Je crois en mon pays. J'honore son
passé et j'ai confiance en son avenir. Je rejette l'avis
des hommes de peu de foi et d'esprit étroit qui, par leur
pessimisme devant notre avenir, diminuent notre présent
et trahissent notre passé.
Il n'est pas de pays au monde qui
soit, avec tant de raison, envié autant que le Canada.
Aucun pays n'est appelé à une plus grande destinée,
si c'est notre désir que sa destinée soit grande.
D'autres pays seraient bien heureux s'ils possédaient,
non seulement la réalité de notre présent,
mais aussi la promesse de notre avenir.
Rien ne peut nous empêcher
de devenir l'un des grands pays du monde, sauf:
Cette responsabilité est la
nôtre seule et n'appartient à nul autre.
Toutefois, le Canada ne réalisera
pas sa destinée si nous ne comprenons pas la nature de
notre pays: ses origines, son histoire, ses problèmes,
les possibilités qu'il offre.
Je disais ici même il y a un
an:
"Nous devons être prêts
à comprendre la vraie nature du Canada ainsi que les forces
qui s'opposent à cette nature; à reconnaître
le péril des graves divisions internes; à reconnaître
également la concurrence et les défis qui font partie
de la communauté mondiale changeante ainsi que la concurrence
dans les marchés mondiaux; à nous rendre compte
de ce que la force nationale peut nous apporter grâce à
l'unité et de la faiblesse qui résulterait de la
division et des dissensions".
Du point de vue géographique,
notre pays est assez grand pour nous satisfaire mais, du point
de vue économique et démographique, il ne forme
qu'un long ruban étroit le long de notre frontière
avec les États-Unis.
Nous devons donc élargir ce
ruban en poussant le développement vers le Nord et en faisant
venir les hommes et les capitaux qui rendront cette poussée
facile. Cependant, pour l'essentiel, ce doit être un développement
canadien sous la maîtrise des Canadiens. Il ne faut pas
permettre que l'insistance sur le nationalisme canadien relègue
au second plan la nécessité de cultiver les meilleures
relations possibles avec d'autres pays, tout particulièrement
les États-Unis et nos deux mères-patries, la Grande-Bretagne
et la France.
Aucun pays n'est plus que le Canada
tributaire d'autres pays pour sa prospérité. Cette
leçon est évidente. On ne mord pas la main dans
laquelle on mange.
Nous devons comprendre la structure
constitutionnelle et raciale de notre pays et les répercussions
de cette structure sur notre évolution politique. Le Canada
est une fédération de provinces basée sur
deux peuples fondateurs, de langue anglaise et de langue française,
qui est devenue par la suite une société multi-raciale.
L'unité nationale du Canada,
unité essentielle, repose sur la reconnaissance et l'acceptation
de ce dualisme de nos origines et de cette diversité de
notre développement. Il ne faut pas permettre que ce dualisme
nous affaiblisse ou nous détruise. Il peut servir à
renforcer notre nation.
Le Canada est une entité politique
souveraine et doit le demeurer. En ce sens, le Canada constitue
une nation et doit le demeurer. Qu'il n'y ait pas de malentendu
à ce sujet. Cependant, il existe, au sein de cette entité,
un secteur de langue française qui, des points de vue social,
culturel et historique, est de la nature d'une communauté
nationale dont le coeur et le centre se trouvent dans la province
de Québec.
C'est une réalité qu'il
faut admettre. De même faut-il admettre la réalité
de l'unité nationale, sur le plan politique et aux yeux
du monde entier. Maintenir une telle unité devrait être
l'objectif primordial des gouvernements et de la population du
Canada.
L'unité nationale ne suppose
pas la subordination, sous quelque forme que ce soit, des droits
des provinces ou l'aliénation de l'autorité des
provinces. Elle exige, cependant, un gouvernement central qui
soit assez fort pour servir l'ensemble du Canada et la réalisation
complète de l'unité nationale exige une identité
canadienne forte marquée de l 'esprit national et de la
fierté nationale qui la soutiendront et la raffermiront.
Le gouvernement fédéral
et les gouvernements des provinces doivent employer tous les moyens
dont ils disposent pour raffermir l'unité nationale. Ils
doivent, de façon particulière, s 'attacher à
favoriser et intensifier parmi tous les citoyens, en leur qualité
d'individus et de membres d'associations et de communautés
la compréhension et l'appui des principes sur lesquels
se fonde la confédération canadienne.
Tous les Canadiens doivent appuyer
de façon positive, - c'est là une responsabilité
individuelle,- les programmes destinés à favoriser
la confiance nationale, l'identité nationale, l'unité
nationale et les objectifs nationaux, programmes qui conserveront
forte notre union, saine et efficace notre fédération
et notre pays, aux yeux du monde entier.