Vers un ressourcement


Santé déficiente, conditions d'habitation lamentables, eau malsaine, scolarité insuffisante, pauvreté, familles éclatées: voilà des conditions qu'on s'attendrait à retrouver dans le tiers monde mais qui sont aussi celles d'un grand nombre d'autochtones du Canada. Foncièrement injuste, c'est là une situation qui met en péril l'avenir de toute une tranche de population.

Nombreuses sont les personnes qui nous ont dit qu'il fallait aborder de façon holistique les problèmes auxquels font face les autochtones aujourd'hui, par suite des effets négatifs des politiques de domination et d'assimilation du passé. Cette approche nous a permis d'identifier les principaux éléments de solutions efficaces.


Notre processus de guérison est basé sur nos valeurs traditionnelles et
spirituelles de respect, de fierté, de dignité, de partage, d'hospitalité
et d'entraide. L'autonomie commence par l'individu, se construit ensuite
par la famille, puis par la collectivité et, enfin, par nos relations avec
les autres nations.
                  Sylvie Basile et le chef
                  Jean-Charles Piétacho
                  Collectivité de Première nation de Mingan


Le cercle du bien-être

L'ensemble des mesures proposées par la Commission pour introduire des changements fondamentaux - autonomie gouvernementale, indépendance économique, partenariat avec le Canada dans le respect mutuel, guérison au sens large - forment un cercle de bien-être qui est tributaire des facteurs suivants:

Les problèmes sociaux et de santé ne peuvent attendre. Les changements arrivent lentement, et les enfants autochtones sont marqués par la perte de leur culture, l'échec scolaire et la violence au foyer. Les adolescents souffrent des humiliations que leur infligent le racisme et le rejet de leurs pairs. Des collectivités entières vivent dans des logements insalubres où l'eau est impropre à la consommation.

La Constitution canadienne permettrait aux autochtones de prendre en main tous ces domaines immédiatement, si tel est leur désir - sans attendre que d'autres gouvernements leur transfèrent des pouvoirs.

Néanmoins, la négociation de conventions (traités, accords et ententes) avec les autres gouvernements faciliterait l'évolution de la situation en résolvant à l'avance d'épineux problèmes politiques, administratifs et financiers. Les collectivités autochtones progresseront plus rapidement vers la résolution de leurs problèmes sociaux et de santé si elles bénéficient de l'appui et de la collaboration des autres gouvernements.

L'établissement de traités est un long processus. Il faudra plusieurs années pour que les autochtones prennent finalement en main le plein contrôle de leur destinée. La lenteur du processus risque de susciter des impatiences, mais c'est un délai qui offre aussi des avantages pour les autochtones, parce qu'ils sont encore en train de mobiliser leurs forces pour pouvoir s'attaquer aux tâches qui les attendent. Ils auront besoin d'un plus grand nombre de citoyens bien formés pour relever les défis de l'autonomie gouvernementale et il leur faudra créer de nouvelles institutions pour façonner les services sociaux en fonction de leurs besoins propres.

Ils devront collaborer avec les organismes de santé et de services sociaux non autochtones afin de modifier les rapports établis avec eux. Les services et les organismes de la société majoritaire vont devoir être plus réceptifs aux différences culturelles. Ce sera à eux de veiller à effacer toute trace de racisme dans leurs politiques et leur fonctionnement. Ils vont également devoir désormais considérer les autochtones comme des partenaires pour la conception et la prestation des services.

Nos recommandations concernant la santé et les services sociaux sont axées sur trois grands objectifs reliés entre eux:

Le rôle central de la famille

Au cours de nos audiences publiques, de nombreux intervenants ont déclaré que l'effondrement des structures et des fonctions de la famille autochtone traditionnelle était l'une des principales causes des problèmes sociaux qu'ils connaissent à l'heure actuelle. Selon eux, la guérison individuelle et communautaire passe par la restauration de la famille autochtone.


Le mieux-être découle de l'équilibre et de l'harmonie entre tous les éléments de la vie personnelle et collective.


La famille demeure l'institution centrale des sociétés autochtones. Il ne s'est écoulé qu'une génération ou deux depuis l'époque où le réseau de la famille étendue, qui comprenait les parents, les grands-parents et les membres du clan, composait pratiquement à lui seul tout l'univers social des autochtones, à qui il fournissait le cadre des activités économiques essentielles. Au sein de ce réseau, les normes du partage et de l'entraide formaient un filet de sécurité sociale dont bénéficiaient tous les membres de la famille.

Les mesures prises par les gouvernements coloniaux et canadiens ont gravement nui à la cohésion des familles autochtones ainsi qu'à la transmission de leur culture et de leur identité aux générations montantes. Les stratégies officielles destinées à contrôler et à assimiler les autochtones ont très souvent visé surtout les enfants.

Les personnes qui vivent ces bouleversements peuvent se sentir déracinées; désorientées, elles ne savent guère comment s'adapter à un monde non autochtone qui leur est parfois hostile. Si leur origine autochtone a été dévalorisée ou ridiculisée, ils ont peut-être perdu leur fierté et leur estime de soi et ils ne sont plus en mesure de développer ces qualités chez leurs enfants. Lorsqu'ils ont souffert dans leur cur et dans leur âme, il leur arrive de se tourner vers l'alcool, la violence, le crime ou d'autres formes de comportement antisocial.

De nombreux autochtones ont déclaré aux membres de la Commission qu'ils ne pourraient pas réaliser leur projet d'avenir - devenir des nations autonomes et autosuffisantes au Canada - s'ils ne parvenaient pas à établir des liens familiaux solides qui assurent la stabilité des individus et des collectivités.

Des services conçus et administrés par les autochtones pourraient panser les blessures que traduisent les statistiques de dysfonctionnement social - éclatement des familles, suicides et tentatives de suicide chez les jeunes, toxicomanie, démêlés avec la justice. Pour éviter le retour de ces problèmes, la famille autochtone doit être rétablie dans son rôle traditionnel d'éducateur des jeunes, de protecteur des vieillards, de gardienne de la culture et de filet de sécurité pour les personnes vulnérables.


Lorsque la guérison sera commencée, nous pourrons songer à l'autonomie
gouvernementale. Sans guérison, nous aurons un gouvernement autonome
dysfonctionnel.
                  Jeanette Costello
                  Conseillère, Kitselas Drug and Alcohol Program
                  Terrace
                  (Colombie-Britannique)


Nos enfants sont notre avenir

Les enfants occupent une place particulière dans les cultures autochtones. On les considère comme des dons des esprits, et qu'il faut traiter avec soin si l'on ne veut pas qu'ils repartent au royaume des esprits.

Ne pas réussir à protéger ses enfants est peut-être la plus grande honte que peut connaître une famille autochtone. C'est pourtant ce qui se produit depuis plusieurs générations et encore de nos jours.

Les mauvais traitements et la violence familiale en sont les aspects les plus dramatiques, mais ces aspects ne représentent que la pointe de l'iceberg qui a commencé à se former à l'époque où les collectivités autochtones ont perdu leur pouvoir et leur indépendance et où les familles autochtones se sont vu retirer toute responsabilité et toute influence sur leurs enfants.


La plupart de nos clients sont de jeunes mères sans conjoint qui ont
très souvent été arrachées à leurs familles encore toutes jeunes. Si la
mère a fait l'expérience des foyers nourriciers, la grand-mère, elle, a
probablement connu le pensionnat. Nous en sommes donc à la troisième
génération de désintégration familiale.
                  Kenn Richard
                  Directeur, Native Child and Family Services
                  Toronto (Ontario)


D'après les témoignages que nous avons entendus, les pensionnats sont la principale cause de dysfonctionnement social, mais les politiques d'aide à l'enfance ont également eu un effet destructeur. L'application de ces politiques aux enfants autochtones a eu pour résultat de distendre le réseau familial et de déraciner davantage les autochtones.

Les autorités n'avaient qu'un recours lorsqu'elles estimaient qu'un enfant avait besoin de protection: la prise en charge. Elles n'étaient pas en mesure de remédier à la pauvreté des familles, de réparer des logements en ruine ou de fournir un soutien aux jeunes parents qui avaient eux-mêmes été élevés en institution, sans modèle parental. Les agents tentaient rarement de placer les enfants à risque chez des membres de la famille étendue ou auprès de familles autochtones qui auraient pu les aider à conserver leur culture et leur identité.

La protection de l'enfance est un des domaines que les autochtones souhaitent reprendre en main en priorité. En 1981, le gouvernement fédéral a signé la première entente autorisant un organisme des Premières nations à fournir des services de protection de l'enfance. Depuis lors, une bonne trentaine d'organismes autochtones ont reçu cette autorisation. Les règles en matière de placement ont été modifiées pour tenir compte de la capacité du réseau familial de protéger les enfants autochtones et pour souligner l'importance de donner aux enfants un milieu culturel qui leur est familier.

Toutes ces mesures ne permettront pas pour autant d'assurer le bien-être des enfants. Les organismes autochtones ont hérité de la plupart des problèmes des organismes qu'ils remplacent. Ils doivent fonctionner en appliquant des règles mal adaptées, élaborées à l'extérieur de leur collectivité; ils font face à des situations familiales et à des besoins auxquels leurs ressources limitées ne leur permettent pas de répondre; ils doivent aussi trouver les moyens de protéger les enfants à risque tout en respectant des réseaux familiaux étendus qui acceptent mal leurs interventions. Les organismes autochtones de protection de l'enfance n'ont pas tous obtenu les résultats qu'ils souhaitaient obtenir.

Trois types de mesures doivent être prises immédiatement:

Le fonctionnement des familles autochtones a été perturbé dans une large mesure par des politiques gouvernementales inopportunes. Les gouvernements d'aujourd'hui ont le devoir de réparer les erreurs du passé. Dans la prochaine section, nous présentons nos propositions en vue d'un réaménagement complet des services de guérison et de santé, y compris dans le domaine de la protection de l'enfance. À court terme, nous souhaitons:


Cameron Kerley avait 8 ans lorsque lui et ses trois sœurs ont été pris en charge par la société d'aide à l'enfance et placés en foyer nourricier. Sa mère est morte deux ans plus tard des suites de l'alcoolisme, et Cameron a été adopté par Dick Kerley, un Américain célibataire qui avait déjà adopté un autre garçonnet autochtone. Cameron n'a pas tardé à faire l'école buissonnière et à avoir des démêlés avec la justice. À 19 ans, il a tué son père adoptif avec un bâton de base-ball. Il a plaidé coupable de meurtre au deuxième degré et a été condamné à 15 ans d'emprisonnement. Après le prononcé de la sentence, Cameron a décrit les sévices sexuels que son père adoptif lui avait longtemps infligés. Les autorités américaines ont refusé de rouvrir l'affaire, mais elles ont permis à Cameron de rentrer purger sa peine au Manitoba.


Rompre le cycle de la violence familiale

Les autochtones qui ont témoigné lors de nos audiences publiques, en particulier les femmes, n'ont pas caché l'ampleur et les conséquences de la violence familiale dans la vie autochtone. Ils ont souligné la nécessité de services améliorés, mais ils ont aussi affirmé que les plus grands espoirs viendraient de la restauration des valeurs autochtones traditionnelles, dont le respect des femmes et des enfants, et de la réintégration des femmes dans le processus décisionnel des familles, des collectivités et des nations.


Vingt-quatre pour cent de tous les répondants à notre questionnaire ont
indiqué qu'ils avaient entendu parler de cas où la violence familiale chez
les autochtones avaient entraîné la mort alors que 54 % connaissaient une
femme qui avait été blessée à la suite d'un incident de violence familiale
et qui n'a pas consulté de professionnel de la santé, par crainte ou par
honte.
                  Catherine Brooks
                  Directrice, Anduhyaun Residence for Women
                  Toronto (Ontario)


Le Comité canadien sur la violence faite aux femmes (1993) a affirmé que la violence familiale découlait d'un déséquilibre fondamental du rapport de forces entre les hommes et les femmes. Cela est vrai aussi chez les autochtones, mais de façon encore plus marquée puisque c'est entre deux sociétés que se situe l'inégalité. Dans ces circonstances, le sentiment de dépossession, d'humiliation, de frustration et de colère que partagent tous les autochtones peut en inciter certains à la violence, comme un témoin nous l'a expliqué:

La violence familiale chez les autochtones a donc sa propre dynamique, et la politique gouvernementale doit en tenir compte.

Où qu'elle se produise, la violence familiale est cachée. Les femmes hésitent à exposer la vérité, par crainte d'une escalade de la violence ou parce qu'elles ont honte et s'estiment responsables de leur situation. Les femmes autochtones se taisent aussi pour d'autres raisons. Elles craignent peut-être la vengeance des dirigeants locaux, surtout des hommes, mais elles hésitent à attirer l'attention sur leur situation de peur d'exposer leurs collectivités au mépris ou leurs familles à l'intervention de responsables de l'extérieur.

Les autochtones qui ont demandé à la Commission de les aider à mettre fin à la violence savaient de quelle façon il fallait procéder:

Voici les premières mesures à prendre pour apporter un changement:

Certains autochtones hésitent à permettre à leurs propres gouvernement de se mêler de la vie familiale, comme les gouvernements canadiens l'ont fait par le passé. Il n'en demeure pas moins qu'il faut protéger les personnes vulnérables. C'est une question d'équilibre.


Nos enfants sont gravement touchés par la violence familiale, même
lorsqu'ils n'en sont pas les victimes immédiates. Le coût pour nos enfants
est caché: il est dans leur distraction à l'école, dans leur sentiment
d'insécurité et leur faible estime de soi, dans leurs comportements
destructeurs: vandalisme, automutilation, brutalité.
                  Sharon Caudron
                  Directrice de programme Centre de ressources
                  des femmes
                  Hay River
                  (Territoires du Nord-Ouest)


La santé totale :
une priorité absolue

L'état de santé des autochtones au Canada aujourd'hui est déplorable et la situation touche à la crise. Les autochtones sont plus susceptibles que les autres Canadiens de souffrir d'à peu près tous les types de maladie.

Vingt-cinq ans d'effort des prestateurs de soins de santé aux niveaux local, provincial et national ont amélioré l'état de santé des autochtones par rapport à ce qu'il était devenu vers le milieu du siècle. Pourtant, on est encore loin des résultats que l'on obtient auprès de la population canadienne dans son ensemble.

Les autochtones ont un urgent besoin de ressources pour lutter contre la mortalité infantile, la tuberculose, le diabète, les maladies de cur et les autres maladies. Ils savent, pourtant, qu'il ne suffit pas de soigner le corps pour arriver à un mieux-être. Ils cherchent quelque chose de plus fondamental et de plus efficace.

Ils veulent apporter équilibre et vitalité au corps, à l'esprit, à la raison et aux émotions - c'est une fin en soi et un préalable à l'équilibre et à la vitalité de leurs sociétés. Bref, ils cherchent la santé totale.

Les dossiers historiques et les études archéologiques nous révèlent que de nombreuses maladies qui sévissaient en Europe à l'époque des premiers contacts étaient inconnues ou très rares dans les Amériques. Les maladies infectieuses, de la grippe à la tuberculose, ont été transmises aux autochtones par les nouveaux venus et elles ont eu un effet foudroyant. Des centaines de milliers d'autochtones sont morts. Au Canada, une population estimée à 500 000 personnes à l'époque des premiers contacts était tombée à 102 000 personnes au moment du recensement de 1871.


Une offensive accrue contre la maladie ne renversera pas la vapeur.


Dans le nouveau climat de responsabilité sociale qui a mené à la croissance des services publics, après la Deuxième Guerre mondiale, les responsables de la santé ont commencé à prendre au sérieux le besoin pressant de services médicaux dans les collectivités autochtones. Aujourd'hui, pratiquement toutes les collectivités ont au moins un dispensaire. Pourtant, malgré les sommes importantes consacrées au traitement des maladies, les autochtones connaissent toujours des problèmes de santé d'une ampleur inacceptable. La Commission a examiné les aspects suivants:


Le mieux-être est une question communautaire, une question nationale,
une question féminine. Aucune autre question ne touche de façon aussi
fondamentale la survie de notre peuple que celle de la santé.
                  Le vice-chef Tom Iron
                  Federation of Saskatchewan Indian Nations
                  Wahpeton (Saskatchewan)


Un Défi de taille

Dans chaque cas, malgré les progrès réalisés, les autochtones sont encore défavorisés. Dans chaque cas, en outre, les causes d'une maladie spécifique comprennent toujours des facteurs extérieurs qui échappent à la médecine classique - les conditions sociales, affectives et économiques qui nous ramènent aux séquelles complexes du colonialisme, facteurs de déstabilisation et de démoralisation.


Le diabète, l'hypertension, l'obésité, la mauvaise nutrition sont
endémiques chez les autochtones du Canada aujourd'hui.
                  Elizabeth Palfrey
                  Commission régionale
                  de santé de Keewatin
                  Rankin Inlet
                  (Territoires du Nord-Ouest)


De toute évidence, une offensive accrue contre la maladie ne renversera pas la vapeur. Ce qu'il faut, c'est une nouvelle stratégie en matière de santé et de guérison.

Convergence de deux traditions

Ces dernières années, les autochtones ont fait preuve d'un vif enthousiasme et de beaucoup d'imagination pour s'attaquer aux problèmes de santé et aux problèmes sociaux. Ils ont exercé des pressions pour obtenir un plus grand contrôle des services locaux, et certains ont au moins en partie réussi. Ceux qui exercent un contrôle partiel commencent à modifier et à adapter les services pour refléter leurs propres valeurs, traditions et priorités - et ils obtiennent de bons résultats.


Pour être en bonne santé, une personne doit être bien nourrie,
instruite, avoir accès à des services médicaux, avoir accès à un
soutien spirituel, vivre dans une maison chaude et confortable, où
l'eau est potable et les eaux d'égout convenablement éliminées,
accepter son identité culturelle, pouvoir exercer une activité
productive, ainsi de suite. Il ne s'agit pas de besoins indépendants;
ce sont tous là des éléments reliés entre eux.
                  Henry Zoe
                  Conseil du Traité 11
                  des Dogribs
                  Mémoire à la Commission


Les autochtones veulent toutefois effectuer des changements plus radicaux dans la façon dont on fait la promotion de la santé et de la guérison dans leurs collectivités. Leurs principales préoccupations s'articulent autour de quatre thèmes:


Autrefois, nous étions comme endormis. Les Blancs faisaient tout pour
nous. Nous pensions que l'homme blanc savait tout, mais nous nous
trompions. Ce qu'il nous disait ne marchait jamais.
                  Le chef Katie Rich
                  Davis Inlet
                  Sheshatshiu (Labrador)


Les théoriciens les plus progressistes en sont arrivés à certaines grandes conclusions au sujet de ce qui favorise la santé. Plusieurs de leurs idées concordent avec la philosophie autochtone:

Toutes ces notions favorisent un système qui accorde moins d'importance aux traitements médicaux et plus de poids aux facteurs sociaux, économiques et politiques influant sur la santé.

La politique en matière de santé doit contribuer à éliminer les séquelles de la pauvreté, de l'impuissance et du désespoir dans les collectivités autochtones. C'est là la clé de la santé totale pour les autochtones.

Une stratégie en matière de santé et de guérison

La santé totale découle d'une prospérité commune, d'un environnement propre et sain, d'un sentiment de contrôle sur l'existence - ainsi que de la qualité des soins de santé et des choix que chacun fait dans sa vie. La santé des autochtones s'améliorera grâce aux changements structuraux à long terme proposés au chapitre 2.


Ce que les forces extérieures sont impuissantes à réaliser, les autochtones peuvent le faire pour eux-mêmes.


À court terme, toutefois, la prévention, les traitements et les services correctifs demeurent d'importants facteurs. De toute évidence, ils peuvent être améliorés. Pour commencer la réforme, les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et autochtones doivent s'engager à mettre en place des systèmes de santé et de guérison qui:


Il y a entre 40 et 50 médecins autochtones au Canada. Ils représentent 0,1 % de tous les médecins. Il y a environ 300 infirmières et infirmiers autochtones agréés; là encore, il s'agit de 0,1 % du total.


Les engagements doivent se traduire par des stratégies pratiques si nous voulons vraiment modifier les résultats produits par le système de santé. Nous proposons une stratégie à quatre volets, qui doit être mise en uvre sans retard:

  1. Réorganiser les soins de santé et les services sociaux pour créer un système de centres de santé et de guérison et de pavillons de ressourcement contrôlés par les autochtones.

  2. Réaliser un programme intensif, au cours des 10 prochaines années, pour sensibiliser et former les autochtones qui fourniront et géreront des soins de santé et des services sociaux à tous les niveaux, dans les collectivités autochtones et dans les établissements de la majorité.

  3. Adapter les services non autochtones aux besoins des autochtones, considérés comme clients et comme parties prenantes aux décisions.

  4. Établir un programme d'infrastructure pour faire face aux urgents problèmes de logement, d'approvisionnement en eau et de gestion des déchets.

Centres de santé et de guérison

L'idée de confier à des centres communautaires la tâche de concevoir et de fournir des services sociaux et des soins de santé intégrés est revenue à maintes reprises lors des audiences publiques que nous avons tenues dans tout le pays.

Les centres de santé et de guérison peuvent réunir sous un même toit les ressources nécessaires pour s'attaquer à des problèmes interreliés qui, à l'heure actuelle, relèvent le plus souvent de plusieurs organismes - de la protection de l'enfance aux services de santé mentale. Ces centres peuvent fournir des soins médicaux, diriger les patients vers des spécialistes, s'occuper de promotion de la santé. En somme, ils peuvent former le noyau des soins de santé et des services sociaux dans les collectivités autochtones.

Le cur d'un tel système est déjà en place - les dispensaires et les autres installations qui coordonnent au moins en partie les services de santé et de guérison dans les collectivités des Premières nations et des Inuit. Mais ce n'est pas le cas partout. Dans les établissements métis ruraux et dans les petites villes qui comptent une importante population autochtone, il n'y a pratiquement aucun service destiné aux autochtones et géré par ceux-ci. Cette lacune doit être corrigée.

Pour compléter le travail des centres de guérison communautaires, la Commission propose un réseau de pavillons de ressourcement. Ces pavillons peuvent combler l'immense besoin de traitement en établissement des personnes dépassées par leurs problèmes sociaux, affectifs et spirituels. Ils peuvent s'attaquer aux problèmes psychosociaux qui paralysent la vie de certains autochtones. Ils pourraient par exemple:

Les éléments de ce second volet du système se retrouvent dans les établissements de désintoxication gérés par les autochtones. Beaucoup ont déjà défini une grande partie des programmes de santé totale.

La création de centres de guérison et de pavillons de ressourcement n'est pas assujettie aux changements structuraux de la fonction gouvernementale ni à la redistribution des terres dont nous avons parlé dans le chapitre précédent. Elle est fonction de la volonté d'abandonner les débats stériles concernant le palier de gouvernement qui devrait assumer la responsabilité de tels services.


La clé d'une meilleure intégration des services de santé et des
services sociaux aux communautés autochtones passerait par une
augmentation du nombre de professionnels de la santé en provenance de ces
milieux.
Huguette Blouin
Association des hôpitaux
du Québec
Montréal (Québec)


Perfectionnement des ressources humaines

Aucune intervention de l'extérieur, si importante et si bien intentionnée soit-elle, n'aidera les autochtones à parvenir à un mieux-être. Ce que les forces extérieures sont impuissantes à réaliser, les autochtones peuvent le faire pour eux-mêmes. Ils peuvent prendre les décisions les plus éclairées au sujet du genre de services de santé et de guérison qui restaurera leur santé totale, et ils peuvent effectuer le travail nécessaire au succès des centres de guérison et des pavillons de ressourcement.

Il y a actuellement très peu de médecins, d'infirmiers, de travailleurs sociaux, de diététiciens ou de psychologues autochtones. C'est un problème en soi, mais il faut voir au-delà. Les services axés sur la santé totale doivent être culturellement pertinents et holistiques - parfaitement intégrés dans l'axe des problèmes de vie. Les centres et les pavillons ont besoin de prestateurs de services dotés de talents spéciaux.

Nous proposons que les gouvernements et les établissements d'enseignement s'engagent à former 10 000 autochtones dans les domaines de la santé et des services sociaux, y compris toutes les spécialités professionnelles et toutes les branches de la gestion, au cours des 10 prochaines années.

Soutien des établissements de la majorité

Les centres de santé et de guérison autochtones ne sont qu'une partie de la solution. La plupart des autochtones devront, au moins à l'occasion, recourir aux praticiens et aux établissements de la majorité - médecins, hôpitaux, ateliers adaptés pour personnes handicapées et maisons de transition pour victimes de violence familiale.

Les institutions de services sociaux doivent devenir plus sensibles aux besoins particuliers des autochtones en matière de santé et de guérison. Même lorsque les autochtones forment le gros de la clientèle, les hôpitaux et les autres établissements n'ont guère tendance à adapter leurs pratiques pour les accommoder. La sensibilité culturelle et la réceptivité devraient devenir une priorité.

Les établissements de la majorité ont aussi un rôle à jouer pour faciliter la création d'établissements autochtones. Malgré les difficultés économiques actuelles, les établissements de la majorité ont des ressources bien plus importantes que celles qui sont sous contrôle autochtone. Il est raisonnable de s'attendre à ce qu'ils offrent un certain appui aux nouveaux services autochtones.

Les établissements autochtones accepteront cette aide pour élaborer des systèmes efficaces et rentables - tant qu'ils pourront l'obtenir sans renoncer à leur autonomie. Ils voudront:

Parallèlement, les établissements de la majorité et leurs professionnels peuvent s'inspirer des méthodes autochtones de promotion de la santé totale.

Nous suggérons que toutes les organisations qui participent à la prestation de soins de santé et de services sociaux aux autochtones entreprennent une évaluation systématique de leurs pratiques pour voir comment elles pourraient améliorer leurs rapports avec les autochtones.

Développement de l'infrastructure

Le quatrième volet de la stratégie de santé totale est un programme d'infrastructure - pour que le logement, l'approvisionnement en eau et la gestion des déchets dans les collectivités autochtones des déchets répondent aux normes canadiennes généralement acceptées. Les menaces immédiates à la santé et au bien-être que présentent les maisons insalubres et surpeuplées, l'eau polluée et les eaux d'égout non traitées sont si graves que les solutions ne peuvent attendre. Des détails au sujet de ce problème et de la façon de le régler sont présentés dans la section qui suit.


Il y a deux ou trois familles dans certaines maisons. Il y a parfois de
18 à 20 personnes qui vivent dans un logement prévu pour une seule famille.
                  Valerie Monague
                  Administratrice des services sociaux
                  Christian Island (Ontario)


Logement et conditions de vie :
des besoins urgents

Malgré les sommes dépensées par les gouvernements depuis 10 ans, le logement, l'approvisionnement en eau et les services sanitaires fournis aux autochtones sont bien en-deçà des normes canadiennes dans de nombreuses collectivités. Les maisons surpeuplées et délabrées, l'eau polluée et en quantité limitée, le problème des ordures - toutes ces conditions menacent de façon inacceptable la santé des autochtones et renforcent le sentiment de marginalité et de désespoir.


Parce que les familles autochtones à faible revenu n'ont pas d'autres
endroits où aller, les propriétaires de taudis font des affaires d'or dans
les villes.
                  Martin Heavy Head
                  Président, Commission du logement urbain du Traité 7
                  Lethbridge (Alberta)


Des logements salubres, un bon approvisionnement en eau et des services d'égout convenables pour les autochtones devraient représenter une des grandes priorités des gouvernements - premièrement, pour réduire les menaces à la santé, et deuxièmement, pour ne pas que les nouveaux gouvernements des nations autochtones se retrouvent avec une crise sur les bras. Plusieurs obstacles empêchent depuis longtemps les améliorations:

L'avènement de gouvernements autonomes offre l'occasion rêvée de réaménager les politiques nationales, provinciales et territoriales régissant le logement et les services publics pour les autochtones. À l'heure actuelle, les gouvernements ne répondent tout simplement pas à des besoins essentiels. Dans certains cas, ils ont réduit les programmes d'aide avant que les objectifs n'aient été atteints.

Tant que les nations autochtones ne seront pas en mesure de prendre le relais, les gouvernements canadiens ont l'obligation de veiller à ce que tous les autochtones soient convenablement logés.

La plupart des autochtones peuvent apporter une contribution - certains en acceptant la responsabilité d'une hypothèque, d'autres en fournissant la main-d'uvre ou les matériaux nécessaires à la construction et à la réparation ou en payant un loyer dans une unité existante. C'est ce qu'ils devraient faire, dans toute la mesure du possible, pour que les ressources limitées aillent à ceux qui en ont le plus besoin.


Nous devons jeter nos eaux usées dans des fosses à ciel ouvert et
utiliser des toilettes extérieures même en hiver, lorsqu'il fait 30 ou 40
au-dessous de zéro. C'est assez pour tomber malade, quel que soit votre âge.
                  Le chef Ignace Gull
                  Collectivité de Première nation d'Attawapiskat
                  Moose Factory (Ontario)


Nous proposons que les gouvernements canadiens et autochtones et que les autochtones, à titre individuel, consacrent suffisamment de ressources pour que les besoins en matière de logement soient entièrement comblés d'ici 10 ans. Les obstacles qui entravent depuis longtemps le progrès peuvent être aplanis de la façon suivante:

Pour ce qui est de l'eau et des services sanitaires, le Plan vert du gouvernement fédéral (une initiative spéciale qui a pris fin en 1995) a contribué à réduire l'écart entre les services de base offerts aux autochtones et ceux des collectivités non autochtones. Il reste toutefois beaucoup à faire.

Selon les projections fédérales actuelles, il faudra encore au moins neuf ans avant que toutes les installations non conformes aux normes soient remplacées ou réparées. Ce délai est tout simplement inacceptable car il s'agit d'un déterminant de la santé et de la vitalité communautaire absolument fondamental.

C'est la plupart du temps dans les petites collectivités que les besoins en eau et en services sanitaires sont urgents. La mise à niveau des services ne nécessite aucune technologie complexe ni grande bureaucratie. Cette tâche requiert simplement une technologie appropriée, des fonds suffisants et du personnel compétent et bien formé pour exploiter et surveiller les services essentiels.

Nous proposons d'accélérer le rythme des mesures correctrices, pour doter toutes les collectivités de services d'eau et d'égout convenables d'ici cinq ans.

Autant des logements et des services publics médiocres sont préjudiciables à la santé et au bien-être, autant un revirement de la situation dans ce domaine pourrait avoir un effet régénérateur global:


La collectivité de Première nation de Gesgapegiag, dans l'est du Québec, a créé un programme de logement dynamique où elle combine les subventions au logement du mainc, les subsides de la schl et les avances de fonds de la caisse populaire Desjardins. La bande négocie des prêts accordés pour ceux qui sont capables de rembourser des prêts hypothécaires à long terme. Elle offre également de la formation à la main-d'œuvre locale pour que la construction coûte moins cher.


Il ne suffit pas de poser des briques et du mortier pour construire un logement. À Oujé-Bougoumou, au Québec, un projet de construction domiciliaire s'inspirant de la culture et des valeurs traditionnelles comme des concepts et de la technologie modernes a enclenché tout un processus de guérison et de renouveau communautaires. Il y a à peine 10 ans, les conditions de vie des Cris d'Oujé-Bougoumou étaient considérées comme les pires du monde industrialisé. Aujourd'hui, leur situation s'est améliorée à tel point que les Nations Unies ont récemment inscrit leur nouveau village parmi les 50 collectivités exemplaires du monde.

Tout est possible.

Le contrôle autochtone de l'éducation :
tout reste à faire

Les autochtones disent souvent : «Nos enfants sont notre avenir.» Par voie de conséquence, cet avenir dépend de la qualité de l'éducation donnée aux enfants. C'est en effet par l'éducation que l'on forme la façon de penser, que l'on transmet des valeurs et des connaissances, que l'on inculque les aptitudes linguistiques et sociales, qu'on libère les forces créatrices et qu'on détermine les capacités productives.

Les autochtones sont bien conscients de l'importance de l'éducation. Voilà une bonne trentaine d'années qu'ils réclament davantage de contrôle sur l'éducation de leurs enfants.


Nous œuvrons en vue d'établir des systèmes politiques anishnabés et il nous faut accorder une attention particulière à l'éducation, un outil qui nous permettra d'assurer le bon fonctionnement des nations anishnabées. Vernon Roote Grand chef adjoint, Union des Indiens de l'Ontario


La participation des parents et la gestion locale des écoles sont la norme au Canada - sauf pour les autochtones. Les gouvernements et les Églises ont toujours tenté de se servir de l'éducation pour contrôler les autochtones et les assimiler, à l'époque des pensionnats, bien sûr, mais aussi, plus subtilement, de nos jours.

Lorsque les autochtones cherchent à exercer un contrôle plus étroit sur l'éducation, ils ne demandent pas davantage que ce qu'ont déjà les autres communautés: la chance de déterminer le genre d'hommes et de femmes que deviendront demain les enfants d'aujourd'hui. Dans l'ensemble, les autochtones souhaitent que l'éducation accomplisse deux choses:

Dans le système actuel, ces deux objectifs ne sont pas atteints. La majorité des jeunes autochtones ne terminent pas leurs études secondaires. Ils quittent l'école sans avoir obtenu les diplômes qui leur permettraient de trouver du travail dans l'économie de la société majoritaire, et sans vraiment connaître leur langue et leur culture. Ils ont le plus souvent été victimes de l'ignorance et de la haine qu'engendre le racisme, et cette expérience les laisse complètement abattus ou révoltés.

La plupart des changements que nous proposons dans le domaine de l'éducation ont déjà été recommandés par des commissions et des groupes de travail dont les plus anciens remontent aux années 70. Tout le monde s'entend sur ce qu'il faut faire et cela aurait dû être fait depuis longtemps.

Malgré tous ces problèmes, les autochtones demeurent convaincus que l'éducation peut jouer un rôle positif dans l'acquisition de compétences biculturelles et de l'estime de soi, aussi bien pour leurs enfants que pour eux-mêmes. Ils estiment que l'éducation peut contribuer au développement holistique des leurs, depuis les tout-petits jusqu'aux anciens.

C'est pourquoi nous recommandons la création de systèmes d'éducation contrôlés par les autochtones, reconnus par tous les gouvernements et disposant des ressources nécessaires pour planifier et fournir une éducation la vie durant. Nous recommandons de plus que les écoles provinciales et territoriales veillent à ce que leur enseignement soit pleinement adapté aux élèves autochtones.

Les politiques adoptées en matière d'éducation doivent garantir qu'à chaque étape de la vie correspond une période d'apprentissage appropriée.


L'éducation des autochtones comme mesure d'assimilation a, partout et
toujours, échoué; elle a échoué lamentablement et fait beaucoup de tort.
L'éducation des autochtones en vue de l'autonomie, lorsqu'elle est
contrôlée par les autochtones, donne de bons résultats.
                  Eber Hampton
                  Président, Saskatchewan Indian Federated College


L'éducation de la petite enfance

Dans le domaine de l'éducation comme celui de la santé, la petite enfance est une étape cruciale. La vie familiale traditionnelle donnait aux enfants autochtones une base solide favorisant le sentiment de sécurité et la confiance en soi. De nos jours, les familles autochtones ne sont pas toujours en mesure de remplir cette fonction. La pauvreté, un sentiment d'aliénation, l'expérience du pensionnat et le dysfonctionnement des familles et des groupes sociaux empêchent souvent les parents de bien jouer leur rôle. Les enfants autochtones qui commencent l'école ont donc souvent besoin de compréhension et d'appui pour parvenir à libérer leur capacité naturelle d'apprentissage.


C'est à nous, Anishnabés, d'assurer le développement de l'éducation
pour les générations à venir. Nous pouvons y parvenir grâce à la
spiritualité et à l'usage de notre langue pour nos communications.
                  Isadore Talouse
                  Enseignant, collectivité de Première nation de Wikwemikong


Comme tous les enfants, les petits autochtones doivent maîtriser les tâches intellectuelles, physiques, affectives et spirituelles qu'il faut accomplir à cette étape de la vie. Il leur faut également renforcer leur identité d'autochtone. Nous proposons que tous les enfants autochtones, quel que soit leur statut ou leur lieu de résidence, aient accès à une éducation dynamique et axée sur la culture. Pour ce qui est des écoles primaires, nous recommandons:


Tous les parents s'inquiètent lorsque les valeurs et la vision du monde
enseignées à l'école contredisent ce qui se pratique à la maison ou n'en
tiennent aucun compte.
                  Elsie Wuttunee
                  District scolaire no 1 du Conseil scolaire catholique de Calgary


L'éducation des adolescents

Les adolescents autochtones vivent dans deux mondes - l'un où règnent les valeurs et les croyances autochtones et l'autre où la télévision, la culture populaire et l'entourage imposent des valeurs et des choix différents.

Il faut que les adolescents autochtones soient profondément convaincus de leur valeur en tant qu'individus pour résister à tous ces messages et à toutes ces sollicitations. Ils ont souvent du mal à les concilier. Les forts taux de décrochage scolaire, les grossesses précoces, la toxicomanie, les démêlés avec la justice et les comportements suicidaires reflètent leur détresse et leur confusion.

Les jeunes autochtones ont admis devant la Commission qu'ils se sentaient marginalisés - que ce soit à l'école ou dans leurs collectivités d'origine, personne ne les écoute. Nous examinons dans le chapitre suivant plusieurs façons de responsabiliser ces adolescents.

Il est essentiel que les adolescents autochtones puissent rester chez eux tout en fréquentant l'école secondaire. À 13 ans, ils ne sont pas prêts à quitter leur famille et leur milieu. Il faudra un jour qu'il y ait des écoles secondaires dans les collectivités autochtones. Pour les collectivités de très petite taille, le téléenseignement est une solution qui rend les études secondaires possibles sur place.

Les jeunes autochtones qui abandonnent l'école avant d'obtenir leur diplôme ont besoin d'encouragement pour reprendre leurs études. Un tel soutien est particulièrement important pour les adolescentes qui quittent l'école parce qu'elles sont enceintes. Les autorités autochtones et provinciales devraient prendre des mesures pour favoriser le retour aux études des jeunes autochtones.

L'éducation des adultes

Les autochtones atteignent souvent l'âge adulte sans avoir les capacités, les connaissances ou les diplômes dont ils auraient besoin pour trouver des emplois ou occuper des postes de responsabilité dans leur collectivité. Leurs besoins sont très variés et vont de l'écriture, de la lecture et du calcul à la formation professionnelle spécialisée. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont financé toute une série de programmes de formation pour les adultes, mais les autochtones se heurtent à des obstacles particuliers:

Certains collèges autochtones, comme le Saskatchewan Indian Federated College, Old Sun, en Alberta, et le Nicola Valley Institute of Technology, en Colombie-Britannique, réussissent à combler en partie ces besoins. Ce sont pour la plupart de petits établissements communautaires qui adaptent leurs programmes en fonction d'étudiants adultes qui, souvent, ont eu de mauvaises expériences dans le milieu scolaire. Ils ont montré qu'ils étaient capables de garder les étudiants jusqu'à ce que ceux-ci obtiennent leu

Vers un res souvent avec d'excellentes notes.

Tous les gouvernements devraient collaborer pour augmenter le nombre de ces établissements, leur assurer un financement stable et leur ménager la place qui leur revient parmi les établissements postsecondaires.

Le taux de décrochage chez les étudiants autochtones qui fréquentent les collèges et les universités de la société dominante est très élevé. Si l'on veut lutter contre ce problème, il faudra aplanir les obstacles, entre autres en leur fournissant un appui pour qu'ils puissent être acceptés dans les collèges et les universités et en leur accordant une aide spéciale pour qu'ils poursuivent leurs études. On pourrait s'inspirer sur ce point de ce que font déjà un certain nombre de provinces et d'établissements.

Les nations autochtones vont demander que les traités qu'ils négocient prévoient le financement de l'enseignement postsecondaire. Entre-temps, le gouvernement fédéral devrait continuer à assumer intégralement les coûts d'éducation postsecondaire des Indiens inscrits. Il devrait également accorder des bourses spéciales d'études postsecondaires et des subventions aux étudiants métis et indiens non inscrits.


La garderie Splats'in de la Première nation de Spallumcheen, en Colombie-Britannique, a été conçue sur le modèle traditionnel de la famille étendue. Les anciens et les enfants mènent ensemble des activités quotidiennes; ils prennent soin des animaux, cultivent le jardin et se livrent aux artisanats traditionnels. Parce qu'ils sont exposés chaque jour à la langue shuswap, les enfants commencent à l'utiliser comme langue maternelle.


L'éducation en vue de l'autonomie gouvernementale

Les peuples et les nations autochtones ont besoin d'un système d'éducation sur mesure pour accéder à l'autonomie gouvernementale et en bénéficier. Il faudra tout d'abord former les personnes qui occuperont les emplois créés par l'autonomie gouvernementale. Ensuite, ils vont avoir besoin d'établissements d'enseignement pour protéger et développer leurs cultures, leurs langues et leurs connaissances et pour appliquer les savoirs traditionnels aux problèmes du monde moderne. Ce sont des établissements uvrant au palier régional ou national qui seront le mieux en mesure de répondre à ces besoins.

Le besoin le plus urgent est la formation. Il varie selon la nation autochtone concernée, mais il faudra à toutes les nations des administrateurs et des employés compétents pour occuper les divers postes de la fonction publique: des postes dans le développement économique, les services sociaux et les soins de santé, les travaux publics, l'éducation, les sports et les loisirs, etc.

La planification permettra aux nations autochtones de préciser leurs besoins futurs en matière de personnel, mais l'on peut d'ores et déjà affirmer qu'il n'y a pas suffisamment d'autochtones compétents pour combler tous les postes qui seront créés.

La Commission propose que les nations autochtones se fixent des objectifs précis en matière de développement des ressources humaines dans des secteurs clés et que les gouvernements canadiens concluent avec elles des accords prévoyant des régimes de formation très souples, des programmes de stage et des échanges, pour atteindre certains objectifs quantitatifs dans des domaines précis. Les gouvernements devraient unir leurs efforts pour lancer une campagne destinée à sensibiliser les jeunes autochtones aux occasions qui vont bientôt s'offrir à eux. Si l'on veut que les nations autochtones soient fin prêtes lorsqu'il s'agira de mettre en uvre l'autonomie gouvernementale, il ne faudrait pas attendre que les traités et les autres accords soient conclus pour prendre ces mesures. L'éducation est une composante essentielle à cet égard.

À mesure que les gouvernements des nations autochtones seront créés, ils vont progressivement prendre en charge la planification et la prestation des services d'éducation offerts à leurs citoyens, en coordonnant leurs efforts avec les institutions provinciales et territoriales. Certaines collectivités administrent déjà les services éducatifs autochtones locaux. Les Nisg_a'as de la Colombie-Britannique et les Micmacs de la Nouvelle-Écosse ont signé des ententes créant des services éducatifs complets pour leurs nations. Nos recommandations vont dans le même sens.


Les Métis ne pourront pas atteindre leur objectif d'autonomie
gouvernementale et de développement économique si les membres de leurs
collectivités ne sont pas instruits et n'ont aucune formation technique.
                  Claire Riddle
                  Vice-présidente
                  Région de Winnipeg
                  Manitoba Metis Federation


Nous recommandons également de prendre des mesures dans le but de protéger et de développer les cultures autochtones:

La protection du patrimoine et des arts autochtones

Les cultures autochtones traditionnelles sont axées sur l'ordre des choses dans l'univers. Elles sont influencées par les paysages et guidées par une philosophie qui accorde vie et esprit à tous les éléments du monde animé. Les autochtones sont convaincus que toute chose a une place et un rôle, et qu'il y a toujours des liens d'interdépendance; les codes d'éthique qui visent à amener les êtres humains à se comporter de façon harmonieuse reflètent cette philosophie.

Les cultures autochtones n'ont jamais été statiques. Elles ont toujours répondu à l'évolution de l'expérience humaine. Elles ne sont pas dépassées, elles ne sont pas perdues ni mortes.

De plus en plus d'autochtones ouvrent leur cur et leur esprit à l'idée que les croyances et les pratiques traditionnelles sont utiles dans le monde moderne et qu'elles peuvent jouer un grand rôle pour rétablir un sentiment d'identité individuelle et collective et donner une raison de vivre à ceux qui n'en ont plus.


Pourtant, nous avons survécu et nous continuerons de survivre. Notre
langue est encore vivante, ainsi que notre culture. Nous sommes très fiers
d'être Indiens.
                  Roly Williams
                  Centre d'éducation des adultes Noee Kwe
                  London (Ontario)


Les cultures autochtones sont en danger de disparaître à cause des anciennes politiques qui ne tenaient aucun compte des langues, des cérémonies et des traditions autochtones ou qui parfois même visaient à les supprimer. Il faudra prendre des mesures pour aider ceux qui cherchent à exprimer, à conserver, à rétablir et à approfondir leur culture, dans toute sa richesse et sa diversité.

Ces mesures de protection devraient s'appliquer aux formes matérielles des cultures autochtones (objets façonnés, uvres d'art, travaux d'artisanat, lieux historiques) ainsi qu'à leurs formes dynamiques (chants, danses, légendes, enseignements) propres à susciter les réminiscences et l'inspiration collectives.

C'est grâce aux cultures vivantes des autochtones que l'on pourra faire disparaître les mythes et les stéréotypes, les faussetés et les erreurs que la plupart des non-autochtones du Canada entretiennent. Pour y parvenir, il faudra instaurer un dialogue avec des communicateurs autochtones compétents.

Ce n'est qu'en essayant de connaître l'autre et de comprendre sa sagesse que l'on pourra établir un véritable partenariat entre les peuples.


Tout le long des Foothills, les esprits ordonnent aux chefs cérémoniels
de tenir des cérémonies dans des lieux précis, dont certains sont à
l'extérieur des réserves, sur des terres provinciales ou fédérales. Nos
anciens s'en voient refuser l'accès.
                  Alvin Manitopyes
                  Comité de l'environnement, Assemblée des Premières nations


Héritage culturel

Les cultures des peuples autochtones sont enracinées dans la terre - à des endroits précis qui, selon la tradition, leur ont été donnés pour qu'ils en prennent soin et les utilisent pour subvenir à leurs besoins. Certains lieux géographiques ont marqué leur histoire et leur mythologie. Les ossements de leurs ancêtres reposent dans cette terre. Les autochtones ont fabriqué, à partir des ressources de la terre, les objets sacrés employés pour les cérémonies. Ils ont sculpté des masques et des emblèmes, ils y ont gravé l'histoire de leur famille et de leurs ancêtres, ils ont raconté leurs grands événements au moyen de chants, de légendes et de danses.

Les autochtones ont toutefois été chassés de la plupart de leurs lieux sacrés. Ils ont vu des gens de l'extérieur s'emparer d'objets sacrés pour les exposer dans de lointains musées, bien souvent hors contexte et sans respecter l'âme de ces objets. Les autochtones ont des exigences justifiables:

Certaines questions liées à la protection des sites se règlent actuellement par l'établissement et le renouvellement de traités. Des musées ont accepté de restituer des objets sacrés. Des artistes, des écrivains et des archéologues utilisent maintenant avec sensibilité les images et les légendes autochtones. On ne peut toutefois pas s'en remettre uniquement à la compréhension dont font preuve ces personnes pour protéger le patrimoine culturel comme le souhaiteraient les autochtones.

Les gouvernements devraient collaborer pour dresser un inventaire des lieux sacrés, en partie pour éviter que le développement économique ou l'érosion naturelle ne les dégrade. Il faudrait demander aux anciens de signaler les sites prioritaires.

Nous invitons également les musées et les établissements culturels à adopter des codes de déontologie concernant l'acquisition, l'exposition et l'explication des objets appartenant aux cultures autochtones. Il faut que les autochtones aient davantage accès à leur propre patrimoine culturel, qu'on leur facilite l'étude de leur culture et qu'on accroisse les ressources pour qu'ils puissent créer leurs propres centres d'exposition et de recherche.


La langue est l'un des principaux instruments de transmission de la culture, d'une génération à l'autre.


Langues vivantes

La langue est l'un des principaux instruments qui permet de transmettre la culture d'une génération à l'autre et d'interpréter l'expérience collective.

Au Canada, on trouve 11 grandes familles linguistiques autochtones et plus de 50 langues différentes. Le nombre des locuteurs de langue autochtone ne représente qu'une fraction de la population autochtone: environ une personne sur trois chez les cinq ans et plus. La plupart sont des adultes ou des personnes âgées. Même les langues les plus utilisées - le micmac, le montagnais, le cri, l'ojibwa, l'inuktitut, certaines langues dénées - sont menacées d'extinction parce que les jeunes les parlent de moins en moins.


Un ancien a déclaré: «Sans la langue, nous ne sommes que des corps sans esprit.»
                  Mary Lou Fox, ancienne
                  Fondation culturelle ojibwa
                  Sudbury (Ontario)


On assiste dans le monde entier au déclin des langues minoritaires face aux langues de la culture dominante - en particulier celles qu'utilisent les médias et la culture populaire. Les langues autochtones ont subi un dur coup lorsque les autorités scolaires ont forcé tous les enfants autochtones à parler le français ou l'anglais.

La disparition de ces langues entraînerait celle de la conception du monde particulière aux autochtones, de leur sagesse ancestrale et de leur façon de vivre. Si l'on veut protéger ces langues, il faut:

Lorsque l'usage d'une langue est en déclin ou gravement menacé, les programmes d'immersion peuvent être utiles - mais une langue ne peut vivre que si elle est utilisée couramment. Elle doit servir dans les communications au travail, à l'école, dans les médias, avec le gouvernement - et, principalement, à la maison.

Il appartiendra à chaque nation autochtone de décider des mesures à prendre pour protéger ces langues et d'élaborer des politiques en ce sens. Entre-temps, les personnes qui parlent les langues autochtones vieillissent et meurent. Nous proposons la création d'une fondation pour la revitalisation des langues autochtones, qui serait chargée de consigner, d'étudier et de préserver les langues autochtones ainsi que d'aider les autochtones à faire renaître celles qui sont déjà disparues.


J'ai perdu ma langue
par Rita Joe

J'ai perdu ma langue
La langue que vous m'avez volée.
Lorsque j'étais petite fille
À l'école de Shubenacadie.

Vous me l'avez arrachée:
Je parle comme vous.
Je pense comme vous.
Je crée comme vous
La confuse ballade du monde qui est le mien.

J'ai deux façons de parler.
Avec les deux je vous dis:
La vôtre est plus puissante.

Doucement donc, je vous tends la main:
Laissez-moi retrouver ma langue.
Pour que je puisse me révéler à vous.


Communications

Le Canada a toujours été profondément tributaire des moyens de communication - depuis les cours d'eau utilisés pour la traite des fourrures jusqu'au chemin de fer transcontinental et aux liaisons satellite modernes. L'information communiquée par ces outils façonne notre conception du monde et des autres. Il est clair que nous avons besoin au sujet des autochtones d'une information exacte et de descriptions réalistes.

Ce n'est toutefois pas l'image des autochtones que véhiculent les médias. Pour la plupart des Canadiens, les autochtones sont d'ardents défenseurs de l'environnement, des guerriers en colère ou des victimes pitoyables. Les aspects de leur caractère et de leur personnalité que décrivent les médias sont excessivement limités.

Les grands médias ne reflètent pas très bien la réalité autochtone, pas plus qu'ils n'offrent aux autochtones la possibilité de se dire - en tant que radiodiffuseurs, journalistes, commentateurs, poètes ou conteurs. Les autochtones n'ont pas souvent l'occasion d'expliquer qui ils sont à leur façon et avec leurs mots.

Les Canadiens ne connaissent pas les opinions des autochtones et ils conservent souvent de fausses impressions sur ce que sont la vie et les aspirations des autochtones ainsi que sur les raisons qui motivent leurs actions.


Je cite Louis Riel: «Mon peuple dormira pendant 100 ans, puis il se
réveillera, et ses artistes lui rendront son esprit.»
                Marie Mumford
                Association for Native Development in the Performing and Visual Arts


Les autochtones disposent de très peu de moyens pour communiquer entre eux. Il n'existe que quelques services de communication qui leur appartiennent - et les compressions récentes ont pratiquement supprimé le financement de ces services. La primauté accordée aux images et aux préoccupations des non-autochtones dans les médias affaiblit les cultures autochtones. Dans le Nord, par exemple, l'arrivée de la télévision au cours des années 60 a transformé la société en moins d'une génération.

Nous formulons des propositions qui touchent quatre domaines:

Arts plastiques et arts du spectacle

Pour les autochtones, comme pour les autres, les arts sont le reflet et le prolongement de leur histoire, de leur mythologie et de leur spiritualité. Ils sont à la fois un miroir qui permet aux autochtones de mieux se connaître et une fenêtre qu'ils ouvrent pour que les autres puissent les voir. Qu'il s'agisse de formes d'expression traditionnelles, modernes ou mixtes, les artistes autochtones font partie intégrante de leurs propres cultures ainsi que de l'identité culturelle du Canada.


Après le décès prématuré de la poétesse Pauline Johnson, en 1913, il a
fallu attendre près de 60 ans avant qu'un autre auteur autochtone ne soit
publié au Canada. Malgré tout ce qu'elle a à offrir, la littérature
autochtone est encore boudée par l'industrie canadienne de l'édition.
                Greg Young-Ing
                Theytus Books
                Vancouver
                (Colombie-Britannique)


Compte tenu de l'importance des arts et des artistes autochtones, on s'étonnera peut-être du peu d'appui qu'ils reçoivent des secteurs public et privé.

À l'époque où l'on tentait d'asservir et d'assimiler les autochtones, on a tout fait pour étouffer leur voix, qui exprimait des cultures et des conceptions du monde uniques. Même à notre époque de renouveau, les institutions canadiennes, tant publiques que privées, se désintéressent des arts et des artistes autochtones.

Pour les commissaires, les arts plastiques, la littérature et les arts du spectacle ont besoin qu'on leur accorde un solide appui pendant au moins une génération si l'on veut les revitaliser et les enrichir. Nous proposons la création d'un conseil des arts autochtones, une révision des conditions régissant l'octroi des subventions par les institutions de la société majoritaire et un soutien accru à la formation et aux installations d'exposition et de production.

Améliorer la vie des autochtones

Le débat sur les questions autochtones est souvent centré sur la fonction gouvernementale et sur les aspects juridiques, constitutionnels et institutionnels, mais son but véritable consiste en fait à améliorer la vie des autochtones.


Chez les Gitksans et les Wet'suwet'ens, la langue ne contient aucun mot
pour désigner la santé. Toutefois, il existe un terme pour «force» que
l'on peut utiliser dans le sens de «santé». Ces peuples parlent aussi de
bien-être. Le bien-être est associé à l'estime de soi, un sentiment de
paix et de bonheur. Ce concept englobe l'éducation. Il englobe l'emploi.
Il englobe les revendications territoriales. Il englobe la gestion des
ressources. Tout cela nous ramène au bien-être intégral et au mieux-être.
                Rhea Joseph
                Dossier santé, Native Brotherhood of B.C.


Au cours des années, on a consacré beaucoup de temps, d'énergie et d'argent à cette fin, sans parvenir à éliminer les graves problèmes de santé, d'éducation et de fonctionnement des familles. La persistance de ces problèmes mine les individus et les collectivités autochtones. Pour les Canadiens, ces problèmes freinent le développement du pays.

Les problèmes sociaux des autochtones sont-ils insolubles? Sans espoir? Certainement pas. Mais il faut modifier complètement la façon d'organiser et de fournir les services qui leur sont dispensés.

On ne peut pas mettre fin à la détresse, à la violence et aux comportements autodestructeurs et améliorer la vie des autochtones sans modifier au préalable la répartition des pouvoirs et des ressources. Le contrôle par les autochtones n'est toutefois pas une panacée - l'autonomie gouvernementale n'est pas un outil magique et ne saurait garantir le succès. Rien ne dit que les autochtones n'utiliseront pas parfois à mauvais escient leurs nouveaux pouvoirs. De toute façon, les effets de l'autonomie gouvernementale ne seront pas immédiats.

Entre-temps, il faut s'attacher à améliorer la vie des autochtones et à renforcer leurs capacités. L'efficacité du contrôle exercé par les autochtones en dépend également, comme l'illustre le cercle de bien-être que nous avons décrit au début du chapitre.

Comment y parvenir? De quatre façons:

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  Mise à jour : 2000-06-21


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