Page d'accueil
| Page d'accueil |
Identification fédérale pour la Bibliothèque nationale du Canada

Hommage à Gabrielle Roy
Berthe Simard a bien des souvenirs à se remémorer

Petite-Rivière-Saint-François --

“J'ai hâte que ce soit terminé. Le souvenir de Gabrielle me revient en mémoire. Elle aurait apprécié l'hommage qu'on s'apprête à lui rendre. Vous savez, elle aimait se faire dire par quelqu'un qu'il avait goûté ses livres.”


par Denis GAUTHIER
(collaboration spéciale)


Celle qui s'exprime ainsi, c'est la très grande amie de l'auteur Gabrielle Roy à Petite-Rivière-Saint-François, Mme Berthe Simard. Demain, les citoyens du petit village de Charlevoix serré entre le fleuve et la montagne rendront un hommage particulier à l'écrivain. Sur les lieux, il y aura également des proches, des collaborateurs et des gens de toutes classes pour participer à cette journée d'activités.

Berthe Simard y sera et elle se remémorera sans doute les longues marches qu'elle effectuait avec son amie Gabrielle sur la voie ferrée qu'emprunte aujourd'hui le Tortillard du Saint-Laurent. “Aujourd'hui, je marche seule, c'est moins intéressant”, glisse-t-elle.

La petite de plus de 70 ans semble encore en excellente santé. Elle est peintre et sculpteur. Elle avoue ne pas avoir touché à ses pinceaux depuis deux ans, “je préfère mes ciseaux”, précise-t-elle.

C'est à l'incitation de Jean Balardy, un villégiateur habitant près de la famille Simard durant l'été, que Berthe a fait la connaissance de Gabrielle Roy, “Ça te ferait une bonne compagne”, lui avait-il suggéré. On était alors en l954 et une grande amitié prenait naissance.

Entre les deux femmes, on assiste à un phénomène d'osmose. Elles s'entendent à merveille. Gabrielle Roy écrit en matinée. Elles se retrouvent plus souvent qu'autrement dans l'immense résidence de la famille Simard où elles allaient prendre le thé. Il y avait des longues marches sur la voie ferrée, “Nous discutions alors un peu de tout, mais pas de grandes littératures, parce que je n'y connais rien”, se rappelle Berthe, en ajoutant qu'elles aimaient également étudier les fleurs sauvages que l'on retrouve le long des rails.

Mme Roy arrivait à Petite-Rivière en mai pour n'en repartir que tard en septembre. Son mari, le docteur Marcel Carbotte, passait le mois de juillet à la résidence secondaire, “Gabrielle tenait à sa solitude”, mentionne Mme Simard.

Les yeux de Berthe Simard s'illuminent. Elle se souvient d'un doux moment, “Gabrielle était une grande conteuse. Lorsqu'elle vous prenait dans un récit, ça devenait tellement visible…”, confie-t-elle.

Berthe Simard avait l'occasion, quelquefois, de pouvoir lire des passages du bouquin que rédigeait l'auteure, “Elle m'en faisait lire certains chapitres à l'occasion, avoue-t-elle humblement. Je me souviens que pour “La truite dans l'eau glacée” elle avait préparé un enregistrement qu'elle m'a fait écouté”.

Gabrielle Roy considérait Berthe Simard comme une soeur. L'écrivain avait laissé sa famille au Manitoba. “S'il y avait quelque chose qui n'allait pas, c'était “Berthe” tout de suite”, mentionne Mme Simard.

Au cours de l'hiver l983, Berthe Simard est allée passer une semaine à Québec chez Gabrielle Roy. La santé de l'écrivain était déficiente. Au cours de l'été, elle a quand même tenu à venir à Petite-Rivière-Saint-François où elle a passé trois semaines, “Elle aurait voulu que je lui tienne la main pour mourir”, fait part Mme Simard. Ce fut impossible. A l'incitation de Berthe et de ses proches, Mme Roy fut transportée à Québec. “Elle savait qu'elle allait mourir et elle le désirait”, révèle sa grande amie.

Demain, le programme de la journée comprend le dévoilement d'une plaque commémorative, une messe, la visite des lieux où habitait Gabrielle Roy à Petite-Rivière-Saint-François, une exposition de livres et une exposition de photos.

Source : Le Soleil, Québec, 17 août 1985.

Avec la permission du journal Le Soleil.


Biographie Fonds Prix Articles Bibliographie Liens

Canada Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada.