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Recherche sur la campagne de sensibilisation du public à la traite de personnes

Sommaire

 

Préparé à l’intention de Sécurité publique Canada

 

Rédigé par Narrative Research

Numéro de contrat SPAC : 0D160-211836/001/CY

Coût du contrat : 107 474,30 $

Date du contrat : 4 septembre 2020

Date de livraison : 17 novembre 2020

 

Numéro de la ROP : 031-20

 

Pour en savoir plus, veuillez communiquer avec :

ps.communications-communications.sp@canada.ca

 

This summary is also available in English.

 

Recherche sur la campagne de sensibilisation du public à la traite de personnes

Sommaire

 

Préparé à l’intention de Sécurité publique Canada

Nom du fournisseur : Narrative Research

Novembre 2020

 

Le présent rapport de recherche sur l’opinion publique décrit les résultats de groupes de discussion menés par Narrative Research au nom de Sécurité publique Canada. L’étude de recherche a englobé 25 groupes de discussion qualitative en ligne tenus dans la plateforme Netfocus. Cinq groupes ont été menés dans chacune des cinq régions, à savoir l’Ouest canadien (C.-B. et Alb.), les Prairies (Sask. et Man.), l’Ontario, le Québec et l’Est du Canada (N.-B., N.-É., Î.-P.-É. et T.-N.-L.). Dans chacune de ces régions, un groupe a été mené parmi chacun des quatre publics suivants : jeunes hommes de 16 à 19 ans, jeunes femmes de 16 à 19 ans, jeunes hommes adultes de 20 à 25 ans et jeunes femmes adultes de 20 à 25 ans. Deux groupes ont aussi été menés auprès de femmes autochtones de 19 à 24 ans (Ontario/Atlantique et Prairies/Ouest) et trois groupes auprès de parents de jeunes de 13 à 19 ans (Québec, Ontario/Atlantique et Prairies/Ouest). Chaque groupe comprenait un mélange d’âges (dans la tranche), de niveaux de scolarité, de situations d’emploi et de revenus du foyer. Les groupes comprenaient également des personnes ayant des incapacités, des membres de la communauté LGBTQ2+, de nouveaux arrivants au pays depuis moins de 10 ans et des personnes de différentes origines culturelles. Les séances au Québec se sont déroulées en français tandis que les autres groupes de discussion ont été menés en anglais.

 

Au total, 221 personnes ont été recrutées et 183 personnes ont participé aux séances, ce qui représente une moyenne de 7 personnes par groupe de discussion. Chaque discussion de groupe a duré environ deux heures et les participants ont reçu un montant de 100 dollars en guise de remerciement pour avoir donné de leur temps. Les groupes de discussion ont été menés du 19 au 28 octobre 2020.

 

This publication is also available in English under the title:

Human Trafficking Public Awareness Campaign Research: Executive Summary

 

Cette publication peut être reproduite à des fins non commerciales seulement. Il faut avoir obtenu au préalable l’autorisation écrite de Sécurité publique Canada. Pour de plus amples renseignements sur ce rapport, veuillez communiquer avec Sécurité publique Canada à l’adresse :

ps.communications-communications.sp@canada.ca

 

Nº de catalogue :

PS4-281/2-2021F-PDF

Numéro international normalisé du livre (ISBN) :

978-0-660-38787-1

Publications connexes (numéro d’enregistrement : ROP 022-20) :

Nº de catalogue : PS4-281/2-2021E-PDF (sommaire, anglais)

ISBN : 978-0-660-38785-7

 

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2020.

 

Sommaire du rapport

 

Narrative Research Inc.

Numéro de contrat : 0D160-211836/001/CY

Numéro d’enregistrement de la ROP : 031-20

Date d’octroi du contrat : 4 septembre 2020

Coût du contrat : 107 474,30 $

 

Contexte et méthodologie de recherche

En 2019, le gouvernement du Canada a annoncé qu’il s’engageait à investir de nouveaux fonds fédéraux dans la Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes pour renforcer la réponse du pays dans ce domaine. La Stratégie nationale vise à encadrer toutes les activités fédérales menées en vertu des quatre piliers reconnus mondialement, soit la prévention, la protection, les poursuites et les partenariats. Un nouveau pilier, l’« autonomisation », a été ajouté aux quatre premiers. La Stratégie nationale appuiera également des engagements généraux du gouvernement du Canada, comme de prévenir et de contrer la violence fondée sur le sexe et de soutenir la sûreté et la sécurité des peuples autochtones. L’engagement financier qui a été proposé comprend un investissement initial de 57 millions de dollars sur cinq ans à partir de 2019-2020, et 10 millions de dollars par an par la suite.

 

Des consultations sur la traite de personnes menées en 2018 à l’échelle nationale ont permis de mieux comprendre l’urgente nécessité de sensibiliser davantage la population et de mieux faire connaître ce problème afin d’aider les collectivités et les intervenants à reconnaître les premiers signes de traite des personnes, à réduire la stigmatisation des victimes et à assurer une plus grande proactivité des interventions lors d’incidents. Pour répondre aux besoins en matière de sensibilisation de la population, l’équipe du marketing de Sécurité publique Canada a dans un premier temps (en mars 2020) mené une recherche pour établir les niveaux de référence dans ce domaine (perceptions, comportements et compréhension en ce qui concerne la traite de personnes). La recherche visait aussi à définir les publics qu’il conviendrait le plus de cibler.

 

Dans le cadre de la Stratégie nationale, un projet qualitatif a été entrepris dans tout le pays afin de contribuer à une campagne pluriannuelle de sensibilisation du public. À ce stade de l’élaboration de la campagne, Sécurité publique Canada souhaite évaluer l’efficacité relative des concepts publicitaires qui sont proposés auprès de quatre publics cibles afin de s’assurer que les concepts sauront attirer l’attention de ces populations vulnérables. Les constatations de la recherche orienteront le choix final et l’élaboration d’un concept créatif de campagne. Plus précisément, les objectifs de la recherche sont les suivants :

·           Évaluer trois idées de campagne de sensibilisation du public (chacune comprenant une vidéo d’animation par ordinateur et un échantillon de publicité imprimée) afin de déterminer si le contenu favorise une bonne compréhension, est crédible, pertinent et utile, attrayant et accrocheur, mémorable et capable de motiver la prise de certaines mesures.

·           Déterminer quel est le meilleur concept pour sensibiliser le public au problème de la traite de personnes. 

·           Évaluer l’incidence perçue de dix messages portant sur le thème.

·           Déterminer la meilleure terminologie pour parler des différents types de traite de personnes.

 

Une méthode de recherche qualitative a été utilisée pour atteindre ces objectifs. Plus précisément, 25 groupes de discussion Netfocus (en ligne, en temps réel) ont été réalisés. Cinq groupes ont été menés dans chacune des cinq régions, à savoir l’Ouest canadien (C.-B. et Alb.), les Prairies (Sask. et Man.), l’Ontario, le Québec et l’Est du Canada (N.-B., N.-É., Î.-P.-É. et T.-N.-L.). Dans chacune de ces régions, un groupe a été mené parmi chacun des quatre publics suivants : jeunes hommes de 16 à 19 ans, jeunes femmes de 16 à 19 ans, jeunes hommes adultes de 20 à 25 ans et jeunes femmes adultes de 20 à 25 ans. Deux groupes ont aussi été menés auprès de femmes autochtones de 19 à 24 ans (Ontario/Atlantique et Prairies/Ouest) et trois groupes auprès de parents de jeunes de 13 à 19 ans (Québec, Ontario/Atlantique et Prairies/Ouest). Chaque groupe comprenait un mélange d’âges (dans la tranche), de niveaux de scolarité, de situations d’emploi et de revenus du foyer. Les groupes comprenaient également des personnes ayant des incapacités, des membres de la communauté LGBTQ2+, de nouveaux arrivants au pays depuis moins de 10 ans et des personnes de différentes origines culturelles. Les séances au Québec se sont déroulées en français tandis que les autres groupes de discussion ont été menés en anglais.

 

Au total, 221 personnes ont été recrutées et 183 personnes ont participé aux séances, ce qui représente une moyenne de 7 personnes par groupe de discussion. Chaque discussion de groupe a duré environ deux heures et les participants ont reçu un montant de 100 dollars en guise de remerciement pour avoir donné de leur temps. Les groupes de discussion ont été menés du 19 au 28 octobre 2020.

 

Tous les participants ont été recrutés conformément aux critères du gouvernement du Canada en matière de recrutement. Le recrutement a été fait à l’aide de panels qualitatifs stockés sur des serveurs canadiens, avec des appels de suivi pour confirmer les détails fournis et pour garantir l’atteinte des quotas.

 

Le présent rapport présente les constatations de l’étude. Notons qu’il convient d’interpréter les résultats de la présente étude avec prudence, car les recherches qualitatives ne peuvent fournir qu’une idée générale d’une situation. Les résultats ne peuvent pas être extrapolés avec confiance à l’ensemble de la population étudiée.

 

Attestation de neutralité politique

À titre de représentante de Narrative Research, j’atteste que les résultats livrés sont entièrement conformes aux exigences du gouvernement du Canada en matière de neutralité politique énoncées dans la Directive sur la gestion des communications. Plus précisément, les résultats attendus n’incluent pas de renseignements sur les intentions de vote électoral, les préférences quant aux partis politiques, les positions des partis ou l’évaluation de la performance d’un parti politique ou de ses dirigeants.

 

Signature            

Signature

Margaret Brigley, présidente-directrice générale et associée | Narrative Research

Date : 17 novembre 2020

 

Principaux résultats et conclusions

Les résultats de la recherche sur la campagne de sensibilisation du public à la traite de personnes montrent que les niveaux de sensibilisation et de connaissances liés à ces enjeux restent limités. De fait, ces enjeux sont généralement perçus comme plus répandus à l’échelle internationale qu’au Canada.  L’idée d’une campagne d’éducation publique est donc bien accueillie, surtout si elle s’accompagne d’initiatives intégrées dans les programmes scolaires.  Comme les gens dépendent beaucoup d’Internet, des médias sociaux et des organes de presse pour obtenir de l’information, une campagne d’éducation du public sur la traite de personnes gagnerait à avoir une forte présence en ligne.

 

Les participants ont pu examiner et commenter trois concepts de campagne de sensibilisation du public pendant les essais. Le public anglophone préférait nettement le concept appelé Non-confiné, estimant qu’il incite à la réflexion et corrige les idées fausses concernant la traite de personnes. Les opinions des participants francophones penchaient moins nettement en faveur d’un concept plutôt qu’un autre. Les participants sélectionnaient à peu près également l’un ou l’autre des trois concepts comme étant le plus efficace pour sensibiliser le public à la traite de personnes en invoquant différentes raisons pour justifier leur choix.

 

En ce qui a trait aux réactions à chacun des concepts pris individuellement, le concept Non-confiné était considéré comme communiquant clairement que la traite de personnes n’« est pas ce que vous pensez » et qu’elle peut commencer par une relation amoureuse saine et heureuse ou une situation professionnelle. La mention de la traite de personnes comme thème de la campagne dans les titres des annonces imprimées et dans la narration de la vidéo explique en partie la clarté du message de la campagne. Les images et le scénario ont dissipé le mythe selon lequel la traite de personnes implique nécessairement le passage de clandestins ou des enlèvements et transmettent le message que la traite de personnes peut se produire dans des situations plus banales et apparemment normales. Cela dit, l’image en milieu de travail ne montre pas clairement un contexte canadien ou une relation de travail hiérarchisée. Tant dans la vidéo que dans les publicités imprimées, les éléments visuels renforcent les stéréotypes de genre.

 

Même si le thème de la traite de personnes est clairement nommé, le concept « Non-confiné » n’explique pas efficacement les signes avant-coureurs d’une relation de violence et ne montre pas non plus les conséquences désastreuses qu’elle peut avoir sur les victimes.  De ce point de vue, le concept ne parvient pas à communiquer la gravité de la situation et donc à susciter l’émotion des destinataires. La présence de statistiques a toutefois aidé à attirer l’attention et à établir une certaine pertinence. Le concept semble s’adresser à un vaste public, même si, comme pour les autres concepts, il n’a pas d’appel à l’action percutant.

 

Les avis sur le concept de « Pas toujours visible » étaient partagés. Même si le message manque de clarté et de pertinence générale, il a été considéré comme plus émouvant que les autres, car il fait voir les réactions de la victime aux mauvais traitements et explique bien la dégradation d’une situation, qui de positive devient négative. Les publicités imprimées ont été moins efficaces que la vidéo pour faire comprendre la gravité des situations. Néanmoins, le consentement apparent a semé la confusion. Le scénario donnait ainsi l’impression d’avoir pour thème le sexe pervers, les mauvais traitements ou le viol et non ce qu’on considère comme la traite de personnes. Le concept dans sa forme actuelle risque ainsi de normaliser ou de banaliser l’exploitation sexuelle, notamment dans sa manière de présenter l’idée de consentement. En outre, le concept risque de provoquer une vive réaction émotionnelle chez les personnes touchées par la violence sexuelle. Le public cible de la campagne était considéré comme plus restreint et comprenait les jeunes femmes et les victimes de violence sexuelle et dans une moindre mesure leurs amis et les membres de leur famille. Les images des publicités imprimées s’adressent à un public relativement jeune, car elles rappellent les images rognées qu’utilise cette population lorsqu’elle publie du contenu sur les médias sociaux.

 

Les avis sur le concept intitulé « Changé » étaient aussi partagés. Les participants ne se sentaient pas interpellés par le message. De plus, même si beaucoup de participants comprenaient très bien la situation présentée et avaient un lien émotionnel avec le contenu, le concept « Changé » suscitait une certaine confusion et n’a pas réussi généralement à transmettre l’appel à l’action voulu. En effet, certains participants ont éprouvé une certaine difficulté à comprendre le scénario de la vidéo, les titres des publicités imprimées ne mettaient pas clairement en évidence une situation négative ou violente et les couleurs vives ne convenaient pas à un message visant à exprimer la gravité du problème. Le manque d’éléments visuels et d’explications dans les publicités imprimées a également nui à la clarté du message. Néanmoins, la voix de la victime dans la vidéo et la familiarité des participants avec les énoncés des titres des publicités imprimées ont fait que certaines personnes ont senti un lien émotionnel plus fort avec ce concept qu’avec les deux autres.

 

Les résultats laissent penser qu’il conviendrait d’envisager d’améliorer le concept « Non-confiné », avec quelques modifications. Plus précisément, la campagne devrait montrer plus clairement ce qui conduit à une relation violente et quels types de mauvais traitements sont considérés comme de la traite de personnes. Elle devrait également montrer les conséquences sur les victimes et présenter plus clairement la gravité de la situation grâce à des images et d’autres statistiques.

 

Quel que soit le concept choisi, il est intéressant de proposer un matériel de campagne qui s’attaque aux mythes concernant les catégories de personnes exposées au plus grand risque et les formes que peut prendre la traite de personnes. Il faudrait également envisager d’inclure un appel à l’action plus percutant qui expliquerait les raisons pour lesquelles tout le monde doit participer au processus et ce qui peut être fait pour s’attaquer au problème. Cela pourrait se faire en invitant le public à visiter le site Web pour apprendre à reconnaître des situations ou des indicateurs de traite de personnes; apprendre quels sont les comportements inacceptables qu’il convient de signaler; ou les conséquences pour les victimes, par exemple.

 

L’ajout de statistiques et de faits sur les situations de traite de personnes dans le matériel de campagne est également une bonne façon d’attirer l’attention et de s’attaquer aux idées fausses. L’autre avantage de cette approche serait d’expliquer ainsi la décision de mettre en scène certains publics plutôt que d’autres dans les publicités et éviter du même coup que la campagne donne l’impression de renforcer les stéréotypes sur les catégories de personnes qui sont victimes.  Néanmoins, il sera important pour la campagne de trouver le juste équilibre entre la représentation des types les plus fréquents de traite de personnes et le besoin de diversité.

 

Lors de l’examen de dix énoncés sur la traite de personnes, les messages contenant des faits ou des statistiques et ceux qui expliquent clairement ce que les gens sont en mesure de faire pour s’attaquer au problème ont été considérés comme comme étant plus percutants et plus intéressants. Les énoncés plus généraux ou plus vagues, au contraire, ont été jugés moins convaincants.

 

Les gens préfèrent une terminologie précise pour nommer les différents types de traite de personnes, ce qui n’est peut-être pas surprenant étant donné le manque de connaissances sur les formes que peut prendre le phénomène. Cela dit, les avis étaient partagés en ce qui a trait à l’utilisation du terme esclavage dans le contexte de la traite de personnes. Certains participants estimaient qu’il s’agissait d’une façon de souligner la gravité d’une situation de mauvais traitements tandis que d’autres pensaient que le terme conviendrait mieux au phénomène de la discrimination. Différents avis ont été exprimés quant au meilleur terme pour décrire la traite de personnes, certains participants préférant le terme anglais modern slavery et d’autres human trafficking. Le terme français traite des personnes était considéré comme le plus approprié. Des termes anglais comme sex slavery ou sex trafficking et le terme français esclavage sexuel étaient considérés comme désignant plus précisément la notion d’exploitation sexuelle. Le terme anglais domestic labour trafficking et le terme français trafic de main-d’œuvre domestique étaient les termes préférés pour désigner l’exploitation d’une personne travaillant dans une résidence privée. Enfin, le terme anglais organ trafficking et le terme français trafic d’organes étaient considérés comme la meilleure façon de désigner le trafic d’organes.