IV

Le jour pointait : un soleil blafard perçait le ciel nuageux. Edgar regarda l'heure : cinq heures. Il se leva, s'étira et alla à la fenêtre.

- Si le soleil finit par percer les nuages, ça va être une journée idéale pour ensemencer, murmura-t-il.

Lorsque Roméo l'entendit parler, il sortit de sous le poêle, miaula et alla s'asseoir face à son plat de nourriture. Edgar lui jeta un rapide coup d'oeil, se rendit à l'évier, se lava le visage à l'eau froide, s'ébroua, prit la serviette à sa portée, s'essuya et cette fois parut apercevoir le chat. Il lui servit à manger.

Habitué à l'indifférence du vieil homme, Roméo ne quémandait aucune caresse. Son maître, pas plus que lui, ne savait dispenser la tendresse. Lorsqu'Edgar avait recueilli le chaton, c'était d'abord pour le donner à un enfant ou quiconque se serait montré intéressé à l'animal. Jamais il n'aurait cru que six ans plus tard, ce petit chat gris, frileux et rachitique, allait devenir son compagnon. Il n'avait jamais toléré une marque d'affection de la part de l'animal. Chaque fois, il le rabrouait, lui signifiant qu'il jugeait superflues ces démonstrations d'amitié.

Peu à peu, Roméo était devenu ce gros chat indépendant, orgueilleux et agressif qu'aucun humain ne pouvait approcher, sauf Edgar, et encore, de loin. Il manifestait pour ses congénères une haine féroce. Il détestait également les chiens et les oiseaux, et menait, dans l'étroit logis, une vie solitaire et paisible. Il ne sortait qu'aux beaux jours et alors Edgar prenait soin de l'attacher. Roméo acceptait la laisse avec condescendance. Il s'étendait au soleil, ne dormait que d'un oeil, guettait de l'autre toute approche insolite. Malheur à qui aurait voulu défier ce demi-sommeil : toutes griffes dehors, sifflant, crachant, Roméo était prêt à défendre de sa vie son domaine où régnait l'ennui.

Lorsqu'Edgar eut terminé son déjeuner, le soleil avait définitivement gagné la partie : ce serait une journée splendide. Il soupirait d'aise; il n'aimait pas remettre un travail qui devait être exécuté le plus vite possible. Déjà la saison était tardive, il fallait ensemencer au plus tôt en vue de la récolte prochaine. Edgar aimait profondément ce métier plein d'imprévus et de contraintes; il n'aimait bien que ce qui était acquis durement. Il alla vers l'évier, lava la vaisselle, rangea la cuisine et sortit. Il était six heures. La cour était encore tout imprégnée de la fraîcheur de la nuit. «Le matin, c'est la jeunesse, conclut-il. Rien qu'à le respirer, ça nous rajeunit.» Il s'accorda quelques instants de grâce, respira à fond, ferma les yeux, puis d'un pas décidé se dirigea vers la maison des Gingras. Il frappa légèrement, entendit la voix de Benoît et pénétra dans la pièce fraîche et propre. L'ordre qui régnait dans la maison d'Alice l'avait toujours séduit. Il appréciait avant tout, chez chaque individu, la façon ordonnée avec laquelle il organisait son intérieur. «On ne peut pas être désordonné à l'extérieur et ordonné à l'intérieur.» Cette philosophie sommaire caractérisait tout le mode de penser d'Edgar. Il jugeait l'homme à sa façon de planifier...

- Éric vient avec nous autres, attaqua Benoît.

Il préférait mettre cartes sur table au départ. Il savait qu'Edgar n'aimerait pas cela, mais Benoît en avait décidé autrement : il voulait initier Éric à toutes les activités agricoles afin qu'il ne se retrouve pas, une fois ses études terminées, en étranger sur la ferme familiale.

- Bon, dit seulement Edgar.

Benoît s'attendait à plus d'opposition. Puisqu'Edgar semblait si bien disposé, il poursuivit : - Vous le prendrez avec vous, aujourd'hui. Je veux qu'il prenne de l'expérience aux champs.

Edgar se retourna brusquement : son visage était dur, son regard étroit. Benoît réalisa qu'il avait mal choisi ses mots; avec Edgar il ne fallait jamais imposer, mais suggérer. Benoît marcha vers la table, se versa à boire et finement ajouta :

- Toujours si ça vous va...

Edgar s'adoucit. Il regarda dehors, se souvint que le travail devait passer avant tout : Éric aiderait, l'ensemencement se ferait plus vite.

- Oui, mais faudrait y aller le plus vite possible...

- Éric sera votre homme dans quelques minutes. Pour lui, c'est toute une journée, et avec vous, j'ai confiance, il saura apprendre...

Edgar ne remercia pas, il ne savait pas. Homme d'action, avant tout il ne savait pas manifester ses sentiments. Très jeune, il avait dû s'habituer aux contraintes et aux refoulements qui avaient fait de lui un homme imperméable à toute sentimentalité. S'il aimait, s'il souffrait, c'était toujours en solitaire. Il avait appris à prendre ses distances face au coeur humain. «Ne jamais plonger en profondeur, pensait-il souvent, toujours se maintenir en surface.»

Alice entra, il la salua d'un signe de tête. Elle lui sourit, mal réveillée. Edgar avait hâte de sortir, il lui pressait de commencer le travail. Lorsqu'Éric eut avalé son déjeuner, l'adolescent et le vieil homme quittèrent la maison sans un mot.

- Il en faut de la patience pour pouvoir le tolérer toute la journée, dit Benoît moqueur.

Sa femme sourit.

- Mais Éric en a à revendre, ajoutait-il.

Alice regarda Benoît : elle croyait qu'il parlait d'Edgar. Elle connaissait bien son fils et savait que son désir de bien faire - de trop bien faire - se soldait souvent par des échecs. Mais Benoît n'admettait jamais que son fils puisse décevoir.

- Tu sais que Caroline veut aller avec toi à l'encan, aujourd'hui...

- Il n'y aura que de la machinerie, dit Benoît.

- Amène-la toujours...

Caroline croyait fermement que le choix de Benoît concernant Joli Coeur était une erreur et elle ne la jugeait pas irréparable. Elle désirait visiter les encans pour convaincre son père de lui acheter un autre cheval et espérait ainsi avoir son mot à dire. Benoît sourit :

- Qu'elle vienne.

- Elle t'attend dans le camion...

Cette fois il éclata de rire :

- Mais je ne peux tout de même pas à cette heure!

- Elle ne veut pas que tu la laisses et puis... elle doute depuis l'achat de... Elle doute sérieusement de tes capacités d'acheteur, dit Alice taquine.

Elle n'avait pas mentionné le nom de Joli Coeur, de crainte que Françoise ne soit à l'écoute. Toute remarque désobligeante sur le cheval la rendait susceptible. Benoît, afin d'éviter «l'épisode Joli Coeur», comme il disait, coupa court.

- Comme si j'avais l'habitude de la laisser pour compte... Bon, je vais à l'écurie, dans mon bureau. Si tu veux bien me faire signe vers neuf heures, je dois rencontrer les conseillers municipaux, je partirai donc tôt...

Elle acquiesça. Elle mangea seule et lorsqu'elle eut terminé, Françoise descendit.

- Tu ne m'as pas réveillée, dit-elle à l'adresse de sa mère.

- Qu'est-ce que tu as de si urgent? demanda Alice.

Françoise regardait la journée éclatante.

- D'abord sortir Joli Coeur, le brosser, le promener, l'amener au bord de la rivière, il ne la connaît pas...

- Caroline va avec des amis à la ville, vers la fin de l'après-midi. Tu n'aimerais pas aller avec eux?

Françoise prit d'abord ombrage du fait que Caroline ne lui ait pas parlé de ce projet, puis elle haussa les épaules.

- Non, je pense que j'aime mieux sortir Joli Coeur.

- Sincèrement? questionna Alice.

- Sincèrement, la rassura Françoise.

Alice regardait Françoise : cette adolescente secrète, solitaire, qui lui ressemblait tant, lui faisait peur. Elle craignait pour cette enfant fragile, une désillusion douloureuse. Qu'avait-elle à fuir la compagnie des jeunes de son âge? Un vieux cheval lui tenait lieu de confident, la nature comblait son besoin de solitude, mais pour combien de temps? pensait Alice. Comme cet isolement lui rappelait sa propre jeunesse. Qu'y avait-elle gagné? Elle regarda autour d'elle : tout son présent et son avenir de femme étaient là; une famille apparemment paisible et qui l'était de fait, un quotidien solide et pourtant elle était toujours inquiète, fébrile. Elle aurait voulu épargner à Françoise ce destin solitaire, cette sensibilité à fleur de peau. Faut-il se réjouir de se retrouver dans un miroir? se demandait-elle. Faut-il se réjouir de perpétuer, en même temps que son être, son inquiétude? Alice ne pouvait rien affirmer. Ni ce matin ensoleillé ni le bonheur fragile de Françoise ne lui fournirent de réponse.

- Amusez-vous bien, dit Alice la voix mal assurée.

Elle aurait voulu dire tant de choses : qu'il faut vivre avec son temps, qu'il ne fallait pas tout investir dans un vieux cheval brisé... Mais ces réalités lui parurent cruelles : Françoise aurait tôt fait de les découvrir. Alice soupira.

- Pourquoi tu viendrais pas avec nous? suggéra Françoise.

Alice désignait du menton la cuisine, le ménage, la vaisselle.

- Je vais t'aider, dit Françoise.

- Je ne saurais pas m'amuser quand il y a tant à faire, et je ne parle pas juste du ménage. Je dois aller au jardin, choisir les plants...

Françoise, déçue, abdiqua.

- ... et puis il ne faut surtout pas que je surprenne les secrets qui vous unissent Joli Coeur et toi...

Françoise sourit.

- Allons, sors, dépêche-toi... Je t'apprêterai une collation.

Françoise se glissa prestement dehors. Juste à temps pour recevoir les cris joyeux de Caroline qui quittait la ferme en compagnie de Benoît.

Elle marchait d'un pas pressé, elle avait hâte de revoir Joli Coeur. Parvenue à l'écurie elle regarda la bâtisse et la trouva triste sous le soleil.

- Viens, Joli Coeur, lui dit-elle, ce serait un péché de rester à l'écurie, alors qu'il fait si beau. Même pour ta toilette, tu vas sortir.

Elle saisit les brosses dont elle aurait besoin, ouvrit la porte de la stalle et, sans qu'elle ait besoin de le lui signifier, Joli Coeur la suivit.

Sous le soleil éclatant le cheval paraissait encore plus fatigué : la jeunesse de ce printemps fastueux accusait l'âge de Joli Coeur. Françoise ne s'en apercevait pas. Tout à la joie de ce samedi plein de promesses, elle ne voyait que l'amitié profonde qui la liait à Joli Coeur.

Une fois sa toilette terminée, Françoise passa un harnais au cheval pour plus de sécurité. Elle saisit la bride et prit le chemin de la rivière. Pour ce faire elle devait traverser la route principale et emprunter un sentier solitaire utilisé seulement par quelques familiers. La collation préparée par sa mère dans une main, la bride de Joli Coeur dans l'autre, Françoise se sentait libre.

En plein bois, le printemps éclatait dans toute sa jeunesse.

- Respire, murmurait tout bas Françoise, respire la vie, Joli Coeur...

Pour toute réponse, Joli Coeur remuait les oreilles, agitait la queue chassant les moustiques.

Pour Françoise, ce chemin, c'était toute son enfance encore si proche et déjà si lointaine. Si proches, les courses folles, les escalades, les cachettes dans le sous-bois; si présents tous les jeux qu'Éric et elle inventaient alors que Caroline essayait de les rejoindre... Si lointaine parce que l'adolescence a tôt fait de sécher l'enfance, comme s'il s'agissait d'une tache malencontreuse sur un papier neuf; si lointaine parce

qu'il faut oublier l'enfant que l'on a été pour l'adulte que l'on n'est pas encore.

- Le sous-bois en automne, Joli Coeur...

Françoise s'arrêta, prise par le souvenir des promenades effectuées dans cet îlot de tranquillité. Elle revoyait surtout Alice, tellement en accord avec le décor automnal, chevelure de feu sous un soleil déjà distant, feuille rousse parmi d'autres feuilles rousses.

Avant même d'apercevoir la rivière, Françoise en avait deviné la présence : le bruit familier de l'eau qui coule sur les roches, son rire en cascade trahissaient sa présence.

- Sens, Joli Coeur, tu peux sentir la rivière.

Elle humait l'air qui lui semblait être demeuré intact. Moins imposante que le lac Saint-Jean non loin de là, la rivière séduisait l'adolescente. Elle lui semblait plus sereine, moins ambitieuse : elle n'avait ni fleuve ni océan à rejoindre. Elle serait rivière, encore et toujours. Bien avant les hommes, son chemin paisible existait; bien après les hommes, elle suivrait encore son trajet sinueux.

Joli Coeur ploya l'échine, voulut boire et se ravisa. L'eau froide en cette saison l'avait surpris.

- Voyons, Joli Coeur, ne fais pas le peureux.

Françoise l'encourageait d'une caresse. Le cheval y alla, mais cette fois avec d'infinies précautions.

Elle sortit de son sac en bandoulière un vieux roman qui datait de la jeunesse d'Alice. Avec joie, elle retrouvait cette histoire relue des dizaines de fois; parce que ce volume usé, écorné lui parlait de la jeunesse de sa mère, de ses goûts passés, elle l'affectionnait particulièrement. Elle s'installa confortablement, jeta un regard à Joli Coeur qui broutait l'herbe tendre et sauvage de ce pré inexploré, et parut satisfaite.

Midi était passé, lorsque Françoise sortit de son sommeil; le livre avait glissé sur l'herbe. Elle le ramassa, enleva la terre qui y avait adhéré et, avec d'infinies précautions, le glissa dans son sac. Elle releva la tête, admira, une fois de plus, le paysage.

Elle dînerait là, personne ne devait l'attendre; on avait l'habitude des samedis où elle se retirait seule. Joli Coeur s'était légèrement éloigné. Il cherchait une nourriture toujours plus délectable. Cette gourmandise rassura Françoise.

Elle venait à peine d'ouvrir son sac, de détailler ce qu'Alice lui avait préparé, lorsqu'un pas venant du sentier l'arrêta. Françoise ne rencontrait à peu près personne ici : le sentier broussailleux et abrupt rebutait tout le monde. On préférait les rives du lac Saint-Jean aux plages plus accessibles à cette rivière sauvage et accidentée.

Les pas s'approchaient. Françoise se leva, sur la défensive. Craintive et droite, elle attendait. Du détour du sentier, une petite silhouette apparut, elle se calma et soupira d'aise.

Le garçonnet s'arrêta, dévisagea Françoise, voulut rebrousser chemin, puis se ravisa. Sans un mot il regardait l'adolescente, la toisant d'un regard où se lisait l'inquiétude.

Françoise, en une seconde, avait détaillé le garçonnet : il pouvait avoir une dizaine d'années, peut-être plus; chétif, il était difficile de lui donner un âge précis. Sa chevelure blonde comme les blés lui couvrait le front et retombait en mèches folles, sur son cou. Des yeux indéfinissables, qui n'étaient ni bleus ni verts. À la fois le ciel et la mer. C'était ce qu'il y avait de plus fascinant en lui. Ce regard d'eau profonde.

- Bonjour, dit Françoise, la première.

Il parut hésiter encore, puis avança. Du pied, il poussait une roche, le regard au loin. Rien n'avait encore été dit, lorsque Joli Coeur s'approcha du garçon. Françoise ne l'avait jamais vu s'approcher spontanément d'un inconnu; jamais encore il n'avait flairé ainsi quelqu'un, puis en toute quiétude lui mendier une caresse.

Elle ressentit un pincement au coeur; le même qu'avait dû connaître Edgar lorsque Joli Coeur avait ignoré sa présence bourrue pour lui préférer la tendresse secrète de l'adolescente.

Le garçon reçut ce geste d'amitié comme allant de soi.

- Il est à toi? demanda-t-il de sa voix claire.

- Oui, dit Françoise spontanément, il est à moi.

Elle flattait Joli Coeur, puis ajouta :

- Il est à la famille, mais c'est moi qu'il aime.

Le garçonnet caressait maintenant le cheval.

- Tu allais manger, dit-il en désignant les provisions.

Françoise acquiesça. Elle quitta l'enfant, alla s'asseoir. Elle ouvrit chaque emballage, sourit: Alice avait glissé, à l'intention de Joli Coeur, quelques morceaux de sucre.

Le garçon la regardait, gourmand.

- Tu peux venir, tu sais, il y en a amplement pour deux.

Sa première réticence passée, il ne se fit pas prier. Il s'installa tout près de Françoise et d'un bel appétit avala tout ce qu'elle lui donnait. Françoise se privait pour qu'il reste quelque chose pour Joli Coeur : ce convive imprévu mangeait à belles dents la part de l'animal.

- Il est beau ton cheval, dit-il la bouche pleine.

- Tu connais les chevaux? demanda Françoise.

Il hocha la tête.

- Un peu, comme ça... mais je les aime, dit-il avec un accent de sincérité.

- Ils le savent, répondit Françoise.

Elle n'en voulait pas à Joli Coeur d'aimer ce petit inconnu fragile; elle-même se sentait attirée par cet enfant confiant qui partageait son amitié pour les chevaux.

- Comment t'appelles-tu? lança Françoise soudain curieuse.

- Paul-Étienne, dit-il seulement.

- Moi, c'est Françoise Gingras, j'habite la ferme blanche sur la grand-route...

- Quel âge as-tu?

- Dix ans, dit-il seulement.

- Tu habites le coin?

- Mes parents ont acheté la ferme des Gauthier...

- C'est vrai? Comme ça on est presque voisins. On va se revoir... dit-elle spontanément.

Paul-Étienne avalait une dernière bouchée.

- Oui, toi et Joli Coeur.

Il avait entendu Françoise nommer son cheval et ce nom lui avait plu; il le disait avec affection, heureux de le connaître.

Françoise souriait satisfaite. Paul-Étienne se leva, alla vers le cheval.

- On lui donne son sucre?

- Pas avant manger, voyons... pour quelqu'un qui connaît les chevaux...

Pendant quelque temps encore Paul-Étienne et Françoise bavardèrent. Leur conversation tournait autour de Joli Coeur. Puis le garçon scruta le ciel, demanda l'heure.

- Il faut que j'aille voir si mes parents n'ont pas besoin de moi.

Il se leva.

- Vous restez? demanda-t-il en désignant Joli Coeur et Françoise.

- Non, il est fatigué... mais on part juste tantôt.

Paul-Étienne se dirigeait vers le sentier.

- Merci pour le repas. Je pourrai aller voir Joli Coeur de temps en temps?

Anxieux, il attendait une réponse.

- Quand tu voudras, dit Françoise.

- C'est maman qui va être contente, quand je vais lui dire ça, dit Paul-Étienne.

- Tu vas prendre l'autobus?

- La semaine prochaine... Il faut que je parte.

D'un geste de la main il les salua. Son sourire était radieux. Il prit le pas de course, en quelques instants, il avait disparu.

- Tu parles d'un ami, dit Françoise ravie.

Joli Coeur avait regardé partir Paul-Étienne. Il guettait le sentier, attendant encore le garçonnet. Françoise n'était pas jalouse de cette amitié. Sa tendresse pour le vieux cheval était grande; elle pouvait la partager.


SUITE (chapitre 5)