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Arcadian Adventures of the Idle Rich

Arcadian Adventures
with the Idle Rich

de Stephen Leacock


Les idées exprimées dans les commentaires suivants sur Arcadian Adventures sont entièrement tirées des ouvrages suivants : Gerald Lynch. Stephen Leacock : Humour and Humanity (Montréal-Kingston : McGill-Queen's University Press, 1988); Donald Cameron. Faces of Leacock (Toronto : Ryerson, 1967. p. 102-121; et de Robertson Davies. Stephen Leacock (Canadian Writers, no 7. Toronto : McClelland and Stewart, 1970).


Page manuscrite d'Arcadian Adventures with the Idle Rich Arcadian Adventures with the Idle Rich est considérée l'oeuvre de Stephen Leacock la plus drôle, la mieux construite et la plus condensée. Ce livre est paru en 1914, soit deux ans après Sunshine Sketches of a Little Town. Ces deux romans sont considérés, à juste titre, comme des histoires soeurs; l'une ne se comprend pas sans l'autre. Ensemble, elles révèlent tout le registre des préoccupations de Stephen Leacock, l'artiste et le penseur. Aux deux pôles de sa vision artistique se trouvent Plutoria, d'Arcadian Adventures, et Mariposa, de Sunshine Sketches. Mariposa est une petite ville du Canada (une communauté idéale), où a sa place la folie humaine, tandis que Plutoria est une métropole américaine (un modèle de communauté négative) qui soutient l'individualisme absurde. Le noyau autour duquel évoluent ces deux histoires est le Mausoleum Club. En effet, Arcadian Adventures commence au Mausoleum Club tandis que Sunshine Sketches y a sa conclusion. Le club est un point fixe tout en constituant le point de départ des deux livres. Mariposa est le village d'où pourrait venir un membre du Mausoleum Club, un passé à préserver dans la mémoire, un lieu champêtre et idyllique. Plutoria, d'un autre côté, est la ville vers laquelle un membre du Mausoleum Club se dirige vraisemblablement; Plutoria représente ce que réserve l'avenir, sinon la réalité, une obsession pour tout ce qui est mécanique et matériel.
Page manuscrite d'Arcadian Adventures with the Idle Rich



Page manuscrite d'Arcadian Adventures with the Idle Rich

Le narrateur d'Arcadian Adventures est facile à reconnaître par la clarté et l'exagération de son attaque vigoureuse contre la plutocratie. Pas un seul instant le lecteur ne se demande ce que peut penser le narrateur des riches oisifs. Le narrateur d'Arcadian Adventures, au contraire de celui de Sunshine Sketches, est un tireur d'élite qui semble abattre à loisir ses proies, les plutocrates. Pour cette raison, Robertson Davies a qualifié Arcadian Adventures de «livre de grande colère», où la «satire est grossière» (Stephen Leacock, p. 32-33). En effet, la satire est grossière, mais la critique que fait le narrateur des riches oisifs n'en est pas moins juste. Quelle que soit la froideur de son jugement, les péchés universels d'avarice, d'orgueil et d'hypocrisie ne peuvent être approuvés même par l'individualiste le plus convaincu. C'est ainsi, explique Gerald Lynch, que le narrateur ne dépasse pas la limite de l'«obligeance».

Les lecteurs doivent cependant savoir que, pour Leacock, le terme «obligeance» («kindleness») sous-entend des liens de parenté («kinship»), d'humanité; il n'est pas synonyme de gentillesse. Ces personnages qui vivent sans égard pour l'humanité, comme les plutocrates d'Arcadian Adventures, deviennent des cibles de choix pour la satire humoristique qu'en fait Stephen Leacock. («Épilogue». Arcadian Adventures with the Idle Rich. Toronto : McClelland & Stewart, 1989, p. 207)
L'humour de Leacock, dans Arcadian Adventures, est cru dans sa première expression mais, vu d'une perspective plus vaste, «obligeant». En raison de la malveillante ironie unidimensionnelle du narrateur, Arcadian Adventures demeure un livre simple, beaucoup plus que Sunshine Sketches. Il ne ressemble en rien au narrateur chaleureux, semblable à un caméléon, de Sunshine Sketches, dont l'ironie est à double tranchant et, pour cela, plus complexe. C'est probablement la simplicité d'Arcadian Adventures qui a valu à cette oeuvre d'être intégrée au programme d'études des écoles de la Russie communiste. La description que fait Leacock du capitalisme américain «devenu fou» doit avoir répondu parfaitement aux objectifs manifestes de la Russie. The Theory of the Leisure Class (1899) de Thorstein Veblen influence la critique que fait Leacock du capitalisme américain dans Arcadian Adventures.
Lettre adressée à Stephen Leacock par M. Bell, éditeur de Canadian Publishing House, Bell & Cockburn, 10 août 1914. Toute attaque du capitalisme américain se doit, pour en illustrer le pathétisme, de faire une description de la classe ouvrière, ce que fait Leacock d'un tournemain. Les bidonvilliens sont évoqués au début et à la fin du livre, servant de dispositif de mise en relief de toute l'histoire. Il est vrai que le mode de vie paresseux et décadent des plutocrates ne se matérialise que par les actions de la classe ouvrière : les riches oisifs ont besoin des bidonvilliens alors que les bidonvilliens n'ont nullement besoin des riches oisifs. Le premier chapitre, «A Little Dinner With Mr. Lucullus Fyshe», met en valeur la théorie selon laquelle les riches oisifs ne sont jamais très loin des bidonvilliens. Les organisateurs syndicaux figurent en toile de fond dans la cuisine du Mausoleum Club et, de même, on imagine facilement les bidonvilliens à l'arrière-plan de toutes les histoires plutoriennes. L'ombre de la classe ouvrière plane sur l'ensemble d'Arcadian Adventures, et seuls ceux qui voient au-delà d'elle et observent le monde du toit du Mausoleum Club peuvent voir la pauvreté dénigrante.
Réponse de Stephen Leacock à M. Bell, éditeur de Canadian Publishing House, Bell & Cockburn, 14 août 1914.

Plutoria est une communauté d'imposteurs. On y trouve des pères de substitution (Peter Spillikins), des mystiques frauduleux (M. Yahi-Bahi), des pseudo-poètes (Sikleigh Snoop le «poète du sexe»), des faux pasteurs (le révérend Uttermost Dumfarthing), des aristocrates pauvres (Duke Dulham), des racketteurs de la bourse (Gildas), des statues de bronze (le gouverneur), des faux naturalistes (M. Newberry), de l'architecture affectée (le manoir de Mme Rasselyer-Brown), des cures imaginées pour des maladies imaginaires (Dr Slyder) des diplômes honoraires prétentieux (Dr Boomer), la religion feinte (la fusion de St-Asaph avec St-Osoph), la politique municipale hypocrite (la Clean Government Association) et, enfin, des femmes aux cheveux teints (Mme Everleigh). Plutoria est une société escroquante qui, dans son insipidité, valorise l'opportunisme plus que la loyauté, la vieillesse plus que la jeunesse, l'hypocrisie plus que la vérité.

Le pathétisme d'Arcadian Adventures culmine en une parodie sophistiquée du rituel du bouc émissaire. Plutoria se purge de ses éléments inconciliables, c'est-à-dire qu'elle rejette tout ce qui est authentique. Les personnages comme Nora, les Tomlinsons, le révérend McTeague et le Concordia College sont ridiculisés et cloués au pilori. Cette expulsion des caractères authentiques est une parodie du rituel du bouc émissaire, et seuls les personnages authentiques sont exclus de Plutoria. Même l'amour véritable, à Plutoria, l'amour de Nora pour Peter Spillikins, est spolié et tué dans l'oeuf. Tant de révélations et de disgrâce ne peuvent qu'illustrer tout ce qu'il y a de pathétique. Le mysticisme romantique du Dr McTeague est un autre exemple de parodie du rituel du bouc émissaire. Plutoria est un lieu de vieillards, non de jeunes. À Plutoria, le monde des jeunes est kidnappé par celui des vieux et, comme on peut s'y attendre, Peter Spillikins est kidnappé par Mme Everleigh.


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