Développement social local: Qu'est-ce à dire et comment on forme les travailleurs sociaux à cet aspect?
Hervé Drouard
Praticien-chercheur-formateur en travail social, Docteur en Sociologie.
Résumé
D'où vient "le développement social"; que peut-il signifier? Depuis que les travailleurs sociaux se sont coulés dans cette notion floue (en commençant par les animateurs socio-éducatifs des années 70, en passant par les assistants sociaux des années 80 et en finissant par l'ensemble des métiers du social depuis une décennie), comment ont-ils adapté et traduit le mot et la chose? Comment les instances professionnelles et administratives ont cherché à piloter la formation initiale des futurs professionnels (dans le métier d'assistant social, en particulier)? En partant d'expériences concrètes, dispositif d'un centre de formation mis en place à partir de 1981, sondage auprès de quelques autres centres, nous montrons que le thème a bien été relayé et valorisé au fur et à mesure des années, au point de faire l'objet d'aménagements conséquents dans la dernière réforme du diplôme d'assistant social (2004), en relation avec une idéologie de la quantification, de l'évaluation, de la marchandisation des interventions sociales, même au sein du service public. Comme si la croissance, le développement, le progrès relevaient uniquement de critères mathématiques en obturant et niant ce qui ressort de la qualité, de la relation affective, du lien inter-humain, de l'amour de l'alter.
Mots-clés: développement social, action collective ou avec les groupes, formation des assistants sociaux, dispositif de formation, idéologie marchande.
La notion et le terme de développement ont connu un succès grandissant dans les années 1950 et 1960. Pour désigner d'abord la croissance économique fruit du développement scientifique et technique et caractériser les disparités entre pays sous-développés et développés (l'Occident). Ce mot venu de l'ancien français "voloper" (racine Wel IV qui a donné en latin volvere = rouler) et d'origine obscure, selon les dictionnaires étymologiques (Dauzat, 1938; Morfaux, 1980; voir aussi Grandsaignes d'Hauterive, 1948) révèle symboliquement l'ambiguïté de la notion. Appliqué à tout et n'importe quoi, on ne sait plus bien ce qu'elle signifie et il a fallu peu à peu ajouter des tas de qualificatifs pour discriminer le bon développement du mauvais, préciser le sens, la direction du mouvement, du changement qui semblent impliqués dans le terme.
Nous ne parlerons ici que du "développement social" entré récemment et progressivement dans le vocabulaire du travail social, de la formation au travail social (une vingtaine d'années, un peu plus pour les animateurs socio-éducatifs). Il ne s'agit donc pas du social des économistes ou des sociologues mais de celui qui est "travaillé" par les "travailleurs sociaux" (spécialement les assistants sociaux) intervenant sur des segments précis du champ social global; leur mission étant généralement de guérir le social "malade" ou en risque de délitement, de refaire du lien social et institutionnel.
Que signifie cette expression? Quel contenu? Quelles expériences concrètes recouvre-t-elle? De quelle utopie ou de quelle idéologie se réclame-t-elle? Quelle formation est préconisée ou programmée? Quels savoirs professionnels construits et enseignés? Quelles formes pédagogiques précises utilisées? Pour tenter de répondre ou d'amorcer des réponses à ces questions, nous nous appuierons sur notre expérience passée de formateur-chercheur en centre de formation au travail social (15 ans à l'EPSI - Ecole pratique sociale interrégionale de Clermont-Ferrand formant en majorité des assistants sociaux) et sur les témoignages écrits ou oraux de collègues actuellement en exercice. Il ne s'agira donc que de petites touches impressionnistes et non d'enquêtes statistiquement représentatives.
Pourquoi un développement social?
A l'instar de l'accumulation des richesses matérielles, des biens et services que produisent la croissance et les développements technologiques, pourquoi ne pas imaginer un progrès de la socialité et de la sociabilité, une densification des échanges inter-humains, des solidarités concrètes? La réflexion des pays riches sur les efforts volontaires de développement économique des pays pauvres et ensuite des régions pauvres a mis en évidence rapidement que le facteur humain et social était essentiel. L'importation de techniques, de machines, d'équipements a besoin de tout un environnement mental, sociétal pour produire de l'amélioration durable, élever le niveau de vie et la qualité de la vie. Les "développeurs" ont commencé à parler de développement endogène, de développement local, durable, de respect des mentalités et du temps nécessaire aux évolutions et changements espérés.
Le développement social, en France, a d'abord été l'accompagnement, dans les secteurs ruraux, des transformations rapides: exode rural, départ de nombreux agriculteurs, entrée dans l'agriculture "productiviste" pour les entreprises viables, modification du tissu traditionnel. Parmi les initiateurs, citons pêle-mêle des mouvements d'éducation populaire comme la JAC (Jeunesse agricole catholique), de réflexion comme "Economie et Humanisme" ou "La fondation pour la recherche sociale" qui ont suscité des expérimentateurs dans plusieurs régions. Dans le travail social, la MSA (Mutualité sociale agricole) a été pionnière en ce domaine. La CAF (Caisse d'allocation familiale) a pris le relais quand les politiques sociales ont transposé aux quartiers urbains difficiles avec les programmes DSQ (Développement social des quartiers), le concept d'accompagnement des populations défavorisées et multi-ethniques. Des métiers anciens du social, les animateurs, par exemple, se sont spécialisés dans cette approche et de nouveaux métiers se sont créés, "les développeurs" comme on les appelle familièrement, agents de développement chargés de monter des projets aussi bien d'équipements que d'actions sociales ou culturelles innovantes et concertées.
Arrière-fond idéologique
Dans le travail social français, centré principalement (hormis les métiers de l'animation) sur l'approche des cas individuels, le développement signifiait avant tout "le développement de la personne" et s'enracinait dans l'utilisation qu'en faisaient les psychologues, soit Freud et ses disciples, soit Piaget, soit l'école non-directive de Rogers. La personne, noeud de potentialités, est appelée à grandir (le growth de Rogers (1970; 1967)) dans tous les domaines. L'Education, la thérapie, l'action sociale ont pour mission d'aider à faire actualiser le maximum des possibilités de l'individu pour le rendre autonome dans tous les registres de sa vie. J'en retrouve la trace persistante dans Guy Dréano (2000). Au terme "développement" de l'index, on renvoie à une note de bas de page rédigée ainsi: "Après d'autres psychologues de début du siècle (Baldwin, Stern), Freud (développement affectif), dès 1905, puis Piaget (développement intellectuel), Wallon et Geysel (développement du comportement total de l'enfant et de sa personnalité), tous les quatre, vers 1920, cherchent à établir les stades de ces développements ainsi que leur relation." Morfaux, L.M. (1980), dans le vocabulaire cité, à l'article développement, ne parle que de son utilisation en psycho-pégagogie.
Chez les assistants sociaux français, malgré les échanges continus, depuis les débuts de la profession (1932) avec les théoriciens américains, le "case work", le traitement du cas individuel, a dominé et domine encore, au détriment du "group work", travail avec les groupes et du "community work", travail avec un ensemble social. On peut expliquer cette sélection théorique par les différences culturelles entre la conception "communautaire" anglo-saxonne et l'approche française de la réalité sociale territoriale. Les termes "action communautaire", "développement communautaire" n'ont pu être acculturés; on a trouvé des substituts: action collective, action sociale d'intérêt collectif. Avant d'adopter récemment "le développement social local".
Le guide de l'Assistante Sociale (2002) consacre 7 pages au sujet. (pages 165 à171) et rappelle comment et pourquoi, on a remplacé "l'approche communautaire" par le "développement social" actuel en passant par "l'action collective".
Bien que les programmes de formation introduisent, dès 1962, le principe de ces types d'intervention, il faut attendre 1968 pour que s'amorce un début de généralisation. Notre propre expérience se situera dans le cadre des programmes issus de la réforme des études de 1980. C'est la période de "l'Isic" - Intervention sociale d'intérêt collectif - opposée à "l'Isi" - Intervention sociale individuelle.
Dispositif de formation à l'action collective
L'originalité du dispositif du centre EPSI est d'avoir voulu conjoindre étroitement formation par la recherche-terrain et formation par l'expérimentation in situ. Nous avons présenté l'ensemble du programme à plusieurs colloques et nous terminons un livre Former des professionnels par la recherche pour les éditions ENSP, Rennes.
De quoi s'agit-il? La validation de la formation "assistant social" comportant un mémoire de recherche soutenu devant un jury et la présentation d'"une situation sociale" (individuelle ou d'intérêt collectif). Il était indispensable de procéder d'abord à une initiation à la recherche (les candidats à la formation arrivent directement après le Bac et une minorité après une expérience de travail ou de mère de famille). Pour l'initiation à l'action collective, il nous semblait plus judicieux de réaliser une véritable expérimentation. Nous avons donc procédé en deux temps: la première année, réalisation d'une recherche-terrain commanditée par des organismes du secteur social et la deuxième année, sur la base des résultats de la recherche, le montage complet d'un projet d'intervention et sa mise en place jusqu'à l'évaluation finale.
Ces opérations se réalisent par équipe de 7 ou 8 étudiants (une promotion étant de 30 à 32). Sous la direction d'un duo pédagogique responsable général: un "praticien-chercheur-formateur" titulaire d'un Doctorat de sociologie, l'auteur de ces lignes et une "praticienne-chercheur-formateur", récemment arrivée du terrain, expérimentée dans le travail avec les groupes et l'intervention collective et en cours de formation doctorale (anthropologie politique). La recherche réalisée, à visée praxéologique, a nécessité pour chaque équipe des contacts et une présence répétée sur le terrain: formulation de la commande, observations, série d'interviews, passation d'un questionnaire de vérification, présentation des résultats et orientations d'action aux commanditaires.
Sur la base de ce diagnostic, l'équipe va négocier, en début de deuxième année, un mini-projet d'intervention susceptible de répondre, partiellement, aux besoins ou aspirations découverts, de remédier à un mal social ou de prévenir une dérive probable. A cette occasion, comme pour l'initiation à la recherche, la méthodologie d'action collective va faire l'objet d'un enseignement fractionné et immédiatement appliqué au projet retenu. Les "sciences de la conception, de l'ingénierie", en cours de constitution, seront sollicitées. Rappelons les principes de l'action communautaire formulés dans quelques manuels (voir Alinsky, 1976 ou Rupp, 1972).
- la population concernée doit être associée à l'ensemble des opérations: définition des objectifs de l'action, partage des tâches, rencontres pour les points d'étape, évaluation finale (cette mobilisation passe souvent par des petits groupes, des leaders déjà engagés dans le tissu associatif et va aboutir à la création de nouvelles entités: réseaux, associations);
- les institutions, administrations, élus locaux ou associations intéressées par les résultats visés ou susceptibles de participer au financement, au déroulement de l'action sont sollicitées et constituées comme "partenaires"; leur collaboration donne lieu à contractualisation;
- la jonction avec les politiques sociales ou culturelles, les dispositifs mis en place est obligatoirement recherchée (les financements viendront par cette entrée, quelquefois par des sponsors);
- les traces écrites de l'opération prennent différentes formes: journal de bord de l'action, compte-rendu des différentes rencontres et réunions, articles pour les revues ad hoc (une revue a été lancée par l'EPSI "Actions sociales en Auvergne" pour diffuser à la fois les recherches et les expérimentations effectuées à partir du centre de formation), bilan et évaluation finale.
Nous donnons en annexe quelques recensions publiées dans "Actions sociales en Auvergne" pour avoir une idée des réalisations concrètes de l'époque (1986-88). Les renseignements pris auprès des collègues des autres centres font état de pratiques de formation assez variées. Depuis de simples cours théoriques et le renvoi de l'initiation concrète sur les stages; sachant que peu de lieux de stages permettaient à l'étudiant de s'insérer dans une action collective: peu de services en mettaient en place; peu de moniteurs de stages imaginaient des possibilités pour un stagiaire de s'immiscer dans des actions en cours de longue durée. D'autres centres organisaient des contacts, par petits groupes, avec un agent de développement local qui confiait un projet à concevoir mais sans la phase de réalisation. Ce projet virtuel donnait lieu à un exposé de l'équipe. Pas étonnant que pour l'épreuve "situation sociale" au diplôme d'Etat, très peu d'étudiants choisissaient de présenter et soutenir une situation d'intérêt collectif.
Réforme des études d'assistant social de 2004
Après une longue maturation, le décret 2004-533 du 11 juin 2004 relatif au diplôme d'Etat et à l'exercice de la profession d'assistant de service social a promulgué une réforme très attendue. Celle-ci reprend un certain nombre d'éléments, de termes déjà utilisés mais introduit de nouvelles répartitions des unités de formation, des temps de l'alternance école-terrain (12 mois de stage au lieu de 14). En ce qui concerne notre thème, elle amplifie et oblige à une validation des compétences à l'action collective dans une épreuve finale. Tout en gardant le terme "intervention d'intérêt collectif" (ISIC), elle rééquilibre la formation par rapport à l'ISI, intervention sociale individuelle (qui devient l'ISAP - Intervention sociale d'aide à la personne). Elle introduit, dans la définition de la profession, la participation au "développement social".
Nous extrayons de l'annexe I "Référentiel professionnel des assistants de service social- définition de la profession et du contexte de l'intervention " le paragraphe suivant: "L'assistant de service social à partir d'une analyse globale et multiréférentielle de la situation des personnes, familles ou groupes procède à l'élaboration d'un diagnostic social et d'un plan d'intervention conclu avec la participation des intéressés. Il contribue aux actions de prévention, d'expertise ainsi qu'à la lutte contre les exclusions et au développement social en complémentarité avec d'autres intervenants. Il initie, promeut, participe, pilote des actions collectives et de groupes dans une dynamique partenariale et d'animation de réseau en favorisant l'implication des usagers" (c'est nous qui soulignons les termes qui marquent la nouveauté et la continuité).
L'épreuve ancienne, dite de "situation sociale" où un cas (dans la grande majorité une situation individuelle ou familiale) était analysé et l'action menée, défendue, est remplacée par "un dossier de pratiques professionnelles" élaboré au long des stages, présenté en 10 minutes devant un jury et soutenu en 50 minutes. Ce dossier doit obligatoirement comporter les 2 types d'intervention: ISAP et ISIC.
On peut penser que les centres de formation seront obligés de renforcer leur collaboration avec les terrains de stages, rebaptisés "sites qualifiants". D'autant que dans l'annexe "Construction de la formation par domaines de compétences: acquisitions en centres de formation et sur sites qualifiants", les connaissances à acquérir en stage sont précisées. Nous transcrivons ce qui concerne les actions collectives et les apports attendus du site qualifiant. Le tableau distingue les domaines de compétence, les indicateurs et les différents lieux où doivent se construire ces compétences. Nous ne gardons que la formation en stage. Il s'agit donc d'un montage avec les pages 6, 7, 8 de l'annexe du décret.
On remarquera que l'ensemble des principes de "l'action communautaire" sont retenus et développés, tels que rappelés ci-dessus.
Quid de la V.A.E. qui se met en place?
Les principes sont posés mais les modalités ne sont pas arrêtées. Nous en sommes donc aux questions que cette "révolution" pose aux centres de formation. Habitués à penser la formation comme un ensemble, un parcours de trois années pour un groupe-promotion se formant par l'échange continu, la co-analyse des situations vécues en stage ou dans les engagements personnels, les formateurs vont devoir s'adapter à la mise en modules indépendants, validables par un jury extérieur. Pour ce qui concerne le "développement local", il sera nécessaire de définir les types d'expérience susceptibles d'être avalisés, correspondant au référentiel de compétences répertoriées dans les deux colonnes de gauche du tableau ci-dessus.
Conclusions
Nous avons constaté que le travail social s'ouvre aux idéologies de la croissance et du management: les textes officiels, les revues du secteur reprennent les notions de développement, d'évaluation quantitative. Le social, le bien-être humain, lit-on souvent, doit pouvoir se mesurer à l'aune de la satisfaction des usagers, de la tranquillité et de la paix sociale pour tous. Nous retrouvons in fine le paradoxe, l'ambiguïté signalés au début de cet exposé. Qu'est-ce qui est susceptible de développement, de mesure et qu'est-ce qui relève d'un autre ordre, celui de la qualité, de l'approfondissement, du proprement humain, du relationnel, de l'affectif, de l'amour. Nous terminons donc par un poème philosophique composé au moment de l'arrivée du thème dans la formation au travail social.
Développement local durable
(Poème philosophique et économique)
Toute chose naît, se développe et meurt
Dit la sagesse séculaire
Rien ne se crée, tout se transforme
Dit la science au moderne
Tout est en germe, tout est écrit
Dit la cellule en son noyau
Et le big bang en son instant.
Le temps déroule son manteau
L'espace enroule son cerveau
Tout bouge et rien ne change
La mer s'étend et se retire
L'amour éclate et se mélange
La vie grandit et se développe
Mais pour mûrir, elle s'enveloppe
Et se resserre sur son noyau.
Elle se déplie et se replie
Et dans ce rythme, elle s'accomplit.
Comment peut-elle tout à la fois
Et se répandre et s'agrandir,
Et se terrer, s'approfondir?
Double mouvement à définir:
Qu'il soit local, qu'il soit global
Je veux chanter le développement
Et son compère le repliement
Ou s'il l'on aime, le renveloppement!
Se déploie d'abord la quantité
Se reploie plutôt la qualité
Car elle s'épure au fil des ans.
Se dévide le fil du temps
Se rembobine le fil d'Ariane
Pour conduire à la liberté.
Se développe l'explication
Qui multiplie domination
Se recroqueville l'implication
Qui rapetasse l'imbrication.
Mais mon agent de développement
Comment le sortir de son tourment?
Quoi développer, quoi renvelopper?
S'il fait grandir tous les savoirs
Savoirs techniques et savoir-faire
Il en est un qui lui échappe
Et qu'il ne peut qu'encourager
Celui qui dort au fond de l'être
Et que chacun doit retrouver:
Sens de sa vie, de son bien-être
Source de toutes les créations.
S'il densifie tous les échanges
Les nécessaires relations,
S'il amplifie tous les commerces
Et les rapports économiques,
Il ne peut rien sur l'essentiel
Ou seulement montrer l'exemple
Que chacun trouve son mystère!
Qu'il rentre en lui chaque matin
Et sorte ensuite pour son ouvrage:
Il produira des oeuvres d'art
Et réduira les vacuités,
Il prononcera parole vraie
Plus qu'inutiles bavardages
Il fera du progrès durable!
Résumons-nous en cet instant:
Ce qui chez l'homme peut grandir
C'est le mouvement d'autonomie.
Tout est d'abord fusion et confusion
Et marche vers l'identité
L'insol'individualité.
S'avance la séparation
S'éloigne l'indifférenciation
Tout prend un nom
Tout se morcelle et s'éparpille.
Moins de participation, moins de partage
En sont les risques et les revers
Peut-on contenter tout le monde et son père?
Si mon agent s'en va voir les Pygmées
Les bons indiens ou les bouchmans
Il trouvera justement l'autre versant:
Moins de raison, plus d'intuition
Moins d'arguties, plus d'imageries
Moins de parties et plus du tout
Plus d'holistique, de symbiotique
Plus de nature, d'autre culture
Plus de poètes, moins de géomètres!
Hervé Drouard, 1985
- Références bibliographiques:
Alinsky, S., 1976, Manuel de l'animateur social, Paris, Le Seuil
Bertin, G., (dir.), 2003, Développement local et intervention sociale, Paris, L'Harmattan
Blanc, B., 1986 et 1989, (dir.), Actions collectives et travail social, 2 t., Paris, ESF
Comité de liaison des centres de formation permanente et supérieure en travail social, 3ème colloque de la "recherche en travail social", 1987, actes "Produire les savoirs du travail social" publiés par le Paris, Aforts. Biennale de l'Education, 1995, 1998. Présentation à un groupe d'études sur "les dispositifs de formation par la recherche", financé par MEN-DRED, dirigé par un Professeur du CNAM (document Recherche et Professionnalisation", rapport de recherche MEN DRED, 1991-1992 Analyse de 7 dispositifs de Formation par la Recherche, sous la direction de JM.BARBIER du CNAM
Dauzat, A., 1938 Dictionnaire étymologique Larousse,
De Robertis, C., Pascal, H., 1987, Intervention collective en travail social - l'action auprès des groupes et des communautés, Paris, Le Centurion
Le Bouffant C. et Guélamine F., 2002, Guide de l'Assistante Sociale, Paris, Dunod
Morfaux L.M., 1980, "vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines", Paris, Armand Colin
Grandsaignes d'Hauterive, R., 1948, Dictionnaire des racines des langues européennes, Paris, Larousse.
Revue Forum, 1998, Le travail social avec les groupes, No 85, Paris, Aforts
Revue Journal de l'action sociale, 1998, 1999, 2000, Développement social, No 1 hors série, Paris, JAS
Rogers, C 1967, Le développement de la personne, Paris, Dunod
Rogers, C., 1970, La relation d'aide et la psychothérapie, Pars, ESF
Rupp, M.A., 1972, Le Travail social communautaire, Toulouse, Privat
Seguier, M., Dumas B., 1997, Construire des actions collectives; développer des solidarités, Lyon, Chronique sociale
Annexes
Deux exemples de recension études-actions collectives (extraits de Actions sociales en Auvergne no 1, avril 1988):
Sociogramme d'un ensemble HLM (Le Prat-Aubière, quartier de Clermont-Ferrand)
Par une équipe d'étudiantes assistantes sociales sous la direction de H. Drouard et de F. Rodier
Que se passe-t-il dans un ensemble HLM construit depuis 17 ans comportant 8 bâtiments répartis sur le flanc d'un coteau à la périphérie de Clermont, lorsque le bâtiment situé au plus bas niveau a toujours été réservé à une population d'origine maghrébine? Telle était la question posée par l'OPAC (Office public d'aménagement et de construction du Puy-de-Dôme) à un groupe d'étudiants-chercheurs de l'EPSI (Ecole Pratique Sociale Interrégionale) en octobre 1986.
A travers de multiples observations, 16 interviews et 105 questionnaires, ceux-ci ont pu dresser une sorte de sociogramme mesurant les relations d'attraction et de répulsion entre les différents bâtiments. Ils ont ainsi mis en évidence les attitudes et comportements de type raciste, d'un racisme très ordinaire. Sorte de nuage mortifère qui contamine peu à peu tout le paysage géographique et humain.
Chercher à comprendre pour inverser à temps la mécanique ségrégationniste, même si cela exige un travail de longue haleine et la mobilisation de nombreux acteurs sociaux, est à porter au crédit des gestionnaires du logement social qui ont commandité cette étude.
Imaginer un processus pour commencer à réaliser des opérations d'échanges inter-culturels sera aussi pour les étudiants un bon exercice d'apprentissage du travail social actuel.
Aspirations et situations des jeunes de 18-25 ans du Val d'Allier (Sud du Puy de Dôme)
Par une équipe d'étudiantes assistantes sociales sous la direction de H. Drouard et de F. Rodier
A la demande du SIVAL (Syndicat intercommunal du Val d'Allier) préoccupé par la situation des jeunes sur la zone d'emploi, un groupe d'étudiantes de l'EPSI a pu mesurer le niveau de "démoralisation" d'une grande partie des garçons et filles de 18 à 25 ans.
Contacts avec des responsables concernés, interviews directs des jeunes (15), questionnaires détaillés (75) ont pu mettre en évidence que la situation de non emploi ou d'occupations très ponctuelles (stages, TUC...) produit un découragement et une inertie qui rejaillissent sur l'ensemble de la vie (loisirs, informations) et de la vision du monde de cette génération "sinistrée".
L'écroulement des univers professionnels traditionnels qui reposaient sur les activités primaires (agriculture, mines) et secondaires (industrie) se traduit par une aspiration "réaliste" des jeunes à entrer dans le secteur tertiaire en développement mais sans que soit (ou puisse être) assumée l'obligation d'un niveau de formation en rapport (57% sont sortis en dessous ou autour de la 3ème) et la nécessaire mobilité géographique.
On ne veut plus être ouvrier ou agriculteur, on sait qu'il faut partir parce que la région attire difficilement les employeurs, que c'est folie de "fonder une famille", de prendre un appartement quand on n'a pas un minimum de ressources stables, "d'espérer sortir de la crise avant longtemps"; sombres perspectives pour entrer dans la vie adulte!
On suivra avec d'autant plus d'intérêt les opérations qui se déclenchent ici ou là pour mobiliser et dynamiser cette jeunesse désorientée. Le groupe d'étudiantes qui a contribué à une meilleure analyse de la situation s'investit cette année dans une action de mise en relations et d'informations (relance de l'association Info-Jeunes à Ste Florine).
Ronéo
-janvier 1988
EPSI - 45 P. + annexes
- Notice:
- Drouard, Hervé. "Développement social local: Qu'est-ce à dire et comment on forme les travailleurs sociaux à cet aspect?", Esprit critique, Hiver 2005, Vol.07, No.01, ISSN 1705-1045, consulté sur Internet: http://www.espritcritique.fr
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