Je suis honoré de votre invitation
et c'est avec grand plaisir que je l'ai acceptée.
Je tiens à souligner dès
le départ qu'en qualité de Premier ministre du Canada,
j'accorde la plus haute priorité à l'établissement
de bonnes relations entre mon pays et le vôtre.
Le président Kennedy a un
jour décrit ainsi la relation entre le Canada et les États-Unis:
"La géographie a fait de nous des voisins; l'histoire,
des amis; l'économie, des partenaires; et la nécessité,
des alliés".
Mon gouvernement vient tout juste
d'engager le pays dans une nouvelle direction qui, à mon
avis, insufflera aux Canadiens un nouveau sentiment d'identité
nationale, permettra de nouveau au Canada de jouer un rôle
dynamique au sein de la collectivité internationale et
remettra fermement son économie sur la voie de la relance.
Ce soir, j'aimerais vous entretenir
de cette nouvelle orientation et vous faire part de nos buts et
de nos espoirs au Canada.
J'ai la conviction que l'objectif
fondamental auquel nous devons viser en tant qu'amis et partenaires
est d'améliorer et de renforcer les avantages mutuels qui
découlent de nos relations.
Pour y arriver, nous devons réduire
au minimum les conflits, éliminer les sources de friction
inutiles et entretenir des liens sains et vigoureux fondés
sur la compréhension mutuelle, des échanges de vues
constants et ouverts et le respect de nos besoins et intérêts
respectifs.
En 1983, lors du congrès national
où j'ai été élu chef de mon parti,
et au cours de la campagne qui l'a précédé,
je me suis engagé à rétablir cette relation
spéciale de confiance avec les États-Unis et tous
nos alliés.
J'ai aussi réaffirmé
à maintes reprises, pendant la dernière campagne
électorale, mon intention de restaurer l'harmonie et la
coopération avec les États-Unis.
Le mois dernier, à la reprise
des travaux du Parlement, le Gouverneur général
soulignait dans le discours du trône l'importance de cette
relation pour la sécurité et la prospérité
du Canada et précisait qu'elle se fonde sur les valeurs
que partagent nos deux peuples et sur cette grande confiance qui
règne entre eux.
Aux yeux de certains Canadiens, pareilles
déclarations sont des marques de servilité. De simples
gestes d'amitié sont tournés en ridicule parce qu'ils
sont automatiquement associés à une perte de souveraineté.
Mais sachez que dans l'ensemble, les canadiens ne sont pas impressionnés
par ce genre de réaction.
Les déclarations de mon gouvernement
à cet égard ont reçu l'appui général
de la population du Canada qui, avec force et maturité,
a fait savoir qu'elle tenait à l'existence d'une relation
privilégiée entre le Canada et les États-Unis,
comme cela convient entre des amis véritables et des alliés
sûrs.
Notre objectif est noble et la voie
à suivre toute tracée: deux démocraties souveraines
qui partagent le même continent ont beaucoup à retirer
l'une de l'autre et plus encore, ont beaucoup en commun qui servira
à favoriser la cause d'une paix durable dans le monde.
Étant donné l'immensité
des États-Unis et leur influence considérable, il
importe que le gouvernement du Canada se montre toujours vigilant
afin de protéger son intégrité et ses intérêts.
Mon gouvernement veillera à
enrichir la souveraineté et l'indépendance du Canada
en tout temps et en toutes circonstances. Il le fera avec fermeté
et résolution mais sans malveillance car
il est convaincu qu'un Canada fort peut mieux contribuer à
promouvoir l'équité dans le monde.
Au cours des deux excellents entretiens
que j'ai eus avec lui, le Président Reagan s'est montré
très chaleureux à l'endroit du Canada et a fait
preuve d'une grande compréhension de nos problèmes.
I1 a souligné avec justesse
les avantages énormes que nos deux pays peuvent tirer d'une
solide association, et il a déclaré que son administration
s'engageait à résoudre bon nombre des différends
qui perturbent nos relations.
Beaucoup de citoyens américains
connaissent les similitudes entre nos deux pays: un patrimoine
commun fondé sur la liberté individuelle, les mêmes
valeurs démocratiques de liberté et de justice;
des multiples liens commerciaux; et le partage d'un immense continent,
séparé par une frontière ouverte et non défendue.
Aujourd'hui, la meilleure mesure
de notre relation est l'ampleur de nos échanges commerciaux
en matière d'investissement, de commerce, d'échanges
technologiques.
Après tout, le Canada représente
presque le cinquième de votre marché d'exportation.
Il est le principal partenaire commercial des États-Unis,
et les États-Unis constituent le plus important marché
pour les biens, services et investissements canadiens.
En 1983, la valeur totale des échanges
entre le Canada et les États-Unis a dépassé
90 milliards de dollars américains. Cela représente
au dessus de 27 milliards de dollars de plus que la valeur de
votre commerce avec le Japon.
En 1984, les échanges commerciaux
entre nos deux pays dépasseront probablement 110 milliards
de dollars U.S.
En fait, vos échanges commerciaux
avec le Canada en 1983 ont dépassé de presque 34
milliards de dollars américains ceux que vous avez eus
avec l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne.
Pour situer la question dans un contexte
différent, précisons que le Canada est le principal
partenaire commercial des États-Unis, et que le deuxième
n'est ni le Japon ni l'Allemagne, mais bien l 'Ontario, une province
du Canada.
Le rétablissement de bonnes
et solides relations entre nos deux pays constitue clairement
une priorité de premier plan.
Cette relation, qui couvre 170 années
de paix ininterrompue, un nombre incalculable de milliards de
dollars consacrés aux échanges commerciaux et aux
investissements bilatéraux, et des ententes réciproques
touchant une multitude de sujets, constitue aux yeux du monde
une preuve indéniable d'une relation dynamique et mutuellement
productive.
À tous ceux qui cherchent
la définition d'une association pacifique entre nations
à ceuxlà je dis ne cherchez pas plus
loin il est peu probable que vous trouviez ailleurs un
meilleur exemple que celui qu'offre le récit tout simple
de l'amitié et de la prospérité qui a marqué
l'évolution de nos deux pays.
Mais comment devons-nous administrer
nos affaires bilatérales ?
J'ai proposé plusieurs initiatives,
tant au Président Reagan qu'à ses collègues
du cabinet. La plus importante de celles-ci consiste en des rencontres
annuelles entre le Président des États-Unis et le
Premier ministre du Canada un processus déjà
bien engagé. Quant a moi, j'ai rendu visite au Président
Reagan peu après avoir été élu Premier
ministre. Je suis heureux d'annoncer ce soir que le Président
Reagan a accepté mon invitation d'effectuer une visite
de travail au Canada en mars 1985.
Deuxièmement, des réunions
régulières entre ministres détenant des portefeuilles
importants, qui se tiendraient alternativement aux États-Unis
et au Canada.
Troisièmement, nous souhaitons
la tenue plus fréquente de réunions bilatérales
entre représentants du Congrès et au Parlement afin
d'y aborder une plus grande gamme de sujets d'intérêt
commun, allant des importations d'acier aux pluies acides.
Quatrièmement, de nos gouvernements
provinciaux peuvent et devraient rencontrer plus fréquemment
leurs homologues des États voisins.
En outre, diverses propositions ont
été mises de l'avant en vue d'adopter des mécanismes
institutionnels qui permettraient de faire enquête sur les
différends bilatéraux, de les analyser et de les
résoudre, dans un cadre qui pourrait s'inspirer de la Commission
mixte internationale.
Ces initiatives méritent qu'on
s'y arrête. Mais cela ne veut pas dire que notre participation
aux affaires internationales se fera dans une perspective étroite
ou exclusive.
Au contraire, que ce soit en matière
de libéralisation du commerce, de défense, de désarmement
ou de développement international, nous attachons une grande
importance au rôle que nous pouvons jouer au sein d'institutions
multilatérales solides. Nous croyons que c'est par l'entremise
de ces institutions que nous pourrons le mieux exercer une influence
constructive sur la scène internationale
Le Canada a connu de profonds changements
au cours de la dernière décennie et ses citoyens
viennent de traverser une période difficile de leur histoire.
Mais aujourd'hui, la population canadienne a repris confiance
en elle-même en tant que collectivité.
Dans toutes les régions du
pays les citoyens sont persuadés que leur avenir dépend
de la mise en commun de leurs efforts. Ils se sont servis du pouvoir
de leurs votes pour exprimer leur ferme désir que cesse
le jeu des affrontements dans nos relations politiques internes.
Ils ont voté en faveur d'une nouvelle ère de conciliation
et de coopération.
Les Canadiens voulaient que soit
résolue l'impasse avec Terre-Neuve au sujet du pétrole
et du gaz au large de ses côtes. Celle-ci est en train de
se résoudre. Les Canadiens voulaient que l'Ouest ait voix
entière au chapitre, au sein de la Confédération.
Cette voix , il l'a maintenant.
Jeudi dernier, j'ai eu une réunion
importante avec le Premier ministre Levesque à Québec.
Au cours de la dernière élection, la population
du Québec a appuyé massivement notre programme de
réconciliation nationale et de renouveau économique.
Je puis vous dire qu'il y a une nouvelle attitude dans cette province.
La population québécoise veut s'assurer qu'elle
joue maintenant un rôle plein et entier et sans équivoque
dans les affaires du Canada.
J'aimerais vous dire quelques mots
sur l'état dans lequel nous avons trouvé les finances
du Canada au lendemain du scrutin du 4 septembre.
Nous avons constaté que le
déficit fédéral de l'année financière
en cours devait atteindre les 34,5 milliards de dollars. Nous
nous sommes rendu compte, de plus, que même en supposant
un taux de croissance raisonnable, le déficit annuel continuerait
d'osciller entre 34 et 38 milliards de dollars jusqu'à
la fin de la décennie, ce qui rendrait plus accablant encore
le fardeau de notre dette.
Permettez que je situe ces données
dans une autre perspective. En 1967, année du centenaire
du Canada, la répartition de l'endettement national représentait
4 000 dollars par famille. Dix-sept ans plus tard, ce montant
est passé à 24 000 dollars par famille et, d'ici
1990 - c'est-à-dire dans cinq ans a peine - si nous n'y
prenons garde, la dette publique représentera 54 000 dollars
en moyenne par famille.
Et nous avons hérité
aussi d'une économie qui avait mis un million et demi de
Canadiens en chômage. I1 n'y a pas de tragédie plus
démoralisante que celle de gens incapables de se trouver
du travail rémunérateur. Mon gouvernement considère
la création d'emplois comme étant sa priorité
absolue, un impératif moral.
Point n'est besoin de m'attarder
sur les politiques qui ont abouti à une situation aussi
déplorable. Qu'il suffise de souligner qu'à l'époque
où les économies du monde devenaient interdépendantes,
le Canada pratiquait l'isolationisme et l'interventionnisme. Le
gouvernement s'est engagé sur cette voie onéreuse
en 1974, en mettant sur pied l'Agence d'examen de l'investissement
étranger et, en 1981, le Programme énergétique
national. De telles initiatives allaient à l'encontre de
notre histoire qui nous avait enseigné que l'accès libre
et sans entraves aux marchés mondiaux était la clé
d'une croissance économique forte et dynamique au Canada.
Ces initiatives traduisaient le principe
douteux voulant que la réglementation imposée par
les hommes politiques et les fonctionnaires soit préférable
aux décisions des particuliers et des firmes qui se font
concurrence sur le marché international.
À l'époque où
le Canada pratiquait l'isolationisme économique, il prenait
des mesures qui portaient nos amis et alliés à mettre
en doute le sérieux de nos engagements internationaux.
Notre appui à l'Alliance atlantique s'est rétréci
comme peau de chagrin de sorte qu'aujourd'hui, seul le Luxembourg
contribue un montant moindre, par habitant, que le Canada. Nous
nous sommes trouvés dans la situation où nos Forces
armées comptaient plus de cuisiniers que de combattants.
Ce sont là les raisons principales pour lesquelles mon gouvernement tient tellement à refaire l'image du pays à l'étranger en démontrant que le Canada est :
- un pays libre, tolérant et indépendant,
- un partenaire commercial fiable,
- un pays qui fait bon accueil aux investissements et où on peut faire de bonnes affaires,
- une nation qui croît fermement à la valeur de l'esprit d'entreprise,
- et qui respecte les engagements
qui la lient à ses alliés.
Mon gouvernement a entrepris de donner
une nouvelle orientation à l'économie canadienne.
À cette fin, il s'est fixé quatre objectifs, qui
engagent aussi la population canadienne.
Notre premier objectif, et celui
que nous voulons atteindre dans les meilleurs délais, est
le rétablissement de la responsabilité financière
du gouvernement fédéral. Le déficit croît,
d'année en année, depuis dix ans; ainsi la dette
nationale progresse beaucoup plus rapidement que l'économie.
La croissance ne corrigera pas d'elle-même le déséquilibre
entre les recettes et les dépenses.
Le retour à la responsabilité
financière supposera des choix difficiles. Nous nous sommes
déjà attaqués à ce problème.
Deux mois à peine après avoir pris les rênes
du gouvernement, nous avons pu annoncer une réduction des
dépenses et des mesures d'augmentation des recettes de
l'ordre de 4 milliards de dollars, sur un budget annuel de 100
milliards de dollars. Le mécanisme est désormais
enclenché.
Notre stratégie de relance
économique vise en second lieu à redéfinir
le rôle du gouvernement.
Traditionnellement, notre gouvernement
a pris une part beaucoup plus active au développement du
pays que ce ne fut le cas chez vous. Qu'il s'agisse de construction
de chemins de fer, de radiotélévision ou du développement
de ressources hydroélectriques, le gouvernement du Canada
s'est toujours senti obligé de prêter mainforte.
Dans l'ensemble, son intervention passée a été
un élément positif de notre vie nationale.
Mais aujourd'hui, le gouvernement
occupe une place beaucoup trop grande dans 1'économie.
Ses interventions tentaculaires ont pour effet de fausser les
mécanismes du marché et d'inhiber l'esprit d'entreprise.
Certaines industries sont surréglementées, d'autres
sont surprotégées. Un ensemble complexe de règlements,
de subventions et d'autres formes d'intervention s'est tissé
au fil des ans, au point de devenir un obstacle majeur au changement
et à la croissance dans le secteur privé.
Pour remettre l'économie sur
ses rails, il faut adopter une démarche propre à
favoriser l'esprit d'entreprise, l'acceptation du risque, l 'adaptation
au changement rendue nécessaire par les exigences de nouveaux
débouchés et de nouvelles techniques.
Le troisième volet de notre
stratégie consiste à adopter des politiques qui
encouragent l'investissement, l'innovation et une plus grande
compétitivité sur les marchés étrangers.
Les investissements contribuent directement à améliorer
la production et la croissance de l'emploi. Ils sont essentiels
si l'on veut que notre secteur des affaires s'adapte rapidement
aux nouvelles techniques et aux exigences des nouveaux marchés.
Si nous voulons réussir sur les marchés internationaux,
il nous faut innover encore plus, intensifier notre production
et devenir plus compétitifs.
Enfin, les changements que nous proposons
ont un impact direct sur les structures économiques, sociales
et politiques du pays. La relance économique doit être
fondée sur un consensus national, et mon gouvernement a
la ferme intention d'associer à son projet les provinces,
les syndicats, les entreprises et tous ceux qui permettent à
notre société de progresser; et il y parviendra.
Je voudrais parler maintenant des
trois aspects de notre stratégie de relance économique
qui influent directement sur nos relations avec les États-Unis,
soit le commerce, l'investissement étranger et l'énergie.
Le commerce est vital pour le Canada.
Et c'est notre intention de renforcer la réputation du
Canada comme partenaire commercial de tout premier ordre.
Nous nous proposons d'examiner attentivement
tous les programmes et politiques du gouvernement fédéral
afin de cerner les meilleurs moyens de favoriser l'accès
de notre industrie à des débouchés sûrs.
Le protectionnisme est notre ennemi commun. À long terme,
les tendances protectionnistes, aux États-Unis, au Canada
et ailleurs, auraient pour effet de contrer la tendance à
la libéralisation des échanges entre États.
À court terme, la restriction
des échanges commerciaux réduit les perspectives
de croissance réelle, tant dans les pays industrialisés
que dans les pays en développement. Les incidences sur
ces derniers sont plus inquiétantes encore et elles pourraient
gravement compromettre les marchés financiers internationaux.
Votre Président s'est engagé
à respecter la liberté des échanges, et je
m'associe à cet engagement. La politique commerciale du
Canada est axée sur l'instauration d'un système
économique ouvert, et mon gouvernement continuera d'oeuvrer
au sein des organismes multilatéraux à l'abolition
des barrières qui entravent le commerce international.
Le protectionnisme est un obstacle
sérieux à la relance économique et à
la stabilité internationale. Il faut qu'on s'y oppose tant
au Congrès des États-Unis qu'au Parlement au Canada.
Mon gouvernement a signifié
son intention de s'attaquer à ces problèmes, à
leurs incidences pour le Canada, dans des documents qui seront
publics au cours des prochains mois. Les Canadiens seront appelés
sous peu à faire des choix politiques importants, même
historiques: ces choix feront l'objet d'un débat public
sous l'égide du gouvernement.
La maturité et l'assurance
des Canadiens nous permettent maintenant d'aborder ces problèmes
de façon réaliste et d'envisager des solutions,
alors qu'il y a quelques années, un tel processus aurait
provoqué des réactions émotionnelles rendant
difficile toute discussion rationnelle. Cela est particulièrement
vrai de nos relations avec les États-Unis.
Les États-Unis ont été
et continuent d'être le principal importateur de produits
canadiens. D'ici 1987, environ 80% des exportations canadiennes
y entreront en franchise.
Cependant, il subsiste des barrières
tarifaires importantes ainsi qu'un nombre croissant de mesures
non tarifaires qui font obstacle au commerce bilatéral.
Les dispositions incitant vos compatriotes à acheter les
produits américains en sont un exemple.
Au nombre des propositions présentées
en vue d'abolir ces barrières, il y a les arrangements
commerciaux sectoriels, une série de recommandations du
secteur privé en vue d'activer le commerce et l'accès
assuré aux marchés. Celles-ci seront toutes prises
en considération.
Notre souci d'examiner tous les moyens
possibles de resserrer nos liens de coopération économique
avec notre principal partenaire commercial découle d'une
estimation prudente et pratique, qui nous a permis de conclure
que cette voie était la meilleure pour atteindre les objectifs
commerciaux essentiels au développement économique
du Canada.
Nous voulons conclure des ententes
commerciales qui nous donnent, de façon équitable,
un accès assuré au marché américain,
un accès qui puisse échapper aux initiatives prises
pour régler des problèmes avec d'autres pays mais
qui nuisent, par ricochet, aux entreprises canadiennes.
Notre situation de pays nord-américain
est source de force. Nous sommes une nation assez mûre et
assez sûre d'elle-même pour reconnaître cette
réalité et être fière de la relation
d'amitié qu'elle entretient avec un voisin aussi puissant
que les États-Unis.
Nous adressons aux investisseurs
étrangers le même message qu'à nos partenaires
commerciaux : une économie mondiale plus ouverte et dont
les éléments sont plus interdépendants ne
peut que servir les intérêts du Canada et de tous
les pays.
Nous désirons un environnement
propice à la croissance dynamique du commerce, des investissements
et du développement à l'échelle mondiale.
Pour notre part, notre première démarche en vue
de favoriser l'instauration d'un tel climat sera de remplacer
l'Agence d'examen de l'investissement étranger. En fait,
mon gouvernement vient tout juste de présenter un projet
de loi visant à abolir l'AEIE et à créer
un nouvel organisme, appelé Investissement Canada, dont
le mandat sera d'encourager et de faciliter les investissements
au Canada. Seuls seront examinés les projets d'investissement
étrangers susceptibles d'avoir des répercussions
majeures sur l'économie nationale. En vertu de la nouvelle
loi, les investissements en vue d'établir de nouvelles
entreprises au Canada ne seront pas assujettis à un examen,
sauf dans quelques rares exceptions.
Investissement Canada poursuivra
deux objectifs opérationnels fondamentaux: en premier lieu,
faciliter les investissements au Canada, et en second lieu, limiter
les interventions gouvernementales en matières d'investissements
étrangers.
Notre message est clair: le Canada
se relance en affaires. Le gouvernement est là pour aider
le secteur privé à créer la prospérité
et les nouveaux emplois dont le Canada a besoin, et non pour l'en
empêcher, et je puis vous donner l'assurance du gouvernement
qu'Investissement Canada sera administré de façon
juste et objective.
J'aimerais vous parler brièvement
de l'orientation que nous entendons donner au secteur énergétique
canadien. De nombreux Américains méconnaissent l'importance
que ce secteur de l'économie canadienne revêt pour
votre économie.
Le Canada est le plus grand exportateur
d'énergie vers les États-Unis. Nous vous fournissons
virtuellement 100% de vos importations de gaz et d'électricité.
Nous sommes le plus grand exportateur
d'uranium et votre deuxième plus grand fournisseur de pétrole.
Au rythme de 580 000 barils par jour, nous vous fournissons plus
de pétrole que n'importe lequel des pays de 1'OPEP.
Le renouveau économique dépend
de la vigueur du secteur énergétique. Les investissements
dans ce domaine comptent pour 30% de tous les investissements
faits au Canada, et les retombées d'un secteur énergétique
fort et en pleine expansion sont énormes pour le reste
de l'économie.
Comme bon nombre d'entre vous le
savent; le Programme énergétique national est né
d'intentions louables; de toute évidence, les méthodes
employées et les résultats obtenus ne le sont pas.
Le PEN n'a tout simplement pas réussi à atteindre
les trois objectifs fixés: équité, sécurité
des approvisionnements et canadianisation.
Notre objectif immédiat est
de faire de l'énergie un secteur dynamique en pleine croissance.
Nous voulons réaffirmer aux investisseurs qu'il y a là
des possibilités exceptionnelles.
Nous croyons à l'auto-discipline
du marché. Nous entreprenons en ce moment des consultations
en vue d'abolir les mécanismes de contrôle des prix
du pétrole au Canada. Nous appliquons la même ligne
de pensée à nos exportations. Depuis le 1er novembre,
par exemple, nos excédents de gaz naturel vous parviennent
à des prix établis en fonction du marché
par les vendeurs et les acheteurs, et non par le gouvernement.
Certains signes nous font déjà croire que, après
plusieurs années de déclin, le volume de nos exportations
commence à remonter aux niveaux traditionnels. En 1985,
la valeur du gaz naturel vendu aux États-Unis pourrait
s'élever à un milliard de dollars de plus qu'en
vertu du système de fixation des prix de l'ancien gouvernement.
Le jeu des forces du marché donne de bons résultats.
Nous entendons modifier la législation
concernant la rétrocession des terres, selon laquelle le
gouvernement se réserve une participation de 25% dans toutes
les activités d'exploitation des Terres du Canada. Le Canada
ne s'est pas bâti par l'expropriation rétroactive
de la propriété des gens. I1 s'agit d'une pratique
odieuse que le nouveau gouvernement du Canada n'entend pas suivre.
Enfin, dans la perspective des grands
changements que connaîtront l'ensemble des prix de l'énergie,
nous entreprendrons bientôt un vaste examen de la taxation
fédérale dans le domaine. Nous ferons en sorte que
notre régime fiscal laisse une bonne place aux stimulants
nécessaires aux investissements. La canadianisation demeure
un objectif.
Mais le système doit être
juste, et il le sera, pour tous ceux qui investissent dans la
croissance de notre économie. L'enjeu est le même
pour tous bâtir le Canada et les règles
pour y parvenir le seront aussi. Elles ne seront pas changées
au détriment des joueurs en cours de route.
Le Canada fait face à de sérieux
problèmes, mais il a devant lui un brillant avenir. Le
Canada est l'un des pays du monde le plus doté en ressources
naturelles. Ces richesses, nous n'avons pas le droit de les gaspiller
et de mal les administrer. Dans un certain sens, elles constituent
une responsabilité collective. L'administration de ces
richesses impose une obligation toute particulière à
ceux qui ont été choisis pour gouverner notre nation.
Nous devons nous efforcer d'atteindre
un niveau de vie qui ne le cède à quiconque dans
le monde, et nous devons partager cette prospérité
avec ceux qui ont besoin de notre aide.
Nous avons, envers tous nos citoyens,
la responsabilité de leur ouvrir des occasions d'avenir
et de leur assurer justice et équité. Nous devons
essayer de contribuer au respect de ces principes dans le monde.
Le Canada doit à ses amis
et à ses alliés de faire sa juste part pour assurer
notre sécurité collective.
Bref, les Canadiens ont l'obligation
de contribuer à l'amélioration du sort de notre
planète et de la sécurité de ses habitants.
Nous nous devons à nous-mêmes
d'honorer l'excellence et de chercher sans relâche à
l'atteindre. Le Canada doit se porter à la défense
de tout ce qu'il y a de mieux dans tous les champs de l'activité
humaine, et il ne fera aucun compromis dans la poursuite des valeurs
qui constituent le fondement moral de toutes les grandes nations.
Voici le rêve que j'ai pour
mon pays: un Canada juste et équitable, généreux
et tolérant.
Je vous invite à vous joindre
à moi pour faire de ce rêve une réalité.