Message du président

Keith MacLellan, MD
Shawville (Qué.)
Président, Société de la médecine rurale du Canada

Can J Rural Med 1996; 1 (2): 58


La médecine rurale est une question mondiale. Cette affirmation peut sembler contradictoire parce qu'après tout, la médecine rurale est des plus communautaires. La décentralisation des décisions, de la formation et des soins constitue le cœur même de notre discipline. Or, si la politique, l'histoire et l'économique balkanisent notre monde, les réalités géographiques peuvent nous unir, compte tenu particulièrement des expériences solides et communes des médecins ruraux. Cette possibilité a été mise en évidence au cours de la première Conférence internationale sur la médecine rurale qui s'est tenue à Shanghai, du 21 au 28 mai 1996. Au cours de cette réunion, des médecins ruraux de nombreux pays ont échangé idées, compétences, anecdotes et divertissements. De nombreux thèmes étaient bien connus des médecins du Canada : isolement, lourdeur de la charge de travail, niveau élevé de responsabilité et de compétences spécialisées, représentation politique médiocre aux échelons régional et national, insuffisance des programmes de formation et du financement. Conjuguez ces facteurs à l'amour de la campagne ou de la brousse et à un engagement envers la population rurale et les défis que posent leurs soins de santé, et vous trouverez un médecin rural dans à peu près n'importe quel pays.

Pour moi, trois événements ont été les points saillants de la conférence. Il y a eu d'abord l'intérêt prédominant qu'a suscité chez les participants la reconnaissaissance des médecins aux pieds nus de la Chine -- qui sont aux premières lignes du système médical en Chine. Cette reconnaissance s'est répétée à maintes reprises à mesure que des médecins de toutes les régions du monde se sont rendus dans des villages où ont examiné les trousses médicales des médecins aux pieds nus, visité leurs cliniques et rencontré leurs patients.

L'allocution du Dr Roger Strasser, un des rares professeurs de médecine rurale au monde, a été un autre point saillant. Il a alors décrit pourquoi il croyait que sa discipline était distincte avec ses publications, ses recherches et ses caractéristiques cliniques distinctes. Son exposé sur la politique relative à la formation rurale de WONCA (Organisation mondiale des médecins de famille) est disponible pour quiconque veut présenter des instances à des gouvernements ou à des organismes du secteur de la santé.

Enfin, l'Association des médecins ruraux de l'Australie et la Société de la médecine rurale du Canada (SMRC), avec l'aide de nombreux pays, ont créé l'Organisation mondiale des médecins ruraux, vouée à améliorer les soins de santé fournis aux populations rurales de la planète et à aider à créer des associations nationales et régionales de médecins ruraux. La prémisse est la suivante : si l'on veut modifier efficacement les soins de santé en milieu rural, les contributions doivent provenir non seulement du secteur public et des milieux collégiaux et universitaires, mais aussi des travailleurs locaux eux-mêmes -- ceux qui «abattent la tâche». L'Organisation mondiale devrait être entièrement fonctionnelle en septembre 1997, à temps pour la deuxième Conférence internationale sur la médecine rurale qui se tiendra à Durban, en Afrique du Sud. Si vous voulez aider, veuillez communiquer avec nous par l'entremise de la SMRC.

Vous voyez donc que vous n'êtes pas seul, même si l'isolement est un facteur tellement important (parfois bon, parfois mauvais) dans la vie de la plupart des médecins ruraux. Appuyez-nous, dites-nous ce qu'il y a dans votre sac noir, adhérez à la SMRC. Il y a énormément de travail à faire, à la fois pour votre localité et pour le monde entier.

Référence

  1. WONCA Working Party on Training for Rural Practice. Policy on training for rural practice. Can Fam Physician 1996;42:1181-3.

Table des matières : Can J Rural Med vol 1 (2)
Copyright 1996, Association médicale canadienne
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