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Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

            D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

 

www.homestead.com/societascriticus

 

Vol.6  no. 2

 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

 

Pour nous rejoindre:

di_societas@hotmail.com

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

 

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer par courriel. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

Édito

Dossier (Triptyque électoral)

Quintet plus un contre Bush! (Sur FAHRENHEIT 9/11 et quelques livres)

Sous la jaquette!

Nouveaux livres reçus

Les Films

Festival des Films du Monde, 2004

Notes d’écoutes

Spectacles

 

 

 

Index

 

 

Nos éditos

 

 

Commerce et familles, question de l’heure!

Michel Handfield

 

1er septembre, 2004

 

Un débat d’importance attend le Québec : doit-on restreindre les heures d’ouvertures des magasins pour sauver la vie familiale et sociale? Pour le ministre Audet, du Développement économique, une telle mesure est bonne pour la famille et le développement économique, car ça crée de l’emploi et comme chacun le sait la création d’emploi crée de la richesse pour les familles! Pour le ministre Béchard, Emploi et solidarité, l’ouverture des magasins tous les soirs et le dimanche, nuit probablement aux familles, ce qui est de sa responsabilité. Que faire, surtout que nos deux ministres ont raison? Je vous offre donc une proposition originale!

 

Les heures d’ouvertures créant de l’emploi et de la richesse, créons-en tout simplement davantage tout en y ajoutant de la flexibilité pour respecter toutes les familles! Comme la loi oblige les commerçants à suivre le mouvement sous peine d’amendes, étendons cette loi à tous les emplois et  toutes les entreprises : les écoles, les banques, les bibliothèques, les bureaux des députés, les garderies, les cégeps seront tous ouverts aux mêmes heures que les commerces! Ainsi, qui travaille le samedi/dimanche pourra envoyer ses enfants à l’école les samedis/dimanches et prendre congé avec eux les mardis/mercredis par exemple. Qui travaille de midi à 21h pourra envoyer ses enfants à l’école de midi à 21h! Les classes devront être plus petites, favorisant ainsi une éducation de qualité et l’embauche de davantage de professeurs – qui consommeront et feront croître l’économie – ce qui ne pourra que contribuer au développement économique du Québec comme le dit le Ministre Audet! Et ce qui est le plus beau dans l’affaire, c’est que les professeurs ne pourront même pas être contre cette mesure, puisque ce mouvement de l’ouverture des magasins jusqu’à 21h tous les soirs est parti du puissant fonds de pensions des Teachers, propriétaire des Centres à la mode! Ne sont-ce pas des valeurs syndicales l’égalité, l’équité et la comparaison avec l’Ontario quand ça fait leur affaire? 

 

So-So-So Solidarité! Vive le travail de 9h à 21h et le week-end pour tous les emplois!

So-So-So Solidarité! Vive la création d’emploi!

So-So-So Solidarité dans le développement économique!

 

 

 

 

Pour une police rentable!

Michel Handfield

 

16 août, 2004

 

Un article a attiré mon attention dans Le Devoir d’aujourd’hui : « L’écoute électronique doit être financée par les abonnées, croient les policiers » (p. A 3) En effet, les chefs de police proposent d’hausser nos tarifs téléphoniques de 25 sous par mois pour financer l’écoutent électronique qui sert à contrer le terroriste et la criminalité. C’est le principe d’utilisateur payeur dans sa plus pure expression.

 

Bravo, il était temps d’y penser. Je propose donc de suivre cette ligne de pensée jusqu’au bout et que les policiers paient leur véhicule de police et son entretien… puisque ce sont eux qui s’y baladent, pas moi! On devrait aussi rentabiliser les caméras des autos patrouilles en vendant certaines images à la télé! Les profits des images de « necking », sans distinction d’orientation sexuelle, pourraient même servir à financer les enquêtes sur la pédophilie et les crimes sexuels par exemple! Parlez moi d’une police rentable!

 

 

  

Financer le développement!

Michel Handfield

 

13 juillet, 2004

 

Cette fin de semaine Le Devoir soulignait que le Québec est parmi les cancre de l’Internet et que Montréal est « la seule grande ville canadienne où le nombre de ménage internaute a diminué entre 2001 et 2003 » (1);  que le Conseil de presse doit travailler à renforcer la presse indépendante (2); et que, malgré tout cela, le magazine indépendant Recto Verso ferme après 50 ans de publication faute de financement public! (3) 

 

En tant qu’éditeur d’un cybermagazine (4) de critique sociale et politique, je tiens à souligner cette incongruité : pour être financé il faut beaucoup de tirage papier, ce qui fait qu’un média qui parle de sports, d’astrologie, de sexe, de la dernière coupe de cheveux des stars, de la couleur de leur cutex ou de leur nouvel amant va toujours avoir plus de lecteurs et de financement public qu’un média qui traite de recherche scientifique; d’analyse sociale, de politique; ou de culture. Mais quand on parle du niveau culturel,  éducationnel ou scientifique d’une société ou d’un pays regarde-t-on le tirage des revues d’astrologie ou de vedettariat? Non! On cite plutôt nos magazines indépendants et sous financés, qu’ils soient alternatifs, scientifiques ou culturels! Il serait donc temps de distinguer culture et commerce!

 

Ce sont justement nos revues indépendantes et alternatives, ce qui inclut les webzines, dédiés à la science, à la culture, aux humanités, à la politique et à la société qui ont besoin du financement public, que ce soit Le Devoir (quotidien), Recto Verso (magazine) ou Societas Criticus (cybermagazine), car elles font œuvre d’éducation  et de débats sociaux et sont souvent tenues à bout de bras par leurs artisans. Les revues commerciales, pour leur part, peuvent déjà bénéficier de crédits d’impôt, alors pourquoi leur donner du financement public supplémentaire sur la seule base de leur tirage, surtout lorsque ce sont des outils de marketing, dans la convergence, dont l’objectif n’est pas d’éduquer mais bien de faire un profit en faisant écouter l’émission X ou en vendre les produits dérivés! Des critères qualitatifs doivent être pris en compte dans le choix du financement des magazines et des cybermagazines, car des critères exclusivement quantitatifs sont loin d’être un gage de qualité suffisant en terme de culture et d’informations. (5)

 

Le PLC, qui aimerait bien entrer dans le secteur de l’éducation, sans faire de remous au Québec, devrait en profiter pour financer et promouvoir les revues alternatives et indépendantes, incluant les revues Internet (cybermagazines ou webzines), car elles ont une vocation éducative et sont oubliés par Québec. Qui pourrait alors reprocher au Fédéral de les financer si Québec ne le fait pas?  

 

Les revues commerciales pourraient toujours reprocher ce financement pour la forme, mais l’industrie sait bien que ce secteur alternatif et indépendant constitue un artisanat culturel et scientifique (6) nécessaire à la vitalité du secteur malgré sont faible lectorat selon des critères purement commerciaux  Ces magazines/webzines sont peut être à la marge, mais combien d’idées de la marge sont devenues le mainstream une fois récupéré par des industries qui ont su les diffuser et, surtout, les commercialiser. Faudrait peut être les financer si on veut assurer notre développement.

 

Financer le développement! Qui peut être contre la vertu? Alors il faut changer la politique de financement des magazines et cybermagazines au plus tôt pour tenir compte des besoins de nos médias/cybermédias indépendants. Et s’il faut une commission d’étude sur le sujet, veuillez prendre note de ma disponibilité à y siéger moyennant rémunération. Car le bénévolat je le réserve à mon cybermagazine en attendant du financement public.             

 

Notes:

 

1. Stéphane Baillargeon, « Internet : le Québec parmi les cancres », in Le Devoir, Vendredi 9 juillet 2004, p. A-3

 

2. Paul Cauchon, « La société civile a besoin d’un arbitre » in Le Devoir, Vendredi 9 juillet 2004, pp. A-1 et A-8. Ce texte débute par ces mots :

 

« Seul un meilleur financement peut garantir l’indépendance du Conseil de presse, selon son président. »

 

 3. Paul Cauchon, « Recto Verso n’est plus qu’un souvenir », in Le Devoir, Les Samedi 10 et Dimanche 11 juillet 2004, p. A-3. Il est à souligner qu’en même temps…

 

« Patrimoine Canada avait déversé des millions pour soutenir les grands groupes comme Rogers, Transcontinental et Québécor, mais avait accordé moins de 30 000$ à Recto Verso, avant de l’exclure de son programme. »

 

4. J’utilise indistinctement cybermagazine, webzine et revue Internet comme étant synonyme.

 

5. Quelques personnes m’objecteront qu’utiliser des critères qualitatifs, c’est subjectif. C’est vrai, mais prenons un exemple pour montrer que qualité ne rime pas nécessairement avec quantité : une Chevrolet cavalier n’est pas de qualité supérieure à une Rolls Royce, pourtant on en produit et on en vend davantage! La même chose est vrai en terme de médias écrits : le tirage n’est pas synonyme de qualité. Pourquoi en faire la base du financement public?  

 

6.  Cet artisanat culturel et scientifique est fait de penseurs, de chercheurs, d’écrivains, d’artistes et de journalistes freelances.

 

 

 

L’ordre et le désordre!

Michel Handfield

 

19 juin, 2004

 

 

Pour certains électeurs et commentateurs de la scène politique, les Conservateurs représentent l’ordre, alors que les Libéraux représentent le désordre. Je vous pose donc la question suivante :

 

Préférez-vous lire un dictionnaire ou un livre?

 

Pourtant les mots sont en ordre dans un dictionnaire et dans le désordre dans un livre, mais il s’agit d’un désordre créatif. Il peut y avoir quelques erreurs aussi et on le pardonne à l’auteur, car c’est le propre de la créativité! Ce n’est qu ‘à ce prix que l’on peut aller plus loin, car qui ne veut pas faire d’erreur ne fait rien. Pensez-y avant d’aller voter!

 

  

 

Bravo à ceux qui se sont donnés le droit de se prononcer sur Montréal

Michel Handfield, M.Sc. sociologie

(Université de Montréal et je le spécifie pour ne pas être assimilé à un anglophone)

 

21 mai, 2004

 

Combien de citoyens de l’ancien Montréal ont voté pour la tenue d’un référendum? On parle de 0,2%. La question m’intéresse, car j’en suis. Pour deux raisons.

 

D’abord parce qu’on a effacé Montréal et qu’on l’a remplacé par une nouvelle ville qu’on a aussi appelé Montréal, mais qu’on aurait pu appeler Harelville ou Bouchardville, les villes étant une création de la province. Comme si Montréal n’existait pas avant la province du Québec. C’est faire fi de mes racines montréalaises qui datent des débuts de Montréal de par ma famille maternelle.

 

 Ensuite, étant cycliste, je ne suis pas cantonné qu’à mon arrondissement. C’est ainsi que j’ai déjà fait une demande aussi simple à mon conseil de quartier que d’avoir des arrêts/stops à certains carrefours dangereux de la piste cyclable de la rue Boyer, qui traverse plusieurs arrondissements, et que la réponse fut d’aller le demander au Conseil des arrondissements concernés ou à la ville centre! C’est dire qu’une île, une ville fait en sorte que le citoyen doit maintenant savoir quand siègent les 27 conseils d’arrondissements et le conseil de la ville centre et trouver le temps de s’y présenter pour adresser ses demandes s’il n’est pas cantonné dans son arrondissement et vit sa ville! Nos conseils d’arrondissement ne sont surtout pas un guichet d’entrée vers la ville centre et nos conseillers ne peuvent servir de courroie de transmission vers les autres arrondissements ni le Conseil de ville. Une île, une ville me fait penser à la création de 27 petits fiefs. J’étais contre et je l’ai exprimé! J’en suis fier.

 

Mais nous, montréalais de l’ancien Montréal, nous ne nous sommes pas donné ce droit. Bravo à ceux qui se le sont donnés. Ils peuvent choisir Montréal ou leur ancienne ville maintenant. C’est ce choix démocratique qui compte, quoi qu’ils décident. Car ils peuvent choisir Montréal, mais ils l’auront choisi en toute connaissance de cause et démocratiquement eux. Pas nous.

 

 

 

 

A la recherche du « Pouvoir » perdu… dans la grande ville

Michel Handfield, citoyen de l’ancien Montréal

 

10 mai, 2004

 

En avril nous apprenions dans le journal de St-Michel que l’usine Gazmont, qui ne devait brûler que les biogaz du site d’enfouissement St-Michel (ex-carrière Miron) pour produire de l’électricité (une façon de se débarrasser des biogaz en les revalorisant), entend maintenant y brûler du mazout lourd, beaucoup plus polluant, avec l’accord de la ville centre! La question se pose alors de savoir si l’arrondissement a la capacité de bloquer cette décision?

 

J’ai posé la question au Conseil d’arrondissement du 4 mai et la réponse fut que le Conseil d’arrondissement n’a pas de pouvoir sur cette décision prise par la ville centre. Reste seulement le Ministère de l’environnement qui pourrait la renverser. Dans ces conditions à quoi sert d’avoir un Maire et des conseillers d’arrondissements? N’ont-ils pas des pouvoirs sur ce qui se fait  dans l’arrondissement? Ne sont-ils pas responsables du plan d’urbanisme et des changements de vocation? N’est-ce pas du même ordre, car l’autorisation de construire Gazmont était conditionnelle à l’utilisation des biogaz de l’ancien dépotoir Miron. Brûler du mazout lourd n’est-il pas un changement par rapport à l’autorisation initiale qui aura un impact sur le milieu? Un impact qui devrait relever du plan d’urbanisme au même titre qu’une demande de dérogation pour ouvrir un restaurant dans une zone non autorisée à cet effet.

 

Peut être que nos conseiller ont un pouvoir sur ce qui est local, mais tout de même très limité. Cela me laisse pantois sur leur utilité, d’autant plus qu’ils ne semblent pas avoir une grande capacité de transmission inter arrondissement ou avec la ville centre. C’est ce que j’ai observé à quelques reprises.

 

Étant cycliste, je ne suis pas cantonné qu’à mon arrondissement. C’est ainsi que j’ai déjà fait une demande aussi simple que d’avoir des arrêts/stops à certains carrefours dangereux de la piste cyclable de la rue Boyer, qui traverse notre arrondissement et des arrondissements voisins. La réponse fut d’aller le demander au Conseil des arrondissements concernés ou à la ville centre! (1) C’est dire qu’une île, une ville fait en sorte que le citoyen doit maintenant savoir quand siègent les 27 conseils d’arrondissements et le conseil de la ville centre et trouver le temps de s’y présenter pour adresser ses demandes s’il n’est pas cantonné dans son arrondissement et vit sa ville! Nos conseils d’arrondissement ne sont surtout pas un guichet d’entrée vers la ville centre et nos conseillers ne peuvent servir de courroie de transmission vers les autres arrondissements ni le Conseil de ville – même s’ils sont payés pour y siéger et nous y représenter. C’est le citoyen qui doit se déplacer pour adresser ses demandes, comme si on avait créé 27 petits fiefs plutôt qu’une ville. Alors qu’on ajuste leurs salaires au tarif des fiefs et non des grandes métropoles!

 

Pour ma part j’ai toujours été contre une île, une ville, car la taille est loin d’être garante de succès. On a juste à penser à Enron et quelques autres grandes entreprises qui sont continuellement sous le poumon artificiel de l’État pour vivre. Plus gros ne rime pas nécessairement avec efficacité, c’est clair! (2) Le PQ nous a joué avec ce projet et maintenant c’est au tour du PLQ, avec la loi des défusions, de se jouer de nous. Cette loi est tellement mal foutue que défusionner quelques villes ne règlera strictement rien, puisque la ville centre gardera son Pouvoir sur elles. La seule solution serait que toutes les villes, incluant l’ancien Montréal, demandent la défusion, ce qui forcerait le PLQ à mettre ses culottes et à écouter Montréal, car la ville de Montréal ne serait plus qu’une coquille vide! Il faut donc s’inscrire au registre de nos ex-municipalités respectives pour demander la tenue d’un scrutin référendaire sur le sujet. (3)

 

Le problème de Montréal est que le PQ l’a toujours tenue pour perdu et l’a privée autant qu’il a pu alors que le PLQ, le tenant pour acquise, la néglige au dépends des régions qu’il a besoin pour prendre le Pouvoir. Depuis le départ de Jean Drapeau, Montréal est devenu une ville comme une autre et le champ de bataille du Québec au lieu d’être la locomotive qu’elle devrait être. Ce n’est pas une île, une ville, qui réglera ça. Peut être que le Maire y gagne en prestige, mais il y perd en pouvoir, car on noie Montréal dans l’immense région de la Métropole! C’est Québec qui a le vrai Pouvoir. On ne peut même pas choisir quoi faire de notre rue Notre-Dame bordel! Malgré que Montréal fût fondée en 1642, soit bien avant la Province du Québec, le PQ ne s’est jamais gêné pour dire que la ville est une création de Québec. Et personne dans nos élites montréalaises pour se tenir debout et leur dire d’aller se promener sur les plaines d’Abraham pour rester poli!

 

Il me semble qu’au lieu de s’y plier les élites montréalaises auraient pu organiser un référendum dans toutes les villes de l’île, la grande région de Montréal et le Sud-Ouest du Québec (où le non fut majoritaire au deux référendums sur la souveraineté) pour nous séparer du Québec et faire une nouvelle province. L’affront était de taille et Stéphane Dion n’aurait pu dire non à une nouvelle province, lui qui parlait de partition du Québec en cas d’un référendum gagnant sur la souveraineté en 95! La province de Montréal eut été une belle aventure.

 

Notre chance revient, car si toutes les villes de l’île votent pour la défusion on pourrait ressortir cette menace d’un référendum pour nous séparer du Québec si on n’obtient pas les pouvoirs que l’on veut. Citoyens de Montréal et des régions environnantes tenons nous debout! Citoyens de Montréal unissons nous contre la grande ville pour le bien de Montréal! Vive Montréal, vive Montréal libre, vive la province de Montréal! (4)

 

 

Notes :

 

1. Demande lors de ma saison vélo 2003

 

2. On peut penser ici à un livre qui a connu beaucoup de succès, mais qui fut peu appliqué : Schumacher, E F, 1978, Small is beautiful, Paris: Seuil, coll.

Point.

 

3. Ces registres seront ouverts  du 16 au 20 mai dans l’île de Montréal.

 

4. Dites vous aussi que la province de Montréal sera plus forte qu’une simple ville et bénéficiera d’appuis financiers et de pouvoirs supérieurs à une simple ville. En terme de population nous serions même supérieur à quelques provinces déjà existantes, mais sur un territoire plus restreint, ce qui nous ferait bénéficier d’économie d’échelles importantes. Nous serions aussi ouvert sur les frontières de l’Ontario, des Etats-Unis et du Québec, ce qui nous placerait en bonne posture au plan économique. Quant aux empêcheurs de tourner en rond, comme la coalition Montréal (www.coalitionmontreal.com), je ne suis pas sûr que leurs intérêts coïncident avec ceux des citoyens. Quant on voit un Président de syndicat (Henri Massé, Président de la FTQ) et un Président de Chambre de commerces (Benoît Labonté, Président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain) unis derrière une telle cause, c’est qu’ils y voient l’intérêt de leurs membres et je ne suis vraiment mais vraiment pas sûr que l’intérêt de leurs membres  coïncident avec ceux des citoyens dans ce cas là!

***

 

Index

 

Dossier

 

Triptyque électoral

Michel Handfield

 

16 juin, 2004

 

I. Les Choix politiques Québec/Canada!

 

 

Le 28 juin 2004 les canadiens devront aller aux urnes. Devoir d’électeurs. Pour nous c’est l’occasion de faire un bilan des principaux partis en place au Canada et de jeter un coup d’œil rapide au Québec, vu la particularité québécoise.

 

Naturellement, plusieurs citoyens ne croient plus aux grands partis et ne vont tout simplement pas voter ou annulent leur vote une fois dans l’isoloir. Mais attention, cette année est particulière et chaque vote compte… surtout pour les tiers partis! En effet, la nouvelle loi électorale fait en sorte que chaque parti qui obtiendra 2% des votes exprimés recevra un financement public de « 0,4375 $ multiplié par le nombre de votes validement exprimés à l'élection générale précédant le trimestre visé » (1), ce qui signifiera un financement sûr pour des partis qui n’en avaient pas ou peu jusqu’à présent. Une occasion d’aider à leur organisation. Certains partis, comme les Verts, fondent de grands espoirs sur ce financement. Alors, avant d’annuler votre vote ou de décider de ne pas aller voter, vous devriez considérer les partis qui correspondent à vos valeurs pour leur accorder au moins un financement qu’ils n’auront pas sans votre appui même s’ils ne font élire aucun candidat.

 

Même si ces tiers partis n’ont pas de chance de prendre le pouvoir dans cette élection, les soutenir aura un impact important sur la politique canadienne : l’effet d’influence. En effet, si certaines idées de ces tiers partis reçoivent un appui important des citoyens, par les sondages d’opinions notamment, ces idées seront en partie récupérées par les grands partis, le cas échéant, et influenceront le portrait politique. Ce vote en est un d’influence sur le gouvernement qui sera en place. Ce sont là deux bonnes raisons de ne pas annuler votre vote même si les grands partis ne vous satisfont pas! 

 

***

 

Que votre décision soit prise ou non, nous sommes face à une situation particulière; avec la possibilité d’un gouvernement minoritaire. Votre choix est plus important et stratégique que jamais. Nous examinons donc quelques unes de ces options. A la fin de ce dossier, vous trouverez aussi des hyperliens vers les différents partis politiques pour vous aider dans votre choix.   

 

 

Les conservateurs 

 

Dans les deux dernières décennies nous avons vu les ravages de la politique conservatrice au Canada, aux Etats-Unis et en Angleterre, avec Mulroney (Canada), Thatcher (Angleterre), Reagan (USA), Bush (USA), Harris (Ontario),  Bouchard (PQ) et Charest (PLQ), qui revient justement avec l’idée d’exportation d’eau en vrac de Bouchard, pour ne nommer que les principales vedettes du conservatisme. (2) C’est suffisant pour écarter ce choix d’emblée. Pour mettre le clou final sur cette question, rappelons qu’Harper veut déchirer le protocole de Kyoto et qu’il est un tenant des privatisations et du modèle États-uniens. Risque-t-on de privatiser des sociétés publiques comme Poste Canada et Radio-Canada?

 

 

Le Bloc Québécois (ou Bloc)

 

Au Québec les sondages semblent indiquer que le Bloc Québécois est en avance. Cela se comprend car ce parti peut jouer la pureté, n’ayant jamais été au pouvoir. Mais attention, ceci est un leurre, car si ce parti ne sera jamais au pouvoir, son intention étant la souveraineté du Québec, il serait raisonnable de le juger à la lumière de ce qu’a fait son aile ministérielle : le Parti Québécois (PQ). En effet, si ce parti atteint son objectif, la souveraineté du Québec, ce sera le PQ qui sera au pouvoir, non le Bloc! Dans ce contexte il est donc raisonnable de comparer le PQ au Parti Libéral du Canada (PLC). Il est vrai que les libéraux traînent le scandale des commandites, mais de l’autre combien de fonds publics ont été dilapidés dans des entreprises privées? On est allé jusqu’à subventionner des usines d’embouteillage d’eau et n’eut été de la vindicte populaire on pensait même exporter de l’eau en vrac par bateau! Alors que les Arabes tirent un bénéfice de l’or noir – le pétrole – les PQ a trouvé le moyen de subventionner les producteurs d’or bleu! Quelle gestion avantageuse pour le Québec. De plus, parlant pétrole, alors que le Bloc en a contre la hausse des prix de la gazoline, il oubli de mentionner que son aile ministérielle (le PQ) a fait une loi empêchant la guerre des prix à la pompe!  Si le prix monte, c’est la faute d’Ottawa nous dit le Bloc; mais s’il ne baisse pas, c’est la faute de Québec, mais ça le Bloc ne le dit pas! Démagogie de ma part? Certainement, car j’émule ici la démagogie de notre célèbre couple Bloc/PQ! On a justement sorti le PQ à cause de cela, on n’est tout de même pas pour élire le Bloc sur la base de cette même démagogie! 

 

Le Bloc oublie aussi de dire que la « subventionnite aiguë » dont a souffert le Québec sous le PQ fut plus importante que le programme des commandites du fédéral! Combien nous ont coûtés les aventures de Québécor, Montréal Mode (Caisse de dépôt) et de la SGF, le tout accompagné de généreux bonus aux administrateurs malgré des rendements fortement négatifs? (3) Paradoxe quand tu nous tiens. Le Bloc devrait avoir une aile québécoise si son objectif est de protéger les intérêts des québécois, car au Québec nous en aurions bien besoin, pris entre trois partis néolibéraux! (A ce sujet voir notre troisième partie.)

 

Par contre le Bloc se félicite d’avoir fait certaines propositions que les Libéraux n’ont pas rejetés et ont même fait leur. Cette ouverture serait-elle possible avec un gouvernement conservateur? Nous ne le croyons pas; alors si le Bloc empêche la réélection d’un gouvernement Libéral, il se condamnera à parler dans le vide et le Québec sera perdant avec le retour de valeurs ultraconservatrices et réactionnaires à Ottawa. Une situation particulière ou gagner sera perdre! 

 

Le Bloc québécois nous apparaît aussi quelque peu hypocrite, rejetant la constitution sur ce qui ne fait pas son affaire, mais l’invoquant sur ce qui la fait; comme invoquer le fait que les municipalités sont une « création » des  provinces pour favoriser un geste aussi antidémocratique que les fusions municipales forcées par le PQ! Si le Bloc et le PQ ne reconnaissent pas la constitution, qu’ils aient au moins l’éthique de ne pas l’invoquer quand elle fait leur affaire.

 

   

Le Parti Libéral du Canada (PLC)

 

Le PLC est un parti centriste, tantôt plus à gauche, tantôt plus à droite selon les chefs. Il ratisse large au centre et intègre des idées des autres partis à l’occasion. Ce n’est pas pour rien que le Bloc québécois peut se venter d’avoir influencé les Libéraux, car c’est dans leur nature d’intégrer des idées des autres si elles sont acceptées par la population. Il est loin d’être sûr que les conservateurs auront la même ouverture, car c’est un parti davantage idéologique que pragmatique. Le PLC est en quelque sorte un parti de gouvernement. 

 

Naturellement être un parti de Pouvoir a du positif et du négatif, car il attire à la fois des candidats qui veulent faire des choses, qui ont le sens du don ou du bien commun, mais aussi quelques arrivistes, ce qui peut mal le faire paraître à l’occasion. Des partis voués à l’opposition, comme le Bloc Québécois, le NPD ou les Verts n’ont pas ce problème, car ces partis attirent plutôt des idéalistes. Mais attention, un parti comme le PLC a aussi ses idéalistes, car il en faut pour amener un renouvellement des idées en son sein, mais ils s’expriment davantage dans les congrès et les caucus qu’en public par solidarité pour le parti.

 

Ma préférence va donc aux Libéraux, car je ne suis pas, en gestion d’État, un extrémiste, mais plutôt de centre gauche et pragmatique. Je reconnais que je ne suis pas toujours d’accord avec le parti, car c’est parfois l’aile droite qui a la pôle position, mais on ne va jamais à l’extrême droite comme les conservateurs. Ce parti offre une position de sûreté contre les extrémismes. 

 

De plus, étant très montréalais, je crois aussi au municipalisme et le fait que les Libéraux promettent de reconnaître les villes comme un niveau de gouvernement de plein droit vient me chercher. Ne serait-ce que pour cela ils auraient droit à mon vote, car je n’ai jamais accepté cette notion que ma ville soit une création provinciale. Une ville c’est une communauté de plein droit, rien de moins! Il est temps de le reconnaître.

 

L’autre changement constitutionnel que j’aimerais que les Libéraux fassent en serait un à la Charte des Droits et Libertés pour en faire une charte des Droits, Libertés et Responsabilités, car les tribunaux l’oublient à l’occasion dans leurs jugements et peuvent trop facilement libérer un criminel si la police n’a pas respecté ses droits. Avec l’ajout de la Responsabilité, la justice pourrait faire un procès séparé à la Police qui n’a pas respecté les droits du criminel sans l’absoudre pour autant de façon quasi automatique, surtout s’il s’agit d’un crime violent, sur le seul fait que ses droits et libertés n’ont pas été respectés; puisque lui même n’a pas agit en fonction de ses responsabilités envers autrui et la communauté. Cependant, cette objection ne me pousse pas au conservatisme qui confond justice et morale.     

 

Naturellement, certains diront « Et le scandale des commandites? » Je fais donc un aparté sur le sujet ici.

 

Le privé, le financement des partis politiques, l’implication citoyenne et la démocratie

 

Effectivement, le scandale des commandites a fait parler. Mais, cyniquement, pouvions nous nous attendre à autre chose quand l’idéologie transmise par les médias et les faiseurs d’opinions ne fait que répéter le credo que le privé fait mieux que le secteur public et à moindre coût! Le gouvernement a donc suivi l’idéologie dominante et a fait faire le travail par le privé. Surprise, ça a coûté plus cher pour rien! Mais rien n’y fait, l’idéologie que le privé fait mieux les choses à moindre coût demeure dans les médias et la population. On traite donc ce cas comme un scandale pour ne pas remettre en cause le paradigme dominant qui dit que le privé fait mieux!  C’est pourtant à ce paradigme que l’on devrait s’attaquer (4), car bien des services non commerciaux, stratégiques, politiques et fondamentaux ne peuvent être développés et gérés que par le secteur public, même si quelquefois le privé peut servir en renfort. Dans d’autres secteurs des partenariats avec le privé, le communautaire ou le secteur coopératif peuvent être le meilleur choix, mais cela doit être regardé au mérite et à la pièce; non en bloc, sur une base idéologique, comme voudraient le faire les conservateurs.

 

En fait c’est le propre de tous les gouvernements d’avoir recours à des firmes proche du parti. Si le Bloc Québécois peut se venter qu’il est propre à ce niveau – car il ne peut gouverner – il ne peut en dire autant de son aile gouvernementale! Le PQ a justement pensé privatiser l’eau pour aider SNC-Lavalin, même si cela « entraînerait inévitablement des tarifs plus élevés pour les consommateurs » (Bernard, Lauzon,  Patenaude et Poirier, 1998, p. 99). Pas besoin de chercher loin dans une société somme toute assez petite pour voir qu’il y a toujours eu des relations privilégiées entre les secteurs  public et privé et des passages de l’un à l’autre parmi ses élites. Les amitiés sont là. Se sont ainsi retrouvé chez SNC-Lavalin Guy St-Pierre (ancien ministre du PLQ); Pierre-Marc Johnson (ancien Ministre puis premier ministre du Québec sous le PQ); Jean Doré (ex Maire de Montréal); Yvon Lamarrre (ex bras droit du Maire Drapeau de Montréal) et Paul M. Tellier (ancien secrétaire du Cabinet du Gouvernement du Canada; Président du CN et maintenant de Bombardier). (5) Que dire de ceci, en parlant de commandite :

 

«  Lors du dépôt du budget, M. Bernard Landry, ministre des Finances, annonçait un investissement d'environ 100 millions $ pour la culture, mais dont près du tiers ira à la Société des événements majeurs internationaux du Québec, une société créée... le 8 mars 2000, soit six jours avant l'annonce du budget !

 

   Les principaux administrateurs de cette toute nouvelle société sont, selon l'Inspecteur des institutions, Pierre-Marc Johnson, ancien premier ministre du Québec, Adélard Guillemette, le sous-ministre de la Culture et Lucille Daoust, la sous-ministre déléguée au Tourisme. » (Tremblay, 2000)

 

Le tout se passait sous le Gouvernement Bouchard, justement l’ancien chef du Bloc. 100 millions (le scandale des commandites) c’est quoi à côté « du versement de 730 millions des surplus de l'État à huit OSBL », probablement créé pour retirer cet argent du budget Landry-Bouchard de 2000-2001,  pouvons nous nous demander, surtout quand Québec se plaint de ne pas recevoir assez de fonds d’Ottawa?  Lucien Bouchard a d’ailleurs dû reconnaître « que le transfert des surplus budgétaires à des organismes sans but lucratif (OSBL) "n'est pas la meilleure méthode de gestion" et qu'il faudra "éviter de transférer des surplus à des fonds externes" » à l'avenir (Baillargeon, 2000). Les 100 millions des commandites du PLC c’est quoi à côté de ces 700 quelques millions sortis de l’État par le PQ? De la petite bière, mais le Bloc ne peu le dire au nom de la différence québécoise qu’il défend si ardemment!

 

On pourrait continuer ainsi pour tous les gouvernements, car aucune administration publique n’y a échappé dans l’histoire. Machiavel est fort instructif à ce sujet. Mais on a généralement tendance à l’oublier. En fait, le seul problème du scandale des commandites, c’est qu’il est sorti à la veille des élections et que nous n’avons pu l’oublier, mais il est dans la norme de la politique…quoi qu’on en dise. 

 

Si nous considérons scandaleuse l’idée des retours d’argents à la caisse électorale du Parti Libéral, posons nous la question : qu’ai je fait pour que cela ne se produise pas? Voterions nous pour un parti qui ne ferait pas de campagne publicitaire pour se faire connaître? Les médias les couvriraient-ils? Non! Faire campagne coûte de l’argent et le membership est loin de suffire. Il faut des dons corporatifs. Et croyez vous que les entreprises donnent sans rien attendre en retour? A moins d’être naïf…

 

En fait, même la loi électorale québécoise, qui théoriquement empêche les entreprises de fournir aux caisses électorales, n’empêche pas les associés d’une firme de contribuer chacun, avec les membres de leur famille, au maximum permis par la loi ou de prendre une table de 10 personnes à un souper bénéfice, que ce soit pour eux ou des membres de leur personnel! Moyen détourné d’atteindre le même résultat de financement pour les partis politiques et d’établir des contacts pour les entreprises. De toute façon les liens sont parfois si étroits entre nos élites politiques et privées que l’étanchéité est une utopie. Par exemple Jean Doré s’est présenté à la Mairie de Montréal en 1998, sous la bannière d’Équipe Montréal, avec Jean Lamarre, le fils de Jacques Lamarre, Président de SNC-Lavalin. (6) Rappelons que SNC-Lavalin voulait justement acheter l’aqueduc de Montréal quelques années plus tôt, avec la bénédiction du PQ, et comptait sur plusieurs ex-personnalités politiques dans son personnel à l’époque! (Bernard, Lauzon,  Patenaude et Poirier, 1998, p. 99) Alors comment croire que les entreprises ne peuvent pas contribuer aux caisses électorales à moins d’être totalement déconnecté de la réalité? 

 

Chez notre voisin du Sud c’est clair : les corporations contribuent aux caisses électorales. Cela se sait et se voit dans les lois qui sont passées ou retirées par l’administration en place pour faire plaisir à leurs généreux donateurs. Croyez-vous que le retrait du protocole de Kyoto par l’administration Bush est un simple fait hasard ou que c’est plutôt le fait que des entreprises pétrolières contribuent généreusement aux républicains? De quoi se demander quelles sont les entreprises donatrices chez nos conservateurs canadiens qui veulent eux aussi se retirer de Kyoto comme par hasard?

 

En fait, il y a deux moyens pour réduire ces jeux de coulisse : un financement démocratique des partis politiques et une implication citoyenne dans ceux-ci. Les libéraux ont fait un grand pas dans le sens du financement plus démocratique avec la nouvelle loi sur le financement politique, qui assure un financement plus équitable des partis politiques sur la base des suffrages reçus à l’élection générale. Ceci  met les partis quelque peu à l’abri d’un financement trop élevé par quelques groupes que ce soit – ce qui inclut les entreprises, les associations, les groupes religieux et les syndicats - qui pourraient les orienter dans une direction ou une autre, voir les « contrôler ». Aux citoyens de faire un autre pas en allant voter pour que les partis qu’ils soutiennent aient droit à ce financement public. Le second moyen de changer la politique est de s’y impliquer en allant donner son point de vue lorsqu’il y a des assemblée publiques, de se faire membre d’un parti de son choix pour apporter son point de vue lors des assemblée de comté, de soutenir des groupes de pression ou d’aller aux marches et manifestations qui rejoignent nos préoccupations. La démocratie n’est pas acquise, elle est construite. Si notre réponse est de dire que l’on se fout de la politique, ne soyons pas surpris que la Politique se foute de nous! Simple retour du balancier.

 

Ceci termine cette longue parenthèse et revenons à notre tour de quelques  partis politiques.      

 

 

Le NPD

 

Ce parti est à la gauche ce que les conservateurs sont à la droite. Parti idéologique dont les idées ne font pas nécessairement un bon gouvernement, mais en font un bon chien de garde. Les quatre années de pouvoir du NPD ontarien ont coûté cher à la province et ont amené un ressac de la droite – avec l’élection des conservateurs – désastreux au plan social. Une bonne alternative au Bloc Québécois si vous voulez voter pour l’opposition! Si vous croyez que le Canada n’a pas de gauche, il serait temps que vous regardiez ce parti.

 

 

Les verts

 

Autre alternative si vous êtes intéressé par l’environnement. Une occasion d’envoyer un message différent à l’Amérique! Car, appuyer les verts est un moyen de s’attacher à d’autres courants, d’origine européenne, qui n’ont pas encore pénétré l’Amérique, trop influencée par les valeurs purement économiques de notre voisin du Sud, et de lui faire savoir que l’économie ne doit pas être la valeur sociale dominante. Une façon de dire que d’autres modèles sont possibles sur ce continent; un moyen de susciter l’espoir! Pensez-y au lieu d’annuler votre vote si les valeurs écologiques vous rejoignent.    

 

 

La différence québécoise!

 

Enfin, nous nous devons de dire un petit mot sur la différence québécoise.

 

Alors que la plupart des provinces et le Canada ont des partis de courrant forts différents, avec les conservateurs à droite, les néo-démocrates à gauche, et les libéraux au centre, le Québec m’a ni gauche, ni droite, mais deux coalitions : l’une fédéraliste (PLQ) et l’autre souverainiste (PQ). Ces coalitions regroupent donc des militants de différentes tendances, de gauche et de droite, ce qui fausse la politique québécoise, car on accepte plus facilement un virage à droite du PQ, pour la cause souverainiste, que du PLQ, car un parti fédéraliste soulève toujours plus de méfiance de la part de nos élites francophones nationalistes qui ont des tribunes pour se faire entendre.  (Voir la section III au sujet de ce virage à droite du PQ) Les syndicats se sont même entendus avec le patronat et le gouvernement Bouchard pour réduire l’État… au nom de la cause nationale. Mais le PLQ n’aurait jamais pu faire une telle rationalisation dans l’harmonie, n’ayant pas la cause! La « cause », c’est l’outil de relation publique par excellence du PQ et il peut la conserver longtemps en réserve, soit tant qu’il n’aura pas les conditions gagnantes pour la réaliser!

 

Plus à droite, mais attentiste sur la question nationale, nous retrouvons l’ADQ et plus à gauche et nationaliste, l’UFP. Un nouveau choix semble aussi vouloir se profiler avec Option citoyenne, le groupe de Françoise David. Peut être que la politique québécoise sortira enfin de cette parenthèse nationaliste/fédéraliste des trente dernières années pour enfin nous proposer de nouvelles solutions, car dans le cadre de la mondialisation le nationalisme a-t-il encore la même signification? De plus, avec le développement du fédéralisme européen, nous devrons tôt ou tard nous poser la question de sa raison d’être? Nous ne pourrons pas garder cette question en suspend indéfiniment au dessus de nos têtes, car il y a de quoi devenir cinglé! D’autres questions devront être posées, d’autres modèles développés. Nous y reviendrons certainement un jour à l’occasion d’un autre texte.     

 

II. Harpeur!

 

Actuellement les sondages indiquent que les conservateurs de Harper sont en position de gagner la prochaine élection. Il a une image propre, mais il ne faudrait pas oublier quelle est la tradition conservatrice : l’enlignement sur les Etats-Unis et les privatisations. Le marché pétrolier serait-il le même si le Canada aurait encore été propriétaire de Pétro-Canada? Aurait-on pu, à travers cette propriété publique, forcer une concurrence à la baisse des prix à la pompe? Ne l’oublions pas, la vente de la part majoritaire du Canada dans Pétro-Can est redevable aux conservateurs de Brian Mulroney, pas aux Libéraux, qui ne se sont défait que de la part résiduelle.

 

Harper nous dit qu’il déchirera Kyoto. Quel en sera l’impact pour nous et la planète? Cela va aussi plus à droite que ce qui est dit dans son programme. Si le chef conservateur ne respecte pas son programme parce qu’il est en avance dans les sondage, qu’en sera-t-il une fois au pouvoir? Privatisera-t-on Poste Canada et Radio-Canada au nom du marché?

 

Naturellement, il peut faire miroiter des baisses d’impôt de 25%. Mais attention, s’il y a baisse d’impôt c’est que certains services public deviendront soit payant, soit privatisé, lequel cas le citoyens devra payer l’entreprise privée pour obtenir un service autrefois public… Et qui dit que le citoyen paiera moins, l’État n’ayant plus de contrôle sur le prix? La concurrence? Regardez le prix de l’essence pour voir si la concurrence fonctionne. En fait le contribuable paiera peut être moins et le client plus, mais au bout du compte ce sera la même personne qui paiera, sauf que le surplus ne restera pas dans les mains de l’État pour assurer notre développement collectif, mais ira à des entreprises privées, souvent étrangères. Depuis quand l’entreprise privée fait-elle des cadeaux aux citoyens et aux gouvernements? Si leur but est de nous faire des cadeaux, ils ont juste à dire au gouvernement qu’ils sont prêts pour des hausses d’impôts corporatives! Mais loin d’eux cette idée.

 

Pour bien comprendre cette question, pensons aux débats que l’on  a connu concernant la gestion des eaux municipales à Montréal. Des entreprises étrangères y flairaient la bonne affaire, l’achat et la gestion des aqueducs municipaux, et faisaient miroiter une baisse de taxe en échange, sur la peur des investissements à venir pour rénover nos réseaux d’aqueducs. Cependant ces entreprises ne payaient pas ces rénovations avec leurs profits passé… mais bien en facturant leurs nouveaux clients à prix d’or! Comme citoyen on y gagnait donc moins que ce qu’on y payerait comme futur clients. Mais ça on ne le disait pas!

 

Ces débats passés montrent la nécessité de reconnaître les villes comme entité et de leur donner les moyens de répondre aux besoins de leurs citoyens, car comme citoyen les services me sont d’abord fournis dans ma ville, question de proximité. Les problèmes sont aussi plus visibles au niveau municipal que du Québec ou du Canada, qui semblent davantage éloignés et abstraits. On sait qu’il y a des sans abris dans les rue de Montréal, de Toronto ou de Vancouver, mais parler de sans abri canadien ou québécois me semble plus abstrait, moins palpable. Question de proximité. La promesse Libérale de reconnaître (ENFIN!) les villes comme entité vient donc me chercher très fortement à ce niveau. Elle vient aussi me chercher émotionnellement, car je n’ai jamais considéré que ma ville (Montréal) soit une création provinciale et que la province puisse en faire ce qu’elle veut sans me consulter, même la changer de nom! Je considère que les autres urbains doivent avoir ces mêmes droits que je veux pour ma ville. C’est un gros plus pour le Parti Libéral et un gros moins pour le Bloc, car un parti qui appui la non démocratie (le fusions forcées par le PQ) en se basant sur une constitution qu’il dit ne pas reconnaître en même temps relève de la plus grande hypocrisie. Rien de moins! 

 

Avant de voter nous devons aussi nous demander quel sera l’impact social d’un gouvernement conservateur? Un retour à des valeurs traditionnelles en lieu et place d’un libre choix qui n’empêche pas ces valeurs, mais permet à d’autres valeurs de s’épanouir à côté d’elles. La fin d’un florilège de choix et de mode de vie. L’ « étatsunisation » du Canada, avec la fin de nos mesures sociales? Cette élection en est une sur les valeurs canadiennes et le droit à la reconnaissance des villes. Je crois donc aux valeurs libérales sur ces questions, malgré ce que l’on peut reprocher à l’ancien régime. Ma préférence va donc aux Libéraux. Si vous ne voulez pas voter pour eux je vous recommande les néo-démocrates et les Verts pour donner une conscience plus social environnementaliste au Canada, car les Libéraux savent intégrer certaines valeurs largement partagés à leur programme et à leur gestion, même si elles sont de gauche. Ils seront certainement plus à l’écoute de ces valeurs que les conservateurs, car ils ont toujours eu une aile centre gauche dans leur parti. Ce n’est pas le cas des conservateurs, parti de droite s’il en est un! Et voter pour le Bloc risque de faire passer les conservateurs à droite! 

 

Je suis aussi pour le rejet du Bloc Québécois, trop près du PQ, qui peut faire des pirouettes acrobatiques fort impressionnantes pour demander le respect de la constitution quand ça fait son affaire (comme dans le cas des fusions municipales) et rappeler que le Québec n’accepte pas cette constitution quand ça ne fait pas son affaire. Comme modèle d’hypocrisie Machiavel n’aurait pu mieux trouver!   Si le Bloc aurait eu l’intérêt des citoyens à cœur il se serait dissous dans le NPD pour en former une aile québécoise!

 

Quand aux conservateurs, je les rejette car ils feraient passer le Canada à un modèle trop près du conservatisme États-uniens - un petit chien qui marcherait dans les pas des républicains de George W. Bush – et leur gestion risque d’être beaucoup plus coûteuse que celle des Libéraux, car croyez-vous réellement que le recours au privé et les privatisations n’auront aucun coût pour les citoyens devenus des clients?  Vous rappelez-vous d’un certain Brian Mulroney?

 

  

 

III

 

Un livre sur le Québec… qui éclaire le Canada à l’ombre de cette élection!

 

 

Gélinas,  Jacques B., Le virage à droite des élites politiques québécoises, Montréal : écosociété ISBN 2-921561-94-8, 247 pages, Prix : 24,00$

 

 

Ce livre est la chronique du basculement à droite de la classe politique québécoise. Avec clarté et rigueur, l’auteur explique comment et pourquoi nos politiciens, tous partis confondus, ont emprunté de facto la voie du néolibéralisme.

 

En suivant le fil des événements qui ont conduit à cette situation, on sera frappé d’y voir se profiler un stupéfiant paradoxe : le parti qui a pris le leadership de ce virage à droite est celui-là même que l’on croyait le plus à gauche des trois formations qui siègent à l’Assemblée nationale. Le Parti québécois, en prenant fait et cause, dans les années 1980 pour le libre-échange à l’américaine, s’est coincé dans une logique néolibérale et a préparé par ses politiques la venue du vrai parti de droite qui l’a supplanté le 14 avril 2003. Le gouvernement Charest n’aura qu’à pousser plus loin dans la même direction pour réaliser son grand dessein de « réingénierie », mot passe-partout qui cache la volonté de limiter la capacité d’intervention et de régulation de l’État.

 

Cet essai se veut une contribution aux efforts des acteurs sociaux et de tous ceux qui cherchent à comprendre ce qui se joue depuis deux décennies sur l’échiquier politique québécois. Il démontre qu’une autre démocratie est possible... pourvu que les bâtisseurs d’alternatives ne soient pas dupes. L’ouvrage dégage des clés pour démystifier le discours ambiant, discerner le discours de la réalité, distinguer les programmes électoraux des programmes de gouvernement et pour percevoir les grands enjeux qui interpellent notre génération.

 

« Une contribution très importante à la compréhension des forces politiques en présence et à l’analyse politique de la conjoncture actuelle ; pour la population en général et pour les militants et militantes en particulier, ce livre sera fort utile. » LORRAINE GUAY

 

Sociologue, essayiste et conférencier, Jacques B. Gélinas est l’auteur de Et si le Tiers-Monde s’autofinançait et de La globalisation du monde, parus chez Écosociété.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Voilà un livre intéressant en cette période électorale canadienne, car même si ce livre parle des élites politiques québécoises, elles sont en relation avec la politique canadienne. Et pour qui sait y regarder, il y a là des découvertes à faire. En effet, n’eut été des souverainistes (PQ) qui se sont alliés aux conservateurs pour imposer le libre-échange, peut-être n’en serions nous pas là.

 

En effet, un des effets du libre-échange est de chercher un alignement des lois et des institutions entre les partenaires économiques de l’ALENA. C’est dans ce contexte que l’on peut regarder la remise en cause actuelle des cégeps : comme nous sommes les seuls à avoir ce système et que la mondialisation exige une standardisation, ceci nous force à regarder vers une prolongation du secondaire et de l’université comme partout ailleurs en Amérique dans un but de standardisation de l’éducation. L’objectif n’est pas la qualité de l’enseignement, ni la réussite des étudiants, mais l’intégration au marché continental de l’éducation, car dans le cadre d’un marché économique ouvert, il faudra tôt ou tard faciliter l’intégration des cursus scolaires de façon à ce que les finissants du« high shool » aient accès à un libre marché universitaire continental.  Les cégeps du Québec représentent une barrière culturelle au libre marché et c’est dans ce contexte qu’il faut voir la remise en cause des cégeps, car elle s’inscrit dans un processus de standardisation des normes de recrutement et de gestion des ressources humaines à l’échelle continentale d’une part et de marchandisation de l’éducation et de la culture – qui deviennent ainsi  des produits commerciaux comme les autres biens et services – d’autre part. Le marché ne cherche que la standardisation et l’éducation fait partie de ce processus. En ce sens les débats actuels sur cette question au Québec (avec le PLQ de Jean Charest) ne sont que la suite logique de ce que les gouvernements conservateurs de Mulroney (Canada) et péquistes du trio Parizeau-Bouchard-Landry (Québec) ont préparé :

 

« Le néolibéralisme du Parti québécois, bien que sélectif et inavoué, a préparé le terrain pour qu’un vrai parti néolibéral, celui de Jean Charest, puisse réaliser son programme plus ou moins caché. D’après les gestes que ce dernier a déjà posés dans ses premiers mois de gouvernement, il appert que toutes les politiques néolibérales mises en application par le PQ seront au besoin retouchées, mais pour l’essentiel maintenues et renforcées. (…) Contrairement à ce que clament les ténors du parti défait (…), il ne défera pas tout ce que le gouvernement précédent a fait. Il va au contraire miser sur les brèches néolibérales ouvertes par le PQ, en les approfondissant et en donnant plus de cohérence à l’ensemble. » (p. 124)

 

Il faut bien voir que le libre-échange s’accompagne d’obligations qui limitent la marge de manœuvre des États signataires et limitent leur souveraineté, car les entreprises cherchaient à « se prémunir contre les interventions de l’État parfois enclin, sous la pression des citoyens, à protéger l’industrie nationale ou à légiférer en matière de droits sociaux et environnementaux » (p. 71). C’est ainsi que tout est sur la table, sauf certaines exceptions qu’il sera toujours possible d’inclure plus tard :

 

« (…) ainsi, le Canada a bel et bien exclu l’eau, les soins de santé et l’éducation de l’ALENA, mais ces exceptions sont toujours considérées comme provisoires par les Etats-Unis qui exercent des pressions énormes pour que ces domaines soient peu à peu privatisée et inclus dans l’accord; car les négociations se poursuivent toujours…; » (p. 72)

 

C’est dans ce contexte qu’il faut voir la brèche du commerce de l’eau en vrac qu’essaie de faire le PLQ, la reprise de ce que le PQ n’avait pu finaliser vu l’opposition citoyenne. Si ça ne fonctionne pas cette fois ci encore, un autre gouvernement, péquiste (PQ) ou adéquiste (Action Démocratique du Québec), se réessayera plus tard.  

 

            De plus, cet accord oblige un ajustement des politiques nationales des États signataires, ce qui explique les coupures fédérales de 1996, où « les programmes sociaux à frais partagés » ont été transformé en un « Transfert social canadiens », et de 2001, où le gouvernement Chrétien s’est attaqué à l’assurance chômage pour « instaurer au Canada la même flexibilité du travail qu’aux Etats-Unis ». (p. 77) Les États sont liés et à la merci des entreprises étrangères, celles-ci bénéficiant d’un tribunal où « traîner les États pour cause de nuisance à la profitabilité » (p. 57), gracieuseté de l’alliance conservatrice- péquiste! En effet, cet accord, qui limite la souveraineté du Canada, par un paradoxe fort instructif, est un cadeau du nationalisme québécois! Le gouvernement Mulroney, qui a négocié cet accord, était au plus bas dans les sondages (moins de 15% des intentions de vote), mais c’était compter sans les chantres du PQ, Bernard Landry et Parizeau, fervents libre-échangistes, qui ont plongé pour aider Brian Mulroney à sauver cet accord de libre échange! Bernard Landry devint même « la coqueluche des grandes entreprises et le porte parole de la crème des milieux d’affaires » (p. 40) ce qui est peu dire! Mais ce n’aurait pas été suffisant sans le virage à 180 degré du PQ pour appuyer Mulroney à la veille de l’élection de novembre 1988! (pp. 44-5) La manœuvre a réussi et nous pouvons ainsi dire que nous devons la perte de souveraineté du Canada au PQ et au beau risque conservateur.

 

             A la veille d’une élection fédérale, où le Bloc Québécois est en quelque sorte l’héritage de cette période et dont le premier chef, Lucien Bouchard, a éliminé la substance social-démocrate du PQ - sauf dans le discours – ce livre est à lire pour bien distinguer la parole du geste des chantres du PQ, qu’il s’agisse de Lucien Bouchard, Bernard Landry, Pauline Marois et quelques autres ministres de la droite économique. Ce n’est qu’à la lumière d’un tel livre qu’on peut se demander si la souveraineté néolibérale et les partis qui la défendent (le PQ et son représentant à Ottawa, le Bloc) sont là pour le peuple ou pour une élite économique :

 

« Le type particulier de renouveau politique porté par la Révolution tranquille et par le Parti québécois n’émanait pas de revendications populaires, mais des élites qui rêvaient de moderniser la société québécoise et de prendre leur place dans une bourgeoisie nationale en quête d’affirmation. Une fois leur rêve accompli, une grande partie d’entre elles s’est laissée plus ou moins emporter par le courant néolibéral. » (p. 188)

     

***

 

Un livre à lire avant d’aller aux urnes dans quelques jours (28 juin 2004), car qui dit défendre les intérêts du Québec défend-t-il vraiment les intérêts de tous les québécois ou d’une classe particulières d’entre eux? Certains des problèmes que nous vivons actuellement viennent-ils de l’alliance passée entre les conservateurs et les nationalistes québécois? Va-t-on refaire la même erreur? Si les politiciens pensent à court terme, les citoyens ne sont pas obligés d’en faire autant! A vous de vous informer et ce livre est un bon outil pour le faire, car le Québec fut intimement lié au virage néolibéral – l’idéologie accompagnatrice du libre échangisme – canadien quoi qu’en disent les élites du PQ (et du Bloc)! Jacques B. Gélinas a fait là un bon travail d’analyse et il fait œuvre d’éducation. Aux citoyens d’en profiter.

           

 

 

Notes :

   

1. Ce montant bénéficiera de plus d’un « facteur d'ajustement à l'inflation pour le trimestre ». Pour plus de détails voir le lien suivant :

    http://www.elections.ca/content.asp?section=gen&document=ec90532&dir=bkg&lang=f&textonly=false

 

2. A ce sujet voir dans la section III.

 

3. Sur Montréal Mode, voir  http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=35103

Sur la SGF voir

http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=47677

http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=49467

http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=47686

http://lcn.canoe.com/lcn/infos/national/archives/2004/06/20040608-113828.html

Site du vérificateur général du Québec :

http://www.vgq.gouv.qc.ca/

 

4.         On est ici face à un cas d’exception courrant pour qui connaît le mode de fonctionnement paradigmatique scientifique. (Kuhn, 1972) En science, la loi générale explique soit disant tout, sauf qu’il y a toujours des exceptions. Un jour  les exceptions deviennent trop nombreuses et un nouveau paradigme explique mieux les choses. Il devient le nouveau paradigme dominant. La même chose se passe au niveau social et politique.

 

Un moment donné le paradigme dominant fut celui de l’État providence. Mais l’État avait des ratés. On est alors passé au paradigme de l’État modeste (Crozier, 1991) et de la bonne gestion du privé (paradigme néolibéral), qui fait en sorte qu’il est de bon ton de privatiser des services ou d’avoir recours au privé pour les exécuter (sous-traitance). Ce fut le cas en Angleterre et aux Etats-Unis d’abord. Les municipalités, qui ont toujours eu recours à ce modèle, l’ont accentué. Le Canada n’avait donc plus le choix, car les citoyens le réclamaient souvent à hauts cris tout en dénigrant la fonction publique! Le Canada a même été cité en exemple à ce sujet :

 

« Il faut prendre exemple sur le Canada qui a réussi, en repensant systématiquement les grandes fonctions de la puissance publique, à améliorer la qualité de ses services publics tout en diminuant les effectifs de la fonction publique de 30% en six ans, à contenir son déficit budgétaire à 1% du PIB en 2002 alors que celui-ci atteignait les 10%, tandis que la dette revenait de 70% à 48% du PIB. »  (Baverez pp. 114-5)

 

 

Ce paradigme montre cependant des ratés, comme le recours aux fonds publics par le privé et  l’accroissement de ses profits au dépends d’un État ayant de moins en moins de moyens pour s’occuper de ses activités. Mais ses défenseurs soulignent qu’il s’agit là d’une nouvelle justice sociale récompensant le travail et l’investissement individuel – au moins si c’était vrai et qu’ils n’avaient pas recours aux fonds publics pour leur propre profit (Voir Bernard et Lauzon en bibliographie à ce sujet) – et que de toute façon cet  accroissement des profits se redistribuera automatiquement par dégoulinage, car si les riches sont plus riches ils consommeront davantage et les travailleurs y trouveront leur compte à leur tour! Cependant ce système paradigmatique ne tient pas compte de l’automatisation du travail ni de la délocalisation vers les pays du tiers monde des tâches à forte main-d’œuvre, ce  qui fait que même si la consommation et l’enrichissement s’accroissent d’un côté, la redistribution n’aura pas nécessairement lieue de l’autre!  

 

5. Données tirées de  Bernard, Lauzon, Patenaude, et Poirier (1998), p.99, que nous avons cependant actualisé lorsque l’information était disponible. 

 

6. “Jean Lamarre, who is the Peter-McGill candidate for Jean Doré's Team Montreal, is the son of Jacques Lamarre, CEO of engineering mega-firm SNC-Lavalin--where Doré himself has worked as a consultant since being turfed out of the mayor's chair in 1994. Should Lamarre win the vote in Peter-McGill, he told the Mirror, he will be nominated chair of the city's executive committee. That would place the smooth operator at the helm of the city administration.” (The politics of sisterhood, High-profile candidates battle for the downtown seat at city hall, by DOMINIQUE RITTER, Mirror, Thursday, October 15, 1998 - http://www.montrealmirror.com/ARCHIVES/1998/101598/news6.html)

 

 

Hyperliens

 

Canada


Élections Canada

Parti Libéral du Canada

NPD

Bloc Québécois

Conservateur

 

Québec

 

Directeur général des élections

ADQ

Bloc Pot

PLQ

PQ

Verts (contient des infos concernant les Verts du Canada)

UFP

Option citoyenne

 

Autre:

 

Green Party USA : www.greenparty.org/

 

 

Bibliographie

 

Baillargeon, Stéphane, Le rapport du Vérificateur du Québec - La SEMIQ ne se sent pas vraiment mise en cause, in Le Devoir, Culture, jeudi 14 décembre 2000, p. B8

 

Baverez, Nicolas, 2003, La France qui tombe, Paris : Éditions Perrin, col. Tempus (www.editions-perrin.fr)

 

Bernard, Michel et Lauzon, Léo-Paul, 1996, Finances publiques, profits privés, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.

 

Bernard, Michel, Lauzon, Léo-Paul, Patenaude, François, et Poirier Martin, 1998, Privatisations: l'autre point de vue, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.

 

Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.

 

CROZIER, Michel, 1991, Etat modeste, Etat moderne, Paris: Seuil, coll. Point.

 

KUHN, Thomas S., 1972, La structure des révolutions scientifiques, Paris: Flammarion.

 

Lauzon, Léo-Pol, 2001, Contes et comptes du Prof Lauzon – Le néolibéralisme dénoncé net, fret, sec!, Québec : Lanctôt éditeur

 

Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.


Tremblay, Anne-Marie, 2000, Un ministère Juste pour rire, in Les budgets, L’aut’journal sur le web, N° 188 - avril 2000 :
http://www.lautjournal.info/autjourarchives.asp?article=661&noj=188

 

 

 

Index

 

 

Quintet plus un contre Bush!

Michel Handfield

 

La raison commerciale est plus importante que la vie de quelques citoyens. La raison d’État aussi. Alors imaginons les deux en même temps!

 

 

25 juin, 2004

 

Texte sur un film et quatre livres (plus un pour un solo particulier!) qui se complètent sur un sujet brûlant! Et en annexe, les résumés de tous ces ouvrages, accompagnés d’un bref commentaire de notre part sur chacun d’eux.

 

Moore, Michael, 2004, FAHRENHEIT 9/11;

Moore, Michael, 2004 (2000), Dégraissez-moi ça!;

Soros, George, 2004, Pour l’Amérique, contre Bush;

Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur;

Pons, Frédéric, 2004, Pièges à Bagdad – Les secrets d’un conflit sans

précédent.

 

+ Barrada, Hamid, et Sitbon, Guy, 2004, L’Arabe & le Juif 

 

***

 

Michael Moore récidive et signe un brûlot cinématographique contre George W. Bush : FAHRENHEIT 9/11. Un film sur un con et ses courtisans fait par un génie du montage!

 

Le tout part du vote à l’élection présidentielle de 2000 qui semble un mauvais rêve; mais non, c’est probablement le vol du millénaire! Un film qui dit des choses, mais laisse place aux questions et interprétations du spectateur le moindrement informé et vif d’esprit.

 

 

L’épisode Ben Laden

 

Moore met en exergue les liens entre l’entourage de George W. Bush et d’Oussama Ben Laden! C’est le cas de James Bath, un proche de George W., qui a des liens avec les émirs du pétrole d’Arabie Saoudite et qui fut attaché commercial de Salem M. Ben Laden! (Hatfield, 2004, p. 93-4). Les familles Bush et Ben Laden ont aussi été associés dans le Carlyle Group, qui œuvre dans le domaine de la défense. Avec les attentats du 11 septembre cependant, la famille Ben Laden a dû se retirer du Carlyle Group, mais avec un bénéfice fort respectable,  les actions du groupe ayant vu leur valeur croître suite aux événements du 11 septembre! 

 

Ceci a de quoi laisser songeur par contre, d’autant plus que le film nous apprend que le 11 septembre les familles Bush et Ben Laden étaient réunies a Washington:

 

 On the morning of September 11, 2001 , “in the plush setting of the Ritz-Carlton hotel in Washington, DC, the Carlyle Group was holding its annual international investor conference. Frank Carlucci, James Baker III, David Rubenstein, William Conway, and Dan D’Aniellow were together, along with a host of former world leaders, former defense experts, wealthy Arabs from the Middle East, and major international investors as the terror played out on television. There with them, looking after the investments of his family was Shafiq bin Laden, Osama bin Laden’s estranged half-brother. George Bush Sr. was also at the conference, but Carlyle’s spokesperson says the former president left before the terror attacks, and was on an airplane over the Midwest when flights across the country were grounded on the morning of September 11. In any circumstance, a confluence of such politically complex and globally connected people would have been curious, even newsworthy. But in the context of the terrorist attacks being waged against the United States by a group of Saudi nationals led by Osama bin Laden, the group assembled at the Ritz-Carlton that day was a disconcerting and freakish coincidence.” Dan Briody, The Iron Triangle, John Wiley & Sons, Inc., 2003, p. 139-140. See also, Melanie Warner, “What do George Bush, Arthur Levitt, Jim Baker, Dick Darman, and John Major Have in Common? (They all work for the Carlyle Group),” Fortune, March 18, 2002. (Source : http://www.michaelmoore.com/mustread/f911facts/families.php)

 

En fait les familles Bush et Ben Laden étaient si proche que, malgré les soupçons pesant sur Oussama, la famille Ben Laden fut autorisé à quitter les USA sans trop de problème. Pas sans aucune question, mais sans un interrogatoire vraiment sérieux (« without being subjected to a serious investigation ») nous dit le film. Dans les premières heures qui ont suivi la levée d’interdiction de vol…

 

"It turns out that the White House approved planes to pick up the bin Ladens and numerous other Saudis. At least six private jets and nearly two dozen commercial planes carried the Saudis and the bin Ladens out of the U.S. after September 13th. In all, 142 Saudis, including 24 members of the bin Laden family, were allowed to leave the country.” (Source: http://www.michaelmoore.com/mustread/f911facts/isikoff.php)

 

 

War is good for Business

 

            Plus loin dans le film on voit une réunion organisée pour les entreprises oeuvrant pour la défense et un participant dit : « War is good for some enterprises! » Cela laisse songeur, d’autant plus que la guerre au terrorisme permet de « mettre en œuvre un programme qui avait été élaboré avant la tragédie du 11 septembre » (Soros, 2004, p. 10) en vue d’attaquer l’Irak, deuxième réservoir de pétrole mondial. Et la famille Bush n’est-elle pas impliquée dans le pétrole? Le lobby derrière George W. n’est-il pas celui du pétrole et de la défense comme par hasard?

 

            Ce faisant les États-Unis ont fait fi de l’ONU et ont ainsi affirmé leur position d’Empire. Sauf qu’ils prêtent ainsi flanc à la critique et deviennent une cible aux attaques politiques et terroristes. S’ils veulent sortir de ce piège, ils n’ont d’autres choix que de prendre le chemin de la coopération internationale nous dit Soros (2004), qui mène le même combat que Moore contre George W. Bush! Lui aussi espère que Bush ne soit qu’une « aberration passagère ».  «Mais s’il obtient un second mandat, l’électorat aura plébiscité cette politique et sera donc obligé d’en supporter les conséquences. » (Soros, 2004, p. 2) A suivre….

 

Les conséquences?

 

Voir ses enfants partir pour la guerre, là bas! Pour défendre les USA ou pour attaquer l’Irak? Par patriotisme? Mais le patriotisme se conjugue avec pauvreté! Car le recrutement militaire se fait dans les endroits que l’économie néo-conservatrice de Reagan et Bush ont détruit, comme Flynt au Michigan, d’où origine justement Michael Moore. Leur  choix : le chômage ou s’enrôler. C’est vrai de Flynt, ce que montre Moore, et d’ailleurs. C’est ainsi que Jessica Lynch  venait de Palestine, coin perdue de Virginie. L’armée lui semblait le seul moyen de gagner de l’argent pour poursuivre ses études. Et  d’une chose à l’autre elle se retrouva en Irak, prise dans une embuscade, laissé pour morte, et soigné dans un hôpital irakien, où le médecin qui la traitait voulait la rendre aux militaires américains. Mais il en fut empêché par des tirs du check point de l’armée US! Le lendemain, dans un raid, filmé et organisé pour l’occasion, elle fut libérée! « Un  show à la Rambo » pour « redonner le moral aux soldats ». (Pons, 2004, pp. 122-5) La machine idéologique roule à fond la caisse!

 

            Mais l’élite politique, elle, n’envoie pas ses enfants à la guerre. Elle envoie les enfants des autres, sauf pour un! Et quand Moore les approches pour leur demander s’ils voudraient envoyer les leurs… faut les voir réagir! Car Michael Moore ne fait pas que montrer, il agit comme Diogène le cynique face à Alexandre Le Grand; il questionne les politiciens sur leur propre terrain et les mets face à leurs contradictions! Baveux et Brillant! Il les pousse dans leurs retranchements.

 

In name of God! You think so?

 

« God bless America » nous disent les conservateurs, inspirés qu’ils se disent par le Christ! Mais si c’étaient plutôt des « Christs pourris », déformant son message de paix et d’humanisme dans le seul but du contrôle financier et politique de la planète? Du profit de quelques uns? Au point que Michael Moore se demande, dans un ouvrage décapant, si nous ne devrions pas rebaptiser les USA « The Big One. C’est court. Ça résume bien les choses. » (Moore, 2004, p. 162) Et cela va parfaitement avec le diktat impérialisme de l’Empire américain qu’explique si bien Ziegler dans la préface du livre de Hatfield (2004) ou que l’on perçoit dans le film de Moore, car la superpuissance n’hésite pas à tuer pour son profit.

 

D’abord, ses propres citoyens, pour une guerre déclarée sous de faux prétextes. C’est très éloquent dans le film de Moore. Cette guerre fait  d’innocentes victimes tant chez le « libérateur » que chez ceux qu’ils sont supposés libérer. Moore le montre, Soros l’écrit :

 

« (…) « la guerre contre le terrorisme » a tué plus de civils innocents en Afghanistan et en Irak que les attentats des tours jumelles. Ce rapprochement est rarement fait aux Etats-Unis, où les vies américaines semblent avoir plus de prix que les autres. Cette distinction, on s’en doute, paraît moins évidente aux autres peuples du monde. » (2004, p. 29)

 

De quoi ne pas être aimé. D’autant plus que l’Empire États-uniens veut soumettre le Monde a ses diktats et refuse de participer à l’amélioration et à la pacification du monde en refusant de signer le Traité sur l’interdiction de la fabrication et la vente des mines antipersonnel, le protocole de Kyoto, le contrôle des armes biologiques, le désarmement, et j’en passe. (Ziegler in Hatfield, 2004, p. 11) Si pour Soros la victime des attentats du 11 septembre 2001 s’est transformé en Bourreau, pour Ziegler il y a longtemps que c’est fait, car en obligeant la mondialisation ils ont fait du terrorisme au quotidien! Ainsi, même si la planète pourrait nourrir 12 milliards d’habitants selon la FAO, la mondialisation en condamne une large part à la mort :

 

« Il n’y a pas de fatalité. Seules existent l’arrogance et la destruction impérialiste. De nos jours, celui qui meurt de faim est assassiné.  Celui qui possède de l’argent mange et vit. Celui qui n’en a pas est affamé, devient invalide ou meurt. »: (Ziegler in Hatfield, 2004, p. 11)

 

 

Cela n’épargne pas les USA non plus, car ils n’hésitent pas à couper dans l’aide sociale à leurs propres citoyens… tout en donnant généreusement à leurs entreprises! Tous les programmes d’aides aux citoyens représentent cinquante milliards par an contre près de 170 milliards pour l’aide sociale aux entreprises nous apprends Moore. (2004, pp. 60-1)

 

Il y a de quoi faire campagne contre ce Président et ce qu’il représente, le néoconservatisme, comme le font Moore et Soros, car plusieurs de ses décisions économiques mettent en péril l’environnement et la santé des citoyens états-uniens et de la planète. Le modèle économique prôné par les ultraconservateurs républicain, basé sur une interprétation biblique trop rigide (Soumettez la terre et dominez là), devient une menace à la vie et à l’humanité! Attention, danger : religion et politique ne font pas bon ménage! C’est vrai des USA, mais aussi des autres fondamentalismes religico-politique. Ce n’est peut être pas le propos du film, mais il faut en être conscient pour l’avenir du monde. Humanité ou enfermement religieux? Telle est la question. On a à choisir entre construire un monde humanisé ou à revenir au « Crois ou meurt » des guerres de religion. Pourtant Chrétiens, Juifs et Musulmans disent croire en un Dieu unique! Dialogues de sourd qui conduisent aux guerres fratricides sur la base de la foi. Dialogue de Dieu et  dialogue de guerre se confondent. (Barrada et Sitbon, 2004) Il faudra un jour poser la question : croyons-nous en l’homme et à l’humanité? Ceci ne remet pas en cause Dieu, mais l’interprétation que nous en avons.  Mais pourrons-nous un jour résoudre cette question? Il le faudra ou elle nous perdra tous. 

 

 

Attentat ou coup monté?

 

            On pourrait trouver plusieurs motifs – tant religieux, économiques, qu’idéologiques - pour lesquels des terroristes en voudraient aux USA et au symbole du World Trade Center. Mais depuis que j’ai vu ce film une question m’hante. Et elle ne vient pas de Moore, mais de moi. J’ai beau me dire que c’est irréaliste ou que je fabule, mais je me dois de la poser:

 

L’attentat contre le World Trade Center était-il un coup monté? Car il arrangeait bien des choses, la raison commerciale étant plus importante que la vie de quelques citoyens. La raison d’État aussi. Alors imaginons les deux en même temps.

 

            Avant l’attentat Bush était sur la sellette, sa présidence contestée, son élection questionnée. L’administration avait aussi à l’œil les réserves pétrolières de l’Irak, mais il fallait une raison de l’attaquer. 9-11 donnait ce motif, même si les terroristes n’étaient pas irakiens,  et mettait George W. Bush et son entourage bien en selle à la présidence des Etats-Unis! N’était-ce qu’un malheureux hasard, arrivé au bon moment, ou un coup monté? La question se pose, mais la réponse ne sera pas simple, ni pour bientôt!

 

            En prime, pour donner du carburant à cette hypothèse, la famille Bush et l’entourage du Président avaient des relations avec tous ceux qui sont reliés à cet attentat : famille Ben Laden, Taliban, Afghanistan… Mais un Président peut-il sacrifier des citoyens pour des raisons stratégiques et commerciales? Pour le profit des membres de son entourage et le sien? Pour le Pouvoir?  Dans les films oui, mais dans la réalité? Laissons donc la conclusion à Michael Moore :

 

« On attend souvent les chefs d’entreprise proclamer que « c’est le profit qui compte avant tout ». C’est leur refrain favori. » (2004, p. 183)

 

 

Qu’en pensez-vous? Complot ou hasard? Fabulation de ma part? À vous de vous faire votre idée avant de savoir la vérité (toute la vérité?) sur 9-11 dans 10, 15, 20 ou 100 ans! Mais d’ici là je suis sûr que des scénaristes et des écrivains vont échafauder des scénarios sur le sujet comme ce fut le cas pour John F. Kennedy. Ces événements sont de la matière brute et ce film le premier d’une longue série de films à suivre. Documentaires, fictions ou « docu-fictions », comme JFK (1), seront mis en branle, surtout si Bush est défait! Cinéphiles et lecteurs, l’avenir s’annonce rose pour vous.

 

Note:

 

1. Oliver Stone, JFK, avec Kevin Costner.

 

Hyperliens :

 

http://www.michaelmoore.com

 

http://www.soros.org

 

 

Annexes… avec commentaires!

 

 

FAHRENHEIT 9/11

 

A Voir. Aucune excuse ne sera acceptée pour le manquer! (MH)

 

Sortie:                        Vendredi, 25 mai 2004

DURÉE:  116-120 MINUTES

Réalisateur: Michael Moore

 

GAGNANT « PALME D’OR » FESTIVAL DE CANNES

 

Avec son film ''Fahrenheit 9/11'', Michael Moore nous livre ses réflexions sur l'état actuel de l'Amérique et nous explique notamment le rôle majeur qu'ont joué le pétrole et la cupidité après les attentats du 11 septembre.  Dans ce film provocateur, Michael Moore raconte l'histoire comme personne n'a jamais osé la raconter, analyse les événements qui ont conduit les Etats-Unis à l'apocalypse du 11 septembre et nous dit pourquoi le pays est aujourd'hui en guerre.

 

Michael Moore's latest documentary traces why the U.S. has become a target for hatred and terrorism. It will also depict alleged dealings between two generations of the Bush and bin Laden clans that led to George W. Bush and Osama bin Laden becoming mortal enemies.

 

***

 

Moore, Michael, 2004 (2000), Dégraissez-moi ça! Petite balade dans le cauchemar américain, Paris : 10/18

 

 

Un petit livre qui se lit bien. A lire en vacance ou dans le métro. Vous ne le regretterez pas. Mordant à souhait, mais avec une touche d’humour. (MH)

 

Voici, à travers les yeux d’un ancien ouvrier devenu agitateur professionnel, la face sombre et peu glorieuse des Etats-Unis, celle du chômage et de la pauvreté, du racisme… et des antidépresseurs. Avec un humour féroce, Michael Moore part en guerre contre les spécialistes du « dégraissage » intensif et leurs alliés, les politiciens qui leur donnent carte blanche (et des subventions). Lui-même licencié de General Motors, il râle, dénonce, accuse, rêve d’organiser le procès des liquidateurs du « rêve américain », demande à l’Arabie Saoudite une aide financière pour les pauvres d’Amérique et offre ses conseils à tous les laissés-pour-compte ! Drôle et excessif, il nous rappelle que le rire est aussi une arme de combat et de résistance.


« Une guignolade corrosive »
Le Monde


« Comme notre Coluche national, auquel il est souvent comparé, Michael Moore a le don de dénicher les déviances du comportement humain, en ethnologue iconoclaste de sa propre société. »
Le Figaro

 

***

 

Soros, George, 2004, Pour l’Amérique, contre Bush, Paris : Dunod Traduit de l’anglais par Larry Cohen

 

 

Critique intéressante et propositions d’alternatives. Un livre pour bien comprendre les chose, car il explique bien, notamment ce qu’est la doctrine Bush, la souveraineté, l’aide internationale, etc. (MH)

 

A 6 mois de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le milliardaire philanthrope lance un violent pamphlet anti-Bush. Ayant connu le nazisme et le stalinisme avant de faire fortune dans la spéculation boursière aux USA où il est arrivé en 1956, ce hongrois d’origine réfute l’unilatéralisme américain. Il appelle de ses voeux une autre Amérique, fer de lance d’une démocratie mondiale. Soros s’inscrit dans la continuité de sa démarche Open Society qui défend l’établissement d’Etats de droit en Russie, dans les ex-pays de l’Est et en Afrique.

 

***

 

Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur, France : Michel Lafon

Avec une préface de Jean Ziegler (ancien député du Parlement de la Confédération helvétique et rapporteur spécial de l’ONU nous dit-on, mais il fut aussi prof de sociologie à l’université de Genève)  Le terrorisme et l’empire, pp. 9-14.

 

Une enquête sur Bush, contenant une multitude d’informations, précédé d’une préface courte mais efficace de Jean Ziegler, qui connaît très bien son sujet, car il a enquêté et écrit à quelques occasions là dessus tout au long de sa carrière de professeur/chercheur, de parlementaire ou de rapporteur de l’ONU. (MH)

 

  

Ces pages révèlent ou confirment, sources à l'appui:

 

-que Georges W. Bush a été condamné en 1972 pour détention de cocaïne et qu'on en a fait disparaître toute trace dans les archives;

 

-qu'il a été arrêté pour conduite en état d'ivresse, avec le même résultat;

 

-qu'il a échappé au Viêtnam en étant par faveur incorporé à la Garde nationnale aérienne, malgré une liste d'attente de 100 000 personnes;

 

-qu'il a été en relations d'affaires avec la famille d'Oussama Ben Laden.

 

 

Vous découvrirez aussi:

 

-comment il a gouverné son État au seul profit de ses riches alliés "donateurs";

 

-comment il a réussi à faire perdre beaucoup d'argent à ses sociétés successives avant que, chaque fois, des "amis" bienveillants les rachètent;

 

-comment a été fabriquée de toutes pièces son ascension politique en forme de hold-up sur la Maison-Blanche...

 

Un best-seller à hauts risques. D'abord retiré des ventes, puis réédité malgré cet abus de pouvoir, il a valu à son auteur une campagne de dénigrement et de nombreuses menaces. Finalement, James H. Hatfield a été retrouvé mort dans un motel. Conclusion de la police: suicide...

 

 

***

 

Pons, Frédéric, 2004, Pièges à Bagdad – Les secrets d’un conflit sans précédent,  Paris : Presses de la cité

 

Un livre fort documenté, mais qui se lit comme un roman. (MH)

 

En écho à l’actualité, ce document précis donne point par point des réponses possibles aux origines du conflit irakien.

 

Des mensonges incroyables et des services de renseignement manipulés. Il fallait à tout prix justifier l’intervention. Dans l’ombre, un cercle étroit de décideurs avait préparé de longue date la conquête de l’Irak, deuxième réservoir pétrolier du monde.

 

Des opérations secrètes et des technologies inédites. Les généraux américains ont livré une impressionnante bataille-éclair, pleine d’enseignements. Elle préfigure les conflits de demain. Des bilans qui ne cessent de s’alourdir, après un an d’occupation. Les portraits et les confidences des soldats et des familles montrent des troupes meurtries et une opinion désemparée. Des alliés déçus. Le jeu était faussé. Dès le début, le grand marché de la reconstruction a été verrouillé.

 

Washington et Londres avaient mal évalué les pièges de l’après-guerre. L’onde de choc partie de Bagdad menace la stabilité de la région. George Bush et Tony Blair jouent leur avenir politique sur la maîtrise de ce dossier.

 

***

 

Barrada, Hamid, et Sitbon, Guy, 2004, L’Arabe & le Juif  (Dialogue de guerre),  Paris : Plon

 

Pour essayer de comprendre les points de vue d’un conflit millénaire qui empoisonne encore les relations internationales: celui entre Juif et Musulman; entre Juif et Arabe. Celui entre Israël et la Palestine. Entre Orient et Occident. Nord/Sud. N’eut été de ce conflit, aurait-on eu le 11 septembre? Mais les points de vue divergent, car les religions et les cultures sont comme autant de lunettes différentes qui déforment la réalité. Selon la paire de lunettes que l’on porte (et depuis quand on la porte!) on ne voit pas le monde de la même manière et on ne peut s’entendre. Si on tente de faire un monde économique unifié, bien des divergences existeront encore sur d’autres plans. Bienheureux ceux qui croient que l’économique permettra d’aplanir ces différences et de créer la démocratie planétaire. Mais j’ai comme un léger doute, d’autant plus que ce monde économique ajoute plus de divisions et d’injustices qu’il n’en élimine. La fracture est profonde. Ces dialogues en sont à la fois le fruit et porteur de ces divisions qui se perpétuent depuis des générations.  (MH)

  

Hamid Barrada et Guy Sitbon, deux journalistes, l’un marocain musulman, l’autre juif d’origine tunisienne, avaient tissé une vie entière d’amitié. Lorsque éclata la deuxième Intifada en Palestine, Guy pensa qu’elle était un crime contre les deux peuples. Hamid la crut juste. Ils cessèrent de se parler.

 

Ils se sont retrouvés récemment pour régler leurs comptes, dans ce dialogue sans complaisance ni concession dont ils ont demandé à un confrère, Philippe Gaillard, d‘être le modérateur.

 

Sans pierre ni bombe suicide, ils conduisent leur propre Intifada à coups d’arguments. Ils évitent avant tout de raccommoder leur discorde sur un malentendu. Juifs et Arabes ne sont pas amis, ils sont ennemis. D’habitude, lorsqu’ils se rencontrent entre gens de bonne volonté, ils taisent les antagonismes et les haines, leurs raisons de se battre. Or, lorsqu’on ne pose pas un problème, on ne le résout pas.

 

Dans ce dialogue judéo-arabe d’un type nouveau, on se jette à la figure les raisons pour lesquelles le conflit israélo-palestinien perdure.

 

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Index

 

 

Sous la jaquette!

 

Du corbeau à Saddam ou des autochtones amérindiens aux irakiens

 

            Notre revue de livre concerne deux sujets forts différents, mais deux livres qui ont pour caractéristiques communes de bien se lire.

 

 

Legros, Dominique, 2003, L’histoire du corbeau et Monsieur McGinty, France: nrf Gallimard/L’aube des peuples

 

Un Indien athapascan tutchone du Yukon raconte la création du monde [2003], adapt. de l'anglais par Dominique Legros , 352 pages sous couv. ill., 140 x 225 mm. Collection L'aube des peuples, Gallimard -lvs. ISBN 2070759741. 25,00 €

 

Résumé

 

«Monsieur McGinty est un Indien Athapaskan Tutchone du grand Nord. Sa terre, c'est le Yukon près de la frontière avec l'Alaska. Entre 1984 et 1991, Dominique Legros eut la chance de le rencontrer et d'enregister la longue histoire du Corbeau. Monsieur McGinty était alors l'un des fameux conteurs tutchones, dans la tradition d'un peuple où la littérature orale est d'une grande valeur. De ces rencontres est né ce livre drôle, profond et merveilleux. Le corbeau est à la fois le héros créateur et l'anti-héros des peuples du grand Nord. Il est habile et rusé, prend la forme des humains, trompe son monde, séduit les femmes et, honte à lui, même sa belle-mère. [...]

 

La force du livre de Dominique Legros est de nous faire entendre la voix de Monsieur McGinty, sa faconde, son goût pour une langue riche et pleine d'humour pour décrire les choses de la nature. Les pérégrinations du corbeau nous entraînent dans le monde amérindien, à la fois familier et radicalement étranger. Dominique Legros met ainsi au jour une nouvelle ethnologie qui fait ressentir de l'intérieur cet univers où religion et vie sont intimement mêlées. Plus qu'un témoignage, L'histoire du corbeau est une invitation à la découverte de l'autre.»

 

J.M.G. Le Clézio. 

 

Commentaires de Michel Handfield (7 juin, 2004)

 

 

Il y a quelques temps déjà que j’ai fini ce livre. Je l’ai lu d’un trait, comme une histoire, mais j’ai choisi de le laisser reposer avant d’en parler, car ce n’est pas un livre comme les autres. En effet, l’histoire du corbeau est la « Genèse » des Indiens athapascan tutchone du Yukon.

 

Moi qui aime particulièrement les oiseaux (j’ai 3 cockatiels à la maison), j’ai trouvé cette représentation de Dieu en un corbeau fort intéressante. En fait c’est plus qu’une représentation de Dieu, car les deux se confondent dans ce mythe fondateur. Dieu et le corbeau, le corbeau et Dieu ne faisant parfois qu’un! Et comme les oiseaux sont en mouvance perpétuelle entre le ciel et  la terre y a là une relation particulière à un Dieu qui est au ciel me semble-t-il! Les oiseaux en lien direct avec Dieu? Ses anges? J’y vois une certaine symbolique. Depuis que j’ai lu ce livre, quand je vois une corneille – car les corbeaux sont rares à Montréal – il me semble que je ne la vois plus de la même façon et je lui dis parfois bonjour! Je suis sûr que c’est à cause du corbeau et de Monsieur McGinty!

 

***

 

A un autre niveau, plus terre à terre, ce livre concerne un mythe fondateur au même titre que la bible pour les Chrétiens. Mais contrairement aux mythes écrits, les mythes oraux ont la particularité d’évoluer et d’intégrer la modernité. Ils n’ont pas ce caractère statique et immuable de l’écrit. Même Jésus, y fut intégré, comme suivant le Corbeau, car « le corbeau a tout fait en premier. Et il l’a fait pour les Blancs, pour Jésus, et pour les Indiens. » (p. 118) C’est là une particularité des mythes oraux : ils demeurent vivant et se transforment avec le temps et à travers leur transmission entre générations, familles et peuples.

 

Ce livre peut être lu en entier ou en partie. On peut lire l’histoire du Corbeau et Monsieur McGinty (pp. 54-213) comme une histoire, comme un mythe ou comme un livre religieux. C’est intéressant, mais ce peut aussi être choquant pour quelques esprits conservateurs, car les notions de morale et les tabous ne sont pas les mêmes pour tous les peuples. On pénètre dans une autre culture que nous ne connaissons pas même si on partage le même espace-temps depuis quelques centaines d’années. Une occasion de le découvrir.

 

La troisième partie de ce livre, Postface (pp. 215-340), explique la relation de l’auteur avec ces autochtones et est fort intéressante en renseignements et anecdotes. Comment vivent-ils maintenant? Leur mémoire de leurs modes de vie passée? Cela s’adresse aussi à tous.

 

Par contre la première partie, l’Avant-propos (pp. 17-52), est davantage herméneutique. On y traite de la méthodologie et des difficultés de passer de l’oral à l’écrit. Des risques et des espoirs d’une telle transcription pour les générations tutchones futures…

 

Ce livre marque, car un événement ou une nouvelle en font ressortir un épisode ou un passage de notre mémoire et nous fait penser au corbeau. Depuis que j’ai lu ce livre, je me demande parfois ce que le corbeau pense de notre rapport à l’environnement et aux autres. Il doit trouver que l’argent a pris une place trop prépondérante sur la vie parfois…Je ne suis pas sûr que le corbeau doit être d’accord avec ce « dominez la terre » de la Genèse et là dessus je serais plutôt d’accord avec le corbeau!

 

 

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Haitham Rashid Wihaib, 2004, Dans l’ombre de Saddam. Les révélations inimaginables de son chef du protocole, France : Michel Lafon

 

Commentaires de Michel Handfield (7 juin, 2004)

 

Ce livre fut écrit par quelqu’un de l’entourage de Saddam. Chef du protocole, il voyait l’horreur, ce qui l’a conduit, dès qu’il en a été capable, à fuir l’Irak. Il donne aussi raison à l’intervention des Etats-Unis quand il dit au début de son livre:

 

 « Aujourd’hui que mon peuple est libéré de ses chaînes, je puis enfin m’exprimer librement, sans crainte de voir des représailles s’abattre sur mes proches. » (pp. 11-2)

 

 

Il fait l’historique du régime de Saddam et dénonce ses atrocités. Il en montre l’hypocrisie et les liens qu’il entretenait avec quelques personnages peu fréquentables, dont Ben Laden dit-il - ce sur quoi certains spécialistes ne sont pas d’accord cependant. Il montre aussi comment les chefs occidentaux pouvaient jouer le jeu et fermer les yeux pour des raisons stratégiques et économiques, car l’Irak est bien pourvue en richesse pétrolière et a bien souvent fait l’affaire de pays occidentaux pour des raisons politico stratégiques.

 

Les atrocités et les liens dénoncés sont-ils tous réels, car notons que l’auteur a fui l’Irak en 1993? Ses contacts à l’interne savaient-ils réellement, transmettaient-ils des rumeurs ou ce que le régime en place voulait qu’ils transmettent pour des raisons idéologiques? Comme faire croire à une puissance plus grande que réelle de l’Irak… En fait peu importe; c’est un témoignage qui émane d’assez près du régime et, même si on doit le prendre avec un certain recul, il apporte un certain éclairage pour qui s’intéresse à l’actualité et à la question irakienne.

 

Pour ceux qui sont davantage spécialisés en ces domaines, ce livre offre un autre intérêt. En filigrane on y perçoit la mécanique du Pouvoir. L’idéologie et l’usage mécanique de la peur. Des parallèles peuvent être fait avec d’autres régimes, même celui de George W. Bush, car si le Pouvoir peut prendre diverses formes, certains de ses mécanismes – certaines de ses méthodes - sont immuables:

 

« Autre méthode éprouvée contre les dissensions internes : inventer un ennemi commun contre lequel les rangs se resserreront. Il s’agit d’une tactique infaillible puisqu’elle s’appuie sur le chauvinisme des peuples. » (p. 203)

 

Bref, un livre grand public dans sa forme, mais qui peut être éclairant, même pour le spécialiste, dans son contenu.

   

 

 

Index

 

Nouveaux livres reçus

 

(V6#2)

 

 

Reçu 9 août 2004 : Borjesson, Kristina, 2003, Black List – Quinze grands journalistes américains brisent la loi du silence, Paris :  10/18

 

Black List
BORJESSON Kristina
Traducteur : CLARINARD Raymond, TAUDIERE Isabelle
Collection : Fait et cause
Titre original : Into the Buzzsaw : Leading Journalists Expose the Myth of a Free Press

Date de parution : 06/05/2004
Prix : 8,50 Euros
Nombre de pages : 448 Code ISBN : 2-264-03981-7
Code CLIL : 233102
Sériel : 3720  

Ils étaient les enfants du Watergate. Ils travaillaient pour CBS, Newsweek ou CNN et ils en étaient légitimement fiers : ils faisaient le plus beau métier du monde dans la première démocratie du monde. Un jour, ils ont traversé le miroir. Leurs adversaires les ont harcelés. Ils ont refusé de se soumettre. Les intimidations ont redoublé. Sous la pression, leur rédaction les a lâchés. Leur seul crime : avoir enquêté là où il ne fallait pas. Sentant soudain le soufre, ils ont dû quitter le confort des télévisions et des journaux qui « font » l’opinion. À travers quinze récits passionnants, documentés, accablants, rassemblés par Kristina Borjesson, des journalistes racontent leurs enquêtes et leur combat contre le pouvoir économique ou politique, et médiatique. Black List est un livre rare. Best-seller en France et aux États-Unis, il est devenu un exemple dans le monde entier pour tous ceux qui croient encore à la liberté de l’information.

 

 

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Reçu 15 juin 2004 : Poniatowski, Axel, 2004, Pourquoi les Français et les Américains ne se comprennent plus, France : Perrin

 

Des Français sont harcelés dans les aéroports outre-Atlantique. Les touristes américains boycottent la France. Dans les colloques internationaux, on en vient à se demander si les Etats-Unis sont devenus un ennemi ou si la France a trahi la confiance de son partenaire atlantique. La guerre d'Irak a-t-elle constitué un tournant dans l'histoire des relations franco-américaines ou simplement révélé une fracture de plus ?
La vérité est que dès la fondation des Etats-Unis, les destins de la France et de la jeune République furent liés dans un tissu complexe d'amitié et d'irritation. Sans conséquence extérieure tant que l'Amérique repliée sur elle-même se consacrait à la mise en valeur de son immense territoire et que la France s'occupait seule de son destin, cette mésentente réciproque devint source de tensions, une fois passées les épreuves de la solidarité en1919 et en1945.
La défaite de 1940 fut un choc pour les Américains, et un tournant immense dans la représentation que l'Amérique se faisait de la France, dès lors perçue comme une gloire déchue. Tendue tout entière vers la restauration de sa place parmi les Grands, la France dut s'affirmer contre une tutelle bienveillante, mais souvent pesante.
L'affirmation d'une puissance américaine sans partage après la chute de l'URSS favorisait l'éclosion des nouvelles théories néo-conservatrices de l'hégémonie. Le 11 septembre libéra un nouveau souverainisme américain. Après une période de coopération sur l'Afghanistan où la France tint son rang, l'Amérique refusa de se laisser entraver par le droit international pour mener à bien son projet en Irak. La collision était inévitable avec les conceptions françaises.
Avec l'apparition du terrorisme de masse, la France et l'Amérique partagent néanmoins les mêmes vulnérabilités et ont en commun la volonté de faire face à ceux qui voudraient menacer le monde démocratique, même s'ils peuvent diverger sur les stratégies d'action.

 

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9 juin 2004 : Kagan, Robert, 2004, Le revers de la puissance, France : Plon

 

(…)

 

            Depuis l’invasion de l’Irak par l’armée américaine, un grand débat s’est ouvert sur la meilleure façon de créer un ordre mondial sécurisé. Sur ce sujet, Robert Kagan a écrit ce petit livre clair et lumineux, analysant les divergences profondes qui divisent l’Europe et les Etats-Unis. Car il s’agit bien de deux visions du monde qui s’affrontent, deux conceptions de la politique étrangère et des moyens de lutter contre le terrorisme. Plus précisément, la réflexion de Robert Kagan aborde les conditions qui pourraient rendre légitime la politique étrangère de son pays aux yeux des démocraties occidentales.

 

 

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9 juin 2004 : Chomsky, Noam, 2003 (2004), Le profit avant l’homme, France :  10/18

 

            Depuis l'effondrement des régimes communistes, le dogme néo-libéral est le pavillon sous lequel les États-Unis, imités par la majorité des pays occidentaux, ont décidé de défendre leurs intérêts stratégiques. Les deux grands mots d'ordre de ce que l'on appelle la « mondialisation » - « moins d'État » et « liberté des marchés » - sont désormais leurs armes privilégiées pour assurer leur domination sur le reste du monde. Pourtant, Noam Chomsky souligne à quel point la réalité du néo-libéralisme actuel tourne le dos aux principes du libéralisme « classique ». La compétition est truquée et les pays riches, en position de force, recourent à toutes sortes de mesures qui sont autant de violations déguisées de la liberté qu'ils prétendent défendre.

« Un brûlot fustigeant les hypocrisies du dogme néo-libéral.»
 Midi libre

 

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14 mai 2004 : Kaspi, André, 2004, Les Etats-Unis d’aujourd’hui, France : Perrin /  Tempus

 

Les Etats-Unis fascinent, déroutent, provoquent l’admiration et la détestation. Leur puissance, militaire, politique, économique, culturelle, fait peur. Et pourtant, que savons-nous vraiment de cette démocratie? Tous les américains soutiennent-ils le président George W. Bush? Sommes-nous, Français, Européens, destinés à devenir des Américains? Trop souvent, nous nous contentons d’approximations et de préjugés. Plus que jamais, les Etats-Unis sont mal connus, mal compris, mal aimés.

 

Index

 

 

Les films

 

 

HERO

Sortie en salles : 27 août 2004

 

 

Réalisateur: Zhang Yimou      

Mettant en vedette: Jet Li

 

Il y a deux mille ans, la Chine était divisée en sept royaumes.  Chacun d'eux combattait les autres pour obtenir la suprématie, tandis que le peuple endurait la souffrance et la mort.  Obsédé par la conquête de la Chine, le roi d’un des royaumes ne s’arrêtera devant rien.  La star d’action internationale, Jet Li, y joue le mystérieux Sans nom qui fera tout pour venger son peuple.

 

Commentaires de Michel Handfield (26 août, 2004)

 

Film d’action basé sur le mythe fondateur de la Chine – l’unification des différents royaumes – dans le genre des grands films États-Uniens. Attention : si les chinois apprennent à faire du cinéma de masse comme ils ont appris pour la production industrielle, ils vont challenger les USA! On risque d’en entendre parler dans le futur. Ça se voit dans ce film, car ils y ont mis les moyens : Jet Li, leur Bruce Willis national, et des effets spéciaux fort spectaculaires. Le cinéma Chinois semble prêt à conquérir le monde! Si leur motto fut « Our land » depuis l’unification de la Chine, il sera peut être bientôt remplacé par « Our world », car la Chine semble de  plus en plus vouloir « challenger » les USA et pas juste pour les médailles olympiques!

 

C’est d’ailleurs pour cette raison que certains auteurs plaident de plus en plus en faveur d’un monde multipolaire, seul moyen de résoudre ce risque de « clash » entre deux superpuissances. Nous ne reviendrons pas là dessus, mais rappelons que nous en avons déjà parlé dans notre section livres. (1)

 

Un film à voir pour qui s’intéresse aux héros, au fantastique, à l’ethnologie et à l’histoire.

 

Hyperlien :

 

http://www.herothemovie.com/

 

Note :

 

1. A ce sujet, je pense au livre suivant : Primakov, Evgueni, 2003, Le monde après le 11 septembre et la guerre en Irak, Paris : Presses de la renaissance. Vous trouverez notre commentaire sur ce livre dans la section Mondialisation sous le titre Deux livres en porte à faux… et un pourfendeur de « vérités »!

 

 

 

samsara

Sortie : 20 août 2004 (en laddaki avec sous-titres français)

Durée : 138 minutes

 

réalisateur : Pan NALIN

distribution : Shawn Ku, Christy Chung

 

Une histoire d’amour spirituelle se déroulant des les merveilleux paysages de Ladakh, en Himalaya.  Samsara est l’histoire d’un homme en quête de lumière spirituelle en fuyant le monde.  C’est aussi l’histoire d’une femme qui l’amènera à retrouver l’amour et la vie.

 

 

 

Commentaires de Michel Handfield (17 août, 2004)

 

D’abord il s’agit d’un film à petite touche, tout en subtilité un peu comme on imagine le bouddhisme ou l’hindouisme. Un film méditatif – certains diraient en lenteur! Un film où on en apprend sur la vie monastique et paysanne en Inde, mais aussi sur Bouddha, car le film fait des parallèles entre Tashi et Bouddha! D’ailleurs, samsara signifie un cycle de réincarnation et ce n’est pas par hasard, car Tashi se demande s’il est la réincarnation de Bouddha et veut calquer sa vie sur la sienne! Mais c’est oublier Pema, sa femme, qui en a une autre vision.  

 

Ce film m’a aussi touché d’une autre façon en m’amenant à m’interroger sur Dieu, la religion et la culture. Jusqu’à quel point notre lieu de naissance et notre culture d’origine façonnent-elles notre représentation de Dieu? Il est difficile d’être autrement que Bouddhiste, hindouiste, juif, musulman ou chrétien lorsque depuis notre tendre enfance nous baignons dans cette culture, surtout si elle est politiquement dominante comme dans certaine région du monde. Oussama Ben Laden  aurait-il été chrétien fondamentaliste s’il venait de la « Bible Belt » ou George W. Bush fondamentaliste musulman s’il était saoudien? Et si tous les deux étaient nés aux Indes seraient-ils des moines hindouistes qui méditeraient pour la paix? Cette question m’est venue au début du film, car la quête de Dieu varie selon les peuples et les cultures. Et si ce n’était que ça; s’il n’y aurait pas de vérité, mais qu’une quête de celle-ci? Alors combien de morts et de souffrance pour rien au cours de l’histoire au nom de soi-disant vérités divines! De quoi se recueillir et souhaiter plus d’humanité dans le monde…  

 

Hyperliens 

 

http://www.samsarafilm.com/

 

http://www.wsu.edu:8080/~dee/GLOSSARY/SAMSARA.HTM

 

 

 

 

 

 

GOING THE DISTANCE

DURÉE:  90 minutes

Sortie: 20 août 2004

 

Réalisateur: Mark Griffiths

Mettant en vedette: Christopher Jacot, Joanne Kelly, Shawn Roberts, Ryan Belleville, Jason Priestley et la participation spéciale d’Avril Lavigne

 

PRÉSENTATION SPÉCIALE – COMEDIA / JUSTE POUR RIRE

 

He may have just graduated but Nick (Christopher Jacot) has it all figured out - marriage, a lucrative career and a totally different lifestyle from that of his Westcoast hippy parents. When he discovers that his future wife may be falling prey to a powerful and oversexed music producer, Nick is determined to fly to Toronto to win her back. Lifelong buds and dedicated surfers Tyler (Shawn Roberts) and Dime (Ryan Belleville) have other ideas for their staid best friend - the roadtrip adventure of his life. With only three days to make it to the MuchMusic Video Awards, the unlikely road warriors head off. Two sexy hitchhikers, Sasha (Joanne Kelly) and Jill (Mayko Nguyen), complicate matters and a series of accidents, orchestrated by a malevolent stranger, sabotage the trip turning Nick's future plans upside down.

 

Commentaires de Michel Handfield (21 juillet, 2004)

 

On est ici face à un « road movie » initiatique, marquant la fin du secondaire et l’entrée dans l’âge adulte (18 ans) qui coïncide généralement partout en Amérique sauf au Québec, où la situation est quelque peu différente, le secondaire comptant une année de moins, ce qui fait que l’entrée au cégep se fait à 17 ans et le passage à l’âge adulte au cours de l’année qui suit. Cette différence explique que ce genre de film – rite - de passage soit un sujet davantage prisé des cinéastes états-uniens et canadiens anglais. Mais vu la popularité historique de ces films auprès du jeune public d’ici, ces films nous rejoignent malgré cette différence structurelle de notre système d’éducation. Ce film ne devrait pas faire exception auprès de ce public cible.

 

On joue ici sur les contrastes avec un jeune aux valeurs traditionnelles, venant d’une famille encore attachée à des valeurs « hyppies » de la fin des années 60, qui doit composer avec ses amis délurés dans un voyage vers Toronto – qui le fera traverser le Canada en entier dans un « camper » - à la recherche de l’amour de sa jeune vie! Mais il découvrira plutôt que les certitudes ne durent peut être qu’un temps…

 

Une comédie sur la psycho ado, qui cherche à aller plus loin dans la découverte de soi, de ses désirs, de ses goûts et du sexe. On est face à une comédie légère avec un esprit de bande dessinée qui devrait rejoindre les jeunes publics et le public qui a encore un esprit jeune! Un « road movie » romantico-hormonal!

 

 

Mes enfants ne sont pas comme les autres

Prend l'affiche au cinéma Beaubien et au Quartier Latin dès le 13 août 2004

 

France, 2003, de Denis Dercourt avec Richard Berry

Montréal, 3 août 2004 - Présenté au Festival des films du monde en 2003, Mes enfants ne sont pas comme les autres a été réalisé par Denis Dercourt qui en signe aussi le scénario et la mise en scène.  Le long métrage qui sortira au cinéma Beaubien et au Quartier Latin le 13 août prochain, met entre autres en vedette Richard Berry, Mathieu Amalric, Maurice Garrel, Élodie Peudepièce, sans oublier Malik Zidi et Frédéric Roullier.

Jean Debart (Richard Berry) élève seul ses deux enfants, et exige d'eux un apprentissage forcené de la musique.  Musicien d'orchestre lui-même, il est également leur professeur.  Alexandre, onze ans, pianiste soliste virtuose, se plie apparemment aux exigences paternelles.  Adèle, 17 ans, brillante violoncelliste, se montre, elle, moins docile que son frère.  Alors qu'elle prépare les concours musicaux les plus réputés, elle tombe amoureuse de son accompagnateur Thomas.  Mais il n'est pas permis à une Debart de concilier travail de la musique et premier amour...

Après ses études au Conservatoire de Paris, Denis Dercourt a joué en soliste et en musique de chambre, de Pleyel à Carnegie Hall.  Alto solo de l'Orchestre Symphonique Français jusqu'en 1993, il nous a déjà donné Les Cachetonneurs (1998) et Lise et André (2000), tous deux sortis au Québec par K-Films Amérique.  Il est aujourd'hui professeur au Conservatoire de Strasbourg.

La musique de Mes enfants ne sont pas comme les autres est de Schumann, Saint-Saëns, Denis Dercourt, Monciero, Alkan, Dvorak et Beethoven. Ce film est distribué par K-Films Amérique, les cinémas nationaux de qualité.


Commentaires de Michel Handfield (12 août, 2004)

 

Jean Debart, veuf d’une brillante violoncelliste, exige de sa fille (Adèle) l’amour exclusif de la musique, comme son propre beau père l’avait probablement exigé de sa fille avant qu’elle ne parte avec lui! D’ailleurs son beau père, un réputé chef d’orchestre, se demande encore comment sa fille (brillante soliste) avait-elle pu épouser Jean, ce simple violoncelliste d’orchestre!  Elle était une si grande musicienne! Sa compagne lui dit «… mais ils s’aimaient » Et lui de répliquer : « …la belle affaire! » Car dans cette famille, dans ce milieu, c’est la musique qui compte. La discipline de la musique, qui dicte la vie comme s’il s’agissait d’une partition! On est dans les relations tendues, où le compromis –quel qu’il soit - devient une fausse note inacceptable!

 

La réputation familiale – de génie de la musique en l’occurrence – constitue un fardeau de plus en plus lourd à porter pour chaque génération et, avec la libéralisation de la société, ainsi dresser les enfants comme des machines à jouer semble de plus en plus anachronique et intolérable aujourd’hui. J’avais souvent le goût de dire à Adèle « va jouer du jazz, ça va faire suer ton paternel! » Car la discipline musicale devient l’instrument d’une manipulation pour faire faire à sa fille ce qu’il n’a pu réaliser et recréer le génie de sa femme disparue!

 

D’être ainsi dressé, marque. Mais il y a une part de la musique en elle, ce qui fait que, malgré sa révolte, Adèle sent l’appel de la musique. Cela en fait un personnage tourmenté et intéressant dans sa démarche. Se libèrera-t-elle de la musique ou par la musique? Un film à voir si vous aimez la musique classique, les personnages tourmentés et les films psychologiques. Tous les ingrédients y sont.

 

Les autres personnages tournant autour de cette famille et de la musique – dont l’oncle compositeur – sont aussi fort intéressants, car on voit cette marque du milieu familial et musical sur eux et comment ils s’en sont accommodés! L’oncle dit d’ailleurs de son fils naissant… qu’il sera libre de choisir ce qu’il voudra faire plus tard! Comme si l’empreinte de la prédestination venait enfin de se terminer!

Hyperlien:

 

http://www.ocean-films.com/mesenfantsnesontpascommelesautres/

 

 

 

CONTROL ROOM

Sortie: 6 août 2004

 

DURÉE: 90 minutes

Réalisateur  Jehane Noujaim

 

 

Ce documentaire sur la perception internationale de la guerre en Iraq a été fait à partir des nouvelles diffusées sur Al Jazeera, le plus important canal de nouvelles en langue arabe.  Très critiqué par les membres du Cabinet et le Pentagone, la station a révélé beaucoup de choses à propos de la guerre en Iraq que l’administration Bush n’aurait pas voulu montrer.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (5 août, 2004)

 

 

La réalité? En fait il s’agit là d’un concept, car dans les faits la réalité est insaisissable, mais nous en avons une vision, une conception! De la réalité, nous pouvons avoir une connaissance scientifique ou une connaissance de sens commun, mais nous ne pouvons la saisir en son entier! (1) Par contre on peut s’aider à en saisir le plus possible en prenant différents points de vue, comme pour quelque chose qui nous dépasse. Pensons à un paysage grandiose; à défaut de tout le capter on en prend plusieurs photos et on l’explique pour le faire comprendre. Mais même quand on y retourne soi même on peut voir des choses qu’on n’avait pas vues la première fois, car la réalité nous dépasse. Nous n’en avons qu’une perception. La même chose est vraie de l’information. Il nous faut plus d’une source pour se faire une idée de la réalité, mais nous n’avons jamais la réalité dans sa globalité!

 

            En cas de guerre, comme en Irak, la situation est encore plus difficile, car l’information devient un outil idéologique;  la machine de guerre et de Pouvoir fabrique une image de la réalité qu’elle cherche à faire diffuser par les médias, car l’image ainsi vu/acceptée par le plus grand nombre devient la « réalité »! Des sources multiples, venant de différents pays et cultures, sont donc nécessaires pour mieux saisir la réalité.

 

Ce film porte sur une de ces sources: Al Jazeera, le réseau d’information arabe! A souligner qu’ils ont maintenant un site Internet en anglais (voir l’hyperlien au bas de ce texte). Vous le trouverez aussi sur notre page le monde, où l’hyperlien vers la version arabe d’Al Jazeera était depuis quelques années dans un but de transparence de l’information! On ne comprenait pas l’arabe, mais on pouvait regarder les images!

 

Dans ce film on suit justement le travail des gens d’Al Jazeera dans leur couverture du conflit irakien et des bâtons qu’on leurs a mis dans les roues – comme un missile qui est accidentellement tombé sur leur bureau tuant un de leur journaliste! Un accident, avec des missiles si sophistiqué qu’ils ne peuvent pourtant avoir plus de quelques pieds d’erreurs selon la propagande! Drôle de hasard que celui-ci ai eu une si grande marge d’erreur… et soit tombé sur les bureaux d’Al Jazeera et non de CNN!

 

Ce film constitue aussi un genre de « making of » du show de la guerre en Irak et  de la propagande mise en place pour la servir! Un film à voir pour en savoir davantage sur la réalité!

 

 

Hyperliens

 

http://english.aljazeera.net/   Nouveauté! Al Jazeera en version anglaise.

 

http://www.aljazeera.net/ Site en version originale arabe.

 

www.cnn.com CNN, célèbre réseau d’informations des USA dont Al Jazeera est la contrepartie!

 

www.controlroommovie.com

 

 

Note :

 

1. Souvenir de mon cours d’analyse de contenu avec Gilles Houle au début des années 80 (prof. de sociologie, Université de Montréal).  Pour ceux que cela intéresserait d’aller plus loin, je vous conseille un livre qui m’avait fort intéressé sur ce sujet quelques années plus tard :

 

COULON, Alain, 1987, L'ethnométhodologie, France: P.U.F., col. «Que sais‑je?»

 

PREMIER JUILLET – LE FILM

 

DURÉE: 90 MINUTES

Réalisateur: Philippe Gagnon

Mettant en vedette:  Martin Laroche, Sabine Karsenti, Geneviève Rioux, Antoine Durand, Bénédicte Décary, Ghyslain Tremblay

 

 

Premier juillet, journée nationale du déménagement.  Les camions sont réservés, les meubles sont démontés et les clés sont prêtes à être échangées.  Charles et Kate sont prêts à emménager ensemble et devenir un « vrai couple », Félix doit suivre ses parents qui décident de faire un retour à la campagne, tandis qu’Édith et ses deux colocs sont très heureux de ne pas avoir à déménager.  Mais lorsque le camion ne se présente pas, que tous les moyens sont bons pour faire une fugue, ou que l’on se fait mettre à la porte sans préavis, la table est mise pour une journée pleine de rebondissements, de confrontations et de pizzas.

 

Commentaires de Michel Handfield (9 juillet, 2004)

 

Un film qui devrait aller loin, car il a une portée universelle dans son propos, un peu comme « Les invasions barbares » ou « La grande séduction », sauf que le prétexte n’est pas la santé mais le déménagement. Y-a-t-il meilleure façon d’aller au plus profond de l’être humain? De toucher la profondeur de l’être, alors qu’il est déstabilisé entre le connu (ce qu’il quitte) et l’inconnu (où il va, se trouvera-t-il un logement, l’amour résistera-t-il à la vie à deux, etc.)? D’entrer au coeur des relations d’amitié, de couple ou familiale – car si chacun y gagne quelque chose, chacun doit aussi y faire des deuils! On dépasse la psychologie pour entrer dans le sens profond de l’être, car il y a rupture avec ce qui était connu et ce sont nos valeurs profondes qui feront que l’on surmontera ou non cette rupture d’avec un lieu et une vie passée. Cela va de surmonter les difficultés bassement logistique du déménagement à faire sienne cette nouvelle vie, surtout si elle nous est imposée par les choix et les agissements des autres! (1) Un film qui va loin.

 

Même si je ne veux pas trop en dire, car c’est un film à voir, je me dois de souligner ce petit dialogue entre un ado déraciné et une ado du nouveau milieu où il est arrivé : Notre ado de Montréal parle de ses affrontements « à mort sur ordinateur » à la fille de campagne. Elle lui répond que c’est violent. Et lui de répliquer « Ben non, c’est stratégique! » On voit là les différences sur la notion de violence d’un point de vue culturel, personnel et philosophique. Différences qui se retrouvent au niveau sociopolitique aussi, car la politique part des Hommes et les Hommes sont des animaux sociopolitiques!  Cela se nourrit mutuellement et nourrit les conflits que nous connaissons à des niveaux plus élevés, régionaux et mondiaux, mais aussi idéologiques si nous considérons les religions comme étant des idéologies. (2) Les différences entre un libéral et un conservateur; un partisan de la paix ou un partisan de la guerre; un anarchiste ou un orthodoxe; un juif, un arabe (3) ou un chrétien (4); un pacifique ou un terroriste datent-elles de la plus tendre enfance ou de l’adolescence? Viennent-elles d’une façon de voir qui est innée depuis la naissance?  Un exemple de la richesse des questions que soulève ce film sous un habillage de comédie. Un film qui devra être présenté en compétition selon moi.

 

 Note :

 

1. Cette navigation entre le connu et l’inconnu chez l’individu, sa capacité d’adaptation, ses entrechocs se retrouvent aussi au niveau des sociétés, car notre monde, nos mondes (occidentaux et orientaux, Nord et Sud, Judéo-chrétien, islamiste bouddhiste et autres croyances) vivent les mêmes chocs alors que les frontières semblent de plus en plus s’amenuiser avec les moyens de communication modernes. On passe des mondes différenciés au village câblé si rapidement que notre faculté d’adaptation semble collectivement dépassée un peu comme celle de l’individu face à un déménagement. Je ne pouvais passer sous silence ce lien entre la condition individuelle décrite par le film et la situation collective décrite par Jean-Claude  Guillebaud dans Le goût de l’avenir (Paris: Seuil, 2003). Un livre qui me marque, car je n’arrête pas de faire des liens entre ce livre et des films que je vois. Pourquoi? Peut être est-ce un livre qui plonge au fondement de la civilisation…

 

2. Je pense ici encore à Jean-Claude Guillebaud cité plus haut, mais aussi à son autre ouvrage La refondation du monde (Paris: Seuil, 1999)

 

3. Barrada, Hamid, et Sitbon, Guy, 2004, L’Arabe & le Juif, Paris : Plon

 

4. A ce sujet nous pensons à trois livres dont nous avons déjà parlé dans notre section livres, soit :

 

Guisnel, Jean, 2003, Délires à Washington (Les citations les plus terrifiantes des faucons américains), Paris: La  Découverte

 

Lapham, Lewis, 2002, Le djihad américain, France: Saint-Simon

 

Laurent, Éric, 2003, Le monde secret des Bush, France/Canada : Plon/Transcontimental

 

 

 

 PRINTEMPS, ÉTÉ, AUTOMNE, HIVER… ET PRINTEMPS

 

 

Présenté à partir du 6 août au Cinéma du Parc, au Cinéma AMC Forum, au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) et au Cinéma Beaubien!

 

Printemps, été, automne, hiver… et printemps (Bom yeoreum gaeul gyeoul
geurigo bom
) – du célèbre réalisateur sud-coréen, Kim Ki-duk. Un saisissant drame humain sur les apprentissages d’un moine, au rythme des quatre saisons. Le film a été présenté dans le cadre de nombreux festivals dans le monde entier, y compris, le Festival New Directors New Films, le Festival de Toronto, le Festival du Film de Locarno, le Sundance Film Festival et le Festival de San Sebastian, où il a remporté le prix du public.

 

L’action se déroule dans un décor sublime, un monastère bouddhiste posé sur un radeau qui flotte sur un lac entouré de montagnes et un arbre de 300 ans. 

 

C’est à cet endroit qu’un jeune disciple, sous le regard attentif d’un vieux moine (le vétéran du théâtre Oh Young-soo), apprend une difficile leçon alors que ses jeux enfantins deviennent parfois cruels. À l’été, le moine devenu jeune homme, goûte au pouvoir du désir sensuel, un désir qui le mènera, une fois adulte, à commettre des actes noirs à l’automne. À l’hiver, devant le lac glacé, l’homme (interprété par Kim Ki-duk
lui-même), expie ses gestes du passé. Enfin, le printemps marque le début d’un cycle nouveau.

Avec une attention extraordinaire aux détails sur le plan visuel, par exemple, l’utilisation de différents animaux (chien, coq, chat, serpent, tortue) comme motif pour chaque section, l’auteur/réalisateur/monteur/acteur Kim Ki-duk a créé une histoire universelle sur l’essence humaine, de l’Innocence, en passant par l’Amour et le Mal, à l’Illumination et enfin, au Renouveau.

 

Un des réalisateurs les plus populaires de la Corée, souvent appelé le « jeune homme en colère» du cinéma coréen, Kim Ki-duk, 42 ans, est autodidacte. Il a travaillé dans des usines,
a servi dans l’armée, a étudié les beaux-arts à Paris en vendant ses peintures dans les rues
de la France avant d’entreprendre sa carrière au cinéma en 1996. Depuis, au rythme impressionnant d’un film par année, Kim marque le cinéma international avec des films comme L’Île (World Cinema Award au Sundance Film Festival en 2000), Address Unknown, Coast Guard et Samaria(Ours d’Argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin en 2004).

 

Printemps, été, automne, hiver… et printemps est distribué au Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (4 août, 2004)

 

Notre première impression est celle de la Beauté (pure) et de la sérénité! Mais on découvre que la sérénité  des Hommes vient de la vie et d’expériences pas toujours heureuses. Que tout porte son contraire : ce pour quoi on est heureux peut aussi être ce pour quoi on est malheureux Un film sur la vie et nos apprentissages.

 

Un film sur une autre culture – bouddhique – où les leçons ne s’apprennent pas seulement par la lecture ou l’école, mais aussi par expérimentation. Quand le jeune disciple s’amuse à attacher de petits animaux (poisson, grenouille et serpent) à de petites pierres pour le plaisir de les voir « travailler » (souffrir), le maître l’observe. Dans la nuit il lui attache une pierre à la taille pour qu’il expérimente à son tour et lui donne pour tâche de retrouver les animaux ainsi attachés pour découvrir le résultat de son jeu… 

 

On suit les saison, mais sur long le court, car chaque saison correspond à une étape de la vie (printemps/jeunesse; été/adolescence, automne/jeune adulte…) et chaque étape de la vie amène ses découvertes avec ses joies et ses souffrances. Ainsi à l’été/adolescence, c’est la découverte du désir et de l’amour… alors qu’à l’automne (jeune adulte), c’est la découverte de la possession et de la jalousie… qui peut conduire aux drames humains! Le maître lui dit à peu près ceci quand il revient au temple suite à un drame passionnel: « Si tu la désirais, d’autre aussi la désireraient, car elle était désirable! Ainsi est la vie dans le monde des hommes. » (1)

 

Un grand et beau film, autant dans sa facture que sa philosophie – verbale et non verbale, car l’image et le geste parlent. L’essence du bouddhisme; l’essence humaine!  

 

 

Note :

 

1. Le drame en question est qu’il a assassiné sa femme à cause de la douleur de se sentir trompé. Mais à travers sa femme était-ce son suicide qu’il cherchait? Je pose la question, car cela rejoint un passage lu cette semaine concernant le meurtre comme suicide :

 

« De même que la psychologie sait que les gens qui se suicident sont au fond les meurtrier d’un autre, de même il y a des meurtriers qui au fond se suicident, en s’anéantissant eux-mêmes dans l’autre. » (Sloterdjik, Peter, 1987, 2000, Critique de la raison cynique, France : Christian Bourgois éditeur, p. 128)

 

Ce passage questionnait le meurtre de sa femme par le philosophe Althusser, vu la scission entre son amour du dogme marxiste et sa découverte d’une « coupure épistémologique » dans l’oeuvre de Marx qu’il ne pouvait supporter. Notre héros vit ici le même drame épistémologique entre l’Homme idéal, auquel il aspire par le bouddhisme, et l’homme de la vie qu’il découvre par l’accouplement hors de l’enclos monastique! C’est une question philosophique fondamentale entre ce que l‘on est et nos aspirations, qui remonte d’avant Platon, qui parlait de l’Homme comme d’un idéal à atteindre, et Diogène le cynique qui lui opposait les hommes de la rue! Car si Platon voyait dans les systèmes le dépassement de l’homme (le tout dépasse la somme des parties), Diogène y voyait que les hommes useront toujours d’ingéniosité pour conserver un espace de liberté et déjouer les systèmes! L’homme ne peut se réduire à une part de la communauté (communautarisme ou communisme) tout comme il ne se limite pas qu’à soi (individualisme), car il est un être social; un individu liés aux autres, à la société! (A ce sujet voir Guillebaud, Jean-Claude, 2003, Le goût de l’avenir, Paris: Seuil)

 

 

 

MARIA FULL OF GRACE

Sortie:  30 juillet 2004

 

DURÉE :  101 minutes

Réalisateur:  Joshua Marston

Mettant en vedette:  Guilied Lopez, Catalina Sandino Moreno

 

GAGNANT / WINNER – AUDIENCE AWARD – 2004 SUNDANCE FILM FESTIVAL

BEST ACTRESS / BEST FIRST FILM – 2004 BERLIN FILM FESTIVAL

 

Une jeune colombienne fait tout pour quitter son pays et rejoinder les États-Unis.  Elle accepte alors de transporter un demi-kilo d’héroîne pour entrer en Amérique.

 

Maria Alvarez (Moreno), an intelligent and fiercely independent 17-year-old girl from Columbia who agrees to smuggle a half-kilo of heroin into the United States.

 

COMMENTAIRES de Michel Handfield (30 juillet, 2004)

 

La Colombie. Des conditions économiques et de travail difficile. On peine à survivre, ce qui fait que l’industrie de la drogue est vue comme un « by-pass  » vers de meilleures conditions de vie! Pour Maria, jeune fille vive et intelligente, pour qui la vie semble confinée à équeuter des roses pour permettre à sa sœur de payer des soins au bébé, le travail de « mule «  (avaler de la drogue pour la faire passer aux Etats-Unis) semble une voie de sortie, de liberté.

 

Mais ce travail n’est pas facile, car on y risque sa vie à plus d’un titre; que ce soit une capsule de drogue qui fend, et c’est la mort par overdose, ou que ce soit à cause du milieu dans lequel on plonge, car ces mules n’y sont pas vraiment préparées. C’est dans cet univers que nous amène ce film, mais du point de vue de la personne qui le fait pour sortir de son milieu - et qui n’a pas nécessairement un background ou des antécédents criminels. Elle n’y voit qu’une porte de sortie à un avenir bloqué et des problèmes économiques qui sont aussi ceux d’un peuple et d’un pays. Car l’ultralibéralisme économique – ou néolibéralisme – n’est pas qu’un concept philosophique; c’est une réalité qui frappe de plein fouet les pays qui doivent réduire leurs protections économiques et sociales pour répondre aux nouvelles lois du marché. On en revient aux conditions du capitalisme sauvage, que Marx dénonçait dans Le Capital, où le travail n’assure pas nécessairement la survie des ouvriers ni de leur famille.

 

Par contre, l’économie parallèle de la drogue, vu le risque et la plus-value plus élevée du produit, offre des conditions alléchantes de revenus. C’est la loi du libre marchée, pourtant si appréciée du néolibéralisme, qui fait que ce marché est si alléchant, car il n’est pas encore contrôlé par une poignée de firmes multinationales qui peuvent écraser les pays producteurs. Là est le paradoxe du néolibéralisme qui se réclame du capitalisme de marché, mais qui contrôle toute concurrence en imposant une dégradation des conditions de travail et des prix sur la planète de par la présence de quelques firmes transnationales qui peuvent jouer les États les uns contre les autres et contrôler les marchés, vu leur capacité d’achat à l’échelle planétaire et leurs moyens de distribution oligopolistique dans les grands marchés du monde!

 

L’orthodoxie libérale était basée sur la concurrence entre des firmes comparables sur un marché national alors que nous sommes maintenant face à quelques grandes firmes transnationales, plus forte que les Etats nations, et qui décident de ce qui sera offert dans « leur » marché, à quel prix et, surtout, où et à quelles conditions il sera produit, car les grandes entreprises de distribution, comme Wall Mart, ont gagné la capacité de faire produire ce qu’elles veulent par des sous-traitants (surtout asiatiques) de façon à imposer leurs prix et leurs conditions de production par le fait même! Elles peuvent même limiter ou empêcher l’accès des marques nationales à leurs tablettes si celles-ci ne répondent pas à leurs conditions. Le marché, qui était la rencontre des consommateurs et des producteurs est maintenant remplacé par le distributeur/vendeur qui fournit son espace tablette à ses conditions! Ce n’est pas un hasard si de plus en plus d’emplois de productions sont délocalisés vers des pays en voie de développement et que tout ce qui reste dans les pays développés ne sont plus que le marketing, la gestion, le design et le contrôle de la qualité. Nos entreprises, grandes marques incluses, deviennent des donneurs d’ordres et des agents de marques de commerce, la production étant faite ailleurs et à un moindre coût pour répondre aux diktats des distributeurs qui ont pris en otage le marché; qui sont dorénavant le marché! Ceci ne peut que faire en sorte que les économies parallèles de la drogue, de la prostitution et parfois de « l’esclavagisme » (notamment par le travail illégal et sous les normes en vigueur, même dans les pays industrialisés, pour concurrencer la production tiers-mondiste) ne deviennent des façons de s’en sortir alors qu’elles sont illégales, car les anciens producteurs (travailleurs) ne sont plus que des clients et pour conserver ce seul statut qu’il leur reste ils se doivent d’avoir des dollars pour consommer, peut importe leur source! D’ailleurs vous a-t-on déjà demandé d’où vient votre argent lorsque vous faites une transaction dans une grande chaîne? Money talk! C’est ce qui fait que le travail de « mule », ce qu’expérimente Maria dans ce film, et tout ce qui tourne autour de la production et de la vente de la drogue exerce un tel appel dans les pays pauvres, mais aussi dans les milieux défavorisés des pays développés. Ce n’est pas un hasard et les changements économiques des dernières décennies ont certainement eu un impact positif sur le recrutement dans ce milieu. (1)

 

Des questions doivent être posées. Non pas sur le fait qu’un marché illégal soit un marché profitable, mais plutôt sur le fait que s’il y a libre marché, le libre marché étant défini comme l’échange entre un vendeur et un acheteur consentant en toute connaissance de cause,  comment se fait-il que certains marchés soient encore illégaux? Le marché est libre ou ne l’est pas!  Cela fait l’affaire de qui que le marché de la drogue ne soit pas libre, puisqu’il existe et qu’il est alimenté de toute manière? L’illégalité, créant de la rareté, est-elle plus profitable que la légalité? D’ailleurs, ne serait-il pas plus facile de combattre, ou à tout le moins de contrôler, l’usage de la drogue si elle était légale? Non? Pourtant n’est-ce pas ce que l’on a réussit avec la cigarette et l’alcool? A qui profite ce marché?

 

Un film au regard humain et qui permet de poser des questions pour aller plus loin. D’ailleurs les notes de presses contenaient des statistiques et des informations sur le sujet que nous avons reproduites plus bas vu leur intérêt (voir BACKGROUND FACT SHEET). Ce n’est certes pas un hasard, mais une invitation à aller plus loin que les apparences, qui voudrait que ce soient des criminels! Mais pourquoi? Qui, quel système, les a forcé à commettre ces gestes? L’OMC en détruisant les économies locales? Les multinationales, en imposant une chute des prix des matières premières et des salaires, surtout là où ils étaient déjà bas et sans protection sociale, politique ou syndicale? Si des populations entières voient leur survie assurée par produits illicites, n’est ce pas le signe  d’un problème qui dépasse la simple criminalité? Un problème structurel? Une conséquence inhérente au système économique mondial? Suit aussi une bibliographie pour nos lecteurs qui veulent aller plus loin dans la réflexion.

 

NOTE

 

1. Voici deux citations de Noam Chomsky (De la propagande) concernant justement la Colombie et allant en ce sens :

 

« La Colombie, par exemple, était productrice de blé il y a trente ou quarante ans. Mais cette production a été sapée par le programme Food for Peace [« Nourriture pour la Paix »] des Etats-Unis dès les années 1950, qui a submergé la Colombie de produits agricoles subventionnés. Du coup, l’une des exportations principales était obsolète. » (Chomsky, p. 104)

 

Et…

 

« (…) Du coup les petits producteurs de café ont été éliminés.

 

A ce stade, les choix ne sont pas très nombreux. On peut partir pour la ville, s’installer dans les bidonvilles et se faire tuer comme quantité négligeable par la police. Ou l’on peut passer en marge de la légalité et faire pousser quelque chose qui permettra de vivre. C’est agir en capitaliste rationnel, comme vous y invite l’Ouest. C’est agir en paysan rationnel dans les conditions imposées par les Etats-Unis. On cultive de la coca. » (Chomsky, p. 104)

 

 

BACKGROUND FACT SHEET (Alliance Atlantis Vivafilm)

 

The vast bulk of the world’s supply of opium poppy and coca bush are produced in South America (coca bush and opium poppy) and Southeast and Southwest Asia (opium poppy). These crops are not grown on any scale in the United States, Canada or Europe, and so must be imported to consumers in those markets. Along with cannabis, opium poppy and coca bush are the most popular major plant -based narcotics.

 

The advent of the jet era and the proliferation of international air routes opened up an efficient new method of smuggling illicit narcotics from producer countries to consumer markets. One method of avoiding detection was swallowing pellets containing drugs, or inserting them into the body. The first reported case of “body packing” was in 1973 in Toronto, when a man was admitted to a hospital with a small-bowel obstruction developed 13 days after he had swallowed a condom filled with hashish. (1) Officials at JFK International Airport first began to encounter and intercept drug swallowers and inserters in the early 1980s.

 

Given the illicit nature of drug trafficking, data regarding mules is necessarily

incomplete. The statistics cited below are intended only to provide background context for the story told in Maria Full of Grace.

 

• Average amount of heroin or cocaine contained in an individual pellet swallowed by a drug mule: 10 grams (approximately 0.4 ounces) (2)

 

• Number of pellets an average swallower can ingest: 80-125 (800 grams – 1.25

kilograms) (3)

 

• Potential earnings for a single drug-mule run (in US dollars): $5000 - $8,000(4)

 

• Average annual income in Colombia 2002 (in US dollars): $1,830 (5)

 

• A kilogram of heroin refined from $4,000 worth of opium gum can fetch from $75,000-$100,000 on arrival in New York. The kilo delivered by the courier is immediately taken to a drug “mill” where it is cut with a diluting substance and repackaged in about 35,000 glassine envelopes for sale at $10 – a dime bag – netting a total of $350,000 on the street.(6)

 

• Estimated amount spent by Americans on cocaine and heroin annually:

$46 billion (7)

 

• Estimated number of Americans considered “chronic” or occasional users of cocaine and heroin: 6 million (8)

 

• South American heroin predominates in the northeast market and many cities in the South (Baltimore, Atlanta, Miami, Washington DC) and the Midwest (Chicago, Cleveland, Detroit) (9)

 

• Percentage of rural Colombians living in poverty, 2001: 80% (10)

 

• Recorded unemployment rate in Colombia, 2002: 15.65% (11)

 

• Number of internal drug mules (swallowed and inserted) intercepted at JFK for Fiscal year 2003 (10/1/2002-9/30/2003): 145 (12)

 

Breakdown by sex: 38 female (26% of total), 107 male (74% of total)

 

Youngest: 17 years of age

Oldest: 65 years of age

 

• Number of internal drug mules (swallowed and inserted) intercepted at JFK for fiscal year 2004 to date (10/1/2003 through 4/30/2004, not counting seizures currently in process: 57 (13)

 

Breakdown by sex: 23 female (40% of total), 34 male (60% of total)

 

Youngest: 16 years of age

Oldest: 72 years of age

 

 

Notes:

 

1. New England Journal of Medicine, Dec. 23, 2003, “Body Packing — The Internal Concealment of Illicit Drugs” by Stephen J. Traub, M.D., Robert S. Hoffman, M.D., and Lewis S. Nelson, M.D.

 

2. Source: U.S. Dept. of Justice, National Drug Intelligence Center, “New Jersey Drug Threat Assessment,” May 2001

 

3. ibid.

 

4. Source: Radio Netherlands, “Mule Work in Colombia,” by Toby Muse, May 30, 2003

 

5. Source: the World Bank Group, preliminary estimates for 2002

 

6. New York Times, February 20, 1999, “A Pipeline of the Poor Feeds the Flow of Heroin” by Christopher S. Wren

 

7. Source: “More Terrible than Death: Massacres, Drugs, and America’s War in Colombia,” by Robin Kirk, published in the United

States by Public Affairs™, 2003, p. xvi

 

8. ibid.

 

9. Office of National Drug Control Policy, Pulse Check, Trends in Drug Abuse, January 2004

 

10. Source: Government of Colombia, Departamento Nacional de Planeacíon, La economía Colombiana: del ajuste económico a la reactivación (Bogotó, DNP 2002); cited by The Center for International Policy’s Colombia Progject

 

11. Source: The Economist

 

12. Source: U.S. Customs and Border Protection, Dept. of Homeland Security, New York office

 

13. ibid.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Quelques livres pour aller plus loin sur le système économique mondialisé, sur la destruction d’économies nationales et sur la drogue.

 

Arnsperger, Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et sociale, France : La Découverte/repères

 

Bauman, Zygmunt, 1999, Le coût humain de la mondialisation, Paris: Hachette Pluriel

 

Chomsky, Noam, 1996, Les dessous de la politique de l’Oncle Sam : écosociété

 

Chomsky, Noam, 2002 (2003), De la propagande – entretiens avec David Barsamian, Paris: Fayard coll. 10/18

 

Chomsky, Noam, 2003 (2004), Le profit avant l’homme, France : 10/18

 

Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur, France : Michel Lafon

Avec une préface de Jean Ziegler (ancien député du Parlement de la Confédération helvétique et rapporteur spécial de l’ONU nous dit-on, mais il fut aussi prof de sociologie à l’université de Genève)  Le terrorisme et l’empire, pp. 9-14.

 

Moore, Michael, 2004 (2000), Dégraissez-moi ça! Petite balade dans le cauchemar américain, Paris : 10/18

 

Sauloy, Mylène, et Le Bonniec, Yves, 1992, A qui profite la cocaïne?, Paris: Hachette/Pluriel

 

Tarondeau, Jean-Claude, et Xardel, Dominique, 1985, La distribution, France: P.U.F., «que sais-je?»

 

Ziegler, Jean, 1998, Les seigneurs du crime, Paris: Seuil.

 

Ziegler, Jean, 1999, La faim dans le monde expliqué à mon fils, France: Seuil

 

Ziegler, Jean, 2002, Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent, France : Fayard

 

 

 

HYPERLIENS

.

http://www.apple.com/trailers/fineline/mariafullofgrace/

http://www.mariafullofgrace.com/

 

 

La Planque

Film d’Alexandre Chartrand et Thierry Gendron

Avec Martin Desgagné et Pierre-Antoine Lasnier

A l’affiche au cinéma Beaubien à compter du 30 juillet

 

Montréal, 13 juillet 2004 — Après plus de quatre années de multiples démarches, les deux scénaristes réalisateurs de La Planque sont parvenus, avec un très modeste budget, à mener à terme ce long métrage qui a séduit le public des derniers Rendez-vous du cinéma québécois.  Déjà collaborateurs pour la réalisation de Sans titre, Alexandre Chartrand et Thierry Gendron ont réussi à produire La Planque sans la Sodec, sans Téléfilm, sans le Conseil des arts, sans l’ONF, sans la télévision.

 

Ayant volé plusieurs kilos d’héroïne au chef de gang, deux petits trafiquants attendent, bien planqués, ceux qui viendront prendre possession de la drogue et leur verser les 12 millions de dollars qu’elle vaut.  Mais qui arrivera le premier à la planque ?  La méfiance s’installe entre les deux hommes et l’isolement les fera basculer dans un huis clos oppressant dont l’enjeu sera leur survie.

 

Rappelant que le soutien aux films d’auteurs fait partie de la mission de K-films Amérique, Louis Dussault dit avoir été séduit par ce film qui n’a suivi aucune trajectoire normale tracée par les aides publiques (Sodec, Téléfilm etc.), non pas parce que ces instances ont refusé le projet, mais parce qu’on n’a pas sollicité leur participation à sa production.  « Il faut le dire et le redire, La Planque a été financé par des salaires genre Emploi Québec et des fonds privés.  Il est le fruit d’une volonté commune des deux auteurs, mais aussi des comédiens Martin Desgagné (Full Blast, Fiori dans la télésérie Harmonium) et Pierre-Antoine Lasnier (La Vie avec mon père, Les Aventures tumultueuses de Jack Carter), aussi associés au scénario. » Le distributeur raconte qu’après le visionnement, il avait peine à croire que deux acteurs aient ainsi pu le tenir en haleine pendant 73 minutes…  Les directeurs du Cinéma Beaubien et du Cinéma Le Clap à Québec ont réagi avec le même enthousiasme, tout comme Téléfilm qui a accepté d’en épauler la distribution.  

 

Il faut maintenant établir le contact avec le public, poursuit Louis Dussault, demandant aux journalistes et chroniqueurs de prendre le relais, pour faire en sorte, s’ils aiment le film, de lui offrir la visibilité nécessaire pour rejoindre les spectateurs. « Nous avons au Québec un public ouvert aux autres cinématographies et aux films différents, dont la passion alimente les cinéastes qui veulent le surprendre.»

 

Commentaires de Michel Handfield (23 juillet, 2004, mis en ligne le 30)

 

            Film que je qualifierai d’expérimental. Les acteurs avaient une trame narrative et un lieu, non un scénario, et devaient jouer avec ce qu’il contenait, improviser. L’éclairage du film aussi était naturel, ce qui fait un effet particulier surtout pour les scènes de nuit à la lampe ou avec les seuls phares de voiture comme éclairage.  Le tournage vidéo se faisait à deux caméras.

 

            Un film « rough », sale, comme le milieu d’où ils sont - un milieu parallèle, « fucké », sous underground! Les acteurs n’ayant pas de scénario précis, devant improviser, sont sur la corde raide et plus tendu ce qui crée un jeu très viril allant avec le propos du film. On est témoin de leurs interrelations, de leurs paranoïas montantes, de leurs rapports amitiés/haines et de leurs relations avec un troisième personnage que l’on ne voit pas, mais qui s’insère insidieusement entre eux.  

 

            On est ici dans un « film réalité », comme dans une « téléréalité », car le contexte du film (situation, lieu de tournage, environnement et canevas de scénario)  est contrôlé, mais pas le jeu des acteurs! C’est plutôt la trame, la situation imposée par le canevas, qui force le jeu des acteurs un peu comme dans la « téléréalité » les règles du jeu forcent les comportements. (1)

 

            Ce type de film a certainement nécessité beaucoup de travail de préparation et de recherche, car le lieu de tournage fait partie intégrante de ce processus de création cinématographique. Une expérience pour cinéphiles.  

 

Note :

 

 

1. Pour le parallèle, la « téléréalité » place des gens dans un contexte (loft par exemple), avec un objectif commun (chanter, se faire un chum, former un couple et que sais-je encore), des  règles et des situations imposées, mais laisse les concurrents improviser dans ce milieu fabriqué. Leurs comportements ne sont pas scénarisés, mais le contexte fait en sorte que le jeu ne peut que suivre une certaine direction, une certaine pente. L’appât du gain et le fait d’être choisi par les téléspectateurs fait en sorte que les comportements sont dictés par des calculs stratégiques.  Le canevas de l’émission – à défaut d’un scénario précis -  et le choix des candidat(e)s impose le climat qui donne le ton aux concurrents/acteurs dans leurs improvisations. Il y a le/la « bitch », le/la fin(e), le/la naïf/naïve, le/la stratégique, etc. dont le comportement ne pourra qu’être exacerbé par le contexte et le montage final, car la téléréalité c’est de la télé, pas la réalité! Le jeu, la règle, en impose en quelque sorte la direction. Comme dans ce film. Un film réalité, c’est à dire une fiction jouée de façon libre par des acteurs placés dans un environnement qui ne pouvait qu’imposer une certaine direction à défaut d’un scénario précis. C’est ce qu’on appelle  « le Pouvoir écologique : c’est celui qui est basé sur la manipulation des conditions matérielles ou environnementales, par exemple l’utilisation de l’espace architectural ou géographique pour contrôler les gens. »  (Vaillancourt, Jean-Guy et Vaillancourt, Pauline, « Les bases du pouvoir dans les nouvelles formes d’organisation du travail », in ACSALF, Travailler au Québec (Colloque 1980) éd. Coop. Albert Saint-Martin, Laval, 1981,  p. 36)

    

 

 

GO FURTHER

Sortie le 9 juillet

 

Le film sera projeté dans sa version originale en anglais au Forum.

 

Go Further de Ron Mann, qui combine rires et leçons, suit l'acteur et activiste Woody Harrelson dans un périple de « vie organique simple » le long de la côte du Pacifique. Ce documentaire écologique a été voté « le préféré du public » lors du Festival du film de Toronto 2003 et a été nominé pour meilleur documentaire aux 2004 Genie.

 

C’est l’été 2001 lorsque Woody Harrelson et ses copains, les Merry Hempsters, entreprennent une randonnée à bicyclette de 1 300 km, de Seattle à Santa Barbara, accompagnés d’un bus ravitaillé à l’huile de chanvre. Leur but est de démontrer
« comment vivre sans endommager la terre ».

 

Parmi les Merry Hempsters, se trouve un activiste de chanvre et un instructeur de yoga, ainsi qu’une chef d’alimentation crue, Renee Loux Underkoffler, qui a copublié avec Woody Harrelson un livre intitulé Living Cuisine: The Art and Spirit of Raw Foods, et un accro de « junk food », Steve Clark, qui se convertit aux hamburgers de chanvre avec de la gomme.

 

En chemin, les Hempsters rencontrent un fou de la terre (un éleveur crée un thé de vers qui sert de fertilisant), un entrepreneur (un fabricant de papier vend de la papeterie en chanvre à des sociétés comme Nike) et des éclectiques (des musiciens jouant des instruments électriques alimentés par des personnes actionnant des vélos d'exercice).

 

L’idée du voyage leur est venue de celui qu’avaient entrepris l’auteur et activiste Ken Kesey avec les Merry Pranksters, dans les années 60. Lors d’un détour pour visiter Ken Kesey (peu de temps avant sa mort), les Hempsters retrouvent leur ancien bus.

 

Des amis musiciens, comme Dave Matthews, Bob Weir des Grateful Dead, Anthony Kiedis des Red Hot Chili Peppers, Natalie Merchant, Michael Franti, Medeski, Martin et Wood, et String Cheese Incident, se joignent à eux à l’improviste pour jouer.

 

Comme acteur, Woody Harrelson est connu pour ses rôles à la télévision (Cheers) et au cinéma (The People vs. Larry Flynt). Comme activiste, il a fait la une des journaux internationaux lorsqu’il a contesté le droit de l’État du Kentucky en plantant des graines de chanvre.

 

Le film est produit et réalisé par le réalisateur de documentaires acclamé de Toronto, Ron Mann (Grass – narration par Woody Harrelson, Comic Book Confidential, Twist).

 

Living Cuisine est en vente au Canada par Penguin.

Go Further est distribué au Canada par Mongrel Media.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (16 juillet, 2004)

 

                  Le documentaire a actuellement la côte avec Fahrenheit 9/11 de Michael Moore ou avec Supersize Me de Morgan Spurlock. Ici on est dans un documentaire plus conventionnel, où la caméra suit  Woody Harrelson et son groupe dans leur périple le long de la côte du Pacifique. S’y ajoute ceux qu’ils croisent, ceux qu’ils visitent et ceux qui se joignent à eux. Un genre de « Road Movie » branché sur l’environnement… en bus au biodiesel et en bicyclette!

 

                  Naturellement on ne peut parler de conscience écologique sans parler de politique, philosophie, mode de vie, consommation,  bouffe et « malbouffe »! On souligne naturellement les super format (super size) des chaînes de restauration rapide, ce que j’ai vu comme un clin d’œil à « super size me », le film de Morgan Spurlock!

 

                  Ce voyage sur la côte ouest permet des choses aussi simple que d’aller à l’épicerie, mais c’est en même temps une occasion de conscientisation et d’éducation. Car que met-on dans notre assiette? Du bio ou du chimique? Ça devient alors le prétexte à aller plus loin. De montrer les fermes bios et traditionnelles, qui utilisent les pesticides étendus par tracteur ou par avion dans les champs!

 

                  En fait, je me demande bien pourquoi ce n’est pas la ferme bio qui est traditionnelle? Car en réalité, dans l’histoire de l’humanité, le bio date depuis bien plus longtemps que l’agriculture chimiques et génétiquement trafiquée! On a parfois de ces détournements de sens, ce qu’un tel film nous permet de voir! 

 

                  Leur tourné vise la conscientisation, notamment par des conférences dans les universités. Le film vise et atteint le même but chez le spectateur, peut être même plus que par les conférences, car on voit leurs comportements qui sont en accord avec leur philosophie globale qui vise à la fois le respect de l’environnement et la liberté. Dans ce cas on peut parler de globalité philosophique, celle-ci allant de l’alimentation bio à la pratique du yoga tout en laissant une liberté, car tous ne vont pas aussi loin dans cette philosophie et ce mode de vie. En fait, la philosophie environnementale n’est pas une prison, juste un respect de soi et des autres. Le junk food n’est pas interdit, mais il serait bien meilleur s’il était bio faut le reconnaître! Conscientisation. A quand le McTrio bio à l’huile de canola?

 

                  Ce qui est fascinant, c’est le fait que certaines bonnes gens sont choquées parce que l’un d’eux se balade avec le drapeau US à l’envers sur son vélo. Il ne le mutile pas, il le mets juste à l’envers en guise de protestation – une façon d’exprimer que son pays va à l’encontre du bon sens! Une dame dit que cela l’empêche d’écouter leur message…

 

                  Quel nationalisme, où le drapeau devient le message! Ainsi, si on respecte le drapeau, est-ce dire que l’on peut-on empoisonner les gens à coup de pesticide et d’usine sans qu’ils ne réagissent? Qu’on peut les amener jusqu’à la guerre sur des motifs qui n’existent pas? Ça me fait penser à un passage du dernier Harper’s magazine :

 

« And so, here we were, invading a country in order to get rid of biological weapons that in fact did not exist while in our own back yard loomed a veritable monument to germ warfare, a fairly magnificent, in-the-flesh biological-weapons plant in all it’s faded glory, with the whole of its original, lethal germ-weapons production system still inside it. »  (1)

 

J’ai  l’impression  que l’on rejoint ici l’inconscient des Etats-Unis et une perversion de leur nationalisme qui fait que l’inacceptable est acceptée au nom de la raison d’État et de l’idéologie de la libre entreprise. Être menacé par des armes chimiques fictives est inacceptable; menacé par des comportements d’affaires qui ne respectent pas l’environnement et la santé (2) est accepté au nom du « profit avant l’homme »! (3) God Bless America… et surtout ne touchez pas au drapeau, même si c’est pour conscientiser les citoyens. 

 

                  Il faudra toute une révolution pour que ce peuple de consommateurs prenne conscience qu’ils sont aussi citoyens du monde. « A revolution! Communal evolution» comme on le dit vers la fin du film. Que dire de plus.

 

Notes :

 

1. Ed Regis, « Our own anthrax. Dismantling America’s weapons of mass destruction  », in Harper’s Magazine, July 2004, p,. 69

 

2. Pensons à l’abandon du protocole de Kyoto, l’usage de pesticide, la surconsommation énergétique, et tant d’autres choses décriées par les milieux environnementaux et scientifiques même états-uniens – Voir le site d’Union of Concerned Scientists: www.ucsusa.org/

 

3. Clin d’œil au titre du dernier Noam Chomsky que nous avons reçu:

 Chomsky, Noam, 2003 (2004), Le profit avant l’homme, France :  10/18

 

Hyperliens :

 

www.sphinxproductions.com/pages/film_gofurther.html

www.spitfiretour.org/woody.html

www.voiceyourself.com/ (Vu sur un ordi dans le film)

www.stopesso.com/  (Vu affiche dans le film)

www.ucsusa.org/

 

 

 

THE MOTHER

en salle le 9 juillet

Cinéma Parallèle (Ex-Centris)!

3536, boulevard Saint Laurent, Montréal.

 

Le film sera projeté dans sa version originale anglaise avec sous-titres français.

 

The Mother , qui a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2003, jette un regard nouveau sur l’âgisme avec l’histoire douce-amère d’une grand-mère dans la soixantaine qui se lance dans une histoire d’amour avec l’amant de sa fille, de 30 ans son cadet. Le film réunit le réalisateur Roger Michell (Notting Hill) et le scénariste Hanif Kureishi (My Beautiful Laundrette et Intimacy), l’équipe anglaise ayant produit la série primée de la BBC, The Buddha of Suburbia. Avec l’actrice de théâtre anglaise Anne Reid et l’acteur anglais Daniel Craig (Sylvia).

 

May (Anne Reid) est une grand-mère ordinaire de la campagne anglaise. À la mort de son mari, lors d'une visite dans sa famille à Londres, elle décide de s’installer dans la ville où habitent ses enfants . Son fils marié est absorbé par sa vie de jeune cadre dynamique, tandis que sa fille mère célibataire considère May comme une babysitter. Même les petits-enfants de May sont tellement centrés sur leur propre vie qu’ils font à peine attention à elle. May craint de devenir l'une de ces vieilles femmes dont la vie touche à son terme. 

 

Cependant May se sent toute émoustillée lorsqu’elle rencontre Darren (Daniel Craig), un rénovateur viril, dans la trentaine, qui rénove la maison de son fils et couche avec sa fille. Leur relation commence par un déjeuner, une ballade, un baiser, puis May ose simplement demander à Darren : « Viendriez-vous avec moi dans la chambre d’amis, le voulez-vous bien? »

 

Les œuvres de fiction ne parlent pas souvent du fait que des gens, surtout des femmes de plus de 60 ans, ont une sexualité qui ne s’est pas éteinte brusquement. Hanif Kureishi fait observer que la génération des années 60, la génération qui nous a apporté la révolution sexuelle, se trouvera bientôt à la place de May. « Ça vaut la peine d’y penser. »

 

 

La cinématographie est signée Alwin Küchler (Morvern Callar), qui a filmé dans des conditions naturelles, se servant uniquement de la lumière existante. Les scènes de tournage à Londres incluent la nouvelle Tate Modern Art Gallery.

 

The Mother est distribué au Canada par Mongrel Media.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (7 juillet, 2004)

 

D’abord un choc des générations lorsque les parents viennent visiter leurs enfants  à Londres, car leur vie n’est pas la même par rapport à leurs habitudes de la campagne. Choc plus dur pour le père, qui semble plus conservateur, face  à ce monde où les barèmes ne semblent plus les mêmes. Ce dernier décède même subitement lors de cette visite.

 

Face à la solitude pressentie, May décide de rester chez son fils. Là elle découvre leur vie et celle de sa fille. Mais elle se questionne aussi sur la sienne. Des questions sur ses relations avec ses enfants dans le passé surgissent.

 

On est dans le jeu des relations humaines, de la psychologie, des désirs refoulés, des interprétations différentes du passé et du présent et les reproches de part et d’autres qu’impliquent nécessairement les différences de perception mère/enfants sur ce passé… et le présent! Il y a place à une large gamme d’émotions incluant l’humour. Ainsi quand la fille dit que son passé lui coûte cher de psychologue, la mère lui répond que dans le temps on allait chez le coiffeur!  

 

Des désirs refoulés refont aussi surface. Elle a du désir, mais est-elle encore désirable? Et si elle essayait de flirter… avec ce beau jeune homme qui travaille chez son fils et qui est l’amant de sa fille! De quoi se sentir désirable, mais certainement pas de quoi améliorer ses relations avec ses enfants. 

 

On est face à un film ou rire, sourires et émotions sur les carences psycho-socio- affectives se côtoient! Un film tendre et tordu à la fois… avec le plus beau flegme britannique naturellement!

 

 

 

« CAMPING SAUVAGE »

À l’affiche dès le 9 juillet

 

Cet été, découvrez les joies du camping avec Guy A. Lepage et Sylvie Moreau !

 

Montréal, le 8 juin 2004 — Le 9 juillet prochain, CAMPING SAUVAGE, une comédie basée sur une idée originale de Tony Roman et orchestrée par Guy A. Lepage et ses complices, prendra l’affiche partout au Québec.  Écrit par Luc Déry, André Ducharme et Yves Lapierre et coréalisé par Guy A. Lepage et Sylvain Roy, CAMPING SAUVAGE met notamment en vedette Guy A. Lepage, Sylvie Moreau et Normand D’Amour.  La musique du film, signée Ramachandra Borcar (Ramasutra), nous plonge dans une ambiance estivale et sera disponible en magasins début juillet sous étiquette Canusa.  Produit par Lyla Films et Ciné-Roman, CAMPING SAUVAGE est distribué par Vivafilm.

 

Après avoir fait équipe sur divers projets dont la réalisation des émissions de la populaire télésérie Un Gars, une fille, Guy A Lepage et Sylvain Roy signent leur première réalisation cinématographique avec CAMPING SAUVAGE. Pour ce premier film, Guy A. Lepage a d’ailleurs joué trois rôles, dont deux derrière la caméra, soit à titre de coréalisateur et producteur à la création.  Quant à Sylvie Moreau (Catherine, Dans une galaxie près de chez vous), elle se retrouve sous les traits de la belle Jackie Pigeon, celle qui guidera Pierre-Louis à travers les méandres de la vie de campeur.

 

Le scénario de CAMPING SAUVAGE, d’après une idée originale de Tony Roman, est le fruit de la collaboration de Luc Déry et Yves Lapierre (la série télé Radio-Enfer; Les Boys de Louis Saïa) et d’André Ducharme (Rock et Belles Oreilles; Un gars, une fille). « Il paraît que quand les scénaristes sont contents, c’est parce que le film est bon.  Alors nous sommes très fiers de dire que nous sommes très contents. Écrit à trois, produit à deux et réalisé à deux et demie, Camping Sauvage n’est définitivement pas un film comme les autres », déclarent les trois acolytes.

 

CAMPING SAUVAGE met également en vedette Normand D’Amour (Lance et Compte; Watatatow; Emma), Benoit Girard (Bunker, le Cirque; La Vie, la vie), Réal Bossé (Dans une galaxie près de chez vous; La Grande Séduction), Stéphane Jacques (Fortier; Le Piège; La Vie après l’amour), Yves Pelletier (Histoires de filles; Karmina), Emmanuel Bilodeau (Un crabe dans la tête, Grande Ourse), Louis Champagne (Un crabe dans la tête; Grande Ourse), Sylvain Larocque (Le Grand Blond avec un show sournois; Piment Fort), André Ducharme (Méchante semaine; Science-Friction), Denis Trudel (Tabou; Fortier III) et Stéphane Demers (Fortier; Chartrand et Simonne).

 

Pierre-Louis Cinq-Mars est un citoyen honnête et intègre.  Sa vie bascule quand il dénonce un délit de fuite dont l’auteur est le chef d’une bande de motards qui ne le lâchera pas d’une semelle.  Placé sous le programme de protection des témoins de la police, Pierre-Louis se réfugiera au camping Pigeon sous le regard attentif de la propriétaire Jackie et du Sergent Benoît Bédard.  Il y fera aussi la connaissance de Bouton, Barbu, Scratch, Brake, Ti-Caille et Sniff — les Wannabees, le « Club Z » des motards.

 

Le film a été produit par Lyse Lafontaine de Lyla Films et Tony Roman de Ciné-Roman, avec la participation financière de TÉLÉFILM Canada, CRÉDIT D’IMPÔT CINÉMA ET TÉLÉVISION, SODEC – Société de développement des entreprises culturelles-Québec, RADIO-CANADA  TÉLÉVISION, Canada Crédit d’impôt pour le film ou vidéo canadien, ASTRAL MÉDIA et SUPER ÉCRAN.

 

Distribué par Vivafilm, CAMPING SAUVAGE prendra l’affiche le 9 juillet 2004 partout au Québec.

 

Commentaires de Michel Handfield (5 juillet, 2004)

 

Comme le dit Guy A. Lepage dans les notes de presse, ce n’est pas un film, c’est une vue. « Mais je n’ai jamais vu de mauvaise vue. Par définition, une vue ça peut pas être mauvais. Une vue c’est inoffensif » dit-il.

 

J’ai ri, j’ai apprécié… et je n’ais pris aucune note en regardant cette vue! J’en suis sorti heureux. Objectif atteint. A voir avec un pop corn et une boisson gazeuse. Une bonne p’tite vue d’été! Je n’ai rien cherché de plus, même si j’aurais pu le faire, car ce parti pris de la petite vue me plaisait pour la période estivale et je l’ai respecté! Bon plaisirs… ça fait du bien des fois!   

 

 

SUPER SIZE ME

Sortie: Vendredi, 21 mai 2004

 

DURÉE : 96 MINUTES

Réalisateur:  MORGAN SPURLOCK

 

GAGNANT – Meilleur réalisateur, Sundance Film Festival

 

Pourquoi les Américains sont si gros ?  « Super Size Me : Malbouffe à l’américaine » démystifie l’univers du fast food en regardant les coûts légaux, financiers et physiques de cette industrie.   

 

Why are Americans so fat? Find out in “Super Size Me”, a tongue in-cheek - and burger in hand -- look at the legal, financial and physical costs of America's hunger for fast food. Filmmaker Morgan Spurlock hit the road and interviewed experts in 20 U.S. cities, including Houston, the "Fattest City" in America. From Surgeon Generals to gym teachers, cooks to kids, lawmakers to legislators, these authorities shared their research, opinions and "gut feelings" on our ever-expanding girth.

 

Commentaires de Michel Handfield (21 mai, 2004)

 

« Biggest America » : tout est gros aux Etats-Unis. Du « pick-up » à la frite en passant par la boisson gazeuse du McDo! Et les états-uniens ont de plus en plus de problèmes d’obésité. La santé? Who’s care dans le pays du commerce? Si vous voulez du junk food on vous en vendra et après on vous demandera de sortir votre carte de crédit pour maigrir, être liposucé ou hospitalisé si vous êtes en train d’étouffer dans votre graisse! D’ailleurs on retrouve autant des Mc Do chez Wall Mart que dans les hôpitaux aux States!  Faut prendre soin du client (lire lui offrir ce pour quoi il est prêt à payer), car on est consommateur bien avant d’être citoyen dans la mondialisation ambiante! Le droit d’acheter est bien plus respecté que le droit de vote dans ce monde. Des produits s’adressent à vous bien avant que vous n’ayez l’âge de voter! Des campagnes de pubs vous sont destinées bien avant que vous n’ayez l’âge de raison!

 

On est là face un film très intéressant et qui soulève bien des questions. Ainsi, quelle est la différence entre le libre choix, le marketing et le sevrage?  Mc Do, qui utilise un clown (Ronald McDonald)  pour attirer les enfants, les rends-t-il accros comme la nicotine rend accro à la cigarette? Une MC-Drug for life, Kids, pourrait-on dire. Mais pas une drogue au sens physique du terme, mais au sens psychologique de sevrage et de conditionnement. Une fois accroché, à 6 mois ou à 18 mois, on y demeure toute une vie. Car l’âge du premier McDo est bien plus bas que celui de la première cigarette ou de la première bière.

 

C’est un film qui va beaucoup plus loin que de voir le réalisateur manger tous ses repas au McDo pendant 30 jours. Ça c’est l’image qui frappe. Mais il y a plus, beaucoup plus dans ce film. Un format géant, un chausson avec ça?

 

A voir absolument.

 

Hyperliens :

 

http://www.supersizeme.com/

http://www.mcdonalds.com/

 

http://lambda.eu.org/special/mc/mcdo-b.html

 

http://www.mcspotlight.org/

 

Enquête de l’épicerie (Radio-Canada) sur les trios des fast-foods:

 

http://www.radio-canada.ca/url.asp?/actualite/lepicerie/docArchives/2003/01/10/enquete.html

 

 

 

Otar et Baboussia!

 

21 mai, 2004

 

Préface

 

Ces deux films complètent le cycle des films de l’Est européen dont nous avons parlé avec « Führer Ex » et « Bénie sois-tu, prison » précédemment.

 

« Depuis qu’Otar est parti » et « Baboussia » sont des fictions, mais qui nous en apprennent davantage sur la vie dans les pays de l’Est. Car les fictions ne sont pas à négliger comme document. Au contraire. En allant à l’essentiel du caractère humain, en le simplifiant et en le décrivant de façon littéraire, la fiction passe mieux le temps que le rapport d’un haut fonctionnaire ou un texte officiel, car ces textes sont beaucoup plus herméneutiques et incompréhensibles, hors d’un certain contexte et d’une époque donnée, que la littérature.  Homère, Hugo, Zola et Diderot ont laissé davantage de traces sur leur époque que les rapports et les études de leur temps. Qui peut nommer à brûle pourpoint le nom d’un manager ou d’un haut fonctionnaire de leur temps? Comme le dit John Saul :

 

« In other words, great fiction can be true for its time, as well as somehow timeless, and true for our time. » (1)

   

Il en va de même du cinéma aujourd’hui: ce sont des œuvres sur notre temps et certaines d’entre elles auront un caractère universel et intemporel. Pensons aux « Temps modernes » ou « Au grand dictateur » de Chaplin. 

 

 

DEPUIS QU’OTAR EST PARTI (Français et sous titre Français)

En salle dès le 21 mai 2004

 

 

(Montréal, le 4 mai 2004) – Couronnée Meilleure première oeuvre de fiction aux César 2004, Depuis qu’Otar est parti de Julie Bertuccelli est présenté en français, géorgien et russe avec sous-titres français à Ex-Centris et avec sous-titres anglais au AMC dès le 21 mai. Julie Bertuccelli et son co-scénariste Bernard Renucci se sont aussi vu remettre le Grand Prix du Meilleur scénariste de l’EICAR (École Internationale de création audiovisuelle et de réalisation) en 2001.  Depuis qu’Otar est parti, a aussi été récompensé au Festival de Cannes où il a remporté la Caméra d’Or et le Grand Prix de la Semaine internationale de la critique.  Ce film franco-belge est distribué par Cinéma Libre et sera à l’affiche du complexe Ex-Centris jusqu’au 15 juin prochain.

 

À Tbilissi, capitale charmante mais délabrée de la Géorgie post-soviétique, Ada (Dinara Droukarova), jeune fille de 25 ans, survit avec sa mère Marina (Nino Khomassouridze) et sa grand-mère Eka (Esther Gorintin).  Dans le vieil appartement qu’elles partagent, le moindre geste de la vie quotidienne est difficile à négocier et l’humeur n’est pas toujours au beau fixe. Seules les nouvelles d’Otar, fils adoré d’Eka, sont comme des bouffées de rêve et d’espoir.  À la recherche d’un ailleurs possible, Otar a émigré à Paris d’où il envoie un peu d’argent.  Comme tous les absents, il est devenu un mythe dans la maison. Le jour où il meurt accidentellement, Marina ne peut se résoudre à l’annoncer à la vieille et fragile Eka et, avec la complicité de Ada, elle lui cache la chose.  Sensé faire indéfiniment durer l’absence, le mensonge qui s’installe va bouleverser leur existence.

 

Née en 1968, Julie Bertuccelli obtient une maîtrise de philosophie avant d’être formée à la réalisation de documentaires aux Ateliers Varan à Paris. Elle a été assistante à la réalisation auprès de réalisateurs de renom tels que Otar Iosseliani, Krzysztof Kieslowski, Bertrand Tavernier, Emmanuel Finkiel et Rithy Panh.  Par la suite, elle a réalisé plusieurs documentaires qui ont tous connu un succès considérable.

 

Commentaires de Michel Handfield

 

D’abord 50% des dialogues sont en français, si ce n’est pas davantage. Cela m’a surpris, car ce film se passe en Georgie. Mais on est ici dans une famille francophile, où le français est parlé et valorisé depuis longtemps. Eka, la grand-mère, est d’ailleurs très attachée aux livres français que son mari recevait en cachette des Bolcheviks. Cela est très particulier, car elle était en même temps attachée au communisme stalinien!

 

Cette perception du stalinisme a changé avec les générations. Si pour Eka Staline était un grand homme, pour sa fille, Marina, il fut un criminel que sa génération a malheureusement suivi sans poser de question! Elle qualifie d’ailleurs sa génération de ratée pour cette raison. Enfin Ada, sa petite fille  (la fille de Marina), qui vit avec elles et représente la nouvelle génération (elle a 25 ans), dit qu’on s’en fout de Staline! Car cette génération rêve d’ailleurs : de l’Europe et du monde! Trois générations qui nous font percevoir les changements de cette ex-URSS; les rêves et les aspirations des citoyens; certains regrettant ce communisme « rassurant » et d’autres espérant profiter de l’ouverture pour se trouver ailleurs! On perçoit l’espoir que suscite l’Europe pour eux.

 

 

Ce film est aussi une illustration de leur vécu; des problèmes socio-économiques des ex-pays de l’Est à l’heure de l’entrée de certains d’entre eux dans la Communauté Européenne (ce qui n’est pas encore le cas de la Géorgie cependant). Ainsi Marina est ingénieure, mais fait marché aux puces pour survivre, car une déstructuration de l’économie soviétique a accompagné la fin du communisme. Le film ne peut faire autrement qu’être imprimé par son milieu sociopolitique et c’est tant mieux. Cela change d’un cinéma aseptisé/idéologique.

 

Mais on est aussi en présence de trois générations de femmes qui vivent ensemble. On est ainsi dans la psychologie interrelationnelle, intergénérationnelle et féminine. Pensons aux désirs, aux relations entre elles et avec les autres et aux relations avec les hommes : frère, fils, ami ou amant! Complexité et humour s’y côtoient.

 

Un film qui permet de découvrir une partie de la vie géorgienne de façon agréable. Un film qui permet d’avoir un regard étranger sur la France et le monde occidental par la même occasion, par ce qu’elles en disent et ce qu’elles y trouvent, car elles finissent par y aller. Je ne veux cependant pas en dire plus, mais c’est intéressant.

 

Un film à voir pour qui veut découvrir le cinéma d’ailleurs, d’autant plus que ce film est en partie en français, ce qui rend cette découverte du « Cinéma du monde » encore plus agréable pour nous. Peut être qu’un jour le cinéma du monde atteindra-t-il la  même popularité que la « Musique du monde », ce qui permettra alors de voir davantage de ces films en salle! Car si la demande augmente on en diffusera davantage et ce cinéma aura plus de moyens pour faire des films exportables. Cette offre accru ne pourra qu’être bénéfique pour tous : spectateurs, créateurs et diffuseurs.       

 

Hyperliens :

 

http://www.cia.gov/cia/publications/factbook/geos/gg.html

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9orgie

 

http://atlasgeo.span.ch/htmlg/Georgie.htm

 

http://www.monde-diplomatique.fr/index/pays/georgie

 

http://www.dfae.diplomatie.fr/voyageurs/etrangers/avis/conseils/fiches/fiche.asp?onglet=1&pays=georgie

 

http://www.colisee.org/index.php3

 

http://www.asie-centrale.com/

 

BABOUSSIA (sous titre Français)

un film de LIDIA BOBROVA

Sortie en salle le 21 mai

 

K-Films Amérique

Les cinémas nationaux de qualité

 

GRAND PRIX DU PULIC ET PRIX ARTE

Rencontres internationales du cinéma à Paris

 

GRAND PRIX DU JURY

Festival de Karlovy Vary (République tchèque)

 

GRAND PRIX

Festival des Festivals de Saint-Pétersbourg

 

Montréal, 5 mai 2004 — K-Films Amérique complète avec Baboussia, un cycle en rafale de films de l’Est européen amorcé le 2 avril avec Führer Ex portant sur la naissance du néo-nazisme en Allemagne de l’Est.  Puis, à compter du 7 mai, Bénie sois-tu, prison prend l’affiche : ce film traite du terrible Goulag roumain et, à partir d’une histoire vécue, de la notion de foi chrétienne.  Et maintenant la Russie, avec Baboussia de Lidia Bobrova, sur ces «nouveaux russes» qui abandonnent leurs parents à la rue.

 

Baboussia (Nina Shoubina), 80 et quelques années, a trimé dur toute sa vie.  Elle a élevé ses enfants et même ses petits-enfants.  À l’un d’eux, elle a d’ailleurs versé toute sa pension.  Dans sa jeunesse, Baboussia, a creusé des tranchées lors de la bataille de Stalingrad.  À tous égards, Baboussia a donné sa vie; pour sa famille et pour sa patrie.  À la mort de sa fille, elle cherche refuge auprès de ses parents proches.  Mais la Russie a changé et chacun trouve une bonne raison de lui fermer sa porte.  À présent seule, Baboussia décide de suivre son propre chemin.

 

« Un portrait saisissant de la Russie actuelle, un grand film qui depuis sa sortie en France en janvier, obtient un très grand succès, souligne le distributeur Louis Dussault.  Le voici au Québec, ne le ratez pas.»

 

Née en 1952 en Sibérie orientale, Lidia Bobrova, après avoir obtenu un diplôme en Histoire de l’Université de Léningrad, tourne le dos à l’enseignement pour ne pas cautionner le régime en place.  Elle étudie la scénarisation à Moscou et voit refusé son scénario de fin d’études Oh ! vous mes oies, parce que trop éloigné de l’idéologie officielle.  Avec la Perestroïka, il sera enfin publié et produit par le studio expérimental de Lenfilm.  En 1997, elle tourne Dans ce pays-là, un film qui se distinguera dans plusieurs festivals et rencontrera en France un succès public et critique.

 Baboussia

 

Commentaires de Michel Handfield

Comme avec le film précédent, « Depuis qu’Otar est parti », nous pénétrons dans une autre culture : la Russie d’après la fin du communisme. On est dans le vacuum qu’ont créé la fin du régime communiste et l’arrivée du système capitaliste, car le soutien de l’État a fondu et les organisations collectives et communautaires – que l’on connaît ici – n’ont pas encore émergée, trop associé à une forme collectiviste peut être. Comme si la nuance entre communautarisme et communisme n’était pas encore faite. Comme si toutes les valeurs collectives avaient été remplacées d’un coup par des valeurs ultra individualistes. Comme si on avait fait tabula rasa de l’avant!   

 

Par cette fiction, l’on fait une incursion dans la vie russe. On perçoit le choc entre les anciennes valeurs et la nouvelle culture de la modernité ultra-libérale : on regarde la guerre à l’écran comme un divertissement et le cynisme envers les moins bien nantis s’accroît : « Tu travaillais pour la patrie et elle t’a donné quoi la patrie? » dit-on à la vieille qui n’a plus de chez soi! Elle avait pourtant donné son bien à ses petites filles pour les aider. L’une d’elle, qui a maintenant un bel appartement lui dit « mais si je te prends mon mari va me jeter dehors et je n’aurai plus rien! »  Car si on s’est enligné sur les pays de l’Ouest pour la libéralisation économique, on a oublié de copier nos politique sociale et juridique, car nos citoyens ont encore certaines protections. Heureusement.

 

***

 

Je dis bien encore, car cela porte à réfléchir. Avec les négociations sur la mondialisation économique, qui sont basées sur l’hypothèse que la libéralisation économique est porteuse de démocratie, risque-t-on de « scraper » le filet social qu’il nous reste au nom de la compétitivité et de la concurrence mondiale? De plus en plus d’industries se relocalisent là où les salaires sont bas. Pourra-t-on les concurrencer longtemps si ces pays n’accroissent pas leurs dépenses sociales, leurs normes environnementales, leurs conditions de travail (proche de l’esclavage) et tiennent leurs citoyens dans l’ignorance démocratique? L’abolition des tarifs commerciaux tant recherchée dans les discussions sur l’Accord Multilatéral sur les Investissements (AMI) n’est peut être pas la voie. En fait les tarifs devraient être associés aux conditions sociopolitiques en place (absence ou présence de normes du travail, de programmes sociaux et de santé, de lois environnementales, etc.) pour que l’absence de telles mesures ne soit plus un avantage économique, tel que cela semble malheureusement être le cas; les pays ayant les plus piètres mesures sociopolitiques pour leurs citoyens et l’environnement attirant les multinationales qui y voient des conditions favorables à la production et une profitabilité accrue. Combien d’entreprises d’ici ont quittées pour là bas? Combien de peuples ont souffert et souffrent encore du détournement de richesses colossales par leurs dirigeants; d’absence de conditions de travail et de droits humains, notamment celui de la syndicalisation; et d’un régime militaire qui les tient constamment en joue? (2) Combien de ces pays non démocratiques sont en même temps des paradis pour les entreprises et le profit de leurs actionnaires? Notre profit en quelque part, car nous sommes collectivement, par nos fonds mutuels et nos régimes de retraite, parmi ces investisseurs institutionnels. Nous nous tirons dans le pied en quelque sorte, désinvestissant ici, perdant nos emplois et nos conditions de travail, pour une profitabilité reportée plus tard!  Liberté 55! Quelque peu paradoxal!  

 

 Hyperliens :

 

http://www.baboussia.com/

 

 

Notes:

 

1. Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium, Canada: Penguin book

 

2. C’est notamment le cas de l’Irak, où le peuple souffrait de l’embargo dont était victime le pays et des politiques intérieures de Saddam Hussein pendant que ce dernier et son entourage ont pu détourner et placer de fortes sommes – des milliards de dollars – dans des banques et des pays complaisants. C’est du moins l’hypothèse que soulève  Haitham Rashid Wihaib  dans son livre « Dans l’ombre de Sadam. Les révélations inimaginables de son chef du protocole », France (2004): Michel Lafon

 

 

Toutes les filles sont folles

un film de PASCALE POUZADOUX

Sortie en salle le 14 mai

 

K-Films Amérique

Les cinémas nationaux de qualité

 

Prix du public au Festival international du film de l’Outaouais 2003

Mention spéciale du jury au

Festival du film d’humour de l’Alpe d’Huez 2003,

Prix d’interprétation masculine du Festival du film de Monte Carlo,

 

 

Montréal, le 29 avril 2004 – Couronné par le public au Festival international du film de l’Outaouais et mention spéciale du jury au Festival du film d’humour de l’Alpe d’Huez, Toutes les filles sont folles prend l’affiche au Quartier Latin, au Cinéma Beaubien et à Saint-Bruno le 14 mai.  Il s’agit du premier long métrage de Pascale Pouzadoux.  Elle en a écrit le scénario et les dialogues avec Antoine Duléry, qui remportait en 2002 le prix d’interprétation du Festival du film de Monte Carlo pour son rôle dans Toutes les filles sont folles. Thomas Dutronc, Mathieu Chédid et Éric Neveux signent la musique du film.

 

Céleste (Barbara Schulz), la trentaine en mal d’amour, souffre de ne pas trouver le prince charmant.  Sa soeur aînée, Rosalie (Camille Japy), frondeuse et indépendante, la réconforte en lui soutenant que l’amour n’existe pas... Un beau jour, sur une impulsion, Céleste décide de kidnapper l’homme qu’elle croit idéal, forçant Rosalie à la suivre dans sa lubie.  Mais tel est pris qui croyait prendre.  Dans la panique, Céleste se trompe d’homme.  L’aventure commence...

 

Pascale Pouzadoux a aussi à son actif des courts métrages notamment Il faut que ça brille !  (1996), Grand prix du Public au Festival de Sarlat et Mon Jour de chance (1998), primé de plusieurs festivals tels Travelling Rennes, Festival international Sainte-Thérèse, Arène du Court de Paris et Comédie Alpes d’Huez.

 

Commentaires de Michel Handfield (13 mai, 2004)

 

On est ici dans la modernité. « La tendresse bordel » en plus intellos! On est dans un film du XXIe siècle, avec un humour davantage second degré! Les jeunes, qui n’ont plus les codes de leurs parents et dont l’individualisme empêche la création de nouveaux codes compris par tous, cherchent l’amour à tâtons! Mais par essais/erreurs, ça peut être long… longtemps. Jusqu’à ce que l’on décide de prendre des moyens non conventionnels… qui portent à la comédie naturellement!

 

On est dans la comédie de sens et de situation. Pop psycho féminine, relations entre sœurs, malaise homme/femme! Tout y passe. Un film qui fait sourire tout en suscitant parfois une réflexion plus profonde du spectateur sur le SOI et ses relations aux autres. Sur les relations interpersonnelles. Sur le désir et le refoulement…

 

Un film agréable à voir seul… ou accompagné!

 

Hyperliens :

 

http://touteslesfilles.event.voila.fr/

 

Index

 

 

Festival des Films du Monde, 2004

(Les dates sont celles de la rédaction des textes et non des projections)

 

Deux pour un Latino americana!

FFM (8 septembre, 2004)

 

PERDER ES CUESTIÓN DE MÉTODO (Perdre est une question de méthode)

D'après le roman de/Based on the novel by: Santiago Gamboa

 

Colombie - Espagne

Compétition mondiale

2004 / 35 mm / Couleur / 105 min

 

Réalisateur : Sergio Cabrera; Scénariste : Jorge Goldenberg.

 

Interprètes : Daniel Giménez Cacho, Martina García, Cesar Mora, Víctor Mallarino

 

Un matin, la police découvre le corps empalé d'un individu sur les rives d'un lac pittoresque, près de Bogotá. Aidé de son acolyte occasionnel, l'employé de bureau Emir Estupiñan, le journaliste Victor Silampa décide d'enquêter sur les circonstances du crime. C'est une histoire macabre dont les fils partent dans toutes les directions. Avec l'aide de Quica, une jeune prostituée, et après avoir rendu quelques services au policier chargé de l'affaire, les deux hommes plongent à corps perdu dans des situations où ils bravent de nombreux dangers. Ils réussissent néanmoins à mettre à jour un énorme complot immobilier. Des politiciens corrompus, des entrepreneurs, des prostituées, de fervents amateurs de nudisme et des journalistes de tout acabit composent la mosaïque de personnages qu'ils rencontrent sur leur chemin.«Il y a quelques années, j'ai voulu faire un film sur ce qui est peut-être la plus grande menace à la démocratie en Colombie: la corruption. Plus tard, à la suite de certaines circonstances, mon vieux désir a été ravivé. À l'époque, on m'avait donné un exemplaire de Perder es cuestión de método, de Santiago Gamboa. Le titre du roman annonçait une histoire de perdants possédant des coeurs de gagnants, vivant dans un monde que j'aime à imaginer habité par ceux qui croient en la justice et qui sont prêts à se battre contre tous les polluants sociaux. Même si au fond, ils savent très bien qu'ils vont finir par perdre.» -- Sergio Cabrera

 

 

Commentaires de Michel Handfield (7 septembre, 2004)

 

Film fort intéressant; thriller qui mêle romance et politique. La politique, les entrepreneurs, les criminels sont tous liés dans le recherche du profit. N’est-ce pas cela le néolibéralisme? Le profit qui passe avant les gens. Mafia et capitalisme même combat! Des dizaines de livres tentent de l’expliquer de façon rationnelle; ce film nous le montre avec ironie dans toute sa splendeur! La salle a d’ailleurs ri à plusieurs reprises malgré qu’il était sous titré. Un film délectable dont je ne veux en dire plus par crainte de dévoiler les intrigues qui sont basées sur les ficelles de ce néolibéralisme qui nous envahit.

 

N.B. Ce film ayant une certaine relation avec celui qui suit – notamment sur la question de l’Amérique latine – nous avons regroupés nos hyperliens et nos suggestions de livre à la suite de notre commentaire sur le second film.

 

 

TRAVELLING WITH CHE GUEVARA

 

 Italie

 Documentaires du monde

2004 / Vidéo / Couleur / 121 min

 

Réalisateur Scénariste: Gianni Minà

 

En 1952, Ernesto Guevara dit "Che" était un étudiant en médecine de 23 ans. Il tenait un journal au cours de ses voyages en Amérique latine avec son ami Alberto Granado, 29 ans, biologiste et chercheur. Ce périple de six mois à travers l'Argentine, le Chili, le Pérou, la Colombie et le Venezuela était riche d'aventures et de filles. Guevara et Granado avaient commencé leur voyage en moto et l'avaient terminé en stop. À l'issue du voyage, ils étaient transformés. La vue de la misère touchant les masses et particulièrement leur séjour dans une colonie de lépreux au Pérou les ont changés radicalement. Une fois devenu révolutionnaire, l'influence du Che s'est étendue à toute une génération d'activistes politiques dans toute l'Amérique latine. En 2002, Walter Salles décidait de tourner un film sur le sujet: ce fut THE MOTORCYCLE DIARIES. Gianni Minà, un journaliste représentant la famille Guevara et collaborateur au scénario, a invité Alberto Granado à assister au tournage et à rencontrer ceux qui avaient été choisis pour recréer cette aventure historique. Il a enregistré au jour le jour les souvenirs de Granado, les a liés aux scènes du film tourné et le résultat a donné naissance à TRAVELLING WITH GHE GUEVARA.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (8 septembre, 2004)

 

50 ans après le célèbre voyage Latinoamericana de Che Guevara et d’Alberto Granada, qui leur a fait découvrir les conditions de vie et d’exploitation de l’Amérique latine, Gianni Minà  a tourné un documentaire sur ce voyage initiatique avec Alberto Granada. L’occasion était belle, car Alberto assistait au tournage de « The motorcycle diaries » (basé sur le carnet de voyage de Che Guevara) alors que Gianni collaborait au scénario du film!

 

Traveling with Che Guevara est cependant plus qu’un « making of ». C’est un retour sur un voyage initiatique et le réémerveillement d’Alberto de revivre ce voyage 50 ans plus tard! Rappelons que leurs destins se sont fixés dans ce voyage, car s’ils voulaient découvrir le monde, pas faire de la politique, les conditions d’exploitation qu’ils ont vu ont changé leurs destinés. Ils sont devenus activistes pour changer le monde. Avec l’entrée de Che Guevera dans la légende quelques années plus tard, suite à ses actions révolutionnaires, ce voyage a pris une importance mythique. 

 

Ce film nous donne aussi l’occasion de voir ce qui a changé et ce qui n’a pas changé depuis!  Car si ce qu’ils ont vu à l’époque les a conduit à  la politique révolutionnaire pour changer le monde, qu’en reste-t-il aujourd’hui? Le monde a t-il changé depuis? Peut être que les gouvernements sont élus, mais plusieurs des inégalités sociales qui étaient là en 1952 sont encore présentes en Amérique Latine. Ils subissent toujours l’hégémonie états-uniennes et les mauvaises conditions de travail dommageable pour la santé. Ils continuent à perdre leur vie à la gagner! Même un changement de gouvernement y fait peu, car face à l’impérialisme États-uniens et à sa force militaire,  politique et économique, la politique locale est très faible comme le rappelle le renversement d’Allende au Chili par la CIA le 11 septembre 1971. Le 9-11 de l’Amérique du sud, où la terreur était soutenue par les USA! (1)

 

D’ailleurs, comme on le constate dans ce retour Latino americana, les entreprises états-uniennes y exploitent toujours les richesses et le peuple se débrouille dans le partage de la pauvreté et des restes – pollution et maladies industrielles – de cette exploitation. Les choses ont peu changé en 50 ans! En fait, on assiste à un retour en arrière avec le capitalisme anglo-américain triomphant depuis la chute du communisme! Mais tout n’est peut être pas encore joué. À ce sujet je pense au livre de Michel Albert (Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate, 1991) qui traite de l’affrontement entre le capitalisme du modèle rhénan (représenté entre autres par la France et l’Allemagne) au modèle anglo-américain (représenté par les USA et la Grande-Bretagne). Ce dernier semblait avoir gagné la bataille jusqu’à récemment. Cependant, avec le braquage à droite des conservateurs États-uniens et l’insatisfaction grandissante du monde face à ce nouvel empire hégémonique, le modèle de rhénan pourrait prendre avantage de cette insatisfaction contre les Etats-Unis pour forger de nouvelles alliances et lui opposer un nouveau modèle de capitalisme, plus social et humaniste. N’oublions pas que certains pays (comme la Russie, la Chine, l’Inde, la France, ou l’Allemagne pour ne nommer que ceux là) et certaines régions (principalement l’Europe et l’Asie) n’ont pas intérêt à voir les Etats-Unis dominer le monde, car ce serait les dominer eux aussi, et plaident donc pour un monde multipolaire plutôt qu’unipolaire (le propre d’un empire) ou bipolaire (le propre de l’affrontement) comme on l’a connu avec le bloc soviétique durant toute la seconde moitié du XXe siècle. (Voir Primakov, 2003, à ce sujet.)

 

           

Note :

 

1. A ce sujet nous vous  rappelons le film 11.09.2001, où 11 réalisateurs donnent leur vision à propos des événements du 11 septembre 2001. Rappelons celle de Ken Loach (Royaume-Uni) :

 

Dans sa version du 11 septembre ce réalisateur nous parle, à travers une lettre que rédige un réfugié Chilien au Président des États-Unis concernant son 11 septembre, celui du renversement du Gouvernement Allende par le général Pinochet en 1973, soutenu par les plus haut niveaux politiques états-uniens, soit le secrétaire d’État Kissinger et le Président Nixon (Droite républicaine)! Des morts et des tortures inutiles pour le peuple. 30 000 personnes assassinées au hasard dans le pays pour donner l’exemple nous dit-on! Mais les coupables états-uniens et le parti républicain – le même parti que celui de George W. Bush soit dit en passant – n’ont jamais été déclarés terroriste, jamais poursuivi pour crime contre un peuple. Et pourtant… Ce court métrage rétabli donc des faits, d’autres faits! Une autre forme de terrorisme, légal celui-là, car le fait de l’empire États-uniens et de l’économie dominante!

 

Hyperliens :

 

http://www.motorcyclediaries.net/

 

Page mondialisation de Societas Criticus 

http://www.netrover.com/~stratji/mondialisation.htm

 

Sur le Chapitre XI de l’ALENA

 

http://www.sice.oas.org/trade/nafta_f/CHAP11A.asp

 

http://www.monde-diplomatique.fr/2001/04/PAQUEROT/15056

 

http://www.parl.gc.ca/36/1/parlbus/chambus/house/debates/129_1998-09-30/han129_1825-f.htm

 

http://www.monde-diplomatique.fr/2001/04/BRUNELLE/15055

 

http://www.citizen.org/documents/ACF186.PDF

 

 

 

Livres suggérés pour aller plus loin sur ces 2 films :

 

Sur Che Guevara :

 

Guevara, Ernsto Che, 2001, Voyage à motocyclette Latinoamericana, Mille et une nuits

 

Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM

 

Sur le Chili :

 

Collectif, 1978, Le Chili d'Allende, Montréal: Éd. Coop. Albert St-Martin

 

 

Sur le capitalisme néolibéral:

 

Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate

 

Kahn, Jean-François, 1997, Le “Retour de Terre” de Djid Andrew - Critique de la raison capitaliste, France: Fayard

 

Ziegler, Jean, 1998, Les seigneurs du crime, Paris: Seuil.

 

Ziegler, Jean, 2002, Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent, France : Fayard

 

 

Sur le monde :

 

Primakov, Evgueni, 2003, Le monde après le 11 septembre et la guerre en Irak, Paris : Presses de la renaissance

 

 

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(FFM 4 septembre, 2004)

 

Grisaille et espoirs européens!

(Sur La femme de Staline et Vision de l’Europe)

 

 

La femme de Staline / Stalin’s wife

(Russe avec sous-titres)

 

États-Unis - Russie

Documentaires du monde

2004 / Vidéo / Couleur / 115 min

Réalisateur Scénariste:  Slava Tsukerman

 

Il n'y a pas longtemps, une aura de mystère entourait encore la vie privée des dirigeants de l'ex-Union soviétique. Au temps de Joseph Staline, le nom de sa deuxième femme, Nadezhda Alliluyeva (1901-1932) n'était que chuchoté. Aujourd'hui, sa courte vie semble encore teintée de mystère. Le couple s'était marié en 1919, lorsque Staline avait 39 ans. Pendant leurs quatorze années de vie commune, Nadezhda n'était que la spectatrice passive de la transformation qui s'opérait en Staline -- de simple révolutionnaire en véritable dieu vivant dont les portraits remplaçaient les icônes orthodoxes dans l'humble demeure des paysans. Certaines preuves émanant d'amis et de proches parents, ainsi que le climat politique de l'ensemble du pays à cette époque, indiquent que cette transformation aurait fortement déprimé Nadezhda. Un matin de 1932, on l'a trouvée morte sur son lit, apparemment par suicide à cause d'un revolver trouvé à ses côtés. Née dans une famille éminente, reconnue comme ayant soutenu très tôt la cause révolutionnaire, Nadezhda continue d'être aimée du peuple russe, même aujourd'hui. Sa tombe, dans le cimetière de Novodevichy, est rarement dépourvue de fleurs. Regroupant une collection de documents d'archives contradictoires et d'interviews, véritable collage de style RASHOMON, de rumeurs sourdes et de légendes murmurées, ce documentaire qui donne froid dans le dos jette un regard incisif sur l'agitation et la paranoïa d'une époque.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (4 septembre, 2004)

 

Un documentaire intéressant sur la vie privée de Staline, mais qui touche en même temps un pan noir de la Russie et du communisme : le stalinisme! Un film complexe, car il propose des positions contradictoires sur la mort de sa femme, ce qui peut être déroutant si on le voit avec des sous titres dans une langue que l’on maîtrise moins bien, car il est constitué de beaucoup d’entrevues.

 

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On navigue ici entre l’hypothèse d’un Staline humain et aimant en privé ou d’un Staline tout aussi dur en privé et avec sa famille que pour le pays! Au point où la question concernant la mort de sa seconde épouse se pose ainsi: assassinat ou suicide? Et si c’est le suicide, était-ce parce qu’elle ne pouvait plus supporter cette dureté et cette violence de plus en plus évidente de son mari,  « dictateur » de l’URSS? Au spectateur de choisir son camp.

 

 Donc un film qui montre l’histoire du staliniste à travers sa vie familiale, ce qui donne un éclairage nouveau à cette période de l’histoire - et aussi un peu froid dans le dos.

 

Je tiens aussi à souligner un détail qui m’a accroché dans ce film, soit la position de Staline face aux femmes : il les voyait partout où les hommes travaillaient. Pour les sortir de la maison et leur permettre de s’épanouir dans le travail, il a même favorisé l’apparition des garderies et des cafétérias de telle sorte qu’elles ne soient plus « esclaves » des repas et des enfants! Staline, dictateur et féministe à la fois?  Staline, apôtre de l ‘épanouissement des femmes? Ou Staline calculateur, car l’URSS avait d’immenses besoins de main-d’œuvre pour s’industrialiser et les femmes pouvaient constituer cette main-d’œuvre à condition de les sortir de la maison?  Geste de libération ou d’exploitation? A vous de choisir, mais on n’en serait pas au premier paradoxe du communisme qui peut commettre les pires abominations, au nom d’une idéologie, d’un côté et proposer des innovations sociales en même temps de l’autre! Une chose est sûre cependant : les femmes se sont aussi retrouvées égales aux hommes dans les camps de rééducation, les prisons, le travail forcé et la dictature! La souffrance du peuple n’a pas de sexe.

 

 Quant au stalinisme rose que défendaient les communistes français (dixit « Camarades, il était une fois les communistes français »), ce n’était que relations publiques et marketing. On le voit de l’intérieur ici. Alors que l’image présentée était celle de jeunes gens heureux et enthousiastes de travailler au développement du grand projet socialiste, la réalité était tout autre. En fait ces jeunes gens, travaillant et chantant dans la joie, étaient probablement des militants ou des figurants, car le gros du travail de modernisation de l’URSS fut probablement fait par les prisonniers des camps de rééducation et dans des conditions de quasi esclavage, de peur et de violence!  Mais ce n’était pas montré aux visiteurs, ni aux invités qui chantaient les louanges de l’État prolétarien à l’extérieur de l’URSS… Mais les soviétiques ne s’y trompaient pas eux; ils vivaient sous le joug d’un dictateur imbu de pouvoir et de lui même!

 

Hyperliens

 

1967: Stalin's daughter defects to the West (BBC)

http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/march/9/newsid_2801000/2801709.stm

 

Page encyclopédique sur Staline

http://www.fact-index.com/j/jo/joseph_stalin.html

 

Suggestions de livres sur le sujet :

 

HARASTZI, Miklos, 1978, A worker in a worker's state, New‑York: Universe books.

 

LENINE, 1979, L'impérialisme stade suprême du capitalisme, [1 ère édition: 1917], Moscou: éditions du Progrès.

 

Makhaiski, J. W., 1979, Le socialisme des intellectuels, France: Seuil, coll. Point. (Ouvrage très critique du socialisme soviétique)

 

MARX, Karl, 1978, Oeuvres choisies, Moscou: éd. du Progrès.

 

Meyer, Antoine et Meyer, Philippe, 1978, Le communisme est-il soluble dans l’alcool? France: Seuil, Points Actuels

 

 

 

Vision de l’Europe / Visions of Europe 

 

Danemark - Allemagne

Cinémas d'Europe

2004 / 35 mm / Couleur / 139 min

 

25 réalisateurs

 

L'idée était simple: 25 pays, 25 visions de la nouvelle communauté européenne par 25 réalisateurs de chacun des 25 pays. Pour chacun, une vision personnelle de la vie actuelle ou future de ce melting pot culturel. Les conditions étaient tout aussi simples : liberté d'expression absolue. La longueur de chacun des films : environ cinq minutes.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (4 septembre, 2004)

 

Si on parle d’une Europe unie, on n’a pas ici une vision unie de l’Europe! Certaines suscitent de l’espoir, d’autres du doute. L’Europe unie est une Europe technocratique et politique, mais citoyenne? Tous ne sont pas au même point. Par contre il y a là un beau défi : faire de ces Europes une Europe sur tous les plans; tant politique, économique que social! La même chose serait impensable en Amérique actuellement. Imaginez faire une Amérique unie, allant du Nord au Sud, et soumettant les USA à ce parlement de l’Amérique! Alors qu’elles que soient les faiblesses de l’Europe unie, celle-ci est encore largement en avance sur nous.

 

Au niveau des films qui composent cette oeuvre, j’ai particulièrement aimé celui de l’Angleterre, car il  présente tout l’humour flegmatique britannique dans sa démarche! J’ai aussi retenu cette réflexion d’un autre film, mais dont je ne me souviens malheureusement plus du pays d’origine: 

 

Les autos sont comme les gens; de différentes nationalités, de différentes tailles, de différentes couleurs, certaines sont belles, d’autres sales, handicapées ou illégales… mais qui veut les renvoyer dans leur pays d’origine?

 

Ça donne le ton de ce film, car on y parle beaucoup d’immigration et de réfugiés. Un défi pour l’Europe unie, car est-on citoyen de son pays où de l’Europe? Immigre-t-on ou demande-t-on asile à un pays ou à l’Europe? Les lois sont elles concomitantes ou différentes, entre chaque pays, sur ces questions? Un film particulier. A voir si le film social et politique vous intéresse.

 

Hyperliens

 

http://www.visionsofeurope.dk/

 

Site de l’Union européenne : http://www.europa.eu.int/

 

 

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Un trois pour un!

(Sur Violence des échanges en milieu tempéré, Raisons économiques et Spoonman)

 

Violence des échanges en milieu tempéré

France - Belgique

 Cinémas d'Europe

2003 / 35 mm / Couleur / 95 min

 

Réalisateur : Jean-Marc Moutout; Scénariste : Olivier Gorce, Jean-Marc Moutout, Ghislaine Jégou-Herzog

 

Interprètes : Jérémie Rénier, Laurent Lucas, Cylia Malki, Olivier Pérrier, Samir Guesmi, Martine Chevallier

 

À 25 ans, Philippe débarque de sa province pour intégrer à Paris un grand cabinet de consultants en entreprise. Le matin de son premier jour de travail, il rencontre Eva, jeune mère célibataire dont il s'éprend. Sa première mission, qu'il aborde avec enthousiasme, est de préparer le rachat encore confidentiel d'une usine par un grand groupe. Ses premiers rapports sont convaincants. Il gagne la confiance de son chef qui lui confie une nouvelle responsabilité: sélectionner le personnel apte à travailler dans la nouvelle organisation de l'entreprise. Et licencier les autres. Dès lors, Philippe doit se convaincre et convaincre Eva du bien-fondé de sa tâche. Un choix déterminant pour la suite de sa carrière, et surtout pour lui-mêmeJean-Marc Moutout montre la cruauté du système qui a atteint désormais tous ses rouages: la concurrence est partout, et pas seulement aux niveaux stratégiques. Elle concerne d'abord les ouvriers soucieux de conserver leur gagne-pain. En glissant sa caméra dans cette usine aux machines inquiétantes, produisant des alliages complexes, Moutout pointe du doigt la nouvelle donne. Qui oppose le savoir-faire des ouvriers aux techniques managériales les plus modernes.» -- Sébastien Laeng (filmdeculte.com)

 

 

Raisons économiques (court métrage)

 

France

 Cinémas d'Europe

2003 / 35 mm / Couleur / 16 min

 

 Réalisateur : Sören Prevost, Patrice Jourdan; Scénariste : Sören Prevost

Interprètes : Tom Novembre, Dieudonné, Daniel Prevost

 

En raison de mauvais résultats économiques dus à une tendance générale à la baisse, un père de famille est contraint de licencier ses enfants devenus une charge trop importante pour lui. Retrouver ses parents à durée indéterminée sera dès lors l'unique objectif de ces enfants seuls au monde.

 

Spoonman (court métrage)

 

Canada

 Documentaires du monde

2004 / Vidéo / Couleur / 44 min

 

 Réalisateur  Scénariste : Jean-Pierre Guyot

 

En 1998, la Ville de Montréal décidait d'interdire à Cyrille Estève, mieux connu sous le nom de Spoonman, de jouer de ses cuillères dans la rue, sous prétexte que cet instrument contrevenait à une vieille loi municipale. À cette époque, les démêlés de Cyrille avec les ronds-de-cuir du «Service des permis & inspection» firent la une de certains journaux, Spoonman devint rapidement une cause célèbre et sa notoriété se répandit dans le reste du pays et même à l'étranger.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (3 septembre, 2004)

 

Nous avons regroupés ces 3 films ensemble, car ils concernent la place des gens dans l’économisme ambiant et offrent des points de vue complémentaires sur le sujet.

 

D’abord Spoonman raconte l’histoire d’un technicien qui a perdu son emploi parce qu’il refusait d’abandonner d’être payé pour son temps supplémentaire. Il s’est retrouvé à la rue et a donc commencé à jouer de la cuillère pour gagner sa vie. Les embrouilles technocratiques avec la ville ont alors suivi! Cette histoire illustre bien l’illogisme de la sacro sainte loi du marché qui dit qu’employé et patron sont égaux, négociant librement entre eux! La négociation s’est pourtant arrêtée à « tu es d’accord avec moi ou la porte! »  Cyrille s’est donc retrouvé sur l’aide sociale et à quêter jusqu’au jour il où il a commencé à jouer de la cuillère! Ses affaires se sont alors améliorées. Il était devenu un entrepreneur en amusement public! Mais c’était sous estimer le système qui parle d’égalité, mais qui juge certaines personnes plus égale que d’autres! Si l’administration publique peut faire des assouplissements à ses lois pour favoriser certaines grandes entreprises, des « personnes morales », elle est beaucoup moins portée à en faire autant pour  un entrepreneur de la rue! Au contraire, on le harcèle. Mais  spoonman s’est battu et a gagné, c’est ce que ce film raconte!

 

Ensuite, Violence des échanges en milieu tempéré est une fiction basée sur l’idéologie néolibérale actuelle. Il montre comment l’humain est piégé par cette idéologie. Comment ses valeurs personnelles, familiales et professionnelles sont en contradictions. D’un côté, ça ne fait plaisir à personne de couper des emplois pour rendre une entreprise rentable encore plus rentable, car où est la logique d’envoyer des gens à la rue si on est déjà rentable? Mais de l’autre côté, si tu ne le fais pas, un autre le fera peut être plus durement encore! Il pourrait même transférer toute la production ailleurs et tous perdraient leur emploi! Qui veux de cette responsabilité? 

 

L’individu est donc prisonnier d’une idéologie qui le dépasse mais dont il fait aussi partie, car lui le faisant, le concurrent aussi le fera! Un film sur une théorie inhumaine – le néolibéralisme - traitée de façon humaine. Un film qui m’a fait penser à l’associé, film français qui a connu du succès au point d’être refait par un major états-uniens, vu la justesse du propos et son traitement dans une fiction. Un film bien intégré au temps présent et aux questionnements actuels face à l’économisme dominant, la mondialisation et le néolibéralisme. Il mêle vie professionnelle et vie privée – incluant une histoire d’amour – ce qui en fait un véritable film digne de ce nom! N’attendez pas qu’un major états-unien en fasse un remake pour aller le voir! 

 

Enfin, Raisons économiques  est un court métrage cynique sur le même thème, mais appliquant les rationalisations et licenciements à la famille comme si elle était une entreprise devant répondre à des critères de rentabilité à court terme! Tordant à faire réfléchir! Espérons que notre télé publique l’achètera, car ce film est une perle du cynisme décapant! Diogène ne le renierait pas!

 

Suggestions de livres sur ce sujet :

 

Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.

 

Forrester, Viviane, 1996, L’horreur économique, France: Fayard

 

Forrester, Viviane, 2000, Une étrange dictature, France: Fayard

 

 

Hyperliens :

 

Violence des échanges en milieu tempéré : http://www.filmsdulosange.fr/violence/index.htm

http://www.flach-pyramide.com/FilmFch.php?monFilm=211

 

Le site de Societas Criticus est une bonne référence sur ce sujet et plus  particulièrement nos pages suivantes :

 

Societas Criticus/mondialisation : http://www.netrover.com/~stratji/mondialisation.htm

Societas Criticus/organisation : http://www.netrover.com/~stratji/organisation.htm

Societas Criticus-DI /livres : http://www.netrover.com/~stratji/livres.htm

 

 

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Handicap

 

France

  Cinémas d'Europe

2004 / 35 mm / Couleur / 8 min

Réalisateur Scénariste: Lewis-Martin Soucy

 

Interprètes : Caroline Ducey, Jean-Marc Mineo, Eric Berger

 

Bien déterminée à dire à Mike (avec qui elle sort pour la première fois) tout ce qu'elle ressent pour lui, Natacha l'invite à boire un dernier verre chez elle...

 

Commentaires de Michel Handfield (3 septembre, 2004)

 

Jouissif et délectable cette façon de parler de l’intégration d’une personne handicapée… Un autre film que nous espérons voir notre télé publique acheter et diffuser.

 

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JOURDAIN, CIELS D'ENCRE (court métrage)

 

Canada

  Documentaires du monde

2004 / Vidéo / Couleur / 49 min

 

 

Réalisateur Scénariste: Ginette Bellavance

 

Un voyage fascinant qui n'a rien à voir avec une histoire de palettes ou de pinceaux: celui du peintre Jacques Jourdain. Une quête de lumière à partir de l'encre d'imprimerie. Un matériau rébarbatif, épais, dense, synonyme du noir. Jourdain le dépose sur sa toile et s'amuse à lui arracher son secret. Ses outils: des gants de chirurgie, des pots de métal, un tournevis, de vieux chiffons. Jourdain peint devant nous et nous livre ses secrets. Il fait des pressions, supprime les couches, cherche la transparence et nous étonne. Les ciels d'encre sont en colère, les fresques sont à couper le souffle, la lumière surgit du fond de la toile et la technique est unique au monde.

 

Commentaires de Michel Handfield (3 septembre, 2004)

 

Film fascinant sur un artiste, son évolution, sa méthode de création et son œuvre qui est unique de par sa technique! Plus qu’un peintre, un créateur! Pour amateur de film biographique et d’arts.

 

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FFM 31 août, 2004

 

MARIAGES!

 

Hors concours

France/Portugal/Espagne

2004 / 35 mm / Couleur / 101 min

 

 

Réalisateur : Valérie Guignabodet; Scénariste : Valérie Guignabodet

 

Interprètes :

 

Mathilde Seigner, Jean Dujardin, Miou-Miou, Didier Bezace, Lio, Antoine Duléry, Chloé Lambert, Alexis Loret, Catherine Allégret, Beata Nilska, Michel Lagueyrie, Marianne Groves, Frédéric Maranber, Mic

 

 

Johanna et Benjamin vont se marier. Mais entre un meilleur ami qui oublie les bagues, un oncle qui trompe sa femme avec la femme du précité meilleur ami, un père qui annonce son mariage avec une femme que personne ne connaît, un travesti qui entre en scène et que le jeune marié soupçonne de lui avoir fait des choses la veille, on en arrive à cette conclusion: «Je crois que les mariés divorcent!» Eux ont 25 ans et se marient aujourd'hui. Les autres ont 35 ans, se sont unis il y a dix ans et se déchirent aujourd'hui. Les deux partenaires du couple de 45 ans se sont déchirés il y a dix ans et tentent aujourd'hui de se réconcilier. «Trois mariages et une réconciliation»? Peut-être. Ou alors: «My Big Fat French Wedding»...«Le mariage est un peu à l'amour ce que la messe est à la foi: dans le fond, les raisons d'y aller sont profondes et sublimes. Dans les faits, ce n'est pas aussi clair que ça. Quoi qu'on en dise, les pressions familiales, sociales, psychologiques existent toujours et il y a toujours autant de mauvaises raisons de vouloir se marier. Et quand on se marie pour de mauvaises raisons, le contrat se transforme vite en contrainte. Et c'est ainsi que Ben et Johanna, s'ils ne font rien, se retrouveront dans dix ans dans le même état que Valentine et Alex, qui eux-mêmes finiront probablement comme Micky et Hugo. Ces trois couples sont en fait le même couple, marié trop tôt sans trop savoir pourquoi et exploré à trois moments fatidiques de son existence de couple. Mais peut-être les vingt-quatre heures de cette histoire leur feront gagner dix ans de réflexion...» -- Valérie Guignabodet

 

Commentaires de Michel Handfield (30 août, 2004)

 

« Le mariage, c’est comme une ville assiégée. Ceux qui sont dehors veulent entrer et ceux qui sont dedans veulent fuir! » Ou encore  « L’amour est aveugle, le mariage lui rend la vue! » Cela donne le ton du film. Un film sur les différences Homme/Femme sur la vie et le mariage, où amour et vacheries se côtoient avec grâce et humour! Un film cynique et lucide à souhait! Un film dans le ton Societas Criticus! Je le conseille à nos lecteurs sans hésiter car il est à la fois léger et costaud comme le champagne dans un mariage! Il fait rire et il cogne en même temps!

 

P.S. Demeurer à votre siège jusqu’après le générique, car il y a une surprise à la fin!

 

 

 

CONTRA TODOS Brésil

 

 Cinémas des Amériques - Amérique latine

2002 / 35 mm / Couleur / 96 min

 

Réalisateur : Roberto Moreira; Scénariste :  Roberto Moreira

 

Interprètes :

 

Silvia Lourenço, Giulio Lopes, Leona Cavalli, Ailton Graça, Martha Meola, Dionisio Neto, Ismael de Araújo, Gustavo Machado

 

 

Teodoro est le père à la fois dévot et sévère de Soninha, une fan de musique heavy metal. Sa piété et son intransigeance ne l'empêchent pourtant pas d'avoir une maîtresse, Terenzinha. Ni Soninha ni sa femme Claúdia ne soupçonnent l'existence de celle-ci. De son côté, Claúdia a une liaison avec Júlio, le fils du boucher qui habite dans le voisinage. Waldomiro, un vieil ami de Teodoro, vient fréquemment en visite chez eux, dans la banlieue de São Paulo. Les conflits commencent à se multiplier à la suite du meurtre de Júlio, Claúdia tenant Teodoro responsable du crime. Ce qu'elle ignore toutefois, c'est la véritable profession de son mari et du meilleur ami de celui-ci: ce sont des tueurs à gages et les hommes d'affaires font régulièrement appel à leurs services. Claúdia quitte le domicile conjugal à l'annonce de la mort de son amant et son mari part à sa recherche. Livrée à elle-même, Soninha en profite pour prendre ses aises dans la demeure. Waldomiro, qui a vite retrouvé Claúdia, la cache dans un hôtel où elle s'entiche d'un employé, Lindoval, qui se fait bientôt passer à tabac. Entre-temps, Teodoro est chargé par le père de Júlio de liquider l'assassin de son fils. Cela déclenche une série de péripéties complexes, relatées selon divers points de vue...

 

 

Commentaires de Michel Handfield (30 août, 2004)

 

Une histoire dure de la banlieue brésilienne. Un milieu et une réalité violente, comme il en existe parfois – mais attention le Brésil n’est pas que ça. Film qui joue aussi sur les contradictions, où l’importance de la Foi et de la prière du père (il oblige le bénédicité avant le repas) doivent s’accommoder de sa violence – il est tueur à gages!  Mais Dieu n’est-il pas miséricorde  et ne pardonne-t-il pas tout? Un film fascinant, car il permet de « pénétrer » un milieu dans lequel nous ne serions pas porté à aller voir!

 

Un film qui m’a aussi fait me poser la question du sexe instrumental. D’abord, le sexe comme instrument de plaisir pour oublier la vie chez Claudia. Ensuite le sexe comme instrument de Pouvoir chez Soninha; qui semble utiliser ses charmes pour essayer de quitter ce milieu avec Waldomiro, vieil ami et associé de son père. Malheureusement, comme il est du même milieu, on peut redouter la reproduction sociale et une vie semblable pour la fille que pour Claudia.  

 

Un film qui, dans le contexte d’aujourd’hui, équivaut à ce que faisait Zola à son époque: faire un portrait romanesque et hyperréaliste d’un milieu social. Montrer ce qui est caché. Un film « sociologique ».

 

DEMAIN ON DÉMÉNAGE

 

Cinémas d’Europe

France - Belgique

2003 / 35 mm / Couleur / 112 min

 

Réalisateur : Chantal Akerman; Scénariste : Chantal Akerman, Eric de Kuyper

 

Interprètes :

 

Sylvie Testud, Aurore Clément, Jean-Pierre Marielle, Natacha Régnier, Lucas Belvaux, Dominique Reymond, Elsa Zylberstein, Gilles Privat, Anne Coesens, Christian Hecq, Laëtitia Reva, Olivier Ythier

 

 

Jeune et célibataire, Charlotte essaie de gagner sa vie en écrivant des livres sur commande. Ce sont des romans érotiques bien que sa vie privée ne soit pas le moins du monde contaminée par ce genre de sujet. C'est dans un duplex qu'elle habite, dans un joyeux désordre aussi. La mort de son père va pour un temps bouleverser son existence, car peu après, sa mère débarque avec armes et bagages. Catherine enseigne le piano et l'immense instrument l'accompagne, avec ses malles, ses cartons et ses meubles. Et naturellement, aussi, ses élèves. Charlotte se replie au deuxième étage la laissant s'installer confortablement au premier. Bientôt, le logement est bien trop petit pour les deux femmes. Il faut vendre le duplex et déménager. C'est alors le défilé ininterrompu des acheteurs potentiels qui veulent visiter les deux étages, semant la pagaille...«Le film raconte un peu ce que je suis. Dans la vie, je suis un vrai Charlot. Quand je mange, la nourriture tombe. Quand je marche, j'ai souvent les lacets défaits. Le côté burlesque est très proche de moi. Et Sylvie Testud est un peu mon alter ego dans le film, mais avec plus de grâce!» -- Chantal Akerman

 

 

Commentaires de Michel Handfield (31 août, 2004)

 

La désorganisation comme mode de vie! Un film pour oublier tout le reste si vous acceptez de vous abandonner aux dialogues et aux événements qui arrivent à l’héroïne avec l’arrivée de sa mère. Car si elle était déjà désorganisée, là elle est bousculée! Un film à la fois fin, absurde et hyperréaliste; cynique et ironique! Mais il faut aimer les dialogues, car c’est un film où ce qui est dit est aussi important que ce qui est montré. Si pour vous le cinéma est plus qu’une image, vous aurez probablement du plaisir avec ce type d’humour! Moi j’en ai eu.

 

 

***

 

 

FFM, textes du 30 août, 2004

 

GENESIS

 

30 août, 2004

 

2004 / 35 mm / Couleur / 80 min.

Réalisateurs et scénaristes :
Claude Nuridsany, Marie Pérennou


Un griot (en Afrique noire, poète et conteur ambulant, dépositaire de la culture orale) utilise le langage évocateur du mythe et de la fable pour raconter une autre de ses histoires extravagantes. Mais cette histoire-là est vraie. Il s'agit de notre histoire. L'histoire de la création du monde, de la formation de la terre, des premiers signes de vie, de l'émergence des eaux, de la colonisation du paradis terrestre. C'est une épopée extraordinaire qui se déroule sous nos yeux. Cette genèse éclatante, à la fois moderne et hors du temps, est jouée par les descendants directs de ceux qui ont en fait partie: les animaux. Au cours des différentes étapes de cette quête initiatrice, le conteur découvre que lui aussi a un rôle important dans toute cette histoire. Il prend conscience que sa propre existence est le reflet du grand récit de la vie, et qu'il est l'enfant de cette grande tribu que constituent les êtres humains, pris dans le vertigineux tourbillon de l'existence.

 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

J’ai assisté au visionnement de Genesis à la salle Maisonneuve de la Place Des Arts. (PDA) L’effet sonore était spectaculaire. La bande son y est pour quelque chose; la salle aussi peut être!

 

L’image est tout aussi belle que le son. Quand le griot – conteur africain – claque une allumette, des étincelles se forme la voie lactée! Car la genèse est contée… et montrée de façon spectaculaire dans ce film avec le concours de toute une faune.

  

La genèse, quelle question. La naissance de tout, la vie comprise. Mais traité de façon scientifique et humaine. Par exemple la vie, c’est 1+1=3. Mais la vie, c’est aussi la guerre pour la protection et la conquête de territoires; le cannibalisme, car la vie se nourrit de la vie! Un film intéressant, fascinant et didactique! Un film qui s’inscrit dans l’ère du temps, car en ce nouveau millénaire on cherche des réponses à des questions comme d’où venons-nous? Où allons nous? La montée religieuse en est un exemple. On n’a jamais autant entendu parler de Dieu qu’en ce début de millénaire. (1) Ce film, qui ne prend pas un point de vue religieux, mais plutôt anthropologique, est donc rafraîchissant.  (2)

 

***

 

Ce film soulève aussi la question suivante pour moi : Sommes nous cannibales? Mangeons nous notre prochain nous aussi? Car si la vie se nourrit de la vie, pourquoi ferions nous exception?

 

En fait oui,  nous sommes cannibales. Mais nous avons institutionnalisé notre cannibalisme de telle sorte qu’il s’exerce par système interposé! C’est l’organisation qui vit de l’exploitation des ressources de la planète, du quasi esclavagisme de certaines populations et de la mise à l’écart des gens pour accroître la rentabilité à court terme! (3) Ainsi, alors que les richesses s’accroissent, de plus en plus de gens meurent de faim pour le profit de quelques uns en même temps!  Mais personne en particulier n’est responsable; c’est le système en général qui en est la cause! C’est la vie dit-on! Ce cannibalisme organisationnel moderne peut donc sauver notre bonne conscience puisque ce n’est pas moi, ce n’est pas lui, ce n’est pas l’autre qui est coupable, mais un système qui nous semble invisible et qu’on ne peut toucher semble-t-il! Une fatalité qui s’impose à nous? Dont nous sommes tous les victimes potentielles. Mais, pour certains…

 

« Il n’y a pas de fatalité. Seules existent l’arrogance et la destruction impérialiste. De nos jours, celui qui meurt de faim est assassiné.  Celui qui possède de l’argent mange et vit. Celui qui n’en a pas est affamé, devient invalide ou meurt. »: (Ziegler in Hatfield, 2004, p. 11)

 

C’est la règle aveugle du marché. Mais comment expliquer alors que si d’un côté il y a surproduction, la demande n’est pas comblée de l’autre? Le marché ne doit-il pas tendre à l’équilibre? Ça c’est pour la théorie dans les livres!  Mais la civilisation a bonne conscience : elle donne à la charité! Ce sont des organisations qui font le pillage au nom de la loi économique. Ce sont d’autres organisations qui font et vivent de la charité! Et la loi économique est au dessus de tout soupçon. Comme Dieu! Mais qui l’a écrit? Un économiste hors de tout soupçon probablement! De quoi réfléchir.

 

 

Notes :

 

1. Les événements récents au nom de God, Allah, Yahvé en sont la preuve. Les autres  religions, la mystique, notamment sous la forme bouddhique, et le nouvel âge sont aussi très à la mode actuellement, car on cherche des réponses à l’incertitude de notre temps.

 

2. En parlant de fondation du monde et d’anthropologie, je me dois aussi de souligner le livre de Dominique Legros, L’histoire du corbeau et Monsieur McGinty (France : nrf Gallimard/L’aube des peuples,2003), qui parle du même thème, la genèse, mais dans la perspective des autochtones Tutchone du grand nord canadien.

 

3. C’est justement le thème d’un court métrage décapant, Raisons économiques, que nous avons aussi vu au Festival :

 

« En raison de mauvais résultats économiques dus à une tendance générale à la baisse, un père de famille est contraint de licencier ses enfants devenus une charge trop importante pour lui. Retrouver ses parents à durée indéterminée sera dès lors l'unique objectif de ces enfants seuls au monde. »

 

2003 / 35 mm / Couleur / 16 min; Réalisateur  Sören Prevost, Patrice Jourdan;

Scénariste : Sören Prevost; Interprètes : Tom Novembre, Dieudonné, Daniel Prevost,

Sören Prevost, Patrice Jourdan.

 

Bibliographie :

 

Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur, France : Michel Lafon

Avec une préface de Jean Ziegler (ancien député du Parlement de la Confédération helvétique et rapporteur spécial de l’ONU nous dit-on, mais il fut aussi prof de sociologie à l’université de Genève)  Le terrorisme et l’empire, pp. 9-14.

 

Ziegler, Jean, 1999, La faim dans le monde expliqué à mon fils, France: Seuil

 

 

 

 

Camarades, il était une fois les communistes français (Documentaires)

 

30 août, 2004

 

Documentaires du monde

2004 / Vidéo / Couleur / 160 min

Réalisateur : Yves Jeuland

 

 

Avec la fin du siècle, une page de l'histoire de la société française semble avoir été définitivement tournée. L'électorat communiste a fondu, le Parti a perdu son assise sociale, un univers s'est décomposé. Il n'est pourtant pas si lointain le temps où les communistes français représentaient la contre-société, le temps où les discours de Thorez et de Marchais étaient écoutés religieusement à la Fête de l'Huma, le temps où des générations d'enfants guettaient impatiemment chaque semaine la sortie de la revue Pif Gadget. Jean Ferrat chantait Ma France. C'était la France d'Aragon et de Picasso, de Paul Eluard et d'Yves Montand, la France du Mouvement de la Paix et de Tourisme et Travail, de la CGT et de l'Huma Dimanche. Ce film raconte soixante ans de vie communiste en France, rythmés et nourris de documents d'archives exceptionnels, de films militants, de chansons, de témoignages inédits de personnalités, mais aussi enrichis de paroles de familles de militants. Une aventure collective et intime, une somme de destins pluriels, émouvants, drôles ou cruels, pour mieux comprendre les rites, les valeurs de cette France-là... Et de la culture des camarades.

 

 

 

Commentaires de Michel Handfield

 

 

Ce film sur les communistes français a passé rapidement malgré ses 2h 40 minutes!  En France, certains sont communistes d’une génération à l’autre, non pas qu’ils soient forcés, mais parce qu’ils ont baigné dedans depuis le biberon! Cependant ils sont de moins en moins nombreux dans les jeunes générations, vu la baisse continue du Parti Communiste Français (PCF) aux élections françaises. Ce film en fait l’analyse, mais en même temps un portrait de la France.

 

Je l’ai trouvé fort intéressant, car j’y trouvais des lieux communs! Non pas que j’ai déjà été en France, je n’y ai jamais été; mais j’y trouvais des auteurs, des poètes, des artistes connus, car de par les études on baigne ici dans les livres États-uniens et Français. On a donc une culture en partie influencée par la France. Je pense, entre autres, à Daniel Cohn-Bendit, leader de Mai 68 (1), ou à Jean Ferrat, qui interprète Camarade (dans ce film) en réaction au printemps de Prague qui a marqué une désillusion profonde face à l’URSS. (2) Il y a des lieux communs, comme PIF, ce petit chien sympathique, ou le journal l’humanité! (3) Qui n’a pas acheté un PIF Gadget ici dans sa jeunesse? Mais qui savait que PIF était un produit du PCF pour les jeunes?

 

Il y a aussi des différences, car ici le communisme et le socialisme n’ont jamais pris racines, trop américains que nous sommes en même temps! D’ailleurs nous n’avions par la même vision utopiste de l’URSS et du collectivisme soviétique - certains français se disaient même des « français soviétiques » à la belle époque du PCF – attachés que nous étions à certaines valeurs individuelles. Nous n’avons donc pas connu la même désillusion que les français suite à la découverte des horreurs du système soviétique, ni avec la chute du mur de Berlin! Certains membres du PCF n’ont même jamais cru aux horreurs du stalinisme et sont demeurés staliniens.

 

Un  parallèle peut même être tiré avec les États-uniens : ce sont des utopistes idéologiques; des ultraconservateurs qui veulent conserver leurs valeurs premières et refusent tous changements au nom de la pureté du message idéologique! Leur slogan était d’ailleurs le même que ressert George W. Bush chez nos voisins du sud : « Vous êtes avec nous ou contre nous! »  Ils ont même rejeté mai 68, car la révolte doit venir des ouvriers pas des étudiants! Ils ont aussi rejeté le féminisme (une valeur bourgeoise), la contraception et l’avortement (malgré que des femmes pauvres meurent d’avortement mal fait), car il faut enfanter des prolétaires pour faire la révolution communistes! Le Manifeste ou la Bible, même lecture fondamentaliste. Même fermeture à toutes interprétations rafraîchies!

 

Ce film est aussi l’occasion de faire un tour de l’histoire contemporaine de la France, de l’Europe et du Monde à partir de l’analyse historique du Parti Communiste Français! Qui a lu des livres français sur le travail et la politique (je pense à la collection Points chez Seuil) y trouvera des lieux communs comme la CGT et les exemples communaux. Un film intéressant pour qui s’intéresse à l’histoire des idées!

 

Mais attention, si ce film jette un regard critique sur le PCF, il ne rejette pas pour autant tout ce que le PCF a fait. Car les communistes ont aussi fait du bon en France. L’école du parti a entre autres formé les ouvriers – pas juste les militants - aux arts, à la musique classique, à la lecture, la philo, etc. Elle a ouvert les esprits. Et dans le vide actuel, rien ne remplace cela, ce qui fait dire à certains qu’il y a quelque chose à (ré) inventer pour combler ce vide!

 

Peut être que ce renouveau viendra du communautaire et de la société civile, comme l’Institut du Nouveau Monde, Alternatives (4), l’altermondialisation, les groupes communautaires en éducation et environnement, etc., que nous connaissons ici. Car si nous sommes à la croisée des modèles français et états-uniens, de par notre culture francophone en Amérique, peut être que nos modèles sont aussi à mi terme entre l’étatisme français, souvent qualifié d’étouffant (5), et l’individualisme états-uniens. Peut être représentent-ils cette nouvelle voie  tant recherchée? Mais pour la proposer il faudrait d’abord y faire confiance nous même au lieu de vouloir copier ce que nos voisins du Sud font et de vouloir démanteler l’État au non de l’efficacité du privé! Quelle efficacité quand nous voyons certains scandales financiers retentissant comme Nortel (Canada), Parmalat (Italie) ou Enron (ÉU)? Mais il n’est pas dit qu’un dépoussiérage de l’étatisme n’est pas nécessaire non plus pour ne pas tomber dans « la société bloquée » à notre tour!

 

Ce films sur les communistes français (6) saura intéresser tant les amateurs d’histoire que de sociopolitique, car cette histoire se mêle à la grande histoire du XXe siècle. 

 

 

Notes :

 

1. Au sujet de Mai 68 et de Dany Cohn-Bendit nous vous suggérons les deux livres suivants :

 

TOURAINE, Alain, 1972 (1968), Le communisme utopique – Le mouvement de Mai 68, Paris: Seuil, coll. Point.

 

Cohn-Bendit, Dany, 1986, Nous l’avons tant aimé, la révolution, Paris: Seuil, coll. Points Actuels [Bernard Barrault]

 

 

2. Jean Ferrat, Camarade, sur Ferrat, Les grandes chansons, PGC-CD-928. Cette chanson dénonce les violences de l’armée soviétique pour écraser le printemps de Prague. En voici un extrait :

 

« C'est un joli nom Camarade. C'est un joli nom tu sais. Qui marie cerise et grenade. Aux cent fleurs du mois de mai. (…) C'est un nom terrible Camarade. C'est un nom terrible à dire. Quand, le temps d'une mascarade, il ne fait plus que frémir. Que venez-vous faire Camarade. Que venez-vous faire ici. Ce fut à cinq heures dans Prague que le mois d'août s'obscurcit. Camarade » (Paroles et Musique: Jean Ferrat 1969) Source : http://www.lyrics-songs.com/

 

3.  Le journal l’humanité : http://www.humanite.presse.fr/

PIF sur le web : http://www.pif-collection.com/

 

4. Institut du Nouveau Monde :  http://www.inm.qc.ca

Alternatives : http://www.alternatives.ca/

 

5. A ce sujet, telle était la position de Crozier dans les années 70 et telle est celle de Baverez aujourd’hui. En témoignent les deux livres suivants :

 

CROZIER, Michel, 1970, La société bloquée, Paris: Seuil, coll. Point.

 

Baverez, Nicolas, 2003, La France qui tombe, Paris : Éditions Perrin, col. Tempus (www.editions-perrin.fr)

 

6. Le site du PCF est http://www.pcf.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FFM, textes du 26 août, 2004

 

Vénus et Fleur
d’Emmanuel Mouret
en première nord-américaine au Festival des films du monde

 

Montréal, 19 août 2004 – Très remarqué à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2004, le film Vénus et Fleur sera projeté en première nord-américaine dans la sélection «Cinémas d’Europe» du Festival des films du monde.  Sa sortie au Québec est prévue pour le début de l’automne. Vénus et Fleur est le deuxième long métrage d’Emmanuel Mouret, qui en signe le scénario et la réalisation.

Fleur (Isabelle Pirès), jeune Parisienne timide, et Vénus (Véroushka Knoge), jeune Russe extravertie et perdue, se rencontrent à Marseille.  Elles n’ont strictement rien en commun, si ce n’est leur envie de trouver le garçon idéal.

«Considérons que la vie est changeante, dit le réalisateur.  On ne saurait tout réussir avec le même bonheur, ni tout échouer avec la même infortune, car il n’est de beau temps que ne suive la tempête.  Ça permet de voir les choses sous un autre angle.  Mes personnages portent tous des prénoms qui célèbrent soit la nature, soit des héros anciens ou mythologiques ».  À Vénus et Fleur s’ajoutent en effet Bonheur (Julien Imbert) et Dieu (Frédéric Niedermayer, aussi producteur du film).

Originaire de Marseille, Emmanuel Mouret réalise à 19 ans son premier court métrage, Promène-toi donc tout nu!  Après des études à la Fémis dont il sort en 1998 avec un diplôme en réalisation, il signe en 2001 un premier long métrage, Laissons Lucie faire.  

Distribué au Québec par K-Films Amérique, Vénus et Fleur sera présenté dans le cadre du FFM les 31 août,. 1er et 2 septembre avant de prendre l’affiche à Montréal à l’automne.  


Commentaires de Michel Handfield (26 août, 2004)

 

Un film sur la quête de l’amour et de soi basé sur des caractères typés, psychologiques, voir mythologiques! Ainsi Fleur est douce, voudrait agir, mais c’est dans sa nature de se laisser cueillir! Tant pis si l’amour passe et qu’il ne la « sent » pas. Vénus par contre est la déesse de l’amour… Et Dieu dominant. Quant à Bonheur, il ne sait dire… mais il sera là quand elle sera prête à cueillir.

 

Un film qui montre les problèmes actuels de la jeunesse universelle de par ses thèmes, tout en les traitant de façon légère, ce qui en fait un film agréable à voir.

 

 

Les choristes

“Les Choristes, Journal de Clément Mathieu” deYves Prince et Christophe Barratier (Éditions du Seuil)

 

Réalisateur Christophe Barratier

Scénariste Christophe Barratier,   Philippe Lopes-Curval

Producteur Jacques Perrin, Arthur Cohn,   Nicolas Mauvernay

 

Avec :

 

Gérard Jugnot / Clément Mathieu

François Berléand / Rachin

Jacques Perrin / Pierre Morhange adulte

Jean-Baptiste Maunier / Pierre Morhange enfant

Kad Merad (Kad) /Chabert

Marie Bunel /Violette Morhange

Jean-Paul Bonnaire / le Père Maxence

Paul Chariéras/ Régent

Carole Weiss / La Comtesse

Philippe Du Janerand / Monsieur Langlois

Erick Desmarestz /Le docteur Dervaux

Maxence Perrin / Pépinot

Gégory Gatignol / Mondain

Thomas Blumenthal / Corbin

Cyril Bernicot / Le Querrec

Simon Fargeot / Boniface

Théodule Carré-Cassaigne / Leclerc

Armen Godel / Le médecin

Colette Dupanloup / La cuisinière

Steve Gadler / Assistant Pierre Morhange

Fabrice Dubusset/ Carpentier

Marielle Coubaillon / Madame Rachin

 

 

En 1949, Clément Mathieu, professeur de musique sans emploi, est nommé surveillant dans un internat de rééducation pour mineurs. Particulièrement répressif, le système d’éducation du directeur Rachin peine à maintenir l’autorité sur des élèves difficiles. En familiarisant les pensionnaires à la magie du chant, Mathieu va transformer leur vie…

 

 

Commentaires de Michel Handfield (26 août, 2004)

 

 

Quand le nouveau proviseur, Clément Mathieu, arrive dans ce milieu fermé, un genre d’école de réforme de l’après guerre (1949), il trouve un directeur à la main de fer et des maîtres qu’il a façonnés à son image. La règle est Action/Réaction. Le jeune fait de quoi, pas de si, pas de ça, la punition sans appel! « C’est juste ça qu’ils comprennent… » dit-on. Mais lui est un doux de nature, un humaniste, un musicien. Il est donc en contraste avec ce milieu. Le milieu le brisera-t-il? Brisera-t-il le milieu? Non, ce n’est pas si simple, on n’est pas dans le cinéma États-Uniens. Plus complexe. Mais un film qui va chercher les émotions, je l’avoue. Il m’a touché.

 

Oui la musique changera des choses, changera des vies. Mais on n’est pas dans le tout cuit. Tout n’est pas réussite au sens où on l’entend dans le cinéma hollywoodien. Mais tout n’est pas perdu, loin de là. Sauf qu’on n’est pas dans le convenu d’avance. Il y a un certain cynisme, dans le bon sens du terme : s’affirmer et remettre les incohérence du système en cause par l’exemple. Ce n’est pas léger, ni lourd, mais comme la vie, avec des moments plus joyeux et plus tristes. Un peu comme une toile de Renoir.    

 

Je ne vous cacherai pas qu’il y a une chorale, le titre le dit. On peut penser à l’Opus de M. Holland ou à Rock’n nonne, mais aussi à Zola. Car une chorale ça crée une sorte de famille et c’est bienvenu dans un tel milieu. Car on est chez les sans familles, orphelins, et enfants « difficiles », réformés. C’est à la fois différent et si près de ces films, car la musique offre quelque chose d’universel, qu’il peut s’adresser à un large public. Un film qui devrait rapprocher cinéphiles et grand public.   

 

 

Hyperliens :

 

http://www.leschoristes-lefilm.com/

 

 

Elles Étaient cinq

En compétition officielle

Au Festival des Films du Monde de Montréal 2004

 

 

MONTRÉAL, le mardi 17 août 2004 — C’est le 26 août prochain, lors de l’ouverture du Festival des Films du Monde de Montréal, que la réalisatrice Ghyslaine Côté dévoilera son second film, ELLES ÉTAIENT CINQ, qui représentera le Québec en compétition officielle. Le long-métrage est codistribué  par Remstar et Vivafilm et coproduit par Remstar/Forum Films.

 

À la vue d’un homme au bras tatoué, Manon est prise de panique et se réfugie dans son appartement où elle s’enferme à double tour. Cette rencontre fortuite déclenchera une série de souvenirs douloureux qu’elle avait refoulés depuis son adolescence. Quinze ans ans plus tard, Manon réalise que seules ses amies d’enfance, qu’elle a refusé de voir depuis, ont le pouvoir de l’aider à surmonter sa peine. De retour sur les lieux de leur dernière rencontre, Manon partagera enfin avec ses amies le fardeau qu’elle porte depuis tant d’années, dans l’espoir de libérer son cœur et de pouvoir enfin jouir du bonheur auquel elle a droit.

 

ELLES ÉTAIENT CINQ met en vedette Jacinthe Laguë (Home) ; Ingrid Falaise (Tribu.com, Night Light, Bang-Bang) ; Julie Deslauriers (Chambre en ville, Tribu.com) ; Brigitte Lafleur (L’Auberge du chien noir, Virginie , Bouscotte) ; et Noémie Yelle (Ramdam,L’Ombre de l’épervier, Blanche). Peter Miller (Mambo Italiano), Louise Portal (Les Invasions barbares), Sylvain Carrier (Tribu.com), Diane Lavallée (Nuit de noces) Robert Lalonde (Séraphin – Un homme et son péché) et Brigitte Paquette (Requiem pour un beau sans-cœur) viennent compléter la distribution.

 

Ghyslaine Côté, qui est aussi comédienne, scénariste et coach d’acteurs, a également écrit et réalisé Aux Voleurs! (Prix La Presse pour le meilleur scénario, Festival du Court métrage de Montréal) ; réalisé et coscénarisé Pendant ce temps... (Grand prix du festival de Stony Brook et candidat aux prix Jutra et Génie) ; et réalisé de nombreuses publicités et documents d’entreprises. Son premier long métrage, Pin-Pon, le film, avait obtenu deux nominations aux prix Jutra.

 

L’auteure du scénario original de ELLES ÉTAIENT CINQ, Chantal Cadieux, a signé ou collaboré à de nombreux scénarios de films et d’émissions télé. Elle a récemment écrit, en collaboration avec le réalisateur Jean Beaudin, deux scénarios de films : L’Inconnu, un long métrage inspiré du roman de Michel Rio, et Le Collectionneur, d’après le roman de Chrystine Brouillet.

 

 

ELLES ÉTAIENT CINQ a été produit par Maxime Rémillard de Remstar et Richard Lalonde de Forum Film, avec la participation financière de TÉLÉFILM Canada, SODEC – Société de développement des entreprises culturelles-Québec, SUPER-ÉCRAN et la collaboration de RADIO-CANADA  TÉLÉVISION.

 

Codistribué par Remstar et Vivafilm, Elles ÉTaient cinq prendra l’affiche à Montréal le 27 août et le 3 septembre partout au Québec.

 

Commentaires de Michel Handfield (26 août, 2004)

 

Ce film parle d’abord de l’adolescence, côté fille… ce que je n’ai pas connu étant un gars et n’ayant pas de sœurs. J’avais l’impression d’un voyeur qui découvrait ce que pouvaient se dire les filles de mon adolescence entre elles. Leurs rêves romantiques. Leurs folies. Et par les réactions de la salle cela semblait en rejoindre plus d’une. De quoi croire à une vraisemblance. 

 

Mais le fil est mince entre le bonheur et le malheur, comme un fil dentaire qui se brise. « Clac » et tout bascule. Un sourire séducteur est remplacé par une crispation d’horreur. Les drames s’estompent dit-on, mais il y en a qui s’oublient moins facilement quand ils plongent dans notre chair. Manon l’a connu et c’est profondément inscrit dans tout son être.

 

Le système, lui,  pardonne. On ne peut être coupable toute une vie. On réhabilite. Mais les victimes, elles? Leur entourage? Si le coupable peut refaire sa vie, les victimes le peuvent-elles? Justice ou sentiment d’injustice? Des questions philosophiques? Non. Des sentiments réels, vécus au plus profond de l’être, dans sa chair. Car ce film prend le point de vue des victimes de façon humaine, sans faux fuyants.

 

Par éthique et par respect pour toutes victimes de tels actes et de tous autres actes criminels qui font basculer des vies sans raisons, gratuitement, je ne peu écrire « un très beau film » ni « un très bon film » (même si je le pense) à cause de la gravité du sujet et de son importance. Mais je peux écrire un film nécessaire et bien fait; un film riche. Courrez le voir.

 

 

Hyperliens :

 

Libérations conditionnelles :

 

http://www.npb-cnlc.gc.ca/

http://www.msp.gouv.qc.ca/reinsertion/reinsertion.asp?txtSection=commqueb

 

Aide aux victimes d’actes criminels :

 

http://www.justice.gouv.qc.ca/francais/publications/generale/rec-ress.htm (Ressources)

http://www.cavac.qc.ca/ (centre d’aide aux victimes actes criminels)

http://www.lumiereboreale.qc.ca/principal/quoi.htm (centres d'aide et de lutte contre les agressions
à caractère sexuel)

 

 

 

Index

 

 

 

Notes d’écoute

 

Maryse Letarte, Le Motif, Rococo/Distribution Select, ROCCD-6772

 

Un CD à écouter et à lire!

 

Comme nous avions assisté au lancement de ce CD lors des 16es FrancoFolies de Montréal le 2 août dernier et que nous avions parlé de son single « Parmi les robots » au mois de mai, nous avons pris une pause avant de vous parler de ce CD, mais nous l’avons écouté à plusieurs reprises durant ce intervalle. Quelques commentaires de films ont été écrits en écoutant Maryse. Ce ne sont donc pas des premières impressions, mais bien des remarques mûrement réfléchies.

 

Différemment  de sa prestation de lancement, qui nous semblait plus rock, le CD est plus soft. Mais des deux façons ses musiques sont excellentes, ce qui montre la mesure de son talent de musicienne et d’interprète, car nous avons ici affaire à une auteure, compositeure interprète! Un CD qui est aussi agréable à écouter pour écouter qu’en écrivant ou en lisant.

 

Des paroles qui sont aussi à lire, car au premier degré on peut se dire que ce sont des chansons agréables, qui coulent biens. Mais attention, il y a un second degré : un diagnostic du mal de notre temps comme fil conducteur. Une dénonciation de notre enfermement dans des systèmes. Des preuves? En voici quelques unes :

 

Dans Tour de contrôle l’héroïne n’a « plus le goût d’apprendre son rôle »,  « jeté la vaisselle sale » et est « partie et n’en reviens pas »,  mais deviens « charmante et positive comme le message d’un biscuit chinois » ! Elle est sortie d’un système pour entrer dans un autre, celui du positivisme nouvel-âgeux!

 

Dans Le héros, elle souligne que contrairement aux héros médiatisés plein d’héros de tous les jours – les citoyens comme vous et moi – font des gestes inaperçus qui font que les choses vont, mais on ne les voit pas!

 

Dans La combine elle souligne comment nos vies nous échappent, grugée qu’elles sont par des obligations et le système (modes et idéologies), car « il sera riche celui qui trouvera la combine pour que nos vies s’illuminent »

 

Dans Le matin renaît elle dit «Les décisions, comme des énormes coups montés. Les opinions, comme de la publicité », Ça ne peut être plus clair!

 

Et que dire de Parmi les robots, sauf de reprendre en partie ce que nous avions dit lors de la parution de ce single. Le monde est organisé de telle sorte que « les machines règnent »! Une chance qu’il y a la musique pour rêver le monde! La prochaine grande révolution viendra-t-elle de la Culture ou de Maryse!? Un CD à écouter et à lire!

 

 

 

Dans le cadre des 16es FrancoFolies de Montréal

Lancement du nouvel album de Maryse Letarte

le 2 août, à 18 h, au Cabaret Music-Hall

 

Commentaires de Michel Handfield

 

Ce soir (lundi 2 août)  a eu lieu le lancement du nouvel album tant attendu de l’auteure-compositrice-interprète Maryse Letarte au Cabaret Music-Hall, dans le cadre des 16es FrancoFolies de Montréal et nous y étions.

 

D’abord, d’un point de vue social, ce lancement de disque avait un petit côté festif et ça se sentait dans la salle. Question d’ambiance du Cabaret et du cadre des francofolies. Il est vrai que les lancements de disques sont aussi différents des autres activités auxquelles nous assistons généralement, comme les visionnements de film ou les congrès, car les gens présents créent une ambiance, alors que dans ces autres événements nous sommes davantage en mode écoute/analyse dans la salle. Un lancement de disque de temps à autre nous fait donc du bien.   

 

Dans sa prestation Maryse nous a donné l’impression d’être plus rock dans sa « nouvelle vie »; d’avoir quitté sa « tour de contrôle »… comme elle le disait dans une des quatre chansons qu’elle a interprétées pour les journalistes et autres personnes présentes au Cabaret ce soir. Une Maryse libre, simple et volontaire qui semble faire ce qu’elle aime… et aimer ce qu’elle fait! Ça se sent et c’est naturel, ce que l’on apprécie. Bon succès Maryse!

 

***

 

Dans quelques jours Maryse conviera à nouveau les amateurs de bonne pop à venir découvrir les onze titres originaux de son album Le motif, soit  le vendredi 6 août, à 18 h, sur la scène principale du site extérieur des Francos, dans le cadre de la série Les Révélations Ford Focus.  Il est à noter que «Parmi les robots», premier extrait de ce DC à venir, que l’on peut déjà se procurer sur Archambaultzik.ca, tire d’ailleurs très bien son épingle du juke-box hertzien depuis sa sortie à la radio, en mai dernier et qu’il a eu une bonne critique sur notre page musique! 

 

Lancé en primeur dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, l’album Le motif (Disques Rococo/Sélect) sera en magasins à compter du 10 août 2004.

 

Hyperlien : www.maryseletarte.com

 

 

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Sylvain Lelièvre, Versant Jazz 2, Live au Lion d’or, Novembre 2001, GSI Musique, GSIC-2-899

 

 

Commentaires de Michel Handfield (20 juin, 2004, minuit, 50)

 

 

A la veille du Festival International de Jazz de Montréal, c’est l’occasion de parler de Sylvain Lelièvre, car ses chansons ont pris une tournure fort intéressante une fois réarrangée en jazz. Leur relief ressort davantage, mais ce n’est pas emprunté pour suivre une mode. C’était déjà en germe, mais moins apparent pour ne pas déranger. Car à l’époque on parlait de chansonniers et cela appelait un style spécifique, une couleur, un son! Il ne fallait pas trop jouer dans les autres styles musicaux!  Ce petit côté jazz de était donc retenu. Mais avec le temps et les Festivals de Jazz  aidant – on en est au 25e Festival International de Jazz de Montréal cette année  – les oreilles se sont ouvertes et les auteurs compositeurs, comme Sylvain, qui fleuretaient avec le jazz, ont pu réinterpréter leurs chansons en leur redonnant la couleur jazz qu’elles auraient toujours dues avoir! Un album qui nous fait redécouvrir sous un autre jour – sous leur vrai jour! – les chansons de Sylvain.

 

Il aurait si bien fait dans le grand spectacle du Festival de jazz, avec 450 000 personnes au moins, mais il nous a malheureusement quitté trop tôt. Alors, à défaut de sa présence… offrez vous son âme jazz pendant le Festival. Achetez ce CD et vous ne le regretterez pas, promis! Le plaisirs transcendera vos écouteurs!

 

Ce CD est accompagné d’un DVD d’une dizaine de minutes en prime. Celui-ci est fort intéressant. On y apprend notamment que le blues et le jazz ont accompagné sa révolte d’ado! Cela paraît que cette musique l’a pénétré dans sa jeunesse, car sans s’attarder à écrire spécifiquement du jazz, ses chansons plongent aux racines jazz dans leurs musiques. C’est ce qu’il explique très bien sur ce court DVD et ça s’entend sur le CD avec :

 

Je flâne en chemin                                  

Pantalon gris et veston bleu

Drummondville                             

Solitude (Duke Ellington)           

Venir au monde

Lettre de Toronto                         

Petit matin / Old Orchard 

Tombouctou                                  

Les choses inutiles                     

Send in the clowns

 

P.S. Ce disque s’est mérité une dizaine d’écoutes dans les deux dernières semaines et il me donne autant de plaisirs que ce soit à 10h le matin, 15 h l’après midi ou 1h du matin en rédigeant un texte politique! Un best!

                                  

Hyperliens

 

www.montrealjazzfest.com

www.gsimusique.com

 

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Maryse Letarte, Parmi les robots, Single annonciateur de son nouveau CD (www.maryseletarte.com)

 

25 mai, 2004

 

Sur un air accrocheur, Maryse Letarte a des paroles qui ont de la profondeur plus qu’il n’y paraît. C’est le cas de ce single. Ce n’est qu’une belle mélodie au premier degré :

 

Je suis en transit

Parmi les robots

J’écoute de la musique

Elle mène mon bateau

 

Mais au second degré, n’est-on pas dans un constat désolant? Le monde est organisé de telle sorte que « les machines règnent »! Les Gouvernements n’ont pas le choix de faire ce qu’ils font, car c’est le rouleau compresseur de la mondialisation qui décide; les entreprises n’ont pas le choix de mettre à pied malgré les profits, car c’est la machine du marché qui décide; au travail on n’est plus une personne mais une ressource - et si elle est encore humaine c’est juste que la technologie pour la remplacer n’est pas encore disponible! Bref ce sont les machines qui mènent le monde et non pas le monde qui mène les machines! Une chance qu’il y a la musique pour rêver le monde! La prochaine grande révolution viendra-t-elle de la Culture, car… 

 

Dans ce monde où les machines règnent

Je me dois à tout prix

De voir à ce que le feu ne s’éteigne

 

 

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Sony Music Radio Sampler 2004 # 1 (SMPD 145) et # 2 (SMPD 146)

(www.sonymusic.ca)

 

25 mai, 2004

Depuis quelques temps déjà que je les écoute sans m’en lasser, car ces deux CD de Sony sont un mélange équilibré entre différents courants musicaux. Chacun peut y trouver son compte et quelqu’un de « musicalement curieux » y faire des découvertes intéressantes s’ils se trouvent sur le marché - car même s’il est inscrit à l’endos « not for sale », ces CD peuvent se trouver en format commercial sous une présentation différente cependant. Pour ma part ils me servent à vous souligner quelques titres qui m’ont davantage accroché...

 

Sur le numéro1 un j’ai particulièrement apprécié Barlow, « Perfect Wave » (Taken from the Epic release Barlow – EK 80943) pour son rythme rock; Garou,  « L’aveu » (Taken from the Colombia release Reviens – CK 81012), pour son rythme et sa poésie, qui est romantique sans tomber dans la guimauve. Qui joue sur des contradictions humaines que l’on connaît tous, que l’on a tous à l’occasion:

 

Plus je m’éloigne dans l’absence,

Plus je dis non à tes appels,

Plus notre passion m’est fidèle,

Et plus notre histoire recommence!

 (Paroles notées lors de l’écoute)

 

Enfin, j’ai aimé le son d’Indigo girls, “Perfect world” (Taken from the forthcoming epic release All that we let in – EK 90503), qui mélange pop et choristes dans de doux arrangements! 

 

Sur le numéro 2 les pistes qui m’ont les plus accroché sont Glenn Lewis,  “Back for more”  (taken from the upcoming Epic release Back for more – EK 86965), que je trouve très tendance actuelle; Drowning pool, “Step Up” (taken from the forthcoming Wind-up/Epic release Desensitized – EK 91864), qui brasse à fond la cage (lire qui a du rythme rock-métal); et Harry Connick Jr., “For once in my life” (Taken from the Colombia release Only You – CK 90551) qui nous ramène à une autre époque jazzy crooner avec une belle orchestration!

 

 

  

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Spectacles

 

 

 

Présence autochtone à Montréal

Du 10 au 21 juin 2004

 

Aujourd’hui j’ai assisté au lancement de la 14e édition de Présence autochtone. Comme vous trouverez tous les détails sur leur site Internet (www.nativelynx.qc.ca), voici quelques unes de mes notes :

 

Mira Cree, Présidente, a dit que ce festival est « la célébration de l’amitié et des destins croisés ». Cela résume tout. Depuis tout ce temps que l’on vit avec les autochtones et pourtant nous les connaissons si peu… Ce festival est l’occasion de renouer les amitiés passées et de les réactualiser.

 

 Pour sa part André Dudemaine a souligné qu’ils n’ont pas dormi aux corneilles et ont préparé un événement impressionnant pour cette année encore, avec contes et légende, expositions, festival de films, et même un concert symphonique avec l’Orchestre Métropolitain! Mais comme les détails sont sur le communiqué qui suit et sur le site Internet de l’événement, rien ne sert de les répéter.

 

Un Festival à suivre.

 

Michel Handfield (26 mai, 2004)

 

 

Le communiqué

 

Montréal, 26 mai 2004 —Voué à la promotion et à la mise en valeur des cultures des Premières Nations des trois Amériques, la 14e édition du festival Présence autochtone nous offre cette année encore une programmation solide et variée s’ouvrant sur une imposante exposition et se terminant par un grand concert.

 

L’ouverture officielle de Présence autochtone 2004 aura lieu à la Bibliothèque nationale (édifice Saint-Sulpice) qui présente Mythologies fondatrices : gravures et sculptures inuit. L’ethnologue Bernard Saladin d’Anglure -qui a notamment été l’assistant de Claude Lévi-Strauss et a traduit le premier roman inuit Sanaaq de Mitiarjuk Nappaalik - agit comme commissaire de cette exposition majeure dédiée aux artistes du Nunavik.  Les œuvres proviennent de la collection de la Bibliothèque nationale qui les expose au public pour la première fois ainsi que de la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec qui prête des sculptures pour l’occasion.

 

Et c’est au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts que se terminera le festival le 21 juin. Présence autochtone et l’Orchestre métropolitain du Grand Montréal s’associent cette année pour présenter à 20h, Destins croisés, un concert exceptionnel marquant le Jour national des peuples autochtones. Le programme comportera notamment deux mouvements de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorák ainsi que des œuvres musicales inspirées de poèmes innus et d’un chant ojibway.  Minda Forcier, soprano d’origine atikamekw et la violoniste mohawk Tara-Louise Montour se joindront aux musiciens de l’orchestre pour ce grand concert dont les billets sont disponibles dàs le 1er juin à la billetterie de la Place des Arts.

 

Parmi les spectacles qui seront présentés pendant cette 14e édition, Blues, Blanc, Rouge réunira au Lion d’Or le samedi 19 juin, les 12 guitaristes de l’ensemble Forestare, le duo Taima, Gilles Sioui, Brian André, Richard Desjardins et les musiciens de Kanasuta  (billets au coût de 15 $ en vente à la billetterie Articulée à compter du 1er juin).

 

Présence autochtone propose comme toujours une importante sélection de films.  Fiction, documentaires, vidéo d’art et films d’animation provenant d’une dizaine de pays et en lice pour les prix Teueikan et Rigoberta Menchú, se succéderont au Cinéma ONF où les projections débutent le 10 juin. Cette année, on soulignera le travail du réalisateur d’origine cheyenne-arapaho Chris Eyre avec une rétrospective incluant Smoke Signals; on pourra voir aussi, en première canadienne, son dernier film, Edge of America, acclamé cet hiver au festival de Sundance. Sera également salué le cinéaste Arthur Lamothe qui est à compléter sa grande encyclopédie audiovisuelle de la culture innue. Présence autochtone présentera en primeur quelques documents inédits de ce cycle titanesque. À signaler aussi, le retour de la comédienne mohawk Alex Rice qui tient le rôle principal dans On the Corner de Nathaniel Geary; présenté en première montréalaise, ce titre se retrouve dans la liste des 10 meilleurs films canadiens de l’année. On the Corner sera également projeté à Kahnawake qui accueille cette année encore un atelier professionnel consacré à l’adaptation cinématographique de légendes et de récits amérindiens.

 

L’activité la plus populaire de Présence autochtone demeure le site extérieur du Parc Émilie-Gamelin qui propose une foule d’activités d’animation du 17 au 20 juin sous le thème « la trame du rêve ». Manikashuna (mot innu désignant les campements des nomades) témoigne avec justesse et respect des cultures matérielles et spirituelles des Premières Nations. Le site comporte trois zones consacrées aux cultures des Plaines, des Iroquoïens et des Algonquins. On y retrouvera contes et légendes sous les tipis, démonstration des arts et métiers de la tradition (dont la peinture des chevaux), cuisson de la banique et danse d’apparat. D’ailleurs, la flamboyante Marche des danseurs y convergera le samedi 19 juin pour les Boréades.

 

Le dimanche 20 juin à 15h30 au Cinéma ONF, on décernera les prix de la 14e édition de Présence autochtone dans les catégories « création » et « communauté », ainsi que le prix Docteur Bernard Chagnan Assiniwi qui récompense l’accomplissement exceptionnel d’une personnalité des Premières Nations.

 

Dans le cadre des manifestations en arts visuels de cette 14e édition, la Guilde canadienne des métiers d’arts accueille du 4 au 26 juin Niwaskw, une exposition d’oeuvres sur papier, de sculptures et de broderies à laquelle participent Christine Sioui Wawanoloath, Virginia Pésémapéo Bordeleau, Tom Bulowski, Jacques Néwashish et Véronique Thusky.  Et à l’entrée du cinéma ONF du 10 au 21 juin, on pourra voir Eshi-uapatikanit, visions de jeunes Innus. Trente jeunes de Uashat mak Mani-Utenam ont pendant un an photographié les moments importants de leur vie et de leur communauté, avec humour, tendresse et lucidité.

 

Le festival se termine le lundi 21 juin, Jour national des peuples autochtones qui sera d’abord souligné en avant-midi par une cérémonie civique sur le Belvédère Kondiaronk du Mont-Royal et en soirée par le concert à la Place des arts.

 

 

 

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