Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a confié au Centre de recherche Décima le mandat d'effectuer un sondage d'envergure nationale afin de connaître les impressions, les attitudes et les priorités des Canadiens concernant le commerce international et les enjeux connexes.
D'une durée de 18 minutes, le sondage a été effectué par téléphone du 15 au 25 mars 2007 auprès de 1 202 Canadiens sélectionnés de façon aléatoire. Les principaux résultats de l'étude sont présentés ci-dessous.
Tout d'abord, les résultats du sondage suggèrent que les Canadiens sont quasi unanimes au sujet de la contribution toujours plus importante du commerce international à l'économie du pays. Plus de trois Canadiens sur quatre (78 %) croient qu'au cours des dix dernières années, le commerce international est devenu un facteur plus important pour l'économie, alors que seuls 6 % des répondants croient qu'il est devenu moins important au cours de cette même période.
Malgré cette quasi-unanimité concernant l'accroissement du rôle et de l'importance du commerce international, les données révèlent des différences sensibles au chapitre des avantages conomiques et sociétaux découlant de ces avancées économiques.
Plus de huit répondants sur dix (83 %) croient que les grandes entreprises ont beaucoup profité de la poussée du commerce canadien, à l'instar de l'ensemble de l'économie canadienne (75 %). Toutefois, les opinions concernant les effets du commerce international sur les autres groupes de la société sont plus tempérées. 44 % des répondants croient que les petites et moyennes entreprises en ont beaucoup profité et 36 % des répondants croient que la croissance du commerce international a grandement profité à eux et à leur famille.
Au Canada, l'écart entre la perception des avantages du commerce international pour les grandes entreprises et les autres groupes de la société est le plus grand au Québec et en Colombie-Britannique, où les répondants croient que les grandes entreprises profitent plus du commerce international que les petites et moyennes entreprises ou que les particuliers.
En observant plus attentivement certains avantages précis, le commerce international est généralement perçu comme une force motrice de la compétitivité canadienne à l'échelle internationale, particulièrement le développement des technologies et l'innovation au Canada. En outre, les résultats du sondage indiquent qu'un grand nombre de Canadiens voient un lien entre le commerce international et l'emploi; en effet, 55 % des répondants indiquent que le commerce international a un impact positif sur le nombre d'emplois au Canada (comparativement à 25 % des répondants qui croient qu'il a plutôt un impact négatif).
Probablement en raison de l'accroissement de l'impact perçu du commerce international sur l'économie canadienne, plus de huit Canadiens sur dix indiquent l'accord de l'ALENA; ils connaissent également le terme mondialisation et sont capables d'indiquer ce qu'ils en pensent.
Les impressions à l'égard de l'impact de l'ALENA sont tout aussi divergentes que les impressions à l'égard de l'impact du commerce en général, mais quelques-uns en ont une opinion franchement plus négative. Le nombre de Canadiens (46 %) qui croient que l'ALENA a eu un impact positif sur le Canada est près du double du nombre de répondants qui croient plutôt qu'il a eu un impact négatif sur le Canada (28 %). Cependant, les opinions concernant l'impact de l'ALENA sur les Canadiens eux-mêmes sont passablement polarisées : 37 % des répondants croient qu'il a eu un impact positif, mais 35 % d'entre eux croient qu'il a eu un impact négatif.
Les résidents de l'Alberta sont plus susceptibles de croire que l'ALENA a eu un impact positif (tant sur le Canada que sur les Canadiens) et les résidents de la Colombie-Britannique sont ceux qui sont les moins susceptibles de le croire. En Colombie-Britannique, 41 % des répondants indiquent croire que l'ALENA a eu un impact négatif sur les Canadiens, probablement à cause du long différend sur le bois d'ouvre.
Les opinions sont tout aussi polarisées sur la question d'étendre l'Accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique à d'autres secteurs. 36 % des répondants croient que les parties devraient étendre la portée de l'accord, 22 % croient que l'accord devrait rester tel quel et 38 %, soit la pluralité des répondants, croient que les parties devraient être plus autonomes les unes des autres, sans doute afin de diversifier les relations commerciales.
En effet, d'autres données de l'étude révèlent des préoccupations à l'égard du niveau de dépendance de l'économie canadienne envers le marché américain. Ces données révèlent même un inconfort marqué à l'égard de cette dépendance et les répondants croient que le gouvernement canadien devrait chercher à diversifier ses marchés tout aussi activement qu'il cherche à renforcer les relations commerciales canado-américaines.
Les Canadiens ont vraiment des opinions mitigées concernant le travail accompli par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international pour défendre les intérêts canadiens.
Un Canadien sur trois (33 %) indique croire que le MAECI s'acquitte bien de sa tâche, alors que 27 % des répondants croient que le MAECI ne répond pas aux attentes. Derrière tout cela, 34 % des Canadiens croient que le gouvernement du Canada n'en fait pas assez pour défendre les intérêts commerciaux du Canada, nombre intimement lié à la connaissance qu'ont les répondants du différend sur le bois d'ouvre et de l'accord intervenu.
L'étude a également exploré les priorités sur lesquelles le ministère du Commerce international devrait se concentrer pour les années à venir ainsi que les pays et les régions avec lesquels le Canada devrait négocier d'autres accords commerciaux. Les résultats révèlent que toutes les priorités proposées ont recueilli un appui assez solide de la part des répondants et qu'aucune n'a fait l'objet d'une forte contestation.
Parmi les principales priorités que les Canadiens attribuent au ministère, notons :
Dans cette étude, la négociation d'ententes de libre-échange avec d'autres pays est perçue comme tant une priorité moins importante, mais la différence se situe plus dans le niveau d'appui que dans le niveau de résistance. Les deux tiers des répondants (66 %) y accordent une grande priorité, alors que 16 % d'entre eux y accordent une faible priorité.
Les répondants devaient par la suite évaluer des pays ou des régions précises avec lesquels le ministère du Commerce international pourrait établir des relations plus étroites. Les résultats suggèrent que l'Europe (par une marge importante) est la région avec laquelle le Canada devrait tablir des relations plus étroites. Les autres pays proposés par les experts comme partenaires commerciaux possibles, par exemple la Chine et l'Inde, ont suscité un certain intérêt, quoique modéré, chez les Canadiens.
Au Canada, l'un des aspects les plus délicats du commerce international est la conciliation des objectifs nationaux en matière de droits de la personne avec ceux du commerce international. Le sondage a cherché conseil auprès des Canadiens pour savoir comment concilier les deux.
Quatre grandes approches politiques qui pourraient encadrer les questions de droits de la personne ont été décrites aux répondants. Les quatre approches et les résultats globaux sont indiqués ci-dessous. Les résultats laissent sous-entendre qu'aucune de ces approches ne fait l'unanimité. L'idée de recourir à des sanctions commerciales pour exercer des pressions est l'approche la plus populaire, suivie de l'idée d'utiliser le commerce pour favoriser l'ouverture et les réformes démocratiques. Par ailleurs, la plupart des Canadiens ne souhaitent pas que le gouvernement du Canada adopte les politiques les plus extrêmes pour régler ces questions.
Alors que les Canadiens semblent appuyer fortement la croissance du commerce international, le sondage révèle certains résultats intéressants concernant les investissements étrangers au Canada et les investissements des entreprises canadiennes dans les pays étrangers.