Les partis d'opposition ont décidé
de bouleverser les affaires de l'État. Ce n'est pas nous
qui l'avons décidé; ce que nous voulions, c'était
vous servir en gouvernant le pays.
Mais la décision a été
rendue par les libéraux et le NPD. Naturellement, je me
dois de l'accepter. Je vais me rendre chez le gouverneur général
demain matin.
Il y a à peine six mois, les
Canadiens ont changé de gouvernement parce qu'ils voulaient
changer l'orientation de notre pays. Par leur geste ce soir, les
partis de l'opposition disent qu'ils rejettent la décision
des Canadiens.
Le budget présenté
mardi soir par le ministre des Finances et rejeté ce soir
par les libéraux et le NPD reflétait la décision
des Canadiens. Il offrait un changement fondamental dans l'orientation
tant de la politique économique que de la politique énergétique
du Canada.
Les Canadiens sont tous au courant
du fouillis économique dont nous avons hérité
du déficit budgétaire le plus élevé
de notre histoire et du pire déficit au chapitre des échanges
internationaux parmi les nations occidentales. Le budget s'attaquait
précisément et honnêtement à ces problèmes.
La litanie des déficits très élevés
engendrés par le gouvernement Trudeau a mené à
des taux d'inflation et de chômage plus élevés.
Notre budget visait à réduire le déficit
afin d'abaisser les taux d'intérêt, libérer
des fonds pour que le secteur privé puisse créer des emplois
et mettre fin à la croyance que le gouvernement national
pouvait continuellement dépenser plus d'argent sans une
augmentation de ses revenus.
Notre budget offrait de nouveaux
avantages fiscaux importants pour les Canadiens à revenu
modeste et moyen, aux épouses qui travaillent, aux agriculteurs,
aux pêcheurs, aux petites entreprises et aux régions
moins développées de notre pays. Il est maintenant
évident qu'il n'est plus possible de donner à ce
avantages force de loi. Il n'est pas non plus possible de permettre
aux trois millions et demi de ménages canadiens qui possèdent
des maisons et aux milliers d'autres Canadiens qui voudraient
être propriétaires de pouvoir bénéficier
de notre déduction pour l'intérêt hypothécaire
et l'impôt foncier.
Nous avons hérité d'une
situation énergétique en vertu de laquelle de plus
en plus de Canadiens dépendaient de plus en plus du pétrole
provenant des sources étrangères pour alimenter
leur automobile et chauffer leur maison. Et ça, dans un
pays dont le potentiel énergétique est pratiquement
le plus enviable du monde. Nous avions la ferme intention de changer
cette situation en offrant, pour la première fois, une
politique énergétique nationale globale pour le
Canada. Notre but était de faire du Canada un pays auto-suffisant
en énergie au cours de la prochaine décennie
pour assurer que d'ici dix ans, chaque Canadien pourra se fier
à des ressources canadiennes pour satisfaire ses besoins
en énergie. Cette politique est la bonne; les Canadiens
n'ont qu'à regarder la télévision tous les
soirs pour voir jusqu'à quel point il est dangereux et
imprudent de se fier aux sources de pétrole étrangères
sur lesquelles nous n'avons aucun contrôle. Notre effort
en vue de concrétiser cette politique essentielle pour
le Canada est maintenant bloqué pour des raisons partisanes.
I1 en va de même dans le cas
de notre effort pour renouveler notre régime fédéral.
Depuis que nous formons le gouvernement, nous avons posé
des gestes concrets pour montrer aux Québécois,
et de fait à tous les Canadiens, qu'il existe un choix
véritable entre le status quo qui est inacceptable et les
options inacceptables comme la souveraineté-association.
A cause du geste posé ce soir par les libéraux et
les néo-démocrates, nous n'avons pas le choix, nous
devons annuler la conférence des premiers ministres de
la semaine prochaine, la conférence nationale du mois prochain
concernant le développement économique et d'autres
projets que nous avions fait afin de montrer qu'il y a mieux que
le fédéralisme "à coup de menaces".
Mes collègues et moi souhaitions
vraiment que ce trente-et-unième Parlement serve les Canadiens.
Un des premiers gestes que nous avons posé était
de présenter d'autres propositions en vue d'une réforme
parlementaire, y compris un projet de loi sur l'accès à
l'information, de sorte que les députés de tous
les partis de la Chambre puissent mieux vous servir.
Malheureusement, dès le premier
jour, les partis d'opposition se sont montrés nullement
intéressés à faire fonctionner le Parlement.
En fait, il se sont systématiquement opposés à
la bonne marche des travaux. Aujourd'hui, ils les ont complètement
interrompus.
Les partis d'opposition refusent
de permettre à ce Parlement minoritaire de fonctionner.
J'ai toujours la ferme intention de remplir le mandat que les
Canadiens nous ont donné en mai dernier. Je veux consacrer
mes énergies à gouverner le Canada.