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Identification fédérale pour la Bibliothèque nationale du Canada


Stephen Leacock

Les nombreux visages de Leacock : ses autres oeuvres


Les descriptions suivantes du mode d'humour de Stephen Leacock constituent une synthèse du chapitre deux de : Gerald Lynch. «Between Satire and Sentimentality», dans Stephen Leacock : Humour and Humanity (Montréal-Kingston : McGill-Queen's University Press, 1988); Donald Cameron. Faces of Leacock (Toronto : Ryerson, 1967. p. 102-137); Ralph Curry. Stephen Leacock : Humorist and Humanist (Garden City, N.Y. : Doubleday, 1959); et de Robertson Davies. Stephen Leacock (Canadian Writers, no 7. Toronto : McClelland and Stewart, 1970).

Humor: It's Theory and Techniques

L'humour

Par-dessus tout, Stephen Leacock voulait son humour «gentil». C'est à l'âge de 18 ans qu'il acquiert cette conviction, au moment où il commence à apprendre l'art du discours auprès d'un enseignant d'expérience, le directeur du Strathroy Collegiate Institute. Dans sa biographie, The Boy I Left Behind Me (1946), il recrée cet événement qui devrait guider la rédaction de toutes ses œuvres humoristiques.

J'avais, à cette époque, un certain don pour imiter les gens, et je pouvais facilement imiter la voix de personnes et reproduire d'instinct leurs gestes. Donc, lorsque Jimmy Wetherell [l'enseignant d'expérience], à mi-chemin d'un cours d'anglais, me dit de la façon la plus polie : «Pourriez-vous maintenant continuer l'enseignement du cours?», je m'acquittai de la tâche en assumant les maniérismes et la voix de Jimmy, ce qui eu pour effet de ravir la classe. On entendait des rires étouffés de part et d'autre dans la salle. Encouragé dans mes élans artistiques, j'y allai un peu fort. Le sympathique directeur s'en rendit compte et il rougit. Une fois que j'eus terminé, il dit doucement : «Je crois que j'admire votre intellect beaucoup plus que vos manières». Les mots m'allèrent droit au cœur. Je sentais qu'ils étaient mérités et pourtant entièrement dénués de malice. Car je n'avais pas vraiment de «courage», aucun «culot». C'était tout simplement que l'art d'imiter m'intéressait. Je ne m'étais pas rendu compte comment cela pouvait toucher la personne intéressée. J'avais appris ma première leçon concernant le besoin de la bonté humaine en tant qu'élément humoristique. (p. 159)

Humour and Humanity

C'est ainsi que Stephen Leacock ne put jamais concevoir l'humour avec l'intention de blesser quelqu'un. Il parle de cet élément de façon religieuse dans ses écrits théoriques, comme il le répète dans How to Write (1943). «L'humour, et on ne peut jamais le répéter assez souvent, doit être gentil» (p. 252-253). Peu importe s'il écrit dans le genre humoristique ou s'il écrit sur sa technique et sa théorie, M. Leacock souligne toujours ce principe - l'humour est à son meilleur lorsqu'il est «gentil». Stephen Leacock disserte sur ce point lorsqu'il se prépare à définir l'humour sublime dans Humour and Humanity: An Introduction to the Study of Humour (1937) :

L'humour gentil qui est décrit ici me semble refléter l'humour des cultures les plus avancées, il est donc l'humour de l'avenir. Sa distinction est la bonté. Il n'appartient pas à la littérature de l'effort, des convictions inébranlables et des buts prédéterminés. Il provient plutôt du désenchantement, de la perte de la foi et de la largesse d'esprit qui est issue de l'abolition des idéaux d'étroitesse d'esprit, qui n'ont pas encore été remplacés. (p. 205-206)

C'est avec un tel espoir dans l'humanité que Stephen Leacock entreprend sa carrière d'écrivain comme humoriste. Mais, animé d'un tel optimisme progressif, Leacock se rendait compte au même moment qu'il se devait d'éviter le sentimentalisme. Son humour ne peut jamais se classer sous la catégorie de la satyre destructive et insensible ou d'une sentimentalité débordante. Il atteint un équilibre entre la satyre et le sentimentalisme. En un mot, l'humour de Stephen Leacock se trouve à mi-chemin entre un gin avec des glaçons et un thé glacé sucré.

Literary Lapses

La première œuvre humoristique à être publiée est Literary Lapses (1910) et elle remporte un grand succès. De nombreux portraits décrivent d'une façon «gentille» l'incongruité qui existe entre la réalité et la façon dont les choses devraient se être. Bien sûr, dans ces portraits, Leacock prend toujours le parti de l'être humain. Ralph Curry, un des biographes de Stephen Leacock, observe :

Le trait distinctif de Stephen Leacock était sa sympathie pour l'être humain. L'humour de Stephen Leacock portait sur l'homme de tous les jours assailli par la publicité, les modes, les congrès, le sexe, les sciences, l'absurdité, la machinerie - social et industrielle - et d'autres tyrannies impersonnelles (Stephen Leacock, p. 83).

Behind the Beyond





My Remarkable Uncle

C'est cette sympathie pour l'être humain qui rend l'humour de Stephen Leacock tellement attirant. Il agissait comme antenne des angoisses sociales du début du XXe siècle, en révélant les absurdités des relations entre l'homme et les nouvelles technologies ainsi que les institutions en croissance. C'est en raison de la validité de ses commentaires que l'on reconnaît bientôt Leacock comme le meilleur humoriste du monde anglophone durant la période entre 1915 et 1925. Ses écrits parlaient toujours au grand public; plutôt que d'être un écrivain exclusif, il était inclusif. Bien que son humour était stéréotypé, ce qui lui donnait un auditoire vaste, il se moquait souvent de ces mêmes stéréotypes dans la plupart de ses nouvelles en parodiant souvent les genres populistes.

La production d'œuvres humoristiques de Stephen Leacock est phénoménale. Il écrit plus de 25 livres humoristiques, dont voici quelques titres : Literary Lapses (1910), Nonsense Novels (1911), Sunshine Sketches of a Little Town (1912), Behind the Beyond, and Other Contributions to Human Knowledge (1913), Arcadian Adventures with the Idle Rich (1914), Moonbeams from the Larger Lunacy (1915), Further Foolishness: Sketches and Satires on the Follies of the Day (1916), Frenzied Fiction (1918), The Hohenzollerns in America: with the Bolsheviks in Berlin, and Other Impossibilities (1919), Winsome Winnie, and Other New Nonsense Novels (1920) et Last Leaves (1945).

Stephen Leacock a influencé d'autres humoristes contemporains comme Robert Benchley et S.J. Perelman. Son influence toutefois ne se limite pas à la littérature. En fait, l'ombre de Stephen Leacock se retrouve aujourd'hui dans la culture populaire contemporaine. Il représente l'archétype de l'humour canadien. L'humour «gentil» est présent dans l'esprit des humoristes canadiens suivants : Wayne & Shuster, «The Royal Canadian Air Farce», «The Red Green Show», «This Hour has Twenty-Two Minutes», «The Kids in the Hall», «SCTV» (Martin Short, Rick Moranis, Dave Thomas, John Candy, Eugene Levy, Andrea Martin, Catherine O'Hara, Joe Flaherty), Jim Carrey, Dan Ackroyd, Howie Mandel et Mike Meyers. Certains critiques ont cité la position géographique et politique du Canada entre la Grande-Bretagne et les États-Unis pour expliquer la qualité de l'humour produit au Canada. Cette position permet en effet aux artistes canadiens de prendre du recul et de trouver les côtés humoristiques des situations.

Elements of Political Science



The Unsolved Riddle of Social Justice



My Discovery of the West

Économie politique

Bien que de nos jours, Stephen Leacock soit considéré comme humoriste, le livre qui eut le plus grand succès de son vivant, Elements of Political Science (1906), constitue le côté professionnel de Leacock, professeur de science politique. Quoiqu'il n'ait pas fondé ou dirigé aucune «école» de pensée politique, sa contribution à l'enseignement de l'économie politique peut se mesurer par la vente de son manuel Elements of Political Science qui a été traduit en 19 langues et a été utilisé, pendant près de 20 ans, dans des salles de classe universitaires de par le monde.

Stephen Leacock a obtenu son doctorat de l'université de Chicago en 1903, où il rédige sa thèse, «The Doctrine of Laissez-faire», sous la direction de Thorstein Veblen, le célèbre auteur de The Theory of the Leisure Class (1899). En fait, Thorstein Veblen a une influence considérable sur la pensée de Leacock, particulièrement concernant des sujets comme la technologie et les institutions. Une autre influence de Stephen Leacock au début de sa carrière est John Stuart Mill qui a écrit Principles of Political Economy (1848) et On Liberty (1859). Parmi les auteurs qui influencent la pensée de M. Leacock plus tard dans sa carrière, mentionnons Frank Taussig, Gustav Cassel, Norman Angell et John Maynard Keynes. Voici comment se résume la pensée de Stephen Leacock : il est un tory humaniste, il est opposé au laissez-faire et aux choix socialistes par rapport aux choix capitalistes; il explique dans The Unsolved Riddle of Social Injustice (1920) qu'il s'intéresse non seulement à la production, où il croit que la liberté est tout aussi importante, mais aussi à la distribution (l'offre et la demande), où il croit que l'intervention de l'État est la meilleure solution; la production, dit-il, a besoin d'un étalon or pour établir un équilibre sur la dépréciation monétaire et en prévenir les excès; il entrevoit un organisme central des États où le commerce ne se limiterait pas aux frontières des États; une telle vision implique une fusion de l'Empire britannique et de l'Empire américain. Pour plus de détails sur Stephen Leacock, le politicologue, voir l'article de Myron J. Frankman, «Stephen Leacock, Economist : An Owl Among the Parrots», dans Stephen Leacock : A Reappraisal (Ottawa : Presses de l'Université d'Ottawa, 1986. p. 51-58).

En 1937, Stephen Leacock remporte le Prix littéraire du Gouverneur général pour My Discovery of the West : A Discussion of East and West in Canada, une collection de réflexions sur le Canada qu'il a rédigées durant sa dernière tournée de conférences. Bien que cet ouvrage ne soit pas considéré comme un de ses meilleurs écrits, il remporte tout de même le prix prestigieux, probablement à cause de ses contributions passées à la littérature et aux lettres canadiennes que pour la qualité de My Discovery of the West.

My Discovery of the West

Canada The Foundations of its Future

The Makers of Canada: Baldwin, Lafontaine, Hincks

Histoire

Stephen Leacock a écrit six livres sur le sujet de l'histoire. Trois des livres sont des contributions à la série des «Chronicles of Canada»: Adventurers of the Far North: A Chronicle of the Arctic Seas (1914), The Dawn of Canadian History : A Chronicle of Aboriginal Canada (1914) et The Mariner of St. Malo : A Chronicle of the Voyages of Jacques Cartier (1914). Deux autres livres d'histoire, Canada : The Foundations of Its Future (1941) et Montreal : Seaport and City (1942), n'offrent aucunes nouvelles perspectives sur chaque sujet. Baldwin, Lafontaine, Hincks : Responsible Government (1907) constitue un premier ouvrage d'histoire et on le considère comme un de ses meilleurs ouvrages. Stephen Leacock était un des pionniers des écrits historiques sur le Canada et, bien qu'il ne soit d'aucune façon un spécialiste de la question, sa contribution à l'histoire canadienne ne devrait pas être sous-estimée.

Biographie

En tant qu'humoriste, Stephen Leacock était influencé par de nombreux écrivains. Il admirait beaucoup des écrivains comme O. Henry, Mark Twain, Bret Harte et Charles Dickens et écrivait souvent à leur sujet. Il a même écrit deux biographies, une de Mark Twain et l'autre de Charles Dickens. Son livre Charles Dickens : His Life and Work (1933) n'est pas, selon les critères établis, une étude bien réalisée. Parfois, il y a des erreurs qui ont rapport à l'intrigue de même qu'aux personnages dont l'orthographe des noms est erronée. Toutefois, Mark Twain (1932) est une réalisation qui, bien que courte, apporte une contribution certaine à l'étude de Twain.


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Canada Droit d'auteur. La Bibliothèque nationale du Canada.