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Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
www.homestead.com/societascriticus
Vol. 5 no. 2 (Hiver 2003)
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel
Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser
autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer par courriel.
Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format
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Dictature ou renouveau démocratique?
Criticus Politikos ou Delinkan Politique
***
De la
critique… naît la fleur du changement!
27 novembre, 2003
Drames humains
Michel Handfield
Ce matin on disait aux nouvelles que Jean
Charest, notre Premier Ministre, montre les médias comme responsables.
Responsable de l’insatisfaction générale de la population après si peu de temps
au Pouvoir ou responsable du décès du DG du centre de soin de longue durée
Saint-Charles-Borromée? En fait peu importe. De tels drames sont à prévoir et
ils risquent d’être plus fréquents. Et les médias ne sont pas en cause. En fait
les médias montrent des problèmes, des faits, souvent hors contextes c’est
vrai. Mais la cause est philosophique. C’est d’ailleurs paradoxal, les causes
sont souvent question d’orientation sociale et de philosophie et ce sont les
matières que l’on cherche à éliminer de l’enseignement. A quoi sert le cégep,
apprendre de la philo et de la socio? Quelle perte de temps, ne passez pas go
et allez directement aux métiers professionnels. N’est-ce pas la pub que l’on
voit à la télé en ce moment? Il faut empocher le plus vite possible.
Mais en même temps il faut payer moins d’impôts,
alors on coupe. On tourne les coins rond et le DG est pris entre donner un bon
service, boucler son budget et respecter des conventions collectives sur
lesquelles il n’a probablement jamais eu un mot à dire – elles se sont réglés
dans le bureau du Premier Ministre! Il est pris entre des coupes de personnels
aux usagers et un ministère et des régies régionales qui ont de l’argent pour
faire des études pour lui dire où il doit améliorer son service aux clients,
mais qui n’ont probablement pas de budget à lui allouer pour avoir le personnel
nécessaire pour le faire. Le fonctionnaire qui a rédigé le rapport n’est
probablement pas imputable. Le DG l’est,
lui, face au syndicat, au CA, aux bénéficiaires, au ministre et aux médias! Et
cela se passe probablement sous le PLQ comme cela se passait sous le PQ! S’il y
en a à blâmer, c’est lui. Il saute. Celui-ci, malheureusement, l’a pris au sens
littéral. Son sens de l’éthique était peut être trop grand pour supporter la
situation.
Ce n’est pas fini et ça va être dur longtemps,
car on veut payer moins d’impôt et conserver nos avantages. Mais en même temps
on se doit d’être en concurrence avec des pays où les employés sont au rang de
l’esclavage. Mondialisation oblige. C’est ce qu’on négocie à l’OMC: l’ouverture
des marchés. Parait-il que cela fera naître la démocratie dans ces pays. Alors
on se doit de produire pour le même coût qu’eux. Comment? Il n’y aura pas 36
solutions. En baissant les salaires et en tournant les coins ronds. En oubliant
ce que l’occident s’était donné comme normes et protections sociales. Car
George W Bush et les conservateurs y tiennent. Des drames humains, il va y en
avoir. Mais ne vous en faites pas, au niveau de l’OMC l’humain n’est qu’une
marchandise comme les autres, une ressource, une ressource humaine. Philosophie
je vous disais plus haut. On est passé des bureau du service au personnel au
bureau des ressources humaines, mais qui a vu ce glissement de sens?
Il est peut être temps de dire à nos gouvernants
et surtout à George W. Bush, qui se prend pour le président de la planète,
qu’on est d’accord avec la mondialisation, mais qu’ils la prennent du mauvais côté
de la lorgnette. Il ne faut pas baisser les conditions occidentales et réduire
les taxes aux importations aveuglément. Il faut faire le contraire: Taxer tous
produits qui vient de pays ne respectant pas les droits humains et
l’environnement, sinon la mondialisation signifiera la déshumanisation. Voulons-nous
vivre dans un monde déshumanisé. Telle est la question qui se pose là, maintenant?
21 novembre, 2003
Guerre et terrorisme… même connerie!
Michel Handfield
Les USA et leurs alliés ont attaqué l’Irak au
nom de la guerre au terrorisme. Ils font des dégâts et des morts. « God
bless America! »
Les terroristes musulmans font la guerre à
l’impérialisme, au capitalisme, aux infidèles. Ils font des dégâts et des
morts. « Inch Allah! »
Israël occupe des territoires, fait un mur et
des incursions de « défense ». Ils font des dégâts et des morts.
« Béni soit Yahvé! »
Tous ces peuples croient en un Dieu unique. Se
battre au nom d’un même Dieu dénote un problème grave. Ou les Hommes n’ont pas
compris Dieu et l’interprètent chacun à leur avantage, ce qui ne doit pas lui
plaire! Ou encore, il y a plus d’un Dieu et les dieux s’amusent avec nous,
comme dans une partie d’échec. Ou bien Dieu, nous ayant fait à son image, a
changé d’idées bien des fois et son message est rendu tout confus! Comme nous.
Laissez le donc tranquille, Dieu. Soyez plutôt humanistes.
La guerre au terrorisme ne passe pas par Dieu,
mais par notre humanité. Par la guerre à la pauvreté. Par l’investissement dans
l’éducation mondiale. L’alimentation. L’élimination des injustices. Car
profiter de la pauvreté pour produire à bon marché et exploiter des gens, est
un comportement qui entraînera une réaction « terroriste » de leur
part à un moment où l’autre de l’histoire. L’analphabétisation et le manque de connaissance sont un terreau
pour créer les terroristes de demain. Les négociations sur l’Organisation
Mondiale du Commerce devraient porter sur l’imposition de droit de douanes sur
les produits fait dans les conditions d’exploitation des pays en développement
plutôt que sur l’abolition de ces droits de douanes, ce qui fait en sorte que
la diminution des conditions de travail est synonyme de profitabilité accru
pour quelques-uns! Au lieu de chercher la justice on cherche le profit. La
première cause de terrorisme est là! Et ce n’est pas la guerre qui va la
résoudre. Ce serait plutôt de discipliner les multinationales occidentales et
les grands défenseurs de la libre exploitation des conditions de la pauvreté
mondiale!
Le Président du « monde », George W.
Bush, un « Born again Christian » soit dit en passant (1), qui veut
imposer sa foi et sa vision du monde à la planète devrait commencer par
regarder le message du Christ comme un message humaniste plutôt que religieux.
Le monde ne s’en porterait que mieux. Car Jésus, c’était un Christ de
révolutionnaire! Il remettait en cause l’orthodoxie, le conservatisme
socioreligieux et les traditions de son temps.
Il était fils de Dieu nous dit-on. Mais lui, que disait-il? Il disait
que nous sommes tous fils de Dieu, ce qui l’incluait mais nous incluait aussi.
Alors Arafat et Sadam sont aussi fils de Dieu que George W! C’est le message du
Christ. Et « Les talents » que
nous devons faire fructifier, la parabole préférée des banquiers de la planète,
ce n’est pas de notre argent en bourse qu’il s’agit, mais de notre savoir!
Alors George, et tous les autres Présidents qui
te suivront, c’est dans l’éducation, les Nations Unies et les ONG qu’il faut
investir pour la paix. Dans des conditions justes de travail. L’accès à l’eau
et à la nourriture. Le développement de la science sur les idéologies et les
mythes. Des lois qui punissent les entreprises qui font la vie dure à leurs
employés des Pays en développement ou qui veulent commercialiser les biens
essentiels à la vie, comme l’eau. Là, George,
tu feras de quoi contre le terrorisme. Pas en envoyant des bombes; pas
en maintenant des dictateurs qui font ton affaire ou en renversant des
démocraties qui ne la font pas. Car cela entraînera une réponse un jour ou l’autre,
et pas nécessairement celle que tu voudras. Était-ce un hasard que le 11
septembre soit aussi la date du renversement d’Allende au Chili?
Et tant qu’à se battre au nom de Dieu, on serait
peut être mieux de le laisser tranquille tant qu’on ne s’accordera pas, car
s’il est « notre père », il doit être un peu dépressif par les temps
qui courent de voir ses enfants se chicaner ainsi. Alors George, Ben (Laden) et
Sharon, cessez donc de le harceler et de parler en son nom. Please! Car la
politique ce n’est pas divin; c’est bassement humain! Parfois même bassement
monétaire, car on fait la paix ou la guerre pour des enjeux économiques;
rarement pour plaire à Dieu ou aux Hommes malgré ce qu’on en dit. Et en cette
matière la lecture du Prince de Machiavel nous en apprend plus que la bible,
n’en déplaise aux fondamentalistes chrétiens. Car faire fructifier « nos
talents », ça veut aussi dire de dépasser les seuls livres saints.
1. Un renaissance chrétienne. Il a redécouvert
la foi en Jésus Christ.
***
13 novembre, 2003
Mettre le monde au travail
Michel Handfield, M.Sc.
A minuit et demi ce matin, 82 % des gens avaient
répondu « oui » à la question suivante de La Presse: « Québec doit-il
réduire l'assistance sociale fournie aux personnes capables de travailler
? » En effet, pourquoi ne pas les faire travailler, il y a tant à faire
n’est-ce pas? Voici donc quelques solutions pour mettre ces québécois au
travail!
On peut d’abord leur offrir des emplois dans l’industrie,
à condition que nos industries ne suivent pas l’exemple de Gildan ou de Levis
et ne quittent pas vers d’autres cieux plus profitables (à quelques sous de
l’heure en salaire). Même Bombardier en parle!
Une autre solution serait de leur faire faire
des tâches socialement utiles à la société, puisque c’est l’État qui paie pour
eux. Les moins «instruits » et les moins qualifiés pourraient balayer nos
rues ou le métro et les plus qualifiés devenir cols blancs, sous ministres et
même ministre pour un léger supplément à leur chèque de BS. Ce serait une
économie pour les contribuables et avec tout l’argent économisé on pourrait
payer le BS à nos nouveaux chômeurs (nos ex-fonctionnaires et ex-ministres) et
subventionner davantage Québécor, qui se plaint de ne pas en recevoir assez
comparativement à la télé publique!
Une troisième solution serait de leur donner du
travail croyez vous? Alors, dès demain, que chaque québécois qui connaît un
assisté social ou un sans travail demande à son boss de l’engager; que tous les
patrons qui sont d’accord que les assistés sociaux et les sans emplois
devraient être incité au travail mettent une annonce disant qu’ils sont prêt à
ouvrir 10% d’emplois supplémentaires pour favoriser leur embauche; et que toutes les entreprises
privées qui reçoivent de l’argent de
l’État ouvrent des postes à hauteur de l’argent public reçus pour créer de nouveaux postes pour les assistés sociaux,
chômeurs et les sans chèque - par exemple si la télé privé reçoit 30% de fonds
publics, elle se doit d’ouvrir 30% de nouveaux postes! Ça ne devrait pas être
difficile puisqu’il semble y avoir consensus: 82% des gens croient qu’on doit
envoyer les assistés sociaux aptes au travail travailler! Il ne reste plus qu’à
leur faire de la place n’est-ce pas?
Et si les entreprises disent qu’embaucher c’est
trop dispendieux et préfèrent les pays du tiers monde, on aura juste à réduire
les salaires: quelques sous de l’heure pour un manœuvre; 1$ de l’heure pour un
col bleu; 5000 $ par année pour un premier ministre… et quelques millions
pour un PDG d’entreprises! On sera alors hautement concurrentiel dans la
mondialisation et on devrait attirer plein d’emplois chez nous.
Nous pourrions aussi changer notre façon de voir
la mondialisation. Au lieu de négocier l’abandon des barrières tarifaires, on
pourrait faire l’inverse: l’imposition de barrières tarifaires aux pays qui ne
respectent pas un minimum social pour leurs citoyens, ce qui implique des
salaires et des conditions de travail décentes; des lois environnementales et
un régime démocratique. Car permettre aux importations, faites dans des
conditions d’esclavages, d’entrer sous prétexte que cela aide des populations
est totalement faux. Ce sont des pertes d’emplois ici, aucune amélioration
là-bas, mais des profits accrus pour quelques uns.
Mais qui se demande pourquoi cette ouverture des
marchés plaît tant aux entreprises? Le développement de nouveaux marchés croyez
vous. Non, car on produit ailleurs pour répondre aux mêmes marchés des pays
développés qu’avant! Ce qui leur plaît
tant dans l’ouverture des marchés, c’est
que par l’absence de frontières elles deviennent indépendantes des États
et au-dessus des lois. On en vient à une forme d’anarcho-capitaliste légal, où
par le contrôle économique elles ont le contrôle sur les États: si tu ne change
pas ta loi, si tu ne me subventionne pas, je déménage! Cela est tout aussi vrai
pour le sport (Baseball, Formule 1) que pour la fabrication de jeans, d’autos
ou d’avions! Mais le citoyen ne le réalise pas, ne le voit pas. Il demande un
contrôle d’Internet, car les grandes gueules de certains médias subventionnés
l’accusent d’être une jungle sans loi, mais notre citoyen moyen ne voit pas que
la jungle économique qui se crée au dessus de sa tête est beaucoup plus dangereuse
pour lui. Car il ne va pas sur Internet ou s’il y a va, il y a davantage de
chance qu’il regarde un site XXX que le courrier international, cyberpresse,
Libé, Le monde diplomatique ou Societas
Criticus!
7 novembre, 2003
Question bête et méchante!
Michel Handfield
Kaboum… le libre marché!
Dans La Presse du samedi 1er novembre
2003 (Plus, p. 4) on apprend ceci:
« Des chiffres
qui parlent. 10 241 milliards $.
Selon l’Institut international d’études stratégiques, c’est ce que les ventes
d’armes ont rapporté aux Etats-Unis l’an dernier. Ce pays contrôle 40,3% du
marché des armes. »
Doit-on être surpris que des gens les utilisent,
même contre eux? The show must go on!
Pardon, le commerce doit continuer. C’est le libre marché… de la
peur!
Hyperlien:
Institut international d’études stratégiques: www.strategicsinternational.com/
***
17 octobre, 2003
Télé-réalité et grand capital : des jeunes prometteurs!
Michel Handfield
Je vous le dis, les émeutiers de mardi au
Medley (suite à l’annulation du
spectacle de « The exploited ») seront probablement notre élite de
demain! Vous ne me croyez pas. Suivez le raisonnement que voici.
D’abord, suite aux événements du Medley mardi soir,
tous les médias en ont parlé. En direct et en différé; superficiellement ou en
profondeur; pour faire leur show ou pour comprendre! De la vraie télé réalité! Loft
Story, Occupation Double ou une manif qui frappe; à chacun sa gloire
médiatique! Imaginez, passer en « prime time » dans tous les
bulletins de nouvelles et les grands quotidiens! Un coup de marketing que même
la « télé réalité » doit leur envier! Parlez-en en bien ou parlez-en
en mal, mais parlez-en, n’est-ce pas ce qui fait vendre? La devise du
marketing?
Mais encore? L’anarchie, n’est-ce pas ce que
prône le grand Capital? On ne le dit pas ainsi, mais lorsque le grand Capital
souhaite moins d’État ou des privatisations; demande la suspension ou l’abandon
de lois (pour présenter « son » Grand Prix ou pour construire une
usine ne répondant pas à toutes les normes en vigueurs) et présente l’État
comme un dinosaure dont l’extinction ne serait que la bienvenue, sauf pour
la police et la justice au service de la
protection du bien privé, on n’est pas loin de l’anarchisme. Mais un anarchisme
qui ne lance pas de pierres, qui ne vandalise pas sur la voie publique et qui
n’est pas en jeans dans la rue; plutôt un anarchisme cravaté représenté par des
avocats, des managers, des économistes et des honorables citoyens qui
rencontrent les politiciens dans de grands sommets économiques pour défendre
les valeurs du libre marché, de la liberté individuelle et du retrait de
l’État! Ces anars (1) ne sont pas dans la rue, même qu’Hayek avait reçu un prix
Nobel d’économie pour ses travaux (2),
mais mettent les économies locales à la rue! Ce sont eux qui favorisent
la liberté de marché, celle qui dit que le travailleur d’ici, au salaire
minimum, doit concurrencer le travailleur d’un pays en développement à quelques
dollars par mois ou que le syndicalisme est un corporatisme, comme si les
thèses néo-libérales (3) qu’ils défendent ne relevaient d’une autre forme de
corporatisme. Chacun défend ses intérêts, pas celui de la communauté, n’est-ce
pas?
Bref, ces jeunes maîtrisent bien les outils du
marketing et de l’ultralibéralisme: faire la une et prôner l’individualisme!
« Fuck l’État » est-ce si différent que de proposer son démantèlement
au nom de la mondialisation ou du manque d’argent dans les goussets publics –
en même temps que l’on donne des avantages fiscaux à certaines grandes
entreprises, ce qui ne fait rien pour ménager ce pécule public? « A bas
l’État » ou « privatiser l’État », c’est la même chose: viser
son abolition. Seule la rhétorique est différente. Mettre le feu aux voitures
dans la rue c’est du vandalisme. Faire des coupes à blanc dans la forêt,
émettre des CO2 dans l’atmosphère ou refuser le protocole de Kyoto s’en est
aussi! Mais ce vandalisme suscite peu la grogne du public, car on ne le voit
pas et il est bien expliqué par des spécialistes des communications et des
relations publiques. Il est le fait de gens respectables en complet-cravate!
Mais combien de ces gens furent les contestataires des années 70? Des anciens
marxistes, léninistes, maoïstes ou trotskistes. (4) Quand nos punks
d’aujourd’hui finiront leur MBA ou leur droit – ils maîtrisent déjà assez bien
le marketing, les valeurs ultralibérales et individualistes - ils seront fin prêt à prendre leur place.
Vous avez vu l’élite de demain à l’œuvre. Elle a su jouer les médias pour
gagner ses 5 minutes de visibilité: bienvenue à Street Story et
je revendique la paternité de ce terme! (5) Surveillez le prochain épisode, car
la télé réalité est un must ces jours-ci!
Notes:
1. A ce sujet, voir le chapitre sur le libertarisme dans Arnsperger, Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique
et sociale, France : La Découverte/repères. Le livre de Pierre Lemieux, L'anarcho-capitalisme (Paris: PUF, «que sais-je?», 1988), doit aussi être consulté sur ce sujet.
2. Hayek
(1899-1992), reçu un prix Nobel d’économie en 1974.
3. Ces thèses portent aussi le nom
d’ultralibéralisme, de
« neo-conservatism » en anglais, et de
« libertarisme » pour Arnsperger et Van Parijs (Ibid.), soit une contraction
des mots libertaire et libéralisme, car du libéralisme on ne conserve que le
minimum, tout ou presque étant transféré dans la sphère privée ou individuelle,
donc près du mouvement libertaire ou anarchiste.
En bref, on ne conserve de l’État que les fonctions d’arbitre et de
gardien de la propriété privée; du libéralisme, son idéologie économique: libre
marché, propriété privée, concurrence, individualisme (chacun a sa force de
travail et est égal sur le marché). On rejette
les systèmes sociaux mis en place par les États au cours de l’histoire,
même si certains libéraux classiques, comme Adam Smith ou Hume, les jugeaient
nécessaire pour augmenter le bonheur général. On les présente même comme
socialisant de nos jours!
Mais de l’autre côté on ne remet pas en cause la
transmission de la richesse privée au cours de la même période. Tous doivent
être égaux devant le marché, mais les puissants peuvent conserver les empires
familiaux alors que les citoyens ne peuvent préserver un système social qu’eux
et leurs prédécesseurs avaient su mettre en place pour se donner plus de moyens et se protéger des
mauvais jours. On remet en cause l’État providence, mais pas les empires
familiaux et boursiers! On parle de marché, mais on impose les prix. Essayez de
négocier dans une grande chaîne ou à la pompe de votre station service juste
pour voir où il est le marché entre acheteurs et vendeurs?
Pour aller plus loin sur cette question voir: Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: L'aut'Journal
& Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM; Chomsky, Noam,
2002, Le pouvoir mis à nu, Montréal: écosociété (principalement le
Chapitre II, « Objectifs et visions d’avenir », que je
donnerais à lire aux néolibéraux et anarchistes de tout acabit!); et Garandeau, Mikaël, 1998, Le libéralisme, Paris: GF Flammarion, corpus.
4. A ce sujet, voir le film « Il était
une fois… le Québec rouge » de Marcel Simard pour le Québec et le
livre Nous l’avons tant aimé, la révolution de Dany Cohn-Bendit (Paris: Seuil, coll. Points Actuels, 1986) pour une perspective plus
internationale.
5. Alors si jamais une émission de télé réalité
prend ce nom, je revendiquerai mon pourcentage!
Liens:
The Exploited: http://www25.brinkster.com/thexploited/index2.htm
Loft Story: http://www.loftstory.ca/accueil/index.php
Occupation Double: http://www.occupationdouble.com/
9 octobre, 2003
L’affaire que je n’accuse pas! (1)
Michel Handfield
Le ministre de la Justice du Québec, Marc
Bellemare, est en eau trouble à cause de sa fille aînée qui est danseuse
topless! Le Québec est au aboie. Il devrait démissionner crie-t-on sur les
tribunes. Wow les moteurs. Voici quelques contre indications à une crise de
nerf trop rapide:
1. A la
télé de radio Canada, « Infoman » a fait un reportage sur la théorie
scientifique des "six degrés de séparation", développée en 1967 par
Stanley Milgram, qui dit que « six personnes seulement sont nécessaires à
n'importe qui dans le monde pour atteindre n'importe qui dans le monde »,
ou, autrement dit, au plus 6 personnes séparent deux personnes l’une de l’autre
sur la planète! (2) Dans ces conditions, les risques de liens indirects sont
davantage la norme que l’exception, surtout dans une petite société comme le
Québec;
2. Le métier ou la profession de danseuse n’est
pas illégale et une fois sa fille majeure je crois que M. Bellemare aurait été
mal avisé, selon la loi, d’empêcher celle-ci d’avoir les relations qu’elle veut
– bonnes ou mauvaises;
3. Si le moindre lien indirect ou probable avec
le crime organisé met la carrière de quelqu’un en jeu, Ministre inclus, il
faudrait exiger immédiatement la démission de tous les Ministres et anciens
Ministres qui sont ou ont été responsables de Loto Québec, car certains
individus peuvent se servir de certains des produits et établissements de cette
société d’État pour blanchir de l’argent. Tous sont donc possiblement coupables
par association dans ses conditions.
4. Presque tous les québécois ayant des actions,
par les fonds de pensions et les fonds mutuels de leur REER, qui peuvent être
ou avoir été investis dans des entreprises ayant pu avoir blanchi de l’argent à
un moment ou l’autre de leur histoire (comme les banques), nous sommes donc
tous susceptible d’être coupable par association.
Bref si tout le monde est possiblement coupable,
peut être est-ce la norme et que personne ne l’est finalement, Ministre inclus!
Notes
1. Petit clin d’œil à J’accuse de Zola paru en 1894. Pour ceux que cela
intéresse, j’ai pour ma part lu l’édition de 1994, France: mille-et-une-nuits
2. Infoman, avec Jean-René Dufort, émission du 3
octobre 2003, et « Un "petit monde" connecté par mail » sur
le site de tf.1. La citation provient d’ailleurs de ce texte. La source : http://www.tf1.fr/news/multimedia/0,,1208661,00.html
7 octobre, 2003
Le pianiste Alain Lefèvre en politique municipale?
Michel Handfield
Pour changer du concerto des voix discordantes
des pros-fusion et des cons-fusion nous avons assisté à la conférence de presse
du pianiste Alain Lefèvre dans un hôtel du vieux Montréal.
Attaché à la culture Alain Lefèvre a fait un
vibrant plaidoyer pour nos artistes d’ici. Il fut très difficile, nous a-t-il
dit, de trouver les partitions du Concerto de Québec d’André Mathieu, pourtant
un de nos grands compositeurs. M. Lefèvre a dit « Ici on tue les génies.»
C’est d’ailleurs un sentiment que nous partageons entièrement avec lui, car il
est plus facile d’obtenir des fonds pour une revue d’horoscope ou de sport
qu’une revue politique au Québec! Que voulez-vous, on a la culture physique!
Mais revenons à ce concerto de Québec, dont M. Lefèvre
nous a joué un extrait. Pour notre part nous l’avons trouvé fluide et sensible
dans toute son énergie. Impressionnant aussi, d’autant plus qu’il fut écrit par
André Mathieu alors qu’il n’était âgé que de 12 à 13 ans! Des connaisseurs de
l’époque l’ont même comparé à Mozart. Au Québec, qui le connaît? On n’en parle
pas dans les livres. Et pourtant! Espérons que la voie musicale d’Alain Lefèvre
saura rétablir les faits.
M. Lefèvre n’a pas non plus eu peur de nous
parler du nationalisme, de celui de la musique, qui a une portée universelle.
Qui est ouvert sur le monde. Nous lui avons trouvé un côté pédagogue très
rafraîchissant, car il s’agit d’une pédagogie qui vient avec l’amour de ce
qu’il fait. Ce n’était pas un discours écrit. Ça venait du fond cœur. Ce
n’était pas appris, c’était senti. C’était passionné et délicat : piano
piano; piano forte!
Comme tout bon défenseur de la politique
municipale, M. Lefèvre n’en a pas que pour sa ville. Dans le document audio –
commercialement appelé un CD – remis lors de cette conférence de presse, il a
aussi de bonnes notes pour Varsovie et un bon mot pour New-York!
Ecore là il défend très bien ses sujets. Mais il
sait s’entourer. Il est accompagné de Yaov Talmi et de l’OSQ. Le discours
glisse si naturellement que l’on passe d’une grande ville à l’autre sans aucune
réticence. Nous avons vraiment là un défenseur de la ville. Si! Si! Et il fera
des apparitions publiques ici, et probablement ailleurs, avec un tel discours.
C’est si musical et si juste! Un porteur international qui va nous mettre sur
la carte bien davantage que les Expos! Du jamais vu depuis Drapeau!
En fait, de quoi comprendre que pour être sur la
carte il n’y a pas que le sport. Loin de là. Au fait qui peut me nommer le
principal club de foot d’Allemagne? Un compositeur Allemand? Et bien voilà.
***
Ce nouveau CD d’Alain Lefèvre ayant pour sujet 3
concertos ayant pour thème les villes est fort intéressant d’écoute. Comme il
est en concert avec l’OSM ce dimanche 12 octobre à 14h30. à la salle
Wilfrid-Pelletier, je ne pouvais qu’en faire une écoute (car j’écoute souvent
les CD plus d’une fois avant d’en parler) et je ne peux que vous conseiller
d’aller le voir à l’OSM et d’acheter le CD. C’est l’occasion de découvrir André
Mathieu interprété par quelqu’un dont on sent qu’il admire le compositeur et le
respecte. Quant aux deux autres pièces, elles coulent aussi de source pour
faire un ensemble que j’ai écouté comme un tout! En fait, comme une boîte de
chocolats contenant différentes saveurs: il y a une nuance, une différence,
dans la continuité!
Références:
Alain Lefèvre, Orchestre symphonique de Québec, Yoav Talmi
Mathieu, Addinsell, Gershwin
Concerto de Québec; Concerto de Varsovie;
Concerto en fa (aussi appelé Concerto de New-York)
Sortie: Dès le 7 octobre 2003 (pour les dates de
sorties à l’extérieur du Canada veuillez consulter votre distributeur
local)
Hyperliens:
Et j’ai fait une recherche sur André
Mathieu… A part le site d’Analekta, les
premières entrées parlent toutes de la salle de spectacle André Mathieu, comme
si ce n’était que ça! C’est triste, mais cela montre toute la pertinence du
propos d’Alain Lefèvre. On ne fait pas que tuer nos génies, on les oublie aussi
dirais-je!
***
3 octobre, 2003
Êtes vous sûr?
Michel Handfield
La manchette radio-canadienne du 3
octobre: «Pour la première fois depuis 60 ans, il
y a en même temps un gouvernement libéral à Ottawa, à Québec et à Toronto. Les
libéraux ontariens viennent de chasser du pouvoir les conservateurs. » Êtes vous sûr?
En fait il y a 2 gouvernements libéraux, un à
Ottawa et un à Toronto, car au Québec
c'est un gouvernement fédéraliste mené par un chef conservateur que nous avons!
Ne l'oublions pas, Jean Charest fut chef des Conservateurs Canadiens il n'y a
pas si longtemps encore!
D’ailleurs le nom de PLQ ne signifie plus
Libéral depuis longtemps ici, mais bien la coalition des fédéralistes tout
comme le PQ signifie la coalition des nationalistes souverainistes! Tant qu'on
ne fera pas une croix sur le débat nationaliste/fédéraliste au Québec, nous
demeurerons une société distincte (ou figée c'est selon!) politiquement, en ce
sens que nous n'aurons pas de partis véritablement Libéral, Social-démocrate ou
Conservateurs! Nous serons condamné à
deux grandes coalitions, l’une fédéraliste et l’autre nationaliste, regroupant des gens de toutes tendances
idéologiques autour de la seule idée nationale! Et parfois, comme sous les
règne de Bouchard (PQ) et de Charest (PLQ), deux ex-ministres Conservateurs
sous Brian Mulroney (PC), ce sera la tendance conservatrice qui l'emportera peu
importe le nom du parti au pouvoir! Ça risque d’être
long longtemps!
***
lundi, 15 septembre, 2003
Camper sur le paradoxe économique!
Dans le quartier qui m’a vu naître et grandir,
St-Michel à Montréal, nous avons eu deux carrières : Miron et Francon.
Depuis leur fermeture, Miron a toujours fait parler d’elle, car c’est là qu’on
enfouissait les déchets de Montréal avec tous les problèmes reliés à un tel
site: notamment les biogaz, les odeurs, le trafic lourd et des problèmes
possibles de santé pour les citoyens. Des coûts monétaires et sociaux
importants sont liés à un tel site. 30 ans d’enfouissement dans un milieu
urbain, au cœur d’une ville comme Montréal, ce n’est pas rien.
Francon, elle, a peu fait parler d’elle. Jusqu’à
ce jour une partie de cette ex-carrière servait de site de déversement de la
neige. Mais sa plus grande partie était libre de toute activité. Un organisme
du milieu – le PARI Saint-Michel – avait donc fait une étude sur ce qui
pourrait être fait avec un tel site pour éviter qu’il ne serve à
l’enfouissement des déchets à son tour. Une idée originale en est sortie :
un centre de caravaning. Depuis un nouvel organisme fut créé pour promouvoir
cette idée: Camping Montréal. Le milieu l’appui. En fait depuis un peu plus de
10 ans que nous travaillons ce projet.
Il serait temps que le politique s’implique à fond pour sa réalisation et cesse
de tergiverser sur cette question pour des peccadilles.
On demande souvent un investissement du milieu
comparable à celui d’une entreprise, mais si c’est là une règle d’égalité,
c’est loin d’en être une d’équité. Une entreprise peut recevoir plus d’une
centaine de millions de dollars pour un projet d’usine alors qu’ici on parle
d’environs 10 à 15 millions pour un projet structurant pour tout un milieu
défavorisé.
De plus, si nous considérons les seules
économies à long terme sur les coûts, pour la santé et l’environnement, que
représentent un site d’enfouissement si près des résidences et des entreprises
présentes dans le pourtour du site, 15 millions pour un centre de caravaning
c’est un investissement socialement et économiquement rentable à court, moyen
et long terme. Et cela est sans compter les retombés économique de ce site pour
l’économie montréalaise et québécoise, car le tourisme du caravaning, surtout
états-uniens, a de l’argent frais à dépenser à Montréal et au Québec. A-t-on
les moyens de s’en priver dans le quartier, l’arrondissement, la ville et le
Québec?
Societas Criticus est donc fier d’appuyer ce
projet structurant de son milieu.
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
Coéditeur de Societas Criticus
Hyperliens à consulter
Mieux vivre avec nos déchets : la gestion des
déchets solides municipaux et la santé publique:
http://www.inspq.qc.ca/publications/environnement/doc/text6.asp?E=p#enfoui
Voir Carrière Miron dans BISE (Bulletin
d’information en santé environnementale), Une
publication du réseau de la santé publique du Québec, Volume 7 - Numéro
2 - Mars-avril 1996: http://www.inspq.qc.ca/bulletin/bise/1996/bise_7_2.asp?Annee=1996
Martin Alain, Les éléments de la construction
d’un espace politique inframunicipal: le quartier Saint-Michel à Montréal:
http://www.univ-pau.fr/~ville-m/pdf/Communications/005_Alain.pdf
***
Lundi, 15 septembre, 2003
La distinction politique québécoise
Michel Handfield
En lisant les comptes rendus du congrès du Parti
Libéral du Québec (PLQ), on perçoit la surprise de certains libéraux face au
virage à droite de leur parti (réduction de la taille de l’État, changement à
l’article 45 du code du travail, sous-traitance et partenariat dans la
distribution de l’eau, mais l’eau demeurera un bien public nous assure Jean
Charest!) Pincez-moi quelqu’un, car enfin on se réveille!
Pour ma part, je n’ai aucune surprise. En fait
depuis des années je me qualifie de libéral et je dis qu’au Québec je ne peux
voter « libéral », car on n’a pas de Parti Libéral au vrai sens du
terme. Je passe même pour un bizarre quand je tiens de tels propos. Et
pourtant, c’est là la particularité québécoise: le débat national a bloqué tout
horizon politique. Tant que ce débat ne sera pas résolu ou que les citoyens ne
diront pas qu’ils en ont mare de 30 ans de blocage idéologique, nous serons
face à deux coalitions: la fédéraliste – connu sous le nom de PLQ – et la
souverainiste – connu sous le nom du PQ. Et selon qui a la pôle position dans
chacune de ces coalitions, on vacille entre des politiques conservatrice ou
libérale. Il fut même un temps ou les deux coalitions furent représentées par
des chefs conservateurs issus d’un même gouvernement fédéral et j’ai nommé Jean Charest et Lucien
Bouchard, tous deux anciens ministres d’un certain Brian Mulroney chef du Parti
Conservateur du Canada et fervent admirateur de la droite États-unienne! Alors
les libéraux québécois ne devraient pas être plus surpris de ce virage à droite
du PLQ que ne le furent les péquistes du virage à droite du PQ, sous Lucien
Bouchard. Ce qui me surprend, c’est plutôt qu’ils n’aient pas compris cela
avant de faire venir Jean Charest comme un sauveur. Ils ont eu la chance de se
choisir un(e) chef(fe) issue du courant libéral (j’eusse bien aimé Liza Frula
Hébert à ce poste) et ils ont su la rater pour un « winner » fédéraliste,
mais conservateur aussi!
Contrairement à l’Ontario, ou il y a des
néo-démocrates (gauche), des libéraux (centre) et des conservateurs (droite),
ici nous n’avons que des fédéralistes et des souverainistes. Il serait temps,
pour le bien des « électeurs-clients » de la politique québécoise,
d’ajuster le nom de nos partis à cette réalité. Pour le PQ c’est assez
clair. Mais le PLQ devrait changer de
nom pour le PFQ (Parti Fédéraliste du Québec) tant que nous ne passerons pas à
autre chose. Et si les citoyens réalisent enfin qu’ils sont pris dans un débat
sans issue entre un parti fédéraliste et un parti souverainiste, qui ne cesse
d’imaginer des astuces pour la souveraineté, ils pourront toujours se tourner
vers d’autres options politiques et former de véritables partis libéral,
conservateur et sociaux-démocrates pour véritablement participer aux débats
sociaux, économique et politique qui ont lieu sur la planète. Car depuis la
question nationale, les québécois n’ont jamais eu de choix à faire sur ce
sujet, sauf de prendre le « package » qui venait avec l’option
fédéraliste ou souverainiste! Il est temps que les québécois aient enfin de
vrais partis « idéologiques » pour faire des choix éclairés. C’est
une question de démocratie tout aussi importante que celle du suffrage
proportionnel.
***
11 septembre, 2003
September, 11
Michel Handfield
2001 : Deux avions s’écrasent dans les
tours du World Trade Center. Depuis ce temps le Monde est en guerre contre le
terrorisme.
1973 : Renversement d’Allende au Chili par
le Général Pinochet appuyé des USA. Les coupables états-uniens et le parti
républicain (le même parti que celui de George W. Bush soit dit en passant)
derrière ce coup d’État au Chili n’ont jamais été tracassé, déclarés illégal ou
terroriste; jamais poursuivi pour crime contre un peuple. Et pourtant…
Il y a donc une forme de terrorisme légal, celui
des empires et de leurs amis pour le bien de l’empire et de ses élites (bien
économique et idéologique s’entend), mais pas nécessairement pour le bien du
peuple ou de l’humanité! Et il y a
l’autre terrorisme… celui des opposants. Celui que l’empire veut pourchasser et
écraser. L’empire y place pèle mêle tant
les véritables terroristes idéologiques que les réformateurs de l’empire, ceux
qui pensent davantage à l’humanité qu’à leur profit, dont il veut se
débarrasser car ils menacent son système de valeurs (économique, politique,
religieux, idéologique). Le maccartisme est
encore bien vivant. Malheureusement.
***
5 septembre, 2003
Les fermetures éclairs!
Michel Handfield
Concernant la fermeture de BioChem Pharma à
Laval, élargissons notre vision.
Si un fabricant coréen nous vend une voiture à 2
ou 3000$ de moins qu’un fabricant d’ici… on va être fier de l’économie. Mais
cette économie a un prix et lance un message aux entreprises. Si le travailleur
spécialisé étranger gagne au mieux 100$ par semaine (comme certains chercheurs
aux Indes) comparé à plus de 1000$ par semaine pour des livreurs de bières ici (on parle de
63 000$ par année chez Labatt) et que de l’autre nous sommes prêt, comme
acheteur, à acheter un produit fabriqué dans ces pays pour sauver 10% par
rapport au prix d’un produit fait ici,
il ne sera pas long que les entreprises flaireront la bonne affaire: une
baisse du prix de 10% pour une baisse de salaire de 1000%, ce sera opération
très rentable pour elles!
Si nous ne voulons pas d’une série de fermetures
éclairs, nous avons trois choix: on fait attention à nos gestes comme
consommateurs; on réduit nos salaires et nos avantages sociaux au niveau de
ceux de nos concurrents mondiaux; ou on commence à nous intéresser aux
questions et aux manifestations concernant l’OMC – remarquez que je ne dis pas
contre – pour que l’OMC force l’adoption de lois sociales et environnementales
internationales qui feront en sorte que des travailleurs à 7, 10 et 15$ de
l’heure ne soient pas en concurrence avec des travailleurs au bord de
l’esclavage pour le seul profit économique de quelques uns! Sinon il y en aura
encore bien des fermetures de ce genre. Des fermetures éclairs!
***
31 août, 2003
Pour sortir des ornières de l’école et de la cour!
Michel Handfield
L’article de Marie Allard paru dans La Presse de samedi commence
ainsi : «Daniel a 19 ans. Il est incarcéré pour un vol de banque. Sa
petite amie vient passer une fin de semaine par mois en prison et ils font
l'amour. Le reste du temps, Daniel est l'amant d'un autre détenu âgé de 44 ans
qui le protège et le gâte un peu. Il lui arrive également de se
masturber avec d'autres détenus quand il prend sa douche. Daniel est-il
homosexuel?» (1) C’est là un texte pour l'enseignement de la bisexualité en
secondaire I qui va certainement soulever un tollé: Sont-ils trop jeunes pour
ce langage? Pourquoi le contexte carcéral?
N’y-t-il pas d’autres moyens de dire les choses?
Déjà le matin même on en parlait à la radio,
mais je n’ai entendu personne dire que ce texte passe complètement à côté du
sujet cependant. Pourtant ce n’est pas d’homosexualité ni de bisexualité qu’il
est question ici, mais de transaction, de commerce. Car ici l’homosexualité
semble le prix à payer pour avoir de la protection. Là on entre dans des
questions beaucoup plus profondes. Des discussions pourraient avoir lieu sur le
sujet, mais à un autre niveau et dans un
autre cours que celui où il est actuellement utilisé. Il pourrait ainsi servir
au 2e cycle du secondaire, en technique policière, en droit et même
dans un congrès de juristes, car ce texte a un fort potentiel si on le regarde
dans une perspective qui le sort de l’ornière étroite de l’enseignement de la
sexualité dans lequel il est plongé. Des questions pourraient être posées pour animer des
discussions dans différents domaines. En voici quelques exemples de mon cru.
En économie, car il s’agit de l’échange d’un
service, sexuel à défaut d’argents, en
échange d’un autre service: la protection. S’agit-il purement de commerce? Le
troc vaut-il la même chose qu’une transaction en argent? On pourrait même en
profiter pour introduire les concepts de valeur d’échange, de valeur d’usage et
d’origine de l’argent dans la discussion.
En politique: Qu’est-ce qui détermine qu’un
produit ou un service peut être légal ou illégal dans un contexte de libre
marché? Le libre marché peut-il être restreint pour des questions de morale ou
de lieu (la prison)? Comme le jeu ou le commerce de la boisson ont déjà été
illégal, le commerce du sexe et de la drogue deviendra-t-il légal un jour? Pour
poser cette question il suffirait tout simplement de changer le motif
d’emprisonnement de Daniel pour celui de trafic de drogue. Un simple détail.
En morale et en éthique, les questions devraient
être: Le contrat social implique-t-il des droits et des devoirs? Est-il
respecté par l’État, si des détenus doivent se plier à des actes sexuels pour
être protégé? Si l’État ne respecte pas sa part du contrat, les individus
sont-ils tenus de respecter la leur? Les prisons jouent-elles vraiment leur
rôle de réinsertion sociale si l’individu doit payer sa protection de son
intégrité physique ou sexuelle? Est-il
immoral de vendre son corps? Si oui, est-il plus immoral de le vendre
sexuellement que de le vendre pour des expériences médicales? Pourquoi le sexe
gratuit (avec plusieurs partenaires) peut-il être considéré comme de l’émancipation et le commerce du sexe comme
immoral, voir illégal? Pourquoi la prostitution est-elle légale, mais la
sollicitation, en vue de la prostitution, ne l’est-elle pas? Pourquoi la
sollicitation pour vendre de la boisson, le jeu, un programme politique de
droite, une secte religieuse ou des armes est-elle plus acceptable? Revendiquer
un changement à la loi sur la publicité sur le tabac pour sauver le grand prix
n’est-il pas se prostituer, au sens de changer d’idée en échange d’un bénéfice
économique? Qu’est-ce qui détermine qu’une forme de prostitution (changer de
camp politique pour un avantage professionnel par exemple) est acceptable et
une autre (prostitution sexuelle) ne l’est pas? Question de morale? La morale est-elle toujours
éthique? La morale et l’éthique peuvent-elles toujours être suivie à la lettre
ou ne sont-elles qu’une indication? Évoluent-elles au point que ce qui était
immoral un jour peut devenir moral un autre jour? Qu’en est-il dans
l’administration de la justice?
En droit, car si on est dans une société de
droits individuels, qu’est-ce qui fait que la personne a le droit de décider de
son corps pour l’avortement mais non pour la prostitution? Si l’acheteur et le
vendeur sont réputés des êtres libres pour acheter une pseudo thérapie qui peut
avoir des conséquences psychologiques et physiques graves, pourquoi n’en est-il
pas de même pour l’achat de services
sexuels? Si on n’a que des droits individuels, reste-t-il un ciment social ou
la société ne devient-elle qu’un fournisseur de service? Sommes-nous encore des
citoyens ou devenons nous des clients individuels de l’État et du privé? Avons
nous encore des responsabilités et des devoirs collectifs? Si la société en est
une de droits individuels, la prostitution représente-elle un droit face à
l’usage de son corps? L’habillement ou le body piercing sont-ils un droit
individuel à l’école? Si oui, les adeptes du naturiste devraient-ils avoir le
droit de venir à l’école nu ou d’avoir leurs propres classes? Si non, doit-on imposer le costume unique?
L’État peut-il déterminer la limite? Si oui, en revient-on à la censure? Si
non, peut-on en discuter collectivement et s’autogouverner? Là il y aurait des
discussions intéressantes, surtout que l’anarchisme à une certaine attirance
chez les jeunes!
Pour sortir de telles ornières, il faut s’ouvrir
à la multidisciplinarité et tel n’est pas le cas de l’école, qui est la chasse
gardée de la pédagogie, ni de la justice, qui est la chasse gardée des avocats.
(2) Je suis convaincu que des diplômés de d’autres disciplines que la pédagogie
seraient un plus au niveau du cursus de l’enseignement au secondaire tout comme
ils seraient un plus au niveau de la Cour, chasse gardée du droit. On est face
à des corporatismes qui font en sorte qu’on a des spécialistes en sociologie,
en histoire, en littérature, en philosophie, etc. qui ont la capacité de
répondre à ces nouvelles demandes, mais qui n’ont pas le droit de le faire
(c’est-à-dire d’enseigner au secondaire ou d’être juge) pour des raisons
corporatistes. Des spécialistes qui grossissent le rang des sans emplois, à qui
ont leur fait sentir de se trouver une job, mais qu’on ne peux embaucher pour
cause de fermeture corporatiste! Il est là le scandale.
1. Marie Allard, « L'enseignement de la
bisexualité est-il approprié en secondaire 1? » in La Presse samedi 30
août 2003, A-1
2. Je fais ici référence à La Presse du dimanche
31 août 2003 qui nous parle de justice
en première page, sous la plume de Laura-Julie Perreault (« Nomination à
la cour suprême. Le juge en chef du Québec prône la glasnost »), car la
justice relève elle aussi d’un corporatisme. On peut alors se demander: Est-ce
que seuls les avocats ont la capacité de juger? D’autres professionnels
pourraient-ils être nommés juge lorsque la cour comprend plus d’un juge, comme à
la cour suprême du Canada, si le banc comporte au moins un avocat parmi
ceux-ci?
***
21 août, 2003
Tempête dans
un verre d’eau!
Michel
Handfield
Comme la question du mariage gay fait encore des
vagues, que nous en avons traités à une ou deux occasions déjà, qu’un simple
mot :
Mieux vaut
mariage gai que triste mariage!
***
21 août, 2003
Il y a bigots et bigots!
Michel Handfield
En réponse au texte « Les nouveau bigots » de Réjean
Tremblay paru dans La Presse d’aujourd’hui en page F-1.
J’ai apprécié votre texte sur les bigots
anti-tabac qui nous ferons perdre notre grand prix pour entêtement à une loi
anti-pub de tabac.
Mais de l’autre côté, revenir sur cette loi
serait donner raison à d’autres bigots : ceux qui croient que tout passe
par le commerce. Que la démocratie, s’arrête à la liberté commerciale. Que si
la Chine fait du commerce mondial c’est le début de sa démocratisation… même si
les gens y travaillent pour des peanuts et qu’on y emprisonne encore des gens
pour avoir dit et manifesté leur opposition à quoi que ce soit! Ce serait dire
qu’un gouvernement démocratiquement élu doit avoir l’aval des corporations
mondiales avant de passer une loi! Que les citoyens sont en tutelle des
corporations. Aussi bien cesser de voter et faire des appels d’offres auprès de
grandes entreprises de comptabilité, de management et de relations publiques
tant qu’à y être.
Ce n’est pas la meilleure loi et j’en convient,
car commandite et consommation ne vont pas aussi de pairs que certains bigots
veulent nous le faire croire. Je n’ai jamais bu de bière et pourtant tous les
étés je suis un accro de la scène « Labatt blues » depuis les débuts
du festival de jazz de Montréal. Mais revenir sur la loi pour faire plaisirs à
des entreprises multinationales serait pire, car ce serait dire qu’au nom de
quelques dollars on est prêt à laisser aller la démocratie et à se transformer
de Citoyens à clients. Déjà qu’on est assez con pour payer 100$ un chandail ou
une casquette qui porte un « logo-pub » pour avoir l’air « in »
(1), aussi bien céder la gouvernance aux dictats des publicitaires et des
grandes corporations. On n’est plus loin d’une nouvelle forme de dictature,
corporatiste celle-là!
C’est pour cette raison que le Gouvernement ne
doit pas reculer sur cette question; pas pour faire plaisir au lobby
anti-tabac.
1. Imaginez si au lieu de les acheter, du jour
au lendemain, tous les consommateurs les demandaient gratuitement puisqu’il
s’agit d’outils promotionnels pour des marques de commerce et à la réponse
« non » les laissait là, à la caisse des grands magasins qui les
vendent!
***
Note de la rédaction sur la panne:
La panne d'électricité qui a affecté l'Ontario
et le Nord-est des États-Unis a aussi affecté un de nos fournisseurs Internet
pendant quelques jours. Même si pour notre part nous sommes situé à Montréal (Québec, Canada) et que nous
n'avons jamais été affecté par cette panne majeure, nos textes furent
inaccessibles pendant quelques jours. En
conséquence de l'interconnectivité Web, il peut donc arriver que notre site
soit occasionnellement inaccessible sans raison apparente pour nous ou pour
vous; tout simplement à cause d'obscure raison de
réseaux internet. C'est la première fois que cela nous arrive en 5 ans de
production de ce webzine, mais cela nous permet de prendre conscience de la
dépendance accrue de nos vies à la technologie et aux événements mondiaux, vu
l'interconnectivité de notre monde. Ceux
qui croient encore que la mondialisation ne les concerne pas devront un jour se
réveiller. C'est pour cette raison que notre devoir de citoyen nous oblige à
dire quelle mondialisation nous voulons pour ne pas avoir n'importe quelle
forme de mondialisation. Mais croire qu'on peut rejeter la mondialisation est
utopique. Nous ne sommes pas utopique,
mais cynique, ironique et sceptique chez Societas Criticus!
Les éditeurs, 19 août 2003.
***
11 août, 2003
Dear President,
I know as President of USA
your in the top 8 of the world and probably the number one, because the
economic and military power of your country and his pound in World Trade
Organization.
Even if I’m not in accord
with world governance, you play this role. And in this role you have
responsibilities. You forget human and environmental side of your policy; a
lesser preoccupation of your Government and elites of the world, but a
preoccupation of citizens.
WTO without environmental
and social protection will be a mess. Why military power, if a bug in system of
information can erase the earth in few seconds? Why don’t sign Kyoto, if you
place family value ahead of financial one?
You will be running in
election in few times. I suggest to you a book I just read about in La Presse
(Montreal, 9 août 2003) for prepare your running: Sir Martin Rees, Our
Final Hour, Basic Books. It will replace your priorities on
human side. You know, dear George, moral without ethic and other human
qualities (common sense, imagination, intuition, memory and reason), will be a
mess for us – and us include you. (1) In french we said “L’enfer est pavé de
bonnes intentions”. Think to that and find a balance between conservative and
liberal values, because the extreme isn’t good for anybody. You have
responsibilities, don’t forget.
Note :
1. Saul, John Ralston, 2001 (2002), On
equilibrium, Canada: Penguin book. Quand au livre de
Sir Martin Rees, sa sortie est aussi prévue en français sous le titre de
« Notre dernier siècle » aux éditions J.C. Lattès.
Sincerely,
Michel Handfield, M.Sc.
sociology
Editor of Societas
Criticus, socio-political web review
Montréal (Québec) Canada
Citizen of the world.
***
3 août, 2003
La joyeuse question
Michel Handfield
L’Église Catholique demande l’appui de ses
ouailles pour s’opposer aux mariages entre conjoints de même sexe. Elle
s’oppose aussi au mariage des prêtres, car ils sont déjà mariés au Christ! (1)
Le Christ étant un homme, le mariage des prêtres n’est-il pas un mariage entre
conjoint du même sexe? Question comme ça d’un hétéro non marié et qui regarde
tout ce débat avec un certain scepticisme. On peut bien marier des couleurs et
on ne pourrait pas marier des amoureux! De toute façon, comme les hétéros ils
auront droit au divorce et l’idée du mariage leur passera à eux aussi!
1. « Autrement dit, si le Prêtre se mariait
avec une femme il ferait quelque chose de semblable à de l'adultère. Quand on
est déjà engagé dans une unité impliquant une fécondité substantielle (que cela
soit l'enfantement d'un homme, ou l'enfantement du corps eucharistique du
Christ), on ne peut pas penser à d'autres fécondités sans adultère. » (Source : http://catholiquedu.free.fr/revelation/paroissiales/MARIAGEPRETRES.htm)
***
30 juillet, 2003
Congédiez les, sont « stones » ben raides!
Michel Handfield
On m’annonce depuis le début de la semaine le
concert des Stones à Toronto: « Les Stones à Radio-Canada » (avec la
langue, oui, oui, si distinctive) est même en gros plan dans La Presse
d’aujourd’hui. Et en plus petit on nous parle de « La chicane »,
« The gess who », et plusieurs autres. Bref, je vais voir les Stones
à Radio-Canada! Wow. En plus d’une heure, j’ai appris que les Stones sont en
train de chanter et qu’on va probablement nous passer leurs 3 dernières tounes!
On est loin de la pub.
Congédiez les responsables de cette pub
racoleuse et de cette émission… parce que votre programme ne correspond pas du
tout à vos promesses et n’est pas digne de Radio-Canada. C’est de la pub
racoleuse digne de d’autres stations que je boycotte justement à cause de leur
racolage. « Les Rollings Stones sont actuellement sur scène, ça fait un
bon background » nous dit Claude Deschênes au moment où j’écris ces
lignes. C’est tout dire – un peu plus je croirais qu’il se moque de moi! Je ne
suis pas stone, mais indigné, car Radio-Can m’a habitué à mieux. Il est vrai que je suis un fan de la radio de
radio-Can (la première chaîne pour tout vous dire). Peut être que la télé n’est pas du même
niveau. Plus commerciale, plus racoleuse.
Et pauvre Virgine Coossa, qui nous répète qu’on
va avoir les 3 dernières chansons des Stones et qui continue à nous parler du
bilan de la journée. Si bonne soit-elle, ses présentations auraient dues être
avant et après la prestation des Stones, mais surtout pas pendant leur
prestation! Car la pub nous a vendu la langue de Jagger… pas les lunettes de
Virginie, même si elles sont très fashion ses lunettes! Car la langue des
Stones était en gros plan dans votre pub de la page A-8 de La Presse
d’aujourd’hui… et Virginie Cossa n’avait même pas de lunettes sur la pub.
Serait-ce la raison pour laquelle elle ne savait pas que vous vendiez les
Stones? A devait bien être la seule avec les Alexandria Diaz et Claude
Deschênes, car nous les téléspectateurs ont le savait que vous nous aviez vendu
les Stones! Et vos gestionnaires aussi j’espère. Si vous le saviez pas, les
publicitaires le savaient eux autres, car ils nous offraient des DVDs des
Stones en spectacles, justement ce que l’on devait voir sur vos ondes :
« Les Stones à Radio-Canada ».
***
27 juillet, 2003
Les murs!
Michel Handfield
« Israël défend son mur le long de la
Jordanie » comme étant une « clôture de sécurité » nous apprend
La Presse du 26 juillet 2003.
Sous le nazisme, les Juifs ont été emmurés dans
le ghetto de Varsovie. C’est le thème du film « Le pianiste ».
Excellent film d’ailleurs.
Dans « The wall », célèbre film de
Pink Floyd, on joue sur les faits vécus et observés lors de notre enfance qui
forment notre psyché et nos comportements adultes. Il y a des murs qui se
font et se défont dans nos têtes; murs
qui bloquent ou orientent, en bien ou mal, certains de nos comportements.
Alors, je pose la question: comme un enfant battu risque de reproduire le
comportement acquis, Israël reproduit-il
le fascisme vécu? Il a connu le mur, il refait le mur! Ne dit-on pas que
l’histoire se répète. Triste illustration s’il en
est.
***
22 juillet, 2003
Hey Man!
Michel Handfield
Je me qualifie du
courant du libéralisme social (1) et je trouve que le retrait de John
Manley de la course à la chefferie du
Parti Libéral du Canada est malheureux, car il avait des positions
rafraîchissantes, notamment l'abandon de la monarchie. On pouvait espérer qu'il
soit du centre gauche, ce qui aurait fait du bien pour conserver une saine
opposition continentale face à la droite ultra conservatrice états-uniennes. Un
contrepoids nécessaire, qu'il aurait cependant fallu renforcer par des
alliances avec certains États sud-américains et Européens. Des choses
réalisables sous un leadership de centre gauche cependant.
Espérons que Paul
Martin, malgré ses origines bourgeoises, saura nous surprendre en n’étant pas
trop à droite, mais de centre ou, osons le croire, de la frange du
centre-gauche, car :
« (…) the only way Canada could be governed successfully was from
the centre-left. » (Saul, p. 67)
N’oublions jamais que l’histoire a connu des
bourgeois ayant une vision sociale, en commençant par Marx et Engels – ce
dernier étant propriétaire d’usines! Peut être que… nous pouvons espérer.
En terminant, je
conseille donc à Paul Martin, à mes amis Libéraux Fédéraux (2) et à nos
lecteurs la lecture des deux ouvrages suivants, qui offrent une vision fort
intéressante pour l’avenir du Canada:
Mc Roberts, 1997, Misconceiving Canada,
Canada: Oxford University Press;
Saul,
John Ralston, 1998, Reflection of a siamese twin Canada at the end of the
twentieth century, (Paru depuis en français sous le titre de Réflexions d'un frère siamois chez Boréal), Canada: Penguin book.
Notes:
1. Le libéralisme social est une forme plus à
gauche du libéralisme, alors que le néolibéralisme en est une forme d’extrême
droite. A ce sujet voir le libéralisme
sur notre page Idéologie.
2. Je ne peux parler du Québec quand je parle de
libéral, le Parti Libéral du Québec (PLQ) n’ayant que le nom, pas l’esprit. En
effet, ici, libéral se confond avec fédéraliste, mais pas nécessairement avec
une idéologie libérale. Le chef du PLQ
(Jean Charest) est d’ailleurs un ancien ministre et un ancien chef du
Parti Conservateur du Canada! Quand à sa contrepartie, le Parti Québécois,
malgré un discours social démocrate, il s’était lui aussi donné un chef
conservateur (Lucien Bouchard) comme sauveur à la suite de la défaite
référendaire de 1995, soit un des ex-confrères de Jean Charest dans le
Gouvernement conservateur de Brian Mulroney! C’est d’ailleurs ce Gouvernement
Bouchard qui a forcé la fusion de Montréal, allant ainsi dans le même sens que
le Gouvernement conservateur de Mike Harris en Ontario, qui l’a fait avec
Toronto! Et au changement de la garde pour Bernard Landry, les mêmes politiques
ont été poursuivies avec vigueur. Ce n’est qu’en campagne électorale que le
programme a tourné plus à gauche, vers une social démocratie allégée pouvons
nous dire, mais en sachant fort bien qu’elle ne serait pas appliquée en cas de
défaite électorale, ce qui était prévisible d’ailleurs! Mais cela donnait
toujours une pureté sociale-démocrate retrouvée pour critiquer les politiques
du nouveau gouvernement en place.
Au Québec, nos partis sont davantage des
coalitions de libéraux et de conservateurs, la ligne de démarcation étant leur
allégeance au Canada (PLQ) ou à une forme de souveraineté-partenariat du Québec
(PQ). Mais pour la démarcation
idéologique, on repassera. Nos deux grands partis seront plus ou moins à droite
selon le groupe idéologique (conservateurs, libéraux ou social-démocrate) le
plus nombreux au sein de l’appareil du parti et du Bunker. Ainsi le PLQ semble
plus à droite que le PQ, mais cela ne fait pas pour autant du PQ un parti de
gauche. Loin s’en faut.
***
6 juillet, 2003
De l’asphalte c’est ti assez beau…
Et pour cette raison Val-David veut mettre à
terre « Guindonville » (http://guindonville.ca.tc) pour remplacer ces maisons, où logent de modestes citoyens (artistes
et artisans, gens à faible revenu, personnes handicapées) qui cherchent à
conserver leur autonomie et leur dignité, par de la belle asphalte toute neuve.
Un très beau projet urbanistique : de la belle asphalte comme un tableau
noir pour des artistes! Un stationnement, n’est-ce pas un beau projet de
développement social et culturel pour un village qui se targue ainsi sur son
site Internet (www.valdavid.com): «Village de nature et de culture, Val-David vous accueille en toutes
saisons, à vélo, à ski, ou en canot.» Et ils pourront ajouter en autos très
bientôt!
Pourquoi ne pas plutôt rénover ce milieu de vie
et y conserver ses habitants. Profitant des rénovations, la ville pourrait
toutefois y ajouter un centre culturel. Les artistes et artisans du site – et
de Val-David – pourraient alors y exposer et vendre des œuvres. N’est-ce pas
mieux que de les mettre à la rue? Et je suis sûr que la ville pourrait y
trouver sa part par la vente de différents services et, surtout, la promotion de Val-David qui en résulterait,
vous savez ce que nos élites appèlent les retombées économiques quand ils
subventionnent une multinationale!
Mais de grâce pas de stationnement! Village de
nature, ce site doit conserver ses accessibilités naturelles actuelles. Village
de culture, ce site doit conserver ses habitants. A moins que nos élites ne
soient que des hélices qui tournent en rond… continuellement. Alors, pas de
vision, que la répétition des erreurs du passé! Et dans 30 ans, comme à
Montréal actuellement, vous découvrirez qu’un stationnement, finalement, ce
n’est qu’un terrain vague asphalté! Tout sauf un milieu de vie, quoi. Mais il
sera trop tard… encore une fois!
Michel Handfield, délinkan intellectuel pour
penser autrement!
***
26 juin, 2003
Blues First
Michel Handfield
J’arrive de voir Jimmy James au Festival de Jazz
de Montréal, du blues, only blues! Je vous conseille la scène Labatt Bleue tous
les soirs du festival à 19h (en reprise à 23h) et 21h. Du blues rien que du
blues… du 26 juin au 6 juillet. Et Steve Hill à la scène performances GM, le 27
à 21h.
Du blues pour se changer des bleus, car au
Québec on est bleu! Les péquistes avaient un chef bleu – Bouchard – et les
Libéraux ont un chef bleu - Charest – deux anciens ministres du
gouvernement conservateurs de Mulroney! De quoi
avoir les bleus! Vivement le blues!
C’est même drôle de voir l’antipathie du peuple
pour le gouvernement qu’il a élu, comme si un chef conservateur pouvait se
transformer en Libéral par un coup de baguette magique! You Hou, il est chef du
parti Libéral parce qu’il est fédéraliste, pas parce qu’il est libéral! Faut
lire ce qu’il y a d’écrit à l’endos de l’étiquette aussi avant d’acheter un
produit!
Quand au PQ, qui avait promis mer et monde dans
son budget, déposé la veille de l’élection mais jamais adopté dois-je le
rappeler, il a le beau jeu de dire que leur budget était mieux! Mais s’il était
mieux, pourquoi n’ont-ils pas attendu l’automne avant de déclencher des
élections pour qu’on voit ce budget à l’œuvre? Peut être parce que le PQ savait
que c’était un budget d’élection qui n’était pas applicable dans la réalité?
Ainsi, si le PQ était défait, ce qui était
prévisible, il se réservait le beau rôle de dire qu’ils avaient présenté mieux
que le parti au Pouvoir (faut bien préparer le mécontentement public pour reprendre le Pouvoir au plus
vite)! Et si le PQ avait été élu, je suis sûr qu’il aurait pu modifier ce
budget pour répondre à des circonstances qui ont changées… à cause de la
situation aux Etats-Unis, de la crise du SRAS ou de n’importe quel autre
prétexte! C’est ça la politique. Et les prétextes de ne pas faire ce que l’on a
promis, l’actualité mondiale en fourni tous les jours! Alors, sortons notre
blues dans la rue! Tous au Festival de jazz!
***
19 juin, 2003
A quand un vrai leadership libéral et montréalais?
Michel Handfield
Dans les nouvelles
d’aujourd’hui on nous parle d’un manque d’argent au niveau des Commissions
scolaires et de fermer le Métro de Montréal la fin de semaine pour combler un
déficit! Hi, Hi, ça me fait rire! On crie au drame après les
« Libéraux », mais, you hou, pourquoi ne pas poser la question au PQ
et à M. Bourque: Où est passé l’argent qui devait nous sortir par les oreilles
avec la grande ville de Montréal et les économies d’échelles?
Mais je ne suis pas
surpris. On veut payer moins d’impôt et surtout ne pas s’impliquer
politiquement. C’est ainsi que le PQ a fait un budget, mais est allé en
élection avant même de le faire fonctionner, car il savait bien ne pas avoir
les moyens de l’appliquer avec tout ce qu’il avait donné en avantage aux
entreprises au nom de Québec Inc.
En même temps on dit
que l’Etat gère mal et que le privé est la solution… alors on vote pour un
gouvernement qui dit qu’il faut réduire l’État! Depuis qu’on leur demande de
réduire les dépenses!
Réduire l’État, ça
veut dire couper dans l’éducation, le transport en commun, la santé… bref dans
l’État! Ce n’est pas une grosse surprise. En autant que l’État donnera des
subventions et des crédits d’impôts à Québécor et à Star Académie pour nous
faire oublier la politique… le peuple sera content! Et s’il manifeste… on aura
juste à placer des reprises de Star Académie à la même heure pour que les
manifs soient un flop monumental! C’est pourtant simple le partenariat
public-privé quand on le comprend. (1)
Bref, d’un bord ou
de l’autre c’est pareil, car au Québec on a des nationalistes et des
fédéralistes, mais on n’a pas de véritables choix politique entre
conservatisme, libéralisme, libéralisme social, socialisme et communisme comme
l’ont d’autres pays. J’ai l’impression qu’on n’a que des conservateurs… et ce
sera ainsi tant que le citoyen ne comprendra pas qu’être citoyen nécessite de
s’impliquer politiquement.
Si vous voulez que
ça change, commencez d’abord par vous intéresser à la politique. Sinon vous ne
serez que des clients et vous n’aurez rien de plus, rien de mieux, que ce que
l’on vous offrira si on considère que vous représentez un marché suffisamment
intéressant… pour qu’on vous offre des choix multiples! Car on peut bien ne
vous offrir qu’un choix comme à une certaine époque où toutes les couleurs de
voiture étaient disponibles à condition que ce soit noir! Noir comme dans la grande noirceur de Duplessis!
D’ailleurs à la
dernière élection j’avais l’impression de me trouver devant trois fois rien.
Trois descendants de Duplessis et du conservatisme Québécois, de la grande
noirceur justement. Ce n’est pas surprenant quand on sait que tant Jean Charest
que Lucien Bouchard - car Landry n’a que
poursuivi sur la lancée Bouchard - furent des ministres conservateurs de
Mulroney et que le « jeune » Dumont, fut un émule de Bourassa, lui
aussi assez conservateur soit dit en passant pour un « cheuf »
Libéral. Ce n’est pas pour rien que quelques-uns de ses ministres furent nommés
Sénateurs conservateurs… sous Brian Mulroney!
Bref, j’ai hâte de
voir autre chose que du conservatisme au Québec! Mais je n’y compte pas trop.
Il serait peut être tant d’avoir un nouveau leadership à Montréal et de
proposer de séparer toute la région montréalaise, de l’Outaouais et du Sud du Québec (qui
étaient pour le Non au dernier référendum) de façon à former une nouvelle
province: la province de Montréal. Province de plus de 3 millions d’habitants
ayant pour première langue le français, mais enseignant le français, l’anglais
et l’espagnol à l’école non confessionnelle; et ayant une Charte des Droits et
Responsabilités des Citoyens!
Note:
1. Le partenariat public privé, ça veut dire que
le public subventionne l’entreprise privée pour faire ce que le public aurait
pu faire. C’est ainsi qu’en même temps que Pierre-Karl Péladeau voit ses
entreprises bénéficier de subventions importantes de l’État pour Sa télé et Ses
magazines, il ne se gène pas pour demander que l’État coupe dans les fonds de
Radio-Canada, car est-il possible de « gaspiller » ainsi des fonds publics
à faire de la télé! Quel paradoxe n’est-ce pas. Le Client n’a pas à être au
courant, le Citoyen le devrait!
***
12 juin, 2003
Montréal mérite de vivre… et les montréalais de crever peut être?
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
Délinkan Intellectuel
Dans La Presse du 11 juin 2003, des leaders de
Montréal défendent la grande ville pour des raisons économiques et de
concurrence internationale. (1) Les grandes villes, en substances, sont
économiquement plus viables.
Si la seule raison de faire une grande ville est
économique, nos leaders passent à côté des vraies affaires. Car le monde des
affaires suit des modes. Ce fut les conglomérats, ensuite les ventes de feu
pour se centrer sur leur « core product », après cela les
fusions… Bref tout les 10 ou 20 ans il y a une nouvelle mode managériale et
faire une grande ville uniquement pour répondre à l’économique est futile. Car
demain ce sera peut être la ville moyenne qui sera à la mode! On défera alors
ce qu’on a fait pour répondre à la nouvelle mode de la décennie. Comme pour les
stades de Baseball! Quelle gestion visionnaire.
En fait, le Politique ne doit pas être au
service de l’économique, car le Politique est la représentation citoyenne. On
se rappelle Socrate, Platon, Marx, De Gaule, Kennedy. Des gens du Politique.
Pouvez vous me nommer les grands patrons des mêmes époques qui ont fait
l’entête du Fortune 500 de leur temps? Non? Voilà la place de l’économique et
du management dans l’histoire. (2) On ne
fait pas une Cité pour répondre à l’économique, mais l’économique devrait
répondre aux besoins de la Cité et aux balises du Politique. Non l’inverse.
Jamais l’inverse.
Car si on veut faire une ville pour répondre à
l’économique et à la concurrence mondiale, concurrence non balisée par le
Politique qui semble oublier son rôle depuis que l’État nation fut supplanté
par des entreprises qui jouent sur la planète sans aucune instance politique au
dessus de leur tête, car les États sont trop divisés culturellement,
religieusement et politiquement pour s’entendre sur une véritable gouvernance
mondiale minimale, je vous recommande de
passer immédiatement une loi réduisant le salaire moyen à Montréal à 1 ou 2$
par jour, car la concurrence nous vient de pays qui ont de tels niveaux
salariaux et une absence totale de normes sociales, environnementales et de
salubrités du travail. De pays ou un
chef syndical est passible de recevoir une balle dans la tête je tiens à vous
le rappeler.
Alors une grande ville pour des raisons
économiques, non merci! C’est un total manque de vision, et ce n’est pas
le premier, pour des raisons idéologiques et de prestiges. Ce n’est pas pour
rien que le Citoyen ne fut jamais consulté sur le sujet d’ailleurs. Malgré
toute votre compétence vous êtes tombé dans le piège de la politicaillerie.
Mais vous n’êtes pas les premiers et vous vous en remettrez. Mais je ne suis
pas sûr que Montréal s’en remettra. Car les problèmes de Montréal ne sont pas
davantage réglés par une grande ville que les problèmes d’Air Canada l’ont été
par sa fusion avec d’autres entreprises aériennes.
Notes :
1. Carle Bernier-Genest, Prés. Forum jeunesse de
Montréal; Simon Brault, DG, école nationale de théâtre du Canada; Dinu Bumbaru,
Directeur des programmes, Héritage Montréal; Xavier Ceccaldi, V-P, Daniel
Arbour & Ass.; Pierre Desrochers, Prés, CRDÎM; Benoit Labonté, Prés.,
Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain; Robert Lacrois, Recteur de
l’Université de Montréal; Gilles Laroque, Directeur, bureau régional de
Montréal de la FADOQ; Claude Lauzon, DG de la CDÉC Côte des Neiges-NDG; Henri
Massé, Prés. De la FTQ; Philip O’Brien, Prés. Du Conseil de Devencore; Robert
Perreault, DG du Conseil régional de l’environnement de Montréal; et Arthur
Sandborn, Prés. du Conseil Central du Montréal métropolitain de la CSN; « Montréal mérite de vivre! »
in La Presse, 11 juin 2003, p. A 13
2. Pour vous sortir de votre aveuglement
idéologique je vous conseille la lecture de tous ces ouvrages de John
Ralston Saul… car je m’en suis fortement inspiré dans la rédaction de
ce paragraphe:
Saul, John Ralston, 1992, Voltaire's Bastards,
Toronto: Penguin book.
Saul, John Ralston 1994, 1995, The Doubter's
companion, Toronto: Penguin book.
Saul, John Ralston, 1994, Le citoyen dans
un cul-de-sac?, Québec: Musée de la civilisation/Éditions Fides
Saul, John Ralston, 1995, The unconscious
civilization, Canada: CBC/SRC - Anansi
Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium,
Canada: Penguin book
****
11 juin, 2003
Le joyeux mariage!
Michel Handfield
Un débat a actuellement
cours pour savoir si les gais et lesbiennes peuvent se marier. C’est paradoxal,
car en même temps qu’on hésite sur cette question, le mariage est de moins en
moins une valeur chez les hétéros. En font fait l’union libre et les divorces.
Pourquoi tant défendre cette question du mariage bec et ongle sortie? Et bien
je crois avoir trouvé. Ce n’est pas la question du mariage qui fait problème,
c’est la notion de couple. En effet :
- Un couple, c’est
la réunion de deux choses complémentaires; et
- Une paire, c’est
la réunion de deux choses identiques.
Alors on peu marier
un couple hétéro ou une paire homosexuelle! Voilà, et le mariage ne devrait pas
être un problème ni pour les uns ni pour les autres! Ceci devrait clore ce
débat. Et si vous croyez que je suis cynique et que je crois qu’il faut mettre
un peu d’humour dans ce débat, je crois que Diogène le cynique serait aussi de
votre avis, car comme tout bon cynique il savait que la vérité des uns n’est
pas nécessairement celle des autres et qu’une idée fixe n’est pas la meilleure
idée. En son temps la question homosexuelle ne se posait même pas. Ni celle
hétérosexuelle. C’était une question personnelle.
En fait c’est la
morale judéo-chrétienne qui a amené cette question à l’avant plan social, moral
et politique. Avant, au siècle de Périclès, cette question n’était pas
d’utilité publique. Elle était privée.
Note : A ce sujet il peut être intéressant de lire deux romans,
basés sur des faits historiques, de Gérald Messadié, soit :
- L’homme qui devint Dieu, Paris: Laffont, Le livre de poche, 1988;
- Madame Socrate, France : JC Lattès, 2000.
***
jeudi, 5 juin, 2003
Constat d’échec!
Michel Handfield,
M.Sc. sociologie
Michèle Ouimet, dans un éditorial de La Presse
d’aujourd’hui, nous apprend qu’à peine 60% des élèves obtiennent leur diplôme
de secondaire V dans les délais prévus au Québec; à la CSDM c’est seulement 45%
des élèves qui réussissent dans les 5 ans prévus et de ce nombre seulement 37%
des garçons; et à la Commission Scolaire de la Pointe-de-l’île (Est de
Montréal), seulement 43% des élèves réussissent en 5 ans, dont 33% de garçons!
Je me pose donc une question.
On nous dit que pour enseigner au
primaire/secondaire il faut être diplômé en éducation. Avec un tel taux de
réussite je me demande si on doit leur laisser l’exclusivité de l’éducation.
L’éducation est affaire de société, alors elle doit être ouverte à davantage de
professionnels qu’aux seuls pédagogues-démagogues! Les chiffres le montrent
depuis 10 ans, car depuis plus de 10 ans le taux de diplomation stagne autour
de 60%! Pourquoi qu’à partir du secondaire un(e) diplômé(e) en histoire ne
pourrait pas enseigner sa matière. Il la connaît, il l’aime… et pourrait la
faire aimer! Par la même occasion, il pourrait davantage faire aimer l’école
peut être! La même chose pour bio, société, physique, etc. On aurait ainsi un
mix davantage gagnant entre pédagogue et autres professionnels pour le bien de
nos futurs citoyens. Car si le but de
l’école est de former des citoyens et non de protéger des castes syndicales,
tous, du ministère aux syndicats, doivent être ouvert à de tels changements.
Moi même, comme sociologue, je suis disponible à
aider. Mais pour aider… il faut que le système soit ouvert. Sinon, cela demeure
lettre morte! Et c’est trop souvent le cas au nom d’un certain corporatisme malsain.
***
30 mai, 2003
Je relis Le Prince!
Michel Handfield
La nouvelle ministre Libérale déléguée à la
Santé, Julie Boulet, a démissionné. Elle avait accepté des contenants de
plastique pour ses clients. N’y a-t-il pas eu un ministre péquiste qui était
allé parler à des fabricants de médicaments dans une activité du Bloc Québécois
à quelques centaines de dollars le couvert il y a quelques mois? J’ai comme un
vague souvenir. Mieux, il y en a eu
trois! Pauline Marois en 2000 à 350$ le couvert; Rémy Trudel en 2001 à 125$ le couvert; et
François Legault à 100$ le couvert le 28 novembre 2002! Et deux d’entre eux ont
eu des ambitions de leadership au PQ.
C’est vrai que le Bloc Québécois est au Fédéral
et que c’est alors permis. Aucun n’a eu
à démissionner. Bref, le fédéralisme était gagnant pour le PQ ces soirs là! Il
y a de ces paradoxes ou de ces hypocrisies! A vous de choisir, moi je relis Le
Prince de Machiavel!
***
22 mai, 2003
Les expressions positivement casse-gueule…
Et les cols bleus dans tout ça!
Michel Handfield
Je suis tanné d’entendre les expressions comme
« Faut penser positif », « La Force est en toi »,
« Cultive ton jardin intérieur », « Tu vas grandir
intérieurement » et leurs dérivés tels « sois positif »,
« pense positif », « sois fort » et autres pensées nouvel
âge basée sur l’être, le soi, l’individu.
Bref cette philosophie auto centriste sur le Moi: « Je suis
Dieu », « Je suis l’univers », « L’univers est en
moi » et tous ses dérivés cul-cul.
Pour moi, tout ce positivisme est négatif. Car
c’est ainsi que l’on brise les solidarités sociales. Ça va mal à shop, pense
positif. Cultive ton jardin intérieur, ça va bien aller pour toi. Laisse faire
les autres, tu es Dieu! Ça va mal à « shop », je vais aller me faire
replacer mes chakras ou je vais aller faire mon Yoga seul dans mon coin.
Mets-en que ça va améliorer les choses si toute la « shop » ne se
parle pas, ne se coordonne pas et ne s’organise surtout pas!
Adieu solidarité sociale (implication politique)
et défense ouvrière (syndicalisme) avec de tels discours. Et le plus beau de
l’affaire (comme le dirait Brassens) c’est qu’on paie des livres, des disques,
des cours, des films et des « coach » pour nous désolidariser ainsi.
Et on est tout heureux de ça… On s’en vente même!
Le capitalisme est train de gagner sur toute la
ligne grâce à cette idéologie nouvel âge: il met fin aux solidarités et
remplace le citoyen ou le travailleur insatisfait par un client qui est heureux
de payer pour oublier ses problèmes, car il est convaincu que le problème est
en lui! Qu’il est la source du mal! (1) Ce n’est pas la course effrénée à la
productivité. Ce n’est pas la surcharge de travail pour accroître le rendement
de l’action, même si on a coupé 3500 jobs en même temps qu’on a signé un
nouveau contrat pour vendre 30% plus de produits. Ce n’est pas que tu es en
« stand by » 7 jours par semaine, car ton boss t’appelle où que tu
sois (même aux toilettes), à une heure d’avis, pour entrer sur la « job »
tout de suite! T’es irremplaçable jusqu’à temps qu’il coupe 3500 jobs pour
faire plaisir à ses actionnaires! Ce n’est pas que tu doives répondre aux
clients tout en conduisant, parce que ton « boss » te fourni un
cellulaire pour être toujours branché sur le client! Non. Rien de cela n’est en
cause dans les problèmes que tu vis. Ce sont tes chakras qui doivent être
débalancés! Ou bien tu ne penses pas positif. Faut que tu vois à toi, car toi
tu es important pour nous. L’humain est notre principale ressources nous disent
les entreprises! Ressource, comme dans exploitation des ressources naturelles
peut être?
Non mais, ne pourriez pas voir à l’organisation
du travail « sacrament » avant de voir au chakras! C’est vrai que les
syndicats ne sont plus synonymes de défense ouvrière, mais de banque depuis
qu’ils sont dans les RÉER! Mais réveillez-vous. Le plus grand principe de
pouvoir, utilisé par tous les colonialistes d’ailleurs, fut de diviser pour
régner. Quelle belle division que celle de l’individualisme. Le problème c’est
moi. Moi je pense à mes problèmes et je ne m’occupe pas des autres. Le nouvel
âge, qu’elle belle invention pour le patronat. Peut-on diviser davantage un
groupe que l’amener à un agrégat d’individus qui pensent chacun pour soi? On ne
pense même plus à diviser des groupes. On en est à l’individualisme et la fin
des solidarités sociales. Rien de moins. C’est à se demander si ce n’est pas le
patronat qui a inventé le nouvel âge pour son plus grand profit!
C’est ainsi que je ne suis pas d’accord avec
l’intimidation que font les cols bleus de Montréal dans une société
civilisée, mais que d’un autre côté je
suis heureux qu’ils s’élèvent en défenseur
de la notion de solidarité. Car eux sont solidaires. Les cols bleus,
rempart pour notre société à l’avancé d’un individualisme menaçant? Mais à quand le réveil des intimidés? Quand
les citoyens vont dire, sacrament, c’est pour nous autre que vous travaillez?
Si ça ne fait pas, crisser votre camp, on va vous remplacer! Quand les citoyens
vont dire la même chose aux politiciens qui défendent leurs intérêts avant ceux
de la Cité? Pourquoi, on n’accorde pas la priorité aux montréalais pour les
« jobs » dans leur ville? Car si on n’aime pas assez la ville pour y
rester, l’aime-t-on assez pour la servir? Faudrait poser la question. Mais
continuons à penser positif, on va se sentir mieux. Et si ça se dégrade, bien
on sentira les vidanges et pour se consoler on lira les nouvelles roses bonbons
de la convergence des médias! Vous savez les magazines qui nous parlent de
choses aussi importante qu’un(e) artiste qui s’est cassé un ongle dans son tour
de chant… mais qui ne feront jamais un interview avec un penseur sérieux de
peur de réveiller le monde!
Note :
1. Et dire que les gens ont quitté la religion à
cause du péché! Maintenant ils paient pour se faire dire qu’ils sont la source
du mal! Réveillez moi quelqu’un!
***
11 mai, 2003
Moderniser le Québec… ça commence par la dysfonction publique!
Monsieur Jean Charest, Premier Ministre
Monique JÉRÔME-FORGET, Présidente du Conseil du
trésor et Ministre responsable de l'Administration gouvernementale
Michel
DESPRÉS, Ministre du travail
Claude Béchard, Ministre de l'emploi et de la
solidarité sociale
William "Bill" CUSANO, Député de Viau
Vous avez plusieurs responsabilités qui vous
attendent, dont remettre le Québec sur ses rails et moderniser la fonction
publique. Je suis prêt à vous aider, mais il semble y avoir des zones de
blocage dans la machine gouvernementale. Des dits et des non-dits. Des doubles
langages. Cette semaine encore j’en ai eu une preuve.
J’ai appliqué pour un poste
d’inspecteur-enquêteur classe nominale à la Commission des Normes du Travail.
On exigeait un secondaire V et quelques années d’expériences pouvant être
compensée par des études supérieures et même «la charge de travail
familiale»! J’ai une maîtrise en
sociologie; je suis homme au foyer, car je ne trouve pas d’emploi, ce qui me
donne l’expérience de «la charge de travail familiale» comme on le dit si bien
dans l’offre; et je fais une revue Internet (www.homestead.com/societascriticus),
qui a des lecteurs jusqu’en Europe, mais qui ne paie pas. Elle me permet
cependant de me réaliser et de rester « up to date ». Bref, je crois avoir une certaine capacité
intellectuelle pour exercer un travail de classe nominale à la CNT. Malgré cela, je ne fus pas surpris
d’apprendre que ma candidature « ne peut être retenue puisque vous ne
possédez pas l’expérience pertinente c’est-à-dire une expérience acquise dans
l’exercice d’attributions comparables à celles indiquées dans l’appel de
candidatures », car c’est toujours ainsi.
Mais là c’en est trop. Je suis tanné de cette
réponse sibylline. J’ai quelques questions que vous devriez poser à vos
fonctionnaires, ou si vous n’avez pas le temps de le faire, que je pourrais
leur poser si vous m’engagez sur un comité quelconque en vue de la
modernisation de la fonction publique et de l’État: Vos concours sont-ils
bidons? Est-ce qu’ils s’adressent uniquement à ceux qui sont déjà dans la fonction
publique ou dans votre mire (ceux qui ont des contacts)? Comme vous êtes obligé
de faire des concours publics par la loi, faites-vous quelques fignolage dans
vos appels de candidatures pour vous
montrer ouvert (l’expérience pouvant être compensée par des études supérieures
et même « la charge de travail familiale ») tout en sachant bien que
la réponse est déjà prête: l’expérience devait être dans l’emploi? Ce qui est
écrit dans l’annonce n’est-ce que du toc pour faire plaisirs aux droits de la
personne et aux groupes de pressions?
L’apparence d’ouverture est-ce juste pour que vos partenaires soient
contents, que les politiciens jubilent, et endormir le peuple?
A moins que ce ne soit à cause de mon nom, qui
est anglophone malgré que je sois francophone (la lignée des Handfield dont je
suis est francophone depuis plus de deux cents ans). Serais-je victime de
discrimination linguistique sur la seule base de mon nom? Cela dans un Québec moderne et ouvert sur le
monde… comme se plaisait à le dire votre prédécesseur. Vous avez du travail à
faire pour que la réalité reflète enfin ses beaux discours!
Ou encore mon âge. Je viens d’avoir 45 ans.
Quand j’ai fini le bac, on coupait partout (82). J’ai quand même eu un petit
contrat de recherche. Ensuite j’ai fait une maîtrise (88), et on coupait encore
partout. Bref pour l’expérience, ce n’est pas de la tarte et pendant ce temps
je vieillis. D’où est-il plus rentable pour vous d’engager de jeunes diplômés
que ceux qui, d’une autre époque, ont cru aux études? J’ai comme une vague
impression de m’être fait avoir et je me demande sérieusement si je réussirai à
travailler un jour si cette mentalité de l’expérience persiste. Que faire cher PM?
A moins d’être nominé sur l’un de vos comités
d’études ou une commission quelconque, je me sens condamné avant d’avoir pu
plaider ma cause et en conséquence, malgré mes 45 ans, comme j’ai fréquenté
Rousseau, Diogène le cynique, Machiavel, La Boétie et quelques autres éminents
auteurs des siècles passés en plus de mes contemporains, devrais-je demander ma
pension de vieillesse tout de suite?
Bien à vous,
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
Résident du Comté de Viau
cc : A la fonctionnaire de la CNT qui m’a
répondue
***
26 avril, 2003
Histoire et Futurologie!
Petit guide à conserver.
Michel Handfield
Les députés n’étaient déjà pas assermentés que
nous apprenions que le Québec a un trou budgétaire. De quoi ne plus pouvoir
tenir les promesses de la campagne électorale. Ça sent le déjà vu. Et bien
voici quelques citations qui sont bonnes pour comprendre tous les gouvernements
passés et futurs. Petits guide à
conserver pour toutes les élections qu’elles soient nationales, régionales,
provinciales, syndicales, scolaires… ou arrangées.
« Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet
accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l'ont déterminé à
promettre n'existent plus: tel est le précepte à donner. (…) Et d'ailleurs, un
prince peut-il manquer de raisons légitimes pour colorer l'inexécution de ce
qu'il a promis? » (Machiavel, Le Prince, p. 128)
« Encore une fois donc, un prince qui est
aimé de son peuple a peu à craindre les conjurations; mais s’il en est haï,
tout, choses et hommes, est pour lui à redouter. Aussi les gouvernements bien
réglés et les princes sages prennent-ils toujours très grand soin de satisfaire
le peuple et de le tenir content sans trop chagriner les grands : c’est un
des objets de la plus haute importance. » (Machiavel, Le
Prince, p. 136)
« Sur quoi il y a lieu d’observer que la
haine est autant le fruit des bonnes actions que des mauvaises; d’où il suit,
comme je l’ai dit, qu’un prince qui veut se maintenir est souvent obligé de
n’être pas bon; car lorsque la classe de sujets dont il croit avoir besoin,
soit peuple, soit soldats, soit grands, est corrompue, il faut à tout prix la
satisfaire pour ne l’avoir point contre soi; et alors les bonnes actions
nuisent plutôt qu’elles ne servent. » (Machiavel, Le Prince, p. 140)
Voilà le vaccin contre les promesses électorales
de toutes sortes. Mais il ne faut surtout pas oublier qu’il y a de la distance
entre promettre et faire. Faire des promesses est plus
naturel que… de faire!
Source : Machiavel, Nicolas, 1996
[1532], Le prince, Paris: Booking International.
***
17 avril, 2003
Résultats : on n’en peut plus de la politique!
Michel Handfield, M.Sc. et Gaétan Chênevert, M.Sc.
Les résultats ont eu lieu. Le PLQ est entré avec
45,0% du vote, suivi du PQ à 33,2% et de l’ADQ à 18,3%. Mais seulement sept
québécois sur dix ont votés. C’est donc dire que par rapport à la population
totale en droit de voter les résultats sont les suivants:
PLQ : 32,1
Non Vote : 30,0
PQ : 23,4
ADQ : 12,8
Le Parti Libéral est donc premier, mais suivi de
peu par le non vote. Il n’y a pas de quoi pavoiser, les non votants, ne
trouvant pas qu’il vaut la peine de se déplacer pour voter, étant presque aussi
nombreux que ceux qui ont porté les libéraux au Pouvoir. En fait les non
votants ont presque gagné cette élection! Et si l’on considère le vote pour les
partis marginaux (environs 2%) et les
votes rejetés ou annulés (1%) comme une forme de non vote, le non vote est
probablement à égalité avec le parti au pouvoir. C’est dire que les partis
politiques ont du travail à faire, car même le parti au Pouvoir ne récolte pas
les 50% plus un nécessaire à une majorité réelle; cela même avec la seule
population qui a pris la peine d’aller voter comme base de calcul (ils ont
alors 45% du vote). C’est pire si l’on prend la population totale comme base, car
les libéraux n’ont alors que32% du vote! Bref, il y a problème en la demeure
quand le parti au pouvoir a à peine de tiers de la population qui le supporte.
Certains commentateurs disent que l’on ne prend
pas assez au sérieux l’exercice de la démocratie. Mais si c’était les partis
politiques qui ne la prennent pas au sérieux? Si les citoyens se demandaient au
fond pourquoi aller voter quand le Gouvernement ne gouverne plus. Quand il ne
fait que gérer. Quand il n’est qu’un gérant d’estrade qui suit ce qu’on lui dit
de faire. Car les grandes orientations, surtout conservatrices d’ailleurs, sont
données par l’ALÉNA, la Banque Mondiale, le Fond Monétaire International et les
États-Unis sur lesquels nous n’avons aucun pouvoir. C’est ainsi que l’on peut
faire une loi sur la couleur de la margarine (et encore elle pourrait être
susceptible d’aller devant un tribunal de la concurrence ou du libre échange),
mais qu’on ne peut rien faire concernant les délocalisation/relocalisation
d’entreprises vers des pays où les salaires sont minables, les normes sociales
inexistantes et le mot environnement inconnu!
Si on ne suit pas la cadence mondiale,
serons-nous économiquement sanctionné par les marchés financiers de New York et
des autres capitales monétaires? Si on ne comprend toujours pas, un blocus
économique ou même une intervention militaire sera-t-elle possible? Ce n’est
pas pour rien que le PQ, soit disant souverainiste, flattait les USA (on
prendrait le dollars US; avoir les pouvoirs d’un État Américain on serait heureux,
etc.) en même temps qu’ils s’opposait au Canada. Car mieux vaut avoir le plus
puissant de son bord comme le dit Machiavel. Et les USA étant plus puissant que
le Canada… la souveraineté québécoise est bien plus un alignement sur le pays
de l’Oncle Sam qu’une véritable souveraineté.
Ce n’était pas pour rien que le PQ allait présenter ses budgets à Wall
Street, pour les faire sanctionner là où ça compte, tout en disant que les
choix économiques du Québec ne regardaient pas Ottawa! Ou que Landry, alors qu’il était ministre des
finances, subventionnait même la vente de nos entreprises à des entreprises
étrangères. Belle souveraineté de salon. Mais, on savait faire de beaux
discours pour soulever la flamme des militants!
Le PLQ
va-t-il continuer à présenter nos budgets à Wall Street? Et si on est bon élève on va encore se
mériter notre côte AA ou A+. Notre Gouvernement local continuera-t-il à être
encore le porte parole d’une idéologie décidée ailleurs, par les milieux
d’affaires étrangers et surtout états-uniens? Bref, avec une telle position de
courtisans de la part de nos gouvernants, ne pas voter devient davantage une
prise de position politique, un geste de courage et un acte de maturité que de
porter au pouvoir des représentants qui ne trouveront rien d’autre à dire
« qu’on ne peut aller contre la mondialisation et qu’en conséquence on ne
peut pas investir davantage dans la santé; renforcer la loi sur
l’environnement; favoriser le secteur public, etc., etc.!» C’est vrai,
j’oubliais, ils ont promis! Mais notre « chum » Nicolas a déjà écrit
« un prince peut-il manquer de raisons légitimes pour colorer
l’inexécution de ce qu’il a promis? » (Machiavel, 1532, p. 128)
Pourquoi faire comme si, alors que dans les
faits on ne choisit pas un gouvernement. Car le Gouvernement il est au Sud. Il
dit je suis l’Amérique! Et nous on suit. On choisit donc celui qui nous
traduira ce que le Gouvernement du Sud nous dit! Rien d’autre. Tant qu’on ne
lui dira pas à celui du Sud qu’il n’est pas l’Amérique, mais qu’une part de
l’Amérique, on n’aura pas de Gouvernement. On aura juste des courtisans qui
souhaitent bien paraître à ces yeux. Et voter pour des courtisans, est-ce la
démocratie? Alors la participation
électorale, est-ce vraiment la question? Ou une façon de ne pas poser les vrais
questions? De ne pas faire les vrais débats? Car ils sont ailleurs. Y a t il
moyen que le Canada prenne ses distances des USA? Qu’ils s’approchent de
l’Europe? Une fédération des pays nordiques? Des questions importantes, que
John Saul soulève dans « Reflection of a Siamese twin », mais que les
débats entre souverainistes et fédéralistes nous cachent? La vraie souveraineté
passe davantage par une distanciation du Canada des USA que par la question du
Québec. Car un Québec qui s’éloigne du Canada pour s’enligner sur les USA,
c’est tout le contraire de la souveraineté. C’est une forme de colonialisme
condescendant ou d’à plat ventrisme : Être fier d’être colon! Mais qui regarde ces questions? Certainement
pas nos partis politiques ni nos médias traditionnels privés, qui rêvent de
mieux copier le modèle économique états-uniens que les états-uniens eux mêmes!
Alors, comment demander aux citoyens de s’intéresser à la politique, si les
partis politiques restent dans le superficiel et ne s’intéressent plus au
Politique mais qu’à l’économique?
Références
Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.
Saul, John Ralston, 1998, Reflection of a Siamese
twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book
***
12 avril, 2003
Québec-Or
Michel Handfield
On en est à la fin de cette campagne électorale.
Jean Charest et le PLQ m’ont plu, mais je ne suis pas d’accord avec l’idée des
petits barrages privés sur les rivières du Québec pour des raisons d’environnement
et sociale. Quelles en seront les conséquences sur la faune? Pour les
populations environnantes? Qui en tirera profit? Pourquoi le bien public
servirait-il au profit de quelques-uns? De gens proche du régime? Bref, le PLQ
a perdu des points.
***
Je suis en désaccord avec le PQ qui a subventionné la mégalomanie de Québécor à travers la
caisse de dépôt et qui se sert de la vente d’électricité à perte comme forme de
subvention déguisée aux entreprises multinationales! Oui cela crée des emplois;
mais le même argent en aurait probablement créé autant ou sinon davantage au
profit de la société québécoise plutôt que de multinationales étrangères, car
il y a du travail à faire en éducation, en santé, auprès des personnes âgées,
etc. Et la pauvreté, la sous alimentation (pas juste des enfants qui vont à
l’école sans avoir déjeuné), le soutien aux malades, aux défavorisés et aux
créateurs (dont les œuvres peuvent faire objet de fierté
« nationale ») qui vivent littéralement de leur art, car ils sont trop
pauvre pour vivre d’autre chose pour ne nommer que ceux là! Bref le PQ et ses politiques de soutien
aveugles et automatiques aux entreprises, qui va jusqu’à subventionner le
déménagement d’emplois déjà existants dans la Cité du Multimédia par exemple, est
ridicule.
En fait, si la souveraineté nécessite de tout
donner aux entreprises pour acheter leur silence en cas d’un hypothétique
référendum, aussi bien ne pas faire de référendum et vendre tout de suite la
province à la multinationale la plus offrante.
On deviendrait probablement propriété d’une entreprise états-unienne… et
Bernard Landry aurait son dollar US qui le fait tant saliver!
Car Bernard est fatiguant. Quand ce n’est pas la
souveraineté, c’est le bonhomme sept heures des défusions municipales qui
ressort. Je suis citoyen de l’ancienne ville de Montréal (St-Michel) et j’ai
toujours été contre les fusions, car c’était troquer le prestige de la grande
ville pour une perte de Pouvoirs en le divisant entre la ville et les
arrondissements et en noyant Montréal dans la Communauté Métropolitaine de
Montréal (CMM)… qui regroupent plus d’une centaines de municipalités allant
jusqu’en région agricole! Maintenant, suffit qu’il y ait une chicane politique
ou de Power trip entre un arrondissement et la grande ville ou la CMM pour tout
bloquer. De plus, au niveau local, l’arrondissement reçoit moins par résidence
pour les services de proximité qu’un arrondissement comme Mont-Royal, Hampstead
ou Westmount, ce qui fait que j’ai eu l’impression tout l’hiver de
subventionner les services (notamment le déneigement) des arrondissements les
plus riches. Il aurait été si simple de transférer les responsabilités qui
concernaient toute l’île de Montréal à la CUM (comme l’aqueduc et le Jardin
Botanique) et de mettre le suffrage universel à ce niveau. Mieux vaut diviser pour régner! D’ailleurs si
ça a réglé des problèmes pourquoi Montréal a-t-il dû vendre l’île Notre-Dame à
Québec? Vivement un référendum pour séparer Montréal et l’ouest du Québec et
faire une nouvelle province… quand on aura les conditions gagnantes! Bref le PQ
c’est dans l’Q.
***
Quant à l’ADQ, ils applaudiraient probablement
ce scénario de la vente de l’État, car il n’y aurait pas de référendum et on
atteindrait ainsi la réduction de la taille de l’État (jusqu’à sa disparition) par la
privatisation! Car l’ADQ vise une plus grande place au privé dans les affaires
de l’État, ce qui explique que les milieux d’affaires ont tout de suite été
attirés par ce parti et son succès auprès des Chambres de commerce et les
médias de la droite canadienne. Tout cela par intérêt pour le bien public
naturellement : la vente de garage de l’État québécois a dû en faire
saliver plus d’un! Mais peut être pas pour le bien des citoyens! Car les taxes
peuvent être chères, mais nous avons quand même un retour en services publics.
Mais lorsque ce retour se transformera en dividende aux actionnaires et que le
citoyen ne sera plus qu’un un client, il ne verra plus la couleur de ce retour!
Ça l’ADQ ne le dit pas.
***
Bref, cette campagne électorale me laisse une
impression de vide. Je me sens un citoyen délaissé, comme si le citoyen
corporatif avait une voix plus grande que la mienne. On me traite de plus en
plus comme un client. On consulte les décideurs économiques; on fait des
campagnes de marketing pour les électeurs. L’opinion des grands compte; mais on
tente de forger la mienne! Bref, les partis politiques me prennent pour un
objet malléable. Et les partis marginaux ne sont pas mieux. Je n’ai reçu aucune
information de leur part, comme si mon insatisfaction devait se traduire en
vote automatique pour eux sans informations. On me prend pour acquis si je suis
un insatisfait. Mais je ne suis pas un insatisfait, je suis un critique…
Si j’annule mon vote; si le taux de participation
est faible; si le parti au pouvoir n’a pas reçu 50% de l’appui populaire,
c’est-à-dire en rapport de la population en droit de vote et non seulement en
rapport de ceux qui ont pris la peine d’aller voter; gouverneront-ils en
prenant davantage soin de l’opinion des citoyens, de moi, sachant que la
majorité sera loin de leur avoir donné un mandat? Sachant que l’on refuse
d’être des clients du marketing électoral? L’annulation et le non vote
seraient-ils devenus un acte de rébellion citoyenne dans cette ère du marketing
électoral? Ce sont les questions que nous avons à résoudre d’ici lundi.
12 avril, 2003
L’après-guerre USA/Irak!
Michel Handfield
Après les manifestations contre la guerre, nous
sommes passé aux manifestations pour dénoncer l’occupation de l’Irak et
demander le retrait des USA d’en Irak.
Nous mettons d’ailleurs les communiqués que nous recevons à ce sujet sur
l’Agenda.
Mais ceci ne nous empêche pas d’avoir un doute.
Si après avoir foutu le bordel les USA se retirent alors que c’est l’anarchie
nous ne croyons pas que ce soit la bonne solution. Si les USA se retirent pour
laisser place à l’ONU dans la reconstruction, ce serait effectivement mieux,
mais à condition qu’ils en assument les coûts, car cette guerre est leur
responsabilité, d’autant plus qu’ils n’ont trouvé aucune des armes chimiques
qui en étaient le prétexte.
Je ne dis pas que de libérer un peuple d’un
dictateur est mal. Loin de là. Mais il faut que cela vienne du peuple et d’un
soutien au peuple qui veut se libérer, pas d’un acte unilatéral d’un État qui
en veut à un dictateur en particulier tout en en appuyant d’autres qui font son
affaire pour des raisons stratégiques, politiques et économiques.
Les Etats-Unis devraient sanctionner le Tribunal
Pénal International et favoriser une loi internationale, sanctionnée et
appliquée par l’ONU, contre les dictatures et les idéologies qui vont à
l’encontre des droits de l’Homme. La liberté de conscience ne peut être
asservie à une idéologie qu’elle soit politique, économique ou religieuse.
C’est un principe d’humanité. Et c’est ce principe qui garantie la liberté de
foi. Mais la religion, si elle est reconnue grâce à ce principe, doit aussi le reconnaître. L’État ne doit pas
être religieux, mais civil. C’est le fondement de l’égalité entre citoyens et
de la démocratie. C’est un fondement d’humanité à côté duquel on ne peut plus
passer.
Cependant, il y a loin de la coupe aux lèvres,
car cela bouleverserait des principes et des coutumes millénaires. C’est donc
un idéal à atteindre. Mais pour cela il faut commencer à investir dans
l’éducation et la lutte à la pauvreté, car la misère et l’absence d’éducation sont
le principal fourreau pour créer la peur et maintenir le peuple sous
domination. Le principal bassin pour recruter des terroristes en devenir.
Tenons nous le pour dit… et faisons le savoir à George W. Bush.
****
2 juin, 2003
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
Délinquant intellectuel pour penser autrement!
Coéditeur de Societas Criticus, revue Internet à compte d’auteur.
Un reportage de
Christine Limoges sur l’emploi et l’immigration, diffusé au Montréal Express
(1), a suscité quelques réactions de ma part. Après les avoirs fait parvenir à
l’émission concernée par courriel et m’être relu, j’ai vu l’intérêt plus grand
que ce texte pouvait avoir pour d’autres personnes dans la même situation
d’être à la fois (trop) qualifié et non employable. Suffisait d’y faire
quelques corrections de style pour le rendre publiable sur les pages de
Societas Criticus. C’est ce que j’ai fait.
***
Mes ancêtres sont
d’ici depuis les débuts de la colonie et je suis francophone malgré un nom
anglophone (2); j’ai une maîtrise; 45 ans… et je n’ai jamais eu un véritable emploi.
Pas d’expériences, trop d’études, pas dans le bon domaine, etc. Il y a toujours
quelque chose qui cloche. Alors je comprends la frustration des ethnies à ce
sujet.
Pour ma part j’ai
transformé cette frustration en créativité et c’est ainsi que je fais cette
revue Internet à compte d’auteur. C’est ma contribution volontaire (3) à cette
société qui a soutenu mes études en subventionnant davantage les universités à
mon époque que maintenant. Mais le plus grand soutien m’est venu de mes
parents. Quelle déception pour eux, qui n’avaient pas eu la chance de faire des
études à leur époque, de voir que les études pouvaient mener à un tel cul de
sac. Je ne sais pas, dans le monde où ils sont maintenant, ce qu’ils pensent de
notre monde dit humain. Car notre monde
est davantage technocratique (on applique des normes) qu’humaniste dans les
faits!
Pourquoi est-ce
ainsi? Pourquoi des diplômés universitaires ont-ils tant de difficulté à
trouver de l’emploi. Nenni. Nul ne le sait, mais on peut supposer la discrimination,
le manque d’expériences, le manque de contacts, pas le bon domaine d’étude,
etc. A moins qu’on ne veuille pas trop de monde qui ont la capacité de
questionner les façons de faire? Ou
encore, que les investissements pour les postes de niveau supérieur soient si
faibles, que seul quelques uns passent parmi les centaines de personnes
qualifiées disponibles sur le marché. Les autres restent sur le carreau… et
deviennent de plus en plus frustrés.
Après, quand des
films nous montrent à quel point on fait dur… on se dit qu’on n’est pas si
pire! Et si on faisait dur pour vrai. Si on laissait « pourrir » le
talent parce qu’on n’a pas les moyen de l’embaucher… préférant subventionner
les entreprises de Québec Inc.; des
entreprises multinationales qui ferment en se sacrant de nous au bout de
quelques années; ou des p’tites jobs en télémarketing! Il m’est déjà arrivé de soumettre des idées à
des gens d’affaires en me disant que ça pourrait attirer l’attention. La réponse
fut que si c’était une bonne idée, les « américains » l’auraient déjà
fait! Voilà notre mentalité. (4)
Mais cela fait peut
être l’affaire des gouvernements de jouer ainsi les groupes les uns contre les
autres – de subventionner les groupes de défenses des minorités, des femmes,
etc. – pour dire que le problème est de la discrimination sur la race, la
couleur, le sexe… alors qu’il est davantage le résultat de choix politique,
managérial et économique. Je m’explique.
Politique, car le
gouvernement préfère subventionner une grosse usine, car ça fait une plus belle
photo pour les élections, que d’embaucher un peu plus ici et là dans la
fonction publique. Surtout que la fonction publique est associée à dépense chez
l’électeur! Et le secteur privé, qui fait tout pour s’accaparer des activités publiques
profitables, joue fortement cette carte dans des Forums, des mémoires publics
et des conférences. Le tout, relayé sans point de vue critique par les médias
de droites. On y joue plus rarement le gaspillage de fonds publics pour
soutenir des entreprises quémandeuses cependant! On préfère parler de soutien
aux régions. Cela fait plus neutre!
Managérial, car
embaucher quelqu’un qui a plus d’étude que nécessaire implique de se faire
questionner et que la personne qui voudra monter à l’interne pourrait prendre
la place du boss de son boss! Ça implique aussi que le syndicat peut la
recruter si on ne peut rien lui offrir de mieux après quelque temps, ce
qui fait peur aux patrons. Mieux vaut
alors ne pas les embaucher pour cause de surqualification par rapport aux
postes disponibles!
Économique enfin,
car notre économie est si dépendante de filiales étrangères qu’à part des
postes techniques (ingénieur, comptable, informaticien, ressources humaines,
etc.), les postes « intellectuels » et « créatifs » sont
probablement au bureau chef à l’étranger. Et comme la filiale n’a pas de
latitude d’action à ce niveau, elle ne peut tout simplement pas embaucher des
travailleurs intellectuels.
Mais en présentant que chacun est une
victime individuelle de discrimination, le gouvernement n’a pas à se poser de
questions trop compliquées auquel vaut mieux ne pas répondre. Car un dérapage
sur une question compliquée, ça peut coûter des votes! C’est ainsi que le blanc ou la noire vivant
le même problème ont peu de chance de s’unir. Car chacun cherche le coupable,
le responsable de sa condition de victime: qui la discrimination raciale; qui
la discrimination linguistique; qui la discrimination positive; qui l’âge;
etc. Nos gouvernants ont très bien
compris le principe colonisateur de « Diviser pour régner » des
britanniques. Même le PQ l’a compris!
L’immigrant(e) n’est
pas seul(e) à avoir de la difficulté à trouver un emploi. Je ne suis pas seul.
Et nos gouvernements nous disent qu’ils
ont des problèmes immenses, mais peu de moyen de les régler. Les compétences
ainsi laissées sur le carreau pourraient pourtant aider. Mais ils n’ont pas de
budget! Et nous, de notre côté, on a « pas de chance », pas
d’expérience, ou on est victime de discrimination! Belle façon de laisser aller
un problème en faignant qu’on y travaille par des lois et des commissions sur
les droits de la personne et l’égalité! Mais rien ne change. On applique dans
la fonction publique, même avec davantage d’études que demandées, et on nous répond que votre candidature
« ne peut être retenue puisque vous ne possédez pas l’expérience
pertinente c’est-à-dire une expérience acquise dans l’exercice d’attributions
comparables à celles indiquées dans l’appel de candidatures ». Car malgré
tout les beaux discours et les promesses de considérer les études supérieures
et, même, l’expérience de la charge familiale (oui, oui j’ai vu ça dans une
offre d’emploi de la Commission des normes du travail), c’est du toc. On veut
du monde qui sont déjà dans le moule du système pour être sur que l’immobilisme
créateur progresse!
Qui questionne
l’égalité? Ce fameux principe, n’est-il qu’un principe? Et encore! Savez vous
que dans certains emplois gouvernementaux on dit que chaque année de scolarité
manquante peut être compensée par deux ans d’expériences, mais que l’inverse
n’est pas vrai. Chaque année de scolarité ne vaut pas deux ans d’expériences si
vous avez davantage de scolarité que d’expériences pour appliquer dans la
fonction publique du Québec. Tout au plus chaque année de scolarité vaut une
année d’expérience! L’égalité mathématique n’est même pas respectée par une loi
qui se dit celle de l’Égalité en emploi! Et ce n’est pas nouveau. La même
discrimination existait il y a plus de 10 ans! (5) Rien n’a changé. Je vous le
dis, on est les champions de l’immobilisme créateur!
Bref, on n’est peut
être pas victime de discrimination, mais d’un système qui dit une chose
(l’éducation est importante), mais en valorise une autre: l’expérience! C’est
pire que de la discrimination, c’est de la tromperie! Bref, on est victime d’un système politique
qui ment et qui érige ce tape à l’oeil en système avec des lois sanctionnant
des inégalités comme étant des égalités!
Machiavel a déjà écrit là dessus. Faut croire qu’on peut faire toutes
les lois qu’on veut, la politique reste la politique.
Je suis placé pour
le voir, car, n’ayant pas d’emplois, je fais une revue Internet. Des
universitaires, même d’Europe, prennent contact avec moi par l’intermédiaire de
mon site. Il a de la visibilité, mais il ne peut être financé par les
gouvernements! Par contre si j’écrivais des potins sur papier et que cela se
vendrait dans tous les supermarchés, là j’aurais droit à des subventions! Non,
ici on ne favorise pas la qualité, mais la quantité! D’ailleurs on coupe les
budgets de la radio et de la télé publique, mais les proprios de télé privée
trouvent qu’on paie encore trop pour Radio-Canada… tout en demandant une hausse
des subventions de leur côté! Qui leur dit de se fermer la gueule puisque eux
mêmes sont subventionnés à la planche! S’ils sont des entreprises privées
pourquoi ne refusent-ils pas les subventions? Car si le privé est financé par
le public est-ce encore du privé?
Ils ont le pouvoir
de l’argent, financent la politique… et des retours d’ascenseur légaux sont
probablement possibles; comme d’inviter la bonne personne dans un talk-show
populaire pour mousser sa popularité. C’est ce que moi et les personnes faisant
l’objet de votre reportage n’avons pas : les contacts! Alors on est laissé
de côté par discrimination, manque d’expériences, l’âge… pour ne pas dire tout
simplement par le système. Mais ils ne peuvent le dire, car on commencerait
peut être à questionner ce système et à s’organiser politiquement pour tenter
de prendre le pouvoir. Mais tant qu’on est divisé, on ne peut s’organiser ni
prendre le pouvoir… Le système est sauf. Car le but d’un système est d’abord
d’assurer sa protection et ensuite de se perpétuer.
C’est pour cette
raison que la plupart des politiciens qui font des chaudes gorges concernant
l’enseignement du français ont souvent fait des études dans les deux langues.
Parizeau n’était-il pas diplômé du London School of Economics? Et leurs enfants
sont ou seront probablement bilingues. Ils assurent ainsi une reproduction de classe
sociale. L’élite est et demeurera bilingue… même s’il faut empêcher le bon
apprentissage de l’anglais par les autres pour s’assurer que cet avantage de
classe demeure et se perpétue!
Notes:
1. Les visages de l’immigration : les
difficultés de l’intégration, reportage de Christine Limoges diffusé le
29 mai 2003 au Montréal Express, Première Chaîne de la radio de Radio-Canada.
Le premier volet de ce reportage s’intitulait Les visages de
l’immigration : les « nouveaux » arrivants et avait été
diffusé la veille (28 mai 2003).
2. Et
même là, la branche des Handfield de laquelle je descend est francophone depuis
plus de 200 ans. Et ma grand-mère paternelle était une Gervais et du côté de ma mère, ce sont des Benoît et des
Meilleurs.
3. Car je pourrais bien ne rien faire, boire de
la bière et dire « fuck » le système! Mais tel n’est pas mon genre.
Je trouve même le moyen de faire du bénévolat dans des organismes sans but
lucratif de mon milieu.
4. On ne croit pas en nous… mais les
« Américains » ils l’ont l’affaire! On est de vraie servile. (La
Boétie) Wow les moteurs, on ne vit pas en Europe, en Asie ou en Afrique, mais
en Amérique ici. On est aussi Américain qu’eux! A nous de nous affirmer et de
les replacer à leur place en parlant des États-uniens! Moi je revendique mon
américanité, car je ne suis pas d’accord de leur laisser toute la place. Mais
certains, et non les moindres, sont à genoux devant eux. Comme Lucien Bouchard
qui écrit dans La Presse: On est plus que des amis, on fait partie de la « famille ».
(Bouchard, Lucien) Mais comment? Comme un membre de la famille ou comme un
serviteur qui ne doit surtout pas les contredire? Si on est de la famille, ils
auraient pu considérer notre point de vue contre la guerre en Irak mon cher Lucien!
Surtout avec ce qu’on apprend depuis qu’elle finie cette guerre: on n’a rien
trouvé. Rien. Ce n’était que manipulation! (Taillefer, Guy) Ce qui n’empêche pas un autre conservateur
notable du Québec, Brian Mulroney, de « déplore(r) la détérioration de
la place du Canada dans le monde. L'ancien chef conservateur a reçu une ovation
debout quand il a évoqué l'absence du Canada aux côtés des États-Unis dans la
guerre contre l'Irak. » (SRC Nouvelles) On voit où loge la droite! A genoux devant
les U.S.A. à lécher leurs bottes!
5. Cela n’a pas changé comme le montre cette lettre de mon cru parue
dans La Presse du 26 juin 1990, p. B 2 :
Montréal, le 14 juin 1990
A/S La boîte aux lettres
Derrière vos vitres noires
Sacrament,
Ça fait plus de 300
demandes d'emplois que je fais et c'est toujours les mêmes résultats: où je
n'ai pas assez d'expérience ou, si je veux entrer à la base, j'ai trop de
scolarité! Même à la fonction publique québécoise, qui se devrait pourtant de
donner l'exemple, puisque le parti au pouvoir paie des annonces valorisant la
création d'emploi et le retour sur le marché du travail pour ceux qui n'ont pas
d'emplois, on me répond toujours et invariablement que ma candidature ne peux
être retenue parce que je n'ai pas «une expérience acquise dans l'exercice
d'attributions comparables à celles indiquées dans l'appel de candidatures». En
bref, pour avoir la «job» il faut déjà l'avoir eu ou fait auparavant! Alors
quand on parle des jeunes, des ethniques, et des femmes qui ont droit à
l'égalité... on oublie de leur dire que cela est vraie et réalisable en autant
qu'ils aient déjà fait la «job» ou qu'ils aient déjà un emploi comparable! Mais
si tel est le cas, s'ils ont déjà l'emploi comparable, ce n'est pas eux qu'il
faut aider; c'est ceux qui n'ont pas d'emploi ou un bon emploi. Pire, on
utilise même des formes de discrimination mathématique pour nous écarter de
l'emploi. Ainsi, j'ai appris à la Commission des droits de la personne que si
vous n'avez pas la scolarité requise pour un poste, 2 ans d'expérience valent 1
ans de scolarité manquante, mais 1 ans de scolarité supplémentaire ne vaut
qu'un an d'expérience et non deux comme je m'y attendais! Si ce n'est pas une
barrière à l'embauche, je me demande ce que c'est???
S'cusez, pardon,
messieurs les ministres et députés, quand vous dites vouloir envoyer les gens
travailler grâce à vos programmes vous me faites rire. Je crois sincèrement que
vous devriez «crisser» la paix à ceux qui ne travaillent pas et vous mettre
plutôt vous même à l'ouvrage, c'est-à-dire regarder pourquoi ils ne travaillent
pas. Vous verriez alors qu'il faut d'abord résoudre les problèmes du système --
et de la fonction publique par le fait
même -- avant d'envoyer les gens se trouver un emploi, car vous les forcez tout
simplement à se «petter la gueule» sur un mur! Mais peut être n'en être vous
pas conscient, car pour être élu député ou nommé ministre il ne faut pas «une
expérience acquise dans l'exercice d'attributions comparables à celles
indiquées dans l'appel de candidatures», bref vous n'avez pas eu à être
ministre ou député avant d'être nommé ou élu une première fois. Chanceux que
vous êtes! Vous n'avez donc pas connu c'est quoi se frapper au mur du 5, 8, 10
ans d'expérience pour qu'une candidature soit au moins regardé, et je dis bien
regardé et non retenu, car c'est cela la situation actuelle.
S'cusez, pardon,
messieurs les ministres, je crois que vous devriez abandonnez certains de vos
privilèges au plus vite et plus particulièrement vos limousines aux vitres
noires, car vous ne voyez plus le peuple que vous représentez. Peut être que si
à la place vous aviez un billet de train ou d'autobus pour vous rendre dans les
régions éloignées, que si vous étiez assis avec le bon peuple dans le métro de
Montréal pour aller à vos rendez-vous, vous verriez la réalité du Québec. Vos
politiques ne pourraient alors qu'être meilleures que derrière vos vitres
noires, car vous ne nous voyez pas. Ou si vous nous voyez, vous ne voulez pas
qu'on vous voie, car vous y riez de nous!
Bien à vous,
Michel Handfield, M.Sc.
Références:
La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire,
Mille-et-une-nuits.
Bouchard, Lucien, « La réconciliation, La restauration de nos
relations avec les É.-U. est un chantier vital », in La Presse,
Forum, 31 mai 2003, p. A 15.
27 octobre, 2003
Dictature ou renouveau démocratique?
Michel Handfield
A Montréal le débat
sur les défusions des nouveaux arrondissements, pour redevenir des
municipalités, refait surface depuis l’élection du Gouvernement Charest (PLQ) qui a promis, dès l’imposition des fusions par le PQ (1), des référendums sur le sujet. Cette
question, qui peut sembler très locale, est en fait universelle et
intemporelle, car elle nous plonge au cœur même de la notion de démocratie
locale. N’oublions pas que l’ancêtre de la démocratie fut la Cité!
Pour l’ancien Maire de Montréal, Pierre Bourque, maintenant chef de
l’opposition, il est inconcevable que des membres du Parti au Pouvoir, l’UCM, soient en faveur des défusions et s’affichent
clairement pour cette option. Pour lui, ils ont été élus pour défendre
Montréal, son Montréal fusionné! (2) Pourtant, à la dernière élection, il a été
défait par les citoyens des ex-villes de banlieue qui ont votées en bloc pour
l’UCM par défaut; mais certainement pas par acceptation de la nouvelle ville.
Alors à partir du moment où la défusion devient une option, celle-ci reprend
toute sa pertinence au delà même des promesses de construction de la nouvelle
ville par l’UCM, ce qui pose littéralement le problème de la démocratie
représentative:
Les élus sont-ils là
pour (i) représenter leurs concitoyens dans la superstructure; ou pour (ii)
représenter la superstructure et ce qu’elle impose auprès de leurs électeurs,
car c’est elle qui décide?
Si la réponse est
que les élus représentent leurs concitoyens, ceux-ci doivent envisager la
possibilité des défusions si telle est la volonté de leurs électeurs.
Inversement, si une fois élus ils deviennent les représentants de la
superstructure et non plus du Peuple, ceux-ci doivent défendre et même imposer
la nouvelle ville de Montréal (3) à leurs concitoyens tel que le prône M.
Bourque. Mais alors, comme l’a déjà dit Rousseau dans Le contrat social,
la démocratie signifiera tout simplement que l’on élit nos dictateurs, rien de
plus!
Si le Gouvernement
du Québec choisi d’écouter les citoyens dans ce dossier, car les élus sont là
pour représenter leurs concitoyens dans la superstructure, il serait
souhaitable que cette forme de démocratie s’étende aussi aux actes du
Gouvernement du Québec pour tous les changements structurels qu’il propose et
non seulement pour les défusions municipales. Car ce Gouvernement ne fut pas
élu sur la question du reengineering de l’État mais bien sur la promesse des
défusions. Ainsi ce Gouvernement devrait
revenir au peuple, par voie référendaire, pour tous ses projets majeurs de
changement de l’État québécois (4) s’il
est conséquent avec sa position dans ce dossier. Ce serait un pas de plus vers
la démocratie participative, ce qui nous
fait voir que cette question des défusions municipales va beaucoup plus loin
que le seul débat autour des villes. Il en va de la conception même de la
démocratie proposée aux citoyens. Reste à voir si le Gouvernement aura la
volonté et le courage d’aller jusqu’au bout de cette idée et de nous consulter
sur toutes propositions de changement de l’État québécois, car ce qui est bon
pour la démocratie locale l’est aussi pour la démocratie québécoise. L’État de
la Californie n’a-t-elle pas des référendums, alors pourquoi pas nous?
***
Mais revenons-en à
Montréal, car en tant que montréalais de naissance, je tiens à Montréal. Pour
moi être montréalais c’est d’abord habiter l’île. Je tiens autant au vieux port
qu’aux rapides de Lachine (sans barrage hydro-électrique!); au Parc des îles; à
l’île de la visitation; à la montagne; au Jardin Botanique ou à l’avenue du
Parc; mais mon attachement premier va à mon quartier. Je suis d’abord michelois
(St-Michel). Je comprend donc les gens des anciennes villes de vouloir les
retrouver, car même s’ils sont attachés à Montréal (ils ne demeurent pas hors
de l’île contrairement à certains employés et cadres de la ville qui ne la
choisissent même pas comme milieu de vie!), ils sont tout aussi attaché à leurs
anciennes municipalités, car ces villes étaient à leur image. A l’image qu’eux
et leurs prédécesseurs leurs ont données, car nous façonnons nos milieux de
vie. Les taxer d’être contre Montréal, comme le fait l’ex-maire Bourque, est
injuste: ce sont des montréalais, fusionné ou non!
Mais il est aussi
vrai que Montréal avait des problèmes; en commençant par une mauvaise gestion.
Et ce n’est pas en grossissant la marmite qu’on améliore le cuisinier! Prenons
un exemple bien simple: la crise du verglas à Montréal (janvier 98). Une
catastrophe. Il a même fallu l’aide de l’armée! Une des cause première de la
catastrophe était la difficulté d’accès des rues, rendues trop étroites par la
tempête de neige qui s’était abattue sur la région métropolitaine entre Noël et
le jour de l’an 98, et qui n’avait pas été ramassée pour économiser de
l’argent: on annonce un redoux, ça va fondre. Oh yeah en janvier! Alors quand
au lieu de faire fondre la neige le redoux s’est plutôt précipité sur nous sous
forme de verglas, ce fut catastrophique. Des rues déjà étroites furent embourbées de glace et
tout fut paralysé, car les équipements de voiries avaient de la difficulté à
circuler sur plusieurs de ces petites rues! Des arbres brisaient et des fils
tombaient sans que les services puissent s’y rendre promptement. L’effet de
cascade faisait son œuvre et la situation ne pouvait que dégénérer. La décision
de ne pas déneiger a transformé cette crise en catastrophe, rien de moins.
Car à quelques rue
de chez moi, à St-Léonard, les rues étaient relativement belles, car eux
avaient déneigé cette tempête du temps des fêtes et avaient donc accès à des
rues beaucoup moins encombrées que les notre pour les saler et faire l’entretien
particulier que nécessitait cette tempête de verglas. Un arbre cassait ou des
fils tombaient et les services publics pouvaient s’y rendre prestement;
contrairement à Montréal et à mon quartier où, vu l’effet cumulé de la neige
non ramassé et du verglas qui emprisonnait les voitures, ça pouvait prendre
plusieurs heures et même un ou deux jours avant que les services ne puissent
agir, car les rues n’étaient même plus de la largeur requise pour que les
camions des services essentiels (Hydro-Québec, Gaz Naturel et même de pompiers)
puissent passer. J’ai même vue des rues voisines de chez moi fermées pour cause
d’étroitesse! Même une ambulance n’aurait pu s’y « glisser ». C’est
dire comment la mauvaise gestion de l’équipe Bourque a fait de cette crise du
verglas une catastrophe montréalaise. Ce n’est donc pas en grossissant cette
administration que l’on règle les problèmes, mais c’est pourtant ce que Québec
avait choisi de faire: répondre à son vœux d’une île une ville! Comme si en
grossissant la marmite on améliorerait le chef! (5)
La nouvelle ville
crée aussi de nouveaux problèmes de coûts. Alors qu’autrefois il y avait un
appel d’offres pour le ramassage des matières recyclables, nous en avons
maintenant un par arrondissement. Comme le volume de ramassage est moindre, les
coûts se sont accrus. Car la grande ville est aussi un morcellement de petits
arrondissements qui me donnent l’impression d’avoir le pire des deux mondes!
Cela sans compter les problèmes de juridiction entre la ville centre et les arrondissements,
ce qui crée d’avantage d’immobilisme. Il faut une solution au plus vite, mais
les défusions n’en sont pas nécessairement une si elles ne s’accompagnent pas
d’une vision montréalaise.
Le plus simple
aurait été de conserver les villes et de transférer à la Communauté Urbaine de
Montréal (CUM) les pouvoirs qui concernaient l’île: eau; culture; grands parcs;
pompiers et police; environnement; transport;
grandes infrastructures routières et quelques autres pouvoirs par
exemple. A cette reconnaissance insulaire se serait ajouté l’élection du
Président et des conseillers de la CUM. Au niveau municipal nous aurions ainsi
continué à élire nos maires et nos conseillers municipaux, mais en nombre
réduit, vu les responsabilités reconnus à la CUM. On aurait probablement eu le
meilleur des deux mondes.
Ce modèle est peut
être encore possible avec un peu d’imagination et beaucoup d’amour pour
Montréal. Personnellement voici ma solution:
- La ville de Montréal devient l’équivalent de
cette CUM, avec élection du Président et de conseillers insulaires;
- Les anciennes villes deviennent des
cités (Cités de Saint-Léonard, Kirkland, Pointe-Claire, etc. ») avec
élection de leur Maire et conseillers pour les services de proximités;
- Les Cités, dans un objectif de réduction des
coûts, peuvent faire des regroupements de services ou donner le mandat à la
Ville de Montréal de négocier des contrats pour l’île, si cela est plus
avantageux pour elles (par exemple pour le ramassage de la récupération) même
dans leurs juridictions;
- Les arrondissements de Montréal ont le choix
de devenir des Cités ou de demeurer des arrondissements, avec des pouvoirs
réduits, de la Cité d’Hochelaga ou de Ville-Marie (un des deux noms historiques
de l’ancienne ville de Montréal que les
citoyens devront choisir par référendum), car ce n’est pas qu’aux villes de
banlieue de faire des concessions; l’ancien Montréal devrait en faire une de
taille lui aussi: la concession de son nom, car on ne peut avoir deux Montréal;
- Quant aux cités de la mode, des affaires ou du
multimédia elles redeviendraient ce qu’elles sont vraiment: des quartiers!
Voilà donc mes
propositions pour ce débat, car j’aime mon quartier, ma ville, mon île. J’aime
Montréal!
Notes:
1. Pour la petite histoire, le Gouvernement du
Parti Québécois de Lucien Bouchard, avait adopté une loi forçant la fusion de
plusieurs municipalités, dont toutes celles de l’île de Montréal, dans la plus
grande « démocratie »: sans consultation publique, en imposant le
bâillon et en suspendant les règles de procédures à la chambre! La fierté de la
Ministre des Affaires municipales de l’époque, Louise Harel, et du PQ, qui
donne des leçons de démocratie à tous et chacun! (http://lcn.canoe.com/infos/national/archives/2000/12/20001219-151503.html)
2. Il faut savoir que c’est l’ancien Maire de
Montréal, Pierre Bourque, qui a poussé cette idée d’une île une ville contre
tous avec son parti Vision Montréal!
3. Pour bien comprendre, Montréal est une île
sur laquelle nous retrouvions la Ville de Montréal et une série de petites
municipalités: Anjou, Verdun, Saint-Léonard, etc. Mais en 2000 le Gouvernement
du Québec a regroupé toutes les municipalités de l’île dans une nouvelle ville
de Montréal. Il aurait pu aussi lui donner un autre nom, car la loi canadienne
ne reconnaît pas l’existence des villes comme étant des entités autonomes, mais
plutôt comme des créations des provinces! Montréal est donc, selon la loi
canadienne, une création de Québec même si sa fondation date d’avant
l’existence du Canada et du Québec tel que nous les connaissons!
4. Ces projets majeurs de changement de l’État
québécois sont, pour n’en nommer que quelques-uns, le reengineering; la
privatisation de services publics ou d’infrastructures (construction des routes
et distribution de l’eau par exemple); la vente de sociétés d’État
(Loto-Québec, Société des Alcools,
etc.); et l’entretien des routes et des édifices publics par exemple.
5. C’est probablement là une nouvelle
application du Principe de Peters: montrer votre incompétence à gérer la
ville et on vous accordera une mégaville!
***
24 novembre, 2003
Les Gémeaux 2003
http://www.academy.ca/academy/regions/quebec/
Michel Handfield
Cette année je n’ai
pas été au Gala des Prix Gémeaux; je l’ai plutôt écouté à la maison. Comme nos
lecteurs. Pour savoir qui étaient les finalistes et les gagnants, tout est
disponible sur le site Internet de l’Académie. Mais j’étais heureux pour
Bunker, qui a obtenu le plus de Gémeaux, soit 7!
Très heureux, car
Bunker fut une série culte selon Societas Criticus! Voici d’ailleurs ce que
nous en disions l’an dernier dans notre texte sur « Le 17e Gala des prix
gémeaux » (30 septembre, 2002).
Bunker en est un exemple. Certains chroniqueurs politiques et quelques
politiciens sont aux aboies avec cette série. Ils nous mettent en garde, car
cette série va rendre les gens plus cyniques ou va leur faire croire que les
politiciens pensent au pouvoir avant le bien de leurs concitoyens nous
disent-ils Moi qui touche les deux, j’aurais le goût de demander à ces
chroniqueurs de la scène politique : Cout’donc vous autres, avez-vous
pratiqué toutes ces années la chronique politique sans avoir lu Machiavel et La
Boétie? Car cette série illustre, en caricaturant, une réalité politique et
sociale. Quand les gens d’affaires peuvent rencontrer les politiciens et parler
d’économie mondiale dans des congrès à quelques milliers de dollars par
personne, croyez-vous qu’ils ne tissent pas des liens? Dans les souper de
parti, à 1000$ le couvert, qui croyez-vous est là? Le simple citoyen ou le
courtisan? Quand on négocie le retrait de l’État et l’achat d’entreprises publiques par le
privé, quand on parle du partenariat privé/public pour la gestion des infrastructures
comme les aqueducs, les routes ou le métro dans des congrès ce n’est pas du téléroman, mais la vraie vie.
Mais on en parle peu. Ces discussions préliminaires ont cours dans des lieux privés, loin des caméras
et des journalistes. Lorsqu’on en est avisé c’est lorsque le résultat est quasi
ficelé à un projet de loi. En échange d’une baisse de taxe aux plus haut
revenus, payerez-vous au privé pour roulez sur la route ou être soigné? Posez
vous la question. Bunker ne donne pas les réponses, mais l’illustre à sa
manière, avec le financier qui tire les ficelles du pouvoir. C’est une fable de
la réalité. J’ai vu des conférenciers à un congrès sur les villes parler de
meilleure gestion du bien public si cette gestion est privatisée. Et ces
financiers participent aux caisses électorales, souhaitent des baisses d’impôt
pour les hauts revenus et sont prêt à acheter des routes, faire des ponts à
péages et des cliniques médicales privées pour les privilégiés. Alors que
Bunker rende cynique et donne une fausse image de la politique, je ne gagerais
pas trop là dessus. Le cynisme et cette image de la politique existaient bien
avant Bunker.
En fait la télé est
un miroir; parfois aux alouettes (fiction), parfois de la réalité, mais le plus
souvent un peu des deux! Que d’anciens politiciens se retrouvent dans de
grandes firmes d’ingénierie qui prônent des partenariats avec le secteur public
n’est certainement pas un hasard. Regardez le mode de pensée du financier dans
Bunker. Est-ce le mode de pensée des financiers derrière Mario Dumont? Ce
serait intéressant de voir un chroniqueur télé et un chroniqueur politique
plancher ensemble sur cette question. Serait-ce cynique ou réaliste de croire
que les financiers derrière l’ADQ flairent la bonne affaire? La vente de feu de
l’État peut être! J’ai hâte au Gala de l’an prochain pour voir ce qu’on dira de
Bunker.
***
Et bien, le Gala a
couronné Bunker, une série de Zone 3. Suite à ce que l’on vit au Québec depuis la
dernière élection, je crois que bien des gens auraient de l’intérêt à revoir
Bunker. A quand sa sortie en DVD? Au plus tôt j’espère.
10 juin, 2003
Le tour du tour
Michel Handfield
Dimanche en 8 j’ai fait le tour de l’île. Comme tous je déplore que le
tour n’a pas pris De Lorimier pour se rendre au complexe environnemental
St-Michel, ce qui aurait été plus convivial que de passer par de petites rues.
Mais grande ville oblige, ce sont les petits royaumes (arrondissements) qui
disposent!
Le départ est aussi très lent, car on est beaucoup beaucoup de monde à
la fois. Une suggestion. Faire le tour à 60 km avec 4 points de départ/sortie:
un central (parc Laurier), un au nord du parcours, un à son extrémité est et un
autre à son extrémité ouest par exemple. Ces points de départs seraient aussi
les points de relais pour les cyclistes. Cela soulagerait le départ et
faciliterait une certaine dispersion des automobiles, car plusieurs cyclistes
de l’extérieur viennent en auto à Montréal pour se rendre au tour, d’autant
plus que le métro est de moins en moins accessible lors de la journée vélo!
Ceci aurait aussi un autre avantage:
Quelqu’un moins en forme pourrait choisir de faire 2 étapes et serait fier
d’avoir « fini » son tour sans se dire « j’ai lâché »! Un
peu comme cela se fait dans d’autres événements populaires où il y a des
circuits de différentes distances.
Quant
aux automobilistes, car comme la plupart des gens je suis des deux groupes, on
a 364 autres jours à notre disposition on peut bien arrêter de chigner sur la
circulation et enfourcher notre vélo ou nos souliers de marche cette journée
là!
Le seul inconvénient est pour ceux qui travaillent, comme les employés
des magasins. Alors une autre suggestion, celle là au gouvernement Charest qui
prône la santé d’abord : faire de la Féria du vélo la fête du vélo et que
cette journée soit chômé pour tous. Ainsi pas de magasins ouvert cette journée
là, sauf les premières nécessités comme les restos et les magasins de vélos le
long du parcours!
***
1er mai, 2003
Le couronnement du Défi j’arrête, j’y gagne!
Michel Handfield
Hier matin j’ai assisté à la Conférence de
presse du « Défi j’arrête, j’y gagne! » dans lequel 37000 fumeurs se
sont engagés à relever le défi de cesser de fumer pendant 6 semaines. Le tout
se passait avec Bernard Fortin, comédien, et le Dr. Louis Gagnon comme
animateurs. La particularité de ce défi est son taux de succès supérieur aux
taux de succès de ceux qui essaient d’arrêter seul ou de ceux qui essaient les
« patchs », car il allie un parrain à chaque fumeur qui veut cesser
de fumer (et n’empêche pas l’utilisation de patch ou d’autres techniques) en
support. C’est donc une formule gagnante qui sera renouvelée, pour une
cinquième année, l’an prochain. Autre fait à souligner: 4% des inscrits ont
moins de 17 ans!
A ce parrainage s’ajoute la ligne
« J’arrête » et un site Internet que vous trouverez en permanence sur
notre page d’accueil. Comme non fumeur, qui n’a même jamais essayé une poffe,
c’est le moindre geste que je pouvais faire pour ceux qui veulent arrêter de
fumer. Mais que je ne vous entendent pas
dire, « c’est facile pour lui, il n’a jamais fumé », car ne pas avoir
commencé à fumer quand j’étais ado (dans les années 70) c’était tout un défi de
résistance à la pression sociale. A cette époque fumer était la norme et des
espaces non-fumeurs, ça n’existait pas. Alors quand certains fumeurs traitent
les non-fumeurs de fachos parce qu’ils sortent les fumeurs des endroits
publics, ils oublient qu’il y a 30 ans à peine les non-fumeurs n’avaient aucune
place. Mais les non fumeurs ne leurs en veulent pas. Au contraire, ils leurs
tendent plutôt la main par un tel défi. Là est toute la beauté du geste :
des non-fumeurs qui parrainent des fumeurs dans leur quête de cesser une
dépendance. Avec amitié.
Mais Societas Criticus étant une revue de
critique sociale et politique, une chose a attiré mon attention dans la
documentation reçue. Le tabagisme est en hausse chez les femmes depuis deux
décennies. Cela me semble coïncider avec la montée des femmes dans des postes
plus élevés sur le marché du travail et la réussite des filles à l’école par
rapport aux garçons. Un lien avec le stress? Avec le besoin de performance?
L’organisation sociale et du travail – qui demande de plus en plus de productivité
des gens – serait-elle en cause? Le surtravail? Quand on s’objecte à la
réduction de la semaine de travail et au partage des emplois pour des raisons
économiques, oublie-t-on de calculer les économies en santé – surtout s’il y a
une relation avec le tabagisme – que de telles mesures auraient? Et
l’amélioration de la santé des gens ne vaut-elle pas le coût de cette réduction
du travail? Que les Gouvernements fassent de la promotion contre le tabagisme
est bien, mais si en même temps ils en favorisent les causes – comme la
recherche de la productivité, la compétitivité à outrance, l’augmentation de la
semaine de travail, la précarité et le travail contractuel – par l’action de
leurs ministères économiques, n’est-ce pas comme si la main droite (économie) ignorait
ce que la main gauche (social, santé) fait? Et toutes les campagnes
gouvernementales prônant la santé (contre le tabagisme, l’alcoolisme, la
vitesse, le jeu, etc.) ne sont-elles pas alors tenues en échec par ses propres
politiques économiques? Une révision globale des politiques de l’État serait
peut être un autre moyen de réduire le tabagisme. Je vous le signale… même si
la société et l’État ne peuvent être formellement tenus responsables pour les
fumeurs. Fumer est d’abord un geste personnel et individuel, mais il est sûr
que le contexte social, politique et économique y a une certaine part. Et
l’État peut influer ce contexte, mais pas juste en santé. Les ministères
économiques aussi doivent y contribuer. Car l’État et le citoyen ne sont pas
compartimentés comme le sont les ministères. Si l’objectif en est un de
société, la politique doit savoir intégré autant les ministère de la santé, de
l’éducation, des sports et loisirs que du travail ou des finances. Et ces
ministères devraient recevoir des prix orange ou citron selon leur contribution
à la baisse ou à la montée du tabagisme.
Par exemple, alors que les édifices gouvernementaux sont non-fumeurs, on
pourrait vérifier ce qu’il en est des Casinos du Québec. Et ils recevraient
alors le prix appropriés.
Autres infos:
Ligne j'arrête: 1-888-853-6666
***
28 avril, 2003
La culture… avec les mains!
Michel Handfield
Samedi et Dimanche (26 et 27 avril) c’était
l’exposition des finissants de l’école du meuble de Montréal. De la culture
avec les mains, car le meuble est une forme d’expression, une philosophie, un
acte politique selon qui le fait, pourquoi il le fait et comment il le fait. Il
peut avoir une utilité, une beauté, mais parfois une inutilité aussi! Un meuble
peut être fait pour être utile, comme une commode. Mais une commode peut aussi
être faite comme un geste politique, avec des tiroirs sans fond par exemple
pour dénoncer le vide que l’on cache derrière des apparences! Bref, le meuble
est un art et l’exposition nous montrait des artistes. Malheureusement,
auront-ils des emplois à leur mesure… ou feront-ils des meubles en
« presswood » à la chaîne pour vendre dans les grandes surfaces?
On dit que l’économie va bien au Québec. En
terme quantitatif, soit de productivité et d’emplois, peut être. Mais en terme
qualitatif, soit de qualité d’emplois, d’utilisation de ses talents et de
dépassement personnel, je crois que notre économie ne se classe pas très bien.
Le développement sur une chaîne de montage, avec des gestes répétitifs, ce
n’est pas fort, fort! On n’a pas assez d’emplois à la mesure de nos talents.
C’est ce que cette exposition me confirme, car il y a longtemps que je le sais.
Mais le qualitatif n’entre pas dans les stats; et on continue à nous parler de
la bonne performance de notre économie…. malgré le désenchantement de plus en
plus de travailleurs qui souffrent de l’inadéquation entre leur talent, leur
métier, leur art et leur travail! Un peu comme une commode avec des tiroirs
sans fonds. On voit les apparences, mais on oublie l’essentiel : le
qualitatif! La qualité de vie du travailleur.
Bref, des finissants de talents et je leur
souhaite du travail à leur mesure… même si leurs commodes ont des tiroirs avec
fond! Mais je doute…
***
1er décembre, 2003
Brèche de l’historicité!
Michel Handfield
Commentaires sur :
TIRESIA, de Bertrand Bonello, en salle le 19 décembre
Guillebaud, Jean-Claude, 2003, Le goût de l’avenir, Paris: Seuil
Esquenazi, Jean-Pierre, 2003, Sociologie
des publics, Paris: La découverte/repères
***
« L’histoire de Tiresia appartient à la
mythologie grecque. Durant sa vie, Tiresia fut homme et fut femme. Aveuglé(e)
par la rage d’une déesse, les dieux lui concédèrent une vision supérieure.
Tiresia, un transsexuel brésilien d’une grande
beauté, vit clandestinement avec son frère à la périphérie parisienne.
Terranova, un esthète à la pensée poétique, l’assimile à la rose parfaite et la
séquestre pour qu’elle soit sienne. Privé de ses hormones quotidiennes, Tiresia
va petit à petit se transformer devant ses yeux. Impuissant face à ce qu’est
devenue sa rose, Terranova va l’aveugler et s’en débarrasser. Tiresia est alors
recueilli dans un piètre état, mi-homme/mi-femme, par Anna, une jeune fille
simple et sauvage qui prendra soin de lui. Pendant sa convalescence naîtront
chez Tiresia des dons de prédiction.
Mais la présence d’un oracle gène l’Église, et le prêtre de la paroisse ne peut
faire autrement que de se confronter à Tiresia. » (1)
Ce film, un peu particulier, fait un pont entre les époques, passant de la
mythologie grecque, avec Tiresia
l’hermaphrodite (2), à la forme moderne
de l’hermaphrodite: Tiresia, la
transsexuelle! Mais ce faisant, on ouvre une brèche dans le temps; un parallèle
entre hier et aujourd’hui. Brèche symbolique plus importante qu’on ne le croit.
Il y a douze mille ans, nous passions du
paléolithique au néolithique. C’est à ce moment que « l’homme interrompit
son errance pour fonder la civilisation » (Guillebaud, 2003, p. 13) Ce fut probablement un choc,
une période de changement et d’incertitude. Le connu s’effaçait. Le nouveau
n’était pas encore là. On était entré dans une brèche de l’histoire. « Or,
voilà que dans notre rapport au réel, à la matière, au temps et à l’espace, à
la vie elle-même, nous vivons aujourd’hui un basculement de cette importance.
Tout s’efface et tout mue. » (Guillebaud, 2003, p. 13)
Ce lien entre le film et le livre de Guillebaud, que je suis en train de lire, m’a frappé
durant le film. Comme si, dans le passage entre deux périodes de civilisation,
il y avait une brèche qui s’ouvrait. Les mythes grecs sont réactualisés. La
civilisation tremble. L’individualité prend le pas sur la civilisation, en
attendant un autre enlignement qui la remplacera. On rebrasse les cartes. Il est à souhaiter
qu’on ne disperse pas le jeu.
On se cherche, on n’est plus sûr d’où on est,
d’où on vient, d’où on va! En période d’incertitude on se repli sur soi ou les
dieux. On réactualise les mythes: la mythologie et la mystique prennent de plus
en plus de place, que ce soit sous le nom de religion ou de nouvel âge! Guerre de civilisation et guerre
de religion se confondent. Au nom d’une illumination on peut faire la guerre
sainte. C’est le règne du soi, qui fait qu’au nom d’une pensée mystique (on ne
fait pas de jugement de valeurs ici) il est « permis d’abattre, sans armes
perfectionnées (de simples cutters!), les plus hautes tours de Manhattan »
(Guillebaud, p. 30) ou de faire la guerre à un pays pour trouver un homme; avec
la bénédiction de Dieu, qu’il se nomme God ou Allah!
La valeur d’humanité est perdue. (3) On passe à
un monde individualisé. On cherche la
satisfaction de nos désirs personnels (ex. l’esthète); de nos aspirations; mais on est aveugle aux
désirs des autres. On tient ceux qu’on ne connaît pas pour marchandise. On les
déshumanise. Ils deviennent jetables (on peut lui crever les yeux et le jeter
sur le bord du chemin comme dans le
film); une chose; une ressource, au même titre que la tonne de fer! Qui se
soucie des travailleurs qui ont fait leurs espadrilles ou leurs pull dans des
conditions d’esclavage?
« Au-delà des mécanismes socio-économiques
inégalitaires liés à la transformation des économies modernes, l’aggravation de
ce qu’il appelle la souffrance sociale fut inséparable d’une acceptation
inavouée de la peine d’autrui, d’une indifférence secrètement oublieuse des
valeurs et des codes sociaux, voire du simple « plaisir » de faire
souffrir, plaisir qui renvoie lui aussi à la question du mal. (4) » (Guillebaud,
2003, p. 33)
Terranova, esthète à la pensée poétique,
n’hésite pas à séquestrer Tiresa pour son plaisir, comme un objet. Mais lorsque
cet objet se défait – Tiresa redevient homme par manque d’hormones – il lui
crève les yeux et la jette dans un boisé.
« Affranchi des liens de la morale, délivré
de la culpabilité et de la peur, le meurtrier est emporté. Il est soudain
maître de la vie et de la mort. (5) » (Guillebaud, 2003, p. 32)
Comme une exaltation qui fait perdre toutes
proportions! Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous. La perte de leur
vie n’est que dommages collatéraux ou mort d’infidèles; selon que l’on est
Président des États-Unis ou martyr aux commandes d’un avion qui se lance dans
le « World Trade Center »:
« Au Liban, par exemple, on exécuta et on
massacra pendant dix-sept ans – de 1975 à 1992 – des hommes et des femmes du
seul fait qu’ils étaient musulmans ou chrétiens, palestiniens ou druze,
sunnites ou chi’ites. C’est l’autre en tant que tel, et non point l’adversaire
idéologique ou le concurrent qu’il s’agissait de tuer. (Guillebaud, 2003, p.
27)
La civilisation que l’on a connue, qui nous
vient en partie de la Grèce comme le mythe de Tiresa, perd ses repères. De la
vie sociale nous sommes passé à l’individualité, avec ses droits, mais aussi
ses désirs et ses pulsions. La brèche est ouverte, le droit collectif et
communautaire étant battu en brèche par les droits individuels. L’individualité menace-t-elle la démocratie?
Ou « le goût de l’avenir » fera-t-il en sorte qu’une nouvelle civilisation
se recréera? Une civilisation qui ne sera pas uniquement basé sur la possession
et l’économie. La possession de Tiresia. Une société qui sera basé sur la bonté
du monde, comme la bonté d’Anna qui a sauvé Tiresa.
Mais la bonté, ou l’humanisme, fera toujours
face à l’idéologie. Elle sera toujours là, au détour.
***
Attention, le livre
de Guillebaud et le film Tiresia ne sont pas la même chose. Sauf que le film
est une fable qui peut être vue et comprise de différentes façons selon qui le
voit. Dans mon cas, lisant en même temps Guillebaud, j’ai vu un parallèle
signifiant et j’ai plongé dans cette brèche entre les débuts de la démocratie
en Grèce, qu’ouvrait Tiresia du mythe grec, et notre époque, avec Tiresia la
transsexuelle, où la démocratie semble
menacée par l’individualité poussée à l’extrême. (6)
Ceci m’amène donc à
vous glisser un mot sur les publics. Une œuvre est ce que dit un artiste – que
ce soit un auteur (de livre, de téléroman ou journaliste peu m’importe), un
cinéaste, un peintre, un chanteur… C’est un tout signifiant pour lui. Mais de
l’autre coté il y a les publics qui lui donneront d’autres significations. Les
époques aussi, car la connaissance fait en sorte que les jugements changent.
Comme les valeurs et les interprétations.
Le mythe de Tiresia,
mi-homme/mi-femme, a donc traversé les époques. Mais il a changé de forme,
devenant transsexuel. Il a été réactualisé, comme on relit l’histoire. C’est
ainsi qu’il y a…
« (…) résurgence d’un sentiment plus indécis qui
hante la mémoire américaine: celui d’une mitoyenneté provisoirement consentie,
jadis, avec le Mal, celui du massacre de civils japonais effectivement accepté,
par exception, dans le but proclamé de conjurer d’autres massacres; celui du
« meurtre innocent » commis démocratiquement au nom du Bien, et au
risque d’une irrémédiable corruption de la fin par les moyens (7). »
(Guillebaud, 2003, p. 24)
Mais cette
lecture/relecture de l’histoire; cette compréhension des œuvres passées et
présentes; des films et des livres; des téléromans et des essais dépends des
publics qui les regardent ou qui les lisent. Et même sur les publics il n’y a
pas unanimité, car les gens unis dans une même salle de cinéma ou d’un musée
n’ont ni le même background, ni la même histoire, ni les mêmes aspirations.
Autant un sénateur conservateur qu’un anarchiste peuvent aimer une toile de
Monet et y trouver un sens ou une émotion, mais pas nécessairement le même. Si
cette question des publics vous intéresse la « Sociologie des
publics » sera aussi un livre pour vous.
Notes:
1. Synopsis du film Tiresia (un film de Bertrand
Bonello), de Film Tonic, distribué par Alliance Atlantis Vivafilm Voir aussi http://cinema.tf1.fr/cinema/affiche/0,,1028972,00.html
2. Hermaphrodite: personne possédant des attributs des deux sexes.
3. Clin d’œil à FINKIELKRAUT, Alain, 1996, L'humanité
perdue, Paris: Seuil, coll. points.
4. Christophe Dejours, Souffrance en
France. La banalisation de l’injustice sociale, Seuil, 1998. L’auteur
dirige aujourd’hui le laboratoire de psychologie du travail au Conservatoire
national des arts et métiers. (Note de l’auteur)
5. Wolfgang Sofsky, L’Ère de l’épouvante.
Folie meurtrière, terreur, guerre, Gallimard, 2002. Le passage cité ici
est tiré d’une interview accordée par l’auteur au Nouvel Observateur, 17-23
octobre 2002.
6. Car toutes choses poussées à l’extrême a
l’effet contraire à celui recherché. C’est l’effet Némésis, autre personnage de
la mythologie grecque, tel que décrit dans un livre de Ivan ILLICH, 1975, Némésis
médicale, Paris: Seuil, coll. point
7. Cité par Jean-Pierre Dupuy, Avions-nous
oublié le mal? Penser la politique après le 11 septembre, Bayard, 2002, p.
48-9. C’est à ce livre que j’emprunte le renvoi à Hiroshima.
Les œuvres en question:
TIRESIA, de Bertrand
Bonello, en salle le 19 décembre
Montréal, le 20 novembre 2003. Film Tonic et Vivafilm sont très fières
d’annoncer que le film TIRESIA de Bertrand Bonello, présenté en compétition
officielle au Festival de Cannes 2003 et au FCMM, prendra l’affiche le 19
décembre prochain. Acclamé par la critique en France, le troisième long métrage
du réalisateur franco-québécois est coproduit par Luc Déry de micro_scope et
Carole Scotta et Simon Arnal-Szlovak de Haut et Court (France).
Inspiré du mythe grec de Tiresias qui fut dans
sa vie homme puis femme avant de posséder des facultés de divination, TIRESIA
raconte l'histoire d'un transsexuel brésilien d'une grande beauté qui vit
clandestinement avec son frère dans la périphérie parisienne. Terranova, un esthète à la pensée poétique,
l’assimile à la rose parfaite et la séquestre pour qu'elle soit sienne. Privée
d'hormones, Tiresia va petit à petit se transformer devant ses yeux : barbe qui
pousse, voix qui change... Impuissant face à ce qu’est devenu sa rose,
Terranova va l'aveugler et la jeter à l'orée d'une banlieue voisine. Tiresia
est alors recueillie dans un piètre état, mi- homme/mi-femme, par Anna, une
jeune fille un peu simple qui prendra soin d'elle. Pendant sa convalescence,
naîtront chez Tiresia des dons de prédiction.
Mais la présence d'un oracle gène l'Église, et le prêtre de la paroisse
ne peut faire autrement que de mettre fin au séjour de Tiresia dans la ville.
Écrit par Bertrand Bonello d'après une histoire
de Luca Fazzi, le film met en vedette Laurent Lucas, Clara Choveaux, Célia
Catalifo, Thiago Theles et Lou Castel. Plusieurs artisans québécois ont participé à cette
coproduction dont Josée Deshaies à la direction photo, Claude La Haye à la
prise de son, Sylvain Bellemare à la conception sonore et Claude Girard à titre
de coproducteur associé.
Distribué au Canada par Film Tonic et Vivafilm,
TIRESIA sera présenté à compter du 19
décembre à Ex-Centris, au Beaubien ainsi
qu’au cinéma Le Clap à Québec.
Guillebaud, Jean-Claude, 2003,
Le goût de l’avenir, Paris: Seuil
Sans le savoir, nous
sommes déjà entrés dans un nouveau monde. La rupture que nous vivons est si
radicale que les changements vont, cette fois, bien plus vite que les idées.
Nous avons du mal à penser véritablement la prodigieuse mutation
anthropologique et historique dont nous sommes les témoins inquiets. La plupart
de nos analyses, de nos discours et de nos querelles campent dans un passé
révolu et entretiennent des oppositions d'autant plus théâtrales qu'elles
deviennent sans vrai contenu.
Ce déphasage est
redoutable. Il signifie que nous nous sentons de moins en moins capables d'agir
sur le cours des choses. Nous sommes tentés de déserter l'histoire. Après nous
le déluge... C'est contre ce nouveau fatalisme que ce livre entend réagir.
Retrouver le goût de l'avenir, refonder la démocratie, reprendre possession de
notre destin, tout cela exige des mises à jour radicales. Pour ce faire, il
faut tenter de penser autrement les grandes contradictions contemporaines,
celles qui sont au centre même de notre vie en société : la transgression
opposée à la limite, l'individualisme brisant le lien, la transparence capable
de ruiner l'intériorité, l'innocence préférée à la responsabilité ou encore la
croyance affaiblie qui ne donne plus sens au savoir.
Au-delà de ces
contradictions fondatrices, contre les pugilats dépassés et les manichéismes
exterminateurs, ce sont autant de chemins nouveaux qu'il s'agit de tracer. Ou
d'ouvrir
Esquenazi, Jean-Pierre, 2003, Sociologie des
publics, Paris: La découverte/repères
Pour les sociologues, les publics sont
particulièrement difficile à étudier : où trouver celui du film Le Grand bleu
ou celui du dernier livre de Bruno Latour ? Ce livre, qui pourrait également
s’intituler Sociologie de la réception, fait le point sur les différentes
façons d’envisager cette notion à la fois indispensable et fuyante : un «
public » est un ensemble hétéroclite, parfois imprévisible, composé de membres
aux motivations diverses et aux interprétations contradictoires. Les
sociologues se sont d’abord contenté de saisir le public à travers les
caractéristiques des objets qui attirent le public. Puis ils ont cherché à
compter ses membres et à définir leurs traits caractéristiques. Certains ont
aussi voulu le comprendre comme l’effet de logiques essentiellement
économiques, ou comme la conséquence de la stratification sociale. D’autres ont
privilégié les différentes identités des publics pour expliquer leurs
réactions, ou examiné les conditions sociales dans lesquelles les objets
entrent en relation avec les publics. Enfin la sociologie a considéré comme
décisifs les contextes symboliques à l’intérieur desquels les acteurs
deviennent des publics.
Hyperliens:
Tiresia
http://www.telefilm.gc.ca/data/production/prod_2757.asp?c=1
Jean-Claude Guillebaud, éditeur au Seuil, journaliste au nouvel observateur
http://www.humanite.presse.fr/journal/1999-09-15/1999-09-15-295976
http://permanent.nouvelobs.com/
Jean-Pierre Esquenazi, prof en sciences de l’information et de communication à l’Université
Lyon-III
***
9 novembre, 2003
HOMMAGE À PINK FLOYD avec
la formation FINE PLUG.
J’ai vu leur
spectacle au Spectrum et je peux parler de l’enthousiasme de la salle. Ça
réagissait fort. Des fans de Pink Floyd heureux de l’hommage, c’est dire la
qualité du groupe Fine Plug! Je peux dire que Pink Floyd avait un génie musical
rare; il faut du talent pour les reproduire! Ce fut une belle
soirée.
***
Notes d’écoutes (26 octobre, 2003)
Michel Handfield
Graupner, Cantate, Sonate, Ouverture – Musique instrumentale et vocale,
vol. 2, L’ensemble des Idées heureuses, Geneviève Soly; Ingrid Schmithüsen,
soprano; Hélène Plouffe, Viole d’amour, Analekta FL 2 3180
Profondeur et calme.
Ça doit faire une dizaine de fois que je l’écoute pour écrire un texte sur ce
CD, et j’écoute au lieu d’écrire! Je trouve ce disque de toute beauté au point
que j’écoute encore ce disque autant qu’à ma première écoute et je n’écris pas.
Les émotions musicales de ce disque (Voix, Viole d’amour, clavecin) sont plus élaborés que mon langage pour le
dire faut croire; ou il me touche quelque part dans mon inconscient. Je ne sais
pas, mais je sais qu’il me tient silencieux du clavier et attentif. Chose rare,
car ma blonde se demande toujours s’il y a de quoi que je peux écouter ou
regarder sans être derrière le clavier à pitonner un texte, une idée ou faire
de la recherche Internet, car je suis un claviero-moteur d’habitude! Et bien ce
disque me tient coi, ça m’a pris deux écoutes ce soir (et il dure 64 min.) pour
n’écrire que ces quelques lignes! C’est une preuve que ce disque à un je ne
sais quoi de particulier. Une rythmique et une douceur à la fois qui viennent
me chercher.
Sergei Istomin, Solos virtuoses pour viole de gambe : Abel, Schenk,
Telemann, Analekta FL 2 3144
Découverte de la
viole de gambe, qui a une profondeur comme le violoncelle, mais avec davantage
de possibilités harmoniques. Cela marié au charme de la musique baroque et on
se laisse bercer par cette musique. C’est fort agréable. Et en plus de
découvrir un instrument, j’ai l’impression de redécouvrir le baroque, car ce
n’est pas le type de musique fréquent sur les enregistrements baroques.
Certaines sonorités me font même penser au jazz, particulièrement sur les
« 27 pièces pour viole de gambe » de Abel, vu leur côté mélancolique.
Ce fut aussi
l’occasion de découvrir Schenk et une autre facette de Telemann, car on
découvre de toutes autres sonorités et émotions – l’instrument peut être triste
ou joyeux – qu’au piano, clavecin ou au violon sur ce CD. Mais, il en était à
son chant du cygne, comme on le dit dans la présentation de ce disque sur le
site d’Analekta :
« Ce n’est qu’en fin de parcours, alors que le violoncelle était
en voie de supplanter la viole, qu’émergent les virtuoses et compositeurs
allemands dont le présent enregistrement propose parmi les plus belles pages
solos, chants du cygne de cet instrument dont on disait que, plus que tout
autre, il savait rendre toutes les inflexions de la voix humaine. »
Voilà donc
l’occasion de découvrir cet instrument – car les enregistrements de solos pour
violes de gambes ne sont certainement pas fréquents – et une autre facette du
baroque. Mais si cet instrument eût demeuré, qu’en aurait fait le jazz? De quoi
rêver par un après-midi pluvieux d’automne.
Marie Denise Pelletier, Les mots de Marnay, Disques Victoires, VIC2-1843
Classique du XXe siècle: les chansons de
Marnay! Je ne sais pas s’il y en a eu 100 000, mais sur ce CD on en
découvre 13 de marquantes, dont « Cent mille chansons »; « Les
moulins de mon cœur » (archi connu mais dont j’ignorais le titre);
« La maison où j’ai grandi »; « Un jour un enfant »… Mais
surtout, et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons demandé ce CD, « La
croix, l’étoile et le croissant »
avec les voix de Valérie Assouline et de Lynda Thalie qui se sont ajoutée à celle de Marie Denise Pelletier pour cette
chanson toujours – et malheureusement – d’actualité sur des conflits qui
séparent des citoyens au nom d’un Dieu unique, d’amour et de paix, en qui ils
croient pourtant! Un CD à écouter avec les oreilles et le cœur.
Mais, comme toutes
les réinterprétations de succès connus, je regrette qu’on ne mette pas aussi le
nom de l’artiste qui a immortalisé la chanson avec l’année de ce succès. Ce
pourrait être une info fort intéressante tant culturellement que socialement.
Dans certains cas, certaines chansons ayant été revisité plus d’une fois, on
verrait qu’elles ont traversé bien des époques et bien des cultures; qu’elles ont
un côté universel qui nous rejoint tous.
***
Notes d’écoutes (11 octobre, 2003)
Michel Handfield
The Best of Elgar, Naxos, 8.556672
Ce CD s’ouvre avec
entrain sur « Pump and circonstance », marche en D Majeur, Op. 39, No
1. Musique grandiose que j’ai l’impression de connaître et d’aimer. (1) Et
d’une pièce à l’autre nous allons dans la découverte, car je ne connaissais pas
Elgar. Je voulais le découvrir, car j’ai choisis un concert Elgar à l’OSM pour
le chef, Franz-Paul Decker, et le chant. Je considérais donc normal d’avoir une
introduction à sa musique! C’est ce que permettent ces « Best of » de
Naxos.
Avec ce CD je fis
donc une heureuse découverte, car Elgar c’est à la fois puissant, comme dans
« Pump and Circonstance », mais aussi fluide et romantique, comme
dans « Introduction and Allegro », Op. 47 ou dans « Salut
d’amour », Op. 12. Cependant, j’y sens toujours un compositeur énergique.
Une belle découverte, qui me donne hâte au concert même si ce n’est pas le même
programme.
Quant aux concert
Elgar à l’OSM, il aura lieu le mercredi 21 jan et Vendredi 23 janvier 2004 à
20H. Il s’agit d’Elgar et les voix enchantées
sous la direction de Franz-Paul Decker, avec le cœur de l’OSM et
Marie-Nicole Lemieux, dont nous parlons avec le prochain CD.
Note:
1. Une courte
recherche dans les musiques de film m’a permis d’apprendre que nous retrouvons
cette pièce (« Pump and Circonstance ») d’Elgar dans A
Clockwork Orange et Greystoke The Legend of Tarzan.
****
Marie-Nicole
Lemieux, contralto et Tafelmusik Baroque Orchestra sous la direction musicale
de Jeanne Lamon, Scarlatti,Vivaldi, Avison : Salve Regina,
Stabat Mater, Analekta, FL 2 3171
Le baroque, quelle musique harmonique. Alors
pourquoi baroque? Et bien c’est par opposition au classicisme nous apprend Le
Robert! Qui laisse libre cours
à la fantaisie et la sensibilité! C’est d’une harmonique moderne dirais-je;
moins mécanique. Et si le plus « classique » des Baroque est Bach
(1685-1750), Vivaldi (1678-1741) en est un autre, et pas juste pour ses quatre
saisons! Car souvent, dans le classique comme dans le populaire, on pousse
quelques œuvres très vendeuses et la connaissance de la masse s’arrête à
celles-ci. Tel n’est pas le cas chez Analekta – comme chez Naxos d’ailleurs –
qui ont une philosophie d’élargir les horizons.
Sur ce CD nous
retrouvons ainsi du Vivaldi, mais avec la symphonie pour corde en Sol majeur, RV. 49; le Stabat Mater; et
le Concerto pour cordes en la majeur, RV. 158. Du Scaraltti (1685-1755), soit
Salve Regina, qui nous fait découvrir la voix mélodieuse, juste et chaude de
Marie-Nicole Lemieux, et du Avison (1709-1770), dont je ne connaissais même pas
le nom je l’avoue, avec le Concerto no. 7 en Sol mineur d’après Scarlatti!
Un CD agréable et,
si vous accumulez les compilations baroques depuis quelques années au point de
vous retrouver avec 5 versions du Canon
de Pachelbel. On passe tous par là quand on commence à aimer le classique
d’ailleurs! Un incontournable à acheter, car ce CD vous offre l’occasion
d’élargir vos horizons dans le baroque!
Pour terminer, je
reviens à Marie-Nicole Lemieux., car en plus d’être du concert Elgar,
elle sera aussi d’un autre concert que j’ai choisi à l’OSM: La
Résurrection de Mahler (Naxos 8.550523-24) les lundi 24 et Mardi 25 mai 2004
à 20H.
***
Compilation Vol. 10, Les Must Analekta, ANS 10
Sur ce CD on trouve
la compilation des plus importantes réalisations d’Analekta en 2002-2003. Une
occasion de s’introduire au classique avec autre chose que le Boléro ou le
Canon de Pachelbel! C’est l’occasion de
découvrir du Glick, du Liszt, du Graupner, du Kreisler, tout en ayant du
Brahms, du Bach et du Beethoven! De découvrir aussi des interprètes d’ici,
comme Marie-Nicole Lemieux, contralto, Luc Beauséjour, clavecin, ou encore
James Ehnes, violon, qui interprète justement Kreisler (un CD que j’avais bien
apprécié l’an dernier).
Un CD pour découvrir
le classique si vous vous sentez prêt à faire le saut vers cette musique qui se
laisse très bien écouter. Car pour écouter du classique, nul besoin d’en
connaître l’histoire ou de lire une encyclopédie. La musique passe d’abord par
les tripes, comme le rock! C’est affaire de sentiment, de sensibilité. A bas
les barrières! Et si vos amis ou vos proches n’en écoutent pas, ce sera votre
p’tit côté « pas comme les autres », votre déviance classique!
Si vous avez déjà le
goût du classique, ce CD est aussi pour vous; pour élargir vos horizons ou pour
vous donner une idée d’interprètes que vous ne connaissiez pas. Car après un
extrait de Kreisler par exemple, vous aurez peut être le goût d’aller plus loin
et d’acheter le CD. Vous aurez peut être même le goût de découvrir d’autres
œuvres au violon.
***
The Gryphon Trio,
Créations d’œuvres canadiennes : Murphy,
Chan, Hatzis et
Kulesha, FL 2 23174
Bienvenue ailleurs,
dans un autre monde, une autre dimension. Car là on est dans la musique
contemporaine. Comme si Bach avait côtoyé les Beatles, Pink Floyd et Iron Maden
ou avait sorti avec Janis Joplin! Ça influence le piano ou le violon, c’est
selon!
Moi j’aime, car le contemporain me surprend.
De voir, d’entendre, les harmonie et disharmonie, les notes que l’on peut
sortir de ces instruments auquel on est habitué depuis si longtemps (le piano
date du milieu des années 1700 par exemple), mais dont on n’a pas encore
exploré toutes les possibilités! C’est du moins ce que j’imagine chaque fois
que j’écoute du contemporain. Comme
si Jimmy Hendrix poussait plus loin le piano!
Pour cette raison je
ne parle d’aucune des pièces. De toute façon vous aurez tous les renseignements
en cliquant sur cet hyperlien (FL 2 23174), mais je vous dis
que si vous avez le goût de découvrir demandez à l’écouter chez un bon
disquaire. Et si vous avez le goût de vous secouer, achetez le et plongez! Vous
allez « capoter », soit parce-que vous aimez, soi parce que vous vous
demanderez c’est quoi ça! Ou encore vous vous direz comment ça se fait que j’ai
acheté ça? Mais effet garanti! C’est juste quel effet que cela aura sur vous
que je ne peux garantir! Mais moi j’aime le contemporain, car j’ai toujours été
un peu marginal. Tenez vous le pour dit!
****
jeudi, 18 septembre,
2003
Eugene Onegin
1. L’opéra
Connaissez-vous
Eugene Onegin? C’est un opéra de Tchaikovsky basé sur un texte en vers de Pouchkine.
Une histoire d’amour et de rejet.
Au premier acte
Onégine et Lensky arrivent à la maison de Mme Larina, où ce dernier rencontre
sa bien aimée, Olga. Pendant ce temps il laisse Onégine avec Tatyana, la sœur
d’Olga. Cette dernière tombe en amour avec Onégine… qui saura la décourager.
Au second acte c’est
un bal en l’honneur de l’anniversaire de Tatyana, mais Onégine dans avec Olga,
ce qui rend Lensky fou de jalousie. Il provoque donc Onégine en duel et sera
tué.
Le troisième acte se
passe quelques années plus tard. Onégine revoit Tatyana a l’occasion d’un bal
et tombe amoureux d’elle, mais elle est mariée et le rejette!
Cet Opéra a un côté
autobiographique, ayant été écrit par Tchaikovsky, au moment où son propre mariage battait de l’aile, sur
un poème de Pouchkine, qui est mort, comme son personnage de Lensky, au cours
d’un duel! Il a aussi un côté universel, car ce n’est pas un conte romantique,
mais davantage une étude psychologique et de caractère! Une œuvre qui
va au plus profond de l’humain. Cet Opéra se termine d’ailleurs sur le
cri d’Onéguine : « Quel sort pitoyable est le mien. » (Encarta)
***
Pour plus de détails
sur cet Opéra, je vous renvoie à l’article Eugène Onéguine de Wikipédia, l'encyclopédie libre, et à celui d’un site dédié à Tchaikovsky. L’encyclopédie Encarta (Microsoft) offre aussi un très bon article sur
le sujet.
Enfin, sur le site
de NAXOS nous retrouvons ce texte:
Eugene Onegin
Pyotr Il'yich
Tchaikovsky. Opera in three acts. 1878.
Libretto by the composer and Konstantin Stepanovich Shilovsky, after
Pushkin's verse novel.
First performance at the Moscow Bolshoy Theatre on 23rd January 1881.
CHARACTERS
Madame Larina, a land-owner mezzo-soprano
Tatyana, her daughter soprano
Olga, her daughter contralto
Filipyevna, Tatyana's nurse
mezzo-soprano
Eugene Onegin baritone
Lensky, his friend, engaged to Olga
tenor
Prince Gremin bass
A Captain bass
Zaretsky bass
Triquet, a
Frenchman tenor
Guillot, a
valet silent rôle
At Madame Larina's country house, Onegin and Lensky arrive, the latter
to join his betrothed, Olga, leaving Onegin to talk to Tatyana, who falls in love,
as her old nurse Filipyevna realises. In her bedroom she writes a letter to
Onegin, which Filipyevna is to deliver. In the garden she meets him and he
discourages her, urging patient restraint and telling her he has no mind to
marry. At a ball in the house to celebrate Tatyana's birthday, Onegin chooses
to dance with Olga, to Lensky’s increasing anger, leading to his demand for
satisfaction. The next morning the two men fight a duel and Lensky is killed.
The third act takes place some years later at a more fashionable ball in St
Petersburg. Onegin is there, having returned from self- imposed exile, and the
ball is also attended by his kinsman Prince Gremin and his wife, Tatyana, her
presence arousing Onegin’s love. He writes her a letter, declaring his passion,
but she reminds him of his former advice to her and, whatever her real
feelings, now rejects him.
Tchaikovsky's opera was written at the difficult period of his marriage
to an apparently infatuated and certainly unbalanced admirer and their immediate
separation. It was completed abroad in Switzerland and Italy. Of particular
poignancy is Tatyana's Letter Scene and Onegin’s subsequent answer in the
garden. Prince Gremin's aria in the third act gives depth to his character, as
he describes the effect on him of his marriage to the young Tatyana. The dances
from the two ball scenes have provided concert audiences with orchestral
excerpts from the score.
(Source: http://www.naxos.com/naxos/naxos_marco_polo.htm)
2. Le CD:
Great Opera Recordings, Tchaikovsky, Eugene Onegin, Naxos Historical (8.110216-17) (Double CD)
Il s’agit d’un
enregistrement de 1937 très bien restauré, car à part un ou deux légers
ronflements le son est superbe. Et sa valeur historique est incontestable,
étant un des premiers enregistrements de cet Opéra par le Bolshoi à l’époque où
c’était une pépinière de ténors. Le feuillet accompagnateur est d’ailleurs
riche en notation historique (en anglais).
Quant à l’œuvre,
depuis une semaine que je l’ai et je l’ai probablement écouté 3 ou 4 fois en
entier et mon intérêt s’est accru à chaque écoute, car les voix solos, les
chœurs et l’orchestration font une œuvre. Et c’est du Tchaikovsky! Il y a de
l’énergie. De la puissance diraient certains mélomanes. A découvrir sur disque
mais aussi sur scène, ce que je vais faire le 30 septembre prochain.
3. Sur scène:
Cet opéra sera donné en version de concert les mardi 30 sept et jeudi 2
oct. 2003 par l’Orchestre Symphonique de Montréal sous la direction du chef du
Bolchoï, Alexander Vedernikov à la Place des Arts.
4. Renseignements et
liens:
Tél. OSM: (514) 842-9951
Texte : Michel Handfield
***
Mardi, 16 septembre,
2003
Lancement de la saison 2003
d’Analekta
Michel Handfield
Le lancement de la
saison 2003-4 des disques Analekta s’est fait au Château Ramezay. Une saison
sous le signe des valeurs sûres et des découvertes à la fois. Du baroque, du
Vivaldi, du contemporain… Bref de la musique pour tous les goûts – classique
s’entend! - comme vous le verrez par les
disques reçus, énumérés à la fin de ce texte, et dont nous vous reparlerons
après quelques écoutes.
Même si on parle de
baisse des ventes de CD à cause d’Internet, chez Analekta on est positif. Car
on ne vend pas que des CD, on vend du contenu musical de qualité! Et ce qui
s’en vient prochainement, ce sont les ventes en ligne de contenu musical par
l’intermédiaire de Naxos!
De plus des
investissements de 2 millions$ sont prévus pour pénétrer les marchés extérieurs,
principalement les Etats-Unis. Car pour Analekta les choses semblent bien
aller, On parle même d’un accroissement des ventes. Mais là dessus je ne suis
pas surpris, car dimanche, avant la présentation du Concert Tchaïkovski par l’OSM, on annonçait là aussi un
accroissement des abonnements cette année. La salle était d’ailleurs comble. Il y a là comme un petit
quelque chose dans l’air qui rend le classique populaire!
Les disques
reçus :
Les must Analekta, vol. 10
Marie-Nicole
Lemieux, contralto et Tafelmusik Baroque Orchestra sous la dir. de Jeanne
Lamon, Scarlatti, Salve Regina; Vivaldi, Stabat Mater et Concerti Per
Archi (FL 2 3171)
L’ensemble des idées
heureuses sous la dir. de Geneviève Soly; Ingrid Schmithüsen, soprano, et
Hélène Plouffe, viole d’amour, Graupner: Cantate, Sonate et Ouverture
(FL 2 3180)
The Gryphon Trio, Créations
d’œuvres canadiennes: Murphy, Chan, Hatzis et Kulesha (FL 2 3174)
Sergei Istomin, Solos
virtuoses pour viole de gambe: Abel, Schenk et Telemann
***
24 juillet, 2003
Sony Music Radio Sampler
2003#5 – SMPD 137
Depuis 2 mois que
j’ai ce CD je l’ai écouté quelques dizaines de fois. Il est varié, avec
différents accents pop, rock, latino (Ricky Martin – Jaleo – spanglish
version). Comme toujours, il y a des incontournables Céline Dion (One
Heart) ou John Mellancamp avec
« Teardrops will fall » (un peu folk-rock avec des notes de guitares
qui me font penser au « Boss Bruce». You know who I mean!). Mais aussi
des découvertes.
A
souligner 54-40 (Animal in pain) et The Threws (every inabition)
pour leur rock 70’s. Audioslave (Show me how to live), pour leur gros
rock. Vendetta red (Shatterday) pour une pop rock aux accents
vraiment différents qui joue sur une large bande de sonorité et de nuances.
Michel
Handfield
22 mai, 2003
Sony Music Radio Sampler 2003#3 – SMPD 135
Cela doit faire 10 à 15 fois que j’écoute ce CD
depuis un mois, car je faisais de la recherche en même temps pour d’autres
textes et j’ai aussi profité du beau temps – il fut assez rare - pour faire un
peu de jardinage. Je l’ai donc écouté et réécouté plus d’une fois et je ne m’en
suis pas lassé, car il a du rythme à souhait. Un CD pour s’activer…
l’printemps! De la musique jeune avec des incontournables comme Céline Dion (I
drove all night) ou Jenifer Lopez (I’m glad). Mais aussi des découvertes:
Evanescence (Bring me to life) : une voix de style classique avec une musique hyper-rock;
Play (I must not chase the boys): de la pop avec un rythme jazz-rock. Très belle voix encore là.
Ginuwine feat/R. Kelly,
baby & Clipse (Hell Yeah): Du rythme dépouillé. On est à l’essentiel
et ça bouge. Ça a de la groove. C’est hip-cool!
System of a down (Boom): No doubt, on est dans l’alterno. Ça fly à l’énergie atomique. De quoi faire boom. Si vous ne comprenez
pas ce que je dis, c’est que ça ne s’adresse pas à vous. Carl l’alterno, c’est
hors des sentiers battus. On est dans l’underground. On aime ou on est fermé à
ça. Pas de compromis possible.
Des’Ree (It’s okay) : on est dans la pop balancée. C’est okay pour papa et maman. Les jeunes
vont aimer,mais les rebelles vont plutôt mettre « System of a down »
dans leur walkman. Mais it’s okay, You know what I means.
Vous aurez compris que moi j’aime quand ça
déplace de l’air. Si je me fie aux CD sample de Sony reçus depuis quelques
temps, on semble aimer le rythme dans cette boîte! Nous prépare-t-on un été qui
va swinger fort? J’ai l’impression. Si la tendance se maintien, ça promet! On
va avoir un été sur les chapeaux de roue!
Michel Handfield
***
6
décembre, 2003
LES TRIPLETTES DE
BELLEVILLE
Sortie : 19 décembre
Un film
de SYLVAIN CHOMET
Trame
sonore du québécois Benoît Charest disponible dès le 16 décembre sous
l'étiquette EMI Virgin !
PRIX SPÉCIAL DU JURY -- FESTIVAL DE COPENHAGUE
PRIX COUP DE COEUR DU PUBLIC -- FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM
DE QUÉBEC
"THE SENSATION OF THE CANNES FILM
FESTIVAL.", A.O. Scott, The New York
Times
"IT'S WONDERFUL! MY FAVORITE FILM SO FAR
THIS YEAR!", Tom Carson, Esquire
Champion est un petit garçon mélancolique adopté par sa grand-mère,
Madame Souza. Remarquant sa passion pour
le cyclisme, Madame Souva fait suivre à Champion un entraînement acharné. Les années passent. Champion est devenu un as de la « petite
reine », à tel point qu’il se retrouve coureur au célèbre Tour de
France. Mais pendant la course, il est
enlevé par deux mystérieux hommes en noir.
Madame Souza et son fidèle chien Bruno partent alors à sa
recherche. Leur quête les mène de
l’autre côté de l’Océan, jusqu’à une mégalopole nommée Belleville. Là, ils rencontrent les « Triplettes de
Belleville », d’excentriques stars du music-hall des années 30 qui
décident de prendre Madame Souza et Bruno sous leur aile. Grâce au flair de Bruno, ils se lancent sur
la trace de Champion. Mais
réussiront-ils à déjouer les plans de la puissante mafia française?
Commentaires
de Michel Handfield
D’abord,
la musique de ce film est à souligner de par ses références au jazz et au
swing. Elle fait partie intégrale du film et est entraînante à tous les sens du
terme, car elle ponctue le rythme et permet de suivre l’histoire!
Ce film
est surréaliste dans l’imagerie et
l’histoire. Un film pour ceux qui aiment la BD. Je ne sais pas comment les enfants
l’apprécieront, mais j’y ai vu beaucoup de références pour les adultes.
J’y ai
aussi vu du cynisme dans le bon sens du terme! Une fable sur l’exploitation
littérale de l’homme par l’homme dans les tripots! Mais je n’en dévoile pas
plus!
Hyperlien:
http://www.lestriplettesdebelleville.com/
4 décembre, 2003
Nez Rouge
http://www.christalfilms.com/nezrouge/
Commentaires de
Michel Handfield
Aujourd’hui ma
conjointe m’a dit « on va voir un film ». Nous sommes donc allé en
voir un que je n’avais pas vu en visionnement de presse : Nez Rouge. (1)
J’ai eu du plaisir, d’autant plus que le personnage principal est un critique
littéraire. Notre critique se fait
d’ailleurs humaniser, mais il conserve un petit côté cynique qui me plait bien.
J’ai aussi trouvé la
caméra intéressante, car on voit Montréal sous un angle différent et moderne dans la prise de vue. Le sujet du
film, bénévole à Nez Rouge, permet de bien parler de joies, de peines,
d’espoirs et de désespoirs, car ce sont souvent des prétextes à prendre un
p’tit verre de trop. Surtout au temps des fêtes. Et comme c’est la mission de
Nez Rouge de raccompagner ceux qui ont pris un p’tit verre de trop…
Je ne vous en dis
pas plus sur l’histoire. De toute façon vous en avez probablement déjà entendu
parler puisqu’il est à l’affiche depuis quelques temps. Mais malgré sa légèreté
et son romantisme, de bon aloi pour un film du temps des fêtes, c’est aussi un
film humaniste. Ma
blonde a bien aimé. Moi aussi.
Note
1. J’ai eu beau y
être allé pour le plaisir de ma blonde, je n’ai pu m’empêcher de sortir mon
Palm et de prendre quelques notes durant la projection! On ne sort pas le
« critique » du gars comme dirait l’autre! Quoi que je ne me
considère pas tant comme un critique que comme un commentateur de par mon type
d’écriture.
Hyperliens:
http://www.operationnezrouge.com/
2 décembre, 2003
De LeVar Burton
(Star Trek, Reading Rainbow)
« Blizzard » prendra l’affiche à la grandeur du Québec en
français (avec la voix de Lise Dion) et en anglais (avec la voix de Whoopi
Goldberg) le vendredi 12 décembre!
Jess a le cœur brisé quand son meilleur ami dénémage. Pour l’aider, sa tante Millie lui raconte
l’histoire de Katie et de son ami Blizzard, l’un des plus jeunes rennes du Père
Noël dont les spectaculaires habiletés à voler illustrent bien sa magie. Lorsque Blizzard met en danger ses pouvoirs
magiques pour venir en aide à la jeune Katie, Jess comprend que l’amitié garde
sa force si elle demeure vivante au plus profond de son cœur.
Tourné dans la ville de Québec, « Blizzard » met en
vedette Christopher Plummer, Brenda Blethyn, Brittany Bristow, Josh Buckle,
Jennifer Pisana, Kevin Pollak, Mark Rendall, Jan Triska, Zoe Warner et Jonathan
Wilson. De plus, on retrouve la voix de
Lise Dion dans le rôle de Blizzard, tandis que la version originale anglaise
met en vedette Whoopi Goldberg.
Commentaires de
Michel Handfield
D’abord un film
« cute » et d’émotions. J’ai même eu une larme à l’œil à quelques
occasions durant ce film; moi qui écrit pourtant sur la politique et des
événements sociaux parfois difficiles. C’est une belle histoire… qui a le
mérite d’en compter plus qu’une! Mais ces histoires ont toutes un point en
commun: Blizzard. Il est donc idéal pour les enfants, car cela en change le
rythme et permet de conserver leur attention. Sa durée est aussi idéale :
99 minutes!
Ensuite, on a pensé
aux adultes. Il y a des réflexions fortes intéressantes dans ce film concernant
notre monde. J’en ai même noté quelques une à propos de ce temps de
réingénierie que nous vivons. Archimède, l’Elf directeur du village du Père
Noël, « ne vivait que pour l’ordre
et les règles »… « ce qui ne
peut créer que des problèmes! » Car l’ordre et les règles, ça a
bien des difficultés à s’accommoder de ce qui n’est pas réglé, tel les aléas de
la vie! Blizzard remarque d’ailleurs « Qui a inventé ces règles qui
rendent sourd? » C’est donc d’une justesse fort à propos, quant on suit
l’actualité.
Bref, ce film, comme
un Astérix, s’adresse autant à l’enfant qu’à l’adulte en vous. Il joue sur
toute une gamme d’émotions, de réflexions et de cordes sensibles. Allez le voir
seul, avec vos enfants, vos p’tit
enfants ou vos neveux et nièces. Vous serez heureux… et eux aussi!
Hyperliens :
http://www.blizzardthemovie.com/
***
25 novembre, 2003
21
GRAMS / 21 GRAMMES
Sortie:
Vendredi, 28 novembre 2003
DURÉE :
125 minutes
Réalisateur: ALEJANDRO GONZALEZ INARRITU (Amores
Perros)
Mettant en vedette: SEAN PENN, BENICIO DEL TORO,
NAOMI WATTS
FESTIVAL DE
VENISE – COPPA VOLPI AWARD FOR BEST ACTOR, Sean Penn
Évocation des relations complexes entre une
ex-toxicomane, un mathématicien gravement malade et un ancien prisonnier versé
dans la spiritualité qui se rencontrent tragiquement à la suite d’un accident
de voiture.
Commentaires de Michel Handfield
Un bon film, dur comme la vie peut l’être; bonne
comme l’humain l’est parfois. On est dans la joie et la peine, des personnes
sauvées par la vie des autres. Il n’y a pas de milieux sociaux pour la
fatalité. Des vies basculent dans la joie; d’autre dans la peine, comme pour
créer un équilibre.
Mais de recevoir l’organe d’un autre peut faire en
sorte que l’on n’est plus soi même. Que des vies s’entremêlent. Car le cœur
n’est-il pas l’organe de l’émotion? Et l’émotion c’est aussi l’âme de la vie…
Un film dur, mais aussi d’espoirs. C’est la vie… avec
tout ce qu’elle comporte.
Hyperlien:
http://www.21-grams.com/index.php
***
CRIME
SPREE
DURÉE :
105 minutes
Sortie:
Vendredi, 28 novembre 2003
Réalisateur: BRAD MIRMAN
Mettant en vedette: HARVEY KEITEL, GERARD DEPARDIEU,
JOHNNY HALLYDAY, RENAUD, SAID TAGHMAOUI
Une bande de cambrioleurs parisiens est envoyée à
Chicago pour un travail facile. Mais
leur mission tourne au cauchemar lorsque l’équipe s’en prend à la tête
dirigeante de la mafia.
Commentaires de Michel Handfield
Un film « à l’américaine », coproduction
entre GFT Entertainment (Canada) et Studio Eight (UK), qui mêle comédie et
action; nos cambrioleurs étant quelque peu gauche. Un divertissement léger avec
de bons gags, comme le duel radio entre Johnny Hallyday et Renaud!
Quant aux quelques allusions aux méthodes nouvelles
âgeuses (croissance personnelle; pensée positive; « communication
skill ») elles m’ont particulièrement fait sourire. Ces méthodes, tournées
vers le « Soi », menacent les solidarités sociales et contaminent
toutes les sphères de la société. Ici elles commencent même à contaminer le
crime organisé! Si ça va mal, on travaille notre soi! On se ronge! On
communique! Puis on oublie ce que l’on a faire… et ça crée des problèmes à
l’organisation! C’est le second degré de ce film qui nous a plu. Mais il n’est
pas sûr que tous voient ce parallèle. Il faut dire que nous sommes quelque peu
versé dans la critique sociale et politique chez Societas Criticus et que ce
sont là des détails qui nous accrochent.
Bref, un bon divertissement ou un film surréaliste,
selon qui le regarde.
Hyperlien:
24 octobre, 2003
SYLVIA
Sortie:
Vendredi, 24 octobre 2003
DURÉE: 103 minutes
Réalisateur: CHRISTINE JEFFS
Mettant en vedette: GWYNETH PALTROW, DANIEL CRAIG
La vie de la légendaire auteure et poète américaine
Sylvia Plath et du grand poète anglais Edward Hugues à travers le génie,
l’amour et la passion de ce couple qui représente deux des plus influents
auteurs du 20ième siècle.
Commentaires de Michel Handfield
Ce film est un poème qui vire au drame. Mais d’abord
je dois dire qu’il m’a laissé un doute, une question: où le tout a-t-il dérapé
entre Sylvia et Edward? L’a-t-il toujours trompé? Était-il sincère? A-t-elle
toujours eu raison d’être jalouse? Est-ce que sa jalousie devenait si difficile
à vivre pour lui que cela l’a amené à la tromper – pour lui donner raison ou
pour s’éloigner? Le film me laisse l’impression qu’il l’a toujours trompé, mais
j’ai quand même un doute. Qu’en penserez-vous à votre tour?
Le milieu de la création et de la poésie n’était peut
être pas un milieu facile non plus, d’autant plus que les deux étaient dans le
même milieu et mis en comparaison. Ce qui est d’ailleurs fascinant à ce sujet,
c’est qu’elle semblait dans l’ombre de ce « grand poète anglais »,
alors qu’aujourd’hui c’est elle qui a pris la place, toute la place, car je
n’ai rien trouvé sur lui sur Internet alors que pour elle… plusieurs sites lui
sont consacrés en plus de ce film de la BBC! Sylvia a donc eu sa revanche
depuis.
Si un « bon poème c’est comme une bombe qui
change le monde! », tel que le dit Edward dans ce film, c’est sûrement
Sylvia qui a eu le punch final! Car Sylvia a eu une vie pour faire un film:
tourmentée et dramatique à la fois, avec un mari qui la trompe en prime! Elle
s’est d’ailleurs suicidé, mais en prenant bien soin de protéger ses enfants!
Tout pour être remarqué. Triste vie qui en a fait une légende.
***
Quand je suis sorti de ce film je trouvais qu’il
avait un petit quelque chose, comme une signature de la BBC. Et j’ai trouvé.
Tous les films de la BBC que j’ai vu ont un petit côté sombre, dramatique, un
climat particulier même lorsqu’il y a une touche d’humour. le flegme british!
Hyperliens
Sur Sylvia Plath
http://www.sylviaplathforum.com/
http://www.poets.org/poets/poets.cfm?prmID=11
http://www.quoteserver.ca/robots/1145.html
***
SCARY
MOVIE 3 ( FILM DE PEUR 3 )
Sortie: Vendredi, 24 octobre 2003
Réalisateur: DAVID ZUCKER
Mettant en vedette: CHARLIE SHEEN, ANNA FARIS,
ANTHONY ANDERSON, PAMELA ANDERSON, PETER BOYLE
La joyeuse bande est de retour dans un troisième film
de cette populaire série qui promet déjà de se moquer des films “Le Seigneur
des Anneaux” et “8 Mile”… sans oublier Michael Jackson!
***
17 octobre, 2003
LA FACE CACHÉE DE LA LUNE de Robert Lepage
En salles dès le 20 octobre
Montréal, 6 octobre 2003 - Alliance Atlantis Vivafilm est fière d'annoncer que le film La face cachée de la Lune, tourné en format haute définition, prendra l'affiche le 20 octobre prochain. Présenté en première mondiale au dernier Festival de Toronto, le plus récent long métrage de Robert Lepage sera projeté comme film d'ouverture le 9 octobre prochain au Festival du Nouveau Cinéma et des Nouveaux Médias de Montréal (FCMM). Basé sur la pièce de théâtre acclamée aux quatre coins du globe, le film La face cachée de la Lune sera présenté à l'Ex-Centris (avec sous-titres anglais) ainsi que dans les salles du Quartier Latin, de Boucherville et du Cinéma Beaubien. Du côté de Québec, le long métrage de Robert Lepage ouvrira le vendredi 24 octobre prochain au Clap et au Cineplex Ste-Foy.
Depuis toujours, nous sommes fascinés par la Lune; Américains et Russes se sont livrés bataille afin d'être les premiers à la conquérir. Ainsi, parallèlement à ses recherches sur notre place dans l'Univers, Philippe, affecté par la mort récente de sa mère, essaie de comprendre le fossé qui le sépare de son frère cadet André.
Robert Lepage est un artiste reconnu mondialement autant pour ses œuvres théâtrales que cinématographiques. Son premier long métrage, Le Confessional, a notamment été présenté à Cannes en 1995 comme film d'ouverture de la Quinzaine des réalisateurs. Soulignons que La face cachée de la Lune met aussi en vedette Anne-Marie Cadieux, Marco Poulin, Céline Bonnier et Richard Fréchette. La trame sonore signée Benoît Jutras, compositeur de renommée internationale, contribuera à transporter les cinéphiles vers d'autres mondes.
Distribué au Canada par Alliance Atlantis Vivafilm, le long métrage La face cachée de la Lune est une présentation de Media Principia et de La face cachée de la Lune inc. (Films FCL), sous la supervision des producteurs exécutifs Daniel Langlois et Robert Lepage ainsi que des producteurs Mario St-Laurent et Bob Krupinski.
Commentaires de
Michel Handfield
Un bon film; un très
bon film; un très, très bon film… J’arrête ou je continue?
Je continue :
Humaniste, Philosophique, Scientifique, avec tout ce que l’Homme a de grand et
de petit! C’est clair, non?
***
En fait ce film, de
par l’histoire du personnage principal, Philippe joué par Robert Lepage, qui en
est aussi le réalisateur et le scénariste, nous fait nous questionner sur les
grandes questions de la vie: d’où venons-nous?
Où allons nous? Sommes-nous seul dans l’univers? Sommes-nous un accident? Le
lien? L’espace!
Sur fond de
conquêtes spatiales, qui le fascine étant petit, Philippe se questionne sur la
lune. Mais l’univers, c’était aussi son milieu familial et son environnement.
Partir dans la lune à la maison ou dans les étoiles… avec ses premières
fréquentations de la drogue.
Mais Philippe devenu
adulte, est encore attiré par la poésie de la lune et des conquêtes spatiales,
mais aussi par leur côté plus bassement humain. Leur but était-il la science ou
le fait d’être les premiers dans l’espace? Sur la lune? Un but politico
narcissique? On pénètre donc par ce film dans le côté fragile et sensible de
l’être (Philippe) mais aussi dans ce qui dépasse l’être, par les questions
beaucoup plus grandes qu’il peut se poser en même temps: la complexité des
rapports Monde/Espace, Humain/Espace et Monde/Humain! Car même s’il a l’air un
peu rêveur, un peu désabusé – il semble aller de petits boulots en petits
boulots – il est en même temps en rédaction d’une thèse de doctorat, en
philosophie de la culture scientifique, sur le narcissisme!
C’est là le prétexte
à soulever des hypothèses et à chercher des réponses. Philippe se sent étroit
dans ce monde qui vire tout seul comme une roue mue par le moteur de l’économie,
ou nous ne sommes que les rouages d’une machine économique qui efface notre
humanité et notre être, lui qui est plutôt un penseur et qui a toujours dû se
demander: Pourquoi? Il
doit se sentir comme le poisson rouge de sa défunte mère: un poisson dans son
bocal (analogie à la terre), qui connaît son monde, qui saisit qu’il se situe
dans un espace plus vaste que son bocal
(la pièce ou la maison pour le poisson), qui en connaît peu de ce qui est
au-delà, mais qui voudrait tant savoir! Qu’y a-t-il au-delà de notre galaxie et
des galaxies que nous connaissons? L’univers est-il fini ou infini, comme la
pièce ou la maison semble finie pour le poison… D’où vient l’univers? De Dieu?
D’où vient Dieu?
La philo, la science
et la théologie font face aux mêmes questions, aux mêmes incertitudes. Savoir?
D’où l’intérêt de cette analogie entre philo, culture, science et le Moi à
travers sa thèse de doctorat, en philosophie de la culture scientifique, sur le
narcissisme! Pour certains ce peut être un détail, pour moi c’est une clef de
ce film.
Ces questions, les
philosophes se les posaient bien avant notre ère. Mais ce n’est qu’avec les
années 60 et les programmes d’explorations spatiales que nous avons commencé à
les faire passer de la sphère du questionnement philosophique à la
« réalité scientifique ». Sauf qu’elle n’apporte pas toutes les
réponses; parfois elle amène même davantage de questionnements philosophiques
et théologiques! Des incertitudes. Car l’Homme pense, et qui pense ne peut se
contenter de réponses toutes faites. Les questions ont aussi leur importance
pour aller plus loin. Elles sont le moteur des découvertes! A moins de ne penser qu’à soi et sa carrière,
d’être narcissique, comme le frère de Philippe (aussi joué par Robert Lepage)
semble l’être! Mais peut être est-ce moins de trouble de ne penser qu’à ses
petites affaires? La voie la plus facile pour être heureux? Mais est-on
satisfait? Peut-on être heureux sans être satisfait? Peut être que pour
certains la satisfaction c’est de chercher alors que pour la majorité des gens
c’est de vivre, sans se poser de question, et consommer? En se posant des
questions sur notre rapport à la lune et à l’espace, Philippe nous fait nous en
poser sur la face cachée de l’humain! Sa recherche est-elle une forme de
narcissisme? Cherchons nous par
narcissisme? Pour dire je sais, je sais! Consommons nous aussi par narcissisme?
Pour dire j’ai…! Narcissisme serait-il synonyme d’humain? Allez
donc savoir…
Un film profond du
plus petit, soi et nos rapports aux autres, au plus grand: quelle est notre
place dans l’univers? Sommes-nous seuls? Des questions que l’homme se pose
depuis toujours, mais que les années 60, avec les programmes de conquête
spatiale états-uniens et soviétique, ont réactualisé et démocratisé en faisant
de ces questions les questions de tous, car ces programmes spatiaux offraient
la perspective de savoir enfin. Mais on a su qu’on sait très peu finalement. On
a su pour se poser davantage de questions encore! La face cachée de la lune,
c’est aussi la face cachée du savoir. On ne sait pas autant que l’on sait, même
que l’on sait probablement moins que ce qu’on ne sait pas encore! L’Homme
est-il condamné à chercher : la « tâche » originelle!
***
A Montréal, nous
avons la chance d’avoir actuellement l’exposition « Village global : les années
60 » au Musée des
Beaux-Arts, ce qui nous plonge justement à cette époque qui a tant marqué
Philippe : la conquête spatiale, l’arrivée du rock, le psychédélique… A
voir en parallèle de ce film.
***
Je m’arrête ici,
même si ce texte est encore imparfait, car depuis que j’ai vu ce film j’en
ajoute et j’en enlève, je corrige et recorrige… Alors je publie ce texte bien
imparfait pour ne pas virer à l’obsession narcissique de la recherche du
texte parfait! Mais je vais continuer à me questionner, car ce film va au plus
profond de nous: notre rapport aux autres et à l’univers!
Hyperliens:
Sur la question des
étoiles, de l’origine de l’univers et de la science:
http://www.bbc.co.uk/science/horizon/2001/deathstar.shtml
http://hubblesite.org/discoveries/hstexhibit/
http://hubblesite.org/discoveries/hstexhibit/stars/
http://radio-canada.ca/actualite/decouverte/
Robert Lepage:
http://www.theatre-contemporain.net/auteurs/lepage/default.asp
« Village
global : les années 60 » :
http://www.mbam.qc.ca/fr/expositions/exposition_14.html
http://www.mbam.qc.ca/fr/index.html
Fondation Daniel
Langlois :
http://www.fondation-langlois.org/
Festival
International de Nouveau Cinéma :
***
Sortie: Vendredi, 31 octobre 2003
(Texte du communiqué)
DURÉE: 106 minutes
Réalisateur: ISABEL COIXET
Mettant en vedette: SARAH POLLEY, SCOTT SPEEDMAN, MARK RUFFALO,
AMANDA PLUMMER
Devant l’annonce de
sa mort imminente, une jeune femme de 23 ans s’engagera dans la réalisation
d’une liste d’objectifs très variés et découvrira en elle un grand appétit pour
la vie et un courage résolu qu’elle ne croyait posséder.
***
13 octobre, 2003
(Communiqués reçus)
Présentés au FCMM
Revival Blues de Claude
Gagnon
Montréal, le 7
octobre 2003. K-Films Amérique a le
plaisir d'annoncer la présentation de Revival Blues de Claude Gagnon au FCMM
les 16, 17 et 18 octobre.
Lorsque Ken a quitté
leur groupe de blues, Yosuke a perdu plus qu'un bon bassiste. Ni l'un ni
l'autre n'a oublié cette époque. Un jour, Ken surgit de l'ombre à Okinawa.
Yosuke le reconnaît immédiatement. Les vingt-trois ans de séparation ont effacé
les sentiments amers entre les deux hommes mais les choses ont changé. Yosuke
est atteint d'un cancer, et Ken n'a plus que trois mois pour rattraper cette
vieille amitié. Trois mois pour revenir sur deux décennies de bons et de
mauvais choix, sur les souvenirs d'une moitié de vie.
Pour ce film tourné
au Japon, le réalisateur québécois Claude Gagnon (Kenny) a réuni de grands noms
du cinéma nippon : les acteurs Takashi Naito (Maborosi, After Life) et Momoi
Kaori, de même qu'un de ses comédiens fétiches, Eiji Okuda, aussi réalisateur
et producteur. Durant le tournage de Revival Blues, Claude Gagnon a voulu que
les acteurs montrent de véritables émotions et non des réactions stéréotypées.
Ce film aux dialogues fournis et improvisés reste une expérience forte qui
allie sexe, mort et blues.
Revival Blues, une
coproduction Canada-Japon, est distribué au Canada par K Films Amérique.
***
TIRESIA, de Bertrand
Bonello au FCMM
Montréal,
le 8 octobre 2003. Film Tonic et Alliance Atlantis Vivafilm, sont heureux
d'annoncer la présentation de TIRESIA de Bertrand Bonello en
compétition au FCMM. Ce troisième long métrage et troisième coproduction
France-Canada de ce Québécois d’adoption a été sélectionné en compétition
officielle du Festival de Cannes 2003. C'est Luc Déry de micro_scope qui
est le coproducteur canadien.
Inspirée du mythe grec de Tiresias qui fut dans sa vie homme et femme avant
de posséder des facultés de divination, Tiresia raconte l'histoire d'un
transsexuel brésilien d'une grande beauté qui vit clandestinement avec son
frère dans la périphérie parisienne. Terranova la sequestre pour qu'elle
soit sienne. Petit à petit privée d'hormones, Tiresia va devant ses yeux
se transformer : barbe qui pousse, voix qui change... Dégoûté de ce qu'est
devenue sa Tiresia, Terranova va l'aveugler et la jeter à l'orée d'une banlieue
voisine. Tiresia est alors recueillie dans un piètre état, mi homme/mi-femme,
par Anna une jeune fille un peu simple qui prendra soin d'elle. Petit à
petit naîtront chez Tiresia des dons de prédiction qui en feront une des
personnes les plus protégées dans la ville. Mais la présence d'un oracle
gène l'Église, et le prêtre de la paroisse ne peut faire autrement que de
mettre fin au séjour de Tiresia dans la ville en la dénonçant aux services
d'immigration.
Écrit par Bertrand Bonello d'après une histoire de Luca Fazzi, le film met
en vedette Laurent Lucas, Clara Choveaux, Célia Catalifo, Thiago Theles et Lou
Castel. Carole Scotta et Simon Arnal-Szlovak de la maison de production
française Haut et Court assurent la part majoritaire de cette coproduction.
Plusieurs autres artisans québécois ont participé à cette coproduction, dont
Josée Deshaies à la direction photo, Claude La Haye à la prise de son. Sylvain
Bellemare à la conception sonore et Claude Girard comme coproducteur associé.
Le film, projeté les 17, 18 et 19 octobre au FCMM, prendra l'affiche le 19
décembre au centre Ex-Centris, au Beaubien et au Clap à Québec.
Tiresia est distribué au Canada par Film Tonic et Alliance
Atlantis.
***
STORMY WEATHER
de Solveig Anspach présenté au FCMM
Montréal,
le 7 octobre 2003. K-Films Amérique a le plaisir d'annoncer la
présentation de Stormy Weather de la cinéaste Solveig Anspach au FCMM.
Ce film met en vedette Élodie Bouchez (César du meilleur rôle
féminin et prix d'interprétation à Cannes pour La Vie rêvée des anges en
1998) aux côtés de Didda Jonsdottir, Christophe Sermet, Baltasar Kormakur et
Nathan Cogan. Présenté au FCMM les 12, 13 et 14 octobre, le film sortira en
salle le 21 novembre 2003 en version originale avec sous-titres français.
Cora, jeune docteure en psychiatrie, a récemment accueilli dans son service
une femme qui refuse de parler et dont personne ne connaît l'identité. Cora
s'attache à elle et établit une relation qui s'écarte de plus en plus du cadre
thérapeutique. Un lien étrange et fort se tisse entre les deux femmes. Un jour,
Cora apprend l'identité de sa patiente : elle se nomme Loa, elle est étrangère,
mais on l'a ramenée dans son pays, l'Islande. Cora décide de la retrouver pour
continuer le traitement.
Élodie Bouchez incarne avec sensibilité et détermination cette jeune
médecin prête à tout, même à se trouver face à elle-même dans un petit village
de pêcheurs islandais traversé par une tempête. Quant à Loa, c'est Didda
Jònsdòttir, célèbre poète et écrivaine en Islande. Dans sa première apparition
au cinéma, elle est remarquable. Présenté à Cannes, ce film aux tons bleu-gris
est inspiré d'un fait divers. Après Haut les coeurs! et Made in USA,
Solveig Anspach nous questionne sur le don de soi, sur l'engagement dans une
relation avec un être blessé, sur nous-mêmes, sur notre fragilité. Un film à
fleur de peau.
Stormy Weather, une coproduction France-Belgique-Islande, a fait partie
de la Sélection officielle du festival de Cannes 2003 dans la section « Un
certain regard ». Il est distribué au Canada par K-Films Amérique.
***
13 octobre, 2003 (Communiqués reçus, mais nous
n’avons pu assister à ces visionnements!)
FOOLPROOF (durée: 91 minutes)
( v.f. À TOUTE ÉPREUVE )
Sortie: Vendredi, 3 octobre 2003
Réalisateur: William Phillips
Mettant en vedette: Ryan Reynolds, David Suchet,
Kristin Booth, Joris Jarsky, David Hewlett, James Allodi
FOOLPROOF est un film canadien dont la sortie en
salles sera un record, soit plus de 200 copies au Canada (environ 40 copies en
français au Québec)!
rois ingénieux voleurs se battent pour leur propre
vie lorsqu’un criminel se mêle à leur plan de cambriolage… une histoire qui
vaut 20 millions de dollars.
***
KILL BILL –
Vol. 1 (durée: 111 minutes)
(V.f. TUER BILL)
Sortie: Vendredi, 10 octobre 2003
Réalisateur:
QUENTIN TARANTINO
Mettant en vedette:
UMA THURMAN, LUCY LUI
Uma Thurman veut TUER BILL, dans le quatrième film de
Quentin Tarantino à propos d’une ancienne meurtrière qui a été trompée par son
ancien patron, Bill.
***
THE STATION AGENT (durée: 89
minutes)
Sortie: Vendredi, 10 octobre 2003
Réalisateur: TOM McCARTHY
Mettant en vedette:
Peter Dinklage, Patricia Clarkson, Bobby Cannavale
FESTIVAL DE
SUNDANCE 2003
BEST DRAMA,
AUDIENCE AWARD
BEST
SCREENPLAY
BEST
PERFORMANCE, PATRICIA CLARKSON
Quand son unique ami meurt, un jeune nain déménage
dans une station de train abandonnée d’une petite ville du New Jersey afin d’y
vivre comme un hermite. Sa solitude sera
bientôt interrompue…
***
HOUSE OF THE DEAD (durée: 90
minutes)
Sortie: Vendredi, 10 octobre 2003
Réalisateur: Uwe Boll
Mettant en vedette: Jonathan Cherry, Jurgen Prochnow
Basé sur le populaire jeu vidéo. Des étudiants qui
font la fête sur la côte de la Floride sont la proie de zombies
sanguinaires.
Set on an
island off the coast of Florida, a techno rave party attracts a diverse group
of college students. Soon, they discover that their X-laced escapades are to be
interrupted by zombies and monsters that attack them.
***
TEXAS CHAINSAW MASSACRE
v.f. MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE
Sortie: Vendredi, 17 octobre 2003
DURÉE: 98 minutes
Réalisateur: MARCUS NISPEL
Mettant en vedette: Jessica Biel, Eric Balfour,
Andrew Briarski, R. Lee Ermey, Lauren German
INSPIRÉ d'une histoire vraie.
Le 20 août 1973, les autorités policières sont
convoquées à la ferme isolée de Thomas Hewitt au Texas. Au sein de cette
mystérieuse demeure, ils constatent l’affreux massacre de 33 victimes, une
découverte qui bouleverse le pays entier et dont plusieurs la considère comme
la plus horrible des tueries. L’unique survivant du drame se manifeste donc et
fait connaître pour la première fois les détails véridiques entourant
l’incident survenu sur l’autoroute de campagne du Texas où un groupe de cinq
jeunes se retrouvent assiégé par un homme à la tronçonneuse et dont terrible
histoire sanglante est désormais connue comme le « Massacre à la tronçonneuse
».
***
24 septembre, 2003
LES IMMORTELS un film de
Paul Thinel,
Avec Guillaume Lemay-Thivierge, Jean Lapointe,
Isabelle Lemme
A l’affiche le 26 septembre
Montréal, 26 août
2003 —Cinéma Libre et l’ACPAV sont fiers de présenter Les Immortels, le premier
long métrage de Paul Thinel. D’après une idée originale de Marc Bisaillon et
scénarisé avec Paul Thinel, Les Immortels arrive sur nos écrans le 26
septembre. Cette nouvelle production de Marc Daigle et René Gueissaz, à titre
de producteur associé, met en vedette Guillaume Lemay-Thivierge, Jean Lapointe
et Isabelle Lemme.
Paul (Guillaume
Lemay-Thivierge) et son groupe musical Les Immortels gagnent un concours et
l’opportunité de faire un premier disque professionnel. Ce qui devait être
l’occasion de quitter le travail dans une aciérie de Sorel tourne vite au
cauchemar pour les quatre jeunes qui se
retrouvent sans disque et sans emploi. Mais c’est sans compter sur
l’intervention de la fanfare des retraités de la Resol Steel Co et de son chef,
Adélard (Jean Lapointe), un ex-jazzman.
Pascal Parent, André
Ouellette, Guy Nadon « le roi du drum », Olivier Maher, Manon Brunelle,
Isabelle Miquelon, Daniel Brière et Paolo Noël
sont également de la distribution.
Pour ce film où la musique tient un rôle essentiel, on a fait appel à
Marc Bisaillon et Éric Rathé du groupe Les 3/4 Putains. Guy St-Onge a participé
comme conseiller et s’est chargé de la direction d’orchestre. La trame sonore
du film sera disponible dès le 9 septembre chez
les disquaires.
Le film Les
Immortels est distribué par Cinéma libre.
Commentaires de
Michel Handfield
Ce film est l’histoire d’un beau rêve qui virera au cauchemar. On le
sait assez rapidement, quand le contremaître (Jean Lapointe) dit à Paul
(Guillaume Lemay-Thivierge) que « Les rêves, ça met pas de pain sur la
table! » Surtout que les dés sont parfois pipés dans ce milieu. Gagner un
concours de musique et avoir la promesse d’un disque c’est bien beau, mais le
marketing peut bien dire autre chose, que le marché cherche un autre son, et
vous faire poireauter, pardon pratiquer, pendant un grand bout!
Mais le rêve est porteur et le showbiz invitant. On est confiant, on s’encourage même si le disque tarde à
venir. On était bon, on a gagné! Et puis
on a besoin de ce disque et de cette tournée, car on a quitté la job pour ça!
Il faut bien payer les comptes!
Le groupe, qui était si solide et confiant jusque là, commence à avoir
des doutes. « Leur as-tu dis? » « T’es tu sûr que tu négocie
comme faut? » Puis des conflits de personnalités commencent à poindre. On
est plus tendu, on commence à avoir des problèmes de « cash », ce qui
fait que ça va moins bien à la maison. Les relations avec le milieu en
souffrent aussi - notamment avec la
fanfare des retraités de l’usine!
Parallèlement à l’histoire du groupe, nous avons aussi celle de la
fanfare et celle du milieu. Car si Paul et un autre membre du groupe ont
profité d’un down à l’usine pour foutre la « job » là, d’autres n’ont
pas eu le choix. Ils ont été mis à pied par une décision bureaucratique venant
d’un bureau où ne connaît rien d’eux autres, sauf leur numéro de poinçon! C’est cause de maux psychosociaux, le jeu
notamment. Un des personnages, qui avait déjà une tendance à jouer, s’enfonce
d’ailleurs de plus en plus dans le jeu compulsif depuis qu’il a perdu son
emploi. Et comme le malheur n’arrive jamais seul, il est accompagné de l’arrivé d’un « pan shop », qui
trouve là une mine à dollars à faire sur le dos de ces gens éprouvés.
Dans l’adversité, commence cependant à se créer des solidarités. Mais
cela ne se fait pas instantanément. Il faut s’apprivoiser, se faire confiance,
et un élément déclencheur, surtout lorsqu’il y a conflit intergénérationnel.
C’est ainsi que Paul, le leader des immortels, et Adélard, leur
ancien contremaître et chef de la fanfare des retraités, se rencontrent et
s’apprivoisent lentement. Mais quand eux sont prêts à aller plus loin, leurs
groupes ne sont pas encore rendu où ils sont. Cependant, après quelques
tiraillements, des liens se créent. Ces solidarités, ont peu le supposer, se
renforceront et s’étendront tranquillement au milieu et seront source d’un
succès inespéré et tant espéré à la fois!
***
Question musique, les chansons ont du punch et dénoncent l’injustice. Le
groupe en vient à faire un show en plein
air pour soutenir les employés de la « Resol Steel Co. ». C’est là
que le déclic se fait entre eux et la communauté pour un. Nous avons aussi
droit à un moment de pur bonheur quand, lors de l’entracte, Alcide (Guy Nadon),
qui joue de la grosse caisse dans la fanfare des retraités, et Adélard (Jean
Lapointe), montent sur scène pour jouer sur le drum et le piano du groupe. C’est là, pour deux,
que le déclic se fait entre les vieux et les jeunes musiciens. La musique,
« langage universel » entre les générations et fer de lance des
revendications de la communauté. Sorel a ses Immortels comme la chute du mur de
Berlin a The wall. (1)
***
Naturellement, comme ce film parle de la vie, il est parsemé de haut et
de bas; de tensions; d’amours et de moments tendres; d’incertitudes et de
surprises; mais aussi d’espoirs, moteurs de nos actions. Un film humain.
Conclusion : un
film encré dans la réalité
J’ai vu ce film en visionnement de presse le lundi 15 septembre; il sort
le 26, et le 18 septembre, 2003 on
parlait de 800 emplois menacés aux Aciers inoxydables Atlas de
Sorel, et de la perte de 3000 emplois pour la région, si l’on considère les
emplois indirects. C’est dire toute l’actualité de ce film, qui se passe
justement dans une entreprise de métallurgie de Sorel.
Cette réalité entraîne de l’incertitude pour la région et des problèmes
psychosociaux bien réels: accroissement du stress; développement d’une
dépendance au jeu (d’abord pour s’en sortir); montée de la criminalité et des
vols; arrivés de pant shop; etc.
Mais c’est aussi l’opportunité pour la communauté de se prendre en main,
de tisser des liens. Le cas de ce film est celui de bien des régions, des
villes et des villages qui se sont construit autour d’une industrie ou d’une
entreprise unique (comme la métallurgie dans la région de Sorel, ou les villes
minières, « pêchière » ou forestières dans d’autres régions du
Québec). Après la fermeture de la principale industrie de la ville, il faut
passer le choc, évaluer nos forces (et faiblesses), et trouver de nouveaux
projets porteurs. Sinon la place est condamnée à plus ou moins long terme. Mais
on ne comble pas le vide que laisse une entreprise de cette taille comme
ça.
Ce film n’entre pas dans ces détails, mais demeure au niveau de la
formation des solidarités face à l’incertitude et à l’avenir. On peut imaginer
qu’ensuite il faut tabler sur ces solidarités pour créer des forces, mettre en
place des outils et se donner des moyens de faire avancer des projets porteurs.
L’économie communautaire compte d’ailleurs plusieurs expériences à ce
sujet. Des quartiers montréalais, condamnés suite à des fermetures en
cascades, se sont relevés. Mais ce fut
un apprentissage terrain: mettre des gens qui n’étaient pas habitué de se
côtoyer ensemble. Asseoir à la même table des gens du communautaire, de la
politique, des syndicats et des affaires. Pensons au Sud-Ouest de Montréal qui
a mené à la création de RESO et à une prise en main du milieu. En est résulté
un renouveau pour le Sud-Ouest de Montréal. Ce fut aussi le cas de Pro-Est,
dans l’est de Montréal, et des shops Angus dans Rosemont. Nous profitons
d’ailleurs de ce texte pour vous suggérer des hyperliens sur le sujet plus bas.
Enfin, pour rester dans le même ordre d’idée, nous devons souligner que
ce film est justement fait par une coopérative de production: l’ACPAV ou
l’Association coopérative de productions audio-visuelles. On est alors en plein
dans l’économie solidaire et coopérative. Ce film est donc en soi un message
qu’il y a des façons alternatives de faire les choses. Il est à souhaiter que
Sorel saura créer ses immortels avec la fermeture annoncée des Aciers
inoxydables Atlas, fermeture bien réelle que celle là.
Note:
1. Car The wall fut
repris sur les décombre du mur un an après sa chute et à fait l’objet d’un
excellent DVD : Roger Waters, The wall live in Berlin.
Hyperliens
Malheureusement il
ne semble pas y avoir de site sur ce film, ni sur l’ACPAV.
Sorel
Sorel : http://www.ville.sorel.qc.ca/
Le bas Richelieu: http://www.bas-richelieu.com
MRC du bas
Richelieu : http://www.mrc-bas-richelieu.qc.ca/
Portail du bas
Richelieu : http://www.bas-richelieu.qc.ca/
Économie sociale
RESO : http://www.resomtl.com/
Technopôle
Angus : http://www.technopoleangus.com/fr/
Association des
Centre Locaux de Développement : http://www.acldq.qc.ca/
***
CASA
DE LOS BABYS (durée: 1h35)
Sortie:
Vendredi, 26 septembre 2003
Réalisateur: John Sayles
Mettant en vedette: Marcia Gay Harden, Daryl Hannah,
Susan Lynch, Lili Taylor, Mary Steenburgen
Six américaines totalement différentes partent pour
l’Amérique latine afin d’y récupérer des enfants en adoption. À leur arrivée, elles seront troublées de
constater que la loi les oblige à y habiter.
Six American
women (Gyllenhaal, Hannah, Harden, Lynch, Steenburgen, Taylor) from varying
backgrounds who travel to a Latin American country to pick up their
newly-adopted babies are shocked to find that once they get there... they're
actually required by law to live there now.
Commentaires de Michel Handfield
Ce film est à double niveau. On peut suivre les
conversations de ces 6 femmes qui attendent d’avoir leur bébé, comprendre leurs
motivations, leurs craintes, leurs vies à travers ce qu’elles se révèlent et ce
qui transparaît de leur comportement. Ceci en fait un bon film psychologique.
C’est le premier niveau.
Au second niveau on peut voir la situation d’un pays
économiquement pauvre de l’Amérique latine, ce qui se répercute sur son système
social. Le manque de moyen entraîne un manque d’éducation; des enfants laissés
à eux mêmes; des accouchements précoces et des orphelinats avec pleins de bébés
en stocks. Comme dans les pays voisins et plus riches – comme les USA mais
aussi le Canada – il y a une demande de bébés (vu la dénatalité), il y a là
toutes les conditions pour établir un commerce lucratif. Le marché des bébés, moteur de l’économie des
pays pauvres et nouvel objet d’exportation!
La pauvreté fait en sorte que l’école est souvent
abandonnée pour faire de l’argent. Tous les moyens sont bons – de laver les
vitres d’autos au vol à la tire – pour la survie des familles et même des
enfants laissés à eux mêmes dès le début de l’adolescence. Ces enfants
grandissant sans modèle, cela crée des problèmes qui deviennent le modèle. Il
est comme normal pour les citoyens de voir des enfants de 12-15 ans faire du
travail de rue pour assurer leur survie et celle des plus jeunes à la maison!
Le manque d’investissement social et les valeurs
néolibérales de la banque mondiale dans les pays d’Amérique du Sud est-il en cause? Est-ce une mentalité
historique dans ces pays? Une destruction de l’organisation sociale et
communautaire par un modèle de développement inapproprié? Comment se fait-il que les familles n’aient
pas le minimum nécessaire pour vivre sans le travail des enfants? Comment se
fait-il que l’école ne soit pas obligatoire et les présences contrôlées? Ce
sont des questions que l’on peut se poser en voyant ce film.
C’est donc un film sur la survie qui se passe à 2
niveaux. Au niveau émotionnel pour les « acheteuses » de bébés et au
niveau des besoins de base pour les citoyens – et surtout les jeunes laissés à
eux mêmes – de ce pays d’Amérique du Sud!
Finalement, une réflexion de deux de ces
états-uniennes a attiré mon attention alors qu’elles écoutaient une émission de
télé. L’une a dit «mais on ne comprend rien » et l’autre de lui
répondre : « Pas besoin de savoir la langue pour écouter la télé, le
langage des stupidités est universel! » Moi qui suis radio, je l’ai noté
dans mon palm!
Hyperliens sur le commerce des bébés
http://www.casa-alianza.org/FR/human-rights/illegal-adop/press/000405.shtml
http://www.casa-alianza.org/FR/human-rights/illegal-adop/press/971009.shtml
http://perso.wanadoo.fr/patrick.guenin/cantho/infovn/bebe.htm
***
SECONDHAND
LIONS (durée: 107 minutes)
(
V.F. LES VIEUX LIONS )
Sortie: Vendredi, 26 septembre 2003
Réalisateur: Tim McCanlies
Mettant en vedette: Haley Joel Osment, Robert Duvall,
Michael Caine
Se déroulant dans les années 1960 au Texas, cette
histoire se base sur un adolescent timide qui est obligé de passer l’été sur
une ferme avec ses deux oncles excentriques.
Le jeune homme apprendra alors le fruit de leur mystérieux et dangereux
passé…
Set in 1960s
Texas, this is the story of a timid teenager, Walter (Osment), forced to spend
the summer by his irresponsible mother (Sedgwick) with his eccentric (and
recently rich) great-uncles (Caine and Duvall) on their farm, as he learns more
about their mysterious and dangerous pasts, which we see as flashbacks.
Commentaires de Michel Handfield
C’est un bon film de divertissement. On balance entre
la réalité et le conte, la réalité et le
mythe. On ne sait trop ce qui est vrai ou faux, car leur passé est trouble.
Mais ils sont si sympathiques sous leurs airs de vieux lions qu’on aurait aimé
les avoirs comme oncles.
Par la même occasion, Walter découvre les caractères
des adultes : bonté, hypocrisie, intérêt, affirmation de soi, fantaisie,
etc. Ceci orientera probablement sa vie, car quand il sera grand Walter
sera… Je vous laisse le découvrir quand
vous verrez ce film!
Hyperlien:
http://www.secondhandlions.com/
***
KART
RACER (durée:94 minutes)
Réalisateur:
Stuart Gillard
Sortie:
Vendredi, 26 septembre 2003
Mettant en vedette: Randy Quaid, Will Rothhaar, David
Gallagher
La vitesse et la victoire sont les deux seules choses
qui importent dans le monde de la course KART.
Déterminé à franchir tous les obstacles, un jeune homme avec certains
problèmes réalise son rêve quand il se rend finalement au championnat de Kart
Racing.
Speed and
winning are the only things that matter in the world of Kart Racing. Determined
to overcome all obstacles, a troubled young boy realizes his dreams when he
finally achieves victory in the Kart Racing championship.
***
DUPLEX
(durée: 1h37)
Sortie:
Vendredi, 26 septembre 2003
Réalisateur: Danny DeVito
Mettant en
vedette: Drew Barrymore, Ben Stiller
Un jeune couple a la possibilité de déménager dans un
duplex de rêve dans un quartier parfait de New York. Tout ce qu'il a à faire
est de déloger l'actuel locataire: une charmante vieille femme.
Set in the
competitive world of New York City real estate, a couple whose dream home is a
converted duplex apartment in the perfect neighborhood, decide to kill the
sweet little old lady who's currently living there, or else they'll never get
to buy it.
***
LOST
IN TRANSLATION (durée : 105 min)
(V.F.
TRADUCTION INFIDÈLE)
Sortie:
Vendredi, 19 septembre 2003
Réalisateur: Sofia Coppola
Mettant en vedette: Bill Murray, Scarlett Johansson
FESTIVAL DE VENISE – MEILLEURE ACTRICE, SECTION
Contre-Courant
VENICE FILM
FESTIVAL – UPSTREAM PRIZE FOR BEST ACRESS
Deux américains – une ancienne vedette de la TV en
voyage afin de tourner une pub de Whiskey, ainsi que la jeune épouse d’un
photographe – se rencontrent à Tokyo et finissent par passer un week-end
ensemble…
This is the
story of two Americans, a washed-up TV star (Murray) in town for a TV whiskey
commercial shoot, and the (very) young wife (Johansson) of a photographer, who
meet in Tokyo, Japan and end up spending a weekend hanging out there together
on a "soul-searching mission."
***
11 septembre, 2003
11.09.2001 (durée: 2h10)
I
Le film et commentaires
Réalisateurs: Samira
Makhmalbaf, Claude Lelouch, Youssef Chahine, Danis Tanovic, Idrissa Ouedraogo,
Ken Loach, Alejandro Gonzalez Inarritu, Amos Gitai, Mira Nair, Sean Penn,
Shohei Imamura
Un film de 11
réalisateurs à propos des événements du 11 septembre 2001.
Commentaires de Michel Handfield
Un film fort, 11
courts métrages (CM) qui sont autant de petits bijoux qui nous font faire le
tour de la planète sur le thème du 11 septembre. Je ne peux parler de tous ces
courts métrages, il aurait trop à dire, mais j’ai pris quelques notes durant la
projection… et j’y pense depuis. Voici donc le fruit de ces réflexions.
Dans le premier de
ces CM, celui de Samira Makhmalbaf (Iran), l’action se passe en Afghanistan. On
y voit d’abord la peur du peuple, la peur de recevoir des bombes sur la tête,
qui fait qu’on est plus occupé à vouloir se faire des abris que d’envoyer les
enfants à l’école. Mais comme l’enseignante le dit : un abri de brique, ça
ne résiste pas aux bombes nucléaires, alors à l’école les petits!
La classe se fait
assis à terre dans un endroit qui fait penser à une grotte et la professeure
leur parle des avions qui sont entrés dans les tours! Des tours, c’est quoi?
Car aucun des enfants n’en a vu, alors
comment imaginer? Ces petits ont de la difficulté à respecter la minute de
silence que la maîtresse d’école leur demande, et un petit dit: C’est Dieu qui
a fait ça! Mais non, Dieu ne conduit pas des avions, lui dit sa petite
camarade! Ce film montre toute la distance qui les sépare de l’occident.
Distance économique qui a un impact sur le sens et la connaissance, sur la vie
et la conception qui lui est rattachée.
*
Le film d’Alejandro
Gonzalez Innarritu (Mexique), quant à lui, est fort et fort troublant. Un film
noir! En dire plus serait déjà trop en dire.
*
Un autre film, je
crois de Youssef Chahine (Egypte) met le réalisateur en vedette. Il voit un militaire états-unien mort au
combat lui apparaître et ils établissent un dialogue avec des points de vues
différents – des points de vue au sens littéral du terme aussi car le dialogue
est illustré d’images – qui montrent qu’il y a plus d’une façon de voir le
monde. L’États-unienne n’est pas la seule et ce dialogue est fort intéressant.
Sans machine économique derrière elle, ce n’est peut être pas la pensée
états-unienne qui l’emporterait… Mais au fait est-ce une pensée ou une
idéologie qui caractérise les empires?
*
Quant au film
d’idrissa Ouedraogo (Burkina Faso), il met en vedette des enfants… qui savent
qu’on ne peut faire confiance aux adultes! Une belle histoire pleine de vérités
sur le monde des adultes.
*
Le film de Ken Loach
(Royaume-Uni), nous parle à travers une lettre que rédige un réfugié Chilien au
Président des États-Unis concernant le 11 septembre, son 11 septembre: celui du
renversement du Gouvernement Allende par le général Pinochet en 1973 soutenu
par les plus haut niveaux politiques états-uniens, soit le secrétaire d’État
Kissinger et le Président Nixon (Droite républicaine)! Des morts et des
tortures inutiles pour le peuple. 30 000 personnes assassinées au hasard
dans le pays pour donner l’exemple nous dit-on dans ce CM.
Mais les coupables
états-uniens et le parti républicain – le même parti que celui de George W.
Bush soit dit en passant – n’ont jamais été déclarés illégal ou terroriste,
jamais poursuivi pour crime contre un peuple. Et pourtant… Ce court métrage
rétabli donc des faits, d’autres faits! Une autre forme de terrorisme, légal
celui-là, car le fait de l’empire États-uniens!
*
Tous de bons petits
films, dont quelques chefs d’œuvre qui ne seront probablement pas les même pour
tous. Question d’optique personnelle.
Dans le lot des films j’ai noté une phrase sur
mon Palm. Je crois que cette phrase est
tirée du Coran, mais je n’en suis pas sûr. Ce mot disait à peu près
ceci et fait une belle conclusion à cette première partie de ce
texte :
:
La lumière de Dieu nous
guide-t-elle ou nous aveugle-t-elle?
II
Le genre
Il est rare que nous
nous attardions au genre d’un film, ici c’est un peu particulier. Ce film étant
composé de 11 courts métrages de 11 minutes neuf secondes pour souligner
l’événement du 11/09, ils apportent chacun des visions culturelles différentes
de l’événement et du monde face à cet événement. Il y a un côté ethnologique,
anthropologique, sociologique et politique à la chose.
Ce film est en soit
une étude culturelle face à l’événement et face aux différentes visions
culturello-politiques qui s’affrontent sur cette planète. Car le 11 septembre
ne veut pas dire la même chose pour tous et ne fait surtout pas l’unanimité.
Si pour certain ce
fut une attaque, pour d’autres ce fut peut être une réponse à des attaques.
Tous s’accordent-ils sur l’horreur humaine pour ces innocentes victimes? Peut
être, mais n’oublions pas que ces innocentes victimes sont aussi des citoyens
qui ont choisi un gouvernement idéologique qui banalise la guerre… Qui pose des
gestes ou refuse de poser des gestes humanistes et écologiques au nom
d’intérêts économiques. Bref, derrières ces film il y a des visions culturelles
qui s’affrontent. Des visions qui expliquent aussi le monde. Ne pas en tenir
compte, c’est faire fi de ce que pense une partie de l’humanité, de la planète,
et lui donner prétexte à le rappeler à l’empire.
*
Il s’adonne que j’ai vu ce film en même temps
que je terminais la lecture d’un livre sur les « Cultural Studies »:
Mattelart, Armand, et Neveu, Érik, 2003, Intrduction aux Cultural Studies,
Paris : La Découverte, col. Repères.
Heureux hasard, car ce livre se termine en se
demandant si, avec la marchandisation et la standardisation de la culture, les
études culturelles ont encore de l’avenir? Après avoir vu ce film je crois que
oui. Plus que jamais même, car on ne peut demeurer dans l’ignorance de ce que
pensent les autres hors de l’empire.
Cependant l’objet d’étude des « cultural
studies » ira peut être davantage vers l’underground et sa critique
sociale. Car en réaction à la
mondialisation, les films portant une signature culturelle propre seront de
plus en plus recherché, peu importe que ce soit des courts ou des longs
métrages. Et comme il y aura un marché, ils seront davantage diffusés. Dans ce
contexte le succès des films québécois contre les « blockbuster »
états-uniens de cet été n’est peut être pas surprenant. Il s’insère même dans
une nouvelle forme d’affirmation culturelle, à la fois locale et universelle,
qui s’oppose à l’empire. Le Cinéma,
nouvel objet de résistance? Les « cultural studies » auront
encore de quoi se mettre sous la dent pour quelques temps.
Pour terminer dans la veine du 11 septembre, on
souligne dans ce livre que, sous la présidence d’Allende au Chili, des études
ethnographiques sur l’écoute des séries américaines par le peuple avaient été
entreprises pour comprendre l’impact de la culture des médias dans les classes
populaires! Maintenant, avec « 11-09-01 », c’est le film qui cherche
à comprendre l’événement et l’humanité sous toutes ses cultures! Que dire de
plus? La boucle est bouclée!
Hyperliens et références
http://www.bacfilms.com/site/september11/index.php3#
http://flakmag.com/film/110901.html
http://www.filmz.de/film_2002/_11_09_01_september_11/ (Allemagne)
http://www.mainichi.co.jp/life/cinema/new/2003/0411/02.html (Japon)
Sur le Chili :
Collectif, 1978, Le Chili d'Allende, Montréal: Éd. Coop.
Albert St-Martin
Museo de la
solidaridad Salvador Allende : http://www.mssa.cl/
11 septembre
1973 : http://www.herodote.net/histoire09110.htm
Texte de
l’Humanité : http://www.humanite.presse.fr/journal/1998-09-11/1998-09-11-362185
***
10 septembre, 2003
Père et Fils de Michel
Boujenah
En salle le 19 septembre
Montréal, 19 août
2002 —Max Films et Alliance Atlantis Vivavilm sont heureux d’annoncer la sortie
au Québec de Père et Fils, une réalisation de Michel Boujenah, avec Philippe
Noiret, Charles Berling, Bruno Putzulu, Pascal Elbé, Marie Tifo, Geneviève
Brouillette et Pierre Lebeau
Avec Père et Fils,
qu’il a écrit avec Pascal Elbé et Edmond Bensimon, Michel Boujenah passe pour
la première fois derrière la caméra.
Humoriste bien aimé au Québec, il a récolté de nombreux prix dont le
César du meilleur acteur pour son rôle dans Trois hommes et un couffin de
Coline Serreau.
Qu'on aime ou qu'on
déteste son père, on en a qu'un. Vaut
mieux l'aimer ou le détester vivant parce qu'après il est trop tard.
Léo (Philippe
Noiret) ne sait plus quoi faire pour retrouver les siens. Alors le destin l’aide un peu. Il fait un malaise. Oh, sans gravité… Un petit malaise, comme on
en fait parfois à 70 ans… En observation à l’hôpital, ses enfants (Charles
Berling, Bruno Putzulu, Pascal Elbé) viennent le voir… Séparément bien sûr,
mais ils viennent. Finalement, cela a du
bon d’être malade… Léo sait ce qui lui reste à faire… Il s’invente une
intervention chirurgicale …grave. Mais avant cette opération délicate qui
n’aura lieu que dans trois semaines, il a le temps d’emmener ses enfants en
voyage afin de les retrouver, de profiter d’eux… Peut-être pour la dernière
fois ! Quel enfant peut résister à un père qui n’en a sûrement plus pour
longtemps et qui ne réclame qu’une semaine… Pour partir en paix ? Aucun !!!
Alors ils partent tous… au Canada… Mais tout ne se passe pas vraiment comme
prévu…
Tourné en grande
partie dans Charlevoix, Père et Fils a été coproduit en France par A.J.O.Z.
Films (Ariel Zeïtoun), Little Bear Productions (Frédéric Bourboulon) et Gaumont
(Patrick Ledoux) et, pour la part canadienne, par Max Films (Roger Frappier et
Luc Vandal). Le film est distribué au
Canada par Alliance Atlantis Vivafilm et, en France et à l’étranger, par la
société Gaumont.
Commentaires de
Michel Handfield
Léo (Philippe
Noiret) est crasse, mais dans le bon sens du terme. Car il veut rassembler ses
trois fils – dont deux qui sont fâchés l’un contre l’autre - parce qu’il a déjà connu cette situation avec
son frère. Ils ont été fâché 10 ans, « 10 ans je te dis, jusqu’à la mort de papa » (citation de
mémoire), et il n’a surtout pas envi que ses fils se reparlent à sa mort, les
cons!
Cela fait un beau
film! Un film qui marie humour et tendresse, surtout si on accepte la poésie de
vie de Léo. Moi je l’ai pris comme cela et je l’ai bien apprécié.
La musique de Michel
Cusson est aussi digne de mention. Je me dois de le souligner dans ce cas.
Post-scriptum
J’ai vu ce film le
jeudi 4 septembre, soit la présentation précédent celle ou Philippe Noiret
était présent pour répondre aux questions des journalistes. A ce que j’en ai
lu, on reproche une certaine vision folklorique du Québec à ce film, notamment
avec la guérisseuse (Marie Tifo). Quand je vois la popularité de certaines
théories nouvel âgeuses et pas trop trop scientifiques (1), même dans certains
milieux cultivés de Montréal, je ne suis
pas sûr que ce soit si folklorique que ça! En fait moi j’ai davantage perçu
cette rencontre avec le personnage de Marie Tifo comme une tendre critique du
nouvel âge plutôt qu’une présentation d’un Québec folklorique! Car Léo, il le
sait qu’il frime. Naturellement j’y vais avec mes références et le scepticisme
en est une. Cela colore donc ma perception de ce film comme pour d’autres
journalistes, qui ont d’autres valeurs, ce peut être une autre coloration qui
en est ressortie. Mais ces colorations qui ressortent, selon nos valeurs et nos
références, ne sont pas nécessairement celles que les auteurs du film avaient
ni que les spectateurs auront en le voyant. Ce pourra être autre chose,
totalement autre chose. C’est peut être là que ce film atteint un certain
universel, car ce film se passe au niveau des
relation humaines; les relations père-fils et les relations avec les
autres. Et là il atteint un niveau qui en fait un film touchant. Le reste n’est que prétexte.
Note:
1. Voir le dictionnaire Sceptique sur le site
des Sceptique du Québec à http://www.sceptiques.qc.ca/
Hyperlien :
Je n’ai pas trouvé
de site officiel pour ce film
***
8 septembre, 2003
I'M NOT SCARED / IO NON HO
PAURA HC (109 min.)
(Italie, Espagne, Royaume-Uni)
Réalisateur: Gabriele Salvatores
79 scenes of children around a hole.
“The very title tells us that the story is told in the first person.
That person is a child, and his eyes tell the story of the world in wich he
lives. (…) that is, tell the story at a height of around 1 meter and 30
centimetres. »
Prémisse:
Nous avons vu ce
film au Festival des Films du Monde de Montréal. Sa sortie est prévue partout
en octobre/novembre 2003.
Commentaires de
Michel Handfield
Une histoire troublante.
Une histoire d’enlèvement. Mais quand on est dans un bled perdu cela peut
prendre un tout autre sens. Pour se sortir de la misère de notre bled perdu, ce
peut même être l’affaire de la communauté.
Mais les enfants eux
ne sont pas mis au parfum. Mais en jouant, qui sait ce qu’ils peuvent
découvrir. Dans leur tête, cela ne prend peut être pas tout son sens dans
l’immédiat; mais même à leur point de vue cela en vient à prendre un sens. Mais
pas nécessairement celui des adultes. Car le point de vue de ce film est à la
hauteur de gamins. Avec toutes leur
sensibilité, leur mesquinerie, leur méchanceté et leur désirs de justice et
d’amour.
Troublant, beau et
tordu. Un film qu’on ne comprend pas facilement au début, avec nos réflexes
d’adultes, mais que l’on découvre avec plaisir dès que l’on n’a plus peur
(« I’m not scared ») de nous laisser porter par nos yeux d’enfants.
Car c’est à cette hauteur que se passe ce film.
Hyperlien
http://www.bookslut.com/reviews/0203/notscared.htm
***
4 sept., 03
DIRTY PRETTY THINGS (durée: 107 minutes)
(
LOIN DE CHEZ EUX )
Sortie
5 septembre 2003
Réalisateur: Stephen Frears
Mettant
en vedette: Audrey Tautou
When an
illegal Nigerian immigrant working as a night porter at a posh London hotel
stumbles across evidence of a bizarre murder (which may involve a famous
surgeon), he teams up with a Turkish chambermaid (Tautou), and a Chinese
prostitute to solve the crime.
Quand un immigrant illégal du Nigéria – travaillant
comme portier de nuit dans un hôtel de Londres – se voit mêlé aux preuves d’un
étrange meurtre, ce dernier décide de faire équipe avec une femme de chambre
turque ainsi qu’une prostituée chinoise pour résoudre le crime….
Commentaires de Michel Handfield
On est dans le monde de l’immigration clandestine, un
monde de survies. Survies au pluriel, car on est souvent « immigrant
clandestin » parce que l’on se sent menacé dans son pays, parce que notre
survie ou celle des enfants est menacée pour des raisons politiques ou
économiques: on s’est opposé au régime, on a vu des choses ou on veut tout
simplement faire sortir nos enfants de ce climat d’oppression, de terreur, de
pauvreté ou de souffrance extrême. On est prêt à beaucoup pour cela; à beaucoup
pour partir (ce que le film ne montre pas) et à beaucoup pour rester dans le
pays choisi (ce que le film montre). On est même prêt à vendre une partie de
notre intégrité physique au sens littéral du terme (comme un rein) pour avoir
des (faux) papiers qui vont nous permettre de rester ici (en
Angleterre),d’aller ailleurs (les USA) ou de rentrer chez soi(pays d’origine)
avec une nouvelle identité si quelqu’un ou quelque chose nous y attends mais
qu’on se sent menacé.
On entre dans
l’essence du capitalisme, où tout est commerce entre acheteurs et vendeurs.
Mais la monnaie d’échange n’est pas l’argent. Ce peut être de faux papiers, une
nouvelle citoyenneté, un passeport! Un rein contre la promesse d’une vie
meilleure pour les enfants en Europe plutôt que sous une dictature. Le passeur
entre les vendeurs et les acheteurs d’organes se dit dans « la business du
hapiness », car il fait des hereux des deux côtés et empoche une
plus-value! Le méchant, qui sauve des vie – mais en détruit aussi, car les
opérations ne sont pas faites dans les meilleures conditions! – montre que tout
n’est pas noir ou blanc quand il dit « Evil man try to save a life! »
Le système est d’ailleurs fait de telle sorte qu’il
peut difficilement pénétrer le monde d’à côté, ce monde underground: le
clandestin qui se présentera au système officiel pour dénoncer sera-t-il cru?
Le tout risque donc de continuer dans l’ombre et le dénonciateur d’être déporté
vers son pays d’origine avec tous les risques inhérents que cela comporte. Le
capitalisme carbure à cette économie parallèle, où les lois et les normes sont
faites de telle sorte qu’il est difficile pour le système officiel de pénétrer
ce système parallèle. Mais les profits de ce système parallèle font fonctionner
le système officiel, car ils sont récupérés et se retrouvent dans les banques,
la bourse et les réseaux de consommation légaux!
Nous sommes face à un film profondément humain et dur
dans sa vraisemblance. Un film qui fait réfléchir tout en étant un thriller
intelligent, car on se demande comment les principaux protagonistes (Okwe, joué
par Chiwetel Ejiofor, et Senay, joué par Audrey Tautou) vont s’en sortir, piégé
entre deux systèmes qui se superposent (l’officiel et l’underground) sans
jamais s’interpénétrer, sauf en quelques points d’échanges qui servent de
points de contacts entre ces deux systèmes. Un bon film qui nous fait découvrir
une Audrey Toutou beaucoup plus grave et profonde que dans « Le fabuleux
destin d’Amélie Poulain ».
Hyperliens
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=47491.html
http://www.dirtyprettythings-lefilm.com/
http://www.flonnet.com/fl1907/19070730.htm
http://www.berkeley.edu/news/berkeleyan/1999/1110/organs.html
http://sunsite.berkeley.edu/biotech/organswatch/pages/brazil.html
Si le sujet vous intéresse essayez une recherche
sur Google avec « organs
traffic »
***
22 août, 2003
AMERICAN SPLENDOR : LA VIE D'HARVEY PEKAR (S,T, Fr)
Sortie: 22 août 2003
Réalisateur:
Shari Springer Berman, Bob Pulcini, Robert Pulcini
Distribution: Paul Giamatti, Hope Davis, James
Urbaniak, Harvey Pekar
PRIX DE LA PROGRAMMATION: FESTIVAL JUSTE POUR
RIRE - COMEDIA
This is the true story of a
file clerk working at a Cleveland Veterans hospital, who on the side, struggles
to achieve success as a writer with comic books about his experiences.
Mélange de fiction et de réalité qui éclaire sur
la vie du héros de BD Harvey Pekar.
Commentaires de Michel Handfield
D’abord, la musique. De l’excellent jazz, car
Harvey Pekar est amateur de jazz depuis sa jeunesse. Il achète des Long Jeu et
des 78 tours de jazz depuis son enfance, que ce soit dans les magasins ou les
ventes de garage, où il a découvert quelques raretés. La bande sonore serait
d’intérêt d’autant plus qu’Harvey a aussi fait des critiques de disques pour
des magazines (voir hyperlien plus bas).
Ensuite « l’anti vedette ». On
est chez les gagnes petit, les laissé pour compte de « l’American
Dream »! Mais qui ont du talent, comme ce Pekar: un talent d’observation
et une capacité de tirer profit des situations de la quotidienneté et de son
entourage. Il aurait pu faire de la caricature, il a fait des BDs!
Enfin, le film. Celui-ci tire profit de la BD.
Car il mêle scénario, fiction, réalité et cartoons pour notre plus grand
plaisir. On y suit l’histoire dans laquelle se mêlent le comédien qui joue le
rôle d’Harvey, le véritable Harvey Pekar, des films d’archives (à souligner la
dernière sortie d’Harvey chez David Letterman), des scènes de la vie
quotidienne et les scènes de BDs qu’elles ont inspiré. Car Harvey parle de la
vie, de SA vie. Ses scénarios sont comme autant d’exécutoire pour
« exorciser »sa vie. Il donne un sens à l’Amérique des laissés pour
compte, les « Nerds » comme se définit un de ses amis!
A voir pour avoir une vision non idyllique des
« USA » de George W., des U »S »A » de la majorité, de
celle qui ne tourne pas dans le sens de « l’American dream », de
celle de l’exploitation et des gagnes petit!
Hyperliens :
Sur Harvey et le film :
http://www.americansplendormovie.com/
http://www.toonopedia.com/splendor.htm
Les critiques de disques d’Harvey Peckar: http://www.austinchronicle.com/issues/dispatch/authors/harveypekar.html
Nerd Liberation Movement: http://www.perkel.com/nerd/nlm.htm
(
***
22 août, 2003
I CAPTURE THE CASTLE (durée: 117 minutes)
Sortie: 22 août 2003
Réalisateur: Tim Fywell
Mettant en vedette: Romola Garai, Marc Blucas,
Rose Byrne, Tara Fitzgerald, Sinead Cusack
Se déroulant dans les années 1930, voici
l'histoire de Cassandra Mortmain, âgée de 17 ans, une aspirante écrivaine qui
vit avec sa soeur Rose, son frère Thomas, son père - un auteur reconnu qui a
passé 12 ans à tenter d'écrire son second roman - ainsi que sa femme
nudiste. Ils vivent dans un chateau
d'Angleterre jusqu'à ce que les héritiers du château arrivent: deux américains
et leur mère. Les parents de Cassandra
voient donc une chance d'augmenter la richesse de la famille en donnant la main
d'une de leurs filles à ces riches et jeunes Américains. Cassandra fait alors face à une situation
conflituelle alors qu'elle tombe
véritablement en amour avec l'un d'entre eux, même si celui-ci est fiancé
à sa soeur.
Set in the 1930s, this is
the story of 17-year-old Cassandra Mortmain (Garai), an aspiring writer who
lives with her sister, Rose (Byrne); her brother, Thomas; her acclaimed writer
of a father (Nighy) who's spent 12 years trying to write his second; and his
nudist wife (Fitzgerald) in a crumbling castle in a remote region of England.
When the castle's rightful heirs arrive in the form of two American brothers,
Neil (Blucas) and Simon (Thomas) and their mother (Cusack), Cassandra's parents
see it as a chance to improve the family's fortunes (since they're essentially
squatters) by marrying off the two girls to the two wealthy young men.
Cassandra finds herself conflicted, however, when she actually falls in love
with Simon, even though he's engaged to Rose (in addition to being attracted to
both Neil and the family's young servant, Stephen).
Commentaires de Michel Handfield
Ce film fut tourné d’après une
nouvelle de Dodie Smith, connu pour avoir aussi écrit « Les 101
dalmatiens »! Un film qui mêle l’intellectualisme (la vision du monde
à travers les yeux et les écrits de Cassandra à son journal!); les différences culturelles entre les Etats-Unis et l’Angleterre; le contraste d’une
famille britannique excentrico-libérale pour son époque (les années 30),
cultivée mais pauvre (ils ont squatté ce château délabré), et qui joue le jeu
de la bourgeoisie pour arriver à ses fins (le souper en « coat à
queue » chez les « américains » et la « réciproque » au château de Cassandra par la suite est pathétique); etc.
Bref, on est au monde des fines bassesses (mais
avec tout l’humour, les bonnes manières et le flegme britannique)… pour arriver
à nos fins (Rose, la sœurs de l’héroïne, qui marie le frère de celui qu’elle
aime pour accéder à un standing monétaire) et des compromissions (Cassandra qui
tait son amour pour le fiancé de sa sœur) pour ne pas nuire aux plans de la
famille… Mais Cassendra écrit et mûrit.
Elle a une vision du monde qui comporte un certain cynisme qu’on apprécie chez
Societas Criticus.
Parallèlement à cette histoire d’amour et de
famille, il y a aussi celle du père en filigrane. Écrivain qui a eu un succès
12 ans plus tôt… et qui a connut la panne par la suite pour des raisons que
l’on découvrira et que Cassendra s’emploiera à conjurer de façon
inattendue.
Un film intéressant, où les dialogues et les
réflexions hors champ de l’héroïne ont toutes leur importance. Romantique,
cynique et intellectuel tout à la fois.
Hyperliens
http://www.capturethecastlemovie.com/
Critique du livre: http://www.etext.org/Zines/Critique/article/capturethecastle.html
The Information
Site : http://home.comcast.net/~sulkowj/dodiesmith/
filmographie et biographie de Dodie
Smith: http://www.imdb.com/Name?Smith,+Dodie
***
13 août, 2003
Je n’ai pas vu les deux films suivants, le
premier parce qu’il n’était pas dans les cordes de la revue, et le second parce
que nous étions pris par une occupation plus terre à terre : un réparage!
Voici donc les résumés du distributeur et des hyperliens. Par contre il n’y
aura pas de commentaire de notre part.
FREDDY VS JASON (durée:
92 minutes)
( FREDDY CONTRE JASON )
Sortie: 15 août 2003
Réalisateur: RONNY YU
Mettant en vedette: Robert Englund (Freddy), Ken Kirzinger (Jason)
A group of teenagers finds
themselves stuck in the middle of a battle between two forces of evil: silent
stalker Jason Voorhees (Hodder) and gabby dream master Freddy Krueger
(Englund), as the battle wages from Elm Street to a climactic finale fought at
Camp Crystal Lake.
Des adolescents se trouvent coincés au milieu
d'un affrontement entre deux puissances diaboliques: Freddy Krueger et Jason
Voorhees.
BUFFALO SOLDIERS (durée: 98 minutes)
Réalisateur : GREGOR JORDAN
Mettant en vedette: Joaquin Phoenix, Ed Harris, Scott Glenn, Anna Paquin
Sortie: 15 août 2003
http://www.miramax.com/buffalo_soldiers/
Set just before the fall of
the Berlin Wall in 1989, this is the story of a criminal drug culture among
U.S. Army soldiers, focusing on Sgt. Ray Elwood, the clerk to the battalion
commander, Colonel Berman. What Ray doesn't know is that there is an
investigation working its way in his direction, even as he is falling in love
with the daughter, Robyn, of the soldier, Sgt. Lee, of the man who's tipping
the investigation off about Ray.
Prenant place juste avant la chute du Mur de
Berlin en 1989, c'est l'histoire du monde criminel de la drogue au sein de l'armée
américaine, mettant en avant plan le Sergent Ray Elwood. Ce que Ray ne sait pas, c'est qu'une enquête
portant sur lui est mise sur pied, au
même moment qu'il tombe en amour avec la fille du responsable de cette enquête.
***
6 août,
2003
TABLEAU DE FAMILLE
(durée: 1H51)
Sortie:8 août 2003
Version
originale italienne avec sous-titres français de « Le Fate
Ignoranti »
Réalisateur :
Ferzan Ozpetek
Mettant
en vedette: Margherita Buy – Gagnante du Prix de la Meilleure Actrice par
l’Association Nationale des Journalistes de Cinéma Italiens – et Stefano
Accorsi
Prix du
Public – Festival Image + Nation 2002
Meilleur
Film – Festival International du Film Gai et Lesbien d’Austin
Meilleur
Film – Festival Nouveau Cinéma de New York
Antonia,
biologiste à Rome, mène une vie de couple épanouie, quand elle perd brutalement
son mari Massimo dans un tragique accident de voiture. Plongeant dans son intimité, elle découvre,
bouleversée, qu’il avait une liaison depuis sept ans. En cherchant pourquoi, comment, et avec qui,
Antonia découvre un monde haut en couleur qu’elle ne soupçonnait pas.
Commentaires
de Michel Handfield
Film
intelligent; un croisement entre « Mambo italiano » et « Le
tiroir secret » (télé série datant de 1986, avec Michele Morgan). On n’est
pas dans la comédie grasse, mais la dramatique souriante.
Antonia
découvre un mot sous une toile après le décès tragique de son mari. Elle sent
la liaison et part à la recherche de l’inconnue. Elle découvre un inconnu, mais
aussi une « famille » très particulière. Un film où toute la palette
des émotions nous est servie.
Et la
langue du film, l’italien, n’est pas désagréable du tout, car c’est une langue
qui chante. Il y a naturellement les sous titres pour nous aider à suivre le
film, mais j’avoue ne pas y avoir toujours eu recours, car les images parlent
souvent d’elles même, ce qui rend ce film encore plus agréable à voir malgré
qu’il soit en V.O. italienne.
Il a
probablement fallu un certain courage pour faire ce film, car l’homosexualité et la bisexualité sont tabous
dans bien des milieux encore, notamment l’Italie Chrétienne si l’on se fie aux
récentes déclarations de l’Église. Mais ce film les traite bien; soit autant de façon humaine (même humaniste)
qu’humoristique. On y trouve un bon dosage d’émotions, de déceptions et de
sentiments (de peine, de trahison, d’espoirs, d’acceptation et d’amitiés) qui
nous font dépasser la simple comédie de situation sans tomber dans le drame
souligné au crayon gras. Bref, une dramatique souriante et humaniste.
Liens:
http://www.brightlightsfilm.com/34/ignorantfairies.html
***
6 août, 2003
En version originale « remasterisée »,
LES TEMPS MODERNES de CHARLES CHAPLIN
prend l’affiche à Montréal le 1er août
Montréal, 11 juillet 2003 — K Films Amérique a le plaisir de présenter à
Ex-Centris à compter du 1er août, Les Temps Modernes, un
des chef-d’œuvres de Charles Chaplin. Producteur, réalisateur,
scénariste de ce film dont il a aussi composé la musique, Chaplin y tient la
vedette avec Paulette Goddard. Tourné en 1934 et 1935, Les Temps
Modernes avait été présenté en première mondiale à New York le 5 février
1936.
À l’occasion de sa projection en clôture du dernier Festival de Cannes, le film
a fait l’objet d’une restauration numérique en haute définition. Les
bobines ont été traitées image par image sur palette graphique afin de
retrouver les contrastes originaux. Au total 126 000 images ont ainsi été
traitées.
Charlot travaille à la chaîne dans une gigantesque usine. Il resserre
quotidiennement des boulons. Très vite aliéné par les conditions du
travail, il se retrouve d’abord à l’hôpital, puis en prison. Une fois
dehors, il fait la connaissance d’une orpheline en fugue et recherchée par la
police. Le vagabond et la jeune fille s’allient pour affronter ensemble
les difficultés de la vie…
Les Temps Modernes marque la dernière apparition de Charlot, ce personnage
qui a valu à Chaplin une gloire internationale, et qu’il avait créé deux
décennies plus tôt à l’aube de la Première Guerre mondiale.
Préoccupé par la montée des nationalismes, les effets sociaux de la
crise, du chômage et de l’automatisation, Chaplin fait de son vagabond un être
parmi les milions qui sont aux prises avec les problèmes des années trente.
Transformant ses observations et ses inquiétudes en comédie, Chaplin dira
de ses deux personnages qu’ils ne sont « ni des rebelles, ni des victimes, mais
les deux seuls esprits vivants dans un monde d’automates. Nous sommes des
enfants sans aucun sens des responsabilités, alors que le reste de l’humanité
est accablé par ses devoirs ».
La présentation à Ex-Centris de ce film du 1er au 20 août nous permet de voir
ou de revoir, ce véritable documentaire d’une époque qu’est Les Temps
Modernes dont le propos garde encore toute son actualité.
Commentaires de Michel Handfield
« Les temps modernes » est un film
socialement marquant. Durant mes études en sociologie on y a souvent fait
référence pour illustrer l’organisation taylorienne du travail, le fordisme et
le travail à la chaîne. Des livres de sociologie et de politique y font aussi
référence, car la palette des sensibilités de Chaplin à son environnement est
large; que ce soit la taylorisation du travail, la crise ou la montée des
organisations ouvrières et politiques. Un film qui peut illustrer et soutenir
bien des analyses et des propos.
***
Dans le coffret DVD se trouve d’ailleurs un
second DVD sur les à côtés du film et des analyses. Mais d’abord un mot sur la
technique.
Les quatre films du coffret on une bande
française, mais pour y accéder il faut d’abord choisir la bande anglaise et un
second menu offre de nouveaux choix de langues, dont le français. Pour les DVD
complémentaires le français n’est pas offert, mais certains des documents sont
en français. Cependant, si l’on a choisi l’anglais, une voix OFF traduit
par-dessus. Le moyen d’y remédier est de choisir Anglais et sous-titres. Ainsi,
lorsque les entrevues sont en français, la traduction anglaise est en sous
titre et on a ainsi droit à la version française originale.
Si on revient au contenu de ce second DVD, on y
apprend que Chaplin observait et lisait beaucoup avant de faire un film. Pour
celui-ci, la question de la redistribution de la richesse le préoccupait. Voler
pour manger était humain dans ce film, qui est aussi un pamphlet de ce que sera
le XXe siècle industriel. Pamphlet assez juste, la division du travail s’étant
accentué par la mondialisation: au lieu d’avoir des ouvriers faisant chacun
leur tâche, nous avons maintenant des usines de productions spécialisées dans
différents pays pour fournir des chaînes de montage final. On use des
différences salariales, technologiques et monétaires pour accroître le profit.
C’est ainsi que les tâches manuelles peuvent être faites dans un pays, les
tâches automatisées dans un autre et le montage final dans un troisième avec
très peu de main-d’œuvre et beaucoup de robots. La taille des entreprises et
des investissements, avec l’aide de l’État, n’est plus en relation avec
l’emploi. C’est l’un des aspects de la mondialisation dont on parle peu, mais
très réel.
Mais comme on le dit si bien dans l’un des
documents du second DVD : Charlot demeure un vagabond. Je dirais un
vagabond éclairé qui nous en montre beaucoup sur notre monde. Comme Sol, à la
différence que Charlot est un mime, donc muet. Mais Chaplin savait utiliser les
sons et les voix de certains personnages qui l’entourent, comme le patron, pour
créer une ambiance qui ne peut qu’accentuer son propos. Un film toujours
contemporain, à voir en salle ou sur
DVD.
***
Les autres films de ce coffret sont « The
Great Dictator », « The gold rush » et « limelight ».
De très bons films, tous accompagné d’un second DVD fort intéressant.
De ces autres films, c’est « Le
dictateur » qui nous a davantage intéressé. Il fut fait en 1940, soit
avant l’entrée en guerre des USA et déjà Chaplin pressentait ce qui se jouait
sur la scène mondiale. La profondeur du mal nazie. L’horreur qu’on allait découvrir
plus tard. L’horreur qui continue au nom des dogmes. Des gens ont été emmurés
durant cette guerre. Un mur (Berlin) a été fait suite à cette guerre et des
murs sont à nouveau érigés dans le monde au nom de différences idéologiques et
dogmatiques. L’Homme n’apprend pas. Techniquement, l’espèce humaine a évolué;
mais socialement Socrate se trouverait face aux mêmes débats et aux mêmes
questions fondamentales qu’en son temps. (1)
La finale, le discours de Chaplin (finale qui
fut changée en tournage nous apprend le DVD d’accompagnement), est un plaidoyer
humaniste retentissant, mais qui n’a pas encore été écouté. Certains le diront
naïf, probablement les mêmes qui multiplient les gestes d’intimidations au nom
de la paix!
***
Avec les temps modernes et Le dictateur on a là
deux pivots du XXe siècle.
« Les temps modernes » illustrent la
recherche du profit et de la performance dans l’industrie; ce qui fait que l’on
soit passé du travail au service de l’Homme à l’Homme au service de la machine
et que maintenant l’on tende à remplacer l’Homme par la machine, où cela est
moins coûteux et techniquement possible. Dans les autres cas on cherche des
bras moins coûteux en jouant sur les différences économiques, sociales,
politiques, normatives et législatives entre les différentes nations du globe;
ce que l’on appelle la mondialisation, mais que l’on pourrait aussi appeler
l’exploitation des différences sociopolitiques et économiques mondiales au
profit des grandes entreprises. Ce n’est pas nécessairement à l’avantage des
citoyens et des États.
Dans le dictateur on retrouve l’opposition entre
la rationalité et le sens commun; l’idéologie érigé en système et l’humanisme
parsemé de doute. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs livres sur le
monde industriel et l’organisation du travail citent « les temps
modernes » et qu’une scène du « Dictateur » illustre la
couverture d’« Age of extremes, The short Twentieth century
1914-1991 » d’Eric Hosbawm. (Éditions Abacus, 1994) Car Chaplin avait bien
saisi le XXe siècle, mais aussi la nature humaine, ce qui fait qu’il sera tout
aussi contemporain au XXIe siècle que plus tard.
Note:
1. Saul, John Ralston, 2001 (2002), On
equilibrium, Canada: Penguin book
Liens:
Ex-centris
http://www.ex-centris.com/f/flashtml/
MK2
http://www.mk2.com/chaplin/site.html
Cinémathèque Québécoise
http://www.cinematheque.bc.ca/archives/chaplin.html
***
24 juillet, 2003
CAPTURING THE FRIEDMANS (durée: 107 min)
Sortie: 8 août 2003
Réalisateur: Andrew Jarecki
Mettant en vedette: La famille Friedman
Gagnant du Grand Prix du Jury lors du Festival de Sundance 2003
CAPTURING THE FRIEDMANS est un documentaire qui explore la nature évasive de la vérité par le biais de l'un des cas criminels les plus étranges de l'histoire américaine. La famille Friedman semble à première vue être des plus typiques. Arnold Friedman est un professeur reconnu et son épouse Elaine représente la femme au foyer modèle. Ensemble, ils élèvent leurs trois garçons dans la ville de Great Neck au Long Island. Lors d'un Thanksgiving, la famille est rassemblée à la maison et se prépare pour célébrer autour d'un bon repas. Au même moment, la police débarque et les officiers s'empressent de fouiller tous les coins, saisissant des boîtes appartenant à la famille Friedman. Arnold et son fils de 18 ans Jesse sont tous deux arrêtés, menottes aux mains, défilant devant les journalistes et photographes rassemblés devant la maison. Alors que l'enquête avance, le père et le fils sont accusés de centaines de crimes terrifiants. Déclarant son innocence, la famille Friedman devient la cible de la rage des habitants de Great Neck, la tranquille communauté subissant du même coup tout le vacarme de cette tragédie. Le film suit eur histoire - de la perspective du public et, de façon encore plus remarquable, à travers des images uniques de la famille en crise, des images tournées par des membres de la famille à l'intérieur même de la maison Friedman. Alors que l'enquête policière avance, la communauté réagit, la famille commence à se désintégrer et des questions troublantes se posent par rapport à la justice, la communauté, la famille et...la vérité.
Commentaires de Michel Handfield
C’est clair qu’il s’agit d’une famille
dysfonctionnelle. Le père et ses 3 fils forment
une « gang », un clan, alors que la mère est mise de
côté. Elle nous apprend que son mari l’a peu touché au cours de sa vie. On
découvre aussi, au long du film, que M. Friedman a perdu sa sœur dans sa
jeunesse, ce qui a conduit au divorce de ses parents. Il a vécu avec son frère
et sa mère… dans une seule chambre alors que cette dernière recevait ses
amants. Des relations incestueuses ont semblé se créer entre les deux frères,
ce qui soulève la question de relations avec ses fils chez le spectateur.
Mais
l’histoire des Friedmans a basculé quand la poste a saisi une revue pédophile
provenant de chez eux. Les postes ont fait enquête sur ce possible commerce, ce
qui a conduit la police à effectuer une descente et à saisir du matériel
pédophile à leur demeure. M. Friedman ayant été professeur et donnant des cours
d’informatiques privés aux enfants de la région, cela a eu pour effet d’attirer
l’attention de la police sur son cas. De là, on a fait preuve d’activités
pédophiles dans ses cours… malgré qu’il n’y ait eu aucune preuve physique en ce
sens. M. Friedman et son fils aîné furent donc accusés.
Ils ont plaidé leur innocence, mais la police
additionnait sans cesse les « cas »; chaque étudiant, chaque cours,
pouvant fournir d’autres cas potentiels. Ils ont donc cédé et plaidé coupable
devant l’avalanche d’accusations.
Probablement ne l’étaient-ils pas… mais valait
mieux plaider coupable à ces accusations réduites qu’à des accusations de
relations incestueuses possibles. Car en fouillant le cas des Friedmans, qui
sait ce qu’on aurait trouvé. La justice avait peut être un cas, mais pas la
bonne cause.
En même temps, la médiatisation du cas ne
pouvait que réveiller la suspicion du voisinage. Il n’en fallait pas plus pour
créer une hystérie alimentant le cas et forçant des accusations rapides.
Ce film
est construit sur preuves, soupçons et contre preuves…. Un excellent film pour amateur d’intrigues
sociale et juridique. Pour étudiants en droit, criminologie et anthropologie.
Un film qui sera aussi excellent en DVD, surtout avec du matériel supplémentaire.
Mais une question m’intrigue depuis que je l’ai
vu: M. Friedman s’est-il marié pour fuir une autre réalité qu’il refusait?
L’homosexualité, ce que son frère semble avoir accepté.
Liens:
http://www.freejesse.net/dragnet.htm
http://www.geckoblue.org/archives/cat_culture.shtml
http://www.rediff.com/entertai/2003/jun/19capture.htm
***
21 juillet, 2003
Espion en herbe 3D : Fin du jeu
(durée: 85 min)
Sortie: 25 juillet 2003
Réalisateur: Robert Rodriguez (Spy Kids 1 &
2, Once Upon a Time
in Mexico, From Dusk till
Dawn, Desperado, El Mariachi)
Mettant en vedette: Antonio Banderas, Carla
Gugino, Elexa Vega,
Daryl Sabara, Ricardo
Montalban, Salma Hayek, Sylvester Stallone
L'équipe d'HYBRIDE était derrière la conception
des effets spéciaux de Spy
Kids 3D, totalisant plus de 400 plans et 45
minutes du film...un travail de
9 mois à souligner pour ces créateurs québécois.
Dans leur toute nouvelle mission, les espions en
herbe s'apprêtent à franchir les limites d'une autre dimension : la troisième
dimension! Avec des effets numériques produits au Québec par l'équipe
d'HYBRIDE, ce film d'action plaira certainement à toute la famille! Leur
mission entraîne cette fois-ci les jeunes agents Juni et Carmen Cortez au sein
de la réalité virtuelle périlleuse d'un jeu vidéo où tout est possible, y
compris l'impossible. Sylvester Stallone, pour qui les films d'action n'ont
plus de secrets, se joint à la distribution et incarne le méchant « Toymaker »
qui tente de s'approprier le monde. Juni et Carmen doivent se battre et réussir
à passer au travers des différents niveaux, de plus en plus durs, de ce jeu
tridimensionnel ingénieusement conçu de manière à les faire échouer.
Humour, gadgets, bravoure et secrets de famille
sont utilisés par les espions en herbe pour relever les défis.
Commentaires de Michel Handfield
C’est avec appréhension que j’y allais, car dans
ma tendre jeunesse je voyais les films 3-D en double, le tout à cause d’un
accident à l’œil à l’âge de 4 ans (un éclat de vitre qui m’est arrivé dans
l’œil gauche).
J’avoue que la technologie s’est nettement
améliorée depuis les années 60-70 au point où j’ai pu suivre le film sans être
incommodé et même voir quelques effets spectaculaires au-dessus des spectateurs
(je m’étais assis complètement à l’arrière). Je n’ai probablement pas
perçu à leur pleine mesure tous les
effets, vu ma vision particulière, mais je n’ai jamais été incommodé – sauf de
légers inconforts très temporaires avec le rouge (œil gauche). Bref j’ai apprécié l’expérience et elle m’a
réconciliée avec le 3-D, car je n’avais jamais été voir ce type de film depuis
mon enfance. Je vais probablement me réessayer maintenant.
Quant au film lui même, je n’ai pas vraiment de
commentaire à faire, car c’est le 3e de la série et je n’ai pas vu
les deux premiers. Je manquais donc de références. Mais les amateurs de
science-fi et de jeux vidéo vont apprécier. Les parents aussi… car trop de jeu
vidéo est « dangereux »: la machine peut vous gober! Si. Si. Et il y
a des allusions intéressantes sur la société et la politique… Il faut bien que
les parents qui accompagnent leurs kids aient de la substance à se mettre sous
la dent!
Hyperliens :
***
15 juillet, 2003
L'école de la Vie (durée: 102 min)
Sortie: 18 juillet 2003
Réalisateur: Clare Kilner
Sa première production, « Janice Beard: 45 Words
Per Minute » (a British "office
comedy") a été comparée au film « Le
Journal de Bridget Jones».
Mettant en vedette: Mandy Moore, Allison Janney,
Peter Gallagher, Dylan Baker, Alexandra Holden, Mackenzie Astin, Glynnis Johns,
Trent Ford
Ayant été témoin de plusieurs échecs amoureux --
comme le divorce de ses parents et l'expérience de sa meilleure amie Scarlett
-- une adolescente
(Moore), décide que l'amour ne peut exister
jusqu'à ce qu'elle se rende compte du contraire en rencontrant Macon (Ford)...
Commentaire de Michel Handfield
Film léger. Comédie sentimentale pour ados, mais
avec des clins d’oeils que les adultes sauront apprécier. Moi, perso, j’aime ce
genre de film, car cela me détend de lectures et de films plus profond, de
l’analyse sociopolitique. Ce genre de
film sait même me tirer une larme au coin de l’œil. Si, Si. Pour cela il faut
tout simplement accepter les conventions du film: ici tout le monde tombe en
amour autour de l’adolescente: sa meilleure amie, sa sœur qui annonce son
mariage, son père qui se remarie, sa mère… et leurs petits problèmes d’amoureux
l’agacent royalement. Elle ne comprend pas et refuse donc l’Amour… De Macon (Trent Ford), elle dit qu’elle aime
juste l’embrasser! Il y aura donc quelques qui propos pour elle, mais aussi
pour tous les couples autour!
Film agréable qui peut vous faire penser à
quelques unes de vos connaissances actuelles… ou de vos 16 ans! Je crois en
avoir reconnus.
Liens :
Site officiel du film: http://www.howtodealmovie.com/
Site officiel de Mandy Moore : http://www.mandymoore.com/
***
11 juillet, 2003
Les Sœurs Madeleine (durée: 119 min)
Sortie le 18 juillet 2003
Gagnant – meilleur film – Lion d’Or Venise
Gagnant – Prix Discovery – Festival
International de Toronto
Le Prix Média de l’Union Européenne – décerné à
Cannes lors de la première journée du cinéma européen
Réalisateur:
Peter Mullan
Distribution:
Nora-Jane Noone, Geraldine McEwan, Annie-Marie Duff, Dorothy Duffy,
Eileen Walsh
Résumé:
Basé sur une histoire vraie. Abandonnées par la société – rejetées par
leurs familles – leur seule source d’espoir – leur amitié mutuelle…
The Magdalene Sisters s’inspire de faits réels
et raconte l’histoire dramatique des pensionnaires d’un couvent catholique dans
l’Irlande rurale de 1964. Gouverné par
des sœurs tyranniques, le couvent enferme les femmes parce qu’elles sont trop
belles, trop laides, trop courageuses, trop bêtes ou trop intelligentes.
Souvent envoyées dans cet enfer par leurs familles, elles y vivent en esclaves
parfois jusqu’à leur mort, condamnées au travail forcé pour laver les péchés
qu’on leur attribue. Prison d’hypocrisie, de violence et d’humiliation, ce lieu
détruit peu à peu la vie de ses pensionnaires qui luttent désespérément pour
survivre et rêvent encore et toujours de liberté.
Complément d’informations:
Les Sœurs Madeleine, un film de Peter Mullan
basé sur une histoire vraie
-
En 1767, le premier asile des Sœurs Madeleine est établi à Dublin, en
Irlande, comme refuge pour les prostituées.
-
À partir des années 1840, les asiles étendent leur portée en devenant
l’endroit principal pour les mères de famille monoparentales, les prostituées,
les jeunes filles « à la chasteté douteuse » ainsi que les femmes jugées comme
étant « indisciplinées » ou trop attirantes pour les hommes.
-
De 1940 à 1970, plus de 2000 enfants naissants sont secrètement adoptés
par des familles catholiques aux Etats-Unis.
Ces enfants furent séparés de force de leur mère, la plupart de ces
femmes étant célibataires et détenues dans les asiles des Sœurs Madeleine.
- En 1993, les corps de 133 travailleurs d’une
blanchisserie du couvent furent découverts dans des tombes non
identifiées. Une décision prise par les
Sœurs de Notre-Dame de la Charité de vendre un cimetière à Drumcondra pour des
raisons financières permis de mettre la lumière sur le sombre secret de
l’asile.
-
Le 20 avril 1996, Mary Robinson, alors à la présidence de l’Irlande,
rend hommage aux « détenues » des Sœurs Madeleine avec une plaque spéciale
inaugurée au cœur de Dublin.
-
En octobre 1996, alors que plus de 30 000 femmes ont été incarcérées
dans ces asiles, la dernière blanchisserie des Sœurs Madeleine toujours
opérante en Irlande ferme ses portes. 40
femmes sont alors en résidence, toutes âgées entre 40 et 70 ans. Neuf d’entre elles n’ont alors aucune
famille.
-
En 1999, l’émission de télévision « 60 Minutes » diffuse l’histoire des
Sœurs Madeleine.
-
Toujours en 2001, The Irish Independent refuse de publier la
publicité de Peter Mullan recherchant des survivantes de cette tragédie.
-
En septembre 2002, le réalisateur Peter Mullan termine « Les Sœurs
Madeleine » et reçoit le prix du Meilleur Film lors du Festival du Film de
Venise.
-
Le 25 octobre 2002, le film prend l’affiche en Irlande et devient par la
suite un succès en Italie, Angleterre et France. Les chiffres soutiennent même qu’une personne
sur cinq en Irlande a vu le film.
L’Église Catholique d’Irlande a, de son côté, toujours gardé le silence.
-
Le porte-parole de l’archevêque de Glasgow soutient le 16 février 2003
dans le Scotland’s Sunday Herald que « Les Sœurs Madeleine » est un film autant contre les Catholiques que
« Schindler’s List » peut être un film
contre les Allemands.
Commentaire
de Sylvie Dupont & Michel Handfield
Pour le besoin de
commenter ce film, concernant la situation de la femme dans l’Irlande
Chrétienne et conservatrice des années’60
(dont le Québec des mêmes années n’était probablement pas si loin, car
on venait à peine de sortir de « la grande noirceur » duplessiste
pour entrer dans la révolution tranquille), j’ai amené une collaboratrice
occasionnelle de la revue à ce visionnement de presse.
***
Bonne étude de
mœurs. Au nom de Dieu et de la Foi, les filles étaient coupables du seul fait d’être
des femmes. Coupable de flirt ou d’avoir un enfant hors mariage, un bâtard
conçu dans le péché mortel! Coupable de s’être fait violer – le diable tente
les pauvres gars à travers ces filles trop belles ou trop dégourdies. Coupable
d’être éveillée. Elles devaient expier leurs fautes: avoir tenté les garçons,
avoir questionné l’autorité ou avoir eu un enfant hors mariage. En fait elles
étaient victimes d’une société de Foi et d’ignorance, car on ne parlait pas de
ces choses et on éduquait encore moins les jeunes à la vie! Les questions embarrassantes étaient éludées
au nom de l’irrespect, de la convenance et de la morale. C’est le malin qui
fait poser des questions qui ne se posent pas.
Et si le malin
« gagnait », que la fille était enceinte, dégourdie ou attirait les regards des garçons, on l’envoyait chez
les Sœurs Madeleines - du nom de Marie-Madeleine qui a expié ses fautes après
sa rencontre avec le Christ. Elles savaient s’en charger, les soeurs! A la dure,
en les faisant travailler dans leurs buanderies, en les abaissants (mauvaises filles,
pécheresses…) ou en les internant dans leurs asiles. Et elles n’auraient pas trop de toute leur
vie de ce régime de travail forcé – sans droit de se parler – pour avoir le
droit au regard miséricordieux à la fin de leur vie: certaines,
« entrées » chez les Sœurs Madeleine alors qu’elles étaient encore
jeunes filles, n’en sont ressorties qu’entre quatre planches… morte de
vieillesse, de tristesse et de surtravail.
Car on ne devait pas
déranger les biens pensants: filles mères ou filles rebelles qui défient
l’autorité sont envoyées chez les sœurs Madeleine pour expier leur faute jusque
dans l’oubli total de leur famille. Elles n’avaient pas droit à la
« libération conditionnelle », ni de voir leur famille. Et leurs parents préféraient plutôt les
oublier et les renier, que de porter cette honte face à la société bien
pensante, aux voisins, à la paroisse ou au village. Une image forte de ce film,
qui illustre bien cette situation, est celle de la mère assise bien droite sur
une chaise face à sa fille (Rose) qui tient son nouveau-né dans ses bras dans
une chambre d’hôpital. Cette dernière veut absolument qu’elle prenne son
petit-fils dans ses bras et elle ne reçoit
même pas un non comme réponse. Elle a droit à une mère impassible, qui
se tait sans la regarder, car ce n’est plus sa fille. Quant à son père, il lui
dit « tu nous a tué, pour nous tu es morte »! Le père la fera signer
l’acte d’adoption et « donnera » sa fille au Curé pour l’envoyer chez
les sœurs Madeleine! Elle crie, elle
pleure… mais elle n’existe plus pour eux. Elle est « morte ». D’une
dureté. Mais pas le film, la situation et l’époque! L’idéologie du temps.
Chez les Sœurs
Madeleine on est loin des sœurs qui représentaient l’Amour inconditionnel de
Dieu, comme les petites filles l’apprenaient étant jeunes. Ce sont des dures.
Car ces jeunes filles ont commis des péchés mortels et sont condamnables aux
yeux de Dieu. Elles doivent donc expier pour sauver leur âme! Où est cet amour
du prochain? La compassion? Nulle part,
à moins qu’elles aient un appel divin – comme l’une d’entre elles qui devient
religieuse. Là c’est la fête. Mais pour la grande majorité, elles ont déjà reçu
la « condamnation divine » des bien-pensants pour leurs fautes et cette
condamnation les suivra toute leur vie: elles demeureront détenues dans
l’oubli, à trimer dur chez les sœurs…
pour gagner leur Ciel!
On les brise au
point que certaines deviennent des zombies, intégrant le fait qu’elles sont la
représentation du mal jusqu’à leurs mort et
trouvant tout à fait juste de dénoncer celles qui veulent s’en sortir ou
se sauver… pour « protéger » leur âme! Fraterniser entre filles était
interdit, parler à des gens de
l’extérieur donnait droit à des châtiments corporels. Et les sœurs ne se
gênaient pas. L’abaissement psychologique – comparaison des filles (plus gros
seins, plus poilue, plus petits seins, etc.) dans la douche – faisait partie de
leurs méthodes.
L’Irlande Catho des
années 60 était peut être plus dure que le Québec de la même époque, car au
Québec on venait de sortir du joug de Duplessis et l’État commençait à prendre
la place des communautés religieuses dans les hôpitaux et les écoles. Mais on n’en était pas très loin. (Voir http://www.adoption-quebec.com/histoire-adoption.htm) Ce n’est qu’au début des années
70 qu’on assista à la fermeture des dernières crèches et il fallu attendre les
modifications au Code Civil du Québec des années 80 et 90 pour que la notion
d’enfant illégitime – ou de bâtard –
soit enfin complètement abolie.
(Référence: http://pages.infinit.net/orions/c_courrier_du_lecteur/declaration_de_naissance_droits_et_obligations.htm). Des parallèles peuvent donc être fait, ici comme ailleurs, avec ce
film.
Quelques caractères
forts s’en sont sorties, mais si peu. Combien de filles on été brisées pour la
vie. Car on les brisait… parfois au point qu’elles sombraient dans la folie. Un
film dur, qui fait réfléchir.
***
Mais est-ce vraiment
si loin de nous, avec le conservatisme montant chez nos voisins États-uniens?
Et tous les mouvements fondamentalistes chrétiens qui veulent revenir aux
valeurs des 40 et des 50’s? Mouvements très liés aux républicains de George W.
Bush et de la « Bible Belt » des États du Sud, qui remettent en cause
les progrès sociaux libéraux connus depuis quelques décennies pour revenir aux
politiques ultraconservatrices:
- On remplace l’aide sociale par la charité, et
particulièrement la charité religieuse
(Voir le site www.religionandsocialpolicy.org);
- On fait place à la « vérité
biblique » dans l’enseignement au même titre qu’à la connaissance
scientifique, réduite à une simple hypothèse: c’est ainsi que dans certaines
écoles le créationnisme prend le pas sur la théorie de l’évolution (1);
- On revient aux valeurs de Dieu dans la
gouvernance (God bless America) et pour justifier la mission
militaire des USA dans le monde, car les USA ne sont pas que gardien de la
paix, ils sont au service de Dieu dans toutes leurs actions! (2).
Un film qui montre
comment une idéologie, monté en système (ici l’idéologie chrétienne des bonnes
mœurs), répété sans cesses par les autorités et les élites, en vient à être
intégré par le peuple au point de se renier, de renier ses propres enfants et
petits-enfants. Une fille qui se serait sauvé pour dénoncer ces atrocités à la
police n’aurait pas été crue, car tous « savent » que ce sont des
« putains » et que les religieuses les « sauvent du mal »!
Qui oserait mettre en doute les représentantes de Dieu face à des putains, sauf
un agnostique!
La structure
sociale, religieuse et politique de l’époque faisait en sorte que ces filles
étaient rejetées par tous, incluant leur propre famille (le Père ramène sa
fille qui était retournée à la maison), car on ne peut aller contre le système
et encore moins contre Dieu! Avoir repris sa fille, car les religieuses les
maltraitent, aurait signifié croire une « putain » contre la parole
des servantes de Dieu, aussi bien dire contre Dieu lui même! La religion, opium
du peuple, dont parlait Marx, c’est ça!
L’esprit critique
doit être brisé. Si on ne peut le briser, il est donné comme le mauvais
exemple. On le marginalise pour lui enlever toute crédibilité. Cela se fait en
religion; cela se fait en politique. Car le système – l’idéologie dominante –
fait en sorte que même l’injuste soit perçu comme juste. On est ici en présence
d’un film qui rejoint « Le pianiste » dans sa façon de montrer
que la « vérité idéologique»
peu facilement faire perdre tout sens critique et tout doute, ce qui est très
dangereux pour une société.
Il n’y a plus de
danger aujourd’hui, croyez vous! Pas sûr. Regardez les débats actuels sur les
assistés sociaux. Combien croient encore que c’est par choix qu’ils sont
assistés social? Combien croient que l’on devrait forcer les filles mères à
abandonner leurs enfants à l’adoption, car s’ils ont des enfants c’est pour
avoir davantage de Bien-être social? Combien seraient d’accord de forcer les
bénéficiaires d’aide sociale à travailler?
Mais qui pense que si les bénéficiaires travaillent comme chauffeur
d’autobus, prof, concierge d’école, balayeur de rue ou animateur de radio (car
certains en ont la compétence j’en suis sûr), ont enverra les employés qui font
ces emplois bien rémunérés actuellement prendre leur place sur le Bien-être
social puisqu’il sera plus rentable de faire travailler ce « cheap
labour » que de conserver les employés actuels? Et que dire des débats sur l’immigration? La
montée de la droite aux États-Unis, en France, ou au Québec (ou le chef Libéral
est un conservateur!)? Il y a toujours un danger. Mais quand le discours
populaire et les idéologies se
confondent, on ne peut plus le nier. C’est signe que la machine de persuasion
fait son œuvre. Comme au temps des Sœurs Madeleine, où la machine idéologique
chrétienne dominait la conscience et le discours populaire! (6)
***
Lorsque
ce film sortira en DVD, il serait intéressant qu’il soit bonifié avec des
documents concernant les Sœurs Madeleine, dont l’émission de télévision «60
Minutes» sur l’histoire des Sœurs Madeleine diffusé en 1999.
Notes:
1. Sur le créationnisme, voir la notice sur ce
thème dans le Dictionnaire sceptique des sceptiques du Québec: http://www.sceptiques.qc.ca/SD/creation.html
2. A ce sujet, voir le livre d’Éric Laurent, 2003, Le monde secret
des Bush, Canada : Plon; et celui de Lewis Lapham, 2002, Le
djihad américain, France: Saint-Simon
3. A ce sujet, voir La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire,
Mille-et-une-nuits
4. Pour
ceux qui croient cette comparaison exagéré entre le Führer, Dieu, et le
Président des Etats-Unis rappelons que dans le « Complément
d’informations » reçu sur ce film,
« Le porte-parole de l’archevêque de Glasgow soutient le 16 février
2003 dans le Scotland’s Sunday Herald que « Les Sœurs Madeleine » est un film autant contre les Catholiques que
« Schindler’s List » peut être un film
contre les Allemands. » Que ce soit chez les religieuses ultra-catho, chez
les fondamentalistes religieux, ou à la maison blanche, on est donc face aux mêmes modèles idéologiques qui
font que la voie est toute tracée et que les biens pensants n’ont qu’à la
suivre. Les autres sont des marginaux… que l’on devrait forcer à entrer dans le
bon chemin de gré ou de force j’imagine.
5. A ce sujet, voir http://www.cnn.com/2001/US/11/06/gen.attack.on.terror/; Sur la monnaie États-uniennes n’est-il pas écrit « In God we
trust! »? (Voir http://www.ustreas.gov/education/fact-sheets/currency/in-god-we-trust.html) Et dans son livre (voir note 2), Lewis Lapham souligne que « La
constitution américaine a été rédigé avec Dieu, la nation américaine s’est
bâtie grâce à Dieu, les présidents américains sont les fils de Dieu: l’Amérique
n’a pas de roi, elle a Dieu » (Jaquette arrière du livre)
Comme ce droit vient
« directement » de Dieu, il n’est pas surprenant qu’il autorise les
Etats-Unis à intervenir n’importe où dans le monde pour défendre leurs
« valeurs divines »: liberté, démocratie et libre commerce! A
quand l’abolition des Nations Unies pour son remplacement par le roi
États-uniens? Car on ne peut contredire Dieu et les USA le proclament à tout vent: « God bless America ». Tenez
vous le pour dit! Et le
Dieu États-uniens saura récompenser ses amis: George W. Bush ne disait-il pas
aux nations qui le suivraient dans sa guerre de libération de l’Irak qu’ils
auraient droit aux retombés – une part du pétrole peut être – de cette guerre?
Quand aux autres nations, elles
pourraient être punies pour ne pas avoir choisi le bon camp! : « You are either with us or against us »!
Pas de doute possible et encore moins de critique autorisé!
(Voir http://ladouceur.monblogue.com/commentaires/ladouceur/15246 et
« The National Security Strategy of the
United States of America », disponible à l’adresse http://www.whitehouse.gov/nsc/nss.html.
6. A ce sujet voir John Ralston Saul, 2001 (2002), On equilibrium,
Canada: Penguin book, car c’est un livre éclairant sur ces questions des
idéologies, du sens commun… et du doute!
***
7 juillet, 2003
CORPS À CORPS (durée: 101 min)
Sortie: 1 août 2003
Réalisateur : François Hanss et Arthur-Emmanuel Pierre
Distribution:
Emmanuelle Seigner, Philippe Torreton, Clément Brilland, Vittoria
Scognamiglio, et la participation de Yolande Moreau et Marc Duret
Une strip-teaseuse accepte de changer de vie et
de suivre un homme parce qu’il est fol amoureux d’elle. Il est riche, elle est belle. Un conte de fée?
Non, un cauchemar…
Commentaire de Michel Handfield
J’ai vu « Corps à corps ». Fascinant,
bien monté, et monté serré à la fois. Un thriller psychologique. Mais la marge
est mince pour ne pas vendre le punch de l’histoire. Bref je résumerai mon
commentaire à celui-ci : beauté amoureuse, atrocement maladive! A voir absolument.
***
8 juillet, 2003
LA GRANDE SÉDUCTION
De Jean-François Pouliot
Sortie le 11 juillet
Montréal, 13 juin 2003 —Après avoir reçu un
excellent accueil lors de sa présentation dans le cadre de la prestigieuse
Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, La Grande séduction, premier
long métrage de Jean-François Pouliot, prendra l’affiche le 11 juillet à
travers le Québec.
À Sainte-Marie-La-Mauderne, un petit village
portuaire, les habitants, autrefois de fiers pêcheurs, sont maintenant
contraints à vivre aux crochets des allocations gouvernementales. Pour
satisfaire aux exigences d’une usine qui viendrait s’implanter dans leur
minuscule village portuaire, les 150 habitants doivent tout faire pour
convaincre un jeune médecin de venir s’établir chez eux. C’est le début de la
grande séduction.
La Grande séduction réunit une impressionnante distribution,
mettant en vedette Raymond Bouchard, David Boutin, Benoît Brière, Pierre
Collin, Bruno Blanchet, Lucie Laurier, Rita Lafontaine, Clémence Desrochers,
Donald Pilon, Ken Scott et Marie-France Lambert.
Une production de Roger Frappier et Luc Vandal
de Max Films, La Grande séduction est distribuée au Canada par Alliance
Atlantis Vivafilm et par Max Films International pour les ventes à l’étranger.
Commentaire de Sylvie Dupont
Un beau film, tourné au cœur de la mer. Une
histoire qui fait réfléchir, malgré que
ce soit fait avec humour: Pour arriver à de quoi il faut (i) savoir
« manipuler » les gens, si on n’est pas parmi les puissants, et (ii)
avoir un leader qui y croit – être un « maniganceux » ne nuit pas
dans ce rôle – pour entraîner les autres! J’ai trouvé la psychologie des
personnages intéressante, et si la caricature fait sourire, le tout fait
réfléchir sur les petits villages qui sont menacés d’abandon par les pouvoirs
publics et économiques, voir de disparition à plus ou moins brève échéance.
Ayant entendu dire que ce film fut tourné sur
une île (Harrington Harbour, Quebec) sans route d’accès
et que l’équipement fut transporté par bateau… j’espère qu’on a pensé faire un
« making of » de ce film. Ce serait fort intéressant à voir
aussi.
Texte du 14 juin 2003 sur La Grande séduction!
Tout le monde a parlé des Invasions
barbares; même nous, nous avons fait un long texte sur le sujet. Mais deux
autres films du Québec étaient aussi à Cannes : 20h17 rue Darling
et La grande séduction (présenté en clôture de la quinzaine des réalisateurs) que nous avons eu le privilège de voir à Montréal de façon simultanée
avec Cannes!
Sommaire (source : www.maxfilms.ca)
Pour satisfaire aux exigences d'une usine qui
viendrait s'implanter dans leur minuscule village portuaire, les 150 habitants
de Sainte-Marie-La-Mauderne doivent tout faire pour convaincre un jeune médecin
de venir s'établir chez eux. C'est le début de la Grande Séduction.
Ce premier long métrage réalisé par Jean-François Pouliot réunit encore une
fois le duo Jean-François Pouliot et Benoît Brière responsable des 104 messages
de "Monsieur B" de Bell Canada.
LA GRANDE SÉDUCTION est une comédie scénarisée par Ken Scott avec Raymond
Bouchard, David Boutin, Benoît Brière, Bruno Blanchet, Pierre Collin, Rita
Lafontaine, Clémence Desrochers, Lucie Laurier, Ken Scott, Marie-France
Lambert.
Commentaire de Michel Handfield
Ce film, au delà de la comédie, soulève des
questions sociales et politiques. Des questions importantes sur lesquelles la
plupart des citoyens ne liraient pas, mais qu’ils vont très bien comprendre
avec un tel film.
Premièrement, l’importance d’avoir un médecin
pour toutes les communautés et la difficultés qu’ont les petites communautés à
en avoir un. Ne pas avoir de médecin signifie souvent la fin de ces communautés
à plus ou moins brève échéance.
Deuxièmement, l’impact de la production de masse
et de la mondialisation – il faut toujours produire plus – sur les villages qui
vivent de ressources vivantes comme la mer. Car les méga bateaux ont épuisés la
ressource et des villages de pêches se retrouvent maintenant sans industrie,
trop petits et trop loin des grands centres (donc des infrastructures routières
nécessaires à la production juste en temps) pour l’industrie moderne. Ces
villages sont condamnés à vivre de l’aide sociale et à la fermeture à plus ou
moins brève échéance dans le contexte de la mondialisation qui les exclue du
système de production actuel. La pêche illustre bien ce principe. La même chose
est vraie de l’exploitation des ressources naturelles – pensons à l’usine
Magnola - et aux villes mono
industrielles qui voient leur industrie quitter pour des pays en voie
d’industrialisation, où les salaires sont aussi bas qu’un dollars par jour (et
parfois moins) et où il n’y a pas de normes environnementale et sociale. Pour
contrecarrer cette concurrence nous n’avons que les subventions… et ce n’est
pas nécessairement une solution rentable à long terme, car au moindre
changement contextuel il faut redonner de l’aide aux entreprises. Tout est
alors à refaire.
Il faudrait plutôt établir des normes sociales
mondiales minimales et limiter la concurrence que se font les États pour aller
chercher l’Investissement qui est dans la cour de leur voisin. Mais c’est là
rêver quand des peuples trouvent encore le moyen de faire des guerres
fratricides, au lieu de s’entraider, même au XXIe siècle. Si techniquement
notre évolution est phénoménale, depuis l’antiquité, pouvons nous en dire
autant socialement? Depuis Socrate et le siècle de Périclès avons nous vraiment
évolué au plan démocratique et politique?
Troisièmement, qu ‘est l’Homme devenu
lorsque le travail disparaît sans qu’il ne soit en cause? Quand les changements
économiques font en sorte que, soudain, sa vie bascule? Que la vie de toute une
communauté bascule? Avec la disparition du travail à mesure humaine (la pêche
artisanale ici, la petite manufacture là, le commerce de quartier, la banque ou
le bureau de poste ailleurs!) ce sont les fondements sociaux de communautés
entières qui partent à la dérive.
Les petites communautés sont menacées et les
grandes villes désertées pour des villes dortoirs (le phénomène de l’étalement
urbain). S’effectue aussi un passage subtil du citoyen au client; de l’employé,
qui comptait pour le service du personnel, à la ressource humaine, qui est une
ressource dépersonnalisée que l’on change pour sauver 5 cents comme on change
de fournisseurs de métaux, de papiers ou de peinture sans autres considération
que son coût et qui est même en concurrence avec les ressources humaines de
pays dont il ne connaît même pas le nom et encore moins la langue; de l’espoir
à l’incertitude. L’espoir du développement est devenu la menace du
développement : vous ne répondez plus à des critères comptables et votre
entreprise, votre métier, votre art, votre village sont menacés par des
décisions prisent à des milliers de kilomètres de chez vous par des gens qui ne
connaissent rien de votre réalité; par des gens qui avaient menacé votre avenir
par leurs décisions antérieures – comme de favoriser la surpêche par des
bateaux usines pour répondre à la croissance exponentielle de la demande en
poissons sans penser à l’avenir de la ressource – et qui se reprennent
aujourd’hui en condamnant les pêcheurs qui étaient demeurés à la pêche
artisanale, même si c’était la solution la plus sensée à l’époque. Mais la
rationalité reconnaît rarement le sens commun!
Bref, au delà du bon film et du divertissement,
nous avons vu une fable sociale de première importance. L’envers des Invasions
barbares, car si les Invasions posent un point de vue urbain et intellectuel,
la grande séduction porte un point de vue régional et coloré à
l’écran! Mais les deux sont tout aussi essentiels, car ce sont les deux faces
que renvoie l’une contre l’autre la mondialisation et le surdéveloppement :
la ville réseau et le village oublié.
Liens :
http://www.telefilm.gc.ca/data/production/prod_2727.asp?c=1
http://www.beauxvillages.qc.ca/francais/villages/harrington.html
***
3 juillet, 2003
Festival International de Film FanTasia
Michel Handfield
Le Festival Fantasia nous revient dans une
nouvelle salle non commerciale cette année «encore»… après une absence
d’un an dû aux rénovations de l’Impérial. Mais, non, ce ne sera pas à
l’Impérial rénové, car les travaux ne sont pas terminés.
Le défi, pour les organisateurs du Festival
Fantasia, fut donc de trouver un autre site: une salle de 700 places non
commerciale, car les « FantasFans » n’auraient pas apprécié un
changement qui aurait pu être perçu comme la récupération commerciale de
« leur » festival. On est underground et on se respecte!
Passons les détails. Cette salle fut trouvée à
l’Université Concordia, qui est très
heureuse de recevoir cet événement culturel important de son côté, d’autant
plus que le département de Cinéma y semble très dynamique. Il y a comme une
relation fort intéressante là. Ça se sentait dans l’air. Le courrant passait
tellement fort qu’ils ont même fait sauté les plombs – en effet le secteur de
l’Université fut victime d’une panne de courrant lors du film de présentation
aux journalistes. C’est tout dire!
What saying more? Les billets ou le
programme? Tout est sur le site Internet de l’événement : www.fantasiafest.com. Mais attention, ce
n’est pas nécessairement soft! Il y a du hard core! Car Fantasia c’est du
cinéma tonitruant politiquement incorrect, légèrement – et même très –
subversif, radical, psychotique… ou indescriptible comme on nous le signale
dans les notes de presse!
***
26 juin, 2003
Owning Mahowny
(durée: 105 min)
Réalisateur: Richard
Kwietniowski (D'après le roman de Gary Ross)
Distribution : Philip
Syemour Hoffman, Minnie Driver, John Hurt, Maury Chaykin
Poli et bien
éduqué, Dan Mahowny est l’assistant-gérant d’une banque avec une tête pour les
chiffres, le talent de prendre des décisions et un appétit dévastateur pour le
jeu. Dan Mahowny est le héros qui tient
tête à deux institutions financières que les gens prennent plaisir à détester –
la banque et le casino – et pour un bref instant, en est le vainqueur.
Sortie:
27 juin 2003
Commentaire:
Ce film est basé sur un fait vécu arrivé à
Toronto entre 1980 et 82. C’est le drame psychologique d’un être brillant,
renfermé, joueur compulsif… et cadre dans une grande banque. Un joueur
compulsif qui a accès à de l’argent « frais » : Explosif!
Brillant, il ne pige pas dans la petite caisse…
mais les marges de crédit de ses clients en espérant les rembourser sans que
cela ne paraisse.
Fort en chiffre, il réussit des gains
extraordinaires – plus d’un million. Mais dans sa maladie, il ne peut s’arrêter
et inexorablement le reperd à la même table de jeu ou aux dés! On voit, on sent
la douleur de Dan, car un mal intérieur le ronge. Il a besoin de l’adrénaline…
cette drogue que lui procure le jeu!
Désir d’argent, il saurait s’arrêter. Désir de gagner, de battre la
« machine » probablement davantage! Mais surtout le « Hight »
que cela lui procure!
Le contraste entre ses deux vies est flagrant.
Celle de Dan, avec sa vieille voiture qui tient de peur, et celle de M. Mahowny, un Monsieur qui joue gros avec tous les privilèges que cela apporte:
un tel joueur a droit au transport en avion privé et en limousine vers le Casino,
à sa suite une fois là-bas et à l’admiration! Cela lui appartient le temps
qu’il est dans le monde du jeu… mais jamais longtemps, car Dan ne sait pas
s’arrêter et de l’admiration qu’il suscite quand il gagne, il passe à la
sympathie quand il commence à perdre… à l’indifférence quand il reperd tout,
tout de suite! Le pauvre type.
Mais Dan n’est pas jet-set. Les filles et
l’attention qu’il suscite l’indiffèrent. Dans joue pour
jouer!
Un très bon film psychologique.
Michel Handfield
***
20 juin,
2003
La légende des baleines (Whale
Rider)
Sortie le 20 juin 2003 (101 min.)
GAGNANT PRIX DU PUBLIC FESTIVAL DU FILM SUNDANCE 2003
GAGNANT CHOIX DU PUBLIC FESTIVAL INTERNATIONAL DU
FILM DE TORONTO 2002
GAGNANT PRIX DU PUBLIC FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM
DE ROTTERDAM 2003
Réalisateur:
Niki Caro
Distribution:
Keisha Castle-Hughes, Rawiri Paratene, Vicky Haughton and Cliff Curtis
La légende des baleines raconte le combat d’une jeune fille
courageuse qui doit affronter sa destinée parmi les Maori, un peuple indigène
de la Nouvelle-Zélande.
Depuis le début de sa jeune existence, Pai a recherché l’amour de Koro, son
grand-père, Chef du peuple Ngati Kanohi de Whangara, un village de pêche sur la
côte. Koro a besoin d’un successeur mais ses espoirs se sont envolés le jour de
la naissance de Pai, alors que son frère jumeau est décédé en même temps que la
mère. Le fier et traditionnel Koro n’a que faire d’une fille.
Abandonné par son père éploré, Pai est élevé par Flowers, sa
grand-mère au grand cœur. Elle sent aussi l’amour de Koro malgré son attitude.
Il est seulement plus distant, comme la lumière lointaine d’une étoile.
Que se passerait-il si une fille entrait dans le panthéon
des leaders? Koro trouve cela inconcevable. Convaincu que son fils absent ne
reviendra jamais à Whangara, il commence à enseigner les traditions ancestrales
aux garçons du village – en prenant bien soin d’y interdire Pai. Mais elle
s’enquérit de tout, secrètement, en observant du mieux qu’elle peut. Lorsque
vient son heure, elle est fin prête.
Notre
commentaire:
Les images et le jeu des acteurs – dont Pai – sont
excellents. Un film touchant. Et le sauvetage des baleines… m’a tiré des
larmes. Plus que dans « Les invasions barbares », vu la
grandeur de la chose. Un film que je conseille pour l’histoire et la beauté.
Socialement parlant, c’est un film fort intéressant sur le
choc des cultures – intra et inter culturel. Sur le changement. L’affrontement
entre tradition et modernité dans les rapports père/fils et homme/femme vu à
travers la relation entre le grand-père et sa petite fille qui habite chez lui.
A travers le fils – qui refait un court passage après
plusieurs années d’absence – on perçoit son occidentalisation (il vit
maintenant en Allemagne) et l’opposition entre sa nouvelle vie et ses origines.
La différence entre l’occidentalisation, la modernité et l’ancestralité (ce
sont les gars qui deviennent des chefs! s’entête le grand-père jusqu’à…) sont
le propos en filigrane de cette belle histoire que l’on peut voir comme telle
ou que l’on peut pousser jusqu’au plus profond de son humanité.
Liens
pertinents:
http://www.whaleriderthemovie.com/trailer/
http://www.aotearoalive.com/tomokanga/
Michel
Handfield
***
ATTACHE TA TUQUE
De Denis Boivin
Lundi 16
juin, 19h30, Cinéma Quartier Latin / Samedi 21 juin, 18h30, ONF
CRÉATION
CANADA 2003 98 MIN 35 MM V.O. FRANÇAISE / ORIGINAL
RÉALISATION,
PRODUCTION: Denis Boivin
PRODUCTION:
Les Productions de film Dionysos inc., denis@dionysos.ca
DISTRIBUTION: Domino film and television int'l,
Jeanne Ritter,
INTERPRÉTATION
: Wally Cheezo, Iloulia Volkova, Branda Papatie
COLLABORATION
: Scénario: Denis Boivin & Anastasia Boulakova
Dir. de
la photographie : Jean-François Denis & Alain Dupras
Prise de
son : Jean-François Linteau Montage: Isabelle Levesque Concept sonore,
mixage: Roger Guérin Musique originale: Daniel Bernatchez
Sam, un jeune Algonquin part à Québec rejoindre sa blonde,
Migona. Durant le trajet, il s'arrête prendre de l'essence. Une jeune femme
russe, Tania, en profite pour se cacher dans son camion. Sam ne pourra pas
rester insensible à la détresse de cette jeune femme, en rupture de ban avec la
mafia russe. Un trajet en territoire des Premières Nations qui commence dans le
parc La Vérendrye et qui se terminera, après mille péripéties, sur la Basse
Côte-Nord. Road-movie dans lequel les cultures s'entrechoquent au gré des
cahots et se découvrent d'étonnantes solidarités, ce long métrage est dédié au
bédéiste Hergé.
Notre
commentaire:
Un film tourné avec une petite caméra vidéo, à la fois naïf
et beau. Naïf, dans le sens qu’on sent le film amateur (voulu?), notamment dans
le ton de certains dialogues; mais beau en même temps, de par les clins d’œil
au Polar, à la BD – à Hergé – et au voyage au cœur d’un Québec qu’on ne connaît
pas! Du Québec d’au-delà de la route… Car ce « road movie » nous
amène jusqu’où il n’y a plus de route. Et du Québec autochtone, qui est partie
de nous, mais qu’on ignore depuis trop longtemps comme la face cachée de notre
culture qu’on ne veut pas voir. Car blanc ou autochtone, nous avons une
histoire commune en ce lieu… et peut
être même d’avant ce territoire!
Un film qui, sous ses airs de film tourné par une bande
d’amis, soulève des questions d’histoire et de mythologie. Ainsi on y parle du
lien entre la Russie et les autochtones, ceux-ci pouvant venir de peuples
venues de Russie par les glaces du détroit de Béring! Donc d’origine européenne
peut être… Comme nous, mais d’avant nous! En fait, si les scientifiques disent
vrais, nous aurions tous une origine commune qui remonterait à l’Afrique! Et si
la théorie de la dérive des continents est exacte, même ceux-ci ont une origine
commune! Alors nos différences ne seraient que pure mythologie!
L’histoire de l’humanité aurait donc été ponctuée de
conflits uniquement pour des mythes, le Pouvoir et l’argent? On en revient à ce
film: la mafia, c’est le Pouvoir de l’argent et du gain rapide versus notre
humanisme et notre sens de la communauté.
Un film qui soulève des questions très contemporaines de par
ses observations. Ainsi, nous dit Tania : la mafia russe est née après la
chute du communisme! Mais sous le communisme il y avait le marché noir, une
forme de pré-mafia qui a su se transformer, avec la libéralisation de la
Russie, en véritable mafia ayant déjà ses réseaux, ses entrées et une base
organisationnelle qui lui a permis de s’étendre dans le monde. Ceci soulève une
question fort intéressante: le lien entre mafia et capitalisme: l’argent, le système monétaire, n’est-il pas à la fois
le fondement du capitalisme… et de la Mafia? Car sans argent, ni la mafia ni le
capitalisme ne peuvent exister. Ce n’est que s’il y a de l’argent, donc un
marché, une demande et une possible accumulation, qu’ils peuvent s’exercer,
croître et prendre du Pouvoir.
L’un et l’autre s’alimentent donc mutuellement, le système
officiel faisant des lois et se dotant d’un appareil pour combattre ce qu’il
définit comme le commerce illégal sur son « libre marché » (la
prostitution, la drogue, le jeu) et l’autre profitant de cette criminalisation
pour offrir à gros prix ces services sur le « libre marché » de la
rue – le marché noir, car caché! Et lorsque les services du marché noir sont
largement utilisés et socialement accepté au point que la répression devient
symbolique, car le système n’a plus le choix que de le tolérer, l’État soit
légalise ce marché en le taxant largement, soit en prend le contrôle en le
nationalisant à son profit comme nous l’avons vu dans l’histoire avec l’alcool
et le jeu! (1)
A
moins de domestiquer tous les marchés par le Politique et l’éducation, la mafia
représente donc l’individualisme et le capitalisme individuel pur et dur! C’est
ainsi que dans l’anarcho-capitalisme, le commerce du sexe et de la drogue ne
seraient plus illégaux. (2) D’où
l’importance de l’implication communautaire
(une valeur chez les autochtones) et Politique (pensons à la Cité au
temps de Socrate) dans les sociétés libérales si on ne veut pas qu’elles
basculent dans le seul libéralisme économique au dépends des caractéristiques
philosophiques, sociales et politiques du libéralisme pris en son entier; dans
une sorte de névrose sociale que l’on appelle le néo-libéralisme, soit un
libéralisme exacerbé sur une seule de ses composantes, l’économique, et qui
remplace le Politique par le clientélisme!
(3)
Sous ses
allures de cinéma « amateur » ce film permet donc au spectateur
d’aller très loin dans ses réflexions s’il passe par dessus les faiblesses d’un
premier film fait avec des moyens réduits – une simple caméra vidéo.
Notes:
1. Au
sujet du lien entre mafia et capitalisme, les deux livres suivants sont
d’intérêts :
Sauloy, Mylène, et Le Bonniec,
Ziegler,
Jean, 1998, Les seigneurs du crime, Paris: Seuil.
2.
Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme, Paris: PUF, «que
sais-je?»
3. Car le libéralisme est un courrant beaucoup plus large et complexe
que ce que la plupart des citoyens – et même des politiciens dit libéraux – en
disent ou en savent. A ce sujet, lire le livre suivant peut être un exercice
fort intéressant : Garandeau, Mikaël, 1998, Le
libéralisme, Paris: GF Flammarion Après vous ne définirez plus jamais le terme
de Libéral de la même manière.
Michel
Handfield
***
Le pianiste (DVD)
Wladyslaw Szpilman, brillant pianiste juif polonais, échappe
à la déportation. Contraint de vivre au coeur du ghetto de Varsovie, il en
partage les souffrances, les humiliations et les luttes. Il parvient à s’échapper
et à se réfugier dans les ruines de la capitale. Un officier allemand va
l’aider et lui permettre de survivre.
(Source:
http://www.renaud-bray.com)
Notre
commentaire:
Un film dur, qui questionne. Comment au nom d’une idéologie
(le nazisme) on peut tuer du monde et collaborer avec un tel régime? Comment
des gens qui se côtoyaient la veille peuvent en venir à considérer des
concitoyens comme moins que des chiens le lendemain? Le pianiste, reconnu un jour,
ne peut même plus s’asseoir sur un banc public… parce qu’il est juif! Quand il
se cache des militaires, dans l’appartement d’un ami, une voisine le voit et
crie « un juif, un juif » comme si elle venait de voir un rat à
exterminer Le juif n’est plus humain par
décret!
Les juifs sont enfermés dans le ghetto de Varsovie et
emmurée, littéralement. Et les militaires peuvent entrer et s’amuser à tirer
sur eux comme sur des rats. Comme ça, pour le plaisir de la chasse aux juifs.
Naturellement, de façon officielle, ils devaient avoir des raisons
rationnelles: des comploteurs, des terroristes qui préparaient une attaque
contre le Pouvoir! Mais le Pouvoir peut toujours établir une raison, faire des décrets et justifier les
interventions militaires quelles qu’elles soient! Ceci soulève quelques
questions très contemporaines.
Ceci pose aussi le problème des comportements collectifs, de
société. Quand le système du Pouvoir dit que les juifs sont des parias, pires
que des rats, il y a probablement objection de conscience chez une majorité de
citoyens. Mais quand le système installe sa machine coercitive, son système de
la peur, les objections de consciences laissent place à la survie. Si tu
t’objectes, il y a un militaire qui, pour une prime, les ordres ou parce qu’il
n’a tout simplement pas été engagé pour son Quotient Intellectuel sera prêt à
te descendre que tu sois militaire ou citoyen.
La machine de contrôle vient donc de s’enclencher. Et la
peur fera son œuvre. L’idéologie minoritaire deviendra l’idéologie officielle
et, à partir d’un moment, probablement un réflexe: je vois un Juif je le
dénonce d’abord pour ne pas être dénoncé et je le dénonce ensuite parce que
c’est le geste naturel à poser dans ce cas. Je me rappelle avoir vu cela dans
des cours de psychologie. Mais c’est aussi le thème d’un livre du XVIe siècle
que je vous recommande si cette question vous intéresse: La Boétie, 1995
[1576], Discours de la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.
Ce film soulève aussi la question des apprentissages. La violence
chez les enfants entraîne souvent des comportements de violence plus tard, lorsque les
enfants victimes de violence deviennent des parents à leur tour. (Voir
Santé Canada dans les hyperliens à la fin de ce texte.) La même chose est-elle
possible chez les peuples? C’est la question que nous nous sommes posés après
avoir vu ce film moi et Gaétan.
Les juifs furent victimes de violences injustifiées. D’un
génocide rationnellement planifié. Tous s’entendent là dessus. Cela peut-il
expliquer certains de leurs comportements face aux palestiniens? Nous sommes
profanes sur cette question, mais comme le Nazisme voulait détruire les juifs,
la même question peut-elle se poser à l’égard des juifs face aux palestiniens?
Du moins les plus à droites, les autres suivant de peur de passer pour des
traîtres face aux leurs.
Comme les Nazis entrant dans le ghetto et tuaient ces
« rats » de juifs, l’armée israélienne entre-t-elle en territoire
palestinien tuer ces « rats » de palestiniens? De toute façon il y a
des raisons rationnelles qui le justifient: ce sont des comploteurs et des
terroristes qui préparaient une attaque contre Israël, les Etats-Unis ou
l’Occident! C’est du moins ce que la machine idéologique et médiatique du
Pouvoir dit… comme elle le disait au temps du nazisme. Un peu comme si le
modèle de la droite juive reproduisait le modèle fasciste envers l’autre; comme
l’enfant battu aura de forte chance de reproduire plus tard ce même modèle et
de battre ses enfants à son tour. Comme si le torturé ne pouvait que devenir
tortionnaire à son tour!
Ce parallèle peut choquer. Tel n’est pas le but. C’est de
faire réfléchir, car existe aussi d’autres modèles juifs – de gauche notamment.
Mais ceux là n’ont pas la côte actuellement. Pourquoi? Pourquoi les Juifs qui
défendent cette différence sont si peu diffusés? Pourquoi seuls les faucons et
leurs visions du conflit ont la côte des médias? Pourtant,
« l’interprétation du conflit avec la Palestine est loin d’être unanime au
sein de la société israélienne ». Mais ce sont les faucons, qui veulent
finir la guerre de 1948 et « détruire la société palestinienne »,
« par un nettoyage ethnique », qui ont le contrôle de l’État et de
ses outils de répression! C’est le sujet d’un nouveau livre que nous trouvions
fort intéressant de vous souligner ici tout en parlant de ce film, car nous y
voyions un parallèle. Il s’agit du livre de Tanya Reinhart, professeure de
linguistique à l’Université de Tel-Aviv, « Détruire la Palestine:
les plans à long terme des faucons israéliens » paru aux éditions
écosociété à Montréal (2003).
Bref, « Le piano », un film à voir,
des questions à approfondir! Dans le genre Societas Criticus! Et si vous
trouvez que nous ne sommes pas juste par le parallèle que nous faisons entre la
droite israélienne et le fascisme, dites vous que le même genre de question sur
les apprentissage pourraient se poser de l’autre côté de la barricade aussi: la
haine du Juif est-elle apprise et
transmise chez le palestinien? La haine envers le juif crée-t-elle la haine
du juif envers le palestinien? La haine juive envers le palestinien
alimente-t-elle la haine arabe envers Israël? Et on pourrait continuer ainsi
longtemps. Mais si tel; est le cas, si la violence reproduit ainsi sans cesse
la violence, comment sortira-t-on de ce bourbier? Lorsqu’ils se seront tous
exterminés les uns les autres? Serait-on face à l’humanité perdue pour
paraphraser Alain Finkielkraut? Ainsi même si le nazisme fut défait, son ravage continu
comme un cancer de l’humanité. C’est ce que ce film nous a fait réaliser. Tel
n’était peut être pas le but… mais tel est le fait!
Références
et liens d’intérêts:
FINKIELKRAUT, Alain, 1996, L'humanité perdue, Paris: Seuil,
coll. points.
Santé
Canada : http://www.hc-sc.gc.ca/hppb/violencefamiliale/html/98p057f3.html#Violence
http://www.thepianist-themovie.com/fr/pianistel.html
Michel Handfield, avec la coopération de
Gaétan Chênevert
***
L'adversaire
Sortie : 4 juillet 2003 (Durée: 2h09)
Réalisateur: Nicole
Garcia (5ième réalisation après Place
Vendôme, Le fils préféré, Un week-end sur deux, 15 août)
Distribution : Daniel
Auteuil, Géraldine Pailhas, François Cluzet, Emmanuelle Devos
Sélection
officielle Cannes 2002
Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses
enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même.
L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait depuis
dix-huit ans. La vérité risquant d'être démasquée, il a préféré supprimer
ceux dont il ne pouvait supporter le regard.
Si ce
film ne se veut ni une explication, ni un nouveau jugement sur
"l'affaire", il a pourtant été tourné dans une fidélité, suivant la
trajectoire d'un homme pris dans les mailles de son mensonge, victime et
bourreau de cette impunité du faux... Du dérapage puéril d'une vertigineuse
fabulation qu'il avait bâtie sur du vide, ce récit suit les événements de la
construction et de l'effondrement de ce système. Au-delà du fait divers
et du livre d'Emmanuel Carrère, ce film a pour but, en incarnant les
personnages de cette histoire, de leur imaginer une langue, des comportements,
des manières d'être... d'inventer les scènes dont on ne connaît qu'une allusion
judiciaire. Il s'agit donc d'une fiction qui vient animer le canevas
opaque et terrible de l'histoire de Jean-Claude Romand.
Notre
commentaire:
Bon thriller français, qui me fait penser à l’été meurtrier
dans sa facture, c’est-à-dire que l’histoire nous est contée par les
« acteurs » après coup. Mais pour le reste c’est totalement
différent. Ce n’est pas le même genre d’histoire, l’été meurtrier étant une
vengeance et celui-ci un piège que s’est lui même tricoté Jean-Claude Romand.
Car son mensonge fait qu’il se piège et ne peut plus s’en sortir sans perdre la
face. Il commet alors l’irréparable…
Contrairement à un film Etats-uniens, où ont aurait eu droit
aux meurtres et à l’enquête, ou aux meurtres et à l’arrestation, bref à
l’action d’abord, ce film, français dans sa facture, nous donne plutôt droit au
psychologique, au piège intérieur de Jean-Claude et aux pièges qui se tendent
peu à peu devant lui de par ses mensonges. Tout se passe d’abord dans les
dialogues. On voit là la différence culturelle entre la France et les USA. La
France, pays de dialogues; les USA, pays d’actions, où on pose les questions
après coup à tort ou à raison! Différence psychanalytique entre ces deux
peuples qui se voient tout autant dans leurs films que dans leurs positions sur
l’échiquier mondial – pensons seulement au conflit avec l’Iraq!
Hyperliens:
http://www.ladversaire-lefilm.com/
Michel
Handfield
****************************************************
21 mai,
2003
Les invasions barbares
Michel Handfield
Le dernier Arcand, un essai sur le Québec (et l’Amérique par
la bande). Un pamphlet contre l’indifférence après « Le confort et
l’indifférence » (1981) dans lequel il regardait le Québec d’après le
référendum. Dans les invasions barbares Arcand regarde le Québec décrépit du
XXIe siècle. Méchante claque à tous ceux qui croient que les maux du Québec
viennent du seul fait qu’on n’est pas un pays. Nos maux viennent d’abord de
notre indifférence et de la soumission au système. Du refus de faire le petit
plus à moins d’avoir une piastre pour s’exécuter! Car avec l’argent… on fait la
différence. La jeune génération l’a compris. How much?
Les idéaux pour l’idéal, so what! Money talk!
Tout y passe: la santé, les routes, le syndicalisme. Bref
tout ce dont a profité la génération des baby boomers. Tout ce qu’ils ont usé.
Maintenant ils ont les ruines – la décrépitude physique des infrastructures en
témoignent – de ce qu’ils ont pris pour acquis. Car l’entretien et les
investissements n’ont pas été faits pour maintenir ces acquis. Pourquoi? A
cause de certains profiteurs peut être, car ils ont collectivement payé leur
impôts pour maintenir ce système. Mais l’argent est passé ailleurs. Où? Dans
les entreprises subventionnés de Québec Inc.; dans le rêve d’un Québec-État;
dans des conventions collectives trop généreuses; ou dans la mauvaise gestion
politique et économique de l’État! A moins que ce ne soit chez les amis du
système? L’État sait-il pourquoi il paie?
Pas toujours nous dit Claude (le personnage d’Yves Jacques) dans le
film! Qui est redevable de nous répondre?
Quand
à la jeune génération, qui ne lit même pas un livre nous dit Arcand par
l’intermédiaire de Rémy (Rémy Girard), elle avait des yeux pour voir que
pendant que leurs parents lisaient les « révolutionnaires » de gauche,
personne ne prenait soin des acquis sociaux qu’ont gagné leurs grands-parents
dans les années 60! Car une fois en place, l’argent mène le bal… ici comme
ailleurs! Sous l’étiquette sociale-démocrate il y a un « price tag »!
Comme en Russie communiste – ah le rêve socialiste des années 70 – où le marché
officiel souffrait de pénurie alors que le marché noir pouvait répondre à la
demande! La nouvelle génération n’a donc que faire des idéologies de leurs
parents et pense faire de l’argent (Sébastien le fils de Rémy joué par Stéphane
Rousseau) ou oublier dans les paradis artificiels (le personnage de Nathalie
joué par Marie-Josée Croze). Serait-ce un constat d’échec des baby-boomers qui
voulaient tout changer, mais qui sont restés d’éternels ados au lieu de prendre
leurs responsabilités?
La nouvelle génération a-t-elle des choix, le système social
et les infrastructures étant dans un tel état qu’ils devront payer, soit en
argent soit en privation, pour ce qui a été laissé à l’abandon par leurs
parents? Les baby-boomers, qui ont profité des privations de leurs parents,
laissent quoi à ceux qui suivent? Un Québec en décrépitude? On n’a même plus
les moyens d’engager nos cerveaux et de leur fournir des milieux de travail
convenables. Ils font face au choix de rester dans des institutions sclérosés…
ou de s’expatrier aux USA ou en Europe! Du moins pour les médecins, les gens de
la finance et quelques autres spécialistes techniques, car pour d’autres, des
sciences humaines et des littéraires, les études ne mènent qu’aux petits
boulots, quand ils réussissent à avoir des petits boulots, car ils ne sont pas
nécessairement « exportables » et on n’est pas trop ouvert aux
créatifs et à la différence par ici!
Point de salut si vous n’êtes pas dans la norme ISOtérique (d’ISO 9000)!
Mais tous ne peuvent ou ne veulent s’expatrier. Et la langue constitue une
barrière pour une majorité d’entre eux, car la maîtrise de l’anglais est
nécessaire pour s’expatrier dans le « Rest Of Canada » ou aux
États-Unis. De là à ce que certains d’entre eux cherchent l’oubli dans les
paradis artificiels ou les réponses faciles du « new age » il n’y a
qu’un pas! Mais tous ne le font pas. Une chance!
Plusieurs font même des choses très valorisantes – arts,
écriture, militantisme social, bénévolat, théâtre underground, etc. – mais non
économiquement rentable et reconnue selon les critères financiers à la mode.
Mais un milieu en décrépitude est souvent un milieu créateur, un milieu de vie.
L’instinct de survie est fort, même chez les barbares. Cependant le film ne
peut en traiter, car un film ne peut traiter de tout. Mais il a le mérite, de
par la fable, de nous permettre d’y penser. Si le cinéaste ouvre des pistes de
réflexion, le cinéphile a sa part à faire pour explorer les sentiers que le cinéaste
n’a pas explicitement montré, mais qui sont là. Faire un film c’est faire des
choix. Au spectateur de s’ouvrir au monde qui l’entoure. De laisser place au
citoyen en lui. De juger, de jauger et, j’espère, de revendiquer.
Les barbares? Les jeunes individualistes ou les baby-boomers
profiteurs? Sommes nous tous les barbares de quelqu’un? Il y a ceux de
l’extérieur, qui ont fait un trou dans le World Trade Center et qui ont fait
s’écrouler les rêves de paix et de prospérité « économico mondialisé»
de l’oncle Sam comme un château de verre! Ceux qui nous ont rappelé qu’il
existe un monde hors de l’Amérique. Que l’Amérique, prédatrice financière et
des ressources naturelles du globe, est aussi barbare pour d’autres peuples sur
la planète avec son argent-roi et le World Trade Agreement (Accord de Commerce
Mondial) qui fait fi des cultures, des coutumes locales et des solidarités
sociales en commercialisant tout comme un rouleau compresseur - même la
nourriture au risque de la famine de certains continents!
Il y a ceux de l’intérieur – qui les jeunes ou qui les
vieux? – qui ont laissé aller le système tout comme au siècle de Périclès
Athènes est passé de la démocratie à l’oligarchie et a connu autant la fleur de
la participation démocratique que les affres de la dictature en un court laps
de temps. (1) Car le mal est en soi, comme la maladie de Rémi: le système a la
capacité de s’autodétruire. Notre propre barbarie envahit notre système. Y a
t-il quelque chose de plus barbare qu’un système technocratique qui fait que
l’humain perd son humanité et ne répond plus qu’à des quotas de production et
des règles de fonctionnement? C’est la règle! Mais le bon sens? Connaît pas!
C’est pas dans la convention collective et encore moins dans la règle 384 aliéna
C du plan quinquennal d ‘allocation des ressources raréfiés selon le mémo
du 7 juin 99 concernant la norme d’attribution des soins en accord avec
l’attrition des ressources et la satisfaction du client en hébergement
hospitalier tel qu’édicté par le sous secrétariat au soin prolongé pour
personne en santé précaire (car on ne dit plus des malades ou des mourants!) du
Ministère de la Santé machin chouette! Je fabule, mais c’est ce qu’on reconnaît
dans le film : le langage qui comble le vide du sens bureaucratique
pendant que le système s’écroule sous nos yeux. Personne ne bouge le petit
doigt trop occupé à montrer les règles… ou la convention collective!
On retrouve aussi la question de l’euthanasie ou du suicide
assisté et consentant. Question de sens d’abord. L’euthanasie est la mise à
mort par un tiers décidant pour la personne. Le suicide assisté est la demande
de mettre fin à ses jours par une personne consentante. Est-ce la même chose?
Légalement, oui. Politiquement et socialement, il y a question à débat. Le film
ne fait pas ce débat mais permet de soulever la question en prenant
position. Question éthique et morale
aussi. Morale liée à nos fondements judéo-chrétiens. (2) Mais avec les remises
en cause de nos valeurs chrétiennes, nos valeurs morales et éthiques
seront-elles appelées à une remise en cause elles aussi? A une actualisation?
Sommes-nous prêt? Car l’éthique et la religion sont tellement proche l’une de
l’autre ici que les études en éthique se retrouvent souvent dans les
départements de théologie de nos universités. (3) A-t-on des valeurs humanistes
assez forte pour prendre le relais? Les valeurs nouvelles âgeuses ont elles des
assises assez solides pour prendre ce relais ou bien ne sont-elles qu’un
« fluf » pour vendre des livres sur l’importance du soi? Du vide avec
du bon marketing? Ce n’est pas avec ça qu’on peut résoudre de telles questions.
En fait, peut-on les résoudre? Le doute ne doit-il pas être réhabilité pour
notre humanité? Question difficile s’il en est une sur laquelle planche John
Ralston Saul dans tous ces ouvrages. (4)
Une
bonne critique sociale. Le parallèle avec les USA idéalise peut être un peu
trop nos voisins du Sud. Le système pour les nantis est probablement mieux que
le notre. Mais pour les autres? Les pauvres? Nous sommes pris avec une moyenne
pitoyable. Eux- sont ils prix avec les deux extrêmes?
On
y retrouve les baby-boomers et la génération montante. L’entre deux, ou la
génération X, est où? Dans le laissé pour compte, seul avec sa télé. Pauvre type,
Pauvre génération écrasé entre ceux qui ont occupé toute la place avant eux et
ceux qui suivent; laissé pour compte par les baby-boomers qui s’auto
suffisaient et la logique économique qui leur préfère maintenant les plus
jeunes, plus malléables en échange du « cash » et, surtout, élevé
avec la technologie à la pointe, donc plus productifs que les enfants de la
télé!
Un
film à voir et à revoir…. soit au ciné, soit à sa sortie vidéo/DVD. Film culte?
Peut être. Mais certainement un film didactique sur une période du Québec et de
l’Amérique. Une période charnière entre ce qui fini et ce qui commence. Un
nouveau millénaire. Une période entre espoir et désespoir, car les barbares ont
aussi amené du neuf autant qu’ils ont appris des peuples qu’ils ont envahis. Il
en est sortit de nouveaux peuples et de nouveaux espoirs. De nouveaux
conquérants aussi. L’évolution du monde suit les invasions barbares… ne
l’oublions jamais. Car dans l’histoire est souvent barbare ce qui est
différent, étranger. Mais…
« Rien ne
saurait valoir indépendamment des frontières pour la totalité de l’univers. Les
prohibitions, tout comme les vérités, sont relatives. (…) les cyniques, bien qu’ils brocardent la
civilisation, ne font pas l’éloge de l’inculture. Ils connaissent les pratiques
et les coutumes des pays étrangers qu’on dit barbares. Informés, ils s’appuient
sur les témoignages… » (5)
Bref,
le barbare n’est peut être pas si barbare que ça et il est nécessaire à
l’évolution. Car le barbare remet en cause le confort de notre indifférence.
Comme ce film le fait. Espérons qu’il sera compris. On le verra le jour où en
passant sur l’autoroute on va voir des bannières « fuck ISO 9002! »
sur les entreprises et d’autres « Vive le sens commun »! Mais je
rêve. On n’est pas assez barbare pour remettre en cause les systèmes qui nous
bloquent la vue et la vie! Vive les invasions barbares!
Notes
Une
critique de film avec des notes bibliographiques comme un clin d’œil à Denys
Arcand qui promène sa caméra sur la bibliothèque de Rémy pour nous montrer un
titre, un livre, important selon lui.
1. Je
pense ici à Madame Socrate de Gérald Messadié, (France : JC
Lattès, 2000) ce qui me permet de faire ce parallèle avec nos racines
grecques.
2. Je
pense ici à L’homme qui devint Dieu, aussi de Gérald Messadié,
(France : Paris: Laffont, Le livre de poche, 1988) qui me permet de faire ce
parallèle avec nos racines judéo-chrétiennes.
3. Par
exemple la faculté de théologie, d’éthique et de philosophie de l’Université de
Sherbrooke; le programme de bioéthique en théologie à l’Université de Montréal;
ou encore le programme en éthique appliqué de l’Université Laval (Québec) qui
est rattaché aux Facultés de philosophie et de théologie de cette université.
4. A ce sujet je pense aux ouvrages suivant de John Ralston Saul: Voltaire's
Bastards, Toronto: Penguin book (1992); The Doubter's companion,
Toronto: Penguin book. (1994, 1995); Le citoyen dans un cul-de-sac?, Québec: Musée de la civilisation/Éditions Fides (1994); The unconscious civilization, Canada: CBC/SRC – Anansi (1995); et On equilibrium,
Canada: Penguin book (2001, 2002).
5.
Onfray, Michel, 1990, Cynismes, France: Le livre de poche,
biblio/essais, p. 105.
***
7 mai, 2003
The real Cancun
!6 étudiants sont envoyés, toutes dépenses payés
à Cancun, Mexique, pour le « Spring Break » et sont filmés 24 heures
par jour par six caméras… Le premier film réalité après les TV réalités.
Ce film aurait pu facilement tomber dans le
mauvais goût et les scènes épicées. Mais c’est fait plus finement, mêlant
quelques réflexions des participants, qui ont des buts et des manières de
penser différentes. On entre donc aussi un peu
dans la psychologie des participants.
Les
choses sont souvent suggérés (par les regards notamment) et les scènes plus
amoureuses ont un style webcam en noir et blanc, où on sait sans nécessairement
tout voir. Le rythme est bon, et musicalement bien appuyé. Un film pour les
jeunes… mais aussi pour ceux intéressés par les questions sociales. Car il y en
a à se poser. Surtout celle du conservatisme états-uniens, de la mode du
« no sex before love »… et de la libido qui peut s’éclater hors des
USA. Car des gens qui seraient très coincés chez eux, dans leur milieu, peuvent
devenir complètement différentes en voyage. A quand un film réalité suivant un
groupe de députés ou de sénateurs conservateurs? Ce serait très
instructif je crois.
Michel Handfied
***
24 avril, 2003
Royal Bonbon
Un film de Charles Najman
Michel Handfield
Un film à la fois
dans la vie, dans le conte, dans l’imaginaire, dans l’histoire et dans la
tristesse aussi!
Car le pauvre homme est heureux dans sa vision
du « Monde »! Mais le monde n’a pas la même vision que lui, car il se
prend pour la réincarnation d’Henri Christophe, esclave affranchi, qui
participa à la libération d’Haïti et se proclama Roi Henry 1er en
1811… Il doit donc quitter la ville et il se réfugie au palais des Sans Souci,
une des réalisation, avec la citadelle Laferrière, du roi Henry 1er.
Là débutent les parallèles!
Comme Henri
Christophe, qui de libérateur devint tyran, notre pauvre gueux vit ce même
parcours avec quelques villageois voisins du château. Car le rêve de ce roi de
pacotille mets un peu de lumière dans leurs yeux… et ils jouent le jeu. Un film
qui m’a fait découvrir une part d’histoire d’Haïti, une part de leur culture
(le Vaudou), et une part de leur situation contemporaine. Le tout entre la
réalité, l’historicité et le conte. Un
beau film culturel, car on n’est ni dans le film documentaire ni de fiction. On
est en d’autres lieux!
Ce film a aussi un
côté très touchant, qui me plaçait en déséquilibre. Il est vrai que le rêve est parfois tout ce qui
reste aux démunis. Mais en même temps il est près de la folie. Car on se situe en un lieu où se mêlent
maladie mentale, désespoir et manipulation. Notre pauvre homme, vit sa folie.
Folie réelle ou fabulation pour ne pas vivre sa misère? Et il la fait partager
à d’autres, qui eux aussi jouent le jeu pour sortir de leur quotidienneté ou
qui le suivent parce qu’ils ne sont pas tout à eux. En voyant ses images, je
pensais à leur universalité. Car avec les coupures dans les hôpitaux
psychiatriques, ces personnages pourraient aussi être des gens que l’on peut
côtoyer dans les rues de Montréal ou d’autres grandes capitales du monde.
Ceci me faisait
aussi penser que des déséquilibrés peuvent se croire investit d’une mission et
que d’autres peuvent les suivre dans leur folie. Jusqu’où des gens dans la misère,
émotivement instables, sans ressource sociale ou psychologique pourraient-ils
aller? Dans gens, qui seraient autrement normaux, peuvent-ils basculer dans une
telle obsession par manque de ressources et d’éducation? Peuvent ils en venir à
croire une « idée folle » qui leur passe par la tête comme étant un
message ou une mission à suivre? Jusqu’où peuvent-ils aller? Peuvent-ils en
embarquer d’autres au point que cette folie devient une mission pour un groupe?
Une secte? Un groupe terroriste même!
Des gens normaux peuvent-ils se faire
manipuler par un pauvre type un peu fada? Jusqu’où peuvent-ils être manipulés
par quelqu’un qui sait et le fait sciemment? Jusqu’au suicide collectif?
Jusqu’à l’attenta suicide? Ce ne sont sûrement pas des questions auxquelles le
cinéaste a pensé, mais ce sont des questions qui m’ont traversé l’esprit depuis
que j’ai vu le film. Bref un bon film; mais encore un meilleur film après coup,
par les réflexions qu’il suscite chez le spectateur… dans le contexte actuel!
Hyperliens :
http://fr.encyclopedia.yahoo.com/articles/c/c0004832_p0.html
http://www.telefilm.gc.ca/data/production/prod_900.asp?c=1
***
18 novembre 2003
Parlons Anar
ou
Notes de lecture « très commentées » sur Noam Chomsky, Le
pouvoir mis à nu!
Par
Michel Handfield
Il est rare que je ne sache pas comment partir
un texte. Là c’est le cas, car il y a beaucoup et peu à dire à la fois.
Commençons par le plus simple.
Peu, car c’est un livre qui se lit bien en tout
ou en partie, dans l’ordre ou le désordre, étant un recueil de textes et de
conférences données en Australie par Chomsky. Un livre où tous ceux dont
l’esprit est ouvert trouveront quelque chose.
***
Beaucoup, car Noam Chomsky est un anarchiste
vivant, c’est à dire dont la pensée est encore en évolution; pas encore un
dogme ou un icône! Et surtout il n’a pas peur de questionner, même l’orthodoxie
libertaire. (1) Car l’anarchisme est avant tout un mode d’organisation ouvert,
où tout est discutable, et non une idéologie. Certains principes peuvent même
être mis au rancart pour l’atteinte d’objectifs de justice sociale. C’est ainsi
que même si l’anarchisme fut toujours associé à l’abolition de l’État – outil
de « dictature » du peuple - Chomsky n’hésite pas, dans le second chapitre de ce livre (« Objectifs
et visions d’avenir »), à souligner
que face au corporatisme des entreprises, l’État peut avoir un certain rôle
social à jouer – du moins temporairement – pour les plus faibles:
« Mes objectifs
à court terme sont de défendre et même de renforcer des éléments de l’autorité
d’État qui, bien qu’illégitimes sous des aspects fondamentaux, sont aujourd’hui
nécessaires de façon critique afin de faire pièce aux entreprises de
« démantèlement » des progrès accomplis pour étendre la démocratie et
les droits de la personne. En effet, l’autorité de l’État est sévèrement
attaquée dans les sociétés les plus démocratiques, non pas parce qu’elle est en
conflit avec la vision libertaire, mais plutôt pour la raison contraire: parce
qu’elle offre une (faible) protection à certains éléments de cette vision. Car
les gouvernements présentent un défaut fatal. À la différence des tyrannies
privées, les institutions du pouvoir et de l’autorité de l’État offrent au
public méprisé la possibilité de jouer un rôle, aussi modeste soit-il, dans la
gestion de ses affaires. (p.46)
Et de poursuivre plus loin sur cette lancée,
Chomsky soutient à la fois la défense d’un État et le travail visant son
démantèlement « si les conditions gagnantes sont là » comme on le dit
au Québec :
« J’estime que
dans le monde d’aujourd’hui un anarchiste engagé devrait avoir pour but de
défendre certaines institutions étatiques contre l’attaque dont elles sont
l’objet – tout en tentant simultanément de les ouvrir à une participation plus
conséquente du public – et ultimement, à condition que se matérialisent les
circonstances appropriées, de les démanteler pour aboutir à une société
beaucoup plus libre. » (p. 48)
On est alors près de Marx et des oppositions
qu’il entretenait avec les anarchistes de son temps, lorsqu’il soutenait qu’il
faut certaines conditions pour que le peuple puisse prendre en main les choses
à la place de l’État! (2) Depuis ces querelles, entre communistes et
anarchistes, est né la mondialisation, qui a fait en sorte que les États ne
sont plus ce qu’ils étaient. Le centre du pouvoir est passé de l’État aux
firmes multinationales, qui elles ont le pouvoir économique sans les entraves
nationales. On est alors très près d’une forme d’anarchisme,
l’anarcho-capitalisme, où l’État est remplacé par l’entreprise privée (3), sauf
que l’on conserve un minimum d’État, pour policer la société. Ce mariage entre
anarchisme (aussi appelé libertaire) et libéralisme économique conduit à un
nouveau système, le libertarisme, soit la suprématie des droits individuels –
où même l’entreprise devient un citoyen corporatif bénéficiant de droits
individuels au même titre que les citoyens - sur les droits collectifs, avec un
minimum d’interventionnisme d’État. Ce
système est très près de ce que l’on appelle communément le néolibéralisme et
de ce que l’on vit actuellement avec la suprématie des droits individuels; le
désengagement de l’État; et les projets de privatisation (eau, santé,
transport, etc.) (Arnsperger et Van Parijs, 2000)
C’est ainsi qu’au nom du droit de commercer les
entreprises revendiquent l’abolition des lois qui les contraignent, que ce soit
les lois du travail, le salaire minimum, les normes environnementales ou les
limitation à la publicité et à l’affichage. On l’a vu tout récemment avec
Levi’s (qui ferme ses usines nord-américaines pour produire là où les
conditions de travail et salariales sont les plus avantageuses même si cela se
fait au dépends des travailleurs des pays en développement, qui travailleront
dans des conditions près de l’esclavage, et des travailleurs nord-américain qui
perdront leur gagne pain) et le Grand Prix du Canada de Formule I (qui a été
perdu au dépends de villes plus accommodantes pour la publicité du tabac). Les
citoyens et leurs représentant ne peuvent plus imposer leurs lois, mais doivent
accepter celles du marché que les multinationales leurs imposent vu leur
position supra territoriale. Elles ont
le pouvoir et la capacité financière d’inonder leur territoire à partir d’un
autre territoire, vu les lois commerciales de l’OMC, et de détruire leurs
industries si l’État ne se plie pas à leurs exigences. Tout cela sans que les
citoyens concernés n’aient eu à voter pour l’Organisation Mondiale du Commerce,
le Fond Monétaire International ou la Banque Mondiale! C’est ce que l’on
appelle la démocratie. Comme le dit si bien Chomsky :
L’expression
« intérêt national » est un orwellisme résiduel qui devrait être
supprimé pour la cause de l’hygiène sémantique. Traditionnellement, cette
expression est utilisée pour désigner les intérêts particuliers de ceux dont le
pouvoir à l’intérieur du pays leur permet de façonner la politique de l’État
selon leurs propres besoins, aperçu qui remonte à cet extrémiste marxiste non
repenti qu’était Adam Smith. Il a fait remarquer que les « marchands et
les manufacturiers » d’Angleterre sont « les principaux
architectes » des politiques et qu’ils utilisent leur pouvoir pour
s’assurer qu’on « s’occupe tout particulièrement de leurs intérêts »,
quelques « douloureuses » qu’en soient les incidences sur les autres.
Manifestement il existe d’autres conceptions de « l’intérêts
national ». (pp. 249-50)
Cela n’a pris qu’une plus grande proportion, les
marchands et manufacturiers nationaux du temps de Smith étant maintenant sans
État et économiquement plus fort que bien des États, auxquels ils demandent des
privilèges même si cela exige de priver les citoyens des services qu’ils
s’étaient collectivement donnés.
L’anarchisme a gagné. Pas l’anarchisme social
qui rêvait de collectivisme et de coopération; mais plutôt
l’anarcho-capitalisme qui rêvait d’un État régularisé par le marché et les
transactions entre citoyens. Ce n’est pas pour rien qu’on ne parle plus de
citoyens, mais de clients, même pour les services que nous nous sommes donnés collectivement
par l’État. Service de plus en plus menacé de passer dans la sphère de
l’entreprise privée; que ce soit l’eau, le transport et même les tribunaux (4)
et les prisons. L’État cède de plus en plus sa place à l’entreprise, le citoyen
au client, la démocratie aux forces du marché et aux sondages d’opinions!
Bref, Le pouvoir mis à nu, un
livre qui fait réfléchir. Un livre à lire pour aller plus loin que les
apparences.
Notes :
1. Petite définition pour non initié. L’anarchisme n’est d’abord pas une
idéologie, mais un mode d’organisation: s’organiser sans État. Ceci nous donne
des anarchistes de gauche (coopératif, socialiste, communal), mais aussi de
droite, les anarcho-capitalistes, pour qui tout est transaction privée! Dans ce
dernier cas, on est alors près du néolibéralisme qui ne remet pas que l’Etat
providence en cause, au nom de l’économie marchande, mais tous les services de
l’État au nom de l’idéologie de la supériorité du privé et du droit de
propriété! Pour ceux que cela intéresse, voir: Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme, Paris: PUF,
«que sais-je?»
2. Marx et Engels écrivaient ceci dans le
Manifeste du Parti Communiste :
« Les antagonismes de classes une fois
disparus dans le cours du développement, toute la production étant concentrée
dans les mains des individus associés, alors le pouvoir public perd son
caractère politique. » (Marx, 1978, p. 49)
3. « Au sens propre du terme,
l’anarcho-capitalisme est la doctrine selon laquelle une société capitaliste
sans État est économiquement efficace et moralement désirable. » (Lemieux,
1988, p. 3)
4. C’est le cas des bureaux de médiation par
exemple. Et justement, au moment de mettre ce texte en ligne, un texte sur ce
sujet est paru dans La Presse: Marie-Claude Malboeuf, Vers une
« justice participative », in La Presse, 18 novembre 2003, p.
A 13.
Références:
Arnsperger, Christian,
et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et sociale,
France : La Découverte/repères
Chomsky, Noam, 2002, Le pouvoir mis à nu,
Montréal: écosociété
Lemieux, Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme, Paris: PUF, «que
sais-je?»
MARX, Karl, 1978, Oeuvres choisies, Moscou: éd. du Progrès.
***
30 août, 2003
Pour comprendre le monde!
Ou essai créatif à partir des nouveaux livres reçus!
Michel Handfield
Au cours de l’été
nous avons reçus plusieurs livres. C’est la saison pour lire. La rentrée des
cégeps et des universités est l’occasion d’en parler. Mais comme de raison,
Societas Criticus aime se distinguer. Ce n’est donc pas à une critique
« trad » auquel vous avez droit ici, mais à un texte sur la situation
actuelle du monde qui se fonde sur ces nouveautés à lire.
***
« God is an
American » chantait Ferland un peu en dérision. C’est ce que semble
prendre au sérieux George W. Bush! Le livre d’Éric Laurent, Le monde
secret des Bush, est fort intéressant et on n’est pas dans la fiction,
mais dans la réalité.
En effet,
l’idéologie chrétienne orthodoxe semble être la conscience de ce gouvernement
jusqu’au-boutisme. De quoi avoir des frissons dans le dos. Car dans leur
optique, lorsque les juifs retrouveront l’État d’Israël nous assisterons au
retour du Christ, après avoir connu « la bataille de l’Armagedon ».
De quoi justifier les guerres saintes de George W.:
« Comme le faisait remarquer Stan Crock dans Business Week :
Après sept ans de cette domination satanique, le Christ et ses saints,
probablement représentés par George W. Bush et ses collaborateurs »
reviendront et triompheront du mal durant la bataille d’Armageddon, un ancien
champ de bataille à proximité d’Haïfa, dans le nord d’Israël. Installé à
Jérusalem, le Christ règnera pacifiquement pendant mille ans, le
« millenium » tant attendu par ces croyants. » (p. 89)
Mais pour en arriver là, il faut faire la guerre au mal, où « les
non croyants, parmi lesquels les juifs et les musulmans, seront damnés et
périront ». (p. 101) De quoi
expliquer la politique états-unienne qui affirme la nécessité de donner un
territoire aux palestiniens… tout en soutenant Israël dans sa lutte aux mêmes
palestiniens au nom de la lutte antiterrorisme. Et que dire des frappes aux
pays délinquants selon Saint-George-W.Bush, comme l’Irak justement! Quel sera
le prochain?
De quoi croire que
la politique des Etats-Unis face à Israël, le Moyen-Orient et le monde Arabe
est « fondé sur une interprétation littérale de la Bible » (p. 93)
qui voit dans la réunification d’Israël et le retour des Juifs à la terre
promise, les conditions du retour du Christ et à mille an de paix! Pas très rassurant:
la politique du pays le plus militarisé du monde fondé sur des prophéties!
Cela explique aussi
d’autres comportements. Comme le rejet de Kyoto ou des politiques sociales,
puisque la Bible dit que l’Homme doit dominer la terre et que c’est par la
charité que l’on gagne son ciel! L’État laisse donc l’intervention sociale aux
Églises, fondations et à la charité! La philanthropie en lieu et place de
l’engagement de l’État!
Un excellent livre
qui a la qualité de son défaut, car j’ai lu quelque part une critique qui lui
reprochait de ne pas avoir été écrit par quelqu’un de l’intérieur du régime, ni
des Etats-Unis. De n’être basé que sur des documents, non sur de l’observation
terrain. Mais cette distance de l’auteur, c’est justement ce qui lui permet
d’avoir une vue d’ensemble. En fait, même si quelqu’un de « collé »
sur le pouvoir avait cette vue d’ensemble, sa couleur idéologique ne lui
permettrait probablement pas de le voir et encore moins d’en faire la critique.
***
Le livre de René
Passet, Mondialisation financière et terrorisme, complète très
bien le précédent, car si George W. lutte contre le terrorisme, celui-ci le
définit dès le départ, ce qui évite toute équivoque – notament avec la
résistance:
« (…) deux
critères – qui doivent être simultanément satisfaits – permettant d’opérer la distinction : la légitimité
des fins et la légitimité des moyens. Légitimité des fins d’abord, car on ne
saurait confondre la cause d’un peuple qui lutte pour affirmer son droit à
l’existence ou à la liberté, avec la contestation d’un autre à l’existence ou à
la liberté. Légitimité des moyens ensuite: une résistance digne de ce nom
combat des forces armées et non des populations civiles innocentes, il n’y a
pas ici de population collectivement coupable du seul fait de son appartenance
ethnique, religieuse, nationale ou idéologique. » (p. 18)
Ce livre permet de
comprendre la mécanique du terrorisme et de l’économisme. En gros, terrorisme,
mafias et transnationales utilisent les mêmes réseaux de la mondialisation et
des paradis fiscaux à leurs profits, au point que l’on peut parler de
« société crimino-légale » (p. 62). Et les discussions sur la
libéralisation du commerce – ce que pousse justement le gouvernement Bush – ne
sont pas sans leur déplaire, celle-ci minant les lois locales au nom de la
liberté de circulation et d’échange des produits et du capital.
L’imbrication entre
terrorisme et mondialisation se nourrit mutuellement. D’une part le capitalisme
fournit les justifications au terrorisme (exploitation des ressources
naturelles à faible prix, exploitation du travail à très bon marché, absence de
protections sociale et environnementale, etc.) et le terrorisme une
justification à « la bonne nouvelle capitaliste » : par
l’extension du commerce mondial on étendra l’accès de ces peuples à la
démocratie nous dit le discours officiel de l’Organisation Mondiale du
Commerce! Et l’un comme l’autre se mondialisent en même temps : le
capitalisme et le terrorisme ne connaissent
plus de frontières!
Un livre qui montre
aussi que la mondialisation nourrit la haine qui nourrit le terrorisme à son
tour, le tout pour des raisons qui paraissent évidentes à défaut d’être
légitimes :
« Mais elle
s’est trouvé un terreau qui lui convenait, celui de la misère, de l’humiliation
et du délitement des valeurs. Comme si cela ne suffisait pas, ce terreau s’est
trouvé enrichi par un engrais, celui de l’argent de l’illégalité, du
blanchiment et des paradis fiscaux. » (p. 26)
De quoi faire le tour de la question posé au
début du livre :
« Toute
résistance ne serait-elle donc qu’un terrorisme qui a réussi et le
« terrorisme » d’aujourd’hui serait-il une résistance en puissance,
s’il atteint un jour ses objectifs… d’ailleurs mal explicités? » (p. 18)
Bref, un livre pour
qui veut aller plus loin que les formules toutes faites sur le terrorisme et le
capitalisme mondial que nous sert justement George W. Bush!.
***
L’optique
états-unienne de l’économie et de la guerre au terrorisme domine actuellement
le monde, car ils ont les moyens d’imposer leurs vues de par leur contrôle des
grands réseaux de communications en Amérique et dans le monde. Mais l’Europe,
qu’en pense-t-elle?
Étienne
Balibar, professeur aux Universités de
Paris-X-Nanterre et de Californie à Irvine regarde « l’Europe,
l’Amérique, la Guerre » dans un ouvrage récent paru aux éditions
La découverte.
En gros, l’auteur
défend une anti-stratégie. L’Europe n’est pas une, mais plurielles. Elle n’est
pas une force comme les USA, mais un lieu de médiation inter-nations, en ce
sens qu’elle est une union de pays souverains et, qu’historiquement, elle a traversé et fut
traversé par différentes cultures. L’Europe « a une force de traduction et
de méditation » du monde, car elle a des liens historiques tant avec le
monde arabe, qui n’est géographiquement pas très loin d’elle (de l’autre côté
de la Méditerranée), qu’avec l’Amérique. L’Europe, un pont politique et
culturel entre ces deux mondes? La
question est posée.
Certains des liens
de l’Europe avec le monde Arable sont cependant moins glorieux que d’autres,
car ils s’inscrivaient dans des rapports de domination. Ce fut le cas de la
colonisation de l’Algérie par la France. C’est l’objet, par la bande, du livre
de Lahouari Addi, prof de sociologie, qui s’est intéressé à la « Sociologie
et [l’] anthropologie chez Pierre Bourdieu », car les théories de
Bourdieu ont pour source ses premiers travaux en Algérie, alors colonie
française:
« Humaniste,
Bourdieu a été sensible aux conditions sociales des Algériens sous la
colonisation qu’il tenait pour responsable de la misère de ces millions de personnes écartelées dans leurs vies
quotidiennes entre l’imaginaire communautaire qui persistait en eux et la
nouvelle réalité désenchantée du calcul monétaire, à la logique duquel elles
n’échappaient pas. » (p. 9)
Vouloir imposer de
force un modèle étranger (de démocratie par exemple) demeure une greffe qui
n’est pas garante de succès. Changer le système économique et social en place
(le système Algérien en était un de solidarités) ne se fait pas sans heurts.
C’est ainsi que Bourdieu…
« (…) prend la
mesure des ruptures que la colonisation a provoquées dans la société algérienne
sans perspective nouvelle de restructuration. Réduits à l’autosubsistance et au
salariat précaire, les Algériens, à la campagne et dans les villes, sont
obsédés par la recherche de la subsistance. » (p. 38)
Même
le modèle scolaire imposé et soit disant égalitaire, ne l’est pas, car la
domination est structurelle. L’égalité de l’enseignement ne comble pas
l’inégalité culturelle des enfants selon leurs classes d’origines. En fait, la
théorie de Bourdieu remet en cause cette croyance: « elle affirme que
l’école républicaine favorise les héritiers et reproduit l’inégalité malgré le
discours » (p. 19).
Il y a là des leçons
pour le Gouvernement Bush, qui croit pouvoir imposer le modèle démocratique
états-uniens par la restructuration des sociétés qu’il occupe (l’Irak
actuellement) ou qu’il compte occuper. L’expérience des colonisateurs du XXe
siècle dans les pays Arabes et la lecture qu’en a fait Bourdieu lui serait
probablement salutaire. Car Bourdieu a su tirer des leçons de l’Algérie, leçons
qui ont marqués tout ses travaux subséquents. Une d’entre elle est :
« [Qu’] Il n’y
a pas chez Bourdieu, comme dans le modèle marxiste, d’un côté le bourgeois
exploiteur et de l’autre les ouvriers exploités; la société y est une
articulation d’intérêts matériels et symboliques, hiérarchisés, se subdivisant
à chaque niveau en fractions dominantes et dominées selon une logique
pyramidale où, à l’exclusion des extrêmes, n’importe quel individu est tout à
la fois dominant et dominé. Cette posture fait de la domination une
responsabilité collective et la détache d’une catégorie sociale spécifique. (…)
Il s’ensuivra une désaffectation pour l’action partisane au profit de
mobilisations ponctuelles, le plus souvent corporatistes. Les manifestations
continueront de drainer des centaines de milliers de personnes, mais l’adhésion
aux partis et aux syndicats déclinera. » (p. 17)
Mais attention, les dominés et les défavorisés
« élaborent des stratégies individuelles ou collectives pour résister ou
pour changer de position dans la hiérarchie sociale » (p. 198) Et comme
l’État « reproduit la domination à travers la recherche de la paix civile
qui profite en premier lieu aux dominants, c’est-à-dire aux possédants »
(p. 198), il n’est pas surprenant qu’il soit la cible des groupes dominés qui
veulent changer de position. Alors si les Etats-Unis se substituent à ces États
pour instaurer leur régime de domination, je crois qu’ils ne devraient pas être
surpris d’être à nouveau la cible de groupes dominés qui veulent changer
l’ordre des choses. Cela est très d’actualité, car dans une entrevue publiée
dans Le Devoir du 28 août 2003, Sheila Copps, qui
vise la direction du Parti Libéral du Canada, reconnaît elle aussi que :
«L'administration
américaine actuelle adopte une attitude très dangereuse pour la politique
internationale. Les États-Unis ont d'abord parlé de l'Irak, ensuite de l'Iran,
après de l'Arabie Saoudite et d'autres endroits où ils pouvaient changer le
gouvernement. Je trouve ça très dangereux. Ce qui est dangereux, c'est l'idée
qu'on peut décider unilatéralement, avec quelques amis, de faire un changement
politique dans un pays. Cette vision-là pourrait mener à une espèce de désordre
international». (1)
On en revient ainsi
au monde des Bush et la boucle est bouclée. C’est tout dire et cela montre
l’actualité de ces 4 livres qui paraissent différents, mais sont en fait
complémentaires pour qui s’intéresse à la situation géopolitique actuelle.
***
Une dernière
remarque s’impose. Les deux derniers livres (que nous avons lu en diagonale par
rapport aux deux premiers pour sortir ce texte dans un délai raisonnable pour
la rentrée des universités) sont d’intérêts, mais s’adressent à un public
davantage averti et capable de comprendre certains concepts avancés de
géopolitique, de sociologie et d’anthropologie. Inversement, le monde
secret des Bush est un livre grand public alors que Mondialisation
financière et terrorisme se situe entre les deux, car s’il faut
s’intéresser un peu à la mondialisation pour l’apprécier, il est de lecture
facile.
***
Laurent, Éric, 2003, Le monde secret des Bush,
France/Canada : Plon/Transcontimental
Passet, René, 2002, Mondialisation
financière et terrorisme, Collection mondiale : Enjeux
planète/écosociété
Balibar, Étienne,
2003, L’Europe, l’Amérique, la Guerre, Paris : La découverte
Addi, Lahouari,
2002, Sociologie et anthropologie chez Pierre Bourdieu,
Paris : La découverte
Note:
***
19 mai,
2003
Kagan,
Robert, 2003, La puissance et la faiblesse – Les Etats-Unis et l’Europe dans
le nouvel ordre mondial, Plon (France) et Transcontinental (Canada)
Étant du Québec, je me sens bien
placé pour comprendre la différence entre l’Europe et les USA, car j’ai
l’impression que nous vivons les deux mondes. Au niveau des sciences humaines,
on est davantage près de l’Europe, du moins dans les milieux francophones. Les
questions d’État providence et d’un filet social pour les plus démunis font davantage parties
de nos préoccupations que la charité et les fondations privées, qui elles sont
davantage anglo-saxonnes. Mais au niveau économique, nos entreprises ont des
visées États-uniennes avec la demande incessante d’un moindre rôle de l’État au
niveau réglementaire. Le modèle néo-libéral, même épicé à la québécoise,
demeure un modèle États-uniens. C’est ce
que je perçois.
Ce livre vient nous expliquer ce que
nous percevions ici : que « L’Amérique n’a pas changé le 11
septembre. Elle est simplement davantage elle-même. » (p. 135) Car notre
célébrissime voisin peut décider de ce qui est bon ou ne l’est pas. C’est la
prérogative des empires et les Etats-Unis se sont toujours perçus comme tel et
ont agit en conséquence tant économiquement, politiquement que stratégiquement
(militaire). Un empire armé pour défendre le bien - leur bien et leur
conception du bien! Inversement, l’Europe est davantage basée sur la
coopération, la négociation et la diplomatie. L’un s’appui sur la force, l’autre
sur la raison. A chacun sa philosophie et
ses penseurs :
« L’Europe est en train de renoncer à la puissance ou,
pour dire la chose autrement, elle s’en détourne au bénéfice d’un monde clos
fait de lois et de règles, de négociation et de coopération transnationales.
Elle pénètre dans un paradis posthistorique de paix et de relative prospérité,
concrétisation de ce que Emmanuel Kant nomme la « paix éternelle ».
De leur côté, les Etats-Unis restent prisonniers de l’Histoire, exerçant leur
puissance dans le monde anarchique décrit par Hobbes, où les lois et règles
internationales sont peu fiables et où la vraie sécurité ainsi que la défense
et la promotion d’un ordre libéral dépendant toujours de la détention et de
l’usage de la force militaire. » (pp. 9-10)
Mais les USA sont peut être plus
européennes qu’elles ne le croient. Les États-Unis sont nés de l’Europe, la
« vieille Europe » comme le dit George W. Bush, et ont conservé ses
racines conservatrices et belligérantes alors que l’Europe, entre temps, s’est
éloigné de ce passé conservateur pour un présent beaucoup plus libéral
socialiste. Les oppositions sur l’Iraq ne sont ni les premières, ni les
dernières du genre.
Un livre qui peut aider les européens à comprendre notre
voisin du Sud, qui est fort différent d’eux. Un livre qui peut nous aider,
canadiens ou québécois, à comprendre une part de nous même, car nous avons ici
à la fois une identité européenne et américaine; un conservatisme états-uniens
et un libéralisme européen comme si nous étions le fruit d’un mariage mixte
entre américanité et européanité. Comme si nous n’avions jamais choisi l’un ou
l’autre mais plutôt entretenue des relations avec l’un et l’autre comme
l’enfant d’un couple divorcé qui veut plaire à ses parents qui ne s’entendent plus
et qui cherche son identité entre eux. Un livre d’intérêt.
Lapham,
Lewis, 2002, Le djihad américain, France: Saint-Simon
Inch Allah (à la grâce de Dieu),
chez les musulmans! « God bless America » (Dieu bénisse les
Etats-Unis) chez le Président Bush. Malgré ce que croient les états-uniens, ils
ne sont pas une société civile. Malgré ce que croient certains musulmans, les
états-uniens ne sont pas des infidèles non plus. En fait les USA sont une
république… religieuse! Très religieuse:
« La Constitution américaine a été rédigée avec Dieu,
la nation américaine s’est bâtie grâce à Dieu, les présidents américains sont
les fils de Dieu : l’Amérique n’a pas de roi, elle a Dieu. »
(Jaquette arrière)
Ce livre, est une suite de
chroniques publiées depuis le 11 septembre 2001 dans le Harper’s Magazine dont
Lewis Lapham est Directeur de la rédaction. Chroniques chocs, cyniques et
profondément fouillées. Psychanalytique aussi, notamment sur la politique
étrangère des USA que l’auteur remonte, comme un psychanalyste, de George W.
Bush à Dieu en passant par Washington, Kennedy et autres célébrissimes
présidents des USA dans le premier texte de ce recueil (« Dieu le
veut! », pp. 7-46)
Des politiciens et de leur leadership il a une vision
décapante : Reagan, un acteur jouant au politicien; Clinton, un politicien
singeant les comédiens; et George W Bush, un instrument du Seigneur! (Voir pp.
40 et 41)
Un auteur lucide, qui reconnaît que
les médias (il est de l’intérieur d’ailleurs) sont partis prenantes d’un système
économique qui fait que l’information doit être vendeuse, avant d’être
d’intérêt, pour être publiée:
« Le citoyen désireux de s’exprimer en public doit ajuster
ses phrases aux règles du langage commercial. Quiconque refuse d’aseptiser son
propos est condamné à déposer ses récriminations sur quelque site obscur du
Web. » (p. p. 107)
Un auteur qui n’a pas peur de
montrer les contradictions du conservatisme États-uniens qui accorde davantage
de droits aux entreprises qu’aux citoyens. Car « la propriété privée est
une chose vénérable » alors que « les vulgaires être humains (…)
doivent être contrôlés et surveillés de près ». (p. 103) Ce qui conduit à
des aberrations du genre de celles ci :
« Les groupes financiers ont toute licence d’agir à
leur guise – empoisonner les rivières, pratiquer la déforestation, augmenter
cruellement les taux d’intérêt, priver les gens de soins médicaux, expérimenter
des produits chimiques nocifs, annuler des dettes, éliminer des espèces et
vivre tranquillement au dessus de leurs moyens. Les individus isolés, eux,
attendent qu’on leur signale où et quand ils pourront danser et chanter. Quand
ils ne sont pas jetés en prison pour détention d’un malheureux joint de
marijuana, la censure s’empare de leurs répréhensibles écarts de langage :
vingt-trois salariés du New-York Times ont été renvoyés pour avoir échangé des
courriels un peu trop lestes; la ville de San Diego a proscrit l’usage du terme
« minorité »; partout dans le pays, des écoles publiques bannissent
des ouvrages qui ne conviennent pas aux enfants. » (p. 103)
Des textes d’une dizaine à une quarantaine de pages selon
les cas. Des textes fouillés, denses et faciles d’approche en même temps. Des
chroniques pour aller plus loin au cœur du monde États-uniens. Un monde qui se
donne une apparence homogène, mais qui ne l’est pas tant que ça quand on y
regarde de près grâce à des voix discordantes qui n’ont pas peur de
s’afficher.
Sorman,
Guy, 2003, Les enfants de Rifaa, musulmans et modernes, France :
Fayard
Nous avons déjà parlé d’un livre qui
soulignait que dans toutes les religions nous pouvons trouver des passages
violents. (1) On parle moins des fondamentalistes Chrétiens et judaïque que des
fondamentalistes musulmans. Mais si on a des libéraux chrétiens, il y a aussi
des courants judaïques et musulmans libéraux. Ce livre traite de la
tradition de l’islam éclairé et libéral! Une tradition dont les médias font peu
mention, car c’est le « sang » et l’horreur qui vend de la
copie:
« Son histoire commence en Egypte au XIXe siècle. Le
héros en est Rifaa el-Tahtawi, penseur et homme d’Etat. Il modernise son pays
en s’inspirant de la France où il a vécu. Depuis lors, les progressistes
musulmans se désignent volontiers comme « les enfants de Rifaa ». Enracinés
dans leur foi et leur culture, partisans de la démocratie et de l’esprit des
Lumières, ils combattent les fanatismes religieux, les idéologies totalitaires
et, avec courage, leurs propres tyrans. Pourtant, aucune caméra ne vient en
porter témoignage ; pas une ligne dans nos médias. Allons-nous enfin soutenir
ces alliés naturels de l’Occident ? »
(Jaquette arrière)
Un livre bien documenté qui se lit
comme un roman – les références étant à la fin de l’ouvrage. Il compare Rifaa à
Tocqueville, les deux étant en symétrie, allant à l’étranger, la France et
l’Occident pour Rifaa et les USA et l’Amérique pour Tocqueville, à la recherche
de la modernité.
Et on en arrive à aujourd’hui. Au
monde musulman contemporain dans lequel il y a des musulmans libéraux et ouverts
sur l’avenir. Des musulmans démocrates aussi. Et des questions sensibles, comme
celle d’Israël, qui selon certains est menacée de disparaître par la force du
nombre de ses voisins et pour d’autres par attrition au sein de la communauté
juive elle-même. Mais quoi qu’il arrive dans les prochaines décennies ou
siècles avec la question juive, les
Juifs nous aurons quand même léguer le fondements des deux autres
grandes religions monothéistes, la Chrétienne et la Musulmane, et des grands
questionnements de notre humanités en Freud, Marx, Lévi-Strauss… par leur
décalage par rapport au monde qui les « conduit à voir autrement, ou à
percevoir une vérité qui porte au-delà de la réalité immédiate ». (p. 318)
Un livre pro libéral dans son
approche, qui se lit bien et donne un autre angle d’interprétation.
Notes:
1.
St-Onge, J-Claude, 2002, Dieu est mon copilote, Montréal: écosociété
***
Le Marché de
droit divin, Capitalisme sauvage & populisme de marché de Thomas Frank Traduit
de l'anglais par Frederic Cotton
Journaliste a
Chicago, Thomas Frank est depuis 1996 un collaborateur régulier du 'Monde
diplomatique'.
Format 12 * 21
cm / 476 pages
22 euros
ISBN:
2-7489-0001-4
En librairie le
18 novembre 2003
http://www.agone.org/lemarchededroitdivin
***
Après le
capitalisme, Eléments d'économie participaliste de Michael Albert
Traduit de
l'anglais par Mickey Gaboriaud
Preface de
Thierry Discepolo
Militant
libertaire nord-américain, Michael Albert est notamment l'animateur, à Boston,
du site Internet de contre information www.zmag.org
En librairie le
18 novembre 2003
Format 12 * 21
cm / 196 pages
16 euros
ISBN: 2-7489-0006-3
http://www.agone.org/apreslecapitalisme
***
Le XXe siècle
américain, Une histoire populaire de 1890 a nos jours d’Howard Zinn
Traduit de
l'anglais par Frédéric Cotton
Préface inédite
2003
Howard Zinn a
enseigne l'histoire et les sciences politiques a l'université de Boston. Son
oeuvre est essentiellement consacrée à l'incidence des mouvements Populaires
sur la société américaine.
Format 12 * 21
cm / 476 pages
20 euros
ISBN:
2-7489-0001-4
Le 18 novembre
2003 en librairie
http://www.atheles.org/agone/levingtiemesiecleamericain
***
Carnets d'un intérimaire
Daniel Martinez, Préface de Michel Pialoux
160 pages
Format 12 * 21 cm
Prix : 13 euros
ISBN : 2-7489-0004-9
http://www.agone.org/carnetduninterimaire
6 juin, 2003
Le comite de rédaction de la revue Sociologies
Pratiques a le plaisir de vous annoncer la
Parution du numéro 7 de la revue SOCIOLOGIES
PRATIQUES :
Gérer l’environnement. Le temps de l’action
concertée.
La prise de conscience d une crise environnementale
dans les sociétés contemporaines s’accompagne d une exigence de transformation
des modes de décision et d action dans le sens d une participation effective
des citoyens dans l identification et le traitement des problèmes
environnementaux. Ce numéro de Sociologies Pratiques propose au travers de deux
entretiens et de sept articles de chercheurs et de praticiens d’analyser des
procédures innovantes en matière de concertation environnementale et d
interroger les outils théoriques et méthodologiques mobilises par les sciences
sociales pour aborder la problématique de l’environnement.
Plus d informations sur la revue, le contenu du
numéro 7 et Bon de commande :
http://www.sociologies-pratiques.com
Contact : contact@sociologies-pratiques.com
Merci de faire connaître autour de vous la revue
Sociologies Pratiques, éditée avec le
soutien de l’APSE, de l Institut d Etudes Politiques de Paris et du LSCI-CNRS.
***
1er mai, 2003
NOUVEAU LIVRE : LA SANTÉ, UNE APPROCHE ÉCOSYSTÉMIQUE
PEUT-ON VIVRE EN SANTÉ DANS UN MONDE MALADE ?
OTTAWA – Dans la préface du nouveau livre ' La santé, une
approche écosystémique ', Pierre Dansereau, professeur émérite d’écologie à
l’Université du Québec à Montréal, se réjouit. « Pour un écologiste de la
première heure, écrit-il, l'émergence de l'écosanté marque un pas
historique.[...] [La santé] se définit plutôt par une participation harmonieuse
aux ressources de l'environnement, qui dispose les individus à un plein
exercice de leurs fonctions et de leurs aptitudes. »
Ce livre, publié par le Centre de recherches pour le
développement international (CRDI), fera l’objet d’un lancement auquel
participera le professeur Dansereau. Le lancement aura lieu le mercredi 21 mai
2003, à 18 h 30, au Palais des Congrès de Montréal, salle 710, dans le cadre du
Forum international sur les approches Écosystèmes et santé humaine.
Écrit par Jean Lebel, spécialiste de la santé
environnementale qui dirige le programme Écosystèmes et santé humaine
(écosanté) du CRDI, l’ouvrage fera découvrir aux lecteurs l’expérience du CRDI
dans le développement de l’écosanté, une façon d’envisager la santé humaine par
son interdépendance avec celle de l’écosystème. Un éclairage qui arrive à point
nommé alors que le virus du Nil occidental menace les populations d’Amérique du
Nord.
La santé, une approche écosystémique jette un regard lucide
sur ce nouveau cadre de recherche qui accueille à la fois des scientifiques,
des membres des collectivités, des décideurs et des représentants de groupes
intéressés. Ce livre décrit une méthodologie de recherche (et de développement)
qui non seulement fait appel à une participation très large des intervenants
mais offre aussi des solutions adaptées qui engagent les décideurs et leur
communauté.
L’écosanté remet l’humain au centre des préoccupations et
reconnaît son influence sur l’environnement et la capacité d’une collectivité
et de ses dirigeants à gérer et à améliorer le bilan de santé collectif. Le
livre fait le tour des enjeux liés à l’écosanté, décrit les voies de la
recherche, les apprentissages et les succès et formule des recommandations.
« La lecture de ce livre se révèle si profitable, commente
Pierre Dansereau, qu'on est porté à en redemander. [...] Dans une époque où
l'aide des pays industrialisés aux pays pauvres vise l'augmentation de leur
pouvoir d'achat et non pas un réinvestisssement des profits réalisés, il est
fort utile de lire un compte rendu aussi objectif que celui-ci. »
La santé, une approche écosystémique est publié en français
et en anglais et sera bientôt accessible en version intégrale sur le site
Internet du CRDI.
Le Centre de recherches pour le développement international
(CRDI) est l’un des chefs de file dans la production et de l’application de
nouvelles connaissances aux défis du développement international. Depuis
plus de 30 ans, le CRDI travaille en étroite collaboration avec les chercheurs
des pays en développement pour créer des sociétés en meilleure santé, plus
équitables et plus prospères.
SURVEILLEZ NOS PROCHAINS COMMUNIQUÉS SUR LE FORUM INTERNATIONAL
SUR LES APPROCHES ÉCOSYSTÈMES ET SANTÉ HUMAINE (Montréal, du 18 au 23 mai
2003).
Le programme du Forum, le formulaire d’inscription et les
coûts sont accessibles sur le web à : http://www.crdi.ca/forum2003
***
Depuis près de 5 ans nous avions une section must dans notre page Livre.
Comme cette section n’a pas vraiment bougé depuis(il s’agit de classiques ou de
références selon nous), il était temps pour nous de l’éliminer de nos pages
Internet. Cependant, de façon à ce quelle soit conservée pour la mémoire
collective, nous l’avons incluse dans ce numéro de Bibliothèque de Societas
Criticus.
Les éditeurs.
***
Eugène Le Roy, 1978, Jacquou le Croquant :
Presses Pocket: La
misère paysanne en France, les rackets du Pouvoir face aux pauvres. La violence
face à ceux qui n’ont que des fourches, le Pouvoir étant bien armé lui! Et le
revirement de la révolution française. Ce fut une télé série marquante alors
que j’étais au CÉGEP (la lutte des classes et le Pouvoir dans toute sa
splendeur télévisuelle) qui m’a fait acheté le livre…. (Michel Handfield)
John Steinbeck,
1949 (1970), Des souris et des hommes, Gallimard/Le livre de poche : Encore la
télé. Fin des années 60 ou début des années 70, cette pièce passa à la télé de
Radio-Canada (Les Beaux dimanches, je crois) et ce fut une révélation. Il me
fallait le livre, même si je n’étais pas très vieux (je suis né en 58). Une
histoire d’amitiés entre deux hommes – l’un faible d’esprit et fort, Lennie, et
l’autre faible mais futé, Georges – mais aussi de misères! Le rêve comme soutien de l’espoir de s’en
sortir. Mais le drame au tournant…
(Michel Handfield)
Graham Greene, 1970, Voyages avec ma tante, Le livre
de poche : Un vieux garçon, retraité de banque avec une rente
confortable, et s’occupant de son jardin rencontre sa tante aux obsèques de sa
mère! Mais qu’elle tante! Il en verra plus à travers ses voyages avec sa tante…
qu’il en a vu durant toute sa vie active… et nous les suivons avec plaisirs
dans ses aventures. Qui a dit que les britanniques étaient prévisibles? (Michel Handfield)
Zola : L’assommoir et Germinal : Le premier fut
une lecture obligatoire au CÉGEP. Lu rapidement, mais relu dans les vacances,
car il m’avait accroché. Zola est un peintre de la société, mais sa peinture
est à « lettres », pas à numéros ! En effet son texte dépeint la vie.
C’est à la fois de la littérature, de l’histoire (à l’époque c’était l’actualité!),
de la sociologie, de la politique… Ce roman est à la charnière entre le travail
encore professionnel et l’arrivée de l’industrialisation, qui déqualifie la
profession pour faire de l’homme un manœuvre qui nourrit la machine! Le savoir
est inculqué dans la machine. Cela se passe dans l’industrie sidérurgique… Mais
ce n’est pas que cela, c’est aussi la vie sociale de l’époque. Plus de 400
pages bien remplies!
Germinal, je l’ai lu au lieu d’aller voir le film, car
j’étais convaincu que l’œuvre de Zola, ses coups de crayons et la subtilité de
ses mots ne peuvent tous se retrouver dans un film (j’ai cependant vu la
vidéocassette par la suite et ce fut bien fait). C’est le dur travail de
mineur, la concurrence États-uniennes (qui font baisser les prix du minerai),
les amours et les haines personnelles, le syndicalisme, les anarchistes, etc.
Pour ceux qui disent « Ah mon dieu, as-tu vu la violence contre la
mondialisation! Les jeunes sont fous! » Eh bien les luttes sociales ne
sont pas nouvelles, la lutte pour sauver son gagne-pain et sa vie ne sont pas
nouvelles… (Michel Handfield)
Milan Kundera: écrivain tchèque naturalisé français. Son œuvre narrative (La lenteur, La valse aux
adieux, Risibles amours, Le livre du rire et de l'oubli, L'immortalité, La
plaisanterie, L'insoutenable légèreté de l'être, L'art du roman, L'identité,
Jacques et son maître, Les testaments trahis, La vie est ailleurs) et théâtrale
démonte le mécanisme des aliénations et des exils du monde contemporain. Il a écrit d'importants essais critiques. Livre de poche chez Folio. (Gaétan Chênevert)
Diderot, Jacques le fataliste et son maître, préface
d'Yvon Belaval, chez folio classique, éditions Gallimard 1973 : Jacques est un récit ou l'esthétique du récit
intervient constamment dans la conduite du récit. Le conteur se place lui-même parmi les
protagonistes du conte. Bien plus! De la scène il nous interpelle, il sollicite
notre avis, nous fait part de ses doutes et des ses hypothèses, puis retourne à
ses personnages, nous oublie, se laisse oublier, pour, tout à coup,
réapparaître et dialoguer avec nous – jeu subtil entre le réel de l'imaginaire
et l'imaginaire du réel dont il faut saisir et l'intention de la technique pour
ne pas méjuger de l'art de Diderot.
«Philosophe» – théoricien incorrigible – Diderot doit son art à
l'imitation – un beau mot que l'on n'emploie plus ! – et à la réflexion sur ses
modèles (le conte, le roman moderne).
(Gaétan Chênevert)
San-A.: Un salut
spécial à San-Antonio, car même si son œuvre peut être vue comme du roman de
gare ou de la petite littérature par certains, son regard sur la société était
très lucide! Il passait des messages à méditer à quelques occasions. Message
court, direct, lucide, cynique parfois, qui valait bien des thèses plus
étoffées. En voici deux pas piqué des
vers:
"Il est fréquent que des gens détenant l'autorité
commandent uniquement pour ne pas donner l'impression d'hésiter à ceux qui leur
obéissent. L'hésitation est la principale ennemie du pouvoir"
(San-Antonio, Bosphore et fais reluire, Fleuve Noir, p. 170)
"Mais, Antonio, mon ami, est-ce donc si grave que
d'avoir un passé? (…) Je suis un fonctionnaire, moi, mon doux jeune homme. Donc
je fonctionne! Je fonctionne pour un gouvernement, et n'importe sa couleur!
L'outil n'a pas de maître: il est l'outil à disposition, comprenez-vous? La
tenaille n'est pas inféodée au forgeron! Un thermomètre d'hôpital butine la
fièvre des anus sans se soucier de leur identité! Une automobile se
revend! (…) Je ne réclame que le statut
de pute; rien de plus, mais rien de moins." (San Antonio, Du bois dont on
fait les pipes, fleuve noir, pp. 22-3)
(Michel Handfield)
La série philosophique Corpus chez GF Flammarion.
Des livres sources qui vont au cœur du sujet et se réfèrent aux textes
fondateurs de la philosophie. Cette série fait partie de nos sources coup de
cœur! Quelques titres que nous apprécions:
L’État; Le pouvoir; La démocratie; Le libéralisme; La liberté; La
tolérance; Le citoyen; Le scepticisme; La nature; La société; La Paix et autres, car il y en plusieurs tous aussi
bien faits. (Michel Handfield)
Machiavel, Le Prince:
Il décrit ce qu'est l'exercice du Pouvoir. D’actualité depuis le XVIe
siècle. (Michel Handfield)
La Boétie, Discours de la servitude volontaire, qui analyse les rapports de domination de la société dans lesquels
nous sommes tous imbriqués. (Michel Handfield)
Ivan Illich, Némésis médicale, Seuil, coll. Point. Il explique
le principe de la contre productivité, c'est-à-dire que toutes choses poussées
à l'extrémité ont l'effet contraire à celui recherché. (Michel Handfield)
John Ralston Saul, Voltaire's bastards (ou en français sous le titre Les bâtards de Voltaire), qui fait
l'histoire de la rationalité, qui a complètement occulté le sens commun, et qui
poussée à l'extrême est contre-productive.
(Michel Handfield)
Jean-François Kahn :
Le "Retour de Terre" de Djid Andrew, chez Fayard, 1997. Une
excellente critique de la raison capitaliste à travers une histoire où le
fameux romancier Djid Andrew décide à la demande pressante du parti libéral
d'opposition dont il est un compagnon de route, de se rendre sur Terre, cette
planète entièrement acquise à la logique capitaliste, pour témoigner des
bienfaits de l'économie libre. Djid consacre
une année entière à la découverte de l'ancien monde, dont il parcourt tous les
continents. Son constat n'est pas moins
accablant que celui de son glorieux prédécesseur (André Gide, alors en pleine
gloire littéraire, avait entrepris de se rendre en Union soviétique pour
témoigner des bienfaits du communisme, mais qu'une fois sur place il avait été
envahi par un immense désarroi tant le spectacle qui s'offrait à ses yeux était
éloigné de l'idéal. Quelques mois plus
tard, il avait publié à Paris son Retour d'URSS, terrible réquisitoire
contre le socialisme réel. Ses amis
communistes ne devaient jamais le lui pardonner.). La logique capitaliste n'a-t-elle pas eu
raison du libéralisme de ses rêves? Que
faire maintenant face à un tel désastre?
Ses amis lui pardonneront-ils ce Retour de Terre qu'il envisage
d'écrire un fois rentré chez lui? (Gaétan Chênevert)
François Chesnais : La mondialisation du capital,
alternatives économiques chez Syros, 1994. La mondialisation est l'un des deux ou trois
phénomènes économiques majeurs de cette fin de siècle. Elle résulte moins des progrès de la
technologie que de la force considérable acquise par le capital privé pendant
les Trent Glorieuses. La force retrouvée
du capital industriel, parallèle à l'affaiblissement du mouvement ouvrier, est
à la fois cause et conséquence des politiques de libéralisation, de
privatisation, de déréglementation et de démantèlement de l'État protecteur,
mises en œuvre depuis le début des années 1980,
Cette phase se caractérise aussi par la montée en force du capital
argent concentré et par la mondialisation des marchés financiers. Elle aboutit à une diminution très sensible
du degré d'autonomie des économies nationales et de la capacité des États à
mener des politiques propres. Cet
ouvrage permet d'interpréter la situation économique mondiale, la dépression
longue des années 1980 et la place faite aux pays les plus pauvres. (Gaétan
Chênevert)
Emmanuel Todd, L'illusion économique, chez Folio actuel, 1999. Essai
sur la stagnation des sociétés développées.
La chute des taux de croissance, la montée des inégalités et de la
pauvreté, l'incohérence des évolutions monétaires sont des phénomènes bien
réels, et de nature économique. Ils ne
font cependant que refléter des déterminants culturels et anthropologiques
beaucoup plus profonds. Le déclin
éducatif américain, le choc malthusien produit en Europe par l'arrivée des
classes creuses à l'âge adulte, l'émergence d'une stratification culturelle
inégalitaire, l'affaissement des croyances collectives–parmi lesquelles la
nation–définissent ensemble bien plus qu'une crise économique : une crise de
civilisation. C'est dans ce contexte que
s'épanouissent la «pensée zéro» des classe dirigeantes françaises et le projet
d'une impossible monnaie unique européenne.
Mais l'idée d'une contrainte économique agissant «de l'extérieur» sur
les États-Unis, le Japon, l'Allemagne ou la France, baptisée mondialisation,
n'est qu'une illusion. Le sentiment
d'impuissance qui paralyse les gouvernements ne sera surmonté que si renaît
l'idée de nation. (Gaétan Chênevert)
La série "pour en finir avec" chez Boréal, où l'on retrouve des thèmes aussi différents que l'économisme,
l'excellence, les casse-cul, les ennemis de la télévision etc. Une critique mordante sur les modes du
jour. Il est bon de voir le côté caché
d'un vocabulaire lorsque utilisé à toutes les sauces en devient aliénant.
(Gaétan Chênevert)
Cioran, 1995, Oeuvres, France: Quatro Gallimard, 1820 p., 87 documents
Selon le Larousse, Cioran (1911-1995) était un philosophe pessimiste. Moi, je l'ai connu par quelques
citations dans le "Dictionnaire du parfait cynique" de Roland
Jacquard (Le livre de poche, 1982). Il
est vrai que lorsqu'on regarde la politique, il y a vraiment de quoi être
pessimiste cynique! Car les mêmes nouvelles se répètent année après années et
les mêmes partis politiques répètent continuellement qu'ils ont enfin la
solution… et que dans 6 mois tout sera changé pour le mieux! De quoi donner le goût d'avoir Cioran en main
!
Je l'ai reçu hier, gracieuseté des éditions
Gallimard que je remercie, et je le feuillette de
découverte… en découverte! En voici quelques-unes:
L'Occident : une pourriture qui sent bon, un cadavre parfumé. (p. 1350)
Un malade me disait: "À quoi bon mes douleurs? Je ne suis pas poète
pour pouvoir m'en servir ou en tirer vanité." (p. 811)
Rien ne s'explique, rien n'est prouvé, tout se voit. (p. 441)
Kant a attendu l'extrême vieillesse pour apercevoir les côtés sombres de
l'existence et signaler "l'échec de toute théodicée rationnelle".
… D'autres, plus chanceux, s'en sont aviser avant même de commencer à
philosopher. (p. 1645)
À peine avons-nous perdus un défaut qu'un autre s'empresse de le
remplacer. Notre équilibre est à ce prix. (p. 1707)
Un livre que j'ai du plaisir à prendre au hasard de n'importe quelle
page, car il suscite la réflexion, même si parfois elle peut faire grincer des
dents! Un livre que je mets immédiatement dans les Musts de Societas, même s'il
n'est pas encore lu, car il sera probablement souvent feuilleté. Lu, je ne sais
pas… De façon méthodique, probablement jamais. Mais je ne serais pas surpris
dans faire le tour plus d'une fois au plaisir d'en lire des pages au hasard,
car iI y aura toujours une réflexion qui fera réfléchir. (Michel Handfield)
Michel Onfray, 1990, Cynismes, France: Le livre de
poche, biblio essais. Pour ceux qui
croient que le cynisme est négatif,
détrompez-vous. Le cynisme est le refus des idéologies toutes faites. Le
cynisme force à réfléchir et à penser. Le cynisme est le rejet de la pensée
unique. Le cynique est sceptique. Bref
le cynisme est tout le contraire de l’oisiveté intellectuelle qui consiste à
suivre le courant! A lire absolument. Et pour ceux qui ne sont pas convaincu…
quand on demandait à Diogène « D’où es-tu? » il répondait :
« Je suis citoyen du monde (car) la seule vraie citoyenneté est celle qui
s’étend au monde entier. » (p. 149) Je sais, vous allez dire que c’est facile
à dire avec la mondialisation qui est à la mode aujourd’hui, sauf que Diogène
vivait vers 400 avant JC! (Michel Handfield)
GUERIN, Daniel, 1999, Ni Dieu ni Maître, Anthologie de
l'anarchisme, 2 volumes, France : La Découverte/poche. Réédition de GUERIN, Daniel, 1976, Ni Dieu ni Maître, Anthologie de
l'anarchisme, 4 volumes, France, Petite Collection Maspero.
L’anarchie. Quel mot chargé de sens et de non sens. D’un côté Bernard Landry a dit dans une allocution qu’« Aujourd’hui à ce
confluent de l’histoire humaine pour les nations, le futur sera libertaire ou
réactionnaire. » (La Presse, 21 novembre 2001, p. A 3) Toute une
déclaration, car selon le Bibliorom Larousse un libertaire est un
« Partisan de la liberté absolue de l'individu en matière politique et
sociale; anarchiste. »
D’un autre côté des jeunes qui contestent et vandalisent la propriété
publique et privée le font aussi au nom de l’anarchisme! L’anarchisme est-il un « free for all » ?
En fait l’anarchisme est méconnue. On lui prête de bonnes et mauvaises
intentions, le bien et le mal dans l’imagerie populaire. Mais sait-on vraiment
de quoi il en retourne. L’anarchisme est un mode d’organisation et non de
désorganisation. Un mode d’auto organisation en fait – d’autogestion
dirions-nous maintenant ! Comme Malatesta (1853-1932) l’a écrit :
« L’erreur fondamentale des anarchistes adversaires de l’organisation
est de croire qu’une organisation n’est pas possible sans autorité et de
préférer, une fois admise cette hypothèse, renoncer à toute organisation plutôt
que d’accepter la moindre autorité (…). Si nous croyons qu’il ne pourrait pas y
avoir d’organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que
nous préférerions encore l’autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation
qui la rend impossible » (tome 2,
p. 9)
En fait l’anarchisme pose l’exigence d’implications citoyennes ! De
coopération, d’ouverture et de dialogue.
Naturellement, il y a des anarchismes. Ce livre permet de se référer aux
textes importants de ce courant. Il a aussi des racines historiques, car
l’anarchisme n’est pas une nouveauté. En fait son histoire se confond à
l’histoire du capitalisme, qu’il remet en cause, et du mouvement ouvrier – avec
une opposition au communisme. Un livre d’intérêt historique, social et
politique que vous en soyez ou pas. D’ailleurs, même certains auteurs connus
dans le domaine de la gestion, tel Tom Peters, font parfois référence à ce
courant. (1)
Un livre qu’il y a longtemps que nous aurions voulu mettre dans nos musts,
mais qui n’était plus sur le marché.
Maintenant qu’il y ait, il nous fait plaisir de le mettre dans nos
musts, car si tout le monde a son idée sur l’anarchisme, qui a vraiment lu sur
le sujet ? Trop souvent anarchisme et banditisme son confondu dans
l’imagerie populaire et dans les films – comme « La bande à Bonnot ».
Léo Ferré chante bien « Les anarchistes » et « Ni Dieu ni
maître » ! A lire en écoutant Léo et Brassens !
1. Mon premier contact avec ce livre « Ni Dieu ni Maître » de
Daniel Guérin fut les nombreuses références qu’y faisaient deux profs des HEC
dans leur livre sur les organisations. (Francine Séguin-Bernard et
Jean-François Chanlat, 1983, L’analyse des organisations une anthologie
sociologique Tome 1 – Les théories de l’organisation, Québec :
Éditions Préfontaine). Tom Peters, pour sa part, parle de « Toward
productive anarchy » dans « Liberation
managment », paru en 1992, et de nombreux autres auteurs y font
référence pour le côté créatif et d’adaptation que permet un modèle anarchique. (Michel Handfield)
***
Audrée Anne Dupont
26 octobre, 2003
Pour le temps de l’Halloween, j’ai lu pour vous
deux livres colorés…
Tout d’abord, pour vous distraire, un petit
livre dans le style bande-dessinée. C’est un
groupe de jeunes que nous pouvons suivre dans plusieurs aventures. La patrouille des citrouilles nous
propulse dans une aventure où ces jeunes
intrépides deviennent des détectives.
Les images sont vives et le texte amusant à lire. Par exemple, leur chanson d’encouragement est
remplie de rimes :
« Ouille! Ouille! Ouille!
Voleur, voyou ou autre fripouille,
Fais bien attention à qui tu dépouilles (…)
Le déroulement de l’histoire nous surprend à
quelques reprises, mais la fin est un peu prévisible. Je crois tout de même que jeunes et moins
jeunes aimeront le lire pour se mettre dans l’ambiance un peu fébrile de
l’Halloween…
***
Par la suite, quoi de mieux qu’un livre
informatif sur les chauves-souris pour s’envoler loin des conceptions erronées
et de nos peurs face à ce petit animal nocturne. Ce livre est rempli d’images qui nous
permettent de visualiser les informations données. Par exemple, saviez-vous que
« généralement, lorsque les animaux sont suspendus à l’envers, leur sang
reste dans leur tête. »? « Les
chauves-souris, elles, ont dans les veines des valves spéciales qui permettent
à leur sang de circuler dans tout leur corps, même lorsqu’elles sont suspendues
la tête en bas. » (Page 5) Vous
serez étonné de ce que vous pourriez découvrir…
Alors prenez une grande respiration, n’ayez pas peur, et partez à la
découverte de ce noctambule.
La patrouille des citrouilles de Paul Roux. Éditions
Banjo. Collection Le Raton Laveur. 2002
Les chauves-souris. Bobbie Kalman et Heather
Levigne. Traduction de Paul Rivard. Éditions Banjo. Collection Petit Monde Vivant. 2003.
***
J’ai lu pour vous 4 livres aux Éditions
Banjo. Deux font partie de la collection
Le Raton Laveur et deux de la collection Petit monde vivant. Sur leur site web www.editionsbanjo.ca, il y a des fiches
d’activités pédagogiques en lien avec les livres de leurs deux collections, des
fiches d’auteurs et d’illustrateurs et leur catalogue complet. Cela vaut vraiment la peine d’y jeter un coup
d’œil.
Collection Le Raton Laveur :
Annette Brouillette. Texte de France Hallé et illustrations de Fil et Julie. Éditions
Banjo. Collection Le Raton Laveur (pour enfants de 3 à 8
ans). Mont-Royal (Québec) : 2003.
Qui est Annette Brouillette? De par son nom ou ses cheveux ébouriffés que
l’on peut voir sur la page couverture, cela peut nous donner une petite
idée… A travers les pages de son
histoire colorée, vous apprendrez à mieux la connaître et à vous y attacher.
C’est une courte histoire qui utilise beaucoup
la description. Les illustrations sont
de couleurs vives et vont de pairs avec le texte au bas de la page. Je trouve original d’utiliser la même phrase
après avoir expliqué les choses non terminées du personnage principal :
« Ses amis rigolent un peu, mais ils l’aiment ainsi. » Ce livre démontre les conséquences qu’une
personne un peu désordonnée peut avoir sur son entourage. Le ton employé étant léger, les enfants ne
verront pas cela comme une énorme morale.
C’est un livre qui fera rigoler petits et grands.
La princesse Pommeline. Texte de Annie Boulanger et
illustrations de Fabrice Boulanger.
Éditions Banjo. Collection Le
Raton Laveur. Mont-Royal (Québec) :
2003.
Les jeunes filles rêvent souvent à leur prince
charmant. Elles vont l’imaginer d’une
certaine façon. La princesse Pommeline,
elle, est vraiment à la recherche de son prince. En effet, même si elle habite dans le même
monde que nous, c’est une vraie princesse.
Le collier qu’elle porte toujours autour du cou en est la preuve. Celui-ci est sensé la guider vers la maison
de son futur amoureux. Mais la ville
contemporaine est un obstacle puisqu’elle cache les étoiles…
Tout au long du livre, le jeune lecteur se
sentira incorporé à l’histoire puisqu’elle est écrite de façon à interpeller le
lecteur. En effet, Pommeline tient à ce
que nous l’aidions à retrouver son prince et le texte est rempli de questions
pour nous inciter (exemple :
« Si tu vois une montagne, même très petite, même si c’est de la terre de
jardin, voudrais-tu vérifier si tu vois le château de mon prince au
sommet? »). Les illustrations sont
dans des tons de pastels. Cela va très
bien avec le ton romantique de l’histoire.
Ce livre plaira probablement plus aux filles qu’aux garçons puisqu’il
parle d’un collier magique et d’un prince lointain… Laissez-vous emporter par
la magie du moment…
Les mammifères marins. Bobbie Kalman et Jacqueline
Langille. Traduction de Paul
Rivard. Éditions Banjo. Collection Petit monde vivant. Mont-Royal (Québec) : 2003.
Ce livre est très bien illustré et est rempli de
magnifiques photos couleurs. Le tout est
agencé sous l’information et nous permet de mieux comprendre et associer
l’animal à l’information. La table des
matières nous indique où aller chercher l’information dont nous avons
besoin. Les petits curieux liront ce
livre du début à la fin. Les
informations sont claires et précises.
Il y a même un glossaire pour vérifier la signification de certains
mots. Même un adulte peut en apprendre
beaucoup sur le sujet. Saviez-vous que
les dauphins n’ont pas de cordes vocales et que les sons qu’ils produisent pour
recueillir de l’information (écholocation) sont émis par des sacs nasaux qu’ils
ont dans la tête? (voir page 8). Plongez
vite dans l’univers des mammifères marins!
L’hibernation. John Crossingham
et Bobbie Kalman. Traduction de Paul Rivard. Éditions Banjo. Collection Petit monde vivant. Mont-Royal (Québec) : 2003.
Saviez-vous que l’on retrouve deux types de
graisses chez les animaux hibernants : la blanche et la brune? (voir page
9) Ou encore ce qu’est l’estivation? (Voir page 24). Ce sont le genre d’informations que vous
retrouverez dans ce petit livre informatif sur l’hibernation. Comme l’autre
livre de la même collection, il y a un glossaire pour mieux comprendre les
termes plus compliqués. Des
illustrations colorées et des photos d’animaux capturés sur le vif qui vous
permettront d’apprécier la lecture de ce petit ouvrage de référence. Petits et grands en seront enchantés!
***
27 mai, 2003
Présence autochtone 2003
10-22 juin @ Montréal
Michel Handfield
Encore un festival plein d’intérêts :
Danse, Musique, Expositions, Cinéma, etc. Bref, ce sera multidisciplinaire.
C’est la rencontre des autochtones avec les descendants de Colomb sur la place
publique à Montréal.
Comme l’an dernier, la Place Émilie Gamelin
(Métro Berri-UQAM) devient la place publique centrale avec les arts, métiers et
traditions! Et le grand spectacle de cette année sera… la danse! Occasion de
découvertes - L’an dernier ce fut le country que nous avions fort apprécié
d’ailleurs!
Blues, Blanc, Rouge nous revient cette année encore, cette fois ci à l’Usine C, avec Tom
Jackson, Derek Miller, Johanne Shenandoah et Chloé Sainte-Marie. Nous espérons
le voir pour vous en parler.
Il y a aussi une exposition de jeux d’échecs,
fait par des artistes autochtones, à la bibliothèque nationale du 5 au 30 juin.
J’en ai vu 2 exemplaires. De toute beauté. Et le symbole par excellence de
l’interculturel, car le jeu d’échec semble
venir de l’Inde, 6 siècles avant J-C environs, et fut ensuite introduit
dans le monde Perse et Byzantin avant d’être amené en Europe par les Musulmans,
entre l’an 700 et 900 de notre ère! Chercher sur ce sujet est passionnant comme
risque de l’être ce festival Présence autochtone en découverte, car c’est
l’endroit pour découvrir ce qui est vrai et ce qui relève du mythe au sujet de
nos concitoyens amérindiens que nous côtoyons depuis notre arrivé sur cette
terre d’Amérique et que nous connaissons encore si peu!
*
***
Le communiqué
Une 13e édition qui promet !
Montréal, 27 mai 2003 — Présentée du 10 au 22 juin, la 13e édition de Présence
autochtone nous réserve une riche programmation. Conçu et réalisé par
Terres en vues, ce festival multidisciplinaire est voué à la promotion et à la
mise en valeur des cultures des Premières Nations des trois Amériques.
Présence autochtone dessine une perspective riche et nuancée sur les
réalités indigènes, à travers des films de fiction, des documentaires, de la
vidéo d’art et des films d’animation en provenance d’une dizaine de pays et qui
seront en lice pour les prix Teueikan et Rigoberta Menchú. Cette année, Présence
autochtone aura aussi l’honneur d’accueillir la réalisatrice maorie Merata
Mita. Cinéaste sensible et engagée, Merata Mita poursuit inlassablement son
travail afin de lutter contre le racisme et de faire reconnaître et respecter
la culture maorie. Première femme à réaliser un long-métrage en
Nouvelle-Zélande, Mme Mita a notamment signé les films Patu!, Mana Waka,
Mauri et récemment Hotere, consacré à l’un des plus grands artistes
de son pays, Ralph Hotere. Ses films seront présentés à la Cinémathèque
québécoise et au cinéma ONF du 12 au 22 juin. Alanis Obomsawin se joindra à
Merata Mita pour partager leur passion commune pour leur culture et le cinéma,
notamment par le biais d’une exposition de gravures de la cinéaste abénaquise
dans le foyer Luce-Guilbeault de la Cinémathèque.
Comme toujours, Présence autochtone comporte un important volet
cinématographique qui, cette année, s’ouvrira sur le chef d’¦uvre de Robert
Flaherty, Nanook of the North, et la musique de Gabriel Thibaudeau.
Considéré comme l’un des meilleurs accompagnateurs de films muets au monde, le
pianiste et compositeur Gabriel Thibaudeau a écrit une trame originale à
laquelle se mêleront les chants de gorge de Sylvia Cloutier et June
Shappa. Un univers musical à la mesure des images saisissantes de Nanook of
the North, un moment unique présenté à la Cinémathèque québécoise le 11
juin.
D’autre part, le festival se déplace cette année encore à Kahnawake où se
tiendra le 18 juin un symposium sur la relève et la formation dans les métiers
du cinéma et de la télévision chez les Premières Nations. La projection de Mocassins
Flats de Randy Redroad (grand prix Teueikan 2002 avec Doe Boy) et
mettant en vedette Landon Montour, jeune acteur de Kahnawake, complètera cette
journée.
Autre temps fort de Présence autochtone, le grand spectacle Blues,
blanc, rouge réunira à l’Usine C le 19 juin, le chanteur et comédien cri
Tom Jackson, le bluesman mohawk Derek Miller, Johanne Shenandoah, la grande
dame oneida du folk song et Chloé Sainte-Marie et la poésie de son univers.
Le lendemain, le vendredi 20 juin à l’Usine C toujours, aura lieu le gala de
remise des prix de Présence autochtone 2003 dans les catégories «
création » et « communauté » de la section films et vidéo, ainsi que le prix
Docteur Bernard-Chagnan-Assiniwi qui vient récompenser une contribution
remarquable dans les domaines artistique, social, politique ou culturel (Alanis
Obomsawin en 2001 et Alex Janvier en 2002 ont reçu ce prix). Pour une deuxième
année, grâce à une association de Terres en vues et de la Fondation du maire de
Montréal pour la jeunesse, une bourse de 5000 $ sera attribuée à un jeune
autochtone résidant à Montréal comme fonds de démarrage d’un projet culturel.
Signalons aussi que de nombreux spectacles et activités d’animation se
tiendront sur le site extérieur au Parc Émilie-Gamelin du 19 au 22 juin. Manikashuna,
mot innu désignant les campements des nomades, témoigne avec justesse et
respect des cultures matérielles et spirituelles des Premières Nations. On y
retrouvera contes et légendes sous les tipis, ateliers d’initiation aux
techniques artisanales, cuisson de gibier et danse traditionnelle d’apparat.
Des artistes et artisans mohawks, algonquins, abénakis, innu, mi’cmags,
hurons-wendat, ojibway nous y attendent. Le samedi 21 juin à 14h, Jour national
des Autochtones, la Marche des danseurs, comme une main tendue en signe
d’amitié et de bienvenue, nous guidera de la rue Saint-Denis (au sud de
Sherbrooke) au Parc Émilie-Gamelin.
Dans le cadre des manifestations en arts visuels de Présence autochtone,
l’Usine C accueille du 9 au 30 juin, Rituels de l’immédiat, une
exposition d’assemblages de Raymond Dupuis. Enfin, du 5 au 30 juin, à la
Bibliothèque nationale du Québec, on présente Jeux de création, une
exposition de jeux d’échecs créés par des Autochtones du Québec et d’Amérique
du Sud; des ¦oeuvres uniques conçues selon les spécificités des cultures
d’origine de chacun des artistes et artisans.
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Criticus Politikos ou
Delinkan Politique
(Opinions et
réactions à des événements)
Confiance
secondaire!
(Réaction envoyé à Maisonneuve en direct, la
tribune politique de la radio de Radio Canada)
28 novembre, 2003
J’étais en voiture lors de
Maisonneuve à l’écoute vendredi quand Frédéric Nicoloff a demandé à M. André
Caron, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec, qui proposent d’abolir les cégeps, on fait quoi avec les
humanité? Tout ça, ne sera plus la responsabilité des collèges? La
réponse fut d’abord je n’ai pas compris le sens de votre question et ensuite
« les humanités? Le personnel ? » Et bien M. Caron, c’est
justement à ça que servent les cégeps : savoir que la culture ne se limite
pas à Star Académie et Loft Story et savoir c’est quoi les humanités! Vous
étiez loin de me rassurer dans votre entrevue. Que non! Je transfèrerais plutôt
le second cycle du secondaire aux cégeps, car les réponse de Gaëtan Boucher, président de la Fédération des cégeps,
étaient beaucoup plus convaincantes que les votre, surtout quand il a souligné
que si la durée du cégep s’étend, c’est à cause qu’ils ont à refaire le travail
qui n’a pas été fait à votre niveau. Si vous voulez remettre les structures en
cause, remettez d’abord votre corporatisme, M. Caron, Car ce corporatisme
empêche des diplômés universitaires d’enseigner dans leurs disciplines
(Histoire, Sciences Sociales, Économie) et de faire aimer ces disciplines aux
élèves sous prétexte qu’ils ne sont pas formés en pédagogie! Pendant ce temps,
on continue à former des diplômés sans emploi et on dit aux jeunes que l’école
c’est important. You bet, ce n’est pas le message qui est envoyé… quand ils
voient des diplômés sans emploi ou leurs servir leur trio chez Mc Do!
Michel Handfield
Consultation publique sur le Régime des rentes
24 octobre, 2003
(Révisions mineures 1er novembre, 2003)
« Le gouvernement Charest voudrait modifier
le Régime des rentes de la province pour inciter les travailleurs à rester sur
le marché de l'emploi au-delà de l'âge de la retraite. Fini la liberté 55 : on
vous incite à travailler au-delà de 65 ans. » (Maisonneuve en direct,
Radio-Canada la première chaîne: http://radio-canada.ca/radio/maisonneuve/
***
On a peur de ne pas avoir assez de Main-d'oeuvre
et on veut garder celle que l'on a au-delà de 65 ans! Mais en même temps l’on a
de la misère à utiliser celle que l'on a déjà: pas d'expériences, trop
d'études, pas dans le bon domaine d’études (malgré les « connaissances
transversales »), etc.
Serait-ce parce que l'on veut forcer les gens à conserver des emplois, dont les
conditions se dégradent continuellement, contre leur gré en rendant les
conditions de la retraite de plus en plus difficile? De quoi faire plaisirs au
Conseil du Patronat. Quand on est en concurrence avec des pays aux conditions
près de l'esclavage et que la mondialisation vise l'importation des produits
les moins coûteux (même si on les vends au même prix au consommateur!) plutôt
qu'une amélioration des conditions de travail dans ces pays, il faut trouver le
moyens de réduire nos conditions de travail ici.
Regardez la mode qui favorise la formation professionnelle et les diplômes de
cégep sans le tronc des études obligatoires; tout pour sortir les
apprentissages critiques chez nos jeunes. On veut des employés qui suivent les
ordres sans questionner! Belle société. Et cela était aussi vrai sous le PQ que
le PLQ!
Hyperlien:
Michel Handfield
Montréal
23 octobre 2003
Palmarès des écoles, « quossa donne »?
(Au sujet du Palmarès annuel des écoles du magazine L’actualité du 1er novembre
2003)
Écoutez, j’ai 45 ans, j’ai fréquenté l’école
publique pour le primaire et le secondaire, dont Joseph-François-Perrault qui avait mauvaise réputation à mon époque
(début des années 70), ce qui ne m’a pas empêché d’aller au Collégial privé
(Marie-Victorin) et de faire un bac et une maîtrise!
Par contre, quand j’applique pour des emplois,
ça ne marche jamais, par manque d’expériences, même pour un poste ne demandant
qu’un secondaire V dans la fonction publique. On m’a même récemment
répondu que ma candidature « ne
peut être retenue puisque vous ne possédez pas l’expérience pertinente
c’est-à-dire une expérience acquise dans l’exercice d’attributions comparables
à celles indiquées dans l’appel de candidatures »! Bref, à moins d’avoir
de bons contacts, et c’est peut être le seul avantage de l’école privé d’y
rencontrer les bonnes personnes pour avoir un bon réseau de contacts (avec des
fils de ministres et de VP), vaut mieux travailler et accumuler de
l’expérience, quitte à reprendre les études plus tard, une fois sur le marché
du travail! C’est ce que le marché envoie comme réponse. C’est du moins ce
qu’il m’envoie!
Michel Handfield