Esprit critique - Revue internationale de sociologie et de sciences sociales
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Automne 2004 - Vol.06, No.04
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Regards sur l'intervention sociale


Georges Bertin

Docteur habilité en sciences sociales, directeur général de l'Institut de Formation et de recherches en sciences sociales, Angers, membre du Centre de recherches sur l'Imaginaire, directeur de recherches associé à l'Université de Pau et des pays de l'Adour (laboratoire processus, accompagnement, formation).


Résumé

Entre interposition et médiation, l'intervention sociale s'est chargée de sens dans la pratique de ses intervenants, notamment dans le domaine social. Partant de la figure mythologique d'Hermès, nous proposons, dans cet article, après avoir passé en revue les usages et méthodes, de la poser comme praxis sociale, dans une double dimension: heuristique et opératoire, l'une et l'autre étant liées dans leurs implications dialectiques à ses champs de production et d'application. La fonction symbolique y sera réhabilitée comme tiers au coeur des "trajectivités" induites par les postures de l'intervention.

Mots clés: intervention, médiation, praxis, herméneutique, symbole, imaginaire, trajectivité.


Abstract

Glances on social intervention

Between interposition and mediation, practices of social intervention are charged with signification. Hermes, the mythological figure, drives us to consider social praxis through its productions and applications. If we consider social Imaginary as the first institution of society, symbols of human behaviours will be fully restored in the heart of human quest.

Key words: intervention, mediation, praxis, hermeneutics, symbol, imaginary, trajectivity.


L'étymologie nous indique que le mot intervention peut revêtir deux sens:

  • Venir entre, soit s'interposer (à partir d'un ordre donné), venir en travers, interrompre, accuser; en droit, c'est l'action par laquelle on intervient dans une affaire controversée, dans un procès.

  • S'entremettre, soit "médier", cautionner, prodiguer de bons offices.

De ce fait l'intervenant sera porteur de plusieurs sens, véhiculés parfois à son insu, ce qui définira l'ambivalence de toute intervention, tantôt survenant, visiteur, ou encore répondant, garant, et aussi médiateur, assistant.

On voit poindre ici la figure mythologique d'Hermès, le Médiateur, le dieu des tas de pierres (herméia). Hermès montre le chemin, balise les espaces inconnus. Toute son activité est "tendue vers les échanges entre les cimes de l'Olympe et les tréfonds de l'Hadés" (Sorel, 1998, p.599.).

Messager de Zeus, il s'attarde souvent sur terre, lieu de l'indivision, et a participé à l'envoi du Mal aux humains par les Olympiens sous la forme d'une femme, Pandore. En mettant au coeur de Pandore mensonges, paroles séduisantes et trompeuses, il a tendu un piège à l'homme et se trouve donc au creux du double sens et de l'énigme. Sa parole est souvent tordue, mais en même temps, il est le compagnon des hommes car il préside aux échanges, favorise les contacts.

Hermès est dans son origine à la jonction des polarités adverses. Né de l'union du lumineux (Zeus l'Olympien) et du souterrain (Maia, fille d'Atlas logée dans une caverne), il conjoint ce qui est séparé: le haut et le bas. A lui revient la tâche de faire le feu en frottant un bâton mâle dans une cupule femelle. Dans le rituel de partage d'Hermés, l'égalité des proportions des parts est respectée et efface le ressentiment de Zeus contre les hommes. Quand il guide le vieux roi Priam jusqu'à la tente d'Achille, il est bien celui qui conjoint ce qui est séparé. Enfin, il maîtrise le langage, l'usage à double sens de la parole, placé qu'il est au carrefour de l'usage dangereux de la parole et du silence. C'est le dieu médiateur du sens. Errant, il est présent parmi les hommes soit pour leur bien, soit pour les déposséder. Le jour de sa naissance, il a franchi le seuil de la grotte maternelle pour y revenir le jour même car il est dedans/dehors. Agissant dans l'obscurité et dans la lumière, il en garde la fonction psychopompe guidant les âmes vers les Enfers mais également de bas en haut. Ainsi, il ramène au jour Héraclès traînant Cerbère. Indispensable truchement des sorties de l'Enfer, il est le dieu de tous ceux qui cherchent, porteur de connaissance, d'illumination, de discernement, toutes tâches dont on conviendra qu'elles sont encore aujourd'hui (pour combien de temps?) celles que l'on assigne souvent à l'intervenant.

L'herméneutique, pour nous propédeutique à toute intervention, vise donc à la régénération de l'être humain car la connaissance y est vécue comme outil de perfectionnement. Et, comme le souligne Gilbert Durand (1985, p.306), nous arrivons à ce point exact où l'hermétisme de notre époque contraint l'intervenant au pluralisme inhérent à la reconnaissance du trajet anthropologique. Le mythe d'Hermès résout, de fait, en son dire, l'indicible du dilemme de toute intervention, soit, rapportée au contexte de l'analyse institutionnelle: "ensemble d'opérations faites à la demande d'un client pour élucider les structures et leur fonctionnement interne"(Lapassade, 1975). L'intervention, en sciences humaines, est le lieu privilégié du lien entre:

  • Théorie et pratique,
  • Action et réflexion,
  • Laboratoire et terrain.

En sciences anthropo sociales, il n'est guère de discipline qui ne se préoccupe d'intervention:

1. En psychanalyse, elle désigne ainsi le coup de force par lequel un analyste institue un rituel selon lequel il est seul maître à bord, à partir des refoulements des problèmes de son client ou de l'institution-cliente.

2. Pour les psychosociologues, l'intervention est plus un ensemble de pratiques visant à faciliter un changement non seulement dans les relations humaines mais aussi dans certains agencements, structures et régulations des organisations et des collectivités (Ardoino, 1977). Elle est donc à la fois, une méthode, une déontologie, une praxis. On la distinguera ici de l'expertise quand les psychosociologues ont pour tâche de mettre en place des dispositifs facilitant les échanges des acteurs concernés, pour une meilleure compréhension des situations vécues, un travail collectif aboutissant à l'introduction de changements d'attitudes et de méthodes.

3. À la confluence de ces deux disciplines, les sociopsychanalystes (Mendel, 1969) vont penser l'intervention dans une visée d'étude de l'âme collective soumise à la double pression aliénante de l'inconscient et de l'environnement. D'où:

  • la mise à jour du conflit conscient et inconscient existant à l'intérieur d'une société,
  • l'étude des tensions et les symptômes névrotiques ou psychotiques de la civilisation moderne (cf. l'oeuvre de Wilhelm Reich, Bertin, 2004),
  • la mise en oeuvre de sociothérapies ou interventions sociopsychanalytiques.

4. Une autre école, liée au mouvement institutionnaliste, fondée à la fois sur la psychanalyse et l'analyse critique de type marxiste ou anarcho syndicaliste, (Ardoino, Lapassade) va concevoir l'intervention comme socianalytique. Cette méthode désigne une démarche pratique et consultante reliant un système, l'analyse, à une organisation et à ses groupes. L'intervenant, un tiers, y tente une compréhension dialectique de la réalité dans une médiation positive (neutre) ou négative (ingérente).

5. Pour les économistes, l'intervention est devenue doctrine, l'interventionnisme désignant l'intervention plus ou moins étendue de l'Etat, une planification souple, impérative, visant à l'accroissement des échanges. Elle se décline en deux versions:

  • libérale, quand l'Etat intervient pour veiller à la concurrence,
  • sociale quand il s'emploie à corriger les inégalités.

Elle a, dans tous les cas, pour visée:

  • La transversalité: soit l'étude des fonctionnements propres aux groupes rigides, de leurs mécanismes de fusion, lorsqu'ils sont posés dans un imaginaire indifférencié, que les rôles sociaux y sont niés par les individus qui les constituent, au profit d'un collectif mortifère.
  • L'analyse des rapports institutionnels qui constituent la réalité de l'organisation dans laquelle les groupes se trouvent ici et maintenant.
  • Le changement social en débusquant les idéologies implicites du groupe.

Les constats de base sur lesquels l'intervention repose (dans le modèle développé par le courant de l'analyse institutionnelle) sont développés par Lapassade (1975) en sept moments:

Effet Weber: la société technique est de plus en plus opaque aux individus, rationalisée, techniciste.

Effet Lukacs: la société ne sait rien sur elle-même, il y a coupure entre les conditions de production d'une science et sa formalisation, elle débouche sur un déni.

Effet Heisenberg: les spécialistes des sciences humaines sont, qu'ils le veuillent ou non, dans l'objet de leur recherche et doivent s'employer à déconstruire les mécanismes de transfert et de contre-transfert dont ils sont acteurs.

Effet chaud et froid: l'histoire alterne les périodes chaudes (favorables à l'analyse institutionnelle) et froides (où les conditions de sa généralisation ne sont pas réunies).

Effet Muhlmann: il arrive que la prophétie rate, dans ce cas les normes prennent le dessus.

Effet périphérique: le centre est partout présent surtout à la périphérie (thèse développée en particulier par Lourau dans L'Etat Inconscient).

On le voit, le cumul de ces principes est loin de définir, en sciences humaines, un procès scientifique seulement ordonné à des a priori vérifiables, à des linéarités causatives et à l'administration de la preuve. Dans les espaces/temps indéfinis de l'intervention, dans l'entre-deux des situations explorées, se profile déjà une méthodologie, celle de chercheurs actifs, ou "praticiens chercheurs", adonnés à explorer plus l'interaction dans ses formes actionnistes ou symboliques que l'application de modèles préfabriqués.

Intervenir c'est mettre en place des dispositifs facilitant les échanges, la compréhension partagée des situations vécues, cela débouche évidemment sur un travail collectif aboutissant à revoir ses attitudes, à changer ses méthodes.

L'intervention, parce qu'elle participe de la compréhension dialectique de la réalité, oblige l'intervenant, parce que tiers, à une neutralité exprimée soit positivement sous la forme de la réparation, soit négativement sous la forme de l'ingérence laquelle est intervention intrusive et instituante.

Ici, l'agent double qu'est le médiateur ou l'intervenant est à la fois partie prenante et révélateur, attentif à la fois au non dit de l'institution et aux déviances idéologiques, organisationnelles ou libidinales non pas tant en ce qu'elles sont déviantes mais en ce qu'elles sont instituantes du fait même de leur position marginale, quasi triviales (au sens étymologique du terme: ce qui se tient au carrefour des trois voies). Provocateur, il participe lui-même de l'institution de l'intervention sociale dans celle, toute imaginaire, de la société.

Là, la force de l'approche symbolique est justement d'introduire l'intervention, entre Imaginaire et Réalité, comme révélateur du trajet anthropologique, entre des polarités adverses et nécessaires, comme pôle de l'hétérogénéité. L'archétype y trouve sa force de cohésion compréhensive commune aux régimes de l'Imaginaire en conflit, comme résolution toujours provisoire de valeurs antagonistes.

Contre l'intervention des organisateurs ordonnés à la logique de projet, et entée dans la conformité aux lois de l'homologie, l'intervention dynamique se nourrit des tensions, des antagonismes, elle est constitutive des sociétés et des cultures.

Intervenir, c'est aussi mettre en tension, et Dumézil (1968) rappelait, fort à propos, que la société romaine avait disparu par conséquence de sa dépolarisation, lorsque la fonction martienne l'avait emportée sur les autres. Dans son prolongement, l'absolutisme royal a détruit les trois ordres qui définissaient, depuis environ 4000 ans, les équilibres sociaux, dans les sociétés indo européennes, ordres dont nous parlent les mythes fondateurs lorsqu'ils mettent en scène, par exemple, les objets fonctionnels des cortèges des Scythes ou du Graal ou encore les divinités trines des romains, des scandinaves et des celtes.

Consciences individuelles et sociétales meurent par asthénie des tensions internes, et si les sociétés sont plus riches que les hommes de leurs contradictions internes, elles sont d'autant plus fragiles qu'elles se centralisent, se monopolisent.

L'intervention visera donc à mettre en oeuvre cette polarisation plurielle dans un monde déshumanisé, réduit à un système formel de relations, scientifiquement purifié. Procèdent de cet état d'esprit les exigences de "transparence" souvent mises en avant par des commanditaires d'interventions plus soucieux de contrôle social que d'évaluation (Berger et Ardoino, 1988) et donc peu accessibles à l'altération des systèmes vivants.

Cet effort de travail sur plusieurs champs d'application et théoriques comme "machines à produire du sens" (Barbier, 1997) conduit à travailler par aires culturelles, à en reconnaître les singularités, puis non pas tant à produire des classements, même si le travail sociologique nous conduit inévitablement à dresser des typologies, qu'à examiner, dans les publics concernés:

  • les conditions de production et de réception des phénomènes sociaux,
  • leurs véhicules.

On voit que ceci ne peut s'exercer que dans une perspective interactive et systémique, d'où la nécessité d'une approche transversale.

L'implication conduit le chercheur praticien à saisir l'effervescence du vivant, sauf à confondre réel et imaginaire.

L'intervention, à l'inverse des modèles mécaniques, ceux des intervenants aménageurs/déménageurs, n'est fondée que sur l'organique. Elle est bien une culture du vivant, dans la mesure où le social ne peut être compris que dans la reliance entre l'individu et son environnement. Elle s'exerce entre réel et imaginaire, entre temps et espace, entre profane et sacré, entre organisation et institution, lesquels cessent d'être perçus contradictoirement.

Jung, comme Durkheim, avait perçu que ce qui crée la cohésion des groupes sociaux, ce sont les formes sociales, dont le mythe rend compte, car ce qui est unifié chez l'homme, ce sont ses contenus psychiques, et l'unité profonde des êtres humains réside sans doute dans l'expérience du sacré, expérience du tout autre, à la fois fascinante, attirante et repoussante, expérience, au fond, poétique, car les procédés logiques ne s'appliquent qu'à la résolution de problèmes d'intérêt secondaire et l'attitude réaliste étant faite de plate suffisance est même hostile à tout essor intellectuel et moral.

Le complexe

Ici, les travaux d'Edgar Morin sur le complexe, nous servent sur un plan morphologique, lorsqu'il s'agit de décrire les situations rencontrées, lorsqu'il décrit la culture comme système dialectisant une expérience vécue et un savoir constitué via les médiateurs sociaux que sont codes et patterns.

Il laisse pourtant en friche ce qu'il appelle la zone obscure anthropo cosmique à laquelle nous avons affaire dans toute intervention en travaillant sur le mythe et le symbole, lesquels s'imposent à nous.

Dans ce recours aux catégories de l'anthropologie symbolique et à celles de l'analyse institutionnelle, nous nous trouvons avec un système interprétatif à trois étages, fondant toute analyse de l'intervention sociale devenant en permanence et en interaction constante:

  • synchronique avec Edgar Morin,
  • dialectique avec l'analyse Institutionnelle,
  • culturelle avec Gilbert Durand, Michel Maffesoli et le courant de l'anthropologie de l'imaginaire.

C'est, de même, dans la réflexion sur la crise actuelle de l'imaginaire et de l'imagination dans les sociétés actuelles que s'origine la démarche de Castoriadis (1999) et sa méditation sur la démocratie.

Il est ainsi proche des analyses de Michel Maffesoli quand il interroge chez l'Homme le sens de la tragédie et son autolimitation (1991). Mais, prévient-il, l'excès (hubris) est toujours possible - et l'on reconnaît là la figure de l'ombre de Dionysos - lequel provient du sans-fond de l'être, de l'abîme qui est derrière tout existant mais qui est aussi cosmos, création de formes. La profondeur mythique chez Gilbert Durand est aussi à la fois refoulement et actualisation, amalgame de contradictions. C'est précisément cela que toute intervention doit venir, à notre sens, interroger et ceci amène Castoriadis à regarder l'imagination radicale - soit la psyché en tant que chaos qui crée un cosmos ou vis formandi. "La forme, nous enseigne Michel Maffesoli, nous incite à penser à partir du paroxysme et de l'excès" (1999, page 105 sq.), et cet auteur d'interroger la raison sensible comme dynamisme et comme flux, qu'il nomme ratio-vitalisme enthousiaste, lequel met en oeuvre "une force instituante dont on peut souligner le caractère démoniaque" (Maffesoli, 1996, p.197).

Evoquant ce trait humain qui fait que l'homme remplace le plaisir d'organe par celui de la représentation en fournissant à la psyché -c'est le rôle des symboles et des mythes - une autre source de sens: la signification imaginaire sociale, telle l'institution, socialise le sens en fournissant aux individus en société la source de création aux niveaux du collectif et du réel qui s'origine dans la psyché.

L'Imaginaire social ou institution première de la société est le fait "que la société se crée elle-même comme société", (Castoriadis, 1975, p.291) et cette institution première s'articule et s'instrumente dans des institutions secondes dont certaines sont transhistoriques - les mythes en font partie.

Durand (1996) décrit cette dialectique entre le social et le mythique (comme Castoriadis entre imaginaire radical et social) dans la définition qu'il donne du contrat social comme amalgame de contradictions. Chez lui cette articulation se joue entre trois étages

  • le moi social (drama) qui intéresse la persona et l'agit, (c'est le teukhein de Castoriadis, 1975),
  • le conscient social (logos) qui le met en représentation, énoncés codificateurs et langages techniques (le legein de Castoriadis, 1975),
  • le pré-sémiotique (mythos), grandes images et grandes questions ou thesaurus de la mémoire de l'espèce, qui forment l'inconscient social (sur CG Jung, voir Bertin et Liard, 2005).

Et si intervenir consistait justement à relier paradoxalement les trois étages dans le jeu des correspondances véhiculées par le mythe, toujours support à la fois d'antagonismes et de dynamiques contradictoires. L'intervention est bien là, dans cette mise au jour de l'inconscient social, lieu de rencontre, de coïncidence des opposés tel que nous le révèlent les mythes, formes sociales, totalités exprimées en leurs parties; et nous avons repéré que ces formes expriment, mettent en représentation le rapport que nous entretenons au temps.

Chaque époque incarne, en effet, les principes de son fonctionnement social dans ses mythes, ce qui intéresse bien entendu la sociologie de l'intervention. Ces principes se succèdent selon des cycles ou lois générales qui en gouvernent les rythmes et tous les phénomènes sociaux y sont soumis, selon une courbe diluée avec les retards.

Ces grands courants entraînent les hommes et se révèlent à nous, par les conceptions et les opinions qui dominent à une époque donnée, par l'état d'esprit et les actions de ces hommes, dans l'imaginaire social dont ils sont à la fois matrices et moteurs.

Cet aspect (l'articulation des pôles réel-imaginaire-symbolique) est peu traité par les sociologies de l'intervention sociale, bien que les partenaires rencontrés nous en parlent quasi spontanément, comme si par-delà les questions de fonctionnement, toujours prétextes à une intervention, chacun le rencontrait, dans ses préoccupations quotidiennes, existentielles, car le symbolisme seul est susceptible de l'aider à travailler la question du sens qu'il peut donner à son action.

Ceci nous oblige donc à penser l'intervention dans les catégories de l'implication du praticien chercheur et de l'herméneutique comme assimilation dynamique du sens par le sens, car "elle s'ouvre aux contradictions propres aux symboles donc n'en reste pas à des interprétations rationnelles" (Humeau, 2004).

De fait, les images symboliques, loin d'être des résidus passifs, sont dotées à la fois de possibilités de représentations accordées à nos systèmes de représentations et d'une incroyable énergie de transformation de ceux-ci, ce qui reste, nous semble-t-il, le propos de toute intervention sociale.

Georges Bertin

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Notice:
Bertin, Georges. "Regards sur l'intervention sociale", Esprit critique, Automne 2004, Vol.06, No.04, ISSN 1705-1045, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.fr
 
 
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