LA RIVIÈRE JACQUES-CARTIER


Québec

Protégée en majeure partie par le parc provincial de la Jacques-Cartier au nord et par des acquisitions publiques de territoires riverains plus au sud (77 % des rives sont du domaine public), la rivière Jacques-Cartier doit son intégration au Réseau de rivières du patrimoine canadien à sa beauté remarquable, à son vaste potentiel récréatif et à ses valeurs patrimoniales représentatives de l'évolution naturelle et du développement humain du Québec.

Cette rivière de 177 km, située au centre-sud du Québec, est facilement accessible sur presque tout son parcours, à partir de sa source dans les Laurentides, à mi-chemin entre Chicoutimi et Québec, et son embouchure sise à 30 km à l'ouest de la ville de Québec.


La rivière Jacques-Cartier


GÉOGRAPHIE

Le bassin de la rivière se divise en deux ensembles géographiques distincts: la section basse située au sud, dans la vallée du Saint-Laurent et le bord méridional du Bouclier canadien, et la section haute au nord, dans les Laurentides.

Section basse : La section basse s'étend depuis Donnacona jusqu'à Tewkesbury; de grandes propriétés privées et publiques préservent la majeure partie des rives qui sont, par ailleurs, partiellement défrichées et peu urbanisées. La population se répartit parmi six petites municipalités riveraines: Donnacona (5 900 h), Pont-Rouge (3 850 h), Sainte-Catherine (3 590 h), Shannon (3 620 h), Saint-Gabriel-de-Valcartier (3 160 h) et Tewkesbury (3 690 h).

Section haute : La section haute du bassin de la rivière débute au nord de Tewkesbury. Les terres boisées et inhabitées de cette partie des Laurentides sont protégées à la fois par une réserve faunique et un parc de conservation. Ce dernier, d'une superficie de 670 km, a le mandat de conserver intégralement la partie plus encaissée de la vallée.


Vue de la section haute de la rivière Jacques-Cartier


LE PATRIMOINE NATUREL

D'une beauté remarquable voire spectaculaire dans le parc provincial de la Jacques-Cartier, la rivière du même nom témoigne de l'évolution géologique du Québec méridional. L'intérêt de son corridor réside dans le fait qu'il recoupe deux domaines structuraux hautement représentatifs du Québec, soit le Bouclier canadien au nord et les Basses-Terres du Saint-Laurent au sud.

Dans sa partie nord, sur une longueur de 160 km depuis sa source jusqu'à la localité de Pont-Rouge, la Jacques-Cartier parcourt la province de Grenville, la plus jeune des provinces tectoniques du Bouclier canadien (955 millions d'années).

À l'extrémité sud, sur environ 17 km, la rivière traverse la région des Basses-Terres du Saint-Laurent formées essentiellement de roches sédimentaires du Paléozoïque inférieur (500 millions d'années), facilement observables au pittoresque site de pêche Déry, à Pont-Rouge.

La Jacques-Cartier doit sa configuration actuelle à une longue évolution reliée à divers processus géomorphologiques passés et actuels.

Rajeunies par des soulèvements successifs, les Laurentides ont été modelées en de profondes vallées par le réseau hydrographique pré-glaciaire le long des lignes de faiblesse de la structure géologique. Par la suite, les glaciations quaternaires ont façonné la partie nord de la rivière en auge et ont participé à la fertilité des Basses-Terres où se déverse la rivière.

Dans les Basses-Terres, lors de la fonte des glaciers, les eaux de fusion glaciaire ont construit d'immenses deltas à leur contact avec la mer de Champlain. Avec le départ graduel des eaux de cette mer, la rivière s'est encaissée dans les sédiments martes façonnant ainsi plusieurs niveaux de terrasses encore observables dans la région de Pont Rouge et de Sainte-Catherine. C'est à partir de cette période que le cours actuel de la Jacques-Cartier s'est fixé et que la remarquable gorge du site de pêche Déry, longue de 1500 m et profonde de quelques dizaines de mètres, a été creusée dans les calcaires fossilifères.

Flore : La végétation aurait évolué progressivement, la toundra faisant place à la taïga, supplantée à son tour par les forêts denses de conifères, puis par des peuplements feuillus. La vallée de la Jacques-Cartier contraste ainsi avec les parois dénudées des auges glaciaires de l'ouest et du nord canadien. En effet, sa végétation est abondante et diversifiée. Ce phénomène constitue une intrusion remarquable de la végétation feuillue du sud dans la forêt boréale.

Faune : La vallée abrite une faune typique des forêts mixtes de l'est du Canada. On dénombre 23 espèces de mammifères dont l'original, l'ours noir, le raton laveur et même le cerf de Virginie; 104 espèces d'oiseaux incluant l'aigle-pêcheur et la cré relie d'Amérique et enfin 16 espèces de poissons dont l'omble de fontaine qui est particulièrement abondante, et le saumon de l'Atlantique, en voie de réintroduction.


Un ours noir


PATRIMOINE HISTORIQUE

Malgré son rôle historique secondaire, la Jacques-Cartier apporte des éléments précieux à la compréhension de l'histoire et de la préhistoire du Québec et du Canada.

Préhistoire : Ces terres semblent riches d'un long passé, car la Jacques-Cartier relie deux régions d' importance, soit la vallée du Saint-Laurent et le Saguenay-Lac-Saint-Jean. On présume que les autochtones auraient utilisé la vallée de la Jacques-Cartier à la fois comme voie de communication et comme territoire de chasse et de pêche depuis environ 7 000 ans. Plus de 50 sites présenteraient un potentiel archéologique.

Histoire : Les rives du St-Laurent ont été occupées successivement par les Iroquoiens, les Algonquins et les Européens au XVII. siècle, alors que les terres de l' intérieur auraient été exploitées par les Attikameks et les Montagnais. Selon de rares données, les Hurons de Lorette partageaient alors avec les nations algonquinnes l'arrière-pays et cela, dans la mesure où ces terres n' étaient pas occupées par les euro-québécois. Enfin, l'énigmatique tracé du sentier des Jésuites, entre Québec et le lac Saint-Jean, correspondrait en partie à un sentier emprunté par les chasseurs autochtones depuis des siècles.

Le développement riverain de la Jacques-Cartier illustre de façon éloquente les grandes périodes de colonisation au Québec. À l'embouchure, la subdivision des terres en seigneurie, la toponymie et l'architecture rappellent la période française. Après la Conquête de 1759, les Anglais s'implantèrent sur les rives en amont et subdivisèrent les terres selon leur système, le township. Les cantons de Stoneham et de Tewkesbury en sont de bons exemples. Avec l'arrivée des nouveaux immigrants, se développe l'industrie.

Au début du XIXe siècle, l'industrie du bois et l'agriculture florissaient. Le long de la rivière, s'érigèrent alors plusieurs moulins à scie et de nombreux moulins à farine. À cette même époque, la pêche sportive au saumon connaissait son apogée si bien qu'en 1854 l'adoption d'une loi pour conserver cette espèce devint nécessaire. Malgré cela, le saumon devint de plus en plus rare puis disparut complètement avec la construction de barrages et l' utilisation intensive de la rivière à des fins industrielles.

Les activités commerciales reliées à la coupe de bois dans l'arrière-pays, sa transformation et la construction de nombreux barrages hydro-électriques marquèrent le développement de cette région jusqu'au début des années 1970. Une prise de conscience collective des valeurs patrimoniales de cette vallée amena, en 1981, la création du parc provincial de la Jacques-Cartier.

Sites d'intérêt historiques et culturels :


VALEURS RÉCRÉATIVES

La rivière Jacques-Cartier, située à moins d'une heure de la ville de Québec, attire annuellement des milliers d'amateurs de pêche et de plein air. Elle offre une gamme importante et diversifiée d'activités dont les plus prisées sont, sans conteste, la pêche et la descente de rivière.

Pêche : Le saumon de l'Atlantique fait l'objet d'un programme de restauration dans lequel on prévoit l'ouverture de la pêche au saumon à l'été 1990, entre les localités de Donnacona et de Pont-Rouge. D'ici là, la pêche à l' ombre de fontaine continuera de jouir d'une grande popularité. Les pêcheurs peuvent également capturer la truite brune, la truite arc-en-ciel. le brochet et le doré à l'embouchure.

Descente de rivière : L'intérêt que suscite la Jacques-Cartier auprès des adeptes de canotage et de descente en radeau pneumatique dépasse largement les limites du Québec. Chaque année, un nombre impressionnant de visiteurs font le parcours de canot-camping entièrement aménagé et facilement accessible du parc de la Jacques-Cartier. Quoique marginaux, cinq autres trajets de canoë-kayak totalisant 33 km sont fort utilisés entre Donnacona et Tewkesbury. Les descentes en pneumatique connaissent pour leur part une popularité croissante.

Autres activités : D'autres activités peuvent être pratiquées le long de la rivière tout en profitant de la beauté du milieu. Mentionnons l'escalade, la randonnée à bicyclette, la randonnée pédestre, le ski de randonnée, le pique-nique, l'interprétation et l'observation de la nature.


INFORMATIONS À L'INTENTION DU VISITEUR

Parc provincial de la Jacques-Cartier : Avant d'explorer la vallée, les visiteurs sont invités à se rendre au centre d'accueil du parc de la Jacques-Cartier. Ils y trouveront un accueil chaleureux et une documentatian leur permettant de profiter pleinement de leur séjour. On y propose des activités d' interpétation variées et captivantes: expositions permanentes, diaporama des plus impressionnants, visites guidées et démonstrations diverses.


Centre d'accueil et d'interprétation, parc de la Jacques-Cartier

De mai à octobre, le parc de la Jacques-Cartier met à la disposition des visiteurs des services de qualité reliés au camping, à la randonnée pédestre et cycliste, au canotage, au canot-camping, à l'escalade et au pique-nique.

Il est possible de louer au centre d'accueil du parc divers équipements reliés aux activités de plein air se pratiquant dans le parc. On y offre également un cours d'initiation au canotage et un service de transport par minibus pour les usagers et leur matériel.

Durant la saison hivernale, le parc est ouvert aux amateurs de ski de randonnée (pistes non balisées) et d'escalade sur glace (autorisation requise). Les personnes intéressées à faire des excursions de plus d'une journée doivent réserver.

Territoire hors parc : Au sud du parc, de nombreux parcs urbains donnent accès à la rivière et permettent aux visiteurs d'observer la nature, de pique-niquer dans des endroits amenagés et de pratiquer la randonnée pédestre ou le ski de randonnée. De plus, cinq pavillons d'interprétation répartis à divers endroits donnent des informations sur la région. Des descentes de rivière en radeau pneumatique sont organisées à Sainte-Catherine et à Tewkesbury par des compagnies privées.

Hébergement : Dans le parc, les visiteurs disposent d'emplacements de camping et de chalets. Au sud, les municipalités riveraines de Donnacona, Pont-Rouge, Sainte-Catherine, Saint-Gabriel-de-Valcartier, Stoneham et Tewkesbury offrent des services complets de restauration et d' hébergement.

Accès : L'accessibilité au secteur nord de la rivière est assurée par la route 175, via le parc provincial de la Jacques-Cartier. De Québec, les visiteurs peuvent aussi atteindre rapidement le secteur sud de la rivière par l'autoroute 40. Les routes régionales du Brûlé, Montcalm, Dublin, et la route 369, donnent accès au corridor riverain entre Donnacona et Shannon, interrompu à cet endroit par la Base militaire de Valcartier. La localité de Tewkesbury est accessible par les routes 369 et 371.

Cartes topqgraphiques : La rivière Jacques-Cartier figure sur les cartes du Système national de références cartographiques à l'échelle 1/250 000 sur les cartes 21L et 2 M, et à l'échelle 1/50 000 sur les cartes 21M/3, 21L/12-14. On peut se procurer ces cartes au Bureau des cartes du Canada, 615 rue Booth, Ottawa (Ont.) K1A 0E9.


AUTRES RENSEIGNEMENTS

Réseau de rivières du patrimoine canadien : Le Secrétaire, Commission des rivières du patrimoine canadien, Ottawa (Ontario) K1A OM5

La rivière et le parc de la Jacques-Cartier : Ministère du Loisir, de la chasse et de la pêche, Direction du plein air et des parcs 150, St Cyrille est, 16ème étage, Québec (Québec) GIR 4Y3

Lectures supplementaires :


LE RÉSEAU DES RIVIÈRES DU PATRIMOINE CANADIEN

Le Réseau des rivières du patrimoine canadien (RRPC) est un programme conjoint conçu et géré par les organismes responsables des parcs des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en vue d'accorder une reconnaissance nationale aux rivières importantes du Canada. Le principal objectif du programme est d'assurer que les rivières qui sont des exemples exceptionnels du patrimoine naturel du Canada, qui ont joué un rôle important dans l'histoire canadienne, ou qui offrent des occasions exceptionnelles de loisirs soient gérées de manière que leur valeur distinctive soit conservée et que leur utilisation à des fins récréatives soit mise en valeur.

La Commission des rivières du patrimoine canadien a été établie le 18 janvier 1984. Elle a pour mandat de gérer le Réseau des rivières du patrimoine canadien et d'encourager et recommander aux ministres responsables la candidature et la désignation des rivières remarquables au RRPC. La Comission est maintenant composée de deux représentants du gouvernement fédéral et de dix autres représentants, un de chaque gouvernement provincial et territorial participant au Réseau. En date du 1er janvier 1997, des tronçons de 29 rivières, d'une longeur totale de 6500 km, ont été mises en candidature au Réseau.

Bien que les candidatures puissent être proposées seulement par les gouvernements participants, des particuliers ou des groupes peuvent présenter à l'organisme des parcs de la province ou du territoire responsable, le cas d'une rivière dont la candidature mérite d'être étudiée.





Informations additionnelles Retourner à RRPC page d'accueil Table des matières

Rédigé par : M. Greco
Traduction : Secrétariat d'État
Conception cartographique : D. Batista
Photos fournies par : Parcs Canada
Révisé en 1990