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Plutoria est une communauté d'imposteurs. On y trouve des pères de substitution (Peter Spillikins), des mystiques frauduleux (M. Yahi-Bahi), des pseudo-poètes (Sikleigh Snoop le «poète du sexe»), des faux pasteurs (le révérend Uttermost Dumfarthing), des aristocrates pauvres (Duke Dulham), des racketteurs de la bourse (Gildas), des statues de bronze (le gouverneur), des faux naturalistes (M. Newberry), de l'architecture affectée (le manoir de Mme Rasselyer-Brown), des cures imaginées pour des maladies imaginaires (Dr Slyder) des diplômes honoraires prétentieux (Dr Boomer), la religion feinte (la fusion de St-Asaph avec St-Osoph), la politique municipale hypocrite (la Clean Government Association) et, enfin, des femmes aux cheveux teints (Mme Everleigh). Plutoria est une société escroquante qui, dans son insipidité, valorise l'opportunisme plus que la loyauté, la vieillesse plus que la jeunesse, l'hypocrisie plus que la vérité.
Le pathétisme d'Arcadian Adventures culmine en une parodie sophistiquée du rituel du bouc émissaire. Plutoria se purge de ses éléments inconciliables, c'est-à-dire qu'elle rejette tout ce qui est authentique. Les personnages comme Nora, les Tomlinsons, le révérend McTeague et le Concordia College sont ridiculisés et cloués au pilori. Cette expulsion des caractères authentiques est une parodie du rituel du bouc émissaire, et seuls les personnages authentiques sont exclus de Plutoria. Même l'amour véritable, à Plutoria, l'amour de Nora pour Peter Spillikins, est spolié et tué dans l'oeuf. Tant de révélations et de disgrâce ne peuvent qu'illustrer tout ce qu'il y a de pathétique. Le mysticisme romantique du Dr McTeague est un autre exemple de parodie du rituel du bouc émissaire. Plutoria est un lieu de vieillards, non de jeunes. À Plutoria, le monde des jeunes est kidnappé par celui des vieux et, comme on peut s'y attendre, Peter Spillikins est kidnappé par Mme Everleigh.
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