Journal de l'Association médicale canadienne 1996; 155 : 21-27
L'utilisation de végétaux comme source de produits médicinaux n'est pas nouvelle, même en médecine occidentale. L'acide salicylique, dérivé de l'écorce du saule, sert depuis l'antiquité à faire baisser la fièvre et à atténuer la douleur. On utilisait des extraits de la digitale commune pour traiter l'anasarque longtemps avant de réussir à en isoler le produit actif, la digitoxine, et à démontrer scientifiquement qu'il améliorait le fonctionnement du coeur défaillant. Il y a quelques décennies seulement, un endocrinologue canadien, Robert Noble, et ses collègues ont fait l'essai d'extraits de Vinca rosea pour déterminer s'ils avaient des caractéristiques anti-glycémiques : ils ont découvert que les extraits avaient des propriétés antinéoplasiques puissantes et utiles. Je ne doute pas que d'autres herbes ou plantes médicinales puissent avoir une valeur thérapeutique.
Lorsque des herbes qui n'ont pas fait leurs preuves envahissent le marché et qu'on annonce qu'elles ont des propriétés médicinales fondées sur des affirmations vagues et non étayées, cela cause toutefois un problème. Il y a encore pire : le contrôle des herbes médicinales est tellement faible que la puissance des produits peut varier considérablement. Il est même arrivé dans certains cas que des produits contiennent des contaminants tout simplement toxiques.
L'arrivée des sociétés pharmaceutiques traditionnelles dans le secteur des herbes médicinales constitue toutefois un avantage incertain. D'une part, certaines entreprises ont déployé des efforts importants pour isoler et normaliser la qualité des ingrédients actifs. De l'autre, j'ai déjà trouvé des étiquettes d'herbes médicinales produites par des entreprises bien connues qui portaient des affirmations vagues et sans fondement sur leur efficacité thérapeutique.
Il est manifestement essentiel de contrôler davantage le secteur des herbes médicinales. En attendant, caveat emptor!