Bicentenaire de la vaccination

Bruce P. Squires, MD, PhD
Rédacteur en chef

Journal de l'Association médicale canadienne 1996; 154 : 1311


Le 14 mai 1796, Edward Jenner, médecin de campagne, a inoculé à James Phipps, âgé de 8 ans, une substance prélevée d'une personne infectée par la vaccine, lançant ainsi une lutte spectaculaire toujours bénéfique pour le monde, mais qui rend les médecins perplexes encore aujourd'hui. Jenner a fondé son expérience sur deux observations : le traitement de personnes en santé par une substance prélevée d'une pustule chez une personne atteinte d'une forme bénigne de variole était efficace, mais souvent fatal, alors que les trayeuses atteintes de la forme bovine cliniquement bénigne de la variole étaient immunisées contre la forme humaine de la maladie, souvent fatale pour les êtres humains. Jenner a poursuivi son expérience qui enfreindrait grossièrement l'éthique aujourd'hui, en inoculant à Phipps une substance pustuleuse prélevée chez une personne atteinte de variole. Heureusement, son sujet n'a pas attrapé la maladie.

Pour souligner cet anniversaire, le Groupe de travail sur la survie et le développement de l'enfant à Atlanta, avec l'appui de plusieurs organismes de santé des Nations Unies, de la Banque mondiale, de la Fondation Rockefeller et de Pasteur Mérieux- Connaught, a proclamé 1996 l'Année du vaccin pour célébrer l'impact que la vaccination a eu sur le monde.

Les enthousiastes modernes de la médecine fondée sur des données probantes n'auraient pas vraiment accepté les résultats de la seule expérience de Jenner. Ses résultats ont en fait suscité de la résistance dans la population et dans la profession, mais pour peu de temps. La procédure maintenant appelée vaccination -- terme historique merveilleux tiré du latin vaccinus, signifiant «qui provient des vaches» -- est toujours utilisée avec plus ou moins de succès pour prévenir de nombreuses maladies infectieuses. La variole a été éradiquée dans le monde, la polio est sur le point de l'être et la rougeole devrait l'être d'ici à 1999. Il restera encore des défis à relever, surtout l'infection au VIH et la tuberculose, qui prendront de l'ampleur à mesure que les agents microbiens astucieux continueront de muter et deviendront de plus en plus résistants. La vaccination demeure une mesure vitale pour la prévention de la maladie, au deuxième rang, derrière l'eau potable salubre, par son effet sur la santé de la population mondiale. La lutte est toutefois loin d'être terminée.


| JAMC : le 1er mai 1996 |