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Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
www.homestead.com/societascriticus
Vol. 7 no. 4
(fermeture des textes : 6 décembre 2005)
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel
Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser
autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
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Frilosité politique face à un projet novateur : le cas de
Camping Montréal
Le Journal/Fil de presse : Pour un changement culturel avec un nouveau
contrat social; UNE COALITION MONDIALE D’ONG DEMANDE UNE REGULATION PLUS
IMPORTANTE DES ENTREPRISES MULTINATIONALES;
Commentaires livresques :
Sous la jaquette!
Pour saisir notre monde! (L’État du monde CD-ROM)
Dèmokratia! Ou essai autour d’un livre (la démocratie occulte!)
Pourquoi chercher des histoires inventées… (Toute l'histoire du monde de la
préhistoire à nos jours)
Nouveaux livres reçus : La démocratie :
histoire des idées; L'Islam et la Raison; La société de la peur;
Spectacles/Arts/Musiques : Sorties d’octobre chez
Analekta : I Musici de Montréal/ Yuli Turovsky; Claude Lamothe; Similia; Dans les jardins de Richard!; Parle-moi, Chloé
Sainte-Marie; Lancement de programmation Analekta;
THE WILD PARROTS OF TELEGRAPH HILL
Le Festival
International de Films de Montréal (FIFM)
Le Festival du
Nouveau Cinéma : Un Festival qui a du Chien!
L’enfant (Film
d’ouverture du FNC)
Bombon, el perro (Bombon, le
Chien)
FIFM: BILAN
ET PROPOSITION GAGNANTE POUR L’AVENIR
Un 34e FNC merveilleusement
réussi…
« Et si on s’accordait une trêve! » (Roger Frappier Denise Robert Yves Jacques)
La Vie en rose hors-série 2005
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3 décembre 2005
La faim, la violence, la pauvreté sont des maux
que l’on voudrait voir éradiquer de la Terre. Donner de l’argent y fait, mais
ne fait pas tout, car souvent une des sources de ces maux est l’injustice et
celle-ci fleurit à l’ombre de l’ignorance et des idéologies. Cette année,
donnez de la culture en partage. Ça ne veut pas seulement dire de donner un
chèque-cadeau d’un libraire ou un billet de théâtre même si c’est bien; cela
veut dire de montrer que l’on n’est pas dupe dans notre consommation et de
refuser de payer pour des produits inabordables, souvent griffés, fait dans des
pays où les salaires sont bas, mais vendus ici à prix d’or avec une marque XYZ
Canada bien en évidence, mais un « ticket » de fabrication
(provenance) cachée dans les pattes! Il faut surtout le dire au commerçant que
l’on n’est pas dupe du stratagème et que son jeans fait en Chine, en Inde ou au
Bangladesh, déjà tout usé et troué, pour lequel il demande 200 $ ne vaut
que 5 $, 20$ tout au plus!
Attention, nous n’avons rien contre le fait que
des gens de pays en développement travaillent. S’ils font des jeans à 5 $
par jour et que cela améliore leurs conditions de vie, soit! Mais que ce ne
soit pas dans des conditions de quasi-esclavage pour eux et d’exploitation des
enfants. Des normes minimales doivent exister au plan mondial et des organismes
comme l’Organisation Mondiale du Commerce, dont le mandat est « d'aider,
par la réduction d'obstacles au libre-échange, les producteurs de marchandises
et de services, les exportateurs et les importateurs à mener leurs activités »
(http://fr.wikipedia.org/wiki/OMC), devraient voir à ce qu’elles soient
appliquées. Il faut que certaines règles existent en matière de
production et d’échanges pour empêcher la concurrence déloyale, venant de
pays ayant peu de normes sociales et du travail, envers des pays qui se sont
dotés de telles protections. Mettre les pays n’ayant aucune règle sur le même
pied que les pays les plus avancés socialement, ça n’aide personne. Au
contraire, car la production part des pays les plus contraignants vers ceux qui
le sont le moins, avec la bénédiction de l’OMC, pour de mauvaises raisons! La
concurrence ne vient pas des travailleurs, de la créativité ou de l’innovation,
mais de l’absence de normes de travail et de lois misérables en matière
d’environnement; de santé/sécurité au travail; d’âge minimum des travailleurs;
d’instruction obligatoire; de salaire minimum, etc. C’est dire que le recul
prend le pas sur le développement en matière d’échanges économiques dans le tout
à l’économie d’aujourd’hui! On en revient aux conditions des débuts du
capitalisme sauvage, parfois même de l’époque précapitaliste. Les pays qui
défendent cette position au nom du libre marché et du non interventionnisme de
l’État accepteraient-ils un tel recul en matière de sécurité et de liberté
nationale, soit de revenir à ce qu’ils étaient à cette époque : des
royaumes divisés ou des colonies de pays européens? Poser la question c’est
déjà y répondre.
Qu’on nous les vende à 5, 10, 15 ou 20 $
ces jeans, pour que l’on profite enfin de ces fameuses économies que la
mondialisation nous promet tant, mais qui sont le plus souvent le fait des
multinationales qui les additionnent à la colonne des profits à nos dépends!
Nous pourrions alors choisir d’investir nos économies ailleurs que dans les
bénéfices de grandes sociétés, souvent des multinationales qui n’ont que la
maximalisation du profit comme mot d’ordre. À consommer des produits culturels
d’ici par exemple pour faire vivre nos artistes, nos théâtres et nos créateurs.
À acheter certains produits plus dispendieux, mais faits ici; toutes ces choses
que la plupart des citoyens ont de la difficulté à s’offrir maintenant.
Le jeune d’ici, avec son sec IV fort qui ne
travaillera plus dans une « shop », puisqu’elles s’en vont toutes
dans des pays en développement, travaillera peut-être comme apprenti pour faire
des décors de théâtre ou de télé, car nous aurons les moyens d’y investir.
Notre fardeau fiscal nous paraîtra moins lourd, car notre pouvoir d’achat sera
plus grand avec les économies que nous ferons grâce à la mondialisation. Il
nous sera donc moins difficile de payer collectivement, par nos impôts, pour la
santé et l’éducation par exemple. On pourra même réinvestir dans nos
universités et l’éducation permanente; favoriser le retour à l’école de notre
jeune décrocheur qui voudra y retourner après quelques années de travail, car
nous aurons économisé sur nos jeans « made in China » et nos
casquettes « made in Bangladesh » que l’on nous vendait 60 $ avec
un beau logo au lieu de la piastre quatre-vingt-dix-neuf (1.99) qu’elle valait,
transport par un bateau sous pavillon de complaisance inclus! C’est cela une
mondialisation intelligente pour les consommateurs-citoyens. Mais si le citoyen
s’efface devant le consommateur-téléspectateur nous n’aurons droit qu’à la
mondialisation que nous offrent les affairistes. C’est notre choix de parler ou
de nous taire, mais si nous nous taisons ne pleurons pas ensuite parce que nos
conditions de vie se « tiersmondisent »!
On ne doit pas non plus être nombriliste et il
nous faut soutenir les organismes qui font dans le développement durable, les
droits humains, l’éducation et la syndicalisation dans les pays en
développement. L’idée n’est pas qu’ils se promènent tous en « Hummer »
un jour, nous non plus d’ailleurs (1), car la planète ne pourrait le supporter.
L’idée est de faire un développement durable et équitable : investir dans
leur développement et l’amélioration de leurs conditions de vie, mais aussi
dans le nôtre. Pourquoi trouve-t-on de l’argent pour des autoroutes, des écoles
et des hôpitaux privés, mais n’en trouvons-nous pas pour améliorer nos systèmes
d’éducation, de santé et de transport public? Il faut se poser des questions;
il faut poser des questions à notre soi-disant élite économique et politique.
Sur ce, nous vous souhaitons de joyeuses fêtes
et d’y penser en achetant vos cadeaux. C’est le temps de prendre la résolution
d’être un citoyen militant doublé d’un consommateur responsable!
Michel Handfield pour Societas Criticus
Note :
1. Si on ne peut interdire la vente de ces monstres antis
environnementaux au nom de la liberté individuelle, on pourrait au moins les
taxer à des taux prohibitifs, avoir un système de taxation sur la valeur
ajoutée comme dans certains pays européens, et leur imposer des frais
d’immatriculation proportionnels à leur poids environnemental. On pourrait
aussi tarifer le stationnement en fonction de la longueur du véhicule avec des
espaces de parcomètres réduits : 1 parcomètre pour une petite voiture
telle une « Smart », 2 pour une moyenne et ainsi de suite. Suffis
d’être aussi créatif pour la protection de l’environnement et le développement
sociocommunautaire qu’on l’est pour le développement économique non environnemental!
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Michel
Handfield
4 décembre 2005
Dans le cadre de la Conférence des Nations
Unies sur les changements climatiques, qui se tient à Montréal du 28 novembre
au 9 décembre 2005, il y a eu une marche samedi le 3 décembre (1) pour rappeler
à nos élus qu’il est temps d'agir en matière de changements climatiques. La
foule était nombreuse et calme. J’y ai pris part au même titre que les autres
marcheurs, ce qui ne m’empêchait d’observer en même temps. Le sociologue peut
et doit prendre position. Je pensais à Touraine! (2)
Il y avait des anarchistes avec leurs drapeaux
noir, ce qui me faisait penser à l’incongruité de ces négociation, où les
Etats-Unis refusent de signer le protocole de Kyoto et s’en remettent aux lois
du marché pour tout régler, ce qui est très près de l’extrême droite du
mouvement anarchiste justement : l’anarcho capitalisme, qui dit que le
marché peut tout régler sans gouvernement! (Lemieux, 1988)
Quelques personnes portaient une bannière
contre le communisme chinois, alors qu’il n’en a plus que le nom, ressemblant
de plus en plus au capitalisme sauvage des débuts de l’ère industrielle où la
majorité de la population n’avait d’ailleurs pas grands droits, ni ne recevait
beaucoup de considération! (3)
Mais la majorité – et on était nombreux – était
constitué de citoyens de plus en plus conscient de l’importance de sauver notre
planète pour nous sauver, car la pensée magique, croire que l’on peut escamoter
les problèmes environnementaux et que le marché ou la science fera le travail à
notre place, n’est pas la plus sûre des solutions, surtout lorsque les
scientifiques eux-mêmes lancent des signaux d’alarme et disent qu’il faut
changer nos habitudes de vie, de consommation et de production. Mais ces
messages sont ignorés d’une certaine classe politique de droite malgré le
sérieux des catastrophes environnementales et les avis des scientifiques. On
était quelques milliers à leur dire notre préoccupation. On aurait dû être plus
nombreux encore.
Notes :
1. Voir www.3dec2005.org
2. Le
sociologue peut être observateur ou prendre part, que ce soit à l’action ou à
un mouvement social! Je pensais ici à la sociologie de l’action – ou
actionnalisme – dont Touraine fut le fer de lance, mais aussi à la prophétie
anti-nucléaire dans laquelle Touraine a écrit : « L’intervention
suppose un engagement du chercheur dans l’action étudiée. » (1980, p. 355)
Il doit y croire. Ici j’y croyais et j’étais dans la marche. D’autre fois je
suis en retrait, comme observateur et analyste.
3. Les
descriptions qu’en fait Karl Marx dans Le Capital sont d’ailleurs très
explicites au sujet du mode de vie des classes laborieuses au début du
capitalisme.
Bibliographie :
Lemieux,
Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme,
Paris: PUF, «que sais-je?»
MARX,
Karl, 1977, Le Capital, 3 volumes, [1
ère édition1867], Paris: éditions sociales.
Sociologie
et Sociétés, Vol. 10, no. 2, Octobre 1978, « Changement social et rapports de classes – À propos des écrits
d’Alain Touraine, une réflexion sur les sociétés industrielles avancées et les
sociétés dépendantes », Les Presses de l’Université de Montréal.
TOURAINE,
Alain, 1965, Sociologie de l’action,
Paris: Seuil
TOURAINE,
Alain, 1980, La prophétie anti-nucléaire,
Paris: Seuil.
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Michel
Handfield
Mirages : on se croit citoyen, on n’est
que des pions que l’on gère, au mieux des clients!
3 novembre 2005
J’écoute ce qui se dit actuellement en
politique et je ne peux qu’être cynique. Diogène se promènerait un doigt en
l’air – vous voyez très bien lequel! -et dirait je cherche le courant d’air
politique ici! Pauvre politique!
D’abord, le
PQ a une solution universelle pour tout : le sirop qui guérit le
rhume, le lombago, le mal de rein, la prostate, tue les poux en shampooing…
C’est la souveraineté! Après on sera dans la cour des grand et nos voisins nous
respecteront, car on a beaucoup à leurs offrir! Pensons à notre eau. Les
États-Unis en ont besoin et l’on discutera d’égal à égal. C’est sûr, on le voit
bien avec le bois d’œuvre…
Le PLQ,
pas plus réaliste, a lui aussi une
solution universelle : moins d’État, plus de privé! Pourtant, on l’a vu
sous le PQ, le privé va bien à condition d’être gavé en fonds publics! Et ce ne
sont pas les subventions qui empêchent les usines de fermer pour aller produire
où les salaires sont bas, comme au Mexique ou en Chine, qu’elles soient
étrangères (GM) ou d’ici (Bombardier)!
Quand à l’ADQ de Mario Dumont, à la dernière
élection sa solution était de mettre la question nationale sur la glace et
l’État au régime. Depuis on l’entend beaucoup moins parler, comme s’il s’était
gelé sur la glace par manque d’énergie, cadeau de son régime minceur! Cela a au
moins le mérite de le faire taire! Ne le réveillons pas.
Politiquement, ça fait dur au Québec! C’est la
pensée magique au pouvoir. Pourquoi ne pas proposer de mettre 10% des taxes en
neuvaine à l’oratoire ou d’acheter des « tites roches bleues » qui
nous aideront à surmonter tous les obstacles à venir tant qu’à être dans la
pensée magique. Un p’tit « gratteux » de Loto Québec avec ça?
Il serait temps d’avoir un parti qui va au-delà
de la sacro-sainte question nationale et des recettes toutes faites! Un parti
qui dirait la vérité : quoi qu’on veuille faire, les entreprises ont le
dessus sur nous, car elles peuvent produire là où c’est le plus profitable pour
elle. Elles peuvent jouer les États les uns contre les autres, car elles ne
sont pas prises par des frontières. Les règles du commerce mondial sont
dessinées à leur avantage par des organismes supranationaux et technocratiques
sur lesquels nous n’avons pas de contrôle. Nous sommes pris en otage par nos
frontières et le droit national. La démocratie est limitée alors que les
décisions sont de plus en plus le fait d’organismes économiques supranationaux
qui ne nous sont pas redevables.
Les cadres actuels ne fonctionnent plus. Il
faudrait des normes internationales qui ne servent pas qu’à permettre le libre
échange, mais aussi à discipliner les États et les entreprises voyous. Mais
attention, je ne parle pas de terrorisme religieux, mais de terrorisme
socio-économique, qui fait qu’il est rentable de produire là où il n’y a pas ou
peu de normes à suivre : sanitaires, environnementales, du travail, de
santé, etc. Mais c’est aussi ce qui fait que les risques de catastrophe –
pensons à la grippe aviaire – sont accrus d’autant par cette absence de normes
au nom du profit maximal. Pour nous sortir de ces mirages, il nous faut un
parti libéral (1), social, et internationaliste par opposition à
conservateur, corporatiste et nationaliste! Mais qui le dit?
Au temps où Marx a écrit Le Capital (2), il ne dénonçait pas que l’exploitation dans les
manufactures. Il dénonçait aussi l’absence de norme qui faisait en sorte que
l’on pouvait se débarrasser des animaux morts dans les mêmes cours d’eau que
les gens utilisaient pour puiser leur eau et boire, créant ainsi des épidémies.
C’est cette absence de normes qui rapporte aux multinationales. A quand les
tarifs douaniers envers les produits venant de pays qui n’ont pas de normes
sociales, environnementales et du travail? L’organisation Mondiale du Commerce,
qui est pour l’abolition des tarifs, est-elle prête à faire une telle entorse
au sacro saint principe d’abolition des tarifs au nom de la cause du
développement social des peuples et du bien être citoyen? Quel gouvernement est
prêt à poser la question? Un Québec indépendant, libre-échangiste, le serait-il
vraiment? J’en doute. Ce sont pourtant des questions qui ont un impact sur nos
vies, mais sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle, car les organismes
réglementaires sont au-dessus des États et nous n’avons aucun pouvoir
démocratique (droit de vote) sur ceux-ci comme citoyen du Monde! Ce sont des
technocrates qui nous gèrent alors que l’on croit élire des gouvernements
responsables. Mirages : on se croit citoyen, on n’est que des pions que
l’on gère, au mieux des clients!
On vous répétera cependant qu’il faut aider les
entreprises, car leur richesse « dégouline » et nous enrichit collectivement;
que les emplois ainsi créés ont un effet multiplicateur au niveau économique.
J’entends ce discours depuis les années 80, même dans certains milieux de
gauche et interventionnistes! Cependant, si cette théorie est commode pour
justifier l’aide aux entreprises, est-elle encore valable? A-t-on questionné ce
paradigme dernièrement ou se contente-t-on d’une foi aveugle en cette croyance
qui fait l’affaire de certains milieux politique et économique?
Si dans les années 60 et 70 les entreprises
embauchaient pour produire, maintenant elles robotisent, sous contractent ou font des usines dans les
pays en développement, ce qui fait que de moins en moins de gens d’ici sont
nécessaires à la production. Les profits s’accroissent de façon exponentielle –
les nouvelles économiques et la bourse le prouvent – mais sont de moins en
moins redistribués vers le peuple, ce
qui se faisait autrefois en partie avec les salaires et les impôts sur les
revenus des corporations, car les production à forte main-d’œuvre sont
expatriés vers les pays où les coûts de main-d’œuvre sont les plus bas; les
autres productions de plus en plus automatisées (souvent avec l’aide de
l’État); et les profits rapatriés dans des pays étrangers, surtout des paradis
fiscaux! La popularité des magasins à
rabais, l’ouverture des conventions collectives à la baisse, la culture des
emplois précaires (salaire minimum), contractuels, subventionnés et d’insertion
sociale ne sont pas un hasard!
Pour conserver nos entrées fiscales en rapport
avec la productivité, il faudrait imposer les robots, car ils remplacent de
plus en plus d’humains, base du système fiscal. Mais au lieu on accroit les
charges sur les travailleurs qui restent, obligé que l’on est de subvenir aux
besoins de ceux que le marché du travail écarte au nom du profit, de
l’automatisation et de l’obligation que nous avons de subventionner les
entreprises pour les conserver sur notre territoire, vu la concurrence de pays
ayant pas ou peu de normes sociales et qui nous concurrencent de plus en plus.
Êtes-vous prêt à travailler aux conditions du travailleur chinois pour
conserver votre emploi? Voilà la première question. La seconde : êtes-vous
prêt à vous investir dans la politique pour défendre vos conditions de vie et
vos droits démocratiques? Bref êtes vous une ressource (humaine) exploitable,
un client ou un citoyen?
L’État doit supporter de plus en plus de gens;
aider les entreprises, si il veut les conserver sur son territoire; et a de
moins en moins d’entrées fiscales par rapport à l’augmentation de la richesse
corporative! Il est dans une position de moins en moins tenable, limité qu’il
est par ses frontières; l’incapacité de s’entendre avec les autres États – pour
des raisons idéologiques; et par sa pauvreté par rapport aux conglomérats
financiers auxquels il doit une large partie de sa dette de fonctionnement!
Comment l’État peut-il discipliner les multinationales dans ces conditions?
L’État est condamné à l’échec et l’on veut un nouvel État d’un côté alors que
de l’autre on cherche à centraliser celui que l’on a. Ce n’est pas une impasse
constitutionnelle; c’est une impasse logique. Il faut penser global et surtout
s’impliquer! Diogène passe nous ton
fanal pour y voir clair.
Notes :
1. Libéral au sens premier du terme et non au sens de couleur
politique.
2. MARX,
Karl, 1977, Le Capital, tome 1,2, et
3, [1 ère édition1867], Paris: éditions sociales.
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Montréal, mercredi, 2 novembre 2005
Chers membres du CA de ma caisse et coopérateurs,
Je tiens à vous féliciter. J’arrive de ma
caisse pop où je voulais faire un dépôt sur ma carte de crédit d’un grand
commerçant (…), car je le fais assez régulièrement. C’est parfois utile
lorsqu’on achète un gros morceau pour éviter que notre compte ne soit gelé pour
quelques semaines, surtout lorsque cet achat est fait suite à un paiement de
facture et que nous avons un crédit minimum pour éviter les risques de fraude.
Faut être prudent. Cependant, on m’a refusé ce paiement pour la première fois
depuis des années, car je n’avais pas mon état de compte. Nouvelle
politique : il faut maintenant du papier bien palpable par la caissière.
On ne peut plus avoir confiance aux échanges électronique entre institutions
créditrices différentes! On a connu la maladie de la vache folle, on a
maintenant les puces (électroniques)
désorientées!
Moi qui aie toujours favorisé la relation client-caissier(e) et la transaction en personne au premier chef j’en suis fort aise et je vous en félicite, car s’il faut maintenant du papier, j’imagine que l’on fermera aussi les guichets automatiques, où ce n’est que transaction de microbites anonymes et sans papier ni signature encrée! Qu’effleurement de touche dans la froideur d’un hall de caisse pop! Pas de quoi faire sauter le bouchon de champagne des relations humaines. Pop!
On créera ainsi de nombreux emplois de
caissiers et de caissières, qui mériteront probablement subventions de l’État!
Si vous n’y avez pas pensé vous le devriez, car chaque emploi est
subventionable au Québec, même après la fermeture d’une usine. Demandez-le à GM
et à Bombardier, ils sauront certainement vous expliquer la procédure, car ils
en sont experts ès administration! Après on pourra faire sauter le bouchon de
champagne, car Desjardins créera de l’emploi et ça fera «pop»! Comme une caisse
Pop! J’en suis fort aise.
Solidaire de cette décision créatrice d’emploi
et contre le guichet par principe politique je persiste à ne pas avoir de carte
guichet de ma caisse et je signe
Michel Handfield
Éditeur de Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
---
Michel Handfield
7 octobre 2005
En cette année
électorale et après avoir écrit ce que nous pensions de Montréal dans un autre
éditorial – Purement Montréalais – aucun des partis en liste ne nous
rejoint parfaitement, ni ne nous satisfait. Mais il faut faire avec.
Cependant, vu le
vote multiple – pour le Maire de Montréal, pour le Maire d’arrondissement et
pour le conseiller municipal – il y a moyen de voter de plus d’une façon cette
année. Ce serait même à privilégier.
Au niveau de l’île
je recommande le Maire Tremblay (UCIM) pour bloquer Pierre Bourque, car Pierre
Bourque a un beau discours, mais il marche trop souvent à côté de celui-ci.
Ainsi, il a un discours « vert », mais quand ce fut le temps de
choisir d’acheter le terrain de « la ferme sous les noyers » du
Fédéral, pour agrandir le parc du Mont-Royal, il a dit qu’il n’avait pas les
moyens de le faire alors que les lions de la rue St-Laurent, dans le quartier
chinois, ont coûté à peu près le même montant dans le même temps. En janvier
1998, la tempête du jour de l’an ne fut pas ramassée pour économiser, car la
météo annonçait un redoux dans les jours qui suivraient, mais ce redoux fut la
crise du verglas! Les rues étaient tellement encombrées et rendues étroites par
la neige (non ramassé) et le verglas que les services d’urgence avaient de la
difficulté à circuler. Mais à quelques rues de chez moi, à St-Léonard, la
circulation était beaucoup plus fluide, cette tempête du jour de l’an ayant été
ramassée comme il se devait en janvier! La vie y était presque normale, alors
qu’on avait l’air de sinistrés à côté d’eux! Et non la tempête de verglas
n’avait pas épargné ces villes limitrophes. C’était flagrant et désolant pour
le montréalais que je suis! Et pas content de ce bordel Pierre Bourque nous a
concocté « une île, une ville » avec Louise Harel sans
consultation publique, ni référendum sous prétexte que la constitution du
Canada donnait le droit au Québec d’agir unilatéralement en la matière! Pour un
Parti Québécois qui ne reconnaît pas la constitution et qui reproche toujours
l’unilatéralisme Fédéral, c’était une belle hypocrisie. Pour un citoyen
politisé et qui aime le débat public, un coup de Jarnac. J’aurais aimé qu’il y
ait consultation sur le sujet. Le PQ m’a définitivement perdu là et qu’il ne me
parle plus du devoir démocratique de choisir quand il ne m’a jamais donné ce
choix qui comptait pour moi! Et comme Pierre Bourque n’est pas étranger à cela,
car il était l’instigateur de cette idée d’ « une île, une
ville », il peut bien parler du bordel de la grande ville maintenant! Out,
Out, Out!
Du coté des
conseillers, c’est fort souvent des « yes man » interchangeables. Le chef dit
blanc, ils votent blanc. Le parti dit noir, ils votent noir! Bref ce sont des
pions qui nous transmettent davantage les décisions du Maire, que des gens qui
transmettent nos demandes à la Mairie! (1) Et comme plusieurs d’entre eux sont
des transfuges professionnels d’un parti à l’autre, de simples pions selon les
places disponibles pour se présenter, votez pour le moins pire des candidats
davantage que pour le parti à ce niveau, car ce ne sera pas le Maire de
Montréal qui aura le Pouvoir dans votre arrondissement, mais les candidats
locaux. Alors si ce sont des marionnettes, souhaitons qu’elles aient au
moins un peu de jugement quand même! De
toute manière, selon le résultat au niveau de l’île – Tremblay ou Bourque – il
y aura de fortes chances que votre conseiller municipal « transfuge »
dans quelques temps vers le Maire qui sera au Pouvoir. De toute manière, son
parti sera probablement en débandade si son candidat à la mairie n’est pas
élu, car il n’est pas sûr que Pierre
Bourque ou Gérald Tremblay demeurent en poste, comme chef de l’opposition, advenant
leur défaite à la Mairie! Le passé en est garant, la plupart des partis
disparaissant avec leur défaite à Montréal, sauf en de très rare exception. (2)
Si Pierre Bourque est demeuré suite à sa défaite de 2001, ce fut pour une
question de circonstance, ayant remporté la majorité des sièges dans l’ancien
Montréal. Mais il a quand même essayé de se tailler en se présentant candidat
pour l’ADQ à la dernière élection provinciale. Sa défaite l’a cependant fait
revenir en selle à Montréal. Avez-vous le goût d’un Maire par défaut?
Le même conseil
s’applique au niveau du maire d’arrondissement naturellement.
Si Gérald Tremblay
ne vous tente pas, risquez Projet Montréal, mais ne votez surtout pas Bourque.
Ce sera un encouragement à cette formation pour qu’elle poursuivre son
développement mais aussi un choix stratégique, car si le vote est divisé entre
les équipes Tremblay et Bourque, ils pourront certainement faire un excellent
contrepoids pour les citoyens!
En conséquence, je
vous invite à voter stratégiquement, car un pouvoir divisé est davantage un
pouvoir citoyen qu’un Pouvoir uni derrière une machine électorale. Celui-ci
n’est souvent qu’une simple courroie de transmission de la volonté politique du
haut vers le bas! Au lieu d’être citoyen vous devenez sujet (ou pire, client)
de votre administration. Cette élection est donc une chance de sortir des
sentiers battus. Profitez-en! Et si vous votez pour gagner choisissez un
candidat de chaque parti. De toute façon le « diviser pour régner »
ne doit pas servir qu’à l’élite. Si pour une fois il servait au peuple? Moi
c’est ce que je pense faire. Voter pour Tremblay à la Mairie, choisir le
meilleur « yes man » comme conseiller et voter pour le 3e
parti comme Maire d’arrondissement. Ils veulent tous mon bien, alors je leur
donnerai tous une chance pour une fois que je le peux! (3) Et je ne serai
certainement pas moins déçu que les autres fois, car ce n’est pas là qu’il y a
le plus de créativité!
Notes :
1. J’ai déjà demandé à mon conseil
d’arrondissement que des « arrêts/stop » soient installés aux 4 coins
des intersections le long de l’axe Nord/Sud de la piste cyclable qui traverse
Villeray, Rosemont et le Plateau Mt-Royal. La réponse fut « va à l’Hôtel
de ville ou dans chacun des arrondissements pour faire ta demande! »
Pourtant on m’a imposé « une île, une ville » et ce sont mes
représentants. On a même accru leurs salaires… et ce serait à moi de me taper
le travail. Réveillez moi quelqu’un! Ils me représentent ou ils représentent le
Pouvoir? Devoir poser la question c’est y répondre. Mes votes seront ma
réponse!
2. Le RCM est demeuré très longtemps sur la
scène politique montréalaise avant d’être porté au pouvoir et après sa défaite,
contrairement aux autres partis politiques. Même le Parti Civique n’avait pas
survécu au départ de Jean Drapeau et à sa défaite face au RCM de Jean Doré
après des décennies de Pouvoir. Montréal a ensuite vu nombre de partis
champignons, disparaissant après chaque défaite électorale, sauf pour le RCM
qui est demeuré sur la scène municipale jusqu’à sa fusion avec le groupe de
Tremblay pour former l’UCIM en 2001, qu’ils ont remporté grâce au vote de
l’ex-banlieue montréalaise fusionnée de force avec la ville centre par la loi
électorale. J’étais membre du RCM à ce moment (et même sur un de ses comités) à
l’invitation d’un ami, car je m’étais présenté comme candidat indépendant dans
mon quartier en 1998. J’ai même assisté au congrès de fondation de l’UCIM à
cette époque. Mais je n’ai plus eu de leurs nouvelles par la suite!
3. Voici les adresses Internet des 3 principaux
partis à cette élection montréalaise et j’y inclus Projet Montréal, que bien des média négligent. Il ne faut pourtant
pas les négliger pour le bien de la démocratie, car c’est un parti écologique.
Regardez l’espace que les partis verts occupent maintenant en Europe. Cette tendance pourrait très bien se
développer ici aussi dans l’avenir!
Projet
Montréal : www.projetmontreal.org
UCIM/Tremblay : http://www.tremblayalamairie.com/
Vision Montréal/Pierre Bourque : www.visionmtl.com/
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Michel Handfield
29 septembre, 2005
Même si je ne suis
pas d’accord avec le « Doc Mailloux » (1), il y a un mérite à ce
qu’il a dit : cela attire l’attention sur le fait que des études peuvent
justifier le racisme. Comme au temps du nazisme d’ailleurs, car on peut faire
dire bien des choses aux statistiques, aux test de QI (biais culturels), et à
différentes études dépendant des méthodologies privilégiées. Et ce racisme
scientifique revient en force sous couvert de la recherche biotechnologique. Un
très bon livre sur le sujet nous vient du politologue et historien des idées Pierre-André
Taguieff : La couleur et le sang – Doctrines racistes à la française (2) que je vous
recommande, car cela ne s’applique pas qu’à la France! Si le débat autour du
« Doc Mailloux » donne le goût de comprendre, d’apprendre et de
combattre l’usage idéologique qui peut être fait de la science, ce sera
toujours ça de pris! (3)
Notes:
1. « Lors de son passage à Tout le monde en parle, le Dr
Mailloux a déclaré que les Noirs et les Autochtones avaient un quotient
intellectuel plus faible que la moyenne pour des raisons historiques, reprenant
ainsi des propos tenus sur les ondes de CKAC, lors de l'une de ses émissions. »
(Le «Doc Mailloux» persiste et signe, Mise à jour le mercredi 28
septembre 2005 à 14 h 53, Radio-Canada Nouvelles :
http://radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200509/28/001-MAILLOUXPLAINTES.shtml)
2. France, 2002 : Mille et une nuits et fondation du 2 mars.
3 a) Pour ceux que cela intéresse, le livre controversé sur la
question est celui de Charles
Murray et Richard J. Herrnstein, 1994, The Bell Curve: Intelligence and Class
Structure in American Life. Free Press, paperback, tel que trouvé sur
Internet. Une recherche Google nous indique aussi « 4.150.000 entrées pour
Bell Curve », entrées qui ne doivent pas toutes aller dans le même
sens. C’est donc une controverse qui a fait couler beaucoup d’encre et qui en
fera encore couler beaucoup. Tout le monde n’a pas fini d’en parler!
b) « Tout le monde en parle », émission de Radio-Canada
télé animé par Guy A. Lepage : www.radio-canada.ca/television/toutlemondeenparle
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Michel Handfield
21 septembre, 2005
Confession : Je n’ai jamais fumé, même la cigarette, ou pris de
bière, sauf une fois où j’ai goûté de la bière sans alcool chez un cousin. Une
bouteille de boisson peut me durer quelques années, car je la déguste une once
de temps en temps. J’ai même dû jeter des liqueurs alcoolisées, car elles
s’étaient altérées. Je confesse avoir pris un peu plus de vin cependant, mais
sans que cela ne m’empêche d’écrire droit! Radin ou extra-terrestre, à vous de
juger. Je fais cette mise en garde avant de parler d’André Boisclair, non parce
que je veux le clouer au pilori, mais parce qu’il y a des questions à
poser.
Soulignons qu’il a avoué avoir pris de la
cocaïne alors qu’il était Ministre comme le voulait la rumeur. (1) Ce n’est pas
une erreur d’étudiant de cégep ou d’université sans responsabilité. Il
représentait l’État et les citoyens. Ceci pose donc plusieurs questions qu’on
ne peut escamoter même si on le voudrait.
Premièrement, comment peut on parler du danger
de la drogue en terme de santé si des athlètes font des performances étonnantes
sous l’effet de la cocaïne, comme cela s’est vu dans le baseball; si des
artistes sont portés aux nues pour leur créativité sous l’effet de la drogue;
ou si l’on peut être Ministre, consommer et prendre de bonnes décisions? On n’a
qu’un choix : reconnaître que les drogues n’ont pas toutes les mêmes
effets sur différentes personnes, sinon on devrait réviser toutes les lois de
la période Boisclair au cas où elles auraient été rédigées sous influences!
Deuxièmement, qu’elle est la différence avec la
boisson? Un quidam, un sportif, ou un député sous l’influence de la drogue
est-il plus ou moins en contrôle que sous l’effet de la boisson? Et si c’est
comparable doit-on abolir la vente de boissons, vache à lait du Gouvernement?
Une piste de recherche : combien de record sportif ont été fait sous
l’influence du gros gin?
Troisièmement, le Ministre Boisclair avait-il un
chauffeur? Un policier de la SQ? Si oui, le savait-il? Et s’il le savait
pourquoi ne l’ont-ils pas arrêté, car la possession de drogue est un geste
illégal. C’eut été un jeune noir de St-Henri ou de St-Michel, aurait-il eu la
même chance? La loi est-elle la même pour tous?
Quatrièmement, qui le fournissait? Le crime
organisé savait-il qu’on fournissait un Ministre? Cela a-t-il eu un impact sur
des décisions du Ministre ou du cabinet? Des objections mineures ou des
questions de sa part ont-elles ralenti l’adoption de certaines lois touchant le
crime organisé?
Cinquièmement, dans une société de droits
individuels et de libre marché, la non reconnaissance d’un marché qui existe de
fait, comme ceux de la drogue et de la prostitution, pourra-t-elle demeurer ad
vitam aeternam? Est-ce que cela va à l’encontre des droits individuels et du
libre marché défendus par les démocraties libérales, car un marché est-il libre
quand une large part de celui-ci est au noir juste parce qu’on ne reconnaît pas
son existence légale, mais pourtant réelle? Comme si l’on pouvait effacer ce
qui existe; occulter la réalité par la loi. (2) Cela est d’autant plus vrai
dans le cas de la cocaïne, car :
« Les États prétendent combattre
« l’argent de la drogue ». Mais les finances américaines et mondiales
– sevrées de pétrodollars – sont-elles en mesure de renoncer aux dizaines de
milliards de « cocadollars » qu’elles recyclent chaque année? »
(3)
Sixièmement, question importante entre
toutes: Est-ce que la consommation de drogue doit demeurer un crime? Quant un
ex ministre avoue avoir consommé de la drogue, c’est signe que la répression ne
fonctionne pas, comme le disent bien des spécialistes. Alors, doit on continuer
d’investir dans cette répression, même si l’on sait qu’elle est peu utile?
N’est-ce pas elle qui pose problème, car
si la drogue était légale on pourrait en parler plus librement, ce qui
faciliterait d’autant l’intervention auprès de ceux qui ont ce problème, ayant
moins de crainte d’être ostracisé pour leur consommation : peur de perdre
ses amis, son travail ou d’avoir un dossier criminel. Sa légalisation faciliterait
ainsi l’intervention des aidants professionnels, qui pourraient alors
travailler au grand jour dans tous les milieux.
Une large part des problèmes liés à la drogue ne
viennent-ils pas de sa criminalisation et de sa marginalisation? On peut
ouvertement parler d’alcoolisme, mais pourrait-il en être ainsi si la
prohibition avait continué d’exister? Cette question est légitime pour la
drogue aussi, et on ne pose même pas le problème de la criminalité qui tourne
autour de ce commerce, comme il tournait autour de celui de l’alcool au temps
de la prohibition. (4) Y-a-t-il moyen de sortir la drogue de l’underground où
il se terre, sans en accroître la consommation tout en nous permettant d’agir
sur cette dépendance comme on agit déjà sur celles liés à la cigarette et à
l’alcool? Ce moyen ne peut-il qu’être la légalisation de la drogue? Peut être,
mais la légalisation ne veut pas dire de cesser de lutter contre sa
consommation. Loin de là, comme on le voit avec la lutte au tabagisme et à
l’alcoolisme, des produits légaux et qui créent parfois une dépendance! Toutes
les drogues? Peut être pas, mais il faut un débat non idéologique sur la
question. Un débat sain et ouvert.
Ainsi, la question importante à poser à André
Boisclair n’est pas de savoir combien de fois il en a pris; ni si c’était dans
l’exercice de ses fonctions; encore moins s’il a sniffé dans les toilettes de
l’Assemblée Nationale durant la session parlementaire; mais qu’elle serait sa
politique face à la drogue? Serait-il porté à la décriminaliser, comme le
demandent plusieurs spécialistes avec lesquels je suis d’accord, même si je
suis un « straight » en ce domaine, ou conserverait-il la
criminalisation telle qu’elle existe actuellement et pourquoi? Espérons qu’il
aura un discours plus intelligent sur le sujet que le discours États-Uniens. Quoi qu’avec les excès de
jeunesse que l’on impute à Geroge W. Bush, ce serait peut être une preuve de la
dangerosité de la drogue et de l’alcool. A moins que le danger pour la santé
mentale ne soit le déni de la réalité? Il s’agit là d’un tout autre débat
cependant.
Notes :
1. « André Boisclair
reconnaît avoir pris de la cocaïne à quelques reprises quand il était ministre
dans le gouvernement Bouchard. » (André Boisclair admet avoir pris de
la cocaïne, Radio-Canada Nouvelles, le lundi 19 septembre 2005 à 15 h 07)
www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/nouvelles/200509/19/003-boisclair-drogue-rb.shtml
2. À ce sujet, le marquis de Sade est éclairant :
« En accordant la
liberté de conscience et celle de la presse, songez, citoyens, qu'à bien peu de
chose près, on doit accorder celle d'agir, et qu'excepté ce qui choque
directement les bases du gouvernement, il vous reste on ne saurait moins de
crimes à punir, parce que, dans le fait, il est fort peu d'actions criminelles
dans une société dont la liberté et l'égalité font les bases, et qu'à bien
peser et bien examiner les choses, il n'y a vraiment de criminel que ce que
réprouve la loi; car la nature, nous dictant également des vices et des vertus,
en raison de notre organisation, ou plus philosophiquement encore, en raison du
besoin qu'elle a de l'une ou de l'autre, ce qu'elle nous inspire deviendrait
une mesure très incertaine pour régler avec précision ce qui est bien ou ce qui
est mal ». (SADE, [1795] 1994, La Philosophie dans le
boudoir, Paris: Bookking International – voir Les mœurs in Cinquième
Dialogue)
3. Arrière de
couverture de Sauloy, Mylène, et Le Bonniec,
4. Des débuts du XXe siècle aux années 1930, époque qui a vu Al Capone
devenir célèbre aux Etats-Unis et dans le monde entier par les films tournés
sur cette période.
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DOSSIER
Frilosité
politique face à un projet novateur : le cas de Camping Montréal
4 novembre 2005
Le 2 novembre dernier, j’ai assisté à une conférence de presse du Centre récréotouristique international de
Montréal (Camping-Montréal) pour faire une mise au point sur le site
de l’ancienne carrière Francon, dans St-Michel. Pour vous situer, les deux
carrières de St-Michel sont situées au nord de Jarry. Miron, qui fut la
poubelle de Montréal et d’une partie du Québec, se trouve le long de l’avenue
Papineau; Francon le long de Pie IX, environs 2 km plus à l’Est. Mais ce qui
les distingue c’est que la carrière Francon n’a jamais reçue de déchets. Une
partie est utilisée pour les chutes à neige du côté de Pie IX. Du côté de la 15e
avenue il n’y a rien, que le roc, les chutes d’eau, un petit lac peu profond
(les eaux de la carrière sont pompées vers le réseau d’égout) et un fond de
pierre. Un site exceptionnel lorsqu’on s’y trouve. Une paroi rocheuse sépare cette
section de celle qui reçoit les neiges usées de Montréal, ce qui fait qu’on ne
les voit pas.
Un organisme du quartier, le PARI St-Michel (1), s’est demandé quoi
faire avec cette seconde carrière pour éviter qu’on en fasse une poubelle suite
à la fermeture de Miron. De jeunes diplômés, deux en urbanisme et un en
environnement, ont été engagé au début des années 1990 pour faire une étude sur
le sujet et sont arrivés à la conclusion qu’un projet de camping-caravaning
serait approprié pour ce site. (2) Cela a suscité quelque peu la suspicion et
fait rire quelques gens, mais le PARI, relayé par une corporation qu’il a
contribué à mettre sur pied pour ce projet, Camping
Montréal, a poursuivi dans cette veine et, d’études en études, étoffé un
projet qui se défend bien. Un projet novateur, de par le site et la curiosité
qu’il susciterait. Un attrait touristique en soi, car j’ai eu l’occasion de
voir le site ayant été impliqué dans ce projet. (3) De plus, il y a une demande
pour 8000 places de caravaning à Montréal et le site est stratégiquement bien
situé, une rue au nord de la Métropolitaine, entre Pie IX et St-Michel, donnant
ainsi un accès aux grandes artères et aux transports en commun. Il n’y a aucun
site pour ce type de tourisme actuellement à Montréal. Pensons juste au
Festival de Jazz et au tourisme états-unien que cela attire pour en saisir
l’importance. L’hiver une partie du site pourrait servir pour l’entreposage de
caravanes (ce qui assurerait ses frais fixes) et l’autre au récréatif pour le
quartier, qui manque de parcs et d’infrastructures de loisirs. Ce projet serait
aussi créateur d’emplois pour un quartier qui en a bien besoin. (4)
Malgré tout le bien que l’on peut en penser, la grande ville et
l’arrondissement lui ont donné une fin de non recevoir en Octobre 2004 même si
elle avait contribué financièrement aux études en partenariat avec d’autres
programmes gouvernementaux. On nous
faisait des demandes aussi farfelues que de savoir quels sont les budgets des
proprios de Winibago nous a dit le Président de Camping Montréal, M. Léo
Bricault, dans sa conférence de presse!
Il semblerait que la
ville a un projet alternatif qui créerait de 800 à 900 emplois depuis l’an
dernier, mais ils tiennent cela secret. Ce serait du récréo commercial, mais on
parle d’un à deux ans encore avant que cela n’aboutisse! Cela surprend qu’en
période électorale on ne fasse pas une telle annonce s’il s’agit d’un projet
génial. Qu’est-ce qu’ils ont tant à cacher? La question se pose. Dans les
personnes présentes à cette conférence de presse, une personne a d’ailleurs
rappelé que Frank Venneri, qui fut conseiller de Vision Montréal/Équipe Bourque
avant d’être pour l’UCIM du Maire Tremblay, avait déjà proposé (je ne sais sous
quelle bannière il était à l’époque) un village du sexe dans ce site. Serait-ce
cette idée qui se poursuit? Une autre personne a soulevé le fait qu’il y a des
rumeurs que Wall Mart soit impliqué dans ce projet que la ville/arrondissement
nous concocte! Qu’en est-il? Le silence fait craindre le pire et peut alimenter
toutes les rumeurs. Mais une chose est sûre, si ce projet serait mobilisateur
pour le milieu, cela aurait déjà sorti au grand jour, surtout en période
d’élection. Il y a anguille sous roche!
Quant à la question des emplois dans un commerce, les chiffres ne sont
pas encourageant pour le quartier. Dans les projets de Maxi et Cie, Canadian
Tire et Loblaw que nous avons eu dans l’arrondissement, à peine 5% des emplois
ont été comblés par des gens des quartiers où ces établissements se sont établis
malgré les discours.
Il nous faudrait un modèle de développement comme Angus, où l’on est
passé par les organismes locaux pour le développement du site et de l’emploi,
mais la ville de Montréal, propriétaire du site Francon, semble beaucoup moins
encline à le faire que ne le fut le CP dans Rosemont selon moi. Pourtant le CP
c’était du privé!
Comme le projet de camping Montréal semble un besoin – vu le tourisme en
caravaning qui échappe à Montréal – nous avons aussi demandé un autre terrain
pour le réaliser a dit M. Bricault. On
nous a répondu que cela pourrait être fait à l’île Notre-Dame. Comme nous
sommes les initiateurs de ce projet, une entente pourrait être conclue avec
Ville-Marie, mais ce fut encore une fin de non recevoir déguisée sous des
critères bureaucratiques. Il est drôle que pour certains projets ces critères
fondent comme neige au soleil pour ne pas nuire au développement. Suffit
d’avoir déjà assisté aux commissions d’urbanisme, qui étudient les demandes de
dérogation au plan d’urbanisme, pour savoir avec quelle facilité cela peut se
faire parfois! (5)
Personnellement, je me demande si après avoir initié cette idée, fait
les études, travaillé à convaincre les décideurs, prouver le besoin, Camping Montréal ne serait tout
simplement pas écarté du portrait au profit d’autres promoteurs ou de la ville
elle-même qui l’appliquerait ailleurs, à l‘île Notre-Dame ou dans un lieu
contigüe par exemple, en accord avec le Casino de Montréal. 15 ans de travail
par des gens impliqués et bénévoles au profit de la ville, du Casino et de
quelques partenaires privés! Rien ne me surprendrait quand il s’agit de
développement socio-économique et de gouvernement, surtout dans le contexte
actuel où l’on parle d’un nouveau Casino dans le bassin Peel. Pas besoin de
grandes études pour savoir que si vous roulez dans une caravane de près de
100 000$ vous avez probablement de l’argent à aller jouer au Casino! (6)
Pourquoi ne pas les avoir tout près? L’avenir nous dira si nous avons vu juste.
Le quartier a cependant gagné une chose : « l’assurance »
qu’il n’y aura pas de vidanges déversées dans le site Francon. C’est un moindre
mal. Cependant la déception se lisait sur le visage de M. Bricault, impliqué
depuis des années dans St-Michel. Il a donc recommandé de ne pas voter pour le
tandem Tamburello (Mairie d’arrondissement pour l’UCIM) et Frank Venneri
(candidat de l’UCIM pour François-Perrault) qui n’ont pas aidé au projet.
Michel Handfield,
éditeur de Societas Criticus
Membre du PARI
St-Michel, de Camping Montréal et de la CDÉC centre-nord
Citoyen du quartier
depuis ma naissance.
Notes :
1. Projet
d’Aménagement Résidentiel et Industriel de St-Michel
2. Dion, Sylvain,
M.Sc. environnement, Laquerre, Mario, B.Sc urbanisme, et Picard, Marc, B.Sc
urbanisme, La carrière Francon un
potentiel à découvrir, Montréal : PARI
3. En effet, St-Michel
est mon quartier et le lien d’attache de Societas Criticus. Je fus quelques
années sur le CA du PARI St-Michel, de camping Montréal et de la CDÉC
centre-nord. J’ai quitté tous mes CA en 2002-3 je crois, leur laissant le temps
de me remplacer, car Societas Criticus prenait de plus en plus de mon temps. Je
suis par contre demeuré membre de ces organismes et je continue à suivre leurs
activités lorsque j’en ai le temps.
4. Au sujet de
l’emploi, le quartier en a cruellement besoin. Dans le portrait qu’Éric Clément
faisait du quartier dans le cadre des élections montréalaises on y apprend que
49% de la population est inactive! (Graines
d’espoir dans Saint-Michel, La Presse du samedi 29 octobre 2005, p. A 6)
5. J’assistais
justement à ces commissions pour le PARI et j’ai aussi déposé quelques
mémoires, avec la coopération d’autres membres du PARI, au nom de cet
organisme. Je dois d’ailleurs souligner que suite au dépôt d’un de ces mémoires,
les promoteurs du projet du CHSLD Les
Havres, m’ont appelé pour me souligner que certaines de nos recommandations
les avaient particulièrement intéressées et qu’ils en tiendraient compte, ce
qui fait toujours plaisirs et montre que notre bénévolat a une utilité sociale.
Cette reconnaissance est la forme de récompense du bénévolat et de
l’implication citoyenne.
6. Mais pour nuire au
projet de St-Michel on demandait par contre de
savoir quels sont les budgets des proprios de Winibago!!!
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Index
Protégeons notre liberté ! Défendons la
presse !
Posons un geste pour un journaliste victime de son travail !
Le cas MOHAMED BENCHICOU, Directeur du Matin, quotidien d’Algérie
Reporters Sans
Frontières/Societas Criticus (1)
17 novembre 2005
La conscientisation et la mobilisation citoyenne
est nécessaire pour défendre ces journalistes, mais aussi notre droit d’être informé. La démocratie ne peut exister
qu’à ce prix : une information libre. Ce n’est pas pour rien que les
dictatures emprisonnent les journalistes et les intellectuels!
Reporters sans frontières demande donc aux
médias de consacrer un espace rédactionnel à un journaliste emprisonné pour
faire connaître sa situation à l’opinion publique et faire pression sur les
gouvernements incriminés afin qu’ils se préoccupent du sort de leurs
prisonniers. Plusieurs journalistes parrainés ont ainsi recouvré leur liberté
au cours de l’année 2005, comme le journaliste birman Sein Hia Oo ou le
cyberdissident chinois Huang Qi.
Nous, Societas
Criticus, avons choisis le cas de Mohamed Benchicou, directeur fondateur du quotidien Le Matin, car il dénonçait le
Pouvoir en place jusqu’à son emprisonnement. Comme rédacteur d’une revue de
critique sociale et politique nous y voyons un lien. Comme résident d’un
quartier montréalais, St-Michel, où il y a une forte immigration magrébine,
dont des algériens (2), nous y voyons une certaine communauté. Ce choix va donc
de soi pour nous.
Son crime : avoir publié, en février, un
virulent pamphlet contre le président algérien intitulé : « Bouteflika, une imposture algérienne »
dans un pays où l’article 144 bis du code pénal prévoit des peines de deux à
douze mois de prison et des amendes pour toute mise en cause du président de la
République dans des termes injurieux, insultants ou diffamatoires. Personne
n’est à l’abri avec une telle loi. Mais les journalistes et les caricaturistes
en sont les premiers visés. Naturellement, on ne l’a pas arrêté pour ce motif,
mais pour une raison bidon : le 14 juin 2004, Mohamed Benchicou a été
condamné pour « infraction à la loi régissant le contrôle des changes et les mouvements de
capitaux ». Le 23 août 2003, la police avait découvert dans les bagages du
directeur du Matin, de retour de France, des bons de caisse. Mais ni en Algérie
ni dans aucun autre pays au monde, la non-déclaration de bons de caisse ne
constitue, en temps normal, une infraction à la législation des changes et au
mouvement des capitaux.
Mais là ne s’arrête pas la répression contre la
presse libre : le 26 juin, le siège du Matin a été vendu aux enchères
suite à un redressement fiscal. Le journal a cessé de paraître le 24 juillet,
l’imprimerie d’État Simpral (Société d’impression d’Alger) ayant refusé un
échéancier pour le versement de ses impayés.
Et comme si ce n’était pas assez pour M.
Benchicou, son intégrité physique est en quelque sorte menacée par non
assistance. En effet, depuis son incarcération, son état de santé s’est
gravement détérioré. Mohamed Benchicou souffre d’une arthrose cervico-faciale
qui peut entraîner la paralysie du bras droit et, faute de soin, celle-ci a
gagné du terrain et commence à s’attaquer à son bras gauche. Selon les dires de
ses proches, le prisonnier essaie de garder tant bien que mal le moral, mais
ses souffrances physiques le handicapent d’autant plus qu’il n’a reçu aucun
soin médical depuis le 14 juin 2004, date de son incarcération.
Il faut soutenir cette cause et appuyer des
organismes de défense des droits comme Reporters
Sans Frontières (3), car la défense de nos droits démocratiques passe par
la défense d’une presse libre. Nul citoyen ne doit y être indifférent.
***
Pour aider M. Benchicou et être informé de la
situation algérienne, nous vous signalons quelques sites sur le sujet,
soit :
- Un site d’appui à messieurs Benchicou et Ghoul organisé par la presse
algérienne libre : www.presse-alg-libre.com/index.php?nr0=1&rub=article;
- Une pétition de l’Humanité appuyant la liberté de la presse
algérienne: www.humanite.presse.fr/petition/meta461025#sp461025;
- Naturellement, le site de RSF : www.rsf.org/article.php3?id_article=15428;
- Enfin,
The economist sur l’Algérie : www.economist.com/countries/Algeria/ .
Notes :
1. Informations de Reporters sans frontières mise en forme, avec quelques
ajouts, par Michel Handfield, coéditeur de Societas Criticus, en appui à notre
confrère journaliste et en solidarité avec tous les autre prisonniers
d’opinions et de presse.
2. « Entre 1996 et 2001, les
nouveaux arrivants proviennent toujours d’Haïti dans une proportion importante,
mais aussi du Maghreb (Maroc et Algérie) et de l’Asie du sud-est. Même si le
nombre de nouveaux immigrants en provenance d'Algérie en 1996 n'est pas
disponible, on peut supposer que ce nombre était largement inférieur à celui de
2001, car sur les 760 immigrants d'origine algérienne dans le quartier en 2001,
605 (soit près de 80%) sont arrivés depuis 1996. » (Ville de Montréal,
Portrait du quartier St-Michel, Profil démographique :
http://www2.ville.montreal.qc.ca/arrondissements/villeray/cdrom/cdrom/portraits_000029.html)
3. Une façon de le faire est de soutenir RSF en se procurant son album
de photographie annuel (fort beau d’ailleurs), car tous les fonds récoltés
servent à leur financement : www.rsfcanada.org
***
Dossier de RSF sur MOHAMED BENCHICOU et la situation algérienne
MOHAMED
BENCHICOU
Directeur
du quotidien Le Matin.
Date d'arrestation : Le 14 juin 2004.
Libération prévue en 2006
Condamnation :
Le 14 juin 2004, le tribunal d’El Harrach a
condamné Mohamed Benchicou à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt et
une amende de 20 millions de dinars (environ 230 000 euros).
Depuis le 6 juillet 2004, Mohamed Benchicou n’a
cessé d’être présenté devant le tribunal et la cour de Sidi-M’hamed pour des
délits de presse. Le directeur du Matin et ses collaborateurs ont été condamnés
à plusieurs reprises à des peines de prison ferme. Pour le seul mois de
décembre 2004, Mohamed Benchicou a été présenté 24 fois au tribunal.
Les deux derniers verdicts rendus ont été
prononcés le19 avril 2005. Mohamed Benchicou a ainsi écopé d’une peine de deux
mois de prison ferme, à laquelle s’ajoute une autre peine de trois mois de
prison ferme.
Motifs :
Le 14 juin 2004, Mohamed Benchicou a été
condamné pour « infraction à la loi régissant le contrôle des changes et les mouvements de
capitaux ». Le 23 août 2003, la police avait découvert dans les bagages du directeur
du Matin, de retour de France, des bons de caisse. Mais ni en Algérie ni dans
aucun autre pays au monde, la non-déclaration de bons de caisse ne constitue,
en temps normal, une infraction à la législation des changes et au mouvement
des capitaux. Par ailleurs, l’administration des douanes s’est totalement
démarquée des manœuvres diligentées contre Mohamed Benchicou et a formellement
dénoncé les empiètements de la police.
Le 26 août, le ministre des Finances a déposé
néanmoins une plainte contre Mohamed Benchicou pour non-déclaration de bons de
caisse. Quelques semaines auparavant, le ministre de l’Intérieur avait promis
devant des journalistes « de faire payer
le directeur du Matin pour la virulence de ses critiques ».
Le 27 août, le journaliste a été inculpé pour
infraction aux mouvements de capitaux et placé sous contrôle judiciaire. On lui
a également confisqué son passeport.
L’infraction au contrôle des changes était un
prétexte pour faire taire Mohamed Benchicou, mais aussi pour mettre en garde
tous ceux qui ont osé critiquer le pouvoir au cours de la campagne
présidentielle. En février 2004, Mohamed Benchicou avait en effet publié un
pamphlet à l’encontre du président algérien intitulé « Bouteflika, une
imposture algérienne ».
Depuis son arrestation, Mohamed Benchicou a par
ailleurs fait l’objet de diverses comparutions pour « délits de presse », «
offense au chef de l’Etat » et « outrage au président de la République », suite
à quelques articles et chroniques qu’il
avait signés de son nom, tels que « L’heure d’un front anti-Bouteflika » ou
encore « La République de Fatiha Bouagla ».
Le 19 avril 2005, il a été condamné à deux mois
de prison ferme suite à la publication, en 2002, d’articles et de documents
mettant en cause un proche de Bouteflika dans des affaires de malversations
financières. Il a également été condamné à trois mois de prison ferme pour
diffamation à l’encontre de Chakib Khelil, ministre de l’Energie et des Mines.
Lieu de détention :
Mohamed Benchicou est détenu à la prison d'El Harrach, dans la banlieue
d’Alger.
Conditions de
détention :
Placé sous mandat de dépôt, Mohamed Benchicou a
été conduit à la prison d’El Harrach aussitôt le verdict prononcé, le 14 juin
2004.
Mohamed Benchicou est incarcéré dans une cellule
avec cinquante détenus de droit commun. L’un d’entre eux, condamné pour
homicide, y a pris ses quartiers depuis une dizaine d’années. Chaque prisonnier
dispose d’un espace d’à peine 2 m2.
La famille de Mohamed Benchicou dispose d’un
droit de visite hebdomadaire. Le lundi, après trois à quatre heures d’attente,
ses proches peuvent espérer lui parler dix minutes. Par ailleurs, Mohamed
Benchicou a seulement accès à la lecture des journaux qui n’évoquent pas son
cas.
Depuis son incarcération, son état de santé
s’est gravement détérioré. Mohamed Benchicou souffre en effet d’une arthrose
cervico-faciale qui peut entraîner la paralysie du bras droit. Celle-ci a gagné
du terrain et commence à s’attaquer à son bras gauche. Selon les dires de ses
proches, le prisonnier essaie de garder tant bien que mal le moral, mais ses
souffrances physiques le handicapent. D’autant plus qu’il n’a reçu aucun soin
médical depuis le 14 juin 2004, date de son incarcération.
Sa demande de remise en liberté pour raisons de
santé a été refusée par la justice le 20 avril 2005. Les autorités judiciaires
ont refusé d’accéder à la requête du médecin de la prison qui avait demandé le
transfert du directeur du Matin à l’hôpital.
Circonstances de
l'arrestation :
Dès la proclamation du verdict, Mohamed
Benchicou a été immédiatement arrêté, menotté et conduit dans une salle du
tribunal avant d’être emmené en prison.
Procès :
Après plus de neuf mois de mise sous contrôle
judiciaire, le procès de Mohamed Benchicou s’est ouvert au tribunal d’El
Harrach le 14 juin 2004.
Le 31 janvier, malgré la clôture de
l’instruction, le procès avait été prématurément gelé et reporté après
l’élection présidentielle du 8 avril, afin de ne pas desservir le candidat
Bouteflika. Le procès, reprogrammé au 31 mai, a été reporté au 14 juin. Là
encore, l’image du Président fraîchement réélu est en jeu. Celui-ci ne veut pas
qu’elle soit ternie devant les grands de ce monde en sanctionnant le
journaliste avant la réunion du G8, à laquelle le président algérien est convié
début juin.
Mohamed Benchicou s’est adjoint les services
d’un collectif de huit avocats de renom. Le procureur avait requis cinq ans de
prison ferme avec mandat de dépôt à l’audience et 20 millions de dinars
d’amende à l’encontre du prévenu. Après trois quarts d’heure de délibération
pour les dix accusés jugés dans la même foulée, le verdict tombe. L’amende est
maintenue au même montant et Mohamed Benchicou écope de deux ans de prison
ferme. Le 11 août, il comparaît en appel mais la cour confirme le premier
verdict.
Le 6 juillet, Mohamed Benchicou comparaît pour
un délit de presse pour la première fois depuis son incarcération. A partir du 6 octobre, il devient la proie
d’un véritable harcèlement judiciaire et ne cesse d’être présenté devant le
tribunal et la cour pour délit de presse. L'article 144 bis du code pénal
algérien prévoit des peines de deux à douze mois de prison et des amendes
parfois exorbitantes pour toute mise en cause du président de la République
dans des termes injurieux, insultants ou diffamatoires.
Situation de famille
:
Marié en 1976, et père de trois enfants (27 ans, 21 ans, 12 ans).
Date et lieu de
naissance :
Né à Miliana, le 1er mai 1952.
Biographie :
Etudiant à l’université d’Alger, Mohamed
Benchicou obtient une licence d’économie. A la même époque, il collabore déjà à
différents journaux. Il devient correspondant de La République d’Oran, avant de
se mettre au service du quotidien El Moudjahid en 1976. En 1989, il concourt à
relancer le quotidien Alger Républicain, avant de fonder en septembre1991 son
propre journal, Le Matin.
En juillet 1992 déjà, il publie une information
démentie par les services de sécurité ; il est alors interpellé et maintenu en
garde à vue pendant 48 heures. Cet
événement marque le début d’un long acharnement judiciaire. Le Matin est
suspendu à maintes reprises et même fermé le 23 juillet 2004.
Actions de Reporters
sans frontières :
Reporters sans frontières a écrit et diffusé de
nombreux communiqués concernant l’affaire Benchicou.
L’organisation a
organisé le 13 juin 2005 une conférence de presse, en présence du Collectif
algérien pour la liberté de la presse et de Fatiha Benchicou. A cette occasion,
Reporters sans frontières a réitéré son appel aux autorités algériennes pour qu’elles
cessent leur harcèlement judiciaire à l’encontre de la presse privée et
qu’elles libèrent Mohamed Benchicou.
Une campagne pour
sensibiliser le public à la situation de la liberté de la presse en Algérie a
été lancée le 13 juin 2005. Le visuel représente un Algérien qui se fait cirer
les chaussures. Le slogan est le suivant : « Pour le président algérien, il n’y
a qu’une seule façon d’être journaliste ». La campagne a été déclinée sous
forme d’affiches sur le réseau Insert, en presse écrite et en carte postale sur
le réseau Cart’com.
Actions des autres
organisations :
Le Collectif algérien
pour la liberté de la presse organise régulièrement des manifestations. Le
dernier rassemblement en date s’est tenu le 14 juin 2005 devant l’ambassade
d’Algérie en France. Ce collectif exige la libération immédiate de Mohamed
Benchicou, la reparution du Matin, l’arrêt des poursuites judiciaires contre
les journalistes, ainsi que la dépénalisation des délits de presse conformément
aux traités internationaux. Le Collectif a lancé une pétition qui a recueilli
plus de 5 000 signatures parmi lesquelles celles de nombreuses personnalités du
monde politique, intellectuel et culturel de différents pays.
Le quotidien L’Humanité
a lancé une pétition, le 25 avril 2005, signée par 350 personnalités.
***
Algérie
Superficie : 2 381 741 km2.
Population : 31 800 000.
Langue : arabe.
Chef d’État : Abdelaziz Bouteflika.
Rapport annuel 2005
En 2004, les rapports entre la presse privée et
le pouvoir n’ont fait que s’envenimer. Plusieurs journaux ayant mené campagne
contre le « candidat-président » Abdelaziz Bouteflika ont subi un violent
retour de bâton après son éclatante victoire.
Comme l’a souligné un responsable du ministère
de la Culture et de la Communication, un très grand nombre de reporters
étrangers se sont rendus en Algérie pour couvrir l’élection présidentielle du 8
avril 2004 : « Pour la première fois, (...) des journalistes sont venus de
partout, aussi bien de l’Occident que de l’Orient... » Fait sans précédent,
l’armée s’était publiquement engagée à ne pas interférer dans le processus
électoral. Le président Abdelaziz Bouteflika a été réélu avec une très large
majorité des voix après avoir mené campagne sur le thème de la
"réconciliation nationale", promettant un avenir de paix et de
prospérité après la décennie noire du terrorisme islamiste. Mais la bataille
entre le « candidat-président » Bouteflika et son ex-Premier ministre et
secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Ali Benflis, s’est déplacée,
bien avant le démarrage officiel de la campagne en mars, sur le terrain
médiatique.
Une impartialité
toute relative des médias publics
Bien que la télévision d’Etat ait organisé une
émission spéciale intitulée « Baramidj » (Programmes de campagne en arabe)
donnant la parole à chacun des six candidats, « l’Unique » - comme l’appellent
les Algériens - a continué à accorder pendant toute la campagne une large
couverture aux déplacements du président Bouteflika à l’intérieur du pays. La
radio et la télévision, monopoles d’Etat, ont répercuté le discours officiel,
laissant peu de place à la contradiction. En dehors de la campagne officielle,
aucun débat politique n’a été programmé. Les reportages en direct sur des
sujets sensibles étaient proscrits et les revues de presse devaient éviter de
citer les journaux privés sur la question des « disparus », les émeutes en
Kabylie ou les affaires de corruption. Toujours posée, jamais réglée, la
question de l’accès des partis d’opposition et des opinions de la société
civile aux médias du service public (art. 10 de la loi du 3 avril 1990 relative
à l’information) a poussé depuis longtemps la majorité des Algériens à
s’équiper d’antennes paraboliques. Les leaders des partis d’opposition - légaux
ou interdits, comme le Front islamique du salut (FIS) - se sont adressés à
leurs compatriotes par l’intermédiaire des télévisions étrangères.
Interdit de parole en Algérie après douze ans
d’emprisonnement, Abassi Madani, le numéro un du FIS dissous, a choisi la
chaîne qatarie Al-Jazira. Les partisans du candidat Ali Benflis ont trouvé
comme relais K-News, la chaîne d’information de l’ex-milliardaire en fuite
Abdelmoumène Khalifa, qui, à quelques semaines de l’échéance électorale, a
repris ses émissions à partir de Londres. Enfin, pour entendre pour la première
fois à l’antenne les arguments de l’avocat Ali Yahia Abdenour, président de la
Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), ou du militant
extrémiste berbère Belaïd Abrika, les Algériens ont pu se brancher sur Beur TV,
la chaîne des Maghrébins de France.
Dès le début de l’année, une grande partie de la
presse privée a dénoncé, parfois de manière peu professionnelle, les dérives
autocratiques du président Bouteflika. Surnommé le « nain sectaire », le chef
de l’Etat était accusé d’instrumentaliser l’appareil d’Etat, les médias
officiels et les finances publiques à son profit en vue d’un « hold-up
électoral ».
Mise au pas de la
presse privée
Le président Bouteflika a répliqué en accusant à
son tour, en mars, certains journalistes de faire autant de mal au pays que les
« terroristes » et juré de combattre « les mercenaires de la plume ».
Sitôt réélu, le Président a tenu promesse. Le
gouvernement a été chargé de réviser dans un sens plus restrictif la loi sur
l’information d’avril 1990, qui avait permis l’émergence d’une presse privée
mais dont les dispositions les plus libérales n’avaient jamais été vraiment
appliquées. Ce projet de loi viserait à soumettre la création de nouvelles
publications à des conditions plus sévères. Comme le Président et son chef du
gouvernement, Ahmed Ouyahia, l’ont exprimé très clairement, la fin du monopole
étatique sur la radio et la télévision ne serait pas à l’ordre du jour. « Je ne
veux pas mettre ces armes de destruction massive dans des mains irresponsables
», a déclaré début avril le président Bouteflika.
De fait, les autorités ont rétabli en 2004 le
monopole sur la publicité publique. Alors que les administrations et les
entreprises d’Etat sont juridiquement autonomes, elles ne sont plus libres
d’octroyer les marchés publicitaires publics, qui représentent un peu plus de
50 % du volume publicitaire global. En ordonnant à ses ministres et aux
entreprises publiques de confier la gestion de la publicité à l’Agence nationale
d’édition et de publicité (ANEP), sous contrôle du gouvernement, les autorités
se sont donné les moyens d’étrangler financièrement certains titres.
Simultanément, le pouvoir a favorisé la création d’une dizaine de quotidiens, à
très faible tirage et entièrement à sa botte, qui sont devenus les principaux
destinataires de la publicité publique.
Des restrictions ont été imposées aux
journalistes exerçant en Algérie pour le compte de la presse étrangère. En
février, un décret du gouvernement a interdit aux journalistes algériens et aux
correspondants étrangers dans le pays de travailler pour plus d’un média à la
fois. « Dans aucun pays, un journaliste ne peut travailler pour plusieurs
titres !, a déclaré un représentant du ministère de la Culture et de la Communication
à Reporters sans frontières. Les médias doivent avoir l’exclusivité de leur
correspondant. » Le bureau d’Al-Jazira a été fermé le 30 juin 2004. À la fin de
l’année, un photographe de l’Agence France-Presse (AFP) n’avait toujours pas
été accrédité pour 2004.
Harcèlement
judiciaire des journalistes
A la suite des convocations à répétition, des
dizaines de plaintes en diffamation émanant du pouvoir, de la partialité des
juges et de l’incarcération de quatre journalistes, l’autocensure a fait son
retour dans certaines rédactions.
Il faut dire qu’une révision du code pénal
permet de sanctionner dorénavant plus durement la diffamation. L’article 144
bis du code pénal prévoit des peines de deux à douze mois de prison et des
amendes pour toute mise en cause du président de la République dans des termes
injurieux, insultants ou diffamatoires. Des dizaines de journalistes ont été
condamnés à de lourdes amendes et à des peines de prison avec sursis. Quatre
ont été condamnés à des peines de prison ferme et deux d’entre eux, Mohammed
Benchicou et Ahmed Benaoum, étaient toujours incarcérés au 1er janvier 2005.
Hafnaoui Ghoul, correspondant du quotidien
arabophone El-Youm à Djelfa (270 km au sud d’Alger) et responsable du bureau
régional de la LADDH, a été incarcéré pendant six mois pour « diffamation », de
mai à novembre. À la surprise générale, il a été remis en liberté provisoire le
25 novembre, au lendemain d’une visite du président Bouteflika dans cette
province éloignée d’Alger. Mais les dizaines de poursuites judiciaires en cours
contre lui n’ont pas été abandonnées. Les enquêtes d’Hafnaoui Ghoul publiées
dans El-Youm et dénonçant la corruption et les abus de pouvoir des notables
locaux ont toujours déplu au wali (préfet) de Djelfa. Le journaliste avait
notamment révélé l’implication des autorités locales dans le scandale de la
mort de treize bébés à l’hôpital de la ville et les pressions dont sont
victimes, en province, les correspondants de presse.
Le quotidien privé Le Matin, déjà dans le collimateur
des autorités et qui a mené campagne contre le président Bouteflika, a vu
l’étau se resserrer sur lui. En mars, le journal a été mis en demeure de
verser, sous une semaine, 39 millions de dinars algériens (environ 450 000
euros) représentant une partie seulement d’un redressement fiscal pour les
exercices de 1998 à 2001. Son directeur, Mohammed Benchicou, avait publié en
février un virulent pamphlet contre le président algérien intitulé : «
Bouteflika, une imposture algérienne ». Il a été condamné, le 14 juin, à deux
ans de prison pour « infraction à la législation sur les mouvements de capitaux
» et incarcéré sur-le-champ à la prison d’El-Harrach, près d’Alger. Mohammed
Benchicou avait été interpellé à l’aéroport d’Alger, le 23 août 2003, en
possession d’un reçu bancaire (bon de caisse) concernant une forte somme
d’argent et libellé en dinars. Près d’une cinquantaine de plaintes ont été
jugées ou sont en cours contre lui, dont certaines pour des délits de presse.
Le 26 juin, le siège du Matin a été vendu aux enchères suite à un redressement
fiscal. Le journal a cessé de paraître le 24 juillet, l’imprimerie d’Etat
Simpral (Société d’impression d’Alger) ayant refusé un échéancier pour le
versement de ses impayés. « Après avoir emprisonné notre directeur, les
autorités ont demandé aux annonceurs de boycotter notre titre, aux banques de
prendre leurs distances, et aujourd’hui l’impression est suspendue », a déclaré
Youssef Rezzoug, rédacteur en chef du quotidien. El Djarida, quotidien
arabophone, et Le Nouvel Algérie Actualité, quotidien francophone, ont
également été suspendus d’impression pour impayés.
Le 3 juillet, Ahmed Benaoum, directeur du groupe
de presse Er-raï El-Aam, et Ahmed Oukili, directeur du journal Er-raï, ont été
condamnés à deux mois de prison ferme par un tribunal d’Oran pour « outrage à
corps constitué ». La plainte contre les deux journalistes avait été déposée
par le directeur général de la Sûreté nationale suite à la publication
d’articles mettant en cause « la gestion du chef de la sûreté de la préfecture
d’Oran ». Ahmed Benaoum, condamné à plusieurs reprises dans d’autres affaires
en diffamation et des affaires de droit commun, reste incarcéré au 1er janvier
2005. Des dizaines d’autres plaintes ont été déposées contre lui.
Bilan 2004
4 journalistes incarcérés
2 journalistes condamnés à des peines de prison avec sursis
6 journalistes interpellés
2 journalistes menacés
Des dizaines de journalistes convoqués par la justice
5 refus d’accréditation
6 médias censurés
###
Communiqué de presse
Montréal, le 12 octobre 2005
C’est une évidence pour toute personne et toute collectivité
sûres d’elles-mêmes, que la diversité culturelle est une des grandes richesses
de l’humanité et qu’il faut la préserver. Ce qui est en cause, c’est
l’identité, et cette diversité des identités culturelles en général est un
élément aussi important que la diversité biologique saine pour un développement
durable authentique. Cette diversité culturelle mondiale est également,
malheureusement, de toute évidence menacée par le néo-libéralisme sauvage
généralisé et l’impérialisme culturel américain mondialisé.
La souveraineté du Québec doit servir à préserver et
promouvoir la culture québécoise de même que celles des autochtones. Afin de
préserver la culture québécoise, il est important de restaurer et de mettre à
jour la loi 101, afin de soutenir l’utilisation de la langue française dans le
fonctionnement de notre société québécoise.
Sans pouvoir même tous les nommer, mais sans ignorer
les nombreux et différents intervenants et agents de développement culturel et
social, à l’instar de l’exemple fourni par le petit 5 % des artistes
professionnels qui vivent de leur création culturelle, il est nécessaire de
sortir de la pauvreté les autres 95 % et tous leurs homologues culturels et
sociaux et d’empêcher les autres d’y tomber, en leur donnant droit à un revenu
minimum qui est lié à une responsabilité de participer à l’enrichissement
collectif.
Un bouillonnement culturel de la société québécoise ne
peut qu’alimenter notre imaginaire collectif et, par son rayonnement
international, celui de nos semblables, pour trouver des solutions aux
multiples défis posés à l'humanité
Le changement culturel nécessaire pour réaliser un
développement durable passe par la reconnaissance de la place que doivent
occuper dans notre société les responsabilités en plus des droits et des
libertés. La population s’est battue pendant des siècles pour acquérir des
droits et des libertés. Maintenant, il faut nous engager collectivement dans un
nouveau partage des responsabilités entre les personnes, les organisations et
l’État. Cet engagement autour du partage des responsabilités est une des
caractéristiques des pays scandinaves. Ce partage des responsabilités prendra
la forme d’un nouveau contrat social qui deviendra ainsi comme un code
d’éthique pour guider nos décisions personnelles et collectives.
Ce nouveau contrat social renforcera notre identité
collective et notre sentiment d’appartenance, diminuant d’autant notre
sentiment de solitude et d’isolement. Le contrat social va permettre de renouer
des liens entre les personnes que l’économie de marché a détruits.
Par ailleurs, nous assistons à une concentration des
médias qui rend de plus en plus visible l’existence d’un 4e pouvoir, en plus de
celui des législatures, des gouvernements et des tribunaux : celui des
médias. Cette concentration a le double défaut de permettre la manipulation de
l’opinion publique pour des fins politiques ou économiques, tout en favorisant,
une éventuelle chute de la créativité visible, et conséquemment un trop facile
nivellement culturel général par le bas.
M. Ouimet a eu l’occasion de découvrir le 4e pouvoir à
l’œuvre, alors qu’il était chef du Parti vert du Québec, avec le traitement
réservé par les médias dans la couverture des énoncés et des activités du PVQ,
au cours de la période s'étendant de 1989 à 1993. La couverture médiatique
américaine de la guerre de l’Irak a été un autre exemple frappant de
manipulation de l’opinion publique. Un mensonge répété trois fois par un média
crédible est ainsi devenu une vérité, en tout cas, pour un trop grand nombre de
nos amis américains malheureusement.
La couverture actuelle de la course à la direction du
PQ illustre bien comment les médias orientent l’opinion publique en ne
diffusant de l’information ne concernant que pratiquement un seul candidat, en
couvrant sommairement deux autres candidats, et en ignorant à toute fin
pratique tous les autres candidats.
Dans un Québec souverain, le contrat social devra
permettre un partage du 4e pouvoir (informationnel) via le partage des
informations et des connaissances d’intérêts publics, et ce, grâce à un réseau
public interactif de communication via la radio, la télévision et Internet. Un
futur Conseil de la Radiodiffusion, des Télécommunications et d’Internet du Québec (CRTIQ) sera au
service du respect de l’esprit et de la lettre des principes qui auront été
retenus dans l’élaboration du contrat social.
Dans un tel contrat social, nous pourrions retrouver
énoncées les responsabilités informationnelles des partenaires du contrat
social afin de permettre la participation de la population aux décisions
collectives et ainsi d’instaurer une démocratie participative des citoyens aux
choix de notre société. Nous y trouverons des responsabilités informationnelles
de l’État à diffuser les informations et les connaissances d’intérêts
publiques, de sorte que, par exemple, le rapport sur la qualité de l’eau à
Jonquière en 1998 que le Ministère de l’environnement du Québec avait tenu
caché pendant 2 ans, aurait dû être dévoilé à la population concernée dès sa
parution.
Il ne faut pas oublier les responsabilités
informationnelles des organisations et des entreprises privées à l’égard de la
communauté, entre autres, en ce qui concerne les produits et déchets dangereux
circulant par voie ferroviaire en plein cœur de Boucherville. Les
responsabilités informationnelles des citoyens pourront avoir trait aux
informations et aux connaissances d’intérêts publics relatifs à sa citoyenneté,
à sa formation.
Un contrat social dans un Québec souverain va nous
permettre de nous doter d’un code éthique pour nous guider dans nos décisions
collectives. Le contrat social va également renforcer notre identité et notre
sentiment d’appartenance à une société engagée à relever les défis à venir.
Pour de plus amples détails, visiter le www.jeanouimet.com
---
UNE COALITION
MONDIALE D’ONG DEMANDE UNE REGULATION PLUS IMPORTANTE DES ENTREPRISES
MULTINATIONALES
(Communiqué de
presse OECD Watch)
Jeudi 22 septembre 2005
La revue critique « Cinq ans après » réalisée
par OECD Watch conclut que les Principes directeurs de l’OCDE sont insuffisants
pour stimuler l’adoption de comportements responsables par les entreprises
(téléchargez le rapport : www.oecdwatch.org)
Les Principes directeurs de l’OCDE à l’attention
des entreprises multinationales ne sont pas un instrument adéquat pour enrayer
les mauvais comportements des entreprises.
C’est la conclusion d’OECD Watch dans son rapport « Cinq ans après :
revue critique sur les Principes directeurs de l’OCDE et les Points de Contact
Nationaux », rapport diffusé aujourd’hui afin de coïncider avec la réunion du
Comité d’Investissement de l’OCDE à Paris. La coalition internationale d’ONG
lance un appel pour des standards sociaux et environnementaux juridiquement
contraignants pour les entreprises afin de mettre fin aux abus des entreprises,
en particulier dans les pays en voie de développement.
Il y a cinq ans, l’OCDE a lancé des Principes
directeurs révisés à l’attention des entreprises multinationales, qui comprennent
un mécanisme de recours pour les communautés locales et les ONG. Malgré le fait que ces Principes directeurs
soient un instrument qui engage les pays de l’OCDE, peu d’entreprises
multinationales ont adapté leur comportement aux principes et standards définis
dans les Principes directeurs en vue d’un comportement responsable de
l’entreprise. « Il y a un certain nombre
de faiblesses inhérentes aux Principes directeurs, la plus marquante étant que
les compagnies ne peuvent pas être sanctionnées pour leur mauvaise conduite
parce que les Principes directeurs ne sont pas juridiquement contraignants », a
dit Paul de Clerk des Amis de la Terre Europe lors du lancement du rapport à
Bruxelles. Cependant, les gouvernements
devraient avoir des obligations claires de mise en œuvre, ce qui comprend la
mise en place d’un « point de contact national » (PCN) afin de gérer les
éventuels mauvais comportements des entreprises.
OECD Watch a examiné 45 plaintes qui ont été
déposées par des ONG et des communautés locales durant ces cinq dernières
années. De plus, le rapport « Cinq ans
après » étudie la manière dont les PCN ont géré les plaintes. Dans la plupart des cas, les résultats sont très
inquiétants.
Il n’y a rien qui puisse suggérer que les
Principes directeurs aient aidé à réduire le nombre de conflits entre les
communautés locales, les groupes de la société civile et les entreprises
multinationales. L’expérience des ONG
relative aux Principes directeurs a révélé que ceux-ci sont tout simplement
inadéquats en tant que mécanisme global pour améliorer les opérations des
multinationales et contribuer à une réduction des conflits de façon
significative entre les communautés et les investisseurs. Sans la menace de réelles sanctions, les
compagnies sont peu motivées à vérifier qu’elles respectent les Principes
directeurs.
Dans les cas où une plainte a été déposée, les
PCN n’ont que très rarement contribué à la résolution de conflits
particuliers. Cinq années d’expérience
avec les Principes directeurs ont révélé que la plupart des PCN ne font pas
connaître les Principes directeurs, et n’encouragent pas les entreprises à y
adhérer. Quand les gouvernements sont
saisis sur certaines questions, la plupart des PCN ne vont pas s’interroger sur
la validité des plaintes. L’auteur du
rapport, Patricia Feeney de l’association RAID-UK, a expliqué que « même quand
des questions d’une importance suprême sont soulevées, comme le cas de la
République Démocratique du Congo, les PCN ont entrepris de bloquer les
investigations et de protéger les compagnies d’une mauvaise publicité ».
La revue critique « Cinq ans après » d’OECD
Watch conclut que les instruments volontaires tels que les Principes directeurs
de l’OCDE à l’attention des entreprises multinationales sont insuffisants, et
qu’il est nécessaire de mettre en place des standards sociaux et
environnementaux juridiquement contraignants afin de mettre un terme aux abus
des entreprises. Si nous souhaitons que
les Principes directeurs puissent résoudre des problèmes particuliers soulevés
par des communautés locales, les gouvernements des pays de l’OCDE doivent faire
connaître les Principes directeurs, et améliorer de façon importante leur mise
en œuvre.
Principes directeurs de l’OCDE
Les Principes directeurs de l’OCDE sont des principes
et standards volontaires soutenus par des gouvernements auxquels des
entreprises multinationales dans ou depuis des pays de l’OCDE sont supposés
adhérer. En 2000, les Principes
directeurs de l’OCDE à l’attention des entreprises multinationales ont été
révisés, et des procédures ont été établies qui permettent les ONG de déposer
des plaintes quant au comportement des entreprises.
Points de Contact Nationaux
Les Points de Contact Nationaux (PCN) sont des
bureaux gouvernementaux mis en place afin de promouvoir l’adhésion des
entreprises multinationales aux Principes directeurs de l’OCDE. Les PCN sont responsables de recevoir les
plaintes déposées quant au mauvais comportement des entreprises.
OECD Watch
OECD Watch est un réseau international de 47
ONG--dont l'Association 4D--basées dans 28 pays, qui a comme objectif de
faciliter les activités des ONG autour des Principes directeurs et du travail
du Comité d’Investissement de l’OCDE (1).
Le Comité d’Investissement est l’organe de l’OCDE qui travaille sur les
questions de l’investissement international, les entreprises multinationales et
les Principes directeurs de l’OCDE.
Ce rapport, le troisième d’OECD Watch, passe en
revue le développement des Points de Contact Nationaux (PCN) dans 22 des 39 pays
qui ont adoptés les Principes directeurs.
Cette étude est basée sur l’expérience et la perception des ONG
(2). Elle reflète également le point de
vue d’ONG dans un certain nombre de pays non-membres de l’OCDE (3).
Pour télécharger le rapport, veuillez consulter www.oecdwatch.org ou www.association4d.org
Notes :
1. OECD WATCH a été créée lors d’une réunion à Amersfoort, aux Pays-Bas,
le 20 au 22 mars 2003, organisée par les Amis de la Terre Pays-Bas, IRENE et
EED (avec un soutien de SOMO, Germanwatch et Novib).
2. Des rapports ont été reçus de l’Allemagne, l’Argentine, l’Australie,
l’Autriche, la Belgique, le Brésil, le Canada, le Chili, le Danemark,
l’Espagne, les Etats-Unis d’Amérique, la Finlande, la France, le Japon,
l’Italie, le Mexique, la Norvège, les Pays-Bas, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Suède, et la Suisse.
3. L’Equateur, le Ghana, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, la République
Démocratique du Congo, Taïwan, la Zambie.
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Commentaires livresques : Sous la
jaquette!
Assouline, Pierre,
2005, LUTETIA, France : Gallimard nrf, 448 pages www.gallimard.fr
Commentaires de Luc Chaput (30 novembre 2005)
Les
grands hôtels ont souvent fasciné l'imagination populaire que ce soit au cinéma
dans plusieurs films d'Hitchcock, (par exemple I Confess tourné au
Château Frontenac) ou Grand Hotel ou Hotel. Ils ont été la source
de grandes fortunes comme celle des Hilton, famille plus connue maintenant pour
les frasques d'une des filles, Paris.
Pierre
Assouline, biographe, chroniqueur littéraire, s'intéresse ici de multiples
manières à la vie d'un des plus importants hôtels de la Rive Gauche à Paris, le
Lutetia, situé près de l'Assemblée nationale, des grands éditeurs et qui
a connu des heures de gloire mais aussi des plus sombres quand il fut le centre
de contrôle du marché noir parisien pendant la deuxième Guerre mondiale.
Construit par la famille Boucicaut, propriétaire du Grand Marché pour
héberger la clientèle provinciale de cette entreprise importante de commerce au
détail inspiratrice du magasin "Au
Bonheur des Dames" de Zola, cet hôtel fut le théâtre de nombreuses
rencontres littéraires, politiques et mondaines que Pierre Assouline rappelle
dans ce docu-roman, par le biais du travail de son personnage principal,
son alter ego, Édouard Kiefer, le détective de l'hôtel qui, comme l'auteur,
travaille à constituer des fiches, comme point de références à ses multiples
rencontres, Joyce, De Gaulle ou Saint Exupéry . Le travail documentaire
d'Assouline, évident et dont les trois pages de références donnent une idée de
l'ampleur, est bien intégré dans une langue élégante qui fait aussi référence à
certaines biographies de l'auteur. Je pense entre autres au château de
Cheverny, le Moulinsart des Tintin. L'importance du Lutetia comme
centre d'accueil des déportés à la Libération lui a permis de garder son nom
après la guerre comme le Meurice, état-major parisien de l'armée
allemande alors que d'autres salis par la collaboration, ont perdu jusqu'à leur
nom et statut. On comprend, par le
foisonnement de ses histoires toutes liées les unes aux autres dans un ensemble
brillant, que ce roman ait gagné en France, le Prix des Maisons de la
Presse.
***
Lutetia fait bien entendu référence au nom donné par
les Romains à la ville sur les bords de la Seine. Des fouilles archéologiques
récentes à Nanterre y ont montré l'existence d'une bourgade qui pourrait avoir
été plus importante que celle sur l'île de la Cité.
Hyperliens :
http://passouline.blog.lemonde.fr/
http://www.chateau-cheverny.fr/
http://www.memorialdelashoah.org/
http://www.ordredelaliberation.fr/
http://paphe.ap-hop-paris.fr/fr/f_idf_par_bou.html
http://expositions.bnf.fr/zola/bonheur/
http://www.fondationresistance.com/liens/liens.htm
http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-202862
http://vieux.colombier.free.fr/
Arrière
de couverture :
Tapi dans les recoins les plus secrets du
Lutetia, un homme voit l'Europe s'enfoncer dans la guerre mondiale. Édouard
Kiefer, Alsacien, ancien flic des RG. Détective chargé de la sécurité de
l'hôtel et de ses clients. Discret et intouchable, nul ne sait ce qu'il pense.
Dans un Paris vaincu, occupé, humilié, aux
heures les plus sombres de la collaboration, cet homme, pourtant, est hanté par
une question : jusqu'où peut-on aller sans trahir sa conscience ?
De 1938 à 1945, l'hôtel Lutetia - l'unique
palace de la rive gauche - partage le destin de la France. Entre ses murs se
succèdent, en effet, exilés, écrivains et artistes, puis officiers nazis et
trafiquants du marché noir, pour laisser place enfin à la cohorte des déportés
de retour des camps.
En accordant précision biographique et souffle
romanesque, Pierre Assouline redonne vie à la légende perdue du grand hôtel,
avec un art du clair-obscur qui convient mieux que tout autre au mythique
Lutetia.
LUTETIA [2005], 448 pages, 155 x 225 mm.
Collection blanche, Gallimard -rom. ISBN 2070771466. Parution : 20-01-2005.
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Michel Handfield
29 novembre 2005
L’an dernier nous vous avions parlé de l’État du monde 2005 édition
papier (La découverte/Boréal), car il s’agissait d’un ouvrage de référence
important. Cependant, étant une revue Internet, nous nous adressons à des gens
qui utilisent un ordinateur, alors nous avons demandé l’édition CD-ROM cette
année. Boréal a donc eu l’amabilité de nous suggérer de contacter la découverte
qui nous en a envoyé une copie de presse.
C’est le même excellent ouvrage que l’État du monde papier, cependant,
outre les articles de l’édition 2006, il comprend les principaux articles des
années précédentes, des articles encyclopédiques, des statistiques, des cartes…
Bref, c’est un outil de recherche qui s’étend dans le temps d’un simple clic de
souris.
Au premier coup d’œil on en saisit toute l’étendue à défaut de la voir,
car pour tout voir il faudrait plus que des heures ou des jours, les articles
comprenant des hyperliens renvoyant à d’autres textes complémentaires sur le
sujet, parfois à des sites internet. A titre
d’exemple, l’article sur le Canada contient
des liens vers le Québec, Laurier, l’empire britannique, Versailles, Trudeau et l’ALÉNA pour ne nommer
que ceux là.
Mais comme cette encyclopédie se veut contemporaine, il nous fallait
voir un phénomène purement XXe. Nous avons donc regardé la rubrique communisme,
car il a débuté avec le XXe siècle – la révolution russe – pour s’éteindre en partie avec lui, à
l’exception de quelques braises, comme Cuba et la Corée du nord, et de la
Chine. Mais cette dernière, qui est encore politiquement communiste, opère des
changements qui ne trompent pas : elle se libéralise lentement pour éviter
les chocs qu’a connus l’URSS. Bref, si le communisme n’est pas mort, celui qui
reste change. Pour qui cela intéresse, cette rubrique est fort complète avec
plus d’une trentaine d’entrées dont socialisme et communisme; régime
soviétique; Communisme (Asie); Khmers
rouges (Cambodge); soviétisation de
l’Europe de l'Est; Lénine; Rosa Luxembourg; etc. Ce n’est là qu’une
brève nomenclature qui montre toute l’étendue de cet ouvrage de référence.
Si l’État du monde est complet au niveau des textes et des cartes, il
l’est aussi au niveau des statistiques, car il contient nombre de tableaux que
ce soit par pays ou par régions; les grands indicateurs économiques; les indicateurs de développement humain (par
exemple l’espérance de vie est de 78,9 ans en Suède, 79,3 au Canada, 77,0 aux
Etats-Unis, 70.9 en Chine et, tristement, 33,9 au Zimbabwé pour ne nommer que ceux là); le Produit intérieur brut et la parité du pouvoir d’achat, une façon plus équitable de voir et de
comparer les choses que l’on se doit souligner; la population; et les
matières premières. On est ici face à un ouvrage de
référence très complet.
Naturellement, l’utilisation d’un CD-ROM ne parle pas
de la même façon à tous. Pour moi c’est un incontournable. Même mes
dictionnaires papiers ont été remplacés par leur version CD-ROM, car le clavier
est mon premier mode d’écriture. La version CD, avec tout ce qu’elle offre,
m’apparaît cependant un essentiel pour l’étudiant universitaire, le chercheur,
le journaliste et l’homme politique qui ne veut pas être déconnecté pour ne
nommer que ceux là! A défaut, si vous aimez vraiment l’odeur et la sensation du
papier, que vous avez une relation érotico-sensuelle aux livres, je vous
concède l’édition papier. Vous pourriez peut être même avoir les deux :
une dans l’ordi et l’autre sur votre table de chevet avec l’Édition Prestige de l’Encyclopédie de L’état du monde, qui
comprend le CD-ROM de l’Encyclopédie de L’état du monde et l’annuaire
économique géopolitique mondial l’État du monde 2006 des Éditions La
Découverte.
Pour l’étudiant du secondaire ou pour qui veut un
livre de référence à la maison pour comprendre le monde dans lequel il vit,
quand il entend une nouvelle internationale par exemple (1), l’édition papier
est un excellent choix. Mais si vous êtes vraiment curieux et accro de votre
ordi, l’édition CD-ROM vous comblera.
Quant aux étudiants du cégep ou du pré universitaire,
car le cégep est une spécificité québécoise, votre champs d’études (sciences
humaines par exemple) devrait vous guider entre un outil de recherche comme la
version CD-ROM ou un ouvrage de référence comme la version papier selon vos
intérêts pour l’histoire, l’économie et la géopolitique.
Pour l’étudiant du primaire « L'état du monde junior » se veut un choix judicieux, d’autant
plus que dans les grandes villes, comme Montréal, la population est de plus en
plus multiculturelle, alors Thomas, Henri, Mohamed, Liz, ou Mariana peuvent
trouver des réponses à leurs questions sur le pays d’où viennent leurs amis,
sur ce qu’ils entendent dans les médias ou pour leurs travaux scolaires.
Enfin, à « L’état du monde » s’ajoute
une série d’autres livres sur l’état des choses comme « L’état de
l'environnement dans le monde », « L'état des religions dans le
monde », ou « L'état du monde
en 1945 »; ouvrages plus ou moins récents, mais qui donnent des
renseignements importants à qui s’intéresse à ces questions spécifiques.
Bref l’État du monde, dans toutes ses déclinaisons, se veut un ouvrage
essentiel sous une forme qui répondra à vos besoins, soit livre, soit CD-ROM.
Hyperliens sur L’état du monde en différentes déclinaisons…
Chez La
découverte :
www.etatdumonde.com/ pour l’édition CD
www.editionsladecouverte.fr/ pour trouver
toutes ses déclinaisons
Pour
l’édition canadienne (québécoise) chez Boréal :
http://www.editionsboreal.qc.ca/fr-result_isbn.php?ISBN=2-7646-0404-1
Note :
1. Par
exemple quand l’Ukraine faisait l’objet de nouvelles au début de l’année 2005,
j’ai consulté les textes et les statistiques sur ce pays pour mieux en saisir
les enjeux : situation géopolitique, statistiques, tendances, etc.
Caractéristiques :
Configuration requise
PC : PC Pentium III 500 recommandé; 64 Mo de Ram ; Windows
98/NT4/2000/Millenium/XP ; Lecteur de Cd-Rom 4X ; Carte vidéo 2 Mo.
1 500
articles encyclopédiques couvrant l'histoire du XXe siècle ;
700
articles d'analyse sur les relations internationales, l'économie, les conflits,
l'environnement, etc. ;
40
000 données statistiques mondiales ventilées par pays, région ou thème [grands
indicateurs économiques, IDH, PIB-PPA, population, matières premières, etc.] ;
Une
chronologie mondiale [1880-2005] ;
11
chronologies [18 ans de suivi de chacun des 8 « continents », des conflits et
tensions, des questions économiques, des organisations internationales] ;
200
fiches d'informations institutionnelles sur les pays ;
80
cartes ;
1 000
références bibliographiques et 1 000 références de sites Internet.
L’HISTOIRE DU SIÈCLE ET LES
ENJEUX DU MONDE CONTEMPORAIN
Tous
les pays du monde : la trajectoire de chaque pays au cours du siècle et une analyse très détaillée des deux
dernières décennies;
Histoire
du XXe siècle : 8 « Séquences historiques », 18 « Grands dossiers » une
chronologie mondiale [1880-2004] ;
Le
monde d’aujourd’hui : les nouveaux enjeux internationaux concernant les
sociétés, la géopolitique, l’économie et la politique, 50 thèmes, de
l’environnement au terrorisme, de la mondialisation au droit des femmes, etc.
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Ou essai autour d’un livre
Michel Handfield
24 novembre 2005
La démocratie, quel mot chargé de sens. Elle nous vient de la Grèce
antique : pensons à Socrate et Platon. Barreau et Bigot (1) nous en disent
que :
« En politique, ils
inventèrent et expérimentèrent dans leurs cités toutes les formes imaginables
de gouvernement : démocratie (de démos, peuple, et de kratos, pouvoir),
monarchie (de mons, seul, et arkhê, commandement), ploutocratie (ploutos,
richesse), oligarchie (de oligoi, peu nombreux), etc. » (p. 49)
Toutes? Non! Car Pierre-Léonard Harvey nous en présente une nouvelle forme :
la démocratie occulte! (Québec :
Presses de l’Université Laval, 2004)
Cela parait antinomique, démocratie et occulte dans la même expression,
ce dernier signifiant des choses cachées! Dans la démocratie tout ne doit-il
pas être transparent pour que le citoyen soit capable de juger et de prendre
une décision éclairée? Mais c’est
qu’avec la communication de masse tout à changé : quelques uns
communiquent, les autres reçoivent! Le citoyen devient un client qui consomme
de la politique ou de l’information comme du sport, des téléromans ou des
chips : il la « zappe »! Il ne va plus à l’Agoras écouter les
débats sur la chose publique; participer de sa présence, parfois d’un hochement
de tête, une question ou un commentaire! Il choisit maintenant son Maire ou son
Premier ministre sur la base d’un clip de 30 secondes. Le règne de l’image! On
vend un programme politique comme un paquet de chip et après l’on se surprend
que ça laisse des miettes et des tâches disgracieuses sur la moquette!
Notre démocratie n’en est plus une, car le citoyen est continuellement
sondée! La votation n’est plus qu’un portrait de la situation. Un sondage
auprès d’un échantillon global de la population – quoi qu’avec les taux
d’abstention cet échantillon est de moins en moins global! Les élections sont
ainsi à la politique ce que les olympique sont au sport : une
compétition qui bénéficie d’un meilleur marketing, mais dont les champions
tiennent rarement la cote plus de deux fois, que ce soit deux olympiques ou
deux élections! Le public n’est plus dupe et s’en distancie, d’où une baisse
constante de participation aux élections :
« Notre démocratie actuelle et nos Parlements occidentaux en
particulier sont marqués par une inefficience de plus en plus grande, un
pouvoir dilué, un caractère presque illusoire; nos institutions démocratiques
sont davantage un simulacre qui en fait davantage un symbole ou une image de
marque de la démocratie, qu’une réalité fonctionnelle permettant aux citoyens
d’exercer leur souveraineté. » (p. 3)
Si on est de plus en plus les spectateurs d’un cirque (2), il n’est pas
surprenant que les citoyens délaissent la politique. Mais attention, cela ne
signifie point qu’ils délaissent le Politique et la chose publique. De plus en
plus de gens sont impliqués, soutiennent des ONG et des organismes
communautaires qui répondent à leurs aspirations. Vous êtes pour
l’environnement, vous joignez Greenpeace! Vous êtes contre la guerre, vous
marchez dans la rue avec « échec à la guerre »! Une autre façon de
faire sentir son opinion en contrepoids aux lobbys derrières la politique
partisane.
Mais qu’est-ce qui explique ce changement? L’Internet! Comme les
entreprises ne sont plus limitées par les frontières et imposent leur volonté
aux États, les citoyens ont aussi de plus en plus accès à des informations
alternatives et d’ailleurs; d’autres citoyens (locaux, nationaux et d’outre
frontières) qui ont les mêmes préoccupations qu’eux; et des groupes de
pressions divers, que ce soit des ONG, des syndicats, des associations de consommateurs,
des groupes environnementaux, etc. Ils peuvent ainsi s’organiser en contre
pouvoir mondial. Aux sommets économiques, les contre-sommets! La société civile
mondiale a le pouvoir « de recréer un nouveau contrat social mondial
affranchi des territoires nationaux, posant ainsi un défi cybernétique aux
règles de la « souveraineté nationale ». » (p. 34) Cela pose de
nouveaux défis aux États et au Québec en particulier, qui se débat avec la
question nationale - être souverain ou non - depuis près de 40 ans :
« Le nouveau contrat social évacuera-t-il les individus, les
groupes et les communautés en difficulté ou non informatisés? La souveraineté
du Québec est-elle encore possible ou souhaitable face à la perte de pouvoir
des gouvernements locaux au profit d’autres États ou d’instances
internationales? » (p. 34)
Mondialisation et cyber citoyenneté dégagent ainsi les corporations et
les individus de l’État. Le cynisme citoyen, le travail au noir ou les
investissements « offshore » des multinationales en sont les
premières manifestations, car si on ne croit plus à l’État et à sa
« démocratie », pourquoi lui paierait-on un écu? D’ailleurs, cette
démocratie parlementaire existe-t-elle encore ou n’est-elle qu’un écran de
fumée pour cacher le véritable pouvoir – l’économique, le technocratique – de
la vue des citoyens consentant à être aveuglé, c’est-à-dire préférant les
« soaps », les émissions de masse, les téléréalités et les nouvelles
spectacles à la véritable information?
« (…) le Parlement s’est transformé en une chambre des décisions
préparées et prises ailleurs – dans les instances des bureaucraties
administratives, gouvernementales et présidentielles. S’il est maintenu en
l’État, c’est pour servir de caution républicaine et démocratique aux vrais
détenteurs - souvent anonymes et
irresponsables – du pouvoir politique, les technocrates. Sa fonction est
devenue surtout idéologique. Faire croire que rien d’important ne se décide
sans l’accord et le contrôle des représentants élus du peuple. Acteurs
consentants ou témoins impuissants, députés et sénateurs concourent au maintien
de la fiction du régime parlementaire. » (p. 69)
Naturellement le régime ne peut avouer son impuissance et encore moins
la désuétude de l’État face à la mondialisation. Il met donc sa machine
idéologique à contribution, avec le concours de certains médias, pour faire croire que l’État est toujours
souverain et que le Gouvernement exerce le pouvoir. Mais les multinationales,
qui demandent des subventions pour créer des emplois qu’elles créeraient de
toute manière pour produire et qui plient bagage pour quelques sous de plus
dans leurs goussets, ne sont pas dupes. Elles savent bien que l’État est
prisonnier de ses frontières et qu’il monnayera leur présence, que ce soit en
échange de financement, d’abattements fiscaux, de droits d’exploitation des
richesses naturelles, ou de lois moins contraignantes quant à l’exploitation de
la main-d’œuvre, prisonnière de ses frontières de par la langue par exemple.
Sauf que l’internet pourrait servir à organiser cette main-d’œuvre et la
population; les libérant en partie de l’idéologie nationale en leur donnant les moyens de s’informer de ce
qui se passe ailleurs (3), hors des médias officiels contrôlés par le Pouvoir
en place ou ses sympathisants. (4)
Ce n’est pas un hasard que les pays non démocratiques limitent l’accès à
l’Internet. Il est malheureux que les citoyens des pays libres s’autocensurent
en visitant davantage les sites de sexes que de politique et d’informations. La
prolifération du sexe en ligne n’est pas la plaie qu’on veut nous faire croire,
mais bien au contraire un moyen de détourner l’attention du
« navigateur » moyen de contenus beaucoup plus informatifs.
Connaissez-vous un meilleur moyen d’attirer les cyberconsommateurs vers les sites
de sexe que de les dénoncer et de menacer de les contrôler un jour? L’interdit
attire l’humain comme le miel attire l’ours! Pendant qu’ils visitent les
lolitas, ils ne s’informent pas; ils ne regardent plus les bulletins de
nouvelles. Quel meilleur moyen de censure que cette autocensure dans un
environnement où rien n’est interdit! L’information noyée sous un flot de
contenus qui empêche de trouver la véritable information! C’est ainsi que l’on
pénètre dans une « démocratie occulte » où l’on « ignore les
personnes sans nécessairement leur nuire systématiquement ou
physiquement. » (p. 264)
***
Ce n’est pas un livre pour tous naturellement, car il faut maîtriser
certains concepts pour le comprendre et aller au-delà. Mais c’est un livre à
lire pour saisir les luttes qui se déroulent sur un arrière fond de
technologies, d’informations et de mondialisation; les nouveaux acteurs sociaux
luttant pour le contrôle (les technocrates) ou l’incontrôle (les groupes de
liberté d’expression) de l’Internet! (5)
Bien des États voudraient d’ailleurs le contrôler ou à tout le moins
l’encadrer, car l’Internet représente une brèche pour la libre circulation de
l’information!
Le Pouvoir, qu’il soit politique ou économique, aime toujours mieux
l’ordre et le contrôle, même lorsqu’il se définit comme LE gardien des valeurs
démocratiques, que le désordre! Mais cette liberté qu’il refuse aux autres, il
l’exige pour lui, comme l’absence de règles qui entravent son armée, ses
agents, son commerce, ses productions, la gestion de « ses »
ressources humaines ou des citoyens qu’il
juge dissidents, même hors de chez lui dans ce dernier cas, car cela nuit à SA
sécurité dit-il! Il ne la qualifie alors plus de désordre cette liberté, mais
bien de libre marché (en économie) ou de droit d’ingérence (en politique) pour
lutter contre le terrorisme! Imaginez alors un pouvoir conservateur, comme aux
Etats-Unis (6); un pouvoir centralisé, comme dans certaines dictatures; ou un
pouvoir religieux, comme dans certaines républiques fondés sur une religion
plutôt que sur la citoyenneté ou le droit commun! La liberté est alors associée
à l’anarchisme (7) et la machine idéologique vise à la discréditer. On a vu ce
travail de sape lors des sommets économiques de l’Organisation Mondiale du
Commerce, où les contestataires étaient souvent étiquetés comme des anarchistes
pour les discréditer alors que tel n’était pas le cas!
Notes :
1. Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume,
2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France
: Fayard (Histoire) (Distribution Hachette)
2. A cet effet j’étais comblé par la série « Bunker, le
cirque » à la télé de Radio-Canada et je regrette qu’elle ne soit toujours
pas en DVD.
3. Certains sites sont publiés en plusieurs langues par des ONG, des
organismes internationaux et des syndicats par exemple. D’autres sont faits par
des ressortissants de différents pays, mais vivant maintenant ailleurs, des
intellectuels et des réfugiés politiques par exemples, ce qui donne accès à des
informations et des points de vue non disponibles dans leur pays d’origine. Une
façon d’obtenir une information différente pour leurs compatriotes qui ont
accès à une connexion internet dans leur pays d’origine, même si c’est
fortement contrôlé.
4. L’autre moyen de contrôle, plus difficile à contrer par contre que le
politique, est le contrôle religieux, car il relève de croyances et de Foi.
L’exploitant le sait.
5. Free expression on web : www.eff.org/
Internet solidaire: www.iris.sgdg.org
6. Dans sa chronique « Notebook »
du Harper’s magazine d’octobre 2005 (pp. 7 à 9), Lewis H. Lapham se demande
même si les Etats-Unis, sous la gouverne de la droite conservatrice, ne
seraient pas devenues fascistes. Les néofascistes du XXIe siècle?
7. L’anarchisme, c’est un mot chargé de sens, mais surtout de « non
sens », car il est bien souvent utilisé à tort autant par ceux qui le
dénonce que par ceux qui s’en réclament. En bref, les anarchistes sont contre une organisation
imposée, mais pour une organisation spontanée. Les citoyens s'organisent et
créent des structures, souvent temporaires, répondant aux besoins qu'ils ont et
aux défis qu'ils rencontrent. Naturellement, on est encore loin de cette grande
utopie, car elle impliquerait l'absence de Gouvernement et l'implication de
tous les citoyens dans le fonctionnement de la démocratie et des institutions!
On aurait des institutions, des services publics et des entreprises autogérées!
Mais pour cela il faudrait des citoyens davantage intéressés par la gestion de
leurs entreprises et de la chose publique que par les sports et les potins
concernant les vedettes! Une utopie, je vous dis, mais un beau rêve (projet)
aussi !
***
Harvey, Pierre-Léonard, 2004, La
démocratie occulte, Québec : Presses de l’Université Laval
Arrière de couverture
Dans une économie qui
se mondialise, les acteurs qui sauront tirer leur épingle du jeu seront ceux
qui sauront mettre à profit la puissance des technologies de l'information et
de la communication (TIC) au service de leur stratégie de développement
démocratique et économique. Il en va de la survie de nos démocraties et de la
cohésion sociale.
En effet, tous les spécialistes de la communication sont unanimes : depuis
septembre 2001 le monde a basculé. La menace de la montée d'une démocratie
occulte se précise à mesure que les pratiques autoritaires des puissants
exaltent la sécurité d'État au détriment des libertés. Les médias, les réseaux
et les sondages d'opinion électroniques sont détournés au profit d'intérêts
gardés secrets, mais de plus en plus dénoncés dans la presse. La démocratie
occulte n'est pas une nouvelle doctrine politique avec son idéologie et ses
institutions. La réalité est beaucoup plus insidieuse et complexe. Sur fond de
Sommets mondiaux économiques et de mouvements altermondialistes sans programme,
nos institutions démocratiques se voient bafouées et malmenées par les
représentants mêmes que nous nommons pour les protéger et les promouvoir.
Voici un ouvrage en forme de diagnostic qui permettra aux différents acteurs
sociaux de comprendre la nature vertigineuse des rapports de force dans la
société de l'information. La complexité des enjeux s'articule dans des métaphores
systémiques qui tracent les contours stratégiques des principales forces en
présence dans la société en réseau.
Le lecteur apprendra à faire une lecture approfondie des problématiques
communicationnelles et organisationnelles reliées aux médias et aux TIC dans
une société qui se transforme en un système social. Il découvrira les discours
et les nombreux mécanismes de légitimation qui servent à exproprier le citoyen
de ses droits les plus fondamentaux.
Forts d'une approche communicationnelle solide et d'un diagnostic systémique
lucide, les acteurs sociaux pourront enrichir leur réflexion stratégique sur la
société de l'information, évaluer les actions à prendre pour bâtir une
véritable société d'apprentissage pour s'engager et se mobiliser autour d'une démocratie
relationnelle et non seulement délégative. Le Sommet mondial de Tunis en 2005
annoncera-t-il l'ère de la doxocratie conviviale ?
Pierre-Léonard
Harvey est communauticien, professeur-chercheur au Département des
communications de l'Université du Québec à Montréal et directeur du Laboratoire
de communautique appliquée de la même université. Il est également directeur de
l'Axe sur « la télévision interactive et les communautés virtuelles »
d'Hexagram (Institut de recherche et création en arts et technologies
médiatiques). Ses recherches actuelles portent sur les communautés de pratique
et l'épistémologie de la construction des connaissances en réseau. Membre d'un
réseau international de chercheurs en intelligence collective et
chercheur-associé au réseau Orbicom des Chaires Unesco en communication, il
coopère avec la Commission canadienne pour l'UNESCO aux travaux entourant le
Sommet de Tunis sur la société de l'information.
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Pourquoi chercher des histoires inventées…
Michel Handfield
15 octobre 2005
Commentaires sur Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute
l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire) (Distribution Hachette)
C’est la réflexion que j’ai eu en terminant ce
livre, car l’histoire dépasse souvent la fiction! J’avais d’ailleurs noté sur
la page de garde « Le roman du monde! » Cette impression ne m’a
jamais quittée tout au long de sa lecture et pour cause, car l’histoire du
monde est une épopée. Pensons à César, à Napoléon, à la révolution française ou
à la révolution russe par exemple!
Ce livre nous fournit des notions d’histoire
de base, comme ce que signifie la préhistoire et qu’elle est la durée d’un
siècle. Si elle est de cent ans en terme mathématique; en terme historique,
cela tourne autour de cent ans. Ainsi les historiens parlent du court XXe
siècle, allant de la révolution Russe à la chute de l’empire soviétique. (1) On
est donc entré au XXIe siècle bien avant le bug de l’an 2000! Quant à la
préhistoire, ce n’est pas synonyme de l’âge de pierre comme on est trop souvent
tenté de le croire. C’est synonyme d’absence de l’écriture et de transmission
de l’histoire : pré ou avant l’histoire! « Les tribus transmettaient
des cultures élaborées et chatoyantes, des techniques admirables » (p.
26), mais pas de documents historiques écrits comme nous en ont laissé les
Grecs par exemple. Il y avait des peuples préhistoriques il y a un ou deux siècles
à peine suivant cette définition…
Cette notion de préhistoire, on la voit
toujours aujourd’hui, quand il y a une révolution ou un coup d’État, car l’on
tente alors d’effacer l’histoire en brulant les livres; en prenant le contrôle
des médias, des universités et des écoles; et en emprisonnant les
intellectuels; façon d’effacer l’histoire pour en reconstruire une nouvelle à
sa place. On entre alors dans le domaine du contrôle idéologique : la
reconstruction historique!
Un
livre fort intéressant en ce qu’il permet aussi de comprendre les racines des
conflits actuels. Certaines haines entre peuples sont plus que centenaires et
il ne suffit parfois que d’un simple incident pour les faire ressurgir.
D’autres conflits impliquent des frères de sang qui s’ignorent, séparés qu’ils
ont été dans le temps et par leur histoire. Ce serait le cas en Palestine, où,
suite à la dispersion des juifs par l’empereur Hadrien en 135, « Les juifs
restés en Palestine sont devenus chrétiens, puis musulmans (à l’exception d’une
petite communauté autorisée à revenir en 394). » (p. 422)
On apprend aussi que si l’histoire se répète,
c’est que certaines choses ne changent pas, comme le rôle central que la
méditerranée y joue :
« La Méditerranée était et reste le
centre du monde. Même aujourd’hui, une puissance n’est hégémonique que si elle
domine cette mer-là. Fort éloigné d’elle, au-delà des océans, les États-Unis
sont contraints d’y venir maintenant qu’ils veulent diriger le
monde. » (p. 44)
Bref un livre indispensable pour comprendre
l’actualité mondiale, car le monde c’est plus qu’un libre marché économique
quoi que certains en pensent! Un livre qui est loin d’être hermétique ou
« plate ». Au contraire, il se lit aussi bien qu’un roman et avec le
même intérêt, car ne dit on pas que la réalité dépasse souvent la fiction?
C’est un récit d’intrigues, d’amour, de passion, de guerre, d’héroïsme, de
découvertes et j’en passe! C’est notre histoire!
Note :
1. « Le XIXe siècle a
été long : de Waterloo (18 juin 1815) à la révolution d’octobre (6
novembre 1917 selon le calendrier universel …). »
« Le XXe siècle, au contraire, fut
court : de novembre 1917 à la démolition du mur de Berlin en novembre
1989, soit exactement soixante-douze ans, à peine trois générations. Les siècles
ne correspondent pas aux dates officielles » (p. 327) nous apprennent-ils.
Pour Eric Hobsbawm (Age of extremes, London: Abacus, 1999), le XXe siècle va de la première guerre
mondiale (1914) à la dissolution de l’URSS en 1991. L’on voit bien que c’est
assez comparable, à quelques années près, à Barreau et Bigot. Cependant, à la
différence de Barreau et Bigot qui font une histoire générale du monde, le
livre d’Hobsbawm se spécialise uniquement sur le court XXe siècle pendant près
de 600 pages biens tassées en petits caractères.
Jaquette
arrière :
Il y a un siècle, ceux
qui savaient lire savaient aussi se situer dans l’espace et dans le temps. Il
n’en est plus ainsi. Les Français, et d’ailleurs tous les Occidentaux, sont
devenus, pour la plupart, des hommes sans passé, des « immémorants ». Par un
paradoxe ironique, on n’a jamais autant parlé du « devoir de mémoire » qu’en
ces temps d’oubli, car il est bien connu que l’on insiste sur une qualité
seulement quand elle est oubliée. Ajoutez à cela un mépris boursier du long
terme et le culte de l’ « immédiateté », et vous comprendrez que notre
modernité fabrique davantage de consommateurs-zappeurs interchangeables et de «
fils de pub » que de citoyens responsables, désireux de comprendre et de
construire.
Est-il possible de
déchiffrer l’actualité sans références historiques, les événements les plus
actuels s’enracinant toujours dans le long terme ? Comment situer par exemple
les guerres d’Irak sans avoir entendu parler de la Mésopotamie ? Les images
nous choquent sans nous concerner. On voit tout, tout de suite, en direct, mais
on ne comprend rien.
D’où l’idée simple,
ambitieuse et modeste à la fois, d’écrire un livre assez court qui soit un
récit de l’histoire du monde, mais fermement chronologique pour tous les
lecteurs qui souhaitent « s’y retrouver » et situer leur destin personnel dans
la grande histoire collective, héroïque et tragique, absurde ou pleine de sens,
de l’espèce humaine.
Voici donc un résumé
de l’histoire de l’humanité ; rudimentaire, mais plein de rapprochements
surprenants et de questions impertinentes ; conte vrai où le lecteur pourra
trouver des interprétations de faits qui ne sont pas discutables. Il est
destiné à tous, à l’exception des historiens de métier.
Auteur de nombreux essais
et romans qui ont connu le succès (en dernier lieu, Les Vérités chrétiennes,
Fayard, 2004), Jean-Claude Barreau dirige le département de culture générale du
pôle universitaire Léonard de Vinci.
Guillaume Bigot, jeune
historien, a publié en 2000 un livre très remarqué : Les Sept scénarios de
l’apocalypse (Flammarion).
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(Avec présentation d’arrière de couverture
lorsque disponibles en format électronique)
Reçu 19 novembre 2005 : Dewiel, Boris,
2005, La démocratie : histoire des
idées, Québec : PUL, Collection: Zêtêsis
Résumé :
La durabilité du
conflit démocratique, soutient l’auteur, est enracinée dans l’émergence de
valeurs modernes au fil de l’histoire. Son approche repose sur la simple
prémisse que chaque idée nouvelle est issue d’une idée plus ancienne. Il est
donc possible de retracer nos propres idées politiques à travers les étapes des
convictions antérieures concernant le bien. En explorant l’histoire des idées,
l’auteur dévoile le modèle de conflits idéologiques profondément ancré dans la
politique actuelle.
Fondée sur une
théorie complexe de la politique, l’analyse de DeWiel favorise une meilleure
compréhension des grandes idéologies qui ont cours dans les nations
démocratiques. En cernant avec précision les valeurs disséminées le long de la
gradation entre la gauche et la droite, l’ouvrage offre en conclusion un modèle
enrichi des différences idéologiques, pouvant trouver son utilité tant des les
études empiriques que théoriques.
Boris DeWiel
enseigne au Département de science politique de l’University of Northern
British Columbia.
© Tous droits
réservés aux Presses de l'Université Laval
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Reçu le 24 octobre 2005 : CHEBEL, Malek,
2005, L'Islam et la Raison,
France : Perrin (www.editions-perrin.fr), ISBN :
2-262-02369-7
Aux débuts de
l’islam, les regards sont exclusivement tournés vers Dieu. Il a dicté sa loi à
Mahomet, cette dictée a duré le temps de l’écriture du Coran. En ces temps-là,
la critique est absente et la raison n’est pas sollicitée car le Livre sacré
porte en lui tous les messages suffisants pour régler la vie et la pensée des
musulmans. Lorsque la Conquête musulmane s’achève (elle fut foudroyante à ses
débuts) et que des cours fastueuses se développent autour des califes, l’islam
devient alors matière à penser : l’œuvre est questionnée, étudiée, interrogée.
De ces interrogations naîtront une orthodoxie farouche mais aussi de vrais
débats philosophiques. Malek Chebel, auteur notamment du Dictionnaire amoureux
de l’Islam, retrace ici les grandes confrontations entre, d’un côté, les
tenants de la foi (théologiens, mystiques, imams) et, de l’autre, les
défenseurs de la raison (philosophes, libres penseurs, écrivains, réformistes
et hommes d’État. Des premiers libres penseurs, les Mu’tazilites (VIIe-VIIIe
siècle) aux réformistes actuels tentés par la modernité face aux intégristes,
Malek Chebel montre combien les combats des idées ont toujours divisé l’Islam
et en quoi ils l’ont fait changer, évoluer.
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Lambert, Christophe, 2005, La société de la peur, Paris : Plon, 198 p.
La France est malade
de ses peurs. Elle a les nerfs à vif. C'est cette peur qui domine nos
comportements individuels et collectifs, qui conditionne notre avenir. Comment
en est-on arrivé là? Comment a-t-on basculé en si peu de temps d'une société de
l'espoir à une société de la peur? Quelles sont-elles, ces peurs? Quand
sont-elles nées? Pourquoi se sont-elles développées?
Les Français sont à
un tournant de leur histoire. Il est urgent pour eux de se débarrasser de cette
dépression généralisée et de sortir de l'impasse où elle les a menés. Par quels
moyens?
Historique et
prospectif, ce livre tente de faire comprendre l'état actuel de la société
française et d'anticiper sur ce qu'elle v
Président de
Publicis en France (www.publicis.fr),
Christophe Lambert, 40 ans, conseille certaines des plus grandes marques
mondiales, ce qui fait de lui un observateur privilégié de la société française
et de son évolution.
a devenir, ou ce
qu'elle est déjà devenue et qu'on ne perçoit pas encore.
Avec lucidité et
dynamisme, Christophe Lambert nous emmène au cœur de la société de la peur et
nous éclaire sur le chemin qui nous en sortira
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Sorties d’octobre chez
Analekta :
I Musici de Montréal/ Yuli
Turovsky; Claude Lamothe; Similia
Montréal, 18 octobre 2005 — Les journées ont beau raccourcir, Analekta
nous permet de faire une belle provision de lumière et de soleil avec ses
titres d’octobre. Les amoureux du violoncelle seront choyés par maestro Yuli
Turovsky et I Musici de Montréal, tout comme par Claude Lamothe, qui font
paraître un premier disque sous étiquette Analekta, tandis que le duo flûte et
guitare Similia, qui en est à son troisième cd sous cette bannière, nous offre
un remarquable programme de fantaisies.
Violonchelo español – I Musici de Montréal /
Yuli Turovsky
« Nous sommes ravis d’avoir Yuli Turovsky
comme soliste du premier disque d’I Musici chez nous », disait le président
Mario Labbé, en accueillant le prestigieux orchestre de chambre au lancement de
saison d’Analekta en septembre dernier.
Consacré à l’Espagne, cet enregistrement
exceptionnel nous propose un programme témoignant de l’influence du musicologue
Felipe Pedrell (1841-1922), considéré comme le fondateur de la musique
espagnole moderne, sur toute une génération de compositeurs qu’il a incités à
puiser leur inspiration dans la culture locale et le folklore de leur
pays. On y retrouve des compositions de
ses trois plus illustres élèves, les superbes Malagueña d’Isaac Albéniz, Danse
rituelle du feu et Siete canciones populares de Manuel de Falla, Intermezzo
d’Enrique Granados. S’y ajoutent Requiebros et deux mouvements de la Sonate
dans le style espagnol ancien de Gaspar Cassadó. Violonchelo español nous propose en outre des
pièces de compositeurs russes que l’Espagne a séduits et inspirés: Alexandre Glazounov (Sérénade espagnole et
Chant du ménestrel), Alexandre Borodine (Sérénade espagnole) et Rodion Shchedrin
(À la manière d’Albéniz).
Élève de la célèbre Galina Kozolupova au
Conservatoire Tchaïkovski, Premier prix du Concours de violoncelle d’URSS, Yuli
Turovsky a parcouru le monde avec l’Orchestre symphonique de Moscou avant son
arrivée au Québec en 1977. Il fonde
alors le Trio Borodine auquel il sera lié jusqu’en 1993. Il mène une brillante
carrière tant comme soliste invité de grands orchestres (Montréal, Détroit,
Chicago, Cleveland, Athènes, Jérusalem, Stockholm) que comme chef et soliste de
l’ensemble I Musici de Montréal qu’il a fondé en 1983. Animant avec passion la
vie musicale de la métropole depuis 22 ans, I Musici est un orchestre de
chambre permanent de 15 musiciens qui jouit d’un rayonnement exemplaire à
l’étranger avec plus de 100 concerts par année.
Ensemble prolifique, dont le répertoire s’étend de la musique classique
à la musique contemporaine, il se classe parmi les plus importants orchestres
des Amériques. I Musici et mæstro Yuli Turovsky recevaient en 2004 le prix
spécial « Rayonnement à l’étranger » lors du gala des prix Opus du Conseil
québécois de la musique. De nombreux
prix prestigieux (Diapason d’or, Juno, Opus) ont couronné les enregistrements
de cet ensemble. Sous la fougueuse
direction de son chef, I Musici a joué dans les grandes salles du monde :
Lincoln Center de New York, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, Seiji Ozawa
Hall de Tanglewood, Gewandhaus à Leipzig, Kioi Hall de Tokyo, Tonhalle à Zürich
entre autres.
Violonchelo español sera disponible à compter
du 18 octobre sous la référence AN 2 9897.
Illustration : www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9897
Vivace
– Claude Lamothe
D’aube en aurevoir, / D’îles en forme de
violoncelle seul / en archipels d’archets.../ D’Argentine, de France,
d’Allemagne, / D’Irlande en Québec / D’Afrique en Amérique... / D’ailleurs hier
en ici maintenant / Je vous convie,/ V comme dans ... Voici. C’est en ces termes que Claude Lamothe
présente Vivace, son premier disque sous étiquette Analekta. On peut aussi ajouter V comme virtuose, tant
ce violoncelliste hors normes nous éblouit par la verve de son archet, la
virulence des émotions qu’il déploie dans ses créations qui oscillent de la
musique classique au jazz et au rock, en passant par des rythmes dansants de
tango et de valse.
Claude Lamothe a d’abord été bassiste pendant
son adolescence avant de se tourner vers le violoncelle. Dès 1983, il se joint
à I Musici et à partir de 1988 au Nouvel Ensemble Moderne avec lequel il se
produira notamment au Carnegie Hall de New York et au Konzert Gebouw
d’Amsterdam. Acclamé au Printemps de
Bourges au milieu des années 1990, il soulève l’enthousiasme à chacune de ses
prestations que ce soit dans le cadre du Festival de jazz de Montréal, du
Festival de Musique actuelle de Victoriaville, ou du Festival d’été de Québec.
Il collabore à des productions théâtrales entre autres avec Carbone 14, au film
Eldorado de Charles Binamé et on lui doit la musique de la série télévisée
Bouscotte.
Celui qu’on a appelé le Hendrix du violoncelle
nous offre sur ce nouvel enregistrement 9 titres inédits dont 6 ont été écrits
en collaboration avec Jacques Roy.
Claude Lamothe parvient à traduire une telle gamme de couleurs,
dupliquant jusqu’à soixante fois le son de son instrument pour créer le plus
étonnant effet d’orchestre, ou jouant simplement de son violoncelle « a
cappella ».
Vivace sera disponible à compter du 18 octobre
sous la référence AN 2 9808.
Illustration : www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9808
Fantasia pour flûte et guitare – Similia
Avec leur lumineux Nota del sol, Annie et
Nadia Labrie raflaient l’an dernier le Félix du disque instrumental de l’année
au Gala de l’Adisq. Se démarquant par la
finesse et la musicalité de ses prestations, Similia actualise le répertoire
pour flûte et guitare par ses interprétations et les arrangements que le duo
réalise. Il donne ainsi une dimension
nouvelle et éclatante à des pièces qui ont traversé le temps et les cultures,
tout en affirmant son goût pour les œuvres d’aujourd’hui. Leur nouvel enregistrement Fantasia pour
flûte et guitare l’illustre brillamment en nous proposant des fantaisies de la
fin de l’époque romantique, entre lesquelles sont intercalées des œuvres de
compositeurs contemporains.
Au XIXe siècle, la fantaisie instrumentale sur
des mélodies populaires était le fait de virtuoses qui se composaient des
morceaux de bravoure destinés à mettre en valeur leurs meilleurs atouts. C’est ce que firent les flûtistes François
Borne, avec sa Fantaisie brillante sur Carmen, Paul-Agricol Genin, avec
Fantaisie sur la Traviata pour flûte et piano, et Karl Doppler, avec Fantaisie
pour deux flûtes et piano. Pour cette dernière
pièce, Similia a invité Denis Bluteau, flûtiste associé à l’OSM. Annie Labrie
signe les arrangements pour guitare de ces fantaisies, tout comme dans les cas
de la Fantaisie pastorale hongroise pour flûte et piano de Franz Doppler et de
Zigeunerweisen, pour violon et orchestre, op. 20, no 1 de Pablo de
Sarasate. Ajoutons que Gémeaux et Valse
d’Érik Marchelie et Elegy, pour flûte et orgue de Michael Conway Baker (qui en
signe les arrangements pour guitare) complète ce programme magnifique et exigeant que Similia sait
rendre tout à fait accessible.
Fantasia pour flûte et guitare sera disponible
à compter du 18 octobre sous la référence AN 2 9819.
Illustration : www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9819
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Dans les jardins de Richard!
Michel Handfield
10 octobre 2005
Mardi dernier, le 4
octobre dernier, j’ai assisté au lancement du DVD Kanasuta de Richard
Desjardins. Il est rare que tant de temps s’écoule avant que j’écrive mon
texte, mais j’ai eu des problèmes d’Internet qui ont monopolisé mon temps
presque toute la semaine et ce n’est pas encore parfaitement résolu.
Pour
en revenir à ce DVD, il contient le spectacle Kanasuta, le film L’Erreur
boréale et différents documents d’intérêts (voir le communiqué plus bas).
Un point sur la carrière de Richard Desjardins. Le tour de son jardin actuel,
car il commence à regarder vers d’autres choses. Il a l’impression que la
vie va l’amener ailleurs! C’est pour
cette raison qu’il a justement accepté de faire ce DVD : pour boucler la
boucle.
Il n’a pas terminé
de faire de spectacles, car il a une tournée européenne qui l’attend cette
année (voir le communiqué plus bas),
mais il pense s’occuper du territoire, notamment au sein de l’action boréale.
Qu’est ce qu’il nous réserve? Nous le verrons bien assez tôt j’imagine, mais je
suis sûr qu’il y sera pleinement engagé. C’est dans sa nature!
Hyperliens
Action Boréale : www.actionboreale.qc.ca
Communiqué
Richard Desjardins lance son DVD
Kanasuta
– Là où les diables vont danser
en magasin dès le 4 octobre
Montréal, 4 octobre
2005 — À la veille de transporter en sol européen Kanasuta, couronné du Félix du spectacle de l’année 2004 par
l’Adisq et du prix Miroir du spectacle le plus populaire au dernier Festival
d’été de Québec, Richard Desjardins lance un témoignage de ses dix-huit mois de
tournée avec ce concert : le DVD
Kanasuta – Là où les diables vont danser.
Ce DVD du spectacle Kanasuta (112 minutes) où Richard Desjardins est entouré de
Normand Guilbeault (contrebasse), Claude Fradette (guitares), Marie-Soleil
Bélanger (violon) et Didier Dumoutier (accordéon), a été enregistré devant
public à la Salle J.-Antonio-Thompson de Trois-Rivières le 22 mars 2005. Le
spectacle s’accompagne d’un commentaire audio de l’équipe, d’entrevues et
d’images de tournée. Isabelle Hayeur
signe la réalisation du spectacle dvd, et Sophie Malouin, la réalisation des
autres éléments de ce dvd.
L’entrevue (40 minutes) propose une interview exclusive avec Richard Desjardins qui parle de son enfance, son
entourage, ses débuts artistiques, ses complices, ses rêves et de son combat
pour préserver la forêt.
Le film L’Erreur
boréale (version intégrale de 68 minutes) se retrouve également sur le
DVD. Coréalisé par Richard Desjardins et Robert Monderie et produit par l’ACPAV
et l’ONF, ce documentaire, lauréat d’un prix Jutra, avait secoué le Québec à sa
sortie en 1999. L’Erreur boréale est
vite devenu un document de référence et d’amorce aux discussions et aux débats.
Six ans plus tard, les réalisateurs réactualisent leur film en offrant un
commentaire audio en option. En nouveauté, le film est découpé au menu en 14
chapitres.
D’une durée de plus
de 4 heures, le DVD Kanasuta – Là où les diables vont danser vous invite à partager
plus d’une année de tournée en passant par différentes villes du Québec et de
l’Ouest canadien jusqu’à l’Olympia de Paris. Moments de magie, de nostalgie, de
rencontres, bienvenue dans le merveilleux monde de Kanasuta - Là où les diables vont
danser. Ce dvd des Productions Foukinic sera disponible à compter du 4
octobre sous la référence FOUDVD-7.
Richard Desjardins et ses musiciens complices;
Normand Guilbeault, Claude Fradette, Didier Dumoutier et Marie-Soleil
Bélanger.
Mercredi 26 octobre Salle Rolland-Brunelle –
Joliette (450) 759-6202
TOURNÉE AUTOMNE 2005 – FRANCE ET SUISSE*
Jeudi 3 novembre Théâtre Jean Bart – Saint Nazaire
Vendredi 4 novembre Théâtre de l’Hôtel de Ville – Saint Barthélémy d’Anjou
Samedi 5 novembre Espace Jules Verne – Brétigny sur Orge
Mardi 8 novembre Théâtre
municipal d’Agen – Agen
Mercredi 9 novembre Salle Nougaro – Toulouse
Jeudi 10 novembre Centre culturel Place Gambetta – Bergerac
Samedi 12 novembre Le Sémaphore – Cébazat
*Lundi 15 novembre Théâtre du Crochetan – Monthey (Suisse)
*Mardi 16 novembre Théâtre de Beausobre
- Morges (Suisse)
Jeudi 17 novembre Le Quarto – Unieux
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Parle-moi, Chloé Sainte-Marie
Michel Handfield (23 septembre, 2005)
Gaétan (dont le texte
suit le mien) avec Chloé Sainte-Marie. Photo prise par moi. (1)
J’ai assisté au lancement du nouveau CD de
Chloé Sainte-Marie, Parle-moi, le
19 septembre dernier au La tulipe. Elle a
interprété 4 chansons de son album, ce qui en montre les qualités dans les
textes, la musique, et l’interprétation. Chloé a une âme d’artiste; un rapport
d’amour avec les mots de l’écrivain. Elle sait choisir les textes qu’elle veut
chanter et des musiciens qui en rendent la musicalité sans les dénaturer ni
l’enterrer. Car ici les mots ont de l’importance, pas juste une musicalité. Ils
ont du sens.
Chloé diffuse l’œuvre poétique avec grand talent depuis son premier CD.
Elle révèle des textes poétiques au grand public dans une harmonie musicale
soutenue depuis « je pleure, tu pleures ». Ce CD ne fait pas
exception. Elle a plus de métier, mais son œuvre représente une intégralité. On
ne parle pas ici de petites œuvres, mais plutôt de continuité; d’une nouvelle
phase dans un grand projet. C’est une nouvelle pièce d’une œuvre inachevée, car
il y en aura certainement un quatrième dans la même veine et on l’attend déjà.
Chloé a entrepris la construction d’une cathédrale; elle ne peut donc pas
s’arrêter en chemin! Les deux premiers CD nous le laissaient croire, le
troisième le confirme.
***
Gilles Carle, son compagnon de route, avait l’air heureux à ce
lancement, car c’est lui qui a d’abord révélé Chloé dans ses films. Ce ne fut
pas facile, mais elle a su faire taire la critique par sa persévérance. De ce
qu’elle a appris est né l’interprète que l’on a maintenant. Une interprète qui
a du vécu et du cœur. Elle sait le rendre et ça paraît. Le temps en a révélé le
bouquet, comme pour les grands crus! Elle est un phénix. Merci à sa
persévérance et à Gilles qui l’a soutenu. Elle le lui rend bien. C’est ce que
l’on appelle l’amour!
Note :
1. J’ai coupé la photo au montage pour éviter que l’on reconnaisse les autres personnes qui étaient là par hasard.
---
Le texte de Gaétan Chênevert
Le théâtre La tulipe de la rue Papineau à Montréal est
comble en cette belle soirée du 19 septembre 2005. Il est 18 :00h, amis, parents et le
gratin médiatique tous sont présents. On attend avec impatience le lancement du
quatrième album de Chloé Sainte-Marie «Parle-moi». J’ai entendu quelques chansons à l’émission
de Sophie Durocher sur la chaine Espace Musique de la radio de Radio-Canada. Y a pas à dire, j’étais conquis. J’aime toujours l’entendre et de la voir sur
place en personne, c’est plus enivrant.
Bruno Roy (ancien président de l’union des écrivaines et écrivains
québécois) arrive sur la scène attend un peu que les gens baissent le ton et
nous lit un texte magnifique sur Chloé, qui résume exactement ce que je voulais
exprimer dans ces pages mais lui l’exprime poétiquement, c’est beaucoup
mieux. «Il m’enlève les mots de la
bouche» je lance à mon co-éditeur, «c’est ça que je veux écrire, je voudrais
son texte», malheureusement c’est impossible et je devrai me forcer à écrire un
peu. Bon, je ne suis pas poète mais je
sens quand même les choses. Il termine,
on l’applaudit chaleureusement et il
nous présente Chloé qui
apparaît entourée de trois musiciens pour nous interpréter quatre
chansons. Le calme plat, on écoute et
c’est beau, j’aime, on est séduit, la voix est magnifique, douce et
chaleureuse. Place à la parole, on
laisse chanter les mots. Peu de
musiciens, juste ce qu’il faut ce qui permet à la voix et aux mots de vous
atteindre en plein cœur. J’ai hâte de
rentrer à la maison et d’écouter sur mon YBA son disque. Mais avant, je veux ma photo avec Chloé et
son autographe sur ma pochette de disque, je me défile, j’y arrive «vas-y
Michel, ne manque pas ton coup ! » Je suis inquiet, j’espère que mon co-éditeur
n’a pas raté sa pose…
A la maison, je regarde ce petit bijou avec soins. Le dessin qui orne la pochette de l'album est
une oeuvre de Gilles Carle réalisée en 1986. Un très bel
album. On retrouve tous les textes des chansons dans un petit cahier qui
accompagne le disque, fantastique, très belle présentation.
Maintenant, il ne me reste plus qu’à l’écouter. Oui, un disque dans la continuité de «Je
pleures, tu pleures» et «Je marche à toi»,
couronné du Félix dans la
catégorie meilleur album folk contemporain en 2003, mais à la différence que cette fois je la sens
plus près de moi, elle me parle, c’est plus intime. Sa voix est toujours
superbe ses interprétations bien redues, elle vit ses chansons. Je trouve la forme épurée, moins
d’instruments de musique, juste le
nécessaire pour laisser place à la voix et aux mots. Ça me permet d’entendre la musicalité
poétique des mots, ils me chantent.
Faites le calme, asseyez-vous et écoutez, elle vous chante de la poésie.
Comme d’habitude, elle est entourée d’excellents musiciens, les textes sont
superbes. On traite de l’errance, la
mort et l’amour. Une sacrée belle façon
de faire connaître notre culture, nos auteurs et leurs poésies à travers la
planète. Elle chante en français, innu, langue amérindienne qu'elle affectionne entre toutes et qu'elle parle
couramment et mohawk. Magnifique album, un incontournable. Bravo et
au prochain.
Album :
Parle-moi
Artiste :
Chloé Sainte-Marie
Etiquette :
Disques FGC inc.
Numéro de
catalogue : FGCCD4968
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Lancement de
programmation Analekta
Michel Handfield
13 septembre, 2005
J’ai assisté au lancement de la nouvelle
programmation de la maison de disque Analekta lundi (12 septembre, 2005) et
quelques faits saillants ont retenu mon attention.
D’abord, loin de s’en prendre aux nouvelles
tendances – comme le téléchargement de musique – Analekta tente plutôt de les
suivre, ce qui fait qu’ils vendent du contenu musical! Cela se fait encore sur
support CD pour 90% du marché, mais aussi par téléchargement ou la radio
numérique par exemple. Ils sont ouverts aux nouvelles technologies et ça ne
pourra que leur rapporter avec le temps, car leur produit c’est d’abord du
contenu musical. A ce sujet soulignons le lancement du Club Analekta,
spécialement conçu pour les internautes : www.analekta.com
Ensuite, parmi les nouvelles importantes,
soulignons le passage d’ « I Musicci » (classique) et de Loraine
Desmarais (Jazz) sous leur étiquette. Il y aura aussi le lancement d’un CD des meilleures caricatures sonores de
Pierre Verville à l’émission « C’est bien meilleur le matin » de
Radio-Canada, ce qui risque d’être fort intéressant pour qui s’intéresse à l’actualité…
Loraine Desmarais, qui sortira un CD de Noël
Jazz, nous a fait une prestation au piano qui a eu un effet particulier sur
moi. Si, si! J’écoute du jazz, mais là
j’en ai « compris » l’essence, car elle a repris un air connu et je
l’ai clairement vu comme une déconstruction/reconstruction sonore un peu comme
une toile de Picasso est une déconstruction/reconstruction visuelle! Alors le
Jazz, je vous le dis en primeur, c’est du Picasso sonore!!! Maintenant que vous
êtes initié il ne vous reste plus qu’à attendre la sorti de ce CD particulier,
car on ne parle pas de donner une tonalité « jazzy » à des aires
connues mais de vraiment le reconstruire en jazz! C’est une expérience fort
différente à faire.
***
Ah oui, aujourd’hui j’ai aussi écouté la compilation
Vol. 12, les must, en métro, car de plus en plus de gens écoutent ainsi
de la musique dans leur baladeur, et le feeling est bon. Il coule bien, c’est à
dire que les pièces s’enchaînent les unes aux autres de façon si harmonieuse
que le temps de me rendre à destination (un visionnement de presse) j’avais 13
pièces d’écoutées comme si c’était un tout; ce CD en compte 15 et fait 71
minutes! J’ai écouté les deux dernières au retour!
Par contre je dois avouer qu’à la 8e
pièce j’ai pris une pause et observé les gens autour de moi, car j’avais
l’impression que le wagon s’était transformé en chorale! Mais c’était
« Choral Wie schön leuchtet der Morgenstern » de Graupner qui
emplissait mes écouteurs! Ce miracle n’était que dans ma tête! Mail quel
miracle, un wagon de métro transformé en nef avec une chorale! C’est la magie
du CD.
Communiqué
ANALEKTA, TOUJOURS À
L’AVANT-GARDE !
Montréal, 12 septembre 2005 – Analekta dévoile, à son lancement de
saison, l’ajout de noms prestigieux à la liste impressionnante des artistes
représentés par cette plus importante étiquette indépendante de musique
classique au Canada. Son président Mario Labbé annonçait aujourd’hui avec
beaucoup de fierté l’arrivée chez Analekta de la pianiste de jazz Lorraine Desmarais, du violoncelliste Claude Lamothe et de l’Orchestre de chambre I Musici de Montréal. M. Labbé s’est dit ravi que son chef Yuli Turovsky, qui a été fondateur et
membre du légendaire Trio Borodine, soit le soliste du premier album à paraître
sur étiquette Analekta. Lorraine Desmarais de même que I Musici ont d’ailleurs
offert une magnifique prestation lors du lancement. Mario
Labbé a par ailleurs souligné avec grand plaisir la venue de Pierre Verville
dont Analekta nous fera découvrir un premier disque d’humour cet automne.
Ouvert sur le monde et sur le web, Analekta
étend son réseau de distribution internationale ajoutant désormais des
territoires aussi considérables que le Japon, le Mexique, l’Australie
et la Nouvelle-Zélande aux vastes marchés déjà rejoints. Signalons également des changements très
innovateurs sur le web. Analekta vient tout juste de signer
une entente de distribution numérique avec The
Orchard, chef de file mondial en la
matière. Cette entente ouvrira à Analekta le marché de la musique dématérialisée
via, entre autres, iTunes, eMusic, Napster, Rhapsody et Sony Connect. « La
signature de cette entente avec Analekta représente pour nous un gain
majeur. Leur exceptionnel catalogue
vient rehausser notre offre en matière de musique classique. Nous nous réjouissons de pouvoir lister leurs
produits dans notre section numérique classique et de travailler avec les gens
d’Analekta à la mise en marché de leur musique », a déclaré Greg Scholl,
chef de la direction chez Orchard et administrateur délégué de Dimensional
Associates, la compagnie qui détient The Orchard, eMusic et Dimensional Music
Publishing. Le site www.analekta.com
a fait quant à lui l’objet d’un remaniement en profondeur de façon, non
seulement à faciliter l’accès aux multiples informations qu’il recèle, mais
aussi à permettre aux visiteurs qui veulent explorer davantage l’univers de la
musique classique de s’y retrouver dans les grandes périodes qui en ont marqué
l’évolution. Les internautes pourront
aussi adhérer au tout nouveau Club
Analekta et profiter de téléchargements musicaux de titres inédits, de
clips vidéo exclusifs, de concours et de promotions leur étant spécifiquement
réservés.
Mario Labbé faisait également aujourd’hui la
présentation des titres qui marqueront l’automne d’Analekta.
• MONTRÉAL
JAZZ CLUB SESSION 2
Après le succès du premier Montréal Jazz Club, Analekta présente une deuxième session de cette
série dont le répertoire se crée à partir des meilleures compositions
populaires du Québec et d’ailleurs. Au
noyau formé d’Anthony Rozankovic (piano et arrangements), Pierre Pépin
(contrebasse), Camil Bélisle (batterie), le Quatuor Menasen mené par Philippe
Dunnigan, se greffe un tandem vocal composé de Martine Mai et Freddie
James. Betty Bonifassi participe
également à cet enregistrement. Des solistes invités ont également contribué à
cet album de jazz «à saveur lounge» qui reflète admirablement la
diversité culturelle de Montréal, tant au plan du répertoire français et
anglais que des musiciens qui l’interprètent.
Disponible depuis le 23 août (cf AN
2 8832)
(illustration :
www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 8832)
• LES
GRANDS INTERPRÈTES CANADIENS – COMPILATION VOL. 12,
LES MUST
Un lancement de saison d’Analekta ne saurait
être complet sans Les Must. Il s’agit
en effet d’une tradition solidement établie que cette compilation des
meilleures réalisations de l’année précédente.
Le vol. 12 est un grand cru réunissant des pièces de Beethoven par Tafelmusik et par Anton Kuerti; de Purcell par Shanon
Mercer et Masques; de Mathieu
par Alain Lefèvre; Sarasate par Angèle Dubeau & la Pietà; Brahms
par Marie-Nicole Lemieux (Michale
McMahon et Nicolo Eugelmi) et par Anton
Kuerti et l’Orchestre métropolitain du Grand Montréal; de Graupner par Geneviève Soly seule au clavecin et
avec Les Idées heureuses; de Mozart
par David Breitman et Jean-François Rivest; de Scarlatti par Matthew White et les Voix baroques; de Bach par James Ehnes et Luc
Beauséjour; Viardot-Garcia par Isabel Bayrakdarian et Serouj
Kradjian; Duke Ellington par le Duo
Campion-Vachon. Disponible
depuis le 23 août (cf. ANS 12). (illustration : www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner ANS 12)
• CONCERTI VIRTUOSI – TAFELMUSIK
BAROQUE ORCHESTRA, Jeanne Lamon
Ce 11e enregistrement sur étiquette
Analekta du célèbre ensemble torontois, nous permet d’apprécier les
remarquables qualités de cet orchestre sur instruments d’époque. Considéré comme l’un des meilleurs au monde
et placé depuis 1981 sous la brillante direction musicale de Jeanne Lamon,
Tafelmusik réunit cette fois sous le titre Concerti
Virtuosi des œuvres de Vivaldi, Leo, Bach, Locatelli, Fasch et Handel. Un programme d’une grande virtuosité certes,
mais très accessible et qui séduira un large public. « Articulation, justesse, tempo, phrasé,
l’ensemble est à tous les niveaux d’une précision impeccable. » (Le
Soleil). Ce nouveau bijou
d’enregistrement sera disponible dès le 20 septembre (cf. AN 2 9815).
(illustration :
www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9815)
• VIOLONCHELO
ESPAÑOL – I MUSICI DE
MONTRÉAL / Yuli Turovsky, VIOLONCELLISTE
Autre ensemble prestigieux avec qui Analekta
signe un premier disque, I Musici de Montréal et Yuli Turovsky mettent
l’Espagne à l’honneur sur ce superbe enregistrement qui rassemble des œuvres de
Gaspar Cassadó, Manuel de Falla, Enrique Granados et Isaac Albéniz. On y retrouve aussi des pièces de
compositeurs russes inspirés par l’Espagne: Alexandre Glazounov, Alexandre
Borodine et Rodion Shchedrin. Nouveau fleuron à la feuille de route
impressionnante de cet orchestre de chambre montréalais au rayonnement
international, Violonchelo español,
paraîtra le 18 octobre (cf. AN 2 9897).
(illustration :
www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9897)
• FANTASIA POUR FLÛTE ET GUITARE – SIMILIA
Lauréates du Félix 2004 du meilleur album
instrumental avec leur lumineux Nota del
sol (AN 2 9817), Similia nous propose cette fois une sélection de
brillantes fantaisies de la fin de l’époque romantique (François Borne, Franz
et Karl Doppler, Pablo de Sarasate, Paul-Agricol Genin), entre lesquelles Nadia
et Annie Labrie ont intercalé des œuvres de compositeurs d’aujourd’hui (Michael
Conway Baker, Erik Marchelie). Similia
qui se démarque par la finesse et la musicalité de ses prestations, démontre
avec ce répertoire exigeant toute la virtuosité et la maîtrise des
musiciennes. Le duo a invité Denis
Bluteau, flûtiste soliste associé à l’OSM, pour l’une des pièces de Fantasia pour flûte et guitare qui
sortira le 18 octobre (cf AN 2 9819).
(illustration :
www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9819)
• VIVACE
– CLAUDE LAMOTHE, violoncelle
Vivace est le premier
disque de Claude Lamothe chez Analekta.
Violoncelliste hors normes, ce virtuose qui avait séduit le public du
Printemps de Bourges en 1994, crée des pièces qui oscillent du rock à la
musique classique, en passant par des rythmes dansants de tango et de
valse. Son nouvel enregistrement
comporte neuf titres inédits dont six ont été écrits en collaboration avec
Jacques Roy. Claude Lamothe présente le cd en ces termes : « D’aube en au revoir / D’îles en forme
de violoncelle seul / En archipels d’archets... / D’Argentine, de France,
d’Allemagne,/ D’Irlande en Québec, / D’Afrique en Amérique... » . À découvrir à compter du 18 octobre (cf AN 2
9808).
(illustration :
www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9808)
• BAROQUE ADVENTURE : THE QUEST FOR ARUNDO
DONAX – AVENTURE BAROQUE : LA
QUÊTE
DE L’ARUNDO DONAX - TAFELMUSIK BAROQUE ORCHESTRA
Ce premier disque du projet TafelKIDSTM s’inscrit
dans le prolongement des concerts Baroque
Adventure : The Quest for Arundo Donax que Tafelmusik a présentés avec
beaucoup de succès dans le réseau scolaire ontarien et à New York devant un
jeune public de Harlem. La quête de l’Arundo Donax combine les
plus belles pièces de musique baroque à une histoire pleine d’aventures et de
rebondissements qui met en scène les deux enfants du compositeur Henry Purcell. Cet enregistrement, disponible en français et
en anglais, dont la narration est assurée par les grands comédiens Albert
Millaire et Blair Williams, permettra de plus de soutenir la Coalition
for Music Education in Canada, vouée à la promotion de l’enseignement
musical auprès des enfants, à qui Analekta versera un dollar, pour chaque cd
vendu. Ce premier TafelKIDSTM,
composé d’un livret couleur de 20 pages et de 3 disques, dont la compilation à
succès de Tafelmusik, Plaisir baroque
offerte en bonus, sortira le 1e
novembre (cf. AN 2 9832)
(illustration : www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9832)
• 2005
ENCAPSULÉE – PIERRE VERVILLE
Intrigant, non ?
Analekta fait paraître cet automne une compilation des meilleures
capsules humoristiques présentées en 2005 par Pierre Verville à l’émission C’est bien meilleur le matin de la
première chaîne de Radio-Canada.
S’ajoutent en bonus à cet enregistrement, des capsules de l’automne 2004
consacrées principalement aux élections fédérales. À signaler aussi que les détenteurs de ce
disque pourront à partir du 24 décembre, compléter leur sélection 2005 grâce à
un accès privilégié sur le site analekta.com aux capsules diffusées durant les
trois derniers mois de l’année. 2005 encapsulée sera disponible à
compter du 1er novembre (cf. AN 2 9809) (illustration :
www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9809)
Constitué des
meilleurs musiciens canadiens de la relève, Masques se consacre à
l’interprétation du répertoire vocal et instrumental des XVIIe et
XVIIIe siècles. Après nous avoir donné en 2004 Fantaisies anglaises (AN 2 9905 — Disque de l’année du Opus Magazine),
l’ensemble nous offre une splendide sélection d’œuvres de Noël de Schiassi, de
Salazar, Scarlatti, Charpentier, Delalande, et des airs traditionnels irlandais
et français. « En conciliant les techniques de la musique savante et
l’esprit de la musique populaire de Noël, (...) les maîtres du Baroque ont
rendu palpable l’insondable mystère de l’Incarnation... » (Catherine
Massip). Noël baroque sortira le 1er
novembre (cf AN 2 9908).
(illustration : www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9908)
• JAZZ
POUR NOËL – TRIO LORRAINE DESMARAIS
Les jazzophiles tout autant que les personnes
qui veulent sortir des sentiers battus en matière de musique du temps des
Fêtes, trouveront dans ce Jazz pour Noël le parfait antidote
au blues déclenché par les célébrations de fin d’année. « Il s’agit d’un
enregistrement exceptionnel. Le disque de Noël que nombre d’entre nous
attendions depuis longtemps », de préciser Mario Labbé, président
d’Analekta. Avec comme soliste invité le
saxophoniste Jean-Pierre Zanella, Lorraine Desmarais revisite et réinvente même
des incontournables comme Jingle Bells
ou l’Ave Maria de Schubert en nous
ménageant des surprises grâce à ses remarquables arrangements. Lorraine Desmarais,
qui a su s’imposer comme une voix importante du jazz moderne au Québec de même
qu’à l’étranger, est accompagnée de ses complices Camil Bélisle (batteur) et
Frédéric Alarie (contrebassiste) dans le cadre de ce premier enregistrement sur
étiquette Analekta. Il nous arrivera le 1er novembre (cf AN 2 9862).
(illustration :
www.analekta.com/pochettes.html - sélectionner AN 2 9862)
Enfin, Analekta lance une nouvelle
série : Les Joyaux d’Analekta. Deux disques de cette collection paraîtront à
l’automne : Joyaux de l’époque baroque,
suivi des Joyaux de la Renaissance.
Deux autres titres s’ajouteront à la série au printemps 2006. Ces Joyaux permettront tant aux amateurs
qu’aux néophytes de découvrir l’essence même des grandes périodes, de même que
l’évolution musicale au sein de chacune d’entre elles.
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Le pont bridge
présente Les Bonobos
De Stéphane Hogue et autres
Du 24 novembre au 4 décembre 2005
Au Théâtre La Chapelle
3700, Saint-Dominique
Montréal (Québec) Canada
514-843-7738
Les Bonobos, c’est aussi l’exploration de la
notion de communication, ses travers et ses ambivalences. Le temps et le jeu y
sont triturés dans un effort communicationnel déroutant, forçant une réflexion
sur notre rapport à l’autre et la relativité des perceptions.
Proposition scénique
Un couple vit, marche, parle, fait l’amour et
mange, tant au plancher que sur le mur du fond.
Nous, spectateurs, les voyons donc de face, comme à l’habitude, mais
aussi en plongée, comme si nous étions sur le toit d’une maison et les
regardions à travers une vitre, ou comme si nous étions Dieu et les voyions à
travers tout.
Commentaires de Michel Handfield (26 novembre
2005)
« Ainsi, quelque part en Afrique orientale, il
y a deux ou trois cent mille ans, un ou plusieurs groupes de primates
inventèrent-ils le langage.
Et tout de suite leur univers
changea.
L’invention du langage fut
probablement utilitaire : il s’agissait de transmettre des ordres vocaux
non prévus par le code génétique et destiné à l’exécution d’actes de chasse
précis.
Mais en même temps le langage a fait
naître une névrose : celle de l’avenir.
Les animaux n’ont aucune idée de
l’avenir. Ils ont la mémoire du passé, mais aucune inquiétude pour le futur.
Lorsqu’il a suffisamment de nourriture et d’affection, l’animal est
parfaitement heureux dans un éternel présent. Il n’imagine pas qu’il puisse
mourir. Il n’est pas angoissé et ne se cache que s’il se sent menacé hic et
nunc, « ici et maintenant », par les prédateurs, la famine ou la
maladie.
Après l’invention du langage
symbolique, les primates qui marchaient debout se sont transformés en hommes
angoissés; la névrose humaine est originelle. »
(Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de
la préhistoire à nos jours, France : Fayard/Histoire. p. 20)
Mais quant il est
frappé du coup de foudre, notre Homme redevient primate! Il oublie le futur,
sauf que le coup de foudre a une fin. Après on fait quoi? On se quitte, on se
fait une vie de couple, ou se la fait dure la vie? Voilà le thème de cette
pièce : l’amour dans toutes ses déclinaisons!
Et si l’amour n’est pas partagé, est-il amour
ou violence? Violence à soi, si la conscience garde le contrôle. Violence à
l’autre, si la conscience perd le contrôle. Cette violence serait-elle un
relent de nos origines primates? Une libération d’instinct animal, car
« l’esclavage du corps, c’est avoir une conscience »; le corps
dominant, un instinct qui remonte de notre passé primate!
Amour délicat, amour désespoir, amour passion,
amour raisonné, bref on en passe toutes les déclinaisons tant d’un point de vue
philosophique que psychanalytique. Une pièce sur l’amour à la fois déstabilisante et géniale. Un
excellent travail des deux comédiens, Christophe Rapin et Félixe Ross (1), car
on croirait parfois qu’ils sont davantage.
Attention : Pièce à
sketchs, qui fait que si chaque scène à son sens et son intelligibilité, le
tout dépasse cependant les parties. Plusieurs des notes que j’ai prises au
début de la pièce n’avaient plus aucun sens une fois derrière mon écran
d’ordinateur pour écrire ce texte. La pièce avait pris un tout autre sens,
perçue dans sa globalité, suite au temps de réflexion entre la pièce et le
retour. C’est donc une pièce très intellectuelle, même si l’on rit parfois et
sourit beaucoup!
Note :
1. Dans le programme on souligne la collaboration spéciale de Francine
Beaudry et Michel Perrier, probablement les deux personnages de la vidéo.
Hyperliens :
Le Pont Bridge : www.pontbridge.qc.ca
Théâtre La Chapelle : www.lachapelle.org/
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Espace Libre présente
Production Théâtre La Catapulte
Texte Michel Ouellette
Mise en scène Joël Beddows
Du 4 au 22 octobre 2005
Œuvre de science-fiction, proche de la fable ou
du mythe, Le Testament du couturier est une métaphore à la fois pénétrante et
ironique de notre société narcissique et sans mémoire. Juste au-delà du
présent, dans la Banlieue, une ville fermée et aseptisée, l’amour n’existe plus
et la sexualité n’est plus qu’une confession que chacun fait à son
psychothérapeute. Dans cette ville sans âme, des agents des Services Sanitaires
nettoient plus que les rues, balayant le passé, les malades et les dissidents.
Mais un pauvre tailleur viendra bousculer l’ordre établi en voulant compléter
une robe inachevée du 17e siècle…
Dans une subjuguante proposition théâtrale, l’auteur Michel Ouellette a conservé le
texte de cinq personnages et éliminé les répliques de leurs interlocuteurs. Ces
répliques effacées prennent vie dans la tête du spectateur. Séduit par ce
puzzle théâtral, le metteur en scène
Joël Beddows multiplie les défis et confie l’interprétation des cinq
personnages à une seule comédienne,
Annick Léger, qui accomplit un véritable tour de force.
Les publics de Québec et d’Ottawa ont été
conquis par cette surprenante production. Aux commentaires élogieux de la
critique, spectacle audacieux, mise en scène fascinante et ingénieuse, finale
saisissante… s’ajoutent de nombreux prix, notamment le Masque de la production
franco-canadienne 2003 décerné par l’Académie québécoise de théâtre et le Prix
Trillium, plus importante reconnaissance littéraire en Ontario.
Plusieurs activités accompagnent la présentation
du Testament du couturier : le jeudi 6 octobre à 16h30, en collaboration avec
l’Association des théâtres francophones du Canada, Espace Libre organise une
table ronde sur les nouvelles tendances dans la dramaturgie franco-canadienne,
avec les panélistes Michel Ouellette et Joël Beddows, respectivement auteur et
metteur en scène du Testament du couturier, Manon Beaudoin, auteure (ouest
canadien), Emma Haché, auteure (Acadie),
Le mercredi 12 octobre à 18h, Espace Libre
reçoit à souper ! Activité courue tant par les fins gourmets que par les
amateurs de théâtre, les soupers Cartes sur table sont l’occasion de prendre un
repas avec le metteur en scène avant la représentation, en toute convivialité
dans la cuisine d’Espace Libre. L’activité est limitée à vingt personnes, il
faut réserver tôt.
Un des moments forts de la saison automnale, Le
testament du couturier, du 4 au 22 octobre 2005 à Espace Libre, 1945 rue Fullum
à Montréal. Billetterie : 514 521-4191
Commentaires de
Michel Handfield (7 octobre 2005)
« (…) Cities, therefore, are especially
dangerous.
It is not so much the large
populations, with their uneasy mix of sinner and saved, that make Christian
conservatives leery of urban areas. Even downtown Colorado Springs, presumably
as godly as any big town in America, struck the New Lifers I met as unclean.
Whenever I asked where to eat, they would warm me away from downtown’s neat
little grid of cafés and ethnic joints. (…) Downtown, they said, is
“confusing”.
Part
of their antipathy is literally biblical: the Hebrew Bible is the scripture of a provincial desert people,
suspicious of the cosmopolitans powers that threatened to destroy them, and
fundamentalism read the New Testament as a catalogue of urban ills –
sophistication, cynicism, lust – so deadly that one would be better off putting
out one’s own eye than partaking in their alleged pleasures. But the anti urban
sentiments of modern fundamentalists are also more specific to the moment in
wich they find themselves. » (Jeff Sharlet., « Soldiers of Christ. Part I-
Inside America’s most powerful megachurch », in Harper’s, May 2005, p. 49)
Pourquoi ce long passage du Harper’s magazine? Parce
que c’est exactement l’ambiance dans laquelle on est plongée dans cette pièce!
La peur de la Cité et la vie aseptisée de la banlieue. Une pièce forte qui se
passe quelque part dans le temps, mais peut être pas si loin que ça en fait.
Peut être plus au Sud de notre frontière tout simplement; peut être aussi dans
un passé pas très lointain, qui cherchait à nettoyer la population des
« indésirables »! Comme un pont entre l’ultra conservatisme religieux
et le nazisme…
Les services
sanitaires (SS), qui enferment tous les citoyens « impropres », en
sont le révélateur. Il faut purifier ce qui vient de la Cité et de
l’Homme : « L’humain laisse des
traces, la machine efface tout. Mais la banlieue aseptisée a quand même laissé
passer ce tissu illicite, fait de main d’hommes », par un vendeur
itinérant : Flibotte! C’est le personnage principal, le fil conducteur de
cette histoire, qui n’en est pas une. Car c’est une fable, un révélateur des
oppositions banlieue/ville, ordre/désordre!
Une pièce urbaine et
humaniste qui se déroule dans la banlieue qui refuse le passé, l’histoire, et
la contamination de la Cité, symbole de la perdition! Mais le passé est
toujours avec nous. Même si on veut nous
faire croire le contraire, il ressurgit. (1) Dans cette histoire il ressurgit
dans les mots – une lettre – accompagnant un patron de robe qu’un tailleur du
XVIIe siècle a laissé pour un tailleur du futur! Nous somme face à un texte fort, très
signifiant.
On est pour l’ordre
dans la banlieue; on reproche à la Cité de vivre! Il y a tous ces gens qui sont
différents et qui ne respectent pas l’ordre. Mais les Services Sanitaires
s’occupent du nettoyage. C’est pour cela
que dans la société de l’information, « le silence est une valeur
sure »! Seul le secret peut nous sauver, car tout doit paraître normal. Au
moindre signe d’anomalie, car le système nous épie constamment, les SS peuvent
nous tomber dessus.
On est ici dans les
rêves les plus fous de la banlieue : avoir une frontière avec la Cité pour
contrôler qui et quoi entre dans son rêve aseptique, de propreté et de bonne
conscience artificielle! Certains vêtements sont aussi interdits! Mais derrière
cette obsession de l’ordre et du bon goût, tout est-il si « clean »?
Comme le dit Fiblotte à Royal, lorsqu’il lui fait la proposition de le
débarrasser d’un certain virus informatique malencontreux pour lui qui aspire à
devenir le prochain Maire de la Banlieue, et qui complote dans des jeux de
coulisse pour écarter le Maire actuel : « à criminel, criminel et
demi! »
On est dans l’espace
de l’hypocrisie et de l’ignorance vertueuse, du moins en apparence. Mais dans
les faits l’ignorance n’est jamais une vertu, même dans la vertueuse banlieue!
Alors le besoin de psychothérapie se fait sentir pour cacher les coins de la
conscience qui retroussent! Le psychothérapeute, maître es thérapie du mensonge et de la fausse vérité,
fera donc tout en sont pouvoir pour faire
entrer son client dans le troupeau! L’ordre imposé, c’est de l’ordre
quand même.
Mais quand pour une
raison ou une autre la conscience s’éveille comme si un virus l’aurait pénétré,
tout peut déraper… si le désir de liberté est un dérapage!
***
On est ici face à une mise en scène et des costumes
simples, mais très créatif et inventif en même temps; un texte visionnaire que
j’aimerais avoir sous forme de livre, car toute sa richesse ne se saisit pas en
une seule représentation (2); et d’une comédienne incroyable qui porte tout ces
personnage et ce texte sur ses épaules.
Chapeau.
Notes :
1. C’est
d’ailleurs le propre des dictatures et des révolutions de vouloir couper tous
lien avec le passé, l’histoire, en brulant les livres, en emprisonnant les
intellectuels et en prenant le contrôle des journaux.
2. Ouellette, Michel, [2000] 2002, Le testament du couturier, Ottawa : Les
Éditions du Nordir (http://www.livres-disques.ca/editions_nordir/home/index.cfm)
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De Patricio Henriquez
À l’affiche au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) dès
le vendredi 2 décembre
Montréal, le mercredi 23 novembre 2005 - La compagnie de production Macumba International est heureuse d’annoncer la sortie en salle de Désobéir, nouveau
documentaire de Patricio Henriquez. Le film, qui s’érige contre l’obéissance
aveugle à une autorité, a été présenté en première lors de l’ouverture des 8es
Rencontres internationales du documentaire de Montréal qui se déroulaient du 10
au 20 novembre dernier.
Patricio Henriquez part à la rencontre de trois hommes qui,
croyant aux valeurs des institutions militaires avaient choisi d’être soldats.
Au nom de leur conscience, ils ont sciemment désobéi aux ordres : ils ont
refusé de torturer, de tuer des civils non armés, de violer ou de faire violer
des femmes, et de cacher les preuves de leurs crimes, au nom des intérêts
supérieurs de la Patrie et de la solidarité entre frères d'armes. Ils ont payé
très cher le prix de leurs convictions.
Ces objecteurs de
conscience sont : Igal Vega,
soldat israélien qui a refusé de se battre contre des civils; le colonel
chilien Efrain Jaña, qui s’est
opposé aux arrestations arbitraires et aux assassinats d’opposants politiques
lors du coup d’État en septembre 1973; et Camilo
Mejía, soldat américain, qui doit faire face à une cour martiale après
avoir servi en Irak et décidé de ne plus participer à la « guerre du pétrole ».
D’abord réalisateur
à la télévision chilienne, Patricio
Henriquez s’installe à Montréal après le coup d’État du 11 septembre 1973
et réalise des reportages pour la télévision. En 1995, il fonde Macumba
International avec Raymonde Provencher et Robert Cornellier. Il a reçu une
quarantaine de récompenses pour ses films, au Canada et à l’étranger, dont
trois Prix Gémeaux et le Prix Jutra du meilleur documentaire en 2000.
Désobéir prendra l’affiche le vendredi 2 décembre à Montréal au cinéma Parallèle
(Ex-Centris) en version originale anglaise, espagnole et hébreu, avec
sous-titres français.
Commentaires de Michel Handfield (2 décembre 2005)
Quand l’idéal se transforme en pire, Dieu en Satan, tu dois refuser.
Mais le soldat doit faire tout ce qu’on lui dit de faire; tuer parce qu’il en
reçoit l’ordre. D’autres, au dessus de lui, seront promus pour avoir conduit
cette guerre. C’est ce qui unit tous les soldats. C’est ce dont certains se
rendent compte un jour et ils refusent alors l’ordre. Ils sont alors conduits
au banc des accusés, emprisonnés pour insubordination. Car dans l’armée tu dois
laisser ta cervelle à la porte d’entrée comme à l’usine :
« Employees
are compelled to lead a double existence : outside their work they may
enjoy considerable liberties, independence and self-confidence, although their
capacity to structure and restructure social life to any significant degree is
quite limited ; in their places of work they are subject to strict
authority and control, particularly those at the lower end of the hierarchy,
and to forces of technological and social organizational change over which they
have little or no control – in Touraine’s phrase, “dependant participation”.
» (BAUMGARTNER, Tom, BURNS, Tom R. et De VILLE, Philippe, 1979, Work, politics, and social structuring under
capitalism: impact and limitations of industrial democracy reforms under
capitalist relations of production and social reproduction, in BURNS Tom
R., KARLSSON Lars Erik and RUS Valjko (eds), 1979, Work and Power, England/U.S.A.: Sage publ., p. 182)
Sauf qu’à l’usine,
tu peux toujours avoir une vie à l’extérieur, après ton « shift », et
t’y réaliser. Mais dans l’enfer de la guerre, tu es pris dedans avec peu
d’échappatoires!
Igal Vegal, soldat israélien qui a refusé de donner l’ordre de tirer sur
des manifestants (civils) et qui fut emprisonnés pour cela, dit qu’on ne peut
jamais s’y habituer si on est normal.
Pour lui c’est une question de conscience « parce que l’on reproche le
traitement que l’on a subit par les nazis, mais on le reproduit avec les
palestiniens! »
C’est un film où les trois protagonistes ont été accusés d’avoir suivi
leur conscience plutôt que les ordres. A part Igal on y écoute l’histoire de
Efrain Jana, colonel chilien qui a désobéit aux ordres de Pinochet en 1973, et
de Camilo Mejia, soldat états-uniens qui a refusé de continuer à participer à
la « guerre du pétrole » (Irak) après un séjour de deux semaine chez
lui.
Ce qui m’a le plus frappé dans ce film c’est le mode de pensée de
l’armée : on n’est pas des civils,
on a nos lois. C’est comme s’ils toléraient les civils, mais les gouvernements
sont tous en sursis devant eux. Le jour où le peuple élit un gouvernement que
l’armée refuse – ou que ses alliés militaires n’acceptent pas – elle peut
décider de le démettre de ses fonctions par la force, même dans une démocratie.
C’est une pensée en soi qui leur permet de renverser un gouvernement pour
raison supérieure de sécurité. Cela peut ne jamais arriver, n’être que latent,
mais cela peut arriver un jour ou l’autre dans n’importe qu’elle démocratie.
L’armée est l’épée de Damoclès au dessus de l’État.
Dans ce film on fait beaucoup référence au procès de Nuremberg,
car :
« Le tribunal rejeta l'argument invoqué par un
certain nombre d'accusés, d'après lequel leur responsabilité n'était pas
engagée, puisqu'ils avaient commis les actes incriminés sur ordre d'une
autorité supérieure. » (Microsoft Encarta 2006, crimes de guerre/ Les procès de Nuremberg)
Bref, personne n’est obligé de suivre les ordres s’ils vont
contre droit international a-t-on soutenu à ce procès, les États-Unis en tête.
Cependant, les soldats qui ne suivent pas les ordres peuvent être accusés
devant un tribunal militaire pour insubordination encore aujourd’hui, même
aux États-Unis! Bref, les soldats sont perdants sur toute la ligne. Ce sont les
rouages – les pions – de la guerre, qu’elle soit réelle ou idéologique, et ils
doivent suivre la machine même dans ses dérapages! C’est comme si Nuremberg
n’avait jamais existé. Désobéir est un acte de courage dans ce
contexte!
Références/Hyperliens :
Désobéir et
autres documentaires: http://www.extremis.tv/html/index1.php?vLangue=F
Les films
Macumba : http://www.macumbainternational.com/
Ex-centris : www.ex-centris.com
Procès de
Nuremberg : http://fr.wikipedia.org/wiki/Proc%C3%A8s_de_Nuremberg
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METTANT
EN VEDETTE ROY DUPUIS
A l'affiche
partout au Québec dès le 25 novembre
Commentaires de Michel
Handfield (23 novembre 2005)
Un très bon film, mais
comme Maurice Richard ne parlait pas beaucoup, voici mes impressions de façon
syncopée :
- C’était un caractère bouillant. On comprend bien
l’expression « il avait le feu dans les yeux », car Roy Dupuis
l’incarne bien.
- Il avait été refusé par l’armée, car il avait eu
des blessures et des cassures (bras, cheville) en jouant au hockey quand
il était jeune. On ne le considérait « pas assez solide pour faire de la
chair à canon! » comme le disait son beau père. Une chance, diront les
amateurs du Canadien de Montréal!
- Il faisait son travail de machiniste de jour et
jouait pour le Canadien le soir à ses débuts… ce qui serait impensable
aujourd’hui.
- C’est très bien fait; j’étais parfois sur le bout
de mon siège, notamment pour un match contre les Rangers de New-York, où la
tension est palpable. On s’y laisse prendre.
- Par l’intermédiaire d’un journaliste, qui écrit des
chroniques sur la base de ses opinions, Maurice sort de son mutisme et parle
des injustices envers les joueurs
francophones dans la LNH. Cela ne plaira pas à un certain Clarence
Campbell qui le suspendra injustement un peu plus tard, ce qui donnera la
fameuse émeute du Forum en 1955!
- Maurice, y parlait pas; il jouait; il la mettait
dedans… puis le Québec s’identifiait à
lui – « on est capable » – et changeait!
- L’émeute de 1955 a sonné le réveil des
francophones. Était-ce précurseur de la révolution tranquille? Peut être. Une
page de notre histoire et de la mythologie fondatrice du Québec moderne.
Pas de besoin d’en dire
plus dirait Maurice. Et au journaliste qui lui dit, mais il reste 20 ligne à la
colonne il lui répond, « laisse ça blanc! ». Ce fut un texte
percutant!
Hyperliens :
Archives de Radio-Canada sur Maurice Richard :
http://archives.radio-canada.ca/IDD-0-18-62/personnalites/rocket_richard/
Centre d’histoire de Montréal :
http://www2.ville.montreal.qc.ca/chm/clic/richard.htm
Sa bio sur Hockey archives :
http://www.hockeyarchives.info/biographies/richard.htm
Communiqué :
MONTRÉAL, le Jeudi 17 novembre
2005 - Distribué par Alliance Atlantis Vivafilm et produit par Denise Robert et
Daniel Louis, de cinémaginaire, Maurice Richard, le nouveau film de Charles
Binamé, sera dévoilé sur les écrans du Québec le 25 novembre prochain. Écrit
par Ken Scott (La Grande Séduction), le film jette un regard sur l'homme
derrière la légende, depuis ses débuts modestes jusqu'à la désormais célèbre
émeute du Forum.
Depuis toujours, Maurice n'a qu'un désir, celui de
jouer au hockey. Après de longues journées de travail ardu dans une usine sale
et bruyante, il chausse ses patins et se lance corps et âme à la poursuite de
son rêve. Plus encore que son talent et son agilité, c'est cette fougue et
cette passion qui feront de lui une légende. Dick Irvin, l'entraîneur du
Canadien, saura cultiver cette profonde rage de vaincre et poussera Maurice à
devenir une véritable machine à compter des buts. Au fil des saisons, Maurice
Richard fracassera de nombreux records et chacun de ses exploits résonnera dans
le coeur des Canadiens français comme une victoire contre l'oppresseur, une
revanche contre tous ceux qui tentent d'empêcher l'un des leurs d'accéder au
sommet de la gloire. Il deviendra une
inspiration pour tout un peuple.
C'est Roy Dupuis (Un homme et son péché, Mémoires
Affectives) qui chausse les patins du Rocket dans le nouveau film de Charles
Binamé. Plusieurs grands acteurs prêtent leur talent à cette riche distribution :
Stephen McHattie (A History of Violence, Cold Squad) dans le rôle de Dick Irvin
; Julie Le Breton (Québec-Montréal) dans le rôle de Lucille Richard ; Philip
Craig (Cinderella Man), incarnant Tommy Gorman ; et Patrice Robitaille (Le
Survenant, Horloge biologique), qui y interprète « Butch » Bouchard. Également
au générique : Michel Barrette, Diane Lavallée, Tony Calabretta, François
Langlois Vallières, Pierre-François Legendre, Mario Jean, Robert Brouillette, Benoit Girard, Paul Doucet, Normand Chouinard,
Randy Thomas, Mike Ricci et la participation spéciale de Rémy Girard.
Sur la glace, les acteurs se mêlent aux hockeyeurs
d'expérience dont Vincent Lecavalier, Stéphane Quintal, Mathieu Dandenault,
Sean Avery et Ian Laperrière. Martin Lacroix, un ancien joueur qui a chapeauté
le casting hockey, signe la chorégraphie des scènes d'action sur la glace,
assurant ainsi au film de Charles Binamé une ambiance authentique digne de
notre sport national.
Pour la réalisation de ce long métrage, une super équipe
entoure Charles Binamé, dont Pierre Gill à la direction photo (Eldorado,
L'Odyssée d'Alice Tremblay); Michel Proulx à la direction artistique (Aurore,
Monica la Mitraille) ; Michel Arcand au montage (Un homme et son péché, Le
Papillon bleu) ; Claude Beaugrand à la création sonore (Un homme et son péché)
; Claude Hazanavicius à la prise de son (La Grande Séduction) ; et Francesca
Chamberland à la conception des costumes (Mambo Italiano, Le Survenant). La musique originale du film est signée
Michel Cusson (Aurore, Monica la Mitraille, Un homme et son péché).
Cette magnifique musique sera compilée sur un CD
contenant 19 pièces originales, dont une inspirée du film et interprétée par
Marie-Chantal Toupin. Cette chanson écrite par Claude Sénécal, aura comme titre
: J'irai au sommet pour toi. Le CD Maurice Richard offrira différentes pièces
musicales telles que Le Rocket, A toute vitesse, Les trois étoiles, L'Émeute et
plusieurs autres. Produit par Zone 3 et Cinémaginaire, le CD sera disponible en
magasin dès le 29 novembre.
Le film est produit par Denise Robert et Daniel
Louis, lauréats de nombreux prix dont l'Oscar du meilleur film étranger, à qui
l'on doit de grands succès dont, entre autres : Aurore, de Luc Dionne, grand
succès de l'été 2005 ; Ma vie en
cinémascope, de Denise Filiatrault, a été encensé par la critique et fut le
film québécois le plus populaire de Noël 2004 ; Les Invasions barbares, de
Denys Arcand, le film le plus couronné de l'histoire du cinéma québécois; et
Mambo Italiano, du réalisateur Émile Gaudreault, la comédie qui allait devenir
le plus grand succès au box-office canadien d'un film canadien depuis Porky's.
Maurice Richard a été produit grâce à la
participation financière de Téléfilm Canada, du Programme de crédits d'impôt
cinéma et télévision - Gestion SODEC, de la Société de développement des
entreprises culturelles - Québec (SODEC), de Super Écran, du Programme de
crédits d'impôt pour un film ou un vidéo canadien et de la Société
Radio-Canada. Le Mouvement des Caisses Desjardins a collaboré de façon
généreuse à la mise en marché du film.
Distribué par Alliance Atlantis Vivafilm, Maurice
Richard prendra l'affiche le 25 novembre 2005 partout au Québec.
---
Au Cinéma du
Parc à partir du 18 novembre 2005.
Hany ABU-ASSAD (FRA/PAL/UK, 2004) 87 min. v.o.
arabe, s.-t.a. Lubna Azabal, Hiam Abbass, Kais Nashef.
Prix du public, Prix du meilleur film européen, Berlin 2005.
Deux amis d'enfance palestiniens sont désignés
pour commettre un attentat suicide à Tel Aviv. Engagés volontaires depuis
plusieurs années dans une faction, ils sont liés par un contrat moral qu'ils ne
peuvent ou ne veulent pas rompre. Munis de leurs ceintures d'explosifs, ils
sont conduits à la frontière sans même leur avoir dit adieu. Mais l'opération ne
se déroule pas comme prévu...
Commentaires de Michel Handfield (18 novembre
2005)
Dernièrement nous avons vu quelques films
portant sur la problématique moyen-orientale, que ce soit La fiancée syrienne, Avanim
ou La petite Jérusalem, qui se passe
dans une cité française, mais dont la famille espère aller vivre dans une
colonie d’Israël, à l’exception de Laura qui est kantienne! Mais sur le point
de vue palestinien? Niet! Paradise Now
vient combler ce vide.
Dureté de la vie et idéalisme se mélangent dans
un cocktail explosif. La misère et la promiscuité font en sorte que le
ressentiment est fort, parfois fort au point de ne pas voir d’issue possible.
Cela fait de la Palestine un terreau fertile pour recruter des terroristes.
Face au découragement, un jeune sera recruté pour une action politique fatale
du jour au lendemain, avec la promesse que les anges viendront le chercher et
qu’il sera un héro pour ses proches! Un film où tout est dans le ton, suggéré
plus que montré. Un film qui fait comprendre où peut conduire le désespoir et
la promiscuité, car le territoire palestinien est petit, enclavé, et pauvre.
Une prison en forme d’État?
Nos deux jeunes, Saïd (Kais Nashef) et Khaled
(Ali Suliman), suite à de la déception, un avenir bloqué, les humiliations
passées – historiques – dans la gorge, et la manipulation idéologique de
quelqu’un de confiance, Jamal (Amer Hlehel), décident de devenir des bombes
vivantes pour la cause palestinienne et d’aller se faire sauter dans un lieu
public en Israël! C’est ici que c’est fort intéressant, car ce recruteur,
Jamal, mange à la table familiale, cet homme étant respecté : un
professeur. Mais il est aussi, chose moins connu, un recruteur pour une
organisation terroriste. Il jouit d’une certaine aura, d’un prestige dans la
communauté. Il est donc écouté quand il leur dit « être mort c’est mieux
que d’être dans l’infériorité » ou que « cet honneur n’est accordé
qu’à quelques uns ». Mais, ce n’est pas lui qui y va! Cette scène, où on
leur colle des explosif sur le corps et qu’on leur explique que s’ils se
sentent menacé par un soldat israélien qui découvre le stratagème, il faut
tirer la petite corde qui te fait sauter pour l’emporter avec toi, donne froid
dans le dos. Faut vouloir; faut croire en Dieu, aux anges qui t’attendront et à
tout le reste pour se faire ainsi coller des explosifs sur le corps! Mais ils
ont Dieu avec eux, tout comme de l’autre côté (Israël) ils sont le peuple élu
de Dieu! Ce conflit risque donc d’être interminable, guidé des deux côtés
(Israël et Palestine) par un Dieu qui joue avec eux comme un enfant qui fait se
battre les uns contre les autres ses soldats de plastiques « made in
China » dans une guerre imaginaire!
Par contre, au garage où nos deux jeunes gens
travaillent, Saïd rencontre Susha (Lubna Azabal), une jolie jeune fille qui est
de retour dans la communauté après avoir vécu et été éduquée en Europe. Si son
cœur bat pour elle, il se sent fortement engagé par son destin et ne peut plus
reculer croit-il.
Cependant, dû à des circonstances qu’ils n’ont
pu contrôler, le plan est compromis et Saïd et Khaled sont séparés. Si l’un est
ramené à la base, l’autre, Saïd je crois, est laissé lousse dans la communauté
avec des explosifs autour du corps. Avec l’aide de Susha son copain le retrouvera, ce qui donnera lieu à
des discussions sur la valeur du terrorisme et le conflit. Si pour eux
l’occupation définit la forme de la résistance; pour elle, la résistance peut
prendre plusieurs formes : on a le choix de sa résistance! Elle, elle
privilégie le militantisme dans un groupe de droits humains, car au moins les
israéliens n’ont pas d’excuses pour nous tirer dessus! Elle croit qu’il faut
changer cette guerre meurtrière en une guerre morale! La stratégie de la
terreur ne fonctionne pas de toute manière et Israël occupe tout le terrain
idéologique, prenant à la fois le rôle d’oppresseur et d’opprimé, victime du
terrorisme et de l’hostilité de ses voisin à l’égard de son existence, laissant
peu de place aux palestiniens sur l’échiquier diplomatique! On les présente
comme un terreau de terroristes avec lesquels il est difficile de
s’entendre.
Un film à voir, car il fournit un éclairage sur
le contexte palestinien et le terreau qu’il constitue pour le terrorisme. Quand
l’on se perçoit collectivement comme une victime historique et idéologique, que
l’on vit dans une pauvreté relative à quelques kilomètres tout au plus d’oasis
de richesse, il s’installe une ambiance qui fait en sorte que la terreur n’est plus perçue comme
gratuite, mais comme un acte de résistance légitime. Une certaine psychose
collective s’installe et la justifie probablement. Et quand de l’autre côté on
se perçoit comme LA victime historique
d’un antisémitisme mondial, le cocktail psychotique est complet et explosif. Ce
n’est pas pour rien que ce conflit perdure depuis si longtemps et qu’il ne
semble pas à l’aube de finir.
C’est
ici que l’on voit la beauté du cinéma, car il aide à comprendre
l’incompréhensible comme la littérature des autres siècles aide à saisir le
mode de vie et la pensée de leur temps. Ces fictions sont souvent de meilleurs
révélateurs des réalités que certains livres savants. (1) L’idéal est donc
d’avoir les deux, pour saisir le sens et les émotions des choses. Merci au
cinéma de ce genre.
Note :
1. C’est là un sujet dont John Ralston Saul parle dans « On
equilibrium » (Penguin Canada, 2002)
Hyperliens:
Paradise Now
website: http://wip.warnerbros.com/paradisenow/
Association France-Palestine Solidarité : www.france-palestine.org/
La moitié de la population palestinienne vit toujours sous le seuil de
pauvreté :
www.alternatives.ca/article1846.html
---
De Deepa MEHTA
(CAN / IND,2005) 114 min
o.v. Hindi E.s-t / v.o. hindu s-t.a
Seema Biswas, Lisa Ray,
Kulbhushan Kharbanda
Film courage, Water est l'histoire d'une fillette de
huit ans qui, lors du décès de son époux, selon la tradition religieuse du
temps, est abandonnée par les siens dans une maison pour veuves où elle devra
couler le reste de ses jours en pénitence. Réquisitoire contre tous les
fondamentalismes religieux qui briment la liberté des femmes, à travers une
plongée à la fois épique et intimiste dans l'Inde des années 30.
Water de la cinéaste Deepa Mehta – le dernier volet de sa trilogie, après Fire
(1996) et Earth (1998) – met en vedette Lisa Ray (Bollywood/Hollywood)
et la star de Bollywood, John Abraham, qui sont tout qui sont tous deux des canadiens devenus célèbres en tant que top modèles
d’origine indienne. Le film a ouvert le
Festival du film de Toronto 2005, et a récemment été projeté dans le cadre du
Festival du nouveau cinéma.
L’action se situe en Inde à l’époque coloniale,
soit en 1938, avec pour toile de fond l’arrivée au pouvoir de Mahatma
Gandhi. Une fillette de huit ans, Chuyia
(Sarala, qui n’avait jamais joué et que Mehta a découverte dans un petit
village du Sri Lanka), est conduite par son père après le décès de son époux
dans un ashram, une maison où les veuves hindoues terminent leur vie à
faire pénitence.
Or la présence fougueuse de Chuyia ne tarde pas
à changer la vie des autres
pensionnaires, y compris celle de Kalyani (Ray), le «soutien de famille» de l’ashram
d’à peine vingt ans. Kaylani rompt avec la tradition et tombe amoureuse
d’un jeune idéaliste «gandhien» (Abraham) de la
haute société, ce qui amène les femmes à s’interroger sur leur foi et leur
avenir. Même Chuyia est emportée par ce vent du changement.
La distribution comprend également Seema Biswas
(Bandit Queen) dans le rôle de la veuve de 35 ans qui rêve
d’amour, Manorma dans celui de la veuve de 65 ans qui dirige l’ashram,
la Dr Vidula Javalgekvar dans celui de la veuve de 80 ans qui se
souvient toujours des sucreries servies à son mariage il y a
quelques décennies ainsi que Raghuvir Yadav qui interprète le rôle de l’eunuque
et Kulbushan Kharbanda (Bollywood/Hollywood) celui du prêtre.
Mehta a dû livrer
une longue bataille pour porter son film à l’écran. En 2000, lors du premier
jour de tournage en Inde, et malgré l’approbation du gouvernement indien, les
fondamentalistes hindous ont proféré des menaces de mort, brûlé le plateau et
finalement forcé la production à plier bagage.
Quatre ans plus tard, le tournage du film s’est fait en secret au Sri
Lanka sous le pseudonyme de River Moon.
Les chansons sont du compositeur de Bollywood, A.R. Rahman, la musique
est de Mychael Danna (Monsoon Wedding), la conception est du photographe
Dilip Mehta et la cinématographie est de Giles Nuttgens (Fire, Earth). Le film est une production de David Hamilton
Production, est produit par David Hamilton (Bollywood/ Hollywood, Fire, Earth),
et les producteurs délégués sont Mark Burton, Ajay Virmani et Doug Mankoff.
La fille de Mehta, Devyani Saltzman, a écrit Shooting
Water, un livre sur l’odyssée des cinq années qui ont été nécessaires pour
faire le film et comment celui-ci a aidé à réparer une relation mère-fille qui
avait souffert d’un divorce 15 ans auparavant.
Vous pouvez vous procurer ce livre aux éditions Key Porter Books dès
octobre 2005.
Water est distribué au Québec par Atopia et dans le reste du Canada par
Mongrel Media.
Commentaires de
Michel Handfield (12 novembre 2005)
Ce film nous plonge dans un autre monde, l’Inde; un autre temps, 1938; et
d’autres croyances, qui font en sorte qu’à la mort de l’époux les femmes se
retirent dans un « ashram, une maison où les veuves hindoues terminent leur vie à faire
pénitence ». Sauf que notre veuve, Chuyia, n’a que 8 ans! On marie les
filles jeunes aux Indes, parfois 7ans! Une forme de pédophilie légale selon nos critères occidentaux et notre sens commun.
(1) Qu’en serait-il ici avec le multiculturalisme? C’est une question que cela
soulève chez moi.
La justification de tels comportements est le livre saint. La veuve est
une demi-morte; elle doit vivre dans la pureté pour Dieu. Mais la pureté a
certaines exceptions, si c’est pour servir les castes supérieures, ce que le spectateur découvrira
au passage.
Notre fillette est parfois triste, parfois enjouée, mais elle a aussi
l’esprit vif dans sa candeur d’enfant. Elle dira des vérités comme lorsqu’elle
demandera « Où est la maison des hommes veufs? » Dieu nous en protège
répondra l’aînée, mais on sent bien le malaise d’autres jeunes femmes du ashram
autour d’elle!
Gandhi, que l’on ne voit qu’une fois
je crois, est toujours en filagramme
dans ce film, car l’un des personnages principaux, Narayan, jeune avocat
gandhien, en est le porte voix dans son entourage. Cette philosophie, le
gandhisme, est appelante pour les jeunes, car elle représente une nouvelle loi;
une nouvelle foi qui s’épelle L-I-B-E-R-T-É par rapport aux traditions
ancestrales. Ainsi, quand on voit Gandhi, il
dit « Dieu n’est pas la vérité; la
vérité est Dieu! » (2) C’était une forme de théologie de la libération
avant l’heure, car la pensée gandhienne va au-delà de la simple lutte de
libération nationale (le nationalisme). D’ailleurs il prône la résistance
passive, non le nationalisme, pour libérer l’Inde.
On est en période d’effervescence,
non seulement politique, mais aussi sociale et religieuse – quoi que ces
derniers changements soient beaucoup plus longs à être acceptés. Certaines
traditions disparaissent! On entre dans la révolution des idées et des
croyances avec Gandhi, qui favorise le remariage des veuves plutôt que leur
enfermement moral et sentimental ou, pire, leur immolation. On est dans
l’opposition entre société civile, politique, et religieuse, comme aujourd’hui
pour la question de l’avortement, où le politicien ne prend pas une position
morale ou personnelle, mais politique et sociale. Il pourrait très bien être
contre personnellement, mais il ne fait pas les lois pour lui mais pour
l’ensemble de la communauté. Il doit donc dépasser sa position personnelle, car
la communauté inclus les autres croyances et les non croyants. Cependant il y a
là un écueil, car comment distinguer l’acceptable de l’inacceptable? C’est ici
que la culture, l’éthique et la philosophie devraient prendre le relais, mais
sont-ils enseignés? Bien enseigné? De quoi faire réfléchir ceux qui croient que
ne devraient être enseigné que ce qui n’est qu’immédiatement applicable au
travail. Ce qui est productif! Qui connaît le manager à succès de l’Inde en 1938?
Qui connaît le gestionnaire Grec vedette en 400 avant notre ère? Trop loin pour
s’en souvenir. Pourtant ont se souvient
bien de Gandhi et de Socrate! (3) C’est dire la supériorité de la philo sur la
gestion dans le marathon de l’humanité, même si les sprinters sont plus
spectaculaires!
Ce film, outre les questions qu’il
pose (4), nous présente aussi une histoire d’amour entre Narayan et Kalyani. Un amour interdit
selon les traditionnalistes, mais non pour un Gandhiste, ce qui nous vaudra les
explications fort éclairante de Narayan concernant les traditions de sa société. Ainsi, de l’ashram, il expliquera que cela est
d’abord une question économique. Que les veuves y soient casées et vivent de
charité, fait des bouches de moins à nourrir pour leur famille! C’est une affaire d’argent déguisé en
religion! Il m’est alors passé un flash : comme dans la plupart des
religions les hommes semblent avoir une position dominante par rapport à la
femme; la religion serait-elle une invention de l’homme – avec un petit h –
pour justifier sa domination? Comme l’a demandé une des femmes du ashram à Sadananda, guide spirituel, « Qu’est-ce qui arrive si notre conscience est
en conflit avec notre foi? », je me pose parfois cette question lorsque je
fais certaines analyses. Mais si, comme l’a dit Gandhi à la fin de ce film, « Dieu
n’est pas la vérité; la vérité est Dieu! », ces questions sont tout à fait
légitimes…
Bref c’est un film qui brasse les
idées, conscientes et inconscientes, si je peux m’exprimer ainsi; la foi
raisonnée et la foi poussée à l’extrême, qui se rapproche parfois davantage de
la folie que de l’équilibre tant recherché, surtout si Dieu veut notre bien et
notre bonheur.
Un
film dont les prises de vue, surtout de soir, sont près du sublime, notamment
l’arbre. Une symbolique? L’arbre de la vérité et de la connaissance? A voir si les sous-titres ne vous rebutent
pas. Ce serait même l’occasion de vous dépasser, car ce film mérite d’être vu,
sous-titres ou pas. (5) Le dépassement de soi n’est-il pas Gandhiste? Ce film
m’a nettement marqué.
Notes
1. « L'Inde ne lutte pas contre le mariage des
enfants », Le Monde.fr :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-685200,0.html
2. Traduction
personnelle de ce passage tel que je l’ai noté sur mon Palm!
3. De mémoire je crois
que John Saul avait fait un tel exemple dans l’un de ses ouvrages que j’ai lu,
alors si tel est le cas et que je le paraphrase ici, je tiens à le saluer pour
cette idée!
4. Surtout par la
bouche de Narayan, qui jette un regard critique sur sa société et la foi, ce
qui nous vaut des réflexions telle « qu’il faut libérer les Indous d’eux même
avant de les libérer des autres »!
5. Je l’ai vu avec sous-titres anglais. Je ne sais pas si une version
avec sous-titre français est ou sera disponible. A vérifier dans votre horaire
ciné local.
Hyperliens
Site officiel : http://water.mahiram.com/
Mohandas
Karamchand Gandhi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gandhi
---
À l’affiche
dès le vendredi 28 octobre 2005
Un film de Raphaël Nadjari
(Israël/France, 2004, hébreu avec sous titres français ou anglais)
Avec Asi Levi, Uri Gabriel Florence Bloch, Shaul Mizrahi, Danny Steg
Grand Prix aux Festivals de Genève et Séville
Sélection Officielle du Festival de Berlin
Montréal, le mercredi 28 septembre 2005 – Fun Film Distribution est
heureux d’annoncer la sortie en salle le vendredi 28 octobre prochain du film
Avanim, réalisé par Raphaël Nadjari. Cette co-production Israël/France, qui
faisait partie de la Sélection Officielle du Festival de Berlin arrive sur nos
écrans après avoir remporté le Grand Prix aux Festivals de Genève et Séville
l’année dernière. Avanim sera présenté dans sa version originale en hébreu avec
sous titres français (Cinéma Le Parisien) ou anglais (Cinémas AMC et
Cavendish).
Avanim suit Michale, une jeune femme dans la trentaine, mariée, et mère
d'un jeune garçon. Elle travaille avec son père dans un cabinet comptable de
Tel-Aviv qui a notamment pour clients des institutions religieuses orthodoxes.
Son quotidien se partage entre son enfant, son époux, son travail, et son
amant. Le jour où elle apprend la mort tragique de ce dernier, sa vie
bascule... Pour le rôle de Michale, la comédienne Asi Levi était en nomination
pour le Prix de la Meilleure Actrice de l’année (2004) de l’Académie Européene
du cinéma (European Academy Awards).
Né en 1971 en France, Raphaël Nadjari s’intéresse au cinéma qu’en 1995.
Il rassemble autour de lui une équipe avec laquelle il va réaliser l’ensemble
de ses films: producteurs, techniciens, acteurs, autant en France qu’aux États
Unis, où il s’installe en 1997. Son premier
film, The Shade, tourné en anglais à New-York, est sélectionné au Festival de Cannes en 1999. Apartment #5c,
son 3e film tourné aux États Unis est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs
de Cannes en 2002. Avanim, tourné à Tel Aviv et entièrement en hébreu, marque
une nouvelle étape dans le parcours artistique de Raphaël Nadjari, habité par
l’idée d’un cinéma international et universel.
En hébreu avanim signifie «pierres». Ce pays est rempli de pierres,
toutes symboliques: il y a les pierres du mur des lamentations, les pierres
avec lesquelles on construit des maisons et des écoles, celles que jettent les
religieux sur les laïcs et les laïcs sur le religieux, il y a les pierres
tombales et les pierres que l’on dépose sur la tombe en guise de souvenir. Ces
pierres sont un point de croisement et un point d’interrogation: elles peuvent
servir pour détruire, mais elles peuvent aussi bien servir pour construire,
pour bâtir. Il y a cette phrase rapportée de Saint-Just pendant la Révolution
Française: «On peut construire à la liberté un temple ou un tombeau des mêmes
pierres».
Commentaires de Michel Handfield (28 octobre
2005)
La vie comme partout en occident : en
retard à la garderie, en jeans et pull, ne se couvrant pas la tête quand elle
va au talmud avec son père (pour des raisons professionnelles), marié tout en
ayant un amant de baise! D’ailleurs « ils
se sont mariés à cause de moi et je suis toujours obligé de m’occuper de leur
vie! » dira le père à une occasion. Mais on voit bien que ça ne fait
pas l’affaire de Michale, sa fille, indépendante. On en verra le résultat plus
tard, car on la suit tout au long de ce film comme une histoire de vie, ce qui
a un côté ethnométhodologique qui me plaît.
Elle et son père n’ont pas la même vision des
choses, lui pratiquant, elle davantage laïcisée. Lui plus religieux - la fin
justifie les moyens pour aider l’œuvre de Dieu; elle plus éthique. Ceci
conduira à un conflit entre les deux, notamment autour de la mise sur pied
d’une école talmudique, qui pourrait sauver beaucoup d’âmes dans le quartier
selon le père, et de l’aide apporté à ce groupe religieux, car elle ne voit pas
les choses de la même façon que ces « religieux » qui, pour atteindre
leurs fins, peuvent prendre des chemins plus tortueux que droit! Et en Israël
la brigade anti fraude semble assez sévère, même si c’est pour l’œuvre de Dieu!
Le tout est exacerbé par les prises de position
de son père dans sa vie, surtout depuis la mort tragique de son amant dans un
attentat, car elle doit vivre ce deuil seule, ne pouvant en parler ni à ses
proches, ni se montrer dans la famille de celui-ci. Comme elle ne peut montrer
sa peine, ni partager sa douleur et sa
détresse, bref vivre ce deuil ouvertement comme il faudrait qu’il soit vécu,
c’est un poids psychologique supplémentaire pour elle qui la forcera à certains
gestes pour se reprendre en main. Ceci aura un impact sur la vie des personnes
qui l’entourent, mais ils ne pourront pas comprendre pourquoi, car ils n’auront
pas cette pièce du « puzzle »
Michale! Ceci ne pourra qu’empirer les choses…
Ce film porte sur le prix de la liberté, car
s’affirmer contre la tradition et les idéologies a un coût - psycho social et
physique - même si l’on parle d’une « démocratie ». Et on ne parle
pas ici de la question palestinienne; on parle d’entre juifs. (1) D’ailleurs
une des choses qui frappe, c’est que tous les juifs ne sont pas
nécessairement des ultras religieux, ni même des pratiquants. Beaucoup sont des
gens ordinaires, avec des problèmes quotidiens, qui souhaitent tout simplement
être heureux dans leur vie. Et c’est justement là que la question israélienne
est difficile à comprendre pour nous qui somme extérieur à cette problématique,
car le sionisme et la religion juive sont deux phénomènes distincts.
Ces gens ordinaires, qui ne pratiquent parfois
même pas leur religion, peuvent être des sionistes purs et durs alors que des
juifs ultrareligieux peuvent être antisionistes! (2) Ce film n’en parle pas,
mais soulève quand même cette question chez moi, du simple fait qu’il se passe
en Israël. Vu le contexte de ce pays; ses relations particulières avec ses
voisins, les palestiniens au premier chef; les attentats (son amant en est
d’ailleurs victime); et le fait que diverses positions politiques existent sur
ce territoire (les gouvernements sont souvent des coalitions), j’aurais aimé
qu’on en parle un peu. Savoir la position de Michale sur ce sujet. Est-elle de
gauche comme je suis porté à le croire?
Cette question ne peut être ignorée d’aucun
citoyen d’Israël, à moins qu’ils ne soient si occidentalisés qu’ils délaissent
la politique et laissent cela à leur Gouvernement et aux technocrates,
professionnels de la politique, sentant avoir peu d’emprise sur celle-ci; le
vrai Pouvoir étant dans les officines gouvernementales et à Washington! Une
démission forcée, étant de moins en moins citoyens de leur État mais de plus en
plus clients de celui-ci, comme le veut la tendance actuelle dans les pays
occidentaux. A ce moment, ce film parle
peut être davantage que je ne le crois de la politique israélienne, de
la politique en général, et du sentiment d’impuissance du citoyen, qui se
contente de vivre sans penser à la politique, qui n’est plus de son ressort
mais de celui des spécialistes. Le citoyen n’a plus qu’un rôle instrumental,
votant aux élections pour justifier ce que l’on appelle la démocratie, comme
ailleurs en occident, surtout en Amérique, mais n’ayant aucun pouvoir sur
celle-ci! Il n’est plus le fondement de cette démocratie, mais l’instrument
justificatif que les gouvernants ont besoin pour continuer à fonctionner!
Cette
occidentalisation de ce coin de terre du
moyen orient m’a d’ailleurs frappé dans ce film, car on cherche à y vivre comme
en Europe ou en Amérique! C’est un contraste avec « La petite Jérusalem » de Karin Albou, que j’ai vu au Festival
du Nouveau Cinéma dans le même temps, où l’on essai plutôt de vivre comme en
Israël; avec l’espoir d’y émigrer un jour, même si l’on vit en occident
(banlieue parisienne)! Deux films à voir et que je qualifierai de
complémentaires, car il est mieux de tenter des saisir cette question par le
cinéma, la littérature et l’essai (3) que d’aller dans ce coin du monde
actuellement.
Dans un esprit ethnométhodologique « la fiancée syrienne » est aussi
complémentaire de ces deux films, car
elle donne le visage des territoires occupés et de ce que signifie être citoyen
de deuxième zone, même dans une « démocratie » comme Israël. (4)
L’ouverture, comme la fermeture, est de tous les côtés. L’espoir aussi. Mais
pour qu’il y ait espoir il faut qu’il y ait compréhension et dialogue. C’est à
ce que sert le cinéma d’une certaine manière : ouvrir la pensée, favoriser
les questions, et rendre possible le dialogue. Il faut aller voir ce cinéma
étranger, même s’il est sous titré, car c’est un premier pas pour appréhender
l’autre; pour comprendre un tout petit peu le Monde dans lequel on vit, car il
est beaucoup plus complexe que les réductions médiatiques qu’on doit faire pour
nous le rendre intelligible.
Notes :
1. Sur la question palestinienne ou des relations entre juifs et les
autres communautés de cette région, d’autres fils en ont traité et en
traiteront encore, car ce sujet est loin d’être épuisé.
2. Ici l’on rejoint un livre dont nous avons déjà parlé sur le mouvement
antisioniste juif, car pour plusieurs juifs religieux le sionisme à une origine
non religieuse, voir socialiste, car elle origine de la Russie. (Rabkin, p. 5)
3. A ce sujet, plusieurs essais ont été publiés sur ces questions depuis
2001. Nous en avons d’ailleurs reçus quelques uns en copie de presse. Le
dernier reçu il y a quelques jours est :
Chebel, Malek, 2005, L’Islam et la
raison. Le combat des idées, France : Perrin (www.editions-perrin.fr)
4. Voir notre texte sur www.netrover.com/~stratji/delinkanintellectuel.htm#fiancee (ou
dans le Vol. 7 no. 2)
Référence :
COULON,
Alain, 1987, L'ethnométhodologie,
France: P.U.F., col. «Que sais‑je?»
Rabkin, Yakov
M., 2004, L’opposition juive au sionisme,
Québec : Les presses de l’université Laval
---
De
Paul Arcand à l'affiche dès le 7 octobre
MONTRÉAL, le 8 septembre 2005 - Alliance Atlantis
Vivafilm et Cinémaginaire sont fiers d'annoncer que le film "Les voleurs
d'enfance" de Paul Arcand prendra l'affiche partout au Québec le 7 octobre
prochain. Produit par Denise Robert de
Cinémaginaire, ce documentaire choc porte sur un sujet tabou: la maltraitance des
enfants dans un Québec d’aujourd’hui. "Les voleurs d'enfance" montre
jusqu'où l'humain peut aller dans l'horreur et comment l'Etat intervient afin
de « protéger » ces enfants battus et abusés.
Avec plus de cent heures d'images tournées aux quatre coins de la
province depuis près d'un an, Paul Arcand signe ici le scénario et la
réalisation de son premier long-métrage.
Distribué par Alliance Atlantis Vivafilm, "Les voleurs
d'enfance" éveillera tout le Québec à cette problématique dès le 7 octobre
prochain.
Il n'y a pas de téléthon sur la maltraitance des
enfants. Pourtant, chaque année, 25,000 signalements sont retenus par la
DPJ. Des enfants battus, des enfants
abusés sexuellement, des enfants négligés, des enfants abandonnés. 40% des
bébés qui meurent au Québec décèdent à cause de la violence de leurs parents.
L'agresseur est rarement un inconnu. Il
tourne autour de sa victime et se sert de son autorité ou de son charme pour
assouvir ses instincts. Et puis, il y a ceux qui le savent et qui se taisent.
Aujourd'hui, 30,000 enfants sont pris en charge par l'État qui, il y a plus de
25 ans, adoptait une loi pour protéger ceux et celles trop longtemps oubliés
Les voleurs d'enfance, c'est le côté noir de l'humain, la violence et la
perversion. Les voleurs d'enfance, c'est le long combat des victimes contre le
silence et la manipulation. Les voleurs d'enfance, c'est la façon dont l'État
intervient au nom de la protection des enfants.
Les voleurs d'enfance, c'est un
film-documentaire qui rappelle des blessures enterrées ou un silence complice
qui malheureusement font partie de l'histoire du Québec.
Paul Arcand a écrit le scénario en plus de réaliser.
L'équipe du film est composée de Myriam Poirier (montage image), Marie-Claude
Gagné (création sonore), des journalistes à la recherche Anne Mill et Luc
Fortin, Jaime Tobon à la direction de production, Georges Jardon à la post
production et Alain Lévesque et Eric Cayla à la caméra. Serge Fiori signe la musique du film, tandis
que la chanson-thème est écrite par Claude Dubois et interprétée par Nathalie
Simard.
Derrière "Les voleurs d'enfance", on
retrouve un communicateur de talent qui a su démontrer au cours des dernières
années sa volonté à faire bouger les choses.
Après avoir acquis un important bagage du milieu radiophonique, il se
retrouve en 1985 à diriger les nouvelles de la station et du réseau Radiomutuel
pendant cinq ans. Des centaines de
milliers d'auditeurs l'accompagnaient chaque matin alors qu'il animait "Bonjour
Montréal" sur les ondes de CKAC.
Depuis plus d'un an, Paul Arcand se retrouve à la barre de l'émission
matinale de la nouvelle radio parlée de Montréal, le 98,5FM. Au petit écran, le populaire animateur nous a
livré un incontournable face à face hebdomadaire à TVA où il a rencontré les
plus grands joueurs de l'actualité d'ici et d'ailleurs. L'émission "Arcand" lui a
d'ailleurs permis de décrocher quatre Métrostar dans la catégorie
"émission d'affaires publiques".
En attendant la triologie "Délateurs" qu'il présentera sur les
ondes de TVA à l'hiver 2006, Paul Arcand fait le saut dans le milieu
cinématographique avec "Les voleurs d'enfance".
La production de ce long métrage fait en
collaboration avec l'Office National du
Film du Canada a été rendue possible grâce à la généreuse collaboration de
Iohann Martin et Andrew Lapierre, MTL Vidéo, Michel Trudel, Locations Michel
Trudel, Claude Gagnon, Technicolor, Kodak et la participation financière de la
Société Radio-Canada, de la SODEC et les crédits impôts d'impôts pour le cinéma
du Canada et du Québec et Téléfilm Canada.
D'après une idée de Denise Robert, le film "Les
voleurs d'enfance" de Paul Arcand prendra l'affiche dans les cinémas du
Québec le 7 octobre 2005.
Commentaires de Michel
Handfield (7 octobre 2005)
Les enfants; heureux,
malheureux; peines d’enfants pour la plupart? Espérons! Mais un certain nombre
d’entre eux n’ont pas cette chance de n’avoir que des « grosses pé-peines
d’enfants », car ils sont « torturés » sans raison – en fait,
peut-il y avoir des raisons de torturer des enfants? – par leurs proches :
parents, grands-parents, oncle ou tante, frère ou sœur! C’est de ces enfants
que parle ce film : les enfants victime d’inceste et/ou de violence par
les proches, les deux allant parfois ensemble mais pas systématiquement.
Mais comme si ce
n’était pas assez, ils sont ensuite victime du système bureaucratique qui joue
avec eux comme de simples boîtes que l’on place et déplace dans un centre
jeunesse, une famille d’accueil, un retour en milieu familial, une nouvelle
famille d’accueil, et ainsi de suite. Il n’est pas rare qu’ils fassent plus
d’une dizaine de familles d’accueil dans leurs jeunesses, car à chaque retour
en famille d’accueil ils se retrouvent dans un milieu différents, la famille
d’accueil précédente ayant reçu d’autres enfants entre temps. Les enfants, sont
ainsi victimes d’une instabilité créée de toute pièce par le système
bureaucratique, ce qui affecte leur développement psychologique et éducationnel
et se répercutera tout au long de leur vie.
De l’autre côté les
pédophiles ont droit à une prison spécialisé dans leur traitement, La Macaza, et ne manquent de rien
contrairement à leurs victimes. Cependant, il ne faudrait pas couper dans le
traitement et le suivi des pédophiles pour donner aux enfants, mais il faudrait
investir au moins autant – et préférablement plus – dans le développement des
enfants! C’est une nuance importante que tous les spectateurs ne feront
certainement pas.
Pourquoi la pédophilie?
Pourquoi la violence envers les enfants? Maladie, éducation, immoralité (ce
peut aussi être l’inverse : punir au nom d’une morale religieuse par
exemple), fantasme incontrôlable, blocage à l’enfance et quoi encore. Beaucoup de questions se posent et il ne faut
pas négliger la recherche sur la pédophilie et la violence.
Ce film a naturellement
un parti pris contre une bureaucratie qui est lente à bouger et qui
« scrape » l’avenir d’enfants au nom du respect de ses normes.
Cependant on retrouve aussi dans le système des gens consciencieux, qui passent
le bien être des enfants d’abord. Mais ils ont certainement des bâtons dans les
pattes parfois!
Ce film ne parle pas
que de pédophilie; il parle aussi d’autres formes de violence envers les
enfants, mais c’en est la partie la plus importante. C’est aussi celle qui pose
le plus de question. Car les pédophiles sont souvent des gens avec une capacité
de persuasion et de manipulation étonnante. Il n’est pas rare qu’ils se
retrouvent en position de pouvoirs et qu’ils soient bien vus dans la
communauté. Ils feront souvent du
bénévolat par exemple. Ils seront visibles. Façon d’éliminer les
soupçons? Pas lui, pas elle (1), et la victime n’ose plus parler! Elle se mure
dans le silence.
Le pédophile étant
souvent doublé d’un manipulateur, il saura responsabiliser sa victime pour ce
qui est arrivé et se déculpabilisera ainsi. C’est l’enfant qui l’a provoqué,
touché et lui a fait perdre la tête momentanément. Alors il dit à l’enfant de
ne pas en parler – c’est leur secret -
car ce n’est pas bien ce qu’il a fait et il pourrait se faire punir pour
ça! C’est la victime qui se sent coupable et qui se tait sur son secret. Et
quant les victimes parlent, souvent après plusieurs années, la majorité des
gens ont de la difficulté à les croire, car pourquoi n’ont-elles pas parlé
avant? C’était qu’elles aimaient ça où qu’elles en tiraient un avantage
croiront-elles. Les quelques victime qui parlent se demanderont alors qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça? Les
autres, qui n’ont pas encore parlé, préféreront probablement se taire.
Un film fort
intéressant où l’on entend aussi Dan Bigras et la juge Ruffo (« on nous
exige de rendre des jugements conforme aux ressources de la DPJ, non aux besoins des enfants » dit-elle);
où l’on parle de l’exercice du Pouvoir par les éducateurs; des victimes
traitées comme les délinquant dans les centres jeunesses; des droits des
parents versus les besoins des enfants; de la sortie à la rue, sans soutien,
dès l’âge de 18 ans; et de plein d’autres choses tout aussi intéressantes.
Note :
1. Car il y a certainement des femmes pédophiles même
si le film n’en parle pas. De plus, si c’est avec des ados, ils ne se sentiront
pas victimes, mais plutôt bon d’avoir été dans le lit de madame. Dans leur cas
ce sera plutôt une valorisation.
Hyperliens :
Association des centres jeunesse du Québec : www.acjq.qc.ca/
Commission des droits de la personne et des droits de
la jeunesse : www.cdpdj.qc.ca/
Agressions sexuelles: que faire quand cela arrive?
www.suicide-quebec.net/enfants02.html
Les Centre jeunesse de Montréal : www.centrejeunessedemontreal.qc.ca/
---
En salles le 7
octobre Au Cinéma Quartier Latin et au Cinéma Beaubien
Clara et moi, premier long métrage du scénariste et réalisateur français
Arnaud Viard, est une histoire d’amour douce-amère qui réunit deux âmes
confrontées à des niveaux de maturité différents. Avec pour toile de fonds le Paris
contemporain et une musique populaire, ce film raconte la génération
d’aujourd’hui.
Antoine (Julien Boisselier) est un acteur en herbe qui vient d’avoir 33
ans. Il est prêt à se marier, mais la question reste de savoir avec qui. Et puis, un jour, dans le métro, il rencontre
Clara (Julie Gayet), une serveuse de train qui étudie la littérature. Elle est belle, intelligente et drôle, et
c’est le début d’une belle histoire d’amour. Lors de leur première sortie
ensemble, ils laissent éclater leur besoin de chanter, littéralement, au bord
de la Seine. Ce tableau idyllique va
soudainement s’assombrir par une épreuve difficile.
Antoine accuse le coup avec plus de difficulté en raison de son manque
de maturité. « Je crois que les garçons acceptent la réalité bien après les
femmes », confie-t-il. Antoine et Clara sauront-ils reprendre leur amour en
main?
La cinématographie dépeint Paris comme un endroit où les gens vivent et
travaillent, qu’ils soient chez eux avec des amis, en train de siroter un café
dehors, dans le métro ou déambulant tranquillement dans les rues de
Montparnasse.
La bande sonore est l’œuvre du musicien populaire Benjamin Biolay. La chanson « Ma rencontre », que chantent Clara
et Antoine, est de Bertrand Burgalat.
Interrogé sur l’idée de laisser le couple exprimer leurs émotions par la
chanson, Arnaud Viard répond que pour lui la chanson est « la poésie
d’aujourd’hui ».
Arnaud Viard, qui avoue que l’histoire est partiellement
autobiographique, a fait ses débuts d’acteur à 26 ans, avant de se mettre à
écrire, exactement comme Antoine. Il a
bâti ses compétences de cinéaste avec quelques courts métrages, dont Haiku,
Rose Victoria.
Clara et Moi est diffusé au Québec par Atopia et dans le reste du Canada
par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (7 octobre
2005)
On se croit d’abord dans un film romantique à l’États-unienne, mais la
réalité rattrape les personnages et on entre dans la vraie vie avec ses
problèmes! Antoine, joyeux et idéaliste doit de devenir adulte, confronté entre
ses désirs et ses peurs.
Un film où la magie d’être ensemble n’est rien de compliqué, ce qui
manque à bien des couples. Simplement marcher au bord de la Seine ou se
retrouver dans un parc, car l’amour suffit!
Mais…
La vie n’est pas un conte de fée et arrive parfois une mauvaise nouvelle
qu’on n’attendait pas. Là, la différence de vision marque nos rapports
interpersonnels. La belle complaisance est emportée par un coup de vent. Ce qui
fut bâtit patiemment disparaît en quelques instants face au Tsunami de la vie!
La réalité rattrape ce film au romantisme États-uniens et on entre alors de
plein pied dans le film français! Le niveau du film change. On est dans les
questionnements et les incertitudes de la vie. L’Aime t-il assez fort pour
surmonter sa maladie? Oui, mais certaines choses seront impossibles en même
temps? Et du coup on s’éloigne. Parfois le rapprochement subséquent sera
possible, mais sera-t-il ce que l’on pense, ce que l’on espère?
Un film qui prend tout son intérêt quand il bascule du film rose au film
psychologique selon moi!
Comme sociologue, une chose m’a aussi frappée dans ce film au point
de la noter: la présence importante de la cigarette. Il me semble que cela est
de moins en moins fréquent dans nos films. « Political correctness »
à l’américaine que l’on ne retrouve pas encore dans le film français, mais qui
existe bel et bien ici.
Hyperlien :
http://www.pyramidefilms.com/clara-et-moi/
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THE WILD
PARROTS OF TELEGRAPH HILL À PARTIR
DU 23 SEPTEMBRE
Judy IRVING (USA, 2003), 83 min. Documentaire,
version originale anglaise.
Ce documentaire raconte l’histoire vécue d’un «
Saint-François » urbain et de sa relation absolument remarquable avec un vol de
perroquets rouges et verts sauvages. Mark Bittner est un musicien itinérant qui
a passé les quatorze dernières années de sa vie à mener une quête spirituelle
dans les rues de San Francisco. Ses recherches intérieures l’amènent à faire la
rencontre inopinée d’un vol de 26 perroquets. Les oiseaux et lui s’apprivoisent
mutuellement tandis qu’il cherche un sens à sa vie, sans savoir que ses nouveaux
amis combleront éventuellement tous ses besoins.
Commentaires de Michel Handfield et de Platon (sur la photo)
(23 septembre, 2005)
L’Amour des
perroquets, un amour que je partage avec le film. Ne me demandez pas s’il m’a
touché, je capote littéralement, assis sur le bout de mon siège. J’aurais le
goût de les appeler, de leur parler.
L’espèce de
perroquet dont il est question dans ce film est la « conure à front
rouge » (http://www3.upatsix.com/ica/). Vous trouverez
aussi un mot de Mark Bittner, celui qui nourrissait cette colonie de
perroquets, sur le site www.pelicanmedia.org/wildparrots.html. Un documentaire
intéressant, où l’homme fait la jonction entre l’urbanité et la nature par sa
relation aux oiseaux. Quiconque nourrit les oiseaux aimera ce film. Quiconque
aime les perroquets, oiseaux très intelligents, capotera littéralement.
On saisit bien la
relation privilégiée qui s’est développée entre Mark et ces perroquets ici.
Platon, un de mes trois cockatiels et coauteurs de ce texte, me l’a d’ailleurs
confirmé: « S’occuper d’un perroquet ce n’est pas assez, il faut
établir une relation avec lui et il faut que le perroquet le veuille bien. On est des oiseaux très intelligents, mais aussi très capricieux! »
Cette relation entre Mark et ces oiseaux n’aurait donc pu se développer avec
n’importe qui. Il a vécu une histoire très particulière, car ils se sont
mutuellement apprivoisés et choisis! Le bon vouloir de Mark n’aurait pas suffit
si la colonie ne l’aurait pas acceptée. (1)
Si la ville de San
Francisco eut été plus visionnaire et imaginative elle aurait créé un emploi
pour Mark, ce chômeur créatif et marginal, comme « agent de conversation »
avec les perroquets par exemple! Il aurait pu expliquer, aux citoyens et aux
touristes que cela aurait attiré, les « basics » concernant ces
oiseaux tout en continuant à s’occuper d’eux, car ces oiseaux ont le malheur
d’être des sans statut, n’ayant plus de résidence (ce sont des oiseaux de
volière qui se sont échappés ou qui ont été mis dehors par des maîtres ne
pouvant plus s’en occuper ou tanné d’eux) et n’étant pas une espèce sauvage ou
autochtone protégée! Cette relation aux oiseaux (et à la nature en général) en
dit long sur nos relations aux humains, car dans notre système on en a beaucoup
plus pour la production économique que la production de valeurs sociales et
communautaires! Ce film en est un révélateur à qui observe bien.
Attention : si ce film vous donne le goût d’avoir un perroquet, ce n’est pas un jouet. Ça prend un caractère à
perroquet et l’amour des oiseaux. C’est beau, mais beaucoup ont de la
difficulté à les conserver, car un perroquet ça exige de l’attention et ça crie
fort si on ne lui en donne pas assez ou s’il ne vous aime pas, car ça peut
arriver. Il peut même vous blesser avec son bec. Je sais de quoi je parle avec
mes trois cockatiels, dont un né à la maison. Et si moi je fais ce que je veux
avec nos oiseaux, ma conjointe est moins acceptée du groupe même si on les a eu
ensemble et qu’elle aime les oiseaux autant que moi. Question de becs crochus,
pardon d’atomes crochus. Ça ne s’explique pas, c’est comme ça.
Si ça vous tente
d’avoir un oiseau domestique de la variété du perroquet, la perruche est toute
indiquée pour apprendre, car c’est facile à apprivoiser, très intelligent et
volubile. J’en ai d’ailleurs eu deux qui parlaient beaucoup et ma conjointe en
a eu quatre dans sa jeunesse, dont une qui a vécu douze ans et que j’ai connu.
Mais pour être heureux ces oiseaux aiment sortir de leur cage, se percher sur
vous et même partager votre repas. Si vous aimez mieux un oiseau bibelot – de
cage – d’autres variétés sont à conseiller et un animalier pourra certainement
vous aider dans votre choix. Une recherche sur Internet pourrait aussi être
appropriée pour savoir les « pour » et les « contre » par
des propriétaires de ces espèces. Par exemple « chantent- ils
beaucoup », « fort » ou « très tôt le matin »?
Note :
1. Des oiseaux peuvent même se laisser mourir de
faim en l’absence de leur maître, voir se suicider en se laissant prendre par
un prédateur duquel ils s’étaient toujours échappés ou avec lequel ils avaient
l’habitude de jouer – le chat de la maison par exemple.
Hyperliens
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Le Festival
International de Films de Montréal (FIFM)
Cédric Klapish / 2h05 / France, R.-U. / Christal Films
Se retrouvent ici les personnages de L’Auberge espagnole, 5 ans plus
tard. Xavier a 30 ans. Il a réalisé son rêve d’enfance et est devenu écrivain,
mais sa vie est compliquée : problèmes de toutes sortes, instabilité amoureuse,
petits boulots, scénarios de série télé de pacotille. Partagé entre son ex, sa
mère, ses aventures amoureuses et ses amis, il a du mal à faire correctement
son travail : concevoir et écrire une belle histoire d'amour. La mondialisation
le rattrape, son travail de scénariste est menacé, il est donc contraint de
continuer son travail à Londres, puis à Saint-Petersbourg…et tenter de
concilier amour et écriture.
Cédric Klapisch
Après des études de cinéma à Paris et en arts à New York, c’est d’abord
aux Etats-Unis, de 1983 à 1985, que Cédric Klapisch fait ses premiers films,
des courts. Il réalise son premier long métrage en 1992.
Filmographie:
2003 Ni pour, ni contre (bien au contraire)
2001 L’Auberge Espagnole (2002)
1999 Peut-être
1996 Un air de famille
1995 Chacun cherche son chat
1994 Le Péril jeune
1992 Riens du tout
Commentaires de Michel Handfield (19 septembre, 2005)
C’est un film de notre temps, techno, très XXIe siècle, avec le portable et l’image
clip à la portée! C’est aussi un portrait social à l’ère de la mondialisation,
où le travailleur est mis en concurrence avec ceux d’autres pays, voir d’autres
continents, où les conditions de vie – prix à la consommation et logements –
sont tout autre. Un film souvent comique, parfois décapant.
Cela ne se passe pas dans le milieu des petits
boulots, mais de la télé et de l’écriture; milieu idéalisé par les
téléspectateurs, qui fait rêver le quidam! Notre scénariste, qui fait aussi la
rédaction de biographie pour des gens célèbres, est un idéaliste. Il voudrait
bien élever le niveau d’écriture du « soap » d’amour, mais il se fait
vite rappeler à l’ordre : faut pas avoir peur des clichés, car c’est à ça
que s’attend le téléspectateur! Comme il faut gagner sa vie, l’art prend le
bord pour une écriture davantage commerciale, davantage convenue!
Mais même si le
« soap » semble avoir du succès, il n’est pas au bout de ses
surprises, car on lui apprend bientôt que l’écriture devra se faire en anglais,
fruit d’une coopération multi chaînes. Cela donne à peu près ces deux
répliques qui en disent long:
- « Vs êtes victime de la mondialisation. »
- « Ça me rassure. Ce n’est pas moi qui suis en cause! »
Sa vie professionnelle
se mêlant à sa vie amoureuse, on est devant une fable sur la vie d’aujourd’hui
avec des remarques parfois acides, mais toujours lucides, sur tout et sur rien!
Ainsi, il n’arrête pas son histoire quand elle va bien, car « les
histoires d’amour ça finit toujours bien, mais c’est la suite qu’on ne voit pas
qui est toujours la meilleure! » Et on a droit à des commentaires sur la
France, l’Angleterre ou la Russie en prime, car Xavier voyage.
C’est un film qui pose des questions
philosophiques et à la con sur l’amour, ce qui le rend très sympathique. Mais
c’est aussi un film intelligent malgré ce côté humoristique, car il fait des
réflexions fort justes, comme « c’est en partant loin avec quelqu’un
que l’on peut savoir si l’on est proche! » Rien de plus vrai.
Hyperliens :
http://www.marsdistribution.com/site/poupeesrusses/web/main/
---
Claude Lelouch / 1h43 / France Christal Films
Dans Le Courage d’aimer se trouvent les héros dont le
réalisateur se sent le plus proche : des hommes et des femmes pour qui les
galères sont le chemin de l’orgueil. Entre comédie et tragédie, le film met en
scène des outsiders, des héros
appartenant tous à des histoires vraies : un chanteur des rues, une
voleuse, une serveuse de bar, une bonne à tout faire, un camelot charismatique.
Car il n’y a rien de plus photogénique que les gens ordinaires quand il leur
arrive des choses extraordinaires.
Claude Lelouch
Depuis ses débuts à Paris dans les années 1960, Claude Lelouch a
traversé les époques et les modes, naviguant entre les grosses productions et
les films plus intimistes. Son cinéma est à la fois populaire et d'auteur. Le
tournant de sa carrière se produit en 1966, lorsqu’il remporte la Palme d’or et
deux Oscars pour Un Homme et une femme.
Filmographie:
2004 Les Parisiens
2002 11’09’’01 (segment France)
2002 And Now... Ladies and gentlemen
1999 Une pour toutes
1998 Hasards ou coïncidences
1996 Hommes, femmes, mode d’emploi
1994 Les Misérables
1993 Tout ça... pour ça!
1992 La Belle histoire
1990 Il y a des jours... et des lunes
1988 Itinéraire d’un enfant gâté
1987 Attention, bandits
1986 Un Homme et une femme, vingt ans déjà
1985 Partir, revenir
1984 Viva la vie
1983 Édith et Marcel
1981 Les Uns et les autres
1979 À nous deux
1978 Robert et Robert
1977 Un autre homme, une autre chance
1976 Si c’était à refaire
1975 Le Bon et les méchants
1975 Le Chat et la souris
1974 Mariage
1974 Toute une vie
1973 La Bonne Année
1972 L’Aventure c’est l’aventure
1971 Smic, smac, smoc
1970 Le Voyou
1969 Un homme qui me plaît
1968 La Vie, l’amour, la mort
1967 Vivre pour vivre
1966 Un homme et une femme
1964 Une fille et des fusils
1962 L’amour avec des Si
Commentaires de Michel Handfield (19 septembre, 2005)
Paris, décembre 1999, Dieu est à Paris sous les
traits d’un itinérant que l’on voit au début du film et à quelques reprises par
la suite. A la fois symbolisme et pied de nez aux conservateurs chrétiens
états-uniens sans même les nommer, car ils attendent un Dieu Roi, un Dieu de
pouvoirs, en Israël ou aux Etats-Unis. Mais pourquoi pas dans la ville lumière?
Il y a là une symbolique. La ville lumière; Dieu est lumière! Et sous les
traits d’un itinérant en plus; pourquoi
pas, car Jésus ne l’était-il pas, marchant les chemins, vivant de charité et d’aumône?
C’est un personnage sur lequel on n’insiste pas,
mais qui est dans la thématique du film, car c’est un film sur la vie dans la
vie, sur ceux que l’on n’attendait pas à l’arrivée, mais qui arrivent premier,
porté par leur confiance en eux ou une étincelle, ce qui a fait qu’au moment où
leur vie basculait, ils l’ont plutôt reprise en main. Une certaine foi! L’œuvre
de Dieu sans qu’ils n’y croient trop eux mêmes? Malraux n’a-il pas dit que
« le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas » comme le dit un des
personnages? Un truc de marketing dira un autre… mais dieu Lelouch aime les
belles histoires et l’idée n’est-elle
pas le bonheur? Et le bonheur, c’est l’amour du prochain ou le prochain
amour...
Ce sont les thématiques
« lelouchienne » que l’on retrouve dans les maximes du film, comme « le bonheur,
c’est mieux que la vie! »; ou « tu sais, si t’avais fait des études
tu aurais couru moins vite, car ton bagage t’aurait ralenti! » Et que dire
de celle-ci : « « Liberté, Fraternité, Infidélité! », telle
devrait être la devise de la France! » Et ce délicieux anachronisme :
« Le mariage est le meurtre parfait de l’amour, mais on n’est plus à un
meurtre près! »
Bref
c’est un Lelouch. La vie dans la vie; le film dans le film; le tout sur des
images et une musique sublime! Je n’ai rien à ajouter, j’ai apprécié, je
recommande!
---
Le nouveau film de
Marcel Simard présenté en grande
première au FIFM
Montréal, le 15 septembre 2005 – Fiction réaliste qui aborde les thèmes
de l’exclusion et de la marginalité, le film À part des autres, du réalisateur
Marcel Simard, sera présenté en première mondiale dans la série Cinéastes d’ici
du Festival international de films de Montréal, le 19 septembre à 17 heures au
cinéma Ex-Centris.
Avec ce nouveau long métrage, celui qui avait signé l’excellent Love-moi
est de retour avec une fable urbaine directement inspirée d’expériences vécues
par des jeunes ayant participé au programme de raccrochage socioprofessionnel,
La Réplique. Marcel Simard reste ainsi
fidèle à sa vision d’engagement social dans cette œuvre touchante, où il remet
en question la capacité de notre société à s’ouvrir aux aspirations de ces
futurs adultes qui voudraient y jouer un rôle actif et être appréciés à leur
juste valeur.
Produit par les Productions Virage en collaboration avec l’Office
national du film du Canada, À part des autres nous fait découvrir les destins
entremêlés de cinq de ces jeunes marginaux qui, malgré leur potentiel évident
et leur volonté de s’en sortir, ne réussissent pas à s’adapter aux programmes
conventionnels de réinsertion sociale. Bien résolues à leur venir en aide, les
intervenantes Sarah et Margot les guident au sein d’un atelier de cinéma. Cette
expérience de création les amènera à plonger au fond d’eux-mêmes pour revivre
les étapes marquantes de leur existence et tenter de mieux comprendre qui ils
sont.
Pour la réalisation de À part des autres, Marcel Simard a côtoyé durant
cinq ans les stagiaires de l’organisme de réinsertion La Réplique, où il
encadrait lui-même un atelier de cinéma. Cette collaboration a débouché sur
l’écriture et le tournage de trois moyens métrages. Intégrés dans une trame
narrative plus élaborée, ces trois films ont servi à la fois de matière
première et d’inspiration pour la création de son film. Privilégiant une
esthétique qui se rapproche volontairement du documentaire, le cinéaste lève le
voile sur une expression de la marginalité qui demeure trop souvent ignorée.
Celle d’une jeunesse exclue par son incapacité à fonctionner à l’intérieur des
cadres trop rigides de la société d’aujourd’hui.
Cinéaste sans compromis, Marcel Simard aime donner la parole à ceux et
celles qui ont rarement voix au chapitre. Le cofondateur des Productions Virage
revendique une vision très personnelle et engagée de l’art cinématographique. À
titre de scénariste et réalisateur, il a une douzaine de productions à son
actif dont Love-moi (1991), fiction sur le thème de la violence chez les
jeunes, Le grand monde (1988) ou Les mots perdus (1993), de même que les
documentaires Il était une fois… le Québec rouge (2003) et Cœur à bout (2004).
En tant que producteur, il a aussi participé à plus d’une vingtaine de projets
depuis le début des années 80.
À part des autres, Lundi le 19 septembre à 17 h, Cinéma Ex-Centris, salle
Cassavetes; Samedi le 24 septembre à 19 h, Cinéma Ex-Centris, salle Cassavetes;
Le film prendra l’affiche du Cinéma Beaubien en janvier 2006.
Commentaires de Michel Handfield (19 septembre, 2005)
Film coup de poing sur les cœurs amochés.
Problèmes familiaux, peines d’amour, peu d’estime de soi. La souffrance intérieure. Mais
elle vient d’où cette souffrance?
De l’enfance? Peut être, car si l’enfant est
comme un arbre, une blessure sans apparence grossit avec le temps. Cela remonte
aux racines du soi. Ce film puise d’ailleurs aux sources psychanalytiques pour
une part.
Pour l’autre part il puise dans le corpus
psychosocial, car les conflits sont souvent une question de point de vue,
d’expression et de communication. La difficulté d’être enfant ou d’être parent
vient souvent de là! Et à l’adolescence ce problème est aggravé; l’adolescence
se passant souvent sur un fil, il est facile de tomber à côté. De
l’incompréhension – c’est pour ton bien que je ne veux pas que… - on peut en
arriver à la peine (bouder, pleurer) ou la crise (fugue) avec tout un continuum
de possibilités, plus ou moins conséquentes, entre les deux.
Sur un coup de tête,
une fois dans la rue, il est facile de réagir de façon impulsive, davantage
émotionnelle que rationnelle; en prenant de la drogue pour oublier son mal de
vivre. Et de la drogue en réaction on peut rapidement passer à la réaction à la
drogue : la dépendance! Elle prend alors le dessus sur la personne. Ce mal
de vivre conduit à la drogue et la drogue le perpétue. C’est un piège de verre
où on a l’impression d’être libre, mais dont on ne peut sortir qu’en le
brisant, ce qui laisse des cicatrices profondes. Et ces marques, ces blessures,
ramènent à la souffrance et la souffrance à la drogue. Ce n’est pas pour rien
que les junkies ont parfois besoin de plusieurs cures de désintox pour s’en
sortir. On le voit bien dans ce film avec l’un des personnages qui a de la
misère à vivre avec son homosexualité.
Ce n’est pas une question d’intelligence, loin
de là. C’est plutôt une question d’estime et de recherche du respect, sauf que
la drogue et la révolte entraînent souvent l’effet contraire : la perte du
respect. Un effet Némésis : toutes choses poussées à l’extrême a l’effet
contraire à celui recherché. (1)
Notre mal d’amour ou notre besoin d’attention nous rend détestable, nous
laisse seul et nous isole…
La marginalité, un choix, une conséquence ou
inscrit dans nos gènes? Je n’ai pas de réponse, mais il est clair qu’elle est
plus difficile à porter pour certains que pour d’autres. Un film que j’ai aimé,
mais je ne pouvais rester pour le suivant même si c’était mon intention de
départ, car ce film est un film coup de poing, pas toujours facile. Certaines
scènes sont dures, mais c’est un portrait d’une certaine réalité, marginale, et
de la rue. A montrer aux jeunes et à discuter avec eux. Ce serait important,
essentiel!
Note :
1. ILLICH, Ivan,
1975, Némésis médicale, Paris: Seuil, coll. point.
Hyperliens :
La Réplique :
Site web: http://www.lareplique.org/
Rachel HYPPOLITE, « RÉPLIQUER À LA MARGINALITÉ : La
Réplique » in Quartier libre :
www.ql.umontreal.ca/volume12/numero15/culturev12n15a.html
Production Virage : www.virage.ca
Transition Centre-Sud / Ressources : www.tcs83.ca
Squ@t Net : http://squat.net
La page Communautés, ressources et groupes sociaux du portail D.I.
Societas : www.homestead.com/societascriticus/autrescomm.html
###
27 septembre, 2005
J’ai
assisté à conférence de presse du FNC ce matin et il promet. On parle ici d’une
célébration de la création dans le long, le court et le moyen métrage, qui
prend de plus en plus de place d’ailleurs (il y en aura environs 70) entre le
long et le court!
Dans
le montage des extraits visionnés, j’ai senti le cinéma d’un monde qui se
cherche en ce début de millénaire. Il y aura de quoi avoir « la bouche ouverte
» comme le disent les organisateurs. C’est une vision du cinéma que l’on nous
offre. Rien de moins.
Même
si on ne veut pas parler des autres Festivals ici, on sent un certain plaisirs
à être là. Une fierté! Pas besoin de le dire, car parfois le langage non verbal
– les rires et les sourires - en dit
beaucoup plus que l’on pense!
A
souligner que cette édition, qui se passe en partie sur la Main (Ex-Centris),
coincide avec le 100e anniversaire de la rue Saint-Laurent. Si vous n’y étiez
pas il y a 100 ans, c’est l’occasion d’y être cette année!
Michel Handfield
Communiqué
Le 34e Festival du nouveau
cinéma de Montréal : VOTRE FESTIVAL
Montréal le mardi 27 septembre
2005
Le Festival du nouveau cinéma
de Montréal présente sa 34e édition du 13 au 23 octobre. Avec 197
œuvres, venant de tous les coins de la planète (38 pays), le Festival, fidèle à
sa mission de promouvoir un cinéma de qualité, réunit les plus grands talents
d’aujourd’hui. Avec ses 13 premières mondiales, ses 54 premières
internationales et nord américaines et ses 19 premières canadiennes, longs et
courts métrages de fiction et documentaire, rétrospective, portraits,
rencontres professionnelles et événements feront la part belle aux artistes
attendus en grand nombre au Festival. C’est un rendez-vous avec un Festival
entier et unique, avec les meilleurs films de l’année pour le public et les
professionnels du cinéma du Québec.
Sélection internationale: Prix Louve d’Or
Tremplin pour des premiers, deuxièmes ou troisièmes films de fiction ou
documentaire, la sélection internationale programmée par Claude Chamberlan,
Dimitri Eipides et Don Lobel rassemble vingt œuvres fortes, originales et
inédites. En compétition pour
Présentation spéciale: Cinéma d’aujourd’hui
Avec flair et après avoir
parcouru les 5 continents, Claude Chamberlan, Dimitri Eipides,
Don Lobel, Philippe Gajan et Julien Fonfrède ont réuni au sein de cette section l’élite du cinéma actuel. Parmi les
cinéastes connus et chevronnés, on retrouve d’autres premiers films marquants.
Du grand cinéma. Les festivaliers sont choyés avec : Bombon, le
Chien, Carlos Sorin
(Espagne/Argentine), Breakfast on Pluto, Neil Jordan
(Irlande/Royaume-Uni), Caché, Michael Haneke (France), De battre mon cœur s’est arrêté, Jacques Audiard (France), Dear Wendy, Thomas Vinterberg (Danemark / Allemagne / Royaume-Uni / France), Entre ses mains, Anne Fontaine (France), Free Zone, Amos Gitai, (Israël / France / Espagne /
Belgique), Gabrielle, Patrice Chéreau (France/Italie/Allemagne),
Good Night and Good Luck, George Clooney (États-Unis), L’Enfant, Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique/France), Le Filmeur, Alain Cavalier
(France), Le Temps qui reste, François Ozon (France), Manderlay, Lars von Trier (Danemark), Mary,
Abel Ferrara (France/Italie), Petit Pow! Pow! Noël, Robert Morin (Québec/Canada), Rois et Reine, Arnaud Desplechin (France), Romance
and Cigarettes, John Turturro
(États-Unis), Takeshis’, Takeshi Kitano (Japon), The Porcelain
Doll, Peter Gardos (Hongrie), Three
Times, Hou Hsiao-hsien (Taïwan), Tideland, Terry Gilliam
(Royaume-Uni/Canada), Vers le Sud, Laurent Cantet
(France/Québec/Canada), Water, Deepa Mehta (Canada), 17 Octobre 1961, Alain Tasma (France), 3 Needles, Thom Fitzgerald (Canada), A
Year in the Death Of Jack Richards, Benjamin
P. Paquette (Québec/Canada), Based on a true Story, Walter Stokman (Pays-Bas), Bienvenue au Conseil d’Administration, Serge Cardinal (Québec/Canada), Commune, Jonathan Berman (États-Unis),
Dreaming of Space, Alexey Uchitel (Russie), El Perro Negro – stories from the Spanish
Civil War, Peter Forgacs
(Pays-Bas), Ghosts, Christian Petzold (Allemagne), I’m ugly but Trendy, Denise Garcia (Brésil), Ici
Najac, à vous la terre, Jean-Henri
Meunier (France), Les Prisonniers de Beckett,
Mishka Saal (France/Canada/Québec), Lève-toi
et marche, St. Pierre Yaméogo
(Burkina Faso/France/Suisse), Lie with
me, Clement Virgo (Canada), Odete, Joao Pedro Rodrigues (Portugal), Pour moi et les autres, Thomas Ladenburger
(Allemagne), Pour un seul de mes deux
yeux, Avi Mograbi
(Israël/France), Sisters in Law, Kim Longinotto, Florence Ayisi
(Royaume-Uni), Sleeper, Benjamin Heisenberg
(Autriche/Allemagne), Star-Apoplexie, Jean-Louis Tremblay (Québec/Canada), La forêt oubliée, Kohei
Oguri (Japon), Workingman’s Death, Michael Glawogger
(Autriche/Allemagne).
Temps Ø:
Cinémas en mutation
Présentée pour une 2e année au
Festival, la section Temps Ø réunit une
programmation éclatée et éclatante! Courts et longs métrages se bousculent au
sein de la sélection de Philippe Gajan, Julien Fonfrède et Daniel Canty avec en
prime des sensations garanties. Un cinéma qui refuse les étiquettes et ouvre
les yeux, des cinémas pour définir les standards de demain. Un cinéma qui
brouille les cartes entre cinéma d’auteur, cinéma commercial et films cultes.
En ouverture, on retrouve J’adore, la rencontre explosive de Benny Nemerofsky Ramsay (I am a
boyband) et Pascal Lièvre (L’Axe
du mal), des arts médiatiques et de la culture populaire et la présentation
en première mondiale de leur première collaboration, le délicieux Patriotic.
Au programme des réjouissances question
longs-métrages, un blockbuster monstre et musical made in Bollywood (Main
Hoon Na); le très singulier film de tueur en série (Late Bloomer);
deux cryptiques et fascinantes créations (Nuit Noire et 4); un
événement pour les fans de “cinéma malaise” (Haze, le nouveau phénomène
culte signé Shynia Tsukamoto); la politique trash et drôlement
provocatrice d’un nouveau cinéma philippin (The Family That Eats Soil);
une comédie sexe de Hong Kong au discours étrangement décalé (A.V.); le
baroque art moderne d’un cinéma mexicain dont on ignorait l’existence (Stories
of Disenchantement); un cinéma épique et rock’n’roll (Yaji & Kita)
comme seul le Japon alterno sait le faire.
70 courts métrages répartis en 11 programmes.
Guy Maddin, Laurie Anderson, Pierre Hébert, Bertrand Bonello ou encore Donigan
Cumming pour ceux qu’on ne présente plus. Mais aussi des stars de
l’expérimental comme Vivian Ostrovsky, Ken Kobland, Vincent Grenier ou Peter
Tscherkassky en passant par les cinéastes des « nouvelles images »
(ne manquez pas le dyptique Empire et Flesh de Édouard Salier),
ou encore les pierres précieuses de l’animation (Théodore Ushev et son extraordinaire Tower Bawher, le peintre Jean
Detheux et ses Liaisons), sans oublier l’exceptionnelle cuvée de
moyens métrages (Un camion en réparation, Étoile violette ou le
magnifique Une chapelle blanche de Simon
Lavoie), un ensemble qui dessine les plus vastes territoires du cinéma
qu’on puisse imaginer.
Le Festival du nouveau cinéma persiste, signe et
remplit sa mission de mettre en lumière toutes les formes de cinéma. De l’Iran
au Nollywood du Nigéria en passant par la «Main» de Montréal, de la peinture de Jean Detheux aux vidéo
clips de Nexus Productions en passant par le Kino Kabaret d’automne, toutes les
cultures se mêlent et se rejoignent dans le volet événements du Festival.
En rafale on y retrouve :
Code 1520 : Six longs métrages plongeant dans
l’univers de la jeunesse actuelle. En première nord-américaine, Final
Fantasy VII : Advent Children, Testuya Nomura, Takeshi Nozue (Japon); A.V., Pan Ho Cheung (Hong
Kong); Zim & Co, Pierre Jolivet (France); Pure, Jim
Donovan (Québec/Canada); Greg & Gentillon, Matthiew Klinck
(Québec/Canada); NEXT, a primer on Urban Painting, Pablo Aravena
(Québec/Canada).
Hommage – Theo Van Gogh : Cinéaste engagé,
assassiné il y a moins d’un an, son œuvre lui survit. 05/06, Theo Van Gogh (Pays-Bas)
Portraits de cinéastes : Quatre portraits de quatre grands cinéastes actuels. After
Frank, portrait du photographe et cinéaste Robert Frank réalisé par Walter
Forsyth (Canada); François Girard en 3 actes de Mathieu Roy (Québec/Canada);
sur le cinéaste Robert Morin,
Spotlight Iran : Quatre films
surprenants provenant d’un grand pays de cinéma. Day Break, Hamid Rahmanian; Iron Island, Mohammed Rasoulov; Gilaneh,
Rakshan Bani-Etemad, Mohsen Abdolvahab; Une Nuit, Niki
Karimi.
Nollywood : La star nigériane Geneviève Nnaji et l’expert Onookome Okome
viendront présenter des films produits au Nigéria, dont l’industrie du cinéma
est l’une des plus prolifiques au monde. Le phénomène a donné naissance à
Nollywood. 4 films seront présentés au Festival. Dogs Meeting, Chika
Onu; Emotional Crack et Private Sine, Lancelot Oduwa
Imusen; Highway to the Grave, Teco Benson.
Les 100 ans de
cinéWild: Quatre films saisissants présentés au Cinéma du Parc. Bangkok Loco,
Phanchai Hongratnaphra (Thaïlande); George Michael : A different
Story, Southan Morris (Royaume-Uni); Metal : A Headbangers
Journey, Sam Dunn, Scott McFadyen, Jessica Joy Wise
(Canada); Modify, Jason Gary, Greg Jacobson (États-Unis).
Rétrospective Alexandre Sokourov: les voix
solitaires : En partenariat avec
Open Source : les rencontres de la création
Conçu et programmé par Catalina
Briceno et Mylène Chollet, le volet OPEN SOURCE est une véritable plate-forme d'échange entre
les professionnels et le public du Festival du nouveau cinéma. L'événement OPEN SOURCE : les rencontres de la création propose du 18 au 20 octobre trois
jours d’allocutions, d’ateliers, de concours, de démonstrations et de
performances tournés vers les mécanismes de création en cinéma et en médias
interactifs. Sous le thème des NOUVEAUX
PUBLICS, l'événement cherche à découvrir, mieux connaître et, surtout, être
au diapason de cette nouvelle génération d’utilisateurs de médias interactifs
et linéaires. Les journées OPEN SOURCE débutent tous les matins à l'hôtel GODIN
avec une série de petits déjeuners
présentés en association avec l’INIS, où questions, réflexions et débats
stimulants, avec des personnalités connues de la scène professionnelle,
lanceront le thème de la journée. La programmation de cette année explorera
entre autres le phénomène des télénautes,
dressera un bilan de la télévision
interactive, explorera la conquête du
jeu vidéo sur le cinéma et ses créateurs et s’intéressera au cinéma-cellulaire en offrant notamment
une "Master Class" avec le
cinéaste Don McKellar, qui a récemment réalisé un «
pocketfilm ». Les activités offrant une fenêtre d’expression à la relève
occupent une place prépondérante dans la programmation d'OPEN SOURCE.
Mentionnons, entre autres, l’atelier de créativité animé par Benoît
Pelletier, la 7e édition du
concours Cours Écrire ton Court organisé en collaboration avec
Les Prix
Dans la sélection
internationale,
Le Prix de la critique (AQCC) ira au meilleur film de fiction présenté
dans les sections Sélection Internationale et Temps Ø : cinémas en
mutation.
Les œuvres de la section Temps
Ø : cinémas en mutation seront éligibles au Prix de l’innovation (2 500 $) remis par l’Office National du Film du Canada.
Nouveauté : le Prix de la «Main» (500 $) sera remis par
L’événement OPEN
SOURCE permettra la remise du Grand Prix
Formule i, qui viendra saluer
les efforts de la relève grâce à : 5000$ en argent remis par le Fonds
de la radiodiffusion et des nouveaux médias de Bell, une résidence en
création d'une valeur de 5000$ offerte par le Vidéographe, un forfait en
service-conseil de Fjord Marketing interactif & technologie pouvant
atteindre une valeur de 5000$ et le prix Banff
New Media Institute – soit un atelier-formation, tous
Billetterie
et informations générales
La pré-vente des
billets aura lieu dès le samedi 8
octobre de 12h à 20h à Ex-Centris (3536, boul. Saint-Laurent).
Les billets: tarif régulier 10
$, tarif étudiant 7 $ . Carnet de 5 billets à
40$, carnet de 10 billets à 75 $. Les badges : badge Festival à 150
$, donnant accès à toutes les séances du Festival, badge Impérial à 100 $,
donnant accès à toutes les séances du cinéma Impérial. Les
activités Open Source sont gratuites. Le
catalogue officiel du Festival sera disponible au coût de 5 $ ainsi que
’affiche (5$) dès le samedi 8 octobre. Le programme horaire est gratuit.
Pour plus d'informations, téléphonez à la ligne Info-festival (514) 844-2172, ou
encore visitez notre site Internet et organisez votre horaire festival au www.nouveaucinema.ca
Lieux du Festival : Ex-Centris, Cinéma Parallèle,
Cinéma Impérial, Théâtre Hall Université
Concordia, Musée Juste pour Rire, Cinémathèque Québécoise, Cinéma du Parc.
Le Festival du nouveau cinéma de Montréal est rendu
possible grâce à l’aide financière de
###
(Film d’ouverture du FNC)
Jean-Pierre Dardenne ,
Luc Dardenne
Belgique,France, 2005
95 min. , couleur /
35mm , v.o. français
Scénario. :
Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Interprètes : Jérémie
Renier, Déborah François, Jérémie Segard
Synopsis
Après Le fils (2002),
les frères Dardenne reviennent auréolés d'une nouvelle Palme d'or grâce à
L'enfant. Bruno est un délinquant de 20 ans qui survit de petits larcins et de
l'allocation perçue par Sonia, sa petite amie. Elle accouche d'un petit garçon,
mais cette paternité nouvelle laisse le jeune homme indifférent, lui qui est
habitué à vivre dans l'instant et préoccupé uniquement par l'argent de ses
trafics. Après avoir commis un acte irresponsable et irréfléchi, Bruno doit
alors se battre pour gagner son statut de père et construire une famille.
Encensé par la presse européenne, L'enfant est l'occasion de suivre l'évolution
des frères Dardenne dans un cinéma social et universel. En entomologistes du
quotidien, les cinéastes poursuivent leur observation sans jugement du théâtre
de la condition humaine. Avec L'enfant, une caméra assagie, un style épuré
donnent à l'histoire de Bruno la force d'une fable sociale sur l'apprentissage
de la paternité, sur le passage de l'adolescence à la responsabilité de l'âge
adulte.
Commentaires de Michel Handfield (13 octobre 2005)
La vie en marge, les petits coups, et le bébé qui arrive et qui devrait
tout changer dans un scénario hollywoodien! Mais on n’est justement pas à
Hollywood. Pour le nouveau papa, tout à toujours été marchandise et petits
larcins! Pourquoi pas le bébé aussi?
On n’est pas dans le film moral ou à l’underground poétique ici. On est
dans un underground plutôt réaliste, où
l’on sous-loue l’appart pour se payer un manteau de cuir et on couche dehors
avec!
Ah les jeunes diront certains! Mais, ce serait juger trop rapidement,
car si ce système fonctionne, c’est qu’il y a des acheteurs de l’autre côté et
des intermédiaires entre les deux, à qui
il profite et qui régularisent la transaction en cours de route.
Le voleur à volé, mais l’acheteur a acheté - le fruit de son larcin - en
toute légalité au bout d’une longue chaîne d’intermédiaires qui arrangent le
tout! Ce système, c’est l’économisme
poussé à l’extrême, où seul le gain compte. Toutes valeurs sociales,
éthiques ou morales en sont extirpés : tout devient profit possible, peut importe ce que c’est. Le
matérialisme poussé à l’extrême. Ce n’est pas l’histoire, mais c’est ce qui la
sous-tend; c’est ce que je perçois derrière.
Bruno est le produit d’une
idéologie qui valorise le profit et qui déshumanise la société : le
citoyen n’existe plus, remplacé qu’il est par le client ou devenant une ressources (humaines) que l’on exploite tant
qu’on ne trouve pas plus productif que lui ailleurs, que ce soit une machine ou
des conditions de quasi esclavage dans un pays en développement! Le but n’est
plus le bien être et le développement de la personne, mais l’autorégulation du
système économique. L’économisme vise le développement de l’économie en bulle,
isolé des facteurs sociaux, humains et politiques. Ceux-ci sont des
distractions à son bon fonctionnement. Des facteurs que l’on doit contrôler,
isoler voir éliminer si on en a les moyens. S’en fait-on alors pour ces choses
que sont des bijoux, un sac à main ou un bébé? Ce sont des produits pour
lesquels il y a un marché, des assurances et des primes qui feront en sorte que
le client s’en procurera de nouveaux et que ceux qui sont disparus seront un
jour ou l’autre recyclés sur le marché de l’usager! L’État récupérera une
nouvelle fois la taxe de vente sur ceux-ci et le marché en profitera à nouveau.
Le reste n’est que sentimentalité, mais le marché n’à que faire des sentiments.
C’est un « défaut » humain dont la rationalité économique ne peut
tenir compte dans ses plans de croissance!
Mais pourquoi certaines filles aiment les « bums » et les gars
qui les font souffrir? L’amour est-il en lien avec la réalité ou complètement
déconnecté de celle-ci, dans un monde parallèle? Ça j’aimerais le comprendre,
mais l’amour ça se vit, parfois bien, parfois mal! Et ce n’est surtout pas
rationnel. C’est pour cela qu’il n’y a pas de marché de l’amour, mais seulement
un marché du sexe!
Dans la crise, il peut cependant y avoir un déclic qui fait que la
personne change, mais il faut parfois plus. Ici deux événements, à une certaine
distance l’un de l’autre, ont semblé amorcer ce changement. L’un avec sa blonde
et son fils, l’autre avec un jeune complice.
Une suite à ce film serait intéressante pour savoir si le déclic à
vraiment eu un effet ou s’il ne fut que passager. Que sera Bruno dans 10 ans?
Que sera son fils dans 20 ans? Il y aurait là une piste de fiction sociale,
dans le genre d’Émile Zola, à suivre ici.
Hyperliens :
www.unifrance.org/films/detail_film.asp?CommonUser=&cfilm=25962&langue=21004
Interview avec les
frères Dardenne : www.cineuropa.org/interview.aspx?lang=fr&documentID=54684
(Si le lien direct ne
fonctionne pas voir par l’index de www.cineuropa.org)
---
Karin Albou
France, 2005
94 min. couleur / 35mm
, v.o. français
Scénario. : Karin
Albou
Interprètes. : Fanny
Valette, Elsa Zylberstein, Bruno Todeschini
La petite Jérusalem
est le nom donné à un quartier de Sarcelles, en banlieue parisienne, en raison
des nombreux juifs qui y ont émigré. C'est là que Laura, 18 ans, est tiraillée
entre son éducation religieuse et ses études de philosophie. Alors que sa sœur
Mathilde tente de redonner vie à son couple, Laura se hasarde à ses premières
émotions amoureuses. Pour son premier long métrage, Karin Albou prend la voie
de l'intimité et d'une réflexion sur les rapports problématiques entre
sexualité et religion. Mathilde et Laura, deux figures liées par le sang mais
aux actes radicalement opposés, l'une cherchant dans la foi les réponses à sa
frustration sentimentale, et l'autre poussant dans leurs retranchements les
dogmes religieux qui entravent son épanouissement sensuel. Mais le propos du
film est sublimé par l'interprétation remarquable de ses actrices : Elsa
Zylberstein, dans le rôle d'épouse subordonnée à un mari absent et à des
responsabilités spirituelles qui consument sa féminité, et Fanny Valette, jeune
comédienne de 19 ans, qui porte les plus beaux moments du film. Une véritable
révélation.
Commentaires de Michel Handfield (16 octobre 2005)
On est dans l’œil de la caméra; on entre dans l’intimité de cette
famille juive avec tout ce que cela implique quand tradition et modernité
s’opposent. Même la sexualité n’est pas taboue. Les questions intimes que
Mathilde pose à « la femme du Mikveh», genre de sage femme de la
communauté, pour savoir ce qui est sexuellement permis par Dieu, et les
réponses qu’elle reçoit, auxquelles elle ne s’attendait pas, sont surprenantes.
(1) Le tout se déroule devant la caméra, comme si nous étions des voyeurs.
C’est fort instructif, car nous avons l’impression de pénétrer une culture qui
nous était fermée!
Mais ce film, c’est surtout Laura (Fanny Valette), qui étudie la philo
et questionne les traditions. Laura qui voit les contradictions entre la
réalité vécue dans cette promiscuité (vivent dans cet appartement de la Cité Laura, sa mère, Mathilde, son mari
et leurs enfants) et la Foi de sa sœur, qui lui répète souvent que la vérité
est dans la Torah, pas dans sa philosophie.
Mais pour Laura, Dieu échappe au domaine de la raison. On ne peut
montrer ni son existence, ni sa non existence. C’est une croyance; une foi. Il n’y a que le monde des idées qui rend
heureux pour elle! (2) La raison versus la religion. L’éternel débat
philosophique (3) repris ici entre
Laura, sa sœur, sa mère et un « impossible amour », lui étant
musulman non pratiquant, mais sa famille pratiquante.
On est entre la philo et les sens à fleur de peau; Foi et rationalité;
sociopolitique – les problèmes interraciaux, interreligieux et
intergénérationnels (4) – et choix
individuels. On a beau être dans une société de droits, la culture et
l’appartenance à un groupe plus grand
que soi a un impact sur notre vie. Kant, assiégé par ses démons et ses rites,
qui s’astreint à la pensée. Ce Kant qu’elle voit dans ses cours de philo, c’est
elle; elle qui vie un amour interreligieux; elle qui remet en cause sa religion
et ses rites au nom de la philo; elle qui veut dépasser sa culture par la
pensée philosophique! Elle qui marche à heure fixe comme Kant! (5)
Un film dont les ingrédients peuvent surprendre, mais dont le résultat est à point. J’en redemanderais!
Notes :
1. À ce sujet, le
Cantique des Cantiques est un « livre biblique qui à l’origine décrit les
amours charnelles d’un homme et d’une femme » (Barreau, Jean-Claude, et
Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire
du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard (Histoire), p. 52)
2. Dixit Platon, je
crois qu’il est dit dans le film.
3. « Ce que reproche Rosenzweig à la
philosophie – qu’il oppose à la Révélation et à la Rédemption -, ce n’est
évidement pas sa quête de la vérité, d’un « savoir » réflexif sur le
monde; c’est de n’avoir pas supporté – par orgueil – qu’une « porte lui
fût fermée » et que les mystères de la Révélation lui demeurassent
inatteignables. » (Guillebaud,
Jean-Claude, 2003, Le goût de
l’avenir, Paris: Seuil,
p. 261)
4. Voir, entre
autres, http://www.esj-lille.fr/atelier/magan2/teo/actu.html sur les problèmes interreligieux/interethnique
entre juifs et musulmans dans Sarcelles, cette ville de 58 000 habitant en
banlieue parisienne.
5. « Personnage austère, Kant a suivi toute sa
vie un emploi du temps immuable: lever à 4h55, cours à l’université le matin,
travail philosophique l’après-midi, promenade sur le même chemin à 17h. Seul et
célibataire, il a voué sa vie à son œuvre. » (http://www.evene.fr/celebre/biographie/emmanuel-kant-577.php)
Hyper liens sur
Kant :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kant
http://www.evene.fr/celebre/biographie/emmanuel-kant-577.php
---
Laurent Cantet
France,Canada, 2005
105 min, couleur /
35mm , v.o. français,anglais,créole
scénario. : Laurent
Cantet, Robin Campillo
interprètes. : Louise
Portal, Charlotte Rampling, Karen Young
Brenda (Karen Young),
Ellen (Charlotte Rampling) et Sue (Louise Portal) débarquent dans leur hôtel
préféré en Haïti avec une idée en tête : le plaisir de quelques relations
chaudes avec les hommes du coin. Pour les Occidentales, ce n'est que bonheur en
perspective, mais pour les jeunes hommes, la réalité est tout autre. Pour
Legba, sur qui Brenda et Ellen ont jeté leur dévolu, il ne fait pas bon vivre
en 1979, en Haïti, sous le régime de Baby Doc Duvalier et de ses tontons
macoutes. Impliquées dans la vie de Legba (Ménothy Cesar, Prix Mastroianni,
Venise 2005), les femmes découvrent un univers autrement plus compliqué et font
face à de nouveaux sentiments. Laurent Cantet, l'excellent réalisateur de
L'emploi du temps et de Ressources humaines, a adapté le roman La chair du maître de Dany Laferrière.
Un film amer ponctué de douceurs, qui a été présenté en compétition officielle
à la Mostra de Venise, ainsi qu'en présentation spéciale au festival de
Toronto.
Commentaires de Michel Handfield (24 octobre 2005)
Un film intéressant qui nous plonge dans un autre univers : Haïti
et les problèmes de la dictature, où le peuple est pauvre et l’élite en
Mercedes.
Mais on y traite surtout du tourisme sexuel féminin, avec des jeunes
hommes, parfois des ados, car Legba aurait connu ses premières expériences avec
les touristes alors qu’il avait environs 15 ans selon Brenda. Mais pour un gars
qui va – ou qui vient! – avec une femme plus vieille, c’est davantage une
gloire, qui fait en sorte qu’on en parle rarement comme d’un épisode pédophile.
Question de culture. On va ainsi parler du tourisme sexuel masculin (notamment
en Thaïlande) comme d’un problème, mais rarement de celui féminin! (1) Pourtant il existe. Dans le cas des femmes,
l’on va plutôt mettre l’accent sur le harcèlement sexuel : la femme proie
plutôt que prédatrice!
Ce n'est un secret pour personne,
la femme qui voyage doit se montrer particulièrement vigilante pour assurer sa
sécurité. Comment faire pour éviter le harcèlement sexuel ou pour être en
sécurité dans sa chambre d'hôtel? (Voyager au féminin. Conseils
pour la femme qui voyage, Affaires consulaires, www.voyage.gc.ca/main/pubs/her_own_way-fr.asp)
Mais en fait, et on le voit bien dans ce film, la femme prédatrice et
dominatrice existe avec le pouvoir de l’argent, car la domination n’est pas
affaire de sexe, mais de Pouvoir et l’argent en est un! Si les hommes ont été
davantage dominants jusqu’à maintenant, c’est qu’ils occupaient davantage les
postes les plus payants. Mais à mesure que cela change, que le pouvoir
économique et le savoir des femmes augmentent (on parle d’ailleurs de plus en
plus la domination scolaire des femmes) par rapport aux hommes, deviendront-elles
de plus en plus dominantes? La domination est-elle davantage liée à l’argent et
à l’éducation qu’au genre, masculin ou féminin? Comme le dit le maître d’hôtel,
l’argent pourrit tout ce qu’il touche! C’était
vrai pour les hommes, le serait-ce pour les femmes?
D’ici une ou deux décennies on devra peut être se pencher sur des
questions comme la domination et le harcèlement féminin envers les hommes! Le
tourisme sexuel au féminin pourrait être la pointe de l’iceberg qui laisse voir
ce qui poindre à l’horizon. On devra s’y intéresser de plus en plus, car une
recherche internet montre beaucoup de documents sur la violence – physique et
psychologique – et l’exploitation sexuelle envers les femmes, mais presque rien
sur celle envers les hommes. Parce qu’elle n’existe pas? Parce que les hommes
ne s’en plaignent pas? Parce que les hommes ne sont pas pris au sérieux quand
ils se disent victime de violence ou d’exploitation par les femmes? En fait il y a peu d’étude concernant la
« violence faite aux hommes » ou « l’exploitation sexuelle
envers les hommes », car une recherche internet avec ces mots sort
davantage de résultats concernant la violence et l’exploitation sexuelle envers
les femmes qu’envers les hommes! Ce sera peut être le prochain sujet d’étude à
la mode dans nos sociétés avancées! (2)
A part leur relation avec les « les hommes du coin », ce film
s’intéresse à leurs interrelations. Si
Sue est plus sympathique, Brenda et Ellen
sont assez « bitch » entre elles, car elles se jalousent pour
l’attention du beau gigolo qu’est Legba. La solidarité féminine c’est un beau
concept, la compétitivité masculine aussi, mais ici la compétitivité est
féminine! C’est un match de pouvoir entre les deux protagonistes que sont
Brenda et Ellen. Cela se fait « à la dur » sous des airs civilisés et
sous l’œil de Sue, plus distancée, car elle n’est pas dans ce match pour la
conquête de Legba. C’est peut être ça la différence féminine! L’élégance du
combat, sans aucune violence physique. Mais il y a une autre forme de violence
cependant : la violence psychologique, qui n’est par contre pas
sanctionnée comme l’est, celle plus physique, de la gente masculine! Ça ne veut
cependant pas dire qu’elle ne laisse pas de cicatrices, mais elles sont d’un
autre genre beaucoup moins apparent qu’un œil au beurre noir ou un bras cassé,
mais parfois tout aussi dur à vivre! (3)
Enfin,
des clips dans le film nous permettent d’entrer plus profondément dans la
psychologie des principaux personnages. Ce qu’elles vivent dans leur milieu et ce
qu’elles viennent chercher en Haïti. Cela contribue à nous éclairer.
Notes :
1. Références sur le
tourisme, dont le tourisme sexuel :
Affaires
consulaires : http://www.voyage.gc.ca/ et plus spécifiquement faire une
recherche avec « tourisme sexuel » sur le site pour obtenir
différentes informations sur le sujet.
Sur le tourisme sexuel
impliquant des enfants voir plus spécifiquement :
http://www.voyage.gc.ca/main/pubs/child_fact-fr.asp
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/044000436/index.shtml
AFESIP (exists
to combat trafficking in women and children for sex slavery): http://www.afesip.org/
2. Les 3 formes de
Pouvoirs, qui peuvent être regroupés à des degrés divers selon les
circonstances, sont l’argent; la force; et le savoir (contrôle de l’information et de la connaissance). Les
femmes peuvent ainsi user davantage du savoir (manipulation, psychologie) ou de
l’argent que de la force physique. Inversement, les hommes useront davantage de
leur pouvoir physique (la force), surtout s’ils sont dépourvus du pouvoir
financier (pauvreté) et du savoir (faible éducation et capacité
communicationnelle erratique). J’eusse pensé que la violence psychologique
était davantage féminine, mais je n’ai rien trouvé le prouvant, car les études
concernant la violence traitent surtout de la femme victime de violence, tant
physique que psychologique, non de la femme à l’origine de cette violence. Une
recherche avec « violence entre femmes » nous conduit ainsi à la
violence faite aux femmes et aux centres d’hébergement pour femmes violentées,
non aux femmes violentes, comme si cela n’existait pas! C’est dire que ce n’est pas une piste de
recherche très fréquentée…
3. Attention ceci
n’est pas une excuse à la violence physique. C’est cependant une invitation à
considérer que, tout comme il existe des formes de pouvoirs autres que
physique, il existe aussi des formes de violence non physique, qui ne sont pas
sanctionnées, mais dont il faudra tenir compte un jour. Ces formes de violence
ne sont pas réservées qu’aux couples. Une femme déconsidérée par d’autres, son
cercle d’amies par exemple, pourrait elle en venir au suicide? Est-ce une forme
de violence moindre que celle subite par la femme battue par son conjoint?
Est-elle la victime ou la cause de son malheur, car pas assez forte
psychologiquement devant l’adversité? Imaginez maintenant le même raisonnement
face à la femme battue : Est-elle la victime ou la cause de son malheur,
car pas assez forte physiquement devant l’adversité? Ça dérange comme raisonnement
n’est-ce pas?
Cependant les études
semblent porter davantage sur la violence conjugale ou la violence des hommes
envers les femmes que sur la violence au féminin, comme si la violence ne
pouvait exister entre les femmes ou venir des femmes. Réalité ou préjugé? Il y
a là un vide qui trompe sur ce qu’est la violence et qui devrait être comblé un
jour par la recherche, car la violence psychologique peut exister autant entre
les hommes qu’entre les femmes, tout comme l’homme peut en être victime de la
part d’une femme et vice versa! Elle
n’est pas non plus exclusive au milieu conjugal, car elle peut avoir lieu à
l’école ou au travail par exemple.
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Bombon,
el perro (Bombon, le Chien)
Carlos Sorin
Espagne,Argentine,
2004
97 min, couleur / 35mm
, v.o. espagnol , s.t. français
Scénario : Carlos
Sorin, Santiago Calori, Salvador Roselli
Interprètes: Juan
Villegas, Walter Donado, Micol Estevez
Les choses vont plutôt
mal pour Juan Villegas, un mécanicien de 52 ans au chômage qui tente de gagner
sa vie en vendant des couteaux. Par un curieux concours de circonstances, il se
retrouve affublé d'un dogue argentin, chien de race et bête à concours, qui va
petit à petit changer sa vie. On sait depuis Historias Mínimas (2002) à quel
point le cinéaste Carlos Sorin sait tirer parti de la simplicité de ses
histoires. Le scénario minimaliste entièrement assumé de Bombón, el Perro cache
une série de micro-événements révélateurs d'une véritable sensibilité à l'égard
des laissés-pour-compte de la société argentine. Juan Villegas, transbahuté
d'une vie médiocre vers le milieu des exhibitions canines où la possession d'un
chien de race vous octroie une respectabilité nouvelle, évolue dans ce monde
doucement absurde avec un coeur léger et des idéaux simples : voyager, faire
des rencontres, vivre un peu plus haut que ce à quoi il était destiné.
Commentaires de Michel Handfield (24 octobre 2005)
Après la projection de « Vers
le Sud » je suis resté pour Bombon,
le Chien, car cela avait l’air d’une bonne comédie et j’étais curieux de
voir le chien. Ce fut une bonne décision, car ce film comporte une bonne dose
d’ironie et de critique sociale.
Juan est le genre « bon gars de service » qui a perdu son
emploi et prend ça avec philosophie. Et après un service il se retrouve propriétaire
d’un superbe chien, un dogue argentin mâle! Un chien de grande valeur qui le
fait remarquer. Il se trouve ainsi un emploi temporaire de gardien de laine
chez un éleveur de mouton pour 30 pesos par jour. Mais une rencontre à la
banque, lui ouvre les portes d’un autre monde : celui des chiens de race.
(1) Un milieu de classe moyenne et
supérieure. Il est ainsi invité à participer à différentes activités avec la
classe supérieure – comme la chasse – et
aux concours de chiens. Un éleveur lui offre même 450 pesos pour faire
accoupler sa femelle! C’est une découverte pour ce simple gars.
Circulant en Argentine, on y voit des images de la pauvreté en
contradiction avec l’apparat du milieu qu’il pénètre. Une façon de découvrir
l’opposition de classe par l’opposition entre l’image et le discours,
celui-ci concernant cette bourgeoisie où
le chien l’amène. Mais lui garde toute sa candeur et sa simplicité. Juan le
bienheureux pourrais-je dire!
Un film humain dans lequel certaines réflexions ont beaucoup de sens.
Ainsi une dame qu’il rencontre lui dit « on se rend compte que les gens nous manquent quand ils ne sont plus
là ». Rien de plus simple, mais aussi rien de plus vrai!
Note :
1. On y apprend ainsi
qu’il y a 80 millions de chiens aux États-Unis, la plus grande minorité sur ce
territoire; un commerce de quelques milliards de dollars!
Hyperliens :
Sur le film :
http://www.tfmdistribution.com/bombonelperro/index.htm
http://www.fox.co.uk/trailers/bombon-el-perro-10869/68/
Sur le dogue argentin :
http://www.dogue-argentin.com/index.php
http://dogo.ifrance.com/html/standard.html
---
Patrice Chéreau
France,Italie,Allemagne,
2005
90 min, couleur /
35mm, v.o. français
Scénario. : Patrice
Chéreau, Anne-Louise Trividic
Interprètes. :
Isabelle Huppert, Pascal Greggory, Claudia Coli
Dans cette
coproduction franco-italienne, le maître Patrice Chéreau (Intimacy, La reine
Margot, L'homme blessé) nous présente une maison où on aime venir, d'après une
nouvelle de Joseph Conrad. De longues soirées où on écoute, regarde, rit,
parle. C'est l'avantage des cercles d'habitués, on se connaît si bien. Et tout
va bien dans l'entourage d'un couple interprété avec grâce et douce arrogance
par Pascal Greggory et Isabelle Huppert. Mais soudain, un pavé dans la marre :
une lettre de l'épouse à son mari provoque un réel chaos dans l'univers trop
contrôlé de cette cellule bourgeoise. Difficile d'être dans la même maison
quand on ne veut pas les mêmes choses. Un film de chambre, dirait-on
élégamment, tout en sachant que l'univers de Chéreau transcende les étiquettes
trop polies.
Commentaires de Michel Handfield (24 octobre 2005)
On est ici plongé dans un tableau un peu particulier. C’est un film
comme une œuvre réaliste d’un autre temps : un Renoir ou un Balzac!
Presque tout se déroule dans la maison où ils tiennent salon. On y fait le tour
des idées et de la pensée du temps, mais on y parle aussi pour ne rien dire ou
pour être vu. Ceci fait très fin XIXe, début XXe! C’est le premier niveau du
film.
Au second niveau ce film est une psychanalyse des rapports humains et de
l’amour. Il ya ce qui est dit pour les apparences et les convenances - personne
ne doit soupçonner ce qui se passe alors on va préparer une déclaration commune
pour nos amis; ce qui est dit entre soi; et ce que l’on se dit à soi même. Et
il y a ce que le langage non verbal dit, notamment les gestes. Et lorsqu’on
tient salon, l’amour déçu peut fait faire des gestes qui ne peuvent que
soulever les soupçons et les ragots!
Beaucoup dans ce film – tout? –
se passe au troisième niveau : dans les regards et les non dits. La vérité
peut être, car dans la parole il y a aussi les apparences à sauver. Dans les
non dits c’est le cœur et l’inconscient qui parlent.
Si le genre psychanalytique – un cran au-delà du psychologique – vous
intéresser, c’est un film pour vous. Déstabilisant. Pas pour tous cependant,
car j’ai l’impression que pour les mêmes raisons que je l’ai aimé d’autres ne
l’aimeront pas.
Hyperliens :
http://www.marsdistribution.com/fiche_film_gen_cfilm=51728.html
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34e Festival du nouveau cinéma de Montréal
PALMARÈS 2005 AWARDS
Montréal le dimanche 23 octobre 2005 – Le Festival du nouveau cinéma de Montréal est fier d’annoncer les
lauréats de sa 34e édition :
LOUVE D’OR - Prix du long métrage / Feature
Film Award : SOMETHING LIKE HAPPINESS, Bohdan
Slàma (République Tchèque/Allemagne, 2005)
Prix du scénario éQuinoxe/Radio-Canada / éQuinoxe/Radio-Canada
Screenplay Award : IRON ISLAND, Mohammad Rasoulof (Iran,
2005)
* Le jury long métrage était composé de Réal
Chabot, Laurent Lucas et Roland Smith.
Prix du Public
Radio-Canada / Radio-Canada People’s Choice Award : QUI A TIRÉ SUR MON
FRÈRE ?, German Gutierrez (Québec/Canada, 2005)
Prix de l’innovation ONF / NFB Innovation
Award : FLESH, Édouard Salier (France, 2005)
Mention long métrage /
Feature Film Mention: YAJI AND KITA – THE MIDNIGHT PILGRIMS, Kankurô Kudô (Japon, 2005)
Mention court métrage /
Short Film Mention: HAZE, Shinya Tsukamoto
(Japon, 2005)
* Le jury Temps Ø était composé de Gilles
Alvarez, Yumey Besú et Karim Hussain.
Prix de la "Main" / The
"Main" Award : PETIT pow! pow! noël, Robert Morin
(Québec/Canada, 2005)
* Le jury était composé de membres de la Société
de développement du Boulevard Saint Laurent
Prix de l’AQCC (Association Québécoise des
Critiques de Cinéma) / AQCC Award : KEANE, Lodge Kerrigan (États-Unis, 2004)
Mention spéciale du jury : IRON ISLAND, Mohammad Rasoulof (Iran, 2005)
* Le jury AQCC était composé de Luc Chaput, Jérôme
Delgado et Pascal Grenier.
Grand Prix Formule i - Prix Fonds
Bell/Vidéographe/Fjord Marketing /
Formula i Grand Prix - Bell
Fund Award/ Vidéographe/Fjord Marketing: CITY SPEAK, Ghassan Fayad, Mat
Donnelly (Québec/Canada, 2005)
Prix du Public Banff New
Media Institute / Banff New Media Institute People’s Choice Award: OPENSOURCE CINEMA, Brett Gaylor
(Québec/Canada, 2005)
* Le jury Grand Prix Formule i était composé de
Véronique Marino, Sophie Malouin, Jacques Labelle et Éric Giguère dont la
décision a été complétée par le vote du public.
Prix Cours Écrire ton court
SODEC/TÉLÉ-QUÉBEC/KODAK/CALQ / SODEC/TÉLÉ-QUÉBEC/KODAK/CALQ
Sprint for your Script Prize NELLY ET LIO DANS "DÉLIRE
DE FUITE", Étienne Langlois (Québec/Canada, 2005)
Mention Spéciale SARTeC / SARTeC Special Mention : UN SOUPER DE FAMILLE, Julien Grégoire (Québec/Canada, 2005)
Coup de cœur du public Bélanger Sauvé / Bélanger
Sauvé People’s Choice Award :
PRINTEMPS, Jean-François
Nadeau (Québec/Canada, 2005)
Mention Spéciale du Jury /
Jury ‘s Special Mention:
USELESS THING, Faisal Lutchmedial (Québec/Canada, 2005)
* Le jury Cours Écrire ton court était composé de
Andrée Pelletier, Joanne Arsenau, Éric Tessier, Pascal Maeder et Frédéric
Desager.
Le Festival du nouveau cinéma de Montréal est
rendu possible grâce à l’aide financière de la SODEC, Téléfilm Canada, le
ministère du Tourisme, le ministère des Affaires municipales et des Régions, le
Conseil des Arts du Canada, le Conseil des arts de Montréal, la Ville de
Montréal, Tourisme Montréal et la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la
science et la technologie. Le Festival remercie également ses fournisseurs
officiels et tous les distributeurs pour leur appui à la réalisation de cette
34e édition.
The Festival du Nouveau Cinéma
is made possible thanks to the financial assistance of SODEC, Telefilm Canada,
Ministère du Tourisme (Quebec), Ministère des Affaires municipales et des
Régions (Quebec), the Canada Council for the Arts, Conseil des arts de
Montréal, Ville de Montréal, Tourisme Montréal, and the Daniel Langlois
Foundation for Art, Science and Technology. The Festival also thanks its official suppliers and the distributors for
their support in producing the 34th FNC.
La 35e édition du Festival
aura lieu du 12 au 22 octobre 2006
---
FIFM: BILAN ET PROPOSITION GAGNANTE POUR L’AVENIR
Tant dans les médias
que dans les milieux cinématographiques et gouvernementaux, il y avait l'année
dernière un large consensus sur la nécessité de doter Montréal d’un grand
festival de films de calibre international, rassembleur et transparent. Pour ce
faire, Téléfilm Canada et la SODEC ont lancé publiquement un appel de
propositions faisant suite au rapport Secor sur les festivals de films
canadiens. C'est dans ce contexte que nous avons formé le Regroupement pour un
festival de cinéma à Montréal et déposions l'automne dernier, de concert avec
L'Équipe Spectra, le projet du Festival international de films de Montréal
(FIFM), qui fut retenu par les institutions cinématographiques.
Notre objectif a
toujours été qu'il n'y ait qu'un seul grand festival de cinéma à Montréal qui
puisse mettre fin, avec l'appui du milieu, à des années de confrontation
inutile.
C'est pourquoi nous
avons initialement tenté de rallier à notre projet M. Serge Losique. Il a
refusé notre proposition et s'est exclu lui-même du processus d'appel de
propositions.
Nous avons ensuite
fait de nombreux efforts pour négocier une alliance avec le Festival du Nouveau
Cinéma (FNC), qui avait aussi présenté un projet de grand festival aux
institutions. Ces dernières souhaitaient nous voir tenir conjointement les deux
événements en octobre pour cette première année de transition afin d'éviter qu'il
n'y ait trois festivals concurrents à Montréal en 2005. Ces efforts n’ont
malheureusement pas porté fruit.
Timing is everything…
Nous avons donc
accepté de changer les dates du FIFM en septembre pour respecter le vœu du FNC,
démontrant par le fait même notre bonne volonté. Rappelons que le Regroupement
avait unanimement donné son appui au maintien du financement du FNC par les
institutions.
Ce changement de
dates, nous le pressentions, a eu des effets dommageables sur le festival et
sur Montréal. D’une part, il a confirmé, sur la scène locale et internationale,
notre incapacité à nous entendre entre nous ; d’autre part, il a eu pour effet
de confiner le nouveau festival à tenir sa première édition à la rentrée de
septembre, au lendemain du mégafestival de Toronto. Ainsi amputé d'un mois pour
compléter la mise sur pied de son organisation et de sa programmation et,
surtout, pour promouvoir adéquatement ses films, le festival a souffert de ce
mauvais timing.
Force est de constater
que la programmation du récent FNC, amplement constituée de films que le FIFM
n’aurait pu accueillir étant donné sa politique de primeurs, démontre
aujourd'hui à quel point les deux événements auraient été complémentaires. Nous avons sincèrement cru, et nous y croyons
encore, que l'expertise cinématographique du FNC combinée à l'expertise
organisationnelle de L’Équipe Spectra aurait été une formule gagnante.
Quelles leçons tirer?
La première édition du
FIFM ne fut pas une réussite, particulièrement au niveau de la mise en marché
et de la billetterie ainsi que du choix de salles trop grandes pour une
programmation parfois trop pointue. La tradition de succès de Spectra n'était
peut-être pas au rendez-vous cette fois-ci, mais il faut quand même reconnaître
le travail accompli en si peu de temps par nos équipes : 27 000 personnes ont
pu voir l'un ou l’autre des 90 longs métrages présentés en primeur en
provenance de 40 pays lors de cette première édition somme toute bien organisée
sur le plan technique et logistique. De plus, l’événement a permis d’attirer à
Montréal des centaines de professionnels étrangers, 72 journalistes
internationaux, ainsi qu'un jury prestigieux présidé par M. Claude Lelouch, qui
ont pu profiter d'un service d'accueil et d'une salle de presse d'une efficacité
saluée par nombre d'entre eux.
Bâtir un grand
festival de cinéma qui puisse redonner un jour à Montréal sa place sur
l'échiquier international en misant sur une formule européenne basée
principalement sur l'obtention de primeurs mondiales pour attirer la presse
étrangère et éventuellement les grands noms, est certes un objectif qui
nécessite un travail de longue haleine et des investissements importants. Qu'on
pense aux dépenses reliées aux équipes de programmation et aux délégués
internationaux, aux frais de voyages et d'accueil des équipes de films
participantes comme des journalistes invités, à la promotion outre frontières,
etc.
Même si L’Équipe
Spectra a réussi à obtenir pour le premier FIFM une valeur de 3,5 millions $ en
financement privé, sur un budget total de 6 millions $ qui a généré pour nos
gouvernements des recettes fiscales au moins égales au 1,6 million $ de fonds
publics consentis dans le cadre de l'appel de propositions, peut-être faut-il
faire le constat qu’un festival consacré principalement aux « primeurs »
suscite un intérêt mitigé auprès du public et de la presse d’ici. Nous sommes
bien conscients que ce concept doit évoluer à la lumière de cette première
expérience pour mieux répondre aux besoins des cinéphiles montréalais et
correspondre à la réalité économique de notre ville comme aux contingences du
calendrier international.
Nous sommes plus que
jamais convaincus qu'il ne doit y avoir qu'un seul grand festival de cinéma à
Montréal et qu'il est plus que temps de mettre un terme à l'ère de
confrontation qui a régnée jusqu'à maintenant chez-nous. C'était la motivation
initiale qui nous a tous réunis l'an dernier pour fonder le Regroupement. C'est
aussi l'objectif qui avait poussé L’Équipe Spectra à vouloir aider le milieu du
cinéma dans l’intérêt de Montréal et de son rayonnement international.
Une proposition de
solution
Toujours persuadés de
l'importance de régler ce problème dans l’intérêt collectif, nous sommes
sincèrement déterminés à faire notre part pour changer la situation actuelle
qui a déjà été suffisamment préjudiciable pour la réputation de Montréal à
l'étranger. C'est pourquoi nous proposons aujourd'hui, après une analyse
approfondie de la situation, une solution apte à permettre au milieu de s’unir
avec une attitude responsable et constructive dans une direction commune.
Le Regroupement offre ainsi au FNC de faire
équipe sur des bases nouvelles afin de lancer dès l'an prochain un grand
festival commun qui se tiendrait pour les années à venir au mois d'octobre. Un
seul festival, qui pourrait être réalisé par deux équipes reconnues et
complémentaires, chapeauté par un conseil d'administration composé des membres
du Regroupement et du FNC, endossé par un milieu réunifié et appuyé par les
institutions gouvernementales.
Cette combinaison de
nos forces respectives est selon nous la meilleure solution qui puisse
permettre de réaliser un événement au potentiel exceptionnel, pouvant compter
sur une mise en marché internationale, une force logistique indéniable ainsi
qu'un financement accru et stable avec des partenaires privés solides.
Avec un objectif
commun à tout le milieu et une direction artistique crédible, un tel événement
pourrait donc offrir une programmation réunissant à la fois le meilleur des
grands festivals de films et du cinéma contemporain ainsi qu'une compétition
internationale de primeurs, avec un jury prestigieux, qui pourrait
éventuellement être accréditée par la Fédération internationale des
associations de producteurs de films et reconnue par la Fédération
internationale de la presse cinématographique. En travaillant ensemble,
Montréal pourrait bientôt avoir un seul grand festival de cinéma qui serait en
mesure de se tailler, avec les années, une place intéressante sur l'échiquier
international tout en offrant aux cinéphiles et au grand public montréalais une
sélection de films qui réponde à leurs besoins et à leurs goûts.
Pour donner toutes les
chances de réussite à une telle association, le Regroupement veut rencontrer en
novembre tous les intervenants afin d’en identifier les conditions gagnantes.
Lors de son conseil d’administration du 29 novembre prochain, le Regroupement
confierait à une personnalité issue du milieu du cinéma le mandat de négocier
avec le FNC d’ici le 15 janvier 2006 une nouvelle structure qui serait
acceptable à la fois par les deux festivals et par les institutions
gouvernementales.
L’engagement de
Spectra
Dans l'hypothèse où
nos collègues du FNC refuseraient cette association pour permettre d'améliorer
la situation, tant pour les cinéphiles que pour la métropole, l’Équipe Spectra
a d'ores et déjà décidé qu'elle se retirerait de l'organisation du FIFM et
mettrait un terme à son contrat de maîtrise d'oeuvre avec le Regroupement.
Spectra veut ainsi éviter à tout prix que Montréal ne se retrouve encore avec
trois festivals et espère que les parties restantes sauraient alors faire les
compromis nécessaires afin de trouver une solution viable pour l'avenir.
L'Équipe Spectra
concentrerait alors toutes ses énergies sur le développement de ses autres
événements qui contribuent à la qualité de vie artistique et culturelle de
Montréal et du Québec depuis plus de 25 ans. Le Regroupement aurait pour sa
part toute liberté pour décider de l'avenir du FIFM, possiblement en s'associant
à un autre festival pour mettre fin à une duplication inutile de ressources et
d'énergies.
Nous tenons enfin à
remercier tous nos partenaires publics et privés, notamment Téléfilm Canada et
la SODEC, Développement économique Canada, Tourisme Québec, le Ministère des
affaires municipales et des régions, Tourisme Montréal, Toyota Canada,
Vidéotron, Loto-Québec, Air France, Le Lait,
Holt Renfrew, Technicolor, Astral Media et Quebecor, ainsi que tous les
employés du Festival et de L’Équipe Spectra qui ont travaillé avec conviction
et dévouement à la naissance de ce nouveau festival. Souhaitons nous tous le
plus grand succès pour la suite des choses, dans le meilleur intérêt de
Montréal, de ses cinéphiles et de la promotion de notre cinématographie.
Signé par les membres
du Conseil d'administration du Regroupement pour un festival de cinéma à
Montréal :
M. Michel Archambault,
Chaire du Tourisme (ESG / UQAM)
M. Pierre Brousseau,
coprésident Films Séville
M. Luc Châtelain,
vice-président finances L’Équipe Spectra
M. Michel Côté,
président La Grande Nuit du Cinéma
M. Jacques-André
Dupont, vice-président marketing L’Équipe Spectra
M. Marc G. Fortier,
président-directeur général Montréal international
M. Guy Fournier,
président du Conseil Société Radio-Canada
M. Guy Gagnon,
président Alliance Atlantis Vivafilm
M. Jean-François
Gatti, président Association des hôtels du grand Montréal
Mme Isabelle Hudon,
présidente Chambre de commerce du Montréal métropolitain
M. Christian Larouche,
président Christal Films
M. Pierre Lampron,
vice-président aux relations institutionnelles Quebecor Media
M. Daniel Langlois,
président Ex-Centris
Mme Denyse McCann,
vice-présidente Opérations L’Équipe Spectra
M. André Ménard,
vice-président L’Équipe Spectra
M. Pierre Roy,
président Réseaux Premier Choix inc.
M. Alain Simard,
président-directeur général L’Équipe Spectra
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Un 34e FNC merveilleusement réussi…
En route vers son 35ième
anniversaire
Montréal, le mardi 1er novembre 2005 – Le Festival du nouveau cinéma
est heureux d’avoir offert, avec sa 34e édition clôturée le dimanche
23 octobre dernier, un événement couronné de succès au standard de qualité dont
Montréal peut être fier. Outre sa programmation impressionnante, cette 34e
édition a été marquée par la participation de nombreux invités de prestige,
tels Jacques Audiard et Romain Duris, Robert Morin, Anne Fontaine, Deepa Mehta,
Laurent
Fidèle à son mandat de présenter des œuvres émergentes, fortes et de
qualité, le FNC s’est imposé dans de nouveaux espaces de diffusion. Ainsi, le
Musée Juste pour Rire a pu accueillir les Rencontres professionnelles Open
Source, qui ont rejoint pendant 3 jours un public considérable composé
d’artisans du milieu du cinéma et de cinéphiles, et les projections de films de
la toute nouvelle section CODE 1520, qui ont fait salle comble à plusieurs
reprises. Le Musée Juste pour Rire est ainsi devenu un lieu de rassemblement
effervescent permettant aux cinéphiles de tous acabits d’échanger et de vivre
le Festival dans un espace en constante transformation représentant bien les
multiples facettes du FNC.
Autre grand défi réussi: avec 210 séances de projections, le taux
d’achalandage global du Festival a atteint 61%. L’utilisation pour la première
fois des salles du Cinéma Impérial et de l’Université Concordia s’est avérée
judicieuse. L’achalandage dans ces salles a atteint 50% au Cinéma Impérial et
32% à Concordia, des résultats fort encourageants pour une première année dans
ces lieux. Ce taux d’occupation a atteint 69% pour Ex-Centris (une augmentation
de 6,5% par rapport à l’an dernier). De plus, parmi les 210 séances du
Festival, 51 ont été présentées à guichets fermés. Ces résultats confirment
aujourd’hui que l’achalandage actuel est en lien parfait avec le plan de
croissance du festival.
En 2005, le FNC a été fidèle à sa mission de faire rayonner les
cinémas de la francophonie en sélectionnant le meilleur cru du cinéma
francophone au sein de sa programmation et en invitant une masse critique de
réalisateurs et autres représentants des films à participer au Festival, dont
une importante délégation d’Unifrance. Cette année encore, le Festival s’est
posé, comme une vitrine de diffusion stimulante pour les œuvres internationales
sélectionnées se traduisant en retombées concrètes en termes de distribution
sur le marché national.
Le bilan de cette 34e édition démontre clairement que le FNC s’impose
comme l’événement cinématographique incontournable de Montréal. Le Festival
remercie avant tout son public, les artistes participants et tous ses
partenaires qui ont contribué à faire de cette 34e édition un véritable succès.
La plus ancienne (et
la plus fringuante!) manifestation cinématographique internationale au Canada
est en route vers sa 35e édition qui se
déroulera du 12 au 22 octobre 2006.
Le Festival du nouveau
cinéma de Montréal est rendu possible grâce à l’aide financière de
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« Et si on s’accordait
une trêve! »
Reçu 8
novembre 2005 14:37:03
Membres du
Comité des gouverneurs du Festival de films de Montréal (FIFM), suite aux
récents événements qui mettent en péril la tenue d’un festival majeur à Montréal,
nous avons remis notre démission au FIFM afin de reprendre notre droit de
parole et d’exprimer notre opinion concernant la tenue d’un festival à
Montréal.
Les
festivals de films à Montréal sont terminés et nous en sommes à l’heure des
bilans. On pourra bien faire tous les
bilans que l’on veut, il nous apparaît évident que Montréal ne peut pas
continuer à présenter 3 festivals du même genre l’année prochaine. À notre avis, il faut faire table rase et
revenir avec une autre formule qui saura répondre au besoin de l’ensemble de
l’industrie et des cinéphiles. Mais il
nous apparaît certain que Montréal se doit d’avoir un festival majeur de
cinéma.
L’année
dernière, Téléfilm Canada et la SODEC ont annoncé qu’ils ne financeraient plus
le Festival des films du monde et lançaient un appel de projets pour
l’organisation d’un festival majeur à Montréal de calibre international. Le Regroupement pour un festival de films à
Montréal a présenté un projet piloté par l’Équipe Spectra qui a obtenu
l’approbation des institutions. Le
Festival de films de Montréal (FIFM) qui devait se dérouler conjointement ou
parallèlement au Festival du nouveau cinéma a dû changer ses dates pour se
tenir immédiatement après le Festival de Toronto. Avec les résultats que l’on connaît.
Il y a
actuellement 3 festivals de films majeurs au pays et qui sont reconnus comme
tel par Téléfilm Canada. Le Festival de
Toronto, le Festival d’Halifax et le Festival de Vancouver. Nous pensons qu’il est nécessaire que
Montréal puisse aussi se distinguer par la présentation d’un festival de
calibre international. Le caractère
distinct du Québec est un atout pour la communauté cinématographique
internationale et Montréal a été longtemps un lieu de rendez-vous des cinéastes
du monde. Il est temps que nous
reprenions notre place sur le calendrier des festivals internationaux.
Au cours
des derniers mois, la saga des festivals à Montréal a nui autant au milieu
culturel québécois qu’à la crédibilité de Montréal à l’étranger. Nous pensons que
le milieu cinématographique québécois doit redresser la situation et réfléchir
à l’importance que nous voulons donner à un festival de films à Montréal.
Nous
proposons que tous les bailleurs de fonds publics qui appuient ces événements
créent une commission d’étude ayant pour mandat d’évaluer les besoins et les
attentes de l’industrie, des cinéphiles, des commanditaires potentiels et des
gouvernements. Cette commission d’étude,
composée de personnes qui connaissent le cinéma et son industrie, qui y oeuvrent
et qui en comprennent les enjeux, devrait pouvoir définir les orientations du
futur festival et les actions qui mèneront à sa réalisation.
Nous sommes
conscients que cette opération ne peut se faire en quelques semaines. C’est pourquoi nous proposons aux bailleurs
de fonds publics (fédéral, provincial et municipal) de consacrer une partie de
leurs fonds au financement de cette commission et d’attendre ses résultats
avant de mettre en œuvre leur politique de financement de festival à Montréal. Et cela même si ça devait avoir pour
conséquence de ne pas tenir de festival à Montréal en 2006.
Ce ne
serait pas la première fois qu’un festival ferait relâche à un moment ou à un
autre de son existence. Venise a cessé
ses opérations pendant 2 ans et son Festival est revenu en force par la
suite. Au Québec, il nous semble facile
de faire un parallèle avec le hockey. Après un an d’absence, le hockey est plus
vivant que jamais et les partisans sont revenus de plus en plus enthousiastes.
Nous
lançons un appel à tous les intervenants de l’industrie du cinéma de s’unir
pour permettre à Montréal de développer un festival de films qui nous ressemble
et qui saura se démarquer sur la scène internationale.
Roger Frappier
Denise Robert Yves Jacques
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Voici la une…
Imaginez les 155 autres pages !
En kiosque et librairie dès le mardi 18 octobre
La Vie en rose hors-série 2005
Une coédition La Vie en rose - Les Éditons du remue-ménage
Montréal, 18 octobre 2005 - Avec la complicité de la comédienne Anne-Marie
Cadieux, La Vie en rose et Les Éditions du remue-ménage lançaient hier La
Vie en rose hors série 2005, un numéro unique et historique en
kiosque et en librairie dès aujourd’hui.
Une formule inédite qui tient à la fois de l’album souvenir, du magazine
d’actualité et du numéro de collection. Une publication dans tous les
sens du mot, aussi haute en couleur que lourde de sens et de contenu, qui se
rit avec style et panache de la triste image qu’on se fait trop souvent du
féminisme en 2005. De quoi lire, rire, réfléchir et dépoussiérer ses préjugés.
156 pages géantes sans la moindre publicité, mais aussi sans mode, ni cuisine,
ni déco. L’équivalent d’un bon gros livre – la variété en plus.
Un voyage en trois parties. Les deux premières tournées vers le passé avec un
œil d’aujourd’hui, forment le premier tiers du magazine. La troisième, de loin
la plus importante, est résolument axée sur le présent.
I ? 1980-1987 : ce dont nous avons parlé. Comme un scrap-book des grands
thèmes traités dans La Vie en rose des années 1980, du pouvoir à la
sexualité en passant par la culture et les hommes. Les entrevues avec des
femmes extraordinaires, les fictions originales, les reportages internationaux,
l'humour. Avec en prime, la petite histoire d'un magazine ambitieux.
II ? 1987-2005 : ce dont nous aurions parlé si La Vie en rose n'avait
pas fermé ses portes en 1987. Le combat de Chantale Daigle pour le droit à
l'avortement, et bien sûr cette blessure jamais cicatrisée : la tuerie de
Polytechnique. Mais aussi le souffle des grandes mobilisations, de la Marche du
pain et des roses au Sommet des Amériques. En images et témoignages, le 25e
anniversaire de La Vie en rose au Lion d'Or le 31 mars dernier. Et pour
finir, les mots d'amour inédits de quatre grands-mères pour leurs
petites-filles : Lise Payette, Anne Sylvestre, mais aussi des regrettées
Pauline Julien et Marie Cardinal.
III ? Aujourd’hui : ce dont nous parlons. Les enjeux actuels, ceux qui nous
empêchent de bien vieillir ou de bien dormir. De trois ordres ces enjeux.
Dans Féminisme et tabous, on décortique les statistiques pour vérifier si ceux
qui nous disent déjà « égales » ont raison, on mesure les avancées de l'équité
salariale; on ressort « l'épouvantail du salaire au travail ménager », on ouvre
le « garde-robe de verre » des lesbiennes; on plonge dans la controverse de la
prostitution et on admet volontiers que « les femmes ne sont pas des saintes ».
On donne la parole à des politiciennes féministes aguerries, et à des jeunes «
rebelles avec causes » qui bousculent le féminisme de maman.
Dans Maternité et paternité, on écoute le cri d'une fille à sa mère qui a perdu
« leur » mémoire, le ras-le-bol d'une mère à ses détracteurs, les propos
croisés de deux accoucheuses, l'une sage-femme l'autre médecin. On déconstruit
le mensonge des chiffres qui font des Québécoises les championnes sans cervelle
de l'avortement. On se penche sur la révolte des pères, parfois fondée,
et sur leur désir souvent sincère de « réinventer la paternité ». Et on plaide
pour les enfants, objets de nos lâchetés.
Dans Monde et fondamentalismes, on embrasse d'un coup les tensions d'une
planète livrée au néolibéralisme, à la montée des intégrismes, d’une Afrique en
proie aux conflits armés, à la faim et au sida. Des États-Unis, les critiques
d'une féministe ardente, et d'un écrivain engagé. De Kaboul, un carnet de route
et de Paris, une carte postale. Y a-t-il vraiment un Dieu dans la salle ?
s'indigne, à voir tout cela, la chroniqueuse délinquante.
Non, décidément La Vie en rose n’a perdu ni son souffle ni ses
plumes !
Un numéro unique et historique à s’offrir et à offrir pour 19,95 $.
Réservez tout de suite votre exemplaire dans votre librairie ou votre
kiosque préféré, car il s’agit d’un tirage limité. Cette publication a été
rendue possible grâce à la collaboration des Éditions du remue-ménage. (www.editions-remuemenage.qc.ca)
Pour prolonger le plaisir, le 14 novembre Canal Vie présentera La Vie en
rose n’a pas dit son dernier not de la réalisatrice Nathalie Trépanier.
Ce documentaire produit par Monique Simard de Virage met en lumière
la place du féminisme dans la vie d’aujourd’hui.
Commentaires de Michel Handfield (18 octobre 2005)
J’ai été à ce
lancement hier et c’était plein à la Grande Bibliothèque. Un lancement réussi
tout comme ce numéro spécial qui ferait un très beau cadeau de Noël. Pour ceux
que cela intéresse, les anciens numéros de la vie en rose sont archivés en format numérique sur le site
de la Grande Bibliothèque : http://bibnum2.bnquebec.ca/bna/vierose/index.html
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