Journal de l'Association médicale canadienne 1996; 154 : 653-661
Conception : Étude rétrospective de cohortes.
Contexte : Pratiques de soins primaires rémunérées à l'acte et selon le régime de capitation en Ontario.
Sujets : Trente-neuf médecins rémunérés à l'acte qui sont passés à la capitation entre juin 1985 et janvier 1989 et 77 médecins qui sont demeurés rémunérés à l'acte : par groupes de deux, ces derniers ont été jumelés à un médecin d'une pratique rémunérée selon le régime de capitation en fonction du lieu de la pratique, du type de pratique (universitaire et communautaire), des heures de pratique (temps partiel et plein temps), des années écoulées depuis la promotion, de la taille du groupe des médecins, de la taille de la pratique (nombre de patients), du type de groupe (soins primaires et spécialités multiples), du sexe, du certificat en médecine familiale, du pays d'obtention du diplôme (Canada et étranger) et de l'âge. Dans un cas, un médecin d'une pratique rémunérée selon le régime de capitation a été jumelé à un seul médecin d'une pratique rémunérée à l'acte.
Mesures des résultats : Taux annuels d'utilisation des hôpitaux (nombre de congés ou de jours d'hospitalisation par 1000 patients dans chaque pratique) dans le cas des médecins rémunérés selon le régime de la capitation 3 ans avant, 1 an avant et 3 ans après le passage à la capitation et au cours des périodes correspondantes dans le cas des médecins jumelés toujours rémunérés à l'acte.
Résultats : Le taux annuel moyen de jours d'hospitalisation utilisés, corrigé en fonction de l'âge et du sexe des patients, ainsi que de leur statut de bénéficiaire de programme sociaux, est tombé de 1085 par 1000 patients (3 ans avant la conversion) à 1030 (1 an avant la conversion) et à 954 (3 ans après la conversion) dans les pratiques rémunérées selon le régime de la capitation. Dans le cas des médecins jumelés oeuvrant dans une pratique rémunérée à l'acte, les taux au cours des périodes correspondantes étaient de 1085, 1035 et 956 jours d'hospitalisation par 1000 patients. La tendance était semblable dans le cas des taux de congés corrigés en fonction de l'âge des patients, de leur sexe et de leur statut de bénéficiaire de programmes sociaux. Il n'y avait pas d'écart significatif sur le plan statistique entre les taux d'utilisation des hôpitaux chez les patients de médecins des pratiques rémunérées selon le régime de capitation et les taux chez ceux des médecins des pratiques rémunérées à l'acte au cours de chacune des trois périodes. Il n'y avait pas non plus de différence significative au niveau de l'évolution des taux.
Conclusion : Jumelée à une prime supplémentaire pour encourager un faible taux d'utilisation des hôpitaux, la capitation n'a pas réduit l'utilisation des hôpitaux. Des facteurs autres que le mode de rémunération du médecin semblent à l'origine des fluctuations des taux d'utilisation des hôpitaux entre les pratiques.