Le problème du SIDA évolue au Canada, affirme l'AMC à un sous-comité des communes

Patrick Sullivan

Journal de l'Association médicale canadienne 1995; 152 : 1883-1884


Résumé

Depuis que l'AMC a publié sa première politique sur l'infection au VIH et le SIDA il y a 6 ans, beaucoup de choses ont changé. Le nombre de patients atteints du SIDA au Canada a augmenté régulièrement et le nombre de cas signalés a franchi la barre des 10 000 l'année dernière. Les méthodes de traitement se sont améliorées et ont prolongé la vie des patients.

Certaines choses n'ont toutefois pas changé, selon l'AMC, et plus particulièrement l'engagement des médecins envers leurs patients atteints du SIDA : leur dévouement passe parfois sous silence. Lorsqu'ils ont témoigné le 28 mars devant le Sous-comité sur le VIH/SIDA de la Chambre des communes, le Dr Carole Guzman, secrétaire générale associée, et le Dr David Walters, directeur des soins et de la promotion de la santé, ont déclaré qu'au cours de la deuxième décennie de l'épidémie, les médecins canadiens continuent «de manifester leur dévouement et leur engagement sur les premières lignes de la prévention, des soins et de la recherche, et souvent, malgré les compressions budgétaires.»

La délégation de l'AMC a déclaré que le rôle des médecins n'a pas beaucoup changé depuis l'apparition du VIH au Canada. «Nous ne devons pas oublier l'importance du rôle que jouent les médecins en aidant les patients nouvellement infectés par le VIH, leurs partenaires, les membres de leur famille et leurs défenseurs à répondre à leurs besoins. Répondre aux questions, souvent lorsque les traitements sont limités et qu'il n'y a pas de réponse claire, c'est extrêmement difficile et stressant pour les médecins qui oeuvrent dans ce domaine.»

Ces derniers propos ont une signification spéciale pour Walters, l'ancien directeur du Programme d'éducation et d'information sur le SIDA de l'Association canadienne de la santé publique, qui marie aujourd'hui son travail à l'AMC à ses fonctions d'associé clinique à temps partiel à la Clinique d'immunodéficients de l'Hôpital Général d'Ottawa. Il a déclaré que les médecins qui oeuvrent aux premières lignes du traitement du SIDA ont besoin d'un appui constant parce qu'ils doivent faire face à l'impact à la fois de l'infection et de la maladie. «Les gouvernements provinciaux et territoriaux doivent continuer d'appuyer les médecins hygiénistes locaux et les membres du personnel des services d'hygiène publique de toutes les régions du Canada dans tous leurs rôles, a-t-il dit. Cela leur permettra d'étudier plus à fond les principaux éléments de l'épidémie de VIH/SIDA et d'informer la population générale, les communautés locales, les écoles et les populations à risque.»

L'AMC a déclaré que la maladie pose des problèmes rares pour la médecine et que cela signifie que les épidémiologistes qui la suivent «doivent préciser encore davantage» l'apparition rapide de l'épidémie chez les gens de la rue et les criminels toxicomanes qui sont difficiles à atteindre.

«Il faut effectuer des recherches sur l'apparition récente du VIH/SIDA chez les femmes et les autochtones et mettre en oeuvre des stratégies appropriées de prévention», lit-on dans le mémoire de l'association, qui signale que les médecins de première ligne ont assumé le gros du fardeau des besoins cliniques liés aux conseils portant sur les tests. Ces médecins ont dû faire face à des questions comme la notification du partenaire, le diagnostic, le traitement et les soins palliatifs.

L'AMC a déclaré que la prestation, tant aux futurs médecins qu'aux médecins praticiens, des services requis d'éducation et de formation médicales nécessaires pour faire face à l'épidémie de SIDA constitue un défi d'envergure. Il faut considérer «comme une étape importante vers le contrôle éventuel de cette épidémie» les efforts déployés par l'Association des facultés de médecine du Canada et le Collège des médecins de famille du Canada afin de mettre à jour les connaissances des médecins au sujet des derniers progrès du traitement.

La délégation a déclaré qu'à mesure que les tendances de la maladie continueront d'évoluer, les soins primaires fournis par les médecins devront s'adapter aux «tendances de la demande de soins des gens de la rue. L'appui des cliniques et des praticiens dans ce secteur d'activité communautaire représente une adaptation nécessaire que les programmes actuels ne prévoient peut-être pas suffisamment.»

L'AMC a souligné que des spécialistes des maladies infectieuses, de l'immunologie, de la pédiatrie et de la psychiatrie jouent aussi des rôles cruciaux dans la lutte contre le SIDA et le VIH, mais que leurs rôles diffèrent de ceux des médecins de première ligne. «Ils posent des diagnostics difficiles au sujet d'infections opportunistes et d'autres problèmes de santé et recommandent des stratégies de traitement qui préviennent les problèmes et améliorent la qualité et la durée de la vie des personnes vivant avec le VIH.»

L'association a déclaré qu'il faut appuyer ces équipes cliniques en leur accordant des budgets de fonctionnement et de recherche suffisants si l'on veut que la médecine canadienne joue un rôle de chef de file et aide à vaincre l'épidémie.

L'AMC a souligné plusieurs aspects «extrêmement importants» de la réponse du Canada au VIH/SIDA :

Enfin, l'AMC a déclaré qu'un «appui amélioré» de la formation médicale aux niveaux de la santé communautaire, des soins primaires et des soins spécialisés constituera un investissement qui permettra «d'orienter positivement les soins de qualité à l'avenir.»
CMAJ June 1, 1995 (vol 152, no 11) / JAMC le 1er juin 1995 (vol 152, no 11)