Recherche exploratoire sur le vapotage chez les jeunes

Sommaire
Mai 2020

Rédigé par :
Le groupe-conseil Quorus Inc.

Rédigé pour :
Santé Canada
Fournisseur : Le groupe-conseil Quorus Inc.
Date d’octroi du contrat : 20 janvier 2020
Date de livraison : Mai 2020
Valeur du contrat (TVH incluse) : 174 871,29 $
Numéro de contrat : HT372-194121/001/CY
Numéro de ROP : 069-19

Pour de plus amples renseignements sur le rapport, écrivez à :
Hc.cpab.por-rop.dgcap.sc@canada.ca

This report is also available in English.

Recherche exploratoire sur le vapotage chez les jeunes
Rapport final  
Préparé pour Santé Canada
Fournisseur : Le groupe-conseil Quorus Inc.
Mai 2020

Le présent rapport de recherche sur l’opinion publique contient les résultats des discussions de groupe dirigées par le groupe-conseil Quorus Inc. au nom de Santé Canada. Cette étude a été réalisée à l’aide de groupes de discussion qualitatifs. Ces discussions, au nombre de 16, ont eu lieu en installations. Les groupes étaient composés de jeunes qui vapotent, sur une base quotidienne ou occasionnelle, et d’enseignants (y compris de membres du personnel de soutien). La recherche s’est déroulée du 2 au 12 mars 2020.

Le présent document peut être reproduit pour des fins non commerciales uniquement. Une permission écrite doit être obtenue au préalable auprès de Santé Canada. Pour obtenir de plus amples renseignements sur le présent rapport, veuillez communiquer avec Santé Canada à hc.cpab.por-rop.dgcap.sc@canada.ca ou par la poste à l’adresse suivante :

Ministère de la Santé
200, promenade Eglantine
A.L. 1915C
Ottawa, (Ontario)   
K1A 0K9

Numéro de catalogue :
H14-347/2020F-PDF
Numéro international normalisé du livre (ISBN) :
ISBN 978-0-660-34695-3
Publications connexes (numéro d’enregistrement : POR 069-19) :
H14-347/2020E-PDF (rapport final en anglais)
ISBN : 978-0-660-34694-6

© Sa Majesté la reine du chef du Canada, représentée par la Ministre de la Santé du Canada, 2020

Attestation de neutralité politique

J’atteste, par les présentes, à titre de président du groupe-conseil Quorus, que les produits livrables sont entièrement conformes aux exigences en matière de neutralité politique du gouvernement du Canada énoncées dans la Politique sur les communications et l’image de marque et la Directive sur la gestion des communications – Annexe C.

Plus précisément, les produits livrables ne comprennent pas d’information sur les intentions de vote électoral, les préférences quant aux partis politiques, les positions des partis ou l’évaluation de la performance d’un parti politique ou de ses dirigeants.

Signé :

Rick Nadeau, président
Le groupe-conseil Quorus Inc.

Sommaire

Le groupe-conseil Quorus Inc.
Numéro de contrat : HT372-194121/001/CY
Numéro d'enregistrement de la ROP :069-19
Date d'octroi du contrat : le 20 janvier 2020
Coût du contrat : 174 871,29 $

Contexte et objectifs de la recherche

La Loi sur le tabac et les produits de vapotage (LTPV) a été promulguée le 23 mai 2018 afin de réglementer la fabrication, la vente, l’étiquetage et la promotion des produits du tabac et des produits de vapotage vendus au Canada. La LTPV établit un nouveau cadre juridique pour la réglementation des produits de vapotage afin de protéger les jeunes de la dépendance à la nicotine et au tabac, tout en permettant aux adultes d’avoir un accès légal aux produits de vapotage comme solution de rechange moins nocive que le tabac.

Même si les connaissances scientifiques sont toutes nouvelles, Santé Canada reconnaît que les produits de vapotage pourraient apporter des avantages pour la santé publique s’ils réduisaient les décès et les maladies liées au tabac en aidant les fumeurs à cesser de fumer ou à se tourner pour de bon vers une source de nicotine probablement moins nuisible. Néanmoins, les produits de vapotage peuvent aussi avoir des effets nuisibles sur la santé publique.

La recherche exploratoire avait pour but d’éclaircir certains points et de mieux comprendre la façon dont les jeunes utilisent les produits de vapotage, les comportements de ceux-ci et les différences entre ceux qui utilisent les produits régulièrement et ceux qui en font usage occasionnellement. Les résultats serviront à orienter les décisions en matière de politiques et de règlements, en plus d’aider Santé Canada à avoir une meilleure vue d’ensemble du phénomène du vapotage chez les jeunes et les personnes qui gravitent autour d’eux, plus précisément les enseignants et le personnel de soutien dans les écoles. 

Méthodologie

Le présent rapport contient les résultats de 16 discussions de groupe menées par Quorus du 2 au 12 mars 2020. Quatre discussions ont eu lieu dans quatre villes, dont une discussion avec des enseignants et personnel de soutien, une autre avec des jeunes de 13 à 15 ans et deux avec des jeunes de 16 à 19 ans. Parmi les jeunes, certains vapotaient occasionnellement ou régulièrement et d’autres « expérimentaient » (c.-à-d. qu’ils avaient déjà vapoté et n’avaient pas exclu l’idée de continuer). Chez les jeunes de 16 à 19 ans, une des séances a été menée avec des vapoteurs réguliers et l’autre, avec des vapoteurs occasionnels. En tout, 103 jeunes de 13 à 19 ans et 36 enseignants et membres du personnel de soutien ont participé aux discussions de groupe. À Regina, Vancouver et Toronto, les séances se sont déroulées en anglais, et en français à Montréal. D’autres détails sont présentés dans la section Méthodologie du présent rapport.

La recherche qualitative est conçue pour faire découvrir un vaste éventail d’opinions et d’interprétations, et non pour évaluer le pourcentage de la population cible qui partage une certaine opinion. Ces résultats ne doivent pas servir à calculer la proportion des membres de la population qui ont une opinion particulière, car ils ne sont pas statistiquement extrapolables.

Résultats obtenus auprès des jeunes

Observations générales sur la vie en tant qu’élève

Au début de chaque séance avec les jeunes, l’animateur a voulu savoir à quoi ressemblait « la vie d’un élève ou d’un adolescent ces jours-ci ». Les jeunes ont expliqué que leur vie était difficile à plusieurs égards, notamment en raison de la pression qu’ils subissent pour obtenir de bons résultats scolaires et planifier leur avenir, ainsi que des pressions sociales, comme le besoin de s’intégrer. L’équilibre entre les travaux scolaires et les autres obligations (comme les sports ou un emploi à temps partiel) s’avère un défi de taille pour bon nombre d’entre eux. à plusieurs reprises, les participants ont eu besoin d’aide pour identifier ce qui allait bien dans leur vie et plusieurs ont alors mentionné qu’ils aimaient le bon temps passé entre amis, la liberté qu’ils ont à l’adolescence, malgré leurs obligations, et le fait qu’ils en sont à une étape de leur vie où ils sont libres de découvrir et d’expérimenter.

L’initiation au vapotage

En repensant à leur première expérience de vapotage, les jeunes se sont rappelé que la majorité du temps, l’occasion s’était présentée à eux sans qu’ils l’aient nécessairement cherchée. Bien que la plupart aient accepté, d’autres se sont fait prier un peu avant d’accepter. L’invitation provenait souvent d’une personne qu’ils connaissaient bien (comme un ami, un frère ou une sœur), lors d’une rencontre entre amis. Les jeunes ont alors vapoté pour satisfaire leur curiosité, pour s’intégrer au groupe, pour être cool ou tout simplement par esprit de rébellion. Même s’ils ne savaient pas grand-chose du vapotage à ce moment, la plupart avaient vu d’autres gens vapoter autour d’eux et ne croyaient pas prendre un gros risque.

La première expérience fut rarement agréable. De nombreux participants se sont rappelé avoir toussé, s’être sentis mal ou avoir eu des nausées, ou bien n’avoir rien ressenti du tout. La plupart ont avoué qu’ils ont dû apprendre à vapoter et c’est seulement à ce moment qu’ils ont découvert la raison de l’engouement pour le vapotage, notamment le « head rush » - c’est-à-dire le « buzz » ou le sentiment d’euphorie qu’il procure.

Les habitudes de vapotage

La plupart des vapoteurs réguliers ont affirmé vapoter au moins une fois par jour et bon nombre d’entre eux le font tôt le matin. C’est dans ce groupe qu’on retrouve ceux les plus susceptibles de se considérer comme étant « accros » au vapotage. Certains vont souvent se créer des occasions de vapoter (p. ex., durant les pauses-toilettes ou dans la salle de classe). Presque tous ces jeunes possèdent un dispositif de vapotage et utilisent presque toujours un produit contenant au moins 50 mg de nicotine. Les vapoteurs réguliers peuvent tout aussi bien vapoter seuls qu’en groupe.

Les vapoteurs occasionnels sont, en général, des vapoteurs « sociaux » ou « de convenance ». Ils vapotent rarement quand ils sont seuls et la plupart ne possèdent même pas de dispositifs de vapotage. Ils vapotent lorsqu’une occasion se présente ou, pour ceux qui vapotent très rarement, lors d’une rencontre sociale. Les produits qu’ils utilisent dépendent grandement du fait qu’ils possèdent ou non un dispositif de vapotage. Ceux qui en possèdent utilisent presque toujours un produit contenant au moins 50 mg de nicotine. Les autres vapotent ce qu’on leur offre, sans se soucier de ce qu’ils consomment.

Ce sont parmi les vapoteurs occasionnels qu’on retrouve le plus grand nombre de jeunes qui utilisent des niveaux plus faibles de nicotine, qui vapotent parce qu’ils aiment l’arôme du produit ou parce que l’activité leur plait et non parce qu’ils s’y sentent obligés.

Le vapotage à l’école

La plupart des jeunes, en particulier les vapoteurs réguliers, vapotent à l’école. Ils expliquent que les élèves vapotent « partout », y compris dans les salles de classe, mais particulièrement dans les toilettes et dans la cour, et que les efforts déployés par la direction pour contrôler le vapotage ne parviennent pas à les décourager. Ils n’ont aucune difficulté à contourner les règlements parce que les dispositifs de vapotage sont de plus en plus compacts, qu’ils peuvent inhaler la vapeur sans la libérer, que les arômes fruités ou sucrés sont confondus avec ceux des bonbons ou de la gomme à mâcher, et qu’ils peuvent agir rapidement.

De plus, les élèves sont nombreux à croire que les enseignants ferment les yeux sur un phénomène de plus en plus courant et qui n’est pas si dérangeant. Ils constatent que peu d’élèves sont punis pour avoir vapoté, ce qui les amène à croire que les règlements mis en place ne sont pas rigoureusement appliqués.

Les attitudes envers le vapotage

Le vapotage semble avoir une plus grande importance pour les vapoteurs réguliers que pour les vapoteurs occasionnels. Ceux qui affirment que le vapotage est essentiel pour eux le comparent à d’autres activités comme manger ou respirer et ajoutent que si le vapotage venait à disparaître, ils prendraient des semaines à s’en remettre. Ces jeunes avouent dépendre du vapotage et même s’ils ne vapotent pas régulièrement, ils sont conscients des divers symptômes de sevrage (p. ex., l’irritabilité et la difficulté à se concentrer). Dans le même ordre d’idées, certains parmi ceux qui accordent une grande importance au vapotage ont expliqué qu’il leur permet de gérer l’anxiété et le stress, et d’affronter la vie en général. D’autres ont ajouté que le vapotage facilite les interactions sociales. 

Ceux pour qui le vapotage n’est pas essentiel ont expliqué qu’ils vapotent rarement, au point où si le vapotage disparaissait demain, ils le remarqueraient à peine et n’auraient aucune difficulté à arrêter. Ils comparent le vapotage à une gâterie, au même titre que le chocolat ou les desserts, c’est-à-dire qu’ils l’apprécient de temps à autre, sans plus.

De loin, l’aspect le plus apprécié du vapotage est le « head rush » qu’il procure. Ce facteur explique l’importance que bon nombre de jeunes accordent aux produits de vapotage contenant 50 mg de nicotine; ce taux est parmi les plus élevés qu’on peut se procurer au Canada. Loin derrière au deuxième rang, on retrouve les arômes, suivi des effets créés par les nuages de fumée et la commodité du vapotage comparativement aux cigarettes, entre autres.
Pour la plupart des jeunes, le vapotage a un effet relaxant alors que d’autres ont l’impression de planer ou d’avoir le vertige. Certains se sentent même léthargiques alors que pour d’autres, le vapotage a un effet énergisant.

Pour certains, le plus grand avantage du vapotage est qu’il leur permet d’avoir une connexion additionnelle avec leurs amis. Grâce au vapotage, ils ont l’impression de faire partie d’un groupe, d’être cool et acceptés des autres.

La perception des risques

Tous les participants semblaient d’accord pour dire que le vapotage comporte des risques. Toutefois, bon nombre d’entre eux ont hésité et ont répondu de manière vague lorsqu’on leur a demandé de décrire ces risques. Plusieurs se doutaient que le vapotage est malsain en général et qu’il comporte un risque de dépendance, mais se sont tout de même posé la question : Si c’est aussi risqué qu’on le croit, alors pourquoi y a-t-il autant de gens qui vapotent ?

Certains jeunes commencent à voir ou à ressentir des effets sur leur santé qu’ils attribuent au vapotage. C’est particulièrement le cas parmi ceux qui vapotent régulièrement et ceux qui ont essayé d’arrêter. Un des effets les plus souvent constatés est la dépendance, un phénomène qu’ils ont eux-mêmes vécu ou qu’une personne de leur entourage a vécu. La discussion a révélé que pour certains, la dépendance n’est pas une menace importante pour leur santé et que, contrairement à certaines drogues ou à l’alcool, ils ne voient aucun préjugé associé à la dépendance à la nicotine ou au vapotage. D’autre part, certains étaient plus inquiets à l’idée d’être dépendants d’une substance et d’éprouver les troubles physiques et psychologiques qui y sont associés. Au final, ils étaient préoccupés par les problèmes et les difficultés qu’éprouvent ceux qui essaient de se libérer d’un état de dépendance.

Parmi les jeunes, certains avaient entendu dire qu’au départ, on avait décrit le vapotage comme une stratégie visant à aider les fumeurs à cesser de fumer, ce qui les amenait à croire que le vapotage était plus sécuritaire ou plus sain que la cigarette. Une autre raison qui explique le sentiment selon lequel le vapotage est sécuritaire est l’absence de données probantes qui prouvent que le vapotage est néfaste. Les seuls cas graves dont certains ont entendu parler sont les incidents rapportés dans les nouvelles ou sur Facebook, dont la majorité qui concerne des Américains. Même si certains étaient inquiets, d’autres ont repoussé cette information du revers de la main sous prétexte qu’il s’agissait d’incidents isolés concernant des personnes qui vapotaient sans doute beaucoup plus qu’eux ou qui utilisaient des produits douteux. Quelques jeunes ont également ajouté que si le vapotage était dangereux, il y aurait beaucoup plus de gens hospitalisés ou malades.

En ce qui concerne les autres risques potentiels, quelques participants ont mentionné le fait de se faire prendre et réprimander par les enseignants ou les parents, le sentiment de décevoir les parents et les coûts associés au vapotage. 

Lorsqu’on leur a demandé d’évaluer la nocivité de diverses substances et activités pour la santé, le vapotage à la nicotine a été considéré comme étant moins nocif que la cigarette et presqu’aussi nocif que l’alcool. On considère que le vapotage à la nicotine est de loin plus nocif que le vapotage sans nicotine. De toutes les activités et substances mentionnées, ce dernier a été considéré comme parmi les moins néfastes pour la santé.

Les préférences en matière de produits

Un temps considérable a été consacré aux dispositifs de vapotage que possèdent les jeunes et aux types de produits qu’ils utilisent, en particulier les taux de nicotine et les arômes.

Bon nombre de jeunes, surtout des vapoteurs réguliers, possèdent leurs propres dispositifs de vapotage. Parmi les raisons les plus souvent invoquées est la facilité à laquelle on peut se les procurer, le fait qu’ils sont populaires et qu’il est cool d’avoir le sien, qu’on peut vapoter ce qu’on veut et quand bon nous semble, que le partage est de moins en moins populaire en raison des risques pour la santé, que le fait de « quémander » est socialement inacceptable et que ceux qui possèdent leur propre dispositif de vapotage sont moins enclins à le partager en raison du prix élevé des produits.

Les participants ont expliqué qu’ils pourraient « très facilement » se procurer un dispositif de vapotage et ce, peu importe leur âge, ce dont les plus jeunes étaient particulièrement fiers. Parmi les stratégies utilisées ou déjà vues : faire l’achat chez un détaillant local (un dépanneur plus particulièrement) qui n’exige aucune preuve d’âge, utiliser une fausse pièce d’identité, demander à un ami, un élève, une sœur ou frère plus vieux d’acheter un dispositif de vapotage pour eux, attendre à l’extérieur d’un commerce et demander à un étranger d’en acheter un pour eux moyennant un petit montant d’argent, acheter un dispositif de vapotage à l’école ou s’en procurer un en ligne ou sur les réseaux sociaux.

Parmi les raisons invoquées pour expliquer leur préférence pour un dispositif de vapotage plutôt qu’un autre, notons la facilité d’utilisation, le format, le coût abordable du dispositif de vapotage et des cartouches, le « head rush » qu’il procure ou les nuages de fumée qu’on peut faire, le fait que des amis l’utilisent ou qu’il s’agit du plus récent modèle

Le thème des arômes est revenu plusieurs fois dans chacune des discussions. Pour certains, les arômes ont contribué à les attirer vers le vapotage et à essayer. Pour certains, les arômes sont un des aspects, sinon le premier qui les poussent à vapoter. Si le goût devait changer radicalement et devenir désagréable, bon nombre de participants croient qu’ils cesseraient de vapoter pour de bon. Si le goût changeait pour devenir tout au plus neutre ou fade, ils continueraient sans doute à vapoter pour d’autres raisons, comme le « head rush ».

En ce qui concerne les cartouches, la fiabilité et la sécurité ne sont pas au cœur des préoccupations, principalement parce que les jeunes utilisent des produits achetés en magasin.

La nicotine et plus particulièrement le « head rush » qu’elle procure représentent la principale raison pour laquelle les jeunes vapotent. En décrivant à quel point ils avaient besoin de vapoter, les jeunes ont admis qu’ils étaient d’abord et avant tout accros à la nicotine contenue dans les dispositifs de vapotage. Ils sont bien informés des niveaux les plus élevés disponibles au Canada et presque tous les participants utilisent des produits contenant 50 mg de nicotine.

Dans chaque groupe, de nombreux participants avaient entendu parler du sel de nicotine, mais peu en savaient suffisamment pour le décrire ou s’en faire une opinion. Il semble que plusieurs utilisent probablement le sel de nicotine sans le savoir.  

La transition

Les participants avaient des opinions partagées sur la question à savoir si l’utilisation du vapotage les avait amenés à utiliser d’autres produits comme la cigarette ou le cannabis.

Très peu fument la cigarette en plus de vapoter. Encore moins nombreux sont ceux qui ont commencé à fumer après avoir commencé à vapoter.

Bon nombre de jeunes avaient déjà fumé du cannabis à un moment ou un autre. La plupart ont expliqué qu’ils auraient consommé du cannabis, qu’ils vapotent ou non. Toutefois, quelques-uns ont mentionné que le fait d’apprendre à vapoter leur a permis d’apprendre à « bien » fumer le cannabis. Pour certains vapoteurs de longue date, le cannabis constituait une autre étape dans l’expérimentation de « sensations fortes ».

L’utilisation de substances multiples

De nombreux vapoteurs utilisent occasionnellement d’autres substances (pas dans le produit de vapotage lui-même), en particulier l’alcool, le cannabis et d’autres drogues récréatives. De façon générale, l’utilisation du vapotage et d’autres substances s’est produite lors de fêtes ou de rencontres entre amis. Les participants ont expliqué que le vapotage accroît les effets du cannabis et d’autres drogues récréatives et que le « head rush » qu’il procure augmente lorsqu’ils consomment de l’alcool.

L’arrêt du vapotage

Plusieurs jeunes ont déjà songé à vapoter moins, mais seulement quelques-uns en ont fait une priorité. Parmi les autres, plusieurs considèrent le vapotage comme étant une activité très occasionnelle qu’ils pourraient facilement laisser tomber. Les vapoteurs réguliers qui n’ont jamais songé à arrêter ont expliqué que le vapotage n’était un problème ni pour eux ni pour leur entourage, et qu’étant donné le plaisir qu’ils en retirent, ils ne ressentent pas le besoin de limiter leur utilisation.

Quelques vapoteurs réguliers ont mentionné qu’ils vapotaient trop et certains ont même avoué qu’ils étaient accros et aimeraient vapoter moins ou cesser complètement. Ces participants étaient préoccupés par leur santé, en particulier leurs poumons. Certains avaient entendu des histoires dans les nouvelles ou avaient l’impression que leur santé s’était détériorée depuis qu’ils vapotaient. D’autres n’aimaient pas comment ils se sentaient après de longues périodes sans vapoter.

La mesure dans laquelle les jeunes ont réussi à réduire leur vapotage varie. Deux obstacles importants à l’arrêt du vapotage sont les amis qui vapotent et les effets du sevrage. 

Bien que l’arrêt ne soit pas actuellement une priorité pour la majorité des jeunes, la plupart ne se voient pas vapoter « dans le futur ». Ils ont l’impression que le vapotage est une étape de leur adolescence, avec leurs amis du secondaire, laquelle sera derrière eux une fois adultes.

Discussions sur le vapotage

Les jeunes ne se rappelaient pas avoir eu de discussions sur les risques associés au vapotage, que ce soit à la maison ou à l’école. Si elles ont eu lieu, c’était probablement avec les parents. D’après les jeunes, ces conversations n’ont pas eu d’impact significatif sur leur vapotage puisqu’elles n’ont fourni aucune preuve suffisante ou suffisamment convaincante que le vapotage est néfaste pour la santé. 

S’ils souhaitaient obtenir de l’information fiable sur les effets du vapotage sur la santé, de nombreux jeunes utiliseraient Google alors que quelques-uns se tourneraient vers Santé Canada, la FDA ou un enseignant. Certains ont indiqué qu’ils préféreraient consulter une personne qui a de l’expérience avec le vapotage et qui vapote depuis plusieurs années.

Les organismes gouvernementaux comme Santé Canada ne sont pas unanimement considérés comme étant fiables ou impartiaux; certains ont l’impression que l’information provenant de ces organismes ne montre qu’un côté de la médaille. 

Résultats obtenus auprès des enseignants et du personnel de soutienNote de bas de page 1

Observations générales sur la vie en milieu scolaire

Dans l’ensemble, les enseignants ont l’impression que les élèves sont débordés et stressés, et qu’ils manquent de motivation et de résilience. Ils sont convaincus que les jeunes sont « accros » à leurs téléphones intelligents et les réseaux sociaux, qui sont des distractions mettant en péril leur santé mentale.

Les enseignants sont unanimes pour dire que les parents n’exercent plus leur rôle de la même façon qu’auparavant. Ils croient que ceux-ci ne s’impliquent pas autant qu’ils le voudraient dans la vie scolaire de leurs enfants, et qu’ils sont de plus en plus permissifs avec eux. Tous ces facteurs font en sorte qu’il est de plus en plus difficile pour les enseignants de motiver et de discipliner les élèves.

Les attitudes à l’égard du vapotage

Même si au départ, les enseignants avaient une impression favorable du vapotage, celle-ci s’est complètement transformée au fil du temps. Ils sont maintenant préoccupés par le nombre grandissant de jeunes qui vapotent, de leur dépendance à la nicotine et des nouvelles concernant le vapotage.

À l’exception des conseillers pédagogiques et des conseillers en toxicomanie, les enseignants en savent très peu sur le vapotage. Ils en discutent rarement entre eux et peu ont eu des conversations avec les élèves.

Lorsqu’on leur a demandé pourquoi selon eux les jeunes commencent à vapoter, les enseignants ont mentionné les relations sociales, la pression exercée par les pairs, la curiosité, le désir d’être cool et populaire, la rébellion, le fait de voir des adultes et d’autres personnes vapoter partout, l’aspect de la nouveauté et le désir d’être acceptés.

À la question « Pourquoi croyez-vous que les jeunes continuent de vapoter », les enseignants ont répondu la dépendance, le désir de s’intégrer au groupe ou d’être cool, la facilité à laquelle ils peuvent se cacher ou dissimuler les dispositifs de vapotage, le bon goût, la sensation que cela procure ou le « head rush », et le besoin de se tenir occupé.

L’incidence du vapotage et les mesures mises en place en milieu scolaire

Les enseignants ont soit entendu parler ou vu des élèves qui vapotent, mais la plupart ont indiqué que cela n’était pas aussi problématique que l’utilisation d’autres substances ou des problèmes que vivent les élèves. Les problèmes les plus répandus sont les troubles de santé mentale et l’anxiété, le rejet et la dépression. Les participants ont également vu des élèves aux prises avec des problèmes familiaux, un manque de motivation, l’utilisation des téléphones cellulaires et la gestion des réseaux sociaux.

Bien que le vapotage soit plus présent que jamais en milieu scolaire, et sans aucun doute plus encore que toutes autres substances, certains ont mentionné qu’il n’a aucune répercussion sur le rendement scolaire ou le comportement des élèves, contrairement, par exemple, à la marijuana ou d’autres substances, ce qui expliquerait son importance relative du point de vue de la gestion des élèves.
Lorsqu’ils voient un élève vapoter ou sur le point de le faire, certains enseignants confisquent le dispositif de vapotage, émettent un avertissement ou dirigent l’élève vers une zone pour fumeurs à l’extérieur (s’il en existe une). Les participants ont l’impression que lorsqu’ils se font prendre avec leur dispositif de vapotage, les élèves sont beaucoup plus désinvoltes qu’ils ne le sont pour l’alcool ou la drogue. 

Les discussions ont révélé l’absence d’une approche uniformisée de gestion du vapotage dans l’ensemble des écoles. Dans plusieurs cas, les enseignants ne sont pas bien informés des règlements et politiques en vigueur dans leur établissement. Tous ont supposé qu’une politique avait probablement était établie par la commission scolaire. Plusieurs s’en remettent aux lois provinciales sur le tabagisme pour savoir où les élèves peuvent ou ne peuvent pas vapoter, ainsi que les sanctions qui s’appliquent. 

À l’exception des conseillers pédagogiques et des conseillers en toxicomanie, seulement quelques enseignants sont d’avis qu’ils ont le devoir d’intervenir officiellement et de conseiller les élèves au sujet du vapotage. Les autres préféreraient s’adresser aux conseillers, qui sont la meilleure ressource. 

Les sources et les besoins d’information

Presque tous les enseignants ont avoué qu’ils n’étaient assez bien outillés pour gérer la situation du vapotage. La plupart d’entre eux ne connaissent que ce qui est véhiculé dans les nouvelles, mais savent que ça ne suffit pas. Ils soupçonnent de nombreux parents d’être dans la même situation.

Les enseignants devaient noter leurs questions sur le vapotage. La plupart de ces questions concernaient les effets du vapotage sur la santé, la différence entre le vapotage et la cigarette, l’endroit où se procurer le matériel pédagogique pour leurs élèves, leur rôle quand il s’agit d’informer les élèves, et s’il existe des moyens efficaces de faire passer le message auprès des jeunes.
Les participants ont affirmé qu’ils préféraient que la tâche d’informer les élèves des effets néfastes du vapotage sur la santé soit confiée à quelqu’un d’autre.  Idéalement, il faudrait organiser des ateliers animés par des experts en la matière ou des élèves qui viendraient partager leurs expériences du vapotage et expliquer comment il a changé leur vie.

Des affiches et des brochures conçues par Santé Canada et utilisées durant la campagne de prévention du vapotage chez les jeunes de 2019-2020 pour informer ceux-ci des risques associés au vapotage ont été présentées aux enseignants. Ce matériel a suscité des réactions partagées. La plupart s’entendaient pour dire que les élèves ne prendraient pas le temps de lire une brochure ou de regarder une affiche remplie de texte. Ce matériel devrait « parler leur langage » et utiliser des véhicules comme les réseaux sociaux, les balados, les mèmes et les influenceurs sur YouTube.

Ils étaient peu nombreux à dire que leur école avait déjà organisé un événement ou une activité sur le thème du vapotage. Ceux qui se sont rappelé un événement de Santé Canada (principalement à Vancouver et Regina) n’avaient que des commentaires positifs.

Les participants de ce groupe ont affirmé que quelques-unes des ressources (comme la fiche d’activités) seraient utiles pour les plus jeunes (6e année ou moins) et que les fiches d’information et les brochures dont ils se servaient pourraient être également utiles aux parents. Ils n’étaient cependant pas convaincus que ces derniers les liraient, mais tous ont convenu que c’était mieux que rien.

Notes de bas de page

Note de bas de page 1

Pour simplifier la lecture, nous utiliserons « enseignants » pour désigner à la fois les enseignants et le personnel de soutien qui ont participé à l’étude.1

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