Déclaration relative aux voyageurs infectés par le VIH ou atteints du SIDA

Journal de l'Assocation médicale canadienne 1995; 152 : 381­382
Santé Canada, 1994
Reproduit avec la permission du Ministre des Approvisionnements et Services, 1996


Demandes de tirés à part du rapport original (Relevé des maladies transmissibles au Canada 1994; 20 : 147-149) : Eleanor Paulson, rédactrice, RMTC, Bureau de l'épidémiologie des maladies transmissibles, Laboratoire de lutte contre la maladie, Parc Tunney, Ottawa, ON K1A 0L2.


Contenu


Lorsqu'une personne infectée par le VIH se propose de voyager à l'étranger, il convient, au moment des préparatifs, d'accorder une attention particulière à un certain nombre de problèmes importants qui ne diffèrent guère, pour l'essentiel, de ceux auxquels sont confrontés tous les voyageurs immunodéprimés. Au nombre des points à considérer figurent : (1) les restrictions imposées aux voyages outre­frontière, (2) les vaccins requis ainsi que leur efficacité et leur innocuité, (3) la résistance réduite aux infections présentes dans la région de destination et (4) l'accessibilité des soins de santé outre­mer ainsi que la nécessité éventuelle d'une évacuation sanitaire vers le pays d'origine.

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Restrictions imposées aux voyages outre­frontière

Actuellement, au moins 50 pays, en particulier d'Europe de l'Est et du Moyen­Orient, restreignent l'admission sur leur territoire de voyageurs infectés par le VIH ou atteints du SIDA et imposent un test de détection des anticorps anti­VIH à tous les étrangers qui sollicitent une autorisation de séjour. Ces règlements visent surtout les étudiants, les travailleurs et les autres demandeurs d'un permis de long séjour, mais dans quelques pays, les visiteurs sont tenus de subir le test même pour un séjour aussi bref que deux semaines. Certains pays exigent que le voyageur subisse le test de détection des anticorps anti­VIH après son arrivée et n'acceptent pas les résultats de tests effectués à l'étranger. Les lecteurs désireux de se procurer une liste des conditions d'admission outre­frontière eu égard à l'infection à VIH peuvent s'adresser à Santé tropicale et quarantaine, Laboratoire de lutte contre la maladie, Santé Canada, tél. 613 954­3236, fax 613 954­5414.

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Vaccins requis, innocuité et efficacité

Il importe d'évaluer attentivement avant un voyage à l'étranger les avantages et les risques de la vaccination des personnes infectées par le VIH. Les vaccins antiviraux vivants, tels que ceux contre la fièvre jaune, les oreillons, la rougeole, la rubéole et le vaccin buccal contre la typhoïde, peuvent être administrés à des sujets asymptomatiques infectés par le VIH et dont la numération lymphocytaire est normale, lorsque ceux­ci courent le risque de contracter la maladie; ces vaccins ne devraient toutefois pas être administrés aux patients qui sont atteints du SIDA ou dont la numération lymphocytaire est basse. Ces patients peuvent être exemptés de la vaccination pour des raisons de santé lorsqu'un vaccin particulier, comme le vaccin antiviral vivant contre la fièvre jaune, est une condition d'admission dans un pays. Il est toutefois possible qu'un vaccin vivant soit quand même indiqué en cas de risque élevé. Il faut se rappeler que l'efficacité de la vaccination peut être réduite chez les sujets infectés par le VIH, en particulier chez ceux qui sont atteints du SIDA. Ces voyageurs doivent toujours appliquer rigoureusement les autres mesures de prévention de l'infection, notamment faire usage de produits insectifuges et prendre toutes les précautions possibles en ce qui concerne les aliments et l'eau. S'il est impossible de réduire les risques à un niveau acceptable, il faudra peut­être modifier les projets de voyage.

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Résistance réduite à l'infection

Un grand nombre d'infections qui frappent les voyageurs sont liées à une morbidité et une mortalité accrues chez les personnes infectées par le VIH. Celles­ci sont également plus exposées à présenter des réactions indésirables aux médicaments utilisés pour traiter l'infection.

Ce sont les pathogènes gastro­intestinaux qui représentent le plus grand danger par les voyageurs infectés par le VIH. Étant donné que l'achlorhydrie est fréquente chez les patients atteints du SIDA, un plus petit inoculum d'organismes entériques ingérés peut provoquer la maladie. Bien qu'Escherichia coli entérotoxigène soit le plus souvent responsable de la diarrhée des voyageurs, il ne semble pas provoquer d'infection plus grave chez les sujets immunodéprimés. Les infections à Shigella, Salmonella, Campylobacter, Cryptosporidium et Isospora sont associées à des diarrhées plus graves et plus persistantes chez les personnes infectées par le VIH. En outre, l'infection généralisée est bien documentée en ce qui concerne la salmonellose. En raison du risque accru d'infection et de morbidité attribuables à des pathogènes bactériens, une antibioprophylaxie continue contre la diarrhée des voyageurs devrait être envisagée pour les personnes infectées par le VIH dont le séjour à l'étranger est de courte durée (moins de 3 semaines).

Les infections respiratoires, en particulier la tuberculose, représentent également un danger pour les personnes infectées par le VIH. Le risque de tuberculose est faible lorsque le séjour est de courte durée, mais il augmente avec la durée du voyage. Bien que la morbidité attribuable à la grippe elle­même ne soit pas accrue chez les personnes infectées par le VIH, les infections bactériennes consécutives à la grippe sont plus graves chez ces patients. La rougeole, autre maladie qui peut être prévenue par un vaccin, peut être grave voire même fatale chez un sujet infecté par le VIH. Il arrive qu'une infection progressive et généralisée soit provoquée par une exposition directe à l'histoplasmose ou à la coccidioidomycose au cours d'un voyage dans une zone endémique.

Plusieurs maladies transmises par un vecteur peuvent prendre des formes beaucoup plus graves chez les sujets infectés par le VIH. On a signalé dernièrement des cas de leishmaniose viscérale et de maladie de Chagas, nouvelles infections opportunistes qui frappent les patients atteints du SIDA. En théorie, la babésiose et la fièvre jaune devraient être plus graves chez les sujets immunodéprimés. Bien que la malaria soit la plus grave maladie transmise par un vecteur, dont puisse être atteint le voyageur, elle ne semble pas plus sévère chez les personnes infectées par le VIH.

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Accès aux soins de santé

Si la santé d'une personne infectée par le VIH venait à se détériorer pendant son séjour à l'étranger, des soins médicaux intensifs, voire même l'évacuation, pourraient s'avérer nécessaires. Non seulement le coût de ces mesures est­il élevé, mais il est parfois impossible d'avoir accès à des soins médicaux spécialisés de grande qualité dans de nombreux pays étrangers. Quand une évacuation sanitaire peut être envisagée, le voyageur infecté par le VIH devrait, avant son départ, contracter une assurance­maladie afin de pouvoir faire face à une telle éventualité. On devrait inciter fortement le patient à consulter dès l'apparition de symptômes et à faire traiter rapidement toute infection. Dans la mesure du possible, le patient devrait trouver, avant le départ, un médecin compétent dans le domaine de l'infection par le VIH auquel il pourra s'adresser pendant son séjour à l'étranger.

Toutes les personnes infectées par le VIH qui désirent voyager devraient avant tout se demander si les avantages de ce voyage l'emportent sur les risques. Il incombe à chaque patient de prendre une décision éclairée, après avoir évalué soigneusement la situation, avec l'aide d'un professionnel de la santé qui est bien informé de son état de santé (notamment de la numération de ses lymphocytes CD4) et est en mesure d'évaluer les risques associés au voyage. Le médecin pourra élaborer, en fonction des besoins particuliers du patient, une «ordonnance» précise et un itinéraire qui l'aideront à voyager en toute sécurité.

Référence choisie

Wilson ME, Fordham von Reyn C, Fineberg HV : Infection in HIV­infected travelers: risks and prevention. Ann Intern Med 1991; 114 : 582­592


Source : Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages

Membres : Dr S. Dumas, Dr G. Horsman, Dr C.W.L. Jeanes, Dr J.S. Keystone, Mme S. Ladouceur (responsable du secrétariat du Comité consultatif), Dr J.D. MacLean, Dr D.W. MacPherson (président), Dr R. Saginur, Dr D. Schiefele (Comité consultatif national de l'immunisation) et Mme R. Wilson (Service universitaire canadien outre­mer [CUSO]). Membres servant d'agents de liaison : Dr M. Davies (Direction générale de la protection de la santé, [DGPS], Santé Canada; Dr E. Gadd (DGPS, Santé Canada); Dr H. Lobel (Centers for Disease Control and Prevention des États­Unis [CDC]); Dr S. Mohanna (Direction générale des services médicaux, Santé Canada), lcol M.L. Tepper (ministère de la Défense nationale) et Dr M. Tipple (CDC).

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Avertissement

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