Santé publique
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L'hépatite A

CMAJ 1997;156(4):546

© 1997 Association médicale canadienne


On signale de 1000 à 3000 cas d'hépatite A au Canada chaque année, mais comme la maladie est souvent asymptomatique (surtout chez les jeunes enfants), l'incidence réelle est beaucoup plus élevée[1]. La maladie est transmise par la voie fécale­orale, soit directement par contact interpersonnel, soit indirectement par ingestion d'eau ou d'aliments contaminés. La maladie clinique peut se manifester de 15 à 50 jours après l'exposition et cause habituellement de la fièvre, des malaises, de l'anorexie, des nausées, des douleurs abdominales et la jaunisse. Le rétablissement est habituellement complet dans les 2 mois et l'infection immunise le sujet pour toute la vie[2].

Les personnes à risque comprennent la population des communautés où les taux d'infection sont élevés, les enfants et les employés des garderies, les employés et les résidents d'établissements de soins de longue durée, les personnes qui reçoivent des produits du sang, les toxicomanes qui s'injectent des drogues et les homosexuels. Les voyages en Afrique, en Asie, dans le Sud-Est asiatique, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, au Groenland, dans l'est et le sud de l'Europe et au Moyen-Orient aggravent le risque d'exposition, même pour les touristes qui suivent des itinéraires habituels[2].

Prévention

Il suffit de bien se laver les mains pour prévenir la majeure partie de la propagation à la maison et dans les établissements. Les voyageurs doivent éviter de consommer de l'eau non traitée, des boissons contenant de la glace, des crustacés et des coquillages crus et des fruits et des légumes crus qu'ils n'ont pas préparés eux-mêmes. Il est sage de respecter la maxime selon laquelle «si vous ne pouvez le peler ou le faire bouillir, évitez de le manger». On rend le virus inerte en faisant chauffer le produit à 85°C pendant 1 minute. On peut désinfecter les surfaces au moyen d'eau de javel domestique[2]. Pour réduire le risque d'infection, il faut se laver soigneusement les mains après avoir eu des relations sexuelles et après avoir jeté des condoms utilisés, particulièrement après des relations anales.

Vaccin

Il faut offrir le vaccin aux patients à risque élevé (voir Tableau 1 pour la posologie). Il peut être rentable de procéder d'abord à un test de dépistage des anticorps. La séroconversion prend 4 semaines et les anticorps persistent au moins 1 an[3]. Les doses de rappel, à 6 mois ou plus, procurent une immunité de longue durée[3].

Deux produits sont disponibles : HAVRIX (SmithKline Beecham Pharma) et VAQTA (Merck Frosst). Les 2 sont administrés par injection dans le muscle deltoïde. HAVRIX existe en 2 formulations : HAVRIX 720 et HAVRIX 1440. HAVRIX 720 n'est plus fabriqué et ne sera plus disponible. VAQTA est offert en doses pour adulte et pour enfant.

On n'a pas encore établi que le vaccin contre l'hépatite A est sans danger au cours de la grossesse et de la lactation[3].

Immunoglobuline

On peut administrer aux patients qui risquent d'être exposés au virus moins de 4 semaines après la vaccination de l'immunoglobuline (IG) en même temps que le vaccin, mais en l'injectant à un autre site d'injection. On peut administrer de l'IG aux enfants de moins de 2 ans et aux patients allergiques à tout élément du vaccin. Les personnes qui ont eu des contacts rapprochés avec d'autres personnes infectées devraient recevoir de l'IG en dose unique dans les 2 semaines (de préférence 72 heures) suivant l'exposition. Il est inutile de procéder à des tests de sérodiagnostic avant l'administration d'IG, ce qui cause un retard. L'IG est sans danger au cours de la grossesse[1].

La dose peut varier selon les produits IG; il faut consulter la monographie du produit. -- JH, AMT

Références

  1. Déclaration relative à la prévention de l'hépatite A. Can Commun Dis Rep 1994;20:133-6, 139-43.
  2. Prevention of hepatitis A through active or passive immunization: recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practices (ACIP). MMWR 1996;45(no RR-15):1-30.
  3. Déclaration supplémentaire sur la prévention de l'hépatite A. Can Commun Dis Rep 1996;22:1-3.


| JAMC le 15 février 1997 (vol 156, no 4) |
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