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Un retour aux jours de Gabrielle Roy au Manitoba

“Je me suis toujours réjouie de savoir que Gabrielle avait pu se placer dans un endroit où elle pouvait évoluer,” confie une ancienne collègue de la Gabrielle Roy qui enseignait à l’Ecole Provencher pendant les années 30... Ses dernières années au Manitoba.

“Quand elle a quitté, c’était pour combler d’autres ambitions,” juge Léonie Guyot, qui avait enseigné pendant six ans avec Gabrielle Roy, décédée la semaine dernière. “Gabrielle était partie du Manitoba pendant la dépression. Je crois que cela avait pris la force pour se détacher de la communauté.”

Parmi ses collègues à l’Ecole Provencher, Gabrielle Roy s’était fait remarquée surtout pour la patience qu’elle témoignait envers ses élèves de la première année. “Elle pardonnait plus facilement aux enfants. On dirait qu’elle comprenait beaucoup de choses qui nous choquaient.”

Ce qui ne l’aurait pas empêchée d’avoir du caractère. “Elle aimait rire, blaguer... je dirais même qu’elle était espiègle.” Mais, encore une fois, côté travail, “disciplinée et intelligente”.

A cette époque, la lecture des classiques et des Américains lui plaisaient beaucoup. Elle jouait de la musique et écrivait un peu pour sa propre satisfaction, et non pour se faire publier. De temps en temps, elle partait avec Léonie pour le théâtre à Winnipeg où on représentait du Somerset Maugham, du Ernest Hemingway et d’autres auteurs anglophones.

En plus, elle aimait souvent prendre des marches en pleine nature. “Souvent, sous la pluie,” ajoute Léonie Guyot. “Elle pratiquait parfois des sports, elle affectionnait le tennis.”

Il reste que son passe-temps préféré était le théâtre. Gabrielle Roy avait participé activement au Cercle Molière pendant ses dernières années à Saint-Boniface. Notamment à une production qui s’était méritée le premier prix au Festival canadien du théâtre. “Le théâtre était pour Gabrielle un bon moyen d’apprentissage. D’ailleurs, avant de quitter Saint-Boniface, elle s’était beaucoup intéressée à l’enseignement de l’art dramatique aux enfants.”

N’empêche qu’en 1937, Gabrielle Roy s’était vue dans le devoir de quitter sa famille, ses amies, sa province. Et on avait compris pourquoi. Plus tard, ses collègues n’avaient pas été surpris d’apprendre qu’elle avait obtenu le prix Fémina. “On avait toujours deviné son talent.”

Pour Léonie Guyot, “c’est difficile de décrire ce qu’on peut ressentir pour Gabrielle Roy. Elle était un peu mystérieuse, difficile à comprendre à fond, même pour ses meilleures amies”. Tout de même, elle ne pourra oublier l’enthousiasme que manifestait Gabrielle Roy avant son départ pour le Festival de théâtre à Ottawa, avant son départ du Manitoba pour l’Europe, et à bien d’autres occasions...

Roland Stringer

Gabrielle Roy et la critique

Voici quelques citations tirées de La LIBERTÉ. entre 1933 et 1936, sur le jeu de Gabrielle Roy, comédienne pour le Cercle Molière.

“En s'attaquant à “Blanchette” et en la jouant avec la perfection qu'il y a mise, le Cercle Molière a prouvé que ses artistes savent marcher de progrès en progrès... Une mention spéciale pour Mlle Gabrielle Roy (Lucie Galoux), très à l'aise et très gentille.”

“Mlle Gabrielle Roy, dans le rôle de la marquise de Presles, a été agréable, primesautière, beaucoup plus marquise que fille de monsieur Poirier, très naturelle dans ses mouvements (qui étaient variés à souhait) et dans le dialogue. On lui eût peut-être souhaité plus d'indignation quand le voile se déchire et qu'apparaît l'odieuse conduite de son mari; mais Mlle Roy a réussi un très bel effort d'interprétation et nous ne lui connaissons pas encore cette assurance et cette souplesse.”

“Mme Houde et Mlle Gabrielle Roy, dans les premiers rôles, ont joué avec un naturel et une sobriété qui consacrent définitivement leurs talents d'interprètes intelligentes, toujours sensibles et extrêmement appliquées.”

Sa vie et sa province

1909 - Naissance de Gabrielle Roy, le 22 mars, à Saint-Boniface, enfant de Léon Roy et Mélina Landry.

1915-27 - Études à l'Académie Saint-Joseph de Saint-Boniface.

1929-37 - Gabrielle Roy est institutrice à Marchand, à Cardinal et à l'École Provencher.

1937-39 - Séjour en Europe.

1939-45 - Gabrielle Roy travaille au Québec, surtout en tant que journaliste.

1945 - Parution de Bonheur d'occasion.

1947 - Gabrielle Roy obtient à Paris le prix Fémina.

1950 - Parution de La petite poule d'eau.

1955 - Parution de Rue Deschambault.

1970 - Parution de Mon héritage du Manitoba.

1977 - Parution de Ces enfants de ma vie.

1983 - Décès de Gabrielle Roy, le13 juillet à l'Hôtel-Dieu de Québec.

Le Manitoba, vu par Gabrielle Roy, dans les années 50.
Quand je revois le Manitoba, par la pensée, après toutes ces années. ce que je retrouve le mieux, c'est une générosité de sentiments comme tout naturellement alliée à l'abondance des moissons, à la riche variété humaine de cette province et à l'espace. Les ciels sont immenses au Manitoba. Peu à peu ils nous ont façonnés un peu différemment de ce que nous aurions pu être ailleurs. Ce ciel immense nous a invités à connaître tout ce qui nous entoure; il invite à aller voir, toujours, ce qui est au bout de l'horizon. C'est peut-être pourquoi tant de nous avons quitté le Manitoba... mais aussi pourquoi cette province nous a si profondément marqués.

Source : La Liberté, 22 juillet 1983.

Avec la permission du journal La Liberté.


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