Santé publique
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Cas de rage mortel

CMAJ 1997;156:1312

© 1997 Association médicale canadienne


Un cas récent[1] de rage qui a causé la mort d'une femme de 32 ans en Nouvelle-Angleterre nous incite à rappeler aux lecteurs cette maladie évitable. Aux États-Unis, on a enregistré 2 morts causées par la rage en 1996 et on a signalé 30 cas depuis 1980. Aucun n'a été signalé au Canada depuis 1985 (Dr Paul Varughese, Laboratoire de lutte contre la maladie, Ottawa : communication personnelle, 1997). Au Canada, presque 3000 personnes par année reçoivent un traitement consécutif à une exposition parce qu'elles ont été exposées à des animaux porteurs de la rage ou soupçonnés de l'être[2].

La victime a visité le Népal pendant un voyage de 6 mois à l'étranger. Elle a été mordue à la main gauche par un chien errant à Katmandou, le 7 juin 1996. La plaie a été lavée au peroxyde et à l'alcool à friction. Le chien semblait normal. Comme le traitement consécutif à une exposition n'était pas disponible sur place, la victime s'est présentée à un hôpital de Sydney, en Australie, le 12 juin. L'immunoglobuline rabique (IGR) et le vaccin antirabique n'étaient pas disponible sur-le-champs, et on lui a demandé de revenir le lendemain. Croyant que le risque était faible et que l'avantage d'un traitement tardif après une exposition n'était pas certain, elle n'est pas revenue.

Le 12 août, la patiente s'est présentée à un hôpital du New Hampshire en état de paresthésie et se plaignant d'une douleur irradiante dans le bras gauche. Elle a mentionné la morsure du chien, mais on ne lui a pas administré de traitement consécutif à une exposition. On lui a prescrit un anti-inflammatoire et un analgésique.

Elle s'est présentée de nouveau à l'hôpital 2 jours plus tard en état de dyspnée progressive, se plaignant de très graves spasmes de la gorge lorsqu'elle essayait de boire, de nausées et de vomissements. On a soupçonné un cas de rage et elle a été transférée à un hôpital du Massachusetts. Malgré un traitement agressif à l'IGR et au vaccin antirabique, la patiente est décédée le 20 août, 74 jours après la morsure.

La période d'incubation de la rage est habituellement d'un à 3 mois. En général, les morsures subies plus près du tronc cérébral, au visage ou à un bras, par exemple, provoquent des symptômes plus rapidement que les morsures subies aux membres inférieurs. Il faut laver sur-le-champ toute morsure d'animal à l'eau et au savon. Il faut éviter, si possible, de suturer la plaie[2]. Les médecins devraient consulter le directeur des services de santé locaux au sujet de la probabilité de la rage, qui peut varier selon la région et l'espèce animale en cause. Le virus rabique peut être présent dans la salive des animaux infectés de 3 à 4 jours avant l'apparition des symptômes. Si indiqué, il faut administrer de l'IGR et le vaccin antirabique selon le calendrier recommandé[2]. Il ne faut pas administrer d'IGR aux patients qui ont reçu un vaccin préventif : il faut plutôt leur administrer des doses supplémentaires de vaccin[2]. Le traitement consécutif à l'exposition n'est efficace que s'il est administré avant l'apparition des symptômes et il faudrait l'administrer rapidement. Cependant, même en cas de retard, il faudrait quand même l'administrer n'importe quand avant l'apparition des symptômes.

Aux États-Unis, presque la moitié des cas signalés depuis 1980 ont été causés par des morsures de chien, dont presque la moitié ont été subies à l'extérieur des États-Unis. Le risque est le plus grand pour les voyageurs qui se rendent dans les régions où la rage canine est endémique, ce qui comprend de nombreux pays d'Afrique, d'Asie, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Dans beaucoup de ces pays, on ne dispose pas de traitement consécutif à l'exposition. De plus, dans les pays où la rage est rare, le traitement consécutif à l'exposition peut être difficile à obtenir.

Les Centers for Disease Control and Prevention américains recommandent aux personnes qui séjournent 30 jours ou plus dans des régions où la rage est endémique et où il se peut que le traitement consécutif à l'exposition approprié ne soit pas disponible d'envisager de se faire vacciner. Les médecins canadiens devraient être conscients que des voyageurs qui reviennent au pays peuvent être porteurs de la rage. -- JH, AMT

Références

  1. Human rabies -- New Hampshire. MMWR 1997;46:267-70.
  2. Guide canadien d'immunisation. 4e éd. Ottawa : Ministre de la Santé nationale et du Bien-être social; 1993.

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| CMAJ May 1, 1997 (vol 156, no 9) / JAMC le 1er mai 1997 (vol 156, no 9) |