Rapports de décès attribuables à la varicelle
CMAJ 1997;157:558
© 1997 Association médicale canadienne
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La plupart des médecins considèrent la varicelle comme une maladie relativement bénigne. Ce n'est pas toujours le cas. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont signalé récemment 3 cas mortels de varicelle chez des jeunes femmes1. Nous résumons ces cas et nous insistons sur l'importance de la vaccination, du diagnostic rapide et du traitement approprié.
Une éruption classique de varicelle a fait son apparition chez une femme âgée de 23 ans et en bonne santé, environ 2 semaines après que ses 2 jeunes enfants non vaccinés aient eu la varicelle. Le 4e jour suivant l'apparition de l'éruption, la patiente a commencé à avoir des difficultés respiratoires et une hémoptysie a fait son apparition. Le 5e jour, une radiographie pulmonaire a révélé la présence d'infiltrats alvéolaires diffus et l'on a commencé à lui donner de l'oxygène et à lui administrer de l'acyclovir par voie intraveineuse. Il a fallu l'intuber. La détresse respiratoire s'est aggravée et l'on a poursuivi le traitement à l'oxygène, aux antibiotiques et à l'acyclovir intraveineux. Le 12e jour, l'éruption est devenue hémorragique et une coagulation intravasculaire disséminée et une insuffisance rénale ont fait leur apparition. La patiente est morte 2 jours plus tard. Une culture de lésions cutanées et de liquide d'aspiration trachéale a révélé la présence du virus zona-varicelle.
Une femme âgée de 25 ans auparavant en bonne santé a constitué un cas d'une ressemblance frappante. Une éruption de varicelle classique, de la fièvre et des céphalées ont fait leur apparition environ 2 semaines après que son jeune enfant non vacciné ait eu la varicelle. La patiente a commencé à tousser le 2e jour, à avoir le souffle court le 3e jour, à être confuse et à avoir des difficultés respiratoires de plus en plus grave le 4e jour. Une radiographique pulmonaire a révélé la présence d'infiltrats bilatéraux et l'on a constaté que la patiente faisait de l'hypoxémie. On a commencé à lui donner de l'oxygène et à lui administrer de l'acyclovir par voie intraveineuse et il a fallu l'intuber. Le 6e jour, une tomographie du cerveau assistée par ordinateur a révélé la présence d'un oedème cérébral diffus grave. L'insuffisance rénale et le coma ont suivi et la patiente est morte le 7e jour.
Dans le troisième cas, une femme âgée de 32 ans atteinte de la maladie de Crohn s'est présentée à l'urgence se plaignant de douleurs abdominales et dorsales. Elle avait eu récemment une flambée de la maladie de Crohn, traitée à la prednisone (40 mg/j, dose réduite graduellement à 20 mg/j). On n'a pas tenu compte d'une éruption maculeuse bénigne non prurigineuse au dos et l'on a diagnostiqué un syndrome abdominal bénin présumé. Les douleurs abdominales ont persisté et la patiente a été hospitalisée le 3e jour. Sa numération leucocytaire était élevée et l'on a observé au tronc, à la tête et au cou, une éruption vésiculeuse maculopapuleuse et des lésions croûtées. On a diagnostiqué une varicelle présumée. La patiente a signalé qu'elle avait été exposée, 2 semaines plus tôt, à sa nièce non vaccinée âgée de 4 ans, qui avait la varicelle. Le 4e jour, les vésicules sont devenues hémorragiques et des points d'injection intraveineuse de la patiente ont commencé à saigner. L'hypotension et une coagulation intravasculaire disséminée sont apparues rapidement et la patiente est morte du choc le jour même. L'autopsie a révélé la présence, dans de multiples organes, d'inclusions virales conformes à la varicelle.
Ces cas démontrent que la varicelle peut être mortelle. Même si moins de 5 % des cas se produisent chez des personnes de plus de 20 ans, ce groupe d'âge enregistre 55 % des décès causés par la varicelle. Le CDC recommande de vacciner de routine tous les enfants de 12 à 18 mois. Le vaccin n'est pas encore disponible au Canada.
Les personnes plus vulnérables aux complications graves de la varicelle et qui ont été exposées devraient recevoir de l'immunoglobuline antivaricelleuse-antizostérienne dans les 96 heures suivant l'exposition. Plus l'immunoglobuline est administrée rapidement, plus elle a de chance d'atténuer la maladie. Si la varicelle fait son apparition chez un patient dont le système immunitaire est déprimé, il faut lui administrer de l'acyclovir, de préférence dans les 24 heures suivant l'apparition de l'éruption.
La prévention est importante : la varicelle est très contagieuse, surtout au cours des 2 jours qui précèdent l'apparition de l'éruption. Aux États-Unis, on recommande de vacciner tous les enfants et les adultes vulnérables. Les 3 décès décrits ici auraient pu être évités si les enfants auxquels les jeunes femmes ont été exposées avaient été vaccinés. Il importe que les Canadiens aient accès au vaccin, qui sert aux États-Unis depuis 1995, au Japon depuis 1984, ainsi que dans divers pays d'Europe. Santé Canada devrait envisager d'intervenir pour encourager les fabricants à autoriser la fabrication sous licence de leur vaccin antivaricelleux au Canada.--JH, AMT
Référence
- Varicella-related deaths among adults -- United States, 1997. MMWR 1997;46:412-5.
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