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Gabrielle Roy
Refaire ce qui a été quitté

Gabrielle Roy, que l’on appelle la grande dame des Lettres canadiennes, est l’un des romanciers les plus remarquables du Québec et de l’Amérique du Nord francophone.

Née à Saint-Boniface, cette terre canadienne-française au Manitoba, elle y fit ses études et débuta dans la vie comme institutrice, tout en participant à des activités culturelles comme celles du Cercle Molière, actif centre dramatique francophone de l’Ouest canadien.

Ses romans lui vaudront trois fois le prix du Gouverneur général du Canada, en plus d’une quantité d’autres prix littéraires, dont le prix Duvernay pour l’ensemble de son oeuvre. Au cours de la seule année 1978, Gabrielle Roy a reçu le prix du Gouverneur général ainsi que le Prix Molson.

Ce qui frappe chez Gabrielle Roy, c’est cette nostalgie des lieux qui furent des témoins de sa vie, sans oublier l’attrait qu’exercent sur elle les espaces du Grand-Nord. C’est le phénomène qu’analyse François Ricard, l’un de nos critiques littéraires les plus perspicaces.

DEPUIS 4 ANS GABRIELLE ROY REDIGEAIT SES MEMOIRES

par Lia Lévesque

(PC) - Depuis plus de quatre ans et jusque avant sa mort, Gabrielle Roy s’affairait à rédiger ses mémoires. L’oeuvre reste inachevée, mais l’écrivain avait fait lire ses ébauches à l’éditeur Alain Stanké.

Bien qu’incomplets, M. Stanké espère pouvoir publier les mémoires de l’un des plus grands écrivains québécois. “Mais il est trop tôt pour le dire, faudra voir ses (dernières) volontés”.

L’auteur se faisait si perfectionniste qu’après quatre ans de rédaction, elle n’en était qu’à une ébauche. “Elle voulait qu’avant qu’une seule page aille sous presse, elle soit impeccable”, s’est rappelé avec nostalgie l’éditeur, lors d’une entrevue accordée à la Presse canadienne. “Elle avait interrompu la rédaction de ses mémoires à cause de son état de santé”.

Le pdg des éditions Stanké, chez qui Gabrielle Roy avait publié 10 titres, s’est dit “très boulversé”[sic] de la mort de sa “très grande amie”. A ses yeux, Mme Roy était “le pilier de la littérature québécoise et probablement canadienne”. Certains de ses textes furent traduits en anglais, dont le célèbre Bonheur d’occasion, devenu The Tin Flute.

Gabrielle Roy était une “femme très perfectionniste pour qui la pureté de la langue française était très importante.

M. Stanké, qui a rencontré l’auteur pour la dernière fois en mars dernier, souligne qu'“elle m’écrivait et me parlait beaucoup au téléphone mais la dernière fois, je me suis bien aperçu qu’elle n’aimait pas qu’on voie qu’elle n’était pas très bien”.

De son côté, l’écrivain québécois Yves Thériault a affirmé, au cours d’une interview, que le décès de Gabrielle Roy constitue une énorme perte pour la littérature québécoise. Le créateur d’Agaguk a connu Mme Roy vers la fin des années 30 lorsqu’elle “n'était qu’une petite fille timide” et qu’elle s’était installée à Montréal, dans le quartier ouvrier de Saint-Henri, qu’elle a décrit dans Bonheur d’occasion, son premier roman. M. Thériault et Gabrielle Roy se sont ensuite perdus de vue pendant des années. Leur relation, dit-il, était demeurée “une belle amitié de jeunesse”.

L’équipe qui a tourné Bonheur d’occasion, le plus célèbre roman de l’auteure québécoise, a fait connaître sa tristesse à la suite du décès de l’écrivain. Le groupe se trouve en Union soviétique, où le film était justement présenté, en première mondiale, dans le cadre du Festival du film de Moscou. “C’est avec beaucoup d’émotion que l’équipe de Bonheur d’occasion a appris le décès de Gabrielle Roy”, lit-on dans un communiqué laconique.

Le film reprend en détails le livre historique de l’auteur franco-manitobain, inscrit au programme d’études dans plusieurs collèges et universités du Québec. Mme Roy avait lu le scénario du long métrage et s’était montrée satisfaite de l’adaptation du roman.

Le premier ministre canadien, M. Pierre Elliott Trudeau, a émis hier une déclaration où il présente Mme Roy comme “l’un des plus grands écrivains de l’après-guerre” au Canada français.

Mme Roy a reçu à trois reprises le prix du gouverneur général du Canada pour certains de ses livres.

Dès la parution de son premier roman, Bonheur d’occasion, il “s’était établi entre la romancière et ses lecteurs un sentiment d’affection et de respect qui n’allait jamais s’estomper au fil des ans. La reconnaissance et la renommée que son oeuvre lui mérita, ici comme à l’étranger, ne la firent jamais se départir des nobles qualités d’humanisme et de la sensibilité dont sont imprégnés tous ses ouvrages” affirme le premier ministre.

M. Trudeau a dit vouloir “rendre hommage à la contribution remarquable que Mme Roy a apportée à la littérature canadienne-franqaise, mais souligner en outre avec quel enthousiasme ses romans ont été lus et appréciés chez les Canadiens de langue et de culture anglaises”.

Gabrielle Roy est décédée à l’âge de 74 ans, victime d’un infarctus du myocarde.

Gabrielle Roy est née en 1909 à Saint-Boniface. Elle a fait des études à l’Académie Saint-Joseph de Saint-Boniface, puis au Winnipeg Normal Institute. Elle a amorcé sa carrière littéraire en faisant publier plusieurs histoires dans un journal de Saint-Boniface.

Institutrice pendant huit ans, elle s’occupait déjà activement de théâtre. Elle a reçu à deux occasions le Prix Molière, à Ottawa, au cours des années 30, à la suite de festivals dramatiques.

En 1937, elle s’est embarquée pour l’Europe, et a vécu à Londres, à Paris et en Provence. C’est là que, cédant au goût qu’elle a toujours eu d’écrire, elle a envoyé au journal français Je suis partout quelques articles qui ont été acceptés.

De retour au pays en 1939, elle s’est établie à Montréal et a collaboré au Jour, à la Revue moderne et au Bulletin des agriculteurs, auxquels elle a donné des grands reportages sur les groupes ethniques du Canada et différentes industries canadiennes. Elle a aussi écrit des articles pour le défunt journal Le Canada sur la route de l’Alaska.

Par ailleurs, le Montreal Repertory Theatral a monté une pièce en un acte de Mme Roy dès son retour d’Europe, et des revues ont publié d’autres récits de sa plume vers cette époque.

Ces années de journalisme l’ont familiarisée avec Montréal et les graves problèmes de l’épogue. Elles ont aiguisé son attention, stimulé son sens de l’observation et l’ont amenée à écrire son premier roman,“Bonheur d’occasion”, en 1945.

Son chef-d’oeuvre, le premier vrai roman social québécois se déroulant en milieu urbain, a immédiatement obtenu un succès foudroyant tant au pays qu’à l’étranger. Ce roman salué partout dans le rnonde campe des personnages hauts en couleurs, qui se débattent contre la misère d’un quartier populaire tout en gardant l’espoir d’une vie meilleure.

En 1947, le prix Fémina lui a été décerné, et le livre a été traduit en plusieurs langues.

C’est en 1947 aussi qu’elle a épousé le Dr Marcel Carbotte, également originaire de Saint-Boniface. Depuis lors, elle vivait à Québec où elle s’est attachée à l’élaboration de son oeuvre.

Source : Le Devoir, 15 juillet 1983

Avec la permission du journal Le Devoir.


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