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Revues Internet en ligne
Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
www.homestead.com/societascriticus
Vol.6 no. 2
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant
Intellectuel pour penser autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer par courriel. Si votre texte est en
fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf"
(rich text format) sans notes
automatiques.
Dossier (Triptyque électoral)
Quintet plus
un contre Bush! (Sur FAHRENHEIT 9/11
et quelques livres)
Festival des
Films du Monde, 2004
Commerce et familles, question de l’heure!
Michel Handfield
1er septembre, 2004
Un débat d’importance attend le Québec :
doit-on restreindre les heures d’ouvertures des magasins pour sauver la vie
familiale et sociale? Pour le ministre Audet, du
Développement économique, une telle mesure est bonne pour la famille et le
développement économique, car ça crée de l’emploi et comme chacun le sait la
création d’emploi crée de la richesse pour les familles! Pour le ministre Béchard, Emploi et solidarité, l’ouverture des magasins
tous les soirs et le dimanche, nuit probablement aux familles, ce qui est de sa
responsabilité. Que faire, surtout que nos deux ministres ont raison? Je vous
offre donc une proposition originale!
Les heures d’ouvertures créant de l’emploi et de
la richesse, créons-en tout simplement davantage tout en y ajoutant de la
flexibilité pour respecter toutes les familles! Comme la loi oblige les commerçants
à suivre le mouvement sous peine d’amendes, étendons cette loi à tous les
emplois et toutes les entreprises :
les écoles, les banques, les bibliothèques, les bureaux des députés, les
garderies, les cégeps seront tous ouverts aux mêmes heures que les commerces!
Ainsi, qui travaille le samedi/dimanche pourra envoyer ses enfants à l’école
les samedis/dimanches et prendre congé avec eux les mardis/mercredis par
exemple. Qui travaille de midi à 21h pourra envoyer ses enfants à l’école de
midi à 21h! Les classes devront être plus petites, favorisant ainsi une
éducation de qualité et l’embauche de davantage de professeurs – qui
consommeront et feront croître l’économie – ce qui ne pourra que contribuer au
développement économique du Québec comme le dit le Ministre Audet!
Et ce qui est le plus beau dans l’affaire, c’est que les professeurs ne
pourront même pas être contre cette mesure, puisque ce mouvement de l’ouverture
des magasins jusqu’à 21h tous les soirs est parti du puissant fonds de pensions
des Teachers, propriétaire des Centres à la mode! Ne
sont-ce pas des valeurs syndicales l’égalité, l’équité et la comparaison avec
l’Ontario quand ça fait leur affaire?
So-So-So Solidarité! Vive le
travail de 9h à 21h et le week-end pour tous les emplois!
So-So-So Solidarité! Vive la
création d’emploi!
So-So-So Solidarité dans le
développement économique!
Pour une police rentable!
Michel Handfield
16 août, 2004
Un article a attiré mon attention dans Le Devoir
d’aujourd’hui : « L’écoute électronique doit être financée par les
abonnées, croient les policiers » (p. A 3) En effet, les chefs de police
proposent d’hausser nos tarifs téléphoniques de 25 sous par mois pour financer
l’écoutent électronique qui sert à contrer le terroriste et la criminalité.
C’est le principe d’utilisateur payeur dans sa plus pure expression.
Bravo, il était temps d’y penser. Je propose
donc de suivre cette ligne de pensée jusqu’au bout et que les policiers paient
leur véhicule de police et son entretien… puisque ce sont eux qui s’y baladent,
pas moi! On devrait aussi rentabiliser les caméras des autos patrouilles en
vendant certaines images à la télé! Les profits des images de « necking », sans distinction d’orientation sexuelle,
pourraient même servir à financer les enquêtes sur la pédophilie et les crimes
sexuels par exemple! Parlez moi d’une police rentable!
Financer le développement!
Michel Handfield
13 juillet, 2004
Cette fin de semaine
Le Devoir soulignait que le Québec est parmi les cancre de l’Internet et que Montréal
est « la seule grande ville canadienne où le nombre de ménage internaute a
diminué entre 2001 et 2003 » (1);
que le Conseil de presse doit travailler à renforcer la presse
indépendante (2); et que, malgré tout cela, le magazine indépendant Recto Verso
ferme après 50 ans de publication faute de financement public! (3)
En tant qu’éditeur
d’un cybermagazine (4) de critique sociale et politique, je tiens à souligner
cette incongruité : pour être financé il faut beaucoup de tirage papier,
ce qui fait qu’un média qui parle de sports, d’astrologie, de sexe, de la
dernière coupe de cheveux des stars, de la couleur de leur cutex
ou de leur nouvel amant va toujours avoir plus de lecteurs et de financement
public qu’un média qui traite de recherche scientifique; d’analyse sociale, de
politique; ou de culture. Mais quand on parle du niveau culturel, éducationnel ou scientifique d’une société ou
d’un pays regarde-t-on le tirage des revues d’astrologie ou de vedettariat? Non!
On cite plutôt nos magazines indépendants et sous financés, qu’ils soient
alternatifs, scientifiques ou culturels! Il serait donc temps de distinguer
culture et commerce!
Ce sont justement
nos revues indépendantes et alternatives, ce qui inclut les webzines, dédiés à
la science, à la culture, aux humanités, à la politique et à la société qui ont
besoin du financement public, que ce soit Le Devoir (quotidien), Recto Verso
(magazine) ou Societas Criticus (cybermagazine), car elles font œuvre
d’éducation et de débats sociaux et sont
souvent tenues à bout de bras par leurs artisans. Les revues commerciales, pour
leur part, peuvent déjà bénéficier de crédits d’impôt, alors pourquoi leur
donner du financement public supplémentaire sur la seule base de leur tirage,
surtout lorsque ce sont des outils de marketing, dans la convergence, dont
l’objectif n’est pas d’éduquer mais bien de faire un profit en faisant écouter
l’émission X ou en vendre les produits dérivés! Des critères qualitatifs
doivent être pris en compte dans le choix du financement des magazines et des
cybermagazines, car des critères exclusivement quantitatifs sont loin d’être un
gage de qualité suffisant en terme de culture et d’informations. (5)
Le PLC, qui aimerait
bien entrer dans le secteur de l’éducation, sans faire de remous au Québec,
devrait en profiter pour financer et promouvoir les revues alternatives et
indépendantes, incluant les revues Internet (cybermagazines ou webzines), car
elles ont une vocation éducative et sont oubliés par Québec. Qui pourrait alors
reprocher au Fédéral de les financer si Québec ne le fait pas?
Les revues
commerciales pourraient toujours reprocher ce financement pour la forme, mais
l’industrie sait bien que ce secteur alternatif et indépendant constitue un
artisanat culturel et scientifique (6) nécessaire à la vitalité du secteur
malgré sont faible lectorat selon des critères purement commerciaux Ces magazines/webzines sont peut être à la
marge, mais combien d’idées de la marge sont devenues le mainstream une fois
récupéré par des industries qui ont su les diffuser et, surtout, les
commercialiser. Faudrait peut être les financer si on veut assurer notre
développement.
Financer le
développement! Qui peut être contre la vertu? Alors il faut changer la
politique de financement des magazines et cybermagazines au plus tôt pour tenir
compte des besoins de nos médias/cybermédias indépendants. Et s’il faut une
commission d’étude sur le sujet, veuillez prendre note de ma disponibilité à y
siéger moyennant rémunération. Car le bénévolat je le réserve à mon
cybermagazine en attendant du financement public.
Notes:
1. Stéphane Baillargeon, « Internet :
le Québec parmi les cancres », in Le Devoir, Vendredi 9
juillet 2004, p. A-3
2. Paul Cauchon, « La société civile
a besoin d’un arbitre » in Le Devoir, Vendredi 9 juillet 2004, pp.
A-1 et A-8. Ce texte débute par ces mots :
« Seul un
meilleur financement peut garantir l’indépendance du Conseil de presse, selon
son président. »
3. Paul
Cauchon, « Recto Verso n’est plus qu’un souvenir », in Le
Devoir, Les Samedi 10 et Dimanche 11 juillet 2004, p. A-3. Il est à souligner
qu’en même temps…
« Patrimoine
Canada avait déversé des millions pour soutenir les grands groupes comme
Rogers, Transcontinental et Québécor, mais avait accordé moins de 30 000$
à Recto Verso, avant de l’exclure de son programme. »
4. J’utilise indistinctement cybermagazine,
webzine et revue Internet comme étant synonyme.
5. Quelques personnes m’objecteront qu’utiliser
des critères qualitatifs, c’est subjectif. C’est vrai, mais prenons un exemple
pour montrer que qualité ne rime pas nécessairement avec quantité : une
Chevrolet cavalier n’est pas de qualité supérieure à une Rolls
Royce, pourtant on en produit et on en vend davantage! La même chose est vrai
en terme de médias écrits : le tirage n’est pas synonyme de qualité.
Pourquoi en faire la base du financement public?
6. Cet
artisanat culturel et scientifique est fait de penseurs, de chercheurs,
d’écrivains, d’artistes et de journalistes freelances.
L’ordre et le désordre!
Michel Handfield
19 juin, 2004
Pour certains électeurs et commentateurs de la
scène politique, les Conservateurs représentent l’ordre, alors que les Libéraux
représentent le désordre. Je vous pose donc la question suivante :
Préférez-vous lire un dictionnaire ou un livre?
Pourtant les mots sont en ordre dans un
dictionnaire et dans le désordre dans un livre, mais il s’agit d’un désordre
créatif. Il peut y avoir quelques erreurs aussi et on le pardonne à l’auteur,
car c’est le propre de la créativité! Ce n’est qu ‘à ce prix que l’on peut
aller plus loin, car qui ne veut pas faire d’erreur ne fait rien. Pensez-y
avant d’aller voter!
Bravo à ceux qui se sont donnés le droit de se prononcer sur Montréal
Michel Handfield, M.Sc. sociologie
(Université de Montréal et je le spécifie pour ne pas être assimilé à un
anglophone)
21 mai, 2004
Combien de citoyens de l’ancien Montréal ont
voté pour la tenue d’un référendum? On parle de 0,2%. La question m’intéresse,
car j’en suis. Pour deux raisons.
D’abord parce qu’on a effacé Montréal et qu’on
l’a remplacé par une nouvelle ville qu’on a aussi appelé Montréal, mais qu’on
aurait pu appeler Harelville ou Bouchardville,
les villes étant une création de la province. Comme si Montréal n’existait pas
avant la province du Québec. C’est faire fi de mes racines montréalaises qui
datent des débuts de Montréal de par ma famille maternelle.
Ensuite,
étant cycliste, je ne suis pas cantonné qu’à mon arrondissement. C’est ainsi
que j’ai déjà fait une demande aussi simple à mon conseil de quartier que
d’avoir des arrêts/stops à certains carrefours dangereux de la piste cyclable
de la rue Boyer, qui traverse plusieurs arrondissements, et que la réponse fut
d’aller le demander au Conseil des arrondissements concernés ou à la ville
centre! C’est dire qu’une île, une ville fait en sorte que le citoyen doit
maintenant savoir quand siègent les 27 conseils d’arrondissements et le conseil
de la ville centre et trouver le temps de s’y présenter pour adresser ses
demandes s’il n’est pas cantonné dans son arrondissement et vit sa ville! Nos
conseils d’arrondissement ne sont surtout pas un guichet d’entrée vers la ville
centre et nos conseillers ne peuvent servir de courroie de transmission vers
les autres arrondissements ni le Conseil de ville. Une île, une ville me fait
penser à la création de 27 petits fiefs. J’étais contre et je l’ai exprimé!
J’en suis fier.
Mais nous, montréalais de l’ancien Montréal,
nous ne nous sommes pas donné ce droit. Bravo à ceux qui se le sont donnés. Ils
peuvent choisir Montréal ou leur ancienne ville maintenant. C’est ce choix
démocratique qui compte, quoi qu’ils décident. Car ils peuvent choisir
Montréal, mais ils l’auront choisi en toute connaissance de cause et
démocratiquement eux. Pas nous.
A la recherche du « Pouvoir » perdu… dans la grande ville
Michel Handfield, citoyen de l’ancien Montréal
10 mai, 2004
En avril nous apprenions dans le journal de
St-Michel que l’usine Gazmont, qui ne devait brûler
que les biogaz du site d’enfouissement St-Michel (ex-carrière Miron) pour
produire de l’électricité (une façon de se débarrasser des biogaz en les
revalorisant), entend maintenant y brûler du mazout lourd, beaucoup plus
polluant, avec l’accord de la ville centre! La question se pose alors de
savoir si l’arrondissement a la capacité de bloquer cette décision?
J’ai posé la question au Conseil
d’arrondissement du 4 mai et la réponse fut que le Conseil d’arrondissement n’a
pas de pouvoir sur cette décision prise par la ville centre. Reste seulement le
Ministère de l’environnement qui pourrait la renverser. Dans ces conditions à
quoi sert d’avoir un Maire et des conseillers d’arrondissements? N’ont-ils pas
des pouvoirs sur ce qui se fait dans
l’arrondissement? Ne sont-ils pas responsables du plan d’urbanisme et des
changements de vocation? N’est-ce pas du même ordre, car l’autorisation de
construire Gazmont était conditionnelle à
l’utilisation des biogaz de l’ancien dépotoir Miron. Brûler du mazout lourd
n’est-il pas un changement par rapport à l’autorisation initiale qui aura un
impact sur le milieu? Un impact qui devrait relever du plan d’urbanisme au même
titre qu’une demande de dérogation pour ouvrir un restaurant dans une zone non
autorisée à cet effet.
Peut être que nos conseiller ont un pouvoir sur
ce qui est local, mais tout de même très limité. Cela me laisse pantois sur
leur utilité, d’autant plus qu’ils ne semblent pas avoir une grande capacité de
transmission inter arrondissement ou avec la ville centre. C’est ce que j’ai
observé à quelques reprises.
Étant cycliste, je ne suis pas cantonné qu’à mon
arrondissement. C’est ainsi que j’ai déjà fait une demande aussi simple que
d’avoir des arrêts/stops à certains carrefours dangereux de la piste cyclable
de la rue Boyer, qui traverse notre arrondissement et des arrondissements
voisins. La réponse fut d’aller le demander au Conseil des arrondissements
concernés ou à la ville centre! (1) C’est dire qu’une île, une ville fait en
sorte que le citoyen doit maintenant savoir quand siègent les 27 conseils
d’arrondissements et le conseil de la ville centre et trouver le temps de s’y
présenter pour adresser ses demandes s’il n’est pas cantonné dans son
arrondissement et vit sa ville! Nos conseils d’arrondissement ne sont surtout
pas un guichet d’entrée vers la ville centre et nos conseillers ne peuvent
servir de courroie de transmission vers les autres arrondissements ni le
Conseil de ville – même s’ils sont payés pour y siéger et nous y représenter.
C’est le citoyen qui doit se déplacer pour adresser ses demandes, comme si on
avait créé 27 petits fiefs plutôt qu’une ville. Alors qu’on ajuste leurs
salaires au tarif des fiefs et non des grandes métropoles!
Pour ma part j’ai toujours été contre une île,
une ville, car la taille est loin d’être garante de succès. On a juste à penser
à Enron et quelques autres grandes entreprises qui
sont continuellement sous le poumon artificiel de l’État pour vivre. Plus gros
ne rime pas nécessairement avec efficacité, c’est clair! (2) Le PQ nous a joué
avec ce projet et maintenant c’est au tour du PLQ, avec la loi des défusions,
de se jouer de nous. Cette loi est tellement mal foutue que défusionner
quelques villes ne règlera strictement rien, puisque la ville centre gardera
son Pouvoir sur elles. La seule solution serait que toutes les villes, incluant
l’ancien Montréal, demandent la défusion, ce qui forcerait le PLQ à mettre ses
culottes et à écouter Montréal, car la ville de Montréal ne serait plus qu’une
coquille vide! Il faut donc s’inscrire au registre de nos ex-municipalités
respectives pour demander la tenue d’un scrutin référendaire sur le sujet. (3)
Le problème de Montréal est que le PQ l’a
toujours tenue pour perdu et l’a privée autant qu’il a pu alors que le PLQ, le
tenant pour acquise, la néglige au dépends des régions qu’il a besoin pour
prendre le Pouvoir. Depuis le départ de Jean Drapeau, Montréal est devenu une
ville comme une autre et le champ de bataille du Québec au lieu d’être la
locomotive qu’elle devrait être. Ce n’est pas une île, une ville, qui réglera
ça. Peut être que le Maire y gagne en prestige, mais il y perd en pouvoir, car
on noie Montréal dans l’immense région de la Métropole! C’est Québec qui a le
vrai Pouvoir. On ne peut même pas choisir quoi faire de notre rue Notre-Dame
bordel! Malgré que Montréal fût fondée en 1642, soit bien avant la Province du
Québec, le PQ ne s’est jamais gêné pour dire que la
ville est une création de Québec. Et personne dans nos élites montréalaises
pour se tenir debout et leur dire d’aller se promener sur les plaines d’Abraham
pour rester poli!
Il me semble qu’au lieu de s’y plier les élites
montréalaises auraient pu organiser un référendum dans toutes les villes de
l’île, la grande région de Montréal et le Sud-Ouest
du Québec (où le non fut majoritaire au deux référendums sur la souveraineté)
pour nous séparer du Québec et faire une nouvelle province. L’affront était de
taille et Stéphane Dion n’aurait pu dire non à une nouvelle province, lui qui
parlait de partition du Québec en cas d’un référendum gagnant sur la
souveraineté en 95! La province de Montréal eut été une belle aventure.
Notre chance revient, car si toutes les villes
de l’île votent pour la défusion on pourrait ressortir cette menace d’un
référendum pour nous séparer du Québec si on n’obtient pas les pouvoirs que
l’on veut. Citoyens de Montréal et des régions environnantes tenons nous
debout! Citoyens de Montréal unissons nous contre la grande ville pour le bien
de Montréal! Vive Montréal, vive Montréal libre, vive la province de Montréal!
(4)
Notes :
1. Demande lors de ma saison vélo 2003
2. On peut penser ici à un livre qui a connu beaucoup de succès, mais
qui fut peu appliqué : Schumacher, E F, 1978, Small
is beautiful, Paris:
Seuil, coll.
Point.
3. Ces registres seront ouverts du 16 au 20 mai dans l’île de Montréal.
4. Dites vous aussi que la province de Montréal
sera plus forte qu’une simple ville et bénéficiera d’appuis financiers et de
pouvoirs supérieurs à une simple ville. En terme de population nous serions
même supérieur à quelques provinces déjà existantes, mais sur un territoire
plus restreint, ce qui nous ferait bénéficier d’économie d’échelles
importantes. Nous serions aussi ouvert sur les frontières de l’Ontario, des
Etats-Unis et du Québec, ce qui nous placerait en bonne posture au plan
économique. Quant aux empêcheurs de tourner en rond, comme la coalition
Montréal (www.coalitionmontreal.com), je ne suis pas sûr que leurs intérêts coïncident avec ceux des
citoyens. Quant on voit un Président de syndicat (Henri Massé, Président de la
FTQ) et un Président de Chambre de commerces (Benoît Labonté,
Président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain) unis derrière
une telle cause, c’est qu’ils y voient l’intérêt de leurs membres et je ne suis
vraiment mais vraiment pas sûr que l’intérêt de leurs membres coïncident avec ceux des citoyens dans ce cas
là!
***
Triptyque électoral
Michel Handfield
16 juin, 2004
I. Les Choix politiques Québec/Canada!
Le 28 juin 2004 les
canadiens devront aller aux urnes. Devoir d’électeurs. Pour nous c’est
l’occasion de faire un bilan des principaux partis en place au Canada et de
jeter un coup d’œil rapide au Québec, vu la particularité québécoise.
Naturellement,
plusieurs citoyens ne croient plus aux grands partis et ne vont tout simplement
pas voter ou annulent leur vote une fois dans l’isoloir. Mais attention, cette
année est particulière et chaque vote compte… surtout pour les tiers partis! En
effet, la nouvelle loi électorale fait en sorte que chaque parti qui obtiendra
2% des votes exprimés recevra un financement public de « 0,4375 $
multiplié par le nombre de votes validement exprimés à l'élection générale
précédant le trimestre visé » (1), ce qui signifiera un financement sûr
pour des partis qui n’en avaient pas ou peu jusqu’à présent. Une occasion
d’aider à leur organisation. Certains partis, comme les Verts, fondent de
grands espoirs sur ce financement. Alors, avant d’annuler votre vote ou de
décider de ne pas aller voter, vous devriez considérer les partis qui
correspondent à vos valeurs pour leur accorder au moins un financement qu’ils
n’auront pas sans votre appui même s’ils ne font élire aucun candidat.
Même si ces tiers
partis n’ont pas de chance de prendre le pouvoir dans cette élection, les
soutenir aura un impact important sur la politique canadienne : l’effet
d’influence. En effet, si certaines idées de ces tiers partis reçoivent un
appui important des citoyens, par les sondages d’opinions notamment, ces idées
seront en partie récupérées par les grands partis, le cas échéant, et
influenceront le portrait politique. Ce vote en est un d’influence sur le
gouvernement qui sera en place. Ce sont là deux bonnes raisons de ne pas annuler
votre vote même si les grands partis ne vous satisfont pas!
***
Que votre décision
soit prise ou non, nous sommes face à une situation particulière; avec la
possibilité d’un gouvernement minoritaire. Votre choix est plus important et
stratégique que jamais. Nous examinons donc quelques unes de ces options. A la
fin de ce dossier, vous trouverez aussi des hyperliens vers les différents
partis politiques pour vous aider dans votre choix.
Les conservateurs
Dans les deux
dernières décennies nous avons vu les ravages de la politique conservatrice au
Canada, aux Etats-Unis et en Angleterre, avec Mulroney (Canada), Thatcher
(Angleterre), Reagan (USA), Bush (USA), Harris (Ontario), Bouchard (PQ) et Charest (PLQ), qui revient
justement avec l’idée d’exportation d’eau en vrac de Bouchard, pour ne nommer
que les principales vedettes du conservatisme. (2) C’est suffisant pour écarter
ce choix d’emblée. Pour mettre le clou final sur cette question, rappelons
qu’Harper veut déchirer le protocole de Kyoto et qu’il est un tenant des
privatisations et du modèle États-uniens. Risque-t-on de privatiser des
sociétés publiques comme Poste Canada et Radio-Canada?
Le Bloc Québécois (ou Bloc)
Au Québec les
sondages semblent indiquer que le Bloc Québécois est en avance. Cela se
comprend car ce parti peut jouer la pureté, n’ayant jamais été au pouvoir. Mais
attention, ceci est un leurre, car si ce parti ne sera jamais au pouvoir, son
intention étant la souveraineté du Québec, il serait raisonnable de le juger à
la lumière de ce qu’a fait son aile ministérielle : le Parti Québécois
(PQ). En effet, si ce parti atteint son objectif, la souveraineté du Québec, ce
sera le PQ qui sera au pouvoir, non le Bloc! Dans ce contexte il est donc
raisonnable de comparer le PQ au Parti Libéral du Canada (PLC). Il est vrai que
les libéraux traînent le scandale des commandites, mais de l’autre combien de
fonds publics ont été dilapidés dans des entreprises privées? On est allé
jusqu’à subventionner des usines d’embouteillage d’eau et n’eut été de la
vindicte populaire on pensait même exporter de l’eau en vrac par bateau! Alors
que les Arabes tirent un bénéfice de l’or noir – le pétrole – les PQ a trouvé
le moyen de subventionner les producteurs d’or bleu! Quelle gestion avantageuse
pour le Québec. De plus, parlant pétrole, alors que le Bloc en a contre la
hausse des prix de la gazoline, il oubli de mentionner que son aile
ministérielle (le PQ) a fait une loi empêchant la guerre des prix à la pompe!
Si le prix monte, c’est la faute d’Ottawa nous dit le Bloc; mais s’il ne
baisse pas, c’est la faute de Québec, mais ça le Bloc ne le dit pas! Démagogie
de ma part? Certainement, car j’émule ici la démagogie de notre célèbre couple
Bloc/PQ! On a justement sorti le PQ à cause de cela, on n’est tout de même pas
pour élire le Bloc sur la base de cette même démagogie!
Le Bloc oublie aussi
de dire que la « subventionnite aiguë » dont a souffert le Québec
sous le PQ fut plus importante que le programme des commandites du fédéral!
Combien nous ont coûtés les aventures de Québécor, Montréal Mode (Caisse de
dépôt) et de la SGF, le tout accompagné de généreux bonus aux administrateurs
malgré des rendements fortement négatifs? (3) Paradoxe quand tu nous tiens. Le
Bloc devrait avoir une aile québécoise si son objectif est de protéger les
intérêts des québécois, car au Québec nous en aurions bien besoin, pris entre
trois partis néolibéraux! (A ce sujet voir notre troisième partie.)
Par contre le Bloc se félicite d’avoir fait
certaines propositions que les Libéraux n’ont pas
rejetés et ont même fait leur. Cette ouverture serait-elle possible avec un
gouvernement conservateur? Nous ne le croyons pas; alors si le Bloc empêche la
réélection d’un gouvernement Libéral, il se condamnera à parler dans le vide et
le Québec sera perdant avec le retour de valeurs ultraconservatrices et
réactionnaires à Ottawa. Une situation particulière ou gagner sera perdre!
Le Bloc québécois nous apparaît
aussi quelque peu hypocrite, rejetant la constitution sur ce qui ne fait pas
son affaire, mais l’invoquant sur ce qui la fait; comme invoquer le fait que
les municipalités sont une « création » des provinces pour favoriser un geste aussi
antidémocratique que les fusions municipales forcées par le PQ! Si le Bloc et
le PQ ne reconnaissent pas la constitution, qu’ils aient au moins l’éthique de
ne pas l’invoquer quand elle fait leur affaire.
Le Parti Libéral du Canada (PLC)
Le PLC est un parti centriste,
tantôt plus à gauche, tantôt plus à droite selon les chefs. Il ratisse large au
centre et intègre des idées des autres partis à l’occasion. Ce n’est pas pour
rien que le Bloc québécois peut se venter d’avoir influencé les Libéraux, car
c’est dans leur nature d’intégrer des idées des autres si elles sont acceptées
par la population. Il est loin d’être sûr que les conservateurs auront la même
ouverture, car c’est un parti davantage idéologique que pragmatique. Le PLC est
en quelque sorte un parti de gouvernement.
Naturellement être un parti de
Pouvoir a du positif et du négatif, car il attire à la fois des candidats qui
veulent faire des choses, qui ont le sens du don ou du bien commun, mais aussi
quelques arrivistes, ce qui peut mal le faire paraître à l’occasion. Des partis
voués à l’opposition, comme le Bloc Québécois, le NPD ou les Verts n’ont pas ce
problème, car ces partis attirent plutôt des idéalistes. Mais attention, un
parti comme le PLC a aussi ses idéalistes, car il en faut pour amener un
renouvellement des idées en son sein, mais ils s’expriment davantage dans les
congrès et les caucus qu’en public par solidarité pour le parti.
Ma préférence va donc aux Libéraux,
car je ne suis pas, en gestion d’État, un extrémiste, mais plutôt de centre
gauche et pragmatique. Je reconnais que je ne suis pas toujours d’accord avec
le parti, car c’est parfois l’aile droite qui a la
pôle position, mais on ne va jamais à l’extrême droite comme les conservateurs.
Ce parti offre une position de sûreté contre les extrémismes.
De plus, étant très
montréalais, je crois aussi au municipalisme et le fait que les Libéraux
promettent de reconnaître les villes comme un niveau de gouvernement de plein
droit vient me chercher. Ne serait-ce que pour cela ils auraient droit à mon
vote, car je n’ai jamais accepté cette notion que ma ville soit une création
provinciale. Une ville c’est une communauté de plein droit, rien de moins! Il
est temps de le reconnaître.
L’autre changement constitutionnel
que j’aimerais que les Libéraux fassent en serait un à la Charte des Droits et
Libertés pour en faire une charte des Droits, Libertés et Responsabilités,
car les tribunaux l’oublient à l’occasion dans leurs jugements et peuvent trop
facilement libérer un criminel si la police n’a pas respecté ses droits. Avec
l’ajout de la Responsabilité, la justice pourrait faire un procès séparé à la
Police qui n’a pas respecté les droits du criminel sans l’absoudre pour autant
de façon quasi automatique, surtout s’il s’agit d’un crime violent, sur le seul
fait que ses droits et libertés n’ont pas été respectés; puisque lui même n’a
pas agit en fonction de ses responsabilités envers autrui et la communauté.
Cependant, cette objection ne me pousse pas au conservatisme qui confond
justice et morale.
Naturellement, certains diront
« Et le scandale des commandites? » Je fais donc un aparté sur le
sujet ici.
Le privé, le financement des partis politiques,
l’implication citoyenne et la démocratie
Effectivement, le scandale des
commandites a fait parler. Mais, cyniquement, pouvions nous nous attendre à
autre chose quand l’idéologie transmise par les médias et les faiseurs
d’opinions ne fait que répéter le credo que le privé fait mieux que le secteur
public et à moindre coût! Le gouvernement a donc suivi l’idéologie dominante et
a fait faire le travail par le privé. Surprise, ça a coûté plus cher pour rien!
Mais rien n’y fait, l’idéologie que le privé fait mieux les choses à moindre
coût demeure dans les médias et la population. On traite donc ce cas comme un
scandale pour ne pas remettre en cause le paradigme dominant qui dit que le
privé fait mieux! C’est pourtant à ce
paradigme que l’on devrait s’attaquer (4), car bien des services non
commerciaux, stratégiques, politiques et fondamentaux ne peuvent être
développés et gérés que par le secteur public, même si quelquefois le privé
peut servir en renfort. Dans d’autres secteurs des partenariats avec le privé,
le communautaire ou le secteur coopératif peuvent être le meilleur choix, mais
cela doit être regardé au mérite et à la pièce; non en bloc, sur une base
idéologique, comme voudraient le faire les conservateurs.
En fait c’est le propre de tous les
gouvernements d’avoir recours à des firmes proche du parti. Si le Bloc
Québécois peut se venter qu’il est propre à ce niveau – car il ne peut
gouverner – il ne peut en dire autant de son aile gouvernementale! Le PQ a
justement pensé privatiser l’eau pour aider SNC-Lavalin,
même si cela « entraînerait inévitablement des tarifs plus élevés pour les
consommateurs » (Bernard, Lauzon, Patenaude et Poirier, 1998, p. 99). Pas besoin
de chercher loin dans une société somme toute assez petite pour voir qu’il y a
toujours eu des relations privilégiées entre les secteurs public et privé et des passages de l’un à
l’autre parmi ses élites. Les amitiés sont là. Se sont ainsi retrouvé chez SNC-Lavalin Guy St-Pierre (ancien ministre du PLQ); Pierre-Marc Johnson (ancien Ministre puis premier ministre
du Québec sous le PQ); Jean Doré (ex Maire de Montréal); Yvon Lamarrre (ex bras droit du Maire Drapeau de Montréal) et
Paul M. Tellier (ancien secrétaire du Cabinet du Gouvernement du Canada;
Président du CN et maintenant de Bombardier). (5) Que dire de ceci, en parlant
de commandite :
« Lors du dépôt du budget, M. Bernard Landry, ministre des Finances,
annonçait un investissement d'environ 100 millions $ pour la culture, mais dont
près du tiers ira à la Société des événements majeurs internationaux du Québec,
une société créée... le 8 mars 2000, soit six jours avant l'annonce du budget !
Les principaux administrateurs de cette toute nouvelle
société sont, selon l'Inspecteur des institutions, Pierre-Marc
Johnson, ancien premier ministre du Québec, Adélard
Guillemette, le sous-ministre de la Culture et Lucille Daoust, la sous-ministre
déléguée au Tourisme. » (Tremblay, 2000)
Le tout se passait sous le Gouvernement Bouchard, justement l’ancien
chef du Bloc. 100 millions (le scandale des commandites) c’est quoi à côté « du versement de 730 millions des surplus de l'État à
huit OSBL », probablement créé pour retirer cet argent du budget Landry-Bouchard de
2000-2001, pouvons nous nous demander, surtout quand Québec se plaint de
ne pas recevoir assez de fonds d’Ottawa?
Lucien Bouchard a d’ailleurs dû reconnaître « que le transfert des
surplus budgétaires à des organismes sans but lucratif (OSBL) "n'est pas
la meilleure méthode de gestion" et qu'il faudra "éviter de
transférer des surplus à des fonds externes" » à l'avenir
(Baillargeon, 2000). Les 100 millions des commandites du PLC c’est quoi à côté
de ces 700 quelques millions sortis de l’État par le PQ? De la petite bière,
mais le Bloc ne peu le dire au nom de la différence québécoise qu’il défend si
ardemment!
On pourrait continuer ainsi pour tous les
gouvernements, car aucune administration publique n’y a échappé dans
l’histoire. Machiavel est fort instructif à ce sujet. Mais on a généralement
tendance à l’oublier. En fait, le seul problème du scandale des commandites,
c’est qu’il est sorti à la veille des élections et que nous n’avons pu
l’oublier, mais il est dans la norme de la politique…quoi qu’on en dise.
Si nous considérons scandaleuse l’idée des
retours d’argents à la caisse électorale du Parti Libéral, posons nous la
question : qu’ai je fait pour que cela ne se produise pas? Voterions nous
pour un parti qui ne ferait pas de campagne publicitaire pour se faire
connaître? Les médias les couvriraient-ils? Non! Faire campagne coûte de
l’argent et le membership est loin de suffire. Il faut des dons corporatifs. Et
croyez vous que les entreprises donnent sans rien attendre en retour? A moins
d’être naïf…
En fait, même la loi électorale québécoise, qui
théoriquement empêche les entreprises de fournir aux caisses électorales,
n’empêche pas les associés d’une firme de contribuer chacun, avec les membres
de leur famille, au maximum permis par la loi ou de prendre une table de 10
personnes à un souper bénéfice, que ce soit pour eux ou des membres de leur
personnel! Moyen détourné d’atteindre le même résultat de financement pour les
partis politiques et d’établir des contacts pour les entreprises. De toute
façon les liens sont parfois si étroits entre nos élites politiques et privées
que l’étanchéité est une utopie. Par exemple Jean Doré s’est présenté à la
Mairie de Montréal en 1998, sous la bannière d’Équipe Montréal, avec Jean Lamarre, le fils de Jacques Lamarre,
Président de SNC-Lavalin. (6) Rappelons que SNC-Lavalin voulait justement acheter l’aqueduc de Montréal
quelques années plus tôt, avec la bénédiction du PQ, et comptait sur plusieurs
ex-personnalités politiques dans son personnel à l’époque! (Bernard, Lauzon, Patenaude et Poirier, 1998, p. 99) Alors
comment croire que les entreprises ne peuvent pas contribuer aux caisses
électorales à moins d’être totalement déconnecté de la réalité?
Chez notre voisin du Sud c’est clair : les
corporations contribuent aux caisses électorales. Cela se sait et se voit dans
les lois qui sont passées ou retirées par l’administration en place pour faire
plaisir à leurs généreux donateurs. Croyez-vous que le retrait du protocole de
Kyoto par l’administration Bush est un simple fait hasard ou que c’est plutôt
le fait que des entreprises pétrolières contribuent généreusement aux
républicains? De quoi se demander quelles sont les entreprises donatrices chez
nos conservateurs canadiens qui veulent eux aussi se retirer de Kyoto comme par
hasard?
En fait, il y a deux moyens pour réduire ces
jeux de coulisse : un financement démocratique des partis politiques et
une implication citoyenne dans ceux-ci. Les libéraux ont fait un grand pas dans
le sens du financement plus démocratique avec la nouvelle loi sur le
financement politique, qui assure un financement plus équitable des partis
politiques sur la base des suffrages reçus à l’élection générale. Ceci met les partis quelque peu à l’abri d’un
financement trop élevé par quelques groupes que ce soit – ce qui inclut les
entreprises, les associations, les groupes religieux et les syndicats - qui
pourraient les orienter dans une direction ou une autre, voir les
« contrôler ». Aux citoyens de faire un autre pas en allant voter
pour que les partis qu’ils soutiennent aient droit à ce financement public. Le
second moyen de changer la politique est de s’y impliquer en allant donner son
point de vue lorsqu’il y a des assemblée publiques, de se faire membre d’un
parti de son choix pour apporter son point de vue lors des assemblée de comté,
de soutenir des groupes de pression ou d’aller aux marches et manifestations
qui rejoignent nos préoccupations. La démocratie n’est pas acquise, elle est
construite. Si notre réponse est de dire que l’on se fout de la politique, ne
soyons pas surpris que la Politique se foute de nous! Simple retour du
balancier.
Ceci termine cette longue parenthèse et revenons
à notre tour de quelques partis
politiques.
Le NPD
Ce parti est à la gauche ce que les
conservateurs sont à la droite. Parti idéologique dont les idées ne font pas
nécessairement un bon gouvernement, mais en font un bon chien de garde. Les
quatre années de pouvoir du NPD ontarien ont coûté cher à la province et ont
amené un ressac de la droite – avec l’élection des conservateurs – désastreux
au plan social. Une bonne alternative au Bloc Québécois si vous voulez voter
pour l’opposition! Si vous croyez que le Canada n’a pas de gauche, il serait
temps que vous regardiez ce parti.
Les verts
Autre alternative si vous êtes intéressé par
l’environnement. Une occasion d’envoyer un message différent à l’Amérique! Car,
appuyer les verts est un moyen de s’attacher à d’autres courants, d’origine
européenne, qui n’ont pas encore pénétré l’Amérique, trop influencée par les
valeurs purement économiques de notre voisin du Sud, et de lui faire savoir que
l’économie ne doit pas être la valeur sociale dominante. Une façon de dire que
d’autres modèles sont possibles sur ce continent; un moyen de susciter l’espoir!
Pensez-y au lieu d’annuler votre vote si les valeurs écologiques vous
rejoignent.
La différence québécoise!
Enfin, nous nous devons de dire un
petit mot sur la différence québécoise.
Alors que la plupart des provinces
et le Canada ont des partis de courrant forts différents, avec les
conservateurs à droite, les néo-démocrates à gauche, et les libéraux au centre,
le Québec m’a ni gauche, ni droite, mais deux coalitions : l’une
fédéraliste (PLQ) et l’autre souverainiste (PQ). Ces coalitions regroupent donc
des militants de différentes tendances, de gauche et de droite, ce qui fausse
la politique québécoise, car on accepte plus facilement un virage à droite du
PQ, pour la cause souverainiste, que du PLQ, car un parti fédéraliste soulève
toujours plus de méfiance de la part de nos élites francophones nationalistes
qui ont des tribunes pour se faire entendre.
(Voir la section III au sujet de ce virage à droite du PQ) Les syndicats
se sont même entendus avec le patronat et le gouvernement Bouchard pour réduire
l’État… au nom de la cause nationale. Mais le PLQ n’aurait jamais pu faire une
telle rationalisation dans l’harmonie, n’ayant pas la cause! La
« cause », c’est l’outil de relation publique par excellence du PQ et
il peut la conserver longtemps en réserve, soit tant qu’il n’aura pas les
conditions gagnantes pour la réaliser!
Plus à droite, mais attentiste sur
la question nationale, nous retrouvons l’ADQ et plus à gauche et nationaliste,
l’UFP. Un nouveau choix semble aussi vouloir se
profiler avec Option citoyenne, le groupe de Françoise David. Peut être que la
politique québécoise sortira enfin de cette parenthèse nationaliste/fédéraliste
des trente dernières années pour enfin nous proposer de nouvelles solutions,
car dans le cadre de la mondialisation le nationalisme a-t-il encore la même
signification? De plus, avec le développement du fédéralisme européen, nous
devrons tôt ou tard nous poser la question de sa raison d’être? Nous ne
pourrons pas garder cette question en suspend indéfiniment au dessus de nos
têtes, car il y a de quoi devenir cinglé! D’autres questions devront être
posées, d’autres modèles développés. Nous y reviendrons certainement un jour à
l’occasion d’un autre texte.
II. Harpeur!
Actuellement les
sondages indiquent que les conservateurs de Harper sont en position de gagner
la prochaine élection. Il a une image propre, mais il ne faudrait pas oublier
quelle est la tradition conservatrice : l’enlignement sur les Etats-Unis
et les privatisations. Le marché pétrolier serait-il le même si le Canada
aurait encore été propriétaire de Pétro-Canada?
Aurait-on pu, à travers cette propriété publique, forcer une concurrence à la
baisse des prix à la pompe? Ne l’oublions pas, la vente de la part majoritaire
du Canada dans Pétro-Can est redevable aux
conservateurs de Brian Mulroney, pas aux Libéraux, qui ne se sont défait que de
la part résiduelle.
Harper nous dit
qu’il déchirera Kyoto. Quel en sera l’impact pour nous
et la planète? Cela va aussi plus à droite que ce qui est dit dans son
programme. Si le chef conservateur ne respecte pas son programme parce qu’il
est en avance dans les sondage, qu’en sera-t-il une fois au pouvoir?
Privatisera-t-on Poste Canada et Radio-Canada au nom du marché?
Naturellement, il
peut faire miroiter des baisses d’impôt de 25%. Mais attention, s’il y a baisse
d’impôt c’est que certains services public deviendront soit payant, soit
privatisé, lequel cas le citoyens devra payer l’entreprise privée pour obtenir
un service autrefois public… Et qui dit que le citoyen paiera moins, l’État
n’ayant plus de contrôle sur le prix? La concurrence? Regardez le prix de
l’essence pour voir si la concurrence fonctionne. En fait le contribuable
paiera peut être moins et le client plus, mais au bout du compte ce sera la
même personne qui paiera, sauf que le surplus ne restera pas dans les mains de
l’État pour assurer notre développement collectif, mais ira à des entreprises
privées, souvent étrangères. Depuis quand l’entreprise privée fait-elle des
cadeaux aux citoyens et aux gouvernements? Si leur but est de nous faire des
cadeaux, ils ont juste à dire au gouvernement qu’ils sont prêts pour des
hausses d’impôts corporatives! Mais loin d’eux cette idée.
Pour bien comprendre
cette question, pensons aux débats que l’on a connu concernant la gestion des eaux
municipales à Montréal. Des entreprises étrangères y flairaient la bonne
affaire, l’achat et la gestion des aqueducs municipaux, et faisaient miroiter
une baisse de taxe en échange, sur la peur des investissements à venir pour
rénover nos réseaux d’aqueducs. Cependant ces entreprises ne payaient pas ces
rénovations avec leurs profits passé… mais bien en facturant leurs nouveaux
clients à prix d’or! Comme citoyen on y gagnait donc moins que ce qu’on y
payerait comme futur clients. Mais ça on ne le disait pas!
Ces débats passés
montrent la nécessité de reconnaître les villes comme entité et de leur donner
les moyens de répondre aux besoins de leurs citoyens, car comme citoyen les
services me sont d’abord fournis dans ma ville, question de proximité. Les
problèmes sont aussi plus visibles au niveau municipal que du Québec ou du
Canada, qui semblent davantage éloignés et abstraits. On sait qu’il y a des
sans abris dans les rue de Montréal, de Toronto ou de Vancouver, mais parler de
sans abri canadien ou québécois me semble plus abstrait, moins palpable.
Question de proximité. La promesse Libérale de reconnaître (ENFIN!) les villes
comme entité vient donc me chercher très fortement à ce niveau. Elle vient
aussi me chercher émotionnellement, car je n’ai jamais considéré que ma ville
(Montréal) soit une création provinciale et que la province puisse en faire ce
qu’elle veut sans me consulter, même la changer de nom! Je considère que les
autres urbains doivent avoir ces mêmes droits que je veux pour ma ville. C’est
un gros plus pour le Parti Libéral et un gros moins pour le Bloc, car un parti
qui appui la non démocratie (le fusions forcées par le PQ) en se basant sur une
constitution qu’il dit ne pas reconnaître en même temps relève de la plus
grande hypocrisie. Rien de moins!
Avant de voter nous
devons aussi nous demander quel sera l’impact social d’un gouvernement
conservateur? Un retour à des valeurs traditionnelles en lieu et place d’un
libre choix qui n’empêche pas ces valeurs, mais permet à d’autres valeurs de
s’épanouir à côté d’elles. La fin d’un florilège de choix et de mode de vie.
L’ « étatsunisation » du Canada, avec
la fin de nos mesures sociales? Cette élection en est une sur les valeurs
canadiennes et le droit à la reconnaissance des villes. Je crois donc aux
valeurs libérales sur ces questions, malgré ce que l’on peut reprocher à
l’ancien régime. Ma préférence va donc aux Libéraux. Si vous ne voulez pas
voter pour eux je vous recommande les néo-démocrates et les Verts pour donner
une conscience plus social environnementaliste au Canada, car les Libéraux
savent intégrer certaines valeurs largement partagés à leur programme et à leur
gestion, même si elles sont de gauche. Ils seront certainement plus à l’écoute
de ces valeurs que les conservateurs, car ils ont toujours eu une aile centre
gauche dans leur parti. Ce n’est pas le cas des conservateurs, parti de droite
s’il en est un! Et voter pour le Bloc risque de faire passer les conservateurs
à droite!
Je suis aussi pour
le rejet du Bloc Québécois, trop près du PQ, qui peut faire des pirouettes
acrobatiques fort impressionnantes pour demander le respect de la constitution
quand ça fait son affaire (comme dans le cas des fusions municipales) et
rappeler que le Québec n’accepte pas cette constitution quand ça ne fait pas
son affaire. Comme modèle d’hypocrisie Machiavel n’aurait pu mieux
trouver! Si le Bloc aurait eu l’intérêt
des citoyens à cœur il se serait dissous dans le NPD pour en former une aile
québécoise!
Quand aux
conservateurs, je les rejette car ils feraient passer le Canada à un modèle
trop près du conservatisme États-uniens - un petit chien qui marcherait dans
les pas des républicains de George W. Bush – et leur gestion risque d’être
beaucoup plus coûteuse que celle des Libéraux, car croyez-vous réellement que
le recours au privé et les privatisations n’auront aucun coût pour les citoyens
devenus des clients? Vous rappelez-vous
d’un certain Brian Mulroney?
III
Un livre sur le Québec… qui éclaire le Canada à l’ombre de cette
élection!
Gélinas, Jacques B., Le virage à
droite des élites politiques québécoises, Montréal : écosociété ISBN 2-921561-94-8, 247 pages, Prix : 24,00$
Ce livre est la
chronique du basculement à droite de la classe politique québécoise. Avec
clarté et rigueur, l’auteur explique comment et pourquoi nos politiciens, tous
partis confondus, ont emprunté de facto la voie du néolibéralisme.
En suivant le fil
des événements qui ont conduit à cette situation, on sera frappé d’y voir se
profiler un stupéfiant paradoxe : le parti qui a pris le leadership de ce
virage à droite est celui-là même que l’on croyait le plus à gauche des trois
formations qui siègent à l’Assemblée nationale. Le Parti québécois, en prenant
fait et cause, dans les années 1980 pour le libre-échange à l’américaine, s’est
coincé dans une logique néolibérale et a préparé par ses politiques la venue du
vrai parti de droite qui l’a supplanté le 14 avril 2003. Le gouvernement
Charest n’aura qu’à pousser plus loin dans la même direction pour réaliser son
grand dessein de « réingénierie », mot passe-partout qui cache la volonté de
limiter la capacité d’intervention et de régulation de l’État.
Cet essai se veut
une contribution aux efforts des acteurs sociaux et de tous ceux qui cherchent
à comprendre ce qui se joue depuis deux décennies sur l’échiquier politique
québécois. Il démontre qu’une autre démocratie est possible... pourvu que les
bâtisseurs d’alternatives ne soient pas dupes. L’ouvrage dégage des clés pour
démystifier le discours ambiant, discerner le discours de la réalité,
distinguer les programmes électoraux des programmes de gouvernement et pour
percevoir les grands enjeux qui interpellent notre génération.
« Une
contribution très importante à la compréhension des forces politiques en
présence et à l’analyse politique de la conjoncture actuelle ; pour la
population en général et pour les militants et militantes en particulier, ce
livre sera fort utile. » LORRAINE GUAY
Sociologue,
essayiste et conférencier, Jacques B. Gélinas est l’auteur de Et si le Tiers-Monde s’autofinançait et de La globalisation du
monde, parus chez Écosociété.
Commentaires de Michel Handfield
Voilà un livre
intéressant en cette période électorale canadienne, car même si ce livre parle
des élites politiques québécoises, elles sont en relation avec la politique
canadienne. Et pour qui sait y regarder, il y a là des découvertes à faire. En
effet, n’eut été des souverainistes (PQ) qui se sont alliés aux conservateurs
pour imposer le libre-échange, peut-être n’en serions nous pas là.
En effet, un des
effets du libre-échange est de chercher un alignement des lois et des
institutions entre les partenaires économiques de l’ALENA. C’est dans ce
contexte que l’on peut regarder la remise en cause actuelle des cégeps :
comme nous sommes les seuls à avoir ce système et que la mondialisation exige
une standardisation, ceci nous force à regarder vers une prolongation du
secondaire et de l’université comme partout ailleurs en Amérique dans un but de
standardisation de l’éducation. L’objectif n’est pas la qualité de
l’enseignement, ni la réussite des étudiants, mais l’intégration au marché
continental de l’éducation, car dans le cadre d’un marché économique ouvert, il
faudra tôt ou tard faciliter l’intégration des cursus scolaires de façon à ce
que les finissants du« high shool »
aient accès à un libre marché universitaire continental. Les cégeps du Québec représentent une
barrière culturelle au libre marché et c’est dans ce contexte qu’il faut voir
la remise en cause des cégeps, car elle s’inscrit dans un processus de
standardisation des normes de recrutement et de gestion des ressources humaines
à l’échelle continentale d’une part et de marchandisation de l’éducation et de
la culture – qui deviennent ainsi des
produits commerciaux comme les autres biens et services – d’autre part. Le
marché ne cherche que la standardisation et l’éducation fait partie de ce
processus. En ce sens les débats actuels sur cette question au Québec (avec le
PLQ de Jean Charest) ne sont que la suite logique de ce que les gouvernements
conservateurs de Mulroney (Canada) et péquistes du trio Parizeau-Bouchard-Landry
(Québec) ont préparé :
« Le
néolibéralisme du Parti québécois, bien que sélectif et inavoué, a préparé le
terrain pour qu’un vrai parti néolibéral, celui de Jean Charest, puisse
réaliser son programme plus ou moins caché. D’après les gestes que ce dernier a
déjà posés dans ses premiers mois de gouvernement, il appert que toutes les
politiques néolibérales mises en application par le PQ seront au besoin
retouchées, mais pour l’essentiel maintenues et renforcées. (…) Contrairement à
ce que clament les ténors du parti défait (…), il ne défera pas tout ce que le
gouvernement précédent a fait. Il va au contraire miser sur les brèches
néolibérales ouvertes par le PQ, en les approfondissant et en donnant plus de
cohérence à l’ensemble. » (p. 124)
Il faut bien voir
que le libre-échange s’accompagne d’obligations qui limitent la marge de
manœuvre des États signataires et limitent leur souveraineté, car les
entreprises cherchaient à « se prémunir contre les interventions de l’État
parfois enclin, sous la pression des citoyens, à protéger l’industrie nationale
ou à légiférer en matière de droits sociaux et environnementaux » (p. 71).
C’est ainsi que tout est sur la table, sauf certaines exceptions qu’il sera
toujours possible d’inclure plus tard :
« (…) ainsi, le
Canada a bel et bien exclu l’eau, les soins de santé et l’éducation de l’ALENA,
mais ces exceptions sont toujours considérées comme provisoires par les
Etats-Unis qui exercent des pressions énormes pour que ces domaines soient peu
à peu privatisée et inclus dans l’accord; car les négociations se poursuivent toujours…; »
(p. 72)
C’est dans ce contexte qu’il faut voir la brèche
du commerce de l’eau en vrac qu’essaie de faire le PLQ, la reprise de ce que le
PQ n’avait pu finaliser vu l’opposition citoyenne. Si ça ne fonctionne pas
cette fois ci encore, un autre gouvernement, péquiste (PQ) ou adéquiste (Action
Démocratique du Québec), se réessayera plus tard.
De
plus, cet accord oblige un ajustement des politiques nationales des États
signataires, ce qui explique les coupures fédérales de 1996, où « les programmes
sociaux à frais partagés » ont été transformé en un « Transfert
social canadiens », et de 2001, où le gouvernement Chrétien s’est attaqué
à l’assurance chômage pour « instaurer au Canada la même flexibilité du
travail qu’aux Etats-Unis ». (p. 77) Les États sont liés et à la merci des
entreprises étrangères, celles-ci bénéficiant d’un tribunal où « traîner
les États pour cause de nuisance à la profitabilité » (p. 57), gracieuseté
de l’alliance conservatrice- péquiste! En effet, cet accord, qui limite la
souveraineté du Canada, par un paradoxe fort instructif, est un cadeau du
nationalisme québécois! Le gouvernement Mulroney, qui a négocié cet accord,
était au plus bas dans les sondages (moins de 15% des intentions de vote), mais
c’était compter sans les chantres du PQ, Bernard Landry et Parizeau, fervents
libre-échangistes, qui ont plongé pour aider Brian Mulroney à sauver cet accord
de libre échange! Bernard Landry devint même « la coqueluche des grandes
entreprises et le porte parole de la crème des milieux d’affaires » (p.
40) ce qui est peu dire! Mais ce n’aurait pas été suffisant sans le virage à
180 degré du PQ pour appuyer Mulroney à la veille de l’élection de novembre
1988! (pp. 44-5) La manœuvre a réussi et nous pouvons ainsi dire que nous devons
la perte de souveraineté du Canada au PQ et au beau risque conservateur.
A la veille d’une élection fédérale, où le
Bloc Québécois est en quelque sorte l’héritage de cette période et dont le
premier chef, Lucien Bouchard, a éliminé la substance social-démocrate du PQ -
sauf dans le discours – ce livre est à lire pour bien distinguer la parole du
geste des chantres du PQ, qu’il s’agisse de Lucien Bouchard, Bernard Landry,
Pauline Marois et quelques autres ministres de la
droite économique. Ce n’est qu’à la lumière d’un tel livre qu’on peut se
demander si la souveraineté néolibérale et les partis qui la défendent (le PQ
et son représentant à Ottawa, le Bloc) sont là pour le peuple ou pour une élite
économique :
« Le type
particulier de renouveau politique porté par la Révolution tranquille et par le
Parti québécois n’émanait pas de revendications populaires, mais des élites qui
rêvaient de moderniser la société québécoise et de prendre leur place dans une
bourgeoisie nationale en quête d’affirmation. Une fois leur rêve accompli, une
grande partie d’entre elles s’est laissée plus ou moins emporter par le courant
néolibéral. » (p. 188)
***
Un livre à lire
avant d’aller aux urnes dans quelques jours (28 juin 2004), car qui dit
défendre les intérêts du Québec défend-t-il vraiment les intérêts de tous les
québécois ou d’une classe particulières d’entre eux? Certains des problèmes que
nous vivons actuellement viennent-ils de l’alliance passée entre les
conservateurs et les nationalistes québécois? Va-t-on refaire la même erreur?
Si les politiciens pensent à court terme, les citoyens ne sont pas obligés d’en
faire autant! A vous de vous informer et ce livre est un bon outil pour le
faire, car le Québec fut intimement lié au virage néolibéral – l’idéologie accompagnatrice
du libre échangisme – canadien quoi qu’en disent les élites du PQ (et du Bloc)!
Jacques B. Gélinas a fait là un bon travail d’analyse et il fait œuvre
d’éducation. Aux citoyens d’en profiter.
Notes :
1. Ce montant bénéficiera de plus d’un « facteur
d'ajustement à l'inflation pour le trimestre ». Pour plus de détails voir
le lien suivant :
http://www.elections.ca/content.asp?section=gen&document=ec90532&dir=bkg&lang=f&textonly=false
2. A ce sujet voir dans
la section III.
3. Sur Montréal Mode, voir http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=35103
Sur la SGF voir
http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=47677
http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=49467
http://www.webfin.com/fr/nouvelles/nouvelles.html?id=47686
http://lcn.canoe.com/lcn/infos/national/archives/2004/06/20040608-113828.html
Site du vérificateur général du Québec :
4. On
est ici face à un cas d’exception courrant pour qui connaît le mode de
fonctionnement paradigmatique scientifique. (Kuhn, 1972) En science, la loi
générale explique soit disant tout, sauf qu’il y a toujours des exceptions. Un
jour les exceptions deviennent trop
nombreuses et un nouveau paradigme explique mieux les choses. Il devient le
nouveau paradigme dominant. La même chose se passe au niveau social et
politique.
Un moment donné le
paradigme dominant fut celui de l’État providence. Mais l’État avait des ratés.
On est alors passé au paradigme de l’État modeste (Crozier, 1991) et de la
bonne gestion du privé (paradigme néolibéral), qui fait en sorte qu’il est de
bon ton de privatiser des services ou d’avoir recours au privé pour les
exécuter (sous-traitance). Ce fut le cas en Angleterre et aux Etats-Unis
d’abord. Les municipalités, qui ont toujours eu recours à ce modèle, l’ont
accentué. Le Canada n’avait donc plus le choix, car les citoyens le réclamaient
souvent à hauts cris tout en dénigrant la fonction publique! Le Canada a
même été cité en exemple à ce sujet :
« Il faut
prendre exemple sur le Canada qui a réussi, en repensant systématiquement les
grandes fonctions de la puissance publique, à améliorer la qualité de ses
services publics tout en diminuant les effectifs de la fonction publique de 30%
en six ans, à contenir son déficit budgétaire à 1% du PIB en 2002 alors que
celui-ci atteignait les 10%, tandis que la dette revenait de 70% à 48% du
PIB. » (Baverez pp. 114-5)
Ce paradigme montre
cependant des ratés, comme le recours aux fonds publics par le privé et l’accroissement de ses profits au dépends
d’un État ayant de moins en moins de moyens pour s’occuper de ses activités.
Mais ses défenseurs soulignent qu’il s’agit là d’une nouvelle justice sociale
récompensant le travail et l’investissement individuel – au moins si c’était
vrai et qu’ils n’avaient pas recours aux fonds publics pour leur propre profit
(Voir Bernard et Lauzon en bibliographie à ce sujet) – et que de toute façon
cet accroissement des profits se
redistribuera automatiquement par dégoulinage, car si les riches sont plus
riches ils consommeront davantage et les travailleurs y trouveront leur compte
à leur tour! Cependant ce système paradigmatique ne tient pas compte de
l’automatisation du travail ni de la délocalisation vers les pays du tiers
monde des tâches à forte main-d’œuvre, ce
qui fait que même si la consommation et l’enrichissement s’accroissent
d’un côté, la redistribution n’aura pas nécessairement lieue de l’autre!
5. Données tirées de Bernard, Lauzon, Patenaude, et Poirier (1998), p.99, que nous avons cependant actualisé lorsque l’information
était disponible.
6. “Jean Lamarre, who is the Peter-McGill candidate for Jean Doré's Team Montreal, is the son of Jacques Lamarre, CEO of engineering mega-firm SNC-Lavalin--where Doré himself has
worked as a consultant since being turfed out of the
mayor's chair in 1994. Should Lamarre win the vote in
Peter-McGill, he told the Mirror, he will be nominated chair of the city's
executive committee. That would place the smooth operator at the helm of the
city administration.” (The politics of sisterhood, High-profile candidates
battle for the downtown seat at city hall, by DOMINIQUE RITTER, Mirror,
Thursday, October 15, 1998 - http://www.montrealmirror.com/ARCHIVES/1998/101598/news6.html)
Hyperliens
Canada
Québec
Directeur
général des élections
Verts (contient des infos concernant les Verts du Canada)
Autre:
Green Party USA :
www.greenparty.org/
Bibliographie
Baillargeon, Stéphane, Le rapport du Vérificateur
du Québec - La SEMIQ ne se sent pas vraiment mise en cause, in Le
Devoir, Culture, jeudi 14 décembre 2000, p. B8
Baverez, Nicolas, 2003, La France qui tombe, Paris : Éditions
Perrin, col. Tempus (www.editions-perrin.fr)
Bernard, Michel et Lauzon, Léo-Paul, 1996, Finances publiques, profits
privés, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études
socio-économiques de l'UQAM.
Bernard, Michel, Lauzon, Léo-Paul, Patenaude,
François, et Poirier Martin, 1998, Privatisations: l'autre point de vue,
Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études
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Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: L'aut'Journal
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CROZIER, Michel, 1991, Etat modeste, Etat moderne, Paris: Seuil, coll. Point.
KUHN, Thomas S., 1972, La structure des révolutions scientifiques, Paris: Flammarion.
Lauzon, Léo-Pol, 2001, Contes et comptes du Prof
Lauzon – Le néolibéralisme dénoncé net, fret, sec!,
Québec : Lanctôt éditeur
Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking
International.
Tremblay, Anne-Marie, 2000, Un ministère Juste pour rire, in Les budgets, L’aut’journal sur le web, N° 188 -
avril 2000 : http://www.lautjournal.info/autjourarchives.asp?article=661&noj=188
Michel Handfield
La raison
commerciale est plus importante que la vie de quelques citoyens. La raison
d’État aussi. Alors imaginons les deux en même temps!
25 juin, 2004
Texte sur un film et quatre livres (plus un pour
un solo particulier!) qui se complètent sur un sujet brûlant! Et en annexe, les
résumés de tous ces ouvrages, accompagnés d’un bref commentaire de notre part
sur chacun d’eux.
Moore, Michael, 2004, FAHRENHEIT 9/11;
Moore, Michael, 2004 (2000), Dégraissez-moi
ça!;
Soros, George, 2004, Pour l’Amérique, contre Bush;
Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur;
Pons, Frédéric, 2004, Pièges à Bagdad –
Les secrets d’un conflit sans
précédent.
+ Barrada,
Hamid, et Sitbon, Guy,
2004, L’Arabe & le Juif
***
Michael Moore
récidive et signe un brûlot cinématographique contre George W. Bush : FAHRENHEIT
9/11. Un film sur un con et ses courtisans fait par un génie du
montage!
Le tout part du vote
à l’élection présidentielle de 2000 qui semble un mauvais rêve; mais non, c’est
probablement le vol du millénaire! Un film qui dit des choses, mais laisse
place aux questions et interprétations du spectateur le moindrement informé et
vif d’esprit.
L’épisode Ben Laden
Moore met en exergue
les liens entre l’entourage de George W. Bush et d’Oussama
Ben Laden! C’est le cas de James Bath, un proche de
George W., qui a des liens avec les émirs du pétrole d’Arabie Saoudite et qui
fut attaché commercial de Salem M. Ben Laden! (Hatfield, 2004, p. 93-4). Les familles Bush et Ben Laden ont aussi été associés dans le Carlyle Group,
qui œuvre dans le domaine de la défense. Avec les attentats du 11 septembre
cependant, la famille Ben Laden a dû se retirer du Carlyle
Group, mais avec un bénéfice fort respectable, les actions du groupe
ayant vu leur valeur croître suite aux événements du 11 septembre!
Ceci a de quoi
laisser songeur par contre, d’autant plus que le film nous apprend que le 11
septembre les familles Bush et Ben Laden étaient
réunies a Washington:
On the morning of September 11, 2001 , “in the plush setting of the Ritz-Carlton hotel in
Washington, DC, the Carlyle Group was holding its annual international investor
conference. Frank Carlucci, James Baker III, David Rubenstein, William Conway,
and Dan D’Aniellow were together, along with a host
of former world leaders, former defense experts,
wealthy Arabs from the Middle East, and major international investors as the
terror played out on television. There with them, looking after the investments
of his family was Shafiq bin Laden, Osama bin Laden’s estranged
half-brother. George Bush Sr. was also at the conference, but Carlyle’s
spokesperson says the former president left before the terror attacks, and was
on an airplane over the Midwest when flights across the country were grounded
on the morning of September 11. In any circumstance, a confluence of such
politically complex and globally connected people would have been curious, even
newsworthy. But in the context of the terrorist attacks being waged against the
United States by a group of Saudi nationals led by Osama
bin Laden, the group assembled at the Ritz-Carlton that day was a disconcerting
and freakish coincidence.” Dan Briody, The Iron Triangle, John
Wiley & Sons, Inc., 2003, p. 139-140. See also, Melanie Warner, “What do
George Bush, Arthur Levitt, Jim Baker, Dick Darman, and John Major Have in Common? (They all work for
the Carlyle Group),” Fortune, March 18, 2002. (Source :
http://www.michaelmoore.com/mustread/f911facts/families.php)
En fait les familles Bush et Ben Laden étaient si proche que, malgré les soupçons pesant sur
Oussama, la famille Ben Laden
fut autorisé à quitter les USA sans trop de problème. Pas sans aucune question,
mais sans un interrogatoire vraiment sérieux (« without
being subjected to a serious investigation ») nous dit le film. Dans les
premières heures qui ont suivi la levée d’interdiction de vol…
"It turns out
that the White House approved planes to pick up the bin Ladens
and numerous other Saudis. At least six private jets and nearly two dozen
commercial planes carried the Saudis and the bin Ladens
out of the U.S. after September 13th. In all, 142 Saudis, including 24
members of the bin Laden family, were allowed to leave the country.” (Source: http://www.michaelmoore.com/mustread/f911facts/isikoff.php)
War is good for Business
Plus loin dans le
film on voit une réunion organisée pour les entreprises oeuvrant pour la
défense et un participant dit : « War
is good for some enterprises! » Cela
laisse songeur, d’autant plus que la guerre au terrorisme permet de
« mettre en œuvre un programme qui avait été élaboré avant la tragédie du
11 septembre » (Soros, 2004, p. 10) en vue
d’attaquer l’Irak, deuxième réservoir de pétrole mondial. Et la famille Bush
n’est-elle pas impliquée dans le pétrole? Le lobby derrière George W. n’est-il
pas celui du pétrole et de la défense comme par hasard?
Ce
faisant les États-Unis ont fait fi de l’ONU et ont ainsi affirmé leur position
d’Empire. Sauf qu’ils prêtent ainsi flanc à la critique et deviennent une cible
aux attaques politiques et terroristes. S’ils veulent sortir de ce piège, ils
n’ont d’autres choix que de prendre le chemin de la coopération internationale
nous dit Soros (2004), qui
mène le même combat que Moore contre George W. Bush! Lui aussi espère que Bush
ne soit qu’une « aberration passagère ». «Mais s’il obtient un second mandat,
l’électorat aura plébiscité cette politique et sera donc obligé d’en supporter
les conséquences. » (Soros, 2004, p. 2) A
suivre….
Les conséquences?
Voir ses enfants
partir pour la guerre, là bas! Pour défendre les USA ou pour attaquer l’Irak?
Par patriotisme? Mais le patriotisme se conjugue avec pauvreté! Car le
recrutement militaire se fait dans les endroits que l’économie néo-conservatrice
de Reagan et Bush ont détruit, comme Flynt au
Michigan, d’où origine justement Michael Moore. Leur choix : le chômage ou s’enrôler. C’est
vrai de Flynt, ce que montre Moore, et d’ailleurs.
C’est ainsi que Jessica Lynch venait de
Palestine, coin perdue de Virginie. L’armée lui semblait le seul moyen de
gagner de l’argent pour poursuivre ses études. Et d’une chose à l’autre elle se retrouva en
Irak, prise dans une embuscade, laissé pour morte, et soigné dans un hôpital
irakien, où le médecin qui la traitait voulait la rendre aux militaires
américains. Mais il en fut empêché par des tirs du check point de l’armée US!
Le lendemain, dans un raid, filmé et organisé pour l’occasion, elle fut
libérée! « Un show à la
Rambo » pour « redonner le moral aux soldats ». (Pons, 2004, pp.
122-5) La machine idéologique roule à fond la caisse!
Mais
l’élite politique, elle, n’envoie pas ses enfants à la guerre. Elle envoie les
enfants des autres, sauf pour un! Et quand Moore les approches pour leur
demander s’ils voudraient envoyer les leurs… faut les voir réagir! Car Michael
Moore ne fait pas que montrer, il agit comme Diogène le cynique face à
Alexandre Le Grand; il questionne les politiciens sur leur propre terrain et
les mets face à leurs contradictions! Baveux et Brillant! Il les pousse dans
leurs retranchements.
In name of God! You think so?
« God bless America »
nous disent les conservateurs, inspirés qu’ils se disent par le Christ! Mais si
c’étaient plutôt des « Christs pourris », déformant son message de
paix et d’humanisme dans le seul but du contrôle financier et politique de la
planète? Du profit de quelques uns? Au point que Michael Moore se demande, dans
un ouvrage décapant, si nous ne devrions pas rebaptiser les USA « The Big One. C’est
court. Ça résume bien les choses. » (Moore, 2004, p. 162) Et cela va
parfaitement avec le diktat impérialisme de l’Empire américain qu’explique si
bien Ziegler dans la préface du livre de Hatfield (2004)
ou que l’on perçoit dans le film de Moore, car la superpuissance n’hésite pas à
tuer pour son profit.
D’abord, ses propres
citoyens, pour une guerre déclarée sous de faux prétextes. C’est très éloquent
dans le film de Moore. Cette guerre fait
d’innocentes victimes tant chez le « libérateur » que chez
ceux qu’ils sont supposés libérer. Moore le montre, Soros
l’écrit :
« (…) « la
guerre contre le terrorisme » a tué plus de civils innocents en
Afghanistan et en Irak que les attentats des tours jumelles. Ce rapprochement
est rarement fait aux Etats-Unis, où les vies américaines semblent avoir plus
de prix que les autres. Cette distinction, on s’en doute, paraît moins évidente
aux autres peuples du monde. » (2004, p. 29)
De quoi ne pas être
aimé. D’autant plus que l’Empire États-uniens veut soumettre le Monde a ses
diktats et refuse de participer à l’amélioration et à la pacification du monde
en refusant de signer le Traité sur l’interdiction de la fabrication et la
vente des mines antipersonnel, le protocole de Kyoto, le contrôle des armes
biologiques, le désarmement, et j’en passe. (Ziegler in Hatfield,
2004, p. 11) Si pour Soros la victime des attentats
du 11 septembre 2001 s’est transformé en Bourreau, pour Ziegler il y a
longtemps que c’est fait, car en obligeant la mondialisation ils ont fait du
terrorisme au quotidien! Ainsi, même si la planète pourrait nourrir 12
milliards d’habitants selon la FAO, la mondialisation en condamne une large
part à la mort :
« Il n’y a pas
de fatalité. Seules existent l’arrogance et la destruction impérialiste. De nos
jours, celui qui meurt de faim est assassiné.
Celui qui possède de l’argent mange et vit. Celui qui n’en a pas est
affamé, devient invalide ou meurt. »: (Ziegler in Hatfield,
2004, p. 11)
Cela n’épargne pas
les USA non plus, car ils n’hésitent pas à couper dans l’aide sociale à leurs
propres citoyens… tout en donnant généreusement à leurs entreprises! Tous les
programmes d’aides aux citoyens représentent cinquante milliards par an contre
près de 170 milliards pour l’aide sociale aux entreprises nous apprends Moore.
(2004, pp. 60-1)
Il y a de quoi faire
campagne contre ce Président et ce qu’il représente, le néoconservatisme, comme
le font Moore et Soros, car plusieurs de ses
décisions économiques mettent en péril l’environnement et la santé des citoyens
états-uniens et de la planète. Le modèle économique prôné par les
ultraconservateurs républicain, basé sur une interprétation biblique trop
rigide (Soumettez la terre et dominez là), devient une menace à la vie et
à l’humanité! Attention, danger : religion et politique ne font pas bon
ménage! C’est vrai des USA, mais aussi des autres fondamentalismes
religico-politique. Ce n’est peut être pas le propos du film, mais il faut en
être conscient pour l’avenir du monde. Humanité ou enfermement religieux? Telle
est la question. On a à choisir entre construire un monde humanisé ou à revenir
au « Crois ou meurt » des guerres de religion. Pourtant Chrétiens,
Juifs et Musulmans disent croire en un Dieu unique! Dialogues de sourd qui
conduisent aux guerres fratricides sur la base de la foi. Dialogue de Dieu
et dialogue de guerre se
confondent. (Barrada et Sitbon,
2004) Il faudra un jour poser la question : croyons-nous en l’homme et à
l’humanité? Ceci ne remet pas en cause Dieu, mais l’interprétation que nous en
avons. Mais pourrons-nous un jour
résoudre cette question? Il le faudra ou elle nous perdra tous.
Attentat ou coup monté?
On
pourrait trouver plusieurs motifs – tant religieux, économiques,
qu’idéologiques - pour lesquels des terroristes en voudraient aux USA et au
symbole du World Trade Center.
Mais depuis que j’ai vu ce film une question m’hante. Et elle ne vient pas de
Moore, mais de moi. J’ai beau me dire que c’est irréaliste ou que je fabule,
mais je me dois de la poser:
L’attentat contre le
World Trade Center était-il
un coup monté? Car il arrangeait bien des choses, la raison commerciale étant plus importante que la vie de quelques
citoyens. La raison d’État aussi. Alors imaginons les deux en même temps.
Avant
l’attentat Bush était sur la sellette, sa présidence contestée, son élection
questionnée. L’administration avait aussi à l’œil les réserves pétrolières de
l’Irak, mais il fallait une raison de l’attaquer. 9-11 donnait ce motif, même
si les terroristes n’étaient pas irakiens,
et mettait George W. Bush et son entourage bien en selle à la présidence
des Etats-Unis! N’était-ce qu’un malheureux hasard, arrivé au bon moment, ou un
coup monté? La question se pose, mais la réponse ne sera pas simple, ni pour
bientôt!
En prime, pour donner du carburant à
cette hypothèse, la famille Bush et l’entourage du Président avaient des
relations avec tous ceux qui sont reliés à cet attentat : famille Ben Laden, Taliban, Afghanistan… Mais un Président peut-il
sacrifier des citoyens pour des raisons stratégiques et commerciales? Pour le
profit des membres de son entourage et le sien? Pour le Pouvoir? Dans les films oui, mais dans la réalité?
Laissons donc la conclusion à Michael Moore :
« On attend
souvent les chefs d’entreprise proclamer que « c’est le profit qui compte avant
tout ». C’est leur refrain favori. » (2004, p. 183)
Qu’en pensez-vous?
Complot ou hasard? Fabulation de ma part? À vous de vous faire votre idée avant
de savoir la vérité (toute la vérité?) sur 9-11 dans 10, 15, 20 ou 100 ans!
Mais d’ici là je suis sûr que des scénaristes et des écrivains vont échafauder
des scénarios sur le sujet comme ce fut le cas pour John F. Kennedy. Ces
événements sont de la matière brute et ce film le premier d’une longue série de
films à suivre. Documentaires, fictions ou « docu-fictions », comme
JFK (1), seront mis en branle, surtout si Bush est défait! Cinéphiles et
lecteurs, l’avenir s’annonce rose pour vous.
Note:
1. Oliver Stone, JFK, avec Kevin Costner.
Hyperliens :
Annexes… avec commentaires!
FAHRENHEIT 9/11
A Voir. Aucune excuse ne sera acceptée pour le
manquer! (MH)
Sortie: Vendredi,
25 mai 2004
DURÉE: 116-120 MINUTES
Réalisateur: Michael Moore
GAGNANT « PALME D’OR » FESTIVAL DE
CANNES
Avec son film
''Fahrenheit 9/11'', Michael Moore nous livre ses réflexions sur l'état actuel
de l'Amérique et nous explique notamment le rôle majeur qu'ont joué le pétrole
et la cupidité après les attentats du 11 septembre. Dans ce film provocateur, Michael Moore
raconte l'histoire comme personne n'a jamais osé la raconter, analyse les
événements qui ont conduit les Etats-Unis à l'apocalypse du 11 septembre et
nous dit pourquoi le pays est aujourd'hui en guerre.
Michael Moore's
latest documentary traces why the U.S. has become a target for hatred and
terrorism. It will also depict alleged dealings between two generations of the
Bush and bin Laden clans that led to George W. Bush and Osama
bin Laden becoming mortal enemies.
***
Moore, Michael, 2004 (2000), Dégraissez-moi ça!
Petite balade dans le cauchemar américain, Paris : 10/18
Un petit livre qui se lit bien. A lire en
vacance ou dans le métro. Vous ne le regretterez pas. Mordant à souhait, mais
avec une touche d’humour. (MH)
Voici, à travers les
yeux d’un ancien ouvrier devenu agitateur professionnel, la face sombre et peu
glorieuse des Etats-Unis, celle du chômage et de la pauvreté, du racisme… et
des antidépresseurs. Avec un humour féroce, Michael Moore part en guerre contre
les spécialistes du « dégraissage » intensif et leurs alliés, les
politiciens qui leur donnent carte blanche (et des subventions). Lui-même
licencié de General Motors,
il râle, dénonce, accuse, rêve d’organiser le procès des liquidateurs du
« rêve américain », demande à l’Arabie Saoudite une aide financière
pour les pauvres d’Amérique et offre ses conseils à tous les
laissés-pour-compte ! Drôle et excessif, il nous rappelle que le rire est
aussi une arme de combat et de résistance.
« Une guignolade corrosive »
Le Monde
« Comme notre Coluche national, auquel il est souvent comparé, Michael
Moore a le don de dénicher les déviances du comportement humain, en ethnologue
iconoclaste de sa propre société. »
Le Figaro
***
Soros, George, 2004, Pour l’Amérique, contre Bush, Paris : Dunod Traduit de l’anglais par Larry Cohen
Critique intéressante et propositions d’alternatives.
Un livre pour bien comprendre les chose, car il explique bien, notamment ce
qu’est la doctrine Bush, la souveraineté, l’aide internationale, etc. (MH)
A 6 mois de
l’élection présidentielle aux Etats-Unis, le milliardaire philanthrope lance un
violent pamphlet anti-Bush. Ayant connu le nazisme et le stalinisme avant de
faire fortune dans la spéculation boursière aux USA où il est arrivé en 1956,
ce hongrois d’origine réfute l’unilatéralisme américain. Il appelle de ses
voeux une autre Amérique, fer de lance d’une démocratie mondiale. Soros s’inscrit dans la continuité de sa démarche Open
Society qui défend l’établissement d’Etats de droit en Russie, dans les ex-pays
de l’Est et en Afrique.
***
Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur, France : Michel Lafon
Avec une préface de Jean Ziegler (ancien député
du Parlement de la Confédération helvétique et rapporteur spécial de l’ONU nous
dit-on, mais il fut aussi prof de sociologie à l’université de Genève) Le terrorisme et l’empire, pp.
9-14.
Une enquête sur Bush, contenant une multitude
d’informations, précédé d’une préface courte mais efficace de Jean Ziegler, qui
connaît très bien son sujet, car il a enquêté et écrit à quelques occasions là
dessus tout au long de sa carrière de professeur/chercheur, de parlementaire ou
de rapporteur de l’ONU. (MH)
Ces pages révèlent
ou confirment, sources à l'appui:
-que Georges W. Bush
a été condamné en 1972 pour détention de cocaïne et qu'on en a fait disparaître
toute trace dans les archives;
-qu'il a été arrêté
pour conduite en état d'ivresse, avec le même résultat;
-qu'il a échappé au Viêtnam en étant par faveur incorporé à la Garde nationnale aérienne, malgré une liste d'attente de 100 000
personnes;
-qu'il a été en
relations d'affaires avec la famille d'Oussama Ben Laden.
Vous découvrirez
aussi:
-comment il a
gouverné son État au seul profit de ses riches alliés "donateurs";
-comment il a réussi
à faire perdre beaucoup d'argent à ses sociétés successives avant que, chaque
fois, des "amis" bienveillants les rachètent;
-comment a été
fabriquée de toutes pièces son ascension politique en forme de hold-up sur la
Maison-Blanche...
Un best-seller à
hauts risques. D'abord retiré des ventes, puis réédité malgré cet abus de
pouvoir, il a valu à son auteur une campagne de dénigrement et de nombreuses
menaces. Finalement, James H. Hatfield a été retrouvé
mort dans un motel. Conclusion de la police: suicide...
***
Pons, Frédéric, 2004, Pièges à Bagdad – Les
secrets d’un conflit sans précédent, Paris : Presses de la cité
Un livre fort documenté, mais qui se lit comme
un roman. (MH)
En écho à
l’actualité, ce document précis donne point par point des réponses possibles
aux origines du conflit irakien.
Des mensonges
incroyables et des services de renseignement manipulés. Il fallait à tout prix
justifier l’intervention. Dans l’ombre, un cercle étroit de décideurs avait
préparé de longue date la conquête de l’Irak, deuxième réservoir pétrolier du
monde.
Des opérations
secrètes et des technologies inédites. Les généraux américains ont livré une
impressionnante bataille-éclair, pleine d’enseignements. Elle préfigure les
conflits de demain. Des bilans qui ne cessent de s’alourdir, après un an
d’occupation. Les portraits et les confidences des soldats et des familles
montrent des troupes meurtries et une opinion désemparée. Des alliés déçus. Le
jeu était faussé. Dès le début, le grand marché de la reconstruction a été
verrouillé.
Washington et
Londres avaient mal évalué les pièges de l’après-guerre. L’onde de choc partie
de Bagdad menace la stabilité de la région. George Bush et Tony Blair jouent
leur avenir politique sur la maîtrise de ce dossier.
***
Barrada, Hamid, et Sitbon,
Guy, 2004, L’Arabe & le Juif (Dialogue de guerre), Paris : Plon
Pour essayer de comprendre les points de vue
d’un conflit millénaire qui empoisonne encore les relations internationales:
celui entre Juif et Musulman; entre Juif et Arabe. Celui entre Israël et la
Palestine. Entre Orient et Occident. Nord/Sud. N’eut été de ce conflit,
aurait-on eu le 11 septembre? Mais les points de vue divergent, car les
religions et les cultures sont comme autant de lunettes différentes qui
déforment la réalité. Selon la paire de lunettes que l’on porte (et depuis
quand on la porte!) on ne voit pas le monde de la même manière et on ne peut
s’entendre. Si on tente de faire un monde économique unifié, bien des
divergences existeront encore sur d’autres plans.
Bienheureux ceux qui croient que l’économique permettra d’aplanir ces
différences et de créer la démocratie planétaire. Mais j’ai comme un léger
doute, d’autant plus que ce monde économique ajoute plus de divisions et
d’injustices qu’il n’en élimine. La fracture est profonde. Ces dialogues en
sont à la fois le fruit et porteur de ces divisions qui se perpétuent depuis
des générations. (MH)
Hamid Barrada et Guy Sitbon,
deux journalistes, l’un marocain musulman, l’autre juif d’origine tunisienne,
avaient tissé une vie entière d’amitié. Lorsque éclata la deuxième Intifada en
Palestine, Guy pensa qu’elle était un crime contre les deux peuples. Hamid la crut juste. Ils cessèrent de se parler.
Ils se sont retrouvés récemment pour régler
leurs comptes, dans ce dialogue sans complaisance ni concession dont ils ont
demandé à un confrère, Philippe Gaillard, d‘être le modérateur.
Sans pierre ni bombe suicide, ils conduisent
leur propre Intifada à coups d’arguments. Ils évitent avant tout de raccommoder
leur discorde sur un malentendu. Juifs et Arabes ne sont pas amis, ils sont
ennemis. D’habitude, lorsqu’ils se rencontrent entre gens de bonne volonté, ils
taisent les antagonismes et les haines, leurs raisons de se battre. Or,
lorsqu’on ne pose pas un problème, on ne le résout pas.
Dans ce dialogue judéo-arabe
d’un type nouveau, on se jette à la figure les raisons pour lesquelles le
conflit israélo-palestinien perdure.
===============================
Du corbeau à Saddam ou des autochtones amérindiens aux irakiens
Notre
revue de livre concerne deux sujets forts différents, mais deux livres qui ont
pour caractéristiques communes de bien se lire.
Legros, Dominique, 2003, L’histoire du
corbeau et Monsieur McGinty, France: nrf Gallimard/L’aube des peuples
Un Indien athapascan tutchone
du Yukon raconte la création du monde [2003], adapt. de l'anglais par Dominique Legros , 352 pages sous couv. ill.,
140 x 225 mm. Collection L'aube des peuples, Gallimard -lvs.
ISBN 2070759741. 25,00 €
Résumé
«Monsieur McGinty est
un Indien Athapaskan Tutchone
du grand Nord. Sa terre, c'est le Yukon près de la frontière avec l'Alaska.
Entre 1984 et 1991, Dominique Legros eut la chance de le rencontrer et d'enregister la longue histoire du Corbeau. Monsieur McGinty était alors l'un des fameux conteurs tutchones, dans la tradition d'un peuple où la littérature
orale est d'une grande valeur. De ces rencontres est né ce livre drôle, profond
et merveilleux. Le corbeau est à la fois le héros créateur et l'anti-héros des
peuples du grand Nord. Il est habile et rusé, prend la forme des humains,
trompe son monde, séduit les femmes et, honte à lui, même sa belle-mère. [...]
La force du livre de Dominique Legros est de
nous faire entendre la voix de Monsieur McGinty, sa
faconde, son goût pour une langue riche et pleine d'humour pour décrire les
choses de la nature. Les pérégrinations du corbeau nous entraînent dans le
monde amérindien, à la fois familier et radicalement étranger. Dominique Legros
met ainsi au jour une nouvelle ethnologie qui fait ressentir de l'intérieur cet
univers où religion et vie sont intimement mêlées. Plus qu'un témoignage,
L'histoire du corbeau est une invitation à la découverte de l'autre.»
J.M.G. Le Clézio.
Commentaires de Michel Handfield (7 juin, 2004)
Il y a quelques
temps déjà que j’ai fini ce livre. Je l’ai lu d’un trait, comme une histoire,
mais j’ai choisi de le laisser reposer avant d’en parler, car ce n’est pas un
livre comme les autres. En effet, l’histoire du corbeau est la
« Genèse » des Indiens athapascan tutchone
du Yukon.
Moi qui aime
particulièrement les oiseaux (j’ai 3 cockatiels à la
maison), j’ai trouvé cette représentation de Dieu en un corbeau fort intéressante.
En fait c’est plus qu’une représentation de Dieu, car les deux se confondent
dans ce mythe fondateur. Dieu et le corbeau, le corbeau et Dieu ne faisant
parfois qu’un! Et comme les oiseaux sont en mouvance perpétuelle entre le ciel
et la terre y a là une relation
particulière à un Dieu qui est au ciel me semble-t-il! Les oiseaux en lien
direct avec Dieu? Ses anges? J’y vois une certaine symbolique. Depuis que j’ai
lu ce livre, quand je vois une corneille – car les corbeaux sont rares à Montréal – il me semble que je ne la vois plus de la même
façon et je lui dis parfois bonjour! Je suis sûr que c’est à cause du corbeau
et de Monsieur McGinty!
***
A un autre niveau,
plus terre à terre, ce livre concerne un mythe fondateur au même titre que la
bible pour les Chrétiens. Mais contrairement aux mythes écrits, les mythes
oraux ont la particularité d’évoluer et d’intégrer la modernité. Ils n’ont pas
ce caractère statique et immuable de l’écrit. Même Jésus, y fut intégré, comme
suivant le Corbeau, car « le corbeau a tout fait en premier. Et il l’a
fait pour les Blancs, pour Jésus, et pour les Indiens. » (p. 118) C’est là
une particularité des mythes oraux : ils demeurent vivant et se
transforment avec le temps et à travers leur transmission entre générations,
familles et peuples.
Ce livre peut être
lu en entier ou en partie. On peut lire l’histoire du Corbeau et Monsieur McGinty (pp. 54-213) comme une histoire, comme un mythe ou
comme un livre religieux. C’est intéressant, mais ce peut aussi être choquant
pour quelques esprits conservateurs, car les notions de morale et les tabous ne
sont pas les mêmes pour tous les peuples. On pénètre dans une autre culture que
nous ne connaissons pas même si on partage le même espace-temps depuis quelques
centaines d’années. Une occasion de le découvrir.
La troisième partie
de ce livre, Postface (pp. 215-340), explique la relation de l’auteur avec ces
autochtones et est fort intéressante en renseignements et anecdotes. Comment
vivent-ils maintenant? Leur mémoire de leurs modes de vie passée? Cela
s’adresse aussi à tous.
Par contre la
première partie, l’Avant-propos (pp. 17-52), est davantage herméneutique. On y
traite de la méthodologie et des difficultés de passer de l’oral à l’écrit. Des
risques et des espoirs d’une telle transcription pour les générations tutchones futures…
Ce livre marque, car
un événement ou une nouvelle en font ressortir un épisode ou un passage de
notre mémoire et nous fait penser au corbeau. Depuis que j’ai lu ce livre, je
me demande parfois ce que le corbeau pense de notre rapport à l’environnement
et aux autres. Il doit trouver que l’argent a pris une place trop prépondérante
sur la vie parfois…Je ne suis pas sûr que le corbeau doit être d’accord avec ce
« dominez la terre » de la Genèse et là dessus je serais plutôt
d’accord avec le corbeau!
==============
Haitham Rashid Wihaib,
2004, Dans l’ombre de Saddam. Les révélations inimaginables de son chef
du protocole, France : Michel Lafon
Commentaires de Michel Handfield (7 juin, 2004)
Ce livre fut écrit
par quelqu’un de l’entourage de Saddam. Chef du protocole, il voyait l’horreur,
ce qui l’a conduit, dès qu’il en a été capable, à fuir l’Irak. Il donne aussi
raison à l’intervention des Etats-Unis quand il dit au début de son livre:
« Aujourd’hui que mon peuple est libéré
de ses chaînes, je puis enfin m’exprimer librement, sans crainte de voir des
représailles s’abattre sur mes proches. » (pp. 11-2)
Il fait l’historique
du régime de Saddam et dénonce ses atrocités. Il en montre l’hypocrisie et les
liens qu’il entretenait avec quelques personnages peu fréquentables, dont Ben Laden dit-il - ce sur quoi certains spécialistes ne sont
pas d’accord cependant. Il montre aussi comment les chefs occidentaux pouvaient
jouer le jeu et fermer les yeux pour des raisons stratégiques et économiques,
car l’Irak est bien pourvue en richesse pétrolière et a bien souvent fait
l’affaire de pays occidentaux pour des raisons politico stratégiques.
Les atrocités et les
liens dénoncés sont-ils tous réels, car notons que l’auteur a fui l’Irak en
1993? Ses contacts à l’interne savaient-ils réellement, transmettaient-ils des
rumeurs ou ce que le régime en place voulait qu’ils transmettent pour des
raisons idéologiques? Comme faire croire à une puissance plus grande que réelle
de l’Irak… En fait peu importe; c’est un témoignage qui émane d’assez près du
régime et, même si on doit le prendre avec un certain recul, il apporte un
certain éclairage pour qui s’intéresse à l’actualité et à la question
irakienne.
Pour ceux qui sont
davantage spécialisés en ces domaines, ce livre offre un autre intérêt. En
filigrane on y perçoit la mécanique du Pouvoir. L’idéologie et l’usage
mécanique de la peur. Des parallèles peuvent être fait avec d’autres régimes,
même celui de George W. Bush, car si le Pouvoir peut prendre diverses formes,
certains de ses mécanismes – certaines de ses méthodes - sont immuables:
« Autre méthode
éprouvée contre les dissensions internes : inventer un ennemi commun
contre lequel les rangs se resserreront. Il s’agit d’une tactique infaillible
puisqu’elle s’appuie sur le chauvinisme des peuples. » (p. 203)
Bref, un livre grand
public dans sa forme, mais qui peut être éclairant, même pour le spécialiste,
dans son contenu.
Nouveaux livres reçus
(V6#2)
Reçu 9 août 2004 : Borjesson,
Kristina, 2003, Black List – Quinze grands
journalistes américains brisent la loi du silence, Paris : 10/18
Black List
BORJESSON Kristina
Traducteur : CLARINARD Raymond, TAUDIERE Isabelle
Collection : Fait et cause
Titre original : Into the Buzzsaw : Leading
Journalists Expose the Myth of a Free Press
Date de parution : 06/05/2004
Prix : 8,50 Euros
Nombre de pages : 448 Code ISBN : 2-264-03981-7
Code CLIL : 233102
Sériel : 3720
Ils étaient les enfants du Watergate. Ils travaillaient pour CBS, Newsweek ou
CNN et ils en étaient légitimement fiers : ils faisaient le plus beau métier du
monde dans la première démocratie du monde. Un jour, ils ont traversé le
miroir. Leurs adversaires les ont harcelés. Ils ont refusé de se soumettre. Les
intimidations ont redoublé. Sous la pression, leur rédaction les a lâchés. Leur
seul crime : avoir enquêté là où il ne fallait pas. Sentant soudain le soufre,
ils ont dû quitter le confort des télévisions et des journaux qui « font »
l’opinion. À travers quinze récits passionnants, documentés, accablants,
rassemblés par Kristina Borjesson,
des journalistes racontent leurs enquêtes et leur combat contre le pouvoir
économique ou politique, et médiatique. Black List est un livre rare.
Best-seller en France et aux États-Unis, il est devenu un exemple dans le monde
entier pour tous ceux qui croient encore à la liberté de l’information.
==============
Reçu 15 juin 2004 : Poniatowski, Axel,
2004, Pourquoi les Français et les Américains ne se comprennent plus,
France : Perrin
Des Français sont harcelés dans les aéroports
outre-Atlantique. Les touristes américains boycottent la France. Dans les
colloques internationaux, on en vient à se demander si les Etats-Unis sont
devenus un ennemi ou si la France a trahi la confiance de son partenaire
atlantique. La guerre d'Irak a-t-elle constitué un tournant dans l'histoire des
relations franco-américaines ou simplement révélé une fracture de plus ?
La vérité est que dès la fondation des Etats-Unis, les destins de la France et
de la jeune République furent liés dans un tissu
complexe d'amitié et d'irritation. Sans conséquence extérieure tant que
l'Amérique repliée sur elle-même se consacrait à la mise en valeur de son
immense territoire et que la France s'occupait seule de son destin, cette
mésentente réciproque devint source de tensions, une fois passées les épreuves
de la solidarité en1919 et en1945.
La défaite de 1940 fut un choc pour les Américains, et un tournant immense dans
la représentation que l'Amérique se faisait de la France, dès lors perçue comme
une gloire déchue. Tendue tout entière vers la restauration de sa place
parmi les Grands, la France dut s'affirmer contre une
tutelle bienveillante, mais souvent pesante.
L'affirmation d'une puissance américaine sans partage après la chute de l'URSS
favorisait l'éclosion des nouvelles théories néo-conservatrices de l'hégémonie.
Le 11 septembre libéra un nouveau souverainisme américain. Après une période de
coopération sur l'Afghanistan où la France tint son rang, l'Amérique refusa de
se laisser entraver par le droit international pour mener à bien son projet en
Irak. La collision était inévitable avec les conceptions françaises.
Avec l'apparition du terrorisme de masse, la France et l'Amérique
partagent néanmoins les mêmes vulnérabilités et ont en commun la volonté de
faire face à ceux qui voudraient menacer le monde démocratique, même s'ils
peuvent diverger sur les stratégies d'action.
==============
9 juin 2004 : Kagan, Robert, 2004, Le
revers de la puissance, France : Plon
(…)
Depuis
l’invasion de l’Irak par l’armée américaine, un grand débat s’est ouvert sur la
meilleure façon de créer un ordre mondial sécurisé. Sur ce sujet, Robert Kagan
a écrit ce petit livre clair et lumineux, analysant les divergences profondes
qui divisent l’Europe et les Etats-Unis. Car il s’agit bien de deux visions du
monde qui s’affrontent, deux conceptions de la politique étrangère et des
moyens de lutter contre le terrorisme. Plus précisément, la réflexion de Robert
Kagan aborde les conditions qui pourraient rendre légitime la politique
étrangère de son pays aux yeux des démocraties occidentales.
==============
9 juin 2004 : Chomsky, Noam, 2003
(2004), Le profit avant l’homme, France : 10/18
Depuis
l'effondrement des régimes communistes, le dogme néo-libéral est le pavillon
sous lequel les États-Unis, imités par la majorité des pays occidentaux, ont
décidé de défendre leurs intérêts stratégiques. Les deux grands mots d'ordre de
ce que l'on appelle la « mondialisation » - « moins d'État » et « liberté
des marchés » - sont désormais leurs armes privilégiées pour assurer leur
domination sur le reste du monde. Pourtant, Noam Chomsky souligne à quel point
la réalité du néo-libéralisme actuel tourne le dos aux principes du libéralisme
« classique ». La compétition est truquée et les pays riches, en position de
force, recourent à toutes sortes de mesures qui sont autant de violations
déguisées de la liberté qu'ils prétendent défendre.
« Un brûlot fustigeant les hypocrisies du dogme néo-libéral.»
Midi libre
==============
14 mai 2004 : Kaspi,
André, 2004, Les Etats-Unis d’aujourd’hui, France : Perrin / Tempus
Les Etats-Unis fascinent, déroutent, provoquent
l’admiration et la détestation. Leur puissance, militaire, politique,
économique, culturelle, fait peur. Et pourtant, que savons-nous vraiment de
cette démocratie? Tous les américains soutiennent-ils le président George W.
Bush? Sommes-nous, Français, Européens, destinés à devenir des Américains? Trop
souvent, nous nous contentons d’approximations et de préjugés. Plus que jamais,
les Etats-Unis sont mal connus, mal compris, mal aimés.
Sortie en salles : 27 août 2004
Réalisateur: Zhang Yimou
Mettant en vedette: Jet Li
Il y a
deux mille ans, la Chine était divisée en sept royaumes. Chacun d'eux combattait les autres pour
obtenir la suprématie, tandis que le peuple endurait la souffrance et la
mort. Obsédé par la conquête de la
Chine, le roi d’un des royaumes ne s’arrêtera devant rien. La star d’action internationale, Jet Li, y
joue le mystérieux Sans nom qui fera tout pour venger son peuple.
Commentaires
de Michel Handfield (26 août, 2004)
Film
d’action basé sur le mythe fondateur de la Chine – l’unification des différents
royaumes – dans le genre des grands films États-Uniens. Attention : si les
chinois apprennent à faire du cinéma de masse comme ils ont appris pour la
production industrielle, ils vont challenger les USA! On risque d’en entendre parler
dans le futur. Ça se voit dans ce film, car ils y ont mis les moyens : Jet
Li, leur Bruce Willis national, et des effets spéciaux fort spectaculaires. Le
cinéma Chinois semble prêt à conquérir le monde! Si leur motto fut « Our
land » depuis l’unification de la Chine, il sera peut être bientôt
remplacé par « Our world », car la Chine semble de plus en plus vouloir « challenger »
les USA et pas juste pour les médailles olympiques!
C’est
d’ailleurs pour cette raison que certains auteurs plaident de plus en plus en
faveur d’un monde multipolaire, seul moyen de résoudre ce risque de
« clash » entre deux superpuissances. Nous ne reviendrons pas là
dessus, mais rappelons que nous en avons déjà parlé dans notre section livres.
(1)
Un film
à voir pour qui s’intéresse aux héros, au fantastique, à l’ethnologie et à
l’histoire.
Hyperlien :
Note :
1. A ce sujet, je pense au livre suivant : Primakov, Evgueni, 2003, Le monde après le 11 septembre et la guerre en Irak, Paris : Presses de la renaissance. Vous trouverez notre commentaire sur ce livre dans la section Mondialisation sous le titre Deux livres en porte à faux… et un pourfendeur de « vérités »!
samsara
Sortie : 20
août 2004 (en laddaki
avec sous-titres français)
Durée : 138
minutes
réalisateur : Pan NALIN
distribution : Shawn Ku, Christy Chung
Une histoire d’amour spirituelle se déroulant des les
merveilleux paysages de Ladakh, en Himalaya.
Samsara est l’histoire d’un homme en quête de
lumière spirituelle en fuyant le monde.
C’est aussi l’histoire d’une femme qui l’amènera à retrouver l’amour et
la vie.
Commentaires de
Michel Handfield (17 août, 2004)
D’abord il s’agit d’un film à petite touche, tout en subtilité un peu
comme on imagine le bouddhisme ou l’hindouisme. Un film méditatif – certains
diraient en lenteur! Un film où on en apprend sur la vie monastique et paysanne
en Inde, mais aussi sur Bouddha, car le film fait des parallèles entre Tashi et Bouddha! D’ailleurs, samsara signifie un cycle de
réincarnation et ce n’est pas par hasard, car Tashi
se demande s’il est la réincarnation de Bouddha et veut calquer sa vie sur la
sienne! Mais c’est oublier Pema, sa femme, qui en a
une autre vision.
Ce film m’a aussi touché d’une autre façon en m’amenant à m’interroger
sur Dieu, la religion et la culture. Jusqu’à quel point notre lieu de naissance
et notre culture d’origine façonnent-elles notre représentation de Dieu? Il est
difficile d’être autrement que Bouddhiste, hindouiste, juif, musulman ou
chrétien lorsque depuis notre tendre enfance nous baignons dans cette culture,
surtout si elle est politiquement dominante comme dans certaine région du
monde. Oussama Ben Laden aurait-il été chrétien fondamentaliste s’il
venait de la « Bible Belt » ou George W.
Bush fondamentaliste musulman s’il était saoudien? Et si tous les deux étaient
nés aux Indes seraient-ils des moines hindouistes qui méditeraient pour la
paix? Cette question m’est venue au début du film, car la quête de Dieu varie
selon les peuples et les cultures. Et si ce n’était que ça; s’il n’y aurait pas
de vérité, mais qu’une quête de celle-ci? Alors combien de morts et de souffrance
pour rien au cours de l’histoire au nom de soi-disant vérités divines! De quoi
se recueillir et souhaiter plus d’humanité dans le monde…
Hyperliens
http://www.wsu.edu:8080/~dee/GLOSSARY/SAMSARA.HTM
GOING THE DISTANCE
DURÉE: 90 minutes
Sortie:
20 août 2004
Réalisateur: Mark Griffiths
Mettant en vedette: Christopher Jacot, Joanne Kelly,
Shawn Roberts, Ryan Belleville, Jason Priestley et la participation spéciale
d’Avril Lavigne
PRÉSENTATION SPÉCIALE – COMEDIA / JUSTE POUR RIRE
He may have
just graduated but Nick (Christopher Jacot) has it
all figured out - marriage, a lucrative career and a totally different
lifestyle from that of his Westcoast hippy parents.
When he discovers that his future wife may be falling prey to a powerful and
oversexed music producer, Nick is determined to fly to Toronto to win her back.
Lifelong buds and dedicated surfers Tyler (Shawn Roberts) and Dime (Ryan
Belleville) have other ideas for their staid best friend - the roadtrip adventure of his life. With only three days to
make it to the MuchMusic Video Awards, the unlikely
road warriors head off. Two sexy hitchhikers, Sasha
(Joanne Kelly) and Jill (Mayko Nguyen), complicate
matters and a series of accidents, orchestrated by a malevolent stranger,
sabotage the trip turning Nick's future plans upside down.
Commentaires de Michel Handfield (21
juillet, 2004)
On est ici face à un
« road movie » initiatique, marquant la fin
du secondaire et l’entrée dans l’âge adulte (18 ans) qui coïncide généralement
partout en Amérique sauf au Québec, où la situation est quelque peu différente,
le secondaire comptant une année de moins, ce qui fait que l’entrée au cégep se
fait à 17 ans et le passage à l’âge adulte au cours de l’année qui suit. Cette
différence explique que ce genre de film – rite - de passage soit un sujet
davantage prisé des cinéastes états-uniens et canadiens anglais. Mais vu la
popularité historique de ces films auprès du jeune public d’ici, ces films nous
rejoignent malgré cette différence structurelle de notre système d’éducation.
Ce film ne devrait pas faire exception auprès de ce public cible.
On joue ici sur les contrastes
avec un jeune aux valeurs traditionnelles, venant d’une famille encore attachée
à des valeurs « hyppies » de la fin des
années 60, qui doit composer avec ses amis délurés dans un voyage vers Toronto
– qui le fera traverser le Canada en entier dans un « camper » - à la
recherche de l’amour de sa jeune vie! Mais il découvrira plutôt que les
certitudes ne durent peut être qu’un temps…
Une comédie sur la
psycho ado, qui cherche à aller plus loin dans la découverte de soi, de ses
désirs, de ses goûts et du sexe. On est face à une comédie légère avec un
esprit de bande dessinée qui devrait rejoindre les jeunes publics et le public
qui a encore un esprit jeune! Un « road movie »
romantico-hormonal!
Mes enfants ne
sont pas comme les autres
Prend l'affiche au cinéma Beaubien
et au Quartier Latin dès le 13 août 2004
France,
2003, de Denis Dercourt avec Richard Berry
Jean Debart,
veuf d’une brillante violoncelliste, exige de sa fille (Adèle) l’amour exclusif
de la musique, comme son propre beau père l’avait probablement exigé de sa
fille avant qu’elle ne parte avec lui! D’ailleurs son beau père, un réputé chef
d’orchestre, se demande encore comment sa fille (brillante soliste) avait-elle
pu épouser Jean, ce simple violoncelliste d’orchestre! Elle était une si grande musicienne! Sa
compagne lui dit «… mais ils s’aimaient » Et lui de répliquer : « …la
belle affaire! » Car dans cette famille, dans ce milieu, c’est la musique
qui compte. La discipline de la musique, qui dicte la vie comme s’il s’agissait
d’une partition! On est dans les relations tendues, où le compromis –quel qu’il
soit - devient une fausse note inacceptable!
La réputation familiale – de
génie de la musique en l’occurrence – constitue un fardeau de plus en plus
lourd à porter pour chaque génération et, avec la libéralisation de la société,
ainsi dresser les enfants comme des machines à jouer semble de plus en plus
anachronique et intolérable aujourd’hui. J’avais souvent le goût de dire à
Adèle « va jouer du jazz, ça va faire suer ton paternel! » Car
la discipline musicale devient l’instrument d’une manipulation pour faire faire
à sa fille ce qu’il n’a pu réaliser et recréer le génie de sa femme disparue!
D’être ainsi dressé, marque.
Mais il y a une part de la musique en elle, ce qui fait que, malgré sa révolte,
Adèle sent l’appel de la musique. Cela en fait un personnage tourmenté et
intéressant dans sa démarche. Se libèrera-t-elle de la musique ou par la
musique? Un film à voir si vous aimez la musique classique, les personnages
tourmentés et les films psychologiques. Tous les ingrédients y sont.
Les autres personnages
tournant autour de cette famille et de la musique – dont l’oncle compositeur –
sont aussi fort intéressants, car on voit cette marque du milieu familial et
musical sur eux et comment ils s’en sont accommodés! L’oncle dit d’ailleurs de
son fils naissant… qu’il sera libre de choisir ce qu’il voudra faire plus tard!
Comme si l’empreinte de la prédestination venait enfin de se terminer!
Hyperlien:
http://www.ocean-films.com/mesenfantsnesontpascommelesautres/
CONTROL
ROOM
Sortie:
6 août 2004
DURÉE: 90 minutes
Réalisateur Jehane Noujaim
Ce documentaire sur la
perception internationale de la guerre en Iraq a été fait à partir des
nouvelles diffusées sur Al Jazeera, le plus important canal de nouvelles en
langue arabe. Très critiqué par les membres
du Cabinet et le Pentagone, la station a révélé beaucoup de choses à propos de
la guerre en Iraq que l’administration Bush n’aurait pas voulu montrer.
Commentaires de Michel Handfield (5
août, 2004)
La réalité? En fait il
s’agit là d’un concept, car dans les faits la réalité est insaisissable, mais
nous en avons une vision, une conception! De la réalité, nous pouvons avoir une
connaissance scientifique ou une connaissance de sens commun, mais nous ne
pouvons la saisir en son entier! (1) Par contre on peut s’aider à en saisir le
plus possible en prenant différents points de vue, comme pour quelque chose qui
nous dépasse. Pensons à un paysage grandiose; à défaut de tout le capter on en
prend plusieurs photos et on l’explique pour le faire comprendre. Mais même
quand on y retourne soi même on peut voir des choses qu’on n’avait pas vues la
première fois, car la réalité nous dépasse. Nous n’en avons qu’une perception.
La même chose est vraie de l’information. Il nous faut plus d’une source pour
se faire une idée de la réalité, mais nous n’avons jamais la réalité dans sa
globalité!
En
cas de guerre, comme en Irak, la situation est encore plus difficile, car
l’information devient un outil idéologique;
la machine de guerre et de Pouvoir fabrique une image de la réalité
qu’elle cherche à faire diffuser par les médias, car l’image ainsi vu/acceptée
par le plus grand nombre devient la « réalité »! Des sources
multiples, venant de différents pays et cultures, sont donc nécessaires pour
mieux saisir la réalité.
Ce film porte sur une
de ces sources: Al Jazeera, le réseau d’information arabe! A souligner qu’ils
ont maintenant un site Internet en anglais (voir l’hyperlien au bas de ce
texte). Vous le trouverez aussi sur notre page le
monde,
où l’hyperlien vers la version arabe d’Al Jazeera était depuis quelques années
dans un but de transparence de l’information! On ne comprenait pas l’arabe,
mais on pouvait regarder les images!
Dans ce film on suit
justement le travail des gens d’Al Jazeera dans leur couverture du conflit
irakien et des bâtons qu’on leurs a mis dans les roues – comme un missile qui
est accidentellement tombé sur leur bureau tuant un de leur journaliste! Un
accident, avec des missiles si sophistiqué qu’ils ne peuvent pourtant avoir
plus de quelques pieds d’erreurs selon la propagande! Drôle de hasard que
celui-ci ai eu une si grande marge d’erreur… et soit tombé sur les bureaux d’Al
Jazeera et non de CNN!
Ce film constitue aussi
un genre de « making of » du show de la guerre en Irak et de la propagande mise en place pour la
servir! Un film à voir pour en savoir davantage sur la réalité!
Hyperliens
http://english.aljazeera.net/
Nouveauté!
Al Jazeera en version anglaise.
http://www.aljazeera.net/ Site en version originale arabe.
www.cnn.com CNN, célèbre réseau d’informations
des USA dont Al Jazeera est la contrepartie!
Note :
1. Souvenir de mon cours d’analyse de contenu
avec Gilles Houle au début des années 80 (prof. de sociologie, Université de
Montréal). Pour ceux que cela intéresserait d’aller plus loin, je vous
conseille un livre qui m’avait fort intéressé sur ce sujet quelques années plus
tard :
COULON, Alain, 1987, L'ethnométhodologie,
France: P.U.F., col. «Que sais‑je?»
DURÉE: 90 MINUTES
Réalisateur: Philippe Gagnon
Mettant en vedette: Martin Laroche,
Sabine Karsenti, Geneviève Rioux, Antoine Durand,
Bénédicte Décary, Ghyslain
Tremblay
Premier juillet, journée nationale du déménagement. Les camions sont réservés, les meubles sont
démontés et les clés sont prêtes à être échangées. Charles et Kate
sont prêts à emménager ensemble et devenir un « vrai couple », Félix
doit suivre ses parents qui décident de faire un retour à la campagne, tandis
qu’Édith et ses deux colocs sont très heureux de ne
pas avoir à déménager. Mais lorsque le
camion ne se présente pas, que tous les moyens sont bons pour faire une fugue,
ou que l’on se fait mettre à la porte sans préavis, la table est mise pour une
journée pleine de rebondissements, de confrontations et de pizzas.
Commentaires de
Michel Handfield (9 juillet, 2004)
Un film qui devrait
aller loin, car il a une portée universelle dans son propos, un peu comme
« Les invasions barbares » ou « La grande séduction », sauf
que le prétexte n’est pas la santé mais le déménagement. Y-a-t-il meilleure
façon d’aller au plus profond de l’être humain? De toucher la profondeur de
l’être, alors qu’il est déstabilisé entre le connu (ce qu’il quitte) et
l’inconnu (où il va, se trouvera-t-il un logement, l’amour résistera-t-il à la
vie à deux, etc.)? D’entrer au coeur des relations d’amitié, de couple ou
familiale – car si chacun y gagne quelque chose, chacun doit aussi y faire des
deuils! On dépasse la psychologie pour entrer dans le sens profond de l’être,
car il y a rupture avec ce qui était connu et ce sont nos valeurs profondes qui
feront que l’on surmontera ou non cette rupture d’avec un lieu et une vie
passée. Cela va de surmonter les difficultés bassement logistique du
déménagement à faire sienne cette nouvelle vie, surtout si elle nous est
imposée par les choix et les agissements des autres! (1) Un film qui va loin.
Même si je ne veux
pas trop en dire, car c’est un film à voir, je me dois de souligner ce petit
dialogue entre un ado déraciné et une ado du nouveau milieu où il est
arrivé : Notre ado de Montréal parle de ses affrontements « à mort
sur ordinateur » à la fille de campagne. Elle lui répond que c’est
violent. Et lui de répliquer « Ben non, c’est stratégique! » On voit
là les différences sur la notion de violence d’un point de vue culturel,
personnel et philosophique. Différences qui se retrouvent au niveau
sociopolitique aussi, car la politique part des Hommes et les Hommes sont des
animaux sociopolitiques! Cela se nourrit
mutuellement et nourrit les conflits que nous connaissons à des niveaux plus
élevés, régionaux et mondiaux, mais aussi idéologiques si nous considérons les
religions comme étant des idéologies. (2) Les différences entre un libéral et
un conservateur; un partisan de la paix ou un partisan de la guerre; un
anarchiste ou un orthodoxe; un juif, un arabe (3) ou un chrétien (4); un
pacifique ou un terroriste datent-elles de la plus tendre enfance ou de
l’adolescence? Viennent-elles d’une façon de voir qui est innée depuis la
naissance? Un exemple de la richesse des
questions que soulève ce film sous un habillage de comédie. Un film qui devra
être présenté en compétition selon moi.
Note :
1. Cette navigation
entre le connu et l’inconnu chez l’individu, sa capacité d’adaptation, ses
entrechocs se retrouvent aussi au niveau des sociétés, car notre monde, nos
mondes (occidentaux et orientaux, Nord et Sud, Judéo-chrétien, islamiste
bouddhiste et autres croyances) vivent les mêmes chocs alors que les frontières
semblent de plus en plus s’amenuiser avec les moyens de communication modernes.
On passe des mondes différenciés au village câblé si rapidement que notre
faculté d’adaptation semble collectivement dépassée un peu comme celle de
l’individu face à un déménagement. Je ne pouvais passer sous silence ce lien
entre la condition individuelle décrite par le film et la situation collective
décrite par Jean-Claude Guillebaud dans Le goût de l’avenir (Paris: Seuil, 2003). Un livre qui me
marque, car je n’arrête pas de faire des liens entre ce livre et des films que
je vois. Pourquoi? Peut être est-ce un livre qui plonge au fondement de la
civilisation…
2. Je pense ici encore à Jean-Claude Guillebaud
cité plus haut, mais aussi à son autre ouvrage La refondation du monde (Paris: Seuil, 1999)
3. Barrada, Hamid, et Sitbon, Guy, 2004, L’Arabe & le Juif, Paris : Plon
4. A ce sujet nous
pensons à trois livres dont nous avons déjà parlé dans notre section livres,
soit :
Guisnel, Jean, 2003, Délires à Washington
(Les citations les plus terrifiantes des faucons américains), Paris: La Découverte
Lapham, Lewis, 2002, Le djihad américain,
France: Saint-Simon
Laurent, Éric, 2003, Le monde secret des
Bush, France/Canada : Plon/Transcontimental
Printemps, été, automne, hiver… et printemps (Bom yeoreum gaeul gyeoul
geurigo bom) – du
célèbre réalisateur sud-coréen, Kim Ki-duk. Un saisissant drame humain sur les apprentissages
d’un moine, au rythme des quatre saisons. Le film a été présenté dans le cadre
de nombreux festivals dans le monde entier, y compris, le
Festival New Directors New Films, le Festival de
Toronto, le Festival du Film de Locarno, le Sundance
Film Festival et le Festival de San Sebastian, où il a remporté le prix du public.
L’action se déroule dans un décor sublime, un
monastère bouddhiste posé sur un radeau qui flotte sur un lac entouré de
montagnes et un arbre de 300 ans.
C’est à cet endroit qu’un jeune disciple, sous
le regard attentif d’un vieux moine (le vétéran du théâtre Oh Young-soo), apprend une difficile leçon alors que ses jeux
enfantins deviennent parfois cruels. À l’été, le moine devenu jeune homme,
goûte au pouvoir du désir sensuel, un désir qui le mènera, une fois adulte, à
commettre des actes noirs à l’automne. À l’hiver, devant le lac glacé, l’homme
(interprété par Kim Ki-duk
lui-même), expie ses gestes du passé. Enfin, le
printemps marque le début d’un cycle nouveau.
Avec une attention extraordinaire aux détails sur le plan visuel, par
exemple, l’utilisation de différents animaux (chien, coq, chat, serpent,
tortue) comme motif pour chaque section, l’auteur/réalisateur/monteur/acteur Kim Ki-duk a créé une histoire
universelle sur l’essence humaine, de l’Innocence, en passant par l’Amour et le
Mal, à l’Illumination et enfin, au Renouveau.
Un des réalisateurs les plus populaires de la Corée, souvent appelé le
« jeune homme en colère» du cinéma coréen, Kim Ki-duk, 42 ans, est autodidacte. Il a travaillé dans des
usines,
a servi dans l’armée, a étudié les beaux-arts à Paris –
en vendant ses peintures dans les rues
de la France – avant d’entreprendre sa carrière
au cinéma en 1996. Depuis, au rythme impressionnant d’un film par année, Kim marque le cinéma international avec des films comme L’Île (World Cinema Award au Sundance Film Festival en 2000), Address Unknown, Coast Guard et Samaria(Ours d’Argent du meilleur
réalisateur au Festival de Berlin en 2004).
Printemps, été, automne, hiver… et printemps est distribué au Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (4 août, 2004)
Notre première impression est celle de la Beauté
(pure) et de la sérénité! Mais on découvre que la sérénité des Hommes vient de la vie et d’expériences
pas toujours heureuses. Que tout porte son contraire : ce pour quoi on est
heureux peut aussi être ce pour quoi on est malheureux Un film sur la vie et
nos apprentissages.
Un film sur une autre culture – bouddhique – où
les leçons ne s’apprennent pas seulement par la lecture ou l’école, mais aussi
par expérimentation. Quand le jeune disciple s’amuse à attacher de petits
animaux (poisson, grenouille et serpent) à de petites pierres pour le plaisir
de les voir « travailler » (souffrir), le maître l’observe. Dans la
nuit il lui attache une pierre à la taille pour qu’il expérimente à son tour et
lui donne pour tâche de retrouver les animaux ainsi attachés pour découvrir le
résultat de son jeu…
On suit les saison, mais sur long le court, car
chaque saison correspond à une étape de la vie (printemps/jeunesse;
été/adolescence, automne/jeune adulte…) et chaque étape de la vie amène ses
découvertes avec ses joies et ses souffrances. Ainsi à l’été/adolescence, c’est
la découverte du désir et de l’amour… alors qu’à l’automne (jeune adulte),
c’est la découverte de la possession et de la jalousie… qui peut conduire aux
drames humains! Le maître lui dit à peu près ceci quand il revient au
temple suite à un drame passionnel: « Si tu la désirais, d’autre aussi la
désireraient, car elle était désirable! Ainsi est la vie dans le monde des
hommes. » (1)
Un grand et beau film, autant dans sa facture
que sa philosophie – verbale et non verbale, car l’image et le geste parlent.
L’essence du bouddhisme; l’essence humaine!
Note :
1. Le drame en question est qu’il a assassiné sa femme à cause de la
douleur de se sentir trompé. Mais à travers sa femme était-ce son suicide qu’il
cherchait? Je pose la question, car cela rejoint un passage lu cette semaine
concernant le meurtre comme suicide :
« De même que la psychologie sait que les gens qui se suicident
sont au fond les meurtrier d’un autre, de même il y a des meurtriers qui au
fond se suicident, en s’anéantissant eux-mêmes dans l’autre. » (Sloterdjik, Peter, 1987, 2000, Critique de la
raison cynique, France : Christian Bourgois éditeur, p. 128)
Ce passage questionnait le meurtre de sa femme
par le philosophe Althusser, vu la scission entre son amour du dogme marxiste
et sa découverte d’une « coupure épistémologique » dans l’oeuvre de
Marx qu’il ne pouvait supporter. Notre héros vit ici le même drame
épistémologique entre l’Homme idéal, auquel il aspire par le bouddhisme, et l’homme
de la vie qu’il découvre par l’accouplement hors de l’enclos monastique! C’est
une question philosophique fondamentale entre ce que l‘on est et nos
aspirations, qui remonte d’avant Platon, qui parlait de l’Homme comme d’un
idéal à atteindre, et Diogène le cynique qui lui opposait les hommes de la rue!
Car si Platon voyait dans les systèmes le dépassement de l’homme (le tout
dépasse la somme des parties), Diogène y voyait que les hommes useront toujours
d’ingéniosité pour conserver un espace de liberté et déjouer les systèmes!
L’homme ne peut se réduire à une part de la communauté (communautarisme ou
communisme) tout comme il ne se limite pas qu’à soi (individualisme), car il
est un être social; un individu liés aux autres, à la société! (A ce sujet voir
Guillebaud,
Jean-Claude, 2003, Le goût de l’avenir, Paris: Seuil)
MARIA FULL OF GRACE
Sortie: 30 juillet 2004
DURÉE : 101 minutes
Réalisateur: Joshua Marston
Mettant en vedette: Guilied
Lopez, Catalina Sandino Moreno
GAGNANT / WINNER – AUDIENCE AWARD – 2004 SUNDANCE FILM FESTIVAL
BEST ACTRESS / BEST FIRST FILM – 2004 BERLIN FILM FESTIVAL
Une jeune
colombienne fait tout pour quitter son pays et rejoinder
les États-Unis. Elle accepte alors de
transporter un demi-kilo d’héroîne
pour entrer en Amérique.
Maria Alvarez (Moreno), an intelligent and fiercely independent
17-year-old girl from Columbia who agrees to smuggle a half-kilo of heroin into
the United States.
COMMENTAIRES de
Michel Handfield (30 juillet, 2004)
La Colombie. Des conditions économiques et de travail difficile. On
peine à survivre, ce qui fait que l’industrie de la drogue est vue comme un «
by-pass » vers de meilleures conditions de vie! Pour Maria, jeune fille
vive et intelligente, pour qui la vie semble confinée à équeuter des roses pour
permettre à sa sœur de payer des soins au bébé, le travail de « mule
« (avaler de la drogue pour la faire passer aux Etats-Unis) semble une
voie de sortie, de liberté.
Mais ce travail n’est pas facile, car on y risque sa vie à plus d’un titre;
que ce soit une capsule de drogue qui fend, et c’est la mort par overdose, ou
que ce soit à cause du milieu dans lequel on plonge, car ces mules n’y sont pas
vraiment préparées. C’est dans cet univers que nous amène ce film, mais du
point de vue de la personne qui le fait pour sortir de son milieu - et qui n’a
pas nécessairement un background ou des antécédents criminels. Elle n’y voit
qu’une porte de sortie à un avenir bloqué et des problèmes économiques qui sont
aussi ceux d’un peuple et d’un pays. Car l’ultralibéralisme économique – ou
néolibéralisme – n’est pas qu’un concept philosophique; c’est une réalité qui
frappe de plein fouet les pays qui doivent réduire leurs protections
économiques et sociales pour répondre aux nouvelles lois du marché. On en
revient aux conditions du capitalisme sauvage, que Marx dénonçait dans Le
Capital, où le travail n’assure pas nécessairement la survie des ouvriers ni de
leur famille.
Par contre, l’économie parallèle de la drogue, vu le risque et la
plus-value plus élevée du produit, offre des conditions alléchantes de revenus.
C’est la loi du libre marchée, pourtant si appréciée du néolibéralisme, qui
fait que ce marché est si alléchant, car il n’est pas encore contrôlé par une
poignée de firmes multinationales qui peuvent écraser les pays producteurs. Là
est le paradoxe du néolibéralisme qui se réclame du capitalisme de marché,
mais qui contrôle toute concurrence en imposant une dégradation des conditions
de travail et des prix sur la planète de par la présence de quelques firmes
transnationales qui peuvent jouer les États les uns contre les autres et
contrôler les marchés, vu leur capacité d’achat à l’échelle planétaire et leurs
moyens de distribution oligopolistique dans les grands marchés du monde!
L’orthodoxie libérale était basée sur la concurrence entre des firmes
comparables sur un marché national alors que nous sommes maintenant face à
quelques grandes firmes transnationales, plus forte que les Etats nations, et
qui décident de ce qui sera offert dans « leur » marché, à quel prix
et, surtout, où et à quelles conditions il sera produit, car les grandes
entreprises de distribution, comme Wall Mart, ont gagné la capacité de faire produire ce qu’elles
veulent par des sous-traitants (surtout asiatiques) de façon à imposer leurs
prix et leurs conditions de production par le fait même! Elles peuvent même
limiter ou empêcher l’accès des marques nationales à leurs tablettes si
celles-ci ne répondent pas à leurs conditions. Le marché, qui était la
rencontre des consommateurs et des producteurs est maintenant remplacé par le
distributeur/vendeur qui fournit son espace tablette à ses conditions! Ce n’est
pas un hasard si de plus en plus d’emplois de productions sont délocalisés vers
des pays en voie de développement et que tout ce qui reste dans les pays
développés ne sont plus que le marketing, la gestion, le design et le contrôle
de la qualité. Nos entreprises, grandes marques incluses, deviennent des
donneurs d’ordres et des agents de marques de commerce, la production étant
faite ailleurs et à un moindre coût pour répondre aux diktats des distributeurs
qui ont pris en otage le marché; qui sont dorénavant le marché! Ceci ne peut
que faire en sorte que les économies parallèles de la drogue, de la
prostitution et parfois de « l’esclavagisme » (notamment par le
travail illégal et sous les normes en vigueur, même dans les pays
industrialisés, pour concurrencer la production tiers-mondiste) ne deviennent
des façons de s’en sortir alors qu’elles sont illégales, car les anciens producteurs
(travailleurs) ne sont plus que des clients et pour conserver ce seul statut
qu’il leur reste ils se doivent d’avoir des dollars pour consommer, peut
importe leur source! D’ailleurs vous a-t-on déjà demandé d’où vient votre
argent lorsque vous faites une transaction dans une grande chaîne? Money talk!
C’est ce qui fait que le travail de « mule », ce qu’expérimente Maria
dans ce film, et tout ce qui tourne autour de la production et de la vente de
la drogue exerce un tel appel dans les pays pauvres, mais aussi dans les
milieux défavorisés des pays développés. Ce n’est pas un hasard et les
changements économiques des dernières décennies ont certainement eu un impact
positif sur le recrutement dans ce milieu. (1)
Des questions doivent être posées. Non pas sur le fait qu’un marché
illégal soit un marché profitable, mais plutôt sur le fait que s’il y a libre
marché, le libre marché étant défini comme l’échange entre un vendeur et un
acheteur consentant en toute connaissance de cause, comment se fait-il que certains marchés
soient encore illégaux? Le marché est libre ou ne l’est pas! Cela fait l’affaire de qui que le marché de
la drogue ne soit pas libre, puisqu’il existe et qu’il est alimenté de toute
manière? L’illégalité, créant de la rareté, est-elle plus profitable que la
légalité? D’ailleurs, ne serait-il pas plus facile de combattre, ou à tout le
moins de contrôler, l’usage de la drogue si elle était légale? Non? Pourtant
n’est-ce pas ce que l’on a réussit avec la cigarette et l’alcool? A qui profite
ce marché?
Un film au regard humain et qui permet de poser des questions pour aller
plus loin. D’ailleurs les notes de presses contenaient des statistiques et des
informations sur le sujet que nous avons reproduites plus bas vu leur intérêt
(voir BACKGROUND FACT SHEET). Ce n’est certes pas un hasard, mais
une invitation à aller plus loin que les apparences, qui voudrait que ce
soient des criminels! Mais pourquoi? Qui, quel système, les a forcé à commettre
ces gestes? L’OMC en détruisant les économies locales? Les multinationales, en
imposant une chute des prix des matières premières et des salaires, surtout là
où ils étaient déjà bas et sans protection sociale, politique ou syndicale? Si
des populations entières voient leur survie assurée par produits illicites,
n’est ce pas le signe d’un problème qui
dépasse la simple criminalité? Un problème structurel? Une conséquence
inhérente au système économique mondial? Suit aussi une bibliographie
pour nos lecteurs qui veulent aller plus loin dans la réflexion.
NOTE
1. Voici deux
citations de Noam Chomsky (De la propagande) concernant justement la
Colombie et allant en ce sens :
« La Colombie, par exemple, était productrice de blé il y a
trente ou quarante ans. Mais cette production a été sapée par le programme Food for Peace [« Nourriture
pour la Paix »] des Etats-Unis dès les années 1950, qui a submergé la
Colombie de produits agricoles subventionnés. Du coup, l’une des exportations
principales était obsolète. » (Chomsky, p. 104)
Et…
« (…) Du coup les petits producteurs de café ont été éliminés.
A ce stade, les choix ne sont pas très nombreux. On peut partir pour la
ville, s’installer dans les bidonvilles et se faire tuer comme quantité
négligeable par la police. Ou l’on peut passer en
marge de la légalité et faire pousser quelque chose qui permettra de vivre.
C’est agir en capitaliste rationnel, comme vous y invite l’Ouest. C’est agir en
paysan rationnel dans les conditions imposées par les Etats-Unis. On cultive de la coca. » (Chomsky, p. 104)
BACKGROUND FACT SHEET
(Alliance Atlantis Vivafilm)
The vast bulk of the
world’s supply of opium poppy and coca bush are produced in South America (coca
bush and opium poppy) and Southeast and Southwest Asia (opium poppy). These
crops are not grown on any scale in the United States, Canada or Europe, and so
must be imported to consumers in those markets. Along with cannabis, opium
poppy and coca bush are the most popular major plant -based narcotics.
The advent of the jet era
and the proliferation of international air routes opened up an efficient new
method of smuggling illicit narcotics from producer countries to consumer
markets. One method of avoiding detection was swallowing pellets containing
drugs, or inserting them into the body. The first reported case of “body
packing” was in 1973 in Toronto, when a man was admitted to a hospital with a
small-bowel obstruction developed 13 days after he had swallowed a condom
filled with hashish. (1) Officials at JFK International Airport first began to
encounter and intercept drug swallowers and inserters
in the early 1980s.
Given the illicit nature of
drug trafficking, data regarding mules is necessarily
incomplete. The statistics cited
below are intended only to provide background context for the story told in
Maria Full of Grace.
• Average amount of heroin
or cocaine contained in an individual pellet swallowed by a drug mule: 10 grams
(approximately 0.4 ounces) (2)
• Number of pellets an
average swallower can ingest: 80-125 (800 grams –
1.25
kilograms) (3)
• Potential earnings for a
single drug-mule run (in US dollars): $5000 - $8,000(4)
• Average annual income in
Colombia 2002 (in US dollars): $1,830 (5)
• A kilogram of heroin
refined from $4,000 worth of opium gum can fetch from $75,000-$100,000 on
arrival in New York. The kilo delivered by the courier is immediately taken to
a drug “mill” where it is cut with a diluting substance and repackaged in about
35,000 glassine envelopes for sale at $10 – a dime bag – netting a total of
$350,000 on the street.(6)
• Estimated amount spent by
Americans on cocaine and heroin annually:
$46 billion (7)
• Estimated number of
Americans considered “chronic” or occasional users of cocaine and heroin: 6
million (8)
• South American heroin
predominates in the northeast market and many cities in the South (Baltimore,
Atlanta, Miami, Washington DC) and the Midwest
(Chicago, Cleveland, Detroit) (9)
• Percentage of rural
Colombians living in poverty, 2001: 80% (10)
• Recorded unemployment
rate in Colombia, 2002: 15.65% (11)
• Number of internal drug
mules (swallowed and inserted) intercepted at JFK for Fiscal year 2003
(10/1/2002-9/30/2003): 145 (12)
Breakdown by sex: 38 female
(26% of total), 107 male (74% of total)
Youngest: 17 years of age
Oldest: 65 years of age
• Number of internal drug
mules (swallowed and inserted) intercepted at JFK for fiscal year 2004 to date
(10/1/2003 through 4/30/2004, not counting seizures currently in process: 57
(13)
Breakdown by sex: 23 female
(40% of total), 34 male (60% of total)
Youngest: 16 years of age
Oldest: 72 years of age
Notes:
1. New England Journal of
Medicine, Dec. 23, 2003, “Body Packing — The Internal
Concealment of Illicit Drugs” by Stephen J. Traub,
M.D., Robert S. Hoffman, M.D., and Lewis S. Nelson, M.D.
2. Source: U.S. Dept. of
Justice, National Drug Intelligence Center, “New Jersey Drug Threat
Assessment,” May 2001
3. ibid.
4. Source: Radio
Netherlands, “Mule Work in Colombia,” by Toby Muse, May 30, 2003
5. Source: the World Bank
Group, preliminary estimates for 2002
6. New York Times, February
20, 1999, “A Pipeline of the Poor Feeds the Flow of Heroin” by Christopher S.
Wren
7. Source: “More Terrible
than Death: Massacres, Drugs, and America’s War in Colombia,” by Robin Kirk,
published in the United
States by Public Affairs™,
2003, p. xvi
8. ibid.
9. Office of National Drug
Control Policy, Pulse Check, Trends in Drug Abuse, January 2004
10. Source: Government of
Colombia, Departamento Nacional
de Planeacíon, La economía Colombiana: del ajuste económico a la reactivación (Bogotó, DNP 2002);
cited by The Center for International Policy’s Colombia Progject
11. Source: The Economist
12. Source: U.S. Customs
and Border Protection, Dept. of Homeland Security, New York office
13. ibid.
BIBLIOGRAPHIE
Quelques livres pour
aller plus loin sur le système économique mondialisé, sur la destruction
d’économies nationales et sur la drogue.
Arnsperger, Christian, et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique économique et
sociale, France : La Découverte/repères
Bauman, Zygmunt, 1999, Le coût
humain de la mondialisation, Paris: Hachette Pluriel
Chomsky, Noam, 1996, Les dessous de la politique
de l’Oncle Sam : écosociété
Chomsky, Noam, 2002 (2003), De la propagande –
entretiens avec David Barsamian, Paris: Fayard coll.
10/18
Chomsky, Noam, 2003 (2004), Le profit avant
l’homme, France : 10/18
Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur,
France : Michel Lafon
Avec une préface de Jean Ziegler (ancien
député du Parlement de la Confédération helvétique et rapporteur spécial de
l’ONU nous dit-on, mais il fut aussi prof de sociologie à l’université de
Genève) Le terrorisme et l’empire, pp. 9-14.
Moore, Michael, 2004 (2000), Dégraissez-moi ça!
Petite balade dans le cauchemar américain, Paris : 10/18
Sauloy, Mylène, et Le Bonniec,
Tarondeau, Jean-Claude, et Xardel, Dominique, 1985, La distribution, France: P.U.F., «que sais-je?»
Ziegler, Jean, 1998, Les
seigneurs du crime, Paris: Seuil.
Ziegler, Jean, 1999, La faim
dans le monde expliqué à mon fils, France: Seuil
Ziegler, Jean, 2002,
Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent, France : Fayard
HYPERLIENS
.
http://www.apple.com/trailers/fineline/mariafullofgrace/
http://www.mariafullofgrace.com/
La
Planque
Film
d’Alexandre Chartrand et Thierry Gendron
Avec
Martin Desgagné et Pierre-Antoine Lasnier
A
l’affiche au cinéma Beaubien à compter du 30 juillet
Montréal, 13 juillet 2004 — Après plus de quatre
années de multiples démarches, les deux scénaristes réalisateurs de La Planque
sont parvenus, avec un très modeste budget, à mener à terme ce long métrage qui
a séduit le public des derniers Rendez-vous du cinéma québécois. Déjà
collaborateurs pour la réalisation de Sans titre, Alexandre Chartrand
et Thierry Gendron ont réussi à produire La Planque sans la Sodec,
sans Téléfilm, sans le Conseil des arts, sans l’ONF, sans la télévision.
Ayant volé plusieurs kilos d’héroïne au chef de gang,
deux petits trafiquants attendent, bien planqués, ceux qui viendront prendre
possession de la drogue et leur verser les 12 millions de dollars qu’elle vaut.
Mais qui arrivera le premier à la planque ? La méfiance s’installe
entre les deux hommes et l’isolement les fera basculer dans un huis clos
oppressant dont l’enjeu sera leur survie.
Rappelant que le soutien aux films d’auteurs fait
partie de la mission de K-films Amérique, Louis Dussault dit avoir été séduit par ce film qui n’a suivi
aucune trajectoire normale tracée par les aides publiques (Sodec,
Téléfilm etc.), non pas parce que ces instances ont refusé le projet, mais
parce qu’on n’a pas sollicité leur participation à sa production. « Il
faut le dire et le redire, La Planque a été financé par des salaires genre
Emploi Québec et des fonds privés. Il est le fruit d’une volonté commune
des deux auteurs, mais aussi des comédiens Martin Desgagné (Full Blast, Fiori dans la télésérie Harmonium) et Pierre-Antoine
Lasnier (La Vie avec mon père, Les Aventures
tumultueuses de Jack Carter), aussi associés au scénario. » Le distributeur
raconte qu’après le visionnement, il avait peine à croire que deux acteurs
aient ainsi pu le tenir en haleine pendant 73 minutes… Les directeurs du
Cinéma Beaubien et du Cinéma Le Clap à Québec ont réagi avec le même
enthousiasme, tout comme Téléfilm qui a accepté d’en épauler la distribution.
Il faut maintenant établir le contact avec le public,
poursuit Louis Dussault, demandant aux journalistes
et chroniqueurs de prendre le relais, pour faire en sorte, s’ils aiment le
film, de lui offrir la visibilité nécessaire pour rejoindre les spectateurs. «
Nous avons au Québec un public ouvert aux autres cinématographies et aux films
différents, dont la passion alimente les cinéastes qui veulent le surprendre.»
Commentaires de Michel Handfield
(23 juillet, 2004, mis en ligne le 30)
Film
que je qualifierai d’expérimental. Les acteurs avaient une trame narrative et
un lieu, non un scénario, et devaient jouer avec ce qu’il contenait,
improviser. L’éclairage du film aussi était naturel, ce qui fait un effet
particulier surtout pour les scènes de nuit à la lampe ou avec les seuls phares
de voiture comme éclairage. Le tournage
vidéo se faisait à deux caméras.
Un
film « rough », sale, comme le milieu d’où ils sont - un milieu
parallèle, « fucké », sous underground! Les
acteurs n’ayant pas de scénario précis, devant improviser, sont sur la corde
raide et plus tendu ce qui crée un jeu très viril allant avec le propos du
film. On est témoin de leurs interrelations, de leurs paranoïas montantes, de
leurs rapports amitiés/haines et de leurs relations avec un troisième
personnage que l’on ne voit pas, mais qui s’insère insidieusement entre
eux.
On
est ici dans un « film réalité », comme dans une
« téléréalité », car le contexte du film (situation, lieu de
tournage, environnement et canevas de scénario)
est contrôlé, mais pas le jeu des acteurs! C’est plutôt la trame, la
situation imposée par le canevas, qui force le jeu des acteurs un peu comme
dans la « téléréalité » les règles du jeu forcent les comportements.
(1)
Ce
type de film a certainement nécessité beaucoup de travail de préparation et de
recherche, car le lieu de tournage fait partie intégrante de ce processus de
création cinématographique. Une expérience pour cinéphiles.
Note :
1. Pour le parallèle, la « téléréalité »
place des gens dans un contexte (loft par exemple), avec un objectif commun
(chanter, se faire un chum, former un couple et que sais-je encore), des règles et des situations imposées, mais
laisse les concurrents improviser dans ce milieu fabriqué. Leurs comportements
ne sont pas scénarisés, mais le contexte fait en sorte que le jeu ne peut que
suivre une certaine direction, une certaine pente. L’appât du gain et le fait
d’être choisi par les téléspectateurs fait en sorte que les comportements sont
dictés par des calculs stratégiques. Le
canevas de l’émission – à défaut d’un scénario précis - et le choix des candidat(e)s
impose le climat qui donne le ton aux concurrents/acteurs dans leurs
improvisations. Il y a le/la « bitch », le/la fin(e), le/la
naïf/naïve, le/la stratégique, etc. dont le comportement ne pourra qu’être
exacerbé par le contexte et le montage final, car la téléréalité c’est de la
télé, pas la réalité! Le jeu, la règle, en impose en quelque sorte la
direction. Comme dans ce film. Un film réalité, c’est à dire une fiction jouée
de façon libre par des acteurs placés dans un environnement qui ne pouvait
qu’imposer une certaine direction à défaut d’un scénario précis. C’est ce qu’on
appelle « le Pouvoir écologique : c’est celui
qui est basé sur la manipulation des conditions matérielles ou environnementales,
par exemple l’utilisation de l’espace architectural ou géographique pour
contrôler les gens. »
(Vaillancourt, Jean-Guy et Vaillancourt, Pauline, « Les bases du
pouvoir dans les nouvelles formes d’organisation du travail », in
ACSALF, Travailler au Québec (Colloque 1980) éd. Coop. Albert
Saint-Martin, Laval, 1981, p. 36)
Sortie le 9 juillet
Le film sera projeté dans sa version
originale en anglais au Forum.
Go Further
de Ron Mann, qui combine rires et leçons, suit l'acteur
et activiste Woody Harrelson
dans un périple de « vie organique simple » le long de la côte du Pacifique. Ce
documentaire écologique a été voté « le préféré du public » lors du Festival du
film de Toronto 2003 et a été nominé pour meilleur documentaire aux 2004 Genie.
C’est l’été
2001 lorsque Woody Harrelson
et ses copains, les Merry Hempsters,
entreprennent une randonnée à bicyclette de 1 300 km,
de Seattle à Santa Barbara, accompagnés d’un bus
ravitaillé à l’huile de chanvre. Leur but est de démontrer
« comment vivre sans endommager la terre ».
Parmi les Merry Hempsters, se trouve un activiste de chanvre et un
instructeur de yoga, ainsi qu’une chef d’alimentation crue, Renee
Loux Underkoffler, qui a copublié avec Woody Harrelson un livre intitulé Living Cuisine: The Art and Spirit of Raw Foods, et un accro de « junk food », Steve Clark, qui se
convertit aux hamburgers de chanvre avec de la gomme.
En chemin, les Hempsters
rencontrent un fou de la terre (un éleveur crée un thé de vers qui sert de fertilisant),
un entrepreneur (un fabricant de papier vend de la papeterie en chanvre à des
sociétés comme Nike) et des éclectiques (des musiciens jouant des instruments
électriques alimentés par des personnes actionnant des vélos d'exercice).
L’idée du voyage
leur est venue de celui qu’avaient entrepris l’auteur et activiste Ken Kesey avec les Merry Pranksters, dans les années 60. Lors d’un détour pour
visiter Ken Kesey (peu de temps avant sa mort), les Hempsters retrouvent leur ancien bus.
Des amis musiciens,
comme Dave Matthews, Bob Weir
des Grateful Dead, Anthony Kiedis des Red Hot Chili Peppers, Natalie Merchant,
Michael Franti, Medeski,
Martin et Wood, et String Cheese Incident, se
joignent à eux à l’improviste pour jouer.
Comme acteur, Woody Harrelson est connu pour ses rôles à la télévision (Cheers) et au cinéma (The
People vs. Larry Flynt).
Comme activiste, il a fait la une des journaux internationaux lorsqu’il a
contesté le droit de l’État du Kentucky en plantant des graines de chanvre.
Le film est produit et réalisé par le réalisateur de
documentaires acclamé de Toronto, Ron Mann (Grass – narration par Woody Harrelson, Comic Book Confidential,
Twist).
Living Cuisine est en vente au Canada par Penguin.
Go Further est distribué au Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (16 juillet, 2004)
Le documentaire a
actuellement la côte avec Fahrenheit 9/11 de Michael Moore ou avec Supersize Me de Morgan Spurlock.
Ici on est dans un documentaire plus conventionnel, où la caméra suit Woody Harrelson et son groupe dans leur périple le long de la
côte du Pacifique. S’y ajoute ceux qu’ils croisent, ceux qu’ils visitent et
ceux qui se joignent à eux. Un genre de « Road Movie »
branché sur l’environnement… en bus au biodiesel et en bicyclette!
Naturellement on
ne peut parler de conscience écologique sans parler de politique, philosophie,
mode de vie, consommation, bouffe et
« malbouffe »! On souligne naturellement les super format (super
size) des chaînes de restauration rapide, ce que j’ai vu comme un clin d’œil à
« super size me », le film de Morgan Spurlock!
Ce voyage sur la
côte ouest permet des choses aussi simple que d’aller à l’épicerie, mais c’est
en même temps une occasion de conscientisation et d’éducation. Car que met-on dans
notre assiette? Du bio ou du chimique? Ça devient alors le prétexte à aller
plus loin. De montrer les fermes bios et traditionnelles, qui utilisent les
pesticides étendus par tracteur ou par avion dans les champs!
En fait, je me
demande bien pourquoi ce n’est pas la ferme bio qui
est traditionnelle? Car en réalité, dans l’histoire de l’humanité, le bio date
depuis bien plus longtemps que l’agriculture chimiques et génétiquement
trafiquée! On a parfois de ces détournements de sens, ce qu’un tel film nous
permet de voir!
Leur tourné vise
la conscientisation, notamment par des conférences dans les universités. Le
film vise et atteint le même but chez le spectateur, peut être même plus que
par les conférences, car on voit leurs comportements qui sont en accord avec
leur philosophie globale qui vise à la fois le respect de l’environnement et la
liberté. Dans ce cas on peut parler de globalité philosophique, celle-ci allant
de l’alimentation bio à la pratique du yoga tout en
laissant une liberté, car tous ne vont pas aussi loin dans cette philosophie et
ce mode de vie. En fait, la philosophie environnementale n’est pas une prison,
juste un respect de soi et des autres. Le junk food n’est pas interdit, mais il serait bien meilleur s’il
était bio faut le reconnaître! Conscientisation. A quand le McTrio
bio à l’huile de canola?
Ce qui est
fascinant, c’est le fait que certaines bonnes gens sont choquées parce que l’un
d’eux se balade avec le drapeau US à l’envers sur son vélo. Il ne le mutile
pas, il le mets juste à l’envers en guise de protestation – une façon
d’exprimer que son pays va à l’encontre du bon sens! Une dame dit que cela
l’empêche d’écouter leur message…
Quel
nationalisme, où le drapeau devient le message! Ainsi, si on respecte le
drapeau, est-ce dire que l’on peut-on empoisonner les gens à coup de pesticide
et d’usine sans qu’ils ne réagissent? Qu’on peut les amener jusqu’à la guerre
sur des motifs qui n’existent pas? Ça me fait penser à un passage du dernier Harper’s
magazine :
« And so, here we were, invading a country in
order to get rid of biological weapons that in fact did not exist while in our
own back yard loomed a veritable monument to germ warfare, a fairly
magnificent, in-the-flesh biological-weapons plant in all it’s
faded glory, with the whole of its original, lethal germ-weapons production
system still inside it. » (1)
J’ai l’impression que l’on rejoint ici l’inconscient des
Etats-Unis et une perversion de leur nationalisme qui fait que l’inacceptable
est acceptée au nom de la raison d’État et de l’idéologie de la libre
entreprise. Être menacé par des armes chimiques fictives est inacceptable;
menacé par des comportements d’affaires qui ne respectent pas l’environnement
et la santé (2) est accepté au nom du « profit avant l’homme »! (3)
God Bless America… et surtout ne touchez pas au drapeau, même si
c’est pour conscientiser les citoyens.
Il faudra toute
une révolution pour que ce peuple de consommateurs prenne conscience qu’ils
sont aussi citoyens du monde. « A revolution!
Communal evolution! » comme
on le dit vers la fin du film. Que dire de plus.
Notes :
1. Ed Regis, « Our own
anthrax. Dismantling America’s
weapons of mass destruction », in Harper’s
Magazine, July 2004, p,. 69
2. Pensons à l’abandon du protocole de Kyoto, l’usage de
pesticide, la surconsommation énergétique, et tant d’autres choses décriées par
les milieux environnementaux et scientifiques même états-uniens – Voir le site
d’Union of Concerned Scientists:
www.ucsusa.org/
3. Clin d’œil au titre du dernier Noam Chomsky que nous avons reçu:
Chomsky, Noam, 2003 (2004), Le
profit avant l’homme, France : 10/18
Hyperliens :
www.sphinxproductions.com/pages/film_gofurther.html
www.spitfiretour.org/woody.html
www.voiceyourself.com/ (Vu sur un ordi dans le film)
www.stopesso.com/ (Vu affiche dans le film)
THE
MOTHER
en salle le 9 juillet
Cinéma
Parallèle (Ex-Centris)!
3536,
boulevard Saint Laurent, Montréal.
Le film sera projeté dans sa version originale
anglaise avec sous-titres français.
The Mother , qui a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs
au Festival de Cannes 2003, jette un regard nouveau sur l’âgisme avec
l’histoire douce-amère d’une grand-mère dans la soixantaine qui se lance dans
une histoire d’amour avec l’amant de sa fille, de 30 ans son cadet. Le
film réunit le réalisateur Roger Michell (Notting Hill) et le scénariste Hanif
Kureishi (My Beautiful Laundrette et Intimacy), l’équipe anglaise ayant produit la série primée
de la BBC, The Buddha of Suburbia.
Avec l’actrice de théâtre anglaise Anne Reid et l’acteur anglais Daniel Craig
(Sylvia).
May (Anne Reid) est une grand-mère ordinaire de la
campagne anglaise. À la mort de son mari, lors d'une visite dans sa famille à
Londres, elle décide de s’installer dans la ville où habitent ses enfants . Son fils marié est absorbé par sa vie de jeune
cadre dynamique, tandis que sa fille mère célibataire considère May comme une babysitter. Même les petits-enfants de May sont tellement
centrés sur leur propre vie qu’ils font à peine attention à elle. May craint de
devenir l'une de ces vieilles femmes dont la vie touche à son terme.
Cependant May se sent toute émoustillée lorsqu’elle
rencontre Darren (Daniel Craig), un rénovateur viril, dans la trentaine, qui
rénove la maison de son fils et couche avec sa fille. Leur relation commence
par un déjeuner, une ballade, un baiser, puis May ose simplement demander à
Darren : « Viendriez-vous avec moi dans la chambre d’amis, le voulez-vous
bien? »
Les œuvres de fiction ne parlent pas souvent du fait
que des gens, surtout des femmes de plus de 60 ans, ont
une sexualité qui ne s’est pas éteinte brusquement. Hanif
Kureishi fait observer que la génération des années
60, la génération qui nous a apporté la révolution sexuelle, se trouvera
bientôt à la place de May. « Ça vaut la peine d’y penser. »
La cinématographie est signée Alwin
Küchler (Morvern Callar), qui a filmé dans des conditions naturelles, se
servant uniquement de la lumière existante. Les scènes de tournage à Londres
incluent la nouvelle Tate Modern Art Gallery.
The Mother est distribué au Canada par Mongrel
Media.
Commentaires de Michel Handfield (7
juillet, 2004)
D’abord un choc des générations lorsque les parents
viennent visiter leurs enfants à
Londres, car leur vie n’est pas la même par rapport à leurs habitudes de la
campagne. Choc plus dur pour le père, qui semble plus conservateur, face à ce monde où les barèmes ne semblent plus
les mêmes. Ce dernier décède même subitement lors de cette visite.
Face à la solitude pressentie, May décide de rester
chez son fils. Là elle découvre leur vie et celle de sa fille. Mais elle se
questionne aussi sur la sienne. Des questions sur ses relations avec ses
enfants dans le passé surgissent.
On est dans le jeu des relations humaines, de la
psychologie, des désirs refoulés, des interprétations différentes du passé et
du présent et les reproches de part et d’autres qu’impliquent nécessairement
les différences de perception mère/enfants sur ce passé… et le présent! Il y a
place à une large gamme d’émotions incluant l’humour. Ainsi quand la fille dit
que son passé lui coûte cher de psychologue, la mère lui répond que dans le
temps on allait chez le coiffeur!
Des désirs refoulés refont aussi surface. Elle a du
désir, mais est-elle encore désirable? Et si elle essayait de flirter… avec ce
beau jeune homme qui travaille chez son fils et qui est l’amant de sa fille! De
quoi se sentir désirable, mais certainement pas de quoi améliorer ses relations
avec ses enfants.
On est face à un film ou rire, sourires et émotions
sur les carences psycho-socio- affectives se
côtoient! Un film tendre et tordu à la fois… avec le plus beau flegme
britannique naturellement!
Montréal, le 8 juin 2004 — Le 9 juillet prochain, CAMPING
SAUVAGE, une comédie basée sur une idée originale de Tony Roman et
orchestrée par Guy A. Lepage et ses complices,
prendra l’affiche partout au Québec. Écrit par Luc
Déry, André Ducharme et Yves Lapierre et coréalisé par Guy A. Lepage et Sylvain Roy, CAMPING SAUVAGE met notamment
en vedette Guy A. Lepage, Sylvie Moreau et Normand
D’Amour. La
musique du film, signée Ramachandra Borcar (Ramasutra), nous plonge dans une ambiance estivale et sera
disponible en magasins début juillet sous étiquette Canusa. Produit par Lyla
Films et Ciné-Roman, CAMPING SAUVAGE est
distribué par Vivafilm.
Après avoir fait équipe sur divers projets dont la réalisation des
émissions de la populaire télésérie Un Gars, une fille, Guy A Lepage et Sylvain Roy signent leur première réalisation cinématographique
avec CAMPING SAUVAGE. Pour ce premier film, Guy A. Lepage
a d’ailleurs joué trois rôles, dont deux derrière la caméra, soit à titre de
coréalisateur et producteur à la création.
Quant à Sylvie Moreau (Catherine, Dans une galaxie près de chez vous),
elle se retrouve sous les traits de la belle Jackie Pigeon, celle qui guidera
Pierre-Louis à travers les méandres de la vie de campeur.
Le scénario de CAMPING SAUVAGE, d’après une idée originale de Tony
Roman, est le fruit de la collaboration de Luc Déry et Yves Lapierre (la série
télé Radio-Enfer; Les Boys de Louis Saïa) et d’André Ducharme (Rock et Belles Oreilles; Un
gars, une fille). « Il paraît que quand les scénaristes sont contents,
c’est parce que le film est bon. Alors
nous sommes très fiers de dire que nous sommes très contents. Écrit à trois,
produit à deux et réalisé à deux et demie, Camping
Sauvage n’est définitivement pas un film comme les autres »,
déclarent les trois acolytes.
CAMPING SAUVAGE met également en vedette Normand D’Amour (Lance
et Compte; Watatatow; Emma), Benoit Girard (Bunker,
le Cirque; La Vie, la vie), Réal Bossé (Dans une galaxie près de chez
vous; La Grande Séduction), Stéphane Jacques (Fortier; Le Piège; La Vie
après l’amour), Yves Pelletier (Histoires de filles; Karmina),
Emmanuel Bilodeau (Un crabe dans la tête, Grande Ourse), Louis Champagne
(Un crabe dans la tête; Grande Ourse), Sylvain Larocque
(Le Grand Blond avec un show sournois; Piment Fort), André Ducharme (Méchante
semaine; Science-Friction), Denis Trudel (Tabou;
Fortier III) et Stéphane Demers (Fortier; Chartrand
et Simonne).
Pierre-Louis Cinq-Mars est un citoyen honnête et intègre. Sa vie bascule quand il dénonce un délit
de fuite dont l’auteur est le chef d’une bande de motards qui ne le lâchera pas
d’une semelle. Placé sous le programme
de protection des témoins de la police, Pierre-Louis se réfugiera au camping
Pigeon sous le regard attentif de la propriétaire Jackie et du Sergent Benoît Bédard. Il y fera aussi la
connaissance de Bouton, Barbu, Scratch, Brake, Ti-Caille et Sniff — les Wannabees,
le « Club Z » des motards.
Le film a été produit par Lyse Lafontaine de Lyla
Films et Tony Roman de Ciné-Roman, avec la
participation financière de TÉLÉFILM Canada, CRÉDIT D’IMPÔT
CINÉMA ET TÉLÉVISION, SODEC – Société de développement des entreprises culturelles-Québec, RADIO-CANADA TÉLÉVISION, Canada Crédit d’impôt pour le
film ou vidéo canadien, ASTRAL MÉDIA et SUPER ÉCRAN.
Distribué par Vivafilm, CAMPING SAUVAGE
prendra l’affiche le 9 juillet 2004 partout au Québec.
Commentaires de Michel Handfield (5 juillet, 2004)
Comme le dit Guy A. Lepage dans les notes de presse, ce n’est pas un film,
c’est une vue. « Mais je n’ai jamais vu de mauvaise vue. Par définition,
une vue ça peut pas être mauvais. Une vue c’est inoffensif » dit-il.
J’ai ri, j’ai
apprécié… et je n’ais pris aucune note en regardant cette vue! J’en suis sorti
heureux. Objectif atteint. A voir avec un pop corn et une boisson gazeuse. Une
bonne p’tite vue d’été! Je n’ai rien cherché de plus, même si j’aurais pu le
faire, car ce parti pris de la petite vue me plaisait pour la période estivale
et je l’ai respecté! Bon plaisirs… ça fait du bien des fois!
Sortie: Vendredi, 21 mai 2004
DURÉE : 96
MINUTES
Réalisateur: MORGAN SPURLOCK
GAGNANT – Meilleur
réalisateur, Sundance Film Festival
Pourquoi les Américains sont si gros ?
« Super Size Me : Malbouffe à l’américaine » démystifie
l’univers du fast food en
regardant les coûts légaux, financiers et physiques de cette industrie.
Why are Americans so fat? Find out in “Super Size Me”,
a tongue in-cheek - and burger in hand -- look at the legal, financial and
physical costs of America's hunger for fast food. Filmmaker Morgan Spurlock hit
the road and interviewed experts in 20 U.S. cities, including Houston, the
"Fattest City" in America. From Surgeon Generals to gym teachers,
cooks to kids, lawmakers to legislators, these authorities shared their
research, opinions and "gut feelings" on our ever-expanding girth.
Commentaires de
Michel Handfield (21 mai, 2004)
« Biggest America » :
tout est gros aux Etats-Unis. Du « pick-up » à la frite en passant
par la boisson gazeuse du McDo! Et les états-uniens
ont de plus en plus de problèmes d’obésité. La santé? Who’s care dans le pays
du commerce? Si vous voulez du junk food on vous en vendra et après on vous demandera de sortir
votre carte de crédit pour maigrir, être liposucé ou hospitalisé si vous êtes
en train d’étouffer dans votre graisse! D’ailleurs on retrouve autant des Mc Do chez Wall Mart que dans les hôpitaux aux States! Faut prendre soin du client (lire lui offrir
ce pour quoi il est prêt à payer), car on est consommateur bien avant d’être
citoyen dans la mondialisation ambiante! Le droit d’acheter est bien plus
respecté que le droit de vote dans ce monde. Des produits s’adressent à vous
bien avant que vous n’ayez l’âge de voter! Des campagnes de pubs vous sont destinées bien avant que vous n’ayez l’âge de raison!
On est là face un
film très intéressant et qui soulève bien des questions. Ainsi, quelle est la
différence entre le libre choix, le marketing et le sevrage? Mc Do, qui utilise
un clown (Ronald McDonald) pour attirer
les enfants, les rends-t-il accros comme la nicotine rend accro à la cigarette?
Une MC-Drug for life, Kids, pourrait-on dire. Mais
pas une drogue au sens physique du terme, mais au sens psychologique de sevrage
et de conditionnement. Une fois accroché, à 6 mois ou à 18 mois, on y demeure
toute une vie. Car l’âge du premier McDo est bien
plus bas que celui de la première cigarette ou de la première bière.
C’est un film qui va
beaucoup plus loin que de voir le réalisateur manger tous ses repas au McDo pendant 30 jours. Ça c’est l’image qui frappe. Mais il
y a plus, beaucoup plus dans ce film. Un format géant, un chausson avec ça?
A voir absolument.
Hyperliens :
http://lambda.eu.org/special/mc/mcdo-b.html
Enquête de
l’épicerie (Radio-Canada) sur les trios des fast-foods:
http://www.radio-canada.ca/url.asp?/actualite/lepicerie/docArchives/2003/01/10/enquete.html
Otar et Baboussia!
21 mai, 2004
Préface
Ces deux films complètent le cycle des films de l’Est
européen dont nous avons parlé avec « Führer Ex » et « Bénie
sois-tu, prison » précédemment.
« Depuis qu’Otar
est parti » et « Baboussia »
sont des fictions, mais qui nous en apprennent davantage sur la vie dans les
pays de l’Est. Car les fictions ne sont pas à négliger comme document. Au
contraire. En allant à l’essentiel du caractère humain, en le simplifiant et en
le décrivant de façon littéraire, la fiction passe mieux le temps que le
rapport d’un haut fonctionnaire ou un texte officiel, car ces textes sont beaucoup
plus herméneutiques et incompréhensibles, hors d’un certain contexte et d’une
époque donnée, que la littérature.
Homère, Hugo, Zola et Diderot ont laissé davantage de traces sur leur
époque que les rapports et les études de leur temps. Qui peut nommer à brûle
pourpoint le nom d’un manager ou d’un haut fonctionnaire de leur temps? Comme le dit John Saul :
« In other words, great fiction can be true for its time, as
well as somehow timeless, and true for our time. » (1)
Il en va de même du cinéma aujourd’hui: ce sont des
œuvres sur notre temps et certaines d’entre elles auront un caractère universel
et intemporel. Pensons aux « Temps modernes » ou « Au grand
dictateur » de Chaplin.
DEPUIS
QU’OTAR EST PARTI (Français
et sous titre Français)
En
salle dès le 21 mai 2004
(Montréal, le 4 mai 2004) – Couronnée Meilleure
première oeuvre de fiction aux César 2004, Depuis qu’Otar
est parti de Julie Bertuccelli est présenté en
français, géorgien et russe avec sous-titres français à Ex-Centris et avec sous-titres
anglais au AMC dès le 21 mai. Julie Bertuccelli et
son co-scénariste Bernard Renucci se sont aussi vu remettre le Grand Prix du Meilleur scénariste de l’EICAR (École Internationale de création audiovisuelle et de
réalisation) en 2001. Depuis qu’Otar est parti,
a aussi été récompensé au Festival de Cannes où il a remporté la Caméra d’Or et
le Grand Prix de la Semaine internationale de la critique. Ce film
franco-belge est distribué par Cinéma Libre et sera à l’affiche du complexe
Ex-Centris jusqu’au 15 juin prochain.
À Tbilissi, capitale charmante mais délabrée de la
Géorgie post-soviétique, Ada (Dinara Droukarova), jeune fille de 25 ans, survit avec sa mère
Marina (Nino Khomassouridze) et sa grand-mère Eka (Esther Gorintin). Dans
le vieil appartement qu’elles partagent, le moindre geste de la vie quotidienne
est difficile à négocier et l’humeur n’est pas toujours au beau fixe. Seules
les nouvelles d’Otar, fils adoré d’Eka, sont comme des bouffées de rêve et d’espoir. À
la recherche d’un ailleurs possible, Otar a émigré à
Paris d’où il envoie un peu d’argent. Comme tous les absents, il est
devenu un mythe dans la maison. Le jour où il meurt accidentellement, Marina ne
peut se résoudre à l’annoncer à la vieille et fragile Eka
et, avec la complicité de Ada, elle lui cache la chose. Sensé faire
indéfiniment durer l’absence, le mensonge qui s’installe va bouleverser leur
existence.
Née en 1968, Julie Bertuccelli
obtient une maîtrise de philosophie avant d’être formée à la réalisation de
documentaires aux Ateliers Varan à Paris. Elle a été assistante à la
réalisation auprès de réalisateurs de renom tels que Otar
Iosseliani, Krzysztof
Kieslowski, Bertrand Tavernier, Emmanuel Finkiel et Rithy Panh. Par la suite,
elle a réalisé plusieurs documentaires qui ont tous connu un succès
considérable.
Commentaires de Michel Handfield
D’abord 50% des dialogues sont en français, si ce
n’est pas davantage. Cela m’a surpris, car ce film se passe en Georgie. Mais on
est ici dans une famille francophile, où le français est parlé et valorisé
depuis longtemps. Eka, la grand-mère, est d’ailleurs
très attachée aux livres français que son mari recevait en cachette des
Bolcheviks. Cela est très particulier, car elle était en même temps attachée au
communisme stalinien!
Cette perception du stalinisme a changé avec les
générations. Si pour Eka Staline était un grand
homme, pour sa fille, Marina, il fut un criminel que sa génération a
malheureusement suivi sans poser de question! Elle qualifie d’ailleurs sa
génération de ratée pour cette raison. Enfin Ada, sa petite fille (la fille de Marina), qui vit avec elles et
représente la nouvelle génération (elle a 25 ans), dit qu’on s’en fout de
Staline! Car cette génération rêve d’ailleurs : de l’Europe et du monde!
Trois générations qui nous font percevoir les changements de cette ex-URSS; les
rêves et les aspirations des citoyens; certains regrettant ce communisme
« rassurant » et d’autres espérant profiter de l’ouverture pour se
trouver ailleurs! On perçoit l’espoir que suscite l’Europe pour eux.
Ce film est aussi une illustration de leur vécu; des
problèmes socio-économiques des ex-pays de l’Est à l’heure de l’entrée de
certains d’entre eux dans la Communauté Européenne (ce qui n’est pas encore le
cas de la Géorgie cependant). Ainsi Marina est ingénieure, mais fait marché aux
puces pour survivre, car une déstructuration de l’économie soviétique a
accompagné la fin du communisme. Le film ne peut faire autrement qu’être
imprimé par son milieu sociopolitique et c’est tant mieux. Cela change d’un
cinéma aseptisé/idéologique.
Mais on est aussi en présence de trois générations de
femmes qui vivent ensemble. On est ainsi dans la psychologie
interrelationnelle, intergénérationnelle et féminine. Pensons aux désirs, aux
relations entre elles et avec les autres et aux relations avec les
hommes : frère, fils, ami ou amant! Complexité et humour s’y côtoient.
Un film qui permet de découvrir une partie de la vie
géorgienne de façon agréable. Un film qui permet d’avoir un regard étranger sur
la France et le monde occidental par la même occasion, par ce qu’elles en
disent et ce qu’elles y trouvent, car elles finissent par y aller. Je ne veux
cependant pas en dire plus, mais c’est intéressant.
Un film à voir pour qui veut découvrir le cinéma
d’ailleurs, d’autant plus que ce film est en partie en français, ce qui rend
cette découverte du « Cinéma du monde » encore plus agréable pour
nous. Peut être qu’un jour le cinéma du monde atteindra-t-il la même popularité que la « Musique du
monde », ce qui permettra alors de voir davantage de ces films en salle!
Car si la demande augmente on en diffusera davantage et ce cinéma aura plus de
moyens pour faire des films exportables. Cette offre accru ne pourra qu’être
bénéfique pour tous : spectateurs, créateurs et diffuseurs.
Hyperliens :
http://www.cia.gov/cia/publications/factbook/geos/gg.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9orgie
http://atlasgeo.span.ch/htmlg/Georgie.htm
http://www.monde-diplomatique.fr/index/pays/georgie
http://www.colisee.org/index.php3
BABOUSSIA
(sous titre Français)
un film de LIDIA BOBROVA
Sortie
en salle le 21 mai
K-Films
Amérique
Les cinémas nationaux de qualité
GRAND PRIX DU PULIC ET PRIX ARTE
Rencontres internationales du cinéma à Paris
GRAND PRIX DU JURY
Festival de Karlovy Vary (République tchèque)
GRAND PRIX
Festival des Festivals de Saint-Pétersbourg
Montréal, 5 mai 2004 — K-Films
Amérique complète avec Baboussia, un cycle en rafale
de films de l’Est européen amorcé le 2 avril avec Führer Ex portant sur la
naissance du néo-nazisme en Allemagne de l’Est. Puis, à compter du 7 mai,
Bénie sois-tu, prison prend l’affiche : ce film traite du terrible Goulag
roumain et, à partir d’une histoire vécue, de la notion de foi chrétienne.
Et maintenant la Russie, avec Baboussia de Lidia Bobrova, sur ces «nouveaux
russes» qui abandonnent leurs parents à la rue.
Baboussia
(Nina Shoubina), 80 et quelques années, a trimé dur
toute sa vie. Elle a élevé ses enfants et même ses petits-enfants.
À l’un d’eux, elle a d’ailleurs versé toute sa pension. Dans sa
jeunesse, Baboussia, a creusé des tranchées lors de
la bataille de Stalingrad. À tous égards, Baboussia
a donné sa vie; pour sa famille et pour sa patrie. À la mort de sa fille,
elle cherche refuge auprès de ses parents proches. Mais la Russie a
changé et chacun trouve une bonne raison de lui fermer sa porte. À présent seule, Baboussia décide de
suivre son propre chemin.
« Un portrait saisissant de la Russie actuelle, un
grand film qui depuis sa sortie en France en janvier, obtient un très grand
succès, souligne le distributeur Louis Dussault.
Le voici au Québec, ne le ratez pas.»
Née en 1952 en Sibérie orientale, Lidia
Bobrova, après avoir obtenu un diplôme en Histoire de
l’Université de Léningrad, tourne le dos à
l’enseignement pour ne pas cautionner le régime en place. Elle étudie la scénarisation à Moscou et voit refusé son scénario de fin
d’études Oh ! vous mes oies, parce que trop éloigné de
l’idéologie officielle. Avec la Perestroïka, il sera enfin publié et
produit par le studio expérimental de Lenfilm.
En 1997, elle tourne Dans ce pays-là, un film qui se distinguera dans
plusieurs festivals et rencontrera en France un succès public et critique.
Baboussia
Commentaires de Michel Handfield
Comme avec le film précédent, « Depuis qu’Otar est parti », nous pénétrons dans une autre
culture : la Russie d’après la fin du communisme. On est dans le vacuum
qu’ont créé la fin du régime communiste et l’arrivée du système capitaliste,
car le soutien de l’État a fondu et les organisations collectives et
communautaires – que l’on connaît ici – n’ont pas encore émergée, trop associé
à une forme collectiviste peut être. Comme si la nuance entre communautarisme
et communisme n’était pas encore faite. Comme si toutes les valeurs collectives
avaient été remplacées d’un coup par des valeurs ultra individualistes. Comme
si on avait fait tabula rasa de l’avant!
Par cette fiction, l’on fait une incursion dans la
vie russe. On perçoit le choc entre les anciennes valeurs et la nouvelle
culture de la modernité ultra-libérale : on regarde la guerre à l’écran
comme un divertissement et le cynisme envers les moins bien nantis
s’accroît : « Tu travaillais pour la patrie et elle t’a donné quoi la
patrie? » dit-on à la vieille qui n’a plus de chez soi! Elle avait
pourtant donné son bien à ses petites filles pour les aider. L’une d’elle, qui
a maintenant un bel appartement lui dit « mais si je te prends mon mari va
me jeter dehors et je n’aurai plus rien! »
Car si on s’est enligné sur les pays de l’Ouest pour la libéralisation
économique, on a oublié de copier nos politique sociale et juridique, car nos
citoyens ont encore certaines protections. Heureusement.
***
Je dis bien encore, car cela porte à réfléchir. Avec
les négociations sur la mondialisation économique, qui sont basées sur
l’hypothèse que la libéralisation économique est porteuse de démocratie,
risque-t-on de « scraper » le filet social qu’il nous reste au nom de
la compétitivité et de la concurrence mondiale? De plus en plus d’industries se
relocalisent là où les salaires sont bas. Pourra-t-on les concurrencer
longtemps si ces pays n’accroissent pas leurs dépenses sociales, leurs normes
environnementales, leurs conditions de travail (proche de l’esclavage) et
tiennent leurs citoyens dans l’ignorance démocratique? L’abolition des tarifs
commerciaux tant recherchée dans les discussions sur l’Accord Multilatéral sur
les Investissements (AMI) n’est peut être pas la voie. En fait les tarifs
devraient être associés aux conditions sociopolitiques en place (absence ou
présence de normes du travail, de programmes sociaux et de santé, de lois
environnementales, etc.) pour que l’absence de telles mesures ne soit plus un
avantage économique, tel que cela semble malheureusement être le cas; les pays
ayant les plus piètres mesures sociopolitiques pour leurs citoyens et
l’environnement attirant les multinationales qui y voient des conditions
favorables à la production et une profitabilité accrue. Combien d’entreprises
d’ici ont quittées pour là bas? Combien de peuples ont souffert et souffrent
encore du détournement de richesses colossales par leurs dirigeants; d’absence
de conditions de travail et de droits humains, notamment celui de la
syndicalisation; et d’un régime militaire qui les tient constamment en joue?
(2) Combien de ces pays non démocratiques sont en même
temps des paradis pour les entreprises et le profit de leurs actionnaires?
Notre profit en quelque part, car nous sommes collectivement, par nos fonds
mutuels et nos régimes de retraite, parmi ces investisseurs institutionnels.
Nous nous tirons dans le pied en quelque sorte,
désinvestissant ici, perdant nos emplois et nos conditions de travail, pour une
profitabilité reportée plus tard!
Liberté 55! Quelque peu paradoxal!
Hyperliens :
Notes:
1. Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium, Canada: Penguin book
2. C’est notamment le cas de l’Irak, où le peuple
souffrait de l’embargo dont était victime le pays et des politiques intérieures
de Saddam Hussein pendant que ce dernier et son entourage ont pu détourner et
placer de fortes sommes – des milliards de dollars – dans des banques et des
pays complaisants. C’est du moins l’hypothèse que soulève Haitham Rashid Wihaib dans son livre « Dans l’ombre de Sadam. Les révélations inimaginables de son chef du
protocole », France (2004): Michel Lafon
Toutes les filles sont folles
un film de PASCALE POUZADOUX
Sortie en salle le 14 mai
K-Films Amérique
Les
cinémas nationaux de qualité
Prix du
public au Festival international du film de l’Outaouais 2003
Mention
spéciale du jury au
Festival
du film d’humour de l’Alpe d’Huez 2003,
Prix
d’interprétation masculine du Festival du film de Monte Carlo,
Montréal,
le 29 avril 2004 – Couronné par le public au Festival international du film de
l’Outaouais et mention spéciale du jury au Festival du film d’humour de l’Alpe
d’Huez, Toutes les filles sont folles prend l’affiche au Quartier Latin, au
Cinéma Beaubien et à Saint-Bruno le 14 mai. Il s’agit du premier long métrage de Pascale Pouzadoux. Elle en a
écrit le scénario et les dialogues avec Antoine Duléry,
qui remportait en 2002 le prix d’interprétation du Festival du film de Monte
Carlo pour son rôle dans Toutes les filles sont folles.
Thomas Dutronc, Mathieu Chédid et Éric Neveux signent la musique du film.
Céleste
(Barbara Schulz), la trentaine en mal d’amour, souffre de ne pas trouver le
prince charmant. Sa soeur aînée, Rosalie
(Camille Japy), frondeuse et indépendante, la
réconforte en lui soutenant que l’amour n’existe pas... Un beau jour, sur une
impulsion, Céleste décide de kidnapper l’homme qu’elle croit idéal, forçant
Rosalie à la suivre dans sa lubie. Mais
tel est pris qui croyait prendre. Dans
la panique, Céleste se trompe d’homme.
L’aventure commence...
Pascale Pouzadoux a aussi à son actif des courts métrages notamment
Il faut que ça brille ! (1996),
Grand prix du Public au Festival de Sarlat et Mon Jour de chance (1998), primé
de plusieurs festivals tels Travelling Rennes, Festival international
Sainte-Thérèse, Arène du Court de Paris et Comédie Alpes d’Huez.
Commentaires
de Michel Handfield (13
mai, 2004)
On est
ici dans la modernité. « La tendresse bordel » en plus intellos! On
est dans un film du XXIe siècle, avec un humour davantage second degré! Les
jeunes, qui n’ont plus les codes de leurs parents et dont l’individualisme
empêche la création de nouveaux codes compris par tous, cherchent l’amour à
tâtons! Mais par essais/erreurs, ça peut être long… longtemps. Jusqu’à ce que
l’on décide de prendre des moyens non conventionnels… qui portent à la comédie
naturellement!
On est
dans la comédie de sens et de situation. Pop psycho féminine, relations entre
sœurs, malaise homme/femme! Tout y passe. Un film qui fait sourire tout en
suscitant parfois une réflexion plus profonde du spectateur sur le SOI et ses
relations aux autres. Sur les relations interpersonnelles. Sur le désir et le
refoulement…
Un film
agréable à voir seul… ou accompagné!
Hyperliens :
http://touteslesfilles.event.voila.fr/
Festival des Films du Monde, 2004
(Les dates sont celles de la rédaction des textes et non des
projections)
Deux pour un Latino americana!
FFM (8 septembre, 2004)
PERDER ES CUESTIÓN DE MÉTODO (Perdre est une
question de méthode)
D'après le roman de/Based on the novel by: Santiago Gamboa
Colombie - Espagne
Compétition mondiale
2004 / 35 mm / Couleur / 105 min
Réalisateur : Sergio Cabrera; Scénariste : Jorge
Goldenberg.
Interprètes : Daniel Giménez
Cacho, Martina García, Cesar
Mora, Víctor Mallarino
Un matin, la police découvre le corps empalé
d'un individu sur les rives d'un lac pittoresque, près de Bogotá. Aidé de son
acolyte occasionnel, l'employé de bureau Emir Estupiñan,
le journaliste Victor Silampa décide d'enquêter sur
les circonstances du crime. C'est une histoire macabre dont les fils partent
dans toutes les directions. Avec l'aide de Quica, une
jeune prostituée, et après avoir rendu quelques services au policier chargé de
l'affaire, les deux hommes plongent à corps perdu dans des situations où ils
bravent de nombreux dangers. Ils réussissent néanmoins à mettre à jour un
énorme complot immobilier. Des politiciens corrompus, des entrepreneurs, des
prostituées, de fervents amateurs de nudisme et des journalistes de tout acabit
composent la mosaïque de personnages qu'ils rencontrent sur leur chemin.«Il y a
quelques années, j'ai voulu faire un film sur ce qui est peut-être la plus
grande menace à la démocratie en Colombie: la corruption. Plus tard, à la suite
de certaines circonstances, mon vieux désir a été ravivé. À l'époque, on
m'avait donné un exemplaire de Perder es cuestión de método, de Santiago Gamboa. Le titre du roman annonçait une histoire de
perdants possédant des coeurs de gagnants, vivant dans un monde que j'aime à
imaginer habité par ceux qui croient en la justice et
qui sont prêts à se battre contre tous les polluants sociaux. Même si au fond,
ils savent très bien qu'ils vont finir par perdre.» -- Sergio Cabrera
Commentaires de Michel Handfield (7 septembre, 2004)
Film fort
intéressant; thriller qui mêle romance et politique.
La politique, les entrepreneurs, les criminels sont tous liés dans le recherche du profit. N’est-ce pas cela le néolibéralisme?
Le profit qui passe avant les gens. Mafia et capitalisme même combat! Des
dizaines de livres tentent de l’expliquer de façon rationnelle; ce film nous le
montre avec ironie dans toute sa splendeur! La salle a d’ailleurs ri à
plusieurs reprises malgré qu’il était sous titré. Un film délectable dont je ne
veux en dire plus par crainte de dévoiler les intrigues qui sont basées sur les
ficelles de ce néolibéralisme qui nous envahit.
N.B. Ce film ayant une
certaine relation avec celui qui suit – notamment sur la question de l’Amérique
latine – nous avons regroupés nos hyperliens et nos suggestions de livre à la
suite de notre commentaire sur le second film.
TRAVELLING WITH CHE GUEVARA
Italie
Documentaires du monde
2004 / Vidéo / Couleur / 121 min
Réalisateur Scénariste: Gianni Minà
En 1952, Ernesto
Guevara dit "Che" était un étudiant en médecine
de 23 ans. Il tenait un journal au cours de ses voyages en Amérique latine avec
son ami Alberto Granado, 29 ans, biologiste et
chercheur. Ce périple de six mois à travers l'Argentine, le Chili, le Pérou, la
Colombie et le Venezuela était riche d'aventures et de filles. Guevara et Granado avaient commencé leur voyage en moto et l'avaient
terminé en stop. À l'issue du voyage, ils étaient transformés. La vue de la
misère touchant les masses et particulièrement leur séjour dans une colonie de
lépreux au Pérou les ont changés radicalement. Une
fois devenu révolutionnaire, l'influence du Che s'est
étendue à toute une génération d'activistes politiques dans toute l'Amérique
latine. En 2002, Walter Salles décidait de tourner un film sur le sujet: ce fut
THE MOTORCYCLE DIARIES. Gianni Minà,
un journaliste représentant la famille Guevara et collaborateur au scénario, a
invité Alberto Granado à assister au tournage et à
rencontrer ceux qui avaient été choisis pour recréer cette aventure historique.
Il a enregistré au jour le jour les souvenirs de Granado,
les a liés aux scènes du film tourné et le résultat a donné naissance à
TRAVELLING WITH GHE GUEVARA.
Commentaires de Michel Handfield (8 septembre, 2004)
50 ans après le
célèbre voyage Latinoamericana de Che
Guevara et d’Alberto Granada, qui leur a fait découvrir les conditions de vie
et d’exploitation de l’Amérique latine, Gianni Minà a tourné un documentaire sur ce voyage
initiatique avec Alberto Granada. L’occasion était belle, car Alberto assistait
au tournage de « The motorcycle diaries »
(basé sur le carnet de voyage de Che Guevara) alors
que Gianni collaborait au scénario du film!
Traveling with
Che Guevara est cependant plus
qu’un « making of ». C’est un retour sur un voyage initiatique et le
réémerveillement d’Alberto de revivre ce voyage 50 ans plus tard! Rappelons que
leurs destins se sont fixés dans ce voyage, car s’ils voulaient découvrir le
monde, pas faire de la politique, les conditions d’exploitation qu’ils ont vu
ont changé leurs destinés. Ils sont devenus activistes pour changer le monde.
Avec l’entrée de Che Guevera
dans la légende quelques années plus tard, suite à ses actions
révolutionnaires, ce voyage a pris une importance mythique.
Ce film nous donne
aussi l’occasion de voir ce qui a changé et ce qui n’a pas changé depuis!
Car si ce qu’ils ont vu à l’époque les a conduit à la politique révolutionnaire pour changer le
monde, qu’en reste-t-il aujourd’hui? Le monde a t-il changé depuis? Peut être
que les gouvernements sont élus, mais plusieurs des inégalités sociales qui
étaient là en 1952 sont encore présentes en Amérique Latine. Ils subissent
toujours l’hégémonie états-uniennes et les mauvaises conditions de travail
dommageable pour la santé. Ils continuent à perdre leur vie à la gagner! Même
un changement de gouvernement y fait peu, car face à l’impérialisme
États-uniens et à sa force militaire,
politique et économique, la politique locale est très faible comme le
rappelle le renversement d’Allende au Chili par la CIA le 11 septembre 1971. Le
9-11 de l’Amérique du sud, où la terreur était soutenue par les USA! (1)
D’ailleurs, comme on
le constate dans ce retour Latino americana, les entreprises
états-uniennes y exploitent toujours les richesses et le peuple se débrouille
dans le partage de la pauvreté et des restes – pollution et maladies
industrielles – de cette exploitation. Les choses ont peu changé en 50 ans! En
fait, on assiste à un retour en arrière avec le capitalisme anglo-américain
triomphant depuis la chute du communisme! Mais tout n’est peut être pas encore
joué. À ce sujet je pense au livre de Michel Albert (Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil,
l'histoire immédiate, 1991) qui traite de l’affrontement entre le
capitalisme du modèle rhénan (représenté entre autres par la France et
l’Allemagne) au modèle anglo-américain (représenté par les USA et la
Grande-Bretagne). Ce dernier semblait avoir gagné la bataille jusqu’à
récemment. Cependant, avec le braquage à droite des conservateurs États-uniens
et l’insatisfaction grandissante du monde face à ce nouvel empire hégémonique,
le modèle de rhénan pourrait prendre avantage de cette insatisfaction contre
les Etats-Unis pour forger de nouvelles alliances et lui opposer un nouveau
modèle de capitalisme, plus social et humaniste. N’oublions pas que certains
pays (comme la Russie, la Chine, l’Inde, la France, ou l’Allemagne pour ne
nommer que ceux là) et certaines régions (principalement l’Europe et l’Asie)
n’ont pas intérêt à voir les Etats-Unis dominer le monde, car ce serait les
dominer eux aussi, et plaident donc pour un monde multipolaire plutôt
qu’unipolaire (le propre d’un empire) ou bipolaire (le propre de
l’affrontement) comme on l’a connu avec le bloc soviétique durant toute la
seconde moitié du XXe siècle. (Voir Primakov, 2003, à ce sujet.)
Note :
1. A ce sujet nous
vous rappelons le film 11.09.2001,
où 11 réalisateurs donnent leur vision à propos des événements du 11 septembre
2001. Rappelons celle de Ken Loach
(Royaume-Uni) :
Dans sa version du 11 septembre ce réalisateur
nous parle, à travers une lettre que rédige un réfugié Chilien au Président des
États-Unis concernant son 11 septembre, celui du renversement du Gouvernement
Allende par le général Pinochet en 1973, soutenu par les plus haut niveaux
politiques états-uniens, soit le secrétaire d’État Kissinger et le Président
Nixon (Droite républicaine)! Des morts et des tortures inutiles pour le peuple.
30 000 personnes assassinées au hasard dans le pays pour donner l’exemple nous
dit-on! Mais les coupables états-uniens et le parti républicain – le même parti
que celui de George W. Bush soit dit en passant – n’ont jamais été déclarés
terroriste, jamais poursuivi pour crime contre un peuple. Et pourtant… Ce court
métrage rétabli donc des faits, d’autres faits! Une autre forme de terrorisme,
légal celui-là, car le fait de l’empire États-uniens et de l’économie
dominante!
Hyperliens :
http://www.motorcyclediaries.net/
Page mondialisation de Societas Criticus
http://www.netrover.com/~stratji/mondialisation.htm
Sur le Chapitre XI de l’ALENA
http://www.sice.oas.org/trade/nafta_f/CHAP11A.asp
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/04/PAQUEROT/15056
http://www.parl.gc.ca/36/1/parlbus/chambus/house/debates/129_1998-09-30/han129_1825-f.htm
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/04/BRUNELLE/15055
http://www.citizen.org/documents/ACF186.PDF
Livres suggérés pour aller plus loin sur ces 2
films :
Sur Che Guevara :
Guevara, Ernsto Che,
2001, Voyage à motocyclette Latinoamericana,
Mille et une nuits
Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale,
Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études
socio-économiques de l'UQAM
Sur le Chili :
Collectif, 1978, Le Chili d'Allende, Montréal: Éd. Coop. Albert St-Martin
Sur le capitalisme néolibéral:
Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate
Kahn, Jean-François, 1997, Le “Retour de Terre” de Djid Andrew - Critique de la raison capitaliste,
France: Fayard
Ziegler, Jean, 1998, Les seigneurs du crime, Paris: Seuil.
Ziegler, Jean, 2002, Les nouveaux maîtres
du monde et ceux qui leur résistent, France : Fayard
Sur le monde :
Primakov, Evgueni, 2003, Le monde après le 11 septembre et la
guerre en Irak, Paris : Presses de la renaissance
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(FFM 4 septembre, 2004)
Grisaille et espoirs européens!
(Sur La femme de Staline et Vision de l’Europe)
La femme de Staline / Stalin’s wife
(Russe avec sous-titres)
États-Unis - Russie
Documentaires du monde
2004 / Vidéo / Couleur / 115 min
Réalisateur Scénariste: Slava Tsukerman
Il n'y a pas longtemps, une aura de mystère
entourait encore la vie privée des dirigeants de l'ex-Union soviétique. Au
temps de Joseph Staline, le nom de sa deuxième femme, Nadezhda
Alliluyeva (1901-1932) n'était que chuchoté.
Aujourd'hui, sa courte vie semble encore teintée de mystère. Le couple s'était
marié en 1919, lorsque Staline avait 39 ans. Pendant leurs quatorze années de
vie commune, Nadezhda n'était que la spectatrice
passive de la transformation qui s'opérait en Staline -- de simple
révolutionnaire en véritable dieu vivant dont les portraits remplaçaient les
icônes orthodoxes dans l'humble demeure des paysans. Certaines preuves émanant
d'amis et de proches parents, ainsi que le climat politique de l'ensemble du pays
à cette époque, indiquent que cette transformation aurait fortement déprimé Nadezhda. Un matin de 1932, on l'a trouvée morte sur son
lit, apparemment par suicide à cause d'un revolver trouvé à ses côtés. Née dans
une famille éminente, reconnue comme ayant soutenu très tôt la cause
révolutionnaire, Nadezhda continue d'être aimée du
peuple russe, même aujourd'hui. Sa tombe, dans le cimetière de Novodevichy, est rarement dépourvue de fleurs. Regroupant
une collection de documents d'archives contradictoires et d'interviews,
véritable collage de style RASHOMON, de rumeurs sourdes et de légendes
murmurées, ce documentaire qui donne froid dans le dos jette un regard incisif
sur l'agitation et la paranoïa d'une époque.
Commentaires de Michel Handfield (4 septembre, 2004)
Un documentaire
intéressant sur la vie privée de Staline, mais qui touche en même temps un pan
noir de la Russie et du communisme : le stalinisme! Un film complexe, car
il propose des positions contradictoires sur la mort de sa femme, ce qui peut
être déroutant si on le voit avec des sous titres dans une langue que l’on
maîtrise moins bien, car il est constitué de beaucoup d’entrevues.
***
On navigue ici entre
l’hypothèse d’un Staline humain et aimant en privé ou d’un Staline tout aussi
dur en privé et avec sa famille que pour le pays! Au point où la question
concernant la mort de sa seconde épouse se pose ainsi: assassinat ou
suicide? Et si c’est le suicide, était-ce parce qu’elle ne pouvait plus
supporter cette dureté et cette violence de plus en plus évidente de son
mari, « dictateur » de l’URSS?
Au spectateur de choisir son camp.
Donc un film qui montre l’histoire du
staliniste à travers sa vie familiale, ce qui donne un éclairage nouveau à
cette période de l’histoire - et aussi un peu froid dans le dos.
Je tiens aussi à
souligner un détail qui m’a accroché dans ce film, soit la position de Staline
face aux femmes : il les voyait partout où les hommes travaillaient. Pour
les sortir de la maison et leur permettre de s’épanouir dans le travail, il a
même favorisé l’apparition des garderies et des cafétérias de telle sorte
qu’elles ne soient plus « esclaves » des repas et des enfants!
Staline, dictateur et féministe à la fois?
Staline, apôtre de l ‘épanouissement des femmes? Ou Staline calculateur,
car l’URSS avait d’immenses besoins de main-d’œuvre pour s’industrialiser et
les femmes pouvaient constituer cette main-d’œuvre à condition de les sortir de
la maison? Geste de libération ou
d’exploitation? A vous de choisir, mais on n’en serait pas au premier paradoxe
du communisme qui peut commettre les pires abominations, au nom d’une
idéologie, d’un côté et proposer des innovations sociales en même temps de
l’autre! Une chose est sûre cependant : les femmes se sont aussi
retrouvées égales aux hommes dans les camps de rééducation, les prisons, le
travail forcé et la dictature! La souffrance du peuple n’a pas de sexe.
Quant au stalinisme rose que défendaient les
communistes français (dixit « Camarades, il était une fois les
communistes français »), ce n’était que relations publiques et
marketing. On le voit de l’intérieur ici. Alors que l’image présentée était
celle de jeunes gens heureux et enthousiastes de travailler au développement du
grand projet socialiste, la réalité était tout autre. En fait ces jeunes gens,
travaillant et chantant dans la joie, étaient probablement des militants ou des
figurants, car le gros du travail de modernisation de l’URSS fut probablement
fait par les prisonniers des camps de rééducation et dans des conditions de
quasi esclavage, de peur et de violence!
Mais ce n’était pas montré aux visiteurs, ni aux invités qui chantaient
les louanges de l’État prolétarien à l’extérieur de l’URSS… Mais les
soviétiques ne s’y trompaient pas eux; ils vivaient sous le joug d’un
dictateur imbu de pouvoir et de lui même!
Hyperliens
1967: Stalin's daughter defects to the West (BBC)
http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/march/9/newsid_2801000/2801709.stm
Page encyclopédique sur Staline
http://www.fact-index.com/j/jo/joseph_stalin.html
Suggestions de livres sur le sujet :
HARASTZI, Miklos, 1978, A worker in a worker's state, New‑York: Universe
books.
LENINE, 1979, L'impérialisme stade suprême du capitalisme, [1 ère édition: 1917], Moscou: éditions du Progrès.
Makhaiski, J. W., 1979, Le socialisme des intellectuels, France: Seuil, coll. Point. (Ouvrage très
critique du socialisme soviétique)
MARX, Karl, 1978, Oeuvres choisies, Moscou: éd. du Progrès.
Meyer, Antoine et Meyer, Philippe, 1978, Le communisme est-il soluble dans
l’alcool? France: Seuil, Points Actuels
Vision de l’Europe / Visions of Europe
Danemark - Allemagne
Cinémas d'Europe
2004 / 35 mm / Couleur / 139 min
25 réalisateurs
L'idée était simple: 25 pays, 25 visions de la
nouvelle communauté européenne par 25 réalisateurs de chacun des 25 pays. Pour
chacun, une vision personnelle de la vie actuelle ou future de ce melting pot culturel. Les conditions étaient tout aussi
simples : liberté d'expression absolue. La longueur de chacun des films :
environ cinq minutes.
Commentaires de Michel Handfield (4 septembre, 2004)
Si on parle d’une
Europe unie, on n’a pas ici une vision unie de l’Europe! Certaines suscitent de
l’espoir, d’autres du doute. L’Europe unie est une Europe technocratique et
politique, mais citoyenne? Tous ne sont pas au même point. Par contre il y a là
un beau défi : faire de ces Europes une Europe
sur tous les plans; tant politique, économique que social! La même chose serait
impensable en Amérique actuellement. Imaginez faire une Amérique unie, allant
du Nord au Sud, et soumettant les USA à ce parlement de l’Amérique! Alors
qu’elles que soient les faiblesses de l’Europe unie, celle-ci est encore
largement en avance sur nous.
Au niveau des films
qui composent cette oeuvre, j’ai particulièrement aimé celui de l’Angleterre,
car il présente tout l’humour
flegmatique britannique dans sa démarche! J’ai aussi retenu cette réflexion
d’un autre film, mais dont je ne me souviens malheureusement plus du
pays d’origine:
Les autos sont comme
les gens; de différentes nationalités, de différentes tailles, de différentes
couleurs, certaines sont belles, d’autres sales, handicapées ou illégales… mais
qui veut les renvoyer dans leur pays d’origine?
Ça donne le ton de ce film, car on y parle
beaucoup d’immigration et de réfugiés. Un défi pour l’Europe unie, car est-on
citoyen de son pays où de l’Europe? Immigre-t-on ou demande-t-on asile à un
pays ou à l’Europe? Les lois sont elles concomitantes ou différentes, entre
chaque pays, sur ces questions? Un film particulier. A voir si le film social
et politique vous intéresse.
Hyperliens
http://www.visionsofeurope.dk/
Site de l’Union européenne : http://www.europa.eu.int/
#####
Un trois pour un!
(Sur Violence des échanges en milieu tempéré, Raisons économiques et Spoonman)
Violence des échanges en milieu tempéré
France - Belgique
Cinémas
d'Europe
2003 / 35 mm / Couleur / 95 min
Réalisateur : Jean-Marc Moutout;
Scénariste : Olivier Gorce, Jean-Marc Moutout, Ghislaine Jégou-Herzog
Interprètes : Jérémie Rénier,
Laurent Lucas, Cylia Malki,
Olivier Pérrier, Samir Guesmi,
Martine Chevallier
À 25 ans, Philippe débarque de sa province pour
intégrer à Paris un grand cabinet de consultants en entreprise. Le matin de son
premier jour de travail, il rencontre Eva, jeune mère célibataire dont il
s'éprend. Sa première mission, qu'il aborde avec enthousiasme, est de préparer
le rachat encore confidentiel d'une usine par un grand groupe. Ses premiers
rapports sont convaincants. Il gagne la confiance de son chef qui lui confie
une nouvelle responsabilité: sélectionner le personnel apte à travailler dans
la nouvelle organisation de l'entreprise. Et licencier les autres. Dès lors,
Philippe doit se convaincre et convaincre Eva du bien-fondé de sa tâche. Un choix
déterminant pour la suite de sa carrière, et surtout pour lui-même.«Jean-Marc Moutout montre la
cruauté du système qui a atteint désormais tous ses rouages: la concurrence est
partout, et pas seulement aux niveaux stratégiques. Elle concerne d'abord les ouvriers
soucieux de conserver leur gagne-pain. En glissant sa caméra dans cette usine
aux machines inquiétantes, produisant des alliages complexes, Moutout pointe du doigt la nouvelle donne. Qui oppose le
savoir-faire des ouvriers aux techniques managériales les plus modernes.» --
Sébastien Laeng (filmdeculte.com)
Raisons économiques (court métrage)
France
Cinémas
d'Europe
2003 / 35 mm / Couleur / 16 min
Réalisateur : Sören Prevost, Patrice Jourdan; Scénariste : Sören
Prevost
Interprètes : Tom Novembre, Dieudonné, Daniel Prevost
En raison de mauvais résultats économiques dus à
une tendance générale à la baisse, un père de famille est contraint de
licencier ses enfants devenus une charge trop importante pour lui. Retrouver
ses parents à durée indéterminée sera dès lors l'unique objectif de ces enfants
seuls au monde.
Spoonman (court métrage)
Canada
Documentaires du monde
2004 / Vidéo / Couleur / 44 min
Réalisateur
Scénariste : Jean-Pierre Guyot
En 1998, la Ville de Montréal décidait d'interdire
à Cyrille Estève, mieux connu sous le nom de Spoonman,
de jouer de ses cuillères dans la rue, sous prétexte que cet instrument
contrevenait à une vieille loi municipale. À cette époque, les démêlés de
Cyrille avec les ronds-de-cuir du «Service des permis & inspection» firent
la une de certains journaux, Spoonman devint
rapidement une cause célèbre et sa notoriété se répandit dans le reste du pays
et même à l'étranger.
Commentaires de Michel Handfield (3 septembre, 2004)
Nous avons regroupés
ces 3 films ensemble, car ils concernent la place des gens dans l’économisme
ambiant et offrent des points de vue complémentaires sur le sujet.
D’abord Spoonman raconte l’histoire
d’un technicien qui a perdu son emploi parce qu’il refusait d’abandonner d’être
payé pour son temps supplémentaire. Il s’est retrouvé à la rue et a donc
commencé à jouer de la cuillère pour gagner sa vie. Les embrouilles
technocratiques avec la ville ont alors suivi! Cette histoire illustre bien
l’illogisme de la sacro sainte loi du marché qui dit qu’employé et patron sont
égaux, négociant librement entre eux! La négociation s’est pourtant arrêtée à
« tu es d’accord avec moi ou la porte! » Cyrille s’est donc retrouvé sur l’aide
sociale et à quêter jusqu’au jour il où il a commencé à jouer de la cuillère!
Ses affaires se sont alors améliorées. Il était devenu un entrepreneur en
amusement public! Mais c’était sous estimer le système qui parle d’égalité,
mais qui juge certaines personnes plus égale que d’autres! Si l’administration
publique peut faire des assouplissements à ses lois pour favoriser certaines
grandes entreprises, des « personnes morales », elle est beaucoup
moins portée à en faire autant pour un
entrepreneur de la rue! Au contraire, on le harcèle. Mais spoonman
s’est battu et a gagné, c’est ce que ce film raconte!
Ensuite, Violence
des échanges en milieu tempéré est une fiction basée sur l’idéologie
néolibérale actuelle. Il montre comment l’humain est piégé par cette idéologie.
Comment ses valeurs personnelles, familiales et professionnelles sont en
contradictions. D’un côté, ça ne fait plaisir à personne de couper des emplois
pour rendre une entreprise rentable encore plus rentable, car où est la logique
d’envoyer des gens à la rue si on est déjà rentable? Mais de l’autre côté, si
tu ne le fais pas, un autre le fera peut être plus durement encore! Il pourrait
même transférer toute la production ailleurs et tous perdraient leur emploi!
Qui veux de cette responsabilité?
L’individu est donc
prisonnier d’une idéologie qui le dépasse mais dont il fait aussi partie, car
lui le faisant, le concurrent aussi le fera! Un film sur une théorie inhumaine
– le néolibéralisme - traitée de façon humaine. Un film qui m’a fait penser à
l’associé, film français qui a connu du succès au point d’être refait
par un major états-uniens, vu la justesse du propos et son traitement dans une
fiction. Un film bien intégré au temps présent et aux questionnements actuels
face à l’économisme dominant, la mondialisation et le néolibéralisme. Il mêle
vie professionnelle et vie privée – incluant une histoire d’amour – ce qui en
fait un véritable film digne de ce nom! N’attendez pas qu’un major états-unien
en fasse un remake pour aller le voir!
Enfin, Raisons
économiques est un court
métrage cynique sur le même thème, mais appliquant les rationalisations et
licenciements à la famille comme si elle était une entreprise devant répondre à
des critères de rentabilité à court terme! Tordant à faire réfléchir! Espérons
que notre télé publique l’achètera, car ce film est une perle du
cynisme décapant! Diogène ne le renierait pas!
Suggestions de
livres sur ce sujet :
Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: L'aut'Journal
& Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.
Forrester, Viviane, 1996, L’horreur économique, France: Fayard
Forrester, Viviane, 2000, Une étrange dictature, France: Fayard
Hyperliens :
Violence des échanges en milieu tempéré : http://www.filmsdulosange.fr/violence/index.htm
http://www.flach-pyramide.com/FilmFch.php?monFilm=211
Le site de Societas Criticus est une bonne
référence sur ce sujet et plus
particulièrement nos pages suivantes :
Societas Criticus/mondialisation : http://www.netrover.com/~stratji/mondialisation.htm
Societas Criticus/organisation : http://www.netrover.com/~stratji/organisation.htm
Societas Criticus-DI
/livres : http://www.netrover.com/~stratji/livres.htm
#####
Handicap
France
Cinémas
d'Europe
2004 / 35 mm / Couleur / 8 min
Réalisateur Scénariste: Lewis-Martin
Soucy
Interprètes : Caroline Ducey, Jean-Marc Mineo, Eric Berger
Bien déterminée à dire à Mike (avec qui elle
sort pour la première fois) tout ce qu'elle ressent pour lui, Natacha l'invite
à boire un dernier verre chez elle...
Commentaires de Michel Handfield (3 septembre, 2004)
Jouissif et délectable cette façon de parler de
l’intégration d’une personne handicapée… Un autre film que nous espérons voir
notre télé publique acheter et diffuser.
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JOURDAIN, CIELS D'ENCRE (court métrage)
Canada
Documentaires du monde
2004 / Vidéo / Couleur / 49 min
Réalisateur Scénariste: Ginette Bellavance
Un voyage fascinant qui n'a rien à voir avec une
histoire de palettes ou de pinceaux: celui du peintre Jacques Jourdain. Une
quête de lumière à partir de l'encre d'imprimerie. Un matériau rébarbatif,
épais, dense, synonyme du noir. Jourdain le dépose sur sa toile et s'amuse à
lui arracher son secret. Ses outils: des gants de chirurgie, des pots de métal,
un tournevis, de vieux chiffons. Jourdain peint devant nous et nous livre ses
secrets. Il fait des pressions, supprime les couches, cherche la transparence
et nous étonne. Les ciels d'encre sont en colère, les fresques sont à couper le
souffle, la lumière surgit du fond de la toile et la technique est unique au
monde.
Commentaires de Michel Handfield (3 septembre, 2004)
Film fascinant sur un artiste, son évolution, sa
méthode de création et son œuvre qui est unique de par sa technique! Plus qu’un
peintre, un créateur! Pour amateur de film biographique et d’arts.
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FFM 31 août, 2004
MARIAGES!
Hors concours
France/Portugal/Espagne
2004 / 35 mm / Couleur / 101 min
Réalisateur : Valérie Guignabodet;
Scénariste : Valérie Guignabodet
Interprètes :
Mathilde Seigner, Jean
Dujardin, Miou-Miou, Didier Bezace,
Lio, Antoine Duléry, Chloé
Lambert, Alexis Loret, Catherine Allégret, Beata Nilska, Michel Lagueyrie, Marianne Groves,
Frédéric Maranber, Mic
Johanna et Benjamin vont se marier. Mais entre un meilleur ami qui oublie les
bagues, un oncle qui trompe sa femme avec la femme du précité meilleur ami, un
père qui annonce son mariage avec une femme que personne ne connaît, un
travesti qui entre en scène et que le jeune marié soupçonne de lui avoir fait
des choses la veille, on en arrive à cette conclusion: «Je crois que les mariés
divorcent!» Eux ont 25 ans et se marient aujourd'hui. Les autres ont 35 ans, se
sont unis il y a dix ans et se déchirent aujourd'hui. Les deux partenaires du
couple de 45 ans se sont déchirés il y a dix ans et tentent aujourd'hui de se
réconcilier. «Trois mariages et une réconciliation»? Peut-être. Ou alors: «My Big Fat French Wedding»...«Le mariage est un peu à l'amour ce que la messe
est à la foi: dans le fond, les raisons d'y aller sont profondes et sublimes.
Dans les faits, ce n'est pas aussi clair que ça. Quoi qu'on en dise, les
pressions familiales, sociales, psychologiques existent toujours et il y a
toujours autant de mauvaises raisons de vouloir se marier. Et quand on se marie
pour de mauvaises raisons, le contrat se transforme vite en contrainte. Et
c'est ainsi que Ben et Johanna, s'ils ne font rien,
se retrouveront dans dix ans dans le même état que Valentine et Alex, qui
eux-mêmes finiront probablement comme Micky et Hugo.
Ces trois couples sont en fait le même couple, marié trop tôt sans trop savoir
pourquoi et exploré à trois moments fatidiques de son existence de couple. Mais
peut-être les vingt-quatre heures de cette histoire leur feront gagner dix ans
de réflexion...» -- Valérie Guignabodet
Commentaires de Michel Handfield (30 août, 2004)
« Le mariage,
c’est comme une ville assiégée. Ceux qui sont dehors veulent entrer et ceux qui
sont dedans veulent fuir! » Ou encore « L’amour est aveugle, le
mariage lui rend la vue! » Cela donne le ton du film. Un film sur les
différences Homme/Femme sur la vie et le mariage, où amour et vacheries se
côtoient avec grâce et humour! Un film cynique et lucide à souhait! Un film
dans le ton Societas Criticus! Je le conseille à nos lecteurs sans hésiter car
il est à la fois léger et costaud comme le champagne dans un mariage! Il fait
rire et il cogne en même temps!
P.S. Demeurer à votre siège jusqu’après le
générique, car il y a une surprise à la fin!
CONTRA TODOS Brésil
Cinémas
des Amériques - Amérique latine
2002 / 35 mm / Couleur / 96 min
Réalisateur : Roberto Moreira;
Scénariste : Roberto
Moreira
Interprètes :
Silvia Lourenço, Giulio Lopes, Leona
Cavalli, Ailton Graça, Martha Meola, Dionisio
Neto, Ismael de Araújo,
Gustavo Machado
Teodoro est le père à la fois dévot et sévère de Soninha,
une fan de musique heavy metal. Sa piété et son intransigeance ne l'empêchent
pourtant pas d'avoir une maîtresse, Terenzinha. Ni Soninha ni sa femme Claúdia ne
soupçonnent l'existence de celle-ci. De son côté, Claúdia
a une liaison avec Júlio, le fils du boucher qui
habite dans le voisinage. Waldomiro, un vieil ami de Teodoro, vient fréquemment en visite chez eux, dans la
banlieue de São Paulo. Les conflits commencent à se
multiplier à la suite du meurtre de Júlio, Claúdia tenant Teodoro
responsable du crime. Ce qu'elle ignore toutefois, c'est la véritable
profession de son mari et du meilleur ami de celui-ci: ce sont des tueurs à
gages et les hommes d'affaires font régulièrement appel à leurs services. Claúdia quitte le domicile conjugal à l'annonce de la mort
de son amant et son mari part à sa recherche. Livrée à elle-même, Soninha en profite pour prendre ses aises dans la demeure. Waldomiro, qui a vite retrouvé Claúdia,
la cache dans un hôtel où elle s'entiche d'un employé, Lindoval,
qui se fait bientôt passer à tabac. Entre-temps, Teodoro
est chargé par le père de Júlio de liquider
l'assassin de son fils. Cela déclenche une série de péripéties complexes,
relatées selon divers points de vue...
Commentaires de Michel Handfield (30 août, 2004)
Une histoire dure de
la banlieue brésilienne. Un milieu et une réalité violente, comme il en existe
parfois – mais attention le Brésil n’est pas que ça. Film qui joue aussi sur
les contradictions, où l’importance de la Foi et de la prière du père (il
oblige le bénédicité avant le repas) doivent s’accommoder de sa violence – il
est tueur à gages! Mais Dieu n’est-il
pas miséricorde et ne pardonne-t-il pas
tout? Un film fascinant, car il permet de « pénétrer » un milieu dans
lequel nous ne serions pas porté à aller voir!
Un film qui m’a
aussi fait me poser la question du sexe instrumental. D’abord, le sexe comme
instrument de plaisir pour oublier la vie chez Claudia. Ensuite le sexe comme
instrument de Pouvoir chez Soninha; qui semble
utiliser ses charmes pour essayer de quitter ce milieu avec Waldomiro,
vieil ami et associé de son père. Malheureusement, comme il est du même milieu,
on peut redouter la reproduction sociale et une vie semblable pour la fille que
pour Claudia.
Un film qui, dans le
contexte d’aujourd’hui, équivaut à ce que faisait Zola à son époque: faire
un portrait romanesque et hyperréaliste d’un milieu social. Montrer ce qui est
caché. Un film « sociologique ».
DEMAIN ON DÉMÉNAGE
Cinémas d’Europe
France - Belgique
2003 / 35 mm / Couleur / 112 min
Réalisateur : Chantal Akerman;
Scénariste : Chantal Akerman, Eric de Kuyper
Interprètes :
Sylvie Testud, Aurore
Clément, Jean-Pierre Marielle, Natacha Régnier, Lucas Belvaux,
Dominique Reymond, Elsa Zylberstein,
Gilles Privat, Anne Coesens, Christian Hecq, Laëtitia Reva, Olivier Ythier
Jeune et célibataire, Charlotte essaie de gagner
sa vie en écrivant des livres sur commande. Ce sont des romans érotiques bien
que sa vie privée ne soit pas le moins du monde contaminée par ce genre de
sujet. C'est dans un duplex qu'elle habite, dans un joyeux désordre aussi. La
mort de son père va pour un temps bouleverser son existence, car peu après, sa
mère débarque avec armes et bagages. Catherine enseigne le piano et l'immense
instrument l'accompagne, avec ses malles, ses cartons et ses meubles. Et
naturellement, aussi, ses élèves. Charlotte se replie au deuxième étage la
laissant s'installer confortablement au premier. Bientôt, le logement est bien trop
petit pour les deux femmes. Il faut vendre le duplex et déménager. C'est alors
le défilé ininterrompu des acheteurs potentiels qui veulent visiter les deux
étages, semant la pagaille...«Le film raconte un peu ce que je suis. Dans la
vie, je suis un vrai Charlot. Quand je mange, la nourriture tombe. Quand je
marche, j'ai souvent les lacets défaits. Le côté burlesque est très proche de
moi. Et Sylvie Testud est un peu mon alter ego dans
le film, mais avec plus de grâce!» -- Chantal Akerman
Commentaires de Michel Handfield (31 août, 2004)
La désorganisation comme mode de vie! Un film
pour oublier tout le reste si vous acceptez de vous abandonner aux dialogues et
aux événements qui arrivent à l’héroïne avec l’arrivée de sa mère. Car si elle
était déjà désorganisée, là elle est bousculée! Un film à la fois fin, absurde
et hyperréaliste; cynique et ironique! Mais il faut aimer les dialogues, car
c’est un film où ce qui est dit est aussi important que ce qui est montré. Si
pour vous le cinéma est plus qu’une image, vous aurez probablement du plaisir
avec ce type d’humour! Moi j’en ai eu.
***
FFM, textes du 30 août, 2004
GENESIS
30 août, 2004
2004 / 35 mm / Couleur / 80 min.
Réalisateurs et scénaristes :
Claude Nuridsany, Marie Pérennou
Un griot (en Afrique noire, poète et conteur ambulant, dépositaire de la
culture orale) utilise le langage évocateur du mythe et de la fable pour
raconter une autre de ses histoires extravagantes. Mais cette histoire-là est
vraie. Il s'agit de notre histoire. L'histoire de la création du monde, de la
formation de la terre, des premiers signes de vie, de l'émergence des eaux, de
la colonisation du paradis terrestre. C'est une épopée extraordinaire qui se
déroule sous nos yeux. Cette genèse éclatante, à la fois moderne et hors du
temps, est jouée par les descendants directs de ceux qui ont en fait partie:
les animaux. Au cours des différentes étapes de cette quête initiatrice, le
conteur découvre que lui aussi a un rôle important dans toute cette histoire.
Il prend conscience que sa propre existence est le reflet du grand récit de la
vie, et qu'il est l'enfant de cette grande tribu que constituent les êtres
humains, pris dans le vertigineux tourbillon de l'existence.
Commentaires de Michel Handfield
J’ai assisté au visionnement
de Genesis à la salle Maisonneuve de la Place Des
Arts. (PDA) L’effet sonore était spectaculaire. La bande son y est pour quelque
chose; la salle aussi peut être!
L’image est tout
aussi belle que le son. Quand le griot – conteur africain – claque une
allumette, des étincelles se forme la voie lactée! Car la genèse est contée… et
montrée de façon spectaculaire dans ce film avec le concours de toute une
faune.
La genèse, quelle
question. La naissance de tout, la vie comprise. Mais traité de façon
scientifique et humaine. Par exemple la vie, c’est 1+1=3. Mais la vie, c’est
aussi la guerre pour la protection et la conquête de territoires; le
cannibalisme, car la vie se nourrit de la vie! Un film intéressant, fascinant
et didactique! Un film qui s’inscrit dans l’ère du temps, car en ce nouveau
millénaire on cherche des réponses à des questions comme d’où venons-nous? Où
allons nous? La montée religieuse en est un exemple. On n’a jamais autant
entendu parler de Dieu qu’en ce début de millénaire. (1) Ce film, qui ne prend
pas un point de vue religieux, mais plutôt anthropologique, est donc
rafraîchissant. (2)
***
Ce film soulève
aussi la question suivante pour moi : Sommes nous cannibales? Mangeons
nous notre prochain nous aussi? Car si la vie se nourrit de la vie, pourquoi
ferions nous exception?
En fait oui, nous sommes cannibales. Mais nous avons
institutionnalisé notre cannibalisme de telle sorte qu’il s’exerce par système
interposé! C’est l’organisation qui vit de l’exploitation des ressources de la
planète, du quasi esclavagisme de certaines populations et de la mise à l’écart
des gens pour accroître la rentabilité à court terme! (3) Ainsi, alors que les
richesses s’accroissent, de plus en plus de gens meurent de faim pour le profit
de quelques uns en même temps! Mais
personne en particulier n’est responsable; c’est le système en général qui en
est la cause! C’est la vie dit-on! Ce cannibalisme organisationnel
moderne peut donc sauver notre bonne conscience puisque ce n’est pas moi,
ce n’est pas lui, ce n’est pas l’autre qui est coupable, mais un système qui
nous semble invisible et qu’on ne peut toucher semble-t-il! Une fatalité qui
s’impose à nous? Dont nous sommes tous les victimes potentielles. Mais, pour
certains…
« Il n’y a pas
de fatalité. Seules existent l’arrogance et la destruction impérialiste. De nos
jours, celui qui meurt de faim est assassiné. Celui qui possède de
l’argent mange et vit. Celui qui n’en a pas est affamé, devient invalide ou
meurt. »: (Ziegler in Hatfield, 2004, p. 11)
C’est la règle
aveugle du marché. Mais comment expliquer alors que si d’un côté il y a
surproduction, la demande n’est pas comblée de l’autre? Le marché ne doit-il
pas tendre à l’équilibre? Ça c’est pour la théorie dans les livres! Mais la civilisation a bonne
conscience : elle donne à la charité! Ce sont des organisations qui font
le pillage au nom de la loi économique. Ce sont d’autres organisations qui font
et vivent de la charité! Et la loi économique est au dessus de tout soupçon.
Comme Dieu! Mais qui l’a écrit? Un économiste hors de tout soupçon
probablement! De quoi réfléchir.
Notes :
1. Les événements récents au nom de God,
Allah, Yahvé en sont la preuve. Les autres
religions, la mystique, notamment sous la forme bouddhique, et le nouvel
âge sont aussi très à la mode actuellement, car on cherche des réponses à
l’incertitude de notre temps.
2. En parlant de fondation du monde et d’anthropologie, je me dois aussi
de souligner le livre de Dominique Legros, L’histoire du corbeau et Monsieur
McGinty (France : nrf
Gallimard/L’aube des peuples,2003), qui parle du même
thème, la genèse, mais dans la perspective des autochtones Tutchone
du grand nord canadien.
3. C’est justement le thème d’un court métrage décapant, Raisons
économiques, que nous avons aussi vu au Festival :
« En raison de mauvais résultats économiques dus à une tendance
générale à la baisse, un père de famille est contraint de licencier ses enfants
devenus une charge trop importante pour lui. Retrouver ses parents à durée
indéterminée sera dès lors l'unique objectif de ces enfants seuls au
monde. »
2003 / 35 mm / Couleur / 16 min; Réalisateur Sören Prevost, Patrice Jourdan;
Scénariste : Sören Prevost;
Interprètes : Tom Novembre, Dieudonné, Daniel Prevost,
Sören Prevost,
Patrice Jourdan.
Bibliographie :
Hatfield, James H., 2004, Bush/L’imposteur, France : Michel Lafon
Avec une préface de Jean Ziegler (ancien député
du Parlement de la Confédération helvétique et rapporteur spécial de l’ONU nous
dit-on, mais il fut aussi prof de sociologie à l’université de Genève) Le
terrorisme et l’empire, pp. 9-14.
Ziegler, Jean, 1999, La faim dans le monde expliqué à mon fils,
France: Seuil
Camarades, il était une fois les communistes français (Documentaires)
30 août, 2004
Documentaires du monde
2004 / Vidéo / Couleur / 160 min
Réalisateur : Yves Jeuland
Avec la fin du siècle, une page de l'histoire de
la société française semble avoir été définitivement tournée. L'électorat
communiste a fondu, le Parti a perdu son assise sociale, un univers s'est
décomposé. Il n'est pourtant pas si lointain le temps où les communistes
français représentaient la contre-société, le temps où les discours de Thorez
et de Marchais étaient écoutés religieusement à la Fête de l'Huma, le temps où
des générations d'enfants guettaient impatiemment chaque semaine la sortie de
la revue Pif Gadget. Jean Ferrat chantait Ma France. C'était la France d'Aragon
et de Picasso, de Paul Eluard et d'Yves Montand, la France du Mouvement de la
Paix et de Tourisme et Travail, de la CGT et de l'Huma Dimanche. Ce film
raconte soixante ans de vie communiste en France, rythmés et nourris de
documents d'archives exceptionnels, de films militants, de chansons, de
témoignages inédits de personnalités, mais aussi enrichis de paroles de
familles de militants. Une aventure collective et intime, une somme de destins
pluriels, émouvants, drôles ou cruels, pour mieux comprendre les rites, les
valeurs de cette France-là... Et de la culture des camarades.
Commentaires de Michel Handfield
Ce film sur les
communistes français a passé rapidement malgré ses 2h 40 minutes! En France, certains sont communistes d’une
génération à l’autre, non pas qu’ils soient forcés, mais parce qu’ils ont
baigné dedans depuis le biberon! Cependant ils sont de moins en moins nombreux
dans les jeunes générations, vu la baisse continue du Parti Communiste Français
(PCF) aux élections françaises. Ce film en fait l’analyse, mais en même temps
un portrait de la France.
Je l’ai trouvé fort
intéressant, car j’y trouvais des lieux communs! Non pas que j’ai déjà été en
France, je n’y ai jamais été; mais j’y trouvais des auteurs, des poètes, des
artistes connus, car de par les études on baigne ici dans les livres
États-uniens et Français. On a donc une culture en partie influencée par la
France. Je pense, entre autres, à Daniel Cohn-Bendit,
leader de Mai 68 (1), ou à Jean Ferrat, qui interprète Camarade (dans ce film)
en réaction au printemps de Prague qui a marqué une désillusion profonde face à
l’URSS. (2) Il y a des lieux communs, comme PIF, ce petit chien sympathique, ou
le journal l’humanité! (3) Qui n’a pas acheté un PIF Gadget ici dans sa
jeunesse? Mais qui savait que PIF était un produit du PCF pour les jeunes?
Il y a aussi des
différences, car ici le communisme et le socialisme n’ont jamais pris racines,
trop américains que nous sommes en même temps! D’ailleurs nous n’avions par la
même vision utopiste de l’URSS et du collectivisme soviétique - certains
français se disaient même des « français soviétiques » à la belle
époque du PCF – attachés que nous étions à certaines valeurs individuelles.
Nous n’avons donc pas connu la même désillusion que les français suite à la
découverte des horreurs du système soviétique, ni avec la chute du mur de
Berlin! Certains membres du PCF n’ont même jamais cru aux horreurs du
stalinisme et sont demeurés staliniens.
Un parallèle peut même être tiré avec les
États-uniens : ce sont des utopistes idéologiques; des ultraconservateurs
qui veulent conserver leurs valeurs premières et refusent tous changements au
nom de la pureté du message idéologique! Leur slogan était d’ailleurs le même
que ressert George W. Bush chez nos voisins du sud : « Vous êtes avec
nous ou contre nous! » Ils ont même
rejeté mai 68, car la révolte doit venir des ouvriers pas des étudiants! Ils
ont aussi rejeté le féminisme (une valeur bourgeoise), la contraception et
l’avortement (malgré que des femmes pauvres meurent d’avortement mal fait), car
il faut enfanter des prolétaires pour faire la révolution communistes! Le
Manifeste ou la Bible, même lecture fondamentaliste. Même fermeture à toutes
interprétations rafraîchies!
Ce film est aussi
l’occasion de faire un tour de l’histoire contemporaine de la France, de
l’Europe et du Monde à partir de l’analyse historique du Parti Communiste
Français! Qui a lu des livres français sur le travail et la politique (je pense
à la collection Points chez Seuil) y trouvera des lieux communs comme la
CGT et les exemples communaux. Un film intéressant pour qui s’intéresse à l’histoire
des idées!
Mais attention, si
ce film jette un regard critique sur le PCF, il ne rejette pas pour autant tout
ce que le PCF a fait. Car les communistes ont aussi fait du bon en France.
L’école du parti a entre autres formé les ouvriers – pas juste les militants -
aux arts, à la musique classique, à la lecture, la philo, etc. Elle a ouvert
les esprits. Et dans le vide actuel, rien ne remplace cela, ce qui fait dire à
certains qu’il y a quelque chose à (ré) inventer pour combler ce vide!
Peut être que ce
renouveau viendra du communautaire et de la société civile, comme l’Institut du
Nouveau Monde, Alternatives (4), l’altermondialisation, les groupes
communautaires en éducation et environnement, etc., que nous connaissons ici.
Car si nous sommes à la croisée des modèles français et états-uniens, de par
notre culture francophone en Amérique, peut être que nos modèles sont aussi à
mi terme entre l’étatisme français, souvent qualifié d’étouffant (5), et
l’individualisme états-uniens. Peut être représentent-ils cette nouvelle
voie tant recherchée? Mais pour la
proposer il faudrait d’abord y faire confiance nous même au lieu de vouloir
copier ce que nos voisins du Sud font et de vouloir démanteler l’État au non de
l’efficacité du privé! Quelle efficacité quand nous voyons certains scandales
financiers retentissant comme Nortel (Canada), Parmalat (Italie) ou Enron (ÉU)?
Mais il n’est pas dit qu’un dépoussiérage de l’étatisme n’est pas nécessaire
non plus pour ne pas tomber dans « la société bloquée » à notre tour!
Ce films sur les
communistes français (6) saura intéresser tant les amateurs d’histoire que de
sociopolitique, car cette histoire se mêle à la grande histoire du XXe
siècle.
Notes :
1. Au sujet de Mai 68 et de Dany Cohn-Bendit nous vous suggérons les deux livres
suivants :
TOURAINE, Alain, 1972 (1968), Le communisme utopique – Le mouvement de Mai 68, Paris: Seuil, coll.
Point.
Cohn-Bendit, Dany, 1986, Nous l’avons tant aimé, la révolution, Paris:
Seuil, coll. Points Actuels [Bernard Barrault]
2. Jean Ferrat, Camarade, sur
Ferrat, Les grandes chansons, PGC-CD-928. Cette chanson dénonce les violences
de l’armée soviétique pour écraser le printemps de Prague. En voici un
extrait :
« C'est un
joli nom Camarade. C'est un joli nom tu sais. Qui marie cerise et grenade. Aux
cent fleurs du mois de mai. (…) C'est un nom terrible Camarade. C'est un nom
terrible à dire. Quand, le temps d'une mascarade, il ne fait plus que frémir.
Que venez-vous faire Camarade. Que venez-vous faire ici. Ce fut à cinq heures
dans Prague que le mois d'août s'obscurcit. Camarade » (Paroles et
Musique: Jean Ferrat 1969) Source : http://www.lyrics-songs.com/
3. Le
journal l’humanité : http://www.humanite.presse.fr/
PIF sur le web : http://www.pif-collection.com/
4. Institut du Nouveau Monde : http://www.inm.qc.ca
Alternatives : http://www.alternatives.ca/
5. A ce sujet, telle était la position de
Crozier dans les années 70 et telle est celle de Baverez aujourd’hui. En
témoignent les deux livres suivants :
CROZIER, Michel, 1970, La société bloquée, Paris: Seuil,
coll. Point.
Baverez, Nicolas, 2003, La France qui tombe, Paris :
Éditions Perrin, col. Tempus (www.editions-perrin.fr)
6. Le site du PCF est http://www.pcf.fr
Vénus et Fleur
d’Emmanuel Mouret
en première nord-américaine au Festival des films du monde
Montréal, 19 août 2004 – Très remarqué à la
Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2004, le film Vénus et Fleur
sera projeté en première nord-américaine dans la sélection «Cinémas d’Europe»
du Festival des films du monde. Sa sortie au Québec est prévue pour le
début de l’automne. Vénus et Fleur est le deuxième long métrage d’Emmanuel
Mouret, qui en signe le scénario et la réalisation.
Fleur (Isabelle Pirès), jeune Parisienne
timide, et Vénus (Véroushka Knoge), jeune Russe extravertie et perdue, se
rencontrent à Marseille. Elles n’ont strictement rien en commun, si ce
n’est leur envie de trouver le garçon idéal.
«Considérons que la vie est changeante, dit le réalisateur. On ne saurait
tout réussir avec le même bonheur, ni tout échouer avec la même infortune, car
il n’est de beau temps que ne suive la tempête. Ça permet de voir les
choses sous un autre angle. Mes personnages portent tous des prénoms qui
célèbrent soit la nature, soit des héros anciens ou mythologiques ». À
Vénus et Fleur s’ajoutent en effet Bonheur (Julien Imbert)
et Dieu (Frédéric Niedermayer, aussi producteur du film).
Originaire de Marseille, Emmanuel Mouret réalise à 19 ans son premier court
métrage, Promène-toi donc tout nu! Après des études à la Fémis dont il sort en 1998 avec un diplôme en réalisation,
il signe en 2001 un premier long métrage, Laissons Lucie faire.
Distribué au Québec par K-Films Amérique, Vénus et
Fleur sera présenté dans le cadre du FFM les 31 août,. 1er et 2 septembre avant de prendre l’affiche
à Montréal à l’automne.
Commentaires de Michel Handfield (26 août, 2004)
Un film sur la quête de l’amour et de soi basé
sur des caractères typés, psychologiques, voir mythologiques! Ainsi Fleur est
douce, voudrait agir, mais c’est dans sa nature de se laisser cueillir! Tant
pis si l’amour passe et qu’il ne la « sent » pas. Vénus par contre
est la déesse de l’amour… Et Dieu dominant. Quant à Bonheur, il ne sait dire…
mais il sera là quand elle sera prête à cueillir.
Un film qui montre les problèmes actuels de la
jeunesse universelle de par ses thèmes, tout en les traitant de façon légère,
ce qui en fait un film agréable à voir.
Les choristes
“Les Choristes, Journal de Clément Mathieu” deYves
Prince et Christophe Barratier (Éditions du Seuil)
Réalisateur Christophe Barratier
Scénariste Christophe Barratier, Philippe Lopes-Curval
Producteur Jacques Perrin, Arthur Cohn, Nicolas Mauvernay
Avec :
Gérard Jugnot /
Clément Mathieu
François Berléand / Rachin
Jacques Perrin / Pierre Morhange adulte
Jean-Baptiste Maunier
/ Pierre Morhange enfant
Kad Merad (Kad) /Chabert
Marie Bunel /Violette Morhange
Jean-Paul Bonnaire / le Père Maxence
Paul Chariéras/ Régent
Carole Weiss / La Comtesse
Philippe Du Janerand /
Monsieur Langlois
Erick Desmarestz /Le docteur Dervaux
Maxence Perrin / Pépinot
Gégory Gatignol / Mondain
Thomas Blumenthal /
Corbin
Cyril Bernicot / Le Querrec
Simon Fargeot /
Boniface
Théodule Carré-Cassaigne
/ Leclerc
Armen Godel / Le médecin
Colette Dupanloup / La cuisinière
Steve Gadler /
Assistant Pierre Morhange
Fabrice Dubusset/
Carpentier
Marielle Coubaillon /
Madame Rachin
En 1949, Clément Mathieu, professeur de musique
sans emploi, est nommé surveillant dans un internat de rééducation pour
mineurs. Particulièrement répressif, le système d’éducation du directeur Rachin peine à maintenir l’autorité sur des élèves
difficiles. En familiarisant les pensionnaires à la magie du chant, Mathieu va
transformer leur vie…
Commentaires de Michel Handfield (26 août, 2004)
Quand le nouveau proviseur, Clément Mathieu,
arrive dans ce milieu fermé, un genre d’école de réforme de l’après guerre (1949),
il trouve un directeur à la main de fer et des maîtres qu’il a façonnés à son
image. La règle est Action/Réaction. Le jeune fait de quoi, pas de si, pas de
ça, la punition sans appel! « C’est juste ça qu’ils comprennent… » dit-on. Mais lui est un doux de nature, un humaniste, un
musicien. Il est donc en contraste avec ce milieu. Le milieu le brisera-t-il?
Brisera-t-il le milieu? Non, ce n’est pas si simple, on n’est pas dans le
cinéma États-Uniens. Plus complexe. Mais un film qui va chercher les émotions,
je l’avoue. Il m’a touché.
Oui la musique changera des choses, changera des
vies. Mais on n’est pas dans le tout cuit. Tout n’est pas réussite au sens où
on l’entend dans le cinéma hollywoodien. Mais tout n’est pas perdu, loin de là.
Sauf qu’on n’est pas dans le convenu d’avance. Il y a un certain cynisme, dans
le bon sens du terme : s’affirmer et remettre les incohérence du système
en cause par l’exemple. Ce n’est pas léger, ni lourd, mais comme la vie, avec
des moments plus joyeux et plus tristes. Un peu comme une toile de Renoir.
Je ne vous cacherai pas qu’il y a une chorale,
le titre le dit. On peut penser à l’Opus de M. Holland
ou à Rock’n nonne, mais aussi à Zola. Car une chorale ça
crée une sorte de famille et c’est bienvenu dans un tel milieu. Car on est chez
les sans familles, orphelins, et enfants « difficiles », réformés.
C’est à la fois différent et si près de ces films, car la musique offre quelque
chose d’universel, qu’il peut s’adresser à un large public. Un film qui devrait
rapprocher cinéphiles et grand public.
Hyperliens :
http://www.leschoristes-lefilm.com/
Elles Étaient cinq
En compétition officielle
Au Festival des Films du Monde de Montréal 2004
MONTRÉAL, le mardi 17 août
2004 — C’est le 26 août prochain, lors de l’ouverture
du Festival des Films du Monde de Montréal, que la réalisatrice Ghyslaine Côté dévoilera son second film, ELLES ÉTAIENT
CINQ, qui représentera le Québec en compétition
officielle. Le long-métrage est codistribué par Remstar et Vivafilm et coproduit par Remstar/Forum
Films.
À la vue d’un homme au bras tatoué, Manon est
prise de panique et se réfugie dans son appartement où elle s’enferme à double
tour. Cette rencontre fortuite déclenchera une série de souvenirs douloureux
qu’elle avait refoulés depuis son adolescence. Quinze ans ans
plus tard, Manon réalise que seules ses amies d’enfance, qu’elle a refusé de
voir depuis, ont le pouvoir de l’aider à surmonter sa peine. De retour sur les
lieux de leur dernière rencontre, Manon partagera enfin avec ses amies le
fardeau qu’elle porte depuis tant d’années, dans l’espoir de libérer son cœur
et de pouvoir enfin jouir du bonheur auquel elle a droit.
ELLES ÉTAIENT CINQ met en vedette Jacinthe Laguë (Home) ; Ingrid Falaise (Tribu.com, Night Light, Bang-Bang) ;
Julie Deslauriers (Chambre en ville, Tribu.com) ; Brigitte Lafleur (L’Auberge du chien
noir, Virginie
, Bouscotte) ;
et Noémie Yelle (Ramdam,L’Ombre de
l’épervier, Blanche). Peter
Miller (Mambo Italiano), Louise
Portal (Les Invasions barbares),
Sylvain Carrier (Tribu.com), Diane
Lavallée (Nuit de noces) Robert
Lalonde (Séraphin – Un homme et son péché) et Brigitte Paquette (Requiem pour un beau sans-cœur) viennent
compléter la distribution.
Ghyslaine Côté, qui est aussi comédienne, scénariste et coach d’acteurs, a également
écrit et réalisé Aux Voleurs! (Prix
La Presse pour le meilleur scénario, Festival du Court métrage de
Montréal) ; réalisé et coscénarisé Pendant ce temps... (Grand prix du festival
de Stony Brook et candidat aux prix Jutra et Génie) ; et réalisé de nombreuses publicités
et documents d’entreprises. Son premier long métrage, Pin-Pon, le film, avait obtenu deux nominations aux prix Jutra.
L’auteure du scénario original de ELLES ÉTAIENT
CINQ, Chantal Cadieux, a signé ou collaboré à de
nombreux scénarios de films et d’émissions télé. Elle a récemment écrit, en
collaboration avec le réalisateur Jean Beaudin, deux scénarios de films : L’Inconnu, un
long métrage inspiré du roman de Michel Rio, et Le Collectionneur, d’après le roman de Chrystine
Brouillet.
ELLES ÉTAIENT CINQ a été produit par Maxime Rémillard de Remstar et Richard Lalonde de Forum Film, avec la
participation financière de TÉLÉFILM Canada, SODEC – Société de développement
des entreprises culturelles-Québec, SUPER-ÉCRAN et la collaboration de RADIO-CANADA TÉLÉVISION.
Codistribué par Remstar et Vivafilm,
Elles ÉTaient cinq prendra l’affiche à Montréal le 27 août et le 3 septembre
partout au Québec.
Commentaires de Michel Handfield (26 août, 2004)
Ce film parle d’abord de l’adolescence, côté
fille… ce que je n’ai pas connu étant un gars et n’ayant pas de sœurs. J’avais
l’impression d’un voyeur qui découvrait ce que pouvaient se dire les filles de
mon adolescence entre elles. Leurs rêves romantiques. Leurs folies. Et par les
réactions de la salle cela semblait en rejoindre plus d’une. De quoi croire à
une vraisemblance.
Mais le fil est mince entre le bonheur et le
malheur, comme un fil dentaire qui se brise. « Clac » et tout
bascule. Un sourire séducteur est remplacé par une crispation d’horreur. Les
drames s’estompent dit-on, mais il y en a qui s’oublient moins facilement quand
ils plongent dans notre chair. Manon l’a connu et c’est profondément inscrit
dans tout son être.
Le système, lui,
pardonne. On ne peut être coupable toute une vie. On réhabilite. Mais
les victimes, elles? Leur entourage? Si le coupable peut refaire sa vie, les
victimes le peuvent-elles? Justice ou sentiment d’injustice? Des questions
philosophiques? Non. Des sentiments réels, vécus au plus profond de l’être,
dans sa chair. Car ce film prend le point de vue des victimes de façon humaine,
sans faux fuyants.
Par éthique et par respect pour toutes victimes
de tels actes et de tous autres actes criminels qui font basculer des vies sans
raisons, gratuitement, je ne peu écrire « un très beau film » ni
« un très bon film » (même si je le pense) à cause de la gravité du
sujet et de son importance. Mais je peux écrire un film nécessaire et bien
fait; un film riche. Courrez le voir.
Hyperliens :
Libérations conditionnelles :
http://www.msp.gouv.qc.ca/reinsertion/reinsertion.asp?txtSection=commqueb
Aide aux victimes d’actes criminels :
http://www.justice.gouv.qc.ca/francais/publications/generale/rec-ress.htm
(Ressources)
http://www.cavac.qc.ca/
(centre d’aide aux victimes actes criminels)
http://www.lumiereboreale.qc.ca/principal/quoi.htm
(centres d'aide et de lutte contre les agressions
à caractère sexuel)
Maryse Letarte, Le Motif,
Rococo/Distribution Select, ROCCD-6772
Un CD à écouter et à lire!
Comme nous avions
assisté au lancement de ce CD lors des 16es FrancoFolies de Montréal le 2 août
dernier et que nous avions parlé de son single « Parmi les robots »
au mois de mai, nous avons pris une pause avant de vous parler de ce CD, mais
nous l’avons écouté à plusieurs reprises durant ce intervalle. Quelques
commentaires de films ont été écrits en écoutant Maryse. Ce ne sont donc pas
des premières impressions, mais bien des remarques mûrement réfléchies.
Différemment de sa prestation de lancement, qui nous
semblait plus rock, le CD est plus soft. Mais des deux façons ses musiques sont
excellentes, ce qui montre la mesure de son talent de musicienne et
d’interprète, car nous avons ici affaire à une auteure, compositeure
interprète! Un CD qui est aussi agréable à écouter pour écouter qu’en écrivant
ou en lisant.
Des paroles qui sont
aussi à lire, car au premier degré on peut se dire que ce sont des chansons
agréables, qui coulent biens. Mais attention, il y a un second degré : un
diagnostic du mal de notre temps comme fil conducteur. Une dénonciation de
notre enfermement dans des systèmes. Des preuves? En voici quelques unes :
Dans Tour de
contrôle l’héroïne n’a « plus le goût d’apprendre son
rôle », « jeté la vaisselle
sale » et est « partie et n’en reviens pas », mais deviens « charmante et positive
comme le message d’un biscuit chinois » ! Elle est sortie d’un système
pour entrer dans un autre, celui du positivisme nouvel-âgeux!
Dans Le héros,
elle souligne que contrairement aux héros médiatisés plein d’héros de tous les
jours – les citoyens comme vous et moi – font des
gestes inaperçus qui font que les choses vont, mais on ne les voit pas!
Dans La
combine elle souligne comment nos vies nous échappent, grugée qu’elles
sont par des obligations et le système (modes et idéologies), car « il
sera riche celui qui trouvera la combine pour que nos vies s’illuminent »
Dans Le matin
renaît elle dit «Les décisions, comme des énormes coups
montés. Les opinions, comme de la publicité », Ça ne peut être plus clair!
Et que dire de Parmi
les robots, sauf de reprendre en partie ce que nous avions dit lors de
la parution de ce single. Le monde est organisé de telle sorte que « les
machines règnent »! Une chance qu’il y a la musique pour rêver le monde! La
prochaine grande révolution viendra-t-elle de la Culture ou de Maryse!? Un CD à écouter et à lire!
Dans le cadre des 16es
FrancoFolies de Montréal
Lancement du nouvel album
de Maryse Letarte
le 2 août, à 18 h, au Cabaret
Music-Hall
Commentaires de
Michel Handfield
Ce soir (lundi 2 août) a eu lieu
le lancement du nouvel album tant attendu de l’auteure-compositrice-interprète
Maryse Letarte au Cabaret Music-Hall, dans le cadre
des 16es FrancoFolies de Montréal et nous y étions.
D’abord, d’un point de vue social, ce lancement de disque avait un petit
côté festif et ça se sentait dans la salle. Question d’ambiance du Cabaret et
du cadre des francofolies. Il est vrai que les lancements de disques sont aussi
différents des autres activités auxquelles nous assistons généralement, comme
les visionnements de film ou les congrès, car les gens présents créent une
ambiance, alors que dans ces autres événements nous sommes davantage en mode
écoute/analyse dans la salle. Un lancement de disque de temps à autre nous fait
donc du bien.
Dans sa prestation Maryse nous a donné l’impression d’être plus rock
dans sa « nouvelle vie »; d’avoir quitté sa « tour de
contrôle »… comme elle le disait dans une des quatre chansons qu’elle a
interprétées pour les journalistes et autres personnes présentes au Cabaret ce
soir. Une Maryse libre, simple et volontaire qui semble faire ce qu’elle aime…
et aimer ce qu’elle fait! Ça se sent et c’est naturel, ce que l’on apprécie.
Bon succès Maryse!
***
Dans quelques jours Maryse conviera à nouveau les amateurs de bonne pop
à venir découvrir les onze titres originaux de son album Le motif, soit le vendredi 6 août, à 18 h, sur la scène
principale du site extérieur des Francos, dans le
cadre de la série Les Révélations Ford Focus. Il est à noter que «Parmi les robots»,
premier extrait de ce DC à venir, que l’on peut déjà se procurer sur
Archambaultzik.ca, tire d’ailleurs très bien son épingle du juke-box hertzien
depuis sa sortie à la radio, en mai dernier et qu’il a eu une bonne critique
sur notre page musique!
Lancé en primeur
dans le cadre des FrancoFolies de Montréal, l’album Le motif (Disques
Rococo/Sélect) sera en magasins à compter du 10 août 2004.
Hyperlien : www.maryseletarte.com
***
Sylvain Lelièvre,
Versant Jazz 2, Live au Lion d’or, Novembre 2001, GSI Musique, GSIC-2-899
Commentaires de Michel Handfield (20 juin, 2004,
minuit, 50)
A la veille du Festival International de Jazz de
Montréal, c’est l’occasion de parler de Sylvain Lelièvre,
car ses chansons ont pris une tournure fort intéressante une fois réarrangée en
jazz. Leur relief ressort davantage, mais ce n’est pas emprunté pour suivre une
mode. C’était déjà en germe, mais moins apparent pour ne pas déranger. Car à
l’époque on parlait de chansonniers et cela appelait un style spécifique, une
couleur, un son! Il ne fallait pas trop jouer dans les autres styles
musicaux! Ce petit côté jazz de était
donc retenu. Mais avec le temps et les Festivals de Jazz aidant – on en est au 25e Festival
International de Jazz de Montréal cette année – les oreilles se sont ouvertes et les
auteurs compositeurs, comme Sylvain, qui fleuretaient avec le jazz, ont pu
réinterpréter leurs chansons en leur redonnant la couleur jazz qu’elles
auraient toujours dues avoir! Un album qui nous fait redécouvrir sous un autre
jour – sous leur vrai jour! – les chansons de Sylvain.
Il aurait si bien fait dans le grand spectacle
du Festival de jazz, avec 450 000 personnes au moins, mais il nous a
malheureusement quitté trop tôt. Alors, à défaut de sa présence… offrez vous
son âme jazz pendant le Festival. Achetez ce CD et vous ne le regretterez pas,
promis! Le plaisirs transcendera vos écouteurs!
Ce CD est accompagné d’un DVD d’une dizaine de
minutes en prime. Celui-ci est fort intéressant. On y apprend notamment que le
blues et le jazz ont accompagné sa révolte d’ado! Cela paraît que cette musique
l’a pénétré dans sa jeunesse, car sans s’attarder à écrire spécifiquement du
jazz, ses chansons plongent aux racines jazz dans leurs musiques. C’est ce
qu’il explique très bien sur ce court DVD et ça s’entend sur le CD avec :
Je flâne en chemin
Pantalon gris et veston bleu
Drummondville
Solitude (Duke Ellington)
Venir au monde
Lettre de
Toronto
Petit matin / Old Orchard
Tombouctou
Les choses inutiles
Send in the clowns
P.S. Ce disque s’est mérité une dizaine
d’écoutes dans les deux dernières semaines et il me donne autant de plaisirs
que ce soit à 10h le matin, 15 h l’après midi ou 1h du matin en rédigeant un
texte politique! Un best!
Hyperliens
***
Maryse Letarte, Parmi les robots,
Single annonciateur de son nouveau CD (www.maryseletarte.com)
25 mai, 2004
Sur un air accrocheur, Maryse Letarte a des
paroles qui ont de la profondeur plus qu’il n’y paraît. C’est le cas de ce
single. Ce n’est qu’une belle mélodie au premier degré :
Je suis en transit
Parmi les robots
J’écoute de la
musique
Elle mène mon bateau
Mais au second degré, n’est-on pas dans un
constat désolant? Le monde est organisé de telle sorte que « les machines
règnent »! Les Gouvernements n’ont pas le choix de faire ce qu’ils font,
car c’est le rouleau compresseur de la mondialisation qui décide; les
entreprises n’ont pas le choix de mettre à pied malgré les profits, car c’est
la machine du marché qui décide; au travail on n’est plus une personne mais une
ressource - et si elle est encore humaine c’est juste que la technologie pour
la remplacer n’est pas encore disponible! Bref ce sont les machines qui mènent
le monde et non pas le monde qui mène les machines! Une chance qu’il y a la
musique pour rêver le monde! La prochaine grande révolution viendra-t-elle de
la Culture, car…
Dans ce monde où les
machines règnent
Je me dois à tout
prix
De voir à ce que le
feu ne s’éteigne
***
Sony Music Radio Sampler
2004 # 1 (SMPD 145) et # 2 (SMPD 146)
25 mai, 2004
Depuis quelques temps déjà que je les écoute
sans m’en lasser, car ces deux CD de Sony sont un
mélange équilibré entre différents courants musicaux. Chacun peut y trouver son
compte et quelqu’un de « musicalement curieux » y faire des
découvertes intéressantes s’ils se trouvent sur le marché - car même s’il est
inscrit à l’endos « not for sale », ces CD peuvent se trouver en format
commercial sous une présentation différente cependant. Pour ma part ils me
servent à vous souligner quelques titres qui m’ont davantage accroché...
Sur le numéro1 un j’ai particulièrement apprécié
Barlow, « Perfect Wave » (Taken from the Epic
release Barlow – EK 80943) pour son rythme rock; Garou, « L’aveu » (Taken from the
Colombia release Reviens – CK 81012), pour son rythme
et sa poésie, qui est romantique sans tomber dans la guimauve. Qui joue sur des
contradictions humaines que l’on connaît tous, que l’on a tous à
l’occasion:
Plus je m’éloigne
dans l’absence,
Plus je dis non à
tes appels,
Plus notre passion
m’est fidèle,
Et plus notre
histoire recommence!
(Paroles notées lors de l’écoute)
Enfin, j’ai aimé
le son d’Indigo girls, “Perfect world”
(Taken from the forthcoming epic release All that we
let in – EK 90503), qui mélange pop et choristes dans de doux arrangements!
Sur le numéro 2 les pistes qui m’ont les plus accroché sont Glenn Lewis, “Back for more” (taken from the upcoming Epic release Back for more –
EK 86965), que je trouve très tendance
actuelle; Drowning pool, “Step Up”
(taken from the forthcoming Wind-up/Epic release Desensitized – EK 91864), qui brasse à fond la cage (lire qui a
du rythme rock-métal); et Harry Connick Jr., “For once in my life” (Taken from
the Colombia release Only You – CK 90551) qui nous ramène à une
autre époque jazzy crooner avec une
belle orchestration!
Présence autochtone à Montréal
Du 10 au 21 juin 2004
Aujourd’hui j’ai assisté au lancement de la 14e
édition de Présence autochtone. Comme vous trouverez tous les
détails sur leur site Internet (www.nativelynx.qc.ca), voici quelques unes de mes notes :
Mira Cree, Présidente, a dit que ce festival est
« la célébration de l’amitié et des destins croisés ».
Cela résume tout. Depuis tout ce temps que l’on vit avec les autochtones et
pourtant nous les connaissons si peu… Ce festival est l’occasion de renouer les
amitiés passées et de les réactualiser.
Pour sa
part André Dudemaine a souligné qu’ils n’ont pas
dormi aux corneilles et ont préparé un événement impressionnant pour cette
année encore, avec contes et légende, expositions, festival de films, et même
un concert symphonique avec l’Orchestre Métropolitain! Mais comme les détails
sont sur le communiqué qui suit et sur le site Internet de l’événement, rien ne
sert de les répéter.
Un Festival à suivre.
Michel Handfield (26 mai, 2004)
Le communiqué
Montréal, 26 mai
2004 —Voué à la promotion et à la mise en valeur des cultures des Premières
Nations des trois Amériques, la 14e édition du festival Présence
autochtone nous offre cette année encore une programmation solide et variée
s’ouvrant sur une imposante exposition et se terminant par un grand concert.
L’ouverture
officielle de Présence autochtone 2004 aura
lieu à la Bibliothèque nationale (édifice Saint-Sulpice) qui présente Mythologies
fondatrices : gravures et sculptures inuit. L’ethnologue Bernard
Saladin d’Anglure -qui a notamment été l’assistant de
Claude Lévi-Strauss et a traduit le premier roman inuit Sanaaq de Mitiarjuk
Nappaalik - agit comme commissaire de cette
exposition majeure dédiée aux artistes du Nunavik. Les œuvres proviennent de la collection de la
Bibliothèque nationale qui les expose au public pour la première fois ainsi que
de la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec qui prête des sculptures
pour l’occasion.
Et c’est au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
que se terminera le festival le 21 juin. Présence
autochtone et l’Orchestre
métropolitain du Grand Montréal
s’associent cette année pour présenter à 20h, Destins croisés, un
concert exceptionnel marquant le Jour national des peuples autochtones. Le
programme comportera notamment deux mouvements de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorák
ainsi que des œuvres musicales inspirées de poèmes innus
et d’un chant ojibway. Minda Forcier, soprano d’origine atikamekw
et la violoniste mohawk Tara-Louise Montour se joindront aux musiciens de
l’orchestre pour ce grand concert dont les billets sont disponibles dàs le 1er juin à la billetterie de la Place des
Arts.
Parmi les spectacles
qui seront présentés pendant cette 14e édition, Blues, Blanc, Rouge
réunira au Lion d’Or le samedi 19 juin,
les 12 guitaristes de l’ensemble Forestare, le duo
Taima, Gilles Sioui,
Brian André, Richard Desjardins et
les musiciens de Kanasuta (billets au coût de 15 $ en vente à la
billetterie Articulée à compter du 1er juin).
Présence autochtone propose comme
toujours une importante sélection de films.
Fiction, documentaires, vidéo d’art et films d’animation provenant d’une
dizaine de pays et en lice pour les prix Teueikan et
Rigoberta Menchú, se succéderont au Cinéma ONF où les
projections débutent le 10 juin. Cette année, on soulignera le travail du
réalisateur d’origine cheyenne-arapaho Chris Eyre avec une rétrospective
incluant Smoke Signals; on
pourra voir aussi, en première canadienne, son dernier film, Edge of America,
acclamé cet hiver au festival de Sundance. Sera
également salué le cinéaste Arthur Lamothe qui est à compléter sa grande encyclopédie
audiovisuelle de la culture innue. Présence autochtone présentera en
primeur quelques documents inédits de ce cycle titanesque. À signaler aussi, le
retour de la comédienne mohawk Alex Rice qui tient le rôle principal dans On the Corner de
Nathaniel Geary; présenté
en première montréalaise, ce titre se retrouve dans la liste des 10 meilleurs
films canadiens de l’année. On the Corner sera également projeté à Kahnawake qui accueille cette
année encore un atelier professionnel consacré à l’adaptation cinématographique
de légendes et de récits amérindiens.
L’activité la plus
populaire de Présence autochtone
demeure le site extérieur du Parc Émilie-Gamelin qui
propose une foule d’activités d’animation du 17 au 20 juin sous le thème « la trame du rêve ». Manikashuna (mot
innu désignant les campements des nomades) témoigne
avec justesse et respect des cultures matérielles et spirituelles des Premières
Nations. Le site comporte trois zones consacrées aux cultures des Plaines, des Iroquoïens et des Algonquins. On y retrouvera contes et
légendes sous les tipis, démonstration des arts et métiers de la tradition
(dont la peinture des chevaux), cuisson de la banique
et danse d’apparat. D’ailleurs, la flamboyante Marche des danseurs y convergera
le samedi 19 juin pour les Boréades.
Le dimanche 20 juin à 15h30 au Cinéma ONF, on
décernera les prix de la 14e
édition de Présence autochtone dans les catégories « création » et «
communauté », ainsi que le prix Docteur Bernard Chagnan
Assiniwi qui récompense l’accomplissement
exceptionnel d’une personnalité des Premières Nations.
Dans le cadre des
manifestations en arts visuels de cette 14e édition, la Guilde
canadienne des métiers d’arts accueille du 4 au 26 juin Niwaskw, une exposition d’oeuvres sur papier,
de sculptures et de broderies à laquelle participent Christine Sioui Wawanoloath, Virginia Pésémapéo Bordeleau, Tom Bulowski, Jacques Néwashish et
Véronique Thusky. Et à l’entrée du cinéma ONF du 10 au 21 juin,
on pourra voir Eshi-uapatikanit,
visions de jeunes Innus. Trente jeunes de Uashat mak Mani-Utenam
ont pendant un an photographié les moments importants de leur vie et de leur
communauté, avec humour, tendresse et lucidité.
Le festival se
termine le lundi 21 juin, Jour national des peuples autochtones
qui sera d’abord souligné en avant-midi par une cérémonie civique sur le
Belvédère Kondiaronk du Mont-Royal et en soirée par
le concert à la Place des arts.