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Societas
Criticus
Revue
de critique sociale et politique
On
n'est pas vache…on est critique!
&
D.I.
revue d’actualité et de culture
Où
la culture nous émeut!
www.homestead.com/societascriticus
Vol.
6 no. 3
Cette
revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour
nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal
(Québec) Canada H2A 3L9
Les
co-éditeurs:
Michel Handfield, M.Sc. Sociologie
et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!
Gaétan
Chênevert, M.Sc. Adm.
et
Diogénien
Soumission
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Les
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Dossier/Essais : La culture
radiophonique
Commentaires livresques : Sous la
jaquette!
Nos
éditos
Bon
Dieu, on oublie le miséricorde Dieu en ton
nom!
Michel
Handfield avec la coopération
Gaétan Chênevert
9
décembre, 2004
« Des
pièces de Tennessee Williams comme certains dialogues de Platon pourraient
passer au pilon en Alabama où un élu veut faire interdire les livres avec des
personnages gais dans les bibliothèques publiques, y compris les bibliothèques
universitaires de l’État.
Le
grand censeur s’appelle Gerald Allen. Baptiste républicain, père de famille, le
quinquagénaire est membre de la Chambre des représentants de l’Alabama depuis
dix ans. »
(Censure anti-gais en Alabama, Le Devoir, 7 décembre 2004, p. B
8)
Je
ne sais pas pourquoi, mais, en ce début de millénaire, cette montée de la morale
ultraconservatrice et de l’intolérance au nom de Dieu nous donne de l’urticaire.
Avec
la montée des intolérances raciales; sociales; politiques, peu importe qu’elles
soient de droite ou de gauche; économiques et religieuses, dont des chrétiens
font aussi partie ne l’oublions pas, il ne faudrait jamais oublier que le
Nouveau Testament est l’histoire d’une gang d’hommes vivants ensemble
sous la férule d’un certain Jésus, condamné à mort par la justice de son temps;
suivit par quelques déviants et une célèbre prostituée du nom de Marie
Madeleine; et, surtout, prêchant l’amour, la tolérance et la foi au dépassement
de l’Homme!
L’an
dernier nous vous souhaitions du doute; cette année nous vous souhaitons de la
tolérance en mémoire de celui dont Noël est la fête!
Joyeuses
fêtes de la part de Societas Criticus.
***
Un
site novateur pour le CHUM! (1)
Michel
Handfield
Montréal,
le 8 décembre, 2004
A/S
CA du CHUM
Philippe
Couillard, Min. de la santé et des services sociaux
William
Cusano, député de Viau
Gérald
Tremblay, Maire de Montréal
Nous
avions un projet novateur dans notre quartier – faire un centre de caravaning
dans l’ex carrière Francon, où il n’y a JAMAIS eu de déchets contrairement à
l’ex-carrière Miron plus à l’Ouest – mais il semble maintenant qu’il ne se
réalisera pas. Cette carrière étant stratégiquement placée au cœur de Montréal,
ce site serait peut être intéressant pour le futur CHUM à plus d’un
titre :
1)
Il risque d’y avoir beaucoup moins de contamination que sur les terrains du CP
d’Outremont, car il est totalement sur le roc et n’a jamais eu de
déchet;
2)
Ce site est stratégiquement bien placé à l’angle des rues Jarry et Pie-IX, soit dans le centre Nord de Montréal, près des transports en commun, notamment
de la future station IX/Jean-Talon de la ligne bleue
qui conduit directement à l’Université de Montréal; de Pie IX, qui est une des
grandes artères Nord/Sud de Montréal et une porte vers le Nord; et enfin près de
Crémazie (l’autoroute Métropolitaine), 2 rue plus au sud;
3)
Ce terrain appartient déjà à la ville de Montréal, ce qui faciliterait
probablement les négociations d’acquisition;
4)
De par sa configuration sous le niveau de la rue, ce site bénéficie aussi d’un
micro climat et est à l’abri des bruits de l’extérieur, un plus pour un hôpital
si l’on parle en terme de tranquillité pour les patients;
5)
En terme d’espace pour les développements futurs, ce site bat facilement le
centre ville et se compare avantageusement bien aux terrains du
CP.
.
De plus, on aurait là une continuité avec l’histoire de l’Université de
Montréal, celle-ci étant construite dans une ancienne carrière à flanc de
montagne! Ce serait là un projet de recyclage d’un ancien site industriel
novateur et spectaculaire (on croit à un paysage de montagne); une vitrine pour
l’U de M. Quant aux sceptiques, je vous signale que le palais de justice de
Laval est construit sur le plateau d’une ancienne carrière de Laval.
Ce
serait aussi un projet structurant pour un quartier comme le notre et il
s’inscrirait bien dans le
développement de la Cité des arts du cirque, 1 ou 2 km
plus à l’Ouest; du pôle récréo-touristique tant souhaité par le milieu, sur la
rue Jarry; et, enfin, de la vitrine environnementale promise par la ville de
Montréal pour notre autre carrière plus à l’Ouest (MIRON).
Je
vous suggère d’examiner cette avenue avec celles que vous avez déjà, car ne la
connaissant probablement pas, il vous était impossible de la considérer jusqu’à
présent. Mais elle est à considérer sérieusement, car elle bénéficie de
certaines forces naturelles, sa localisation et sa propriété déjà publique, et
elle représente en plus l’occasion de montrer un savoir faire novateur en
recyclage d’un ancien site industriel. Si vous voulez un CHUM qui fera vraiment
parler de lui hors de nos frontières, car il sera un modèle novateur de
recyclage d’un ancien site industriel fort spectaculaire en soi, c’est un site à
considérer.
Bien
à vous,
Michel
Handfield, M.Sc. sociologie
Diplômé
de l’U de M
Note :
1.
Centre Hospitalier de l’Université de Montréal : http://www.chumontreal.qc.ca/
***
A l’impossible, nul n’est
tenu!
Michel Handfield, M.Sc.
sociologie
17
octobre, 2004
Dans le Journal de Montréal
du 15 octobre la ministre Liza Frulla disait de la
télé de la Société Radio-Canada (SRC) [qu’] «Une télé comme Radio-Canada ne
peut s’ambitionner à vouloir faire du privé. Elle doit revenir à un mandat
public. Et qu’on ne me dise pas que c’est une question d’argent ; l’argent ça se
gère»! (1) Mais l’argent vient d’où? Sur le site du Secrétariat du Conseil
du trésor du Canada on nous apprends que les revenus de Radio-Canada
comprennent « les revenus publicitaires, les ventes d’émissions, les
revenus divers et les revenus des services spécialisés (CBC,Newsworld, le Réseau de
l’information et Galaxie). » (2) Il y a quelques années des chercheurs
avaient établis que « La part des revenus de la Société Radio-Canada
provenant des coffres de l'État s'est maintenue autour de 65 % entre les années
1998 et 2001 ». (3) C’est donc dire que 35% du financement est privé.
Là dessus, en tenant compte du fait que la radio d’État n’a pas de pub, la télé
est donc responsable d’une large part de cet autofinancement. Alors comment lui
demander de faire des émissions non commerciales si elle doit vendre de la
publicité? Car vendre de la publicité c’est vendre des auditoires :
« La télévision a-t-elle pour rôle essentiel de vendre du Coke? «Oui!»,
répond le président de TF1. » (4) A moins de financer entièrement
Radio-Canada, je ne vois pas comment on peut lui demander de délaisser les
émissions grand public.
Et même là j’ai un doute, car les principales critiques concernant notre
télé publique lui reprochent de faire du divertissement. C’est ainsi que l’an
dernier « Pierre Karl Péladeau s'est lancé
dans une guerre des mots contre la Société Radio-Canada qu'il accuse d'avoir
trahi sa mission de télédiffuseur public en dépensant une fortune dans des
émissions de variétés comme La Fureur. » (5) Mais à ce sujet Pierre Karl Péladeau
(PKP) omet de dire que « TVA avait initialement refusé le projet... On a
entendu la même chose à propos de La Petite Vie. On l'entendra encore chaque
fois qu'un projet audacieux de Radio-Canada sera couronné de succès. Au nom de
ce genre de raisonnement, la télévision publique ne serait qu'une annexe
« recherche et développement » de la télévision privée, devant se
retirer dès qu'une de ses émissions devient populaire. » (6) Je suppose
que le succès des « Bougons » ou de « Tout le monde en
parle » dérange, mais le divertissement fait autant partie de son
mandat que la culture! (7) Si les québécois écoutent des téléromans notre télé
publique se doit d’en présenter. La culture, ce n’est pas que du théâtre ou de
l’opéra. Ce serait très réducteur. Michel Tremblay, Victor Lévy Beaulieu, Popa (« La p’tite vie ») ou Pierre Gauvreau (« Le temps d’une paix » et
signataire du Refus Global) ont leur place au Panthéon de la culture
télévisuelle n’en déplaise aux patrons de la télé privée!
On en veut à la popularité de
certaines émissions de la SRC, comme si seuls les télédiffuseurs
« privés » devaient diffuser des émissions grand public et populaires
(comme « Un gars, une fille » ou « Les
bougons »). Mais c’est là un raccourci trop facile. En fait, faire des
émissions de qualité exige du travail et des investissements qui ne rapportent
pas à tout coup en terme d’auditoires. C’est prendre des risques. Pensons à
« Bunker le cirque » (émission que j’espère voir un jour en
DVD), qui s’est pourtant méritée des prix malgré un auditoire plus faible, vu
ses qualités artistiques et philosophiques incontestables. Que l’entreprise
privée le fasse au lieu d’envier les émissions à succès de notre télé publique,
que ce succès soit mesuré en terme d’auditoire, d’exportation ou de prix reçus!
A la place la télé de Québécor choisit la téléréalité et les infos pubs, c’est
son choix. Que PKP vive avec, ce qu’il semble très bien faire d’ailleurs vu tous
les produits dérivés qui en découlent pour son empire, allant des « fronts
pages » de journaux à la vente de CD dans les magasins Archambault! Et ce
choix semble assez rentable vu les bénéfices de Québécor. (8) Alors quand j’entends les gens de Québécor en vouloir à la
télé publique, soit disant qu’elle est payée avec nos taxes, « chu pu
capable »! Québécor serait où sans les fonds de la caisse de dépôt et les
subventions? En fait comme ils
plaident pour la télé privée, qu’ils fassent des profits, paient leurs taxes et
qu’on cesse de les subventionner! Là on parlerait de télé privée. Sinon qu’ils cessent d’attaquer ma télé,
car, comme citoyen, j’en suis propriétaire et fier de l’être. D’ailleurs je n’ai
mémorisé que Radio-Canada et Télé-Québec sur ma télé (9) et je n’ai pas le
câble! C’es-tu assez clair?
Si j’étais Premier Ministre je
répondrais à ces attaques face à notre télé, par des subventionnés, en faisant
en sorte que seules les télés publiques (Radio-Can,
RDI, Art-TV, Télé-Québec, TVO…) soient sur les ondes
disponibles gratuitement hors câble. Les autres, je les enverrais sur le câble!
Je ne dis pas que la télé publique est parfaite. Elle fait des erreurs.
Mais c’est ce que j’attends d’une télé publique : servir la majorité des
citoyens; essayer des choses; créer et être à l’avant-garde. Ceci donne des
émissions qui peuvent être des flops monumentaux, alors on la critique d’avoir
dilapidé des fonds publics; d’autres sont géniales mais n’ont pas le plus large
auditoire, alors on lui reproche son élitisme; et, enfin, certaines émissions
sont des succès d’auditoires, car elles répondent à des besoins non satisfaits
par les autres télés, alors là on lui reproche d’être dans les plates bandes du
privé! Elle est continuellement sous attaque la pauvre. Revenons-en. Voulons
nous d’une télé déconnectée que personne n’écoute?
En fait, c’est tant pis pour la télé
privée si elle n’ose pas. Je ne crois pas que Radio-Canada ait volé des
émissions à TVA. C’était à eux d’oser, d’entreprendre. Ne sont-ce pas des
entrepreneurs privés? Qu’ils fassent leur job et qu’ils ne viennent pas dire,
dès que Radio-Can a du succès d’auditoire avec une
émission, que celle-ci aurait dû être chez eux. C’était à eux de la développer
et de faire de la qualité! Car les différences de niveaux entre les émissions ne
sont pas le fait de ses artisans, car ce sont souvent les mêmes artisans et
producteurs qui les font (je pense à Zone 3 par exemple), mais des choix
stratégiques et financiers du management en place qui ont à choisir entre
faire du profit rapide ou donner plus de qualité au téléspectateur lorsqu’ils
achètent ou commandent un projet d’émissions de variétés, de téléroman ou une
série! Une différence de vision stratégique, point à la ligne.
Par contre, il est vrai qu’un certain public peut se sentir délaissé par
la perte des Beaux Dimanches et de la culture plus classique (théâtre et
concerts) à la télé. J’aurais une modeste suggestion à faire sur le sujet.
Qu’aux heures où les autres télés passent des infos pubs, surtout la nuit, que
Radio-Canada diffuse des télé théâtres, des concerts classiques, du jazz, etc.
provenant de nouveaux enregistrements, de ses archives et des fonds des autres
télés publiques en suivant un horaire régulier tel les lundi pour le jazz, les
mardis pour le théâtre, les mercredi pour l’opéra… Avec la vidéo les amateurs
pourront toujours les enregistrer pour les écouter à l’heure qu’il leur
convient. Et si cela nuit à l’auditoire des infos pubs et que nos diffuseurs
privés s’en plaignent, car ils trouveront certainement à redire comme toujours,
vous pourrez leur répondre que vous diffusez plus de culture suite à leurs
gémissements alors qu’ils se la ferment! Façon culturelle de les envoyer C …,
surtout que la culture fait partie du mandat de Radio-Can!
Notes/Hyperliens :
1. Dany
Bouchard, Où s'en va Radio-Canada?, Journal de Montréal, 15 octobre
2004 : http://www2.canoe.com/artsetculture/actualites/television/archives/2004/10/20041015-092341.html
2. http://www.tbs-sct.gc.ca/est-pre/20042005/page.asp?page=002_f_276.htm
3.
Gabriel Côté, La télé dans tous ses États. Des chercheurs du Centre d'études
sur les médias brossent un portrait de la télévision publique dans dix pays.
Voir : http://www.scom.ulaval.ca/Au.fil.des.evenements/2002/02.21/tele.html
4.
Christian Rioux, Boucan à la télé française, in Le Devoir, Édition du
jeudi 9 septembre 2004 : http://www.ledevoir.com/2004/09/09/63334.html
5.
Quebecor dévoile un bénéfice net de 12,5 millions au premier trimestre -
Pierre Karl Péladeau se lance dans la bataille du
financement de la télévision, PC in Le Devoir, Édition du vendredi 9 mai
2003 : http://www.ledevoir.com/2003/05/09/27283.html
6.
Les conseils intéressés de messieurs Brière et Péladeau : la réponse de Radio-Canada : http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/May2003/08/c9770.html
7. http://cbc.radio-canada.ca/htmfr/mandat.htm
8«
Quebecor a réalisé un bénéfice net de 5,2 millions $, ou 8 cents par action
de base, au premier trimestre 2004 » in PC, « Premier
trimestre : Bénéfice net de 5,2 M$ pour Quebecor », source :
.
http://lcn.canoe.com/economie/nouvelles/archives/2004/05/20040506-133851.html
9.
C’est à dire que j’ai programmé le 2, le 6 et le 17. J’ai accès au 10 en le
pitonnant par exemple, car il peut arriver que j’écoute une émission si elle est
très bien faite. Ce
fut le cas de Fortier.
***
Terrorisme :
trouver le coupable?
Michel
Handfield
11-13
septembre, 2004
En
cette période de commémoration des événements du 11 septembre 2001 et quelques
jours après les actes commis dans une école de Beslam
(Ossétie du Nord) il faut se poser la question suivante : qui sont les
coupables?
Des
illuminés qui ont reçu un message divin; des nationalistes pour qui tout se
justifie au nom de la cause; des victimes qui, au nom du mal qu’ils ressentent,
veulent faire payer les autres; des victimes qui ont intériorisé le modèle de la
violence, un peu comme un enfant battu a davantage de risque de battre ses
enfants à son tour; le capitalisme qui rend facilement disponible les armes sur
le marché au nom du profit; des assoiffés de pouvoir! En fait un peu tout cela est vrai.
Cependant cela ne clos pas la question.
Être
attaqué par des terroristes donne aussi de « maudites » bonnes raisons
aux grandes puissances hégémoniques pour attaquer plus petit que soi et ainsi
étendre leur influence, surtout si le plus petit abrite des richesses naturelles
convoitées sur son territoire. La guerre au terrorisme est elle en train de
devenir une nouvelle forme de justification à l’expansionnisme des États
dominants sur leurs voisins et bien au delà de leurs frontières sous le motif de
« raisons de sécurité »? Pensons aux USA, à Israël, à l’Inde, à la
Russie ou à la Chine!
Il
a trois ans George W. Bush a dit « Vous êtes avec nous ou contre
nous » et s’autorisait ainsi à intervenir partout sur la planète au nom de
la lutte au terrorisme. Pourtant il n’est pas intervenu où était le soutien et
les bases du terrorisme qu’il
visait, mais bien où ses intérêts politiques et économiques le conduisaient.
Cette semaine Vladimir Poutine a eu le même réflexe de se donner le droit
d’attaquer les bases du terrorisme partout dans le monde, mais surtout dans les
pays qu’il veut dominer! Et d’autres tendent vers le même comportement
hégémonique sous couvert de lutte au terrorisme. Pourquoi?
Si
l’on regarde l’histoire, il y a toujours eu des raisons économiques et
expansionnistes aux guerres, mais un pays qui ferait la guerre pour de telles
raisons aujourd’hui serait mis au banc des nations. Par contre prendre de
l’expansion sous le couvert de la guerre au terrorisme et de la sécurité – en
plaçant un « gouvernement ami » au Pouvoir - paraît plus
acceptable! Pourquoi s’en priver alors? Quelques milliers de morts pour
justifier de tels agissements seraient-ils surprenant dans un monde où des
millions de gens meurent de faim faute de ressources d’un côté (Sud) alors que
de l’autre (Nord) on meurt pour cause de suralimentation? Quelle est l’éthique
de pays qui acceptent la destruction de nourritures pour soutenir les prix du
marché tout en ayant des citoyens qui n’ont pas de quoi se nourrir
convenablement sur leur territoire, le tout au nom de l’idéologie économique
dominante? Car, pour établir sa puissance dans le cours de l’histoire, quelques
milliers de morts ce n’est pas cher payé! Triste réalité sur le grand échiquier
politique et à la lumière crue de l’histoire, mais rien de surprenant. Pensons
au 11 septembre 1973 qui a vu le renversement du gouvernement Allende au Chili,
avec le soutient des USA, et l’installation d’une dictature à la place;
dictature qui sera responsable de dizaines de milliers de morts. Mais ce
gouvernement faisait l’affaire des USA et de leurs intérêts économiques. La
raison économique est raison d’État et passe bien avant les droits de l’Homme ou
la démocratie quoi qu’on en dise dans les beaux discours! C’est la leçon de
l’histoire.
A
qui rapporte le terrorisme? Qui arme les terroristes? Pourquoi? Voilà les questions à poser. D’ailleurs, avec les
représailles militaires aux actes terroristes, faire du terrorisme sert-il
vraiment la cause des pays revendicateurs? Je ne le crois pas. Alors si ces pays
soutiennent quand même ces actes, c’est
qu’il y a quelque chose de malsain chez eux; une idéologie politique ou
religieuse si forte qu’elle laisse peu de place à la rationalité. Difficile de
leur faire entendre raison, même avec des menaces militaires. Au contraire cela
doit plutôt les exalter! Seul l’éducation et le développement (social,
économique et politique) pourraient y faire quelque chose et cela ne se fait pas
par le militaire, mais que par l’humanitaire! Et si les gestes terroristes sont
les gestes de quelques fanatiques désespérés ou de gens ayant tout perdu et ne
voyant plus d’autres issues que le suicide, en en entraînant d’autres avec eux
pour en « faire payer le prix» aux responsables de leurs
malheurs, rien ne peut y faire. Ce n’est que triste fatalité. La réponse au
terrorisme n’est donc pas simple quoi qu’en disent les leaders de cette planète.
Il faut plus qu’une phrase choc – pensée par des conseillers en marketing –
répété ad nauseam dans une campagne à la
présidence pour réellement changer
les choses!
***
Partenariat,
sous quelle forme?
Michel
Handfield
13 septembre,
2004
Le
gouvernement du Québec songe aux partenariats public-privé (ou PPP) dans le
domaine de l’eau, car de « gros » investissements seront nécessaires
dans un proche avenir et l’État a des moyens limités. Mais quelle forme de
partenariats verrons-nous apparaître? Toute la question est là? Ce sera
probablement une nouvelle astuce pour nous facturer en double; comme client et
comme citoyen dans la mouvance néolibérale actuelle. Cependant il y aurait certainement d’autres
alternatives de possible.
L’alternative
la plus intéressante serait celle du modèle de l’OPEP et du pétrole. Au lieu de
subventionner les entreprises exploitant l’eau – qui se vend 1$ et plus le 500
ml dans certains commerces – on devrait plutôt les charger pour leur
exploitation de notre ressource; ajouter des taxes cachées à la vente,
comme sur le pétrole; et, surtout, en réglementer l’exploitation pour des
raisons de conservation, car l’eau est une ressource rare et essentielle à la
vie! L’État se donnerait ainsi les moyens d’entretenir ses infrastructures
physiques et ses institutions sociales, car est-il normal que notre eau, qui se
vend plus cher que le pétrole, nous rapporte moins que ce dernier aux pays de
l’OPEP? Pire, est-il normal que nous subventionnions même certains
embouteilleurs d’eau qui peuvent l’exploiter jusqu’à la dernière goutte?
Imaginez que nos taxes servent à subventionner les pétrolières sous prétextes
qu’elles créent de l’emploi malgré leurs profits? On crierait au scandale.
Pourquoi l’acceptons nous pour l’eau? Pourquoi acceptons nous de voir ainsi
vider nos ressources sans même en tirer quoi que ce soit et surtout sans y
mettre des limites?
***
Michel
Handfield, avec la collaboration de Gaétan Chênevert
3
novembre, 2004
Depuis
quelques temps nous avons de gros débats concernant la radio dans les médias.
Ceux-ci tournent autour de deux pôles : CHOI-FM
de Québec et la nouvelle chaîne « Espace musique » de
Radio-Canada! Nous pouvons clore rapidement le premier, mais nous allons
longuement nous attarder au second.
Quel
CHOI?
Le
premier débat, autour de la station CHOI-FM de
Québec, concerne le droit de tout
dire au nom de la liberté d’expression, même des faussetés et des ignominies si
cela donne des côtes d’écoutes!
Faisant
une revue Internet, fouillant et documentant nos points de vue pour ne pas dire
n’importe quoi, car avoir une opinion est une chose, la diffuser en est une
autre, cela implique une certaine auto critique éthique. (1) Je ne peux donc
être d’accord avec ce prétexte de la liberté d’expression pour dire n’importe
quoi sur les ondes radios ou écrire des faussetés malintentionnées dans un
journal ou sur Internet! Il y a une nuance entre faire de l’humour, de la
caricature et de l’opinion et dire des faussetés ou condamner des gens sans
analyse et sans appel; questionner ou susciter de la haine. Autant la rectitude
politique que dire n’importe quoi sur les ondes, au nom de la liberté
d’expression, sont dangereux pour la démocratie, car cela banalise le
questionnement et le débat social, les compromis et les équilibres – parfois
très fragiles – qui en découlent! Autant l’atomisation de la société, la
réduisant à la seule somme d’individus totalement indépendants les uns des
autres, que le fascisme ou la pensée unique sont dangereux.
Quant
aux anars qui défendent CHOI FM, je leur souligne que même les penseurs
anarchistes étaient pour une certaine régulation sociale, une autorégulation,
car l’anarchisme n’est pas la désorganisation, la désobéissance civile
irréfléchie ou le « free for all », mais de l’auto organisation. (2)
Et ce n’est pas à CHOI-FM qu’ils risquent de
l’apprendre, mais en lisant, car être anarchiste n’est pas être inculte.
Cela
clos le débat autour de la radio poubelle et je suis d’accord pour que la radio
soit surveillée, car vivre en société implique des règles et leur respect. C’est
un contrat social. (3) Sur ce,
passons à notre second point : la culture!
Espace
Musique, Espace culturel?
Le
second débat qui frappe les médias actuellement tourne autour de la nouvelle
chaîne « Espace Musique »
de Radio-Canada qui remplace la défunte chaîne culturelle. Des artistes,
des écrivains et des citoyens prennent position sur le sujet dans les tribunes
des journaux. Mais ce débat va plus loin qu’un simple débat sur le choix musical de cette
nouvelle chaîne ou l’abandon de certaines émissions culturelles sur le théâtre
ou la philosophie même si c’est aussi cela. Il tourne autour du paradigme de
culture dans notre société! C’est d’ailleurs fascinant et paradoxal, car en
transformant la chaîne culturelle en chaîne musicale Radio-Canada a trouvé le
moyen de faire parler de culture! Ce n’est pas peu dire, la culture faisant
rarement la manchette à côté de la politique et de l’économie. Mais on doit
d’abord se demander qu’entend-t-on par culture, car le principal débat,
concernant le remplacement de la chaîne culturelle par « Espace
musique », semble venir de là.
La
chaîne culturelle jouait de la musique bien avant ce changement, mais les
proportions ont changé avec la fin de certaines émissions parlées et l’ajout de
musiques émergentes (Claude Rajotte et bande à part)
pour la transformer en chaîne musicale! Est-ce dire que la musique n’est pas
culture? Certaines musiques sont-elles davantage « culturelle » que
d’autres? Certains reprochent que le jazz y prend trop de place, comme si le
jazz était toléré, mais n’était pas tout à fait de la culture au même titre que le classique!
D’autres regrettent la disparition des émissions sur le théâtre ou la
philosophie, comme si la première chaîne, qui a pris ce relais, n’existait pas.
Ce sont là les questions que pose ce changement. Quand on regarde dans un
dictionnaire (Petit Robert) ou une encyclopédie (Encarta) on voit
bien que la culture englobe autant les arts que l’éducation; les us et coutume
que nos caractères anthropologiques, philosophique ou scientifique! La culture
c’est vaste. Ainsi « Indicatif Présent », à la première chaîne,
fait dans la culture tout comme la musique alternative de « Bande à
part » à la chaîne musicale! Bref Radio-Canada fait dans la culture,
n’en déplaise aux fans de l’ancienne chaîne culturelle, et pourrait donc
s’appeler Radio Culture, car la culture, loin d’être exclusive, est inclusive.
Même l’art naïf a ses musés!
Mais
on aime tous se distinguer des autres et, en conséquence, n’est souvent culturel
que ce que l’on apprécie, ce qui nous apparaît « mainstream » selon
nos appartenances. Pour certains, n’est culturel que la musique classique,
l’opéra, le théâtre. Pour d’autres on ne jure que par le contemporain, la
musique actuelle, l’électroacoustique et le théâtre expérimental! Certains ne
jugent que par le rock, le cinéma de masse et la pop. Le jazz, la musique du
monde et le cinéma d’art sont un peu un entre deux! Je passe donc le punk,
l’alternatif et autres courants urbains! On parle de grand art,
d’intellectualisme, d’arts mineurs, de populisme ou de produits commercial!
C’est comme s’il y avait de la culture avec un grand CUL et avec un p’tit cul!
Mais dans les faits tout ça est CULTURE! Car si nous faisons des jugements de
valeur, la culture n’en fait pas nécessairement. On peut même parler de culture
sportive et je le reconnais même si je ne m’intéresse pas aux sports
contrairement à mon coéditeur.
Naturellement
certaines choses peuvent être plus ou moins discutables dans le domaine culturel
comme en tous autres, car certaines choses ne sont produites que pour faire de
l’argent. Ce sont alors davantage des produits commerciaux, fruit du marketing
plus que de la création, mais encore là certains produits commerciaux sont aussi
d’excellents produits culturels. Les films regroupant les lauréats de la pub ne
font-ils pas la joie d’intellos, de critiques d’arts et du grand public à la
fois? Et pourtant c’est 100% marketing!
La
culture implique donc une question de jugement comme avec tous les produits, car
il s’agit bien d’un produit. Aller au théâtre, au musée ou rester à la maison
pour écouter la télé ou la radio est un choix. Tout ce que nous faisons implique
faire des choix. Les responsables des grilles radios font des choix;
Radio-Canada comme les autres, fait des choix, sauf qu’à Radio-Canada les choix
sont moins dictés par des critères commerciaux et davantage par des critères
d’esthétisme et de contenu, mais il n’est pas dit que des produits commerciaux
ne peuvent ni ne doivent y avoir leur place s’ils répondent aux critères de
notre société d’État. Cela doit être clair.
Il
n’est pas dit non plus qu’ils peuvent plaire à tous tout le temps, car s’ils
plairaient à tous nous n’aurions pas besoin des autres stations. Mais il est sûr
qu’un tel débat indique que quelque chose a changé. Pour ma part je fais
maintenant des incartades vers la chaîne musicale alors qu’avant j’écoutais
presque exclusivement la première chaîne, sauf pour des incartades à l’émission
Saturday Night Blues de radio-One le samedi
soir (23h). J’ai aussi délaissé
quelques émissions de la télé de Radio-Canada pour écouter « Porte
ouverte » avec Raymond Cloutier. Je ne peux donc être contre cette
nouvelle chaîne ni les changements à la première, mais je comprends la déception
des fidèles de l’ex chaîne culturelle, car plusieurs sont attachés à une façon
de faire et la changer correspond à un bouleversement majeur pour eux.
Je
le comprends d’autant mieux que je suis aussi attaché à ma première chaîne que
certains l’étaient à la chaîne culturelle et à son contenu voguant de la musique
classique à la discussion culturelle et philosophique; voir aux entretiens
anthropologiques! Dès que je parle de ce sujet avec un fidèle de la chaîne
culturelle j’obtiens des commentaires, même au gym! La
plupart d’entre eux sont déçus et auraient appréciés la nouvelle chaîne comme un
ajout, non comme un remplacement de leur chaîne culturelle. (4) Un mouvement se
crée même pour demander un retour à l’ancienne chaîne et il y a eu plusieurs
prises de positions sur le sujet dans les journaux récemment (5), dont certains
reprochent à la SRC d’avoir mis la hache dans la culture contrairement à son
pendant anglophone, CBC, qui a conservé sa chaîne culturelle intacte! C’est
drôle comment des élites prônant notre distinction politique du Canada ne le
prennent pas du tout lorsque l’on fait différent à la radio française de radio-Can!
Pour
ma part, si je déplore la disparition de certaines émissions de la première
chaîne – comme « Bachibouzouk » ou
« Trop loin pour aller voir la mer », surtout son édition
blues! – je ne demanderais pas la disparition de l’émission culturelle de
Raymond Cloutier pour les ravoir. J’aimerais par contre les retrouver sur la
chaîne musicale, car elles seraient bien servies par la stéréophonie, d’autant
plus qu’elles alliaient musique et culture!
En
fait, des aménagements doivent être possibles entre ces deux chaînes pour
satisfaire un plus large auditoire, car les radios de Radio-Canada ne doivent
pas être en concurrence mais en complémentarité. Ainsi la grille de la première
chaîne pourrait être allongée après 22 heures (6) et l’espace de nuit, en partie
occupé par Galaxie sur la chaîne musicale, pourrait aussi servir à la diffusion
d’émissions originales, car les nouvelles technologies permettent de télécharger
des émissions pour les écouter quand et où cela nous plait! (7) Mais, il faudrait surtout faire de la
première chaîne une chaîne stéréo pour qu’elle soit enfin à niveau par rapport
au reste de la bande FM, car même les radios communautaires diffusent en
stéréophonie! Tant l’artiste que l’auditeur seraient mieux servis, d’autant plus
que la première chaîne prend en partie le relais de l’ex chaîne culturelle.
Peut être que le concept de radio musicale pourrait aussi être quelque
peu adoucis pour laisser de la place à quelques émissions un peu plus parlantes,
présentant de nouveaux CD par exemple, car cela allierait très bien musique et
culture. Car qui a dit qu’une
chaîne musicale ne pouvait pas aussi être culturelle? Certainement pas Sylvain
Lafrance, Vice-président de la radio française de Radio-Canada, qui a écrit ce
qui suit dans le Devoir du 13 janvier 2004 :
« Dans
ce contexte, nous devons réfléchir à une approche nouvelle des critères que doit
respecter une radio culturelle. Premièrement, de nombreux utilisateurs
souhaitent que la manière de s'adresser au public change; deuxièmement, nous
devrons relever le défi de faire une chaîne musicale avec un contenu culturel
toujours aussi intelligent, dont l'offre de musique et de contenu est plus
large; troisièmement, nous devons faire en sorte que cette chaîne assume des
fonctions d'accompagnement. »
Mais l’idéal serait de profiter des débats que suscite cette nouvelle
chaîne actuellement pour retourner
devant le CRTC et demander qu’il reconnaisse le besoin de 3 chaînes radio
canadienne, soit une chaîne généraliste (1ere chaîne); une chaîne musicale
(la 3e) et le retour de la chaîne culturelle (la 2e). A ce
sujet une recherche Internet nous montre que Radio-France
diffuse sur 4 grandes chaînes (France Inter, France Info, France
Culture et France Musiques) plus des chaînes spécialisées et régionales
(www.radiofrance.fr/);
que la Radio Suisse Romande semble aussi avoir 4 chaînes (la première; espace
2; couleur 3 et option musique) (voir www.rsr.ch);
et que la RTBF (Belgique) nous en présente 5 sur son site Internet: la
première, Viva Cité, Musiq3, Classic 21, et Pure FM! (www.rtbf.be)
C’est donc dire qu’une 3e chaîne à radio-can ne serait pas un luxe, mais répondrait à un besoin
et une réalité des radios publiques actuelles! Rien de moins. Et vous auriez
certainement des auditeurs prêts à vous appuyer dans cette démarche si l’on se
fie aux réactions des dernières semaines. Profitez-en pour refaire une demande
pour cette 3e chaîne tant espéré. Nous vous appuyons.
Notes :
1.
Je ne dis pas morale, car la morale relève trop souvent d’une idéologie, par
exemple l’idéologie religieuse.
2.
Voici deux citations qui montrent bien qu’anarchisme et désorganisation ne sont
pas la même chose, l’anarchisme relevant davantage de l’auto organisation que de
la désorganisation:
"Si
nous croyons qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous
serions des autoritaires, parce que nous préférerions encore l'autorité qui
entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend
impossible."
Malatesta, E., "L'Agitazione", Ancône, Nos 13
et 14, 4 et 11 juin 1897, cité in Révolution et réaction, in GUERIN, Daniel,
1999, Ni Dieu ni Maître, Anthologie de l'anarchisme, volume 2, France, La
Découverte/poche,
p. 9.
« L'Anarchisme n'est pas individualiste; il est fédéraliste,
"associanniste", au premier chef. On pourrait le
définir: le fédéralisme intégral. » Malatesta et le congrès
anarchiste international, Amsterdam, 24-31 août 1907, in
GUERIN,
Daniel, 1999, Ni Dieu ni Maître, Anthologie de l'anarchisme, volume 2, France,
La Découverte/poche,
p.35.
3.
Même s’il n’est pas récent, un très bon livre existe sur le sujet :
Rousseau,
Jean-Jacques, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands
écrivains.
4.
De mémoire, il me semble que tel était l’idée première de Radio-Canada :
faire une troisième chaîne! Mais cela ne pouvant être fait pour des raisons de
permis (CRTC) ou de budget, par un tour de passe-passe, la deuxième chaîne est
devenue la 3e : la chaîne musicale!
« Je
n'ai strictement rien contre «Espace Musique». Je conçois également tout à fait
qu'il faille créer une chaîne musicale pour relayer le bouillonnement créatif du
pays dans tous les domaines musicaux. Mais même si les arguments sur la
diversité et sur le rôle de miroir de la création sont recevables, «Espace
Musique» s'apparente, dans la configuration type d'un paysage radiophonique de
service public, à une «Chaîne 3», la chaîne musicale, qui vient en adjonction de
la «Chaîne 1», généraliste, et de la «Chaîne 2», culturelle. Radio-Canada
n'avait pas trois fréquences pour cela. Solution adoptée : pulvériser la Chaîne
culturelle. Le tout, emballé et bien ficelé, a été vendu à tous avec un bel
écran de fumée [r]ose (nouvelle couleur officielle) sous le prétexte voulant que
l'«absence de diversité musicale est un problème majeur et mondial» (dixit
Sylvain Lafrance, vice-président de Radio-Canada). »
(Christophe
Huss, Ancien directeur de la rédaction de la revue
Répertoire et critique musical au Devoir, Le nouvel «Espace Musique» de
Radio-Canada - La chaîne culturelle pulvérisée, in Le Devoir
du jeudi 9 septembre
2004.)
Un
autre texte me fait aussi croire que tel n’était pas le projet original de
Radio- Canada :
« Dans
ce contexte, nous devons réfléchir à une approche nouvelle des critères que doit
respecter une radio culturelle. Premièrement, de nombreux utilisateurs
souhaitent que la manière de s'adresser au public change; deuxièmement, nous
devrons relever le défi de faire une chaîne musicale avec un contenu culturel
toujours aussi intelligent, dont l'offre de musique et de contenu est plus
large; troisièmement, nous devons faire en sorte que cette chaîne assume des
fonctions d'accompagnement.
La
culture doit être le fil conducteur de la Chaîne culturelle comme l'information
est celui de la Première Chaîne radio de Radio-Canada.
Plus
encore, la Chaîne culturelle de Radio-Canada doit être originale. Elle doit être
une radio de référence dans le monde de la culture et de la musique. Elle doit
être un espace avide de littérature, de musique, de tendances nouvelles. Elle
doit aussi être un lieu de création et de découverte. La Chaîne culturelle doit
offrir aux francophones de ce pays à la fois un espace et un accès à la
culture. »
(Sylvain
Lafrance, Vice-président de la radio française de Radio-Canada, La Chaîne
culturelle de Radio-Canada - Une radio culturelle à redéfinir, in Le
Devoir du mardi 13 janvier 2004)
Mais,
pour des raisons qu’on ne connaît pas, de budget ou de permis du CRTC, ce projet
à dû être transformé en une chaîne musicale seulement, là où il y aurait dû y
avoir ou 3 chaînes ou une chaîne culturelle offrant davantage de programmation
musicale! Cependant, nos recherches sur Internet ne nous ont pas permis de
trouver quoi que ce soit au sujet des projets originaux de la SRC. Cependant, il est clair que, suite à la grève qu’a
connue Radio-Canada en 2002 et à la popularité de la musique diffusée en
continue à cette occasion, le besoin d’une chaîne musicale différente des autres
radios se faisait sentir! A preuve, ce texte trouvé sur le net :
« Disons
simplement que la Chaîne culturelle (CBFX-FM) n'a
jamais été aussi bonne. Plus de commentaires profonds sur le sens de la portée
rythmique dans l'oeuvre de Tchaikovsky ou de longues
dissertations sur la qualité exceptionnelle de l'enregistrement de la dernière
interprétation de la Cantate pour soprano et symphonie de Campra... Rien que de
la musique. »
(Gilles Guénette,
VIVE LE LOCK-OUT À RADIO-CANADA!, in Le
Québécois libre, 27 avril 2002 /
No 103 : http://www.quebecoislibre.org/020427-4.htm)
5.
Une recherche sur le site du Devoir pour le mois d’octobre nous a conduit à
retenir ces titres en guise d’exemple :
Cormier,
Sylvain, De la chanson, pour changer, in Le Devoir, 30 octobre 2004
Fortier,
Claude, Une condamnation trop rapide, in Le Devoir, 26 octobre
2004
Verrette,
René, Vivement le retour d'une radio culturelle, in Le Devoir, 26 octobre
2004
Cauchon,
Paul, L'ANEL appuie le Mouvement pour une radio
culturelle au Canada, in Le Devoir, 14 octobre 2004
Cauchon,
Paul, Des auditeurs contestent la disparition de la Chaîne culturelle, in
Le Devoir, 12 octobre 2004
Ces
auditeurs ont même créé le «Mouvement pour une radio culturelle au
Canada». S’ils ont un courriel (radioculture@videotron.ca),
ils n’ont malheureusement pas de site Internet au moment d’écrire de ce texte.
Mais ils sont quand même relayés par d’autres sites. Une recherche google avec
«Mouvement pour une radio culturelle au Canada» vous y
conduira.
6.
La reprise d’« Indicatif Présent » de 22 heures pourrait être
déplacé plus tard, à 23h ou à minuit, archivé sur Internet ou mise dans un
format condensé comme le fait «Mag
Radio » le samedi.
7.
A ce sujet voir Michel Dumais, « Technologie: Le podcasting, ou ses émissions préférées sous le
bras », in Le Devoir, du lundi 18 octobre 2004.
Le iPod d’Apple peut être vu à l’adresse suivante:
http://www.apple.com/itunes/.
L’union du numérique, de l’Internet et de la radio risque de tout bouleverser de
toute manière au cours des prochaines années.
Tous
les hyperliens :
CRTC :
http://www.crtc.gc.ca/
Radio-Canada et
CBC:
www.cbc.ca/programguide/radio/
Historique:
http://cbc.radio-canada.ca/htmfr/historique/annees_90.htm
Radio
France : www.radiofrance.fr/
Radio
Suisse Romande:
www.rsr.ch
Radio
Belge: www.rtbf.be
Le
Devoir : www.ledevoir.com
***
Arafat
est mort, mais le peuple palestinien vit toujours
Montréal,
le 11 novembre 2004 - L’Association
québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) et la Coalition
pour la justice et la paix en Palestine tiennent à exprimer leur profond regret
suite au décès du président palestinien, Yasser Arafat. Plus que quiconque,
Yasser Arafat a fait connaître le drame du peuple palestinien au reste du monde
et symbolise, depuis quarante ans, la lutte de son peuple pour
l’autodétermination et la liberté.
En
ce moment de deuil, nous désirons manifester notre sympathie et notre solidarité
envers le peuple palestinien qui vit toujours sous l’occupation militaire
israélienne. Le conflit israélo-palestinien non résolu a des ramifications qui
dépassent largement les frontières. La communauté internationale a l’obligation
de faire respecter les droits fondamentaux du peuple palestinien pour réparer
l’injustice commise à son endroit, et pour assurer une paix durable dans la
région. « L’impunité avec laquelle Israël poursuit toujours ses politiques
d’occupation est inacceptable dans un contexte de droit international», affirme
Maria-Luisa Monreal,
directrice de l’AQOCI. L’AQOCI et la Coalition pour la justice et la paix en
Palestine exhortent le Canada à faire preuve de leadership au niveau
international pour une résolution pacifique du conflit, basé sur le droit
international.
Le
refus d’Israël d’accepter l’inhumation du corps d’Arafat à Jérusalem Est dénote
l’intransigeance du gouvernement israélien, puisque Jérusalem Est n’appartient
pas à Israël et que la communauté internationale ne reconnaît pas le contrôle
israélien sur ce territoire. Au cours des dernières années, la répression envers
le peuple palestinien s’est accentuée sous plusieurs formes. La construction du
« mur de l’apartheid », en plus de représenter une ségrégation raciale
inacceptable au 21e siècle, contribue à l’étouffement politique et économique du
peuple palestinien. Les attaques répétées contre l’Autorité palestinienne, les
assassinats de civils et la destruction de maisons forcent la population
palestinienne à vivre dans la terreur quotidienne. « Le gouvernement israélien a
stoppé tout processus de paix et en conséquence, l’avenir de tous, Israéliens
et
Palestiniens,
s’en trouve menacé » a déclaré Gervais L’Heureux,
président de la Coalition pour la justice et la paix en Palestine. Avec la
disparition aujourd’hui du leader du mouvement palestinien, nous espérons que
toutes les parties en présence saisiront l’occasion pour mettre fin à ce conflit
qui n’a que trop duré, et pour ouvrir une nouvelle page de l’histoire afin
d’assurer la sécurité et la paix de tous les peuples de la
région.
L’AQOCI regroupe 53 ONG oeuvrant au Québec pour le
développement solidaire, juste et démocratique. La
Coalition
pour la justice et la paix en Palestine regroupe une vingtaine d’organismes de
la société civile québécoise.
***
COMMUNIQUÉ
pour diffusion immédiate
Association
québécoise des organismes de coopération internationale
(AQOCI)
Demandons
l’arrêt des bombardements à Falloujah
Montréal,
le 9 novembre 2004 – Devant l’ampleur des attaques sur la ville de Falloujah, menées par les forces d’occupation et leur
gouvernement en Irak, le Collectif Échec à la guerre demande l’arrêt des
bombardements, la fin de la prise en otage du peuple irakien et le retrait de
toutes les troupes d’occupation. Le Collectif dénonce la violence des attaques
sur Falloujah et plusieurs autres villes, le mépris du
droit international et le climat de terreur dans lequel la population irakienne
est forcée de vivre.
L’assaut
contre Falloujah en témoigne, la réélection de George
W. Bush promet un avenir encore plus chaotique pour la population irakienne. La
paix et la sécurité humaine semble de plus en plus menacée par l’intensification
de la politique belligérante de l’administration étasunienne. Le Collectif Échec
à la guerre déplore le silence du gouvernement canadien face au massacre de
civils irakiens et lui demande d’intervenir auprès des Nations Unies pour
qu’elles exigent la fin des attaques et la fin de
l’occupation.
Rappelons
que le "transfert de souveraineté" effectué à la hâte en juin dernier, n’était
qu’un bluff visant à donner une apparence de légitimité à cette occupation
illégale et brutale. L’offensive des États-Unis a pour but d’éliminer la
résistance grandissante à l’occupation et de préparer les élections frauduleuses
et de janvier. Les États-Unis qualifie cette résistance de «terroriste» pour
justifier leurs crimes contre le peuple irakien. La fin des bombardements et de
la répression contre la population civile, ainsi que le retrait de toutes les
troupes d’occupation, sont les conditions incontournables à toute souveraineté
véritable de l'Irak, libre de toute ingérence étrangère.
***
COMMUNIQUÉ
DE PRESSE, 19 octobre 2004
BARRAGE
DE SAINT-MONT (GERS), SUR L’ADOUR
ASSEZ D’ILLÉGALITÉS !
ASSEZ DE DÉLINQUANCE ÉCOLOGIQUE !
Implanté
illégalement depuis quinze ans,
le barrage dit de Saint-Mont (digue-seuil de Saint-Aubin, à Corneillan/Saint-Mont), qui barre
l’Adour près de Riscle, a été réalisé par le SIAEP (syndicat d’adduction d’eau)
de Viella. Celui-ci se refuse à toute légalisation et mise aux normes (passe à
poissons et à canoës) de son ouvrage, au mépris des réglementations les plus
établies, faisant ainsi entrave à la libre circulation des eaux et des
espèces piscicoles (notamment migratrices : aloses, etc.), sans parler de
l’obstacle qu’il constitue pour les canoës-kayaks.
Après des
années de démarches infructueuses auprès des autorités, pêcheurs et usagers du
fleuve ont cru qu’une régularisation administrative allait être imposée – ou
qu’une décision de démolition serait prise – quand le TGI d’Auch a jugé en mai
dernier le président du SIAEP de Viella pour “exercice sans autorisation
d’activité nuisible au débit des eaux […]” et “exploitation d’ouvrage […]
empêchant la circulation des poissons migrateurs”, etc. Or un fax de
dernière minute du préfet du Gers au procureur d’Auch, parlant d’un “accord oral
[sic !!] de l’État à la réalisation de travaux
indispensables [en juillet 2003] pour assurer la salubrité et la sécurité de
l’alimentation en eau potable” a ce jour-là absous le président du SIAEP ! En
conséquence de quoi celui-ci, bien qu’il se soit vu notifier un refus de toute
autorisation de travaux par la MISE du Gers, et tout en annonçant le 1er juillet
une délibération de raccordement au SIAEP voisin de Riscle (raccordement qui ne
sera sans doute effectif qu’en… 2008 !), a fait renforcer et rehausser
considérablement la digue, une énième fois, le 20 juillet 2004!
Des
travaux destructeurs et totalement proscrits, pour l’entretien d’un ouvrage dont
la préfecture reconnaît pourtant maintenant, dans plusieurs courriers à une
association de pêcheurs, qu’“il ne bénéficie d’aucun arrêté
d’autorisation” ont donc été effectués dans le lit du fleuve par cette régie
des eaux qui, comble d’incurie, avait distribué à ses abonnés, durant plusieurs
mois au cours du printemps et de l’été 2000, une eau déclarée par arrêté
préfectoral impropre à la consommation (et pourtant facturée... en toute
illégalité) car polluée par un pesticide, l’atrazine (avec une teneur comprise
entre 0,51 et 4,46 microgrammes par litre – la norme française tolérée étant de
0,40 µg/l)...
C’est un scénario identique qui s’est déroulé très
récemment sur le Gave d’Oloron à Auterrive.
Pire même, si cela est possible, puisqu’il y avait, là, un arrêté préfectoral de
démolition, sur lequel le propriétaire du barrage s’assoit délibérément, malgré
maintes condamnations judiciaires ! Ces contraventions répétées à la légalité
républicaine et démocratique, ces atteintes à l’État de droit, et ce parfait
mépris à l’égard de la protection de la nature ne sont plus
acceptables.
Les collectifs et associations signataires dénoncent la
persistance de ces situations invraisemblables et intolérables de délinquance
écologique sur les rivières du Sud-Ouest, à
l'encontre du souci de restauration des cours d'eau partout à l'¦uvre en France, en particulier par l'effacement des
barrages dommageables au milieu naturel aquatique, et cela sous la
responsabilité même de l’État et de ses services, comme dans le bassin de la
Loire avec le programme exemplaire de gestion durable du fleuve.
Le
seuil du SIAEP de Viella à l’aval de Saint-Mont est
une digue totalement illégale, dommageable et inacceptable. Le préfet doit
sans délai ordonner des travaux de démolition et les faire appliquer sous
peine d’astreinte. Les pêcheurs, sportifs d’eau vive, défenseurs de
l’environnement et associations écologistes le lui demandent solennellement une
dernière fois avant d’agir par tous les moyens judiciaires et autres
appropriés.
COLLECTIF ADOUR EAU TRANSPARENTE
COLLECTIF EAUX
VIVANTES DU GERS
ACME FRANCE (Association pour un contrat mondial de
l’eau)
AMIS DE LA TERRE FRANCE
ANPER-TOS (Assoc. nationale pour la protection des eaux et rivières.
Truite, ombre, saumon)
UMINATE (fédération des associations de protection de
la nature en Midi-Pyrénées, affiliée à France Nature Environnement)
WWF-France
***
Commentaires
livresques : Sous
la jaquette!
L'Amérique,
l'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurai
L'Amérique, l'Amérique, si c'est un
rêve, je le saurai
(1)
Michel
Handfield
Commentaires
suite à la lecture du livre « Les Etats-Unis d’aujourd’hui »
d’André Kaspi, Paris, 2004 : éditions perrin/tempus
9
décembre, 2004
Pour
nous, au Québec, ce livre est bien balancé, faisant les nuances qu’il faut
concernant nos voisins états-uniens. Il nous permet de comprendre en quoi nous
en sommes différents, mais aussi en quoi nous leurs ressemblons. Pour les gens d’ailleurs, ce livre leur
permettra de faire la part des choses entre la politique états-uniennes et la
vie citoyenne, car si c’est en partie lié, c’est aussi en partie différencié. Si
les Etats-Unis paraissent un à la face du monde, les États sont multiples sur
leur territoire et jaloux de leurs prérogatives par rapport à la nation. New
York ou la Californie, ce n’est pas la Floride ou le Texas!
Ce
livre, à travers quelques rappels historiques sur les relations entre la France
et les USA, éclaire le rapport amour/haine entre ces deux pays. Si Tocqueville
est allé voir les Etats-Unis et en a tiré un classique, « De la
démocratie en Amérique » (2),
Thomas Jefferson est allé à Versailles et Paris représenter « la
jeune république » (p. 27), car la France a joué un rôle dans l’histoire
des Etats-Unis.
Jeune
pays, jeune culture; mais il ne faut jamais oublier qu’elle a aussi des racines
européennes. Sauf que, suite à sa révolution contre l’Angleterre, les Etats-Unis
ont tenté de les oublier pour forger leur propre identité! Ce n’est pas un
hasard si l’administration de George W. Bush a parlé de la vieille
Europe! Ce livre donne un bon aperçu des différences et des liens qu’il y a
entre France, donc un peu l’Europe, et les USA!
Pour
nous, au Québec, ce livre nous fait réaliser quels sont nos points communs avec
nos voisins du Sud – notre américanité – et nos cousins européens – notre européanité - car ici nous
n’avons pas fait cette révolution qu’ils ont faite. (3) Au Québec, dû à notre
différence linguistique, nous avons même conservé des liens avec la France (en
plus d’avec l’Angleterre de par notre histoire canadienne), ce qui fait qu’à la
lecture de ce livre on réalise rapidement qu’on a une certaine européanité qui
nous distingue des États-Unis.
Politiquement
et socialement, nous sommes plus à gauche que nos voisins du Sud, même sur notre
droite. Sur la question de la guerre en Irak nous étions d’ailleurs plus près de
la France, où la droite était contre la guerre en Irak, que des USA ou de
l’Angleterre, où même le Labour était pour cette guerre!
Par
contre, nous avons adopté le mode de vie et de consommation américain. On n’a
qu’à penser à la banlieue, aux centres d’achats et aux Power Center! On prend plus souvent notre baguette à
l’épicerie ou dans un magasin entrepôt que chez le pâtissier ou le boulanger du
coin lorsqu’il y en reste un. En quelque sorte nous sommes des
euroaméricains!
Cette
différence d’avec notre voisin du Sud doit être connue et tant le Québec que le
Canada la promeuvent au plan international avec des institutions comme les
délégations du Québec à l’étranger (4) ou Radio-Canada International
(RCI), qui donne certainement une information plus neutre que
l’information états-unienne! Cependant il est malheureux que RCI ne
diffuse pas sur notre propre territoire par onde courte. (5) En effet, le Canada
étant un pays multiculturel, contrairement aux USA qui sont un melting pot (6), sa diffusion ici même serait
un moyen intéressant d’intégration
des nouveaux arrivants et de leur fournir une information de qualité, tant sur
les questions nationales qu’internationales, souvent dans leur propre langue,
car RCI diffuse en de multiples langues en plus du français et de l’anglais.
Nous aurions là un outil pour les rejoindre et nous ne l’utilisons même pas.
Pourtant, même les québécois/canadiens de souche en bénéficieraient, car
Radio-Canada International fait plusieurs émissions traitant de questions
internationales qui semblent fort intéressantes pour qui veut élargir ses
horizons. Un coup d’œil à leur grille horaire vous en convaincra. (7).
---
Pour
conclure, ce livre sur les Etats-Unis est un outil que nous ne pouvons que
recommander à nos lecteurs, car les USA
occupent une telle place dans l’actualité que d’en avoir un topo ne peux
qu’aider à comprendre qu’ils ne sont pas un, mais multiples, et qu’on ne peux
les réduire à de simples formules chocs. Et pour nous, leur voisin du Nord
(Québec/Canada), ce livre nous permet de saisir en quoi nous nous en
distinguons, mais aussi en quoi nous nous en rapprochons. Si nous sommes aussi
des américains, car nous habitons l’Amérique, nous ne sommes cependant pas des
États-uniens!
Arrière
de couverture :
Les
Etats-Unis fascinent, déroutent, provoquent l’admiration et la détestation. Leur
puissance, militaire, politique, économique, culturelle, fait peur. Et pourtant,
que savons-nous vraiment de cette démocratie? Tous les américains
soutiennent-ils le président George W. Bush? Sommes-nous, Français, Européens,
destinés à devenir des Américains? Trop souvent, nous nous contentons
d’approximations et de préjugés. Plus que jamais, les Etats-Unis sont mal
connus, mal compris, mal aimés.
Notes et
hyperliens:
1.
L’Amérique, succès des années 70! Paroles et Musique: Pierre Delanoé, interprété par Joe
Dassin. (Réf : http://www.paroles.net/chansons/10605.htm)
2.
Tocqueville,
1986, De la démocratie en Amérique, 2 vol., France: Gallimard, Folio
histoire
3.
Les Etats-Unis ont déclaré leur indépendance d’avec
l’Angleterre en 1776! Au Canada, nous avons rapatrié notre constitution qu’en
1982 et nommé la Reine d’Angleterre Reine du Canada! Quant au mouvement
souverainiste québécois, il flirte avec la France au plan culturel et avec les
Etats-Unis au plan économique : « À Plattsburgh, Duceppe vante les mérites des échanges avec les
Etats-Unis », Lia Lévesque, in Le Devoir, 4 et 5 décembre 2004, p. A 4.
4.
Représentations du Québec à l’étranger :
5.
RCI, diffuse cependant sur Internet : www.rcinet.ca/
6.
Avec des problèmes d’intégration et de racisme, même très fort, malgré ce que
l’idéologie veut nous laisser croire. On n’a qu’à penser aux noirs états-uniens
pour le comprendre. (Chapitre 2 : Une nation d’immigrants)
7.
Leur grille d’émission est disponible à
www.rcinet.ca/rci/fr/emissions.shtml
***
Collectif,
2004, L’État du monde 2005, Québec :
La Découverte/Boréal, 29.95$
(www.editionsladecouverte.fr/
et
http://www.editionsboreal.qc.ca/)
Avec
près de 2500 entrées d’index, 300 articles inédits, 150 pages de statistiques,
60 pages de cartes, 90 bibliographies, la participation de plus de 100
spécialistes, ce livre est indispensable.
Commentaires
de Michel Handfield
(19 novembre, 2004)
C’est
un ouvrage annuel que je connais depuis près de deux décennies. Quand je
rédigeais mon mémoire de maîtrise il me fut fort utile, car j’avais besoin de
statistiques récentes sur différents pays, tant développés que non développés,
et d’informations sociopolitiques et économiques à leur sujet. (1) Cet annuaire
a énormément facilité mon travail, car les statistiques sont compilées sur une
base comparable et le travail
d’analyse sociopolitique et économique est bien fait. Suffit de regarder la
liste des collaborateurs (pp. 6-8) et le mode d’emploi (pp. 17-28) pour se
convaincre de la qualité de ce livre de référence. On est face à du sérieux
autant pour la famille, l’étudiant ou le professionnel qui a besoin de données
de repérages rapides et fiables sur le monde.
On est ici face à plus de 600 pages d’informations qui se divisent en
deux grandes parties. La première, « Un monde en mutation »,
regroupe des analyses fouillées sur des sujets particuliers, par exemple
« Les pièges de l’unipolarité »de Bertrand
Badie (p. 35). Cela fait le point sur une question
actuelle. La seconde partie, « Tous les pays du monde », fait
le tour du monde, en continents, régions et pays. Un exemple : Sous Afrique
on a quelques textes qui font le point, puis les grandes régions (Magreb, Afrique sahélienne, Golfe de Guinée…) et sous chaque
régions des pays. Ainsi sous Magreb, nous avons
Algérie. Lybie, Maroc, Mauritanie et Tunisie. De quoi
satisfaire le néophyte et le professionnel, car on y retrouve beaucoup, beaucoup
d’informations sous forme de textes et de tableaux statistiques.
Un
exemple au hasard. Je l’ai ouvert sur l’Asie du Nord-Est et je suis allé vers la fin de cette section où
j’ai trouvé la page des statistiques (pp. 298-9). J’y découvre que le nombre de médecins (pour mille
habitants) est de 1,44 pour la Chine, de 1,90 pour le Japon et de 1,40 pour la
Corée du Sud. Quand à l’accès à Internet (pour mille habitants) il est de 63,25
pour la Chine, de 448,86 pour le Japon et de 603,42 pour la Corée du Sud. De quoi répondre à bien des questions.
Maintenant,
pour voir la fiabilité de ce livre, j’ai regardé le Canada (pp. 360-5), car je
le connais bien étant canadien/québécois. D’abord, au niveau statistique, nous
avons 2,10 médecins pour mille habitants et 512,83 personnes sur mille ont
l’accès à l’Internet! (p. 359) Quant à l’article de présentation, il est signé
par Alain Noël, professeur de science politique à l’Université de Montréal. Il
traite bien de la situation : gouvernement libéral minoritaire; scandale
des commandites; déséquilibre fiscal; et la question de la fracture sociale au
Québec, avec les mesures plus conservatrices du Gouvernement Charest sous le titre de « Le Québec
divisé »!
Cet
« annuaire mondial » est complété par des annexes, incluant des tables
statistiques; les organisations internationales et régionales – avec descriptif
et hyperliens; et le monde sur Internet, incluant des liens vers les principaux
organismes officiels et d’informations pour les différents pays couverts. Ainsi,
pour le Canada, nous retrouvons entre autres liens ceux du Gouvernement du
Canada et du Québec, la toile du Québec, Le Devoir et The Globe and Mail! C’est dire la qualité de cet
« annuaire économique géopolitique mondial
2005 »!
Un
ouvrage de référence annuel que nous ne pouvons que fortement recommander à tous
nos lecteurs francophones du monde, car pour qui veut comprendre « l’état
du monde » en cette ère de mondialisation, c’est le livre à avoir entre les
mains.
Note :
1.
Handfield, Michel, 1988, « La
Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du
Travail: une nouvelle perspective », Mémoire de
maîtrise,
Université de Montréal.
***
Hertzberg,
Pr. Arthur, 2004, Les origines de l’antisémitisme moderne, France :
Presses de la
renaissance,
Collection : Société Thème : Documents (ISBN : 2-85616-899-X
Prix : 22 €)
Rompant
avec les idées reçues, Arthur Hertzberg démontre avec force que l’antisémitisme
moderne est davantage l’enfant des Lumières que du christianisme ; qu’il découle
moins de la théologie chrétienne que du dogmatisme doctrinaire d’un Voltaire,
d’un Holbach, d’un Diderot ou d’un Marat.
Peu
de temps après le déclenchement de la Révolution française, l’Assemblée
nationale vote une motion d’émancipation des Juifs sur l’ensemble du territoire.
Ce geste historique conclut un siècle de progrès fondamentaux obtenus sous
l’Ancien Régime, mais ne met nullement un point final à l’antisémitisme. La
France domine alors la vie intellectuelle et spirituelle de
l’Occident.
Comprendre
les mécanismes de la judéophobie française permet d’en découvrir les sources
dans le reste de l’Europe et du monde. Avec minutie et sens du détail, l’auteur
brosse le portrait des trois communautés juives de la France du XVIIIe siècle :
les Séfarades de Bordeaux, les Juifs des papes d’Avignon et les Ashkénazes de
l’Est de la France, considérés alors comme des étrangers. Le récit de leur
combat pour l’égalité et l’émancipation éclaire d’un jour nouveau l’histoire de
France.
Arthur
HERTZBERG
Considéré
comme l’un des grands penseurs modernes du judaïsme, auteur du classique The Jews in America, président du Congrès juif américain et
vice-président du Congrès juif mondial, chroniqueur au New York Times et à la
New York Review of Books,
Arthur Hertzberg est
professeur à l’université de New York (NYU) et au Dartmouth College.
Commentaires
de Michel Handfield (16
novembre, 2004)
Ce
livre offre d’abord un intérêt historique, car la question juive ne date pas du
siècle dernier mais d’il y a longtemps. Avant même la révolution française! Les
juifs d’Europe et de France en particulier ont vu leur statut changer à quelques
occasions durant cette période, selon leurs amitiés et alliances. Certains
groupes juifs étaient aussi en opposition entre eux, comme aujourd’hui
d’ailleurs. (1)
Les
juifs ont aussi joué un rôle dans le développement de la France et de l’Europe
au plan politique et économique, de par leurs réseaux, car même lorsque leur
religion était interdite de cité, ils entretenaient des relations avec les
autres communautés d’Europe sous le manteau.
Naturellement,
avec la révolution française et les droits de l’Homme, la question des
idéologies religieuses s’est posée : un juif, un chrétien ou un citoyen?
Les juifs ont certes contribué à ce débat et...
« Pour la première dans l’histoire
moderne du monde occidental, tous les Juifs vivant entre les frontières d’un
État européen étaient considérés comme égaux devant la loi, et jouissaient donc
des mêmes droits que tous les autres citoyens. » (p.
6)
Même
si l’émancipation juive fut reconnue avec la révolution française, avec elle
arriva aussi l’antisémitisme. Leurs droits ont souvent fait l’objet d’enjeu et
de tractation politique par la suite! « Les gloires et les tragédies à
venir étaient en marche. » (p. 364)
Près
de 400 pages d’informations sur les origines de l’antisémitisme, la
reconnaissance moderne des juifs et leurs relations, alliances et conflits avec
les autres groupes européens et français en particulier. Un livre riche et dense
pour qui s’intéresse à l’histoire juive et européenne, car les juifs sont liés à
l’histoire politique et au développement économique de l’Europe et de la France.
Nul doute là dessus. Sauf que c’est surtout leur apport économique qui avait
principalement retenu l’attention de l’histoire; et pour plusieurs cet apport
était synonyme de comportements
parasitaires :
«
Mais un courant plus doctrinaire et hostile aux Juifs était apparu à la même
époque, surtout parmi les économistes aux idées les plus avancées, pour qui le
Juif existant, même le meilleur, était un parasite économique qui ne pourrait
jamais être régénéré. » (p. 78)
Même
parmi les lumières, on trouvait des antisémites. Un livre qui remonte à ses
origines, intimement liés aux conquêtes sociopolitiques des juifs, comme si ces
deux faces d’une même pièce étaient inséparables. Un livre d’intérêt pour qui
s’intéresse à l’histoire de la France, de l’Europe et des Juifs, car il apporte
un éclairage nouveau sur ces questions. Un éclairage qui me semble avoir été peu
été abordé jusqu’ici, quoi que je ne sois pas spécialiste de cette question!
Une
suite à ce livre serait cependant bienvenue, car au XXe siècle cet antisémitisme
culmina en France avec l’affaire Dreyfus et en Europe avec le nazisme. Plusieurs
des conflits actuels (notamment le conflit Israélo palestinien) y puisent leurs origines. Une plaie fut
ouverte, mais ne s’est jamais cicatrisée. Pour le comprendre il faudra
probablement faire un retour historique sur la question un jour. Mais pour cela
il faut des ouvrages de cette qualité; des ouvrages qui atteignent l’essence
même des enjeux qui se cachent derrières les considérations idéologiques. Car
les véritables enjeux sont rarement ce que l’on tente de nous faire croire par
des formules toutes faites. Ce ne sont que des courts circuits idéologiques,
commodes pour marteler une idée au point de la faire passer pour une vérité,
mais rarement fondés en regard de la distance historique. C’est ce travail
historique qui est essentiel pour
finalement pouvoir passer à autre chose et dépasser les idéologies.
Note :
1.
A ce sujet lire l’excellent texte de Yakov M. Rabkin, « La réaction des juifs à la mort de
Yasser Arafat - «Lorsque ton ennemi tombe...» », in Le Devoir, Édition du samedi 13 et du dimanche 14 novembre
2004. (http://www.ledevoir.com/2004/11/13/68458.html)
***
Krisis,
2004 (1999, 2002) 2004, Manifeste contre le travail,
France : 10/18
Quatrième
de couverture
Il
y a cent cinquante ans, Marx affirmait la nécessaire
sortie du capitalisme par le moyen de la lutte des classes. Cent vingt
ans plus tard, l’Internationale situationniste, emmenée par Guy Debord et Raoul Vaneigem,
élargissait la définition du prolétariat et mettait en cause la société du
travail et de la consommation. Le Manifeste contre le travail reprend la
critique là où les situationnistes l’avaient arrêtée. Dans une société obsédée
par la «valeur travail» et l’effroi que suscite sa
possible disparition, ce petit livre-manifeste reprend
le combat contre la transformation de l’homme en « ressource humaine ». Il
rappelle qu’une émancipation digne de ce nom ne peut faire l’économie d’une
critique radicale de l’idéologie du travail. Autrement dit, il ne s’agit pas de
libérer le travail, mais de se libérer du travail.
Commentaires
de Michel Handfield (16
novembre, 2004)
Manifeste:
(1574; it. manifesto) Déclaration écrite,
publique et solennelle, par laquelle un gouvernement, une personnalité ou un
groupement politique expose son programme, justifie sa position. (Le Petit
Robert sur CD-ROM)
C’est
clair, on est ici face à un pamphlet orienté et non dans un essai scientifique.
On ne nuance pas nécessairement; on prend position! Mais prendre position ne
signifie pas que l’on soit mal informé. Au contraire. On décrit très bien les
failles du système. On table même sur ses faiblesses pour dire qu’on doit
dépasser ce système, qu’il est fini :
« Mais,
pour la première fois, l’innovation de procédés va plus vite que l’innovation de
produits. Pour la première fois, on supprime davantage de travail qu’on ne peut
en réabsorber par l’extension des marchés. Conséquences logiques de la
rationalisation : la robotique remplace l’énergie humaine, les nouvelles
techniques de communication rendent le travail superflu. » (p.
62)
Mais,
en même temps la solution toute trouvée est-elle vraiment réaliste? Probablement
pas davantage que ne l’est le marxisme ou le capitalisme pur! Car le propre d’un
idéal-type – d’une idéologie – est davantage de faire réfléchir que d’être
applicable. L’histoire l’a montré. Alors quand il est écrit que « Le
mot d’ordre de l’émancipation sociale ne peut être que : Prenons ce dont
nous avons besoin! Ne courbons plus l’échine sous le joug des marchés de
l’emploi et de la gestion démocratique de la crise! » (p. 95) … l’on doit
prendre cela avec prudence. Oui le travail et l’économie sont en crise, oui des
solutions doivent être trouvées, mais les recettes ne sont pas dans les livres.
Sauf que de tels livres aident au diagnostic et ne doivent pas être rejetés du
revers de la main comme étant utopiste. Ce serait rejeter le bébé avec l’eau du
bain comme le dit une de nos expressions!
***
Kaufmann,
Jean-Claude, 2004, L’invention de soi. Une théorie de l’identité,
France : Armand Colin/Collection
: Individu et Société
- 352 pages - format 14x22,5,
Broché, ISBN: 2200266618, 20.50 Euro
Commentaires
de Michel Handfield (4
octobre, 2004)
JE,
MOI, SOI! Qui suis-je? Mon identité. C’est là un concept récent, fascinant et
enrichissant nous apprend ce livre qui en suit l’histoire et en analyse la
philosophie et la psychologie. Car on n’est pas devenu Soi sans raison
historique ni même politique. Et si on est devenu Soi, c’est que la collectivité
a aussi changé au cours des siècles. Qui dit Soi ou Moi dans une société appelle
à s’affirmer, d’où un besoin de le dire. Il n’est donc pas surprenant que la
démocratie ait suivi l’affirmation individuelle. Mais en même temps il n’est pas
surprenant non plus qu’on aie de la difficulté à imposer la démocratie de
l’extérieur, car les citoyens ne sont peut être pas rendu là dans leur culture,
leur histoire :
« Sans
accès à l’autonomie individuelle, condition de la démocratie, la modernité se
résume à l’électronique et au béton. » (p. 134)
C’est
ainsi que la démocratie s’impose moins par la technologie – ou les armes - que
par l’éducation, car être autonome nécessite un apprentissage personnel et un
soutien collectif. Être soi, ce n’est pas qu’un geste individuel, c’est aussi un
geste social et politique. Notre identité est en partie redevable à notre
environnement et à notre socialisation que ce soit par notre famille et
l’éducation, un milieu social, nos nombreux groupes d’appartenances (sport,
religion, politique) etc. Le self-made men est davantage folklorique que réel!
Mais
attention cependant, car pour s’affirmer le JE doit s’opposer à l’autre! Je
contre Lui; Je contre Eux:
« Je
existe parce qu’un autre est mauvais, parce qu’un autre est vaincu. L’invention
de soi, (…), ouvre parallèlement sur un horizon de désarroi, d’implosions
individuelles et d’explosions collectives. Car il n’existe rien de plus
difficile à canaliser que l’énergie mentale d’affirmation de soi, pourtant de
plus en plus indispensable. » (p. 292)
Et
le Je avec d’autres devient le Nous; Nous contre Eux! Un livre à lire pour
essayer de comprendre l’incompréhensible de notre temps. Psychanalyse de notre
identité individuelle… et collective. D’intérêt, « je » vous le
dis!
Quart
arrière
Comment
arrivons-nous à dessiner le cours de notre vie ? Être sujet de son existence –
une conquête historique – implique un travail complexe, éprouvant et risqué.
Jean-Claude Kaufmann nous
ouvre les portes de cette petite fabrique de s'inventer. Où l'on trouve beaucoup
de passion créative, mais aussi beaucoup de désarroi, d'implosions individuelles
et d'explosions collectives.
Délivré
des cadres traditionnels, l'individu moderne tombe en panne sitôt qu'il ne croit
plus à sa propre histoire : l'analyse, parfaitement documentée, ouvre sur la
question de l'identité. Une notion devenue omniprésente sans être jamais
clairement définie. Après un bilan critique de l'histoire du concept,
Jean-Claude Kaufmann nous
propose une théorie, ancrée dans l'actualité la plus vive, qui rend subitement
plus intelligible notre horizon brouillé.
Une
révolution est en passe de changer la face du monde. Comprendre où elle nous
entraîne est une urgence vitale : pour le meilleur et pour le pire, nous sommes
désormais entrés dans l'âge des identités.
Jean-Claude
Kaufmann,
sociologue, directeur de recherche au CNRS (CERLIS, université Paris 5-Sorbonne)
est l'auteur notamment d' Ego pour une sociologie de l'individu, ainsi que de
plusieurs livres d'enquêtes, sur le couple ou la vie quotidienne, qui ont connu
un large succès, et sont réutilisés ici même comme
illustration.
***
Le
cynique a raison… mais pas Fidel
Sloterdjik,
Peter, 1987, 2000, Critique de la raison cynique, France : Christian Bourgois
éditeur,
670 p.
Commentaires
de Michel Handfield (26
septembre, 2004)
D’abord,
c’est un livre qui a du « stock », plus de 600 pages serrés et en
petit caractère. Un livre fouillé et intéressant, car le cynisme n’est pas
gratuit. Il se fonde sur la connaissance. Cynisme, scepticisme et critique vont
de pairs tout au long de ce livre et rien n’est épargné dans ce tour d’horizon.
On y regarde aussi bien la sexualité, l’éducation que la politique sous un angle
critico-cynique.
Attention
cependant, le cynisme n’est pas de montrer le ridicule des choses pour en rire
gratuitement; mais bien d’éveiller la conscience en montrant le ridicule ou les
liens insoupçonnés entre les choses. Si ça fait rire, tant mieux; mais ce n’est
pas un rire gratuit, car il force un travail de réflexion. Le rire n’est pas non
plus une obligation, car le cynisme est d’abord une philosophie, ce qu’il ne
faut jamais oublier. Voici un exemple de lien que soulève justement le
cynisme (dans une section portant sur les seins):
« La
publicité et la pornographie sont des cas particuliers du cynisme moderne qui
sait que la puissance doit emprunter le chemin passant par les images du désir,
et que l’on peut tout à la fois exciter et frustrer les désirs et les rêves des
autres pour imposer ses propres intérêts. La politique n’est pas seulement l’art
du possible, comme on l’a dit, mais tout autant l’art de la séduction. Celle-là
est le côté carotte du pouvoir qui part du principe que premièrement il faut de
l’ordre et deuxièmement que le monde veut être trompé. « (p. 192)
Ou plus
simplement dit en nos propres termes:
L’homme craque pour des seins siliconés
et la promesse d’une réduction des impôts assortie d’une hausse des services
même s’il sait que les deux sont faux! Mais c’est tellement plus agréable d’y
croire encore une fois!
Un
livre plus ou moins facile à lire selon les sujets, mais qui cultive et enrichit
le lecteur, car tout y passe : des seins (192); du cul (193); le cynisme
religieux (347); Diogène (203); Althusser (126), dont nous avons d’ailleurs
parlé dans notre texte sur le film « PRINTEMPS, ÉTÉ, AUTOMNE, HIVER…
ET PRINTEMPS » (1) ; la médecine (427) et bien d’autres choses! Le
cynisme est un art qui fait réfléchir sur tout… à partir de ce qui
est:
«
Comme dans un état fiévreux, le réalisme cyniquement déchaîné dit la vérité en
nous donnant des avertissements contre nous-mêmes. » (pp. 661-2)
Que
dire d’autre quand tout est dit dans cette simple citation. En fait c’est un
livre mordant dans la réalité avec une dent de cynisme qui plonge au cœur de la
raison pour nous en faire voir le côté sombre. Pour terminer voici quelques
citations tirés au « hasard » et qui montrent toute la lucidité du
cynisme :
« La
vieille social-démocratie avait lancé le mot d’ordre « savoir c’est
pouvoir » comme une recette pratique et raisonnable. (…) Elle voulait dire
qu’il fallait bien apprendre quelque chose de solide pour avoir plus tard une
vie meilleure. Une foi petite-bourgeoise dans l’école avait dicté cette maxime.
Cette foi est aujourd’hui en décomposition. C’est seulement chez nos jeunes
médecins cyniques qu’une trajectoire claire mène des études au confort. Presque
tous les autres courent le risque de faire leurs études pour rien. » (pp.
10-1)
« Le
« travail » intellectuel – cette seule dénomination est une agression
– prétend avoir oublié qu’il est, lui aussi, dans un sens spécifique, travail.
Il s’est habitué à ne plus s’interroger sur son rapport avec le travail
matériel, manuel et exécutif. » (p. 64)
« Le
cul est le plébéien, le démocrate de base et le cosmopolite parmi les parties du
corps, en un mot l’organe kunique élémentaire. Il fournit la base matérielle
solide. Il est chez lui dans les cabinets de tous les pays. L’internationale des
culs est la seule organisation mondiale qui renonce à des statuts, des
idéologies et à des cotisations. Sa solidarité est inébranlable. Sans problème,
le cul surmonte toutes les frontières, à la différence de la tête, à qui
importent beaucoup les frontières et les propriétés. Sans objection, il se met
sur cette chaise-ci ou sur cette chaise-là. La différence entre un trône et une
chaise de cuisine, un tabouret et un trône sacré n’en impose pas
particulièrement à un cul non corrompu. De temps en temps il accepte aussi le
sol, la seule chose qu’il n’aime pas c’est de rester debout quand il est
fatigué. » (pp. 193-4)
« Mais le chemin le plus court pour
comprendre le Capital ne passe pas par la lecture du Capital. Il ne faut pas
dire avec le malheureux Althusser Lire le Capital, mais : Lire Paris
Match, Lire France-Soir, Lire l’Express, Lire Marie-Claire. Là on peut étudier
la logique des pseudo-équivalences bien plus
clairement et bien plus ouvertement. » (p. 392)
Note :
1.
En effet, dans notre texte sur « PRINTEMPS, ÉTÉ, AUTOMNE, HIVER… ET
PRINTEMPS », où nous parlions d’un drame passionnel, nous avons
fait un parallèle avec ce qu’on dit d’Althusser dans ce livre, car autant le
personnage principal de ce film qu’Althusser ont tué leur femme. Meurtre ou
suicide? Drôle de question, mais pourtant, dans certains cas, on peut envisager
le meurtre comme suicide :
« De
même que la psychologie sait que les gens qui se suicident sont au fond les
meurtrier d’un autre, de même il y a des meurtriers qui au fond se suicident, en
s’anéantissant eux-mêmes dans l’autre. » (Sloterdjik, Peter, 1987, 2000, Critique de la raison
cynique, France : Christian Bourgois
éditeur,
p. 128)
Pour
lire le texte sur ce film, voir le vol 6, no 2 (2004) de Societas
Criticus sur le site de Bibliothèque et Archives Canada à l’adresse
suivante :
http://collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus/
Arrière
du livre
La
Critique de la raison cynique - son occasion : le bicentenaire de la parution de
la Critique de la raison pure de Kant - est une critique de notre modernité.
Revenu des illusions de notre rationalisme (" la raison c'est la torture "),
notre époque est ébranlée par la croyance en l'Aufklärung : la conviction que le mal résulte de l'ignorance
et qu'il suffit de savoir pour le guérir. Le cynisme est la réponse à cette
désillusion. Il est la forme moderne de la " fausse conscience ". Apparu comme
attitude individuelle dès l'antiquité, le cynisme est aujourd'hui un phénomène
universel. En regard de ce cynisme moderne comme remède et comme dépassement,
l'auteur suggère de redécouvrir les vertus du cynisme antique.(ou, plus exactement, du Kunisme)
que pratiquait le philosophe de Sinope : le rire, l'invective, les attaques.
Leur redécouverte pourrait renouveler la chance de l'Aufklärung dont le projet le plus intime est de transformer
l'être (Sein) par l'être conscient (Bewusstsein).
Paru
en Allemagne en 1983, cet essai rencontra alors un succès considérable. La
polémique suscitée par les écrits récents de Peter Sloterdijk replace cet ouvrage au centre de la réflexion
philosophique contemporaine.
Traduit de l'allemand par Hans Hildenbrand
ISBN :
2-267-00527-1
***
Reporters
sans frontières,
2004, Cuba, le livre noir, Paris : La découverte
Voir
aussi : www.rsf.org
Commentaires
de Michel Handfield
(26 septembre, 2004)
Cuba,
c’est le communisme, mais ce n’est plus le communisme de la gauche bien
pensante. C’est davantage un communisme détourné de son véritable sens par un
leader qui a mal vieilli et qui devient de plus en plus dictatorial, car la
gauche n’a jamais tort :
« Parce
que le « peuple de gauche », comme on disait hier encore, a la
conviction que le communisme n’est jamais imputable des crimes commis en son
nom. Ce sont toujours ses perversions qui en sont responsables. » (p.
6)
Une
certaine gauche conserve même un capital de sympathie automatique pour Cuba, car
comme tous le savent, ils sont « victimes » des Etats-Unis :
c’est leur blocus qui a occasionné des tensions internes et certaines dérives du
communiste castriste! Sauf que lorsqu’on regarde froidement le cas de Cuba, l’on
voit que le régime castriste est aussi parti prenante du
problème cubain:
« Les
exécutions ont beau avoir débuté dans les jours mêmes qui ont suivi la prise de
pouvoir de Fidel Castro, comme l’a démontré, sans contestation possible,
Jeannine Verdès-Leroux, la chasse à tous les déviants
– homosexuels, paresseux, récalcitrants à la morale révolutionnaire – a beau
avoir suivi de quelques semaines l’arrivée des « barbudos » dans la capitale cubaine, on nous fait
toujours le coup de l’embargo américain, de la pression capitaliste, de la
mondialisation assassine pour tenter de justifier ce qui s’appelle une
tyrannie. » (p. 7)
C’est
le propos de ce livre : faire le tour des critiques du castrisme, que ce
soit celles de militants des droits de l’homme, d’organisations humanitaires et
même d’indépendants. Un recueil de texte fort intéressant pour sortir de la
pensée romantique du castrisme.
Arrière
du livre
En
mars 2003, alors que le monde a les yeux tournés vers l’Irak, Fidel Castro lance
une vague de répression sans précédent : soixante-quinze dissidents —
journalistes, militants des droits de l’homme, syndicalistes, bibliothécaires… —
sont arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Au total, 1 453 années de prison,
le plus souvent pour « activités contre l’intégrité et la souveraineté de l’État
». Partout dans le monde, les protestations se multiplient. L’image romantique
de la Révolution de 1959, savamment entretenue par La Havane, s’effrite. Les
organisations de défense des droits de l’homme, elles, n’en étaient plus dupes
depuis longtemps. Leurs rapports, rassemblés ici à l’initiative de « Reporters
sans frontières », décrivent l’ampleur de la répression du printemps 2003. Ils
reviennent également sur le fonctionnement d’un régime totalitaire où la liberté
de l’individu n’a décidément pas sa place. Ce « livre noir » propose également
une série de documents de référence pour mieux comprendre la politique
répressive du régime castriste, mais aussi la résistance qui s’affirme. En
premier lieu, les textes de loi qui servent à justifier l’injustifiable.
Ensuite, les principaux manifestes autour desquels la dissidence tente de
conduire Cuba vers une transition démocratique. Enfin, une série de portraits de
journalistes emprisonnés permet de mettre un visage sur cette société civile
trop peu connue et dont Fidel Castro espérait se débarrasser dans
l’indifférence. Un livre nécessaire pour tous ceux qui, au-delà des clichés et
des passions, cherchent à mieux comprendre la réalité
cubaine.
Table
des matières:
Préface,
par Robert Ménard - I. Les rapports des ONG - L’intransigeance totalitaire,
Commission cubaine pour les droits de l’homme et la réconciliation nationale - «
Les droits humains bafoués au nom de la sécurité », Amnesty International - À Cuba, on ne censure plus, on
emprisonne, Reporters sans frontières - Coup de filet contre les dissidents
cubains, Human Rights Watch - L’arsenal de la « répression ordinaire », Human Rights Watch - Les investissements étrangers : « solidarité ou
complicité » ?, Pax Christi Pays-Bas - Les prémices de
la tempête de mars 2003, Reporters sans frontières - Le « parcours du combattant
» des journalistes étrangers, Reporters sans frontières - Internet sous
surveillance, Reporters sans frontières - II.
Documents de référence - Au nom de la loi… La « loi 88 », dite « loi bâillon »,
Amnesty International - « Aucune liberté ne peut être
exercée contre les objectifs de l’État socialiste », Extraits de la Constitution
- Loi cubaine contre les actes de terrorisme, Extrait du code pénal - « Forger
le respect de la légalité socialiste », Extraits du code pénal - « La patrie
appartient à tous », Félix Antonio Bonne Carcassés,
René Gómez Manzano, Vladimiro Roca Antúnez, Marta Beatriz Roque Cabello, 27 juin 1997 - « Tous unis », Pétition de citoyens,
12 novembre 1999 - Le « projet Varela », Oswaldo Payá Sardiñas, 10 mai 2002 - De Cuba et Luz Cubana : la liberté
hors-la-loi, Reporters sans frontières - L’exercice arbitraire du pouvoir face
au peuple cubain, Commission interaméricaine des droits de l’homme de
l’Organisation des États américains, avril 2002 - Liste partielle des personnes
emprisonnées pour des motifs politiques ou socio-politiques, Commission cubaine des droits de l’homme
et de la réconciliation nationale, 14 juillet 2003 - Les fiches biographiques
des journalistes emprisonnés, Reporters sans frontières -
Table.
***
Reçu
le 2 décembre 2004 :
Harvey,
Pierre-Léonard, 2004, La démocratie occulte,
Québec : Presses de l’Université
Laval
Dans une
économie qui se mondialise, les acteurs qui sauront tirer leur épingle du jeu
seront ceux qui sauront mettre à profit la puissance des technologies de
l'information et de la communication (TIC) au service de leur stratégie de
développement démocratique et économique. Il en va de la survie de nos
démocraties et de la cohésion sociale.
En
effet, tous les spécialistes de la communication sont unanimes : depuis
septembre 2001 le monde a basculé. La menace de la montée d'une démocratie
occulte se précise à mesure que les pratiques autoritaires des puissants
exaltent la sécurité d'État au détriment des libertés. Les médias, les réseaux
et les sondages d'opinion électroniques sont détournés au profit d'intérêts
gardés secrets, mais de plus en plus dénoncés dans la presse. La démocratie
occulte n'est pas une nouvelle doctrine politique avec son idéologie et ses
institutions. La réalité est beaucoup plus insidieuse et complexe. Sur fond de
Sommets mondiaux économiques et de mouvements altermondialistes sans programme,
nos institutions démocratiques se voient bafouées et malmenées par les
représentants mêmes que nous nommons pour les protéger et les
promouvoir.
Voici un ouvrage en forme de diagnostic qui permettra aux
différents acteurs sociaux de comprendre la nature vertigineuse des rapports de
force dans la société de l'information. La complexité des enjeux s'articule dans
des métaphores systémiques qui tracent les contours stratégiques des principales
forces en présence dans la société en réseau.
Le
lecteur apprendra à faire une lecture approfondie des problématiques
communicationnelles et organisationnelles reliées aux médias et aux TIC dans une
société qui se transforme en un système social. Il découvrira les discours et
les nombreux mécanismes de légitimation qui servent à exproprier le citoyen de
ses droits les plus fondamentaux.
Forts d'une approche communicationnelle solide et
d'un diagnostic systémique lucide, les acteurs sociaux pourront enrichir leur
réflexion stratégique sur la société de l'information, évaluer les actions à
prendre pour bâtir une véritable société d'apprentissage pour s'engager et se
mobiliser autour d'une démocratie relationnelle et non seulement délégative. Le Sommet mondial de Tunis en 2005
annoncera-t-il l'ère de la doxocratie conviviale
?
Pierre-Léonard Harvey est communauticien, professeur-chercheur au Département des communications de
l'Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire de communautique appliquée de la même université. Il est
également directeur de l'Axe sur « la télévision interactive et les communautés
virtuelles » d'Hexagram (Institut de recherche et
création en arts et technologies médiatiques). Ses recherches actuelles portent
sur les communautés de pratique et l'épistémologie de la construction des
connaissances en réseau. Membre d'un réseau international de chercheurs en
intelligence collective et chercheur-associé au réseau
Orbicom des Chaires Unesco en communication, il
coopère avec la Commission canadienne pour l'UNESCO aux travaux entourant le
Sommet de Tunis sur la société de l'information.
---
Rabkin,
Yakov M., 2004, L’opposition juive au sionisme,
Québec : Presses de l’Université
Laval
An
extremely interesting and valuable book.
Noam
Chomsky, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, MA
Je
ne peux que saluer la rédaction d’un ouvrage «non conventionnel» sur des faits
trop souvent occultés. À nous d’en tirer les enseignements.
Rabbin Moshé
G.Ackermann, Directeur de Nerlitz, Institut francophone d’études juives,
Jérusalem
En tant que patriote israélien et en tant que philosophe,
je considère qu’il est essentiel d’intégrer le discours de l’antisionisme
judaïque dans le débat public sur notre passé, notre présent et notre avenir, un
débat dont nous avons grand besoin.
Joseph Agassi, philosophe, Université
de Tel-Aviv
Voici un livre capital qui jette un éclairage nouveau sur
«l’éternelle question du Moyen-Orient». C’est pourquoi il est à souhaiter qu’il
soit lu par le plus grand nombre possible.
Charles Rhéaume, historien, Ministère de la défense nationale,
Ottawa
C’est un livre extraordinaire. Je suis très impressionné par
la qualité d’historien de l’auteur, par sa brillante analyse d’un corps
littéraire complexe et par la lucidité de sa prose.
Gregory Baum,
théologien, Université McGill, Montréal
La
lecture de cet ouvrage bien documenté est fascinante. Le professeur Rabkin nous a rendu service en soumettant ses thèses a un
débat au sein d’une communauté démocratique et pluraliste.
Bjarne Melkevik,
juriste, Université Laval, Québec
Il s’agit du premier livre en
langue française qui aborde de front ce sujet. La lecture en a été fascinante.
Tout lecteur, profane ou averti, qui entre dans l’univers historique de l’auteur
sera facilement pris.
Alain Bouchard, sociologue, Université Laval,
Québec
L’association des juifs avec l’État d’Israël est facile,
presque automatique. «L’État juif» et «l’État hébreu» sont devenus des termes
courants. Pourtant, il y a moins de juifs que de chrétiens parmi les partisans
inconditionnels d’Israël. Ce livre explique ce paradoxe apparent en mettant en
relief l’opposition au nom de la tradition juive qu’attire le sionisme dès ses
débuts. Cette opposition met en question la légitimité proprement juive de
l’État d’Israël et représente, selon un expert israélien, «un défi bien plus
important et dangereux que l’hostilité arabe et palestinienne». Ce livre met
donc en lumière les racines de l’opposition juive à l’existence même de l’État
d’Israël, phénomène souvent occulté et censuré car il provoque parfois autant de
colère que de curiosité.
Yakov M.
Rabkin est historien dont les champs d’intérêt
incluent l’histoire juive contemporaine et l’histoire des sciences. Outre son
cursus universitaire, il a étudié le judaïsme auprès de plusieurs rabbins au
Canada, en France et en Israël. Il est souvent invité à commenter la situation
dans le monde juif et en Israël dans les médias.
---
Rouillard,
Christian, Montpetit, Éric, Fortier, Isabelle, et
Gagnon, Alain-G., 2004, La réingénierie de
l’État, Québec : Presses de l’Université
Laval
Bien
que la rhétorique du nouveau gouvernement libéral insiste sur l'idée que la
réingénierie de l'État québécois est une question de nature managérielle qui, à ce titre, ne vise que les trois E
(efficacité, efficience, économie), toute réforme administrative se traduit par
une reconfiguration de l'autonomie et de la capacité étatiques, donc par une
redéfinition de la gouvernance. Par-delà les modalités concrètes de mise en
oeuvre d'un nouveau cadre de gestion, qui ne saurait réussir sans la complicité
des acteurs collectifs de l'administration publique, se pose la question de la
redéfinition des relations entre l'État et la société civile. De même, cette
ambitieuse révision des structures et des programmes liée à la réingénierie
entraîne des conséquences, nombreuses et significatives, quant au fontionnement de la gouvernance québécoise qui repose, entre
autres choses, sur la consultationet la délibération.
Enfin, dans la mesure où l'exercice contemporain de la citoyenneté ne peut
souffrir d'être réduit au seul droit de vote une fois tous les quatre ou cinq
ans, le caractère dirigiste de la réingénierie libérale représente une menace
réelle pour la démocratie. En ce sens, il y a lieu de se demander si cette
réingénierie ne risque pas de se traduire par un appauvrissement, à la fois
qualitatif et quantitatif, de la gouvernance québécoise.
Christian
Rouillard est professeur agrégé d'administration
publique à l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa et titulaire de
la Chaire de recherche du Canada en gouvernance et gestion
publique.
Éric Montpetit est professeur
adjoint au Département de science politique de l'Université de
Montréal.
Isabelle Fortier est professeure agrégée de management
public à l'École nationale d'administration publique (campus de
Montréal).
Alain-G. Gagnon est
professeur titulaire au Département de science politique de l'Université du
Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études
québécoises et canadiennes (CREQC).
***
Reçu
le 15 novembre 2004 : Dominique de Villepin,
2004, Le requin et la mouette, France : Plon/Albin
Michel
"
Nous voici à ce point crucial où s’entrevoit la possibilité d’une réconciliation
entre la puissance et la grâce, entre le ciel et la mer, entre le requin et la
mouette, parfaite alliance des contraires célébrée par les philosophes et les
poètes. Oui, une nouvelle fraternité est possible. Un sens est possible. Des
valeurs existent, qui méritent d’être défendues. Ce livre n’a pas d’autre objet
que d’évoquer notre parcours commun pour progresser d’un pas plus sûr dans la
voie de demain. " D.V.
Dominique
de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères,
est aujourd’hui ministre de l’Intérieur.
***
Reçu
le 15 novembre 2004 : Wolton, Thierry,
2004, Brève psychanalyse de la France, France :
Plon
Cette
brève " psychanalyse " de la France expose avec brio les raisons pour lesquelles
notre pays est devenu un nain sur l'échiquier international.
Cette
situation est la conséquence de soixante ans de mensonges.
La
France, depuis la Libération, vit sur des mythes fondateurs qui sont devenus
obsolètes. A commencer par ceux qu'avait forgés le général de Gaulle : une
France résistante, une France ultra-puissante.
L'auteur
examine les choix politiques, économiques, sociaux et culturels de
l'après-guerre. Tous sont aujourd'hui en complet déphasage avec la réalité du
monde, et bloquent les volontés de réforme.
Ce
paradoxe, que l'auteur analyse au scalpel, menace le fragile équilibre de la
société française qui avance comme un funambule au-dessus d'une poudrière.
***
Reçu
le 29 octobre 2004 : Laurent, Eric, 2004, La face cachée du 11
septembre, Plon (France)/Transcontinental
(Canada)
Arrière
de couverture :
Pour
la première fois un livre dévoile les mensonges et les silences officiels qui
entourent encore la tragédie du 11 septembre. Un an d'enquête a conduit l'auteur
notamment aux Etats-Unis, au Pakistan, à Dubaï, au Qatar, en Israël et jusqu'aux
montagnes de Tora Bora, dernier refuge de Bin Laden en Afghanistan.
Enquête
minutieuse, parfois dangereuse, qui révèle la face cachée du 11
septembre.
-
Pourquoi Ousama Bin Laden n'est-il toujours pas inculpé par les responsables
américains pour les attentats du 11 septembre ?
-
Pourquoi la CIA qui surveille en permanence les marchés financiers n'a-t-elle
pas détecté le plus grand délit d'initiés de l'histoire qui a précédé le 11
septembre ?
-
Quelle est la véritable identité des pirates de l'air ? Cinq d'entre eux ont
usurpé celles de personnes toujours vivantes.
-
Quel est le rôle exact joué par les services secrets du Pakistan ? Et que penser
de l'Arabie Saoudite, de ce royaume dont trois princes ont connu une mort
mystérieuse à la suite du 11 septembre ?
Les
informations recueillies dans ce livre, les faits troublants, les contradictions
et les manipulations avérées battent en brèche les vérités admises. La tragédie
du 11 septembre n'a pas encore épuisé tous ses secrets
Biographie
de l'auteur
Eric
Laurent, grand reporter, spécialiste de politique étrangère, est l'auteur de
plusieurs best-sellers, dont La Guerre des Busch et Le
Monde secret de Bush (Plon, 2003). Le film qui a été tiré de ces deux livres, Le
Monde selon Bush, a connu un très grand succès au cinéma et à la télévision.
***
Reçu
19 octobre, 2004 : De Tinguy, Anne, 2004,
La grande migration. La Russie et les Russes depuis l’ouverture du rideau de
fer, Paris : Plon
Lorsque
le rideau de fer s’ouvre, des populations prisonnières depuis des décennies
retrouvent la liberté. Au même moment, l’Empire soviétique s’effondre. C’est le
début d’une nouvelle grande migration.
(…)
Un
espace russe et russophone s’étend aujourd’hui de l’ex-URSS à l’Amérique du nord
en passant par l’Europe et le Moyen-Orient. Au sein de cet espace, les migrants
créent des liens et des réseaux, ils mettent la Russie en contact avec le monde
extérieur, ils contribuent à l’intégrer au monde occidental.
---
Un
livre sur un des changements marquants de la fin du XXe siècle par une
spécialiste des questions internationales.
Sur
Anne de Tinguy, voir www.ceri-sciences-po.org/cerifr/cherlist/tinguy.htm
***
Montréal,
on d’jazz
Montréal
Jazz Club, 2004, AN 2 8831 (CD) : 53m38s
Commentaires
de Michel Handfield (12
décembre, 2004)
D’abord,
ce CD est une production d’Analekta et, comme pour l’ensemble de leurs CD de
musiques classiques, on voit qu’une attention particulière y fut accordée. Si
c’est le début d’une aventure jazz chez Analekta, cela
promet.
.
Nous
avons reçu ce CD il y a un peu plus d’une semaine et nous l’avons écouté à
quelques reprises en écrivant, en lisant, en soupant… et si nous aimions
toujours la facture d’ensemble; selon les circonstances, un air, une chanson,
ressortait comme un bijou d’un écrin. Je pourrais redire la même chose de Chantale Thibeault, car elle a une
très belle voix. D’ailleurs ma
première note lors de ma première écoute fut « Sensualité de la voix;
Suave! »
Contenu il y a aussi, car ce CD puise à la fois au répertoire de jazz et
au répertoire de la chanson
populaire, en les refaisant en standard de jazz. Et on ne se limite pas qu’au
Québec, même si plusieurs des chansons sont d’ici : Reste avec moi
(Bonheur d’occasion) de Mouffe/Dompierre; Pas
question d’aventure de Dubois; ou Alys
en cinémascope de Plamondon/Gauthier pour ne
nommer que celles là. Mais il y a aussi du Michel Legrand (La valse des
lilas) ou du Joni Mitchell (A case of you)! Un CD qui pourrait très bien faire sur le marché
International.
Côté
musique, celle-ci coule de source.
Cela est vrai pour l’accompagnement, mais aussi pour les instrumentaux.
Il y en a 3 qui le ponctuent, dont « Je reviendrai à Montréal »
de Charlebois/Thibon. Mais ce n’est pas surprenant vu le calibre des musiciens
en présence. Pensons seulement à Benoit Charest à la guitare, compositeur des
triplettes de Belleville qui fut nominé aux Oscars, ou à Francis Covan à l’accordéon! Ce dernier « a accompagné,
entre tant d’autres, Michel Rivard, Claude Léveillée,
Richard Desjardins et le Cirque du Soleil, de son violon ou de son
accordéon, de sa guitare ou de sa mandoline… quand ce n’était pas à la basse ou
à la flûte traversière ». (Source : http://www.soufflemuse.qc.ca/mus04/covan.html)
Une
chance que les juges de la Cour suprême on confirmé que le mot mariage n’est pas
réservé à un usage restreint, sinon on aurait perdu un bon CD où se marient d’excellents
musiciens, une interprète, la chanson populaire et des accents jazz! Imaginez
s’il avait fallu qu’il en soit autrement : il vous aurait été interdit
d’assister à une telle célébration de la musique maintenant et pour toujours.
Amen!
L’occasion
est trop belle!
Une particularité de ce CD pour nous, c’est que Chantale Thibeault est une de nos
voisines. Nous qui traitons de différents sujets avec un angle social et
politique depuis les débuts de ce webzine il y a 6 ans déjà, nous qui ne faisons
jamais dans le « mémérage », nous ne
pouvions laisser passer l’occasion de parler d’une voisine pour une fois!
Alors
que certains CD jouent sur l’image de la chanteuse, tel n’est pas le cas ici, au
point que dans un magasin de disque on croyait qu’il s’agissait de chanteuses
différentes! C’est dire l’étendue de son registre. Mais on aurait aussi pu jouer
son image, car elle n’a pas qu’une très belle voix Chantale; c’est aussi une jolie fille. Si!
Si!
Mais,
ce qui est le plus drôle, même si on se parlait à l’occasion, c’est que je ne
savais pas qu’elle chantait. En fait je l’ai appris par un pur hasard, alors que
j’étais arrêté dans une quincaillerie d’un quartier montréalais autre que le
mien en faisant du vélo! En parlant musique et culture avec quelqu’un qui me
précédait à la caisse, j’ai appris qu’il était musicien de jazz et quand je lui
ai donné ma carte de Societas Criticus il a vu que notre boîte postale était
dans St-Michel. Il m’a alors demandé où j’habitais et c’est alors qu’il m’a dit
« mais tu reste sur la même rue qu’une excellente chanteuse de jazz, Chantale Thibault ». Avec plus de détails, j’ai pu
identifier que c’était une voisine et que je la connaissais, mais pas de nom!
C’est aussi là que j’ai appris qu’elle travaillait sur un CD! Un pur hasard
comme il en arrive parfois.
Alors
quand j’ai reçu ce CD de la part d’Analekta, cela m’a fait d’autant plus
plaisirs que je pouvais parler de quelqu’un que je connaissais sans la
connaître. Je ne pouvais laisser filer une pareille occasion : j’ai une
voisine qui est une excellente chanteuse de jazz! A suivre, car nous aimerions
en reparler. Espérons que suite à ce CD son aventure se poursuivra sous son nom
cette fois. A quand le « premier » Chantale
Thibeault? On l’attend
déjà.
Texte
officiel (source :
http://www.analekta.com/site/cat.f/an_2_8831.html)
Une
percée d’Analekta du côté du jazz. Sept musiciens, parmi les meilleurs jazzmen
de Montréal, sont associés à cet enregistrement, rehaussé de la participation
d’un quatuor à cordes et d’une chanteuse à la voix exceptionnelle Chantale Thibeault et aux
somptueux arrangements d’Anthony Rozankovic et de
Benoît Groulx. Coups de cœurs québécois, français et américains, réinterprétés
en version «lounge», à découvrir…
Programme
musical
[1] Dompierre: Reste
avec moi
[2] Charlebois: Je
reviendrai à Montréal [instrumental]
[3] Horn: The Rules
of the Road
[4] Dubois: Pas
question d’aventure
[5] Brillant: La nuit
est à nous
[6] Gauthier: Alys en cinémascope
[7] Ighner: Everything Must Change
[8] Diane Tell:
Gilberto
[9] Legrand: Chanson de Delphine
[10] Lavoie: J’ai quitté mon île
[instrumental]
[11] Legrand:
La valse des lilas
[12] MacColl:
The First Time (Ever I Saw Your Face)
[13] Mitchell: A Case of You
[instrumental]
Pas
question d’aventure? Allons donc…
Comment
ne pas interpréter comme un clin d’œil goguenard la décision d’inclure sur ce
premier CD de la série Montréal Jazz Club une relecture de la superbe chanson
«Pas question d’aventure» de Claude Dubois? Si une maison de disques classique,
à l’image de marque aussi bien ancrée dans l’esprit du public qu’Analekta,
décide de prendre un virage jazz, il est forcément question d’aventure… mais pas
de one-night stand!
Le
réalisateur de l’album, Philippe Dunnigan, ne voit
aucune contradiction entre la vocation initiale d’Analekta et cette nouvelle
avenue. «Pour nous, Montréal Jazz Club est un projet marqué au sceau de la
rigueur et de l’exigence.» Les producteurs n’ont pas lésiné sur les moyens, on
le voit bien; d’où la présence sur ces plages de musiciens aussi reconnus et
talentueux que le guitariste Benoît Charest, l’accordéoniste Francis Covan, le quatuor à cordes Menasen, le trompettiste Jean-Luc Thibeault, +
Enregistré
au studio La Planète, août 2004
En
primeur chez archambaultzik— Téléchargez
une pièce boni:
«La maison sous les arbres».
***
Angèle
Dubeau & La Pietà – Passion
(Analekta,
AN 2 8724)
http://www.analekta.com/site/cat.f/an_2_8724.html
Michel
Handfield
28
octobre, 2004
Mercredi
dernier, le 20 octobre, j’ai assisté au lancement du dernier CD d’Angèle Dubeau et de ses comparses de La Pieta au Monument National –où ils seront en spectacle les 4
et 5 février 2005. Nous avons eu
droit à une très belle prestation de leur part pour présenter ce 21e disque d’Angèle Dubeau – probablement le plus beau nous a-t-on dit. Le p’tit
nouveau doit toujours être le plus beau quand on est une passionnée! Mais avec
un tel talent, y en a t il vraiment de moins beau? Je ne voudrais pas en être
juge. Je plaide tout de suite de mon incompétence technique! Par contre, si on y
sent la passion comme en tous les autres - car « La passion ne se calcule
pas, elle se partage » comme l’a si bien dit Angèle Dubeau - elle joue avec la passion sur celui-ci. Et violon
rime avec émotion!
D’ailleurs,
quand on ouvre le coffret, ce CD est rouge passion! Le message est clair. Moi
qui aime le « punch », c’est d’abord le rythme qui est venu me
chercher. Notamment dans « Carmen » et dans la « siete canciones populares espanolas » de
Manuel De Falla (pistes 3 à 9) qui mêlent rythme et douceur! Cela donne le ton
de l’album, car douceur et rythme font un équilibre qui vient vous chercher
différemment selon votre état.
Après
quelques écoutes, j’ai toujours l’impression que cet album me donne une émotion,
un feeling que je n’avais pas à l’écoute précédente et que je n’aurais peut être
pas à la suivante, car cela dépend de mon état. Mais ce qu’il me donne de
nouveau n’enlève en rien au plaisir que j’ai eu avant, ni à celui que j’aurai
après, car la passion c’est comme l’amour; en donner n’en enlève jamais!
J’aime.
A
souligner aussi « Porgy & Bess » réarrangé avec un petit côté jazzy par Vic
Vogel, ce qui va bien au violon. Mais ce CD n’est pas que du violon; c’est un
ensemble réduit (11 artistes jouant violons, violins,
altos violas, violoncelle Cello, contrebasse double
bass et piano) qui offre une sonorité
orchestrale! Et on
« voit » qu’elles ont du plaisir.
Passion,
car le violon peut être plaintif ou vigoureux comme la voix (n’a-t-il pas des
cordes « vocales »?), mais il peut dire ce que la parole, les mots, ne
disent pas : l’émotion et la passion pure!
***
Junior
Brown, Mixed bag
Gaétan
Chênevert
mardi, 12
octobre
2004
Wow,
attachez vos tuques, ça brasse. On y retrouve des morceaux joués à un rythme
endiablé et d’autres plus relaxe mais tous excellents. Ce Junior Brown est un virtuose de la « guit-steel », une guitare à deux manches de sa propre
invention et il sait s’en servir.
De plus, sa voix s’apparente à celle d’un baryton, ce qui ne manque pas
d’ajouter une touche d’humour à ses chansons. On a qu’à écouter «Cagey Bea (jeux de mots, KGB, russe) pour s’en rendre
compte. Il ne se gêne pas sur son
sixième album pour mélanger plusieurs genres qui gravitent autour du country,
musique surf, hawaïenne, blues, bluegrass, et même
russe ! Ecoutez-le, vous serez surpris. J’en recommande l’achat immédiat, les
yeux fermés.
Étiquette : Curb
Parution : 31 juillet
2001
Style :
country
Site internet:
Welcome to the
Official JuniorBrown.com homepage!
1. Guitar Man
2.
Ain’t Gonna Work Today
3. Riverboat Shuffle
4. Our First Blue Bonnet Spring
5.
Cagey Bea
6. Runnin’ With The Wind
7.
Catfish And Collard Greens
8. Little Town Square
9. Hard Livin’ Hard
10. Kansas City
Blues
11. Grow Up America
12. The
Chase
***
Chip
Taylor & Carrie Rodriguez, The trouble with
humans
Gaétan
Chênevert
mardi, 12
octobre 2004
Je ne suis
pas le plus grand fan de country mais il y en a qui ne vous laisse pas
indifférent. Il a été choisi parmi
les dix meilleurs albums de l’année
du journal Le Devoir (Sylvain Cormier, Le Devoir CULTURE, mardi 23 décembre 2003, p. B7). Lui,
baroudeur du rock sur le bord de la soixantaine, elle, jeune chanteuse-violoniste du Texas. C’est leur deuxième album
ensemble. On dit que celui-ci est
le meilleur. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il est excellent. On y retrouve à mon avis ce qui
se fait de mieux dans l’Amérique profonde.
Un excellent album dans la pure tradition folk, country et blues. À se procurer tout de suite.
Étiquette:
Texas music group
Numéro de
catalogue: TMG-LS
4011
Source
d’information : allmusic
1.
Don't Speak in English
2.
Memphis, Texas
3.
All the Rain
4.
Curves and Things
5.
The Trouble
With Humans
6.
Oh Ireland
7.
Fall
8.
Laredo
9.
Dirty Little Texas Story
10.
Confessions
11.
I Need a Wall
12.
We Come Up Shining
13.
[Untitled Hidden Track]
Date de
parution : 23 septembre
2003
***
Bob
Dylan, Time out of mind
Gaétan
Chênevert
lundi, 11
octobre 2004
Time Out
Of Mind a été
universellement acclamé par la critique et le public, et a reçu trois Grammys en 1998 :
"album de l'année",
"meilleur album folk contemporain",
et
"meilleure voix rock masculine contemporaine"
pour la chanson Cold
Irons Bound.
Dylan en
dehors du temps. Il ne se sent pas
obligé de suivre les courants à la mode, il écrit et chante ce qu’il aime, du
blues et du folk. Le son, les paroles, les airs tout y est. Du grand Dylan. En plus, avec Daniel
Lanois comme producteur, on ne manque pas le
bateau. C’est mon deuxième album de
Dylan (avec Love and theft) et on ne se trompe
pas.
Si le genre vous intéresse, à se
procurer sans hésitation.
Étiquette:
Columbia La Maison
Columbia: Club de Musique
Numéro de
catalogue: CK
68556
Enregistrement : janvier
1997
Date de
parution: 30 septembre
1997
Durée: 72:52
min
Producteur: Daniel
Lanois
Ingénieur: Mark
Howard
Bob
Dylan
Vocals, Guitar, Harmonica, Piano
Bucky
Baxter
Guitar, Pedal Steel Guitar
Brian Blade
Drums
Robert Britt
Guitar, Fender Rhodes
Cyndi Cashdollar Slide
Guitar
Jim Dickensen
Keyboards
Tony Garnier
Bass
Jim Keltner
Drums
David Kemper
Drums
Daniel Lanois
Guitar, Mando-Guitar
Tony Mangurian
Percussion
Augie Meyers
Accordion, Organ
Duke
Robillard
Guitar
Winston Watson
Drums
***
Bob
Dylan, “Love And
Theft”
Gaétan
Chênevert
lundi, 11
octobre 2004
Dylan nous
offre sur cet excellent album des chansons à saveur jazz, blues, folk, country
et rock n roll. Un retour aux
sources, à ce qui se fait de mieux, il revisite les racines profondes de la
musique états-uniennes. On constate que sa voix, débarrassée de ces accents trop
nasillards, est arrivée à un nouveau stade de maturité. Du grand
Bob!
Si le genre vous intéresse, à se
procurer sans hésitation.
Étiquette:
Columbia La Maison
Columbia: Club de Musique
Numéro de
catalogue: CK
85975
1.
Tweedle Dee And Tweedle Dum
2.
Mississippi
3.
Summer Days
4.
Bye And Bye
5.
Lonesome Day Blues
6.
Floater (Too Much To Ask)
7.
Highwater (For
Charlie Patton)
8.
Moonlight
9.
Honest With Me
10.
Po' Boy
11.
Cry Awhile
12.
Sugar Baby
Enregistrement : mai
2001
Date de
parution : 11 septembre
2001
Durée : 57:32
minutes
Produit
par : Jack
Frost
Arrangement : Chris Shaw
Bob Dylan
Vocale, guitare et piano
Larry Camphell
Guitare, violon, banjo et mandoline
Tony Garnier
Basse
David Kemper
Drums
Augie Meyers
Orgue, accordéon
Clay Meyers
Bongos (piste 1,9
Charlie Sexton
Guitare
***
Johann
Sebastian Bach, Arias & oboe d’amore
Gaétan
Chênevert
dimanche
10 octobre 2004
Superbe
disque. Une musique spirituelle et
profonde, à écouter absolument, vous en serez ravi. Une musique qui porte au recueillement, qui vous pénètre
jusqu’au fond de l’âme. Ce disque
procure une sensation d’extase, de paix et de bien-être,. Elle touche
vos cordes les plus sensibles, elle vous amène à rêver, à méditer à entendre la
beauté. On connaît Bach pour la musique sacrée et bien il a du signer un pacte
avec le divin tellement il s’approche de l’absolue.
La voix de
Daniel Taylor est magnifique et que dire du hautbois d’amour de Bruce Haynes qui vous berce et vous amène là où la beauté est
reine.
Album: Arias & oboe
d’amore
Artiste: Daniel Taylor : countertenor, Bruce Haynes : oboe d’amore
Compositeur: Johann Sebastian Bach
Étiquette:
Atma
ATMA Classique
-- Home
Numéro de
catalogue: ACD22158
1 Erbarme dich, mein Gott • Passion selon
saint Matthieu/ St Matthew Passion, BWV
244/39
2,3,4 Concerto pour
hautbois d’amour en la majeur, BWV 1055a
Allegro / Adagio / Allegro
ma non tanto
5 Ach, unaussprechlich ist die Not •
Cantata BWV 165/3
6 Jesu, der aus groβer
Liebe • Cantata BWV 165/3
7 Schäme dich, o Seele, nicht • Cantata BWV 147/3
8, 9, 10 Concerto pour hautbois d’amour en ré
majeur, BWV 1053a
Allegro / Siciliano /
Allegro
11 Qui sedes ad
dextram Patris • Messe
en si mineur / B-minor Mass, BWV
232i/10
12 Saget, saget mir geschwinde • Oratorio de Pâques / Easter Oratorio, BWV 249/8
Scott
Metcalfe :
violon solo / solo violin
Hélène
Plouffe, Olivier Brault :
violons / violins
Christine
Moran :
alto / viola
Susie
Napper :
violoncelle / cello
Pierre
Cartier :
contrebasse / double bass
Réjean
Poirier :
orgue, clavecin / organ, harpsichord
***
Évadez
vous, envolez vous avec Wolfgang Amadeus Mozart!
Gaétan
Chênevert
Album: Piano Concertos Nos. 21 & 23,
Artiste: Rudolf Serkin, Claudio Abbado, London Symphony Orchestra
Compositeur:
Wolfgang Amadeus Mozart, Deutsche Grammophon 4100682
Vous
aimez Mozart ? Vous aimez le piano
et les grands orchestres? Vous
aimeriez vous évader, vous envoler, vous laisser transporter dans un autre
monde, un monde remplit de beautés où la musique vous transperce l’esprit et le
corps d’un bout à l’autre. Alors,
vous adorerez ce disque. Comment un
être humain peut-il en arriver à composer de la sorte ? Seul le Divin à la
réponse. C’est sublime.
Et
que dire de l’interprétation. Rudolf Serkin au piano
est génial, Claudio Abbado dirige d’une main de maître et l’orchestre
symphonique de londre est tout à fait
remarquable.
Concerto
pour piano et orchestre no 21 en ut majeur, K.467
1.
Allegro
15’21
2.
Andante
7’55
3.
Allegro vivace assai
7’00
Concerto
pour piano et orchestre no 23 en la majeur,
K.488
1.
Allegro
12’10
2.
Adagio
7’45
3.
Allegro assai
8’50
***
Lancement
du CD de Tomas Jensen & les faux-monnayeurs
Michel
Handfield
9 septembre,
2004
Nous
avons assisté hier soir au lancement de Tomas Jensen & les faux-monnayeurs.
Tomas est un chanteur impliqué; ça se voit et ça s’entend. Beaucoup de personnes
de Green Peace (www.greenpeace.ca)
étaient d’ailleurs présentes, car Tomas est le porte
voix de cet organisme.
Ça
s’entend aussi, car des 3 chansons qu’il a faite (Manifeste, Pauvres
riches et Rions) lors de ce lancement, les deux premières sont assez
claires et engagées! C’est qu’il a des paroles qui ont du sens et de la
profondeur le Tomas! Il a de l’énergie aussi. Rions par exemple était joué avec
des instruments acoustiques, mais avec une telle énergie que c’était très rock
dans le son! De la trompette ça vous rentre dedans autant que la guitare
électrique je vous le garantit!
En
résumé Tomas Jensen est un véritable manieur de mots sur les maux, bref un
chanteur engagé dans le sens pur du terme! Et GSI Musique (www.gsimusique.com)
est une maison de disque qui n’a pas peur des gens engagés et qui ont quelque
chose à dire (pensons à Yvon Deschamps ou Gilles Vigneault) et c’est tant mieux,
car cela donne des artistes qui ont quelque chose à dire, pas juste un refrain à
faire! Une belle association.
Nous
reviendrons plus tard sur ce CD après quelques écoutes, mais en voici les
coordonnées :
Tomas
Jensen & les faux-monnayeurs,
GSI Musique, GSIC-898
***
Écoutez-le, C’est
manifeste!
Michel
Handfield (6 octobre, 2004)
Tomas
Jensen & les faux-monnayeurs,
GSI Musique,
GSIC-898
Du
rythme, de la poésie et du sens! Un CD qui s’écoute bien; des paroles que l’on
peut méditer longtemps. Ça fait un mois que je l’écoute, le réécoute et le ré-réécoute et j’y trouve toujours autant de profondeur dans
les paroles et de fraîcheur dans l’ensemble. C’est manifeste! Ça fait un
mois que je cherche quoi écrire pour ne pas tout simplement dire :
Écoutez-le! Et je ne trouve pas les mots, car quand je mets ce CD je l’écoute.
Le temps d’écrire ces quelques lignes, ça fait 2 fois que je l’écoute en entier.
C’est tout dire!
Les
chansons de cet Album sont :
1-
Manifeste 2- A maldade 3- Rions 4- C'est pas nouveau
5- Pauvres riches 6- Demain j'men vais au diable 7-
L'échapper belle 8- Hoy 9- El cogote 10- La cha cha des bourreaux 11- Les abrutis / Le reel des haricots 12- C'est du vent 13- Dales de comer
Beaucoup
de matériel se trouve aussi sur le site de Tomas Jensen. Un site à visiter : http://www.tomasjensen.com/
***
Le
procès de Franz Kafka
-
I -
La
couronne!
(Extraits
du document de presse)
Franz
Kafka: Phénomène
unique dans l’histoire littéraire mondiale, pour la puissance de son univers
romanesque, Franz Kafka (1883-1924) fut aussi un homme d’une singularité totale.
Né à Prague dans une famille de commerçants juifs germanisés, alors que la
Tchécoslovaquie appartenait encore à l’empire austro-hongrois (1867-1914), il
vécut un triple héritage culturel – juif, allemand, slave – qui le troubla
profondément. Il rejeta d’abord le judaïsme mou transmis par sa famille pour
découvrir, à l’aube de sa trentaine, la littérature yiddish, la Bible, les
textes hassidiques et l’hébreu. Il s’intéressa au mouvement sioniste,
nourrissant de plus en plus le désir d’aller vivre dans l’une des premières
colonies juives de Palestine. Il étudia la littérature russe, en particulier
Dostoïevski, les théories des socialistes et des anarchistes, et fréquenta le
Club des jeunes où se réunissait l’avant-garde tchèque. Enfin, ses études, qui
se déroulèrent entièrement en langue allemande, lui permirent de connaître en
profondeur la culture germanique. Mais le fort sentiment qu’il avait d’être
différent, dans une ville où l’on ne se mêlait guère (1), n’explique pas tout.
Sa relation conflictuelle avec son père, décrit en tyran dans la Lettre au père,
alimenta toute sa vie une forte culpabilité, un doute constant sur lui-même, sur
sa valeur d’homme et ses qualités d’écrivain. Ce poète génial – dont la vision
d’un monde irréel semblant surgi des profondeurs d’une réalité invisible au
commun des mortels est si cohérente, réaliste et de ce fait inquiétante –, cet
immense écrivain jugea à la fin de sa vie ne pas s’être «racheté par la
littérature ». Il détruisit une partie de ses écrits – incluant des pièces de
théâtre dont on sait peu de choses – et exigea de son ami, l’écrivain Max Brod, qu’il brûlat ses grands
romans inachevés : L’Amérique, Le Procès et Le Château. Ce dernier, qui jouait
un peu le rôle d’imprésario pour son ami, dérogea heureusement à ses
volontés.
MISE
EN OEUVRE: pour la
première fois, le TNM accueille le cinéaste et metteur en scène François Girard
et son complice, le romancier Serge Lamothe (2), qui
signe une toute nouvelle adaptation scénique du roman le plus célèbre du génial
Franz Kafka. Avec Le Procès, ils nous présentent une oeuvre universelle plus
actuelle que jamais. Du roman inachevé publié après la mort de l’auteur par son
ami Max Brod, ils ont conservé les multiples avenues
l’interprétation, mises en abîme, faux-fuyants et porte-à-faux. Ils ont fait du
texte le seul matériau de la mise en scène, en nous faisant entrer dans le roman
et en suivant Josef K., dont l’esprit s’encombre, à l’instar de la scène.
MISE
À MORT: Arrêté dans
son lit à cinq heures du matin par deux gardes intraitables, accusé d’un crime
qu’il ignore, Josef K., employé de banque modèle et sans histoire, se retrouve
au coeur d’une procédure judiciaire implacable. Le tribunal se penche sur son
cas, son procès est déjà en branle! K. peut bien argumenter, chercher à
comprendre, la Loi s’applique ! En proie à des visions érotiques troubles, à des
scènes de torture physique et mentale, trahi par tous, son esprit déraille.
Quelle issue autre que la condamnation et la mort peut-il encore espérer
?
«TITORELLI Vous avez le choix entre
un acquittement réel, un acquittement apparent, une procédure dilatoire ou un
report perpétuel… K. Je préfère un acquittement réel. TITORELLI Ça n’existe pas.
K. Mais vous venez de dire…
TITORELLI Vous ne m’avez pas écouté.
J’ai dit que dans les livres de lois, on parle d’acquittement réel. Mais dans la
réalité, « le réel »
n’existe pas… Vous comprenez? K. Non, je regrette. J’ai chaud. On crève chez
vous.»
MISE
AU JEU: Cinéaste
accompli, dont les films Le Violon rouge, Trente-deux films brefs sur Glenn
Gould et Le Dortoir ont accumulé les récompenses internationales, (3) François
Girard a aussi connu le succès comme metteur en scène à l’opéra : Oedipus Rex / Symphonie des
psaumes d’Igor Stravinski et Jean Cocteau, qu’il a
créé à la Canadian Opera
Company à Toronto, lui a valu pas moins de huit Dora
Theater Awards en 1998 et la
mention de la meilleure production de l’année 2002 en Angleterre par le
prestigieux quotidien londonien The Guardian. Au
théâtre, sa mise en scène de Novecento d’Alessandro
Baricco au Théâtre de Quat’Sous en 2001 (présentée, comme Oedipus Rex, au festival
d’Edimbourg) a aussi suscité les plus élogieux commentaires. Il allait de soi,
pour la directrice artistique du TNM, Lorraine Pintal,
d’ouvrir son théâtre à ce grand créateur.
MISE
AU MONDE: Outre
ALEXIS MARTIN, autour de qui tourne toute l’action, le metteur en scène a choisi
une distribution de haut calibre formée d’acteurs de composition. PIERRE LEBEAU
est tour à tour l’inspecteur, le juge d’instruction et l’avocat Huld, JEAN-LOUIS ROUX joue le directeur de la banque, le
directeur du greffe et un accusé, NORMAND CHOUINARD incarne l’oncle Karl, le
négociant Block, le peintre Titorelli et le huissier,
ISABELLE BLAIS interprète Mademoiselle Bürstner et
Leni, VIOLETTE CHAUVEAU Madame Grubach, la blanchisseuse et le fouetteur, MAXIM GAUDETTE
Willem, le client, un accusé et STÉPHANE BRULOTTE Franz, Berthold. Un «choeur» de huit personnes – Enrica Boucher, Anne Bryan, Jean Chapleau, Éric R. Loiseau, Georges
Molnar, Aurélie Spooren, Yvette Thuot et Xavier J. Wilson – complète la distribution.
François Girard est soutenu dans son travail par Élaine Normandeau, assistante à la
mise en scène, François Séguin, au décor, Renée April,
à la conception des costumes, Marc Parent, aux éclairages, Stéban Sanfaçon, aux accessoires,
Nancy Tobin, à la composition sonore et François Cyr,
aux maquillages. SOUS LES RAMIFICATIONS LITTÉRAIRES COMPLEXES DE SON OEUVRE,
KAFKA DÉCRIT UNE RÉALITÉ UNIVERSELLE QUI NOUS ATTEINT TOUS AU QUOTIDIEN : LE
CONFLIT INDIVIDU-SOCIÉTÉ.
- II -
Déposition
du témoin
(Michel
Handfield, 9 novembre, 2004)
Votre
honneur, j’ai vu la pièce vendredi en 5 en l’absence de Jean-Louis Roux (qui
recevait le soir même le prix du Gouverneur général pour les Arts de la scène),
remplacé par Denis Lavalou pour l’occasion, mais cela
n’a pas altéré mon jugement.
Kafka
est précurseur de « Chicago », dans cette vision cynique de la
manipulation judiciaire, et rejoint Socrate en même temps! Car comme Socrate,
Josef K a défendu la vérité. Il aurait pu choisir de jouer le système pour se
défendre, mais il a choisit la vérité, ce qui aura des conséquences fâcheuses
pour lui comme cela en a eu pour Socrate avant lui! (4)
Le
système est réputé avoir raison par définition et il est difficile de lui
résister, car il fonce droit devant même s’il a tort. Au lieu de le reconnaître
la machine bureaucratique préfère toujours l’entourloupe à la vérité; sinon ce
serait avouer qu’elle est faillible et ce n’est pas dans sa nature! Elle aime
mieux jouer avec les citoyens que nous sommes et si nous ne voulons pas jouer
avec elle, « la maudite machine » peut devenir très méchante! (5) Le système est ainsi
fait.
Si
vous croyez au gros bon sens ou au sens commun, voir à la justice et à
l’intelligence des représentants de la machine, c’est que vous n’avez rien
compris! Le fonctionnaire de service doit être un servile serviteur.
Intraitable! Il n’est pas là pour penser, mais pour servir. Quelqu’un d’autre
est là pour penser et on en défère toujours à plus haut, c’est la
règle :
« Nous
ne sommes que des employés subalternes; nous nous connaissons à peine en papiers
d’identité et nous n’avons pas autre chose à faire qu’à vous garder dix heures
par jour et à toucher notre salaire pour ce travail. C’est tout; cela ne nous
empêche pas de savoir que les autorités qui nous emploient enquêtent très
minutieusement sur les motifs de
l’arrestation avant de délivrer le mandat. Il n’y a aucune erreur là-dedans. Les
autorités que nous représentons – encore ne les connais-je que par les grades
inférieurs – ne sont pas de celles qui recherchent les délits de la population,
mais de celles qui, comme la loi le dit, sont « attirées », sont mises
en jeu par le délit et doivent alors nous expédier, nous autres
gardiens. » (Kafka, 1933, p.
29)
Et
le brigadier d’enchérir plus tard sur le même sujet que « Ces messieurs que
voici et moi, nous ne jouons dans votre affaire qu’un rôle purement accessoire.
Nous ne savons même presque rien d’elle. « (Ibid., p. 36) Mais ils
exécutent, car pour une gratification on troque facilement notre bon sens pour
notre servitude! La Boétie dans
toute sa splendeur me dis-je! (6)
Le
piège se referme sur lui et plus il se débat, plus le système l’écrase, car
quand la machine avance, rien ne
peut l’arrêter. C’est la marche aveugle du système! Elle s’est autoproclamée
infaillible. Si vous ne savez pas de ce dont vous êtes coupable, le système le
sait! Et il prend vos propos à témoins, même si c’est à contresens. Bienvenu au
royaume des mal cités!
On
est ici dans l’utilisation de l’absurde et du cynisme comme armes de
dénonciation du système bureaucratique qui dit j’ordonne, tu exécutes!
Prémonitoire et dénonciateur d’Hitler, de Staline et de tous les porteurs de
vérités idéologiques, politiques ou religieuses qui exécuteront ceux qui se
disent libres; cela au nom de l’ordre, de la morale et de l’efficacité bien
entendue! « Comme un chien! » dit Josef K. au moment final. (Ibid., p,
280) Diogène le cynique, dit le chien, ne renierait pas Kafka votre honneur! Car
Kafka, d’un cynisme froid, montre bien que dans le monde réel, la réalité
n’existe pas! Elle n’est que point de vue et compromission, discussion et
ordres. Elle est ce que le système veut qu’elle soit! Ce n’est pas d’aujourd’hui
qu’existe le révisionnisme d’État votre honneur!
***
Prémonitoire
et précurseur autant dans son interprétation, sa vision et son écriture. D’un
modernisme et d’une justesse auquel le XXe siècle lui a donné raison! Et
malheureusement le XXIe ne semble pas parti pour changer les choses. Loin de là.
Une
pièce que j’ai aimé il va s’en dire. Avec une mise en scène simple, originale et
efficace. Avec des « in-side » qui font réfléchir le spectateur (7) et des comédiens talentueux,
car ce n’est pas une pièce facile. Mais elle passe bien grâce à leur talent. A
voir.
Référence :
Kafka,
1933, [2004], Le Procès, France : Gallimard/folio
classique
Notes :
1. Les
meilleurs amis de Kafka : l’écrivain, bienfaiteur et conseiller Max Brod, l’écrivain Oskar Baum et le philosophe Felix Weltsch. Archives Klaus
Wagenbach, Berlin.
2. Serge
Lamothe a publié quatre romans aux Éditions de
l’instant même : La longue portée (1998), La tierce personne (2000), L’ange au
berceau (2002) et Les Baldwin (2004).
3.
Citons, pêle-mêle, huit prix Génies, neuf prix Jutra
et l’Oscar de la meilleure musique au Violon rouge, quatre prix Génies et des
prix dans les festivals de Lisbonne, de Sao Paulo et de Bologne pour Trente-deux
films brefs sur Glenn Gould et seize récompenses pour Le Dortoir. Oedipus Rex et Novecento ont tous deux remporté le prix de la meilleure
production du Festival d’Edimbourg. Le cinéaste a aussi remporté le Grammy Award du meilleur film
musical pour Peter Gabriel’s Secret World en 1995.
4.
A ce sujet les hypothèses soulevées par Gérald
Messadié
dans
Madame Socrate
(2000,
France:
JC Lattès)
sont forts intéressantes en ce sens que Socrate, accusé injustement, aurait pu
jouer le système par son éloquence, mais en s’attachant à la vérité, il s’est
condamné!
5.
Clin d’œil au titre d’une chanson de Pierre Flynn « La maudite
machine » chanté originalement par le groupe Octobre (1973) et reprise
par Luck Mervilbeaucoup
plus récemment.
6.
La
Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire,
Mille-et-une-nuits.
7. Par
exemple la pièce nous fait bien sentir que rien ne se décide au tribunal, mais
dans les coulisses, car la machine n’aime pas l’aléatoire et discute en coulisse
des compromis que ses bras (législatif, juridique et exécutif) avaliseront par
la suite. La cour n’est que théâtre et le théâtre, vérité! « Car dans la
réalité, « le réel »
n’existe pas… » tel que le dit si bien TITORELLI
à Josef K. (cité du document de
presse)
Hyperliens :
Collège
Édouard-Montpeti t/ Kafka :
http://www.collegeem.qc.ca/cemdept/francais/litnet/Gr1010/00479889/biographie.htm
Magazine
littéraire/ Kafka le Pragois :
http://www.magazine-litteraire.com/archives/ar_415.htm
Encyclopédie
de l’Agora / Kafka :
http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Franz_Kafka
Erudit.org
/ Revue philosophiques / Kafka et Brentano (philo) :
http://www.erudit.org/revue/philoso/1999/v26/n2/004986ar.html
***
SEX
IS COMEDY (v.o.fr.s.t.ang) (95
min)
Sortie
exclusive au cinéma du Parc: 31 décembre 2004
Réalisatrice: Catherine
Breillat
Mettant
en vedette:
Anne
Parillaud :
Jeanne
Grégoire
Colin :
The Actor
Roxane
Mesquida:
The Actress
Ashley
Wanninger:
Leo, le premier assistant
Et autres…
Les
relations d’une réalisatrice, Anne Parillaud, avec
deux acteurs qu’elle dirige pour obtenir le meilleur d’eux même dans une scène
de sexe vraiment difficile.
The
relationship of a director, who happens to be Anne Parillaud, with two actors she’s directing, trying to get
the most out of them for a very difficult scene, a sex
scene.
Commentaires
de Michel Handfield (26
décembre, 2004)
Un
film sur le processus de création et les émotions qui se passe lors du tournage
d’un film qui a lui même un fort contenu émotionnel, notamment dans une scène de
sexe, car on n’est pas sur un plateau de tournage d’un film XXX, mais bien d’un
film d’auteure!
Un
film sur la conduite des acteurs qui ont aussi leurs questionnements et qui
doivent faire comme dans la vie malgré les conditions anormales d’un
tournage: comme être sur la plage, en costume de bain, alors qu’on est presque
en hiver (les machinistes ont tuques et manteaux d’hiver), car la plage est
déserte à cette période, donc idéale pour tourner!
Un
film sur les relations humaines, les chocs, entre tous ces créateurs que sont
les cinéastes, les acteurs et tous les autres artisans qui font que le cinéma
est ce qu’il est, car sans leur pleine mesure la meilleure idée pourrait n’être
que le prochain navet de nos écrans! Et ce n’est surtout pas le cas ici! Ce film
mériterait même une distribution plus large selon moi.
Un
film humain, psychologique, sur les ego qui doivent travailler ensemble malgré
leurs différents, voir leurs atomes qui se répulsent
joyeusement, car le casting a décidé qu’ils formaient « le couple »
parfait pour cette histoire! Et la réalisatrice qui les a choisi doit en faire
son parti par la suite et, surtout, en tirer le max! Elle doit donc jouer de
l’émotion sur l’ego comme la violoncelliste joue parfois sur la corde raide de
son instrument, car les acteurs sont l’instrument par lesquels passent les
émotions qu’elle veut faire passer au spectateur… Ils le savent et peuvent en
abuser pour faire leurs chantages, leur trip de Pouvoir!
Un
film qui, de la position privilégiée de voyeur dans laquelle il nous place,
apporte bien des inputs sur les différences homme/femme dans la séduction,
l’amour, le contrôle et le Pouvoir.
Un
film qui révèle la contradiction entre le désir et la dignité, car pour
satisfaire son désir, il faut aussi montrer sa vulnérabilité en faisant fi de sa dignité. L’acteur(e) désire
jouer cette scène de sexe avec l’autre tant que ce n’est que prospectif. C’est
même ce qui lui a probablement fait dire oui à ce rôle quand il/elle a lu le
scénario. Il y a là un désir inavoué. Mais une fois rendu, l’un et l’autre
doivent dépasser leur pudeur, leur dignité, leurs différents et devenir
vulnérables du jeu, de leurs personnages et de l’autre! Et cette vulnérabilité
on la refuse, alors on ne voudrait surtout plus jouer cette scène qui nous a
pourtant fait craquer pour le film. Mais cette scène, c’est le film. On plonge
ou on risque de détruire l’œuvre? Et la réalisatrice, dont c’est l’œuvre, nous y
pousse! C’est son rôle. Le « triangle amoureux » (car la réalisatrice
est toujours « amoureuses » de ses instruments) est ici transformé en
triangle créatif pour le bien supérieur de l’art avec toutes les émotions que
l’on peut imaginer!
Bref,
c’est un film très intéressant qui mêle langage crû et pensée philosophique, à
la fois direct et subtil, violent et nuancé comme une toile peut l’être; comme
le processus de la création l’est ! Un film très philosophique, dont le texte
mériterait d’être publié, car il est profond à plus d’une occasion. Un film à
voir et, surtout, à écouter!
Hyperliens
http://www.flachfilm.com/film.php?lang=fr&id_film=1
***
ACAPULCO
GOLD
D’ANDRÉ
FORCIER
Film
d’espoir sur la mort à EX-CENTRIS.
86
minutes
Du
26 novembre au 16 décembre
Montréal,
le mardi 9 novembre 2004 - Dès le 26 novembre, André Forcier nous revient après six ans d’absence pour livrer son
tout dernier opus, où il agit à titre de scénariste-réalisateur-producteur et distributeur. Avec
Acapulco Gold, Forcier nous plonge dans un univers
empreint de fantaisie, de poésie et d’humour. Avis aux curieux et aux
intéressés, le documentaire côtoie librement la fiction dans ce dernier
long-métrage.
Acapulco
Gold s’inspire d’un fait vécu. En
1991, Michel Maillot s’est lié d’amitié avec un homme qui s’est présenté à lui
sous le nom du Colonel Éternel.
Toutefois, Maillot en a déduit qu’il était plutôt devant un Elvis Presley
vieilli. Forcier a consulté deux experts qui, preuve à
l’appui, une photo autographiée et donné à Maillot en 1991, nous démontrent par a + b que le Colonel
Éternel et Elvis Presley sont la même personne.
Commentaires
de Michel Handfield
(24 novembre, 2004)
On
est face à un film très, très spécial. On n’est pas trop sûr si André Forcier croit à cette histoire ou en rie quand il
écrit: « Inspiré librement d’une réelle rencontre entre Michel, Julie
Maillot et Elvis Presley à Acapulco en 1991. »
Qu’il
y croit ou non, moi je n’y crois pas, mais cela n’en fait pas moins un film
intéressant, car on y passe les mythes modernes avec humour, que ce soit le
nouvel âge ou Elvis! Et Dieu créa Elvis, à moins que ce ne soit les
extra-terrestres!
Acapulco gold : a
particularly potent variety of marijuana (1) Serait-ce
l’explication de ce film?
Note:
1.
Source: The free dictionary.com (http://www.thefreedictionary.com/)
a l’entrée Accapulco Gold (http://www.thefreedictionary.com/Acapulco%20gold).
***
Primer
Shane Carruth (USA, 2004) 78 min. v.o.
anglaise.
Shane
Carruth, David Sullivan, Casey
Gooden
À
l’affiche du Cinéma du Parc dès le 26 novembre.
Montréal,
10 novembre 2004 – Des projections de presse de Primer de Shane Carruth auront lieu jeudi le
18 novembre et lundi le 22 novembre à 10 heures au Cinéma du
Parc.
Primer
– Gagnant du Grand Prix de Sundance 2004, Primer est
un thriller intrigant, tordu et savamment déconstruit qui avance un nouveau
langage cinématographique. Deux jeunes ingénieurs intelligent et ambitieux ayant
tout réussi dans leurs vies travaillent dans leur temps libre sur un projet
personnel dans leur garage. La machine, qui devait réduire la masse des objets
placés à l’intérieur, possède en fait une capacité insoupçonnée : celle de
permettre de voyager dans le temps. Une machine lourde de conséquences, pour la
nature humaine comme pour la science. Un croisement entre PI et Memento…
Commentaires
de Michel Handfield (24
novembre, 2004)
Parfois
je prends beaucoup de notes sur mon Palm durant une projection de film.
Là
je n’en ai pris qu’une :
Trash
Science-Fi!
Les
amateurs du genre comprendront, les autres pourront aller le découvrir s’ils ont
le goût du risque!
Hyperlien:
***
Comment
devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes
de
Roger Boire
Sortie
le 5 novembre 2004
Montréal, 25 octobre 2004 — Premier long métrage de
fiction de Roger Boire, Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux
femmes, sera d’abord présenté en première mondiale au Festival du cinéma
international en Abitibi-Témiscamingue le dimanche 31
octobre, avant de prendre l’affiche à Montréal le 5 novembre.
Sous
le choc d’une séparation, Louis (Pier
Noli) décide de questionner ses relations avec son exe, Isabelle (Christine Foley), et avec les autres femmes de sa vie. Le
pire, c’est qu’elles veulent toutes rester ses amies! Ses copains et
collègues lui disent qu’il est trop gentil, qu’il n’est pas normal. Robert
(Luc Lopez), un ami musicien, lui propose d’entreprendre un petit
programme d’exercice : « Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux
femmes ». En parallèle, Louis essaie de faire avancer ses projets musicaux.
Après des études en philosophie à l’UQAM et en cinéma au London
Film School, Roger Boire a commencé sa carrière à
l’ONF comme monteur, tout en produisant et en réalisant des courts métrages
indépendants, notamment Un gars ben chanceux (1977) et Le pied
tendre, en nomination aux Prix Génie 1989. On lui doit aussi le long
métrage de docu-fiction La beauté, fatale et
féroce (1997).
Il résume ainsi sa démarche sur le film
Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes : « En
travaillant avec les comédiens et en faisant moi-même la caméra, je me suis
appliqué à rester toujours collé sur l’émotion. Décors toujours naturels,
éclairage réaliste. Surtout ne pas enjoliver et ne pas enrober de sucre comme la
télé et le cinéma le font continuellement. Les personnages et ce qu’ils vivent,
c’est tout ce qui compte. »
Produit par L’Oeil Fou et distribué par K-Films
Amérique, Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux
femmes sera présenté à compter du 5 novembre dans plusieurs salles à
Montréal et dans ses environs.
Commentaires de Michel
Handfield (5 novembre, 2004)
D’abord, dans sa facture, tourné en Mini DV avec
quelques images floues, ce film a un petit côté
réaliste comme si un ami avait suivit les personnages avec sa webcam! Ça a un
petit côté anthropologique, histoire de vie, réalité!
Ce film a aussi un côté psychosocial, car il est
centré sur les problèmes de couple – pourquoi ça fonctionne? Pourquoi ça
fonctionne plus? – et de soi – Qu’est-ce que j’ai? Qu’est-ce que je n’ai pas? –
pris de l’angle masculin, de celui qui est laissé à répétition par ses ex qui
restent toutes amies avec lui. Mais il est tellement tendre, une vraie
« doudou » qui ne se choque pas et se révolte encore moins. Quel défi
offre-t-il pour une femme? Car une femme, pour t’aimer, « a besoin de
t’haïr un peu », de vouloir te changer! Comme lui dit une de ses amies
« T’est pas normal, tous les gars font brailler leurs
blonde ».
Il veut comprendre. Il est donc en quête de
« savoirs » auprès de ses amis et de ses ex pour comprendre sa
relation aux femmes et les femmes, car comment se fait il qu’elles restent
toutes ses amies une fois qu’elles l’ont quitté? Un de ses amis lui prépare même
une série d’exercices à faire qui feront leur effet. Il y a de l’humour dans
l’air!
Ce gars est différent et c’est ce qui fait le charme
de ce film, sinon ça aurait été une simple chronique du temps présent. Et c’est
justement cette différence qui fait en sorte qu’il nous touche, car il vient
chercher nos émotions de par sa naïveté et ses maladresses. Mais il nous fait
aussi rire par ses comportements, car faire une introspection sur soi et vouloir
changer en même temps ne peux que susciter des comportements atypiques qui
surprennent tant ses amis que le spectateurs! Rafraîchissant et
humoristique.
***
Réalisateur: WALTER
SALLES
Mettant
en vedette: GAEL
GARCIA BERNAL, RODRIGO DE LA SERNA
En 1952, deux
jeunes Argentins, Che Guevara et Alberto Granado, partent à la découverte de l'Amérique latine. Ils
débutent leur périple sur une vieille moto baptisée "La Puissante". La
confrontation avec la réalité sociale et politique des différents pays visités
altère la perception que les deux amis ont du continent. Cette expérience
éveillera de nouvelles vocations associées à un désir de justice sociale. Le film est basé sur les mémoires de
Che Guevara, leader de la révolution
cubaine.
“The
Motorcycle Diaries" is based on the journals of Che
Guevara, leader of the Cuban Revolution. In his memoirs, Guevara recounts
adventures he, and best friend Alberto Granado, had while crossing South America by motorcycle in
the early 1950s.
Commentaires
de Michel Handfield (1er
octobre, 2004)
Dans
nos textes du FFM, nous avions parlé du documentaire TRAVELLING WITH CHE
GUEVARA
fait autour de ce film. Nous avions
apprécié et attendions avec impatience le film. Nous ne sommes pas déçu. De
toute beauté au deux sens du terme : les paysage et l’humanisme, car Che Guevara
était un humaniste pur, romantique, et ses concitoyens le lui rendait bien.
Ce
film offre une bonne dose d’humour grâce à
Alberto
Granado,
qui était un peu plus âgé, moins romantique, mais non moins humaniste que son
célèbre ami. Ces comparses se complétaient bien et il en ressort un film très
vivant!
On
constate aussi que les questions de
la propriété de la terre, des conditions de travail et les questions
environnementales dans l’exploitation des ressources en Amérique latine sont
toujours là. C’est sur cette injustice que se fondait la pensée de gauche; sur
le désir de changer les choses,
Mais la plupart de ces idéalistes sont devenues à leur tour des
exploiteurs – ou des dictateurs – pour leur peuple, les tenants souvent dans
l’ignorance de ce qui se passe ailleurs et contrôlant l’information et la
liberté d’expression sur leur territoire. On peut alors se demander si
l’honnêteté, l’idéaliste et l’humanisme de Che Guevara
aurait résisté à l’épreuve du temps et de l’appât du gain et du Pouvoir? Nous n’aurons jamais la réponse bien sûr,
car il est décédé encore idéaliste, en 1967, avec l’aide de la CIA. C’est ce qui
a construit son mythe et celui-ci constitue un phare pour tous les autres qui
veulent changer le monde. Devrait-on
remercier la CIA d’avoir créer le héro à partir de l’idéaliste? Car les
idéalistes tombent parfois dans l’oubli, mais les héros ne peuvent que grandir
avec le temps!
Post-Scriptum :
Sur ces questions du héro, des valeurs humaines et du communautarisme en
opposition aux valeurs commerciales et individuelles, il est intéressant de lire
John Saul qui plonge au cœur de ces questions fondamentales
dans On equilibrium,
Canada: Penguin book, 2001
(2002),
Sur ce voyage en particulier, lire Guevara,
Ernsto Che, 2001,
Voyage à motocyclette Latinoamericana,
Mille et une nuits
Hyperliens :
http://www.motorcyclediaries.net/
http://www.time.com/time/time100/heroes/profile/guevara01.html
***
Les
Aimants
Une
première réalisation d’Yves Pelletier
À
l’affiche dès le 1er octobre
Montréal,
le 8 septembre 2004
– Les Aimants, écrit et réalisé par Yves Pelletier, prendra
l’affiche sur les écrans du Québec le 1 octobre prochain. Produit par
Nicole Robert et Gabriel Pelletier de Go Films et distribué
par Vivafilm, cette comédie romantique met en
vedette Isabelle Blais, Sylvie Moreau, Stéphane Gagnon et Emmanuel
Bilodeau.
Écrit
et réalisé par Yves Pelletier, Les Aimants nous entraînera
dans un chassé-croisé amoureux, un marivaudage romantique. Julie (Isabelle
Blais), une jeune célibataire naïve et idéaliste, est contrainte de remplacer
Jeanne (Sylvie Moreau), sa sœur infidèle, dans l’appartement que cette dernière
partage avec Noël (David Savard), son fiancé. À cause d’un horaire de travail
incompatible, Jeanne et Noël ne se voient plus et communiquent par messages sous
les aimants du frigo. À leur insu, Julie en change le contenu pour raviver leur
amour défaillant. Mais sera prise qui croyait prendre car au jeu de l’amour et
de la vérité, l’illusion est trompeuse et l’amour triomphe
toujours.
Membres
du célèbre groupe Rock et Belles Oreilles, Yves Pelletier ajoute
ainsi la réalisation cinématographique à ses expériences professionnelles. Que
ce soit à la radio, où le groupe a fait plus de 400 émissions, en spectacles ou
à la télévision où Rock et Belles Oreilles sévit de nombreuses années sur
les ondes de Télévision Quatre Saisons, Radio-Canada et TVA, le comédien a
toujours su rester bien présent dans l'esprit et l'affection du public. Après la
fin des aventures du célèbre groupe Rock et Belles Oreilles (pour lequel
il se mérita 19 Gémeaux, 12 Félix et deux Disque d’Or), Yves Pelletier
redouble d'ardeur pour être présent sur toutes les scènes où il fut chroniqueur,
scénariste, interprète et humoriste. Nous avons pu apprécier son talent autant à
la télévision qu’au cinéma, où il a interprété le rôle de Vlad dans la comédie vampiresque
de Gabriel Pelletier Karmina et K2 en
plus d’en signer le scénario en collaboration avec ce dernier. On l’a vu
récemment dans Camping Sauvage de Guy A. Lepage. Avec ce premier film, Yves Pelletier nous révèle son
côté romantique.
Les
principaux interprètes du film sont Isabelle Blais (Québec-Montréal pour lequel elle a remporté le Jutra de la meilleure actrice de soutien) ;
Sylvie Moreau (Camping Sauvage, Dans une Galaxie près de
chez-vous) ; Stéphane Gagnon (Asbestos, Rumeurs), Emmanuel
Bilodeau (Camping Sauvage) ; David Savard (Nuit de
noces) ; Geneviève Laroche (Annie et ses hommes) ;
Josée Deschênes (La Petite Vie, L’Auberge du chien noir) et Isabelle Cyr (Karmina) ; avec
la collaboration spéciale de Guy A. Lepage et André
Ducharme.
La
musique signée Carl Bastien et Dumas met en duo pour la première fois Isabelle
Blais et Dumas qui unissent leurs voix pour les deux chansons thèmes (Doux
désir et Tu m’aimes ou tu mens). La bande originale sera
disponible en magasins dès le 28 septembre.
Les
Aimants
a été produit avec la participation financière de TÉLÉFILM Canada, SODEC-Société de développement des entreprises culturelles-Québec, Programme de crédit d’impôt cinéma et
télévision – Gestion SODEC, TQS, Radio-Nord, Programme
de crédits d’impôts pour un film ou un vidéo canadien.
Produit
par Go Films et distribué par Vivafilm, Les
Aimants prendra l’affiche le 1er octobre 2004 partout
au Québec.
Commentaires
de Michel Handfield (1er
octobre, 2004)
Une
comédie intéressante qui mêle histoire et temps présent; fantaisie et réalisme;
rêve et cynisme; frivolité et lucidité! On joue ici entre le rationnel et le
nouvel âge, le Moi et l’autre. D’une légère ironie sur la communication… à l’ère
de la techno, car les aimants sur le frigo font autant que le cellulaire, sinon
plus, car ils ont un petit quelque chose de romantique que le cellulaire n’a pas
même avec la messagerie texte!
Un
film sur la communication au siècle où l’on se demande si l’on communique
vraiment ou si l’on fait juste écouter son Moi… sur différents modes. (1) Du
divertissement intelligent.
Note :
1.
Pour ceux qui veulent aller plus loin sur cette question du Moi, de l’identité
et du rapport à l’autre, nous vous recommandons un excellent livre sur le
sujet dont nous venons de terminer la lecture, soit :
Kaufmann,
Jean-Claude, 2004, L’invention de soi. Une théorie de l’identité,
France : Armand Colin
***
SILENT
WATERS
Lauréat
du Léopard d’or
En
salles le 17 septembre au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) et au AMC
Forum
Silent
Waters (Khamosh Pani ), le premier film de la
réalisatrice pakistanaise Sabiha Sumar, se penche sur l’impact de la religion, de la
politique et d’une société patriarcale sur les femmes de sa culture. L’attention
s’est portée sur le film lorsqu’il a remporté le Léopard d’or au Festival du
film de Locarno 2003, s’imposant devant des œuvres de cinéastes bien
établis.
Nous
sommes en 1979, dans un village agricole au Pendjab pakistanais. Ayesha, une veuve musulmane, a concentré sa vie et ses
espoirs sur son fils adolescent, Saleem. « Mon Saleem était
spécial depuis sa naissance », affirme-t-elle. Mais, lorsque Saleem se met à fréquenter un groupe de fondamentalistes
musulmans au moment de l’arrivée d’un groupe de pèlerins Sikhs au village, le
passé d’Ayesha refait brusquement surface pour
bouleverser sa vie.
Le
film repose sur des événements réels qui se sont passés au moment de la
partition du sous-continent indien, en 1947, en deux états : l’Inde et le
Pakistan. Au Pendjab, avant la partition, musulmans et sikhs cohabitaient.
Durant la partition, des groupes religieux ont pris les armes l’un contre
l’autre. Chacun dévalisait la propriété de l’autre, y compris les femmes, les
hommes musulmans enlevant des femmes Sikhs, et vice-versa. Les femmes étaient
violées, achetées, vendues et parfois assassinées. Certaines ont fini par
épouser leur ravisseur.
Du
point de vue des femmes, les dangers provenaient des deux côtés. Leurs pères,
frères ou maris les forçaient à se suicider pour préserver leur chasteté et
protéger l’honneur de la
communauté. (Rien n’est plus déshonorant pour l'ennemi que de déshonorer
les femmes.)
Il
est ironique de constater que les femmes avaient une meilleure chance de survie
en présence d’étrangers qui
s’intéressaient moins à les tuer qu’à déshonorer la
communauté.
Le
nombre estimatif de femmes enlevées est de 50 000 pour les femmes musulmanes
d’Inde et de 33 000 pour les femmes hindoues et Sikhs
au Pakistan. Il est à craindre que les chiffres réels soient beaucoup plus
élevés.
Le
scénario est écrit par Paromita Vohra, d’après une histoire de Sabiha Sumar. Interprètes :
l’actrice bien connue Kirron Kher (Devdas) et le nouveau Aamir Malik.
Silent
Waters (Khamosh Pani) est
distribué au Canada par Mongrel
Media.
Commentaires
de Michel Handfield (17
septembre, 2004)
Il
s’agit d’abord d’un beau film, d’un bon film, car il est lumineux malgré la
gravité du sujet : la grande noirceur de la folie religieuse et le rejet
des autres croyances.
Ce
film nous fait découvrir tout le contraste entre ceux qui se perçoivent comme
ayant la vérité, les islamistes (ce qui deviendra le cas de Saleem); ceux qui veulent d’abord être des citoyens, libres des dogmatismes (comme la petite
amie de Saleem); et les humanistes qui voient la bonté
peu importe l’appartenance religieuse (comme Ayesha la
mère de Saleem). Ce film nous montre que le
fondamentalisme n’est ni inné, ni appris, car si c’était le cas Saleem serait probablement humaniste comme sa mère.
Cependant, certains sont peut être plus disposés que d’autres à
l’enrégimentement, question de personnalité ou de psychologie probablement.
Des
idéologues charismatiques peuvent facilement manipuler ces gens plus
sensibles avec les bonnes techniques, des demi vérités et des préjugés bien
choisis, peu importe qu’ils soient musulmans ou de toutes autres croyances
religieuses ou sectaires. (1). Après maintes répétitions leur discours devient
vérité, car la Foi rend aveugle et sourd. Si le groupe prend de l’ampleur, peu
importe qu’il soit religieux ou politique, il attirera de plus en plus de
fidèles et verra sa crédibilité s’accroître par la force du nombre, même si
crédibilité et vérité ne vont pas de pairs. Dans certains cas, ce groupe pourra
même s’accaparer du Pouvoir, ce qui le justifiera en soi et face aux autres.
Le fascisme en est un bon exemple.
Ce
mélange de Politique et de religion est très dangereux, car cela crée un pouvoir
de domination particulièrement puissant sur le peuple. Comment aller contre la
volonté divine, surtout si elle est incarnée par des leaders politiques ou la
constitution du pays? Il devient facile pour ces leaders charismatiques
d’utiliser Dieu à leur profit! C’est le cas chez ces fondamentalistes musulmans.
La question est claire : Tu es avec nous ou contre nous disent-ils à Saleem! Il n’y a pas de place au doute, ni à l’humanisme,
des faiblesses de la foi (les valeurs de la mère Saleem) selon ces ultraconservateurs. J’y voyais justement
un parallèle avec un autre leader, un fondamentaliste chrétien celui là, qui a eu ces mêmes mots, « you are
with us or against
us! », il n’y a pas si longtemps.
Pensons au nazisme aussi, qui pouvait justifier sa haine du Juif par le
fait qu’ils ont crucifiés le Christ, fils unique de Dieu! Et que dire du sionisme, qui mêle politique et judaïsme
justement.
Il
est difficile de raisonner quand on parle à quelqu’un qui se dit directement
inspiré de Dieu! Il y a danger quand la religion n’est plus une affaire
personnelle, mais une affaire de politique, de loi et d’ethnie. Elle devient une
idéologie qui rend aveugle et sourd à tout sens commun, civique et humaniste,
car si Dieu me demande de tuer l’autre, l’infidèle, qui suis-je pour m’y
opposer? Un film éclairant sur la montée des fondamentalismes et la grande
noirceur religieuse, pris sous l’angle musulman ici, mais qui pourrait être pris
sous l’angle de n’importe quel fondamentalisme religieux, car ils relèvent tous
des mêmes préceptes de vérité indiscutable, de refus de tout dialogue, de déni
de l’autre et de ce qui est différent! Un film qui me faire dire qu’on devrait
faire la même chose avec les religions qu’avec les cigarettes : coller un
avis « Attention, le danger croît avec l’usage » sur les portes
des temples et les livres religieux!
Note :
1.
On l’a vu au Québec et en Suisse avec l’affaire du temple solaire. Voir le lien
suivant : http://www.religion.qc.ca/Fiches/fiche167.htm
Hyperliens :
Info-secte : http://www.infosecte.org/
http://www.prevensectes.com/sciento.htm