J'ai eu l'occasion de défendre des criminels et d'en poursuivre ;
je n'ai jamais refusé de faire mon devoir d'avocat, de
prendre la cause d'un homme qui s'adressait à moi, si désespérée
que fut cette cause, et alors, je m'efforçais de dire en
faveur de cet homme ce qu'il aurait pu lui-même dire honnêtement
pour lui ; mais il m'est arrivé quelquefois de refuser
avec dédain l'argent d'un scélérat bruyant,
prêt à dire du mal de tout le monde et qui est lui-même
pire que tous ceux qu'il dénonce. Je doute fort que les
partisans de l'honorable député aient écouté
son discours avec autant de satisfaction que moi ; je doute
qu'ils aient apprécié le tact avec lequel l'honorable
député a choisi son heure. Ils doivent se dire
que l'honorable député aurait pu prononcer ce discours
à une époque moins avancée de la session,
au lieu d'attendre la dernière heure pour l'infliger à
la chambre. Je crois qu'ils auront raison de se redire, ce soir,
avec tristesse, que c'est grâce à la personne de
l'honorable député, à la vigueur de sa parole,
à sa puissance d'invective et sa critique rigoureuse de
la conduite du gouvernement que leurs rangs ont été
décimés de 50 pour 100 depuis la dernière
session. Ils vont songer cette nuit que tous les comtés
où l'honorable député a porté la parole
ont voté contre son parti ; bien plus, que, dans chaque
ville, village, ou bourg, où l'honorable député
est allé porter la parole, les électeurs ont voté
en masse contre son parti ; ils se diront aussi que le jour
que l'honorable député a choisi pour faire son grand
discours, aujourd'hui, eux célébraient une défaite,
la perte d'un comté situé si près d'ici,
que ma voix peut presque s'y faire entendre.
Si je ne puis trouver chez les partisans de l'honorable député
autant de reconnaissance que j'en ai pour lui, je puis, au moins,
leur dire combien la mienne est grande. L'honorable député
pense qu'il m'a fait de la peine, qu'il m'a attaqué et
que cela me donne du ressentiment contre lui ; il n'en est
rien ; au contraire, en ma qualité de membre du parti
libéral-conservateur, je lui dois une dette de reconnaissance
si grande que, s'il le fallait, je serais disposé à
demander au parlement de voter un octroi pour que l'honorable
député puisse continuer à consacrer ses services
au parti dont il n'est pas le chef, qui ne veut pas de lui comme
chef et qui consent à peine à le tolérer
dans ses rangs.
Je sais, M. l'Orateur, que l'honorable député ne s'est pas rendu justice, quand il dit qu'il avait devant lui une tâche désagréable. Mais, M. l'Orateur, l'honorable député ressent chaque jour un besoin de dire du mal de son pays plus grand que celui de prendre sa nourriture. Si énergique que soit le langage de l'honorable député, si désolantes que soient ses prophéties touchant l'avenir de ce pays, si alarmantes qu'elles puissent être pour les personnes nerveuses, si elles ne les avaient pas entendues répéter tant de fois, comme nous, je puis dire à l'honorable député que ses discours touchant l'avenir du Canada, au sujet de ceux qui se demandent sur la rue combien de temps ce pays doit-il encore durer et de ceux qui conseillent au peuple de se soulever contre l'autorité ne font pas l'effet qu'il pense, et que nous, pour notre part, nous croyons que la majorité des habitants de ce pays n'éprouvent ni crainte, ni alarme. Ils ont confiance dans la situation que le Canada a su conquérir, en dépit de l'honorable député d'Oxford-sud ; ils marchent avec confiance dans le sentier qu'ils ont choisi et ils ne s'alarment pas, même en entendant les menaces d'un homme public important qui conseille la résistance, en déclarant que son pays est perdu ; c'est qu'ils savent que quand l'honorable député parle de résistance, de la chute de son pays et de tous ces épouvantails, tout son courage réside dans sa langue et que la devise qui reluit sur son écusson est : " beaucoup de paroles, peu d'action. "
M. l'Orateur, l'honorable député a fait à mon sujet une allusion, dont je veux parler pendant que je l'ai à la mémoire. Après s'être adressé à son parti et l'avoir accusé de tous les crimes politiques imaginables et d'un grand nombre de crimes dans l'ordre moral ; après avoir dit à ses amis qu'ils ont corrompu, avec de l'argent volé, un certain nombre de comtés de ce pays d'une manière si scandaleuse qu'on ne peut guère considérer cette chambre comme un corps vraiment représentatif, l'honorable député se lance dans une attaque contre les juges de ce pays. Je ne doute pas que l'honorable député n'ait de bonnes raisons pour ne pas aimer les juges. Il n'aime pas les juges plus que le criminel aime le fouet qui lui déchire les épaules. Les juges ont découvert que l'honorable député et son parti, qui ne parlent que de vertu, étaient coupables de tous les crimes dégradants qui sont punis par la loi des élections comme fraudes ; ils ont fait perdre leurs sièges à plus de 30 de ses amis politiques ; les électeurs de sa propre province et de la province de Québec, dans 16 comtés, en ont profité pour voter dans un autre sens que la première fois et pour déclarer qu'ils se repentaient d'avoir donné leur appui à l'honorable député il y a deux ans.
Mais l'honorable député n'est pas content de chercher
noise aux juges ; il m'en veut à moi aussi ;
il déclare que les juges ne sont pas des gens capables
de présider aux procès, parce qu'ils ne sont pas
impartiaux. Il n'y a que l'honorable député à
qui on devrait confier le soin de présider à un
procès, c'est lui le seul juge qui puisse présider
au procès politique d'un de ses adversaires. Il est si
pur, lui, si au-dessus de tout reproche, il est si bien connu
en dehors de sa propre province, avantage que n'ont pas les malheureux
juges qui ont été choisis pour conduire cette enquête,
qu'il n'y a que lui, parmi ceux qui ont été faits
dans le même moule que lui - moule que la nature a, grâce
à Dieu, brisé en le coulant - qui soit digne de
présider un procès dans ce pays, qu'il s'agisse
d'une affaire civile, ou d'une affaire politique.
Où en sommes-nous donc si, pour avoir chargé des
juges de faire cette enquête, ce parlement mérite
qu'on lui reproche d'avoir confié cette tâche aux
hommes les moins capables de l'accomplir, à des hommes
indignes de leur situation, qui ne connaissent pas la loi et qui
n'ont été nommés juges que parce qu'ils étaient
des partisans fidèles ? Je n'ai pas étudié
les circonstances dans lesquelles ont été nommés
les juges qui doivent leur situation à l'honorable député ;
il se peut qu'il ait raison de parler comme il le fait de quelques-uns
d'entre eux. Mais, au nom du parti auquel j'appartiens, je déclare
formellement que les accusations portées par l'honorable
député contre les juges nommés par notre
parti, sont contraires à la vérité et honteuses ;
je n'ai qu'à demander à tous ceux qui m'écoutent
en ce moment si, par-dessus tout, le défunt chef du parti
libéral-conservateur n'a pas mérité le respect
de tout le monde, à cause des soins scrupuleux avec lesquels
il a toujours choisi ceux à qui il voulait confier les
fonctions de juges en ce pays.
Mais, comme je l'ai dit tout à l'heure, l'honorable député
a voulu m'entraîner dans sa querelle avec les juges, la
querelle d'un condamné contre le tribunal qui a prononcé
sa sentence. Tout le monde sait que celui qui a été
trouvé coupable d'un crime honteux n'a que deux alternatives :
celle d'en appeler de la sentence du juge qui l'a condamné,
ou celle de maudire ce juge ; l'honorable député
a choisi la dernière alternative. Il me traîne dans
cette querelle pour le misérable plaisir de pouvoir insinuer
que j'ai acheté mon siège dans cette chambre, en
faisant monter sur le banc un député de cette chambre.
Cela est absolument faux, il n'y a pas dans cette accusation
une ombre de vérité. Je crois que bien peu de personnes
savent dans quelles circonstances j'ai été invité
par sir John Macdonald à accepter un portefeuille dans
son cabinet ; je n'aime pas à parler de ce qui me
concerne personnellement, je ne dirai pas grand chose à
ce sujet ; mais puisqu'on en a parlé en parlement
pour la première fois, je dois dire que lorsque j'ai été
invité à entrer dans le ministère, je n'ai
pas considéré qu'il était fort dans mon intérêt
d'accepter cette offre et que cela pouvait valoir la peine d'acheter
qui que ce soit pour me procurer un siège en chambre.
Je ne regrette pas ce que j'ai fait ; mais si j'avais suivi
ma propre inclination, je serais resté où j'étais
alors. Les fonctions de juge de comté qui ont été
données à un des partisans de l'honorable député
d'Oxford-sud (sir Richard Cartwright) avaient été
laissées vacantes par la mort du juge Campbell. L'élévation
à la magistrature de ce député a laissé
libre un comté dans lequel je me suis présenté ;
on m'avait dit, à moi et à d'autres, que ma présence
dans le ministère de la justice était désirable
et on avait ajouté que si je le désirais, j'aurais
l'occasion de me porter candidat dans le comté que j'avais
toujours représenté dans la législature provinciale,
vu qu'on offrirait probablement à M. McIsaac les fonctions
vacantes de juge de comté. M. McIsaac était d'un
grand bout le meilleur avocat de ce district. J'ai refusé
plus d'une fois l'offre qu'on me faisait. J'ai dit à maintes
reprises que, d'après ce que je connaissais du district
judiciaire en question, c'était M. McIsaac qu'on devait
nommer juge, s'il voulait accepter ces fonctions sans égards
à ma nomination de ministre. Ceux qui ont connu cet homme,
qui savent ce qu'il a fait dans le comté et de quelle manière
il s'est toujours acquitté de ses devoirs, diront que j'ai
eu raison de conseiller au gouvernement de le nommer juge. Si
réformistes qu'ils soient encore aujourd'hui, si grands
adversaires qu'ils soient encore aujourd'hui de mon parti politique,
ils ne sauront pas gré à l'ancien chef derrière
qui M. McIsaac avait son siège, d'avoir fait la désobligeante
insinuation que leur ancien collègue s'est vendu, m'a vendu
son siège en parlement pour un fauteuil de juge ;
même si cela était, ils seraient mécontents
de l'entendre répéter en chambre. Je crois que
si ce juge lui-même pouvait s'exprimer sur ce sujet, aujourd'hui,
il dirait qu'il était alors disposé à accepter
une place de juge, ou n'importe quelle autre place, parce qu'il
était las de siéger en arrière de l'honorable
député d'Oxford-sud.
M. l'Orateur, on nous dit que les institutions parlementaires de ce pays sont en danger, que cette chambre ne peut guère être considérée comme un corps représentatif, que la fraude et la corruption organisées se sont introduites jusque dans nos statuts, et que tout cela est approuvé par le gouvernement, par les partisans du gouvernement et la presse du même parti, qui garde le silence. Tout cela, parce qu'on prétend que nous avons refusé une enquête et que nous lui avons substitué un simulacre de procès.
J'ai trop d'estime pour la chambre pour lui demander si cela est
vrai, ou faux ; mais je demande à la chambre si elle
croit digne de siéger dans ces murs, un homme qui dénonce
comme un simulacre de procès une enquête qui doit
être faite par des juges les plus imminents du pays, avant
même que ces juges montent sur le banc pour commencer cette
enquête ? Je demande à la chambre si ces paroles
ne sont pas le digne pendant de la violence avec laquelle l'honorable
député a critiqué ces procédures,
depuis le commencement jusqu'à la fin ; je me trombe,
ce n'est pas seulement de la violence, c'est de la déloyauté
odieuse ; on ne saurait rien trouver de semblable dans l'histoire
de nos parlements.
L'honorable député a dénoncé l'accusé
comme coupable presque avant que cet accusé eût eu
le temps de faire entendre sa défense ; c'est aussi
que dès que la chambre a nommé deux juges pour faire
une enquête, qu'il déclare que tout périclite
dans le pays, que le gouvernement corrompt le pays au moyen de
lois frauduleuses et d'un système autorité de corruption,
que l'enquête que vont faire ces juges ne sera qu'un simulacre
de procès. M . l'Orateur, je n'ai plus qu'un mot
à dire sur ce sujet. Je ne sais pas si l'honorable député
d'Oxford-sud connaît ou ne connaît pas ces deux juges ;
mais je sais qu'ils sont bien connus dans leur propre province
et que tous ceux qui les connaissent sauront ce qu'on doit penser
du langage de l'honorable député, si on doit considérer
comme loyale, l'imputation qu'un procès présidé
par ces deux juges ne peut être qu'un simulacre de procès,
ou si on doit la considérer comme une accusation fausse,
vide, malicieuse.
Est-il vrai que nous avons supprimé l'accusation qui avait
d'abord été faite ? N'est-ce pas une honte
de répéter une chose comme celle-là ?
À maintes reprises, j'ai démontré à
la chambre - ce qui n'était pas nécessaire pour
la grande majorité des députés, ce qui était
inutile pour l'honorable député d'Oxford-sud, que
nous n'avons pas supprimé l'accusation ; mais que
nous avons seulement refusé de laisser faire un grand nombre
de procès d'élections, parmi lesquels un grand nombre
avaient déjà été faits devant les
tribunaux. Mais tout ce qui est de nature à rattacher
un membre de ce parlement, ou un membre de ce gouvernement, à
ces accusations de corruption électorale, reste dans l'acte
d'accusation. L'acte d'accusation est là et l'enquête
sera faite, si l'honorable député d'Oxford-sud (sir
Richard Cartwright) a le courage de se présenter pour prouver
ces accusations, s'il ne ment pas tout simplement, quand il dit
à la chambre que ces accusations peuvent être prouvées.
Des deux choses, l'une. M. l'Orateur, avons-nous refusé
une enquête ? Avons-nous supprimé les accusations ?
L'acte d'accusation est tel que l'a rédigé l'honorable
député d'Ontario-ouest (M. Edgar), tel que l'a proclamé
lui-même l'honorable député d'Oxford-sud (sir
Richard Cartwright) ; nous l'avons changé que pour
agir en conformité avec le langage violent dont l'honorable
député d'Oxford-sud s'est servi pour le commenter.
Si ces accusations ne sont pas prouvées, l'honorable député
aura sur le front le nom qu'il mérite d'avoir. M. l'Orateur,
nous n'avons pas hésité à mettre dans plusieurs
passages de l'acte d'accusation que le ministre des postes est
accusé de conspiration pour obtenir de l'argent du public
des compagnies de chemin de fer, pour obtenir de l'argent de ces
compagnies dans le but de corrompre les électeurs - bien
que ce dernier détail soit de nulle conséquence
pour lui ; car il sera déclaré coupable, s'il
est prouvé qu'il a conspiré de la manière
précitée, quel que soit l'usage qu'il a fait de
l'argent que cette conspiration a pu lui rapporter.
Mais nous avons eu soin d'ajouter qu'il a employé cet argent
pour des fins électorales, afin de donner aux honorables
députés l'occasion de prouver d'une manière
aussi parfaite que possible, que les accusations contre le ministre
des postes sont aussi complètes et aussi précises
qu'elles l'étaient le jour où elles ont été
formulées par l'honorable député d'Ontario
(M. Edgar). Nous avons retranché de l'acte d'accusation
une accusation générale que d'autres personnes intéressées
dans ces subventions peuvent avoir fourni les sommes d'argent
dont il s'agit, et l'autre accusation générale que
cet argent a été dépensé dans 24 ou
25 comtés, et dans quelques-uns de ces comtés, à
l'occasion de trois ou quatre élections différentes.
Les accusations contre le gouvernement et contre le ministre
des postes en particulier sont aussi claires, aussi justes, aussi
précises, aussi faciles à prouver que le jour où
elles ont été formulées pour la première
fois.
L'honorable député d'Oxford-sud (sir Richard Cartwright)
me défie de prouver qu'elles ne sont pas vagues maintenant.
Elles ne sont plus vagues, grâce à l'honorable député
qui les a formulées, grâce à l'honorable député
de Bothwell, qui les a appuyées d'un discours, grâce
à l'honorable député d'Oxford-sud, qui s'est
efforcé de nous convaincre qu'elles sont vraies au moyen
d'invectives dont il se repent maintenant, parce qu'il ne peut
pas prouver la vérité de ses accusations.
On a donné à ces accusations une forme précise
et spécifique. Le ministre des postes n'a pas peur de
les affronter ; mais il y a trois hommes qui ont peur de
le faire ; car il se retranchent derrière des prétextes
de privilèges pour ne pas comparaître devant la commission.
Ces trois hommes sont le député d'Ontario (M. Edgar),
le député de Bothwell (M. Mills), et le député
d'Oxford-sud (sir Richard Cartwright). L'honorable député
d'Oxford-sud dit que ces commissaires sont des hommes choisis
par le ministre des postes lui-même. Il est impossible
de faire insérer dans les Débats une chose plus
contraire à la vérité ; en effet, ils
ont été nommés par cette chambre et la chambre
a déclaré d'une façon virtuellement unanime
qu'ils ont les qualités requises pour faire cette enquête.
L'opposition n'a pas voulu se commettre sur la question de principe,
quand il s'est agi de nommer des commissaires ; tous les
membres de cette chambre savent que l'opposition n'a fait que
suivre sa ligne de conduite ordinaire en se disant : " Lorsque
la chambre aura nommé des commissaires, nous trouverons
bien quelque chose, au sujet des connaissances, de la compétence,
ou du tempérament de ces commissaires pour critiquer le
choix du gouvernement. " Ces commissaires sont-ils
des êtres méprisables comme ceux que l'honorable
député d'Oxford-sud nous a peints, lorsqu'il a parlé
des juges de tout le pays, sont-ils des partisans politiques,
des esclaves d'un parti, sont-ils des hommes qui ne connaissent
pas la loi, sont-ils des hommes capables de se montrer partiaux ?
C'est ce que nous avons demandé à tous les membres
de cette chambre.
L'honorable député a eu l'occasion de le dire ;
il était obligé de le dire, bien qu'il fût
d'avis qu'on ne devait pas confier cette enquête à
une commission. Les honorables députés de la gauche
n'ont pas osé dire que ces deux juges n'étaient
pas dignes de présider cette enquête et, malgré
ce qu'en a dit l'honorable député d'Oxford-sud,
je déclare que la chambre a proclamé, sans une voix
dissidente, que ces messieurs possédaient les qualités
nécessaires chez des commissaires de ce genre, et cela,
après que les députés eussent mis au défi
de dire le contraire, ce que j'ai fait, moi-même, de mon
siège. L'honorable député d'Oxford-sud parle
de la série de documents qui ont été publiés
dans son organe reptilien, dans on organe de Toronto, et il dit
que nous devons beaucoup de reconnaissance à ce journal
d'avoir fait de telles révélations. Nous devons
aussi beaucoup de reconnaissance à l'honorable député,
comme je l'ai dit au commencement de mon discours. L'honorable
député ajoute qu'on n'a jamais entendu parler d'une
série de documents comme celle-là, concernant la
corruption électorale dans le pays. L'honorable député
a la mémoire ingrate. Il y a quelques chose qu'il a oublié ;
qu'il prenne, dans les comtés dont il est maintenant question,
excepté Trois-Rivières, au sujet duquel les accusations
sont très vagues, celui dans lequel on a dépensé
la plus grosse somme d'argent, et il verra qu'il a oublié
quelque chose, qu'il a oublié que dans un comté
qui n'est pas à cent milles d'ici, son parti a dépensé,
en 1887, pour une élection, neuf fois plus que ce qu'il
accuse ses adversaires d'avoir dépensé dans chaque
comté. La vertu de l'honorable député n'était
pas si farouche alors.