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Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

 

         

www.homestead.com/societascriticus

 

Vol. 6 no. 3

 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

 

Pour nous rejoindre:

di_societas@hotmail.com

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer par courriel. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

Édito 

Dossier/Essais : La culture radiophonique

Le Journal/Fil de presse

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 Nouveaux livres reçus

Notes d’écoutes

Théâtre

Les Films

 

 

Index

 

Nos éditos

 

Bon Dieu, on oublie le miséricorde Dieu en ton nom!

Michel Handfield avec la coopération  Gaétan Chênevert

 

9 décembre, 2004

 

« Des pièces de Tennessee Williams comme certains dialogues de Platon pourraient passer au pilon en Alabama où un élu veut faire interdire les livres avec des personnages gais dans les bibliothèques publiques, y compris les bibliothèques universitaires de l’État.

 

Le grand censeur s’appelle Gerald Allen. Baptiste républicain, père de famille, le quinquagénaire est membre de la Chambre des représentants de l’Alabama depuis dix ans. » (Censure anti-gais en Alabama, Le Devoir, 7 décembre 2004, p. B 8)

 

Je ne sais pas pourquoi, mais, en ce début de millénaire, cette montée de la morale ultraconservatrice et de l’intolérance au nom de Dieu nous donne de l’urticaire.

 

Avec la montée des intolérances raciales; sociales; politiques, peu importe qu’elles soient de droite ou de gauche; économiques et religieuses, dont des chrétiens font aussi partie ne l’oublions pas, il ne faudrait jamais oublier que le Nouveau Testament est l’histoire d’une gang d’hommes vivants ensemble sous la férule d’un certain Jésus, condamné à mort par la justice de son temps; suivit par quelques déviants et une célèbre prostituée du nom de Marie Madeleine; et, surtout, prêchant l’amour, la tolérance et la foi au dépassement de l’Homme! 

 

L’an dernier nous vous souhaitions du doute; cette année nous vous souhaitons de la tolérance en mémoire de celui dont Noël est la fête!

 

Joyeuses fêtes de la part de Societas Criticus.

 

***

 

Un site novateur pour le CHUM! (1)

Michel Handfield

 

 

Montréal, le 8 décembre, 2004

 

A/S CA du CHUM

Philippe Couillard, Min. de la santé et des services sociaux

William Cusano, député de Viau

Gérald Tremblay, Maire de Montréal

 

 

Nous avions un projet novateur dans notre quartier – faire un centre de caravaning dans l’ex carrière Francon, où il n’y a JAMAIS eu de déchets contrairement à l’ex-carrière Miron plus à l’Ouest – mais il semble maintenant qu’il ne se réalisera pas. Cette carrière étant stratégiquement placée au cœur de Montréal, ce site serait peut être intéressant pour le futur CHUM à plus d’un titre :  

 

1) Il risque d’y avoir beaucoup moins de contamination que sur les terrains du CP d’Outremont, car il est totalement sur le roc et n’a jamais eu de déchet;

 

2) Ce site est stratégiquement bien placé à l’angle des rues Jarry et Pie-IX, soit dans le centre Nord de Montréal,  près des transports en commun, notamment de la future station IX/Jean-Talon de la ligne bleue qui conduit directement à l’Université de Montréal; de Pie IX, qui est une des grandes artères Nord/Sud de Montréal et une porte vers le Nord; et enfin près de Crémazie (l’autoroute Métropolitaine), 2 rue plus au sud;

 

3) Ce terrain appartient déjà à la ville de Montréal, ce qui faciliterait probablement les négociations d’acquisition;

 

4) De par sa configuration sous le niveau de la rue, ce site bénéficie aussi d’un micro climat et est à l’abri des bruits de l’extérieur, un plus pour un hôpital si l’on parle en terme de tranquillité pour les patients;

 

5) En terme d’espace pour les développements futurs, ce site bat facilement le centre ville et se compare avantageusement bien aux terrains du CP.

 

. De plus, on aurait là une continuité avec l’histoire de l’Université de Montréal, celle-ci étant construite dans une ancienne carrière à flanc de montagne! Ce serait là un projet de recyclage d’un ancien site industriel novateur et spectaculaire (on croit à un paysage de montagne); une vitrine pour l’U de M. Quant aux sceptiques, je vous signale que le palais de justice de Laval est construit sur le plateau d’une ancienne carrière de Laval.

 

Ce serait aussi un projet structurant pour un quartier comme le notre et il s’inscrirait bien  dans le développement de la Cité des arts du cirque, 1 ou 2 km plus à l’Ouest; du pôle récréo-touristique tant souhaité par le milieu, sur la rue Jarry; et, enfin, de la vitrine environnementale promise par la ville de Montréal pour notre autre carrière plus à l’Ouest (MIRON).

 

Je vous suggère d’examiner cette avenue avec celles que vous avez déjà, car ne la connaissant probablement pas, il vous était impossible de la considérer jusqu’à présent. Mais elle est à considérer sérieusement, car elle bénéficie de certaines forces naturelles, sa localisation et sa propriété déjà publique, et elle représente en plus l’occasion de montrer un savoir faire novateur en recyclage d’un ancien site industriel. Si vous voulez un CHUM qui fera vraiment parler de lui hors de nos frontières, car il sera un modèle novateur de recyclage d’un ancien site industriel fort spectaculaire en soi, c’est un site à considérer.  

 

Bien à vous,

 

Michel Handfield, M.Sc. sociologie

Diplômé de l’U de M

 

Note :

 

1. Centre Hospitalier de l’Université de Montréal : http://www.chumontreal.qc.ca/ 

 

***

 

A l’impossible, nul n’est tenu!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie

 

17 octobre, 2004

 

             Dans le Journal de Montréal du 15 octobre la ministre Liza Frulla disait de la télé de la Société Radio-Canada (SRC) [qu’] «Une télé comme Radio-Canada ne peut s’ambitionner à vouloir faire du privé. Elle doit revenir à un mandat public. Et qu’on ne me dise pas que c’est une question d’argent ; l’argent ça se gère»! (1) Mais l’argent vient d’où? Sur le site du Secrétariat du Conseil du trésor du Canada on nous apprends que les revenus de Radio-Canada comprennent « les revenus publicitaires, les ventes d’émissions, les revenus divers et les revenus des services spécialisés (CBC,Newsworld, le Réseau de l’information et Galaxie). » (2) Il y a quelques années des chercheurs avaient établis que « La part des revenus de la Société Radio-Canada provenant des coffres de l'État s'est maintenue autour de 65 % entre les années 1998 et 2001 ». (3) C’est donc dire que 35% du financement est privé. Là dessus, en tenant compte du fait que la radio d’État n’a pas de pub, la télé est donc responsable d’une large part de cet autofinancement. Alors comment lui demander de faire des émissions non commerciales si elle doit vendre de la publicité? Car vendre de la publicité c’est vendre des auditoires : « La télévision a-t-elle pour rôle essentiel de vendre du Coke? «Oui!», répond le président de TF1. » (4) A moins de financer entièrement Radio-Canada, je ne vois pas comment on peut lui demander de délaisser les émissions grand public.

 

            Et même là j’ai un doute, car les principales critiques concernant notre télé publique lui reprochent de faire du divertissement. C’est ainsi que l’an dernier « Pierre Karl Péladeau s'est lancé dans une guerre des mots contre la Société Radio-Canada qu'il accuse d'avoir trahi sa mission de télédiffuseur public en dépensant une fortune dans des émissions de variétés comme La Fureur. » (5)  Mais à ce sujet Pierre  Karl Péladeau (PKP) omet de dire que « TVA avait initialement refusé le projet... On a entendu la même chose à propos de La Petite Vie. On l'entendra encore chaque fois qu'un projet audacieux de Radio-Canada sera couronné de succès. Au nom de ce genre de raisonnement, la télévision publique ne serait qu'une annexe « recherche et développement » de la télévision privée, devant se retirer dès qu'une de ses émissions devient populaire. » (6) Je suppose que le succès des « Bougons » ou de « Tout le monde en parle »  dérange, mais le divertissement fait autant partie de son mandat que la culture! (7) Si les québécois écoutent des téléromans notre télé publique se doit d’en présenter. La culture, ce n’est pas que du théâtre ou de l’opéra. Ce serait très réducteur. Michel Tremblay, Victor Lévy Beaulieu, Popa (« La p’tite vie ») ou Pierre Gauvreau (« Le temps d’une paix » et signataire du Refus Global) ont leur place au Panthéon de la culture télévisuelle n’en déplaise aux patrons de la télé privée!     

 

On en veut à la popularité de certaines émissions de la SRC, comme si seuls les télédiffuseurs « privés » devaient diffuser des émissions grand public et populaires (comme « Un gars, une fille » ou « Les bougons »). Mais c’est là un raccourci trop facile. En fait, faire des émissions de qualité exige du travail et des investissements qui ne rapportent pas à tout coup en terme d’auditoires. C’est prendre des risques. Pensons à « Bunker le cirque » (émission que j’espère voir un jour en DVD), qui s’est pourtant méritée des prix malgré un auditoire plus faible, vu ses qualités artistiques et philosophiques incontestables. Que l’entreprise privée le fasse au lieu d’envier les émissions à succès de notre télé publique, que ce succès soit mesuré en terme d’auditoire, d’exportation ou de prix reçus! A la place la télé de Québécor choisit la téléréalité et les infos pubs, c’est son choix. Que PKP vive avec, ce qu’il semble très bien faire d’ailleurs vu tous les produits dérivés qui en découlent pour son empire, allant des « fronts pages » de journaux à la vente de CD dans les magasins Archambault! Et ce choix semble assez rentable vu les bénéfices de Québécor. (8)  Alors quand j’entends  les gens de Québécor en vouloir à la télé publique, soit disant qu’elle est payée avec nos taxes, « chu pu capable »! Québécor serait où sans les fonds de la caisse de dépôt et les subventions?  En fait comme ils plaident pour la télé privée, qu’ils fassent des profits, paient leurs taxes et qu’on cesse de les subventionner! Là on parlerait de télé privée.  Sinon qu’ils cessent d’attaquer ma télé, car, comme citoyen, j’en suis propriétaire et fier de l’être. D’ailleurs je n’ai mémorisé que Radio-Canada et Télé-Québec sur ma télé (9) et je n’ai pas le câble! C’es-tu assez clair?

 

Si j’étais Premier Ministre je répondrais à ces attaques face à notre télé, par des subventionnés, en faisant en sorte que seules les télés publiques (Radio-Can, RDI, Art-TV, Télé-Québec, TVO…) soient sur les ondes disponibles gratuitement hors câble. Les autres, je les enverrais sur le câble!

 

            Je ne dis pas que la télé publique est parfaite. Elle fait des erreurs. Mais c’est ce que j’attends d’une télé publique : servir la majorité des citoyens; essayer des choses; créer et être à l’avant-garde. Ceci donne des émissions qui peuvent être des flops monumentaux, alors on la critique d’avoir dilapidé des fonds publics; d’autres sont géniales mais n’ont pas le plus large auditoire, alors on lui reproche son élitisme; et, enfin, certaines émissions sont des succès d’auditoires, car elles répondent à des besoins non satisfaits par les autres télés, alors là on lui reproche d’être dans les plates bandes du privé! Elle est continuellement sous attaque la pauvre. Revenons-en. Voulons nous d’une télé déconnectée que personne n’écoute?

 

En fait, c’est tant pis pour la télé privée si elle n’ose pas. Je ne crois pas que Radio-Canada ait volé des émissions à TVA. C’était à eux d’oser, d’entreprendre. Ne sont-ce pas des entrepreneurs privés? Qu’ils fassent leur job et qu’ils ne viennent pas dire, dès que Radio-Can a du succès d’auditoire avec une émission, que celle-ci aurait dû être chez eux. C’était à eux de la développer et de faire de la qualité! Car les différences de niveaux entre les émissions ne sont pas le fait de ses artisans, car ce sont souvent les mêmes artisans et producteurs qui les font (je pense à Zone 3 par exemple), mais des choix stratégiques et financiers du management en place qui ont à choisir entre faire du profit rapide ou donner plus de qualité au téléspectateur lorsqu’ils achètent ou commandent un projet d’émissions de variétés, de téléroman ou une série! Une différence de vision stratégique, point à la ligne.   

 

            Par contre, il est vrai qu’un certain public peut se sentir délaissé par la perte des Beaux Dimanches et de la culture plus classique (théâtre et concerts) à la télé. J’aurais une modeste suggestion à faire sur le sujet. Qu’aux heures où les autres télés passent des infos pubs, surtout la nuit, que Radio-Canada diffuse des télé théâtres, des concerts classiques, du jazz, etc. provenant de nouveaux enregistrements, de ses archives et des fonds des autres télés publiques en suivant un horaire régulier tel les lundi pour le jazz, les mardis pour le théâtre, les mercredi pour l’opéra…   Avec la vidéo les amateurs pourront toujours les enregistrer pour les écouter à l’heure qu’il leur convient. Et si cela nuit à l’auditoire des infos pubs et que nos diffuseurs privés s’en plaignent, car ils trouveront certainement à redire comme toujours, vous pourrez leur répondre que vous diffusez plus de culture suite à leurs gémissements alors qu’ils se la ferment! Façon culturelle de les envoyer C …, surtout que la culture fait partie du mandat de Radio-Can!

 

Notes/Hyperliens :

 

1. Dany Bouchard, Où s'en va Radio-Canada?, Journal de Montréal, 15 octobre 2004 : http://www2.canoe.com/artsetculture/actualites/television/archives/2004/10/20041015-092341.html 

 

2. http://www.tbs-sct.gc.ca/est-pre/20042005/page.asp?page=002_f_276.htm  

 

3. Gabriel Côté, La télé dans tous ses États. Des chercheurs du Centre d'études sur les médias brossent un portrait de la télévision publique dans dix pays. Voir : http://www.scom.ulaval.ca/Au.fil.des.evenements/2002/02.21/tele.html 

 

4. Christian Rioux, Boucan à la télé française, in Le Devoir, Édition du jeudi 9 septembre 2004 : http://www.ledevoir.com/2004/09/09/63334.html

 

5. Quebecor dévoile un bénéfice net de 12,5 millions au premier trimestre - Pierre Karl Péladeau se lance dans la bataille du financement de la télévision, PC in Le Devoir, Édition du vendredi 9 mai 2003 : http://www.ledevoir.com/2003/05/09/27283.html

 

6. Les conseils intéressés de messieurs Brière et Péladeau : la réponse de Radio-Canada : http://www.cnw.ca/fr/releases/archive/May2003/08/c9770.html

 

7. http://cbc.radio-canada.ca/htmfr/mandat.htm 

 

Quebecor a réalisé un bénéfice net de 5,2 millions $, ou 8 cents par action de base, au premier trimestre 2004 » in PC, « Premier trimestre : Bénéfice net de 5,2 M$ pour Quebecor », source :

. http://lcn.canoe.com/economie/nouvelles/archives/2004/05/20040506-133851.html

 

9. C’est à dire que j’ai programmé le 2, le 6 et le 17. J’ai accès au 10 en le pitonnant par exemple, car il peut arriver que j’écoute une émission si elle est très bien faite. Ce fut le cas de Fortier.  

 

***

 

Terrorisme : trouver le coupable?

Michel Handfield

 

11-13 septembre, 2004

 

En cette période de commémoration des événements du 11 septembre 2001 et quelques jours après les actes commis dans une école de Beslam (Ossétie du Nord) il faut se poser la question suivante : qui sont les coupables?

 

Des illuminés qui ont reçu un message divin; des nationalistes pour qui tout se justifie au nom de la cause; des victimes qui, au nom du mal qu’ils ressentent, veulent faire payer les autres; des victimes qui ont intériorisé le modèle de la violence, un peu comme un enfant battu a davantage de risque de battre ses enfants à son tour; le capitalisme qui rend facilement disponible les armes sur le marché au nom du profit; des assoiffés de pouvoir!  En fait un peu tout cela est vrai. Cependant cela ne clos pas la question.

 

Être attaqué par des terroristes donne aussi de « maudites » bonnes raisons aux grandes puissances hégémoniques pour attaquer plus petit que soi et ainsi étendre leur influence, surtout si le plus petit abrite des richesses naturelles convoitées sur son territoire. La guerre au terrorisme est elle en train de devenir une nouvelle forme de justification à l’expansionnisme des États dominants sur leurs voisins et bien au delà de leurs frontières sous le motif de « raisons de sécurité »? Pensons aux USA, à Israël, à l’Inde, à la Russie ou à la Chine! 

 

Il a trois ans George W. Bush a dit « Vous êtes avec nous ou contre nous » et s’autorisait ainsi à intervenir partout sur la planète au nom de la lutte au terrorisme. Pourtant il n’est pas intervenu où était le soutien et les bases  du terrorisme qu’il visait, mais bien où ses intérêts politiques et économiques le conduisaient. Cette semaine Vladimir Poutine a eu le même réflexe de se donner le droit d’attaquer les bases du terrorisme partout dans le monde, mais surtout dans les pays qu’il veut dominer! Et d’autres tendent vers le même comportement hégémonique sous couvert de lutte au terrorisme. Pourquoi? 

 

Si l’on regarde l’histoire, il y a toujours eu des raisons économiques et expansionnistes aux guerres, mais un pays qui ferait la guerre pour de telles raisons aujourd’hui serait mis au banc des nations. Par contre prendre de l’expansion sous le couvert de la guerre au terrorisme et de la sécurité – en plaçant un « gouvernement  ami » au Pouvoir - paraît plus acceptable! Pourquoi s’en priver alors? Quelques milliers de morts pour justifier de tels agissements seraient-ils surprenant dans un monde où des millions de gens meurent de faim faute de ressources d’un côté (Sud) alors que de l’autre (Nord) on meurt pour cause de suralimentation? Quelle est l’éthique de pays qui acceptent la destruction de nourritures pour soutenir les prix du marché tout en ayant des citoyens qui n’ont pas de quoi se nourrir convenablement sur leur territoire, le tout au nom de l’idéologie économique dominante? Car, pour établir sa puissance dans le cours de l’histoire, quelques milliers de morts ce n’est pas cher payé! Triste réalité sur le grand échiquier politique et à la lumière crue de l’histoire, mais rien de surprenant. Pensons au 11 septembre 1973 qui a vu le renversement du gouvernement Allende au Chili, avec le soutient des USA, et l’installation d’une dictature à la place; dictature qui sera responsable de dizaines de milliers de morts. Mais ce gouvernement faisait l’affaire des USA et de leurs intérêts économiques. La raison économique est raison d’État et passe bien avant les droits de l’Homme ou la démocratie quoi qu’on en dise dans les beaux discours! C’est la leçon de l’histoire.

 

A qui rapporte le terrorisme? Qui arme les terroristes? Pourquoi? Voilà les  questions à poser. D’ailleurs, avec les représailles militaires aux actes terroristes, faire du terrorisme sert-il vraiment la cause des pays revendicateurs? Je ne le crois pas. Alors si ces pays soutiennent quand même ces actes, c’est  qu’il y a quelque chose de malsain chez eux; une idéologie politique ou religieuse si forte qu’elle laisse peu de place à la rationalité. Difficile de leur faire entendre raison, même avec des menaces militaires. Au contraire cela doit plutôt les exalter! Seul l’éducation et le développement (social, économique et politique) pourraient y faire quelque chose et cela ne se fait pas par le militaire, mais que par l’humanitaire! Et si les gestes terroristes sont les gestes de quelques fanatiques désespérés ou de gens ayant tout perdu et ne voyant plus d’autres issues que le suicide, en en entraînant d’autres avec eux pour en « faire payer le prix» aux responsables de leurs malheurs, rien ne peut y faire. Ce n’est que triste fatalité. La réponse au terrorisme n’est donc pas simple quoi qu’en disent les leaders de cette planète. Il faut plus qu’une phrase choc – pensée par des conseillers en marketing – répété ad nauseam dans une campagne à la présidence  pour réellement changer les choses!

 

***

 

Partenariat, sous quelle forme?

Michel Handfield

 

13 septembre, 2004

 

Le gouvernement du Québec songe aux partenariats public-privé (ou PPP) dans le domaine de l’eau, car de « gros » investissements seront nécessaires dans un proche avenir et l’État a des moyens limités. Mais quelle forme de partenariats verrons-nous apparaître? Toute la question est là? Ce sera probablement une nouvelle astuce pour nous facturer en double; comme client et comme citoyen dans la mouvance néolibérale actuelle. Cependant  il y aurait certainement d’autres alternatives de possible.

 

L’alternative la plus intéressante serait celle du modèle de l’OPEP et du pétrole. Au lieu de subventionner les entreprises exploitant l’eau – qui se vend 1$ et plus le 500 ml dans certains commerces – on devrait plutôt les charger pour leur exploitation de notre ressource;  ajouter des taxes cachées à la vente, comme sur le pétrole; et, surtout, en réglementer l’exploitation pour des raisons de conservation, car l’eau est une ressource rare et essentielle à la vie! L’État se donnerait ainsi les moyens d’entretenir ses infrastructures physiques et ses institutions sociales, car est-il normal que notre eau, qui se vend plus cher que le pétrole, nous rapporte moins que ce dernier aux pays de l’OPEP? Pire, est-il normal que nous subventionnions même certains embouteilleurs d’eau qui peuvent l’exploiter jusqu’à la dernière goutte? Imaginez que nos taxes servent à subventionner les pétrolières sous prétextes qu’elles créent de l’emploi malgré leurs profits? On crierait au scandale. Pourquoi l’acceptons nous pour l’eau? Pourquoi acceptons nous de voir ainsi vider nos ressources sans même en tirer quoi que ce soit et surtout sans y mettre des limites?

 

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Index

 

Dossier/Essais

 

La culture radiophonique

Michel Handfield, avec la collaboration de Gaétan Chênevert

 

3 novembre, 2004

 

Depuis quelques temps nous avons de gros débats concernant la radio dans les médias. Ceux-ci tournent autour de deux pôles : CHOI-FM de Québec et la nouvelle chaîne « Espace musique » de Radio-Canada! Nous pouvons clore rapidement le premier, mais nous allons longuement nous attarder au second.  

 

Quel CHOI?

 

Le premier débat, autour de la station CHOI-FM de Québec,  concerne le droit de tout dire au nom de la liberté d’expression, même des faussetés et des ignominies si cela donne des côtes d’écoutes!

 

Faisant une revue Internet, fouillant et documentant nos points de vue pour ne pas dire n’importe quoi, car avoir une opinion est une chose, la diffuser en est une autre, cela implique une certaine auto critique éthique. (1) Je ne peux donc être d’accord avec ce prétexte de la liberté d’expression pour dire n’importe quoi sur les ondes radios ou écrire des faussetés malintentionnées dans un journal ou sur Internet! Il y a une nuance entre faire de l’humour, de la caricature et de l’opinion et dire des faussetés ou condamner des gens sans analyse et sans appel; questionner ou susciter de la haine. Autant la rectitude politique que dire n’importe quoi sur les ondes, au nom de la liberté d’expression, sont dangereux pour la démocratie, car cela banalise le questionnement et le débat social, les compromis et les équilibres – parfois très fragiles – qui en découlent! Autant l’atomisation de la société, la réduisant à la seule somme d’individus totalement indépendants les uns des autres, que le fascisme ou la pensée unique sont dangereux.

 

Quant aux anars qui défendent CHOI FM, je leur souligne que même les penseurs anarchistes étaient pour une certaine régulation sociale, une autorégulation, car l’anarchisme n’est pas la désorganisation, la désobéissance civile irréfléchie ou le « free for all », mais de l’auto organisation. (2) Et ce n’est pas à CHOI-FM qu’ils risquent de l’apprendre, mais en lisant, car être anarchiste n’est pas être inculte.

 

Cela clos le débat autour de la radio poubelle et je suis d’accord pour que la radio soit surveillée, car vivre en société implique des règles et leur respect. C’est un contrat social. (3)  Sur ce, passons à notre second point : la culture!

 

Espace Musique, Espace culturel?

 

Le second débat qui frappe les médias actuellement tourne autour de la nouvelle chaîne « Espace Musique »  de Radio-Canada qui remplace la défunte chaîne culturelle. Des artistes, des écrivains et des citoyens prennent position sur le sujet dans les tribunes des journaux. Mais ce débat va plus loin qu’un  simple  débat sur le choix musical de cette nouvelle chaîne ou l’abandon de certaines émissions culturelles sur le théâtre ou la philosophie même si c’est aussi cela. Il tourne autour du paradigme de culture dans notre société! C’est d’ailleurs fascinant et paradoxal, car en transformant la chaîne culturelle en chaîne musicale Radio-Canada a trouvé le moyen de faire parler de culture! Ce n’est pas peu dire, la culture faisant rarement la manchette à côté de la politique et de l’économie. Mais on doit d’abord se demander qu’entend-t-on par culture, car le principal débat, concernant le remplacement de la chaîne culturelle par « Espace musique », semble venir de là.

 

La chaîne culturelle jouait de la musique bien avant ce changement, mais les proportions ont changé avec la fin de certaines émissions parlées et l’ajout de musiques émergentes (Claude Rajotte et bande à part) pour la transformer en chaîne musicale! Est-ce dire que la musique n’est pas culture? Certaines musiques sont-elles davantage « culturelle » que d’autres? Certains reprochent que le jazz y prend trop de place, comme si le jazz était toléré, mais n’était pas tout à fait de la  culture au même titre que le classique! D’autres regrettent la disparition des émissions sur le théâtre ou la philosophie, comme si la première chaîne, qui a pris ce relais, n’existait pas. Ce sont là les questions que pose ce changement. Quand on regarde dans un dictionnaire (Petit Robert) ou une encyclopédie (Encarta) on voit bien que la culture englobe autant les arts que l’éducation; les us et coutume que nos caractères anthropologiques, philosophique ou scientifique! La culture c’est vaste. Ainsi « Indicatif Présent », à la première chaîne, fait dans la culture tout comme la musique alternative de « Bande à part » à la chaîne musicale! Bref Radio-Canada fait dans la culture, n’en déplaise aux fans de l’ancienne chaîne culturelle, et pourrait donc s’appeler Radio Culture, car la culture, loin d’être exclusive, est inclusive. Même l’art naïf a ses musés!

 

Mais on aime tous se distinguer des autres et, en conséquence, n’est souvent culturel que ce que l’on apprécie, ce qui nous apparaît « mainstream » selon nos appartenances. Pour certains, n’est culturel que la musique classique, l’opéra, le théâtre. Pour d’autres on ne jure que par le contemporain, la musique actuelle, l’électroacoustique et le théâtre expérimental! Certains ne jugent que par le rock, le cinéma de masse et la pop. Le jazz, la musique du monde et le cinéma d’art sont un peu un entre deux! Je passe donc le punk, l’alternatif et autres courants urbains! On parle de grand art, d’intellectualisme, d’arts mineurs, de populisme ou de produits commercial! C’est comme s’il y avait de la culture avec un grand CUL et avec un p’tit cul! Mais dans les faits tout ça est CULTURE! Car si nous faisons des jugements de valeur, la culture n’en fait pas nécessairement. On peut même parler de culture sportive et je le reconnais même si je ne m’intéresse pas aux sports contrairement à mon coéditeur.

 

Naturellement certaines choses peuvent être plus ou moins discutables dans le domaine culturel comme en tous autres, car certaines choses ne sont produites que pour faire de l’argent. Ce sont alors davantage des produits commerciaux, fruit du marketing plus que de la création, mais encore là certains produits commerciaux sont aussi d’excellents produits culturels. Les films regroupant les lauréats de la pub ne font-ils pas la joie d’intellos, de critiques d’arts et du grand public à la fois? Et pourtant c’est 100% marketing!

 

La culture implique donc une question de jugement comme avec tous les produits, car il s’agit bien d’un produit. Aller au théâtre, au musée ou rester à la maison pour écouter la télé ou la radio est un choix. Tout ce que nous faisons implique faire des choix. Les responsables des grilles radios font des choix; Radio-Canada comme les autres, fait des choix, sauf qu’à Radio-Canada les choix sont moins dictés par des critères commerciaux et davantage par des critères d’esthétisme et de contenu, mais il n’est pas dit que des produits commerciaux ne peuvent ni ne doivent y avoir leur place s’ils répondent aux critères de notre société d’État. Cela doit être clair.

 

Il n’est pas dit non plus qu’ils peuvent plaire à tous tout le temps, car s’ils plairaient à tous nous n’aurions pas besoin des autres stations. Mais il est sûr qu’un tel débat indique que quelque chose a changé. Pour ma part je fais maintenant des incartades vers la chaîne musicale alors qu’avant j’écoutais presque exclusivement la première chaîne, sauf pour des incartades à l’émission Saturday Night Blues de radio-One le samedi soir (23h).  J’ai aussi délaissé quelques émissions de la télé de Radio-Canada pour écouter « Porte ouverte » avec Raymond Cloutier. Je ne peux donc être contre cette nouvelle chaîne ni les changements à la première, mais je comprends la déception des fidèles de l’ex chaîne culturelle, car plusieurs sont attachés à une façon de faire et la changer correspond à un bouleversement majeur pour eux.

 

Je le comprends d’autant mieux que je suis aussi attaché à ma première chaîne que certains l’étaient à la chaîne culturelle et à son contenu voguant de la musique classique à la discussion culturelle et philosophique; voir aux entretiens anthropologiques! Dès que je parle de ce sujet avec un fidèle de la chaîne culturelle j’obtiens des commentaires, même au gym! La plupart d’entre eux sont déçus et auraient appréciés la nouvelle chaîne comme un ajout, non comme un remplacement de leur chaîne culturelle. (4) Un mouvement se crée même pour demander un retour à l’ancienne chaîne et il y a eu plusieurs prises de positions sur le sujet dans les journaux récemment (5), dont certains reprochent à la SRC d’avoir mis la hache dans la culture contrairement à son pendant anglophone, CBC, qui a conservé sa chaîne culturelle intacte! C’est drôle comment des élites prônant notre distinction politique du Canada ne le prennent pas du tout lorsque l’on fait différent à la radio française de radio-Can! 

 

Pour ma part, si je déplore la disparition de certaines émissions de la première chaîne – comme « Bachibouzouk » ou « Trop loin pour aller voir la mer », surtout son édition blues! – je ne demanderais pas la disparition de l’émission culturelle de Raymond Cloutier pour les ravoir. J’aimerais par contre les retrouver sur la chaîne musicale, car elles seraient bien servies par la stéréophonie, d’autant plus qu’elles alliaient musique et culture!

 

En fait, des aménagements doivent être possibles entre ces deux chaînes pour satisfaire un plus large auditoire, car les radios de Radio-Canada ne doivent pas être en concurrence mais en complémentarité. Ainsi la grille de la première chaîne pourrait être allongée après 22 heures (6) et l’espace de nuit, en partie occupé par Galaxie sur la chaîne musicale, pourrait aussi servir à la diffusion d’émissions originales, car les nouvelles technologies permettent de télécharger des émissions pour les écouter quand et où cela nous plait! (7)  Mais, il faudrait surtout faire de la première chaîne une chaîne stéréo pour qu’elle soit enfin à niveau par rapport au reste de la bande FM, car même les radios communautaires diffusent en stéréophonie! Tant l’artiste que l’auditeur seraient mieux servis, d’autant plus que la première chaîne prend en partie le relais de l’ex chaîne culturelle. 

     

            Peut être que le concept de radio musicale pourrait aussi être quelque peu adoucis pour laisser de la place à quelques émissions un peu plus parlantes, présentant de nouveaux CD par exemple, car cela allierait très bien musique et culture.  Car qui a dit qu’une chaîne musicale ne pouvait pas aussi être culturelle? Certainement pas Sylvain Lafrance, Vice-président de la radio française de Radio-Canada, qui a écrit ce qui suit dans le Devoir du 13 janvier 2004 : 

 

« Dans ce contexte, nous devons réfléchir à une approche nouvelle des critères que doit respecter une radio culturelle. Premièrement, de nombreux utilisateurs souhaitent que la manière de s'adresser au public change; deuxièmement, nous devrons relever le défi de faire une chaîne musicale avec un contenu culturel toujours aussi intelligent, dont l'offre de musique et de contenu est plus large; troisièmement, nous devons faire en sorte que cette chaîne assume des fonctions d'accompagnement. »

 

            Mais l’idéal serait de profiter des débats que suscite cette nouvelle chaîne actuellement  pour retourner devant le CRTC et demander qu’il reconnaisse le besoin de 3 chaînes radio canadienne, soit une chaîne généraliste (1ere chaîne); une chaîne musicale (la 3e) et le retour de la chaîne culturelle (la 2e). A ce sujet une recherche Internet nous montre que Radio-France  diffuse sur 4 grandes chaînes (France Inter, France Info, France Culture et France Musiques) plus des chaînes spécialisées et régionales (www.radiofrance.fr/); que la Radio Suisse Romande semble aussi avoir 4 chaînes (la première; espace 2; couleur 3 et option musique) (voir www.rsr.ch); et que la RTBF (Belgique) nous en présente 5 sur son site Internet: la première, Viva Cité, Musiq3, Classic 21, et Pure FM! (www.rtbf.be) C’est donc dire qu’une 3e chaîne à radio-can ne serait pas un luxe, mais répondrait à un besoin et une réalité des radios publiques actuelles! Rien de moins. Et vous auriez certainement des auditeurs prêts à vous appuyer dans cette démarche si l’on se fie aux réactions des dernières semaines. Profitez-en pour refaire une demande pour cette 3e chaîne tant espéré. Nous vous appuyons.

 

Notes :

 

1. Je ne dis pas morale, car la morale relève trop souvent d’une idéologie, par exemple l’idéologie religieuse. 

 

2. Voici deux citations qui montrent bien qu’anarchisme et désorganisation ne sont pas la même chose, l’anarchisme relevant davantage de l’auto organisation que de la désorganisation:

 

"Si nous croyons qu'il ne pourrait pas y avoir d'organisation sans autorité, nous serions des autoritaires, parce que nous préférerions encore l'autorité qui entrave et rend triste la vie à la désorganisation qui la rend impossible." Malatesta, E., "L'Agitazione", Ancône, Nos 13 et 14, 4 et 11 juin 1897, cité in Révolution et réaction, in GUERIN, Daniel, 1999, Ni Dieu ni Maître, Anthologie de l'anarchisme, volume 2, France, La Découverte/poche, p. 9.

 

« L'Anarchisme n'est pas individualiste; il est fédéraliste, "associanniste", au premier chef. On pourrait le définir: le fédéralisme intégral. »  Malatesta et le congrès anarchiste international,  Amsterdam, 24-31 août 1907, in GUERIN, Daniel, 1999, Ni Dieu ni Maître, Anthologie de l'anarchisme, volume 2, France, La Découverte/poche, p.35.

 

3. Même s’il n’est pas récent, un très bon livre existe sur le sujet : Rousseau, Jean-Jacques, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands écrivains.

 

4. De mémoire, il me semble que tel était l’idée première de Radio-Canada : faire une troisième chaîne! Mais cela ne pouvant être fait pour des raisons de permis (CRTC) ou de budget, par un tour de passe-passe, la deuxième chaîne est devenue la 3: la chaîne musicale!

 

« Je n'ai strictement rien contre «Espace Musique». Je conçois également tout à fait qu'il faille créer une chaîne musicale pour relayer le bouillonnement créatif du pays dans tous les domaines musicaux. Mais même si les arguments sur la diversité et sur le rôle de miroir de la création sont recevables, «Espace Musique» s'apparente, dans la configuration type d'un paysage radiophonique de service public, à une «Chaîne 3», la chaîne musicale, qui vient en adjonction de la «Chaîne 1», généraliste, et de la «Chaîne 2», culturelle. Radio-Canada n'avait pas trois fréquences pour cela. Solution adoptée : pulvériser la Chaîne culturelle. Le tout, emballé et bien ficelé, a été vendu à tous avec un bel écran de fumée [r]ose (nouvelle couleur officielle) sous le prétexte voulant que l'«absence de diversité musicale est un problème majeur et mondial» (dixit Sylvain Lafrance, vice-président de Radio-Canada). »

 

(Christophe Huss, Ancien directeur de la rédaction de la revue Répertoire et critique musical au Devoir, Le nouvel «Espace Musique» de Radio-Canada - La chaîne culturelle pulvérisée, in Le Devoir du jeudi 9 septembre 2004.)

Un autre texte me fait aussi croire que tel n’était pas le projet original de Radio- Canada :

 

« Dans ce contexte, nous devons réfléchir à une approche nouvelle des critères que doit respecter une radio culturelle. Premièrement, de nombreux utilisateurs souhaitent que la manière de s'adresser au public change; deuxièmement, nous devrons relever le défi de faire une chaîne musicale avec un contenu culturel toujours aussi intelligent, dont l'offre de musique et de contenu est plus large; troisièmement, nous devons faire en sorte que cette chaîne assume des fonctions d'accompagnement.

 

La culture doit être le fil conducteur de la Chaîne culturelle comme l'information est celui de la Première Chaîne radio de Radio-Canada.

 

Plus encore, la Chaîne culturelle de Radio-Canada doit être originale. Elle doit être une radio de référence dans le monde de la culture et de la musique. Elle doit être un espace avide de littérature, de musique, de tendances nouvelles. Elle doit aussi être un lieu de création et de découverte. La Chaîne culturelle doit offrir aux francophones de ce pays à la fois un espace et un accès à la culture. »

 

(Sylvain Lafrance, Vice-président de la radio française de Radio-Canada, La Chaîne culturelle de Radio-Canada - Une radio culturelle à redéfinir, in Le Devoir du mardi 13 janvier 2004)

 

Mais, pour des raisons qu’on ne connaît pas, de budget ou de permis du CRTC, ce projet à dû être transformé en une chaîne musicale seulement, là où il y aurait dû y avoir ou 3 chaînes ou une chaîne culturelle offrant davantage de programmation musicale! Cependant, nos recherches sur Internet ne nous ont pas permis de trouver quoi que ce soit au sujet des projets originaux de la SRC. Cependant, il est clair que, suite à la grève qu’a connue Radio-Canada en 2002 et à la popularité de la musique diffusée en continue à cette occasion, le besoin d’une chaîne musicale différente des autres radios se faisait sentir! A preuve, ce texte trouvé sur le net :

 

« Disons simplement que la Chaîne culturelle (CBFX-FM) n'a jamais été aussi bonne. Plus de commentaires profonds sur le sens de la portée rythmique dans l'oeuvre de Tchaikovsky ou de longues dissertations sur la qualité exceptionnelle de l'enregistrement de la dernière interprétation de la Cantate pour soprano et symphonie de Campra... Rien que de la musique. »  (Gilles Guénette,  VIVE LE LOCK-OUT À RADIO-CANADA!, in Le Québécois libre,  27 avril 2002  /  No 103 : http://www.quebecoislibre.org/020427-4.htm)

 

5. Une recherche sur le site du Devoir pour le mois d’octobre nous a conduit à retenir ces titres en guise d’exemple :

 

Cormier, Sylvain, De la chanson, pour changer, in Le Devoir, 30 octobre 2004  

 

Fortier, Claude, Une condamnation trop rapide, in Le Devoir, 26 octobre 2004

 

Verrette, René, Vivement le retour d'une radio culturelle, in Le Devoir, 26 octobre 2004

           

Cauchon, Paul, L'ANEL appuie le Mouvement pour une radio culturelle au Canada, in Le Devoir, 14 octobre 2004

 

Cauchon, Paul, Des auditeurs contestent la disparition de la Chaîne culturelle, in Le Devoir, 12 octobre 2004

 

Ces auditeurs ont même créé le «Mouvement pour une radio culturelle au Canada». S’ils ont un courriel (radioculture@videotron.ca), ils n’ont malheureusement pas de site Internet au moment d’écrire de ce texte. Mais ils sont quand même relayés par d’autres sites. Une recherche google avec «Mouvement pour une radio culturelle au Canada» vous y conduira.

 

6. La reprise d’« Indicatif Présent » de 22 heures pourrait être déplacé plus tard, à 23h ou à minuit, archivé sur Internet ou mise dans un format condensé comme le fait «Mag Radio »   le samedi. 

 

7. A ce sujet voir  Michel Dumais, « Technologie: Le podcasting, ou ses émissions préférées sous le bras », in Le Devoir, du lundi 18 octobre 2004. Le iPod d’Apple peut être vu à l’adresse suivante: http://www.apple.com/itunes/. L’union du numérique, de l’Internet et de la radio risque de tout bouleverser de toute manière au cours des prochaines années.

 

Tous les hyperliens :

 

CRTC : http://www.crtc.gc.ca/

 

Radio-Canada et CBC:

 

http://radio-canada.ca

http://radio-canada.ca/radio/

http://www.cbc.ca/

www.cbc.ca/programguide/radio/

 

Historique: http://cbc.radio-canada.ca/htmfr/historique/annees_90.htm

 

Radio France : www.radiofrance.fr/

 

Radio Suisse Romande: www.rsr.ch

 

Radio Belge: www.rtbf.be

 

Le Devoir : www.ledevoir.com

 

 

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Index

 

Le Journal/Fil de presse

 

Arafat est mort, mais le peuple palestinien vit toujours

 

Montréal, le 11 novembre 2004 - L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) et la Coalition pour la justice et la paix en Palestine tiennent à exprimer leur profond regret suite au décès du président palestinien, Yasser Arafat. Plus que quiconque, Yasser Arafat a fait connaître le drame du peuple palestinien au reste du monde et symbolise, depuis quarante ans, la lutte de son peuple pour l’autodétermination et la liberté.

 

En ce moment de deuil, nous désirons manifester notre sympathie et notre solidarité envers le peuple palestinien qui vit toujours sous l’occupation militaire israélienne. Le conflit israélo-palestinien non résolu a des ramifications qui dépassent largement les frontières. La communauté internationale a l’obligation de faire respecter les droits fondamentaux du peuple palestinien pour réparer l’injustice commise à son endroit, et pour assurer une paix durable dans la région. « L’impunité avec laquelle Israël poursuit toujours ses politiques d’occupation est inacceptable dans un contexte de droit international», affirme Maria-Luisa Monreal, directrice de l’AQOCI. L’AQOCI et la Coalition pour la justice et la paix en Palestine exhortent le Canada à faire preuve de leadership au niveau international pour une résolution pacifique du conflit, basé sur le droit international.

 

Le refus d’Israël d’accepter l’inhumation du corps d’Arafat à Jérusalem Est dénote l’intransigeance du gouvernement israélien, puisque Jérusalem Est n’appartient pas à Israël et que la communauté internationale ne reconnaît pas le contrôle israélien sur ce territoire. Au cours des dernières années, la répression envers le peuple palestinien s’est accentuée sous plusieurs formes. La construction du « mur de l’apartheid », en plus de représenter une ségrégation raciale inacceptable au 21e siècle, contribue à l’étouffement politique et économique du peuple palestinien. Les attaques répétées contre l’Autorité palestinienne, les assassinats de civils et la destruction de maisons forcent la population palestinienne à vivre dans la terreur quotidienne. « Le gouvernement israélien a stoppé tout processus de paix et en conséquence, l’avenir de tous, Israéliens et

Palestiniens, s’en trouve menacé » a déclaré Gervais L’Heureux, président de la Coalition pour la justice et la paix en Palestine. Avec la disparition aujourd’hui du leader du mouvement palestinien, nous espérons que toutes les parties en présence saisiront l’occasion pour mettre fin à ce conflit qui n’a que trop duré, et pour ouvrir une nouvelle page de l’histoire afin d’assurer la sécurité et la paix de tous les peuples de la région.

 

L’AQOCI regroupe 53 ONG oeuvrant au Québec pour le développement solidaire, juste et démocratique. La

Coalition pour la justice et la paix en Palestine regroupe une vingtaine d’organismes de la société civile québécoise.

 

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COMMUNIQUÉ pour diffusion immédiate

 

Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)

www.aqoci.qc.ca

 

Demandons l’arrêt des bombardements à Falloujah

 

Montréal, le 9 novembre 2004 – Devant l’ampleur des attaques sur la ville de Falloujah, menées par les forces d’occupation et leur gouvernement en Irak, le Collectif Échec à la guerre demande l’arrêt des bombardements, la fin de la prise en otage du peuple irakien et le retrait de toutes les troupes d’occupation. Le Collectif dénonce la violence des attaques sur Falloujah et plusieurs autres villes, le mépris du droit international et le climat de terreur dans lequel la population irakienne est forcée de vivre.

 

L’assaut contre Falloujah en témoigne, la réélection de George W. Bush promet un avenir encore plus chaotique pour la population irakienne. La paix et la sécurité humaine semble de plus en plus menacée par l’intensification de la politique belligérante de l’administration étasunienne. Le Collectif Échec à la guerre déplore le silence du gouvernement canadien face au massacre de civils irakiens et lui demande d’intervenir auprès des Nations Unies pour qu’elles exigent la fin des attaques et la fin de l’occupation.

 

Rappelons que le "transfert de souveraineté" effectué à la hâte en juin dernier, n’était qu’un bluff visant à donner une apparence de légitimité à cette occupation illégale et brutale. L’offensive des États-Unis a pour but d’éliminer la résistance grandissante à l’occupation et de préparer les élections frauduleuses et de janvier. Les États-Unis qualifie cette résistance de «terroriste» pour justifier leurs crimes contre le peuple irakien. La fin des bombardements et de la répression contre la population civile, ainsi que le retrait de toutes les troupes d’occupation, sont les conditions incontournables à toute souveraineté véritable de l'Irak, libre de toute ingérence étrangère.

 

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE, 19 octobre 2004         

BARRAGE DE SAINT-MONT (GERS), SUR L’ADOUR
ASSEZ D’ILLÉGALITÉS !
  ASSEZ DE DÉLINQUANCE ÉCOLOGIQUE !


Implanté illégalement depuis quinze ans, le barrage dit de Saint-Mont (digue-seuil de Saint-Aubin, à Corneillan/Saint-Mont), qui barre l’Adour près de Riscle, a été réalisé par le SIAEP (syndicat d’adduction d’eau) de Viella. Celui-ci se refuse à toute légalisation et mise aux normes (passe à poissons et à canoës) de son ouvrage, au mépris des réglementations les plus établies, faisant ainsi entrave à la libre circulation des eaux et des espèces piscicoles (notamment migratrices : aloses, etc.), sans parler de l’obstacle qu’il constitue pour les canoës-kayaks.

  Après des années de démarches infructueuses auprès des autorités, pêcheurs et usagers du fleuve ont cru qu’une régularisation administrative allait être imposée – ou qu’une décision de démolition serait prise – quand le TGI d’Auch a jugé en mai dernier le président du SIAEP de Viella pour “exercice sans autorisation d’activité nuisible au débit des eaux […]” et “exploitation d’ouvrage […] empêchant la circulation des poissons migrateurs”, etc. Or un fax de dernière minute du préfet du Gers au procureur d’Auch, parlant d’un “accord oral [sic !!] de l’État à la réalisation de travaux indispensables [en juillet 2003] pour assurer la salubrité et la sécurité de l’alimentation en eau potable” a ce jour-là absous le président du SIAEP ! En conséquence de quoi celui-ci, bien qu’il se soit vu notifier un refus de toute autorisation de travaux par la MISE du Gers, et tout en annonçant le 1er juillet une délibération de raccordement au SIAEP voisin de Riscle (raccordement qui ne sera sans doute effectif qu’en… 2008 !), a fait renforcer et rehausser considérablement la digue, une énième fois, le 20 juillet 2004!

Des travaux destructeurs et totalement proscrits, pour l’entretien d’un ouvrage dont la préfecture reconnaît pourtant maintenant, dans plusieurs courriers à une association de pêcheurs, qu’“il ne bénéficie d’aucun arrêté d’autorisation” ont donc été effectués dans le lit du fleuve par cette régie des eaux qui, comble d’incurie, avait distribué à ses abonnés, durant plusieurs mois au cours du printemps et de l’été 2000, une eau déclarée par arrêté préfectoral impropre à la consommation (et pourtant facturée... en toute illégalité) car polluée par un pesticide, l’atrazine (avec une teneur comprise entre 0,51 et 4,46 microgrammes par litre – la norme française tolérée étant de 0,40 µg/l)...

C’est un scénario identique qui s’est déroulé très récemment sur le Gave d’Oloron à Auterrive. Pire même, si cela est possible, puisqu’il y avait, là, un arrêté préfectoral de démolition, sur lequel le propriétaire du barrage s’assoit délibérément, malgré maintes condamnations judiciaires ! Ces contraventions répétées à la légalité républicaine et démocratique, ces atteintes à l’État de droit, et ce parfait mépris à l’égard de la protection de la nature ne sont plus acceptables.

Les collectifs et associations signataires dénoncent la persistance de ces situations invraisemblables et intolérables de délinquance écologique sur les rivières du Sud-Ouest, à l'encontre du souci de restauration des cours d'eau partout à l'¦uvre en France, en particulier par l'effacement des barrages dommageables au milieu naturel aquatique, et cela sous la responsabilité même de l’État et de ses services, comme dans le bassin de la Loire avec le programme exemplaire de gestion durable du fleuve.

Le seuil du SIAEP de Viella à l’aval de Saint-Mont est une digue totalement illégale, dommageable et inacceptable. Le préfet doit sans délai ordonner des travaux de démolition et les faire appliquer sous peine d’astreinte. Les pêcheurs, sportifs d’eau vive, défenseurs de l’environnement et associations écologistes le lui demandent solennellement une dernière fois avant d’agir par tous les moyens judiciaires et autres appropriés.

COLLECTIF ADOUR EAU TRANSPARENTE
COLLECTIF EAUX VIVANTES DU GERS
ACME FRANCE (Association pour un contrat mondial de l’eau)
AMIS DE LA TERRE FRANCE
ANPER-TOS (Assoc. nationale pour la protection des eaux et rivières. Truite, ombre, saumon)
UMINATE (fédération des associations de protection de la nature en Midi-Pyrénées, affiliée à France Nature Environnement)
WWF-France

 

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Index

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

L'Amérique, l'Amérique, je veux l'avoir et je l'aurai
L'Amérique, l'Amérique, si c'est un rêve, je le saurai 
(1)

Michel Handfield

 

Commentaires suite à la lecture du livre « Les Etats-Unis d’aujourd’hui » d’André Kaspi, Paris, 2004 : éditions perrin/tempus

 

9 décembre, 2004

 

Pour nous, au Québec, ce livre est bien balancé, faisant les nuances qu’il faut concernant nos voisins états-uniens. Il nous permet de comprendre en quoi nous en sommes différents, mais aussi en quoi nous leurs ressemblons.  Pour les gens d’ailleurs, ce livre leur permettra de faire la part des choses entre la politique états-uniennes et la vie citoyenne, car si c’est en partie lié, c’est aussi en partie différencié. Si les Etats-Unis paraissent un à la face du monde, les États sont multiples sur leur territoire et jaloux de leurs prérogatives par rapport à la nation. New York ou la Californie, ce n’est pas la Floride ou le Texas!

 

Ce livre, à travers quelques rappels historiques sur les relations entre la France et les USA, éclaire le rapport amour/haine entre ces deux pays. Si Tocqueville est allé voir les Etats-Unis et en a tiré un classique, « De la démocratie en Amérique » (2),  Thomas Jefferson est allé à Versailles et Paris représenter « la jeune république » (p. 27), car la France a joué un rôle dans l’histoire des Etats-Unis.

 

Jeune pays, jeune culture; mais il ne faut jamais oublier qu’elle a aussi des racines européennes. Sauf que, suite à sa révolution contre l’Angleterre, les Etats-Unis ont tenté de les oublier pour forger leur propre identité! Ce n’est pas un hasard si l’administration de George W. Bush a parlé de la  vieille Europe! Ce livre donne un bon aperçu des différences et des liens qu’il y a entre France, donc un peu l’Europe, et les USA!

 

Pour nous, au Québec, ce livre nous fait réaliser quels sont nos points communs avec nos voisins du Sud – notre américanité – et nos cousins européens  – notre européanité - car ici nous n’avons pas fait cette révolution qu’ils ont faite. (3) Au Québec, dû à notre différence linguistique, nous avons même conservé des liens avec la France (en plus d’avec l’Angleterre de par notre histoire canadienne), ce qui fait qu’à la lecture de ce livre on réalise rapidement qu’on a une certaine européanité qui nous distingue des États-Unis.

 

Politiquement et socialement, nous sommes plus à gauche que nos voisins du Sud, même sur notre droite. Sur la question de la guerre en Irak nous étions d’ailleurs plus près de la France, où la droite était contre la guerre en Irak, que des USA ou de l’Angleterre, où même le Labour était pour cette guerre!

 

Par contre, nous avons adopté le mode de vie et de consommation américain. On n’a qu’à penser à la banlieue, aux centres d’achats et aux Power Center! On prend plus souvent notre baguette à l’épicerie ou dans un magasin entrepôt que chez le pâtissier ou le boulanger du coin lorsqu’il y en reste un. En quelque sorte nous sommes des euroaméricains!

 

Cette différence d’avec notre voisin du Sud doit être connue et tant le Québec que le Canada la promeuvent au plan international avec des institutions comme les délégations du Québec à l’étranger (4) ou Radio-Canada International (RCI), qui donne certainement une information plus neutre que l’information états-unienne! Cependant il est malheureux que RCI ne diffuse pas sur notre propre territoire par onde courte. (5) En effet, le Canada étant un pays multiculturel, contrairement aux USA qui sont un melting pot (6), sa diffusion ici même serait un moyen intéressant  d’intégration des nouveaux arrivants et de leur fournir une information de qualité, tant sur les questions nationales qu’internationales, souvent dans leur propre langue, car RCI diffuse en de multiples langues en plus du français et de l’anglais. Nous aurions là un outil pour les rejoindre et nous ne l’utilisons même pas. Pourtant, même les québécois/canadiens de souche en bénéficieraient, car Radio-Canada International fait plusieurs émissions traitant de questions internationales qui semblent fort intéressantes pour qui veut élargir ses horizons. Un coup d’œil à leur grille horaire vous en convaincra. (7).

 

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Pour conclure, ce livre sur les Etats-Unis est un outil que nous ne pouvons que recommander à nos lecteurs, car les USA  occupent une telle place dans l’actualité que d’en avoir un topo ne peux qu’aider à comprendre qu’ils ne sont pas un, mais multiples, et qu’on ne peux les réduire à de simples formules chocs. Et pour nous, leur voisin du Nord (Québec/Canada), ce livre nous permet de saisir en quoi nous nous en distinguons, mais aussi en quoi nous nous en rapprochons. Si nous sommes aussi des américains, car nous habitons l’Amérique, nous ne sommes cependant pas des États-uniens!

 

 

Arrière de couverture :

 

Les Etats-Unis fascinent, déroutent, provoquent l’admiration et la détestation. Leur puissance, militaire, politique, économique, culturelle, fait peur. Et pourtant, que savons-nous vraiment de cette démocratie? Tous les américains soutiennent-ils le président George W. Bush? Sommes-nous, Français, Européens, destinés à devenir des Américains? Trop souvent, nous nous contentons d’approximations et de préjugés. Plus que jamais, les Etats-Unis sont mal connus, mal compris, mal aimés.

 

 

Notes et hyperliens:

 

1. L’Amérique, succès des années 70! Paroles et Musique: Pierre Delanoé, interprété par Joe Dassin. (Réf : http://www.paroles.net/chansons/10605.htm)

 

2. Tocqueville, 1986, De la démocratie en Amérique, 2 vol., France: Gallimard, Folio histoire

 

3. Les Etats-Unis ont déclaré leur indépendance d’avec l’Angleterre en 1776! Au Canada, nous avons rapatrié notre constitution qu’en 1982 et nommé la Reine d’Angleterre Reine du Canada! Quant au mouvement souverainiste québécois, il flirte avec la France au plan culturel et avec les Etats-Unis au plan économique : « À Plattsburgh, Duceppe vante les mérites des échanges avec les Etats-Unis », Lia Lévesque, in Le Devoir, 4 et 5 décembre 2004, p. A 4.

 

4. Représentations du Québec à l’étranger :

 http://www.mri.gouv.qc.ca/fr/action_internationale/representations_etranger/representations_etranger.asp

 

5. RCI, diffuse cependant sur Internet : www.rcinet.ca/

 

6. Avec des problèmes d’intégration et de racisme, même très fort, malgré ce que l’idéologie veut nous laisser croire. On n’a qu’à penser aux noirs états-uniens pour le comprendre. (Chapitre 2 : Une nation d’immigrants)

 

7. Leur grille d’émission est disponible à  www.rcinet.ca/rci/fr/emissions.shtml

 

 

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Collectif, 2004, L’État du monde 2005, Québec : La Découverte/Boréal, 29.95$  (www.editionsladecouverte.fr/ et http://www.editionsboreal.qc.ca/)

 

Avec près de 2500 entrées d’index, 300 articles inédits, 150 pages de statistiques, 60 pages de cartes, 90 bibliographies, la participation de plus de 100 spécialistes, ce livre est indispensable.

 

Commentaires de Michel Handfield (19 novembre, 2004)

 

C’est un ouvrage annuel que je connais depuis près de deux décennies. Quand je rédigeais mon mémoire de maîtrise il me fut fort utile, car j’avais besoin de statistiques récentes sur différents pays, tant développés que non développés, et d’informations sociopolitiques et économiques à leur sujet. (1) Cet annuaire a énormément facilité mon travail, car les statistiques sont compilées sur une base comparable  et le travail d’analyse sociopolitique et économique est bien fait. Suffit de regarder la liste des collaborateurs (pp. 6-8) et le mode d’emploi (pp. 17-28) pour se convaincre de la qualité de ce livre de référence. On est face à du sérieux autant pour la famille, l’étudiant ou le professionnel qui a besoin de données de repérages rapides et fiables sur le monde. 

     

            On est ici face à plus de 600 pages d’informations qui se divisent en deux grandes parties. La première, « Un monde en mutation », regroupe des analyses fouillées sur des sujets particuliers, par exemple « Les pièges de l’unipolarité »de Bertrand Badie (p. 35). Cela fait le point sur une question actuelle. La seconde partie, « Tous les pays du monde », fait le tour du monde, en continents, régions et pays. Un exemple : Sous Afrique on a quelques textes qui font le point, puis les grandes régions (Magreb, Afrique sahélienne, Golfe de Guinée…) et sous chaque régions des pays. Ainsi sous Magreb, nous avons Algérie. Lybie, Maroc, Mauritanie et Tunisie. De quoi satisfaire le néophyte et le professionnel, car on y retrouve beaucoup, beaucoup d’informations sous forme de textes et de tableaux statistiques.

 

Un exemple au hasard. Je l’ai ouvert sur l’Asie du Nord-Est et je suis allé vers la fin de cette section où j’ai trouvé la page des statistiques (pp. 298-9). J’y découvre que  le nombre de médecins (pour mille habitants) est de 1,44 pour la Chine, de 1,90 pour le Japon et de 1,40 pour la Corée du Sud. Quand à l’accès à Internet (pour mille habitants) il est de 63,25 pour la Chine, de 448,86 pour le Japon et de 603,42 pour la Corée du Sud. De quoi répondre à bien des questions.

 

Maintenant, pour voir la fiabilité de ce livre, j’ai regardé le Canada (pp. 360-5), car je le connais bien étant canadien/québécois. D’abord, au niveau statistique, nous avons 2,10 médecins pour mille habitants et 512,83 personnes sur mille ont l’accès à l’Internet! (p. 359) Quant à l’article de présentation, il est signé par Alain Noël, professeur de science politique à l’Université de Montréal. Il traite bien de la situation : gouvernement libéral minoritaire; scandale des commandites; déséquilibre fiscal; et la question de la fracture sociale au Québec, avec les mesures plus conservatrices du Gouvernement Charest  sous le titre de « Le Québec divisé »! 

 

Cet « annuaire mondial » est complété par des annexes, incluant des tables statistiques; les organisations internationales et régionales – avec descriptif et hyperliens; et le monde sur Internet, incluant des liens vers les principaux organismes officiels et d’informations pour les différents pays couverts. Ainsi, pour le Canada, nous retrouvons entre autres liens ceux du Gouvernement du Canada et du Québec, la toile du Québec, Le Devoir et The Globe and Mail! C’est dire la qualité de cet « annuaire économique géopolitique mondial 2005 »!

 

Un ouvrage de référence annuel que nous ne pouvons que fortement recommander à tous nos lecteurs francophones du monde, car pour qui veut comprendre « l’état du monde » en cette ère de mondialisation, c’est le livre à avoir entre les mains.

 

Note :  

 

1. Handfield, Michel, 1988, « La Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du Travail: une nouvelle perspective », Mémoire de maîtrise, Université de Montréal.

 

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Hertzberg, Pr. Arthur, 2004, Les origines de l’antisémitisme moderne, France : Presses de la renaissance, Collection : Société Thème : Documents (ISBN : 2-85616-899-X         Prix : 22 €)

 

 Rompant avec les idées reçues, Arthur Hertzberg démontre avec force que l’antisémitisme moderne est davantage l’enfant des Lumières que du christianisme ; qu’il découle moins de la théologie chrétienne que du dogmatisme doctrinaire d’un Voltaire, d’un Holbach, d’un Diderot ou d’un Marat.

 

Peu de temps après le déclenchement de la Révolution française, l’Assemblée nationale vote une motion d’émancipation des Juifs sur l’ensemble du territoire. Ce geste historique conclut un siècle de progrès fondamentaux obtenus sous l’Ancien Régime, mais ne met nullement un point final à l’antisémitisme. La France domine alors la vie intellectuelle et spirituelle de l’Occident.

 

Comprendre les mécanismes de la judéophobie française permet d’en découvrir les sources dans le reste de l’Europe et du monde. Avec minutie et sens du détail, l’auteur brosse le portrait des trois communautés juives de la France du XVIIIe siècle : les Séfarades de Bordeaux, les Juifs des papes d’Avignon et les Ashkénazes de l’Est de la France, considérés alors comme des étrangers. Le récit de leur combat pour l’égalité et l’émancipation éclaire d’un jour nouveau l’histoire de France.

           

Arthur HERTZBERG

 

Considéré comme l’un des grands penseurs modernes du judaïsme, auteur du classique The Jews in America, président du Congrès juif américain et vice-président du Congrès juif mondial, chroniqueur au New York Times et à la New York Review of Books, Arthur Hertzberg est professeur à l’université de New York (NYU) et au Dartmouth College.

 

Commentaires de Michel Handfield (16 novembre, 2004)

 

Ce livre offre d’abord un intérêt historique, car la question juive ne date pas du siècle dernier mais d’il y a longtemps. Avant même la révolution française! Les juifs d’Europe et de France en particulier ont vu leur statut changer à quelques occasions durant cette période, selon leurs amitiés et alliances. Certains groupes juifs étaient aussi en opposition entre eux, comme aujourd’hui d’ailleurs. (1)

 

Les juifs ont aussi joué un rôle dans le développement de la France et de l’Europe au plan politique et économique, de par leurs réseaux, car même lorsque leur religion était interdite de cité, ils entretenaient des relations avec les autres communautés d’Europe sous le manteau.  

 

Naturellement, avec la révolution française et les droits de l’Homme, la question des idéologies religieuses s’est posée : un juif, un chrétien ou un citoyen? Les juifs ont certes contribué à ce débat et...

 

 « Pour la première dans l’histoire moderne du monde occidental, tous les Juifs vivant entre les frontières d’un État européen étaient considérés comme égaux devant la loi, et jouissaient donc des mêmes droits que tous les autres citoyens. » (p. 6)

 

Même si l’émancipation juive fut reconnue avec la révolution française, avec elle arriva aussi l’antisémitisme. Leurs droits ont souvent fait l’objet d’enjeu et de tractation politique par la suite! « Les gloires et les tragédies à venir étaient en marche. » (p. 364)

           

Près de 400 pages d’informations sur les origines de l’antisémitisme, la reconnaissance moderne des juifs et leurs relations, alliances et conflits avec les autres groupes européens et français en particulier. Un livre riche et dense pour qui s’intéresse à l’histoire juive et européenne, car les juifs sont liés à l’histoire politique et au développement économique de l’Europe et de la France. Nul doute là dessus. Sauf que c’est surtout leur apport économique qui avait principalement retenu l’attention de l’histoire; et pour plusieurs cet apport était  synonyme de comportements parasitaires :

 

«  Mais un courant plus doctrinaire et hostile aux Juifs était apparu à la même époque, surtout parmi les économistes aux idées les plus avancées, pour qui le Juif existant, même le meilleur, était un parasite économique qui ne pourrait jamais être régénéré. » (p. 78) 

 

Même parmi les lumières, on trouvait des antisémites. Un livre qui remonte à ses origines, intimement liés aux conquêtes sociopolitiques des juifs, comme si ces deux faces d’une même pièce étaient inséparables. Un livre d’intérêt pour qui s’intéresse à l’histoire de la France, de l’Europe et des Juifs, car il apporte un éclairage nouveau sur ces questions. Un éclairage qui me semble avoir été peu été abordé jusqu’ici, quoi que je ne sois pas spécialiste de cette question!

 

Une suite à ce livre serait cependant bienvenue, car au XXe siècle cet antisémitisme culmina en France avec l’affaire Dreyfus et en Europe avec le nazisme. Plusieurs des conflits actuels (notamment le conflit Israélo palestinien)  y puisent leurs origines. Une plaie fut ouverte, mais ne s’est jamais cicatrisée. Pour le comprendre il faudra probablement faire un retour historique sur la question un jour. Mais pour cela il faut des ouvrages de cette qualité; des ouvrages qui atteignent l’essence même des enjeux qui se cachent derrières les considérations idéologiques. Car les véritables enjeux sont rarement ce que l’on tente de nous faire croire par des formules toutes faites. Ce ne sont que des courts circuits idéologiques, commodes pour marteler une idée au point de la faire passer pour une vérité, mais rarement fondés en regard de la distance historique. C’est ce travail historique qui est essentiel pour  finalement pouvoir passer à autre chose et dépasser les idéologies.

 

Note :

 

1. A ce sujet lire l’excellent texte de Yakov M. Rabkin, « La réaction des juifs à la mort de Yasser Arafat - «Lorsque ton ennemi tombe...» », in Le Devoir, Édition du samedi 13 et du dimanche 14 novembre 2004. (http://www.ledevoir.com/2004/11/13/68458.html)

 

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Krisis, 2004 (1999, 2002) 2004, Manifeste contre le travail, France : 10/18

 

 

Quatrième de couverture

  
Il y a cent cinquante ans, Marx affirmait la nécessaire sortie du capitalisme par le moyen de la lutte des classes. Cent vingt ans plus tard, l’Internationale situationniste, emmenée par Guy Debord et Raoul Vaneigem, élargissait la définition du prolétariat et mettait en cause la société du travail et de la consommation. Le Manifeste contre le travail reprend la critique là où les situationnistes l’avaient arrêtée. Dans une société obsédée par la «valeur travail» et l’effroi que suscite sa possible disparition, ce petit livre-manifeste reprend le combat contre la transformation de l’homme en « ressource humaine ». Il rappelle qu’une émancipation digne de ce nom ne peut faire l’économie d’une critique radicale de l’idéologie du travail. Autrement dit, il ne s’agit pas de libérer le travail, mais de se libérer du travail.

 

Commentaires de Michel Handfield (16 novembre, 2004)

 

Manifeste: (1574; it. manifesto) Déclaration écrite, publique et solennelle, par laquelle un gouvernement, une personnalité ou un groupement politique expose son programme, justifie sa position. (Le Petit Robert sur CD-ROM)

 

C’est clair, on est ici face à un pamphlet orienté et non dans un essai scientifique. On ne nuance pas nécessairement; on prend position! Mais prendre position ne signifie pas que l’on soit mal informé. Au contraire. On décrit très bien les failles du système. On table même sur ses faiblesses pour dire qu’on doit dépasser ce système, qu’il est fini :

 

« Mais, pour la première fois, l’innovation de procédés va plus vite que l’innovation de produits. Pour la première fois, on supprime davantage de travail qu’on ne peut en réabsorber par l’extension des marchés. Conséquences logiques de la rationalisation : la robotique remplace l’énergie humaine, les nouvelles techniques de communication rendent le travail superflu. » (p. 62)

 

Mais, en même temps la solution toute trouvée est-elle vraiment réaliste? Probablement pas davantage que ne l’est le marxisme ou le capitalisme pur! Car le propre d’un idéal-type – d’une idéologie – est davantage de faire réfléchir que d’être applicable. L’histoire l’a montré. Alors quand il est écrit que « Le mot d’ordre de l’émancipation sociale ne peut être que : Prenons ce dont nous avons besoin! Ne courbons plus l’échine sous le joug des marchés de l’emploi et de la gestion démocratique de la crise! » (p. 95) … l’on doit prendre cela avec prudence. Oui le travail et l’économie sont en crise, oui des solutions doivent être trouvées, mais les recettes ne sont pas dans les livres. Sauf que de tels livres aident au diagnostic et ne doivent pas être rejetés du revers de la main comme étant utopiste. Ce serait rejeter le bébé avec l’eau du bain comme le dit une de nos expressions!

 

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Kaufmann, Jean-Claude, 2004, L’invention de soi. Une théorie de l’identité, France : Armand Colin/Collection : Individu et Société - 352 pages - format 14x22,5, Broché, ISBN: 2200266618, 20.50 Euro

 

Commentaires de Michel Handfield (4 octobre, 2004)

 

JE, MOI, SOI! Qui suis-je? Mon identité. C’est là un concept récent, fascinant et enrichissant nous apprend ce livre qui en suit l’histoire et en analyse la philosophie et la psychologie. Car on n’est pas devenu Soi sans raison historique ni même politique. Et si on est devenu Soi, c’est que la collectivité a aussi changé au cours des siècles. Qui dit Soi ou Moi dans une société appelle à s’affirmer, d’où un besoin de le dire. Il n’est donc pas surprenant que la démocratie ait suivi l’affirmation individuelle. Mais en même temps il n’est pas surprenant non plus qu’on aie de la difficulté à imposer la démocratie de l’extérieur, car les citoyens ne sont peut être pas rendu là dans leur culture, leur histoire :

 

« Sans accès à l’autonomie individuelle, condition de la démocratie, la modernité se résume à l’électronique et au béton. » (p. 134)

 

C’est ainsi que la démocratie s’impose moins par la technologie – ou les armes - que par l’éducation, car être autonome nécessite un apprentissage personnel et un soutien collectif. Être soi, ce n’est pas qu’un geste individuel, c’est aussi un geste social et politique. Notre identité est en partie redevable à notre environnement et à notre socialisation que ce soit par notre famille et l’éducation, un milieu social, nos nombreux groupes d’appartenances (sport, religion, politique) etc. Le self-made men est davantage folklorique que réel!

 

Mais attention cependant, car pour s’affirmer le JE doit s’opposer à l’autre! Je contre Lui; Je contre Eux: 

 

« Je existe parce qu’un autre est mauvais, parce qu’un autre est vaincu. L’invention de soi, (…), ouvre parallèlement sur un horizon de désarroi, d’implosions individuelles et d’explosions collectives. Car il n’existe rien de plus difficile à canaliser que l’énergie mentale d’affirmation de soi, pourtant de plus en plus indispensable. » (p. 292)

 

Et le Je avec d’autres devient le Nous; Nous contre Eux! Un livre à lire pour essayer de comprendre l’incompréhensible de notre temps. Psychanalyse de notre identité individuelle… et collective. D’intérêt, « je » vous le dis!

 

Quart arrière

 

Comment arrivons-nous à dessiner le cours de notre vie ? Être sujet de son existence – une conquête historique – implique un travail complexe, éprouvant et risqué. Jean-Claude Kaufmann nous ouvre les portes de cette petite fabrique de s'inventer. Où l'on trouve beaucoup de passion créative, mais aussi beaucoup de désarroi, d'implosions individuelles et d'explosions collectives.

 

Délivré des cadres traditionnels, l'individu moderne tombe en panne sitôt qu'il ne croit plus à sa propre histoire : l'analyse, parfaitement documentée, ouvre sur la question de l'identité. Une notion devenue omniprésente sans être jamais clairement définie. Après un bilan critique de l'histoire du concept, Jean-Claude Kaufmann nous propose une théorie, ancrée dans l'actualité la plus vive, qui rend subitement plus intelligible notre horizon brouillé.

 

Une révolution est en passe de changer la face du monde. Comprendre où elle nous entraîne est une urgence vitale : pour le meilleur et pour le pire, nous sommes désormais entrés dans l'âge des identités.

 

Jean-Claude Kaufmann, sociologue, directeur de recherche au CNRS (CERLIS, université Paris 5-Sorbonne) est l'auteur notamment d' Ego pour une sociologie de l'individu, ainsi que de plusieurs livres d'enquêtes, sur le couple ou la vie quotidienne, qui ont connu un large succès, et sont réutilisés ici même comme illustration.

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Le cynique a raison… mais pas Fidel

 

Sloterdjik, Peter, 1987, 2000, Critique de la raison cynique, France : Christian Bourgois éditeur, 670 p.

  Commentaires de Michel Handfield (26 septembre, 2004)

D’abord, c’est un livre qui a du « stock », plus de 600 pages serrés et en petit caractère. Un livre fouillé et intéressant, car le cynisme n’est pas gratuit. Il se fonde sur la connaissance. Cynisme, scepticisme et critique vont de pairs tout au long de ce livre et rien n’est épargné dans ce tour d’horizon. On y regarde aussi bien la sexualité, l’éducation que la politique sous un angle critico-cynique.

Attention cependant, le cynisme n’est pas de montrer le ridicule des choses pour en rire gratuitement; mais bien d’éveiller la conscience en montrant le ridicule ou les liens insoupçonnés entre les choses. Si ça fait rire, tant mieux; mais ce n’est pas un rire gratuit, car il force un travail de réflexion. Le rire n’est pas non plus une obligation, car le cynisme est d’abord une philosophie, ce qu’il ne faut jamais oublier. Voici un exemple de lien que soulève justement le cynisme (dans une section portant sur les seins):

« La publicité et la pornographie sont des cas particuliers du cynisme moderne qui sait que la puissance doit emprunter le chemin passant par les images du désir, et que l’on peut tout à la fois exciter et frustrer les désirs et les rêves des autres pour imposer ses propres intérêts. La politique n’est pas seulement l’art du possible, comme on l’a dit, mais tout autant l’art de la séduction. Celle-là est le côté carotte du pouvoir qui part du principe que premièrement il faut de l’ordre et deuxièmement que le monde veut être trompé. «  (p. 192)

  Ou plus simplement dit en nos propres termes:

 L’homme craque pour des seins siliconés et la promesse d’une réduction des impôts assortie d’une hausse des services même s’il sait que les deux sont faux! Mais c’est tellement plus agréable d’y croire encore une fois!

Un livre plus ou moins facile à lire selon les sujets, mais qui cultive et enrichit le lecteur, car tout y passe : des seins (192); du cul (193); le cynisme religieux (347); Diogène (203); Althusser (126), dont nous avons d’ailleurs parlé dans notre texte sur le film « PRINTEMPS, ÉTÉ, AUTOMNE, HIVER… ET PRINTEMPS » (1) ; la médecine (427) et bien d’autres choses! Le cynisme est un art qui fait réfléchir sur tout… à partir de ce qui est:

«  Comme dans un état fiévreux, le réalisme cyniquement déchaîné dit la vérité en nous donnant des avertissements contre nous-mêmes. » (pp. 661-2)   

Que dire d’autre quand tout est dit dans cette simple citation. En fait c’est un livre mordant dans la réalité avec une dent de cynisme qui plonge au cœur de la raison pour nous en faire voir le côté sombre. Pour terminer voici quelques citations tirés au « hasard » et qui montrent toute la lucidité du cynisme :

« La vieille social-démocratie avait lancé le mot d’ordre « savoir c’est pouvoir » comme une recette pratique et raisonnable. (…) Elle voulait dire qu’il fallait bien apprendre quelque chose de solide pour avoir plus tard une vie meilleure. Une foi petite-bourgeoise dans l’école avait dicté cette maxime. Cette foi est aujourd’hui en décomposition. C’est seulement chez nos jeunes médecins cyniques qu’une trajectoire claire mène des études au confort. Presque tous les autres courent le risque de faire leurs études pour rien. » (pp. 10-1)

« Le « travail » intellectuel – cette seule dénomination est une agression – prétend avoir oublié qu’il est, lui aussi, dans un sens spécifique, travail. Il s’est habitué à ne plus s’interroger sur son rapport avec le travail matériel, manuel et exécutif. » (p. 64)

« Le cul est le plébéien, le démocrate de base et le cosmopolite parmi les parties du corps, en un mot l’organe kunique élémentaire. Il fournit la base matérielle solide. Il est chez lui dans les cabinets de tous les pays. L’internationale des culs est la seule organisation mondiale qui renonce à des statuts, des idéologies et à des cotisations. Sa solidarité est inébranlable. Sans problème, le cul surmonte toutes les frontières, à la différence de la tête, à qui importent beaucoup les frontières et les propriétés. Sans objection, il se met sur cette chaise-ci ou sur cette chaise-là. La différence entre un trône et une chaise de cuisine, un tabouret et un trône sacré n’en impose pas particulièrement à un cul non corrompu. De temps en temps il accepte aussi le sol, la seule chose qu’il n’aime pas c’est de rester debout quand il est fatigué. » (pp. 193-4)  

 « Mais le chemin le plus court pour comprendre le Capital ne passe pas par la lecture du Capital. Il ne faut pas dire avec le malheureux Althusser Lire le Capital, mais : Lire Paris Match, Lire France-Soir, Lire l’Express, Lire Marie-Claire. Là on peut étudier la logique des pseudo-équivalences bien plus clairement et bien plus ouvertement. » (p. 392)

Note :

1. En effet, dans notre texte sur « PRINTEMPS, ÉTÉ, AUTOMNE, HIVER… ET PRINTEMPS », où nous parlions d’un drame passionnel, nous avons fait un parallèle avec ce qu’on dit d’Althusser dans ce livre, car autant le personnage principal de ce film qu’Althusser ont tué leur femme. Meurtre ou suicide? Drôle de question, mais pourtant, dans certains cas, on peut envisager le meurtre comme suicide :

« De même que la psychologie sait que les gens qui se suicident sont au fond les meurtrier d’un autre, de même il y a des meurtriers qui au fond se suicident, en s’anéantissant eux-mêmes dans l’autre. » (Sloterdjik, Peter, 1987, 2000, Critique de la raison cynique, France : Christian Bourgois éditeur, p. 128)

Pour lire le texte sur ce film, voir le vol 6, no 2 (2004) de Societas Criticus sur le site de Bibliothèque et Archives Canada à l’adresse suivante :

http://collection.nlc-bnc.ca/100/201/300/societas_criticus/

Arrière du livre

La Critique de la raison cynique - son occasion : le bicentenaire de la parution de la Critique de la raison pure de Kant - est une critique de notre modernité. Revenu des illusions de notre rationalisme (" la raison c'est la torture "), notre époque est ébranlée par la croyance en l'Aufklärung : la conviction que le mal résulte de l'ignorance et qu'il suffit de savoir pour le guérir. Le cynisme est la réponse à cette désillusion. Il est la forme moderne de la " fausse conscience ". Apparu comme attitude individuelle dès l'antiquité, le cynisme est aujourd'hui un phénomène universel. En regard de ce cynisme moderne comme remède et comme dépassement, l'auteur suggère de redécouvrir les vertus du cynisme antique.(ou, plus exactement, du Kunisme) que pratiquait le philosophe de Sinope : le rire, l'invective, les attaques. Leur redécouverte pourrait renouveler la chance de l'Aufklärung dont le projet le plus intime est de transformer l'être (Sein) par l'être conscient (Bewusstsein).


Paru en Allemagne en 1983, cet essai rencontra alors un succès considérable. La polémique suscitée par les écrits récents de Peter Sloterdijk replace cet ouvrage au centre de la réflexion philosophique contemporaine.

Traduit de l'allemand par Hans Hildenbrand

ISBN : 2-267-00527-1

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Reporters sans frontières, 2004, Cuba, le livre noir, Paris : La découverte

Voir aussi : www.rsf.org

Commentaires de Michel Handfield (26 septembre, 2004)

Cuba, c’est le communisme, mais ce n’est plus le communisme de la gauche bien pensante. C’est davantage un communisme détourné de son véritable sens par un leader qui a mal vieilli et qui devient de plus en plus dictatorial, car la gauche n’a jamais tort :

« Parce que le « peuple de gauche », comme on disait hier encore, a la conviction que le communisme n’est jamais imputable des crimes commis en son nom. Ce sont toujours ses perversions qui en sont responsables. » (p. 6)  

Une certaine gauche conserve même un capital de sympathie automatique pour Cuba, car comme tous le savent, ils sont « victimes » des Etats-Unis : c’est leur blocus qui a occasionné des tensions internes et certaines dérives du communiste castriste! Sauf que lorsqu’on regarde froidement le cas de Cuba, l’on voit que le régime castriste est aussi parti prenante du problème cubain:

« Les exécutions ont beau avoir débuté dans les jours mêmes qui ont suivi la prise de pouvoir de Fidel Castro, comme l’a démontré, sans contestation possible, Jeannine Verdès-Leroux, la chasse à tous les déviants – homosexuels, paresseux, récalcitrants à la morale révolutionnaire – a beau avoir suivi de quelques semaines l’arrivée des « barbudos » dans la capitale cubaine, on nous fait toujours le coup de l’embargo américain, de la pression capitaliste, de la mondialisation assassine pour tenter de justifier ce qui s’appelle une tyrannie. » (p. 7)

 

C’est le propos de ce livre : faire le tour des critiques du castrisme, que ce soit celles de militants des droits de l’homme, d’organisations humanitaires et même d’indépendants. Un recueil de texte fort intéressant pour sortir de la pensée romantique du castrisme.

 Arrière du livre

En mars 2003, alors que le monde a les yeux tournés vers l’Irak, Fidel Castro lance une vague de répression sans précédent : soixante-quinze dissidents — journalistes, militants des droits de l’homme, syndicalistes, bibliothécaires… — sont arrêtés et condamnés à de lourdes peines. Au total, 1 453 années de prison, le plus souvent pour « activités contre l’intégrité et la souveraineté de l’État ». Partout dans le monde, les protestations se multiplient. L’image romantique de la Révolution de 1959, savamment entretenue par La Havane, s’effrite. Les organisations de défense des droits de l’homme, elles, n’en étaient plus dupes depuis longtemps. Leurs rapports, rassemblés ici à l’initiative de « Reporters sans frontières », décrivent l’ampleur de la répression du printemps 2003. Ils reviennent également sur le fonctionnement d’un régime totalitaire où la liberté de l’individu n’a décidément pas sa place. Ce « livre noir » propose également une série de documents de référence pour mieux comprendre la politique répressive du régime castriste, mais aussi la résistance qui s’affirme. En premier lieu, les textes de loi qui servent à justifier l’injustifiable. Ensuite, les principaux manifestes autour desquels la dissidence tente de conduire Cuba vers une transition démocratique. Enfin, une série de portraits de journalistes emprisonnés permet de mettre un visage sur cette société civile trop peu connue et dont Fidel Castro espérait se débarrasser dans l’indifférence. Un livre nécessaire pour tous ceux qui, au-delà des clichés et des passions, cherchent à mieux comprendre la réalité cubaine.

Table des matières:

 Préface, par Robert Ménard - I. Les rapports des ONG - L’intransigeance totalitaire, Commission cubaine pour les droits de l’homme et la réconciliation nationale - « Les droits humains bafoués au nom de la sécurité », Amnesty International - À Cuba, on ne censure plus, on emprisonne, Reporters sans frontières - Coup de filet contre les dissidents cubains, Human Rights Watch - L’arsenal de la « répression ordinaire », Human Rights Watch - Les investissements étrangers : « solidarité ou complicité » ?, Pax Christi Pays-Bas - Les prémices de la tempête de mars 2003, Reporters sans frontières - Le « parcours du combattant » des journalistes étrangers, Reporters sans frontières - Internet sous surveillance, Reporters sans frontières - II. Documents de référence - Au nom de la loi… La « loi 88 », dite « loi bâillon », Amnesty International - « Aucune liberté ne peut être exercée contre les objectifs de l’État socialiste », Extraits de la Constitution - Loi cubaine contre les actes de terrorisme, Extrait du code pénal - « Forger le respect de la légalité socialiste », Extraits du code pénal - « La patrie appartient à tous », Félix Antonio Bonne Carcassés, René Gómez Manzano, Vladimiro Roca Antúnez, Marta Beatriz Roque Cabello, 27 juin 1997 - « Tous unis », Pétition de citoyens, 12 novembre 1999 - Le « projet Varela », Oswaldo Payá Sardiñas, 10 mai 2002 - De Cuba et Luz Cubana : la liberté hors-la-loi, Reporters sans frontières - L’exercice arbitraire du pouvoir face au peuple cubain, Commission interaméricaine des droits de l’homme de l’Organisation des États américains, avril 2002 - Liste partielle des personnes emprisonnées pour des motifs politiques ou socio-politiques, Commission cubaine des droits de l’homme et de la réconciliation nationale, 14 juillet 2003 - Les fiches biographiques des journalistes emprisonnés, Reporters sans frontières - Table.

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Index

 

Nouveaux livres reçus

 

Reçu le 2 décembre 2004 :

 

Harvey, Pierre-Léonard, 2004, La démocratie occulte, Québec : Presses de l’Université Laval

 

Dans une économie qui se mondialise, les acteurs qui sauront tirer leur épingle du jeu seront ceux qui sauront mettre à profit la puissance des technologies de l'information et de la communication (TIC) au service de leur stratégie de développement démocratique et économique. Il en va de la survie de nos démocraties et de la cohésion sociale.


En effet, tous les spécialistes de la communication sont unanimes : depuis septembre 2001 le monde a basculé. La menace de la montée d'une démocratie occulte se précise à mesure que les pratiques autoritaires des puissants exaltent la sécurité d'État au détriment des libertés. Les médias, les réseaux et les sondages d'opinion électroniques sont détournés au profit d'intérêts gardés secrets, mais de plus en plus dénoncés dans la presse. La démocratie occulte n'est pas une nouvelle doctrine politique avec son idéologie et ses institutions. La réalité est beaucoup plus insidieuse et complexe. Sur fond de Sommets mondiaux économiques et de mouvements altermondialistes sans programme, nos institutions démocratiques se voient bafouées et malmenées par les représentants mêmes que nous nommons pour les protéger et les promouvoir.

Voici un ouvrage en forme de diagnostic qui permettra aux différents acteurs sociaux de comprendre la nature vertigineuse des rapports de force dans la société de l'information. La complexité des enjeux s'articule dans des métaphores systémiques qui tracent les contours stratégiques des principales forces en présence dans la société en réseau.


Le lecteur apprendra à faire une lecture approfondie des problématiques communicationnelles et organisationnelles reliées aux médias et aux TIC dans une société qui se transforme en un système social. Il découvrira les discours et les nombreux mécanismes de légitimation qui servent à exproprier le citoyen de ses droits les plus fondamentaux.


Forts d'une approche communicationnelle solide et d'un diagnostic systémique lucide, les acteurs sociaux pourront enrichir leur réflexion stratégique sur la société de l'information, évaluer les actions à prendre pour bâtir une véritable société d'apprentissage pour s'engager et se mobiliser autour d'une démocratie relationnelle et non seulement délégative. Le Sommet mondial de Tunis en 2005 annoncera-t-il l'ère de la doxocratie conviviale ?

Pierre-Léonard Harvey est communauticien, professeur-chercheur au Département des communications de l'Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire de communautique appliquée de la même université. Il est également directeur de l'Axe sur « la télévision interactive et les communautés virtuelles » d'Hexagram (Institut de recherche et création en arts et technologies médiatiques). Ses recherches actuelles portent sur les communautés de pratique et l'épistémologie de la construction des connaissances en réseau. Membre d'un réseau international de chercheurs en intelligence collective et chercheur-associé au réseau Orbicom des Chaires Unesco en communication, il coopère avec la Commission canadienne pour l'UNESCO aux travaux entourant le Sommet de Tunis sur la société de l'information.

 

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Rabkin, Yakov M., 2004, L’opposition juive au sionisme, Québec : Presses de l’Université Laval

 

An extremely interesting and valuable book.
Noam Chomsky, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, MA

Je ne peux que saluer la rédaction d’un ouvrage «non conventionnel» sur des faits trop souvent occultés. À nous d’en tirer les enseignements.
Rabbin Moshé G.Ackermann, Directeur de Nerlitz, Institut francophone d’études juives, Jérusalem

En tant que patriote israélien et en tant que philosophe, je considère qu’il est essentiel d’intégrer le discours de l’antisionisme judaïque dans le débat public sur notre passé, notre présent et notre avenir, un débat dont nous avons grand besoin.
Joseph Agassi, philosophe, Université de Tel-Aviv

Voici un livre capital qui jette un éclairage nouveau sur «l’éternelle question du Moyen-Orient». C’est pourquoi il est à souhaiter qu’il soit lu par le plus grand nombre possible.
Charles Rhéaume, historien, Ministère de la défense nationale, Ottawa

C’est un livre extraordinaire. Je suis très impressionné par la qualité d’historien de l’auteur, par sa brillante analyse d’un corps littéraire complexe et par la lucidité de sa prose.
Gregory Baum, théologien, Université McGill, Montréal

La lecture de cet ouvrage bien documenté est fascinante. Le professeur Rabkin nous a rendu service en soumettant ses thèses a un débat au sein d’une communauté démocratique et pluraliste.
Bjarne Melkevik, juriste, Université Laval, Québec

Il s’agit du premier livre en langue française qui aborde de front ce sujet. La lecture en a été fascinante. Tout lecteur, profane ou averti, qui entre dans l’univers historique de l’auteur sera facilement pris.
Alain Bouchard, sociologue, Université Laval, Québec

L’association des juifs avec l’État d’Israël est facile, presque automatique. «L’État juif» et «l’État hébreu» sont devenus des termes courants. Pourtant, il y a moins de juifs que de chrétiens parmi les partisans inconditionnels d’Israël. Ce livre explique ce paradoxe apparent en mettant en relief l’opposition au nom de la tradition juive qu’attire le sionisme dès ses débuts. Cette opposition met en question la légitimité proprement juive de l’État d’Israël et représente, selon un expert israélien, «un défi bien plus important et dangereux que l’hostilité arabe et palestinienne». Ce livre met donc en lumière les racines de l’opposition juive à l’existence même de l’État d’Israël, phénomène souvent occulté et censuré car il provoque parfois autant de colère que de curiosité.

Yakov M. Rabkin est historien dont les champs d’intérêt incluent l’histoire juive contemporaine et l’histoire des sciences. Outre son cursus universitaire, il a étudié le judaïsme auprès de plusieurs rabbins au Canada, en France et en Israël. Il est souvent invité à commenter la situation dans le monde juif et en Israël dans les médias.

 

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Rouillard, Christian, Montpetit, Éric, Fortier, Isabelle, et Gagnon, Alain-G., 2004, La réingénierie de l’État, Québec : Presses de l’Université Laval

 

Bien que la rhétorique du nouveau gouvernement libéral insiste sur l'idée que la réingénierie de l'État québécois est une question de nature managérielle qui, à ce titre, ne vise que les trois E (efficacité, efficience, économie), toute réforme administrative se traduit par une reconfiguration de l'autonomie et de la capacité étatiques, donc par une redéfinition de la gouvernance. Par-delà les modalités concrètes de mise en oeuvre d'un nouveau cadre de gestion, qui ne saurait réussir sans la complicité des acteurs collectifs de l'administration publique, se pose la question de la redéfinition des relations entre l'État et la société civile. De même, cette ambitieuse révision des structures et des programmes liée à la réingénierie entraîne des conséquences, nombreuses et significatives, quant au fontionnement de la gouvernance québécoise qui repose, entre autres choses, sur la consultationet la délibération. Enfin, dans la mesure où l'exercice contemporain de la citoyenneté ne peut souffrir d'être réduit au seul droit de vote une fois tous les quatre ou cinq ans, le caractère dirigiste de la réingénierie libérale représente une menace réelle pour la démocratie. En ce sens, il y a lieu de se demander si cette réingénierie ne risque pas de se traduire par un appauvrissement, à la fois qualitatif et quantitatif, de la gouvernance québécoise.

Christian Rouillard est professeur agrégé d'administration publique à l'École d'études politiques de l'Université d'Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en gouvernance et gestion publique.

Éric Montpetit est professeur adjoint au Département de science politique de l'Université de Montréal.

Isabelle Fortier est professeure agrégée de management public à l'École nationale d'administration publique (campus de Montréal).

Alain-G. Gagnon est professeur titulaire au Département de science politique de l'Université du Québec à Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes (CREQC).

 

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Reçu le 15 novembre 2004 : Dominique de Villepin, 2004, Le requin et la mouette, France : Plon/Albin Michel

 

 

" Nous voici à ce point crucial où s’entrevoit la possibilité d’une réconciliation entre la puissance et la grâce, entre le ciel et la mer, entre le requin et la mouette, parfaite alliance des contraires célébrée par les philosophes et les poètes. Oui, une nouvelle fraternité est possible. Un sens est possible. Des valeurs existent, qui méritent d’être défendues. Ce livre n’a pas d’autre objet que d’évoquer notre parcours commun pour progresser d’un pas plus sûr dans la voie de demain. " D.V.

 

Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères, est aujourd’hui ministre de l’Intérieur.

 

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Reçu le 15 novembre 2004 : Wolton, Thierry, 2004, Brève psychanalyse de la France, France : Plon

 

Cette brève " psychanalyse " de la France expose avec brio les raisons pour lesquelles notre pays est devenu un nain sur l'échiquier international.

 

Cette situation est la conséquence de soixante ans de mensonges.

 

La France, depuis la Libération, vit sur des mythes fondateurs qui sont devenus obsolètes. A commencer par ceux qu'avait forgés le général de Gaulle : une France résistante, une France ultra-puissante.

 

L'auteur examine les choix politiques, économiques, sociaux et culturels de l'après-guerre. Tous sont aujourd'hui en complet déphasage avec la réalité du monde, et bloquent les volontés de réforme.

 

Ce paradoxe, que l'auteur analyse au scalpel, menace le fragile équilibre de la société française qui avance comme un funambule au-dessus d'une poudrière.

 

 

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Reçu le 29 octobre 2004 : Laurent, Eric, 2004, La face cachée du 11 septembre, Plon  (France)/Transcontinental (Canada)

 

Arrière de couverture :

 

Pour la première fois un livre dévoile les mensonges et les silences officiels qui entourent encore la tragédie du 11 septembre. Un an d'enquête a conduit l'auteur notamment aux Etats-Unis, au Pakistan, à Dubaï, au Qatar, en Israël et jusqu'aux montagnes de Tora Bora, dernier refuge de Bin Laden en Afghanistan.

 

Enquête minutieuse, parfois dangereuse, qui révèle la face cachée du 11 septembre.

 

- Pourquoi Ousama Bin Laden n'est-il toujours pas inculpé par les responsables américains pour les attentats du 11 septembre ?

 

- Pourquoi la CIA qui surveille en permanence les marchés financiers n'a-t-elle pas détecté le plus grand délit d'initiés de l'histoire qui a précédé le 11 septembre ?

 

- Quelle est la véritable identité des pirates de l'air ? Cinq d'entre eux ont usurpé celles de personnes toujours vivantes.

 

- Quel est le rôle exact joué par les services secrets du Pakistan ? Et que penser de l'Arabie Saoudite, de ce royaume dont trois princes ont connu une mort mystérieuse à la suite du 11 septembre ?

 

Les informations recueillies dans ce livre, les faits troublants, les contradictions et les manipulations avérées battent en brèche les vérités admises. La tragédie du 11 septembre n'a pas encore épuisé tous ses secrets

 

Biographie de l'auteur

 

Eric Laurent, grand reporter, spécialiste de politique étrangère, est l'auteur de plusieurs best-sellers, dont La Guerre des Busch et Le Monde secret de Bush (Plon, 2003). Le film qui a été tiré de ces deux livres, Le Monde selon Bush, a connu un très grand succès au cinéma et à la télévision.

 

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Reçu 19 octobre, 2004 : De Tinguy, Anne, 2004, La grande migration. La Russie et les Russes depuis l’ouverture du rideau de fer, Paris : Plon

 

Lorsque le rideau de fer s’ouvre, des populations prisonnières depuis des décennies retrouvent la liberté. Au même moment, l’Empire soviétique s’effondre. C’est le début d’une nouvelle grande migration.

 

(…)

 

Un espace russe et russophone s’étend aujourd’hui de l’ex-URSS à l’Amérique du nord en passant par l’Europe et le Moyen-Orient. Au sein de cet espace, les migrants créent des liens et des réseaux, ils mettent la Russie en contact avec le monde extérieur, ils contribuent à l’intégrer au monde occidental.

 

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Un livre sur un des changements marquants de la fin du XXe siècle par une spécialiste des questions internationales.

 

 

Sur Anne de Tinguy, voir  www.ceri-sciences-po.org/cerifr/cherlist/tinguy.htm

 

 

 

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Index

 

Notes d’écoutes

 

Montréal, on d’jazz

 

Montréal Jazz Club, 2004, AN 2 8831 (CD) : 53m38s

 

Commentaires de Michel Handfield (12 décembre, 2004)

 

D’abord, ce CD est une production d’Analekta et, comme pour l’ensemble de leurs CD de musiques classiques, on voit qu’une attention particulière y fut accordée. Si c’est le début d’une aventure jazz chez Analekta, cela promet.

.

Nous avons reçu ce CD il y a un peu plus d’une semaine et nous l’avons écouté à quelques reprises en écrivant, en lisant, en soupant… et si nous aimions toujours la facture d’ensemble; selon les circonstances, un air, une chanson, ressortait comme un bijou d’un écrin. Je pourrais redire la même chose de Chantale Thibeault, car elle a une très belle voix.  D’ailleurs ma première note lors de ma première écoute fut « Sensualité de la voix; Suave! »

 

            Contenu il y a aussi, car ce CD puise à la fois au répertoire de jazz et au  répertoire de la chanson populaire, en les refaisant en standard de jazz. Et on ne se limite pas qu’au Québec, même si plusieurs des chansons sont d’ici : Reste avec moi (Bonheur d’occasion) de Mouffe/Dompierre; Pas question d’aventure de Dubois; ou Alys en cinémascope de Plamondon/Gauthier pour ne nommer que celles là. Mais il y a aussi du Michel Legrand (La valse des lilas) ou du Joni Mitchell (A case of you)! Un CD qui pourrait très bien faire sur le marché International.

 

Côté musique, celle-ci coule de source.  Cela est vrai pour l’accompagnement, mais aussi pour les instrumentaux. Il y en a 3 qui le ponctuent, dont « Je reviendrai à Montréal » de Charlebois/Thibon. Mais ce n’est pas surprenant vu le calibre des musiciens en présence. Pensons seulement à Benoit Charest à la guitare, compositeur des triplettes de Belleville qui fut nominé aux Oscars, ou à Francis Covan à l’accordéon! Ce dernier « a accompagné, entre tant d’autres, Michel Rivard, Claude Léveillée,  Richard Desjardins et le Cirque du Soleil, de son violon ou de son accordéon, de sa guitare ou de sa mandoline… quand ce n’était pas à la basse ou à la flûte traversière ». (Source : http://www.soufflemuse.qc.ca/mus04/covan.html)

 

Une chance que les juges de la Cour suprême on confirmé que le mot mariage n’est pas réservé à un usage restreint, sinon on aurait perdu un bon CD où  se marient d’excellents musiciens, une interprète, la chanson populaire et des accents jazz! Imaginez s’il avait fallu qu’il en soit autrement : il vous aurait été interdit d’assister à une telle célébration de la musique maintenant et pour toujours. Amen!

 

 

L’occasion est trop belle!

 

            Une particularité de ce CD pour nous, c’est que Chantale Thibeault est une de nos voisines. Nous qui traitons de différents sujets avec un angle social et politique depuis les débuts de ce webzine il y a 6 ans déjà, nous qui ne faisons jamais dans le « mémérage », nous ne pouvions laisser passer l’occasion de parler d’une voisine pour une fois!

 

Alors que certains CD jouent sur l’image de la chanteuse, tel n’est pas le cas ici, au point que dans un magasin de disque on croyait qu’il s’agissait de chanteuses différentes! C’est dire l’étendue de son registre. Mais on aurait aussi pu jouer son image, car elle n’a pas qu’une très belle voix Chantale; c’est aussi une jolie fille. Si! Si!

 

Mais, ce qui est le plus drôle, même si on se parlait à l’occasion, c’est que je ne savais pas qu’elle chantait. En fait je l’ai appris par un pur hasard, alors que j’étais arrêté dans une quincaillerie d’un quartier montréalais autre que le mien en faisant du vélo! En parlant musique et culture avec quelqu’un qui me précédait à la caisse, j’ai appris qu’il était musicien de jazz et quand je lui ai donné ma carte de Societas Criticus il a vu que notre boîte postale était dans St-Michel. Il m’a alors demandé où j’habitais et c’est alors qu’il m’a dit « mais tu reste sur la même rue qu’une excellente chanteuse de jazz, Chantale Thibault ». Avec plus de détails, j’ai pu identifier que c’était une voisine et que je la connaissais, mais pas de nom! C’est aussi là que j’ai appris qu’elle travaillait sur un CD! Un pur hasard comme il en arrive parfois.

 

Alors quand j’ai reçu ce CD de la part d’Analekta, cela m’a fait d’autant plus plaisirs que je pouvais parler de quelqu’un que je connaissais sans la connaître. Je ne pouvais laisser filer une pareille occasion : j’ai une voisine qui est une excellente chanteuse de jazz! A suivre, car nous aimerions en reparler. Espérons que suite à ce CD son aventure se poursuivra sous son nom cette fois. A quand le « premier » Chantale Thibeault? On l’attend déjà.

 

 

Texte officiel (source : http://www.analekta.com/site/cat.f/an_2_8831.html)

 

Une percée d’Analekta du côté du jazz. Sept musiciens, parmi les meilleurs jazzmen de Montréal, sont associés à cet enregistrement, rehaussé de la participation d’un quatuor à cordes et d’une chanteuse à la voix exceptionnelle Chantale Thibeault et aux somptueux arrangements d’Anthony Rozankovic et de Benoît Groulx. Coups de cœurs québécois, français et américains, réinterprétés en version «lounge», à découvrir…

 

Programme musical           

 

[1]        Dompierre: Reste avec moi

[2]        Charlebois: Je reviendrai à Montréal [instrumental]

[3]        Horn: The Rules of the Road

[4]        Dubois: Pas question d’aventure

[5]        Brillant: La nuit est à nous

[6]        Gauthier: Alys en cinémascope

[7]        Ighner: Everything Must Change

[8]        Diane Tell: Gilberto

[9]        Legrand: Chanson de Delphine

[10]     Lavoie: J’ai quitté mon île [instrumental]

[11]     Legrand: La valse des lilas

[12]     MacColl: The First Time (Ever I Saw Your Face)

[13]     Mitchell: A Case of You [instrumental]

 

                                  

Pas question d’aventure? Allons donc…

 

Comment ne pas interpréter comme un clin d’œil goguenard la décision d’inclure sur ce premier CD de la série Montréal Jazz Club une relecture de la superbe chanson «Pas question d’aventure» de Claude Dubois? Si une maison de disques classique, à l’image de marque aussi bien ancrée dans l’esprit du public qu’Analekta, décide de prendre un virage jazz, il est forcément question d’aventure… mais pas de one-night stand!

 

Le réalisateur de l’album, Philippe Dunnigan, ne voit aucune contradiction entre la vocation initiale d’Analekta et cette nouvelle avenue. «Pour nous, Montréal Jazz Club est un projet marqué au sceau de la rigueur et de l’exigence.» Les producteurs n’ont pas lésiné sur les moyens, on le voit bien; d’où la présence sur ces plages de musiciens aussi reconnus et talentueux que le guitariste Benoît Charest, l’accordéoniste Francis Covan, le quatuor à cordes Menasen, le trompettiste Jean-Luc Thibeault,  +

 

Enregistré au studio La Planète, août 2004

 

En primeur chez archambaultzikTéléchargez une pièce boni: «La maison sous les arbres».

 

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Angèle Dubeau & La Pietà – Passion (Analekta, AN 2 8724)

http://www.analekta.com/site/cat.f/an_2_8724.html

Michel Handfield

 

28 octobre, 2004

 

Mercredi dernier, le 20 octobre, j’ai assisté au lancement du dernier CD d’Angèle Dubeau et de ses comparses de La Pieta au Monument National –où ils seront en spectacle les 4 et 5 février  2005. Nous avons eu droit à une très belle prestation de leur part pour présenter ce  21e disque d’Angèle Dubeau – probablement le plus beau nous a-t-on dit. Le p’tit nouveau doit toujours être le plus beau quand on est une passionnée! Mais avec un tel talent, y en a t il vraiment de moins beau? Je ne voudrais pas en être juge. Je plaide tout de suite de mon incompétence technique! Par contre, si on y sent la passion comme en tous les autres - car « La passion ne se calcule pas, elle se partage » comme l’a si bien dit Angèle Dubeau - elle joue avec la passion sur celui-ci. Et violon rime avec émotion!

 

D’ailleurs, quand on ouvre le coffret, ce CD est rouge passion! Le message est clair. Moi qui aime le « punch », c’est d’abord le rythme qui est venu me chercher. Notamment dans « Carmen » et dans la « siete canciones populares espanolas » de Manuel De Falla (pistes 3 à 9) qui mêlent rythme et douceur! Cela donne le ton de l’album, car douceur et rythme font un équilibre qui vient vous chercher différemment selon votre état.

 

Après quelques écoutes, j’ai toujours l’impression que cet album me donne une émotion, un feeling que je n’avais pas à l’écoute précédente et que je n’aurais peut être pas à la suivante, car cela dépend de mon état. Mais ce qu’il me donne de nouveau n’enlève en rien au plaisir que j’ai eu avant, ni à celui que j’aurai après, car la passion c’est comme l’amour; en donner n’en enlève jamais! J’aime.

 

A souligner aussi « Porgy & Bess » réarrangé avec un petit côté jazzy par Vic Vogel, ce qui va bien au violon. Mais ce CD n’est pas que du violon; c’est un ensemble réduit (11 artistes jouant violons, violins, altos violas, violoncelle Cello, contrebasse double bass et piano) qui offre une sonorité orchestrale!  Et on « voit » qu’elles ont du plaisir.

 

Passion, car le violon peut être plaintif ou vigoureux comme la voix (n’a-t-il pas des cordes « vocales »?), mais il peut dire ce que la parole, les mots, ne disent pas : l’émotion et la passion pure!

 

http://www.analekta.com/

 

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Junior Brown, Mixed bag

Gaétan Chênevert

 

mardi, 12 octobre 2004

 

Wow, attachez vos tuques, ça brasse. On y retrouve des morceaux joués à un rythme endiablé et d’autres plus relaxe mais tous excellents.  Ce Junior Brown est un virtuose de la « guit-steel », une guitare à deux manches de sa propre invention et il sait s’en servir.  De plus, sa voix s’apparente à celle d’un baryton, ce qui ne manque pas d’ajouter une touche d’humour à ses chansons. On a qu’à écouter «Cagey Bea (jeux de mots, KGB, russe) pour s’en rendre compte.  Il ne se gêne pas sur son sixième album pour mélanger plusieurs genres qui gravitent autour du country, musique surf, hawaïenne, blues, bluegrass, et même russe ! Ecoutez-le, vous serez surpris.  J’en recommande l’achat immédiat, les yeux fermés. 

 

Étiquette : Curb

Parution : 31 juillet 2001

Style : country

Site internet: Welcome to the Official JuniorBrown.com homepage!

 

 

1. Guitar Man
2.
Ain’t
Gonna Work Today
3. Riverboat Shuffle
4.
Our First Blue Bonnet Spring
5.
Cagey Bea
6.
Runnin’ With The Wind
7. Catfish And Collard Greens
8. Little Town Square
9.
Hard Livin’ Hard
10.
Kansas City Blues
11.
Grow Up America
12. The Chase

 

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Chip Taylor & Carrie Rodriguez, The trouble with humans

Gaétan Chênevert

 

mardi, 12 octobre 2004

 

Je ne suis pas le plus grand fan de country mais il y en a qui ne vous laisse pas indifférent.  Il a été choisi parmi les dix meilleurs albums de l’année  du journal Le Devoir (Sylvain Cormier, Le Devoir CULTURE, mardi 23 décembre 2003, p. B7).  Lui, baroudeur du rock sur le bord de la soixantaine, elle, jeune chanteuse-violoniste du Texas. C’est leur deuxième album ensemble.  On dit que celui-ci est le meilleur. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il est excellent.  On y retrouve à mon avis ce qui se fait de mieux dans l’Amérique profonde.  Un excellent album dans la pure tradition folk, country et blues.  À se procurer tout de suite. 

 

Étiquette: Texas music group 

Numéro de catalogue: TMG-LS 4011

Source d’information : allmusic

 

1.      Don't Speak in English

2.      Memphis, Texas

3.      All the Rain

4.      Curves and Things

5.      The Trouble With Humans

6.      Oh Ireland

7.      Fall

8.      Laredo

9.      Dirty Little Texas Story

10. Confessions

11. I Need a Wall

12. We Come Up Shining

13. [Untitled Hidden Track]

 

Date de parution : 23 septembre 2003

 

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Bob Dylan, Time out of mind

Gaétan Chênevert

 

lundi, 11 octobre 2004

 

Time Out Of Mind a été universellement acclamé par la critique et le public, et a reçu trois Grammys en 1998 :
"album de l'année",
"meilleur album folk contemporain",
et "meilleure voix rock masculine contemporaine"
pour la chanson Cold Irons Bound.

Dylan en dehors du temps.  Il ne se sent pas obligé de suivre les courants à la mode, il écrit et chante ce qu’il aime, du blues et du folk. Le son, les paroles, les airs tout y est.  Du grand Dylan. En plus, avec Daniel Lanois comme producteur, on ne manque pas le bateau.  C’est mon deuxième album de Dylan (avec Love and theft) et on ne se trompe pas.

 

Si le genre vous intéresse, à se procurer sans hésitation.

 

Étiquette: Columbia  La Maison Columbia: Club de Musique

Numéro de catalogue: CK 68556

  1. Love Sick
  2. Dirt Road Blues
  3. Standing In The Doorway
  4. Million Miles
  5. Tryin' To Get To Heaven
  6. Til I Fell In Love With You
  7. Not Dark Yet
  8. Cold Irons Bound
  9. Make You Feel My Love
  10. Can't Wait
  11. Highlands

Enregistrement : janvier 1997

Date de parution: 30 septembre 1997

Durée: 72:52 min

Producteur: Daniel Lanois

Ingénieur: Mark Howard

 

Bob Dylan                 Vocals, Guitar, Harmonica, Piano

Bucky Baxter             Guitar, Pedal Steel Guitar
Brian Blade               Drums
Robert Britt                Guitar, Fender Rhodes
Cyndi Cashdollar      Slide Guitar
Jim Dickensen          Keyboards
Tony Garnier             Bass
Jim Keltner                Drums
David Kemper          Drums
Daniel Lanois                       Guitar, Mando-Guitar
Tony Mangurian        Percussion
Augie Meyers                       Accordion, Organ

Duke Robillard          Guitar
Winston Watson       Drums

 

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Bob Dylan, “Love And Theft”

Gaétan Chênevert

 

lundi, 11 octobre 2004

 

Dylan nous offre sur cet excellent album des chansons à saveur jazz, blues, folk, country et rock n roll.  Un retour aux sources, à ce qui se fait de mieux, il revisite les racines profondes de la musique états-uniennes.  On constate que sa voix, débarrassée de ces accents trop nasillards, est arrivée à un nouveau stade de maturité. Du grand Bob!

Si le genre vous intéresse, à se procurer sans hésitation.

 

Étiquette: Columbia  La Maison Columbia: Club de Musique

Numéro de catalogue: CK 85975

 

1.      Tweedle Dee And Tweedle Dum

2.      Mississippi

3.      Summer Days

4.      Bye And Bye

5.      Lonesome Day Blues

6.      Floater (Too Much To Ask)

7.      Highwater (For Charlie Patton)

8.      Moonlight

9.      Honest With Me

10. Po' Boy

11. Cry Awhile

12. Sugar Baby

 

 

Enregistrement : mai 2001

Date de parution : 11 septembre 2001

Durée :   57:32 minutes

Produit par : Jack Frost

Arrangement : Chris Shaw

 

Bob Dylan                 Vocale, guitare et piano

Larry Camphell         Guitare, violon, banjo et mandoline

Tony Garnier             Basse

David Kemper          Drums

Augie Meyers                       Orgue, accordéon

Clay Meyers              Bongos (piste 1,9

Charlie Sexton          Guitare

 

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Johann Sebastian Bach, Arias & oboe d’amore

Gaétan Chênevert

 

dimanche 10 octobre 2004

 

Superbe disque.  Une musique spirituelle et profonde, à écouter absolument, vous en serez ravi. Une musique qui  porte au recueillement, qui vous pénètre jusqu’au fond de l’âme.  Ce disque procure une sensation d’extase, de paix et de bien-être,.  Elle touche vos cordes les plus sensibles, elle vous amène à rêver, à méditer à entendre la beauté. On connaît Bach pour la musique sacrée et bien il a du signer un pacte avec le divin tellement il s’approche de l’absolue.

 

La voix de Daniel Taylor est magnifique et que dire du hautbois d’amour de Bruce Haynes qui vous berce et vous amène là où la beauté est reine.

 

Album: Arias & oboe d’amore

Artiste: Daniel Taylor : countertenor, Bruce Haynes : oboe d’amore

Compositeur: Johann Sebastian Bach

Étiquette: Atma  ATMA Classique -- Home 

Numéro de catalogue: ACD22158

 

1 Erbarme dich, mein Gott • Passion selon saint Matthieu/ St Matthew Passion, BWV 244/39

2,3,4 Concerto pour hautbois d’amour en la majeur, BWV 1055a

   Allegro / Adagio / Allegro ma non tanto

5 Ach, unaussprechlich ist die NotCantata BWV 165/3

6 Jesu, der aus groβer LiebeCantata BWV 165/3

7 Schäme dich, o Seele, nichtCantata BWV 147/3

8, 9, 10 Concerto pour hautbois d’amour en ré majeur, BWV 1053a

            Allegro / Siciliano / Allegro

11 Qui sedes ad dextram Patris • Messe en si mineur / B-minor Mass, BWV 232i/10

12 Saget, saget mir geschwinde • Oratorio de Pâques / Easter Oratorio, BWV 249/8

 

Scott Metcalfe : violon solo / solo violin

Hélène Plouffe, Olivier Brault : violons / violins

Christine Moran : alto / viola

Susie Napper : violoncelle / cello

Pierre Cartier : contrebasse / double bass

Réjean Poirier : orgue, clavecin / organ, harpsichord

 

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Évadez vous, envolez vous avec Wolfgang Amadeus Mozart!

Gaétan Chênevert

 

 Album: Piano Concertos Nos. 21 & 23, Artiste: Rudolf Serkin, Claudio Abbado, London Symphony Orchestra

 

Compositeur: Wolfgang Amadeus Mozart, Deutsche Grammophon  4100682

 

Vous aimez Mozart ?  Vous aimez le piano et les grands orchestres?  Vous aimeriez vous évader, vous envoler, vous laisser transporter dans un autre monde, un monde remplit de beautés où la musique vous transperce l’esprit et le corps d’un bout à l’autre.  Alors, vous adorerez ce disque.  Comment un être humain peut-il en arriver à composer de la sorte ? Seul le Divin à la réponse. C’est sublime.

 

Et que dire de l’interprétation. Rudolf Serkin au piano est génial, Claudio Abbado dirige d’une main de maître et l’orchestre symphonique de londre est tout à fait remarquable.

 

Concerto pour piano et orchestre no 21 en ut majeur, K.467

1.         Allegro                        15’21

2.         Andante                                    7’55

3.         Allegro vivace assai                   7’00

 

Concerto pour piano et orchestre no 23 en la majeur, K.488

1.         Allegro                                    12’10

2.         Adagio                                      7’45

3.         Allegro assai                                         8’50

 

 

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Lancement du CD de Tomas Jensen & les faux-monnayeurs

Michel Handfield

 

9 septembre, 2004

 

Nous avons assisté hier soir au lancement de Tomas Jensen & les faux-monnayeurs. Tomas est un chanteur impliqué; ça se voit et ça s’entend. Beaucoup de personnes de Green Peace (www.greenpeace.ca) étaient d’ailleurs présentes, car Tomas est le porte voix de cet organisme.

 

Ça s’entend aussi, car des 3 chansons qu’il a faite (Manifeste, Pauvres riches et Rions) lors de ce lancement, les deux premières sont assez claires et engagées! C’est qu’il a des paroles qui ont du sens et de la profondeur le Tomas! Il a de l’énergie aussi. Rions par exemple était joué avec des instruments acoustiques, mais avec une telle énergie que c’était très rock dans le son! De la trompette ça vous rentre dedans autant que la guitare électrique je vous le garantit!

 

En résumé Tomas Jensen est un véritable manieur de mots sur les maux, bref un chanteur engagé dans le sens pur du terme! Et GSI  Musique (www.gsimusique.com) est une maison de disque qui n’a pas peur des gens engagés et qui ont quelque chose à dire (pensons à Yvon Deschamps ou Gilles Vigneault) et c’est tant mieux, car cela donne des artistes qui ont quelque chose à dire, pas juste un refrain à faire! Une belle association.

 

Nous reviendrons plus tard sur ce CD après quelques écoutes, mais en voici les coordonnées :

 

Tomas Jensen & les faux-monnayeurs, GSI Musique, GSIC-898

 

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Écoutez-le,  C’est manifeste!

Michel Handfield (6 octobre, 2004)

 

Tomas Jensen & les faux-monnayeurs, GSI Musique, GSIC-898

 

 

Du rythme, de la poésie et du sens! Un CD qui s’écoute bien; des paroles que l’on peut méditer longtemps. Ça fait un mois que je l’écoute, le réécoute et le ré-réécoute et j’y trouve toujours autant de profondeur dans les paroles et de fraîcheur dans l’ensemble. C’est manifeste! Ça fait un mois que je cherche quoi écrire pour ne pas tout simplement dire : Écoutez-le! Et je ne trouve pas les mots, car quand je mets ce CD je l’écoute. Le temps d’écrire ces quelques lignes, ça fait 2 fois que je l’écoute en entier. C’est tout dire!

 

Les chansons de cet Album sont :

 

1- Manifeste 2- A maldade 3- Rions 4- C'est pas nouveau 5- Pauvres riches 6- Demain j'men vais au diable 7- L'échapper belle 8- Hoy 9- El cogote 10- La cha cha des bourreaux 11- Les abrutis / Le reel des haricots 12- C'est du vent 13- Dales de comer     

 

Beaucoup de matériel se trouve aussi sur le site de Tomas  Jensen. Un site à visiter : http://www.tomasjensen.com/

 

  

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Index

 

Théâtre

 

Le procès de Franz Kafka

http://www.tnm.qc.ca/

 

- I -

La couronne!

(Extraits du document de presse)

 

 

Franz Kafka: Phénomène unique dans l’histoire littéraire mondiale, pour la puissance de son univers romanesque, Franz Kafka (1883-1924) fut aussi un homme d’une singularité totale. Né à Prague dans une famille de commerçants juifs germanisés, alors que la Tchécoslovaquie appartenait encore à l’empire austro-hongrois (1867-1914), il vécut un triple héritage culturel – juif, allemand, slave – qui le troubla profondément. Il rejeta d’abord le judaïsme mou transmis par sa famille pour découvrir, à l’aube de sa trentaine, la littérature yiddish, la Bible, les textes hassidiques et l’hébreu. Il s’intéressa au mouvement sioniste, nourrissant de plus en plus le désir d’aller vivre dans l’une des premières colonies juives de Palestine. Il étudia la littérature russe, en particulier Dostoïevski, les théories des socialistes et des anarchistes, et fréquenta le Club des jeunes où se réunissait l’avant-garde tchèque. Enfin, ses études, qui se déroulèrent entièrement en langue allemande, lui permirent de connaître en profondeur la culture germanique. Mais le fort sentiment qu’il avait d’être différent, dans une ville où l’on ne se mêlait guère (1), n’explique pas tout. Sa relation conflictuelle avec son père, décrit en tyran dans la Lettre au père, alimenta toute sa vie une forte culpabilité, un doute constant sur lui-même, sur sa valeur d’homme et ses qualités d’écrivain. Ce poète génial – dont la vision d’un monde irréel semblant surgi des profondeurs d’une réalité invisible au commun des mortels est si cohérente, réaliste et de ce fait inquiétante –, cet immense écrivain jugea à la fin de sa vie ne pas s’être «racheté par la littérature ». Il détruisit une partie de ses écrits – incluant des pièces de théâtre dont on sait peu de choses – et exigea de son ami, l’écrivain Max Brod, qu’il brûlat ses grands romans inachevés : L’Amérique, Le Procès et Le Château. Ce dernier, qui jouait un peu le rôle d’imprésario pour son ami, dérogea heureusement à ses volontés.

 

MISE EN OEUVRE: pour la première fois, le TNM accueille le cinéaste et metteur en scène François Girard et son complice, le romancier Serge Lamothe (2), qui signe une toute nouvelle adaptation scénique du roman le plus célèbre du génial Franz Kafka. Avec Le Procès, ils nous présentent une oeuvre universelle plus actuelle que jamais. Du roman inachevé publié après la mort de l’auteur par son ami Max Brod, ils ont conservé les multiples avenues l’interprétation, mises en abîme, faux-fuyants et porte-à-faux. Ils ont fait du texte le seul matériau de la mise en scène, en nous faisant entrer dans le roman et en suivant Josef K., dont l’esprit s’encombre, à l’instar de la scène.

 

MISE À MORT: Arrêté dans son lit à cinq heures du matin par deux gardes intraitables, accusé d’un crime qu’il ignore, Josef K., employé de banque modèle et sans histoire, se retrouve au coeur d’une procédure judiciaire implacable. Le tribunal se penche sur son cas, son procès est déjà en branle! K. peut bien argumenter, chercher à comprendre, la Loi s’applique ! En proie à des visions érotiques troubles, à des scènes de torture physique et mentale, trahi par tous, son esprit déraille. Quelle issue autre que la condamnation et la mort peut-il encore espérer ?

 

«TITORELLI Vous avez le choix entre un acquittement réel, un acquittement apparent, une procédure dilatoire ou un report perpétuel… K. Je préfère un acquittement réel. TITORELLI Ça n’existe pas. K. Mais vous venez de dire…

 

TITORELLI Vous ne m’avez pas écouté. J’ai dit que dans les livres de lois, on parle d’acquittement réel. Mais dans la réalité,  « le réel » n’existe pas… Vous comprenez? K. Non, je regrette. J’ai chaud. On crève chez vous.»

 

MISE AU JEU: Cinéaste accompli, dont les films Le Violon rouge, Trente-deux films brefs sur Glenn Gould et Le Dortoir ont accumulé les récompenses internationales, (3) François Girard a aussi connu le succès comme metteur en scène à l’opéra : Oedipus Rex / Symphonie des psaumes d’Igor Stravinski et Jean Cocteau, qu’il a créé à la Canadian Opera Company à Toronto, lui a valu pas moins de huit Dora Theater Awards en 1998 et la mention de la meilleure production de l’année 2002 en Angleterre par le prestigieux quotidien londonien The Guardian. Au théâtre, sa mise en scène de Novecento d’Alessandro Baricco au Théâtre de Quat’Sous en 2001 (présentée, comme Oedipus Rex, au festival d’Edimbourg) a aussi suscité les plus élogieux commentaires. Il allait de soi, pour la directrice artistique du TNM, Lorraine Pintal, d’ouvrir son théâtre à ce grand créateur.

 

MISE AU MONDE: Outre ALEXIS MARTIN, autour de qui tourne toute l’action, le metteur en scène a choisi une distribution de haut calibre formée d’acteurs de composition. PIERRE LEBEAU est tour à tour l’inspecteur, le juge d’instruction et l’avocat Huld, JEAN-LOUIS ROUX joue le directeur de la banque, le directeur du greffe et un accusé, NORMAND CHOUINARD incarne l’oncle Karl, le négociant Block, le peintre Titorelli et le huissier, ISABELLE BLAIS interprète Mademoiselle Bürstner et Leni, VIOLETTE CHAUVEAU Madame Grubach, la blanchisseuse et le fouetteur, MAXIM GAUDETTE Willem, le client, un accusé et STÉPHANE BRULOTTE Franz, Berthold. Un «choeur» de huit personnes – Enrica Boucher, Anne Bryan, Jean Chapleau, Éric R. Loiseau, Georges Molnar, Aurélie Spooren, Yvette Thuot et Xavier J. Wilson – complète la distribution. François Girard est soutenu dans son travail par Élaine Normandeau, assistante à la mise en scène, François Séguin, au décor, Renée April, à la conception des costumes, Marc Parent, aux éclairages, Stéban Sanfaçon, aux accessoires, Nancy Tobin, à la composition sonore et François Cyr, aux maquillages. SOUS LES RAMIFICATIONS LITTÉRAIRES COMPLEXES DE SON OEUVRE, KAFKA DÉCRIT UNE RÉALITÉ UNIVERSELLE QUI NOUS ATTEINT TOUS AU QUOTIDIEN : LE CONFLIT INDIVIDU-SOCIÉTÉ.

 

- II -

Déposition du témoin 

(Michel Handfield, 9 novembre, 2004)

 

Votre honneur, j’ai vu la pièce vendredi en 5 en l’absence de Jean-Louis Roux (qui recevait le soir même le prix du Gouverneur général pour les Arts de la scène), remplacé par Denis Lavalou pour l’occasion, mais cela n’a pas altéré mon jugement.    

 

Kafka est précurseur de « Chicago », dans cette vision cynique de la manipulation judiciaire, et rejoint Socrate en même temps! Car comme Socrate, Josef K a défendu la vérité. Il aurait pu choisir de jouer le système pour se défendre, mais il a choisit la vérité, ce qui aura des conséquences fâcheuses pour lui comme cela en a eu pour Socrate avant lui! (4)

 

Le système est réputé avoir raison par définition et il est difficile de lui résister, car il fonce droit devant même s’il a tort. Au lieu de le reconnaître la machine bureaucratique préfère toujours l’entourloupe à la vérité; sinon ce serait avouer qu’elle est faillible et ce n’est pas dans sa nature! Elle aime mieux jouer avec les citoyens que nous sommes et si nous ne voulons pas jouer avec elle, « la maudite machine » peut devenir très méchante! (5)  Le système est ainsi fait.

 

Si vous croyez au gros bon sens ou au sens commun, voir à la justice et à l’intelligence des représentants de la machine, c’est que vous n’avez rien compris! Le fonctionnaire de service doit être un servile serviteur. Intraitable! Il n’est pas là pour penser, mais pour servir. Quelqu’un d’autre est là pour penser et on en défère toujours à plus haut, c’est la règle :  

 

« Nous ne sommes que des employés subalternes; nous nous connaissons à peine en papiers d’identité et nous n’avons pas autre chose à faire qu’à vous garder dix heures par jour et à toucher notre salaire pour ce travail. C’est tout; cela ne nous empêche pas de savoir que les autorités qui nous emploient enquêtent très minutieusement  sur les motifs de l’arrestation avant de délivrer le mandat. Il n’y a aucune erreur là-dedans. Les autorités que nous représentons – encore ne les connais-je que par les grades inférieurs – ne sont pas de celles qui recherchent les délits de la population, mais de celles qui, comme la loi le dit, sont « attirées », sont mises en jeu par le délit et doivent alors nous expédier, nous autres gardiens. »  (Kafka, 1933, p. 29)

 

Et le brigadier d’enchérir plus tard sur le même sujet que « Ces messieurs que voici et moi, nous ne jouons dans votre affaire qu’un rôle purement accessoire. Nous ne savons même presque rien d’elle. «  (Ibid., p. 36) Mais ils exécutent, car pour une gratification on troque facilement notre bon sens pour notre servitude!  La Boétie dans toute sa splendeur me dis-je! (6)

 

Le piège se referme sur lui et plus il se débat, plus le système l’écrase, car quand la machine  avance, rien ne peut l’arrêter. C’est la marche aveugle du système! Elle s’est autoproclamée infaillible. Si vous ne savez pas de ce dont vous êtes coupable, le système le sait! Et il prend vos propos à témoins, même si c’est à contresens. Bienvenu au royaume des mal cités!

 

On est ici dans l’utilisation de l’absurde et du cynisme comme armes de dénonciation du système bureaucratique qui dit j’ordonne, tu exécutes! Prémonitoire et dénonciateur d’Hitler, de Staline et de tous les porteurs de vérités idéologiques, politiques ou religieuses qui exécuteront ceux qui se disent libres; cela au nom de l’ordre, de la morale et de l’efficacité bien entendue! « Comme un chien! » dit Josef K. au moment final. (Ibid., p, 280) Diogène le cynique, dit le chien, ne renierait pas Kafka votre honneur! Car Kafka, d’un cynisme froid, montre bien que dans le monde réel, la réalité n’existe pas! Elle n’est que point de vue et compromission, discussion et ordres. Elle est ce que le système veut qu’elle soit! Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’existe le révisionnisme d’État votre honneur!

 

***

 

Prémonitoire et précurseur autant dans son interprétation, sa vision et son écriture. D’un modernisme et d’une justesse auquel le XXe siècle lui a donné raison! Et malheureusement le XXIe ne semble pas parti pour changer les choses. Loin de là.

 

Une pièce que j’ai aimé il va s’en dire. Avec une mise en scène simple, originale et efficace. Avec des « in-side » qui font réfléchir le spectateur (7) et des comédiens talentueux, car ce n’est pas une pièce facile. Mais elle  passe bien grâce à leur talent. A voir.

 

Référence :

 

Kafka, 1933, [2004], Le Procès, France : Gallimard/folio classique

 

Notes :

 

1. Les meilleurs amis de Kafka : l’écrivain, bienfaiteur et conseiller Max Brod, l’écrivain Oskar Baum et le philosophe Felix Weltsch. Archives Klaus Wagenbach, Berlin.

 

2. Serge Lamothe a publié quatre romans aux Éditions de l’instant même : La longue portée (1998), La tierce personne (2000), L’ange au berceau (2002) et Les Baldwin (2004).

 

3. Citons, pêle-mêle, huit prix Génies, neuf prix Jutra et l’Oscar de la meilleure musique au Violon rouge, quatre prix Génies et des prix dans les festivals de Lisbonne, de Sao Paulo et de Bologne pour Trente-deux films brefs sur Glenn Gould et seize récompenses pour Le Dortoir. Oedipus Rex et Novecento ont tous deux remporté le prix de la meilleure production du Festival d’Edimbourg. Le cinéaste a aussi remporté le Grammy Award du meilleur film musical pour Peter Gabriel’s Secret World en 1995.

 

4. A ce sujet les hypothèses soulevées par Gérald Messadié dans Madame Socrate (2000, France: JC Lattès) sont forts intéressantes en ce sens que Socrate, accusé injustement, aurait pu jouer le système par son éloquence, mais en s’attachant à la vérité, il s’est condamné!

 

5. Clin d’œil au titre d’une chanson de Pierre Flynn « La maudite machine » chanté originalement par le groupe Octobre (1973) et reprise par Luck MervilLa maudite machinebeaucoup plus récemment.

 

6. La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.

 

7. Par exemple la pièce nous fait bien sentir que rien ne se décide au tribunal, mais dans les coulisses, car la machine n’aime pas l’aléatoire et discute en coulisse des compromis que ses bras (législatif, juridique et exécutif) avaliseront par la suite. La cour n’est que théâtre et le théâtre, vérité! « Car dans la réalité,  « le réel » n’existe pas… » tel que le dit si bien TITORELLI  à Josef K. (cité du document de presse)

 

Hyperliens :  

 

Collège Édouard-Montpeti t/ Kafka :

 

http://www.collegeem.qc.ca/cemdept/francais/litnet/Gr1010/00479889/biographie.htm

 

Magazine littéraire/ Kafka le Pragois :

 

http://www.magazine-litteraire.com/archives/ar_415.htm

 

Encyclopédie de l’Agora / Kafka :

 

http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Franz_Kafka

 

Erudit.org / Revue philosophiques / Kafka et Brentano (philo) :

 

http://www.erudit.org/revue/philoso/1999/v26/n2/004986ar.html

 

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Index

 

Les Films

 

SEX IS COMEDY (v.o.fr.s.t.ang)  (95 min)

Sortie exclusive au cinéma du Parc: 31 décembre 2004

 

Réalisatrice:  Catherine Breillat

 

Mettant en vedette: 

Anne Parillaud        : Jeanne

Grégoire Colin : The Actor

Roxane Mesquida: The Actress

Ashley Wanninger: Leo, le premier assistant

 Et autres…

 

Les relations d’une réalisatrice, Anne Parillaud, avec deux acteurs qu’elle dirige pour obtenir le meilleur d’eux même dans une scène de sexe vraiment difficile.

 

The relationship of a director, who happens to be Anne Parillaud, with two actors she’s directing, trying to get the most out of them for a very difficult scene, a sex scene.

 

Commentaires de Michel Handfield (26 décembre, 2004)

 

Un film sur le processus de création et les émotions qui se passe lors du tournage d’un film qui a lui même un fort contenu émotionnel, notamment dans une scène de sexe, car on n’est pas sur un plateau de tournage d’un film XXX, mais bien d’un film d’auteure!  

 

Un film sur la conduite des acteurs qui ont aussi leurs questionnements et qui doivent faire comme dans la vie malgré les conditions anormales d’un tournage: comme être sur la plage, en costume de bain, alors qu’on est presque en hiver (les machinistes ont tuques et manteaux d’hiver), car la plage est déserte à cette période, donc idéale pour tourner!

 

Un film sur les relations humaines, les chocs, entre tous ces créateurs que sont les cinéastes, les acteurs et tous les autres artisans qui font que le cinéma est ce qu’il est, car sans leur pleine mesure la meilleure idée pourrait n’être que le prochain navet de nos écrans! Et ce n’est surtout pas le cas ici! Ce film mériterait même une distribution plus large selon moi. 

 

Un film humain, psychologique, sur les ego qui doivent travailler ensemble malgré leurs différents, voir leurs atomes qui se répulsent joyeusement, car le casting a décidé qu’ils formaient « le couple » parfait pour cette histoire! Et la réalisatrice qui les a choisi doit en faire son parti par la suite et, surtout, en tirer le max! Elle doit donc jouer de l’émotion sur l’ego comme la violoncelliste joue parfois sur la corde raide de son instrument, car les acteurs sont l’instrument par lesquels passent les émotions qu’elle veut faire passer au spectateur… Ils le savent et peuvent en abuser pour faire leurs chantages, leur trip de Pouvoir!

 

Un film qui, de la position privilégiée de voyeur dans laquelle il nous place, apporte bien des inputs sur les différences homme/femme dans la séduction, l’amour, le contrôle et le Pouvoir.

 

Un film qui révèle la contradiction entre le désir et la dignité, car pour satisfaire son désir, il faut aussi montrer sa vulnérabilité en faisant  fi de sa dignité. L’acteur(e) désire jouer cette scène de sexe avec l’autre tant que ce n’est que prospectif. C’est même ce qui lui a probablement fait dire oui à ce rôle quand il/elle a lu le scénario. Il y a là un désir inavoué. Mais une fois rendu, l’un et l’autre doivent dépasser leur pudeur, leur dignité, leurs différents et devenir vulnérables du jeu, de leurs personnages et de l’autre! Et cette vulnérabilité on la refuse, alors on ne voudrait surtout plus jouer cette scène qui nous a pourtant fait craquer pour le film. Mais cette scène, c’est le film. On plonge ou on risque de détruire l’œuvre? Et la réalisatrice, dont c’est l’œuvre, nous y pousse! C’est son rôle. Le « triangle amoureux » (car la réalisatrice est toujours « amoureuses » de ses instruments) est ici transformé en triangle créatif pour le bien supérieur de l’art avec toutes les émotions que l’on peut imaginer!     

 

Bref, c’est un film très intéressant qui mêle langage crû et pensée philosophique, à la fois direct et subtil, violent et nuancé comme une toile peut l’être; comme le processus de la création l’est ! Un film très philosophique, dont le texte mériterait d’être publié, car il est profond à plus d’une occasion. Un film à voir et, surtout, à écouter!

 

Hyperliens

 

http://www.odeonfilms.com/

http://www.flachfilm.com/film.php?lang=fr&id_film=1

 

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ACAPULCO GOLD

D’ANDRÉ FORCIER

 

Film d’espoir sur la mort à EX-CENTRIS.

86 minutes

 

Du 26 novembre au 16 décembre

 

Montréal, le mardi 9 novembre 2004 - Dès le 26 novembre, André Forcier nous revient après six ans d’absence pour livrer son tout dernier opus, où il agit à titre de scénariste-réalisateur-producteur et distributeur. Avec Acapulco Gold, Forcier nous plonge dans un univers empreint de fantaisie, de poésie et d’humour. Avis aux curieux et aux intéressés, le documentaire côtoie librement la fiction dans ce dernier long-métrage.

 

Acapulco Gold s’inspire d’un fait vécu.  En 1991, Michel Maillot s’est lié d’amitié avec un homme qui s’est présenté à lui sous le nom du Colonel Éternel.  Toutefois, Maillot en a déduit qu’il était plutôt devant un Elvis Presley vieilli. Forcier a consulté deux experts qui, preuve à l’appui, une photo autographiée et donné à Maillot  en 1991,  nous démontrent par a + b que le Colonel Éternel et Elvis Presley sont la même personne.

 

Commentaires de Michel Handfield (24 novembre, 2004)

 

On est face à un film très, très spécial. On n’est pas trop sûr si André Forcier croit à cette histoire ou en rie quand il écrit: « Inspiré librement d’une réelle rencontre entre Michel, Julie Maillot et Elvis Presley à Acapulco en 1991. »  

 

Qu’il y croit ou non, moi je n’y crois pas, mais cela n’en fait pas moins un film intéressant, car on y passe les mythes modernes avec humour, que ce soit le nouvel âge ou Elvis! Et Dieu créa Elvis, à moins que ce ne soit les extra-terrestres!

 

Acapulco gold : a particularly potent variety of marijuana (1) Serait-ce l’explication de ce film?

 

Note:

 

1. Source: The free dictionary.com (http://www.thefreedictionary.com/) a l’entrée Accapulco Gold (http://www.thefreedictionary.com/Acapulco%20gold).

 

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Primer

Shane Carruth (USA, 2004) 78 min. v.o. anglaise.

Shane Carruth, David Sullivan, Casey Gooden

 

À l’affiche du Cinéma du Parc dès le 26 novembre.

 

Montréal, 10 novembre 2004 – Des projections de presse de Primer de Shane Carruth auront lieu jeudi le 18 novembre et lundi le 22 novembre à 10 heures au Cinéma du Parc.

 

Primer – Gagnant du Grand Prix de Sundance 2004, Primer est un thriller intrigant, tordu et savamment déconstruit qui avance un nouveau langage cinématographique. Deux jeunes ingénieurs intelligent et ambitieux ayant tout réussi dans leurs vies travaillent dans leur temps libre sur un projet personnel dans leur garage. La machine, qui devait réduire la masse des objets placés à l’intérieur, possède en fait une capacité insoupçonnée : celle de permettre de voyager dans le temps. Une machine lourde de conséquences, pour la nature humaine comme pour la science. Un croisement entre PI et Memento

 

Commentaires de Michel Handfield (24 novembre, 2004)

 

Parfois je prends beaucoup de notes sur mon Palm durant une projection de film. je n’en ai pris qu’une :

 

Trash Science-Fi!

 

Les amateurs du genre comprendront, les autres pourront aller le découvrir s’ils ont le goût du risque!

 

 

Hyperlien:

 

http://primermovie.com/

 

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Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes
de Roger Boire

Sortie le 5 novembre 2004

 

Montréal, 25 octobre 2004 — Premier long métrage de fiction de Roger Boire, Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes, sera d’abord présenté en première mondiale au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue le dimanche 31 octobre, avant de prendre l’affiche à Montréal le 5 novembre.
 
Sous le choc d’une séparation, Louis (Pier Noli) décide de questionner ses relations avec son exe, Isabelle (Christine Foley), et avec les autres femmes de sa vie.  Le pire, c’est qu’elles veulent toutes rester ses amies!  Ses copains et collègues lui disent qu’il est trop gentil, qu’il n’est pas normal.  Robert (Luc Lopez), un ami musicien, lui propose d’entreprendre un petit programme d’exercice : « Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes ». En parallèle, Louis essaie de faire avancer ses projets musicaux.
 
Après des études en philosophie à l’UQAM et en cinéma au London Film School, Roger Boire a commencé sa carrière à l’ONF comme monteur, tout en produisant et en réalisant des courts métrages indépendants, notamment Un gars ben chanceux (1977) et Le pied tendre, en nomination aux Prix Génie 1989.  On lui doit aussi le long métrage de docu-fiction La beauté, fatale et féroce (1997).
 
Il résume ainsi sa démarche sur le film Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes : « En travaillant avec les comédiens et en faisant moi-même la caméra, je me suis appliqué à rester toujours collé sur l’émotion. Décors toujours naturels, éclairage réaliste. Surtout ne pas enjoliver et ne pas enrober de sucre comme la télé et le cinéma le font continuellement. Les personnages et ce qu’ils vivent, c’est tout ce qui compte. »
 
Produit par L’Oeil Fou et distribué par K-Films Amérique, Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes sera présenté à compter du 5 novembre dans plusieurs salles à Montréal et dans ses environs.
 
Commentaires de Michel Handfield (5 novembre, 2004)

 

D’abord, dans sa facture, tourné en Mini DV avec quelques images floues, ce film a un petit côté réaliste comme si un ami avait suivit les personnages avec sa webcam!  Ça a un petit côté anthropologique, histoire de vie, réalité!

 

Ce film a aussi un côté psychosocial, car il est centré sur les problèmes de couple – pourquoi ça fonctionne? Pourquoi ça fonctionne plus? – et de soi – Qu’est-ce que j’ai? Qu’est-ce que je n’ai pas? – pris de l’angle masculin, de celui qui est laissé à répétition par ses ex qui restent toutes amies avec lui. Mais il est tellement tendre, une vraie « doudou » qui ne se choque pas et se révolte encore moins. Quel défi offre-t-il pour une femme? Car une femme, pour t’aimer, « a besoin de t’haïr un peu », de vouloir te changer! Comme lui dit une de ses amies « T’est pas normal, tous les gars font brailler leurs blonde ».

 

Il veut comprendre. Il est donc en quête de « savoirs » auprès de ses amis et de ses ex pour comprendre sa relation aux femmes et les femmes, car comment se fait il qu’elles restent toutes ses amies une fois qu’elles l’ont quitté? Un de ses amis lui prépare même une série d’exercices à faire qui feront leur effet. Il y a de l’humour dans l’air!

 

Ce gars est différent et c’est ce qui fait le charme de ce film, sinon ça aurait été une simple chronique du temps présent. Et c’est justement cette différence qui fait en sorte qu’il nous touche, car il vient chercher nos émotions de par sa naïveté et ses maladresses. Mais il nous fait aussi rire par ses comportements, car faire une introspection sur soi et vouloir changer en même temps ne peux que susciter des comportements atypiques qui surprennent tant ses amis que le spectateurs! Rafraîchissant et humoristique.   

 

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MOTORCYCLE DIARIES  /  CARNETS DE VOYAGE

Sortie en salles :  1 OCTOBRE  2004

 

Réalisateur:  WALTER SALLES

Mettant en vedette:  GAEL GARCIA BERNAL, RODRIGO DE LA SERNA

 

En 1952, deux jeunes Argentins, Che Guevara et Alberto Granado, partent à la découverte de l'Amérique latine. Ils débutent leur périple sur une vieille moto baptisée "La Puissante". La confrontation avec la réalité sociale et politique des différents pays visités altère la perception que les deux amis ont du continent. Cette expérience éveillera de nouvelles vocations associées à un désir de justice sociale.  Le film est basé sur les mémoires de Che Guevara, leader de la révolution cubaine.

 

“The Motorcycle Diaries" is based on the journals of Che Guevara, leader of the Cuban Revolution. In his memoirs, Guevara recounts adventures he, and best friend Alberto Granado, had while crossing South America by motorcycle in the early 1950s.

 

Commentaires de Michel Handfield (1er octobre, 2004)

 

Dans nos textes du FFM, nous avions parlé du documentaire TRAVELLING WITH CHE GUEVARA fait autour de ce film. Nous avions apprécié et attendions avec impatience le film. Nous ne sommes pas déçu. De toute beauté au deux sens du terme : les paysage et l’humanisme, car Che Guevara était un humaniste pur, romantique, et ses concitoyens le lui rendait bien.

 

Ce film offre une bonne dose d’humour grâce à  Alberto Granado, qui était un peu plus âgé, moins romantique, mais non moins humaniste que son célèbre ami. Ces comparses se complétaient bien et il en ressort un film très vivant!

 

On constate aussi que les questions  de la propriété de la terre, des conditions de travail et les questions environnementales dans l’exploitation des ressources en Amérique latine sont toujours là. C’est sur cette injustice que se fondait la pensée de gauche; sur le désir de changer les choses,  Mais la plupart de ces idéalistes sont devenues à leur tour des exploiteurs – ou des dictateurs – pour leur peuple, les tenants souvent dans l’ignorance de ce qui se passe ailleurs et contrôlant l’information et la liberté d’expression sur leur territoire. On peut alors se demander si l’honnêteté, l’idéaliste et l’humanisme de Che Guevara aurait résisté à l’épreuve du temps et de l’appât du gain et du Pouvoir?  Nous n’aurons jamais la réponse bien sûr, car il est décédé encore idéaliste, en 1967, avec l’aide de la CIA. C’est ce qui a construit son mythe et celui-ci constitue un phare pour tous les autres qui veulent changer le monde. Devrait-on  remercier la CIA d’avoir créer le héro à partir de l’idéaliste? Car les idéalistes tombent parfois dans l’oubli, mais les héros ne peuvent que grandir avec le temps!

 

Post-Scriptum :

 

            Sur ces questions du héro, des valeurs humaines et du communautarisme en opposition aux valeurs commerciales et individuelles, il est intéressant de lire John Saul qui plonge au cœur de ces questions fondamentales dans On equilibrium, Canada: Penguin book, 2001 (2002),

 

            Sur ce voyage en particulier, lire Guevara, Ernsto Che, 2001, Voyage à motocyclette Latinoamericana, Mille et une nuits

 

Hyperliens :

 

http://www.motorcyclediaries.net/

 

http://www.che-lives.com/

 

http://www.time.com/time/time100/heroes/profile/guevara01.html

 

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Les Aimants

Une première réalisation d’Yves  Pelletier

À l’affiche dès le 1er octobre

 

Montréal, le 8 septembre 2004Les Aimants, écrit et réalisé par Yves Pelletier, prendra l’affiche sur les écrans du Québec le 1 octobre prochain.  Produit par Nicole Robert et Gabriel Pelletier de Go Films et distribué par Vivafilm, cette comédie romantique met en vedette Isabelle Blais, Sylvie Moreau, Stéphane Gagnon et Emmanuel Bilodeau.

 

Écrit et réalisé par Yves Pelletier, Les Aimants nous entraînera dans un chassé-croisé amoureux, un marivaudage romantique. Julie (Isabelle Blais), une jeune célibataire naïve et idéaliste, est contrainte de remplacer Jeanne (Sylvie Moreau), sa sœur infidèle, dans l’appartement que cette dernière partage avec Noël (David Savard), son fiancé. À cause d’un horaire de travail incompatible, Jeanne et Noël ne se voient plus et communiquent par messages sous les aimants du frigo. À leur insu, Julie en change le contenu pour raviver leur amour défaillant. Mais sera prise qui croyait prendre car au jeu de l’amour et de la vérité, l’illusion est trompeuse et l’amour triomphe toujours.

 

Membres du célèbre groupe Rock et Belles Oreilles, Yves Pelletier ajoute ainsi la réalisation cinématographique à ses expériences professionnelles. Que ce soit à la radio, où le groupe a fait plus de 400 émissions, en spectacles ou à la télévision où Rock et Belles Oreilles sévit de nombreuses années sur les ondes de Télévision Quatre Saisons, Radio-Canada et TVA, le comédien a toujours su rester bien présent dans l'esprit et l'affection du public. Après la fin des aventures du célèbre groupe Rock et Belles Oreilles (pour lequel il se mérita 19 Gémeaux, 12 Félix et deux Disque d’Or), Yves Pelletier redouble d'ardeur pour être présent sur toutes les scènes où il fut chroniqueur, scénariste, interprète et humoriste. Nous avons pu apprécier son talent autant à la télévision qu’au cinéma, où il a interprété le rôle de Vlad dans la comédie vampiresque de Gabriel Pelletier Karmina et K2 en plus d’en signer le scénario en collaboration avec ce dernier. On l’a vu récemment dans Camping Sauvage de Guy A. Lepage. Avec ce premier film, Yves Pelletier nous révèle son côté romantique.

 

Les principaux interprètes du film sont Isabelle Blais (Québec-Montréal pour lequel elle a remporté le Jutra de la meilleure actrice de soutien) ; Sylvie  Moreau (Camping Sauvage, Dans une Galaxie près de chez-vous) ; Stéphane Gagnon (Asbestos, Rumeurs), Emmanuel Bilodeau (Camping Sauvage) ; David Savard (Nuit de noces) ; Geneviève Laroche (Annie et ses hommes) ; Josée Deschênes (La Petite Vie, L’Auberge du chien noir) et Isabelle Cyr (Karmina) ; avec la collaboration spéciale de Guy A. Lepage et André Ducharme.

              

La musique signée Carl Bastien et Dumas met en duo pour la première fois Isabelle Blais et Dumas qui unissent leurs voix pour les deux chansons thèmes (Doux désir et Tu m’aimes ou tu mens).  La bande originale sera disponible en magasins dès le 28 septembre.

 

Les Aimants a été produit avec la participation financière de TÉLÉFILM Canada, SODEC-Société de développement des entreprises culturelles-Québec, Programme de crédit d’impôt cinéma et télévision – Gestion SODEC, TQS, Radio-Nord, Programme de crédits d’impôts pour un film ou un vidéo canadien.

 

Produit par Go Films et distribué par Vivafilm, Les Aimants prendra l’affiche le 1er octobre 2004 partout au Québec.

 

Commentaires de Michel Handfield (1er octobre, 2004)

 

Une comédie intéressante qui mêle histoire et temps présent; fantaisie et réalisme; rêve et cynisme; frivolité et lucidité! On joue ici entre le rationnel et le nouvel âge, le Moi et l’autre. D’une légère ironie sur la communication… à l’ère de la techno, car les aimants sur le frigo font autant que le cellulaire, sinon plus, car ils ont un petit quelque chose de romantique que le cellulaire n’a pas même avec la messagerie texte!

 

Un film sur la communication au siècle où l’on se demande si l’on communique vraiment ou si l’on fait juste écouter son Moi… sur différents modes. (1) Du divertissement intelligent.   

 

Note :

 

1. Pour ceux qui veulent aller plus loin sur cette question du Moi, de l’identité et du rapport à l’autre, nous vous recommandons un excellent livre sur le sujet dont nous venons de terminer la lecture, soit :

 

Kaufmann, Jean-Claude, 2004, L’invention de soi. Une théorie de l’identité, France : Armand Colin

 

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SILENT WATERS

 

Lauréat du Léopard d’or

 

En salles le 17 septembre au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) et au AMC Forum

 

Silent Waters (Khamosh Pani ), le premier film de la réalisatrice pakistanaise Sabiha Sumar, se penche sur l’impact de la religion, de la politique et d’une société patriarcale sur les femmes de sa culture. L’attention s’est portée sur le film lorsqu’il a remporté le Léopard d’or au Festival du film de Locarno 2003, s’imposant devant des œuvres de cinéastes bien établis.

 

Nous sommes en 1979, dans un village agricole au Pendjab pakistanais. Ayesha, une veuve musulmane, a concentré sa vie et ses espoirs sur son fils adolescent, Saleem. « Mon  Saleem était spécial depuis sa naissance », affirme-t-elle. Mais, lorsque Saleem se met à fréquenter un groupe de fondamentalistes musulmans au moment de l’arrivée d’un groupe de pèlerins Sikhs au village, le passé d’Ayesha refait brusquement surface pour bouleverser sa vie.

 

Le film repose sur des événements réels qui se sont passés au moment de la partition du sous-continent indien, en 1947, en deux états : l’Inde et le Pakistan. Au Pendjab, avant la partition, musulmans et sikhs cohabitaient. Durant la partition, des groupes religieux ont pris les armes l’un contre l’autre. Chacun dévalisait la propriété de l’autre, y compris les femmes, les hommes musulmans enlevant des femmes Sikhs, et vice-versa. Les femmes étaient violées, achetées, vendues et parfois assassinées. Certaines ont fini par épouser leur ravisseur.

 

Du point de vue des femmes, les dangers provenaient des deux côtés. Leurs pères, frères ou maris les forçaient à se suicider pour préserver leur chasteté et protéger l’honneur de la  communauté. (Rien n’est plus déshonorant pour l'ennemi que de déshonorer les femmes.)

 

Il est ironique de constater que les femmes avaient une meilleure chance de survie en  présence d’étrangers qui s’intéressaient moins à les tuer qu’à déshonorer la communauté.

 

Le nombre estimatif de femmes enlevées est de 50 000 pour les femmes musulmanes d’Inde et de 33 000 pour les femmes hindoues et Sikhs au Pakistan. Il est à craindre que les chiffres réels soient beaucoup plus élevés.

 

Le scénario est écrit par Paromita Vohra, d’après une histoire de Sabiha Sumar. Interprètes : l’actrice bien connue Kirron Kher (Devdas) et le nouveau Aamir Malik.

 

 

 

Silent Waters (Khamosh Pani) est distribué au Canada par Mongrel Media.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (17 septembre, 2004)

 

Il s’agit d’abord d’un beau film, d’un bon film, car il est lumineux malgré la gravité du sujet : la grande noirceur de la folie religieuse et le rejet des autres croyances.

 

Ce film nous fait découvrir tout le contraste entre ceux qui se perçoivent comme ayant la vérité, les islamistes (ce qui deviendra le cas de Saleem); ceux qui veulent d’abord être des citoyens,  libres des dogmatismes (comme la petite amie de Saleem); et les humanistes qui voient la bonté peu importe l’appartenance religieuse (comme Ayesha la mère de Saleem). Ce film nous montre que le fondamentalisme n’est ni inné, ni appris, car si c’était le cas Saleem serait probablement humaniste comme sa mère. Cependant, certains sont peut être plus disposés que d’autres à l’enrégimentement, question de personnalité ou de psychologie probablement.

 

 Des  idéologues charismatiques peuvent facilement manipuler ces gens plus sensibles avec les bonnes techniques, des demi vérités et des préjugés bien choisis, peu importe qu’ils soient musulmans ou de toutes autres croyances religieuses ou sectaires. (1). Après maintes répétitions leur discours devient vérité, car la Foi rend aveugle et sourd. Si le groupe prend de l’ampleur, peu importe qu’il soit religieux ou politique, il attirera de plus en plus de fidèles et verra sa crédibilité s’accroître par la force du nombre, même si crédibilité et vérité ne vont pas de pairs. Dans certains cas, ce groupe pourra même s’accaparer du Pouvoir, ce qui le justifiera en soi et face aux autres. Le fascisme en est un bon exemple.

 

Ce mélange de Politique et de religion est très dangereux, car cela crée un pouvoir de domination particulièrement puissant sur le peuple. Comment aller contre la volonté divine, surtout si elle est incarnée par des leaders politiques ou la constitution du pays? Il devient facile pour ces leaders charismatiques d’utiliser Dieu à leur profit! C’est le cas chez ces fondamentalistes musulmans. La question est claire : Tu es avec nous ou contre nous disent-ils à Saleem! Il n’y a pas de place au doute, ni à l’humanisme, des faiblesses de la foi (les valeurs de la mère Saleem) selon ces ultraconservateurs. J’y voyais justement un parallèle avec un autre leader, un fondamentaliste chrétien celui là,  qui a eu ces mêmes mots,  « you are with us or against us! », il n’y a pas si longtemps.  Pensons au nazisme aussi, qui pouvait justifier sa haine du Juif par le fait qu’ils ont crucifiés le Christ, fils unique de Dieu! Et que dire du  sionisme, qui mêle politique et judaïsme justement.

 

Il est difficile de raisonner quand on parle à quelqu’un qui se dit directement inspiré de Dieu! Il y a danger quand la religion n’est plus une affaire personnelle, mais une affaire de politique, de loi et d’ethnie. Elle devient une idéologie qui rend aveugle et sourd à tout sens commun, civique et humaniste, car si Dieu me demande de tuer l’autre, l’infidèle, qui suis-je pour m’y opposer? Un film éclairant sur la montée des fondamentalismes et la grande noirceur religieuse, pris sous l’angle musulman ici, mais qui pourrait être pris sous l’angle de n’importe quel fondamentalisme religieux, car ils relèvent tous des mêmes préceptes de vérité indiscutable, de refus de tout dialogue, de déni de l’autre et de ce qui est différent! Un film qui me faire dire qu’on devrait faire la même chose avec les religions qu’avec les cigarettes : coller un avis « Attention, le danger croît avec l’usage » sur les portes des temples et les livres religieux!

 

Note :

 

1. On l’a vu au Québec et en Suisse avec l’affaire du temple solaire. Voir le lien suivant : http://www.religion.qc.ca/Fiches/fiche167.htm

 

Hyperliens :

 

Info-secte : http://www.infosecte.org/

 

http://www.prevensectes.com/sciento.htm

 

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