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Printemps2007 - Vol.09. No. 01

L'AUTOBIOGRAPHIE ENTRE IMAGINAIRE ET CREATION AUTO-POÏETIQUE

Orazio Maria Valastro
Orazio Maria Valastro est sociologue à Catane (Sicile).Spécialisé dans les pratiques d'autobiographie (Libre Université de l'Autobiographie, Anghiari); perfectionné en promotion sociale et prévention de l'exclusion (Université Carlo Bo, Urbino), en théorie et analyse qualitative dans la recherche sociale (université La Sapienza, Roma); spécialisé en médiation sociale (École Internationale de Médiation Sociale, Société Italienne de Sociologie); maîtrise de sociologie (université René Descartes, Paris V); consultant, intervenant, chercheur et formateur, en tant que sociologue et professionnel indépendant, Italie; directeur éditorial de m@gm@, revue de sciences humaines et sociales, et rédacteur en chef d'Esprit critique, revue internationale de sociologie et sciences sociales.

Enraciner et engendrer l’existence:

subsistent des relations et des implications symboliques entre le monde et nous-mêmes


«L'astrologie nous offre la liberté, la liberté d'être nous même et de diriger notre vie en accord avec notre identité profonde et les rythmes de la vie cosmique. Elle nous aide à mieux décoder notre vécu, à comprendre notre passé et à l'intégrer, à décider notre présent et à entrevoir notre futur en dévoilant notre potentiel de vie.» (1)

La magie de l’imaginaire, évoquée lors de l’achèvement de ma carte astrologique il y a plus de quinze ans (2), décelait par l’intuition et le présage un projet de vie qui était en train de modifier mon existence, amorçant aussi un parcours incertain: un trajet possible et une transmutation qu’il faut faire advenir. C’est ainsi que je conçois aujourd’hui la divination: agent médiateur entre un avenir enraciné dans notre passé et projeté vers un autre avenir possible; conscience communicative avec notre imaginaire radical et social; conscience engagée vis-à-vis d’une existence virtuelle.

Introduire d’emblée ma communication me référant à cet épisode de ma biographie, introduisant la portée de l’imaginaire dans l’auto-poïése de notre existence, manifeste aussi le propos de considérer les différentes expressions de l’humanité et la connexion avec le vivent: l’amour et la poésie, les pulsions et l’imaginaire, la spiritualité et le psychique. Ce n’est que dans l’intégration des dimensions spirituelles, émotives, cognitives et créatrices des femmes et des hommes, dans la compréhension de l’imaginaire qui les anime que nous pouvons saisir le vivant. «Il faut savoir rendre attentif au fait que les groupes sociaux sont constitués de la même étoffe que les rêves qui les habitent»(3) et solliciter une socio-anthropologie de l’imaginaire, ayant pour vocation ontologique la compréhension de la complexité de la vie, individuelle et collective, comme acception éthique et symbolique d’un destin collectif(4).

L’emprise de la raison sur les pulsions sensibles de l’existence n’était pas pour Goethe(5), à l’inverse de Kant, un trait spécifique de la personnalité humaine caractérisée, au contraire, par un rapport équilibré entre forces contrastantes de la nature et de l’esprit humain. Une pensée soucieuse d’intégrer le vivant contenait la raison par le biais de la magie: l’Astrologue s’adressant à Faust(6) dans le salon des chevaliers, pouvait ainsi délivrer la fantaisie transformatrice et révélatrice d’un devenir autrement impossible. Bénéficier des étoiles par la magie de l’imaginaire, jouir des mouvements favorables du cosmos et atteindre la fortune par les astres, c’est aussi engendrer une destinée: enraciner dans notre passé un autre avenir possible.

(1) Lafuente S. et Duchaussoy C. animent des stages alliant l'astrologie et la magie de l'imaginaire, essayant d’appliquer l’astrologie à la réalité concrète de nos vie (www.existence.fr - Art et découverte de soi - Les stages existence).
(2) J'aime ainsi me souvenir de Letizia De Santis: il y a seize ans, en 1989, elle avait tracé ma carte astrologique m'encourageant dans mon nouveau projet de vie; elle n'est plus avec nous aujourd'hui mais j'aime bien penser que son soutient m'a guidé et me conduira dans la réalisation de mes désirs les plus intimes.
(3) Maffesoli M., Les formes du fond, «m @ g m @» revue électronique en sciences humaines et sociales, vol.2, n.4, octobre/décembre 2004, www.analisiqualitativa.com/magma.
(4) Barbier R., L'Approche Transversale, l'écoute sensible en sciences humaines, Paris, Anthropos, Collection Exploration interculturelle et sciences sociales, 1997.
(5) Abbagnano N., Storia della Filosofia, vol.III, La Filosofia del Romanticismo, La Filosofia tra il secolo XIX e il XX, Torino, UTET, 1993.
(6) Goethe J.-W., Faust, Firenze, Unedi, Classici Scrittori Stranieri, 1971.

Ma réflexion s’appuie en conséquence sur le lien entre nos imaginaires et la création auto-poïétique de notre existence par le biais de la pratique autobiographique. Dans l’œuvre autobiographique publié en 1777 par Goethe à l’insu de son auteur(7), nous avons un exemple considérable de l'auto-poïese des individus par le biais de l’écriture de soi: le travail autobiographique est ainsi conçu en tant qu’instrument et possibilité de projeter notre identité et notre existence. Le concept d’auto-poïese, imaginé par Maturana et Varela(8), désigne la capacité d’un système vivant de s'auto-produire de façon permanente, de créer constamment ses conditions d'existence. L’écriture de soi, dévoilant un sujet en interaction avec les autres, les situations et les institutions dans lesquelles se situe, développe une vision bio-anthropologique de l’histoire de vie comme art de l’existence(9), caractérisant ainsi une fonction auto-poïétique toujours renouvelée par la réflexion sur notre parcours de vie.

Ayant commencé à m’interroger sur l’accomplissement du métier et de la profession du sociologue privilégiant les approches qualitatives(10), il devenait fondamental, suivant un parcours d’approfondissement des méthodes et des approches qualitatives dans le champ de la recherche et de l’intervention sociale, analyser la tension entre notre subjectivité et les conditions objectives de notre action: avoir conscience de la trajectoire sociale, des motivations et des ressources individuelles, de la position et des dispositions à l'intérieur du champ des sciences sociales, de l’histoire individuelle et du parcours formatif. Considérant ainsi indispensable développer notre capacité narrative pour appréhender notre histoire sociale, nous entraînant à écouter nous même pour se placer ensuite à l'écoute des autres, j’ai aussi entrepris un parcours d’approfondissement des techniques d’écritures personnelles et des pratiques de l’autobiographie(11).

Bénéficiant ces dernières années de la confrontation constructive avec les animateurs et les intervenants des séminaires de l’Iforis sur l’anthropologie de l'imaginaire appliquée aux situations sociales et culturelles(12), cette démarche personnelle et professionnelle a été aussi une possibilité pour consolider et développer une «écoute sensible» et une «empathie»(13) nécessaire pour accueillir et recevoir les dimensions affectives, imaginaires et cognitives de l’expérience de vie de l’autre, et comprendre l’«existentialité interne»(14) de l'autre et aussi de cet autre qui est en nous pour considérer les valeurs et les imaginaires agissant l’existence.
Relier l’existence et la recherche de sens tout en s’auto-déterminant et se projetant dans un avenir possible, relève des systèmes vivants et de leur capacité auto-poïétique, mais c’est une aptitude qui découle aussi de cet art de l’existence(15) liant des actions d’auto-création au sein de la dimension narrative, l’auto-narration de notre histoire écrite ou orale, avec la dimension de l’imaginaire. La dimension narrative saisie notre existence et sa signification par le biais de l’imaginaire et du mythe, ainsi «biographie et autobiographie sont des récits d'origine: ils font revivre une réalité première de la personne»(16), «ils racontent comment quelqu'un a commencé à être, comment il s'est produit. Et ils attribuent souvent une valeur étiologique, c'est-à-dire explicative, à ces événements primordiaux, susceptibles de déterminer une destinée, une personnalité»(17): «l'autobiographie construit le monument mythique d'un sujet profane»(18).

(7) Jung-Stilling J.-H., Giovinezza di Henrich Stilling (par Matteo Galli), Firenze, Le lettere, 1993.
(8) Varela, F., Autonomie et connaissance: Essai sur le Vivant, Paris, Seuil, 1989; Maturana H., Varela, F., Autopoïesis and Cognition: The Realization of the Living, Boston Studies Philosophy of Science, t.XLII, Boston, D. Reidel, 1980; Varela F., Maturana H., Uribe R., Autopoïesis: The Organization of Living Systems, Characterization and a Model, «Biosystems», vol.5, 1974.
(9) Pineau G., Le Grand J.-L, Le storie di vita, Milano, Guerini, 2003 (tr. It. Les histoires de vie, Paris, Presses Universitaires de France, 2002); Pineau G., Les histoires de vie comme art formateur de l’existence, «Pratiques de formation/Analyses», n.31, 1996, pp.65-80.
(10) Valastro O.-M., La recherche qualitative entre procédures scientifiques d'objectivation et expérience subjective des individus sociaux, in Marcotte J.-F. (sous la direction de), La recherche qualitative: objectivité et subjectivité en sociologie, «Esprit Critique», vol.2, n.12, décembre 2000, www.espritcritique.org.
(11) Cours annuel post maîtrise de spécialisation dans les pratiques de l’autobiographie, «Mnemosine - Ecole des Arts et des Métiers de la Mémoire», Libre Université de l’Autobiographie d’Anghiari et Université des Etudes de Milane (Italie), 2003-2004.
(12) C’est sans doute à Mr. Georges Bertin que je dois une sorte d’initiation et éveil conceptuel découvrant dans l’imaginaire social une nouvelle impulsion dans ma pratique de sociologue et intervenant.
(13) Barbier R., L'Approche Transversale, l'écoute sensible en sciences humaines, Paris, Anthropos, Collection Exploration interculturelle et sciences sociales, 1997.
(14) Barbier R., L'Approche Transversale, op. cit., 1997.
(15) Barbier R., L'Approche Transversale, op. cit., 1997.
(16) Kunz Westerhoff D., L'autobiographie mythique: Méthodes et problèmes, Genève, Edition Ambroise Barras, 2004, http://www.unige.ch/lettres/framo/enseignements/methodes/automythe/.
(17) Ibidem.
(18) Ibidem.

Implications et coexistences humaines:

la narration de soi comme projet de changement et développement personnel et social


«Il existe un lien mystérieux, particulièrement pour les sociologues, entre marginalité et créativité. (…) L’éloignement, douloureux et participé, ou peut être l’insuccès, le refus ou le renoncement (…) ne consentent pas d’atténuer en lui la capacité d’imaginer, et de souhaiter, situations sociales alternatives, mécanismes ou organismes différents de coexistence humaine.»(19)

Mon orientation professionnelle se chemine depuis 1996 à considérer les nouvelles formes de marginalités et exclusions sociales en tant qu’intervenant, chercheur et formateur, intégrant une approche sociologique et anthropologique de l’imaginaire située entre observation et interprétation critique de la vie et de l’intervention sociale pour un changement participée de la vie quotidienne. Mon parcours de sociologue et professionnel indépendant m’entraîne à suivre une direction de recherche et intervention donnée, préférant des interventions situées dans le cadre d’action des politiques sociales pour l’inclusion des sujets les plus fragiles, les personnes en situation d’exclusion sociale, tout en me confrontant avec les conditions et les contraintes politiques et économiques soutenant et développant le travail social. Envisager la valeur heuristique d’une auto-maïeutique implicationnelle(20) pour considérer le lien entre mon parcours professionnel et mon expérience personnelle, définissant un objet de recherche aussi en tant que projet de recherche-formation-action à dimension existentielle(21), m’a conduit à entreprendre un travail d’écriture autobiographique(22) pour raisonner analytiquement sur mes engagements et implications au sujet de certaines problématiques sociales.

La narration de soi, un travail autobiographique, s’inscrit en conséquence dans une approche herméneutique et d’auto-formation de soi, avec une capacité auto-poïétique soutenant une réflexivité sur notre parcours de vie et existentiel, produisant des connaissances et stimulant des changements. Il s’agit de comprendre les différents chemins de notre expérience par une nouvelle construction de soi, se réappropriant de notre vécu considérant notre parcours avec un regard:
rétrospectif - récupérer le passé par une déconstruction critique de notre mémoire;
introspectif - méditer sur soi par un approfondissement et compréhension de notre expérience;
ré-signifiant - attribuant du sens aux évènements personnels et partagés avec d’autres;
impliquant - réintégrant la complexité sociale et la multiplicité du vivant en tant que réalité multidimensionnelle de notre vécu.


(19) F., La sociologia, Milano, Garzanti, 1974; la citation de Ferrarotti, ci-dessus reproduite, accueil les visiteurs de ma page personnelle sur internet depuis 2001 (http://digilander.libero.it/valastro).
(20) Le Grand J.-L., Considérations critiques sur les modèles maïeutiques, dans Pineau G. (sous la direction de), Accompagnement et histoire de vie, Paris, L’Harmattan, 1998, pp.119-139.
(21) Barbier R., La recherche action, Paris, Economica, 1996; Barbier R., La recherche-action existentielle, «Pour», La recherche-action, Paris, Privat, n.90, juin-juillet 1983, pp.27-31.
(22) Un travail autobiographique réalisé dans le cadre du Cours annuel post maîtrise de spécialisation dans les pratiques de l’autobiographie, «Mnemosine - Ecole des Arts et des Métiers de la Mémoire», Libre Université de l’Autobiographie d’Anghiari et Université des Etudes de Milane (Italie), 2003-2004.
Il s’agit de saisir l’autre comme expérience de vie, considérer et analyser différentes formes de sociabilité et intersubjectivités(23), comprendre la formation des individus et des groupes sociaux dans leurs dimensions temporelles entre cycles de vie, expériences sociales et l’incessante construction de notre subjectivité, pour envisager des situations sociales alternatives de coexistence humaine. C’est ainsi que commençait à se définir mon intervention sociale, toujours emportant avec moi ma carte astrologique et l’espoir d’un nouveau projet de vie, par un regard diversifié de mon parcours personnel et professionnel, introspectif, ré-signifiant et impliquant, me consentant d’analyser mon implication personnelle tout en produisant des connaissances et me situant «dans une vision au pluriel des implications»(24), caractérisant mes expériences sociales au lieu de les distancier et les différencier sans pouvoir en rendre compte.

Il y a des moments marquants et significatifs de mon existence me destinant à m’intéresser aux sciences humaines et sociales, souhaitant d’acquérir des compétences dans le cadre des politiques sociales de lutte contre l’exclusion, contraint aussi par un habitus social et un capital économique ne pouvant pas s’investir ailleurs que dans ces parcours de formation: les échecs scolaires et mon abandon en 1979; la mort de mon père; l’objection de conscience et la désertion au service militaire, la prison et l’exil en France entre 1980 et 1987; la mort d’un enfant né prématuré en 1985; la reprise des études secondaires en Italie et l’obtention de mon baccalauréat en 1990; les études universitaires en France et ma maîtrise en sociologie en 1995; le ré-conjointement avec ma famille avec mon retour en Italie en 1996; mes expériences dans le monde du travail depuis 1977, en Italie et en France, en tant que travailleur au noir et salarié, de l’imprimerie à la restauration, du bâtiment à l’hôtellerie.

L’intervenant dans son travail sur le terrain, interprétant la définition de Balandier concevant l’intervenant par son travail d’artisan, est responsable et animateur de liens sociaux, créateur et entraîneur de coexistences humaines alternatives, impliqué par une expérience directe de son terrain de recherche et intervention et par son implication personnelle quant «la part autobiographique, toujours présente sinon toujours repérable, doit être identifiée et non pas trompeusement ignorée ou occultée»(25). C’est l’«implexité»(26) qu’il faut comprendre et analyser avec une exploration très large de l’implication et/ou des implications dans une écriture de soi produisant des connaissances issues de l’expérience personnelle(27). Ave la pratique de l’autobiographie nous pouvons interroger «la relation individuelle entre le chercheur et son objet»(28), «l'écriture relative à son propre parcours, mettant en question son identité de praticien, de futur chercheur, elle permet au sujet d'aborder sa recherche en prenant en compte sa propre implication, quelle que soit la situation faisant l'objet de la recherche»(29). Une méthode pour l’intervenant-chercheur, la pratique de l’autobiographie et de la narration de soi, pour analyser son implication «alors qu'aujourd'hui on leur recommande encore souvent et de façon comminatoire de garder de la distance et de ne pas prendre de sujets de réflexion dans lesquels ils se trouveraient très impliqués»(30). La théorie et la pratique de la recherche sociale, le rapport entre le sociologue et son propre terrain d'étude et intervention, nous révèlent ainsi toute une série de réflexions et d'interrogations actuelles, étayant aussi une hypothèse qui se manifeste de plus en plus dans les analyses et les réflexions élaborées dans le champ des sciences humaines et sociales: le ressort d'un processus de re-définition et transformation du rapport entre le sociologue et son propre terrain d'enquête(31).

(23) Castel R., Le roman de la désaffiliation: à propos de Tristan et Iseut, «Le Débat», n.61, 1990.
(24) Le Grand J.-L., Considérations critiques sur les modèles maïeutiques, dans Pineau G. (sous la direction de), Accompagnement et histoire de vie, Paris, L’Harmattan, 1998, pp.119-139.
(25) Balandier G., Conjugaisons, Paris, Fayard, 1997, pp.407-408.
(26) Le Grand J.-L., Implexité: implications et complexité, «Cahiers de la section des Sciences de l'éducation de l'Université de Genève», Penser la formation, n.72, novembre 1993, pp.251-268.
(27) Pineau G., Produire sa vie: autoformation et autobiographie, Paris, Edilig, Montréal, St Martin, 1983.
(28) Humeau M., Autobiographie, connaissance et implication du chercheur, «m @ g m @», vol.2, n.2, avril/juin 2004, www.analisiqualitativa.com/magma.
(29) Humeau M., Autobiographie, connaissance et implication du chercheur, op. cit., 2004.
(30) Bertin G., La formation à l’intervention sociologique et les recherches sur l’implication, «m @ g m @» revue électronique en sciences humaines et sociales, vol.0, n.0, octobre/décembre 2002, www.analisiqualitativa.com/magma.
(31) Valastro O.-M. (sous la direction de), L’intervention sociologique, «Esprit Critique», vol.4, n.4, avril 2004, www.espritcritique.org.

Nous retrouvons en œuvre à l’égard de l’implication, tant au niveau épistémologique que méthodologique, le postulat ayant fondé la science moderne, «l’objectivité du monde et la séparation entre res cogitans et res extensa dans l’acception cartésienne, entre réalité et la pensé qui l’observe et en mesure problématique la reflète»(32). Les acteurs sociaux de la recherche ne sont pas pour autant affranchies de toute implication possible parce qu’il est simplement impossible de se soustraire au monde social en tant qu’observateur neutre, les sciences sociales ont montré que «la réalité sociale inclut l’observateur, elle est processuelle et interagi avec l’observateur»(33). En situant l’humanité dans le cosmos Theillard de Chardin représentait la recherche «comme une des propriétés fondamentales de la matière vivante»(34) , «aussi vieille que l’éveil de la pensée sur la terre»(35). La recherche comme action constitutive de l’humanité, production de connaissances et changements, est considérée avec les instruments d'expérimentation de notre implication, suggérés par le courant de l’analyse institutionnelle, le journal personnel de recherche(36) ou d’itinérance(37), réintégrant l’implication entre recherche et chercheurs-intervenants. Concevoir aussi la recherche et l’intervention sociale comme étant des processus dans lequel s’impliquent et impliquent des acteurs sociaux en situation, des pratiques et des savoirs locaux, la connexion avec le vivant est aussi étayée par une intervention sociologique qu’ «accomplit bien cette mystérieuse alchimie qui consiste à jeter ensemble des données verticales: biographies, recours à l'histoire de vie des sujets, à leur imaginaire radical, aux mythes qui viennent les informer de leur histoire de leurs déterminants personnels ou collectifs inconscients et les soumissions aux contraintes des réalités naturelles, sociales, économiques, organisationnelles qui structurent le champ de toute recherche»(38).
La narration de soi tout en constituant des données verticales est condition responsable d’implication et participation consciente, critique et innovatrice, renvoyant également à une approche clinique et humaniste(39), nous reliant à ce qui nous échappe par la découverte de la logique magmatique des êtres(40) et l’intégration de la dimension sociale, mythique, réelle et historique, dans la saisie de notre expérience se déployant au sein de la complexité sociale(41). Il s’agit aussi de concevoir les histoires de vie dans une perspective d’implication(42), au sens d’un engagement dans un projet d’affranchissement, un projet éthique pour la production de connaissances et simultanément d’émancipation pour les personnes(43), diversifié par une pédagogie relationnelle et une approche transversale(44), une pédagogie de l’existent en mesure d’organiser différemment notre monde par l’agire relationnel, privilégiant la possibilité de transformer notre quotidien, soutenir le désir des communautés locales d’améliorer leur existence.


(32) Melucci A. (sous la direction de), Verso una sociologia riflessiva: ricerca qualitativa e cultura, Milano, 1998, pp.295-296.

(33) Melucci, Verso una sociologia riflessiva,op. cit., 1998, pp.297.

(34) Teilhard de Chardin P., La place de l’homme dans la nature: le groupe zoologique humain, Saint-Amand (Cher), Collection 10/18, 1962, pp.147.

(35) Teilhard de Chardin P., La place de l’homme dans la nature, op. cit. 1962, pp.147.

(36) Lourau R., Le journal de recherche, Paris, Méridiens-Klinksieck, 1988.

(37) Barbier R., La recherche action, Paris, Economica, 1996.

(38) Bertin G., La formation à l’intervention sociologique, op. cit., 2002.

(39) Lee McC., L'uomo polivalente, Torino, Utet, 1970.

(40) Ardoino J., Barbier R., Giust-Desprairies F., Entretien avec Cornélius Castoriadis, dans Castoriadis C., Carrefours du labyrinthe, v.VI, Paris, Editions du Seuil, 1999.

(41) Morin E., La complexité humaine, Paris, Flammarion, 1994.

(42) Le Grand J.-L., Les histoires de vie: entre sociologie et action émancipatoire, «Pratiques de formation/analyses», Les filiations théoriques des histoires de vie en formation, n.31, 1996, pp.103-109.

(43) Ferrarotti F., Histoire et histoires de vie, Paris, Méridiens Klincksieck, 1983.

(44) Barbier R., L'Approche Transversale, l'écoute sensible en sciences humaines, Paris, Anthropos, Collection Exploration interculturelle et sciences sociales, 1997.


anthologie de soi:

fragments d’histoire de vie pour cheminer vers soi et les autres


Mon esprit heureux: némésis personnelle et souffle vital


Mon travail autobiographique(45) m’a permis d’expérimenter l’écriture de soi comme possibilité et occasion singulière pour réfléchir et raisonner sur mon expérience de vie et existentielle, trouvant le courage nécessaire pour me raconter dans une tension esthétique et un voyage de formation capable de prendre soin de moi(46): vérifiant ce rapport pragmatique entre écriture de soi et prendre soin de soi(47) dans une visée culturelle, se construire une identité; éthique, rendre compte de soi et de la vie avec les autres; et pédagogique, se donner une forme. Une auto analyse existentielle(48), un récit de soi comme projet éclaircissant ce que nous sommes devenus, c’est une herméneutique de soi procédant par métaphores et l’analyse des dimensions impliquant ces dernières dans mon récit à été une véritable révélation. Le pouvoir transformateur du récit de vie(49), cheminant par métaphore mais aussi lieu métaphorique(50) dans lequel rechercher du sens et un chemin pour notre existence, c’est un moment privilégié pour cheminer vers soi(51) et les autres au sein du magma de l’existence. Ces extraits traduits de mon élaboration autobiographique donnent du sens après-coup à une nouvelle naissance symbolique, renvoyant au pouvoir transformateur d’un récit d’origines s’esquissant par des métaphores et des images mythiques sur la vie et la mort.«L’inquiétude m’a toujours caractérisé même avant de renaître à nouvelle vie, l’agitation et la pérégrination dans des lieux et temps différents, la trépidation et l’angoisse faisant face à la quotidienneté et l’avenir. (…) Je dois avouer à moi-même que ce revenir sur des parcours et des intentions échouées, de l’école aux études universitaires, de l’abandon de ma famille à la ré-construction de liens et relations familiales rénovées, a été un agir chargé de rancœur à la recherche d’une juste vengeance pour la réussi défavorable de propos et objectifs jamais portés à bout, d’un nouveau et généreux destin mais en même temps vengeur, en mesure de modifier des choix inéluctables et inévitables. Cette nemesis personnelle ne me quitte pas encore aujourd’hui: je m’aperçois et j’en suis conscient comment certains propos poursuivent encore avec hésitation et incertitude des périodes précédentes et difficiles de jours désormais passés. Je ne peux pas nier l’effet thérapeutique et de soins de moi-même vis-à-vis de ma pérenne inquiétude qui me saisis, parcourir de nouveau les memes chemins avec un nouveau projet de vie et actualiser cette némésis personnelle m’a permis au fond de reconquérir confiance: en moi-même avant tout et ensuite dans un autre futur possible.»(52)

(45) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, travail autobiographique réalisé dans le cadre du Cours annuel post maîtrise de spécialisation dans les pratiques de l’autobiographie, «Mnemosine - Ecole des Arts et des Métiers de la Mémoire», Libre Université de l’Autobiographie d’Anghiari et Université des Etudes de Milane (Italie), 2003-2004.
(46) Demetrio D., Raccontarsi: l’autobiografia come cura di sé, Milano, Raffaelo Cortina Editore, 1996.
(47) Schettini B., La memoria autobiografica e la cura di sè: lungo il corso della vita, dans Schettini B. (sous la direction de), Le memorie dell’uomo: il lavoro narrativo della mente fra retrospettiva, prospetticità e autobiografia, Milano, Guerini, 2004.
(48) Demetrio D., Autoanalisi per non pazienti: inquietudine e scrittura di sé, Milano, Raffaelo Cortina Editore, 2003.
(49) Gingras J.-M., A propos de quelques facteurs valorisant le changement en profondeur dans le travail de l’histoire de vie avec des éducateurs, dans Chaput M., Giguère P.-A., Vidricaire A. (sous la direction de), Le pouvoir transformateur du récit de vie, Paris, L’Harmattan, 1999.
(50) Schettini B., La memoria autobiografica e la cura di sè: lungo il corso della vita, dans Schettini B. (sous la direction de), Le memorie dell’uomo: il lavoro narrativo della mente fra retrospettiva, prospetticità e autobiografia, Milano, Guerini, 2004.
(51) Josso C., Cheminer vers soi, «Pratiques de formation/Analyses», n.31, 1991, pp.81-91.
(52) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, travail autobiographique réalisé dans le cadre du Cours annuel post maîtrise de spécialisation dans les pratiques de l’autobiographie, «Mnemosine - Ecole des Arts et des Métiers de la Mémoire», Libre Université de l’Autobiographie d’Anghiari et Université des Etudes de Milane (Italie), 2003-2004, pp.5.

Un monde virtuel générant un autre existant possible

Suivant la problématique du séminaire(53) l’implication n’est pas simplement une conséquence de ma présence dans une communauté avec d’autres mais la capacité de m’impliquer dans une perspective créative de moi-même et de mes rapports aux autres. Mon expérience avec internet a déterminé un espace de relations et de proximités devenant un événement primordial de mon histoire, me donnant le sens d’une présence virtuelle à soi et aux autres comme dimension relative à la destinée, le devenir quelque chose de différent de ce que j’étais en partie.

Internet, comme instrument de communication, permet aux individus de s’attribuer une identité virtuelle ou réelle pour communiquer(54), réalisant des expériences leur permettant de donner un sens nouveau à leur vie. Il est approprié pensé en conséquence le monde virtuel comme un lieu dans lequel vont se confronter différentes conceptions du virtuel, les individus cherchant de maîtriser les instruments technologiques et en même temps leurs destins(55). Le virtuel exprime, en tant que paradigme fondamental de la post modernité, la potentialité des individus et leur capacité à transformer le monde(56), nous renvoyant à des nouvelles possibilités exprimées par l’imaginaire individuel et collectif véhiculé par un nouveau support, une nouvelle condition de nos façons de vivre le temps actuel transformant notre quotidien(57). Le virtuel c’est ainsi possibilité de naissance de nouvelles et inédites réalités(58), c’est la réalité elle-même à devenir virtuelle en tant que potentiel actualisation d’un autre existant possible.
Les communautés virtuelles sont sans doute fondées sur la formation de relations et liens sociaux partageant des désirs et des besoins communs: le désir de socialité et de solidarité, de valorisation de soi, intégration et reconnaissance(59), mais il y a aussi d’autres mitoyennetés se réalisant dans l’être ensemble, caractérisée davantage par la nébuleuse affective du tribalisme post moderne(60), des communautés proxsémiques révélant l’élan des individus vers une universalité inédite, l’instauration d’une présence virtuelle à soi memes et à l’humanité(61) pour générer un autre existant possible.
Je me suis connexe pour la première fois sur le réseau démarrant ma navigation sur internet, amorçant une recherche jamais conclue ni interrompue pendant toutes ces années, j’ai eu l’occasion de connaître des personnes m’ayant sollicité et stimulé pour approfondir des technologies encore méconnues et réaliser des projets incroyables, j’ai été enfin adopté par une communauté francophone de sociologue, j’aime le considérer ainsi et au fond c’est proprement ce qui c’est passé, réussissant à me penser différemment et donner un nouveau impulse à ma passion pour la sociologie; quand j’ai eu quarante ans l’expérience virtuelle et ses retombées positives pour ma vie professionnelle et dans ma réalité m’ont permis de ne pas succomber à d’autres crises existentielles, considérant somme toute que le projet originaire de rénovation de mon existence s’était concrétisé éclorant pour moi des nouveaux horizons et opportunité.»(62)
«Je ne crois pas avoir encore aujourd’hui défini complètement mon image professionnelle, l’inquiétude m’ayant affligée est ma constante compagne de voyage, désormais je la connais parfaitement et je la mets à l’épreuve, je la défie quotidiennement pour qu’elle se concrétise sans me détruire, je suis toujours à la recherche de nouvelles idées me permettant d’actualiser sans fine des initiatives nouvelles, me réalisant entièrement et innovant ce qui m’entoure avec des projets me permettant d'accomplir mon imaginaire, mes rêves et mon inquiétude. (…) Ce qui est fondamentale est avoir vécu et partagé avec d’autres l’incroyable tentative de reprendre dans mes mains ma destinée, de modifier un futur qui était déterminé et tragique, de comprendre comment chacun d’entre nous essaye désespérément d’atteindre le ciel pour s’emparer des étoiles, de s’élever des abîmes dans lesquelles s’était effondré pour revenir à vivre encouragé encore par ses désirs et l’imagination au lieu de ses peurs et de l’angoisse.»(63)

(53) La polysémie du terme «implication» d'après la problématique présentée et élaborée par Barbier R., Humeau M., Bertin G., au Séminaire d'anthropologie de l'imaginaire appliquée aux situations sociales et culturelles, Implication: entre imaginaire et institution, regards croisés sur le développement social et la recherche, Iforis - Crai - Esprit Critique, Angers, Iforis, 15/17 juillet 2004.
(54) Attali J., Chemins de sagesse, traité du Labyrinthe, Paris, Fayard, 1996
(55) Lévy P., Qu'est-ce que le virtuel?, Paris, La Découverte, Collection Sciences et Société, 1995; L'intelligence collective: pour une anthropologie du cyberespace, Paris, La Découverte, Collection Sciences et Société, 1994.
(56) Quéau P., Multiplicités virtuelles, «Zénon», n.6, 2000.
(57) Ruf I., Mémoire menacée: entretien avec Régine Robin, Le Temps, juin 2003.
(58) Lémos A., La réalité virtuelle: virtualisation et actualisation dans le réel, «Sociétés», Technocommunauté n.59, 1988.
(59) Marcotte J.-F., Communautés virtuelles et sociabilité en réseaux: pour une redéfinition du lien social dans les environnements virtuels, «Esprit Critique», n.4, 2003, www.espritcritique.org.
(60) Maffesoli M., La Transfiguration du politique: la tribalisation du monde, Paris, Grasset/Frasquelle, 1992.
(61) Lévy P., Qu'est-ce que le virtuel?, Paris, La Découverte, Collection Sciences et Société, 1995; L'intelligence collective: pour une anthropologie du cyberespace, Paris, La Découverte, Collection Sciences et Société, 1994.
(62) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, op. cit., 2003-2004, pp.18.
(63) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, op. cit., 2003-2004, pp.18-19.

Le mythe de la mort et de la renaissance de l’humanité

C’est avec l’image de la baleine que j’éprouve le pouvoir révélateur de mon récit, une épiphanie illuminant le sens de ce chemin vers moi avec des multiples commencements et transformations rythmées par la traversé du canal de Sicile en bateau. Le mythe de Jonas se montre sans pour autant l’avoir visé d’emblée, le mythe de la mort et de la renaissance de l’humanité. Le récit des souvenirs s’enchaîne à cette image ayant le pouvoir de révéler une expérience universelle, tout en considérant ce travail sur moi «un moyen d’entrer dans l’historicité, c’est à dire de faire des liens entre le passé et le présent pour se projeter dans un devenir»(64). Le peine pour des expériences problématiques suivies d’une renaissance toujours renouvelée, avance par une création de soi avec une pertinence anthropologique esquissant un trajet existentiel orienté à «conjuguer passés complexes et futurs incertains, pulsions internes et intimations extérieures»(65), décelant aussi un trajet anthropologique(66) montrant un échange permanent entre nos pulsions et notre environnement cosmique et social.

«J’ai toujours aimé traverser la mer en Sicile, observer avec des yeux éblouis et émerveillé les voitures et les trains engloutis par ces énormes baleines de métal se mouvant au rythme des vagues, étayant les flots du port, parfois doucement, parfois violemment, avec leurs bouches béantes et vastes tiraillées par des cordages les tenants à frein. Les ferry-boats m’ont toujours fasciné, depuis que j’étais tout petit, je demeurais à les observer stupéfié. (…) J’ai traversé plusieurs fois le canal de Sicile (…) emportant avec moi rêves et espérances toujours différentes. J’ai prêté de moins en moins attention à ce scénario fabuleux, observant désenchanté les grandes baleines de la mer, égarant ces émotions d’émerveillement et stupeur m’accompagnant pendant ces traversées. (…) Toutefois c’est par ces memes traversés que je me suis éduqué à recevoir et acquérir un nouveau patrimoine de connaissances, avec des expériences spirituelles inattendues et inespérées j’ai enfin repris la voie du retour, un retour éternel qu’enfin a été capable de charger sur ces bateaux une personne réconciliée avec ce qu’il désirait abandonner derrière lui et qu’il retrouvait à la fin de son voyage toujours présent, le guettant quelque part.»(67)

«Je suis revenu en Sicile, englouti de nouveau par ces baleines somnolentes, conscient d’aller à l’encontre d’un autre épisode tourmenté de ma vie: beaucoup de questions encore irrésolues, reconquérir l’affect de ma famille et reconstruire un nouveau parcours ensemble, confirmer ou trahir mes aspirations et mes rêves d’un parcours professionnel incertain et à réaliser. (…) Ce nouveau passage mettra probablement fin à ma pérégrination incessante, je ne cherche plus dans d’autres lieux et saisons quelques chose d’indéfinissable avec précision, j’ai traversé plusieurs fois cette mer mais réussissant enfin à en écouter ses flots sans que le bruit des vagues soient dissimulées par le bruit de mon âme.»(68)


(64) De Gaulejac Vincent, L’histoire en héritage: roman familial et trajectoire sociale, Paris, Desclée de Brouwer, Sociologie Clinique, 1999, pp.152.
(65) Pineau G., Le Grand J.-L, Le storie di vita, op. cit., 2003, pp.147.
(66) Durand G., Les structures anthropologiques de l'imaginaire, Paris, Dunod, 1969.
(67) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, op. cit., 2003-2004, pp.32.
(68) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, op. cit., 2003-2004, pp.45.

Les étoiles dans ma poche

«Il est désormais nuit dans la rue, les gens marchent avec hâte, rapidement me heurtent sans s’excuser comme une boule de billard. Il y a les étoiles dans le ciel que je peux presque toucher, j'en prends une et je la mets dans ma poche, ensuite une autre et de nouveau dans ma poche, et ainsi de suite jusqu'à en avoir les poches pleines de ces étoiles, comme si je voulais les emporter avec moi pour en faire une collection, ou les porter à mes amis, à mes familiers, une étoile pour chaque personne que j'aime le plus en signe d'affection et d'amour, un don personnel pour eux, pour rendre l'amour manifesté envers moi, une étoile tout simplement pour chacun d'entre eux, comme à signifier je serais toujours à vos côtés, toujours proche, dans les beaux moments et dans les moments difficiles. Ensuite, avec la fantaisie, je me soulève depuis le sol tout en planant sur la place, au-dessus des maisons, des rues, des gens, volant dans le ciel noir, entre les étoiles, en leur compagnie.»
(Les étoiles dans ma poche: histoire imaginaire, Antonino Valastro, Catane, janvier 2004)(69)

Le récit de ma rencontre avec mon frère, après de très nombreuses années d’éloignement, le parcours de réhabilitation sociale entrepris ensembles lui permettant de quitter son isolement et reconstruire son autonomie personnelle, retrouvant des nouveaux intérêts en la vie elle-même après des années de vagabondages en Europe, attribue un nouveau sens à la dimension éthique de mon / notre histoire. Le sens que ma mémoire alloue à mon expérience de vie conçoit une morale: il est possible de ne pas abdiquer à la vie par le renoncement et l’abandon retrouvant le goût de souhaiter et construire un autre futur possible. Il y a aussi une dimension du refrain, le retour fréquent du thème de l’élévation: s’emparer de notre destin atteignant le ciel et emportant avec soi les étoiles. La dimension de l’ineffaçable et de l’impondérabilité: l’inoubliable expérience problématique que nous avons laissé derrière nous et un devenir déconcertant ou inespéré.

Se réintégrer dans le tissu social tout en recomposant des liens significatifs, faire face à une fragilité et une vulnérabilité canalisée par une marginalisation et exclusion, une malchance caractérisé par cette abdiction de soi(70), devient possible quand nous pouvons réaliser ensembles la possibilité de cerner et réaliser l’espoir qu’agite les profondeurs de l’humanité et l’être humain(71). Dans un corps social ayant rejeté et dissimulé historiquement la souffrance psychique il faut considérer la relation d’aide comme espace relationnel et de soins, développant des projets pour l'autre reconnaissant les histoires et les vécus existentiels des individus. Il s'agit moins de combler des manques, de répondre à des nécessités: il s'agit plutôt de rendre aux individus la capacité de désirer, de souhaiter avec un élan authentique d'atteindre les étoiles pour reprendre en main leur destin, se situer dans une possibilité, une opportunité d'écoute de ce qu'ils désirent faire et de le faire.«Pendant que je m’envole à Madrid je me demande si nous allons réussir finalement à apprendre quelque chose par toutes ces occasions manquées, il est difficile de s’en souvenirs de toutes ces dernières et en même temps il est très douloureux. (…) Maintenant je suis prêt à assumer entièrement sur moi la responsabilité de ce parcours, pour moi, pour lui, pour nous tous, je reconnais de n’avoir pas été en mesure de faire auparavant, et le premier regard que nous avons échangé sans nous parler était très inquiet: lui-même le savait, comme moi, c’était notre dernière occasion, il n’y en aurait pas eu d’autres. (…) En cercle, un group de personne, suivaient leur conducteur en tenue blanche assisté par des infirmières. (…) Finalement j’allais à sa rencontre pour l’embrasser, il ne me semblait pas très content, du moins en apparence, se retirait avec une certaine insistance de cette embrasse, il était par contre anxieux de quitter cette compagnie. Je demandais s’il pouvait s’éloigner pour se préparer à quitter le service, nous dirigeant près de son lit et ôtant sa camisole se revêtit avec des habits de fortune et une paire de chaussures avec difficulté n’étant pas de sa mesure; ils étaient en train tout simplement de s’occuper dans une étrange gymnastique mentale, c’était son commentaire sur l’activité que je lui avais épargné. (…) J’essayais depuis quelques années de retrouver ses traces après ma rentrée définitive en Italie, je ne me résignais pas à l’idée de laisser fuir du temps précieux et en attendant j’apprêtais à Catane une situation favorable pour l’accueillir, il n’était pas possible de le faire à l’étranger et la présence de notre mère était aussi déterminante.»(72)
«Notre actuelle intente est partie intégrante de mon esprit heureux, nous avons souffert des existences probablement analogues, m’étant émerveillé à penser aux incessantes transformations qu’ont toujours marqué symboliquement des renouvellements cadencés par les franchissements de la mer séparant la Sicile du reste de l’Europe, ont été les gares des trains à marquer et graver symboliquement le chemin de mon frère à travers l’Europe. Je ne peux que m’émotionner quand lui-même il écrit comment les gares des trains ont été des machines à rêves concédant ce que chacun désir, je l’imagine ainsi plongé dans les mouvements des trains pendant que les gens vont par leurs destinations, le confiant dans son voyage solitaire et sans fin; nous avons erré semblablement et simultanément pendant des années dans la tentative de matérialiser nos désirs. Ayant éprouvé la solitude pendant ce parcours j’ai partagé mes rêves et mes craintes avec des personnes significatives pour ma vie, je m’atterris pour l’immense solitude dans laquelle a vagabondé et que les uniques relations et contacts humains dans son triste voyager ont été ces mannequins l’observant par une vitrine. Nous nous sommes remis sur nos pieds ensemble, ensemble nous avons tourné les yeux au ciel pour saisir les étoiles et nous emparer de notre destin, ensemble nous ne sommes plus une âme sans volonté et invisible, nous pouvons vivre authentiquement donnant un sens à notre vie sans relier dans la fantaisie nos désirs.»(73)


(69) Les étoiles dans ma poche c’est une histoire imaginaire qui a donné suite à une série de récits autobiographiques, un message d’espoir pour un parcours possible de réhabilitation sociale.
(70) Mannoni P., La malchance sociale, Paris, Odile Jacob, 2000.
(71) Lyotard J.F., Rudiments païens, Paris, Union Générale d'Editions, 1977.
(72) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, op. cit., 2003-2004, pp.50-51.
(73) Valastro O.-M., Mon esprit heureux: récit autobiographique, op. cit., 2003-2004, pp.56.

Trans-création et intervenants trans-virtuels:

composer une synthèse problématique entre la puissance de l’imaginaire et le vécu biographique

La pratique de l’éducateur autobiographe nous montre la valeur de la narration de soi dans l’ «activation ou ré-activation de parcours de croissance individuelle ou de groups»(74), étayant «dans les sujets la récupération des traces de sens existentiels, spirituels, relationnels, cognitives et affectives présentes dans le continuum expérienciel de leur histoire de vie personnelle»(75). Ré-construire et donner du sens à notre existence et à celle des autres, «nous habilitant à vivre notre futur»(76), est sans doute une élaboration soutenant notre identité conçue comme processus de construction sociale et réalisation de soi dans la temporalité(77). Le concept de transcréation(78), situé entre la profondeur représentant les infinies multitudes de formes assumant le flux de l’humanité, et l’être humain, représente un concept ayant la capacité de relier ces différents plans; celui vertical, la profondeur, exprimant la créativité et l’imagination, et celui horizontal, le profond, exprimant sa même existence contradictoire et conflictuelle.
Concevoir les intervenants dans le champ du travail social et la relation d’aide à la personne en tant que professions trans-virtuelles(79), signifie promouvoir l’approche narrative comme connaissance de soi et la fonction essentielle de l’imaginaire dans l’éducation transdisciplinaire. Nous pouvons considérer les identités comme processus de construction se confrontant avec la difficulté des individus d’assumer et gérer des identifications différentes; des individus projetés dans un agir dans le monde avançant dans le temps et dans la continuité par des appartenances et identifications successives; des identifications toujours mises en discussion et ré-formulées dans un projet de vie perturbé par des changements extrinsèques et minés par les incertitudes de l’existence(80). C’est dans ce sens qu’une sensibilité postmoderne(81) nous permet de saisir ce processus de construction du soi dans la temporalité comme pratique et système auto-poïétique: une construction de soi et non plus une assomption d’identité, des processus d’attribution de sens par la réunification réflexive de l’expérience individuelle et collective avec une auto production de notre existence.
Nous pouvons relier avec cette sensibilité postmoderne une approche d’en bas(82) et le retour du sensible(83) pouvant cerner, tout en partant d’un flux expérienciel et relationnel et un modèle explicatif pluridimensionnel, de quelle manière ces vécus vont prendre forme et assumer une valeur propre aux individus par la transversalité ré-joignant les éléments composites d’un réseau symbolique au sein duquel s’amalgament du sens, des valeurs et des mythes. Nous pouvons faire émerger par ces considérations un intérêt particulier pour la singulière et exceptionnelle hétérogénéité des individus et des collectivités vis-à-vis de leur instabilité permanente de se reconnaître dans des systèmes de valeurs, multiples et différenciés, la construction de soi nous pouvons ainsi la considérer comme un processus fondant une conscience et un savoir relatif à notre expérience sociale et à l’attribution de sens de cette dernière.

Le terme trans-virtuel nous pouvons le comprendre par son préfix trans-, conçu en tant que cheminement, passage d’une condition à une autre, dans lequel les individus assument sur soi les mutations et les changements de notre époque, déterminant un individu projeté dans le temps et dans la continuité par différentes et successives appartenances, à la recherche d’une transcendance lui consentant d’attribuer un sens à son existence: une transcendance horizontale(84) suscitant un désir rénové de projeter son existence dans un autre existant possible.

Il ne faut pas opposer une transcendance verticale et synchronique en tant que système de valeurs extrinsèques aux individus et fondamentaux pour l’humanité(85), à cette immanence diachronique de valeurs et comportements sociaux s’universalisant, s’instituant et se légitimant dans un monde contingente et historique pour fonder la vie en commun. Les plans diachronique et synchronique se croisent entre eux considérant l’implication entre transcendance et immanence, entre nécessité et contingence: à l’élévation comme symbole premier de la transcendance(86), les structures anthropologiques de l’imaginaire(87), conçues comme formes transformables, opposent une verticalité promouvant une pédagogie et une éducation transdisciplinaires à vocation ontologique mais en mesure de réhabiliter une anthropologie fondée sur une écologie spirituelle et une métaphysique universelle(88). La verticalité de la symbolique ascensionnelle s’oppose à la temporalité contingente, à la mort et au destin mortel des êtres humains, comme ascension porteuse d’actions rédemptrices et purificatrices pour fuir l’irréversibilité du temps dans un désir d’éternité, conciliant possiblement le temps et la mort dans leur similitude par la rénovation des êtres humains et la potentialité de prendre dans leur mains leur destin.

Le terme trans- se complète par celui de -virtuel comme processus de resingularisation des individus vis-à-vis d’un existent comme possible, un existant conçu comme potentiel actualisation de nouvelles réalités, dans lesquelles les individus expriment une nouvelle forme d’universalité, il ne s’agit pas de l’identité comme totalité, mais d’une présence à soi même et aux autres située dans une transcendance inédite. Avec la transcendance horizontale dans laquelle les liens et les relations sociales fondent et donnent un sens à la réflexion autobiographique, à la conscience de notre expérience sociale, nous allons rapprocher l’universalité des archétypes qu’animent et agitent les consciences par l’imaginaire «transformant le monde, comme imagination créatrice, mais surtout comme transformation euphémique du monde, comme intellectus sanctus, comme ordonnancement de l’être à l’ordre du mieux»(89) . Le terme trans-virtuel peut exprimer, conçu comme partie prenante pour les processus de resingularisation et les exigences de régénération du sens de l’existence, la tension pour un existent possible en mesure de faire réapproprier les individus de leur capacité de prendre en leurs propres mains leur destin(90).

Ce qui va se traduire en pratique, dans le travail social et dans les professions intervenantes dans les contextes sociaux et culturels pour promouvoir des parcours d’inclusion sociale, à ne pas considérer le rôle de l’intervenant comme déterminé par un agir direct à combler des insuffisances ou à répondre uniquement à des besoins: nous allons restituer aux individus et aux communautés leur capacité virtuelle et potentielle de désirer, de prendre en leurs mains leur destin. C’est la capacité trans-virtuelle que les intervenants peuvent reconnaître pour restituer la parole et inclure une multiplicité de vécus et de langages à l’intérieur à l’intérieur des processus de gestion participés de la vie quotidienne. Des processus participés reconnaissant et promouvant des autonomies conscientes et des communautés éduquant (es) en mesure de conjuguer paroles éducatives et sujets existentiels, restituant aux individus et aux communautés la capacité virtuelle et potentielle d’organiser et gérer consciemment leur condition et existence.


(74) Schettini B., La memoria autobiografica e la cura di sé lungo il corso della vita, dans Schettini B. (sous la direction de), Le memorie dell’uomo: il lavoro narrativo della mente fra retrospettive, prospetticità e autobiografia, Milano, Guerini, 2004, pp.45.
(75) Schettini B., La memoria autobiografica e la cura di sé lungo il corso della vita, op. cit., 2004, pp.45.
(76) Schettini B., La memoria autobiografica e la cura di sé lungo il corso della vita, op. cit., pp.49.
(77) Valastro O.-M., La condizione omosessuale come processo conflittuale di elaborazione dell'identità sessuale: un’analisi del vissuto omosessuale nella Sicilia orientale, «La Critica Sociologica», n.29,1999, pp.63-73.
(78) Barbier R., Création et transcréation chez l'homme d'aujourd'hui, Mémoire du XXIe siècle, Paris, Rocher, 2003, pp.111-120.
(79) Valastro O.-M., Professionalità transvirtuali: la professione del sociologo tra modernità e postmodernità, intervento al Convegno Internazionale La professione di sociologo tra modernità e postmodernità, Montesilvano (PE) 2-3 aprile 2004.
(80) Dubar C., La crise des identités: l'interprétation d'une mutation, Paris, Presses Universitaires de France, Collection Le lien social, 2000.
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(89) Durand G., Les structures anthropologiques de l'imaginaire, po. cit., 1969, pp.434.
(90) Valastro O.-M., Les étoiles dans ma poche: du désir de corps vécus et d'imaginaires dans les espaces relationnels et de soins, «Herméneutiques de l'Education», Le Corps n.2, Lettre du Grepcea n.9, Chaingy, mars 2004.

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