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Revues Internet en ligne
Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
www.homestead.com/societascriticus
Vol. 8 no. 3
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel
Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser
autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer par courriel. Si votre texte est en
fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich
text format) sans notes automatiques.
Que la police
redescende sur terre!
Il
faut soutenir la démocratie!
Le scandale de la
société de l’assurance automobile du Québec
Le SEDNA IV en difficulté
en Antarctique. La situation est maintenant sous contrôle
«CONFLITS
SOCIO-ENVIRONNEMENTAUX ET AUTODÉTERMINATION»
Commentaires livresques : Sous la jaquette!
Karl
Marx, le socialisme… et l’anti-socialisme : Texte au sujet Jacques Attali, Karl Marx ou
l'esprit du monde, et Marc Angenot, Rhétorique de l'anti-socialisme.
A prendre
le temps de lire! Sur
Guillebaud, Jean-Claude, 2003, Le goût de
l’avenir, Paris: Seuil
Nouveaux livres reçus: Mondialisation et bien-être; La face cachée du pétrole; La Fabrication
de l'aube; Chronologie du cinéma québécois - 1894-2004.
Il modo
italiano : design et avant-garde en Italie au XXe siècle
Chloé
Sainte-Marie au Théâtre Hector-Charland
Sophie
Scholl - Die letzten Tage
Barbiers -
Une histoire d'hommes
Trafic et rage:
TRAFIC HUMAIN et LA RAGE DE L'ANGE
DE MA FENÊTRE, SANS MAISON (accompagné du court Au cœur brisé)
10e Festivalissimo: Sed/La soif (Argentine); Batalla en el cielo/ Bataille dans le ciel
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Que la police redescende
sur terre!
Michel Handfield
A/S Fraternité des policiers et policières de
Montréal
4 mai 2006
Ce
matin en lisant Le Devoir, je vois que la police en a contre les « excès
de zèle » qui font en sorte que des agents de la loi peuvent être
congédiés sans appel s’ils commettent un acte criminel. Nous ne sommes pas des
citoyens de deuxième zone clament-ils! Eh bien j’ai de petites nouvelles pour
vous, car il y a longtemps que je m’intéresse à cette question. Deux remarques
s’imposent et une solution est possible en guise de conclusion.
D’abord les policiers ne sont pas
des citoyens de seconde zone, mais au dessus des citoyens. Ayant une maîtrise
en sociologie j’ai déjà fait une demande d’emploi pour travailler en recherche
à la police de Montréal (SPCUM dans le temps), car je ne pouvais pas être
patrouilleur ayant un handicap visuel : je ne vois pas en 3 dimensions. La
réponse fut qu’il faut être policier. Les seuls postes civils étaient ceux de
téléphonistes au 911 ou de secrétaires! Ce ne sont donc pas des civils par
défaut. Ce sont des polices. Alors s’ils ne sont pas des civils (« propre
aux citoyens d'un pays » selon Microsoft
Encarta 2006), ils ne peuvent se qualifier de citoyens de seconde zone, car ils
sont au dessus des citoyens. Ce statut empêche l’embauche de civils pour faire
leurs tâches, ce qui protège leurs emplois et leur ascension dans la hiérarchie
policière. Mais ceci implique aussi des
responsabilités. Leur perfection en est une, sinon n’importe quel civil
pourrait faire la « job ». Comment pourraient-ils alors justifier
leur salaire supérieur à bien des professionnels avec juste un DEC? Quand on
est au-dessus des civils on doit accepter les règles du jeu qui vont avec notre
statut.
Ensuite, je vous concède
une chose : il faut distinguer un geste criminel posé par un surhumain
comme vous d’un geste criminel posé dans l’exercice de vos fonctions. Faire un
geste illégal pour coincer des criminels doit être permis mais encadré. Soit.
Par contre, un geste criminel dans votre vie est inacceptable, car cela vous
abaisse au rang du simple civil et votre corporatiste empêche l’embauche de
civils pour faire votre emploi. Ce sont vos règles, alors si vous redevenez
simple citoyen, comme tout simple citoyen vous ne pouvez pas être policier.
C’est la loi et vos syndicats sont très protectionniste là-dessus.
Il y a par contre une
solution. Si vous voulez changer les choses il faut revoir la loi de la police,
sans obstruction syndicale ni corporatiste de votre part, et modifier les
règles d’embauche pour faciliter l’accessibilité aux différents postes qui
s’offrent dans la police sans que le passage par le poste de patrouilleur ne
soit obligé. Tous les postes doivent être accessibles aux civils. Ainsi, si
pour être patrouilleur je vous concède qu’il faut des normes visuelles en conséquence,
je pourrais très bien être chercheur tout comme un aveugle pourrait être
spécialiste de l’écoute électronique ou quelqu’un en chaise roulante membre
d’une équipe d’enquête internet. Là et seulement là vous pourriez avoir les
mêmes droits que les civils. Mais si votre corporatiste fait en sorte qu’il
faut être membre de votre secte pour faire carrière dans la police et que nous,
les civils, nous ne pouvons pas appliquer sur les postes pour lesquels nous
aurions toute la compétence nécessaire, car nous n’avons pas commencé comme
patrouilleur, nous ne pouvons pas vous considérer davantage des nôtres que vous
ne nous considérez des vôtres Votre secte a ses règles, ses exigences et ses
privilèges : salaire, protection d’emploi, retraite, et mobilité intra
professionnelle (c’est-à-dire que vos postes ne sont pas ouverts à des non
policiers). Si vous voulez que ça
change, êtes-vous prêt à laisser ces privilèges? La question est dans votre
camp, pas dans le notre, car nous sommes nombreux à pouvoir occuper certains de
vos postes professionnels, mais à avoir un handicap qui nous empêche d’entrer
dans votre milieu hyper protectionniste. Si vous nous ouvrez la porte nous
pourrons aussi vous ouvrir la notre. Donnant-donnant, sinon ce serait indécent
de vous accorder encore plus de privilège tout en vous laissant votre hyper
protectionnisme!
P.S. : S’il y un poste de chercheur ou nécessitant mes compétences –
j’ai une maîtrise en sociologie de l’organisation – qui s’ouvre à Montréal, la
Fraternité des policiers de Montréal est-elle prête à appuyer et défendre ma
candidature sur le principe qu’un policier est un citoyen et qu’aucune
discrimination ne doit être faite au dépend d’un citoyen comme vous le
réclamez? La balle est dans votre camp. Vous avez mes coordonnées.
Hyperlien :
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Il faut soutenir la démocratie!
Michel Handfield
1er mai 2006
Les États-Unis et le
Canada s’entendent pour soutenir la démocratie. Ainsi les États-Unis ont envoyé
leurs troupes « libérer » l’Irak de la dictature sanguinaire de
Saddam Hussein pour y implanter la démocratie et le Canada a pris leur place en
Afghanistan pour maintenir la marche démocratique qui était amorcée! Nous avons
perdu des soldats pour cette cause et nous en perdrons certainement d’autres,
morts pour la poursuite d’une noble cause di-on.
Pendant ce temps,
dans un autre coin du monde, « le gouvernement israélien a (…) suspendu le
transfert des revenus provenant des taxes payées par les Palestiniens et dus à
l’autorité palestinienne » (1); « les États-Unis réclament $50
millions de l’Autorité nationale palestinienne, soit le dernier versement avant
les élections qui ont donné la majorité au Hamas en janvier dernier » (2);
et le Canada « suspend son aide à l'Autorité palestinienne et n'aura aucun
contact avec le gouvernement constitué par le Hamas. » (3) Pourquoi? On
n’approuve pas le résultat d’une élection démocratique! On serait même le
premier pays à avoir mis notre menace à exécution nous dit l’express :
Depuis la victoire du Hamas aux législatives du 25
janvier, de nombreux pays ont menacé de sanctionner financièrement les
Palestiniens. Le Canada est le premier pays à annoncer une telle mesure, le
jour même de l'entrée en fonction du gouvernement formé par le mouvement
islamiste. (4)
Bref, que signifie
la démocratie, si ce ne sont pas des élections libres? Ne signifie-t-elle que
le droit d’entériner le choix que les États-Unis et leurs alliés font pour ces nouvelles démocraties? Faut-il
demeurer dans les limites qu’ils ont tracés pour avoir le droit de porter ce
nom de démocratie, marque de commerce déposée des États-Unis bien entendu? (5)
Accepter la démocratie à l’États-unienne signifie-t-il d’en devenir les valets?
Est-ce vraiment ce que le Canada veut défendre sur la scène internationale?
La nouvelle
orientation canadienne en matière de politique internationale est-elle
de faire pire que les États-Unis pour mieux les faire paraître? Je veux un
gouvernement canadien avec une politique qui nous est propre, pas un valet qui
nettoie les écuries de George W. (6) en disant merci avec un grand sourire pour
avoir le droit de figurer sur la photo des leaders de ce monde!
La démocratie passe
d’abord par l’éducation; non par la punition d’un peuple qui n’avait d’autres
choix qu’un parti qu’il jugeait corrompu et d’un autre associé au terrorisme,
surtout qu’il est l’otage d’une situation qui pourrit depuis des décennies au
nom d’intérêts stratégiques, économiques et idéologiques
« supérieurs » à la qualité de vie de ces citoyens pour le seul
profit des puissances occidentales et des entreprises multinationales dans
cette région du monde. Bref, les palestiniens sont victimes d’une situation sur
laquelle ils n’ont aucune emprise. Même l’ONU n’a pu faire appliquer toutes les
résolutions qui ont été votées à leur sujet depuis le début de ce conflit
malgré sa taille et son rôle de gardien de la paix. Un géant aux pieds
d’argiles, alors imaginez les palestiniens.
Bien des israéliens
voudraient eux aussi voir changer les choses, mais ils ne peuvent constituer
une majorité claire et forte vu leur système politique, ce qui fait perdurer le
malaise et le conflit. Il ne peut que continuer à empirer dans ces conditions.
Il ne faut pas avoir la tête dans le sable pour voir que l’on est enfermé dans
un piège montée de toutes pièces il y a plus d’un siècle par les puissances
coloniales du temps. A une certaine époque le principe britannique de
« diviser pour régner » servait l’empire; maintenant il nuit aux
citoyens et à la paix. Cependant les puissances hégémoniques ne l’ont pas
compris, car il sert encore leurs intérêts économiques et idéologiques. (7)
A quel prix pour les citoyens par
contre? Est-ce cette démocratie que l’ont veut dans le monde : le profit
de quelques uns avant le bien être de la majorité? Je n’ai pas voté conservateur et encore moins
pour le petit chien de George W., qui donne la patte et bave d’envie dès qu’il
voit sont maître!
La démocratie
peut-elle être imposée par la force ou est-elle un apprentissage à faire?
Peut-on être démocrate quand nos réponses sont divines? Voilà les questions à
poser. Les réponses qu’on leur apportera nous diront s’il faut investir
davantage dans la force ou dans l’éducation. Moi j’ai déjà choisi mon camp.
Mais lorsque je vois nos gouvernements édulcorer l’éducation comme ils le font,
je ne peux que me demander, comme Diogène le faisait à une autre époque,
« Y-a-t-il des hommes ici? » (8) J’attends japper, mais ce n’est
malheureusement pas Diogène le cynique dit le chien. Couché Harper!
Notes :
1. Alternatives, Les ONG palestiniennes condamnent la suspension de l’aide au
gouvernement palestinien, samedi le 22 avril 2006, www.alternatives.ca/article2532.html
2. Pierre BEAUDET, Le Canada doit continuer d’aider les Palestiniens, Alternatives,
mardi le 21 février 2006, www.alternatives.ca/article2364.html
3. Ottawa
coupe les vivres au Hamas, Radio-Canada/Nouvelles, Mise à jour le jeudi 30
mars 2006 à 8 h 22,
www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2006/03/29/002-canada-hamas-rb.shtml
4. Eva John, Palestine :
Le Canada suspend son aide à l'Autorité palestinienne, l’express, jeudi 30
mars 2006, mis à jour à 17:07, www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=3140
5. Je pense ici à Noam Chomsky qui a beaucoup
écrit sur ce sujet. Entre autres, vous pouvez
lire les ouvrages suivants :
Chomsky, Noam, 1996, Les dessous
de la politique de l’Oncle Sam : écosociété
Chomsky, Noam, 2001, De la guerre
comme politique étrangère des Etats-Unis, Marseille : Agone/
Montréal : Comeau & Nadeau
Chomsky, Noam, 2002 (2003), De la
propagande – entretiens avec David Barsamian, Paris: Fayard coll. 10/18
Chomsky, Noam, 2003 (2004), Le
profit avant l’homme, France : 10/18
6. Si vous cherchez d’où me vient cette
expression, c’est une paraphrase des écuries d'Augias!
7. Il ne faut pas négliger toute la question du fondamentalisme chrétien
derrière ce conflit, qui espère voir le grand Israël réunit, car ce serait là
l’annoncement du retour du Christ. Quelques articles critiques sont parus sur
le sujet dans le Harper’s magazine
ces dernières années et Éric Laurent en parle aussi dans Le monde secret des Bush (France/Canada :
Plon/Transcontimental, 2003).
8. Ce qui comprend aussi les femmes!
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Michel Handfield
1er mai 2006
Actuellement nous
vivons un débat concernant l’enseignement de l’histoire au secondaire, car dans
l’œil du ministère cet enseignement doit être édulcoré pour ne pas froisser les
sensibilités. Bref une histoire à la Disney! Peut-on encore parler
d’enseignement de l’histoire dans ces conditions?
Ne faut-il pas
connaître son passé si l’on veut transformer son présent et son avenir ou, à tout le moins, ne pas répéter les mêmes
erreurs? Cela est tout aussi vrai pour les fédéralistes que les nationalistes,
déjà que la mémoire est sélective. Si en plus on formate l’histoire, que
restera-t-il? Pour toutes réformes de l’enseignement de l’histoire, la question
essentielle est donc la suivante :
Nos jeunes pourraient-ils réussir l’examen que l’on
exige des immigrants, avant de les accepter comme citoyen, avec le contenu des
cours d’histoire que le ministère leur prépare?
Qu’un jour nos étudiants n’atteignent
pas le niveau de connaissance historique demandé aux immigrants pour accéder à
la citoyenneté me désole. (1) Nos étudiants devraient au moins en savoir autant
sur notre histoire que les nouveaux citoyens, mais ce n’est pas en édulcorant
l’histoire que l’on atteindra cet objectif. C’est bien triste.
Note :
1. Citoyenneté et Immigration Canada : http://www.cic.gc.ca/francais/index.html
L’examen pour la citoyenneté — questions : http://www.cic.gc.ca/francais/citoyen/regard/regard-21.html
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Michel Handfield
1er mai 2006
Depuis mon texte du
14 février 2006 concernant l’affaire Wal-Mart à Saint-Michel, Vision et union, où ça?, des
développements ont eu lieu.
Dans ce texte je
mentionnais que j’étais déçu de Soraya Martinez, nouvelle conseillère de l’UCIM
(1), qui défendait la position ville alors qu’autrefois elle était impliquée
dans des organismes du quartier, plutôt porteurs du projet de Centre de camping
caravaning pour cette ex-carrière désaffectée. (2) Je suis donc heureux de vous
annoncer qu’elle s’est fortement impliqué dans ce dossier majeur pour le
quartier, car l’on parle de 20% de notre territoire ici (3); qu’elle a assisté
aux réunions de VSMS sur le sujet; et qu’elle a probablement contribué au
déblocage qui est survenu depuis. Ça me fait plaisir de le souligner.
Ça ne veut pas dire
qu’il n’y aura pas de centre d’achat ou de Wal-Mart dans une partie de l’ex-carrière;
ça on ne le sait pas encore. Cependant VSMS est présent à la table d’examen des
projets pour ce site :
« Lors de la dernière assemblée de quartier,
les représentants de VSMS se sont fait donner un nouveau mandat dans le dossier
de la carrière Saint-Michel. Ce dernier, leur permet de participer à la
démarche de concertation avec la ville de Montréal et l’Arrondissement, de
prendre connaissance du projet de First Pro et de procéder à son analyse en
fonction des critères de développement élaborés [voir ces critères plus bas] et
de s’assurer de la tenue d’une consultation publique sur tout projet de
développement de la carrière Saint-Michel.» (Source : VSMS en bref,
Semaine du 24 avril 2006)
Alors si le projet
de centre commercial amène une valeur ajouté pour le quartier et que les
citoyens en veulent, il passera; mais cela n’est pas automatique et ne dépendra
pas que du politique. Et qu’il passe ou non, des critères auront été développés
pour l’ensemble du site. C’est déjà ça de gagné. L’avenir nous en dira plus.
Critères de développement de la Carrière
Saint-Michel
Contexte
Le quartier Saint-Michel fait l’objet d’une mobilisation sans précédent
tant de la part des acteurs locaux que de grands partenaires régionaux,
provinciaux et fédéraux autour d’un chantier de revitalisation urbaine et
social.
Le développement de la carrière Saint-Michel doit s’intégrer dans
l’ensemble de cette démarche de revitalisation urbaine et s’inscrire dans la
vision suivante :
« Saint-Michel, un quartier agréable à vivre, propice à la vie familiale
et aux échanges multiculturels, une communauté active et solidaire, qui se
prend en main et qui contribue à l’essor de Montréal. »
Dans ce contexte, le développement de la carrière Saint-Michel ne peut
se faire que par un projet hors du commun qui tiendra compte des intérêts de la
population locale en servant de levier pour la création d’une nouvelle
dynamique sociale et économique.
Critères de développement
Un développement qui est une plus value pour la population locale et qui
contribue à la revitalisation du quartier :
• En contribuant à la mise en valeur du quartier (image, sentiment
d’appartenance) ;
• En s’inscrivant en complémentarité avec les infrastructures
commerciales locales ;
• En créant des emplois pour la population locale ;
• En favorisant le désenclavement de la partie est du quartier ;
• En apportant une amélioration au paysage urbain;
• En attirant des activités économiques diversifiées qui contribueront à
la création d’un pôle
civique et commercial sur la rue Jarry entre la rue Papineau et le
boulevard Pie IX;
• En contribuant à l’amélioration et à la diversification du domaine
résidentiel du quartier.
Un développement qui contribue à l’essor de Montréal.
• En faisant du site un pôle d’attraction régional ;
• En offrant un site multi-usages avec des activités et services
diversifiés pour la population du Grand Montréal.
Un développement durable qui contribuera à la prospérité des acteurs
impliqués
• En favorisant la mise en place d’un mécanisme permanent de
concertation qui permettra de faire évoluer le développement de la carrière
Saint-Michel dans l’intérêt du promoteur, de la population locale, de la Ville
de Montréal et de l’arrondissement Villeray- Saint-Michel – Parc Extension.
Source : www.vsmsante.qc.ca, voir Carrière Saint-Michel.
Notes :
1. Union des citoyens et des citoyennes de l’île
de Montréal
2. C’était même autour de ces organismes que je
l’ai connu.
3. Ça ne veut pas dire qu’elle ne l’était pas
avant, mais à mes yeux ça ne paraissait pas. C’était peut être dû à sa façon de
le communiquer, à son manque d’expérience politique ou à mon scepticisme face
aux politiciens, mais là ça parait mieux!
---
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm.
17 mars 2006
Il est rare que je prenne le clavier pour
écrire, je fais davantage du soutien logistique et de la recherche. Mais, suite à la nouvelle
voulant que Loto Québec ait payé quelques millions de dollars à un prof de
l’Université Laval pour avoir le droit de faire des photocopies de ses
articles, dont ceux faisant l’affaire de la société d’État, j’invite donc Loto Québec ainsi que tous les
ministères et sociétés publiques à copier nos texte quand ceux-ci feront leur
affaire en échange d’un chèque dans les 5 chiffres au nom de Societas Criticus.
Veuillez nous le faire parvenir à notre boîte postale : C.P. 182, Succ.
St-Michel, Montréal H2A 3L9. Ce sera bienvenu, car nous publions à compte
d’auteur.
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Le scandale de la société de l’assurance automobile du Québec
Michel Handfield, le concours de Gaétan Chênevert à la recherche
17 mars 2006
Tous en ont contre
la Société de l’Assurance Automobile du
Québec (SAAQ) et j’ai un agacement qu’il faut que je partage. Elle avait des surplus, on parle maintenant
de déficit. Une recherche internet permet de savoir que la SAAQ «
aurait subi d'importantes ponctions, faites par les divers gouvernements. Ces
prélèvements seraient de 2,2 milliards de dollars » (1), peut être même 3
milliards! (2)
Si ces prélèvements
ont d’abord été fait par les libéraux (3), le PQ semble en avoir aussi bénéficié. (4) Alors je vous le
demande : que pensez-vous de la ponction de la caisse de SAAQ par le
gouvernement du Québec?
Si le PLQ a parti le
bal, le PQ n’a jamais voulu arrêter la
procédure, ce qui a conduit à la
« légitimisation » du geste par la cour suprême du Canada. (5) On
savait bien, au gouvernement, que si l’on gagnait l’autorisation de la cour de
vider la caisse, cela pourra toujours servir plus tard, que ce soit à la SAAQ
ou dans les fonds de retraite par exemple! Cela relève de la même logique qu’a
utilisé le Fédéral pour piger dans les surplus de l’assurance chômage, ce que
le Bloc a tant reproché au gouvernement libéral de l’époque. Mais à voir la
paille dans l’œil du voisin on ne voit pas la poutre dans le notre!
Il est allé où cet
argent? Subventionner des multinationales qui sont venue exploiter notre eau? A
GM qui a fermé son usine de Boisbriand? A Bombardier qui en redemande encore?
Léo-Paul Lauzon soulignait il y a quelques jours seulement, que « les entreprises québécoises reçoivent 1,39 $
en aide gouvernementale pour chaque dollar versé à l'impôt, soit une perte de
5,7 milliards par an pour Québec. » Elle est là la solution à la SAAQ,
mais aussi à bien d’autres problèmes québécois. » (6) Mais, les
gouvernements ont un agenda idéologiques qui leur cache certaines
réalités…
Si l’idéologie rend
sourd, je préfère être cynique! Si l’idéologie rend aveugle, ne reprochez pas
aux libéraux de Jean Chrétien de n’avoir vu que ce qu’ils voulaient voir. Le
seul qui peut se plaindre, c’est le citoyen. (7)
Notes :
1. Radio-Canada/nouvelles : La SAAQ souffrirait d'engorgement, mise
à jour le lundi 13 janvier 2003, 16 h 17 :
www.radio-canada.ca/nouvelles/Index/nouvelles/200301/13/009-SAAQ-reforme-svp.shtml
2. Selon un blogue, le gouvernement Bouchard
aurait utilisé le même subterfuge pour atteindre le déficit zéro, sauf que je
n’ai pas pu contre vérifier cette information, d’où le « peut
être » :
« La SAAQ a été une formidable caisse de renflouement de
l'État lorsqu'il faisait des déficits. Le gouvernement libéral de Bourassa a
pigé allègrement dans les surplus que générait la SAAQ, plus de 2 milliards en
surplus, pour éponger le déficit budgétaire. Le gouvernement péquiste Bouchard
a aussi vidé la caisse des cotisations des automobilistes québécois pour
atteindre le déficit zéro. Aujourd'hui, la SAAQ se retrouve en déficit de plus
de 1,1 milliard et le déficit se creuse de 500 millions à chaque année. » Source : La sphère des idées J.H., Le
réveil brutal: la SAAQ est déficitaire, mercredi, juin 22, 2005 :
http://ideesjh.blogspot.com/2005/06/le-rveil-brutal-la-saaq-est-dficitaire.html
3. « Les problèmes financiers de la SAAQ sont
aggravés du fait que de 1987 à 1995, une période où les libéraux ont été
principalement au pouvoir à Québec, les ministres des Finances successifs ont
pigé allègrement dans ses surplus pour arrondir les budgets annuels de l'État.
Selon l'Institut économique de Montréal, 2,1 milliards de dollars ont été
siphonnés dans la caisse de la société. » Source : Michel Van De
Walle, La SAAQ a raison, Le Journal de Montréal, 03/03/2006 :
www.canoe.com/infos/quebeccanada/archives/2006/03/20060303-123000.html
4. « (,,,) mais la caisse ne manqua pas de
déborder très tôt. Mais... mais ce qui devait arriver arriva, madame Payette
n’étant plus là pour veiller au grain... pardon, à la caisse. Un gouvernement subséquent, celui de Daniel
Johnson [PLQ], modifia la loi de manière à pouvoir piller ces surplus, mais il
prit tellement de temps que ce fut le gouvernement suivant, celui de Jacques
Parizeau [PQ], qui encaissa le chèque. » Source : Le pillage des fonds de la SAAQ, Conseil d’administration, in La
griffe du loup, Une publication trimestrielle du Comité d'action politique
motocycliste, Volume 3 - Numéro 3 - Août 2004 :
www.capm.qc.ca/GDL/LGL%203-3.pdf
5. En gros, Carol Villeneuve réclamait que l'on
retourne les 2,2 milliards de dollars puisé par le gouvernement du PLQ dans les
surplus de la SAAQ entre 1989 et 1993.
Cette saga s’est terminée devant la Cour suprême qui a refusé d'entendre
la cause le 6 mars 1997.
M. Villeneuve voulait que les surplus de la SAAQ reviennent aux
automobilistes, non à l’État. La Cour supérieure était allée dans le même sens
que lui en juin 1994, mais deux ans plus tard, à la demande du gouvernement
libéral, la Cour d'appel a cassé ce jugement. Quant aux les péquistes, opposés
à cette pige alors qu’ils formaient l'opposition officielles, ils ont refusé de
retirer la cause une fois au pouvoir à l'automne de 1994. (Résumé d’un article du Devoir/PC : Richer, Jules, Utilisation des surplus de la Société
d'assurance automobile du Québec. La Cour suprême met fin à la croisade de
Carol Villeneuve contre Québec, Le Devoir, Économie, vendredi 7 mars 1997,
p. A9
6. SRC Nouvelles/Économie et Affaires, Mise à
jour le mardi 7 mars 2006, Entreprises contre citoyens. Un autre
déséquilibre fiscal, selon Lauzon :
www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie-Affaires/2006/03/06/006-lauzon-fiscalite.shtml
7. De vous voir ainsi aller je serais même en
faveur de la reconnaissance de pouvoirs constitutionnels aux villes avant
n’importe quelle forme de souveraineté du Québec, car j’ai l’impression d’être
moins menacé par un Pouvoir divisé qu’un Pouvoir centralisé. En effet, pendant
que vous vous chamaillez sur l’enculage des mouches, vous ne pouvez pas
m’imposer votre volonté d’une seule voix tout en disant me représenter! Pour
quelque chose qui me paraitra inacceptable à un niveau, il y en aura toujours
une autre qui me sera plus acceptable à un autre et j’y trouverai donc un
certains équilibre, même si je suis moins confortable avec certaines décisions
qu’avec d’autres.
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Le SEDNA IV en difficulté
en Antarctique
La situation est maintenant sous contrôle
Le 8 mai 2006 (communiqué)
Une violente tempête
dans le passage Drake, situé entre le Cap Horn et la péninsule antarctique, a
déchaîné la mer, menaçant la sécurité de l’équipage du voilier océanographique
SEDNA IV, ancré à sa base d’hivernage de Melchior (064˚ 19,528’S 62˚
58,640’S). La forte houle a pénétré dans la petite baie où était retenu le
voilier de 51 mètres. La baie de Melchior, choisie par l’équipage justement
parce qu’elle offrait une excellente protection contre les tempêtes, ne fait
que 40 mètres de large par une centaine de mètres de long. Le SEDNA était
retenu au rivage par une série de cordages et de câbles d’acier, tous fixés
dans le roc à l’aide de tiges d’acier trempé.
À 18h09, une
première vague a brisé le système de retenue d’une des amarres. L’équipage a
essayé de réparer, mais rapidement d’autres vagues plus importantes sont venues
réduire à néant les efforts de l’équipe. Vers 21h30, les six amarres situées du
côté bâbord du navire ont toutes été brisées par la force des vagues et
l’équipage n’a eu d’autres choix que de mettre en application le plan
d’évacuation d’urgence. Il a fallu couper rapidement les amarres de tribord et
diriger le voilier entre les écueils de roche situés à l’entrée de la baie. La
délicate manœuvre s’est déroulée dans le calme et l’équipage du SEDNA a pu
sortir sain et sauf de la petite baie.
Le chef de mission,
Jean Lemire, explique :
« Il n’y avait absolument rien à faire devant la force
des vagues. Il devenait vital de quitter rapidement la baie pour assurer notre
sécurité. Mais sortir un voilier de 650 tonnes dans pareilles conditions
demandait beaucoup de concentration et une parfaite coordination des troupes.
Tout s’est déroulé très rapidement et l’équipage a démontré beaucoup de
sang-froid. »
Le SEDNA est
maintenant ancré de façon sécuritaire dans une baie avoisinante. Le chef de
mission a déjà confirmé que l’expédition allait se poursuivre.
« Mission antarctique doit continuer malgré les
nouvelles difficultés. Nous devons maintenant nous concentrer pour trouver un
endroit sécuritaire pour l’hiver, situé à proximité de la base de Melchior où
nous venions d’achever l’aménagement d’un laboratoire de recherche, en
collaboration avec l’Institut des Sciences de la Mer de l’Université du Québec
à Rimouski. Tous les équipements scientifiques sont restés derrière et nous
réévaluerons la situation dans les prochains jours. Chaque membre d’équipage a
pu communiquer avec sa famille pour les rassurer. Nous sommes maintenant en
sécurité et nous débuterons, dès les premières lueurs du jour, la
réorganisation de l’expédition ».
Mission Antarctique
est considérée comme l’une des plus grandes expéditions des temps modernes.
L’équipage a quitté les Îles de la Madeleine en septembre 2005 et prévoit un
retour au Canada en décembre 2006. Mission Antarctique se veut la plus
importante campagne de sensibilisation sur les changements climatiques et les
grands enjeux environnementaux de la planète. Un long-métrage pour les salles
de cinéma et deux séries télévisuelles seront produits à partir de cette
expédition et diffusés dans le cadre de l’Année Internationale Polaire de
2007-2008 sur les ondes de Radio-Canada, CBC, ARTE, RDI et Discovery USA.
On peut suivre quotidiennement les aventures du
SEDNA IV en Antarctique au http://www.sedna.tv
---
Rouyn-Noranda,
le 8 mai 2005.
Le court métrage lancé par le Conseil de l’industrie
forestière du Québec (CIFQ) apparaît d’abord et avant tout comme une opération
de charme pour redorer l’image d’une industrie qui a créé sa propre crise, avec
la complicité des gouvernements. Pour l’Action boréale de
l’Abitibi-Témiscamingue (ABAT), les images présentées lors de la conférence de
presse du 3 mai, ne font que révéler une vérité de la Palice : 7 ans après
une coupe à blanc, les arbres poussent et ils ont… 7 ans de plus.
Après avoir constaté cet état de fait, le CIFQ ferme la
caméra et affirme que ce sept minutes constitue un désaveu de l’Erreur boréale.
Or, ce que le film du duo Desjardins / Monderie révélait et que la commission
Coulombe est venue confirmer, c’est que la repousse « ne sera pas
suffisante pour compenser la récolte excessive qui se pratique dans les
régions ». Ce n’est pas la seule omission de ce court métrage commandé par
le CIFQ.
Sur ce qui s’est passé entre les deux documentaires, rien.
Aucun mot sur le rapport de la Vérificatrice générale du Québec (2002) ni sur
le rapport Coulombe (2004). Sur le déficit entre les coupes et la régénération,
rien. Sur la surexploitation des forêts au point qu’on a coupé 15 % du capital
forestier en Abitibi-Témiscamingue, rien. Sur l’impossibilité de démontrer la
rentabilité des 2,7 milliards investis par les gouvernements en travaux
sylvicoles, rien. Sur le bouleversement de la biodiversité (sols, faune, flore,
eau, etc.), rien. Est-ce à dire que parce que les arbres repoussent, toute la
gestion forestière et les pratiques d’intervention ont été modifiées et
répondent désormais à l’approche écosystémique telle que proposée par le
rapport Coulombe ?
M. Chevrette et son groupe peuvent-ils nous dire dans
combien de décennies les territoires coupés à blanc depuis 20 ans pourront à
nouveau être récoltés ? Et, en attendant, comment l’industrie va-t-elle assurer
la pérennité des forêts restantes tout en coupant au même rythme et de la même
façon. Voilà ce que nous aurions aimé voir dans leur document. Malheureusement,
encore une fois, l’industrie ne fait que démontrer son refus de faire face aux
vraies questions, et surtout, son art de nier la situation réelle de la forêt
publique québécoise.
Sept minutes d’images sur les repousses ne suffisent pas à
remettre en état une forêt dévastée pour des décennies.
« Il y a une manière
intelligente de faire de la foresterie, cette intelligence-là existe, il s’agit
de créer les conditions pour qu’elle puisse fleurir. »
Richard Desjardins
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«CONFLITS
SOCIO-ENVIRONNEMENTAUX ET AUTODÉTERMINATION»
Michel Handfield
26 mars 2006
Jeudi (23 mars
2006), j’ai assisté à la conférence de
presse précédent le colloque public
«Conflits socio-environnementaux et Autodétermination : Enjeux de développement
sur le continent américain», avec la participation de Dorval Brunelle
(Observatoire des Amériques de l’UQAM), Omar Aktouf (Groupe d'études et de
recherche sur le management et l'écologie) et trois femmes d’Amérique du
Sud, représentantes d’organismes de la
région andine : Gloria Orcue, Justicia y Paz, COLOMBIE; Liliana Alzamora, Front
de défense de la Vallée de San Lorenzo et Tambogrande, PÉROU; et Hilaria Serrano, Mouvement des sans-terre de
BOLIVIE.
Ce fut l’occasion de
découvrir une boisson typique de la région andine : la tisane aux feuilles de
coca ! Un p’tit feeling pour moi qui n’ai jamais fumé une cigarette. J’en rie,
mais c’est très bon. J’ai trouvé que ça goutte le thé vert plus accentué. Il
semble que ce ne soit pas disponible ici cependant, mais cela reste à vérifier.
Ce serait donc une exception, ce colloque, qui m’a permis d’en faire
l’expérience. Pourtant, on ne cesse de nous venter les mérites de la mondialisation
et de l’ouverture des marchés! Pourquoi cette tisane ne serait-elle pas
disponible ici, d’autant plus qu’elle semble avoir plusieurs vertus? (1) C’est
un produit que l’on devrait trouver au Canada, pays du multiculturalisme et de
l’ouverture sur le monde s’il en est un selon la propagande officielle!
***
Je
n’étais pas surpris d’apprendre que l’exploitation des ressources naturelles du
Sud, par des entreprises du Nord, a des impacts là bas, depuis le temps que je
couvre les questions socioéconomiques et de mondialisation. Ce qui m’apparaît
intéressant dans ces initiatives, ce sont les liens qui se tissent entre des
organismes d’ici, comme le CCDHAL ou SUCO, avec ceux de là bas, pour défendre
les droits humains et socioéconomiques des populations.
Cela passe par des
projets de développement durable. Mais attention, ces relations ne sont pas à
sens uniques. On n’est pas des colonisateurs qui apportent la « bonne
parole ». On parle de relations, donc d’échanges, de solidarité et de
partage, car nous avons aussi à apprendre d’eux. Ont ensuite pris la parole à
cette conférence de presse…
Dorval Brunelle, de l’observatoire des
Amériques : l’observatoire couvre 35 pays de l’Amérique du Sud et le
Québec. Il publie un bulletin régulier. Comme l’observatoire est en ligne (il
est d’ailleurs dans les liens de notre page le
monde depuis longtemps) je vous invite à consulter leur site pour plus
d’informations : www.ameriques.uqam.ca
Omar Aktouf,
professeur aux HÉC de Montréal et membre du groupe d'études et de
recherche sur le management et l'écologie, s’intéresse au développement
durable, à la responsabilité sociale de l’entreprise et à la problématique de
la pauvreté. Il travaille avec l’Amérique latine et l’Afrique. Le problème est
intrinsèque à la logique capitaliste qui dit qu’il faut toujours aller de
l’avant (maximisation des profits), car cela va à l’encontre de la logique de
la vie (lois naturelles) et de la pensée scientifique. On ne peut continuellement
exploiter les richesses à une vitesse plus grande que leur temps de
reproduction. Tôt ou tard il y aura rupture et nous devrons payer la note! On
le voit déjà dans certains secteurs, comme les pêches pourrai-je ajouter pour
bien faire comprendre cette idée.
Gloria Orcue, de Justicia y Paz,
COLOMBIE, a parlé de la violation des droits humains et de la militarisation
qui va avec l’exploitation des ressources naturelles (j’ai pensé ici au
documentaire « Sed/La soif » d’Argentine). Justicia y Paz (Justice et paix) fait dans la
défense des droits sociaux et des mouvements de résistance locale.
Liliana Alzamora, Front de défense de la
Vallée de San Lorenzo et Tambogrande, PÉROU, a parlé de la production agricole
pour fin d’exportation versus les besoins locaux (2); d’exploitation minière
versus l’exploitation agricole, qui sont souvent incompatibles. Il s’agit de
démocratie, car la démocratie c’est aussi d’avoir un mot à dire (consultation
populaire) sur le développement.
Hilaria Serrano, du Mouvement des
sans-terres, BOLIVIE, a parlé de la propriété de la terre, car être
propriétaire de la terre que tu exploites est une question de justice sociale.
Un minimum!
A ce colloque
s’ajoute la Caravane solidaire, une
tournée éducative et théâtrale qui aura lieu entre le 23 mars et le 10 avril
2006. Elle visitera différentes localités du Québec, où des activités publiques
ainsi que des rencontres avec des intervenant(e)s locaux sont organisées. Tous
les détails sur : http://www.ccdhal.org/rubrique.php3?id_rubrique=9
Finalement, les
actes du colloque devraient être disponibles sur l’internet.
Note :
1. Voir l’encyclopédie Wikipédia à ce
sujet : http://fr.wikipedia.org/wiki/Coca
2. Ce sujet, fort intéressant, me fait penser à un livre de Jean Ziegler
que j’ai lu avec intérêt il y a quelques années, mais toujours d’actualité même
si les chiffres peuvent avoir changé : La faim dans le monde expliqué à mon fils, France: Seuil, 1999.
Hyperliens
Aktouf, Omar : www.omaraktouf.org
- Membre du Groupe
d'études et de recherche sur le management et l'environnement (GERME): http://neumann.hec.ca/germe/
- Membre du Centre
humanismes, gestions et mondialisation : http://web.hec.ca/chgm/
CCDHAL (Programmation en ligne) : www.ccdhal.org
Observatoire des Amériques de l’UQAM : www.ameriques.uqam.ca
SUCO : www.suco.org
Tisane aux feuilles de coca
de marque Mate Windsor (El mate de la familia Boliviana), HANSA LTDA www.hansa.com.bo
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Commentaires livresques : Sous la
jaquette!
Commentaires de Luc Chaput
Fleischhauer, Wolfram, 2005, La
ligne pourpre (Roman historique),
Paris : JC Lattès
Henri IV roi de France, sa conquête complexe du trône et ses amours
continuent de susciter nombreuses études et œuvres de fiction, par exemple les
films La Reine Margot de Jean
Dréville (1954) ou de Patrice Chéreau 1994, deux versions très différentes du
roman d' Alexandre Dumas. Pour les francophones du Canada, il fut aussi un roi
important puisque c'est pendant son règne que furent fondées Port-Royal et
Québec.
Wolfram
Fleischhauer, universitaire allemand, s'est intéressé à ce personnage et à un
de ses amours, Gabrielle d'Estrées, par le biais d'un tableau célèbre de
l'école de Fontainebleau dont une version simplifiée illustre la couverture. Le
roman historique est bien mené, jouant souvent sur des effets miroirs entre
plusieurs tableaux et aussi entre manuscrits ou lettres codées par des agents
secrets et déchiffrées par des chercheurs oubliés.
L'auteur s'est aussi
intéressé à la pratique médicale et donne une description très fouillée d'une
opération risquée. Il explique aussi une des causes probables de la mort de
Gabrielle le 10 avril 1599, peut-être aussi empoisonnée alors qu'elle aurait pu
devenir reine de France. Le récit accumule les fausses pistes et les indices, à
la manière d'un roman policier, montrant une fête comme le théâtre d'une
représentation dangereuse. Il nous amène de Fribourg, en Allemagne, à Paris, La
Rochelle et autres lieux tout en nous faisant partager la vie de peintres et
artisans méconnus autant que de personnages célèbres. L'on croise aussi un
Allheboust, peut-être inspiré du d'Aillebout, alors défunt, qui fut médecin
d'Henri IV. Au détour d'une phrase nous retrouvons aussi un Frontenac,
compagnon du roi et grand-père du gouverneur de la Nouvelle-France.
Fleischauer apporte
un grand faisceau de preuves à son hypothèse, citant ses sources et résumant,
dans un article placé en annexe, la partie plus scientifique de son étude. Il
donne donc le choix aux lecteurs de lire l'annexe en premier ou en dernier. Le
roman est plus vivant et charnel comme on pouvait s'attendre d'une œuvre
consacrée au Vert Galant.
P.S. Une petite erreur de traduction de
l'allemand se trouve p.199. Le roi d'Angleterre du temps est Jacques 1er et non
Jean 1er
Hyperliens
http://crdp.ac-amiens.fr/crdp/clouet/clouetaccueil
www.insecula.com/salle/MS00032.html
http://expositions.bnf.fr/renais/arret/4/2.htm
www.ac-orleans-tours.fr/lettres/tpe/tpe2/fontainebleau/tpe.htm
Les lecteurs intéressés par la pratique médicale
de l’époque auront intérêt à consulter « Les œuvres de M. Ambroise Paré … avec les figures & portraicts tant
de l'anatomie que des instruments de chirurgie, & de plusieurs monstres »
au lien suivant : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-53757
Si le lien ne fonctionne pas, une recherche avec
« Ambroise Paré » comme auteur sur le site http://gallica.bnf.fr vous permettra de le
trouver.
Arrière de couverture
C’est un portrait que nous connaissons tous : deux femmes dans une baignoire,
l’une pinçant le bout de sein de l’autre, laquelle tient une bague entre le
pouce et l’index. Ce tableau, le narrateur de La ligne pourpre, jeune
universitaire un peu désabusé, l’a vu lui aussi au Louvre où il est exposé.
Mais voilà qu’un mystérieux manuscrit découvert par un vieil ami dévoile son
incroyable mystère : le tableau donnerait une explication à la mort, quelques
jours avant son mariage avec le roi, de Gabrielle d’Estrées, maîtresse d’Henri
IV.
Quel est le lien entre cette œuvre et le décès ? D’où proviennent les
différentes versions de cette toile où la belle Gabrielle pose dans une posture
totalement énigmatique ? Est-elle morte empoisonnée par le grand duc Ferdinand
? Pourquoi les dépêches diplomatiques entre Paris et Florence s’interrompent-elles
mystérieusement quelques jours avant le décès ? Quelle explication donner à sa
mort et aux mystères qui l’entourent ?
Dans ce roman où il manie les documents historiques avec une ironie magistrale
et un sens du suspens affirmé, W. Fleischhauer emporte son lecteur dans un
univers sombre et brutal, à la suite d’un peintre, le jeune Vignac, qui a juré
de faire carrière à la cour et que son ambition va mener à sa perte. Dans la
France d’Henri IV, encore agitée par les soubresauts de la guerre de religion
et les manœuvres politiques des grandes puissances européennes, un artiste
découvre que quelques coups de pinceaux peuvent suffire à vous entraîner dans
les stratagèmes les plus machiavéliques de la grande politique.
Traduit de l'allemand par Olivier Mannoni
Code ISBN : 2709626500 / Hachette:
4535845 / EAN : 9782709626507
Prix Public : 22,00 € Format : 230 mm x 150 mm, 450 pages.
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Karl Marx, le socialisme…
et l’anti-socialisme
Michel Handfield
25 avril 2006
Texte au sujet des livres suivants :
Jacques Attali, 2005, Karl Marx ou
l'esprit du monde, France : Fayard (Documents)
(Distribution : Hachette) et Marc
Angenot, 2004, Rhétorique de
l'anti-socialisme. Essai d'histoire discursive 1830-1917, PUL (www.ulaval.ca/pul)
« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le
monde de différentes manières; mais ce qui importe, c’est de le
transformer. » (Karl Marx, Thèses sur Feuerbach (XIe thèse), in MARX, Karl, 1978, Œuvres choisies,
Moscou: éd. du Progrès.)
Certains
pourraient reprocher la même chose à Karl : d’avoir écrit, mais de ne pas
avoir pris les armes par exemple. Ce serait injuste, car Marx a analysé le
monde pour le transformer. Il voulait d’abord et avant tout une transformation
démocratique. S’opposant à la censure et à l’oppression politique, il fut
surveillé par la police berlinoise dès 1842. (p. 67) Il devra d’ailleurs vivre
l’exil, faisant quelques places, dont Paris, avant de se fixer en Angleterre,
terre d’accueil des réfugiés politiques, où il est mort en 1883, après une vie
de réflexion et d’activisme politique bien remplie.
L’image du
révolutionnaire lui vient de là, alors qu’il a toujours défendu des valeurs
démocratiques, de droits et de liberté, car il connaissait bien l’importance du
droit, ayant été fortement marqué par son père, avocat, dans sa jeunesse. Mais,
pour diverses raisons, dont celle de ne pas avoir publié lui-même la majorité
de ses écrits de son vivant, cela revint à d’autres, qui ont fait des choix qui
les arrangeaient même si cela travestissait sa pensée :
« On est loin, dans ce texte [1], de l’usage
qui sera fait de sa pensée : Marx est contre la Terreur, qui n’a servi à
ses yeux que la bourgeoisie; il est hostile à toute révolution dans les pays où
capitalisme et démocratie ne sont pas encore suffisamment développés; il pense
que c’est seulement dans le cadre de la démocratie parlementaire que pourra
naître la conscience révolutionnaire de la classe ouvrière. On peut comprendre,
à lire ce texte, pourquoi il ne croira jamais à la réussite d’une révolution
communiste dans la seule Russie. » (p. 136)
Cette
biographie est intéressante pour comprendre le Marx démocrate et ouvert sur le
monde, qui suivait les changements technologiques et espérait la mondialisation.
Un Marx pour qui le communisme ne devait pas remplacer le capitalisme (par un
coup d’État), mais bien lui succéder par la démocratie, car le communisme était
le stade suprême de l’histoire. Une étape à venir. Mais il fallait pour cela
que les conditions gagnantes soient en place pour en assurer le succès et ces
conditions étaient un certain degré de développement du capitalisme et de la
démocratie.
Marx s’en prenait à
toutes les injustices et aux idéologies, car il a vu les grandes utopies et dictatures
européennes, mais aussi les régimes plus libéraux. Il s’en est aussi pris à la
religion, écrivant qu’elle était l’opium
du peuple. Cela s’explique, car, pour pratiquer le droit, son père a dû « renonce[r] au judaïsme et troque[r]
le nom de Herschel Marx Levy pour celui d’Heinrich Marx. » D’ailleurs
Karl ne sera « ni circoncis ni
baptisé conformément au rite luthérien. » (p. 26)
Il avait une forte propension à saisir le
monde dans lequel il vivait, d’où la lucidité de son analyse. Il était curieux
de tout; autant de littérature, de politique, d’économie, que des avancées
scientifiques de son temps. Il annotait les livres et articles qu’il lisait,
que ce soit Diderot ou Darwin! C’était un intellectuel. Son œuvre en témoigne,
parsemée de nombreuses citations qui rendaient ses livres difficiles à lire,
mais très appuyés. Un contraste avec la clarté de ses articles pour les
journaux nous dit Attali, car il n’y prenait pas autant de précautions
documentaires, même s’il était documenté.
Ce
livre est fort intéressant pour qui s’intéresse à l’actualité, à l’histoire ou
à la politique, car les germes de notre temps étaient présents au XIXe siècle.
Tant les grandes découvertes que les conflits du XXe siècle y ont pris racine
et Marx était là, fin observateur des événements et des gens qui ont marqué
l’histoire. Par exemple…
« Après Weitling et Grün, c’est Hess qui
quitte le Comité [de correspondance communiste], effrayé par la tournure que
prend l’affaire et attiré par d’autres aventures : après avoir inspiré à
Marx, dans son premier texte sur Hegel, la formule dénonçant la religion comme
l’ « opium du peuple », il deviendra bientôt le premier partisan
du nationalisme juif et l’inventeur du sionisme. » (pp. 126-7) (2)
Ses écrits ont
beaucoup plus de valeur que ne laisserait croire la rumeur publique, influencé
par le détournement de sens qui fut fait de son œuvre au XXe siècle. Le titre, Karl Marx ou l’esprit du monde,
est donc pleinement mérité! Ce livre est à lire, car c’est plus que la
biographie de Marx; c’est aussi l’histoire d’un siècle qui fut précurseur de
notre temps!
***
Cependant,
le socialisme date d’avant Marx. L’autre livre qui a attiré notre attention
parle d’ailleurs de la Rhétorique de
l'anti-socialisme entre 1830 et 1917. 1830, Marx n’avait que 12 ans!
C’est dire que le socialisme ne se limite pas à lui, même s’il en fut le grand
penseur moderne.
Ce
qu’il y a d’intéressant dans ce livre, c’est de voir comment les objections
sont souvent fondées! Autant celles contre le socialisme que contre le
capitalisme, comme si l’on pouvait plus facilement prévoir les dérapages des
idées, même les mieux intentionnées, que leur réussite! Comme si la cupidité
humaine était si universelle que ceux qui auront le pouvoir chercheront
toujours à détourner le système à leur avantage! Menaces de dictature par
exemple :
« Les essais des économistes ont généralement
pour fin avouée non seulement de combattre le socialisme imposteur, mais de
blâmer, en défendant « l’initiative individuelle », toute intervention
accrue de l’État, qui conduirait à un « socialisme d’État » presque
aussi dangereux que les chimères révolutionnaires des militants ouvriers. »
(pp. 55-6)
Et le XXe
siècle a effectivement connu le pire du socialisme d’État comme le prévoyait
ses détracteurs du XIXe siècle.
Sauf, qu’en s’en
prenant au socialisme, certaines projections ont aussi touché le capitalisme
néolibéral à venir; religion d’État à son tour, suite à la chute de l’URSS!
Ainsi Alexandre Cioranescu, parle de la société de l’an 3000 et d’un endroit
appelé la « République des Intérêts Unis », où…
« Les jeunes gens découvrent, au lieu de la
société idéale dont ils rêvaient naïvement, une société inhumaine, cynique,
scientiste, soumise à la logique capitalo-socialiste de l’efficacité à tout
prix et de l’organisation du travail, (…). Tout se paie, tout se met en
sociétés et en actions, tout est bureaucratisé, barnumisé (3), mécanisé, tout se ramène à profit et
intérêt. » (pp. 38-9)
Cela ne me surprend
pas, car le modèle néolibéral que l’on connaît aujourd’hui a pour ancêtre une
forme d’anarchisme, l’anarcho capitalisme. (4) D’ailleurs tous les systèmes
sociopolitiques et économiques – anarchisme, socialisme et libéralisme – ont
des liens, partageant certains lieux communs malgré leurs dissensions.
Certaines idées de gauche ont ainsi été récupérées par la droite et vice versa.
Un exemple : la colonisation maintenant défendue par la droite israélienne
fut d’abord une idée de la gauche! (Voir la note 2)
À l’intérieur de ces
chapelles, il y a des courants qui s’opposent : les anarcho syndicalistes
s’opposent aux anarcho capitalistes; les socialistes aux communistes; les
léninistes aux stalinistes; etc. Il est donc plus facile de tomber juste sur le
diagnostic ou sur l’éventail des problèmes, que sur les solutions! Même
aujourd’hui la plupart des partis politiques sont d’accord sur les
problèmes ou le diagnostic. C’est sur la façon de l’approcher et les solutions
que les opinions diffèrent. Plus ça change plus c’est pareil!
Un livre à lire pour
la lucidité des objections. Tout comme dans 100 ans on trouvera probablement
lucide les objections au néolibéralisme d’aujourd’hui! (5) C’est le propre des
grandes idéologies de vouloir tout régler sans laisser de zone grise. Vous
prenez le package ou vous ne le prenez pas. Vous ne pouvez pas prendre que les
options intéressantes d’un camp et de l’autre. C’est comme si l’homme
n’apprenait jamais de ses erreurs. Il faut cogner le mur pour changer les
choses; une fois parti, la direction ne fonctionne plus, un peu comme une bille
dans une machine pinball! On fonce tête baissée. C’est ce qui nous a donné de
grandes utopies, de grands conflits et de grandes catastrophes humaines – le
nazisme et le stalinisme en sont – tout au long de l’histoire. (6) La croyance
aveugle en une idéologie salvatrice n’a jamais tenu promesse, mais ses sirènes
sont toujours aussi fortes à nous séduire.
Notes :
1. Le texte en question serait « La critique moralisante », publié
par le journal allemand de Bruxelles, la Deutsche-Brüsseler Zeitung, dont
Attali parle à la page précédente (p. 135).
2. Le sionisme a conservé un lien avec le
marxisme pendant de nombreuses années. Ainsi, dans un « entretien »
du Devoir avec Gershom Gorenberg, poète, journaliste et écrivain, paru au moment
où je commençais la rédaction de ce texte, on peut lire :
« «La colonisation est à l'origine une des
valeurs centrales du sionisme [le nationalisme juif]. Au début du XXe siècle,
avant la création d'Israël, elle était considérée comme une façon de renouer
avec l'histoire, mais aussi de reprendre contact avec la nature en cultivant la
terre et en travaillant de ses mains.»
L'idée vient d'ailleurs essentiellement de la gauche.
Glorifiant le travail et l'effort collectif, les militants des années 30 qui
s'installent en Palestine, alors sous mandat britannique, estiment que les
colons ne doivent pas devenir des propriétaires terriens exploitant la
main-d'oeuvre arabe. Ils doivent plutôt gagner leur vie à la sueur de leur
front. Le rêve collectif des kibboutz est essentiellement une invention des
organisations politiques de gauche, fortement inspirées par le marxisme. » (Christian Rioux, Israël -
La tentation de l'empire, in Le Devoir, Édition du mercredi 19 avril 2006)
3. « barnumisé », ce terme vient probablement
de barnum, « organisateur de
spectacles (dans les cirques et les fêtes foraines) » (Microsoft Encarta, 2006), bref une façon de
dire organisé et scénarisé; arrangé!
4. Voir Arnsperger, Christian,
et Van Parijs, Philippe, 2000, Éthique
économique et sociale, France : La Découverte/repères,
particulièrement le chapitre sur le
libertarisme ; et Lemieux,
Pierre, 1988, L'anarcho-capitalisme,
Paris: PUF, «que sais-je?»
5. On peut aussi penser à la mondialisation,
associé au néolibéralisme, ici. Je ne l’ai cependant pas mentionné, car cette
mondialisation (économique) n’est qu’une des formes possibles de mondialisation
et je voulais éviter toute confusion, car les critiques de la mondialisation
viennent d’antimondialistes, mais aussi d’altermondialistes, qui sont pour une
autre forme de mondialisation, mais mondialisation quand même! Même Marx était
pour la mondialisation, y voyant un progrès – « À la place des anciens besoins satisfaits par les produits nationaux
naissent de nouveaux besoins réclamant pour leur satisfaction les produits des
pays et des climats les plus lointains. Et ce qui est vrai de la production
matérielle ne l’est pas moins des productions de l’esprit […]. »
(Attali, p. 142) – mais il ne souhaitait certainement pas la mondialisation de
l’exploitation des ouvriers les plus faibles au profil des ouvriers les plus
riches (ceux des pays occidentaux), lui, le fondateur de l’Internationale et de
la solidarité ouvrière mondiale : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » (Manifeste du Parti Communiste, in MARX, Karl, 1978, Œuvres choisies, Moscou: éd. du Progrès.) Pour lui la
mondialisation signifiait donc les conditions gagnantes de la révolution
socialiste (Attali, p. 238), car celle-ci ne pouvait pas se faire en un seul
pays. Il n’avait pas pris la tête de l’Internationale pour rien.
6. La lecture de Barreau,
Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute
l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard
(Histoire) est à considérer pour avoir une perspective historique de l’évolution humaine.
Arrières de couverture
Reçu le 22 juillet 2005 : Attali, Jacques,
2005, Karl Marx ou l'esprit du monde, France : Fayard (Documents)
(Distribution : Hachette)
Alors que le mur de
Berlin est tombé et qu’ont disparu presque toutes les dictatures se
recommandant de Karl Marx, la lumière doit être faite sur l’extraordinaire
trajectoire de ce proscrit, fondateur de la seule religion neuve de ces
derniers siècles.
Aucun auteur n’eut
plus de lecteurs, aucun révolutionnaire n’a rassemblé plus d’espoirs, aucun
idéologue n’a suscité plus d’exégèses, et, mis à part quelques fondateurs de
religions, aucun homme n’a exercé sur le monde une influence comparable à celle
que Karl Marx a eue au XXe siècle.
Il a vu avant tout
le monde en quoi le capitalisme constituait une libération des aliénations
antérieures, il ne l’a jamais pensé à l’agonie, il n’a jamais cru le socialisme
possible dans un seul pays, il a fait l’apologie du libre-échange et de la
mondialisation, et il a prévu que la révolution ne viendrait, si elle advenait,
que comme le dépassement d’un capitalisme devenu universel. Il est le premier
penseur « mondial », porteur de l’ « esprit du monde ».
Ce livre permet de
comprendre comment ce jeune exilé allemand a pu rédiger à moins de trente ans
le texte non religieux le plus lu de toute l’histoire de l’humanité, de révéler
ses rapports singuliers avec l’argent, le travail, les femmes; de découvrir un
grand journaliste, un exceptionnel pamphlétaire, un immense théoricien ; de
suivre un homme d’action orgueilleux et dictatorial. De réinterpréter ce XIXe
siècle dont nous sommes les héritiers et de comprendre comment certains de ses
successeurs ont créé nos démocraties pendant que d’autres, récupérant et
distordant ses idées, en ont fait la source des deux principales barbaries de
l’histoire moderne.
De réaliser enfin
qu’aujourd’hui, au moment où s’accélère la mondialisation, qu’il avait prévue,
Karl Marx redevient d’une extrême actualité.
© Librairie Arthème Fayard, 2005
***
Reçu le 14 mars, 2005 : Marc Angenot, 2004, Rhétorique
de l'anti-socialisme. Essai d'histoire discursive 1830-1917, PUL (www.ulaval.ca/pul), ISBN : 2-7637-8181-0
La polémique contre
le socialisme a été, dans la modernité politique, parmi les plus soutenues, les
plus âpres, les plus opiniâtres. De 1830 à 1917 et de 1917 jusqu'à nous, elle a
mobilisé continûment une coalition de réfutateurs de divers bords. Cependant,
dans la longue durée historique, ce qui apparaît, c'est l'éternel retour d'un
nombre fini de tactiques, de thèses, d'arguments formant une sorte d'arsenal où
puisèrent les générations successives de polémistes. On peut aujourd'hui encore
relever les ultimes avatars de cette argumentation dans les essais
d'adversaires d'un socialisme qui, du moins sous sa forme doctrinaire,
appartient au passé. Dès qu'apparurent les premières écoles qu'un néologisme
(daté de 1832) allait désigner comme "socialistes" — et si
contradictoires que pouvaient être les systèmes de Fourier, d'Owen, de
Saint-Simon et autres "prophètes" romantiques — une partie de
l'opinion s'est dressée contre des doctrines et des programmes qui promettaient
de mettre un terme aux maux dont souffre la société, mais qu'elle a jugés
absurdes, chimériques aussi bien qu'impies, dangereux, scélérats, et dont des
hordes d'essayistes se sont employé à démontrer au public la fausseté et la
nocivité. L'auteur analyse dans cet ouvrage près d'un siècle de polémiques et
d'attaques contre le socialisme, de réfutation de ses doctrines et de
dénonciation de ses actions. Ses analyses débouchent sur une réflexion sur
certains conflits cognitifs propres à la modernité.
Marc Angenot est
l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages d'histoire des idées politiques, d'analyse
du discours et de théorie de la littérature. Il occupe la chaire James McGill
d'étude du discours social à l'Université McGill et il est vice-président de
l'Académie des lettres et des sciences humaines (Société Royale du Canada).
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Sur Guillebaud, Jean-Claude, 2003, Le
goût de l’avenir, Paris: Seuil
Commentaires de Michel
Handfield (8 mars 2006)
En janvier 2004, j’ai
écrit « que je relis [ce livre]
plus en profondeur maintenant ». Ce fut long, car je ne l’ai pas que lu,
je l’ai travaillé et annoté. Je l’ai d’ailleurs cité à quelques reprises dans
Societas Criticus, car il y avait souvent un passage qui s’appliquait à
l’actualité, à un film ou à une analyse. Bref, ce livre s’apparente au livre de
référence, à un texte fondamental qu’on ne lit pas distraitement, mais que l’on
travaille, que l’on murit. On le laisse reposer, puis on y revient, car parfois
un temps d’arrêt s’impose pour que ce type de lecture nous pénètre. L’intérieur
de la couverture et les 3 premières pages de garde sont d’ailleurs emplies de
notes comme celles-ci :
Rawls, p. 25; économisme et priorité
aux chiffres, p. 70; réalités, p. 75; éducation, p. 85; La Boétie, p. 85; Sade,
p. 101; le lien : Judaïsme, Islam,
Chrétien…, pp. 122-6; dogme du
paradis perdu et les lumières, p. 177; contre révolution et conservateurs, p.
179; d’où vient le mal, p. 180; Le mal c’est les autres/la représentation du
mal justifie l’action du bien, p. 197; travail = torture, p. 204; scepticisme
et le bien, p. 238; Zarathoustra est le 5e évangile selon Nietzche,
p. 273; USA, p. 297; confiscation de Dieu, p. 302; Luther contre les pauvres,
p. 304-5; Hitler et la loi de la nature, p. 348; péchés capitaux, p. 354;
utopie, p. 355, et finalement l’Homme, p. 357!
Ce livre n’a qu’un défaut et c’est le propre des
livres en français : il n’y a pas d’index à la fin comme dans les livres
anglophones. Dans un livre comme celui-ci ce serait pourtant très utile, car il
s’agit d’un livre de référence au vrai sens du terme.
Arrière de couverture
Guillebaud, Jean-Claude, 2003, Le goût de l’avenir, Paris: Seuil
Sans le savoir, nous
sommes déjà entrés dans un nouveau monde. La rupture que nous vivons est si
radicale que les changements vont cette fois, bien plus vite que les idées.
Nous avons du mal à penser véritablement la prodigieuse mutation
anthropologique et historique dont nous sommes les témoins inquiets. La plupart
de nos analyses, de nos discours et de nos querelles campent dans un passé
révolu et entretiennent des oppositions d’autant plus théâtrales qu’elles
deviennent sans vrai contenu.
Ce déphasage est
redoutable. Il signifie que nous nous sentons de moins en moins capables d’agir
sur le cours des choses. Nous sommes tentés de déserter l’histoire. Après nous
le déluge… C’est contre ce nouveau fatalisme que ce livre entend réagir.
Retrouver le goût de l’avenir, refonder la démocratie, reprendre possession de
notre destin, tout cela exige des mises à jour radicales. Pour ce faire, il
faut tenter de penser autrement les grandes contradictions contemporaines,
celles qui sont au centre même de notre vie en société : la transgression
opposée à la limite, l’individualisme brisant le lien, la transparence capable
de ruiner l’intériorité, l’innocence préférée à la responsabilité ou encore la
croyance affaiblie qui ne donne plus sens au savoir.
Au-delà de ces
contradictions fondatrices, contre les pugilats dépassés et les manichéismes
exterminateurs, ce sont autant de chemins nouveaux qu’il s’agit de tracer. Ou
d’ouvrir.
Jean-Claude
Guillebaud est écrivain, journaliste et éditeur. Derniers livres publiés : La
Trahison des lumières (Prix Jean-Jacques Rousseau, 1995), La Tyrannie du
plaisir (prix Renaudot-essai, 1998), La Refondation du monde, Le Principe
d’humanité (grand prix européen de l’essai, 2002).
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Reçu 28 mars 2006 : Helliwell, John F., 2005, Mondialisation et bien-être
(Traduit de l'anglais par Michel Buttiens), Québec : PUL, Collection:
Sociologie contemporaine
Arrière de couverture :
Chercheurs et responsables de l’élaboration des politiques jettent un
regard neuf sur les politiques publiques afin d’y trouver des fondements plus
larges à l’évaluation de leurs incidences économiques et sociales sur les
particuliers, les familles, les collectivités et les nations. Le présent
ouvrage sert d’introduction à ces nouvelles recherches sur le capital social et
le bien-être et les applique aux grandes questions auxquelles sont confrontés
autant les particuliers que les gouvernements en cette ère de mondialisation.
John Helliwell commence par examiner les plus récentes données sur les
incidences de la mondialisation sur la prééminence des États-nations. Il
analyse ensuite les conséquences de la mondialisation sur la nature et la
portée des politiques publiques, selon une perspective à la fois nationale et
internationale. Dans l’ensemble de l’ouvrage, l’auteur souligne que le bien-être
constitue un thème en soi sur le plan de la recherche et des politiques
publiques. Il soutient que, quelque opinion que l’on entretienne sur la
mondialisation, des pays comme le Canada ont toute la latitude voulue non
seulement pour conserver leurs caractéristiques particulières mais également
pour mettre en place leurs propres politiques nationales et internationales.
Mondialisation et bien-être constitue une lecture essentielle pour toute
personne qui cherche à s’y retrouver dans le fouillis des affirmations
contradictoires sur la place laissée aux politiques nationales dans le monde
actuel.
John Helliwell est professeur d’économie à l’Université de la
Colombie-Britannique. Ses travaux de recherche et ses publications antérieures
ont porté sur de nombreux aspects de l’économie et des politiques publiques. Il
a dirigé la Chaire Brenda et David McLean d’études canadiennes de 1999 à 2001.
© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval
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Reçu 28 mars 2006 : Laurent, Eric, 2006, La face cachée du pétrole,
France/Canada : Plon
Arrière de couverture :
Le pétrole a toujours été le principal enjeu planétaire et pourtant,
aujourd'hui comme hier, il reste entouré de nombreux mystères.
Pour la première fois, ce livre révèle ce qui a été soigneusement
dissimulé aux opinions publiques :
Pourquoi le fameux choc pétrolier de 1973 n'était qu'une manipulation,
le résultat d'une entente entre les pays de l'OPEP et les grandes compagnies
pétrolières.
Pourquoi les chiffres concernant les réserves mondiales dé pétrole sont
totalement faux, volontairement grossis
par les pays producteurs. En Arabie Saoudite et en Russie, les montants exacts
relèvent même du secret d'État.
Comment Washington a utilisé l'arme du pétrole saoudien pour provoquer
l'effondrement de l'Union soviétique.
Pourquoi, dès mars 2001, six mois avant le 11 septembre, des cartes de
L'Irak sur lesquelles étaient tracées les futures explorations pétrolières
servaient de documents de travail au vice-président Cheney et à des responsables
pétroliers, au sein du groupe surnommé " la société secrète ".
La Face cachée du pétrole est le résultat d'une longue enquête qui a
conduit Eric Laurent - auteur notamment de La Guerre des Bush - en Chine, en
Asie centrale, dans la zone de la mer Caspienne et dans le golfe Persique.
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Reçu le 24 mars 2006 : Beauchemin, Jean-François, 2006, La
Fabrication de l'aube, Montréal (Québec) : Québec-Amérique
C'est un livre que j'ai écrit presque malgré moi, sans doute parce que
je tremble à la simple évocation des faits que j'y raconte. Cependant, une
petite voix intérieure me disait : « Mais oui, écris cette histoire. Ce sera le
point final, ta façon d'avoir le dernier mot sur ces événements terribles. »
Mais je sais aujourd'hui que la mort seule mettra le point final à cet épisode
de ma vie si fondateur, si semblable à une naissance douloureuse. Jamais, je
crois, je n'aurai été aussi complètement athée que maintenant, à présent que le
souvenir de ce fatidique été 2004 s'évanouit peu à peu. Et pourtant, j'aime
comme jamais cette image du Christ, figure mythique de tous les hommes, portant
une croix, tombant, puis se relevant et marchant vers une vie autre.
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Reçu le 9 mars 2006 : Lever, Yves, et
Pageau, Pierre, 2006, Chronologie du
cinéma québécois - 1894-2004, Montréal (Québec) Canada : Les 400
coups
En 1919, l'âge minimum pour entrer dans les salles de cinéma est de 16
ans... alors que les filles peuvent se marier à 12 ans et les garçons à 14! En
1923, le journal La Presse organise un concours de scénarios et six mois
plus tard le film de Jean Arsin est en salle. En 1966, le jury du Festival du
cinéma canadien refuse d' attribuer le prix du meilleur long métrage de
fiction...
Construit sous forme de notices, Chronologie du cinéma au Québec
relate, année après année, tous les événements constitutifs de l'histoire du
cinéma au Québec de 1894 à 2004. L'ouvrage, divisé en neuf périodes résumées et
mises en contexte, permet au lecteur de voyager à sa guise dans l'histoire et
de se confectionner un portrait sur mesure du cinéma au Québec depuis ses
débuts. De plus, tous les longs métrages de fiction produits ici depuis 1968 y
sont également consignés.
Ce répertoire complet permettra à tous les amateurs de cinéma, tant les
critiques, les professeurs, les recherchistes que les cinéphiles, d'obtenir des
informations précises, variées et parfois même croustillantes sur le septième
art au Québec: les événements marquants d'une année en particulier,
l'importance d'un organisme ou d'un cinéaste au fil du temps, ou encore
l'évolution d'un secteur du cinéma, par exemple.
Yves Lever est un professeur de cinéma à la retraite du cégep Ahuntsic.
Il a publié plusieurs articles et livres sur le cinéma, notamment Le cinéma
de la Révolution tranquille, de Panoramique à Valérie (à compte d'auteur,
1991 ), Les 100 films québécois qu'il faut voir (Nuit blanche, 1995) et Histoire
générale du cinéma au Québec (Boréal, 1988 et 1995). Il prépare un
dictionnaire de la censure au Québec.
Pierre Pageau est aussi un professeur de cinéma à la retraite du cégep
Ahuntsic. Il a collaboré à diverses revues de cinéma, contribué à plusieurs
ouvrages et fait la recherche historique pour le documentaire Mack Sennett,
roi du comique. Il poursuit son travail de recherche sur Sennett et
d'autres Québécois qui ont fait carrière à Hollywood. Il anime une émission
hebdomadaire sur le cinéma à Radio Centre-ville.
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Il modo italiano : design et avant-garde en Italie au
XXe siècle
Musée des beaux-arts de Montréal : 4 mai 27 août 2006
Au cours du XXe siècle, l’Italie
a su miser sur ses traditions régionales et artisanales pour devenir un leader
dans le domaine du design international. Son histoire a été amplement analysée
sous ses aspects culturels et artistiques, mais aucune étude ne s’est
intéressée à la synergie entre l’expérimentation artistique et le design novateur
italiens. Il modo italiano : design et
avant-garde en Italie au XXe siècle explore cette question.
L’exposition montre les manières diverses et complexes de voir, d’interpréter
et de représenter la société industrielle de l’Italie au siècle dernier, à
travers le regard des architectes, des artistes et des designers. Presque
chaque décennie a vu émerger de nouvelles « philosophies » et de nouvelles «
esthétiques » qui se sont exprimées avec vigueur, donnant lieu à des idées
nouvelles qui ont profondément influencé le débat culturel sur l’art et le
design.
Commentaire de Michel Handfield (4 mai 2006)
J’ai vu cette exposition hier en pré ouverture et j’ai juste un
commentaire : la créativité du design italien, c’est l’art qui se fait
produit de consommation désirable. La séduction à l’italienne!
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Chloé Sainte-Marie
au Théâtre Hector-Charland
L’Assomption, vendredi le
07 avril 2006
Un spectacle touchant. Chloé au sommet de sa
forme. Pendant deux heures ont se laisse emporter par les mots et bercer par sa
voix. Quelle présence, chacune des chansons lui colle à la peau. Que d’émotions, ça frappe où ça fait mal,
dans les tripes et c’est bien comme ça. Qui a dit que la poésie ne faisait pas
vibrer nos cordes sensibles, surtout sur des thèmes comme l’amour, l’errance et
la mort, rien de plus troublants et qui viennent vous chercher là où ç’est
important. Encore une fois bravo Chloé, à toi et ton équipe, tu as su arrêter
le temps un moment pour nous faire rêver.
Gaétan
Chênevert
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Du
4 au 29 avril 2006
Mardi
au samedi à 20h
A l’espace
libre!
1945, rue Fullum
Montréal (Québec)
H2K 3N3
(514) 521-3288
Billetterie
(514) 521-4191
Texte et mise en scène :
ANTOINE LAPRISE ET FRANCIS MONTY
Avec : JULIE CASTONGUAY, NORMAND DANEAU, ANTOINE LAPRISE,
JACQUES LAROCHE, VINCENT-GUILLAUME
OTIS, CAROLINE TANGUAY, BENOÎT VERMEULEN
Montréal, le 1er mars 2006. — C’est
avec un immense enthousiasme que le Théâtre Il va sans dire vous présente sa
toute dernière création : L’Autre Monde. Actif depuis 22 années, Il va
sans dire, dirigé par Dominic Champagne, est à l’origine de nombreux spectacles
marquants, tels que Cabaret Neiges Noires, L’Odyssée et Don Quichotte. Il va
sans dire nous revient ici en force avec une magnifique ode à la force
subversive de l’imagination.
Attention, un monde
peut en cacher un autre
Cyrano de Bergerac est beaucoup plus
qu’un grand nez. Officier, essayiste, dramaturge et philosophe, le véritable
Cyrano, un contemporain de Descartes, fût en vérité beaucoup plus fascinant que
le personnage de fiction inventé par Rostand. Courageux, passionné et fougueux,
tout comme celui de la pièce, l’homme ne s’est pourtant pas tant battu contre
des soldats ennemis que contre l’esprit de son siècle. La place centrale de
notre planète au sein de l’univers, l’existence de Dieu, l’unicité du monde,
Cyrano de Bergerac a attaqué de front dans ses écrits toutes les enclaves qui
fagotaient les esprits de son époque.
Une telle entreprise, bien sûr,
n’est pas sans risques, et si Cyrano est mort prématurément à l’âge de 36 ans,
son combat n’y est pas étranger. L’intolérance, le sectarisme et les idées
reçues sont, en effet, de puissants ennemis, surtout lorsqu’ils se drapent de
la légitimité d’une Église et d’un Dieu. Monty et Laprise auraient-ils
découvert, près de 350 ans après sa mort, la véritable identité des assassins
de Bergerac ?
Mettre en mot, mettre
en scène
Antoine Laprise est le fidèle
collaborateur du Loup Bleu et le metteur en scène attitré du Théâtre du
Sous-Marin Jaune. Avec La Bible, il a déployé une originalité et une finesse
qui ont su réjouir tous les spectateurs. Cette production a d’ailleurs remporté
le Masque de la « Production Québec » en 2001. L’an dernier, sa pièce Le
Discours de la méthode fut mise en nomination pour le Masque du texte original,
de la mise en scène et le Masque du Public Loto-Québec.
Francis Monty a écrit plusieurs
textes pour le théâtre depuis sa sortie de l'École Nationale de Théâtre en 1997
: Rouler s'ul rime, Léon le nul, Traces de cloune, Romances et Karaoké (Masque
du meilleur texte, 2005). Codirecteur artistique du Théâtre de la Pire Espèce,
il est également le cocréateur du spectacle Ubu sur la table qui voyage, depuis
sa création, à travers le monde.
Texte et mise en
scène : Antoine Laprise et Francis Monty
Avec
Julie Castonguay, Normand Daneau, Antoine Laprise, Jacques Laroche,
Vincent-Guillaume Otis, Caroline Tanguay, Benoit Vermeulen
Musique originale :
Ludovic Bonnier; Scénographie,
costumes, accessoires et maquillages : Stéban Sanfaçon, assisté
de Louisa Schabas; Éclairages :
Étienne Boucher; Assistance à la
mise en scène et régie : Catherine Desjardins-Jolin
Une production du
Théâtre Il va sans dire
Commentaires de Michel
Handfield (8 avril 2006)
Lu au dessus des urinoirs : « Avertissement. Le contenu de ce spectacle
renferme des scènes pouvant ne pas convenir aux athées, la supervision des
parents est conseillée… » J’ai ensuite remarqué le même message près
de la billetterie.
C’est
un message important, car Cyrano s’en prend à Dieu et au Pouvoir! Notre homme disait tout haut ce qu’une
génération pensait tout bas par crainte de la prison. N’oublions pas que l’on
pouvait subir la peine de mort pour impiété à cette époque. Sa mort, par une
poutre qui lui tomba sur la tête, fut-elle vraiment un accident?
Sport, science, art,
astronomie, théâtre, tout est dans tout pour Cyrano! Homme de culture et
d’esprit. Sérieux et léger à la fois, voir insolent. Comme Diogène, il remet
tout en cause, surtout les dogmes. Une pièce rafraichissante en ce temps
d’inquisition moderne, où l’on assiste à un retour des idéologies et des
religions!
Pensons au
créationnisme et à ses dérivés, que les conservateurs religieux veulent imposer
face à la science et à la théorie de l’évolution. Et que dire de la pensée
néolibérale? Certains idéologues bien en vue veulent l’imposer comme étant la
solution à tous les maux de la planète! Leurs opposants se replient sur un État
interventionniste comme étant la réponse! Et l’on se traite d’impie à qui mieux
mieux entre ces deux chapelles! Quant à
ceux qui ne veulent pas prendre position ni pour un camp ni pour l’autre; qui
voient les bénéfices et les limites de ces deux idéologies; qui les
questionnent et les remettent en cause; ce sont des infidèles! Pauvres pêcheurs
qui osent questionner la vérité toute faite! Comme Cyrano en son temps.
Une pièce
particulière, où nous sommes des voyeurs dans l’espace des créateurs qui
montent un Cyrano, car tout n’est pas fini. Ni les textes, ni les rôles ne sont
ficelés. L’esprit de Cyrano plane dans ce processus « intellectuel »
de la création : disjoncté, déjanté et brillant. Cyrano démaquillé! Ici l’imagination
a l’espace libre! Cyrano doit être heureux, lui qui se plaignait que
« L’imagination n’est plus en liberté; que c’est partout
l’inquisition! » Enfin, un espace à sa mesure.
Hyperliens
http://fr.wikipedia.org/wiki/Savinien_de_Cyrano_de_Bergerac
Théâtre Il va sans
dire : www.ivsd.org
Espace Libre : www.espacelibre.qc.ca
Ouvrages de Cyrano de Bergerac trouvés dans des sites de libraires.
Je n’ai pas mis plus de détails volontairement, car ces livres se déclinent
dans diverses éditions et à divers prix. A vous de bouquiner!
L’Autre monde ou Les états
et empires de la lune
Les États et empires du
Soleil
Fragment de physique
Lettres d'amour et d'humeur
Lettres satiriques et amoureuses
La Mort d'Agrippine
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De
Emmanuel Carrère
A
l’affiche le 5 mai
Montréal, 18 avril 2006 — Mettant en vedette Vincent
Lindon et Emmanuelle Devos, La Moustache est l’adaptation cinématographique de
son livre par Emmanuel Carrère.
Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos
amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne
ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l’avoir pas remarqué, et c’est vous
qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du
tout. Vous insistez, on vous assure que vous n’avez jamais eu de
moustache. Deviendriez-vous fou ? Voudrait-on vous le faire croire ? Ou
quelque chose, dans l’ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens ?
Commentant le changement de fin par rapport au livre,
Carrère dira « plutôt que l’histoire d’un type qui s’enfonce dans une spirale
de folie, je préférais raconter comment un homme et une femme qui s’aiment
peuvent s’éloigner, aller très loin l’un de l’autre, pour finalement se
retrouver autrement qu’ils n’étaient au début ».
Porté par des extraits du Concerto pour violon et
orchestre de Philip Glass et des images de Patrick Blossier, ce deuxième
long-métrage de Emmanuel Carrère (son documentaire Retour à Kotelnitch, avait
été présenté en sélection officielle au Festival de Venise 2003) est distribué
au Québec par Métropole Films Distribution. La Moustache sera sur nos
écrans le 5 mai.
Commentaires de Michel
Handfield (27 avril 2006, mis en ligne le 4
mai)
< Auteur,
moustachu, de ce texte!
Avoir le feeling
d’avoir fait un changement majeur; un changement qui saute aux yeux, qui
surprendra… et personne ne le remarque! Imaginez ne pas voir une mèche ou un
nouvel accessoire que porterait votre blonde et elle vous dirait « tu ne m’aimes plus, tu ne me remarque
plus! » Et elle, elle ne voit même pas que vous avez coupé votre
moustache. Pire, vos amis, vos confrères de travail et le patron du café où
vous allez ne le remarquent pas non plus. Devant tant d’indifférence vous
pensez qu’ils font exprès; vous les remettez en question; puis vous croyez
qu’ils complotent contre vous. Ils veulent vous faire croire que vous devenez
fou! De quoi devenir paranoïaque.
A moins que vous ne
l’ayez jamais eu cette moustache. Vous commencez à douter et à vous remettre en
question. Ça devient cauchemardesque. Votre vie se confond dans votre tête. Le
temps où vous aviez cette satanée moustache et le temps où vous ne l’aviez pas
se mêlent-ils? Sommes-nous dans le réel
ou l’irréel? Le délire ou le complot? La psychose ou le rêve?
Mais nous, les
spectateurs, nous l’avons bien vu cette moustache. On n’est pas fou. A moins
que le temps du film ne soit pas le temps de l’histoire. Que la chronologie
soit déconstruite; que cette moustache qui était là, ne devait pas y être. On
doute de lui, d’elle, de nous et du scénariste.
Que nous prépare-t-on?
Quelle est cette histoire où l’on coupe les poils en quatre? Un thriller psychologique, car il se fonde
sur la part poilue de l’identité masculine. Quand l’identité ne tient plus qu’à
un poil, ne pas le voir c’est comme effacer l’homme qui se cache derrière! Il y
a de quoi comprendre son désarroi même si la situation a quelque chose de
surréaliste.
J’ai vu ce film un
matin et en soirée j’élaborai encore des hypothèses autour de celui-ci. Un vrai
thriller psychologique qui vous fera lisser votre moustache en réfléchissant.
Et tant pis pour vous si vous ne portez pas la moustache, car vous vous creuserez
alors la tête! Je vous aurai averti.
Hyperliens :
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Un film de Cécile Telerman, 105 minutes
Date de sortie : 5
mai 2006 à Montréal, Québec et Sherbrooke
Distribution :
Mathilde Seigner, Anne Parillaud, Judith Godrèche, Mathias Mlekuz, Thierry
Neuvic, Pascal Elbé.
Juliette, Florence
et Marie sont amies d'enfance. Marie est médecin dans un hôpital public. Elle
est mariée depuis 8 ans à Pierre, un artiste peintre sincère, aimant et drôle,
dont le défaut majeur est de ne pas ramener un rond à la maison. Marie
s'emploie à être une femme parfaite, mais un jour, elle commence à se lasser de
tout assumer. Florence est mariée à Julien, chef d'entreprise volontaire et
cassant. Rédactrice effacée et craintive dans une agence de publicité, elle se
voit confier la responsabilité d'un budget par son patron caractériel. Juliette
est avocate. Elle arrive aussi peu à se faire payer par ses clients qu'à
trouver un homme qui l'aime. Toutes trois volent quelques moments pour se
retrouver et ponctuer leur quotidien de conversations sans retenue. Un constat
s'impose : à 35 ans, les idéaux se sont estompés et la réalité prend le pas...
Commentaires de Michel Handfield (4 mai 2006)
Vie de couple, vie professionnelle; les haut et les bas, bref la vie de
trois amies d’enfance trentenaires! On
fait quoi? On se cherche à perpétuité! Cynisme français et féminin rime ici
avec comédie et intelligence, car il y a des réflexions bien placées. Par
exemple :
« Le jour où j’ai monté ma
bibliothèque IKEA toute seule, je me suis demandée pourquoi Dieu avait inventé
2 sexes! » - pendant féminin de certaines réflexions masculines du
même genre naturellement!
« Si les hommes parlaient de
même des femmes on leur mettrait le poing sur la gueule! »
De plus, on voit le côté révolutionnaire des français; leur côté
Gainsbarre (1) : ils fument à l’écran, ce que l’on voit de moins en moins
ici. Je sentais comme une odeur de Gitane dans l’air, même si je n’ai jamais
fumé. (2)
Tout comme l’on retrouve notre américanité dans les films États-Uniens,
nous retrouvons notre européanité ici!
Un bon film et j’en conclus : les filles, c’est ça la vie!!
Notes :
1. Expression qui me
vient du CD « De Gainsbourg à Gainsbarre ».
Cela dit tout, Gainsbarre étant Gainsbourg plus rebelle, plus déluré, plus
révolutionnaire!
2. Clin d’œil à mon prof de cinéma au Collège Marie-Victorin – Gilles
Blain - qui parfumait la classe à la Gitane.
C’était entre 1976-79.
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À
L'AFFICHE DÈS LE 28 AVRIL AU CINÉMA DU PARC
MARY HARRON
(USA, 2005) 100 MIN. v.o. anglaise. GRETCHEN MOL, LILI TAYLOR, DAVID
STRATHAIRN.
L'histoire de Bettie Page, célèbre pin-up des années
50 et véritable icône aux États-Unis. Elle devint la cible d'une enquête menée
par le sénat à la suite de la publication de photos osées...
Commentaires de Michel
Handfield (26 avril 2006)
D’un point de vue technique, ce film
mélange le noir et blanc et la couleur délavée, ce qui fait très « fifty »! C’est aussi
symbolique des années 50 : la vie rangée et morale d’un côté; le désir et
le plaisir un peu délavée, pour ne pas trop dépasser dans ce monde très normé,
de l’autre! La vie se passe un peu entre les deux, mais on fait comme si ça
n’existait pas.
Il y a un commerce du sexe
émergeant, mais caché. Les revues un peu « hard » se vendent sous le comptoir et, selon leur contenu,
peuvent être jugées illégales. Ce n’est pas seulement une question de nu, mais
de sens; de connotation. L’image d’une fille en sous vêtement, avec un fouet ou
attachée et souriante ne passait pas la rampe, jugée comme une incitation à la
violence et à la débauche. La censure
était très pointilleuse pour des images qui seraient tout à fait banales aujourd’hui,
comparé à ce que l’on voit (comme l’érotisme, le sexe et la violence) dans les
films et les émissions de télé états-uniennes actuelles. La morale peut être
très élastique dans une société capitaliste. Le marketing l’a très bien compris
depuis et l’on vend le film « hard
core » le samedi soir; le « preacher »
et la rédemption télévisée le
dimanche matin, avec un numéro 1-800 pour faire votre don à l’église de votre
choix. Hop là la vie! Nos films n’ont plus de couleurs délavés; en fait leurs
couleurs sont même accentuées par ordinateur. En moins de 60 ans on est ainsi
passé du noir et blanc, à la couleur délavée, réelle et maintenant accentuée!
Symbolique de la vie : je me défonce, donc je suis! Et après la rédemption
est toujours possible. Bienvenu dans le monde des born again Christians!
Quant à Bettie Page,
célèbre pin-up du temps et héroïne de ce film, elle ne s’en fait pas. Elle semble même un peu naïve (1) : « Dieu m’a donné un talent, c’est celui de
poser, même nue! » Why not! Bref,
une histoire de vie à une autre époque mettant en vedette une bonne fille un
peu naïve dans le milieu underground de
l’image suggestive! Car on n’est pas dans le porno hard core avec pénétration; on est dans la suggestion et le
fantasme qui friseraient la comédie selon les critères d’aujourd’hui.
J’ai apprécié le film,
le contraste avec aujourd’hui et le regard sociohistorique qu’il pose sur les
années’50; l’industrie du sexe à cette époque et la morale du temps, mais j’ai
pris très peu de notes. Bref, un film qui se laisse voir, comme une œuvre d’art
ou un divertissement.
Note :
1. Une scène du film m’a laissé croire qu’elle a peut
être été abusé dans sa jeunesse, mais je vous laisse vous faire une idée
là-dessus car c’est mon interprétation.
Hyperliens
http://www.thenotoriousbettiepage.com/
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Sophie
Scholl - Die letzten Tage
(SOPHIE SCHOLL - LES DERNIERS JOURS)
dès le 21 avril à l’Ex-Centris et au Cinéma du Parc.
Sophie Scholl - Les derniers jours (du réalisateur Marc Rothemund
– en compétition dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère
aux Oscars 2006 – évoque les six derniers jours de la vie d’une étudiante,
Sophie Scholl, opposée au nazisme. Soixante ans après sa mort, Sophie
Scholl a atteint le statut d’icône en Allemagne où 190 écoles portent
aujourd’hui son nom.
Le film
met en vedette Julia Jentsch (The Edukators) qui a reçu en 2005, les
prix d’interprétation féminine aux European Film Awards, aux Lola Awards
(l’équivalent allemand des Oscars) et au Festival de Berlin.
Ce n’est
pas par hasard si l’histoire de ce film est vraisemblable. Le scénario
est inspiré du procès-verbal de son interrogatoire mené par la Gestapo,
registres qui sont demeurés cachés en Allemagne de l’Est pendant des décennies
et qui n’ont été rendus publics qu’en 1990.
L’histoire
se passe en 1943. Alors qu’Hitler poursuit sa guerre à travers l’Europe, un
groupe de jeunes étudiants – du nom de «La Rose blanche» – mettent sur pied un
mouvement de résistance clandestin. Dans l’espoir de susciter une
rébellion étudiante sur le campus, Sophie et son frère (Fabian Hinrichs)
distribuent des tracts pacifistes qui invitent les Allemands à se
mobiliser. Un concierge les surprend et ceux-ci sont aussitôt arrêtés.
Robert
Mohr (Alexander Held de Downfall), agent de la Gestapo passé maître de
l’interrogatoire, trouve en Sophie quelqu’un à sa taille, de sorte qu’un duel
psychologique s’engage entre la résistante et l’inquisiteur. Cependant,
Sophie ne flanche pas une seule fois pendant les longues heures que dure son
interrogatoire. Même lorsque Mohr lui propose une porte de sortie – en
échange de l’implication des membres de «La Rose blanche» – elle refuse de se
repentir. Puis, dans une séquence à couper le souffle, l’histoire passe
au procès, à la dernière cigarette, à l’ultime au revoir, ainsi jusqu’à sa fin.
Pour
étoffer ses recherches, le réalisateur a interviewé de nombreuses personnes,
dont le fils de Robert Mohr maintenant âgé de 83 ans, la sœur cadette de Sophie
qui a épousé son fiancé ainsi que le neveu de la compagne de cellule de
Sophie. De plus, pour permettre au public contemporain de plonger
directement dans l’action, Rothemund a choisi de montrer le moins possible
d’uniformes et de croix gammées.
Le film
réunit l’équipe de Marc Rothemund qui a réalisé son téléfilm salué
unanimement, Die Hoffnung stirbt zuletzt, y compris le scénariste Fred
Breinersdorfer, le producteur Sven Burgemeister, le directeur de la
photographie Martin Lander et le monteur Hans Funck.
Sophie Scholl - Les Derniers jours est distribué au Québec par
Métropole
Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (17 avril 2006, mis en ligne le 19)
Février
1943
On suit les derniers jours de Sophie Scholl et de son
frère Hans, du groupe de la rose blanche, arrêté pour avoir rédigé et lancé des
tracts contre la guerre et le nazisme dans la cour intérieure de l’Université
de Munich. Un acte de trahison dans l’Allemagne nazie, où Hitler était
« Dieu » et où la conscience individuelle devait y être subordonnée.
Ceci leur valu la décapitation, le 22 février 1943, pour « démoralisation
des troupes ».
Au tribunal du peuple, le serment d’office était Hi Hitler! Même le juge mordait dans son serment
d’allégeance avec force et conviction. On repassera pour la neutralité de la
justice et la séparation des pouvoirs. Le tribunal du peuple n’était
qu’une mascarade; un organe de désinformation idéologique et de réformation des
individus. Les avocats, les marionnettes du pouvoir. Défense impossible,
condamnation assurée. Tout le processus de la justice était truqué dès les
premiers interrogatoires, ce qui nous fait voir la force de caractère de Sophie
contre l’homme de la Gestapo qui se coule dans l’idéologie en place.
Un film qui montre clairement ce
qu’est l’aveuglement idéologique érigé en système. L’absence de conscience
individuelle, remplacée par une forme de vérité institutionnelle et collective,
qui frise l’hystérie, ne serait-ce de quelques opposants minoritaires, dénoncé
par les « bons » citoyens et pourchassé par le pouvoir. Le citoyen
dénonce son voisin ou un membre de sa famille qui ne se conforme pas à la norme
en place. Le « bon »fonctionnaire applique la règle sans poser de
question, sans jugement personnel, sans émotion, et sans ressentiment apparent.
(1) Le règlement et la hiérarchie justifient l’acte. L’ordre et la morale
règnent, mais au prix de la liberté et d’une odeur de mort permanente. D’une
peur qui devait donner froid dans le dos : être victime d’une dénonciation
par quelqu’un qui ne nous aime pas. On ne vivait pas; on était en sursis.
***
Quand on me parle d’ordre et de désordre, de morale et
d’amoralité, j’ai toujours un doute et un frisson, car les défenseurs de
l’ordre et les détenteurs de vérité sont souvent prêts à des atrocités pour
défendre leur conception et la faire avaler aux autres. (2) Et si Dieu est à
leur côté, c’est pire, car aucune discussion n’est possible face à un tel
absolu.
Dans un pays libéral, il peut toujours y avoir du
désordre et des risques; des actes
criminels ou terroristes. Le droit de penser et de s’opposer implique une zone
d’incertitude. C’est le prix de la liberté. Mais dans un pays de l’ordre,
ultraconservateur, nous avons droit à des règles strictes. Le prix est alors la
violence de l’État face au citoyen. Les droits de penser et de dissidence sont
fortement réprimés, car porteurs de désordre. On emprisonne ou on tue les
libres penseurs, intellectuels, artistes ou journalistes. Les déviants sont mis
en échec. La devise de tous ces régimes est la même : « Vous êtes avec nous ou contre nous ».
La zone grise est interdite. Le doute ou la question qui dérange, pourchassée
et liquidée. (3)
On a un devoir de mémoire et d’éducation pour ne pas
ramener la barbarie au nom de l’ordre, de Dieu ou d’un maitre à penser qui
promet un monde sécuritaire (4) ou la paix universelle. On a un devoir de
vigilance, car la barbarie revient rarement sous une même forme idéologique
pour ne pas être reconnue. Elle sait se travestir, prendre différents visages
(politique, idéologique ou religieux) pour mieux nous berner avec ses promesses
d’ordre et d’un monde idéal, mais au prix de la liberté.
Un certain scepticisme est de rigueur et je crois
qu’il faut beaucoup plus se méfier de ceux qui ont des convictions
inébranlables que de ceux qui doutent. L’enfer
n’est-il pas pavé de bonnes intentions tel que le dit l’adage
populaire?
Notes
1. Ce
qui ne signifie pas qu’il n’en a pas, mais qu’il doit peut être se conformer
pour ne pas être accusé à son tour, car il est dans la machine de l’État.
Était-il capable de se regarder dans le miroir en arrivant chez lui le soir
sans avoir le goût de renvoyer sur ce système?
2. J’aurais aimé trouver une
citation sur le sujet, mais c’est plutôt un livre que j’ai trouvé : Guillebaud, Jean-Claude, 2003,
Le goût de l’avenir, Paris: Seuil
3. Un
article de Lewis H. Lapham pose la question suivante : « Is America a
facist state? » Haper’s magazine, Notebook, On
message, October 2005, pp.7-9.
4. Je pense ici à deux ouvrages :
Bauman, Zygmunt, 1999, Le coût humain de la mondialisation,
Paris: Hachette Pluriel et Wacquant, Loïc, 2004, Punir les
pauvres, Le nouveau gouvernement de l’insécurité sociale, France : Agone
Hyperliens :
Sur
Wikipédia :
Sophie
Scholl : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sophie_Scholl
Hans Scholl : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hans_Scholl
La rose
blanche : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Rose_blanche
Le
Nazisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nazisme
Adolf Hitler : http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Hitler
Prusse: http://fr.wikipedia.org/wiki/Prusse
Allemagne :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Allemagne
Le groupe
de résistance La Rose Blanche :
http://resistanceallemande.online.fr/rose_blanche/la_rose_blanche.htm
22
février 1943 : Décapitation de la «Rose blanche»
http://www.herodote.net/19430222.htm
La Rose blanche : résistance en Allemagne. Extraits
de tracts, dont celui du 18 février qui a conduit à leur arrestation : http://hypo.ge.ch/www/cliotexte/html/rose.blanche.html
---
Montréal, le 16 mars 2006 — C’est le 14 avril
prochain que le nouveau film de Robert Favreau, Un dimanche à Kigali, prendra
l’affiche partout à travers le Québec. Tourné entièrement à Kigali et dans la
campagne rwandaise, le film a nécessité le déplacement d’une équipe d’environ
50 québécois, composée de techniciens et de comédiens, en plein cœur de
l’Afrique centrale, pour une période de 2 mois.
Le film est une adaptation du célèbre roman de Gil
Courtemanche, Un dimanche à la piscine à Kigali, publié aux Éditions du Boréal,
en 2000. Scénarisé par Robert Favreau avec une collaboration aux dialogues de
Gil Courtemanche, Un dimanche à Kigali raconte l’histoire de Bernard Valcourt,
journaliste québécois, un peu désabusé, parti à Kigali en 1993 pour tourner un
documentaire sur le sida. À l’hôtel où il loge, il fera la connaissance de
Gentille, une jeune serveuse timide d’une grande beauté. Gentille sert à boire
aux diplomates, fonctionnaires, bourgeois rwandais et expatriés
tandis que le pays se dirige vers la guerre civile. Par le biais d’une grande
histoire d’amour entre un homme, une femme et un peuple, Un dimanche à Kigali
nous fait découvrir l’histoire récente du Rwanda et nous aide à mieux
comprendre les mécanismes du génocide.
Luc Picard interprète le rôle principal du
journaliste Bernard Valcourt et Fatou N’Diaye, jeune actrice française
d’origine sénégalaise, tient le rôle de Gentille. Ces derniers sont entourés
entre autres de Céline Bonnier, Alexis Martin, Makka Kotto, Fayolle Jean, Luck
Mervil, Geneviève Brouillette, Mireille Métellus, Erwin Weche, Amélie
Chérubin-Soulières, Louise Laparé, Luc Proulx, Vincent Bilodeau et de Guy
Thauvette. Soulignons que 20 comédiens rwandais et plus de 2000 figurants
locaux ont aussi collaboré au film.
Un dimanche à Kigali est produit par Lyse Lafontaine
et Michael Mosca des Productions Équinoxe. L’équipe technique est composée de
Pierre Mignot à la direction de la photographie, de André-Line Beauparlant
à la direction artistique et de Michèle
Hamel à la création des costumes. Le
montage a été confié à Hélène Girard et la musique est signée Jorane.
Commentaires de Michel
Handfield (12 avril 2006)
Début génocide : 6 avril 1994
Bernard Valcourt,
journaliste canadien qui enquête sur le SIDA au Rwanda, est témoin de la montée
du racisme des hutus envers les Tutsis et du drame génocidaire qui se prépare.
Les rwandais aussi. Quant au SIDA, il est ignoré par l’État et pris avec
abdication et abandon par les citoyens qui sentent le drame venir. L’un
d’eux dira d’ailleurs « J’aime mieux
mourir du SIDA que décapité par une machette. Le SIDA est la volonté de Dieu. »
Valcourt est un témoin
privilégié des événements qui se préparent et du silence complice; de ce désir
de ne pas voir de la part des diplomates en place, même les canadiens; du non
interventionnisme des États qui auraient pu, au moins, tenter quelque chose
pour empêcher le pire. Il voit les changements s’opérer au sein de son équipe
de tournage et des gens qu’il côtoie, comme si le racisme était un virus qui
modifiait la pensée des êtres dès qu’il est contracté. Une maladie pire que le
SIDA. Un virus qui pourri les relations sociales de l’intérieur. Un excellent
film, mais attention cœur sensible, car il est dur, même s’il fut tourné avec
beaucoup de sobriété, de dignité et de doigté.
Les acteurs sont tous
très bon, avec une mention spéciale à Luc Picard et Fatou N’Diaye qui crèvent
l’écran. Mais, Luc Picard est Luc Picard! C’est un naturel dans ces rôles au
point de penser que s’il n’aurait pas été comédien, je l’aurai vu dans le
Politique ou l’humanitaire.
***
Le Rwanda, où les hutus
ont tué de façon systématique près de 800 000 tutsis, est la base de ce film –
et du roman qui l’a précédé. On y démonte les mécanismes du racisme qui ont
conduit au génocide. D’abord victime
d’histoires (« jokes ») et
de rumeurs, cela a dérapé vers le préjugé, la récupération médiatique, et la
politique : ils font du terrorisme! Justificatif tout trouvé pour s’en
prendre aux tutsis, ce qui a dégénéré en courant sociopolitique haineux.
Certains, politiciens et militaires, y ont vu leur intérêt et se sont servi de
cette haine, qu’ils ont systématiquement organisée, à leurs propres fins de
Pouvoir. Et…
« Le 6 avril 1994, le deuxième président du Rwanda Juvénal Habyarimana,
un Hutu élu après avoir pris le pouvoir par un coup d'État en 1973, est
assassiné. Alors qu'il s'apprêtait à atterrir à Kigali, son avion est la cible
de deux missiles et s'écrase. (…) Pendant la nuit du 6 avril, l'attentat fut le
signal du déclenchement du génocide planifié par les Hutu extrémistes. À la
RTLM (Radio Television Libre des Mille Collines, également radio de propagande
Hutu) le signal du début du génocide fut dit-on la phrase "Abattez les
grands arbres". » (1)
Pourtant, plusieurs
tutsis étaient mariés a des hutus (2), mais devant une telle machination tu
dois entrer dans le système pour te protéger. On pouvait dès lors se tuer entre
parents, tuant beau frère, neveux et nièces parce qu’ils sont tutsis. Et même
si les enfants étaient hutus de par le père, s’ils avaient les traits de la
mère, tutsi, ils pouvaient être victime du génocide tout comme elle. « On a perdu la raison : des voisins
tuent des voisins; des amis tuent des amis; le mari tue sa femme et ses
enfants. » Triste réalité.
Ce n’était plus du
simple racisme – il y avait trop de lien familiaux interethniques pour cela
selon moi – mais une construction idéologique fomentée aux plus hauts niveaux
de l’État; un peu comme le nazisme à une autre époque, même si on ne peut
comparer les tragédies, fruit des Hommes et des idéologies. Après le drame, au
retour de notre journaliste vedette, un rwandais qu’il connaît lui dira :
« Vous pensiez qu’on était des
animaux, maintenant vous savez qu’on est des êtres humains! »
Des êtres humains, ce
sont des homo economicus : des êtres dont les comportements sont
déterminés par les intérêts! Comme pour le Timor oriental auparavant (3), les
puissances occidentales ont fermé les yeux pour protéger leurs intérêts, car
elles ont beau apprendre des tragédies précédentes, l’histoire se répète
souvent! Pourquoi? A cause des intérêts stratégiques, politiques et, surtout,
économiques. Le TimorOriental, le Rwanda ou la République Démocratique du
Congo, dont nous avons parlé à l’occasion du documentaire « Le prix de la paix » en janvier
dernier (4), sont tous des drames humains, des guerres civiles ou génocidaires
sur fond d’intérêt économique! Des pays occidentaux y sont partout impliqués
par des alliances, du soutien logistique ou militaire, et du commerce
(échange de richesses naturelles contre des armes par exemple)! Pour défendre
leurs intérêts économiques et stratégiques, certains pays, défenseur de la
veuve et de l’orphelin sur la place publique, n’hésitent pas à mettre des
bâtons dans les roues de l’ONU pour empêcher un règlement qui leur serait
défavorable. Et je ne parle pas que des États-Unis. Vous le verrez dans le
film.
Vous verrez aussi un
Général Dallaire, tout général qu’il soit, ne pas bouger, car on lui ordonne de
ne rien faire. C’est un soldat et un soldat ça obéit. (5) Il est malheureux,
témoin du drame qui se joue sous ses yeux, les mains liés par la bureaucratie
diplomatique! Sur place, nos casques bleus sont la risée à cause de leur
impuissance; mais ici, ils sont notre fierté! La force des relations publiques
et du contrôle médiatique. Même le 4e pouvoir – les médias – n’y
peut pas grand-chose, car si les médias constituent un pouvoir qui peut faire
tomber un gouvernement dans une démocratie; une caméra, une plume ou un micro
ne peuvent rien contre une machette, un fusil ou un tank! Ce n’est pas pour
rien que les médias et les intellectuels sont les premières cibles des guerres,
des rébellions et des coups d’État. Une fois qu’on les contrôle, on contrôle le
message aux citoyens; l’opinion publique! Le
message c’est le médium disait McLuhan. (6)
Un
film fort pour comprendre les mécanismes du Pouvoir, car le Rwanda n’est ni le
premier, ni le dernier drame du genre dans l’histoire de l’humanité. Par
contre, d’en être conscient et d’en saisir les mécaniques ne peut qu’avoir un
effet bénéfique pour comprendre les machinations du pouvoir et tenter d’en
éviter les pièges. Mais, au nom de promesses, la servitude volontaire n’est
jamais bien loin des intérêts personnels! (7) Soyons en conscient et avisé.
***
Rappelons
qu’il s’agit d’un
film, d’un excellent film! Mais c’est d’abord une
fiction et non un documentaire, même s’il est basé sur des événements
historiques réels. Il peut cependant donner le goût de se renseigner pour
comprendre ce drame humain
que fut le génocide rwandais et c’est tant mieux, car la
démocratie fleurit à la lumière de la connaissance comme l’idéologie croît à
l’ombre du préjugé.
Notes/Hyperliens :
1. Génocide au Rwanda: http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nocide_au_Rwanda
2. La race du père donne la race des enfants.
3. Voir Chomsky, Noam, 2002, Le pouvoir mis à nu, Montréal: écosociété; et l’article Timor oriental sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Timor_Oriental
4. Le prix de
la paix (www.onf.ca/leprixdelapaix), V.o. anglaise et française,
s.t.f. dont nous avons parlé dans Societas Criticus, Vol. 7, no 5/8 no 1.
5. Dans mon texte sur le film « Pollux, le manège enchanté » j’avais écrit ceci : « On pardonnera même
au soldat, car il a fait le soldat : il a obéit aux ordres ! Ce n’était pas
méchant : un soldat, ça obéit; ça ne réfléchit pas! » (Societas Criticus,
Vol. 8 no 2)
6. C’est le titre du premier chapitre du célèbre
livre de Marshall McLuhan : Pour
comprendre les médias (Montréal, 1968, éditions HMH)
7. La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire,
Mille-et-une-nuits.
Nota Bene
Comme tout ce
qui touche la politique, il peut y avoir de la controverse même s’il s’agit
d’une fiction. A la veille de la sortie du film en salle, celle-ci nous vient
de Robin Philpot, auteur de Ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali (Les
Intouchables, 2003) ; Les secrets d'Option Canada, avec Normand Lester
(Les Intouchables, 2006); et Le
référendum volé (Les Intouchables, 2005). Dans une lettre au Devoir : Le cinéma sur le Rwanda ne saurait dire la
vérité (mardi 11 avril 2006), il lance un pavé dans la marre. Je ne lui
donne ni tort, ni raison, car d’autres le feront mieux que moi et l’on déjà
fait d’ailleurs. Voici donc quelques opinions parues dans Le Devoir autour de
ce monsieur et de ce sujet au cours des derniers mois. Une façon de vous
faire une idée. Mais avant tout il s’agit d’un film, d’un excellent film!
- Robin
Philpot, Le cinéma sur le Rwanda ne
saurait dire la vérité, Le Devoir, mardi 11 avril 2006 : www.ledevoir.com/2006/04/11/106475.html
- Pierre Trudel, Professeur d'anthropologie au cégep
du Vieux-Montréal, Le drame rwandais - De
la négation d'un génocide, Le Devoir, mercredi 14 janvier 2004 : www.ledevoir.com/2004/01/14/44824.html
- André Joyal, Professeur associé, Université du
Québec à Trois-Rivières, et Luc-Normand Tellier, Directeur, Département
d'études urbaines et touristique, Université du Québec à Montréal, Roméo Dallaire et le génocide rwandais - Que
cherche Robin Philpot en brouillant lui-même les pistes?, Le Devoir, lundi
12 janvier 2004 : www.ledevoir.com/2004/01/12/44698.html
Autres opinions parus sur ce sujet depuis la rédaction de ce texte :
Robert Lebrun, La
poursuite d'une guerre millénaire, in Le Devoir, édition du lundi 24 avril
2006 : http://www.ledevoir.com/2006/04/24/107424.html
Pierre Trudel, Professeur d'anthropologie, Cégep du
Vieux- Montréal,
Vérité, cinéma et
Rwanda, in Le Devoir, Édition du lundi 24
avril 2006 :
http://www.ledevoir.com/2006/04/24/107422.html
Alain DENEAULT, Titulaire d'un doctorat de
philosophie de l'Université de Paris-VIII, animateur du collectif Ressources
d'Afrique, et Emmanuel HAKIZIMANA, Titulaire d'un doctorat d'économie de
l'Université du Québec à Montréal, membre de l'Association Amitiés
Canada-Rwanda, Rwanda - Une justice de
pacotille, in Le Devoir, Édition du lundi 24 avril 2006 : http://www.ledevoir.com/2006/04/24/107423.html
---
Barbiers
- Une histoire d'hommes
Sortie sur
grand écran le 14 avril
Montréal,
le jeudi 23 mars - Le documentaire Barbiers - Une histoire
d'hommes, prendra l'affiche le 14 avril prochain aux cinémas Le Clap et
Ex-Centris après avoir été présenté les jeudi 30 et vendredi 31 mars prochains
dans le cadre de la 7e édition du Festival de cinéma des 3
Amériques. Le film est produit et réalisé par Claude Demers (Productions
CDFilms) qui a, entre autres, signé le long métrage de fiction
L'Invention de l'amour et le moyen métrage Une nuit avec toi, deux
films qui furent sélectionnés dans plusieurs festivals canadiens et étrangers.
Une rétrospective lui est d'ailleurs consacrée à la Cinémathèque à Montréal à
partir du 19 avril (Claude Demers : Portrait d'un cinéaste).
Barbiers - Une histoire d'hommes nous fait entrer avec dignité dans
l'un des derniers bastions de la fraternité masculine, où la parole, rare et
précieuse, règne en maître et résiste au bruit et à la fureur du monde moderne.
Tenant souvent le rôle de confesseur, le barbier a toujours été au coeur de la
société et de ses changements. Personnage autrefois très respecté, le barbier
pratique l'un des plus vieux métiers du monde, malheureusement voué à
disparaître, tout comme ces chaleureux salons à fauteuils capitonnés au charme
suranné.
L'équipe
technique de Barbiers est composée de Michel La Veaux à la
direction de la photographie (Roger Toupin, épicier variété de Benoît
Pilon, Le Ring intérieur de Dan Bigras) et Claude Palardy au
montage (Lauzon, Lauzone de Louis Bélanger, 15 février 1839 de
Pierre Falardeau). Le producteur délégué est Richard Brouillette. Le
film est distribué par Christal Films.
Commentaires de Michel Handfield (12 avril 2006)
Un film sympathique où des hommes se découvrent, car
entre hommes on a certaines conversations : les femmes, le sexe et le
vieillissement! Mais il y a longtemps que je n’ai pas mis les pieds dans un
salon de barbier. Près 20 ans, sauf occasionnellement. Ce n’est pas que j’ai le
cheveu long ou une absence de cheveux, c’est que je suis un adepte du clipper.
J’ai aussi été sollicité plus d’une fois comme modèle (un beau mot pour cobaye) pour des examens à l’école de coiffure. Ce
film fut donc un retour en arrière pour moi, comme ce le sera probablement pour
qui fréquente les salons d’aujourd’hui, « fashion »,
mixte et multifonctionnel : coiffure, soins de beauté, spa, massage et
autres services!
Ce film montre la simplicité, l’ambiance et la chaleur
du contact avec le « barbier » du coin. Des gens qui ont les
relations humaines dans le sang. Mais c’est un métier qui disparaît, remplacé
par la coiffeuse, car les hommes sont de moins en moins présents dans cet art
du salon mixte et multifonctionnel d’aujourd’hui.
Nous avons aussi droit à des réflexions sur les
relations homme/femme au travail : « Quand j’ai eu deux coiffeuses
ensembles, ça ne marchait pas. Elles se pognaient. Ça doit être terrible de
travailler où il y a des femmes qui travaillent ensembles! Elles se prennent
entre elles puis il faut surveiller nos conversations d’hommes! » Ce n’est
peut être plus vrai pour les nouvelles générations, mais pour les plus anciennes,
qui ont connu un monde des hommes séparés de celui des femmes, il y a des
« évidences » qui n’en sont pas pour nous. Il faut dire qu’on ne
parle pas de jeunes coiffeurs, mais de barbiers d’un certain âge ici.
Un documentaire qui ne coupe pas les cheveux en
quatre! Nos coiffeurs parlent de tout, même de la façon d’élever les
enfants! Comme l’un d’entre eux le dit : une bonne conversation, ça
élargit les mentalités. Un bon film, ça aide à comprendre!
Marock
Un film de : Laïla Marrakchi
Produit par : Lazannec
Date de Sortie : 7
avril 2006 partout au Québec
Distribution :
Morjane Alaoui, Matthieu Boujenah
Durée : 103 minutes
Synopsis :
Casablanca, l'année du bac. L'insouciance de la jeunesse dorée marocaine
et tous ses excès : Courses de voitures, amitiés, musiques, alcool, mais aussi
l'angoisse de passer à l'âge adulte. « Marock » comme un Maroc que l'on ne
connaît pas, à l'image de celui de Rita, 17 ans, qui se heurte aux traditions
de son pays. En vivant sa première histoire d'amour, elle va se confronter aux
contradictions de son milieu, de sa famille et surtout à son grand frère pour
qui l'avenir passe par un retour aux valeurs traditionnelles.
Commentaires de Michel Handfield (6 avril 2006)
Maroc, la fin des années 90! Au 1er degré, on est face à
un film romantique. Roméo et Juliette sur fond de religion et d’ethnicité;
un juif et une arabe se voient et s’aiment. Sauf que leurs cultures et leurs
religions devraient les éloigner! A défaut de leur religion, leur entourage
s’essaie.
Le tout se passe avec des jeunes qui ont le goût de se défoncer à
l’occidentale (boisson, joint, musique anglo-saxonne, vitesse) comme un extrême
pour en exorciser un autre : le fondamentalisme qui monte. Des jeunes qui
ne respectent pas la loi et les traditions; qui se cherchent et se créent un
espace de liberté.
Mais ce film est aussi beaucoup plus profond qu’il n’y parait. Au second
degré, c’est une critique des préjugés et de la fermeture idéologico
religieuse.
On est tous marocain dira Youri (Mathieu Boujenah), un juif dont les
amis sont arabes – et qui aime Rita (Morjane Alaoui), une arabo-musulmane. Et cela m’apparaît normal, élevé dans le même
milieu, allant à la même école, fréquentant les mêmes endroits. Sauf que
l’idéologie religieuse, représentée par le frère de Rita, Mao (Assad Bouab),
qui revient d’Angleterre, veut mettre un frein à cette liberté. Rita dira
d’ailleurs à son frère qui se radicalise : « Moi je n’ai pas besoin de religion pour dormir tranquille. Il est beau
ton Islam de fils à papa. »
Il vient pourtant d’un milieu libéral. On ne parlerait pas d’islamistes,
mais de musulmans à gros grains! Mais l’on sent que le fils dévie
tranquillement vers le fondamentalisme religieux. Qu’il n’était pas ainsi avant
son départ, comme si le changement s’était opéré là bas, car le grand frère
qu’elle retrouve à son retour d’Angleterre est davantage religieux; plus
radical. C’est là un point de vue implicite du film. Mais pourquoi? C’est une
question à résoudre. Si le film ne la résout pas, il a au moins le mérite de la
soulever.
Ceci pose la question de l’ouverture de l’occident : est-ce que
cette ouverture en ferait un lieu de radicalisation? Face à l’ouverture,
l’individu peut se sentir seul. Il cherche alors des repères (ethnoculturels et
religieux) qui lui ressemblent et s’expose alors à des groupes plus radicaux,
prêt à le prendre en charge, qui répondent à son besoin d’encadrement et
d’intégration! (1) L’acceptation de la différence, qui ne s’accompagne pas
d’une certaine intégration, pourrait-elle conduire à un certain radicalisme,
car la personne ne se sent pas acceptée, intégrée, à la société d’accueil. Ce
que nous percevons comme un respect de la différence, dans nos sociétés
plurielles, peut-il être perçu comme une non acceptation, une non intégration,
pour certains nouveaux arrivants? Pire, cela peut-il être pris pour de
l’indifférence ou du rejet? Ce serait un effet contreproductif de
l’ouverture : ouvert au point être laissé a soi et aux radicaux qui savent
recruter ces individus. Ici Illich et Fikielkraut se rejoignent! (2)
Enfin, nos pédagogues qui cherchent les raisons du déficit d’attention
et du décrochage scolaire auraient avantage à voir ce film. Ils verraient qu’il
vient probablement de l’éveil des sens des ados, quand l’attention est plus aux
fesses des gars et aux seins des filles qu’à la matière scolaire proprement
dite! Des fois que ce serait trop simple pour qu’ils y aient pensé!
Notes :
1. Dans la majorité
des cas, cela conduit à une forme
d’intégration positive, mais il peut y avoir quelques cas d’exception.
Malheureusement ce sont ces cas qui font vendre de la copie, comme le
terrorisme! Ainsi, s’il y a entre « entre un et cinq millions » de
musulmans aux États-Unis selon le Département d’État (http://usinfo.state.gov/fr/Archive/2005/Jan/31-823135.html), les médias ne parlent que des quelques individus impliqués dans le
terrorisme, car la peur fait vendre et excite le lecteur. C’est comme si l’on
réduisait les États-Uniens aux tireurs fous, les québécois aux motards et les
italiens à la mafia, car cela frappe l’imagination! Mais l’immigration est
aussi porteuse de succès, sauf que ça ne fait pas la une. Seuls les médias
spécialisés en parlent. Par exemple je me rappelle encore d’un excellent
article lu sur le sujet lu il y a quelques années : M.D.R. Evans, « Immigrant entrepreneuship : effects of
ethnic market size and isolated labor pool », in American sociological
review, Vol. 54, 1989 (December, pp.
950-962).
2. Je pense ici à deux ouvrages : ILLICH, Ivan, 1975, Némésis médicale, Paris: Seuil, coll.
Point et FINKIELKRAUT, Alain, 1987 [1989], La
défaite de la pensée, France: Gallimard, coll. Folio Essai.
Hyperliens :
Maroc : http://www.mincom.gov.ma/french/f_page.html
Multiculturalisme
(car on ne retrouve pas pluriculturel dans Wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Multiculturalisme
Association mondiale
pour l'École instrument de paix :
www.eip-cifedhop.org/indexf.html
Éduquer à la démocratie en milieu scolaire
pluriculturel par Véronique TRUCHOT : www.eip-cifedhop.org/publications/bulletin93/truchotv.html
Altérité, dialogue des cultures et pluralismes par Camille Kuyu Mwissa : www.eip-cifedhop.org/publications/thematique10/kuyumwissa.html
---
D’Arnaud et Jean-Marie Larrieu
À l’affiche le 7 avril
Montréal, 21 mars 2006
— Ce quatrième long métrage des frères
Larrieu (Un homme un vrai, La Brèche de
Roland, Fin d’été), présenté en sélection officielle en 2005 au Festival de
Cannes ainsi qu’au Festival du Nouveau Cinéma, sera le premier à être distribué
au Québec. Peindre ou faire l’amour qui met en vedette Daniel Auteuil, Sabine
Azéma, Amira Casar et Sergi Lopez prend l’affiche à Montréal et à Québec à
compter du 7 avril.
William et Madeleine habitent en ville au pied des montagnes. Mariés depuis longtemps,
fidèles et amoureux, ils ont une vie rangée. Leur fille unique partant vivre en
Italie, ils n'ont plus qu'à s'occuper d'eux-mêmes. Au cours d'une de ses
promenades sur les collines environnantes, Madeleine installe son chevalet
devant une vieille maison et rencontre Adam, un homme fin, cultivé et aveugle.
Il lui fait visiter la maison qu'elle est en train de peindre : elle est à
vendre. C'est le coup de foudre, William et Madeleine l'achètent. Les semaines
qui suivent l'achat, William et Madeleine vivent une période de grand bonheur.
Leur nouvelle vie s'organise dans la proximité d'Adam et de sa jeune compagne
Eva qui habitent à quelques centaines de mètres. Le jour où la maison de leurs
nouveaux amis brûle, William et Madeleine n'ont plus d'autre désir que de les
héberger...
Distribué au Québec par
Métropole Films Distribution, Peindre ou
faire l’amour est une production des Films Pelléas. Arnaud Larrieu et Jean-Marie Larrieu signent
le scénario et la réalisation de ce film dont les images sont de
Christophe Beaucarne.
Commentaires de Michel Handfield (4 avril 2006)
Le couple. La vie. Prendre le temps de peindre pour elle; le vide de la
retraite pour lui, car le travail était le centre de sa vie. Un jour, elle
l’amène voir une maison qu’elle a vue lors d’une de ses escapades artistiques.
Cela devient un projet pour lui : faire sienne cette maison! Une amitié
nait avec le maire et sa femme. Et puis, de chose en aiguille, cela change leur
vie.
Un film très particulier, où manipulation et initiation à l’échangisme
se mêlent. Cela crée des malaises et des sentiments contradictoires. Mais là
est tout l’intérêt pour le spectateur : voir ce qu’il adviendra.
Je n’en dis pas plus, car c’est un film peint en fine couche. En dire
trop, ce serait comme faire une tache sur une toile. Un film qui joue sur les
sens et qu’il faut prendre à son rythme. Respecter l’œuvre!
---
À l'affiche en exclusivité au Cinéma du Parc dès le
31 mars!
Un documentaire de Kim Longinotto &
Florence Ayisi
Montréal, le lundi 20 mars 2006 - Sisters in
law, des réalisatrices Kim Longinotto & Florence Ayisi, qui a été
sélectionné dans plus de 90 festivals dont la Quinzaine des réalisateurs au
Festival de Cannes 2005, prendra l'affiche en exclusivité au Cinéma du Parc le
24 mars en version originale anglaise. L'histoire de ces deux femmes qui se
battent pour faire régner la justice sera présentée en projections de presse le
vendredi 24 mars à 10h et le lundi 27 mars à 10h au Cinéma du Parc. Des DVD
sont disponibles sur demande. Documentaire émouvant et tonique, Sisters in Law
permet d'aborder de manière vivante et universelle des thématiques comme les
droits des femmes et des enfants, les violences conjugales et parentales,
l'exercice de la justice...
Au Cameroun, Vera Ngassa, avocate, et Beatrice Ntuba,
juge, mènent un véritable combat : apporter leur aide à des femmes et des
enfants déterminées à mettre un terme à des existences trop malmenées. Kumba,
une petite ville au sud-ouest du Cameroun. Manka, six ans, a fui sa maison et
sa tante abusive. Sonita accuse avec courage son voisin de viol. Amina a décidé
de mettre fin à son mariage avec un homme brutal en le traînant devant le
tribunal. Les réalisatrices ont suivi la conseillère d'État et la Présidente de
la Cour dans leur travail quotidien : apporter leur aide à ces femmes
déterminées à mettre un terme à des existences par trop malmenées.
À la suite de la 4e Conférence des Nations-Unies sur
les femmes, les avocates du Cameroun ont découvert des lois sur l'émancipation
qu'elles n'utilisaient pas. Elles ont alors rédigé des textes pour expliquer
leurs droits aux femmes en se rendant dans différentes régions du Cameroun. Des
aides financières internationales ont permis la création d'un bureau d'aide
légal à Kumba, en plein centre du quartier musulman. Chaque jour, des femmes
sont conseillées et orientées vers une action de justice quand cela est
nécessaire.
Commentaires de Michel
Handfield (30 mars 2006)
La traite des femmes
est illégale en occident, mais dans certains pays elle existe encore. Au
Cameroun, le mariage peut se conclure comme une transaction financière :
l’homme s’achète une femme en échange d’une somme d’argent ou de bétails donné
à sa famille! La femme est une
« marchandise » selon certaines traditions (interprétations)
religieuses.
S’opposent donc loi et
tradition, et la pression sociale est forte pour la tradition. La culture
traditionnelle et religieuse fait la loi
dans certains milieux pauvres, où l’éducation est faible. Les croyances y ont
préséance sur le législatif. Les sages et les religieux tentent de résoudre les
conflits interpersonnels et matrimoniaux par leur autorité morale.
Sauf que la loi existe et des femmes de lois,
Vera Ngassa, avocate, et Beatrice Ntuba, juge, mènent le combat! Loi et tradition s’opposent donc dans un
combat qui a des allures de libération de la femme, car la loi est d’abord représentée par ces
femmes tandis que les hommes sont les garants de la tradition et de la
religion! Femmes de loi versus idéologues!
Ce tribunal juge des
cas de violence masculine envers femmes et enfants, mais aussi de femme envers
les enfants, selon des règles de droit. C’est particulier, car la liberté et
l’égalité se gagnent par la lutte pour le droit civil contre l’arbitraire religieux,
alors qu’ici on flirte parfois avec l’arbitraire religieux et les us et
coutumes comme droit! (1) Mais la liberté se gagne au risque de certaines
déviances qui ne font pas le système. C’est pour cela que nous avons une cour
d’appel et la cour suprême au Canada, car la justice est un apprentissage
continue (jurisprudence) de check and
balance! Une des personnes que l’on voit dans le film l’a bien résumé par
la formule suivante : “Experience is
the best teacher! ” Si la culture est différente, le droit humain (civil) a
quelque chose d’universel qui rassure dès qu’il est séparé de la culture et de
la religion, bref des idéologies.
Ce film a cependant
soulevé une question importante chez moi : Avec les excès commis au nom de Dieu par diverses religions, comment
peut-on être à l’aise de jurer sur un livre religieux, quel qu’il soit, en
cour? Moi je ne serai plus capable de le faire avec ce que je sais
maintenant. Une question de conscience.
Note :
1. Pensons au débat autour des tribunaux religieux par
exemple. Où à l'Honorable juge Monique
Dubreuil, qui avait laissé sortir deux violeurs avec une peine à purger «dans
la collectivité», vu le «contexte culturel particulier à l'égard des relations
avec les femmes» chez les haïtiens en 1998. La religion ou la foi, sont des
questions personnelles, qui doivent être regardées à la lumière des droits et
de l’égalité entre tous les citoyens. C’est ainsi que les deux récents
jugements sur le sujet, celui concernant le port du kirpan à l’école et celui
concernant un local communautaire à l’École des Technologies Supérieures,
m’apparaissent plutôt équilibrés, même si tous les juristes et spécialistes des
questions de droit, de religion et de société ne sont pas d’accord entre eux
sur ce sujet. Ces débats ne sont donc pas finis. C’est quand même quelque chose
de récent dans nos sociétés, même si elles sont démocratiques depuis longtemps.
La convergence ethnoculturelle ne sera donc pas gagnée en une seule décennie
sur la planète, mais, par des actions comme celles que nous voyons dans ce
film, cela se fera avec le temps.
Hyperliens
- Sur le
film :
www.zerodeconduite.net/sistersinlaw
women make
movies release : www.wmm.com
- Documentaires:
Cameroun: http://fr.wikipedia.org/wiki/Cameroun
Quatrième conférence des Nations unies sur les
femmes : http://europa.eu.int/scadplus/leg/fr/cha/c11903.htm
Fondation Sommet Mondial des Femmes : www.woman.ch
United
Nations Women Watch : www.un.org/womenwatch/
---
Commentaires de Michel Handfield
28 mars 2006 (mis en
ligne le 30 mars)
TRAFIC HUMAIN (Human Trafficking)
Première partie, DIMANCHE 2 AVRIL
2006, TQS - 20h30
Deuxième partie, LUNDI 3 avril
2006, TQS - 20h
Sortie DVD Mardi 4
avril 2006
LA RAGE DE L'ANGE, UN FILM DE DAN BIGRAS
EN SALLES DÈS LE 31
MARS 2006
« Trafic
humain » est un film qui va où le
documentaire ne peut aller. Mais il n’en décrit pas moins une réalité, tout
comme « La rage de l’ange ». C’est pourquoi je traite de ces deux films en même temps.
Suivent en annexe les résumés officiels, car ce texte n’est surtout pas un
résumé. On part de ces deux films, mais l’analyse trace des lignes de force qui
lui sont propres.
***
Humainement, « trafic
humain » est salaud. Ma blonde rageait. Mais dans un monde où le paraître
est valorisé, où tout est commerce et a un prix, l’importation de filles,
incluant des enfants, adaptées à la demande ne surprend pas, car le marché n’a
pas de morale, que ce soit pour l’exploitation sexuelle ou le travail forcé.
C’est le rendement qui compte dans un monde néolibéral. (1)
Importer des jeunes filles pour satisfaire des pervers nous apparaît
immoral et ce l’est; relocaliser nos productions dans des pays où les
conditions de travail sont du quasi esclavage; où donner le corps de sa fille
de 12 ans pour lui procurer un emploi et où l’agression sexuelle
« sert » à punir une mauvaise travailleuse ne nous dérange pas, car
nous ne le savons pas. Le lien n’est pas direct avec le produit que l’on
achète, contrairement à la prostitution. Cependant, il est bel et bien là. On
parle encore d’exploitation, sauf que les apparences sont sauves.
En voyant ce film, pensez qu’une partie de ce que l’on achète, qu’une
partie de la production que l’on relocalise dans des pays du tiers monde - pour
accroitre le profit de nos entreprises et le rendement de nos fonds de pensions
et de nos fonds mutuels - va justement vers des pays où ces conditions
existent. Le capitalisme, c’est l’exploitation!
L’exploitation sexuelle de la femme et des enfants heurte notre morale,
mais cela fait partie du marché. Les questions éthiques que cela pose, on
devrait aussi se les poser pour les autres formes d’exploitation. Des enfants
victimes des rejets toxiques d’une usine de produits chimiques situé dans un
pays en développement, où l’on n’a pas de normes environnementales ni sur le
travail des enfants, sont-ils moins des victimes que ceux qui subissent
l’exploitation sexuelle?
***
Il y a une mince ligne qui sépare l’exploitation sexuelle de
l’exploitation économique, mais cette nuance est morale, pas éthique. On parle
d’abus sexuel. Parle-t-on d’abus de travail? Non, car culturellement on dit
« le travail, c’est la santé! » Mais le travail des enfants et la
prostitution relève souvent d’une même exploitation :
« Au
Pakistan, en Inde ou au Népal, des parents qui ne peuvent subvenir à leurs
besoins, vendent leurs enfants à des fabricants de tapis. Certains, âgés à
peine de 4 ans, tissent la laine accroupis pendant des heures. Des médecins ont
remarqué que cette position pénible de travail leur provoque, à partir de 6
ans, des problèmes de croissance. Parfois leurs mains gonflent, deviennent
douloureuses. Ensuite, à force de respirer des poussières de laine, ils ont des
maladies respiratoires telle la silicose. Beaucoup d'enfants s'échappent donc
de ce milieu et se retrouvent dans la rue. Ils vont mendier pour vivre mais
vont être surtout abusés sexuellement par les touristes étrangers en échange de
quelques roupies. La pédophilie n'étant pas un crime au Népal, le nombre de
touristes ayant une attirance sexuelle pour les enfants ne cesse d'augmenter
dans ce pays. C'est pourquoi la plupart des enfants errant dans les rues de
Delhi, Calcutta et Bombay se tournent vers la prostitution. » (Le travail des enfants en Asie, Site Internet
: www.droitsenfant.com/asie.htm)
Tout comme pour la vente des filles pour la prostitution dans certains
pays d’Asie, on doit parler d’ESCLAVAGE :
« En Asie du
Sud surtout, de nombreux enfants, dès l'âge de huit, neuf ans, sont remis en
gage par leurs parents à un employeur en échange d'une somme modique. Il arrive
que des familles entières, sous couvert de dettes parfois contractées des
décennies plus tôt, soient réduites en quasi-esclavage. Il s'agit d'une
véritable captivité que l'on rencontre notamment en Inde, au Pakistan, au
Népal. » (L'exploitation du
travail des enfants fait enfin l'objet d'une prise de conscience internationale
[1997], in l’État du Monde 2006 CD-ROM)
Si le trafic humain est le commerce de l’avenir pour le crime organisé,
le travail forcé des enfants en est la contre partie pour le capitalisme dans
le cadre de la mondialisation néolibérale. S’il y a 800 000 personnes par
an (majoritairement des femmes) qui sont victimes de trafic inter frontières à
des fins d’esclavage sexuel; 250 millions d’enfants sont aussi au travail, plus
ou moins forcé, selon les estimations concordantes du BIT et de l'UNICEF.
(Ibid., l’État du Monde 2006 CD-ROM) La sympathie que
vous ressentirez pour ces filles victimes d’exploitation sexuelle, dites vous
qu’une large part de la main-d’œuvre étrangère que l’on qualifie de
« voleur de jobs » la mériteraient aussi, car ce sont d’innocentes
victimes de la mondialisation elles aussi. On perd nos emplois ici, eux y
« gagnent » l’esclavage dans un marché de dupe!
Ceux qui sont à la tête de ces trafics - que ce soit d’humains
(prostitution), de drogue ou d’organes –
vivent souvent sous couvert d’hommes d’affaires ou de professions libérales; de
gens qui ont réussis, car notre définition de la réussite est d’abord
économique. Ils sont arrivés! Leur voisin, avec qui ils peuvent jouer au squash
ou aller au golf, peut être le PDG d’une multinationale qui bénéficie du même système
d’exploitation de la misère et du travail des enfants pour accroitre sa
profitabilité, sauf que dans un cas la loi fait que leur marché est illégal
(prostitution infantile) alors que dans l’autre il est tout à fait légal (vente
de produits de première utilité).
Mais il y a une nuance : c’est que dans le cas du trafic humain, le
trafiquant sait exactement ce qu’il fait : il commerce des filles qui ont
été enlevées, souvent des mineures, à des fins de prostitution. Dans le cas du
PDG d’une multinationale, son entreprise achète ou fabrique des produits au
meilleur prix. Il n’importe pas d’enfants, ni ne les fait travailler lui-même.
Cela se fait dans une chaîne de commandement, où les facteurs culturels jouent
un rôle important. Il importe des chaussures, des jouets, des gadgets, et il y
a toute une question de culture qui ne relève pas de lui. D’ailleurs, tenter
d’empêcher le travail des enfants pose problème :
« Ainsi, en 1992, le dépôt aux États-Unis par le sénateur Harkin
d'une proposition de loi prévoyant l'interdiction d'importer sur le sol
américain des vêtements fabriqués par des enfants a suffi pour que 50 000
enfants soient licenciés de leurs usines au Bangladesh et qu'un très grand
nombre d'entre eux soient engagés dans des activités plus dangereuses encore,
comme la prostitution. La prudence s'impose donc. » . (Ibid., l’État du Monde 2006 CD-ROM)
Il nous est donc moralement plus facile de nous en prendre au trafic en
vue de la prostitution, mais il faut aussi regarder les autres formes d’exploitation
des enfants; formes d’exploitation qui viennent avec la mondialisation, car
dans certains pays la prostitution n’est pas plus immorale que le travail
d’usine pour un enfant! À un moment donné,
dans « Trafic humain »,
vous verrez un père vendre sa fillette pour la prostitution et cela choque,
mais si le fabricant de tapis ou de puces électroniques avait été le plus
offrant, il leur aurait vendu sa fillette! La prochaine fois que vous achèterez
un produit qui vient d’un pays où cette pratique a cours, que ce soit une
chemise, un meuble, un tapis ou même un livre, pensez que vous avez peut être
contribué à sauver une enfant de la prostitution, mais qu’elle est peut être
« esclave » quand même.
Quand vous verrez des altermondialistes manifester et que quelqu’un vous
dira – à moins que ce ne soit vous-même qui ne le pensiez – qu’ils seraient
mieux d’aller travailler au lieu d’ainsi manifester dans la rue, dites vous
qu’ils manifestent contre ces pratiques. Car qui dit mondialisation, dit
convergence de différentes cultures – dont celles de l’esclavage – dans un
monde globalisé. On se doit d’en être conscient. On ne peut pas non plus les
isoler, car cela signifierait les priver de développement et il n’y a pas de
terreau plus favorable au terrorisme que l’envi et le sous développement. Mais
il faut trouver des moyens de combattre ces us et coutume. La loi en est un,
mais avant tout il s’agit d’éduquer. C’est la clef maitresse de la démocratie.
Il faut soutenir le développement et l’éducation; combattre les préjugés et les
idéologies. Les missions de paix sont nécessaires, mais l’éducation et les ONG
aussi.
***
Si le cadre ou le criminel qui ont atteint un certain niveau dans la
hiérarchie sont bien vus, ayant un certain standing, on ne peut en dire autant
du jeune de la rue, du petit « bum », qui quête, fait quelques petits
coups et vend son corps pour se geler et oublier ce monde qu’il ne peut plus
voir. Mais ce dernier, contrairement aux premiers, se fait souvent plus de tort
qu’il n’en fait aux autres! Et s’il a une Rolex au bras, il sera considéré
comme suspect. Pourtant les vrais bandits, les exploiteurs sont souvent en
complet 3 pièces, voiture de luxe et Rolex au poignet comme dans « Trafic humain »! Question de préjugé. On le voit bien
dans « La rage
de l’ange ». Dan Bigras nous fait voir le monde
de la rue et ses gens d’un autre angle. La bonté, l’ambition et la manipulation
s’y trouve au même titre qu’ailleurs
dans la société, que ce soit la politique, la police ou la religion par
exemple.
C’est la rue pour se
sauver d’un père violent; d’un père trop amoureux de sa fille, au point de la
confondre avec sa femme qui n’est plus là; où pour fuir son mal être personnel!
La morale comme « arme de destruction
massive » des enfants par des parents « fuckés » derrière leurs
apparences bon chic, bon genre! La violence comme enseignement, qui engendre à
son tour la violence. Mais la rue c’est aussi une famille dysfonctionnelle, où
l’on doit toujours être sur le qui vive pour sa propre sécurité. La rue, c’est
une prison dont il est difficile de sortir lorsqu’on y plonge! On ne peut pas
tout réparer seul, mais on peut tenter de refaire son monde. La réussite n’est
cependant pas assurée. Plusieurs perdent le combat et la rue les broie.
« La rage de l’ange » et « Trafic
humain » sont complémentaires, car s’il y a des filles qui sont
enlevées ou vendues pour faire de la prostitution, certaines le font par choix
et d’autres pour la survie, car elles sont dans la rue pour fuir la violence familiale ou un père
abuseur. Dans la rage de l’ange une
des filles dit « qu’une pute ça soigne les autres en se faisant
crever! » Mais qui soigne les putes? C’est là tout le débat sur la
décriminalisation ou la légalisation de la prostitution par exemple. Mais qui
aident ces filles qui sont là pour fuir un autre milieu? Un milieu que l’on
qualifie parfois d’idéal, dans un quartier huppé ou une ville de banlieue
exemplaire, mais où derrière chaque façade pourrait se cacher une famille
dysfonctionnelle.
Attention,
ce n’est pas le cas de toutes les familles, mais aucun milieu n’est à l’abri,
que ce soit Hochelaga-Maisonneuve, St-Michel, Westmount, Mont-Royal, Brossard
ou St-Lambert par exemple. Une fille peut danser nue ou faire de la
prostitution de rue pour payer sa drogue et oublier son passé dans une famille
dysfonctionnelle. Mais cela peut aussi être une révolte intérieure ayant peu à
voir avec sa famille. On ne peut généraliser, mais on doit aider comme
société. Une autre peut avoir été
enlevée d’une famille où elle était choyée ou avoir été vendue par son père qui
avait des dettes qu’il ne pouvait plus supporter dans un pays en développement.
Cette autre fille peut s’être joué au Casino ou s’être vendu pour payer
une dette de drogue. L’esclavage existe ici aussi.
La réalité de ces deux
films se rejoint donc, même s’ils sont pris sous des angles différents. « La rage de l’ange » couvre davantage que
la prostitution; il couvre la rue. Dans la rue se retrouvent toutes les
problématiques : drogues, prostitution, violence, etc. Dans « Trafic humain », on a les
victimes, mais aussi ceux qui se trouvent au dessus; ceux qui tirent les
ficelles et en retirent un bénéfice en faisant faire le sale boulot par les
autres. Des hommes d’affaires respectables et souvent biens vue. Mais au dessus
d’eux il y en a probablement d’autres qui bénéficient du système mais que l’on
ne voit pas, car les systèmes d’exploitation, légaux et illégaux, en viennent à
se confondre dans le système économique mondialisé. Certains, je pense ici à Anthony
Zimmer (un autre film dont nous avons parlé), savent s’y prendre pour confondre
tous les experts et blanchir le tout avec tact!
Deux films à voir pour se faire une
idée de cette problématique sur laquelle peu de reportages peuvent être fait,
car ces milieux sont impénétrables, sauf avec une caméra cachée. Mais avec
quels risques? Du cinéma de fiction...
documentaire!
Postface
Dans la même semaine que j’ai vu ces
deux films, j’ai lu un entrefilet dans le Maclean’s
soulignant qu’au Canada on n’aide pas les victimes de ce trafic; on les déporte
tout simplement! Le Canada se classerait ainsi parmi les pires pays pour l’aide
aux victimes de trafic humains selon Future Group. (Trafficking is misery, in
Bad news column in Mclean’s,March 13,
2006, p. 11)
Note
1. Ici je pense à
Malthus, père spirituel du néolibéralisme, pour qui le monde est impitoyable.
C’est la survie qui compte et pour cela, s’il faut vendre son corps où sa
fille, ce n’est pas plus immoral que de crever de faim avec elle :
.
« Un
homme qui naît dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir des moyens
d’existence de ses parents auxquels il peut justement les demander, et si la
société ne peut utiliser son travail, cet homme n’a pas le moindre droit à la
plus petite portion de nourriture, et en réalité il est de trop sur la terre.
Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couvert mis pour lui; la
nature lui commande de s’en aller, et elle ne tarde pas à mettre cet ordre
elle-même à exécution. » (Malthus, 1803, Essai sur le
principe de la population, cité par Bernard, Michel, 1997, L'utopie néolibérale, Québec: l'aut'journal
et Chaire d'études socio-économique de l'UQAM., p. 55)
Mais attention, il
ne faut pas mêler néolibéralisme et libéralisme, car il y a même un libéralisme
de gauche : le libéralisme social.
Hyperliens
A web resource for combating human trafficking: www.humantrafficking.org
Trafficking in Human Beings: www.unodc.org/unodc/trafficking_human_beings.html
The future group: www.thefuturegroup.org
Transition Centre-sud : http://transition.crimulti.com/fr/
Stella : www.chezstella.org
La page « Droits, communautaire &
individus » de Societas Criticus : www.homestead.com/societascriticus/autrescomm.html
***
Annexes
Sinopsis
court de TRAFIC HUMAIN (Human Trafficking)
Première partie, DIMANCHE 2 AVRIL
2006, TQS - 20h30
Deuxième partie, LUNDI 3 avril
2006, TQS - 20h
Sortie DVD Mardi 4
avril 2006
Canada, 2005. Drame
policier de Christian Duguay avec Mira Sorvino, Donald Sutherland et Rémy
Girard.
Il est peu connu ici que des centaines de milliers d’enfants et de
jeunes femmes sont enlevées en Europe de l’Est et au Sud Est Asiatique pour
être vendu comme esclaves sexuelles autour du monde. Ce film amène un éclairage
sur cette problématique en montrant comment ces réseaux opèrent, quelle misère
vivent ces femmes et leur entourage et comment la justice combat ce trafic de
notre temps.
***
Communiqué LA
RAGE DE L'ANGE
UN FILM DE DAN BIGRAS EN SALLES DÈS LE 31 MARS 2006
Montréal, le 15 mars 2006 - Galafilm et Alliance
Atlantis Vivafilm sont fiers d'annoncer que « La Rage de l'ange » prendra
l'affiche le 31 mars prochain. Écrit et réalisé par Dan Bigras, le film produit
par Francine Allaire (Le Papillon bleu, Hunt for Justice) est le premier
long-métrage de fiction du populaire chanteur.
« La Rage de l'ange » met en vedette Alexandre Castonguay, Isabelle Guérard,
Patrick Martin, Lulu Hughes, Pierre Lebeau, Dan Bigras, Marina Orsini, Leonardo
Fuica, Tony Conte, Louison Danis, Daniel Rousse et Nicolas Canuel ainsi qu'une
participation spéciale de Serge Postigo et Patrice Godin. Dan Bigras et Luce Dufault interprètent « La
Rivière perdue », le premier extrait musical du film qu'on retrouve d'ailleurs
sur l'album « Fou ». La première
mondiale du film distribué par Alliance Atlantis Vivafilm aura lieu à Montréal
le 28 mars prochain au cinéma Impérial.
« La Rage de l'ange », c'est l'histoire d'amour et d'amitié
de Francis, Lune et Éric, trois anges enragés, liés à la vie à la mort, depuis
les blessures de l'enfance, en passant par l'errance de la rue où ils se
réfugient à l'adolescence, jusqu'au seuil de l'âge adulte. Une histoire de
résilience et de reconstruction, sur le prix de la violence et la force de
l'amour.
Dan Bigras a été découvert au début des années 80 par
Gerry Boulet qui lui proposa d'enregistrer un 45-tours. Dix ans plus tard, l'album « Tue-moi » se
vend à plus de 80 000 exemplaires et reçoit le Félix « Album rock de l'année ».
Après la tournée «Bigras Jalbert» à la fin de l'année 2000, Dan Bigras décide
de prendre un recul face à la chanson.
La scène reste toutefois présente dans sa vie car il continue d'apporter
son aide au Refuge des Jeunes de Montréal, en présentant son Show du Refuge, un
événement qui revient chaque année depuis 1991.
C'est en 2000-2001 que Dan Bigras tourne son premier
film, le documentaire « Le Ring Intérieur».
À titre de comédien, il a notamment joué dans «Rivière des Jérémie», «Le
Dernier Chapitre» (nomination aux Gémeaux dans la catégorie rôle de soutien) et
«Tag». Au cinéma, Dan Bigras était de la
distribution de «Book of Eve», «Le goût des jeunes filles» et «Les Guerriers». Après nous avoir présenté son plus récent
album intitulé «Fou», Dan Bigras signe l'écriture et la réalisation de son
premier film de fiction avec «La Rage de l'ange» dans lequel il se retrouve
également à l'écran.
«La Rage de l'ange» est écrit et réalisé par Dan
Bigras. Au générique, nous retrouvons
Guy Dufaux à la direction photo, François Séguin à la conception visuelle,
Michel Grou au montage, Myrianne Pavlovic à titre de conseillère à
l'écriture, Bobby O'Malley, Pierre-Jules
Audet et Jean-Christophe Verbert au son, Carmen Alie aux costumes et Dan Bigras
à la musique. Luce Dufault et Boom Desjardins interprètent les chansons
principales du film.
Francine Allaire (Le Papillon bleu, Dr. Lucille : un
rêve pour la vie, Hunt for Justice, Steel Toes) est la productrice du film,
cette dernière ayant récemment été nommée directrice des services pédagogiques
de l'Institut national de l'image et du son (INIS). Arnie Gelbart (Cirque du Soleil sans filet,
Les Feluettes) et Francine Allaire en sont les producteurs exécutifs.
Distribué par Alliance Atlantis Vivafilm, « La Rage
de l'ange » prendra l'affiche le 31 mars 2006.
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A
l’affiche le 24 mars
Du réalisateur de “NO MAN’S LAND”
GAGNANT d’un OSCAR et d’un GOLDEN GLOBE
PRIX DU MEILLEUR SCÉNARIO AU FESTIVAL DE CANNES
Montréal, le 1 mars 2006 – En vue de la sortie en
salles du film « L’Enfer » le 24 mars prochain, Alliance Atlantis Vivafilm est
fière d’annoncer la venue au Québec du réalisateur de renommée internationale
Danis Tanovic. Les actrices Emmanuelle
Béart, Karin Viard et Marie Gillain sont dirigées par ce réalisateur oscarisé
dans « L’Enfer », mettant également en vedette Guillaume Canet, Jacques Gamblin
ainsi que Jacques Perrin. « L’Enfer »
est le second volet de la trilogie de Krzysztof Kieslowski et Krzysztof Piesiewicz,
après « Le Paradis » et avant « Le Purgatoire ». Carole Bouquet, Miki Manojlovic et Jean
Rochefort ont également participé au long-métrage. Distribué au Québec par Alliance Atlantis
Vivafilm, « L’Enfer » prendra l’affiche le 24 mars prochain.
Né en Bosnie, Danis Tanovic s’est attaqué en 2000 à
son premier long-métrage de fiction avec « No Man’s Land », film qui a raflé le
prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en plus de remporter l’Oscar et
le Golden Globe du meilleur film étranger.
« L’Enfer » est le second long-métrage du réalisateur, film qu’il a
réalisé en France. Notons également la
participation de Danis Tanovic au projet « II’09’01 », film collectif de onze
réalisateurs d’origines et de cultures différentes par rapport aux événements
du 11 septembre 2001.
A Paris, dans les années 80, un homme libéré de
prison est rejeté par sa femme. A bout de nerfs, il la frappe sauvagement, puis
se jette par la fenêtre sous les yeux de ses trois filles. Aujourd'hui, Sophie,
Céline et Anne, les trois sœurs maintenant adultes, vivent chacune leurs vies.
Le lien familial est rompu. Sophie, l'aînée, est mariée à Pierre, un
photographe avec qui elle a eu deux enfants. Leur couple vacille. Céline,
célibataire, est la seule à s'occuper de la mère impotente placée dans une
maison de retraite. Anne, étudiante en architecture, a une relation
passionnelle avec Frédéric, l'un de ses professeurs. Un jeune homme va entrer
en contact avec Céline. Sébastien, plein de charme, semble vouloir la séduire.
La révélation qu'il va lui faire va rapprocher les trois sœurs, leur permettre
d'accepter leur passé et peut-être d'oser vivre pleinement.
Commentaires de Michel
Handfield (14 mars 2006/mis en ligne le 23
mars 2006)
Un film
ethnométhodologique. On pénètre la vie actuelle de ces trois sœurs et, par
elles, de leur famille disloquée. Leurs histoires personnelles nous conduisent
à leur histoire de famille. Et là on en recompose le sens, le tout entremêlé
d’explications glanée dans un livre, la tirade d’un prof ou un article de
journal qui apparaît par hasard, mais signifiant pour qui porte attention.
L’histoire ne peut être
rejouée, mais elle peut être réinterprétée. Sa relecture est même une nécessité
à la lumière du présent. Si cela est vrai des textes saints ou de l’histoire,
ce que l’on appelle l’herméneutique (1), cela l’est aussi des histoires de vie
et de famille. C’est le propos de ce film. Le passé doit être revu à la lumière
des nouvelles données que nous amène un inconnu, mais qui ne l’est peut être
pas tant que ça.
Un
film pour qui aime les films psychologiques et l’ethnométhodologie. Lent
et profond à la fois.
Note :
1. D’abord, la définition de l’herméneutique a
plusieurs sens, mais ici il signifie la « science qui s'intéresse au sens,
à l'interprétation et à la compréhension. » (Microsoft Encarta, 2006)
Ensuite, en écrivant ces lignes, j’ai pensé aux explications que donne Jean-Claude Guillebaud,
dans « Le goût de l’avenir » (Paris: Seuil, 2003), concernant la réinterprétation des livres religieux et de
l’histoire. (pp. 309-312)
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DE
MA FENÊTRE, SANS MAISON
en salle le 17 mars
Montréal, 13 février 2006 – Premier long
métrage de Maryanne Zéhil, De ma fenêtre, sans maison, viendra clore les
24es Rendez-vous du cinéma québécois le 26 février avant de prendre l’affiche
le 17 mars. Le film sera précédé d’Au cœur brisé, un court métrage
réalisé par Antoinette Karuna.
Mettant en vedette Louise Portal, De ma fenêtre, sans maison
raconte l’histoire de Sana, une Libanaise chrétienne. Incapable de survivre au
traditionnel rôle de mère qu’on lui impose, Sana quitte sa fille de quatre ans
pour émigrer au Québec, échappant ainsi à l’unique statut de la femme
moyen-orientale. Pour survivre à cette immense douleur, elle coupe les ponts
avec son passé. Mais la visite de sa fille Dounia (Renée Thomas) au Québec, 17
ans plus tard, fera rejaillir tout ce qu’elle a tenté d’oublier.
En 1994, Maryanne Zéhil entame une carrière de journaliste au Liban. Elle se
spécialise dans des reportages et des documentaires sociopolitiques, dans un
pays étroit et sous occupation. Francophone de culture, elle décide en 1997 de
s’installer au Québec. La même année, une maison de production française lui
confie une série de documentaires culturels pour enfants. Jusqu’en 2003, elle
tourne dans plusieurs pays du Moyen-Orient. En 2004, elle signe son premier
court-métrage, Le Prix, qui met en scène des gens ordinaires qui n’ont
jamais joué devant la caméra. En 2005, elle produit elle-même son premier
long-métrage De ma fenêtre, sans maison, qu’elle scénarise et réalise à
la fois. Riche de deux cultures, elle se considère aujourd'hui autant Libanaise
que Québécoise, un métissage qu’elle revendique pleinement.
De ma fenêtre, sans maison est distribué par K-Films Amérique. La
direction de la photographe est de Nathalie Moliavko-Visotzky et la musique de
Jean Derome.
Commentaires de Michel Handfield (16
mars 2006)
D’abord il faut que
je souligne la ressemblance entre Louise Portal (qui joue la mère, avocate en
immigration, qui a quitté le Liban il y a 17 ans) et Renée Thomas (la fille qui vient lui
rendre visite après tout ce temps). Cependant, cela ne me surprend pas, car mon
ancien dépanneur, libanais d’origine, ressemblait à un de mes cousins, très
québécois d’origine! C’est là que l’on voit que notre humanité est beaucoup
plus forte que notre ethnicité même si les codes sociaux, culturels, politiques
et idéologiques tentent de nous le faire oublier.
Un film qui nous fait
voir que l’on est enraciné. L’humain est comme un arbre : le déracinement
et le réenracinement ne réussit pas aussi bien à tous, question de codes
sociaux.
On y redécouvre
Montréal dans l’œil des étrangers, touristes ou immigrants :
« Montréal est une ville toujours en fête! » Comme montréalais
d’origine, et très enraciné, je ne le réalise par toujours, car pour moi c’est
normal. Mais, juste de regarder les festivals de cinéma, on comprend :
Festival des films du Monde; Festival du nouveau cinéma, Festival international
du Film sur l’art, Festivalissimo, etc., etc.
Si la ville est
davantage « en fête », elle est aussi davantage libérale. Cela est
encore plus vrai pour qui vient d’un pays où
les codes sociaux sont stricts. Apprendre les limites n’est pas toujours
évident, surtout lorsque leurs frontières sont troubles d’une famille à
l’autre. Il y a là un choc entre les valeurs d’origine, que porte la fille, et
celles de sa mère, qui porte les nôtres. Mais ce choc des cultures, sa fille le
réalisera à son retour au Liban.
Ceci pose enfin la
question de l’immigrant face à lui-même. Pourquoi émigre-t-il? Pour des raisons
économiques ou de valeurs, ce qui n’est pas la même chose. Certains immigrants
regretteront toujours leur chez soi. D’autres, inversement, seront davantage
chez eux ailleurs! Certaines personnes se sentiront toujours étrangères où
qu’elles soient, même si c’est juste dans la ville voisine. D’autres auront
l’impression de communier à des valeurs universelles. La racine ne reprend pas
pareillement pour tous et c’est ce qui explique que certains n’éprouveront
jamais le désir de retourner dans leur pays d’origine alors que d’autres
n’espèrent que ce jour! Quelques uns, enfin, réémigreront une deuxième et même
une troisième fois; changeront de continent une, deux ou trois fois dans leur
vie. Ils en ont besoin.
Un film qui soulève
bien des questions et donne quelques pistes de réponse, mais y a-t-il vraiment
une réponse? Je crois que non. C’est multiple comme les gens qui composent le
monde.
Au cœur brisé (Court Métrage)
Ce
court métrage met aussi en scène Louise Portal et a été réalisé dans le
cadre du concours Cours écrire ton court! dont Antoinette Karuna a
remporté le Grand Prix. Au cœur brisé raconte l’histoire d’une femme en
peine d’amour qui s’aventure dans un village fantastique où on célèbre l’amour
défunt.
Commentaires
de Michel Handfield
On a un malaise face
à ce film. Il dérange. Mais à la conclusion on en saisit toute la symbolique.
Je ne peux en dire plus. A découvrir avec « les yeux du cœur » comme
le dit une chanson de Gerry Boulet.
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Date de sortie : le 10 mars 2006
Durée: 1h30
Réalisé par JÉRÔME SALLE
Avec SOPHIE MARCEAU, YVAN ATTAL - AVEC LA
PARTICIPATION DE SAMI FREY
Synopsis
Génie de la finance criminelle, Anthony Zimmer est recherché par toutes
les polices du monde. Personne ne sait à quoi il ressemble, mais dans la course
qui oppose ceux qui veulent le coincer. Akerman, un flic d'expérience, possède
une longueur d'avance, il sait que Zimmer prendra tous les risques pour revoir
Chiara. Alors que la jeune femme a rendez-vous avec l'insaisissable
malfrat, elle reçoit un mot de sa main. Pour perdre ceux qui la pourchassent,
Zimmer lui demande d'accoster un inconnu et de faire croire qu'il est celui que
tous recherchent. Chiara jette son dévolu sur François, un homme banal qui,
fasciné par la jeune femme, va rapidement plonger dans un cauchemar.
Entre manipulations
et faux-semblants, tous vont découvrir qu'au delà des apparences, ils ne sont
que les pièces d'une partie d'échecs qui se joue en attendant que le maître
arrive...
Commentaires de Michel Handfield (9 mars 2006)
Joueur, il aime se sentir au dessus des lois. Il est dans le monde de la
finance et du blanchiment d’argent. Il a trouvé comment franchir la ligne, si
mince qu’un billet de banque, entre l’illégalité et la légalité. C’est ce qui
donne toute sa valeur à ce Zimmer qui a su mettre au point un système de
blanchiment efficace. La police française et les services secrets russes sont à
sa recherche mort ou vif, mais surtout mort pour les russes!
Thriller basé sur le piège de la séduction, les faux fuyants et la
manipulation. Quant à la vie du pauvre type qu’on a pris comme appât, on s’en
fout! Mais lui, il ne s’en fout pas et il semble même comprendre au détriment
de ceux qui veulent l’utiliser. On ne peut plus s’en foutre comme on le
voudrait, surtout qu’il insiste pour s’en mêler celui là!
Ce qui est vrai, ce qui ne l’est pas se confond dans cette mince ligne
qui sépare la légalité de l’illégalité, le réel de l’irréel. Comme l’image
projetée dans un miroir, le vrai et le faux se confondent. Le miroir est-il la
réalité? Car s’il n’y a rien dans le miroir, il n’y a rien dans la réalité!
Mais le miroir est bien réel lui, si son image ne l’est pas!
En conclusion, un suspens qui a toute la finesse du design européen. Je
vous le recommande.
Hyperlien :
International Herald Tribune, le journal qu’on lit dans ce film, est
disponible à travers le monde. Les espions s’en servaient autrefois pour faire
paraître leurs messages codés dans les petites annonces! Réalité ou fiction? Le
journal est bien réel lui. Même Karl Marx y a écrit. Dans le livre de Jacques
Attali, Karl Marx ou l'esprit du monde
(Fayard, 2005), on y trouve même la photo d’un manuscrit qu’il a écrit pour l’International Herald Tribune en 1873 (photos des pages centrales du
livre). Site Internet : www.iht.com
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(THE THREE BURIALS OF MELQUIADES
ESTRADA)
De Tommy Lee Jones
En salle le 10 mars
Montréal, 21 février 2006 — Prix du scénario et du
meilleur acteur au Festival de Cannes 2005, Trois enterrements, coécrit,
réalisé et joué par Tommy Lee Jones, arrive sur nos écrans le 10 mars.
« Je voulais principalement faire une étude sur les
décalages sociaux qui existent entre les terres au sud du Rio Grande et celles
au nord », dit Tommy Lee Jones en expliquant comment est née cette
collaboration avec le scénariste mexicain Guillermo Arriaga (Amores perros, 21
grammes). «Guillermo et moi partons du sentiment que l’homme qui se trouve sur
l’autre rive, c’est nous-même. »
Le corps de Melquiades Estrada est retrouvé en plein
désert, où il a été rapidement enterré après son assassinat. Les
autorités locales, sans chercher à découvrir les raisons de ce crime, ont
précipitamment fait inhumer Melquiades au cimetière public. Pete Perkins (Tommy
Lee Jones), contremaître de la région et meilleur ami de Melquiades (Julio
César Cedillo), va lui-même mener l’enquête. Seul garant d’une réelle
humanité dans cette étrange région du Texas, il va découvrir le meurtrier
(Barry Pepper), l’obliger à déterrer le corps et offrir à son ami le plus beau
voyage de sa vie, vers une sépulture honorable dans son Eldorado natal, le
Mexique. Il va aussi offrir à son assassin une magnifique leçon sur la vie des
hommes, le sens des valeurs, le respect de la vie.
Chris Menges signe la direction de la photographie et
Marco Beltrami, la musique de Trois enterrements qui est distribué au Québec
par Métropole Films Distribution. Le film est coproduit par Michael
Fitzgerald, Luc Besson, Pierre-Ange le Pogam et Tommy Lee Jones. Il sera
présenté en version originale anglaise, en version française et en version
originale avec sous-titres français.
Commentaires de Michel Handfield (9 mars 2006)
Une frontière, c’est une ligne historique qui ne correspond pas
nécessairement aux gens, mais qui sépare parfois la richesse de la pauvreté,
l’humanisme de l’égocentrisme, la générosité de l’égoïsme! C’est ce qui est sous-jacent à ce film.
Ce long métrage est l’histoire d’un voyage initiatique accompagné d’un
cadavre, de son ami et de celui qui l’a tué. Aussi surprenant que cela puisse
paraître, ce cadavre est un des personnages important du film tant il est
présent. Mais, malgré l’incongruité de la chose, ce n’est pas morbide. Quant à
celui qui l’a tué, pourra-t-il
redécouvrir son humanité au lieu de sa suffisance? Il faut parfois un long
voyage pour cela.
***
Ce film va à l’essentiel. Il est profondément humain. Je l’ai vu avec
plaisir même si j’ai pris peu de notes, car le propos ne s’y prêtait pas. Il
parlait moins à mon côté rationnel qu’aux sentiments et aux émotions. C’était à
un autre niveau que ça se passait. Un niveau que je comprends, mais que je suis
moins à l’aise de mettre en mots. Je pourrais dire qu’il a donné une leçon de
vie à celui qui a tué son ami, mais cela ne dirait pas toute la force de ce
film. Bref, c’est un film que j’ai davantage senti que rationalisé; reçu
qu’analysé! Un western méditatif!
Hyperliens :
Mongrel Média :
www.mongrelmedia.com
Trois
enterrements : www.sonyclassics.com/threeburials
---
2-12 mars 2006, Montréal.
Sed/La soif (Argentine)
De Mausi
Martínez
Les guerres du 21e
siècle seront causées par le besoin d’eau… « Ceux qui possèdent cette
ressource pourraient être victimes de pillages » (Ismael Serageldin, ex
vice-président de la Banque Mondiale). La planète Terre est majoritairement
composée d’eau… Malgré cela, sur notre planète un habitant sur cinq n’a pas
d’eau potable. Une enquête sur la piste de ceux qui viennent chercher de l’eau.
Commentaires de Michel Handfield (8 mars 2006)
C’est un film que nos gouvernants devraient voir, mais je n’ai pas vu
Jean Charest, l’homme des PPP, ni André Boisclair, l’homme dont le parti a
subventionné des embouteilleurs d’eau au nom de la création d’emplois, dans la
salle. Et pourtant, l’eau est convoitée par les multinationales, car ce sera la
richesse du XXIe siècle. Des firmes comme la Lyonnaise des eaux visent d’ailleurs l’achat de ces ressources
collectives et naturelles, car elle vaudra plus que le pétrole! Déjà il y a des
pénuries.
Ce film concerne les pays de la « Triple Frontière, une zone où
confluent les limites du Brésil, du Paraguay et de l’Argentine » (1), mais
pourrait très bien s’appliquer à nous aussi. On y voit les mêmes intérêts, les
mêmes entreprises, vouloir le contrôle de nos aqueducs sous forme de
Partenariat Public-Privé! Des fois l’exploitation des ressources peut
s’apparenter à du vol envers les pays et les citoyens, sauf que c’est le
marché, ce qui légalise bien des choses!
Si dans nos pays démocratiques on
peut se poser des questions, dans les pays où l’odeur de dictature ne s’est pas
tout à fait dissipée, ces questions sont encore plus sensibles. Plus probantes
même, car la privatisation et la militarisation semblent souvent aller de pair
dans ces zones où il y a des richesses naturelles stratégiques dont l’eau, le
pétrole et certains minerais pour les États-Unis et leurs partenaires
occidentaux. Ne sont pas encore entrés dans cette lutte la Chine et quelques
pays émergents, mais cela ne saurait tarder. Et les pays Arabes, qui ont des
pétrodollars, pourraient aussi y voir leur intérêt. L’achat de ports aux
États-Unis pourrait même être une façon d’aller chercher de l’eau, car qui dit
port dit transport et eau!
Bref un film d’actualité qui déborde d’informations. A voir si la
question de l’eau et de la géopolitique mondiale vous intéresse.
Note :
1. Les USA cherchent
à contrôler la Triple Frontière par JOAQUIN ORAMAS :
http://granmai.co.cu/frances/2005/octubre/juev6/41fronta.html
Hyperliens :
Mausi
Martínez : http://www.cinenacional.com/personas/index.php?persona=6160
Global Environment
Facility (GEF) : www.gefweb.org
Bataille pour l’or
bleu à la « triple frontière » par Elsa M. Bruzzone :
http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=801
Banque
Mondiale : www.banquemondiale.org
---
Batalla en el cielo/ Bataille dans le ciel
www.batallaenelcielo.medios.udg.mx
Mexicain - 2004 - 1h28 - Couleur
Un film noir de Carlos Reygadas
avec Marco Hernandez, Anapola Mushkadiz, Berta Ruiz, David Bornstein
Marcos, chauffeur
d'un général de l’armée, et sa femme ont kidnappé un enfant qui en est mort
accidentellement. Dans un autre lieu, Ana, la fille de son patron, se prostitue
par plaisir. Hanté par sa conscience, Marcos se confesse à elle. Finalement, sa
quête de rédemption le conduit à suivre un pèlerinage en l'honneur de Notre
Dame de Guadalupe.
Source : www.cinefil.com/cinema/fichefilm.cfm?ref=36880 et www.festivalissimo.net
Commentaires de Michel Handfield (8 mars 2006)
Je m’attendais à un film plus politique – enlèvement, milieu militaire,
prostitution et religion – mais j’ai eu droit à un film déstabilisant, car on
est sur le fil qui sépare le réel du symbolique. A la fois dans la pensée et
dans la vie : ce que l’on veut, ce que l’on cherche, ce que l’on fuit, ce que l’on est! Un film sur la vie commune,
la confiance, la passion et le remord. Un film où les personnages sont faces à
eux même et à leur réalité même s’ils veulent y échapper. Un film ou la
conscience et la foi luttent avec le désir!
Un film qui soulève la question du repenti, car s’il se repenti
trouvera-t-il l’amour de sa vie de l’autre côté de la ligne?
Attention, ce n’est pas un film léger, ni facile. Quelques personnes ont
d’ailleurs quitté la salle durant la projection, Mais c’est un film qui vaut la
peine d’être vu si vous n’avez pas peur de quelque chose de différent, de
dérangeant et de déstabilisant.
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