Recherche qualitative sur l’immigration – Été 2016 : Rapport qualitatif

Soumis à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
POR@cic.gc.ca

Préparé par
Leger
507, Place d’Armes, bureau 700
Montréal, Québec
H2Y 2W8
Tél : 514-982-2464
Fax : 514-987-1960
www.Leger360.com

This report is also available in English.
Numéro de contrat B8815-170100/001/CY
POR : 013-16
Accordé le 21 juin, 2016
29 octobre, 2016

Table des matières

1. Sommaire

Léger est heureux de présenter à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) ce rapport sur les conclusions tirées d’une série de groupes de discussion portant sur l’immigration au Canada. Ce rapport a été préparé par Léger qui a été engagé par IRCC (numéro de contrat B8815-170100/001/CY attribué le 21 juin 2016).

1.1 Contexte et objectifs

Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada procède actuellement à la planification des niveaux d’immigration et des priorités du Canada en matière d’immigration. Le ministère a établi le besoin d’effectuer une recherche qualitative (groupe de discussion) afin d’évaluer l’opinion publique canadienne sur l’immigration au Canada.

L’objectif principal de la recherche est de fournir à IRCC un aperçu sur des enjeux qui peuvent inclure les éléments suivants  :

Les réactions du public vis-à-vis des niveaux d’immigration sont d’une importance capitale pour les politiques et les programmes d’IRCC. Les informations obtenues grâce à cette recherche sur l’opinion publique seront partagées dans tout le ministère. Cette recherche a été mise sur pied pour aider le ministère à établir des priorités, à développer des politiques de même que des produits et des stratégies de communication, et à planifier des programmes et des services.

1.2 Méthodologie

Méthodologie

Au total, dix (10) groupes de discussion en personne ont été organisés dans cinq (5) emplacements différents. Deux groupes distincts ont été interrogés dans chaque emplacement, pour un total de 10 groupes. Un groupe se composait de membres du grand public et un autre groupe se composait d’immigrants récents, à l’exception de Winnipeg où les séances ont été organisées avec des membres des peuples autochtones.

En prévision d’éventuelles annulations de dernière minute, nous avons recruté douze (12) participants pour chaque groupe, nous assurant ainsi de pouvoir compter sur des groupes de huit à dix personnes. Chaque séance a duré environ deux (2) heures.

Ville Composition Langue Recrutées Présentes Ont participé Date
Toronto, Ont. Grand public
Immigrants
Anglais 24 23 20 11 juillet 2016
Winnipeg, Man. Peuples autochtones Anglais 24 23 20 13 juillet 2016
Vancouver, C.-B. Grand public
Immigrants
Anglais 24 24 20 16 août 2016
Montréal, Québec Grand public
Immigrants
Français 24 23 20 4 août 2016
London, Ont. Grand public
Immigrants
Anglais 24 22 19 18 août 2016
Total     120 115 99  

Groupes du grand public  : Plus précisément, il s’agissait de groupes hétérogènes représentatifs des caractéristiques suivantes  :

Groupes d’immigrants  : Les groupes d’immigrants récemment arrivés au Canada présentaient un équilibre approprié de  :

Groupes autochtones : Winnipeg

À Winnipeg, les deux séances ont été tenues avec des peuples autochtones, dont un groupe composé de femmes et un autre groupe composé d’hommes.

Au début de chaque séance, Léger a fourni préalablement aux participants des informations spécifiques quant au déroulement des séances. Ces informations portaient notamment sur l’enregistrement audio et vidéo de la discussion, la présence et le but du miroir sans tain, les règles de base sur la protection de la vie privée et de la confidentialité, y compris le fait que les bandes sont détruites un an après la conclusion du projet et que la participation est entièrement volontaire. De plus, les participants ont été informés au moment du recrutement, ainsi qu’au début de chaque séance, que les groupes ont été constitués au nom du gouvernement du Canada. À Montréal, où les séances ont été tenues en français, une traduction simultanée vers l’anglais a été fournie. Un incitatif en argent de 125 $ a été remis à chaque participant.

1.3 Aperçu des résultats qualitatifs

Perspective positive à l’égard de l’immigration

Le Canada et l’immigration

Avantages de l’immigration

Défis et enjeux

Les préoccupations les plus souvent exprimées par les participants étaient les suivantes  :

  1. Les problèmes d’intégration (principalement liés à l’intégration linguistique, de même qu’à l’intégration économique à laquelle on fait souvent référence comme «Enfin un premier emploi»);
  2. La capacité de notre marché du travail à fournir suffisamment de possibilités d’emploi de qualité aux nouveaux arrivants ;
  3. Notre capacité à soutenir correctement et à éduquer adéquatement les nouveaux arrivants sur nos lois et notre « façon de faire les choses », afin de permettre aux nouveaux arrivants de « s’intégrer » en douceur (une responsabilité individuelle des membres de la société d’accueil directement en contact avec les nouveaux arrivants);
  4. La reconnaissance des titres de compétences étrangers et le fardeau pesant sur les professionnels de « récupérer » leur droit de travailler dans leur domaine;
  5. Les problèmes de capacité du système (contrôle, sélection, accueil, évaluations et suivis adéquats des résultats).

Modifier les niveaux d’immigration et hiérarchiser les catégories d’immigration

Niveaux d’immigration
Catégories d’immigration

Besoins en information des Canadiens et base du soutien potentiel pour l’augmentation des niveaux d’immigration

Les différences régionales

1.4 Remarque sur l’interprétation des résultats de recherche

Les points de vue et les observations exprimés dans ce document ne reflètent pas ceux d’IRCC. Ce rapport a été établi par Léger en se fondant sur les recherches menées spécifiquement pour ce projet. L’analyse présentée souligne ce que Léger estime avoir été les points les plus importants soulevés au cours des séances de discussion. Tous les mots ou phrases entre guillemets sont des commentaires textuels des participants. En tant que telles, ces citations ne reflètent pas les points de vue d’IRCC. Elles ont été sélectionnées par Léger pour leur capacité à transmettre directement les points de vue et les opinions des participants dans leurs propres mots.

Les résultats de cette recherche qualitative (c.-à-d. les groupes de discussion) devraient être considérés comme directionnels seulement et ne doivent pas être considérés comme représentatifs de toute la population canadienne. Cette recherche est destinée à donner un aperçu plus précis des raisons sous-jacentes expliquant l’existence d’une opinion donnée ou de son absence.

1.5 Déclaration de neutralité politique et renseignements relatifs au contrat

Léger certifie l’entière conformité des produits livrables relativement aux exigences en matière de neutralité politique du gouvernement du Canada, comme énoncées dans la Politique de communication du gouvernement du Canada et dans la Procédure de planification et d’attribution de marchés de services de recherche sur l’opinion publique.

Renseignements supplémentaires

Nom du fournisseur  : Léger
Numéro de contrat de TPSGC  : B8815-170100/001/CY
Date d’attribution du contrat  : 21 juin 2016
La valeur du contrat pour ce projet est de 70 466,80 $ (y compris la TVH).

Pour obtenir plus d’informations sur cette étude, veuillez contacter por-rop@cic.gc.ca.

2. Résultats détaillés

Cette section du rapport présente les résultats détaillés d’une série de dix groupes de discussion concernant l’immigration au Canada, rencontres qui ont eu lieu du 11 juillet au 18 août 2016. Les phrases ou les mots entre guillemets sont des commentaires intégraux des participants.

2.1 Méthodologie de la recherche qualitative

Au total, dix (10) groupes de discussion ont été organisés dans cinq (5) emplacements différents. Dans chaque emplacement, deux groupes distincts ont été interrogés pour un total de 10 groupes; un groupe était composé de membres du grand public et l’autre groupe était composé d’immigrants récents. Les groupes de Winnipeg faisaient exception à cette règle puisque les séances ont été organisées avec des membres des peuples autochtones.

En prévision d’éventuelles annulations de dernière minute, nous avons recruté douze (12) participants pour chaque groupe, nous assurant ainsi de pouvoir compter sur des groupes de huit à dix personnes. Chaque séance a duré environ deux (2) heures.

Groupes de discussion du grand public et d’immigrants : quatre ou cinq emplacements

Dans quatre des cinq emplacements, les deux groupes ont été divisés entre les participants du grand public et ceux qui ont immigré au Canada (immigrants arrivés au Canada depuis 15 ans ou moins). Les groupes composés d’immigrants devaient comporter un bon mélange de nouveaux arrivants (au Canada depuis moins de 5 ans) et d’immigrants établis au Canada depuis 5 à 15 ans. Au moins cinq nouveaux arrivants ont été recrutés dans chaque groupe.

Plus précisément, il s’agissait de groupes hétérogènes représentatifs des caractéristiques suivantes :

Les groupes d’immigrants récemment arrivés au Canada présentaient un équilibre approprié des types suivants :

Groupes autochtones : un emplacement

À Winnipeg, les deux séances ont été tenues avec des membres des peuples autochtones. Le premier groupe était composé de femmes et le second groupe, d’hommes.

Tableau récapitulatif

En prévision d’éventuelles annulations de dernière minute, nous avons recruté douze (12) participants pour chaque groupe, nous assurant ainsi de pouvoir compter sur des groupes de huit à dix personnes. Chaque séance a duré environ deux (2) heures.

Ville Composition Langue Recrutées Présentes Ont participé Date
Toronto, Ont. Grand public
Immigrants
Anglais 24 23 20 11 juillet 2016
Winnipeg, Man. Communautés autochtones Anglais 24 23 20 13 juillet 2016
Vancouver, C.-B. Grand public
Immigrants
Anglais 24 24 20 16 août 2016
Montréal, QC Grand public
Immigrants
Français 24 23 20 4 août 2016
London, Ont. Grand public
Immigrants
Anglais 24 22 19 18 août 2016
Total     120 115 99  

Emplacements et dates des groupes de discussion

Léger donne à l’avance aux participants l’ensemble des détails concernant le déroulement des groupes. Les participants se trouvent donc déjà informés de l’enregistrement audio et vidéo de la discussion, de la présence et de la fonction du miroir sans tain, des règles de base en matière de confidentialité et de respect de la vie privée, y compris le fait que les enregistrements seront détruits un an après la fin du projet, et du fait que la participation au groupe est entièrement volontaire. De plus, les participants ont été informés au moment du recrutement ainsi qu’au début de chaque séance que les groupes ont été organisés au nom du gouvernement du Canada. À Montréal, où les discussions se sont déroulées en français, la traduction simultanée en anglais a été assurée. Une prime de participation de 125 $ en argent a été remise à chaque participant.

Deux modérateurs expérimentés de Léger ont été affectés à cette recherche, le premier s’occupant de toutes les séances en anglais, et le second s’occupant des séances en français, à Montréal. Après chaque soirée de groupes de discussion, les modérateurs se sont envoyé un compte rendu écrit; ils pouvaient aussi consulter les enregistrements vidéo des séances mis à leur disposition sur le serveur sécurisé de Léger. Au moment de la rédaction du rapport, les ébauches ont été partagées et modifiées par les deux modérateurs afin qu’elles reflètent le contenu de tous les groupes.

Conformément aux lignes directrices de l’Association de la recherche et de l’intelligence marketing (ARIM) et aux normes du gouvernement canadien sur la conduite de la recherche qualitative, Léger a fourni aux participants des détails précis quant au déroulement des groupes. Les participants ont reçu de l’information sur l’enregistrement audio et vidéo de la discussion, sur la présence et la fonction du miroir sans tain, sur les règles de base en matière de confidentialité et de respect de la vie privée, y compris le fait que les enregistrements seront détruits, conformément aux lignes directrices de l’ARIM, et sur le fait que la participation au groupe est volontaire. À l’arrivée sur les lieux des groupes de discussion, les participants ont été invités à fournir leur consentement écrit au sujet de ces détails.

Léger a recruté des participants par des entrevues téléphoniques, en utilisant des listes de numéros de téléphone validés dans chaque emplacement. Cela implique de téléphoner à des résidents choisis au hasard dans certaines zones sélectionnées afin de trouver des personnes admissibles ou des personnes qui connaissent quelqu’un qui pourrait être admissible.

Tous les groupes ont eu lieu dans des installations appropriées permettant l’enregistrement audio et l’observation du groupe par le client. Le guide de l’intervieweur a été élaboré en collaboration avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

Comme pour toutes les recherches menées par Léger, les coordonnées sont restées entièrement confidentielles. Toute information susceptible de permettre l’identification des répondants a été supprimée des données, conformément à la Loi sur la protection des renseignements personnels du Canada.

2.2 Conception de l’immigration au Canada

Avant d’engager les discussions, les participants ont été invités à choisir trois (3) mots dans une liste aléatoire de 27 mots qu’ils associent spontanément à l’immigration et au Canada (consultez l’annexe C3 pour voir la liste en anglais et l’annexe C4 pour voir celle en français). Cet exercice a été conçu pour permettre aux participants de formuler leurs toutes premières pensées, celles qui leur viennent spontanément à l’esprit en matière d’immigration, et ce, sans l’intervention d’autres participants. Le modérateur a ensuite fait un tour de table et a demandé aux participants de révéler les mots qu’ils ont sélectionnés et, plus important encore, d’expliquer la raison de leurs choix. Sur les 27 mots, environ la moitié avait une connotation positive et l’autre moitié avait une connotation négative. Voici la liste des mots choisis par les participants, indépendamment de la fréquence des mentions.

Canada et immigration

Grand public

Positive

Négative

Immigrants

Positive

Négative

Voici la liste des mots les plus souvent sélectionnés, en commençant par le mot choisi le plus souvent : 1

Positive

Négative

Avantages perçus de l’immigration

Lorsque les participants ont partagé les mots qu’ils avaient choisis et les raisons de leurs choix, le modérateur a enchaîné avec une question assez générale portant sur le principal objectif de l’immigration pour un pays comme le Canada. Dans l’ensemble, les participants sont restés très positifs et ont estimé que l’immigration constituait un atout nettement positif pour le Canada. D’une manière plus générale, ils ont souligné que l’immigration est une pierre angulaire de l’histoire du pays : « À l’exception des Premières Nations, ne sommes-nous pas tous des immigrants plus ou moins récents? » « Mes grands-parents étaient Allemands et Irlandais, je viens d’une famille d’immigrants. » « Ce pays a été construit sur des vagues successives d’immigration. » « Cela fait partie de qui nous sommes. » « On est comme ça, souvenez-vous des "boats people" vietnamiens qui ont été accueillis les bras ouverts aux quatre coins du Québec. » « Le Canada est reconnu dans le monde comme une terre d’accueil depuis toujours, je crois. »

Les participants semblaient fermement croire que les Canadiens abordent la diversité avec une approche distincte et font preuve d’une ouverture à la différence qui est unique. Dans la plupart des cas, cela inspirait aux participants un sentiment de fierté. À plusieurs reprises, les participants ont comparé le Canada aux États-Unis pour exprimer la « supériorité » du Canada en matière d’accueil et de respect des différences. Voici comment les participants se sont exprimés à ce sujet :

« Le Canada, c’est comme une salade alors que les États-Unis sont un mélange que l’on pourrait comparer à une soupe. Au Canada, on peut distinctement voir chaque composante de la salade, chacune offrant sa propre saveur particulière. Voilà notre recette secrète. »

« Personne ne s’attend à ce que je me fasse tatouer une feuille d’érable géante sur le corps. »

« Je peux être un fier Canadien tout en demeurant fier de mes origines. »

Outre ces commentaires sur ce qui était considéré comme l’ADN du Canada, les avantages économiques de l’immigration étaient invariablement mentionnés en premier lorsque le sujet des avantages de l’immigration était abordé. Spontanément, les participants ont parlé des besoins du marché de l’emploi, de la croissance économique, de la création d’emplois et de « l’élargissement de l’assiette fiscale » comme principaux avantages économiques de l’immigration. Cette conversation était généralement suivie par la croissance de la population, le vieillissement de la population ou le taux de natalité insuffisant, aspects qui devenaient, en second lieu, des arguments économiques.

« Nous avons besoin de l’immigration pour veiller à ce que notre population continue de croître. Autrement, notre économie va en souffrir. »

À Montréal, l’argument prenait presque un sens opposé : « Notre population doit augmenter. C’est essentiel pour stimuler notre économie. » Dans tous les groupes, ces deux avantages perçus ont suscité l’approbation générale. Toutefois, cette discussion sur les avantages économiques de l’immigration était souvent suivie de commentaires sur la perception des participants à l’égard des temps plutôt difficiles en matière d’économie au niveau local, que ce soit du point de vue de la création d’emplois (Winnipeg, London et Montréal) ou du point de vue du logement (Vancouver et Toronto). À Winnipeg, plusieurs participants ont souligné combien « les temps sont durs » pour les travailleurs à faible revenu ou les gens sans emploi dans leur communauté et certains craignent que les nouveaux arrivants ne viennent accroître la concurrence en matière d’accès à l’emploi et au logement.

Ce troisième niveau d’avantages mentionnés par les participants était également lié à certains avantages économiques, ceux-ci étant davantage orientés vers l’innovation et le sens des affaires portés par l’immigration. « Les nouveaux Canadiens apportent avec eux de nouvelles idées, de nouvelles façons de voir ou de faire les choses. » Enfin, un quatrième niveau d’avantages mentionné par les participants touche l’enrichissement culturel, c’est-à-dire la façon dont l’immigration contribue directement à notre culture nationale. Qu’il s’agisse de nourriture, de musique ou d’arts, les participants croyaient aussi que l’immigration était une importante source de nouvelles tendances et d’idées qui s’intégraient dans le courant dominant.

« Je suis un Québécois qui est devenu meilleur grâce à toutes ces cultures qui se côtoient. »

« L’immigration nous donne un caractère de plus en plus multiculturel et apporte beaucoup à notre culture. »

2.3 Défis et enjeux associés à l’immigration

Après avoir parlé des objectifs de l’immigration et des avantages perçus, le modérateur a orienté la discussion sur les enjeux et les défis de l’immigration ainsi que sur les préoccupations que les participants pourraient avoir à ce sujet.

De façon générale, il semble que plusieurs des participants étaient plus ouverts à parler des avantages de l’immigration, alors qu’ils devaient souvent être encouragés à discuter des défis et des enjeux.

Alors que la plupart des défis dont il a été question dans les groupes du grand public ont trouvé des échos dans les groupes formés d’immigrants, ces derniers avaient également des préoccupations précises à exprimer.

Points de vue de la « société d’accueil »

Lorsqu’on leur a demandé de parler de leurs préoccupations par rapport à l’immigration au Canada ou des enjeux qu’ils considèrent comme associés à cette réalité, les participants les mentionnaient généralement sous forme d’interrogations plutôt que sous forme de critiques ou de rejet de la discussion précédente qui portait sur les objectifs et les avantages de l’immigration. Même lorsqu’elles portaient sur les défis, les conversations avaient tendance à demeurer positives.

La question de la reconnaissance des titres de compétences étrangers a fréquemment été soulevée par les participants. Cette préoccupation a directement soulevé celle des enjeux associés à la sélection des immigrants et à leur établissement ainsi qu’aux résultats de l’immigration. Plusieurs participants issus du grand public se demandaient pourquoi le Canada est toujours aux prises avec la question du sous-emploi des immigrants qualifiés, alors qu’ils ont été sélectionnés pour venir s’y installer.

Ces participants ont souvent employé le mot intégration pour exprimer leurs préoccupations. Toutefois, ils ont également utilisé ce mot pour décrire un certain nombre de réalités. Pour plusieurs, le mot référait tout simplement à la capacité du Canada à faire en sorte que les résultats de l’intégration demeurent positifs et que le gouvernement soit efficace lorsque vient le temps d’offrir un avenir prometteur aux nouveaux arrivants.

La plupart des enjeux entourant la question de l’intégration avaient tendance à porter sur la période initiale d’établissement et ils étaient liés à l’intégration économique et linguistique. « Sommes-nous bons pour aider les nouveaux arrivants à apprendre l’anglais ou le français? Des cours ou des groupes sont-ils mis à leur disposition? » « Il doit être difficile de trouver un premier emploi. Comment pouvons-nous les aider à franchir les premières étapes? » « Ce doit être bouleversant d’arriver ici et d’avoir à trouver un emploi, un logement et une école pour les enfants, à apprendre la langue et à comprendre le fonctionnement. » Pour la plupart, les commentaires portant sur l’intégration économique étaient plutôt empathiques et centrés sur la disponibilité des ressources communautaires et locales afin d’aider les nouveaux arrivants.

D’une façon étroitement liée à la question de la période initiale d’établissement, certains participants ont porté une attention particulière à leur économie locale, qu’ils ont habituellement décrite comme étant plutôt stagnante. Plusieurs se sont demandé si leur économie locale était suffisamment forte pour offrir assez d’occasions d’emploi « de qualité » , et « [...] non seulement les emplois [qu’ils ne veulent] plus occuper. » Plusieurs ont de nouveau mentionné cette préoccupation lorsque la question des niveaux d’immigration a été soulevée. Les participants de London, de Vancouver et de Winnipeg ont été particulièrement sensibles par rapport à cet enjeu.

Plusieurs participants ont également centré leur attention sur notre capacité à soutenir correctement les nouveaux arrivants et à les renseigner adéquatement sur nos lois, nos valeurs et notre « façon de faire les choses » , afin de leur permettre de « s’intégrer » en douceur. Les participants ne plaçaient pas la responsabilité sur les épaules des nouveaux arrivants, mais plutôt sur celles des membres de la communauté locale. Plusieurs commentaires portaient sur le fait que les membres de la société d’accueil ont une part de responsabilité individuelle ou un devoir civique afin de participer au processus de socialisation. « Afin qu’ils le sachent, il faudrait qu’on enseigne aux nouveaux arrivants qu’en tant que collectivité, nous respectons certains principes de base, la primauté du droit, le fait que les hommes et les femmes sont égaux, par exemple. Ces valeurs doivent être transmises. » « Il est possible que les nouveaux arrivants ne sachent pas comment les gens se comportent en société ici. On ne veut pas qu’un immigrant récent ait des ennuis parce qu’il ne le savait pas. » « Que savent-ils de notre histoire? De nos règles de conduite de base, par exemple? » De nouveau, les participants ont posé des questions sur les types d’organisations ou les organisations communautaires dont ceci est la responsabilité, ainsi que sur les organisations vouées à l’intégration des immigrants sur le marché du travail.

Généralement, les discussions sur l’immigration étaient compatissantes par rapport aux enjeux auxquels les nouveaux arrivants sont confrontés lorsqu’ils doivent s’adapter à un nouveau mode de vie et par rapport aux autres défis connexes qu’ils doivent relever. Très peu de participants ont associé l’intégration à des « valeurs canadiennes » , à la création d’enclaves culturelles ou à une tentative, par les nouveaux arrivants, de recréer leur vie ou leur société d’origine au Canada.

Les participants ont également posé des questions, et ils ont admis en savoir bien peu au sujet de notre système d’immigration et sur ses capacités à sélectionner et à accueillir adéquatement les nouveaux arrivants ainsi qu’à mettre en œuvre des méthodes de suivi adéquates à leur arrivée pour assurer la réussite de leur établissement. Tandis que les participants de Montréal étaient plutôt curieux au sujet des processus de sélection et des critères permettant d’assurer la réussite de nos politiques en matière d’immigration, plusieurs participants de Toronto, Vancouver et London s’intéressaient principalement aux méthodes de suivi et aux façons de mesurer les résultats réels de l’immigration (Combien de temps leur faut-il pour trouver un premier emploi? Combien de temps leur faut-il pour trouver un emploi dans le domaine dans lequel ils ont été formés dans leur pays d’origine? Après combien de temps peuvent-ils se permettre un logement convenable? D’acheter une première maison? Leurs enfants réussissent-ils bien à l’école?) « Est-ce que quelqu’un fait un suivi à des intervalles réguliers pour vérifier si nos systèmes fonctionnent bien ou pour tirer des leçons? »

Dans les groupes autochtones, les commentaires formulés par certains participants laissent sous-entendre que ces groupes constituent une partie de la population canadienne qui pourrait avoir été directement touchée par les niveaux d’immigration actuels et plus particulièrement par l’afflux récent de réfugiés syriens. Alors que les membres de la communauté autochtone ont fait part d’une attitude d’ouverture et d’accueil à l’endroit des nouveaux arrivants, leur propre expérience est façonnée par les connaissances qu’ont les nouveaux arrivants de leur culture de même que par la nécessité d’être en concurrence avec ces derniers sur le marché du logement et des emplois de premier échelon.

Également, leurs préoccupations concernaient la qualité des services offerts à leur communauté et le fait de savoir si les normes de ces services, par comparaison à ceux offerts aux nouveaux arrivants, sont « équitables » . Alors que certains participants des groupes autochtones mentionnent que le gouvernement s’est récemment engagé à résoudre les questions économiques et sociales en suspens, ils soulignent qu’ils ont besoin d’avoir une nouvelle assurance leur indiquant qu’ils seront traités équitablement.

Points de vue des nouveaux arrivants

Du point de vue des nouveaux arrivants, les préoccupations concernant l’immigration portaient principalement sur les enjeux économiques et ceux liés au marché de l’emploi. Une autre série de préoccupations étaient liées à l’actuel processus d’immigration, mais elles ont été soulevées tôt dans la discussion, au moment de réaliser les activités de départ en groupe.

Plusieurs ont remis en question l’efficacité de certains organismes locaux d’aide à l’établissement qui sont centrés sur l’intégration au marché de l’emploi, et certains ne croyaient pas que ces organismes sont véritablement une mesure d’aide utile pour eux, du point de vue individuel. Certains ont également trouvé qu’il était particulièrement difficile de décrocher un premier emploi, compte tenu de leur manque d’expérience sur le marché canadien de l’emploi révélé par leur curriculum vitæ. Plusieurs ont abordé la question en parlant de « l’œuf et de la poule » : « [...] vous ne pouvez pas postuler pour un emploi si vous n’avez pas d’expérience de travail au Canada, mais vous ne pouvez pas obtenir d’expérience de travail au Canada si vous ne pouvez pas postuler pour un emploi. »

Toutefois, l’enjeu dont il a été le plus souvent question quant à l’intégration du point de vue des nouveaux arrivants est la reconnaissance des titres de compétences étrangers au Canada. Dans tous les groupes d’immigrants, cet enjeu a été soulevé comme étant le principal défi. Un très grand nombre de commentaires portaient sur les questions suivantes : « À quel point il est difficile de tout recommencer. » « Je dois débarrasser des tables alors qu’à la maison, j’étais un ingénieur mécanique respecté. » « Mon mari trouve très difficile, du point de vue psychologique, d’être en situation de sous-emploi depuis qu’il m’a suivie ici, au Canada. » Plusieurs croient que cet enjeu devrait être la priorité des différents paliers de gouvernement pour assurer la réussite de l’immigration.

Les deux groupes ont parlé du besoin d’établir les nouveaux arrivants en dehors des principaux centres urbains afin que les avantages de l’immigration puissent se faire sentir dans d’autres régions du Canada et que les responsabilités associées à l’établissement et à l’intégration des nouveaux arrivants soient partagées dans tout le pays.

Bien que certains participants aient mentionné que le contrôle est un aspect important du processus d’immigration, cela était associé au fait de s’assurer que l’immigrant est un « bon candidat » pour le Canada en ce qui concerne le potentiel de l’immigration de la composante économique et la réussite de l’établissement. Dans l’un ou l’autre des groupes, très peu de participants ont mentionné la sécurité comme étant un enjeu ou une préoccupation associés à l’immigration.

2.4 Niveaux d’immigration et catégories d’immigration

À la suite de la discussion portant sur les objectifs, les avantages et les enjeux de l’immigration, les participants ont été invités à parler des niveaux annuels d’immigration et des façons dont ils accorderaient la priorité à certaines catégories d’immigration.

Niveaux et catégories d’immigration

Afin d’introduire le sujet des niveaux d’immigration, le modérateur a d’abord demandé aux participants d’estimer le nombre actuel d’immigrants qui s’établissent au Canada chaque année. L’objectif était de présenter les données actuelles et de discuter de la possibilité d’augmenter ces niveaux à l’avenir. Peu de participants étaient en mesure de fournir des données relativement précises en ce qui a trait aux niveaux actuels, et ils ont mentionné avoir « entendu ou vu » quelque chose à ce sujet. La plupart des participants ont avoué ne pas savoir quoi répondre et ont tenté une estimation relativement basse (entre 10 000 et 100 000 pour la plupart). Les participants n’avaient aucun point de référence ou raisonnement logique clair lorsqu’ils ont tenté une réponse.

«Je ne sais pas combien d’immigrants viennent s’établir ici chaque année.»

Lorsque le modérateur a mentionné que le nombre est de 285 000 (ce nombre comprend les 25 000 réfugiés syriens qui ne faisaient pas partie du niveau annuel au départ), les participants ont semblé étonnés. Toutefois, les réactions à l’annonce des données ont été très peu négatives, et rarement les participants ont réagi spontanément en disant que cela est « beaucoup trop ». Lorsqu’on leur a directement posé des questions sur ces données, la plupart des participants ont tenté de faire de rapides calculs mentaux afin de répondre à « combien cela signifie-t-il pour ma ville ou ma communauté? ». La plupart des commentaires avaient tendance à être relativement positifs et certains participants étaient même « impressionnés » par le nombre d’immigrants. Systématiquement, les participants de chaque emplacement ont posé des questions au sujet de la capacité, mais d’un point de vue économique : « Avons-nous réellement suffisamment d’emplois pour tous? » « Ces données sont-elles associées au taux de mortalité au pays, s’agit-il simplement d’un renouvellement de la population? » « Pouvons-nous efficacement accueillir autant de personnes ici, à Vancouver? »

Lorsqu’il a été suggéré que ces données pourraient augmenter dans un avenir proche, les participants qui avaient soutenu plus fortement la nécessité économique de l’immigration avaient tendance à être plus favorables. Inversement, les participants qui avaient exprimé de plus grandes réserves au sujet de la capacité du Canada à intégrer efficacement les nouveaux arrivants à son économie exprimaient également des doutes relativement au fait d’augmenter les niveaux d’immigration sans s’assurer que le Canada dispose d’un plan bien défini pour réussir à intégrer ces nouveaux arrivants supplémentaires au marché de l’emploi.

Dans la plupart des groupes, les participants ont d’abord paru quelque peu confus de discuter de l’augmentation des niveaux, étant donné qu’il n’est pas évident de se représenter ce que signifient des données de cette ampleur. Ainsi, ils avaient tendance à utiliser des exemples à l’échelle locale afin de concevoir ce que cela pourrait représenter à l’échelle nationale ou d’un point de vue théorique. La plupart croyaient que s’ils comprenaient mieux « pourquoi » une augmentation est souhaitée, ils seraient plus enclins à y être favorables. La plupart des participants formulaient leurs commentaires au sujet des niveaux sous forme de questions ou au moyen d’énoncés contenant un si : « Si vous me dites que c’est ce dont notre marché de l’emploi a besoin, alors [...] » ; « Si c’est bon pour notre marché du logement et si cela crée de nouveaux emplois à long terme, alors ça va » ; « Si nous pouvons nous assurer que les immigrants décident de vivre dans toutes les régions du Canada et non seulement dans les grandes villes, alors c’est génial. » Plusieurs commentaires concernant l’augmentation des niveaux ont également lié cet objectif à la nécessité de « mieux » répartir l’immigration dans toutes les régions (ailleurs qu’à Vancouver, Toronto et Montréal). Les participants croyaient que cela pourrait avoir des effets positifs sur l’économie des régions qui, en ce moment, accueillent peu de nouveaux arrivants, et que cela offrirait également de nouvelles possibilités aux nouveaux arrivants. Il doit être pris en compte que cette suggestion n’était pas présentée comme une « obligation » ou une exigence « imposée » avant l’arrivée, mais qu’il s’agissait plutôt d’un « souhait » . Une autre suggestion formulée indiquait que les nouveaux arrivants devraient être incités à s’établir en dehors des 10 principales villes du pays.

Les participants de chaque emplacement avaient tendance à croire que ceux qui prennent les décisions concernant les niveaux appropriés d’immigration sauraient quel niveau est le bon ou si les niveaux d’immigration doivent être augmentés (ils auraient en main les indicateurs sociaux et économiques adéquats). Les participants ont facilement admis que leurs connaissances limitées à ce sujet faisaient en sorte que leur « soutien » par rapport à l’augmentation des niveaux était en partie associé au fait qu’ils conçoivent positivement l’immigration en tant que telle et qu’ils n’ont pas d’arguments ou de contre-arguments à formuler au sujet de l’augmentation des niveaux.

L’augmentation des niveaux a été présentée de deux façons par le modérateur : « Et si le nombre atteignait 300 000 ou 350 000? » Ensuite, le modérateur a reformulé l’objectif en disant que celui-ci serait de porter le niveau à 1 % de la population du Canada chaque année. Le fait que les niveaux d’immigration atteignent 1 % de la population totale n’a pas suscité de réactions négatives significatives de la part des Canadiens. En réalité, recourir au concept du 1 % les a aidés à comprendre ce nombre et, pour beaucoup, l’a rendu plus acceptable. Une fois de plus, les participants de tous les emplacements sont « ouverts » à une augmentation des niveaux d’immigration, mais ils ont formulé leurs commentaires en introduisant la nécessité d’en savoir plus au sujet des justifications de l’augmentation ou à propos du plan pour intégrer ces nouveaux arrivants supplémentaires du point de vue économique.

Certains participants se disaient en faveur d’une augmentation des niveaux d’immigration jusqu’à ce qu’ils entendent parler des effets négatifs ou de l’échec des résultats visés, ces aspects négatifs se présentant sous la forme d’une augmentation du chômage, du taux de criminalité ou du racisme. En outre, quelques répondants ont mentionné que le soutien qu’ils accordent aux niveaux d’immigration actuels ou proposés pourrait changer s’il s’avère que leur accès à des services sociaux ou de soins de santé était limité par l’augmentation des services offerts aux nouveaux arrivants, s’il n’y a pas d’augmentation conséquente des ressources nécessaires.

«Je ne suis pas inquiet, sauf si cela me touche personnellement ou si je constate une augmentation des crimes ou du racisme.»

«Je ne suis pas inquiet, sauf si j’entends parler des effets négatifs sur le Canada, nos collectivités ou notre accès aux services.»

En ce qui concerne la question des catégories d’immigration, les Canadiens estimaient que la nation devrait adopter une approche équilibrée, et qu’une augmentation dans l’une des catégories d’immigrants ne devrait pas avoir un impact négatif sur d’autres catégories.

« L’immigration ne peut pas seulement être centrée sur les sujets économiques. »

Les participants, particulièrement dans les groupes d’immigrants, accorderaient la priorité aux immigrants de la composante économique. Lorsque questionnés sur les niveaux et les catégories d’immigration, les participants avaient tendance à croire que le Canada devrait s’efforcer d’être très compétitif pour attirer des personnes de talent (immigration économique), tout en maintenant une réputation enviable dans le monde en ce qui concerne l’aide humanitaire offerte.

«Concentrons nos efforts sur le fait d’attirer les personnes dont nous avons besoin et celles qui peuvent réussir à s’intégrer au marché du travail.»

«Renseignons-nous sur les méthodes utilisées par la concurrence (l’Australie et les États-Unis) pour attirer des personnes de talent.»

Inévitablement, discuter des catégories a fait surgir deux autres considérations  : le sens de l’équité du Canada et ses obligations à l’échelle internationale.

Sens de l’équité

Certains participants avaient l’impression que d’autres catégories d’immigrants, comme ceux de la catégorie de la réunification familiale, avaient été mises en attente pendant que le gouvernement gérait la crise des réfugiés syriens, et ces participants ont mentionné qu’il était simplement équitable que ces catégories soient maintenant la priorité.

« Nous devons être justes par rapport aux autres catégories d’immigrants. »

« Tout d’abord, pour commencer, je ne pense pas que nous devons abaisser les niveaux dans l’une des catégories. »

Il convient de noter que les groupes d’immigrants de toutes les villes aimeraient voir une réduction de l’arriéré ou une augmentation des niveaux dans la catégorie de la réunification familiale. De plus, les discussions sur cette catégorie ont soulevé la question des besoins des familles qui sont déjà installées au pays, mais également de l’effet de cette catégorie sur les autres. Dans deux groupes d’immigrants, les femmes ont indiqué à quel point le soutien de leur famille par l’entremise de la réunification les aiderait à réintégrer le marché de l’emploi (garde d’enfants); ce constat a eu un effet positif sur la perception qu’ont les nouveaux arrivants de la réunification des familles. Toutefois, la plupart des nouveaux arrivants estiment qu’il convient d’augmenter le nombre d’immigrants de la composante économique.

« Je comprends pourquoi nous devions aider les réfugiés, mais nous avons attendu notre tour pour faire venir nos familles. C’est notre tour. »

Obligations à l’échelle internationale

Certains participants estiment que le Canada devrait maintenir, sinon augmenter, le nombre de réfugiés qu’il accueille. Ils estiment que cela fait «partie de l’essence du Canada» et sont plutôt fiers de cette contribution. Bien que ces participants soient en faveur du maintien des obligations du Canada à l’endroit des réfugiés, ils continuaient de croire que les enjeux économiques devaient demeurer le point central de toute discussion portant sur la planification des besoins futurs en immigration du pays. «Les immigrants de la catégorie économique doivent demeurer importants puisqu’ils contribuent à notre économie.»

Dans toutes les villes visitées, les participants seraient en faveur d’une augmentation du nombre d’immigrants de la composante économique, si elle ne compromet pas le nombre de réfugiés ou d’immigrants de la catégorie de la réunification familiale et si cela signifiait une augmentation du total des niveaux. Toutefois, la plupart ont dit qu’ils devaient mieux comprendre «pourquoi» une telle augmentation est nécessaire et «dans quelle mesure» nous arrivons actuellement à intégrer les nouveaux arrivants.

«Y a-t-il suffisamment de possibilités pour en accueillir davantage... même les immigrants de la composante économique?»

«Les niveaux d’immigration devraient être liés à l’économie.»

«Ils doivent nous dire comment ça se passe pour ceux qui sont déjà au Canada afin que nous puissions voir si le système fonctionne.»

Le soutien du plan pluriannuel d’immigration a généralement été accepté comme une approche logique, bien que quelques participants aient mentionné que les décideurs et le système devraient faire preuve de suffisamment de flexibilité pour changer de cap si la situation économique se modifie ou si une autre situation urgente, comme la crise des réfugiés syriens, se présente.

Besoins en information et base du soutien pour l’augmentation des niveaux d’immigration

Inévitablement, la discussion portant sur l’augmentation des niveaux d’immigration a naturellement mené à une discussion sur les besoins d’information en la matière, besoins ressentis par les participants. Ils ont fait part de la nécessité de mieux comprendre la question pour pouvoir comprendre le besoin d’augmenter les niveaux. Les participants ont également mentionné qu’afin d’être plus favorables à l’augmentation du nombre d’immigrations, ils ont d’abord besoin de mieux comprendre ce que les données actuelles signifient et de quelles façons le gouvernement assure le suivi des résultats de l’immigration. Des participants de Montréal et de Toronto souhaitaient comprendre précisément si le gouvernement mesure actuellement les indicateurs suivants : « Où en sont les immigrants après quelques années? Sont-ils heureux de leur nouvelle vie? À quel point le Canada a-t-il réussi à intégrer les nouveaux arrivants? » Également, plusieurs croyaient qu’une augmentation des niveaux devra aller de pair avec une augmentation des services de soutien nécessaires afin d’assurer la réussite de l’établissement.

«J’ai besoin de savoir... En quoi consiste le plan? Quels seraient les effets positifs sur l’économie si nous atteignons le 1 %? Sur les impôts?»

«Avons-nous un plan nous permettant de nous assurer que les écoles, les hôpitaux et les services locaux sont prêts à faire face à l’augmentation de la demande?» «Quel serait l’effet ici, sur la ville?»

Également, plusieurs étaient d’avis que les efforts pour augmenter les niveaux actuels doivent aller de pair avec des modifications ou des améliorations dans différents secteurs  :

  1. une augmentation des taux d’établissement dans les régions autres que les principaux centres urbains, comme cela a été mentionné précédemment;
  2. une augmentation des services de soutien à l’établissement (c.-à-d., connaissances linguistiques, services locaux et communautaires d’aide à l’intégration au marché de l’emploi) à l’échelle locale;
  3. une meilleure reconnaissance des titres de compétences étrangers pour faciliter la réussite de l’intégration du point de vue économique. Plusieurs avaient tendance à associer de meilleurs services de soutien à l’établissement avec une plus grande capacité à attirer et à maintenir les nouveaux arrivants ailleurs qu’à Toronto, Vancouver et Montréal.

L’un des enjeux associés à l’intégration est de savoir si les nouveaux arrivants reçoivent les outils, les renseignements et la mise en contexte nécessaires pour comprendre ce que les participants estiment être « les valeurs communes des Canadiens ». Lorsqu’ils précisaient leur pensée à ce sujet, les participants ne proposaient pas ou ne discutaient pas d’éléments associés à l’identité canadienne, au patriotisme ou à la nécessité de voir les nouveaux arrivants se conformer à une « façon canadienne de faire les choses ». Les « valeurs » mentionnées étaient associées à l’égalité des sexes, à l’équité, à la compassion, à l’empathie, au fait d’être un bon citoyen respectueux des lois, d’être ouvert à la différence, de demeurer tolérant, etc.

Conseils sur l’immigration

À la fin des séances, les participants étaient invités à formuler un conseil au gouvernement sur l’immigration. Ci-dessous se trouve une liste de suggestions et de recommandations formulées par les participants.

Sélection/Mixité/Flexibilité

Bonne adéquation

Grand public

Immigrants

Bon équilibre

Grand public

Immigrants

Flexibilité

Grand public

Immigrants

Catégorie d’immigrants en particulier

Grand public

Immigrants

Réfugiés

Grand public

Immigrants

Politique précise

Grand public

Immigrants

Processus

Règlements en matière d’immigration

Grand public

Immigrants

Simplification et accélération du processus d’immigration

Grand public

Immigrants

Capacité du système

Grand public

Immigrants

Établissement

Apprendre à vivre au Canada

Grand public

Immigrants

Services de soutien à l’établissement et capacité

Grand public

Immigrants

Responsabilités des services de soutien à l’établissement

Grand public

Immigrants

Travail et reconnaissance des titres de compétences

Grand public

Immigrants

Intégration/Éducation culturelle

Grand public

Immigrants

Communautés autochtones
Résultats

Grand public

Immigrants

Le Canada d’abord

Grand public

Immigrants

Citoyenneté

Grand public

Immigrants

Fraude en matière d’immigration/Expulsion

Grand public

Immigrants

Annexe A – Guide de Recrutement

Cette annexe présente un outil qui permet de sélectionner les participants potentiels aux groupes de discussion. L'outil se présente sous la forme d'un questionnaire avec de questions à choix multiple.

Recrutement population générale : Projet économie et société

Bonjour,

Je suis [NOM] de Leger, une firme de recherche marketing. Nous organisons un projet de recherche au nom du gouvernement du Canada. Ce projet de recherche est au sujet de certains événements actuels qui sont pertinents pour le gouvernement fédéral.

Nous nous préparons à mener une série de groupes de discussion avec des gens comme vous dans différentes régions. Durant ces discussions, les participants sont appelés à partager leurs opinions et leurs idées avec les autres personnes présentes. Nous organisons présentement ces groupes et nous serions intéressés à vous avoir comme participant.

Votre participation est entièrement volontaire, et toute l’information que vous fournirez ainsi que votre identité demeureront entièrement confidentielles. Est-ce que je peux poursuivre?

J’aimerais maintenant vous poser quelques questions pour voir si vous rencontrez nos critères d’éligibilité pour participer.

Note au recruteur : Terminez dès qu’un répondant refuse de répondre à une question. Lorsque vous terminez, dites : « Merci de votre coopération. Nous avons déjà atteint le nombre de participants qui ont un profil similaire au vôtre. Nous ne pouvons donc pas vous inviter à participer ».

1) Indiquez le sexe :

Vancouver, Toronto, Montréal, London : Un nombre égal d’hommes et de femmes dans chaque groupe

Winnipeg : Groupe 1 femme seulement; Group 2 homme seulement

2) Est-ce que vous ou quelqu’un dans votre foyer travaille pour un groupe ou une entreprise dans un des domaines suivants? (lire)

Si "oui" à un des cas, remercier et terminer

3) Parfois, durant les groupes de discussion, les participants doivent regarder des vidéos, lire un document et/ou écrire leurs réponses à un questionnaire. Y a-t-il des raisons pour lesquelles vous ne pourriez pas participer ?

Terminer si répondant donne n’importe quelle raison comme un problème visuel ou auditif, un problème d’écriture ou verbal , une préoccupation concernant une difficulté à communiquer efficacement ou si vous avez une autre préoccupation

Vancouver, Toronto, Montréal, London

4) Êtes-vous né au Canada ou êtes-vous né ailleurs?

Vancouver, Toronto, Montréal, London

4A) En quelle année êtes-vous arrivé(e) au Canada?

Avant 2006 - remercier et conclure

Winnipeg

4) Êtes-vous Autochtone, c'est-à-dire, issu des Premières Nations, des Métis ou des Inuks (Inuits) ? Les « membres des Premières Nations » inclus les « Indiens » habitant le Canada, qu'ils aient ou non le statut d'Indien.

Winnipeg

4a) Quel groupe?

5) Nous aimerions parler à des gens de différents groupes d’âge. Dans lequel de ces groupes vous situez-vous? (Lire)

6) Votre revenu familial total est-il…? (Ne pas lire la liste - Recruter un échantillonnage équilibré des niveaux de revenu. À Winnipeg, tentez de récolter : 50% moins de 40 000$; 50% de plus que 40 000$ dans chaque groupe)

8) Quel est le plus haut niveau d’éducation que vous avez reçu? (Ne pas lire - S’assurer d’une bonne répartition du niveau d’éducation)

9) Comme je vous l’ai mentionné plus tôt, nous organisons des groupes de discussion avec des personnes comme vous. Avez-vous déjà participé à de tels groupes de discussion?

10) Quand avez-vous participé à un groupe de discussion pour la dernière fois? (Ne pas lire)

11) Combien de fois avez-vous participé à un groupe de discussion ou à une entrevue en profondeur (aussi appelée entrevue individuelle) au cours des cinq dernières années? (Ne pas lire)

12) Quels sont tous les sujets dont vous avez discuté dans ces groupes ou durant ces entrevues en profondeur?

(Si un sujet est relié à l’immigration ou aux réfugiés, remercier et terminer.)

13) Merci. Nous aimerions vous inviter à participer à un de nos groupes de discussion. Ce groupe durera environ 2 heures. Des rafraîchissements seront servis et vous serez payés XX $ pour votre participation.
Acceptez-vous de participer à un de ces groupes?

Ville Lieux Langue Recrutement Participation Dates
Toronto CV Toronto
2 Bloor St. West, 3rd Floor
Toronto, ON
M4W 3E2
Anglais 24 16-20 11 juillet
17 :30
19 :30
Winnipeg Probe Research Inc.
Suite 850 – 125 Garry Street
Winnipeg, MB
R3C 3P2
Anglais 24 16-20 13 juillet
17 :30
19 :30
Montréal, QC CV Mtl
507 PLACE D’ARMES, SUITE 600
H2Y 2W8"
Français 24 16-20 4 août
17 :30
19 :30
Vancouver, CB Smart Point Research
304-1140 Homer Street
Vancouver, BC
V6B 2X6
Anglais 24 16-20 16 août
17 :30
19 :30
London Ontario Insight Inc.
546 Adelaide Street
North London, ON
N6B 3J5
Il y a un grand stationnement
disponible sur Princess Ave
à deux portes de notre bâtiment!!
Anglais 24 16-20 18 août
17 :30
19 :30
Total   120 80-100

« Contact »

Quelqu’un de notre entreprise vous contactera pour confirmer la tenue du groupe. Pourriez-vous me laisser un numéro de téléphone où nous pouvons vous rejoindre en soirée ainsi qu’au cours de la journée?

Nom :

Téléphone en soirée :

Téléphone au travail :

Recruté par :

Confirmé par :

Merci beaucoup!

Comme nous n'invitons qu’un petit nombre de personnes à participer, votre participation est très importante pour nous . Si, pour une raison quelconque, vous n'êtes pas en mesure de participer , s'il vous plaît appelez, afin que nous puissions trouver quelqu'un pour vous remplacer. Vous pouvez nous joindre au [NOMBRE] à notre bureau . S'il vous plaît, demandez [PERSONNE] .

Pour veiller à ce que les groupes de discussion se passent bien , nous vous rappelons :

Description des groupes :

Vancouver, Montréal, Toronto et London

Winnipeg

Annexe B – Guide de Discussion

Sections : 2 heures

Total : 120 minutes

Introduction (10 minutes)

(S'il vous plaît noter que nous n’utilisons pas de questions structurées pour orienter la discussion, nous voulons une discussion ouverte)

Exercice 1 - Les mots ne seront pas identifiés comme positifs ou négatifs

Réchauffement : exercice de mots - immigration (20 minutes)

J'ai un exercice que je voudrais faire avec vous. Je vais vous remettre une feuille avec quelques mots qui pourraient être utilisés pour décrire la relation entre le Canada et l'immigration. S'il vous plaît choisissez trois mots.

Une fois que les participants ont encerclé trois mots – effectuer un tour de la table et écrire sur un tableau.

Pourquoi avez-vous choisi ces mots? DISCUTER

Positif

  1. Compatissant
  2. Compétitif
  3. Diversité
  4. Croissance économique
  5. Enrichissement
  6. Juste
  7. Flexible
  8. Humanitaire
  9. Innovateur
  10. Intégration
  11. Main d’œuvre
  12. Fierté
  13. Revitalisation
  14. Accueillant
  15. Chef de file mondial

Négatif

  1. Engorgé
  2. Compliqué
  3. Laxiste (Mou)
  4. Débordé / Saturé
  5. Échec
  6. Lent
  7. Non fiable
  8. Insoutenable
  9. Médiocre
  10. Mal géré
  11. Trop généreux
  12. Restrictif

Pourquoi ces mots – Pourriez-vous expliquer davantage ?

But de l'immigration (15 minutes)

Buts de l'immigration :

Lorsque vous pensez au Canada, à votre avis quel est l’objectif principal de l'immigration?

SONDER en profondeur :

Impact sur le Canada : les avantages / challenges- (20 minutes)

J’aimerais maintenant que l’on discute de l'impact de l'immigration sur le Canada. Quels sont les avantages? Quels sont les défis?

Exercice 2- avantages

Sur le morceau de papier en face de vous, s'il vous plaît prenez quelques minutes et notez tous les avantages que vous voyez associés à l'immigration.

Au tableau : Ok quels sont les avantages que vous avez identifiés? Que diriez-vous des autres, comment vous sentez-vous à propos de ceux-ci?

Sonder en profondeur

Prochains défis / problèmes (20 minutes)

Exercice 3. Défis et problèmes

De l’autre côté de ce même morceau de papier, s'il vous plaît prendre quelques minutes et notez toutes les préoccupations et les questions que vous associez à l'immigration au Canada.

Au tableau : Ok quels sont les défis que vous avez identifiés? Et les autres? Comment vous sentez-vous à propos de ceux-ci?

Quels sont les enjeux ou défis à venir auxquels le Canada devra faire face en tant que pays d'immigration. (15 minutes)

  1. La concurrence mondiale : les étudiants internationaux, les travailleurs et les visiteurs (Royaume-Uni / États-Unis / Australie). Qu'est-ce qui fait du Canada le meilleur pays?
  2. Capacité et habilité pour s’ajuster à l'évolution et à l’émergence des besoins mondiaux de migration / besoins économiques (En temps de crise?)
  3. Pour les immigrants / Pour le Canada : au niveau de l’intégration
  4. Générer un esprit d'accueil plutôt que la peur. (Par rapport aux autres pays)

Niveaux d’immigration / priorités du Canada (20 minutes)

Le gouvernement utilise un plan annuel pour déterminer quels sont les choix et les priorités que le gouvernement devrait faire en matière d'immigration. C’est plus que le simple nombre d'immigrants qui arrivent au Canada.

Conclusion : un système d'immigration réussi pour le canada (15 minutes)

Exercice final 4. (noter sur papier).

Imaginez un touriste au Canada marchant autour de la ville. Il remarque la diversité de notre population canadienne. Si ce touriste vous arrête dans la rue pour vous poser des questions ou avoir plus d’information sur l'immigration au Canada, quelle serait votre réponse?

(Suggérer que nous répondons généralement quelque chose à mettre en valeur notre pays)

En pensant à toutes les choses dont nous avons parlé ici et à l'importance de l'immigration au Canada, quelle est la chose la plus importante sur laquelle le gouvernement du Canada doit se concentrer afin d’être en mesure de gérer un système d'immigration réussie?

Annexe C – Exercice d’association de mots

Cette annexe présente le document utilisé pendant l’exercice d’association de mots du groupe de discussion. Les participants ont été invités à choisir trois mots qui pourraient être utilisés pour décrire la relation entre le Canada et l'immigration.