Santé publique
English

 

La vaccination antigrippale des voyageurs

CMAJ 1997;156:678

© 1997 Association médicale canadienne


Les avantages qu'offre la vaccination antigrippale annuelle des patients à risque élevé de complications grippales et de quiconque veut éviter de transmettre le virus à des personnes à risque élevé sont bien connus[1]. Une étude indique aussi que la vaccination antigrippale annuelle des adultes en bonne santé qui sont en âge de travailler est rentable et réussit à réduire les infections des voies respiratoires supérieures et la perte de jours de travail[2].

Les médecins et les patients savent peut-être moins cependant que la vaccination antigrippale est recommandée dans le cas des voyageurs. Comme la saison de la grippe varie dans le monde, les voyageurs qui quittent le Canada au cours de la saison à faible risque peuvent quand même être exposés au virus une fois arrivés à destination. Dans les zones tempérées, les épidémies de grippe ont tendance à éclater au cours de l'hiver : de novembre à mars dans l'hémisphère Nord et de mai à octobre dans l'hémisphère Sud[3]. Sous les Tropiques, les épidémies éclatent souvent au cours de la saison des pluies, mais il peut y avoir des flambées n'importe quand au cours de l'année. Comme la période d'incubation du virus est courte (1 à 3 jours), l'exposition au cours du voyage peut perturber les affaires ou les vacances. La grippe peut être dangereuse pour le voyageur à risque élevé de complications et ceux qui se rendent dans des régions où les services médicaux sont lacunaires. Les voyageurs devraient se renseigner auprès de leur médecin hygiéniste local ou de leur clinique des maladies tropicales pour obtenir des renseignements à jour sur l'activité grippale à leur lieu de destination.

On a signalé des flambées de grippe liées aux déplacements par train, par avion et par bateau[3]. À cause des échangeurs d'air dont sont dotés la plupart des aéronefs commerciaux, il y a toutefois des chances que l'air de la cabine soit moins contaminé que celui des autobus urbains ou des centres commerciaux. Il est néanmoins possible que des virus respiratoires contaminent l'air de la cabine, surtout sur les longs parcours[4].

Les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis recommandent que les voyageurs qui partent pour les Tropiques n'importe quand au cours de l'année ou pour les zones tempérées de l'hémisphère Sud entre mai et octobre songent à se faire vacciner s'ils n'ont pas reçu de vaccin antigrippal au cours de l'automne ou de l'hiver précédent. Les voyageurs qui, avant leur départ, reçoivent le vaccin de la saison précédente devraient se faire vacciner de nouveau lorsque celui de la saison suivante devient disponible[5].

La protection commence environ 2 semaines après la vaccination et peut durer 6 mois ou plus. Chez les personnes âgées, les effets protecteurs disparaissent en 4 mois ou moins. Il peut être nécessaire d'administrer 2 doses à au moins 1 mois d'intervalle pour obtenir une réaction satisfaisante des anticorps chez des enfants de moins de 9 ans qui n'ont jamais été vaccinés auparavant[1,5]. Les personnes à risque élevé dont les taux d'anticorps peuvent avoir diminué devraient envisager de se faire vacciner de nouveau avant de partir en voyage.

Il se peut que le vaccin le plus récent disponible chez lui ne couvre pas toutes les souches que rencontrera le voyageur. Si l'on connaît des souches qui circulent dans le pays de destination et qui ne sont pas couvertes par le vaccin disponible, le voyageur devrait envisager d'obtenir le vaccin approprié une fois arrivé à destination[3].

Outre la protection de l'individu, la vaccination antigrippale a des avantages pour la santé publique. Dans le cas des gens qui quittent le Canada au cours de la saison de la grippe, la vaccination réduit le risque d'introduire le virus au point de destination. De même, la vaccination avant un voyage réduit le risque de ramener la grippe au Canada. Les voyageurs qui n'ont pas été vaccinés avant de quitter le Canada devraient envisager de se faire vacciner avant de revenir d'une région où il y a des flambées[3]. -- JH, AMT

Références

  1. Déclaration sur la vaccination antigrippale pour la saison 1996­1997. Can Commun Dis Rep 1996;22:89-97; résumé dans le CMAJ 1996;155:556-7.
  2. Nichol KL, Lind A, Margolis KL, Murdoch M, McFadden R, Hauge M, et al. The effectiveness of vaccination against influenza in healthy, working adults. N Engl J Med 1995;333:889-93.
  3. Voyages, grippe et prévention. Can Commun Dis Rep 1996;22:141-5.
  4. Wenzel RP. Airline travel and infection [editorial]. N Engl J Med 1996;334:981-2.
  5. Prevention and control of influenza: recommendations of the Advisory Committee on Immunization Practice (ACIP). MMWR 1996;45(RR-5):1-24.

Comments Send a letter to the editor responding to this article
Envoyez une lettre à la rédaction au sujet de cet article


| CMAJ March 1, 1997 (vol 156, no 5) / JAMC le 1er mars 1997 (vol 156, no 5) |
/ >