Journal de l'Assocation médicale canadienne
1995; 152 : 12431245
Santé Canada, 1994
Reproduit avec la permission du Ministre des Approvisionnements
et Services, 1996
Le traitement recommandé dans tous les cas d'exposition apparente au virus rabique est présenté en détail dans le Guide canadien d'immunisation[2] et est résumé dans le tableau 1.
Il convient de noter que la prophylaxie préexposition n'élimine pas le besoin de nettoyer les plaies et d'entreprendre la vaccination postexposition. La présente déclaration prend en considération les deux points suivants : (1) les risques auxquels leurs animaux de compagnie et les animaux errants exposent les expatriés canadiens; et (2) la prophylaxie préexposition.
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Les animaux domestiques sont réputés constituer pour leurs propriétaires un facteur de risque de rage pour les raisons suivantes :
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Les autorités américaines recommandent d'offrir le vaccin antirabique à tous les voyageurs qui prévoient effectuer un séjour de plus de 30 jours dans un pays en voie de développement[4].
La vaccination peut conférer une protection contre une infection inapparente ou toute infection se déclarant chez une personne chez qui le traitement postexposition est retardé. En éliminant la nécessité d'administrer des immunoglobulines humaines contre la rage et en réduisant le besoin d'administrer le vaccin antirabique sur le terrain, la vaccination préexposition peut réduire les problèmes associés à l'inaccessibilité ou à la toxicité de ces traitements.
La rage est une maladie répandue dans un grand nombre de pays en voie de développement, tant en milieu urbain que rural. On estime que 50 000 cas se produisent chaque année en Inde, soit un taux d'un cas pour 10 000 habitants[1]. La maladie touche rarement les voyageurs nordaméricains. Depuis 1924, soit depuis qu'on compile des statistiques sur cette maladie, un seul cas de rage contractée à l'étranger a été observé parmi les voyageurs canadiens[5]. Entre 1980 et 1992, 10 Américains ont contracté la maladie durant des séjours à l'étranger[6].
Le nombre de traitements prophylactiques postexposition dispensés à des NordAméricains voyageant à l'étranger est inconnu. Parmi 4 014 volontaires à risque du Peace Corps américain, 175 ont reçu un traitement postexposition entre le 1er novembre 1987 et le 31 octobre 1988, soit un taux global annuel exceptionnellement élevé de 43,6 traitements postexposition pour 1 000 volontaires[7].
On ignore également le nombre de Canadiens qui séjournent plus de 30 jours dans des pays en voie de développement. Environ 10 000 Canadiens occupent des postes de diplomates ou participent à des programmes d'aide de longue durée. Le nombre de traitements postexposition dispensés à ces personnes est inconnu.
Le vaccin est normalement administré en trois doses par voie intramusculaire (IM). On ne connaît aucun cas en Amérique du Nord où le vaccin n'a pas induit une hausse satisfaisante des titres d'anticorps. Comme ce vaccin coûte très cher, on eu recours à l'administration intradermique (ID) d'un dixième de la dose aux ÉtatsUnis. Le vaccin est habituellement très immunogène. L'administration concomitante de chloroquine peut inhiber d'environ la moitié la production d'anticorps induite par la vaccination ID[8]. On connaît au moins un cas de rage chez une personne vaccinée alors qu'elle prenait de la chloroquine[9]. Il n'existe aucune donnée sur l'effet de la méfloquine sur la réponse immunitaire induite par le vaccin antirabique.
La vaccination comporte de faibles risques. S'il est vrai que 6 % des personnes recevant le vaccin contenant des cellules diploïdes humaines présentent des réactions allergiques, les réactions aiguës sont rares. Aux ÉtatsUnis, 108 cas de réactions allergiques généralisées ont été signalés sur une période de 46 mois, soit un taux de 11 cas pour 10 000 vaccinés. Dans la majorité des cas, il s'agissait de réactions de type III (réactions par complexes antigèneanticorps). Peu de vaccinés ont dû être hospitalisés et aucun décès n'a été enregistré[10].
Pour un hôpital, l'administration par voie IM de trois doses de 1 mL coûte environ 220 $. Il n'existe pas de préparation approuvée pour injection en doses ID au Canada. Le Comité consultatif national de l'immunisation a approuvé l'utilisation d'une telle préparation si jamais elle devenait disponible au Canada[11].
On peut faire une estimation prudente du coût du vaccin IM pour chaque vie épargnée en supposant que la vaccination universelle de 10 000 personnes à risque chaque année permet d'épargner une vie de plus sur une période de 70 ans : 220 $ × 70 (années) × 10 000 ou 154 $ millions coût estimé minimal du vaccin ID, 1/10 du coût du vaccin IM, soit 15 $ millions.
Parmi la cohorte des volontaires du Peace Corps américain, on a estimé que le coût de la prophylaxie préexposition était de 1,8 à 4,2 fois supérieur à celui de la prophylaxie postexposition, en dépit du taux élevé d'interventions. Un équilibre était atteint lorsque le coût de trois doses était de 21 $ US[7].
Il faut donc conclure qu'on ne peut recommander la prophylaxie antirabique préexposition pour l'ensemble des voyageurs qui effectuent des séjours prolongés dans des zones d'endémicité. Une utilisation minimale mais hautement ciblée du vaccin confère toutefois une bonne protection contre la maladie. La prophylaxie préexposition n'est envisageable pour l'ensemble des expatriés que si elle permet de prévenir la prophylaxie postexposition. Les recommandations suivantes s'appliquent à la prophylaxie préexposition des voyageurs qui effectuent des séjours prolongés dans des zones de haute endémicité :
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Source : Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages
Membres : Dr S. Dumas, Dr G. Horsman (Comité consultatif de l'épidémiologie), Dr J.S. Keystone, Dr D. Lawee, Dr J.D. MacLean, Dr D.W. MacPherson (président), Dr J. Robert, Dr R. Saginur, Dr D. Scheifele (Comité consultatif national de l'immunisation), et Mme R. Wilson (Service universitaire canadien outremer [CUSO]). Membres d'office : Dr P. Percheson (Direction générale de la protection de la santé [DGPS], Santé Canada), Dr E. Gadd (DGPS, Santé Canada), Dr S. Mohanna (Direction générale des services médicaux, Santé Canada), Dr R. Nowak (ministère de la Défense nationale), Dr M. Tipple (Centers for Disease Control and Prevention des ÉtatsUnis), Dr C.W.L. Jeanes (secrétaire), Dr J.S. Spika (Laboratoire de lutte contre la maladie [LLCM], Santé Canada), Mme S. Ladouceur (responsable du secrétariat du Comité consultatif), Dr J. Losos (LLCM, Santé Canada), et Mme S. Herman (secrétaire).
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