traduction)

Au Canada, le droit d’auteur s’entend du droit exclusif de produire ou de reproduire une oeuvre ou une partie importante de celle-ci sous une forme matérielle quelconque. Une bibliothèque peut invoquer la notion d’utilisation équitable à titre de défense relative à la violation de reproduction d’un auteur lorsqu’elle offre la partie de l’oeuvre aux fins d’étude privée, de recherche, de critique, de compte rendu ou de résumé destiné aux journaux.

Le sous-comité des droits d’auteur, du Comité consultatif canadien sur l’autoroute de l’information, a recommandé que la navigation soit considérée comme un acte de reproduction1. Cette recommandation a été reconsidérée par le Comité plénier qui a énoncé :

«On devrait laisser au détenteur du droit d’auteur de déterminer si et quand la navigation devrait être permise sur l’autoroute de l’information...» 2

Jusqu’à ce que la BNC ne reçoive un avis juridique sur la question, la BNC se propose de contrôler les permissions de droit d’auteur et les restrictions concernant les publications de sa collection de publications électroniques en enregistrant l’état du droit d’auteur de chaque publication dans sa base de données.

Liens hypertextes (HTML)

Les publications créées en langage hypertexte permettent à l’utilisateur de cliquer sur des mots en soulignés et immédiatement accéder à d’autre information sur le même sujet. En cliquant sur le syntagme «dernier numéro», par exemple, l’utilisateur pourrait voir s’afficher la table des matières du dernier numéro du périodique en question. L’utilisateur est effectivement transféré dans le numéro précédent.

Bien que les liens hypertextes — les mots soulignés — font partie de la publication originale, le fait qu’ils transportent l’utilisateur dans une autre publication électronique pose un problème : il est difficile de savoir où commence et où se termine une publication ou un droit d’auteur. On a suggéré que les liens hypertextes sont simplement analogues aux notes de bas de page ou aux entrées bibliographiques d’un support imprimé, c’est-à-dire que vous risquez d’avoir une référence qui soit supprimée et qui sera inaccessible à un moment ultérieur lorsque vous voudrez la consulter. Toutefois, cette analogie est une sursimplification. Les liens hypertextes, plutôt que de servir de fonction de référence ou de note en bas de page, peuvent aussi faire partie intrinsèque de la publication. Dans certains cas, ils comprennent une partie trop importante de la publication pour être simplement éliminés comme une interligne morte dans une bibliographie.

Cette réalité devient une question importante si, à long terme, une publication consiste partiellement (ou totalement) en une série de liens hypertextes, dont plusieurs — ou aucun — peuvent être fonctionnels à un moment ultérieur d’accès à la publication.

Sur le plan pratique, la compilation de tous les objets reliés dans une publication électronique créée en langage hypertexte s’avère souvent impossible. Il reste aussi à établir si une publication électronique, qui ne se compose de rien d’autre que de liens électroniques à d’autres articles sur des serveurs éloignés, est en elle-même une publication ayant une valeur intrinsèque. Certaines de ces publications, y compris les sites du Web de type répertoire qui se composent surtout de liens, ont une valeur indiscutable.

Après examen des difficultés reliées au suivi aval des liens hypertextes et à l’acquisition éventuelle des objets reliés, on a décidé qu’une publication électronique hypertexte se compose des objets stockés à un domaine d’Internet. Ainsi, le numéro précédent d’un même périodique auquel on a accès par un lien hypertexte serait considéré comme faisant partie de la publication originale. Une autre publication, dont on a accès par un lien hypertexte, ne serait pas considérée comme faisant partie de la publication originale, car la BNC est dans l’impossibilité de maintenir ou de préserver l’intégrité des liens à d’autres publications ou domaines Internet.

Stockage

Sécurité

Il faut prendre les mesures nécessaires pour protéger les publications électroniques contre toute modification intentionnelle ou accidentelle. Les mécanismes déjà en place à la BNC pour la protection des serveurs et des bases de données bibliographiques devraient suffire en partie à la tâche. Des procédés, tels que l’adressage calculé — un procédé de programmation servant au stockage d’information à partir d’un calcul mathématique et le datage numérique — servant à enregistrer la date et l’heure de publication d’un périodique constituent des mécanismes de protection additionnels.

Conservation de longue durée

Il n’existe aucun support ou dispositif électronique reconnu comme support d’archivage de longue durée. Pour assurer l’archivage des publications électroniques, la BNC se verrait obligée de transférer les informations de ruban à ruban et de DC à DC tous les quatre ou cinq ans — une tâche coûteuse et complexe. La solution idéale se résume à trouver un support d’archivage électronique de longue durée qui, comme le papier ou le microfilm, possède une vie utile dont la durée, dans un milieu ambiant approprié, se mesure en centaines d’années. Tant et aussi longtemps qu’un tel support de stockage n’aura pas été mis au point, il est recommandé que la BNC étudie les systèmes de gestion hiérarchique du stockage pour établir si ces systèmes peuvent ou non répondre aux exigences de stockage de longue durée.

À la différence des imprimés, on peut facilement faire une copie d’une publication électronique sans endommager l’original. Par conséquent, la conservation des publications électroniques sera reliée de près à leur accès. Comme un bit ou un octet d’information ne diffèrent pas d’un support à l’autre, le support d’une publication électronique ne devrait pas être considéré comme un artefact au même titre qu’un livre précieux.

Responsabilités en matière de stockage

Bien que la BNC ne dispose pas des ressources nécessaires pour l’archivage de toutes les publications électroniques canadiennes, la Bibliothèque doit être prête à faire fonction d’«archives de dernier recours». Aux fins d’accès et de stockage à court terme, la Bibliothèque se doit d’étudier les possibilités de coordination de l’accès aux publications électroniques et de leur stockage décentralisé. La BNC devrait prendre l’initiative en matière de discussion d’activités coopératives rattachées à l’identification, l’acquisition, la gestion et la conservation des publications électroniques.

Compression des fichiers

La compression et la décompression d’une publication électronique peuvent entraîner une modification de la publication originale. Étant donné que la BNC peut difficilement accepter cette perte d’intégrité de la publication originale aux fins de conservation, elle devrait éviter de compresser les fichiers aux fins d’archivage de longue durée.

Dans certains cas, toutefois, la BNC pourra accepter une perte de donnés par suite de la compression d’une publication. Les objets audio ou vidéo numérique, par exemple, peuvent être très volumineux. La BNC peut alors effectuer la compression ou la décompression de manière que la perte de données soient imperceptible à l’oeil ou à l’oreille. La BNC doit donc définir des critères permettant d’identifier de tels cas.

Dans d’autres cas, la BNC n’a d’autre choix que d’utiliser une publication compressée. Dans la situation où un éditeur envoie une publication électronique uniquement en mode compressé, alors tous les utilisateurs de la publication électronique subiront la même perte de détails qui est survenue lors de la compression. L’éditeur a pris la décision de compresser le fichier et de risquer la perte d’informations, et la BNC acquiert et conserve la copie de la publication électronique, qui est de la meilleure qualité, se conformant ainsi aux exigences du dépôt légal.

Néanmoins, lorsqu’une publication électronique en réseau arrive compressée, elle doit être stockée en mode non compressé, parce que la conservation des technologies de compression et de décompression à long terme est un processus complexe.

Dépôt légal

Le dépôt légal, soit le règlement ordonnant à tous les éditeurs de fournir des exemplaires de leurs publications à la BNC, est le mécanisme principal par lequel la BNC acquiert des publications canadiennes.

Il été recommandé que la BNC applique le dépôt légal sur une base sélective aux documents qu’elle se propose d’acquérir pour sa collection nationale permanente. Mais avant d’appliquer le dépôt légal aux publications électroniques, la BNC se doit d’élaborer une définition complète de termes, tels que «publication électronique» allant plus loin que celle qui a servi aux fins du PPPE. Cette définition doit aussi faire la distinction entre des produits, tels une publication électronique et un message par courrier électronique, ou entre une base de données et un périodique en direct.

Créer un répertoire de publications électroniques

Pour assurer la mise en réseau des publications électroniques, la BNC devrait encourager l’enregistrement et la dénomination de ces publications. Comme dans les programmes de catalogage avant publication (CIP) et le Numéro international normalisé des publications en série (ISSN), les éditeurs canadiens communiqueraient avec la BNC pour enregistrer l’existence d’une publication en réseau et obtenir un code d’identification standard. Dans le cadre de ce processus, les éditeurs pourraient soumettre des données descriptives de la publication. La BNC pourrait alors étudier ces données et établir si elle veut demander le dépôt de la publication en entier. En retour, la publication serait incluse dans le répertoire de ressources d’information en réseau de la BNC.

Lorsque le traitement des publications électroniques fera partie des opérations de mise en réseau de la Bibliothèque, la BNC devrait répertorier toutes les publications électroniques canadiennes qu’elle acquiert dans la bibliographie nationale Canadiana. La publicité qui s’ensuivra incitera les éditeurs de publications électroniques à se conformer au règlement sur le dépôt légal et à faire parvenir leurs publications électroniques à la BNC.

Technologie

Logiciels

Un logiciel pour l’accès aux publications électroniques peut être un produit de marque déposée, un partagiciel, un gratuiciel ou un logiciel du domaine public, y compris :

Comme un logiciel de marque déposée est souvent amélioré et perd parfois sa capacité de traiter des fichiers électroniques créés pour être utilisés avec une version antérieure, la BNC devrait contrôler la fonctionnalité des nouvelles versions des logiciels. La conservation des anciennes versions des logiciels d’accès pourrait bien s’avérer nécessaire à l’accès suivi aux publications.

En outre, comme les partagiciels, les gratuiciels ainsi que les logiciels du domaine public peuvent aussi connaître des améliorations sans annonce officielle ou programme de distribution, la BNC devrait éviter d’archiver des publications électroniques en mode partagiciel, etc. Elle devrait plutôt convertir ces documents en modes normalisés.

Matériel

Si les systèmes d’exploitation des ordinateurs utilisés pour accéder aux publications électroniques devenaient obsolètes, la BNC rencontrerait de sérieux problèmes d’accès. Par exemple, si le DOS devenait obsolète, il pourrait être nécessaire de consacrer un ordinateur utilisant le DOS afin d’avoir accès à des publications utilisant un logiciel d’accès basé sur le DOS.

On a décidé qu’il n’est pas raisonnable d’envisager l’achat de matériel d’archivage; si l’obsolescence du matériel empêche l’accès futur à des publications, la BNC devrait convertir les publications d’un format à un autre.

Personnel

Formation du personnel et réaffectation des ressources

Avant que la BNC puisse élaborer des lignes directrices et des procédures concernant la gestion des publications électroniques et l’accès à ces publications, le personnel de la BNC doit être très familier avec le fonctionnement des systèmes électroniques. Clairement, un haut niveau de compétence technique est nécessaire en vue de traiter efficacement les publications électroniques. La formation continue du personnel est sans aucun doute un élément très important pour régulariser le traitement des publications électroniques à la BNC. Outre la formation générale sur Internet, une autre formation est requise, comme celle concernant l’utilisation du gestionnaire de fichiers UNIX et le logiciel X-Windows.

En vue de traiter les publications électroniques dans une conjoncture de compressions budgétaires, la BNC doit réaffecter des ressources aux fins de l’acquisition et du contrôle des publications électroniques, dans le cadre des activités ordinaires de la Bibliothèque. L’acquisition, le contrôle et la gestion de la collection des publications électroniques devraient être intégrées dans les plans de travail opérationnels des divers secteurs de la Bibliothèque. Il est donc important que les publications électroniques entrent en concurrence pour l’obtention de ressources dans le cadre du travail ordinaire de chaque secteur, et non en tant que projet expérimental ou spécial.

On estime, en gros, que la BNC devrait réaffecter l’équivalent temps plein de deux personnes des Acquisitions pour prendre en main la charge de travail qui se traduirait par environ 500 à 1 000 nouvelles publications électroniques par année. On doit s’attendre, bien sûr, que le nombre de publications électroniques augmentera d’année en année. Par conséquent, dans la mesure du possible, la BNC devrait aussi fournir le soutien technique nécessaire à la rationalisation de ces activités.

Assignation de nouvelles attributions

Pour ce qui est des lignes directrices et de l’exploitation des systèmes, les secteurs suivants de la Bibliothèque se verront attribuer des responsabilités additionnelles :

Les prochaines étapes pour la Bibliothèque

L’intérêt du public pour le PPPE

Comme la réaction des utilisateurs est un élément important d’un projet pilote, la BNC a invité les bibliothèques du Canada et leurs clients à lui faire part de leurs commentaires à propos des questions touchant aux publications électroniques. Le site Web consacré au PPPE a reçu plus de 100 demandes d’information sur le projet. La plupart des demandes d’information provenaient de bibliothèques qui, dans la plupart des cas, voulaient obtenir un exemplaire du rapport final. On a aussi reçu un grand nombre de demandes de la part d’éditeurs et d’autres personnes intéressées aux publications électroniques.

En général, la plupart des utilisateurs qui ont visité le site Web voulaient obtenir des renseignements sur le projet et sur l’édition électronique plutôt que sur des publications particulières ou des renseignements détaillés. Lorsque le projet pilote sera intégré à la collection permanente des ouvrages électroniques de la BNC, il faudra l’annoncer sur Internet aux utilisateurs éventuels et faire en sorte que les publications soient indexées au moyen d’outils d’indexation normalisés pour Internet.

Conclusion

La BNC se doit de régulariser l’acquisition et le traitement des publications électroniques dans le cadre de ses activités normales, et ce dans les plus brefs délais. Pour assurer la conservation du patrimoine de l’édition canadien, la BNC doit mettre en place des procédures pour traiter des aspects techniques ayant trait aux publications électroniques.

Le 22 novembre 1995, le Comité de direction de la BNC donnait son aval en principe au rapport intitulé Projet pilote sur les publications électroniques. On est présentement en voie de mettre en oeuvre un plan d’action, s’inspirant du rapport précité, pour régulariser le traitement et la conservation de ces publications électroniques canadiennes.


1 Comité consultatif sur l’autoroute de l’information. Le droit d’auteur et l’autoroute de l’information : rapport final du Sous-comité sur le droit d’auteur. Mars 1995

2 Comité consultatif sur l’autoroute de l’information. Contact, communauté, contenu : le défi de l’autoroute de l’information, rapport final. Septembre 1995


No de cat : SN3-313-1996F-IN

ISBN: 0-662-81272-7


Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada. (Révisé: 1996-05-27).