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Revues Internet en ligne
Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
www.homestead.com/societascriticus
Vol. 8 no. 4
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
(10 mai 2006 -
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel
Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser
autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer par courriel. Si votre texte est en
fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich
text format) sans notes automatiques.
Un autre
épisode dans le dossier Wal-Mart à St-Michel
Des suites à
suivre! D’abord la réponse
de la ville à notre texte, et notre commentaire à celle-ci.
Le Journal/Fil de presse: Il y aura un deuxième Jean Charest!; Annonce du Fonds du secteur volontaire par le
gouvernement. Une reconnaissance du travail de la société civile dans la
réduction de la pauvreté; LE PARC JARRY : LE PREMIER GRAND PARC BRANCHÉ À
MONTRÉAL ET AU QUÉBEC; Signature
d’un Accord de Paix au Darfour;
Commentaires livresques : Sous la jaquette!
Islam et musulmans, sur Voyage
dans la France musulmane et L'Islam
et la Raison.
Du
plomb dans le gaz au plomb dans le sang! Sur L’HISTOIRE SECRÈTE DU PLOMB.
Nouveaux livres reçus : Savinien Cyrano de Bergerac, 2004, LES ÉTATS
ET EMPIRES DE LA LUNE - LES ÉTATS ET EMPIRES DU SOLEIL. L'Autre Monde suivi de
FRAGMENT DE PHYSIQUE, Édition de Jacques Prévot, 432 pages, France : Collection
Folio classique (No 4110); Annesty International, 2006, Rapport annuel 2006, La
situation des droits humains dans le monde, Belgique : CLAES printing;
Clavette, Suzanne (Sous la direction de), 2006, L'Affaire Silicose par deux
fondateurs de Relations, Québec,
PUL, Sciences humaines, Éducation
et IQRC, 462 pages; Saul, John, 2006, Mort de la globalisation, Paris : Payot.
PRÉSENCE
AUTOCHTONE 2006 : APERÇU
25e CUVÉE
(SAISON 2006–2007) ESPACE LIBRE
###
Michel
Handfield
14 juin 2006
Au nom de la paix, devrait-on abolir
les religions si elles sont cause de dissension et de guerre? Comme on ne pourra jamais empêcher
l’Homme de se questionner sur sa présence; d’où vient-il; qui l’a mis là; bref
sur « Dieu », le hasard ou les extra-terrestres; la religion fera
probablement toujours partie du paysage, car elle relève d’une question
fondamentale : d’où venons nous? L’abolir est donc utopique. On voit même
leur retour en force dans les pays de l’ex-Union Soviétique, malgré des
décennies à essayer de les faire disparaître au nom du communisme. Même la
Chine voit un intérêt grandissant pour le religieux, ce qui n’est pas peu dire.
(1)
Si on ne peut l’abolir, on doit se
questionner sur la Foi et son caractère parfois antidémocratique, quand elle ne
peut être discutée, mais qu’elle est imposée? La foi, les religions et les
croyances pourront-elles un jour sortir de leur enfermement théologique, de
leur « vérité » absolue, pour être débattues librement et
pacifiquement sur la place publique sans que cela ne soit perçu comme une
injure à quelques croyants, prophètes ou dieux que ce soit?
Si l’Homme est né de Dieu,
périra-t-il au nom de Dieu? L’Homme pourra-t-il surmonter cette fatalité ou il
est dans sa destinée de s’y frapper?
Note :
1. Religions en Chine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Religions_en_Chine
---
Michel
Handfield
8 juin 2006
Christiane Charette remplacera Marie-France
Bazzo a-t-on appris aujourd’hui sur les ondes de Radio-Canada (http://radio-canada.ca/radio/indexPc.html). Bravo Christiane, on t’écoutera avec
plaisirs, car tu étais un des deux noms que nous suggérions dans notre édito du
18 mai dernier, « Qui? », pour prendre la relève de Marie-France Bazzo
dans ce créneau. L’autre nom que nous suggérions était celui de Jean-François
Lépine.
Naturellement, même si nous avions envoyé un
tiré à part de notre texte à quelques émissions de la radio de
Radio-Canada, on n’en a pas parlé,
« car on n’y parle que de la presse
écrite » nous a-t-on déjà dit! Nous sommes de l’écrit pourtant, mais
pas de l’imprimé! De l’écrit sur le Web. Un jour ils comprendront peut-être!
Alors bravo Christiane de la part de Societas
Criticus, revue internet très écrite!
---
Michel
Handfield
Le 18 mai 2006
Avec le départ annoncé de Marie-France Bazzo d’indicatif présent, la question est sur
toutes les lèvres : Qui chaussera ses chaussures? Étant un inconditionnel
de la radio de Radio-Canada, j’ai deux noms en têtes que je verrais très bien
« remplacer » Marie-France si l’on peut dire. Bref, c’est un édito en
forme de suggestion à la direction de Radio-Canada. Ces deux personnes, offrant
des qualités exceptionnelles pour ce « job », sont :
- Jean-François Lépine, qui offre ce mélange de
culture et d’informations pour ce type de magazine et qui a d’ailleurs très
bien remplacé Marie-France à quelques occasions déjà;
- Christiane Charrette, qui a aussi du métier
dans ce type d’émission – elle nous l’a prouvé à la télé – et qui est une
excellente intervieweuse.
D’autres chroniqueurs
embarqueront très certainement dans cette dance du « qui remplacera
Marie-France? » prochainement. On verra quelles seront leurs suggestions.
Le débat est maintenant ouvert.
Et comme auditeur je
n’y perds pas vraiment, car je suis un auditif : j’écoute donc la télé
comme j’écoute la radio. Alors je gagnerai Marie-France à mon autre télé
publique tout simplement. Bonne chance Marie-France.
---
Index
Dossier/Essai
Michel
Handfield
5 juillet
2006
Harper [a] dit non à la nation québécoise (1),
ce qui a fait jaser au Québec autour de la fête nationale. Mais, qui se pose
vraiment la question : qu’est-ce qu’une nation? Si on regarde l’usage,
nation et pays sont souvent synonymes, les entreprises multinationales étant
des entreprises présentes dans plusieurs pays et les Nations-Unies un organisme
regroupant des pays souverains à la table commune des nations! Mais en même
temps, on parle aussi des nations autochtones du Canada, nations qui
correspondent à des cultures et des territoires, mais pas à des pays. Ce n’est
donc pas un concept limpide. Voilà une question qui ne pouvait qu’intéresser
Societas Criticus.
D’abord,
avant de discuter un tel sujet, il faut une définition officielle de ce
concept. Après en avoir regardé quelques-unes, voici la définition tirée du
dictionnaire Microsoft Encarta 2006.
Nation
:
1.
groupe humain titulaire de la souveraineté, établit sur un territoire
déterminé et formant une entité politique
Synonyme: pays
- un accord qui concerne plusieurs nations
2. ensemble de personnes liées par la conscience
d'une histoire, d'une culture, de traditions et parfois d'une langue
communes
Synonyme: peuple
- la nation hellénique
Juste à regarder cette
définition, on voit toute l’ambiguïté de la question. Nation est synonyme de
peuple ou de pays, ce qui pose problème pour le gouvernement canadien, car
reconnaître la nation québécoise serait-ce en reconnaître le peuple ou la souveraineté? Question d’interprétation, mais
dans le contexte canado-québécois cela pose plus de problèmes que de
reconnaître la nation Iroquoise par exemple. Il est moins compromettant pour un
politicien canadien de parler du peuple québécois que de la nation québécoise,
vu le double sens de cette expression.
Mais,
socialement, peut-on vraiment parler de peuple québécois? En ce temps du
« mondial » de football (Soccer), on s’aperçoit qu’on est loin d’être
un seul peuple, une seule nation, car chacun revendique une autre identité que
québécoise, remontant parfois de quelques générations s’il le faut! Ainsi, avec
le foot, l’un redevient italien, l’autre français, même si son ancêtre est
arrivé ici il y a 400 ans!
On est un
regroupement de citoyens issus de nations et de cultures différentes, vivant
sur un même territoire et se forgeant une identité commune tout en se
préservant des espaces culturels privés. L’haïtien-montréalais ou
l’italo-montréalais qui va en voyage à Toronto, à New-York ou au pays de ses
ancêtres va probablement se sentir quelque peu étranger et découvrir sa
québécitude au contact des autres. Cependant, et en même temps, l’haïtien-montréalais ou l’italo-montréalais
vont se sentir différents ici malgré un certain partage culturel et civique.
Bref, l’identité québécoise est à la fois une, car nous développons certaines
caractéristiques communes à vivre ensemble, mais aussi multiple, car cette
identité est traversée par des cultures différenciées. Nous sommes en quelque
sorte une communauté multiethnique partageant un même territoire. On n’est pas
si loin qu’on voudrait le croire de l’identité canadienne!
Certains diront que j’exagère et
que je prends des exemples extrêmes. Soit! Alors, je vous pose une
question : croyez-vous que les Tremblay du Saguenay et les Boileau de
Longueuil ont davantage en commun avec les Jones de Kirkland ou les Paquette
d’Hawkesbury? Poser la question c’est un peu lui répondre.
En fait,
comme montréalais, je suis probablement plus près des préoccupations urbaines
de mes concitoyens que de celle des gaspésiens. Mais je suis aussi plus près de
celle des habitants d’autres communautés urbaines, comme Toronto ou Boston, que
de Rivière-du-loup ou d’Alma, car nous vivons des problèmes semblables liés à
la ville! Mon identité est donc davantage montréalaise que québécoise.
Pourtant, je ne peux parler d’une nation montréalaise. Mais j’aimerais!
Le terme de
nation s’applique à une situation bien précise si ce n’est pas à un pays
souverain : « ensemble de personnes
liées par la conscience d'une histoire, d'une culture, de traditions et parfois
d'une langue communes.» (Ibid.) L’appliquer aux Québécois pourrait alors
poser problème face aux non francophones du Québec, car si ce terme peut être
perçu comme inclusif au sens d’habitants du territoire, il peut aussi être
perçu comme une forme d’exclusion des non francophones au sens de peuple, car
il ne faut jamais oublier que la culture et la langue sont intimement liées au
Québec. (2) Si l’on peut parler de citoyens du Québec, il est beaucoup plus
difficile de parler de nation québécoise, tout comme il est difficile de parler
d’une nation canadienne. C’est là que l’on prend conscience que les notions de
québécois et de canadiens ont beaucoup plus en commun qu’on veut nous le faire
croire pour des raisons de nationalisme, car nous avons aussi forgé une part de
l’histoire et de l’identité canadienne.
L’une et l’autre se recouvrent comme des plaques tectoniques, n’en
déplaise aux fondamentalistes québécois et canadiens qui s’opposent.
Cependant,
comme l’on ne peut plus se revendiquer de la nation canadienne-française comme
on le faisait autrefois, pour des raisons politiques évidentes, ni recourir à
celle de Québécois, beaucoup plus large et inclusive, il faut trouver une
solution qui nous est propre. Comme est Québécois tous habitants du Québec,
francophone ou non, d’une même culture d’origine ou non, si on ne peut parler
de nation québécoise on pourrait par contre parler des nations et communautés
culturelles québécoises, cette dernière dénomination recouvrant les groupes
plus restreints. Culture et langues étant très liées dans l’identité, seraient
élevés au rang de nations québécoises les Franco-québécois; les
Anglo-québécois; les premières nations et peut-être quelques ethnies qui ont
une historicité, une culture commune et des institutions assez fortes au Québec
pour le justifier. On peut donner l’exemple de la communauté juive qui répond à
ces critères. Ensuite, pour les communautés qui n’y répondent pas, nous
continuerons de parler de communautés culturelles, ce qui n’est pas péjoratif.
D’ailleurs, la majorité de ces communautés culturelles seraient de toute
manière incluse dans l’une des grandes familles franco-québécoises ou
anglo-québécoises.
La notion de
nation est très complexe et difficile à appliquer, surtout dans une société
multiculturelle et d’ouverture sur le monde comme nous la connaissons.
N’oublions pas que les notions de mondialisation et d’altermondialisme nous
parlent beaucoup au Québec. Elles ont même eu des porteurs d’ici qui les ont
amenés dans le reste du Canada et dans le monde. Alors, à part de faire couler
beaucoup d’encre et faire de beaux titres pour vendre des journaux en période
de « fête nationale » et de disette de nouvelles politiques locales,
je crois qu’être une nation n’apporte pas grand-chose de plus à mon identité de
toute manière, car telle n’est pas la réalité vécue.
Je préfère
de loin être citoyen, ce qui est beaucoup plus ouvert, d’autant plus que nous
partageons des cultures qui ne correspondent plus à une localisation
géographique. En fait, avec les échanges culturels, les migrations, les médias
et l’internet, notre identité puise à plusieurs sources. Notre individualité
est construite de plusieurs couches de couleurs et de vernis pour faire image,
certaines puisant à nos racines et d’autres à des cultures qui nous étaient
totalement étrangères il y a un demi-siècle à peine! On le voit avec le sport,
en cette période de « mondial » de football, et avec les échanges
culturels dans lesquels des citoyens du Québec sont impliqués à l’échelle de la
planète! Pensons au Cirque du soleil
et au Festival de jazz de Montréal.
D’ailleurs, avant d’être québécois ou canadien, je suis montréalais et
internaute. Voilà mon identité première et ce n’est pas une nation.
Notes :
1.
Robitaille, Antoine, « Harper dit
non à la nation québécoise » in Le Devoir, Édition du samedi 24 et du
dimanche 25 juin 2006 : www.ledevoir.com/2006/06/24/112388.html
2. Cela
s’explique par le fait que les francophones sont majoritaires au Québec, mais
se sentent minorisés et en danger sur un continent américain dominé par
l’anglais au Canada et aux États-Unis et par l’espagnol au sud des États-Unis.
Nous sommes comme un îlot francophone dans une mer anglophone!
---
Un autre épisode dans le dossier Wal-Mart à St-Michel
Michel Handfield
19 mai 2006
Cette semaine j’ai assisté à la conférence de presse
de l’ADDM (Association pour la Défense
des Droits des Montréalais) concernant le dossier de Wal-Mart à St-Michel, mais comme je m’intéresse au dossier de
l’ex-carrière Francon depuis des années, ce n’était pas tout à fait nouveau
pour moi. Je suis d’ailleurs membre d’organismes du quartier St-Michel proche
de ce dossier, car c’est le quartier qui m’a vu naître et que j’habite encore.
C’est dire mon intérêt pour ce dossier et le quartier. (1)
Il y a donc quelques jours, Léo Bricault, président
de l’ADDM, s’est prononcé contre la venue de Wal-Mart non seulement à
St-Michel, mais à Montréal. Ancien journaliste et éditeur du Journal
Saint-Michel, son communiqué de presse est assez clair pour que je n’aie rien à
ajouter sur le sujet, sauf quelques points qu’il n’a pas soulevés, mais qui
sont d’importances selon moi.
Premièrement, le site est un joyau en termes de
paysage, car au fond d’une carrière, avec les parois rocheuses, l’on se sent
dans un canyon. Un bijou, dans une ville, que l’on devrait conserver pour des
projets beaucoup plus structurants qu’un centre d’achat. J’en ai déjà parlé
d’ailleurs. Moi, je penserais à un centre de recherche universitaire ou à
vocation internationale par exemple. Ou pourquoi pas l’hôpital universitaire de
Montréal? Il ne serait pas trop tard pour y penser, car les travaux n’ont pas
encore débuté au centre-ville. Vu la valeur des terrains du centre-ville versus
celle de la carrière, qui appartient à la ville de Montréal; les possibilités
qu’elle offre en termes d’espace pour des développements futurs; la
tranquillité du site et sa situation géographique au centre-nord de l’île, soit
près de Pie IX, du futur train de banlieue vers Repentigny et de la
Transcanadienne (boulevard Métropolitain), ce sont des facteurs à ne pas
négliger. (2) Il y aurait aussi de quoi donner des emplois de qualité à un
quartier qui en a bien besoin. Cela constituerait un modèle positif pour les
jeunes du quartier, car nous sommes dans un quartier où le décrochage scolaire
est problématique et ce n’est pas avec un centre d’achat, qui constituera un
lieu de flânage et d’emplois précaires, qu’on résoudra ce problème.
Naturellement, c’est toujours mieux qu’un dépotoir et c’est la seule raison qui
m’empêche d’être contre un projet de centre d’achat, mais on pourrait avoir
davantage de vision à la ville.
Deuxièmement, pour ceux qui croient qu’un emploi au
salaire minimum chez Wal-Mart ou un emploi au salaire minimum dans un petit
commerce d’une artère commerciale c’est du pareil au même, il y a deux
différences majeures à considérer à ce niveau.
D’abord, s’il y a des emplois au salaire minimum
dans les commerces de rue, il y aussi des propriétaires commerçants et des
propriétaires artisans, comme des tailleurs ou des cordonniers, ce que les
grandes surfaces ne peuvent remplacer. Cependant, si ces commerçants-artisans
ne sont pas capables de supporter la perte d’une part de leurs ventes, ils
fermeront, car leur chiffre d’affaires vient en partie de leurs ventes, même si
les réparations représentent souvent la plus grande part de leurs affaires.
Avec les seules réparations, ils ne pourront probablement plus en vivre,
d’autant plus qu’il n’en coûte parfois pas tellement plus cher d’acheter des
chaussures « made in China » que de faire ressemeler ses anciennes
godasses! Seul le mixte entre la vente et la réparation leur permet de tenir le
coup et d’offrir leurs services. Sommes-nous prêts à les sacrifier ainsi? Cela
représente une part du coût humain d’une telle décision.
Ensuite, il faut considérer les emplois indirects.
Nos petits commerçants encouragent
souvent des « locaux » pour leurs tâches professionnelles :
comptabilité, graphisme, services-conseils, institution financière (la BN ou la
caisse pop par exemple). Les géants, comme Wal-Mart, ont leurs professionnels à
leur siège social et cela me surprendrait qu’ils utilisent le designer de votre
quartier. Dans bien des cas, ils ont même leurs services financiers qui
concurrencent nos institutions bancaires. Quand on parle de perte d’emplois, on
ne parle pas que des emplois en vente, même si ce sont les plus visibles, mais
de tous ces emplois qui gravitent autour du commerce de détail. Pensons
seulement à une campagne de publicité orchestrée au Québec versus une campagne
« worldwide », commandé du
siège social d’une multinationale états-unienne à un de leur « major » de la pub! Peut-être que
nos artistes travailleront au doublage, mais ce n’est pas l’industrie de la
création qui en profitera le plus. Ceci n’est pas considéré dans le quantitatif
des emplois directs, mais ce doit l’être dans celui des emplois indirects, tout
comme celui du graphiste qui fait du lettrage pour la fruiterie de son quartier
et le cordonnier qui place de la publicité dans le journal de quartier.
Troisièmement, une telle décision a aussi un coût
environnemental. S’il n’en coûte pas plus cher d’acheter des chaussures
« made in China » que de faire ressemeler ses anciennes chaussures,
ces dernières s’entasseront dans les dépotoirs avant même d’avoir fini leur vie
utile, car on peut faire ressemeler un bon soulier plus d’une fois avant que le
cuir de l’empeigne ne soit plus bon. Ce n’est pas très environnemental comme
approche quand l’on reproche au gouvernement Harper de ne pas respecter
l’accord de Kyoto! Cela c’est sans tenir compte des gaz à effet de serre dus au
transport de tous ces produits, dont les vêtements et les chaussures provenant
de Chine, pour remplacer ce qu’on aurait pu faire réparer ou recycler. Il me
semble qu’il faudrait être conséquent avec les exigences environnementales
que l’on a envers nos gouvernements supérieurs avant de prendre une telle
décision au plan local! Celle-ci est à notre niveau, d’arrondissement et de
ville, alors c’est à nous d’y voir.
Ce sont là des facteurs dont on n’a pas parlé à
cette conférence de presse, mais qui doivent être pris en considération dans ce
dossier.
***
Comme je ne reviendrai pas sur la question de
Wal-Mart et des oppositions que ce géant soulève, ce qu’a souligné M. Bricault
dans sa conférence de presse, voici quelques liens à ce sujet pour ceux
que cela intéresse:
Wal-Mart : www.walmart.com
Wal-Mart sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wal-Mart
TUAC Canada : www.tuac.ca
Wal-Mart watch: http://walmartwatch.com
« La face
cache de l’empire Wal-Mart », Zone Libre, Radio-Canada informations, 2
décembre 2005 : http://radio-canada.ca/actualite/v2/zonelibre/documentaires/Walmart/index.shtml
Notes:
1. a) Pour les lecteurs du site, tous nos textes
antérieurs sur ce dossier sont regroupés sur notre page Criticus Politikos dans un dossier sur l’ex-carrière
Francon actuellement en ligne :
www.netrover.com/~stratji/delinkanpolitik.htm#Francon
b) Pour les autres lecteurs, en bibliothèque par
exemple, voici la liste des textes que
j’ai écrits sur le sujet, avec les numéros de parution, tous disponibles en
ligne à Bibliothèque et Archives Canada (l’adresse web suit la liste) ou
sur CD à la bibliothèque de l’Université de Montréal :
- Un
retour sur Francon (1er mai
2006; Vol. 8 no 3, Éditos);
- Une
vision d’avenir pour un quartier! Ou le recyclage d’une carrière. (2 mars 2006; Vol. 8 no 2, Dossiers/Essais);
- Vision
et union, où ça?
(L’affaire Wal-Mart à Saint-Michel) (14 février 2006) + Suivi (Vol. 8 no 2,
Dossiers et Essais);
- Le
point sur un projet novateur! (9 Décembre 2005; Vol.
7, no 5/8 no 1, Éditos);
- Frilosité
politique face à un projet novateur : le cas de Camping Montréal (4
novembre 2005; Societas Criticus/Dossiers, Vol. 7, no. 4);
- Un site
novateur pour le CHUM! (8 décembre, 2004; Societas
Criticus/Éditos, Vol. 6 no. 3).
BAC : http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/
2. J’ai parlé du CHUM dans les deux textes suivants
: « Une vision d’avenir pour un quartier! Ou le recyclage d’une
carrière. » et « Un site novateur pour le CHUM! », disponibles à
Bibliothèque et Archives Canada. (Voir note 1)
***
Communiqué de presse de l’Association pour la Défense
des Droits des Montréalais
Montréal, le 16 mai 2006
Le maire Tremblay doit rouvrir immédiatement l’appel d’offres concernant
le site de la carrière Francon. L’ADDM exige que l’administration Tremblay
protège les artères commerciales de la ville des effets nocifs de dix nouveaux
Wal-Mart projetés, un appel à l’aide est lancé à la Chambre de commerce.
C’est
dans le cadre d’une conférence de presse tenue au centre St-Pierre à Montréal
ce matin que M. Léo Bricault, président de l’Association de défense des droits
des montréalais (ADDM), a dénoncé le projet d’implantation de 10 magasins
Wal-Mart à Montréal. L’ADDM a critiqué la façon de procéder de l’administration
Tremblay qui a fait fi des procédures usuelles en publiant en catimini pendant
la période des fêtes, soit le 12 décembre dernier, un appel d’offres pour 20 %
du territoire du quartier St-Michel qui prenait fin le 21 décembre, soit 9
jours plus tard, un comportement énigmatique digne du Code Da Vinci. En effet,
statistiques à la main, M. Bricault a démontré que l’examen des appels d’offres
de la ville de la même période révèle que, pour un simple projet de réfection
de bouts de trottoir, une vingtaine de jours étaient accordés!
En
présence de représentants d’artères commerciales montréalaises, M. Bricault a
invité publiquement la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à ouvrir
un débat public sur la question. Profitant de l’occasion, il a aussi invité
tous les autres groupes concernés par la préservation de l’intégrité économique
de Montréal et la qualité de vie et de l’environnement à se joindre à lui pour
contrer le cancer que représente selon lui Wal-Mart pour la ville. Il a
précisé, preuves à l’appui, que des petites agglomérations et d’aussi grandes
villes que New York, ont réussi à fermer la porte à ce citoyen corporatif de
deuxième ordre. « Wal-Mart est un mauvais voisin! » a tonné M.
Bricault en déposant à l’appui une revue de presse massive. « Que diriez-vous
d’avoir comme voisin quelqu’un qui maltraite les gens qui vivent sous son toit,
quelqu’un qui a déjà cadenassé ses employés qui travaillent la nuit,
quelqu’un qui est accusé de nuire à l’accès à des postes de décision pour les
femmes, de racisme, de ne pas respecter l’environnement, d’engager des
travailleurs illégaux, de détruire des centres-villes, quelqu’un de condamné
pour harcèlement psychologique et intimidation de ses employés ici même au
Québec, quelqu’un coupable d’appauvrir et de détruire les emplois
manufacturiers de qualité au pays en facilitant systématiquement l’exportation
de cette production au Tiers-monde où elle est réalisée par des enfants dans
des conditions de travail pitoyables, tout cela ayant comme objectif le
maintien de la mantra honteuse… le plus bas prix à tout prix ? On ne
parle pas de favoriser un employeur québécois comme Bombardier qui a une solide
réputation en tant que générateur d’emplois de qualité. Le maire Tremblay est
en train d’user ses genoux de pantalon pour accommoder un groupe qui représente
historiquement les intérêts de Wal-Mart ».
2,50 $ le pied carré !
Selon
un récent reportage, le projet pour vendre 4 millions de pieds carrés du
quartier St-Michel serait consenti au développeur immobilier au prix de 2,50 $
le pied carré, pour une somme totale de 10 millions $ et à ce jour, on ne sait
même pas qui assumerait le coût des infrastructures municipales nécessaires
(routes, égouts, feux de circulation). De là à donner ce terrain, il y aurait
lieu, comme l’exige aujourd’hui l’ADDM, de publier un nouvel appel d’offres en
bonne et due forme, ouvert pour 90 jours et d’utiliser la même méthodologie que
celle qui a servi lors de la cession du terrain de la Ronde de l’île
Notre-Dame et des installations de l’aéroport de Mirabel, c’est-à-dire faire
appel à des courtiers spécialisés.
À propos
de l’ADDM
L’ADDM
qui a été fondée en 1979 a pour objectif de préserver les droits des citoyens
et citoyennes de Montréal. C’est un des premiers, sinon le premier mouvement
organisé dans le quartier St-Michel pour mettre fin au dynamitage au détriment
des enfants du quartier. À travers l’association se sont réunis au cours des
ans, différents leaders du quartier, autant en provenance du milieu associatif
local que politique et qui ont fait pression sur l’administration municipale
dans divers dossiers. L’organisme, présidé par Léo Bricault, ancien
propriétaire et éditeur du Journal de St-Michel s’est fait connaître dans le
cadre de son intervention pour protéger les aires vertes dans le quartier
St-Michel face à un développement douteux. Le siège social du Cirque du Soleil
occupe aujourd’hui une partie des aires qu’elle a contribué à protéger.
---
Des suites à suivre!
D’abord la réponse de la ville à notre texte, et notre commentaire à celle-ci.
Le
14 juin 2006
Monsieur
Michel Handfield
Monsieur,
Le maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, a bien reçu votre courriel du 22 mai
2006 et le texte publié dans Societas Criticus que vous lui avez fait parvenir
avec vos commentaires.
Je vous rappelle la position de la Ville de Montréal à ce sujet. D’abord, le
maire M. Gérald Tremblay a clairement annoncé en octobre dernier que son
Administration entendait développer l’ancienne carrière Saint-Michel à des fins
commerciales et récréatives. Ce dont se sont réjouis les élus de
l’arrondissement.
Depuis, un comité de concertation mis en place par la Ville de Montréal et
composé de représentants de la Ville, de l’arrondissement, d’organismes locaux,
de gens d’affaires du milieu ainsi que du promoteur Smart Center ayant consulté
le milieu, a tenu compte des préoccupations de la population ainsi que des
organismes et des commerçants locaux sur le développement de la carrière
Saint-Michel.
Cette première étape de consultation étant terminée, le comité exécutif et le
conseil municipal seront appelés dans les prochaines semaines, à approuver un
accord de principe pour permettre au promoteur de mener diverses études pour
s’assurer de la faisabilité de son projet. Si ces études s’avèrent concluantes,
le comité exécutif et le conseil municipal auront à adopter, au printemps 2007,
un accord de développement pour définir les termes et conditions de la
réalisation du projet, les obligations de chacune des parties, les délais
d’acquisitions des parcelles de terrains et les montants minimums
d’investissements.
Cet accord de développement mènera par la suite aux transactions immobilières.
Pendant toutes ces étapes, le comité de concertation poursuivra ses rencontres
et ses travaux. Des séances publiques de consultation permettront aux citoyens
de s’exprimer sur le sujet.
Enfin, l’accord de principe sera rendu public lors de son adoption par le
comité exécutif.
Souhaitant que ces précisions vous permettront de suivre le développement d’un
site qui vous est cher et de prendre part aux débats qu’il suscite, je vous
prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.
Richard Thériault,
Directeur
de l’administration et des communications
---
20
juin 2006
Bonjour
M. Thériault,
Je
vous remercie de votre réponse au tiré à part de mont texte « Un autre épisode dans le dossier Wal-Mart à
St-Michel » que j’ai fait parvenir au maire de Montréal au mois de mai
dernier. Rappelons d’abord que ce texte fut écrit à la suite d’une conférence
de presse d’un groupe opposé au projet. Mon matériel de réflexion pour ce texte était donc cette conférence de
presse.
J’aurai
pu ne pas la faire parvenir à l’attention du maire, mais, comme je sais
d’expériences que les services de documentation ne font généralement que des
revues de presse des journaux imprimés, il m’apparaissait essentiel de vous
faire parvenir ce texte, façon de souligner que la presse internet a aussi
écrit sur le sujet. Peut être devrais-je avoir un correspondant à vos services
documentaire pour lui faire parvenir nos textes lorsqu’ils concernent la ville
de Montréal ou que vous devriez leur refiler l’adresse de notre revue, Societas
Criticus – revue de critique sociale et politique, pour qu’ils y jettent un
œil : www.homestead.com/societascriticus
Ceci
étant clarifié, je suis au courant du processus en cours, car je suis membre de
VSMS. J’ai même voté pour ce processus. Vaut mieux être consulté que de ne pas
l’être n’est-ce pas? Je ne suis donc pas contre l’idée d’un centre d’achat en
principe, car, comme je l’ai écrit,
« c’est toujours mieux qu’un
dépotoir (…), mais on pourrait avoir davantage de vision à la ville. »
Cependant, ne pas être contre n’empêche pas de réfléchir au plus et au moins
d’un tel projet avant de s’y engager. De le questionner.
Que
« Smart! Centres » (www.smartcentres.com), anciennement First Pro, fasse des études de faisabilité
ne signifie pas qu’elles seront concluantes, car le secteur du commerce a des
besoins et des paramètres qui lui sont propres. Si leurs études ne sont pas
concluantes, ils n’investiront tout simplement pas. Il vous faut en être
conscient. Ça s’est déjà vu des projets qui n’ont pas levé. Laissons
donc« Smart! Centres »
faire ses études et faisons aussi les nôtres. Mais si vous ne le faites pas,
rien n’empêche un éditorialiste de penser à votre place. C’est donc ce que j’ai
fait.
***
Amener
les services au creux de la carrière représentera un coût pour la ville. Le
faire pour un centre d’achat versus pour une institution de recherche n’a pas
le même impact socioéconomique, ni la même visibilité internationale. Les
Montréalais ne souffrent pas de pénuries au niveau de la consommation. On n’est
pas l’URSS des années 1970! Alors, investir dans des infrastructures
municipales plus coûteuses (au fond de la carrière) pour un centre d’achat nous
rapporte quoi par rapport à d’autres sites beaucoup plus accessibles et déjà
munis de telles infrastructures à portée de main? Ce sont des réflexions que la
ville se doit d’avoir et rien n’empêche la ville de le faire à cette étape, car
l’accord de principe à être signé n’accorde au promoteur qu’un droit de mener diverses études pour s’assurer de
la faisabilité de son projet. On ne lui cède pas encore le terrain.
Si le promoteur a la liberté de
préférer d’autres sites après étude, la ville doit aussi avoir le droit de
préférer d’autres projets, d’en solliciter de nouveaux ou même de décider,
après réflexion, d’une fin de non recevoir si elle juge que cet espace pourrait
mieux la servir dans l’avenir que d’y construire immédiatement un centre
d’achat. Pensez au modèle des shops Angus, fruit de la vision du milieu, par
exemple. Ce n’est pas parce que l’on est sollicité que la réponse doit être un
oui automatique, ni un rejet je vous l’accorde. Mais les terrains de cette
grandeur sont rares au centre de l’île, près des grands axes routiers et des
services de transport en commun. Avant de le brader, vaut mieux y réfléchir,
d’autant plus que dans le Devoir du 14 juin dernier, on apprenait que « Le Conseil du patrimoine condamne le projet
du CHUM » (1). S’il y a trop de bâtons dans les roues du CHUM au
centre-ville, un autre site devra peut-être être trouvé et le site Francon
deviendrait fort intéressant dans ces conditions, les sites Rosemont et du CP
ayant déjà été écartés. Avez-vous pensé l’offrir au gouvernement. Moi j’en ai
parlé à quelques occasions sur mon site.
Mais si nous revenons au projet
qui nous intéresse ici, même si les études d’impacts sont laissées au
promoteur, cela ne doit pas empêcher la ville de faire ses devoirs. De penser
aux conséquences globales de ses gestes dans le cadre des préoccupations
qu’elle met elle-même à l’avant-plan : l’environnement, l’appauvrissement
de ses citoyens, la circulation et la santé des Montréalais. Quels seront les
impacts d’un méga centre sur ces facteurs? Une concentration des déplacements
motorisés vers un point unique, au lieu de services de proximité dans les
quartiers et accessible à pied ou à vélo? Des économies pour les citoyens et
une amélioration de la qualité de vie? D’autres fermetures d’usines et des
pertes d’emplois, car la pression sera encore plus forte pour importer des
produits asiatiques à meilleur coût? Je vous le signale, car la ville a de
beaux discours sur les déplacements et l’atteinte des objectifs de Kyoto, sauf
que le transport des marchandises entre aussi dans la production des gaz à
effet de serre et le transport de produits d'outre-mer doit entrer dans ces
considérations par rapport à des produits fabriqués ici! En tenez-vous compte
dans vos évaluations? Vous le devriez, car ne dit-on pas penser globalement, agir localement en matière d’environnement! Je
vous signale d’ailleurs à ce propos que nous avons déjà accès aux centres
d’achats Boulevard, Forest, Henri-Bourassa, Langelier et les Galeries d’Anjou
et à plusieurs rues commerciales, soit dans le quartier ou en bordure de celui-ci,
le tout facilement accessible en transport en commun ou en vélo, pour
consommer. Et il n’y a pas de liste d’attente pour y être servi ni de pénurie
dans les magasins. Par contre, nous avons perdu l’hôpital Saint-Michel et il y
a des heures d’attentes aux urgences restantes. Le manque de service est plutôt
là, si vous n’en êtes pas conscient. C’est bien de faire des chartes des
Montréalais et de l’environnement, mais encore faut-il penser ses gestes à la
lumière de celles-ci.
Par
contre, à votre défense, il est vrai que les beaux principes ne mettent pas
d’argent dans les coffres de la ville. On a entendu ce refrain dernièrement de
la part de certains groupes d’affaires. D’un autre côté, pour économiser sur
son compte de taxe, le citoyen pourrait penser de la même façon que ces
affairistes et revendiquer le droit de voter sur des appels d’offres :
pourquoi ne pas voter pour la meilleure firme de gestion pour gérer sa ville au
lieu d’un conseil municipal coûteux et qui s’obstine parfois pour des virgules?
N’est-ce pas une perte d’argent et de temps alors que des gestionnaires
patentés pourraient gérer la ville plus efficacement et à meilleur coût selon
l’idéologie dominante? Une bonne firme de gestion-conseil qui fait dans la
comptabilité, les relations publiques, la gestion de projet et même le
financement et les partenariats publics privés serait tellement plus efficace. Elle aurait certainement l’aval de la chambre de
commerce!
Cependant,
l’efficacité est parfois contraire à la démocratie, mais pour quelques dollars
d’économie certains sont prêt à passer outre. Regardez la Chine : ils
n’ont pas de « démocratie » mais toutes les élites économiques de la
planète ont les yeux tournés vers elle, car elle offre une économie qui roule;
elle ne s’embête pas avec des normes sociales et environnementales trop
contraignantes; et elle offre une main-d’œuvre docile et à bon marché aux
entrepreneurs de tous genres. On parle alors de « démocratie de
marché », façon de démocratiser le non démocratique! Quant aux prisonniers
politiques, ce sont des exceptions collatérales! Pour quelques dollars, bien
des principes peuvent être maquillés! N’ont-ils pas des Mac-Do (www.mcdonalds.com) et des Wal-Mart (www.wal-martchina.com) en Chine? Et les États-Unis, n’ont-elles pas aussi la peine de mort et l’emprisonnement
préventif sans procès? On parle donc bien de « démocraties »!
J’ose
espérer qu’on n’en arrivera pas à ce maquillage de la démocratie ici aussi et
c’est pour cette raison que j’attends plus de ma ville que de la voir servilement attendre la
position d’un promoteur. Qu’elle le laisse étudier ce projet, soit; mais
qu’elle soit aussi ouverte à d’autres opportunités pour ce site s’il s’en
présente de meilleures, car ce n’est tout de même pas le projet du siècle! Elle n’a pas à être davantage liée au promoteur que
celui-ci ne l’est à elle. Il peut décider de ne pas s’embarquer dans ce projet
pour différentes raisons qui le regardent et la ville doit aussi avoir ce
droit. Le projet est en étude chez le promoteur et il doit aussi l’être du côté
de la ville : elle doit l’étudier, réfléchir et peut même changer d’idée si ce
n’est pas la meilleure opportunité de
développement pour le site, le quartier ou la ville. C’est la moindre des
choses auquel je m’attends d’élus qui me représentent. Si moi je suis capable
de réflexions et de discernement; de reconnaître quand je me trompe; et même de
reculer face à des arguments sensés, eux aussi doivent être capables de le
faire.
Une
chance cependant, qu’avant d’en arriver à l’accord de développement et aux
transactions immobilières, « le
comité de concertation poursuivra ses rencontres et ses travaux » et
que « des séances publiques de
consultation permettront aux citoyens de s’exprimer sur le sujet »!
S’exprimer c’est bien, mais j’espère qu’ils seront aussi écoutés. Y aura-t-il
possibilité de référendum? Je vous
pose la question.
Peut
être que le projet est bien aussi, car je ne peux le juger avec le peu
d’informations que l’on a actuellement. Peut être pourra-t-il être bonifié dans
tout ce processus, mais la question de fond demeure toujours : est-il
vraiment nécessaire ou le terrain devrait-il être conservé en réserve de la
république pour un projet futur et plus structurant? C’est sur cela que je
m’interroge : avons-nous vraiment besoin d’autres magasins, possiblement à
grande surface, à Montréal? Et s’il y en a trop, qu’arrivera-t-il de ceux qui
fermeront? La question doit être posée au moment où l’on parle de hausse
possible des taux d’intérêts et d’endettement maximal des consommateurs. Si la
consommation se restreint aurons-nous un nouvel épisode d’édifices commerciaux
barricadés, en délabrement ou transformés en terrains vagues qui attendront de
trouver preneur comme nous en avons déjà connus à Montréal? Cela aussi a un
impact sur la ville. Les mandats de nos élus sont de 4 ans, mais les impacts de
leurs décisions peuvent nous affecter sur plusieurs générations; c’est pour
cela que la vigilance citoyenne est de rigueur.
Bien
à vous,
Michel
Handfield, M.Sc. sociologie
Coéditeur
de Societas Criticus
Citoyen
de Saint-Michel
Note :
1. Kathleen Lévesque, « Montréal - Le Conseil du patrimoine condamne
le projet du CHUM », Le Devoir, Édition du mercredi 14 juin
2006 : www.ledevoir.com/2006/06/14/111591.html
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Il y aura un deuxième Jean Charest !
Communiqué
Victime d’une grave erreur judiciaire, Michel Dumont
changera de nom pour celui de Jean Charest.
L’objectif de sa démarche : répondre à l’absurde
par l’absurde pour dénoncer la situation insensée des victimes d’erreurs
judiciaires qui sont à la merci du gouvernement Charest, un gouvernement
qui nie aux victimes leur droit à une indemnisation.
Montréal, le 29 juin 2006 – Condamné injustement pour un crime qu’il n’a
pas commis et pour lequel il a purgé trois ans de prison, Michel Dumont,
président d’Injustice Québec, un organisme de soutien aux victimes d’erreurs
judiciaires, a annoncé aujourd’hui qu’il a déposé une demande officielle de
changement de nom auprès du directeur général de l’État civil. Il pose ce geste
sans précédent pour se libérer du fardeau qu’il traîne depuis plus de cinq ans,
soit depuis qu’il a été acquitté unanimement par trois juges de la Cour d’appel
du Québec de toutes les accusations en rapport avec une affaire de viol commis
en 1990 à Boisbriand. Cinq années difficiles pour cet électricien, sa femme et
leurs cinq enfants, qui subissent les conséquences de ce dérapage de la
justice.
Par sa demande de changement de nom, Michel Dumont
fait état de son combat pour rétablir sa bonne réputation. Une réputation
noircie à la suite d’une enquête bâclée et du travail minable de la Couronne,
menant à son incarcération ainsi qu’à la perte de la garde de ses enfants. Tout
cela en dépit de l’existence d’un affidavit signé par la victime qui
l’innocentait, un affidavit qui s’est mystérieusement égaré! Il révèle aussi la
honte vécue par ses enfants, un cauchemar qu’ils devront tous nécessairement
revivre lors du procès au civil auquel le gouvernement Charest le pousse. Il invoque
aussi le manque d’empathie évident de Jean Charest à qui il a écrit pour lui
demander d’agir, ce qu’il refuse de faire en refilant le dossier aux ministres
successifs de la Justice, dont le dernier est Yvon Marcoux. « J’ai
hésité longtemps à choisir ce nom car Jean Charest est loin d’être un chef
populaire au Québec... mais à l’absurde, je réponds par l’absurde!
J’anticipe d’utiliser ce nouveau nom “notoire” lors des prochaines élections
pour dénoncer les péripéties qu’on impose aux victimes d’erreurs judiciaires
pour se faire dédommager des torts subis... J’ai envisagé de
prendre le nom de Paul Gobeil, un nom bien chanceux, qui a réussi à faire voter
une loi spéciale à l’Assemblée nationale pour faire pousser des condos dans le
parc national d’Orford! Et pendant ce temps-là, les victimes d’erreurs
judiciaires attendent depuis des années qu’on les indemnise. Dans mon
cas, cela fait cinq ans que j’attends... M. Charest refuse toujours
d’intervenir tandis que le ministère de la Justice maintient la fiction
juridique en prétextant qu’il existe un programme d’indemnisation pour les
victimes d’erreurs judiciaires. »
Ce programme, lancé en 1988, n’est rien d’autre que
quelques lignes directrices. D’ailleurs ce semblant de programme n’a mené qu’à
l’indemnisation d’un seul Québécois, Réjean Pépin, qui a dû patienter 15 ans
avant qu’on s’occupe de lui, et seulement à la suite de l’intervention directe
du Protecteur du citoyen. En 1997, ce dernier, appelé à enquêter sur le cas de
M. Pépin, avait recommandé la création d’un programme québécois d’indemnisation
des victimes d’erreurs judiciaires. Son raisonnement était le suivant :
nous devons, collectivement, assumer les risques de dérapages de la justice.
Mais cette portion du rapport a été reléguée aux oubliettes. Et Michel Dumont
d’ajouter : « J’accuse Jean Charest d’aveuglement volontaire en forçant
les victimes à poursuivre au civil pour recevoir une indemnisation qui leur est
due. J’accuse Jean Charest de manquer d’humanité en refusant la création d’une
loi spéciale permettant l’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires.
J’accuse Jean Charest et son ministre de la Justice de laxisme entraînant des
délais d’audition interminables. La justice est bien loin d’être une priorité
pour ce gouvernement, à moins que ce soit pour un “spin” lors d’une campagne
électorale. J’ai ainsi l’intention de suivre de près la caravane de Jean
Charest cet automne s’il y a des élections.»
Michel Dumont propose à cet effet un slogan pour la
prochaine campagne du PLQ « On est capable du meilleur et du pire, mais
dans le pire, on est les meilleurs.»
Injustice Québec fait état de sa lutte pour le droit à
l’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires
Rappelons que l’ONU a promis de faire enquête sur le
refus des gouvernements fédéral et provincial d’indemniser Michel Dumont, qui
affirme « M. Charest se gargarise de son bon coup d’être admis à la
table de l’UNESCO mais son manque de respect pour le pacte que Québec a signé
avec l’ONU est un affront aux droits intrinsèques de la personne ».
Jean Charest doit mettre fin à son aveuglement volontaire et respecter la
parole du gouvernement du Québec. En effet le droit fondamental d’être
indemnisé pour une victime d’erreur judiciaire est consacré par le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques, auquel le Canada
ainsi que le Québec ont souscrit sans réserve devant la communauté
internationale. Il est donc très surprenant, voire contradictoire, que l’on
n’ait jamais élaboré, ni au Canada, ni au Québec, un quelconque mécanisme
structuré et encadré d’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires. Il est
à noter que le Québec a entériné le Pacte le 21 avril 1976 par
l’Arrêté en Conseil 1438-76, pris sous l’égide de l’article 17 de la
Loi sur le ministère des Affaires internationales. Deux ans plus tard, le
2 novembre 1978, le Québec adhérait au Protocole facultatif aux
termes de l’Arrêté en Conseil 3343-78. Ce Pacte est l’une des composantes de la
« Charte internationale des droits de l’Homme ».
L’article 14 (6) du Pacte stipule ce qui
suit :
« 14 (…) 6. Lorsqu’une condamnation pénale
définitive est ultérieurement annulée ou lorsque la grâce est accordée parce
qu’un fait nouveau ou nouvellement révélé prouve qu’il s’est produit une erreur
judiciaire, la personne qui a subi une peine à raison de cette condamnation
sera indemnisée, conformément à la loi, à moins qu’il ne soit prouvé que la
non-révélation en temps utile du fait inconnu lui est imputable en tout ou en
partie. »
Signalons que cette disposition n’impose aucunement à
la victime d’erreur judiciaire le fardeau de «prouver» son innocence, encore
moins «hors de tout doute». Cela est logique; dès que cette personne est
acquittée, elle retrouve, comme tout justiciable, le bénéfice de la présomption
d’innocence.
À propos d’Injustice Québec
Injustice Québec se consacre à la prévention des
erreurs judiciaires et au soutien des personnes qui en sont victimes. Ses
moyens d’action sont l’éducation, la promotion et la défense des droits des
victimes d’erreurs judiciaires, ainsi que la pression en faveur de réformes
législatives. L’organisme souhaite contribuer à faire du Québec une société
plus juste et plus humanitaire. Les victimes considèrent que l’accès à la
justice est primordial dans une société démocratique, une réalité à laquelle
elles souhaitent que Jean Charest non seulement réfléchisse, mais agisse.
---
Annonce du Fonds du secteur volontaire par le
gouvernement
Une reconnaissance
du travail de la société civile dans la réduction de la pauvreté
Montréal, le 15 juin 2006- L’Association
québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) accueille
favorablement l’annonce faite ce 15 juin par la ministre de la Coopération
internationale, Madame Josée Verner, concernant la création d’un nouveau Fonds
du secteur volontaire. Ce fonds, doté d’un budget annuel de 20 millions de
dollars, aidera la conduite de projets de développement visant à réduire la
pauvreté, promouvoir les droits de la
personne et à renforcer les organisations de la société civile du Sud.
La ministre a
également annoncé que, dans le cadre de ce fonds, l’ACDI travaillera de concert
avec les sept Conseils provinciaux de coopération internationale, dont l’AQOCI
fait partie, pour offrir aux organisations non gouvernementales canadiennes et
québécoises un programme de formation. Selon
L’AQOCI demande au
gouvernement canadien de poursuivre ses engagements internationaux en faveur de
la réduction de la pauvreté de concert avec les organisations de la société
civile canadienne.
L’AQOCI regroupe 54
organismes de coopération et de solidarité internationale œuvrant au Québec
pour le développement solidaire, juste et démocratique à l’échelle mondiale.
SOURCE : Maria-Luisa Monreal, directrice de
l’AQOCI
---
LE PARC
JARRY :
LE PREMIER
GRAND PARC BRANCHÉ À MONTRÉAL ET AU QUÉBEC
Montréal – 16 mai 2006. Résultat d'un partenariat
communautaire, communauté (P.C.C.), le projet d'un parc branché dans le
parc Jarry est le premier du genre à Montréal et au Québec à voir le jour. Il
recoupe les communautés des Clercs de St-Viateur de l'institut des sourds
et muets et des Jésuites de la maison Bellarmin d'une part, et d'autre
part du côté communautaire on y trouve la Coalition des amis du parc Jarry,
Communautique (un groupe communautaire œuvrant dans le
domaine des technologies informatiques pour les rendre accessibles à la
communauté) et finalement l'organisme sans but lucratif (OSBL) Île Sans Fil.
Chacune des entités a procuré qui une expertise, qui de
l'argent, qui des toitures, qui l'accès à des bandes passantes à haute vitesse
commerciale pour un branchement Internet. Chacun y a vu la possibilité de
redonner à la communauté un service non pas essentiel, mais utile pour des
membres de la communauté environnante du parc Jarry soit ses résidents de
proximité et ceux venus de l'extérieur.
Deuxièmement, nous croyons dans l'aspect démocratique de
l'accès au réseau Internet. C'est ainsi que nous pensons que la technologie du
WIFI (Wireless Fidelity) qui a déjà fait ses preuves peut être utilisée dans le
but d'amener les gens à entrer en contact entre eux et contribuer grandement à
l'émergence de nouvelles communautés dans le parc Jarry et à l'extérieur.
Ainsi, nous entendons utiliser ce point d'accès qu'est le parc Jarry dans le
but de promouvoir l'interaction entre ses usagers et enfin fournir de l'information
qui soit pertinente localement, si besoin il y a, en prenant les mesures de
sécurité inhérentes à un lieu ouvert et public.
En somme, le projet Un parc branché se veut un
outil de rassemblement en réseautant des individus dans un espace vert soit le
parc Jarry et cela tout a fait gratuitement, 7 jours sur 7 et cela 24 heures
par jour, évidemment selon la réglementation sur la fréquentation des parcs en
vigueur.
---
Signature d’un Accord de Paix au Darfour
L’AQOCI déplore le laxisme canadien devant la
désolation au Soudan.
Lettre ouverte au Premier ministre, au ministre des
Affaires étrangères et à la ministre de la Coopération internationale du
Canada.
La région du Darfour, au nord-ouest du Soudan,
est ravagée, depuis février 2003, par un conflit économico politique qui a
provoqué la mort de 300.000 personnes et un exode massif d’environ 200.000
réfugiés au Tchad. Cette catastrophe humanitaire, à propos de laquelle les
Nations Unies évoquent un « nettoyage ethnique », est souvent
éclipsée par les fragiles pourparlers de paix entre le nord et le sud, qui
s’affrontent depuis 1983. La signature le vendredi 5 mai 2006 d’un accord de
paix prévoyant entre autres la création d’un gouvernement régional pourrait
ouvrir la voie au déploiement d’une force des Nations-Unies au Darfour.
Toutefois, un regain de violence est constaté sur le terrain. Selon la Croix
Rouge au Soudan, 5000 personnes se seraient réfugiées au camp de Gereida à
cause des récents combats alors que la population dans ledit camp a plus que
doublé depuis le début de l’année.
Il
faut rappeler que le Canada collabore activement avec d'autres pays au sein des
Nations Unies pour veiller à ce que le Conseil de Sécurité assume ses
responsabilités concernant le conflit au Darfour. Le Canada doit poursuivre son
rôle de sensibilisation auprès des membres du Conseil, notamment en
encourageant l'élaboration d'un régime de sanctions ciblées visant à mettre un
terme à la violence au Darfour, et en faisant en sorte que toutes les parties
concernées au Darfour soient tenues responsables de leurs actes. À la
Conférence des donateurs tenue à Oslo en avril 2005, le Canada a promis de
verser 90 millions $ sur une période de deux ans pour aider le peuple
soudanais. En outre, une somme de 14 millions $ a été allouée au ministère des
Affaires étrangères pour lui permettre de soutenir les initiatives de
consolidation de la paix dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance,
de la justice ainsi que du bien-être économique et social, et pour faciliter le
processus de paix.
Toutefois, le laxisme et l’hésitation
constante du Canada à intervenir de façon plus
ferme- notamment par l’envoi de troupes canadiennes- dans ce que de
nombreux experts dénoncent comme le premier génocide du 21ème siècle,
jettent des doutes sur l’engagement réel du Canada dans le processus de paix au
Darfour. Nos gouvernements vont-ils restés inactifs devant le conflit le plus
meurtrier depuis le génocide du Rwanda ? Quand le Canada va-t-il
clairement prendre position pour soutenir cette nouvelle mission
potentiellement dangereuse de l’ONU ? Le Canada soutiendrait-il les
Nations-Unies pour remplacer – tel que souhaité par le secrétaire général Kofi
Annan- les 7000 soldats de l’Union africaine et rétablir la paix dans un Soudan
dévasté par des milices arabes, présumément financées par le gouvernement
central, qui sèment la terreur parmi les populations noires ?
Lors
d'un débat à la Chambre des Communes, le lundi 30 avril dernier, le ministre
canadien des Affaires étrangères Peter MacKay avait dit souhaiter de nouveaux
engagements de la communauté internationale au Darfour, mais ne s'était pas
prononcé sur l'envoi de soldats canadiens. Deux députés de l'opposition
libérale, Keith Martin et Stéphane Dion, ont également estimé que "le Canada doit puiser dans ses ressources
diplomatiques, politiques et militaires pour mettre fin à cette catastrophe
humanitaire"."A chaque jour
qui passe, notre inaction signe l'arrêt de mort de milliers de personnes, en
raison de la violence, de la malnutrition et de la maladie qui sévissent dans
la région", ont-ils ajouté dans un communiqué commun. De son côté, le
sénateur Roméo Dallaire, ex-commandant de la mission de l'ONU lors du génocide
au Rwanda en 1994, a appelé le gouvernement conservateur à envoyer un important
contingent canadien au Darfour dans l'éventualité du déploiement d'une force de
maintien de la paix de l'ONU. "Le gouvernement canadien essaie-t-il de se
soustraire en douce à ses obligations dans la tragédie qui est en cours au
Darfour? Il semble que oui...", a-t-il affirmé dans une lettre publiée
dans plusieurs journaux canadiens.
Jusqu’à
la signature de l’accord de paix du vendredi 5 mai 2006, le gouvernement
soudanais prétextait des négociations engagées avec les mouvements rebelles
pour s’opposer à une intervention militaire de l’ONU au Soudan. Si le cercle
vicieux pourrait être brisé par la signature de cet accord de paix, la
dégradation se poursuit dans les camps de réfugiés et les pénuries d’aide
alimentaire pourraient augmenter dans un futur proche, notamment au cours de la
saison des pluies qui commence. Par ailleurs, peu d’observateurs pensent qu’une
force de l’ONU puisse être opérationnelle avant la fin de l’année.
Pour
l’AQOCI, il est clair que la lenteur de la communauté internationale aussi bien
que celle du Canada à réagir et à agir concrètement au Darfour ne peuvent
qu’augmenter les menaces qui pèsent sur cette région et ses populations. En
conséquence, l’AQOCI lance un appel au gouvernement pour qu’il s’exprime
clairement sur son engagement et les actions concrètes à mener au Darfour par
le Canada pour venir en aide aux victimes
d’une des plus graves catastrophes humanitaires de ce début de siècle.
Maria-Luisa
Monreal
Directrice générale
AQOCI
Montréal,
le 15 mai 2006.
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Commentaires
livresques : Sous la jaquette!
Michel Handfield
26 mai 2006
L’islam
et les musulmans font parler dans les chaumières. On craint ce que l’on ne
connaît pas, comme des habitudes différentes des nôtres. On a des préjugés, qui
nous viennent en partie de notre culture. La rumeur devient vérité et
l’actualité l’alimente. Le moindre attentat impliquant quelques islamistes nous
fait craindre tous les musulmans.
Pourtant, une poignée de terroristes
« islamistes » sont loin d’être représentatifs de tous les musulmans,
qui sont 1,3 milliard de croyants
dans le monde, soit 20 % de la
population mondiale! (1) Ce serait comme dire que les Québécois francophones
sont tous des motards criminalisés en devenir ou les Italiens des mafiosos en
latence.
Voyage dans la France musulmane est un livre approprié pour
contrer cette méconnaissance. Un livre actuel
et accessible dont nous parlerons suite à l'Islam et la Raison,
plus herméneutique, mais non moins intéressant.
***
CHEBEL, Malek, 2005, L'Islam et la Raison,
France : Perrin (www.editions-perrin.fr), ISBN : 2-262-02369-7.
D'abord, L'Islam et la Raison prend un point
de vue historique. On y apprend que l’islam a peu fréquenté les autres
religions et philosophies, ce qui aurait pu faire un contrepoids à la
théologie. (2) Il a été le lieu de combats internes, fratricides, entre
divers courants de pensée, allant des plus orthodoxes aux plus libéraux,
combats non seulement sémantiques, mais armés. Religion fermée elle en a payé
le prix. Seule à Cordoue existait cette convivialité entre foi et
philosophie selon Malek Chebel, anthropologue, spécialiste du monde arabe
et de l’islam :
« Cet
esprit qu’on appelle aujourd’hui l’esprit de Cordoue aura marqué l’histoire de
l’islam. Tous les spécialistes de l’Espagne musulmane accréditent
l’incroyable convivialité qui régnait entre les communautés, en particulier
musulmanes et juives, et ce, pendant plusieurs siècles. Cela venait-il d’une
aptitude propre aux habitants de Al-Andalus plus aptes qu’ailleurs à se prêter
aux jeux de l’esprit, à la controverse et à la spéculation philosophique? Une
aptitude qui aurait préféré à l’affrontement radical le compromis politique, la
joute verbale? » (CHEBEL, p. 86)
Ce fut un lieu de culture jusqu'à la mort
« d’Abu Ya’qub Yusuf
prince-philosophe en l’an 1184 ». Alors, les choses changèrent; les
théologiens ont pris le haut du pavé sur les penseurs et l’on brûlât tous les
ouvrages de philosophie. Un changement qui affecta le monde musulman :
« L’irrationnel gagna petit à petit
les esprits. » (CHEBEL, p. 94)
Si la raison a perdu du terrain au dépend de la
foi, il faudrait qu’elle en reprenne aujourd’hui. Pour cela il faut
« donner aux théologiens modernistes la possibilité de réajuster à la
réalité du monde moderne les textes et les concepts coraniques » (CHEBEL,
p. 146). Mais est-ce possible?
Ce livre est fort intéressant pour saisir le
combat entre foi et raison dans l’islam; pour en comprendre les racines; et,
finalement, pour comprendre les relations qui existent entre les diverses
écoles musulmanes entre elles et avec le monde extérieur. L’auteur conclu sur
« le temps du renouveau »,
car l’islam doit se renouveler pour demain. Mais « le combat des idées en
Islam ne ressemble pas à un long fleuve tranquille » (CHEBEL, p. 146).
L’Islam et la Raison s’adresse à un public de moyennement à très
informé, car son sujet est spécialisé de par son essence. Il plaira au lecteur
qui aime l’histoire et les civilisations tout autant qu’au chercheur intéressé
par les questions d’islam, de philosophie, d’anthropologie et de culture, bref
d’herméneutique.
***
Hajji, Sadek, et Marteau, Stéphanie, 2005, Voyage
dans la France musulmane, France : Plon.
Le renouveau de l’islam pourrait-il venir de
l’influence des musulmans d’occident? Des musulmans de France par exemple. Voyage dans la France musulmane est d’ailleurs un
livre fort éclairant sur le sujet. D'abord, il met les pendules à
l’heure : tous les musulmans ne pratiquent pas au même degré. Certains
sont non pratiquants par exemple, mais musulman de culture, car ici on ne parle pas exclusivement de religion quand
on parle de la « France musulmane », mais d’un groupe
socioculturel. Tous les débats qui traversent la société française sont des
débats qui intéressent aussi les musulmans de France.
Leurs réflexions, que ce livre rapporte, sont éclairantes non seulement
pour les Français, mais pour tous les Occidentaux qui ont une immigration
musulmane sur leur territoire, ce qui est notamment le cas du Québec :
pourquoi certains se sentent-ils Français et laïques par exemple, alors que
d’autres se sentent toujours étrangers et musulmans? Les fait-on toujours se
sentir étranger après des générations de présence en sol français? Prenons
l’exemple de Mohamed Ghatou, 73 ans. Il a fait son service militaire pour la
France; son père a aussi fait son service militaire en 1918 et la guerre de
39-45; et son oncle est mort dans les tranchées en 1918. Il est donc français
depuis quelques générations, mais «Il se bat [encore] pour ses
petits-enfants, tous nés de mariages mixtes… » (Hajji
et Marteau, p. 22)
Pour ne donner qu’un exemple des débats
citoyens entourant l’islam, qui traversent le monde occidental et les
communautés musulmanes elles-mêmes, nous n’avons qu’à penser à celui entourant
le port du foulard islamique. Pour Mohamed :
« Politiquement,
je préfère l’extrême droite, avec sa politique ouverte pour la religion. Je
pourrais voter Le Pen, c’est le seul qui soit pour le voile et qui veuille des
femmes décentes », lance-t-il sans rire. » (Hajji et Marteau, p.
165)
Pour Ahmed, arrivé du Maroc en 1989, c’est
l’inverse :
« J’ai
ressenti de la pitié pour ces jeunes filles. Je me suis dit : « Mon
Dieu, quelle ignorance que d’avoir pris cela dans l’islam », qui est une
civilisation autant qu’un texte. À cause de leur inculture, elles sont manipulées
par des gens qui ont une lecture littéraliste du Coran qui n’a rien à voir avec
l’esprit de l’islam », s’emporte-t-il. » (…) Ahmed se dit agnostique,
bien qu’il ait été très proche de son grand-père, un imam réputé du Sud
marocain (…). (Hajji et Marteau, p. 57)
On le voit bien : la communauté musulmane,
comme toutes les autres communautés, ne fait qu’une qu’aux yeux des autres.
C’est comme dire les « Français », les « Québécois » ou
les « Canadiens »! Ça ne veut rien dire, car toutes les communautés
sont traversées par des courants de pensée divers, mais face à un groupe on a
tendance à le réduire à quelques caractéristiques. Tous les États-Uniens ne
sont pas fondamentalistes chrétiens; tous les Français ne sont pas lepénistes;
et tous les musulmans ne sont pas des fondamentalistes islamistes!
Cette tendance à catégoriser est aussi vraie
chez les mieux intentionnés. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes
intentions? On peut penser au multiculturalisme canadien par exemple, où l’on
parle de communautés ethnoculturelles. Dans mon arrondissement, nous retrouvons
des Grecs, Indiens, Pakistanais, Haïtiens, Italiens, Magrébins… et des Canadiens français (3) pour ne nommer que
ceux-là. Mais ils seront Haïtiens, Italiens ou Magrébins pendant combien de
générations encore? Quand seront-ils pleinement Québécois ou Canadiens?
Le multiculturalisme peut constituer une forme
d’acceptation tel que tu es, mais il
représente aussi une forme d’exclusion, renvoyant toujours le citoyen à son
ethnicité originelle! Il n’est jamais Canadien ou Français, mais toujours autre. C’est ainsi qu’un
Maghrébin ou un musulman français, même né d’un mariage mixte, n’est jamais
tout à fait Français! C’est un poids supplémentaire à porter, car ils ne
connaissent parfois plus grand-chose des valeurs ancestrales qu’on leur prête.
Cela est d’autant plus marquant pour les descendants de mariages mixtes,
toujours identifiés à leur racine « autre », rarement à leurs racines
autochtones! On en parle dans ce livre et c’est d’actualité même pour nous au
Québec. Par exemple, les petits enfants d’un de mes amis sont mulâtres et à
l’école on les identifiait à des Haïtiens dans un but d’intégration, escamotant
d’un seul trait leurs racines québécoises, comme si la culture maternelle n’existait
pas. Pourtant, on a bien une langue maternelle!
Un livre qui nous fait saisir cette autre
réalité du multiculturalisme : la différenciation qui, poussée ou montée à
l’excès, constitue une forme de fermeture à l’autre, car on le piège dans un moule
ethnoculturel qui ne lui fait pas! On l’enferme dans un modèle qui nous
accommode, mais qui n’est pas le sien. Être musulman n’est pas plus
unidimensionnel que d’être chrétien, car il y a toute une gamme de musulmans
sur ce continuum, allant de la culture musulmane à l’intégrisme religieux. Un
livre pour s’ouvrir l’esprit à une communauté de plus en plus présente, avec
tout un éventail de différences.
C’est un livre d’actualité pour les communautés
francophones qui reçoivent de l’immigration maghrébine, car les débats qui ont
traversé la société française et leurs « communautés musulmanes » traversent ou traverseront
prochainement nos sociétés, notamment le Québec : doit-on faire des
accommodements aux croyances religieuses individuelles dans une société de plus
en plus laïque par exemple? Si oui, lesquels?
Et tout comme nous, les musulmans n’ont pas de réponses uniques à ces
questions, certains d’entre eux étant très pros religieux et d’autres d’une
laïcité extrême. Mais c’est le propre d’une démocratie d’avoir de tels débats.
Le jour où il n’y en aura plus, nous ne serons plus en démocratie! (4)
Ce livre offre l’avantage de se lire comme un
roman tout en instruisant son lecteur sur des réalités méconnues, car les
musulmans ne sont pas plus homogènes que les autres groupes sociaux. Il
intéressera le lecteur curieux des autres cultures et du monde dans lequel il
vit, mais aussi le professionnel (professeurs, sociologues, intervenants
sociaux), car il s’agit de données provenant d’entretiens avec des musulmans de
France. C’est donc un livre différent d’un traité savant; qui s’approche du
parcours des gens, de leur vie. Le lecteur devrait en apprécier le style plus
près des acteurs, parfois de l’ordre de la confidence, qui le rend plaisant à
lire.
***
Pour terminer, voici un passage intéressant de Voyage
dans la France musulmane que je ne pouvais citer ni laisser en plan, étant
une revue internet :
« Ainsi,
c’est par le biais d’Internet que s’opère le processus cathartique qui libère
les plus jeunes. Dans l’intimité de leur chambre, protégés par un nom de code,
ils surfent sur les sites dédiés aux Français de culture musulmane, comme
oumma.com ou saphirnet. On y suit et commente l’actualité, mais ce sont surtout
les forums de discussion, véritables défouloirs, qui attirent les internautes. »
(Hajji et Marteau, p. 246)
oumma.com:
www.oumma.com
SaphirNet.info laisse place à
SaphirNews.com : www.saphirnews.com
Notes
1. Islam, in Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Islam
2. « Les
mu’tazilites n’ont cependant pas joué un rôle de transmission, celui qui aurait
relié la Grèce antique à la Renaissance; ils n’ont pas traduit Aristote ou
Platon, ni projeté une vraie philosophie du sujet, la seule à pouvoir contester
dans le fond et dans la forme la puissante machinerie doctrinale en place, et
avec elle toute la problématique de la peine et du châtiment. » (CHEBEL,
p. 37)
3. J’utilise le terme Canadien français plutôt
que Québécois non pour des raisons politiques mais sociologiques. Le terme de
Québécois englobe tous les habitants du Québec tout comme le terme Canadien
englobe tous les habitants du Canada. Quant au terme Québécois francophone, il
engloberait tous les québécois, peu importe leur ethnicité, parlant français.
Pour les anglophones on parle d’anglo-québécois. Québécois de souche pose lui
aussi des difficultés, car il touche des sensibilités. Nous l’avons vu par le
passé, car le terme de Québécois ne définit pas une ethnie mais tous les
habitants du Québec. Des politiciens se sont mis le pied dans la bouche avec
cette expression de Québécois de souche d’ailleurs, car ils se sont fait
demander « il faut être né ici depuis combien de génération pour être
considéré comme un québécois de souche? » J’en reviens donc aux
appellations millésimées de Canadiens français et de Canadiens anglais pour
parler des descendants des peuples Français et Britanniques des origines de la
colonie. Ils se sont aussi appelés les Canadiens à une certaine époque, par
opposition à ceux qui s’identifiaient d’abord à leur métropole européenne, que
ce soit la France ou l’Angleterre. Mais même ces termes de Canadiens français
et de Canadiens anglais ne sont pas parfaits, car ma famille est Canadienne
française depuis des générations, même si un de mes ancêtres, celui qui nous a
donné notre nom, fut d’origine britannique! Le Québec ou le Canada, pays de
colonisation, ayant cru d’apports de différentes ethnies et cultures depuis sa
fondation, a donc toujours connu cette problématique de l’identité. Les
États-Unis aussi. Ils l’ont résolu en parlant du melting-pot. Tous sont « États-uniens ». Ici on tenait davantage à nos identités premières,
ce qui a culminé dans le
multiculturalisme à la canadienne et l’interculturel à la québécoise. Le
questionnement de la population, qui balance entre le nous/eux, est alors moins
surprenant même s’il est parfois déroutant. Durant le mondial mon voisin est
Italien, Brésilien ou Magrébin, à la St-Jean il est Québécois et le 1er
juillet il est Canadien! Puis quand il vient voir mon jardin, il me dit que je
deviens Italien! Il faut dire que je plante des piments forts et des
tomates San Marsano dans mon jardin, goût que j’ai développé à fréquenter
des amis italiens! Bref, moi je ne me définis même plus comme Québécois ou
Canadien, mais comme Montréalais et Michelois, car je m’identifie d’abord à ma
ville et à mon quartier, qui ont leur culture!
4. Sur ces questions de démocratie, je souligne
Dewiel, Boris, 2005, La démocratie :
histoire des idées, Québec : PUL, Collection: Zêtêsis
Arrières
de couverture :
Reçu le 24 octobre 2005 : CHEBEL, Malek,
2005, L'Islam et la Raison, France : Perrin (www.editions-perrin.fr), ISBN : 2-262-02369-7
Quand l'islam va mal, la voix de la raison
peine à se faire entendre...
Certaines époques ont été fastes pour la
réflexion et les idées musulmanes : la dynastie abbasside à Bagdad, l'Espagne
musulmane avec Grenade et Cordoue, ou encore l'Égypte des Fatimides. Des
doctrines, des mouvements, des hommes ont incarné les aspirations à la liberté
et au progrès inhérentes à toute société humaine. Mais ces explorations
intellectuelles ont souvent tourné aux combats fratricides : déjà
s'affrontaient les tenants d'une orthodoxie réactionnaire et les défenseurs de
la raison, tels Averroès, Farabi, Ibn Khaldun...
Dans cette flamboyante synthèse, Malek Chebel,
auteur du très remarqué Dictionnaire amoureux de l'islam, retrace l'histoire de
ces conflits, au cœur même du monde musulman. Depuis le prophète Mohammed et
les premiers libres-penseurs - les Mu'tazilites (VIIe-VIIIe siècles) -
jusqu'aux réformistes actuels tentés par la modernité face à des intégristes
obtus et violents, Malek Chebel interroge en filigrane le message du Coran. Une
réflexion essentielle pour comprendre les défis de l'islam en Europe
aujourd'hui
***
Reçu le 30 juin 2005 : Hajji, Sadek, et
Marteau, Stéphanie, 2005, Voyage dans la France musulmane,
France : Plon
Anciennement « fille aînée de l’Église »,
la France compte aujourd’hui sur son sol 5 millions d’hommes et de femmes de
culture musulmane, dont 2 à 3 millions sont de nationalité française. Des
chiffres qui pourraient placer la France au quinzième rang des 56 pays que
compte l’Organisation de la Conférence
islamique, et dont les conséquences nécessitent explications et ajustements.
Mais politiques et médias ont renoncé à faire le travail pédagogique qui aurait
permis de dépassionner le débat et de lever les profonds malentendus qui
règnent de part et d’autre.
En sillonnant la France, le dictaphone à la
main, Sadek Hajji et Stéphan Marteau ont entrepris d’offrir pour la première
fois, un panorama de cette France musulmane, dans toute sa diversité. Les
auteurs ont veillé à donner la parole aux athées aussi bien qu’aux pratiquants
« intégristes; aux femmes autant qu’aux hommes, aux chefs d’entreprise comme
aux chômeurs et aux jeunes qui «tiennent les murs dans les quartiers. Ils les
ont invités à s’exprimer en tant que citoyens - souvent à leur plus grande joie
- sur tous les débats qui animent société française (la politique, les médias,
la religion, l’école, République...).
Ce livre, fondé sur une enquête de terrain,
propose des dizaines de témoignages, tantôt enthousiastes, tantôt désespérés,
souvent drôle parfois provocateurs: il en ressort que les Français de culture
musulmane se sentent caricaturés par les médias, confrontés à la méfiance et à
la discrimination. Pourtant ils se refusent à considérer leurs compatriotes non
musulmans comme racistes, et manifestent une volonté farouche d’appartenir à la
nation.
Sadek Hajji est correspondant permanent à Paris
du quotidien marocain Libération et collabore occasionnellement à des journaux
français et étrangers.
Stéphanie Marteau est journaliste indépendante.
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Du plomb dans le gaz au plomb dans le sang!
Luc Chaput
26 mai 2006 (mise en ligne)
Kitman, Jamie Lincoln, L’HISTOIRE SECRÈTE DU PLOMB,
traduit de l’anglais (États-Unis) par Arnaud Pouillot, Allia, 160 pages, 2005, ISBN: 2844851878. www.editionsallia.com
En ces temps d'augmentation effrénée du prix du
pétrole, donc de l'essence, du plastique et de ses autres dérivés, la lecture
de ce petit, mais important, livre arrive encore plus à point nommé. Fruit
d'une enquête fouillée d'un journaliste étatsunien, spécialiste de l'histoire
de l'automobile, ce texte, originellement publié dans un numéro de la revue
américaine Nation (mars 2000), montre comment on mit du plomb dans l'essence
pour annuler le cliquetis qui se produisait dans le moteur lors de certaines
manœuvres.
Les constructeurs automobiles avaient déjà, à
l'époque, le choix de l'éthanol. Le premier moteur de Benz roulait d’ailleurs à
l'huile d'arachide. L'éthanol ne nécessitait aucun brevet pour être employé de
cette façon, mais fabriquer le plomb tétraéthyle et le mettre dans
l'essence avait nécessité de la
recherche. Cependant, le fruit de ces recherches, plusieurs découvertes
techniques, était monnayable.
Pendant plus de 50 ans, GM et Dupont contrèrent les actions de ceux qui voyaient
dans la présence du plomb dans l'essence l’explication d'une maladie
insidieuse : le saturnisme, un empoisonnement au
plomb. (p. 16)
Source de pollution dangereuse, le plomb, mais
rentable! M. Kitman réussit à nous mener de main de maître à travers les
dédales de cette affaire pleine de rebondissements qui mena à l'élimination du
plomb de l'essence, dans les années 1980, dans les pays occidentaux. Cependant, il existe encore de nombreux pays
où cette essence est encore utilisée et l’on parle d'effet de transmission de
particules de plomb dans certains produits alimentaires issus de ces contrées.
Le livre de Kitman est d’intérêt pour tous ceux
qui s'intéressent à l'histoire industrielle du XXe siècle et à ses rapports
troubles avec l'écologie et la santé.
Biblio
et Liens
John Emsley, Elements of murder Oxford U Press 2005 421p. (56 pages sur le plomb
dont certains cas célèbres de saturnisme)
Le film "Beethoven's Hair": www.imdb.com/title/tt0446283/
"Les enfants du plomb" : http://cbarbier.blog.lemonde.fr/cbarbier/"
www.taieb.net/fiches/dupont.htm
www.caducee.net/DossierSpecialises/toxicologie/saturnisme.asp
www.unep.org/Documents.Multilingual/Default.Print.asp?DocumentID=469&ArticleID=5137&l=fr"
http://www.asme.org/NewsPublicPolicy/Newsletters/METoday/Power.cfm
www.asme.org/Communities/History/Resources/Industrial_Resources.cfm
www.industrie.gouv.fr/energie/comprendre/q-r-eco-energ-aut.htm
---
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Reçu le 23 juin
2006 : Savinien Cyrano de Bergerac, 2004, LES ÉTATS ET EMPIRES DE LA LUNE -
LES ÉTATS ET EMPIRES DU SOLEIL. L'Autre Monde suivi de FRAGMENT DE PHYSIQUE,
Édition de Jacques Prévot, 432 pages, France : Collection Folio classique
(No 4110) www.gallimard.fr
Résumé
L'Autre Monde est le
récit d'un double voyage dans l'espace vers Les États et Empires de la Lune et
vers Les États et Empires du Soleil. Il est en cela le roman du monde tel que
la nouvelle science et l'astronomie naissante permettent de l'imaginer, infini
et habité, et où la Terre n'est qu'une planète parmi les autres.
Mais malgré
l'ingéniosité des machines-à-voler et la forte présence de la science, ce n'est
pas un roman de science-fiction. Le voyageur doit là-haut affronter des peuples
et des sociétés dont les vérités chahutent les certitudes de l'humanité
terrestre et chrétienne. Le voyage dans l'espace devient voyage dans le temps,
chacun des personnages rencontrés incarnant successivement un des discours qui
se sont tenus sur l'origine et sur « nature des choses » : des présocratiques à
Gassendi, des récits fabuleux à Descartes. Si peu héroïque que paraisse le
personnage principal, il est donc l'acteur d'une aventure intellectuelle mais
qui a ses moments de comédie et de poésie, venant interrompre parfois la
tension née de l'audace d'un texte qui proclame la faillite des modèles et la
débâcle des dogmes.
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Reçu le 20 juin
2006 : Annesty International, 2006, Rapport annuel 2006, La situation des droits
humains dans le monde, Belgique : CLAES printing
La situation des droits humains dans le monde
Le Rapport 2006
d'Amnistie internationale rassemble des informations sur les atteintes aux
droits humains commises dans 150 pays et territoires du monde. Il montre
combien il est nécessaire que les gouvernements, la communauté internationale,
les groupes armés et les autres acteurs en position de force assument leurs
responsabilités. Il illustre également la vitalité de tous les militants des
droits humains aussi bien au niveau local que dans les grandes manifestations
ou les sommets internationaux.
Au cours de l'année
2005,
certains gouvernements parmi les plus puissants du monde ont été mis en échec :
tandis que les médias révélaient leur hypocrisie, les tribunaux rejetaient
leurs arguments et les militants des droits humains contrecarraient leurs
manœuvres répressives. Après cinq années de « guerre contre le terrorisme »
marquées par un recul dramatique sur le plan des droits humains, un changement
semble enfin s'amorcer.
Le déni des droits
fondamentaux a toutefois détruit la vie de millions de personnes dans le monde.
Tout au long de l'année, la guerre et les attaques des groupes armés ont menacé
la sécurité mondiale au même titre que la faim, les maladies et les
catastrophes naturelles. Quant aux libertés, elles ont été mises à mal par la
répression, la discrimination et l'exclusion sociale.
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Reçu le 16 juin
2006 : Clavette, Suzanne (Sous
la direction de), 2006, L'Affaire
Silicose par deux fondateurs de Relations,
Québec, PUL, Sciences
humaines, Éducation et IQRC, 462 pages / ISBN : 2-7637-8257-4
Les enjeux étaient de taille : défense des droits des travailleurs québécois et
de leurs familles face à d’imposantes compagnies canadiennes et
américaines ; développement prochain de l’Ungava et de ses gisements de fer,
lié à la participation des compagnies incriminées et au succès d’un important
emprunt gouvernemental sur les marchés américains, un projet prioritaire du
régime Duplessis alors bien en selle mais proche d’une campagne électorale ;
autorité et prestige de l’Église catholique, en particulier dans ses multiples
et diverses contributions à la marche de la société québécoise. Cet
affrontement a donné lieu à plusieurs stratégies et intrigues de coulisses,
dignes des meilleurs romans policiers.
La revue Relations fut la première, en mars 1948, à porter l’épineux
problème à l’attention du public. Les pressions des compagnies mises en
cause furent si vives qu’elles menèrent à la rétractation de la jeune revue
jésuite et à la destitution de son directeur, le père Jean-d’Auteuil Richard.
Jamais, jusqu’ici, le grand public et l’ensemble de la communauté scientifique
n’a eu accès à l’intégralité des récits de ces événements écrits par deux de
leurs acteurs majeurs. L’ouvrage publié sous la direction de Suzanne Clavette
comble cette lacune.
Ce livre redonne la parole à deux fondateurs de la revue, les pères
Jean-d’Auteuil Richard et Jacques Cousineau. On y trouve des documents
inédits, le Rapport que le père Richard souhaitait soumettre à Rome
et le fameux Manuscrit Cousineau intitulé « La silicose et l’amiantose
au Québec ».
Pour présenter ces écrits, nous avons fait appel à de précieux collaborateurs :
Louis Rousseau, professeur de sciences des religions à l’Université du Québec à
Montréal ; Jean-Marc Biron, s. j., directeur de Relations et du Centre
justice et foi ; Jean-Paul Rouleau, s. j., professeur émérite de sociologie de
la religion à l’Université Laval ; Jean-Guy Vaillancourt, professeur de
sociologie à l’Université de Montréal ; Hélène Bois, historienne et chargée de
cours en relations industrielles et en histoire à l’Université Laval.
Suzanne Clavette, historienne spécialisée en histoire sociale du Québec
au XXe siècle, est l’auteure d’un livre qui vient de paraître : Les
Dessous d’Asbestos. Une lutte idéologique contre la participation des travailleurs.
Dans le cadre de sa recherche postdoctorale, elle prépare une biographie de
Gérard Dion, important théoricien du catholicisme social et pionnier des
relations industrielles.
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Reçu le jeudi, 18
mai 2006 : Saul, John, 2006, Mort de la globalisation,
Paris : Payot – www.payot-rivages.fr
Il y a trente ans, la globalisation surgissait,
balayant tout sur son passage. Ses apôtres, les néolibéraux, proclamaient que
ce mouvement était inéluctable et que, pour leur plus grand bonheur, toutes les
sociétés seraient désormais organisées autour d’un seul élément : l’économie.
Ils nous demandaient de les croire ; nous les avons crus. En vérité, la
globalisation n’était pas une fatalité, mais une idéologie, une théorie
expérimentale visant à remodeler simultanément les paysages économique,
politique et social. Or, tout montre aujourd’hui que cette idéologie-là est en
train de mourir… Dans la lignée des Bâtards de Voltaire, qui provoqua un
électrochoc lors de sa sortie, John Saul décrit un monde en transition, où des
pays, voire des continents, à la dérive, ont quitté le " navire global
" tandis que s’affrontent les économistes, mais où pointent également les
idées et les expériences, bonnes ou risquées, qui préparent la société de
demain.
Essayiste,
romancier, John Saul est notamment l’auteur de Paradis blues et Les Bâtards de
Voltaire : la dictature de la raison en Occident. Il a reçu en 2004 le prix
Pablo Neruda pour l’ensemble de son œuvre.
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PRÉSENCE AUTOCHTONE 2006 : APERÇU
11 mai 2006
J’ai assisté à
cette conférence de presse hier, mais à part de répéter qu’André Dudemaine est
toujours d’un enthousiasme communicatif d’année en année, je n’ai vraiment rien
à ajouter au communiqué sauf : www.nativelynx.qc.ca
Michel Handfield
***
Montréal, 10 mai
2006
C’est en deux temps que se déploiera Présence autochtone 2006 :
exceptionnellement cette année, le festival tiendra sa 16e édition du 25 mai
au 8 juin et du 21 au 25 juin. Organisé par Terres en vues,
le festival Présence autochtone mettra en lumière les cultures des
Premières Nations à travers une solide programmation d’expositions, de films et
d’activités littéraires. Prenant le relais de la regrettée Myra Cree, la
cinéaste et artiste en arts visuels Alanis Obomsawin assume désormais la
présidence du festival, à qui elle offre Osunkhiline, eau-forte
illustrant le programme 2006.
Au volet arts visuels de Présence autochtone 2006
À compter du mardi 30 mai, la Grande Bibliothèque accueillera,
dans la salle de la Collection nationale, l’exposition Le patrimoine
écrit des Premières Nations : explorer, annoter, révéler. Sept artistes
proposent des œuvres entretenant une relation étroite avec un document
fondateur (transcription ou traduction d’un texte marquant). L’exposition sera
présentée jusqu’au 1er octobre.
Le festival s’amorcera le jeudi 25 mai par le vernissage de l’exposition
Quinze sculpteurs inuits contemporains du Nunavik. Présentée à la
Guilde canadienne des métiers d’art, cette exposition témoignant de la
production actuelle d’artistes du Nord québécois se poursuivra jusqu’au 30
juin.
Le samedi 27 mai s’ouvrira au Musée McCord l’exposition Robert
Davidson au seuil de l’abstraction, qui tiendra l’affiche jusqu’au 15
octobre. Réalisée par le Musée d’anthropologie de l’Université de
Colombie-Britannique, en collaboration avec le Musée des Beaux-arts du Canada,
cette exposition réunit des peintures et des sculptures de cet éminent artiste
contemporain de la nation haïda.
Le Centre culturel Kanien’kehaka Onkwawen:na Raotitiohkawa de Kahnawake,
qui collabore toujours étroitement avec le festival, offre à compter du 7 juin,
Silver Bear, 40 ans de sculpture, une exposition reflétant des
décennies de création par l’artiste mohawk Steeve McComber.
À noter que des œuvres de John Tenasco, artiste algonquin, seront
accrochées au Cinéma ONF et que des textiles amazoniens de la nation shipibo
seront présentés à l’Économusée de la broderie.
Au volet cinéma
Fidèle à sa tradition, Présence autochtone réserve comme toujours
une large part à la production cinématographique et vidéographique des
Premières Nations des trois Amériques.
En première mondiale à Kahnesatake le samedi 27 mai, puis à Kahnawake le
lundi 29 mai et à Montréal les 2 et 3 juin, Présence autochtone nous
fera découvrir Indian Summer ; The Oka Crisis, télésérie de
quatre heures, produite par Claudio Luca, écrite et réalisée par Gil Cardinal
et qui met en vedette Alex Rice, incarnant Ellen Gabriel, et Tony Nardi, le
ministre John Ciaccia, ainsi que Gary Farmer, Tantoo Cardinal, Eric Schweig,
Billy Merasty. De nombreux membres des communautés de Kahnesatake et de
Kahnawake ont participé au tournage.
Au nombre des documentaires qui marqueront la programmation 2006, on
retrouve Trudell, consacré au célèbre poète et activiste
amérindien John Trudell et la version finale de Brocket 99 – Rockin’
the Country de Nilesh Patel dont une version préliminaire avait fait
une très forte impression au festival de Calgary l’an dernier. Tourné à l’été
2004 à travers l’Ouest canadien, ce film évoque l’impact laissé par un document
audio qui avait circulé dans les années 80 parodiant une émission du matin
animée par des Améridiens et truffée de stéréotypes à leur sujet.
À voir aussi en première canadienne, A Bride of the Seventh Heaven
un long-métrage de fiction, en version originale nenet sous-titrée, d’Anastasia
Lapsui et Markku Lehmuskallio qui nous avaient donné Les 7 chants de la
toundra.
Au programme également, les dernières réalisations des jeunes
participants aux ateliers menés dans les communautés autochtones avec le Wapikoni
mobile et en milieu urbain avec Terres en vues et le Video Paradiso,
associés au Centre d’amitié autochtone de Montréal.
Le 8 juin, à la Société des arts
technologiques, sera consacré à la jeunesse des Premières Nations : le
moment fort de la journée sera le départ de six équipes de jeunes
reporters-cinéastes des Premières Nations pour La course autour de la Grande
Tortue, un projet de Via le monde en association avec APTN, le réseau des
peuples autochtones.
Du 25 mai au 1er juin, la Cinémathèque québécoise présente, en
collaboration avec Terres en vues, une rétrospective Emilio «el Indio»
Fernandez, un cycle de 13 films du réalisateur mexicain, Kakapu,
zapatiste, mythomane, pistolero et cinéaste, comme titre la Revue de la
Cinémathèque.
Au volet livres
Présence autochtone sera le cadre du lancement par
Albin Michel du roman Le Chemin des âmes, version française de Three
Day Road de Joseph Boyden. L’écrivain ojibway y raconte le retour au
pays d’un Amérindien ayant combattu dans un bataillon canadien pendant la
Première Guerre mondiale. Le 7 juin, à la Grande Bibliothèque, salle
d’animation M450, une lecture croisée réunira Joseph Boyden et le
comédien Charles Bender (pour la version française).
Le 21 juin, Jour national des peuples autochtones, le festival procédera
au lancement d’un ouvrage de Bernard Saladin d’Anglure intitulé Être
ou renaître inuit qui paraît chez Gallimard. Parallèlement, un
pré-lancement du site internet Ullumi permettra de confronter la
tradition orale inuit à sa traduction dans le monde virtuel. Par ailleurs, Claude
Hubert et Rémi Savard lanceront Les Algonquins de
Trois-Rivières : de l’oral à l’écrit, publié par Recherches
amérindiennes au Québec.
Au volet animation extérieure
Du 21 au 25 juin, le Parc Émilie-Gamelin deviendra
le lieu d’échanges et de rencontres entre les communautés autochtones et le
grand public. Cette année, la culture iroquoienne du Saint-Laurent sera
particulièrement mise à l’honneur sur le site extérieur de Présence
autochtone. S’y côtoieront également un groupe d’artistes de la nation
cherokee et des Attikamekw de Manawan dont on soulignera les 100 ans de
l’établissement permanent. Tous les jours, un spectacle coloré de danses
traditionnelles sera offert sur le site qui cette année porte le nom de Tiotia
:keh («lieu où les courants se rencontrent et se séparent», nom iroquois de
l’archipel de Montréal).
Pour marquer le Jour national des peuples autochtones, le
festival est honoré de la présence de Mme Celinda Sosa, ministre du
développement économique chargée de la production et des microentreprises de
Bolivie, qui vient témoigner de l’affirmation identitaire des populations
autochtones andines et de leur émergence sur la scène politique.
Une activité spéciale se tiendra le 24 juin en collaboration avec le
Comité de la Fête nationale à Montréal.
Présence autochtone soulignera les 35 ans de la revue Recherches
amérindiennes au Québec.
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DU 30 MAI AU 15 JUIN 2006 + RÉSERVATIONS
514.866.8668 + WWW.TNM.QC.CA
LIVRET /
PAROLES + MUSIQUE ALBAN BERG
D’APRÈS LA
PIÈCE WOYZECK DE GEORG BÜCHNER
ADAPTATION
ORCHESTRALE : JOHN REA
DIRECTION
MUSICALE : YANNICK NÉZET-SÉGUIN
MISE EN
SCÈNE : LORRAINE PINTAL
UNE
COPRODUCTION : CENTRE D’ARTS ORFORD, ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN DU GRAND MONTRÉAL
et THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE
Avec les
musiciens de l’Orchestre Métropolitain et les chanteurs de l’atelier lyrique du
Centre d’arts Orford. Les concepteurs Jean Bard, Marc Senécal, Claude Cournoyer, Jacques-lee Pelletier et
assistance à la mise en scène et régie Bethzaïda Thomas.
Œuvre phare
de l’opéra au XXe siècle, l’audacieuse tragédie passionnelle et militaire d’Alban
Berg (1885–1935), réorchestrée par le compositeur montréalais JOHN REA, vient
clore la saison du TNM avec panache ! Placé sous la direction musicale du
brillant chef d’orchestre YANNICK NÉZET-SÉGUIN, le puissant psychodrame mis en
scène par LORRAINE PINTAL a été salué par la critique lors de sa création, à
l’été 2004 au Centre d’arts Orford.
Inspirée
d’un fait divers survenu en Allemagne au 19e siècle, l’histoire est celle d’un
soldat à l’esprit tourmenté par des visions et des hallucinations. Contaminé
par la guerre, il perpétue la violence en tuant la femme qu’il aime et en
s’enlevant lui-même la vie. Explorant les méandres psychologiques, la raison et
la folie présente en chacun de nous, l’œuvre, intense et électrisante, dénonce
une société broyeuse d’individus.
En allemand
avec surtitres français.
Commentaires de Michel Handfield (1er
juin 2006)
N.B. Pour
plus d’informations sur les noms en caractères gras, voir les hyperliens à la
suite du texte.
Opéra d’un
autre temps, mais avec les mêmes problématiques qu’aujourd’hui. Amour,
trahison, manipulation, jalousie, morale et violence s’y côtoient! J’aurais pu
noter beaucoup de choses durant cet opéra qui prend pour fondement la nature
humaine et ses dérives, car ce sont des thèmes sans âge et universels. Deux
exemples l’illustrent bien :
- « Tout est vanité, l’argent est voué à la
corruption. » Cela fait image
dans ce temps post Gomery;
- « La vertu est le propre des classes
supérieures, les petites gens la troquent pour un peu d’argent. » Et
les scandales financiers des dernières années? N’est-ce pas troquer leur vertu
pour de l’argent, sauf que les classes supérieures ont les moyens de payer pour
tenter de récupérer leur vertu perdue ou de s’en refaire une nouvelle, ce que
les petites gens n’ont tout simplement pas! Avec de l’argent, une fille peut
même se faire refaire une virginité (hymenoplastie) maintenant!
Victime du
capitaine, qui lui fait peur; du docteur, qui le manipule; du tambour-major,
qui l’humilie; et, enfin, de sa propre folie et de ses peurs intérieures,
Wozzeck ne pourra jamais retrouver l’équilibre perdu dans l’armée, ce qui
conduit à la chute finale. On peut donc voir cette pièce comme un psychodrame
social, la pression des autres accélérant sa descente aux enfers.
Mais, c’est une autre piste que
je préfère. Au début de la pièce le capitaine dit : « Wozzeck, vous êtes un honnête homme, mais
vous n’avez pas de morale. » Tout est là. Wozzeck pourrait être qualifié de victime ou d’avoir provoqué ses
propres malheurs par sa bêtise, mais cette assertion contradictoire sera
toujours vrai! Honnêteté et morale ne sont pas du même acabit! La morale est
souvent liée à une idéologie et une culture. L’honnêteté au respect de ce que
l’on juge juste; au respect de soi-même. Parfois d’être honnête envers soi peut
nous pousser à aller contre la loi si on la juge injuste. Des révolutions ont
ainsi été faites par des hommes honnêtes, mais jugés amoraux en leur temps! Ils
ont agi contre la morale de l’Église pour renverser un prince dictateur par
exemple. Il faut se rappeler que ce qui est moral en un lieu ne l’est pas
nécessairement en un autre ou dans une autre culture, mais ce qui est juste et
honnête risque d’être universel.
On est donc
ici au cœur de l’éthique protestante et
l’esprit du capitalisme de Max Weber (1864-1920) et de la lutte des classes de Karl Marx (1818-1883), incluant
l’aliénation de classe et religieuse! Morale et justice s’affrontant dans
l’esprit des Hommes! Les peurs, dues à l’ignorance, prêtent flanc à la
manipulation. La conscience de classe ouvre la porte à la quête de justice.
Bref, nous sommes dans une pièce marxico-weberienne où le tourment entre ces
deux pôles, morale et honnêteté, s’incarne en un seul homme, Wozzeck, représentant du prolétariat. À
la lecture du programme, ceci m’apparaît évident, Büchner (1813-1837), auteur de la pièce d’origine, étant un
contemporain de Marx, et Berg
(1885-1935), qui en a fait un opéra près de 75 ans plus tard, ayant vécu à la
même époque que Weber! Le duo Büchner-Berg fait donc le pont entre l’époque de
Marx et de Weber, tant en termes de synchronicité que de théorie
sociopolitique! Et là ne s’arrête pas la comparaison :
« Büchner avait été à la fois un activiste
politique de gauche, un homme de science accompli et un écrivain d’une
étonnante modernité en regard du romantisme de son temps, dont le style
préfigurait l’expressionnisme «fin de siècle», voire l’absurde d’un Ionesco. »
(Guy Marchand, Wozzeck/Alban Berg (1885-1935), in Traçantes, 2004, reproduit
dans le programme de la soirée, p. 9)
Nous sommes donc face à un opéra qui contient les germes du XXe siècle; siècle de l’idéologie poussée au-delà de la raison et pour elle-même, avec Hitler (1889-1945) d’un côté, et le regard introspectif sur l’inconscient, avec Freud (1856-1939) de l’autre! L’Allemagne germait à l’époque où cette pièce fut écrite par Büchner (1837) et le nazisme à celle où Berg à créé cet opéra (1925). Ça se sent.
Quand
l’opéra devient théâtre et le théâtre opéra, il ne peut qu’y avoir des
étincelles. C’est ce à quoi vous convie le TNM avec Wozzeck. En allemand avec
sous-titres français, ce qui se suit très bien.
Hyperliens :
Alban
Berg : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alban_Berg
Georg
Büchner : http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_B%C3%BCchner
Max
Weber: http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Weber
Karl
Marx: http://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx
Hitler :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Hitler
Freud:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud
Commission
Gomery: http://fr.wikipedia.org/wiki/Enqu%C3%AAte_Gomery et www.gomery.ca/fr/ (Site officiel de la commission)
---
ESPACE LIBRE 1945 rue Fullum,
Montréal H2K 3N3
www.espacelibre.qc.ca theatre@espacelibre.qc.ca 514-521-4191
11
mai 2006
Lundi
en 8 j’ai assisté au lancement de la
saison à venir à l’espace libre. Une présentation de chacune des pièces
fut faite par des artisans de celles-ci (comédiens, auteur, metteur en scène)
en 4 minutes! Assez pour se faire une
impression. J’ai donc pris quelques notes sur mon programme que vous
retrouverez ici après chaque descriptif des pièces en question. Cette première
impression, ce feeling, est en caractère gras et italique, signé Michel H. Vous ne pourrez
pas vous tromper avec le descriptif de la pièce.
Michel Handfield
***
Déjà
notre 25e cuvée et, toujours, le théâtre nous monte à la tête ! Théâtre charnu
et robuste, théâtre fauve et exubérant, ardent, capiteux et pénétrant, théâtre
corsé, théâtre nouveau issu de ceps en émergence. Théâtre du corps, de la
parole, théâtre qui expérimente, théâtre qui interroge et cherche à dire le
théâtre.
Les
passeports !!!
Plus
de 35% de rabais sur nos tarifs réguliers. Étanchez votre soif d’aventures
théâtrales
grâce
aux Passeports Espace Libre : 3 SPECTACLES POUR 45$ ou 7 SPECTACLES POUR 98$
parmi les neuf suivants :
•
TROIS !
•
L'histoire lamentable de Titus
•
Bas-Reliefs
•
Amour, cul et violence
•
L’amour est un opéra muet
•
Le Diable en partage
•
Jeux d'enfants
•
200 épreuves
•
Frank Ketchup ou le salon de la manipulation
***
TROIS ! 5
au 23 septembre 2006 DU MARDI AU SAMEDI À 20H – Mardi 12 et 19 sept. à 19h
CONCEPTION
ET PRODUCTION Théâtre du Désordre www.theatredudesordre.com
CODIFFUSION
Espace Libre
3
auteurs, 3 courtes pièces,
3
contraintes, 3 duos et un 3e personnage…
Que
se passe-t-il quand un duo se transforme en trio ? Deux personnes existent
ensemble quelque part. Une troisième arrive et perturbe l’action. Il y a
troisième, il y a mouvement. Les choses et les individus changent. Qui
sommes-nous à deux et que devenons-nous à trois ? TROIS! c’est une tragédie,
une comédie et un drame. TROIS! quand la création naît du hasard…
Il y a de l’esprit libre dans l’air! Michel H.
***
SALUT ROBERT ! 2
au 7 octobre 2006 DU LUNDI AU SAMEDI À 20H30. LE THÉÂTRE OUVRIRA SES PORTES À 17H (ACTIVITÉS, BAR)
PRODUCTION
Nouveau Théâtre Expérimental www.nte.qc.ca
L’automne
prochain, ça fera déjà dix ans que Robert Gravel, le Grand Bob, nous a quittés
! Déjà… Pourtant sa présence est toujours aussi avouée, prégnante. On a alors
pensé que ça serait plaisant, au-delà de la commémoration comptable (dix ans),
de faire une semaine d’activités avec lui et son œuvre : lecture de ses textes,
match d’improvisation, un bar convivial pour échanger, des jeux d’écriture, un
cabaret éclectique… Une occasion en or, pour ceux qui ne l’ont pas fréquenté,
de le découvrir. Pas de quoi pleurer surtout, mais rire et avoir du bon temps
sur son dos spectral.
Salut
Robert, on n’en a pas fini avec toi!
Cela à l’air à la fois festif et culturel. Un retour sur un comédien qui
a marqué son temps. (Michel H.)
***
L’HISTOIRE LAMENTABLE DE TITUS. 18
et 19 octobre et du 24 octobre au 4 novembre 2006 DU MARDI AU SAMEDI À 19H
PRODUCTION
Omnibus le corps du théâtre www.mimeomnibus.qc.ca
TEXTE :
William Shakespeare; TRADUCTION Jean-Pierre Richard
Créée
pour la première fois en 1594, L’histoire lamentable de Titus est sans doute la
première tragédie de William Shakespeare, et assurément la plus sanglante. Elle
décrit un cycle inextricable de vengeances fatales entre Titus, général
imaginaire de la Rome impériale, et son ennemie Tamora, reine des Goths. Dans
cette Rome où la grâce n’existe pas, seule demeure la loi du talion. Barbarie
et civilisation sont confondues dans cette intrigue où se succèdent trahison,
sacrifice, viol et assassinat. Par sa ritualisation de l’horreur, cette pièce
invite à nous inquiéter de la résurgence atavique de la violence et de la
fascination qu’elle opère.
Attention : cela n’a pas l’air léger, ni jojo. Mais cela a l’air
intéressant. Cœur sensible peut être s’abstenir. Michel H.
***
Festival Les Coups de Théâtre. 13
au 26 novembre 2006
Une
sélection des meilleurs spectacles jeune public à travers le monde.
Présenté
à Montréal tous les deux ans, il a pour objectif de développer un lien
d’intelligence et de sensibilité avec les enfants et de susciter leur
enthousiasme pour les arts.
Assoiffés
– Création PRODUCTION Théâtre Le Clou (Québec)
Pour
ceux qui croient que la terre est ronde
PRODUCTION
Mathieu, François et les autres... (Québec)
Sous
les yeux de Pinocchio (Con gli occhi di Pinocchio)
PRODUCTION
Compagnia Piccoli Principi (Italie)
PRÉSENTÉ
EN COPRODUCTION AVEC Regione Toscana, Théâtre Massalia/ Système
Friche
Théâtre, Maison des Comoni / TPM AVEC LE SOUTIEN DE Théâtre Athénor, Fonds
Régional d’Art Contemporain des Pays de la Loire ET Scandicci Cultura
Un
peu comme toi – Création
PRODUCTION
Montréal Danse (Québec) PRÉSENTÉ EN COPRODUCTION AVEC LE
Centre
National des Arts ET EN COLLABORATION AVEC LE Festival Les Coups de Théâtre
Les
billets du Festival Les Coups de Théâtre sont disponibles uniquement au
514-871-2224, au 1-888-844-2172 ou à la Billetterie articulée /
Monument-National 1182, boul. Saint-Laurent à Montréal. Ces représentations ne
sont pas incluses dans les Passeports Espace Libre.
***
BAS-RELIEFS. 6
au 16 décembre 2006 DU MERCREDI AU SAMEDI À 20H
COPRODUCTION
Chartier Danse (Toronto) ET Danse-Cité (Montréal) PRODUCTION DANS LE CADRE DU
PROJET « TRACES-INTERPRÈTES »
CODIFFUSION
Espace Libre
Comment
la vision de plusieurs créateurs peut-elle se fondre en une œuvre? Telle est la
question de l’artiste Marie-Josée Chartier, instigatrice et catalyseur de cette
création. Elle réunit dix artistes de Toronto et de Montréal et propose l’œuvre
de la peintre Betty Goodwin comme point de rencontre. Il en résulte un duo
interprété par Chartier elle-même et Dan Wild.
***
AMOUR, CUL ET VIOLENCE. 9
janvier au 3 février 2007 DU MARDI AU SAMEDI À 20H30
AUTEURS
ET METTEURS EN SCÈNE : Didier Lucien et Guillermina Kerwin
Comment
le cerveau génère-t-il une idée ? Comment gère-t-il cette idée ? Est-ce qu’une
idée a un sexe ? Si l’on considère que l’amour, le cul et la violence sont les
plates-formes d’où décollent les pensées et les fantasmes, est-ce que le
cerveau peut synthétiser tout cela en même temps dans un même spectacle ?
Dans
une esthétique moderne où se côtoient la mode, la tragédie et la comédie
musicale, Didier et Mina vous convient littéralement à l’intérieur de leurs
cerveaux, à l’endroit même
où
se manifeste en une fraction de seconde la genèse d’un spectacle.
La
pièce démonte et sollicite la force physique et mentale, masculine ou féminine,
esthétique ou morale que nous utilisons pour survivre à toutes sortes de
fatalités.
Dans les 4 minutes de présentation les yeux des comédiens parlaient
d’une expression indescriptible! Quelles idées étaient derrière ces yeux? Il
faudra voir la pièce pour le savoir, mais l’entrée était riche en la matière!
Michel H.
***
L’AMOUR EST UN OPÉRA MUET. 13
février au 3 mars 2007 DU MARDI AU SAMEDI À 20H 7 au 24 mars 2007 DU MARDI AU
SAMEDI À 20H
D’APRÈS
L’OPÉRA Cosi fan tutte / LIVRET DE Lorenzo Da Ponte
MUSIQUE
DE Wolfgang Amadeus Mozart
PRODUCTION
Omnibus le corps du théâtre
EN
COLLABORATION AVEC LE QUINTETTE À VENT Pentaèdre
À
l’encontre de la mise en scène d’un texte préexistant, donc deux choses et deux
personnes, la maîtrise d’œuvre inclut cette conception substantielle de
l’œuvre, corporelle et dramatique, ainsi que sa mise en forme esthétique. Hors
du temps, cinq musiciens expirent en un jardin bucolique vingt-deux extraits
musicaux du célèbre opéra Cosi fan tutte de Mozart inspiré, lui, d’une histoire
d’amours et de leurs trahisons. Deux femmes et deux hommes se livrent, à corps
perdu et défendant, à la déclinaison de ce thème éternel. Au-delà des sexes et
des cultures, s’il est un lieu commun où être toutes et tous les mêmes, c’est
bien celui dont l’ultime fonction est de nous recréer les uns les autres. À
tort ou à travers, cet espace est celui du drame, du dépit et du plaisir
amoureux.
Cela a l’air assez flyé. Jouissif?! Michel H.
***
LE DIABLE EN PARTAGE. 7 au 24 mars 2007, DU
MARDI AU SAMEDI À 20H - SOIRÉE DES LÈVE-TÔT
MARDIS 13 ET 20 MARS À 19H
PRODUCTION
Du Bunker CODIFFUSION Espace Libre
Enfermé
pour trahison envers sa patrie, Lorko, jeune Serbe, s’écrie : Ne frappez plus.
J’irai me battre. Je n’ai pas peur. Les Croates doivent mourir, les Musulmans,
mourir. La Grande Nation Serbe ! Puis, incapable de tirer sur quiconque, il
désertera laissant derrière lui Elma son amour sa femme musulmane, son petit
frère Jovan, son meilleur ami Alexandre et ses parents, qui assisteront
impuissants à cette guerre qui s’infiltre lentement au travers des murs de leur
famille. Oscillant entre le monde réel et celui du rêve, Le Diable en partage
dépeint les marques laissées sur ceux qui choisissent délibérément de prendre
le parti de la guerre, comme celles laissées sur ceux qui la fuient, mais
demeure avant tout un chant d’amour dans les guerres de tous les temps.
Critique dénonciatrice sociopolitique. Cela à l’air prometteur! Michel
H.
***
JEUX D’ENFANTS. 3
au 28 avril 2007DU MARDI AU SAMEDI À 20H30
PRODUCTION
Nouveau Théâtre Expérimental www.nte.qc.ca
AUTEURS
ET METTEURS EN SCÈNE
Daniel
Brière
Alexis
Martin
Portés
par une démarche qui a des semblants de recherche anthropologique, Daniel
Brière et Alexis Martin interrogent les mécanismes et les forces à l’œuvre dans
le jeu enfantin, comment celui-ci dépasse toujours toute attente, déjoue les
pronostics, mène le bal véritablement, quand on croit pourtant l’avoir deviné
tout entier. Le jeu : un examen ludique de la part la plus essentielle des
êtres, artistes ou non, ici comme ailleurs, enfants avoués et ceux qui
s’ignorent…
A conseiller aux étudiants en éducation... et à ceux qui ont encore la
flamme de la découverte et du jeu en eux, car l’un ne va pas sans l’autre.
Michel H.
***
200 ÉPREUVES. 8
au 19 mai 2007 DU MARDI AU SAMEDI À 20H
PRODUCTION
Omnibus le corps du théâtre EN COLLABORATION AVEC Cie Mâle/Femelle
Étudier
et comprendre la Femme. La comprendre avec le regard d’un homme, de plusieurs
hommes. Partager cette recherche grâce à l’aide d’un photographe sur une scène
de théâtre où celui-ci peut devenir un pont entre le public et notre égérie :
rendre l’acte photographique cathartique. Théâtre, photographie, danse,
performance, musique sont présents : carrefour d’une rencontre entre plusieurs
médiums et des artistes émergents. Différentes techniques, différentes approches
artistiques d’où résulteront effervescence et stimulations. Le but n’est pas de
comprendre, mais de constamment chercher. Et qui cherche à chaque instant
trouve à chaque instant.
Cela m’a laissé curieux. J’aimerais bien voir les résultats de cette étude…
mais il me faudra attendre en mai 2007. Michel H.
***
FRANK KETCHUP ou le salon de la
manipulation. 24 mai au 9 juin* 2007 (dates à
confirmer)
PRODUCTION
Le Pont Bridge EN COPRODUCTION AVEC LE Festival TransAmériques
EN
CODIFFUSION AVEC LE Festival TransAmériques ET Espace Libre
Frankenstein,
icône glacée, chargée d’effroi. Jamais dans l’histoire de l’humanité
aurons-nous été aussi prêts de ce mythe. Nous assistons à l’amorce d’une
nouvelle ère, celle du bricolage généralisé du vivant, un jeu de combinatoires,
où se dissolvent progressivement les frontières entre les espèces, les
personnes et les choses, les vivants et la matière… Regard humoristique sur ce
nouvel ordre du biopouvoir qui bouleversera nos modes de pensée et de
relations, nos conceptions intimes du lien et de la limite, nos repères
psychiques. Frankenstein était un mythe. Frank Ketchup, lui, existe. Il est
déjà là.
Dans les années 60 on parlait de science fiction, maintenant on à peur à
la science frisson! Michel H.
***
Les clés – Activité sur demande pour
les groupes de 10 ou plus
Les
clés ouvrent les portes de la création et des coulisses d’un spectacle. Le
groupe est reçu au théâtre par des artisans de la production à l’affiche qui en
dévoilent le projet artistique et les aspects les plus marquants. Les étudiants
sont invités à discuter
avec
ces artistes, à les interroger sur leur travail et découvrir ainsi l’envers du
décor. L’activité peut se dérouler avant ou après la représentation. Dans
certains cas, la rencontre peut également se dérouler en classe, sur les lieux
d’enseignement.
Les mercredis-bavards
Étirez
le plaisir et complétez la soirée par la rencontre des artisans de la
production. Surveillez les dates !
La soirée des lève-tôt
Pour
ceux et celles qui se lèvent tôt, nous offrons quelques représentations à 19h :
TROIS! les mardis 12 et 19 septembre 2006. LE DIABLE EN PARTAGE les mardis13 et
20 mars 2007.
Notez
que toutes les représentations de L’HISTOIRE LAMENTABLE DE TITUS débutent
également à 19h.
Plus de détails sur www.espacelibre.qc.ca.
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LE SECRET DE MA MÈRE
Sortie le 7 juillet prochain
Montréal, le 12 juin 2006 - Remstar et Alliance Atlantis Vivafilm sont fiers d'annoncer que le film « Le Secret de ma mère », de Ghyslaine Côté, prendra l'affiche partout au Québec le 7 juillet prochain. Écrit par Martin Girard et Ghyslaine Côté, le film est produit par Maxime Rémillard et André Rouleau.
Passion amoureuse, liens familiaux et solidarité familiale sont les thèmes abordés dans cette comédie dramatique.
Un premier de l'An, alors qu'une tempête souffle sur Montréal, de nombreux parents et amis sont réunis dans un salon funéraire à l'occasion des funérailles du septuagénaire Jos. Malgré la tristesse de l'événement, un climat de fête s'installe lentement parmi les gens réunis autour de Jeanne, la fille du défunt, et Blanche, son ex-épouse. Au fil de la journée, à travers les réminiscences des uns et des autres, Jeanne va apprendre d'étonnants secrets sur le passé de ses parents.
Après nous avoir présenté le succès autant critique que populaire « Elles étaient cinq », la réalisatrice s'est entourée d'une distribution de taille. « Le secret de ma mère » mettant en vedette Ginette Reno (Blanche), Céline Bonnier (Jeanne), David Boutin (jeune Jos), Joëlle Morin (jeune Blanche), Clémence DesRochers (Rolande), Guy Thauvette (Jos), Andrée Lachapelle (Germaine), Paule Baillargeon (Cécile), Catherine Bégin (Fleurette), Bianca Gervais (jeune Cécile) et Marie-Chantal Perron (Annie). Il faut aussi souligner la participation de Benoît Girard, Frank Schorpion, Lise Roy, Brigitte Paquette, Kevin Houle, Karine Pelletier, Laurence Leboeuf, Danny Gilmore et Carmen Ferland.
Distribué par Remstar et Alliance Atlantis Vivafilm, « Le secret de ma mère » prendra l'affiche le 7 juillet 2006 partout au Québec.
Alliance Atlantis Vivafilm est la filiale québécoise de Motion Picture
Distribution LP, un des plus grands distributeurs de longs métrages au Canada et qui occupe une place sans cesse grandissante dans le marché de la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne. Alliance Atlantis Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et dvd, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion. Les porteurs de parts de Movie Distribution Income Fund (TSX: FLM.UN) détiennent une participation minoritaire dans Motion Picture Distribution LP.
Commentaires de Michel Handfield (28 juin 2006, mis en ligne 6 juillet 2006)
« Pas de métier, pas de mariage », telle était la sagesse parentale il y a un demi siècle à peine. « Le pool, ce n’est pas un métier » dira le père à sa fille, la belle Blanche, qui s’était amourachée de Jos, joueur de pool de son état, mais sans métier et sans avenir selon le paternel. Sauf que l’amour est souvent plus fort que la police et Jos, sachant très bien roucouler à la belle, fit trou d’un coup! Mariage fut célébré et la vie fut.
C’est donc un retour sur cette vie et ses secrets auquel on a droit dans ce film, sous l’angle des souvenirs. On remonte le cours de la vie à travers ce que l’on raconte autour du corps de Jos, maintenant décédé. Présent et passé s’expliquent et s’excluent mutuellement, car tout ne fut pas toujours dit dans la famille. Certains secrets sont mêmes plus lourds à porter que d’autres, ce qui fait qu’avec l’âge, les émotions et un petit peu de boisson – surtout que le corps est exposé en ce jour de l’an - certains souvenirs qui ont été tus jusque là sont échappés… à la surprise des personnes concernées.
On ne peut cependant pas voir ce film comme un drame psychosocial, car la culture populaire du salon funéraire lui donne un côté comique qui l’allège. Ce n’est donc pas dramatique, mais l’on est dans l’émotion cependant.
Pour ceux qui ne le savent pas, le salon funéraire est la place des retrouvailles, des faux-fuyants et des vérités dans la famille « québécoise » traditionnelle! Le dramatique et le comique s’y succèdent, contrairement à d’autres cultures, où les funérailles sont parfois beaucoup plus solennelles. Cela dit quelque chose sur nous, du moins les franco-montréalais, en portant un regard sur notre culture d’un autre angle, car il s’agit d’un rite culturel avant d’être religieux. C’est le service qui est religieux, mais il est de moins en moins fréquent, remplacé par une liturgie de la parole sur place ou de nouvelles pratiques spirituelles quand on ne passe pas tout simplement au buffet!
L’exposition au salon funéraire est d’ailleurs l’un des derniers rites largement partagé par la famille élargie, ce qui inclut les proches, la famille, les amis et les connaissances, car les rites religieux et de passage ont beaucoup diminués depuis les trois dernières décennies. Pensons aux mariages, mais surtout aux premières communions. Quant avez-vous assisté à l’un de ces rites la dernière fois? En plus d’avoir diminués, ceux qui les passent encore en font de plus en plus une expérience privée, se limitant au noyau de la famille. Pour toutes ces raisons, ce film offre un intérêt anthropologique.
Il offre aussi un intérêt philosophique, car à la question « où va-t-on? » correspond celle « d’où vient-on? » Questions importantes qui peuvent prendre plusieurs formes au cours d’une vie. Et ce sont justement les deux questions que pose ce film.
Bref, c’est un film que j’ai aimé, qui fait remonter des souvenirs, mais qui fait rire aussi. Un film bien calibré qui trace un portrait de notre culture à travers l’un des derniers rites qui demeurent. Mais, pour combien de temps encore? Question importante s’il en est une puisqu’avec la fin de ce rite, ce sera probablement la fin de la famille telle que nous la connaissons, car c’est souvent le dernier lieu de rencontres intergénérationnelles avec tout ce qui est au-delà de la famille nucléaire : oncles, tantes, cousin(e)s, petits cousin(e)s, arrières cousin(e)s, amis et connaissances. L’expression consacrée qu’il faudrait bien se voir ailleurs la prochaine fois dit tout de ce qu’il est advenu de la famille élargie et des relations familiales. Un film que je vous conseille.
---
www.sonyclassics.com/devilanddaniel
Documentaire
de JEFF FEUERZIG
États-Unis,
2005, 110 min.
Ce
documentaire a remporté le Prix du Meilleur documentaire au Festival de
Sundance 2005.
Synopsis :
Biographie de
Daniel Johnston : icône rock pour de nombreux groupes et artistes (dont David
Bowie, Sonic Youth, Kurt Cobain ou encore Tom Waits), fou allié pour les
autres... Drogué, parano, toujours à deux doigts de l'internement psychiatrique
à vie, l’œuvre de Daniel Johnston ne peut laisser indifférent : entre
mélancolie, pop, rock, folk...
Le
documentaire prend l’affiche au Cinéma du parc à partir du 7 JUILLET en version
anglaise!
Commentaires de Michel Handfield (4 juillet
2006, mis en ligne 6 juillet 2006)
Daniel
Johnston était un naturel dans les arts avec une sensibilité à fleur de peau.
Cependant, créatif dans un milieu chrétien et conservateur, marqué au fer rouge
par la relation Dieu/Satan, il a peu de
repères et de guides dans son cheminement, sauf de la désapprobation senti
comme du rejet : « creative
life, is not productive one’s! »
Ici le rejet
semble engendrer le rejet et il n’accepte pas un minimum social pour vivre avec les autres. Déconnecté de la
réalité, maniaco-dépressif et consommateur de drogues, cela conduit à sa
descente aux enfers. Mais sa créativité exploite cette descente; son obsession
du diable nourrit sa production artistique jusqu’au point où il sombre
profondément! Un personnage fascinant, où l’autodestruction est aussi création!
Un film pour ceux qui le
connaissent et s’intéressent au milieu underground, mais aussi pour ceux qui
ont de l’intérêt pour la psychologie et la psychosociologie.
---
ALLER SIMPLE POUR GUANTANAMO/ROAD TO GUANTANAMO
(Angleterre – drame
– durée 95 min)
Sortie (v.o.a
/ v.o.a.s.t.f) : Vendredi 30 juin
2006
Réalisation:
Michael Winterbottom
Distribution:
Riz Ahmed, Ewan Bailey, Steven Beckingham
L’histoire
vraie de quatre jeunes Anglais partis célébrer le mariage d’un ami au Pakistan,
leur pays d’origine, fin septembre 2001. Ils ne reviendront chez eux que 2 ans
et demi plus tard après un séjour prolongé à la prison américaine de
Guantanamo.
Commentaires de Michel Handfield (29 juin 2006)
Profilage :
si tu as le look, tu soulèves le doute et tu deviens une cible de contrôle et
d’arrestation préventive. Un client pour Guantanamo.
Avec la
fabrication de l’image du terroriste par les États-Unis, transmise par leur
appareil idéologique dans le monde, ce qui inclus les médias, mais aussi les
fictions, même le citoyen le plus démocrate peut parfois avoir un doute quand
il voit une personne correspondant à ce « portrait type » du terroriste
tel que dressé par les « forces du bien », surtout s’il porte
un sac ou un « pack-sac » dans les transports en commun. S’il peut en
être ainsi du militant de gauche, imaginez ce qu’il en est des membres des
forces de l’ordre, des militaires et des citoyens qui se reconnaissent dans le
discours de la droite.
Ceci étant
dit, ce film nous « parle » de quatre jeunes britanniques d’origine
pakistanaise parti au Pakistan quelques mois après le 11 septembre 2001 pour un
mariage. Jusque là tout va bien, sauf qu’après quelques jours de bon temps, ils
décident d’aller aider en Afghanistan à la
suite du prêche d’un imam d’une mosquée qu’ils ont visité avec le cousin
pakistanais de l’un d’eux. C’est à partir de là que les choses se gâtent.
D’abord ils se retrouvent sur un terrain et dans une culture qu’ils ne
connaissent pas réellement. Mais surtout, c’est dans le même temps que les
forces États-uniennes commencent leur intervention contre les « force du
mal » en Afghanistan, considéré comme le « terreau du
terrorisme » selon les États-Unis. Vu le contexte de guerre qui se prépare
et la désorganisation du pays, il n’en faut pas plus pour être dépourvus,
manipulés (on n’en parle pas mais on peut le supposer), et considéré comme
suspects par les forces Anglos-États-uniennes qui foulent le terrain après les
bombardements. Pris dans cet engrenage, ils devront suivre un long processus,
passant par Guantanamo, lieu de tortures physiques et psychologiques, avant
d’être libéré 2 ans plus tard!
***
Eux qui vivaient
en Angleterre ont dû subir tout un choc culturel puisque nous même, comme
spectateurs, nous en avons un de voir du monde ainsi traité. Je pense ici à une
séquence particulière du film, où après qu’on les a fait embarquer dans des
camions, on troue ensuite la boîte à la mitraillette pour faire de l’air! Quant
la « cargaison » arrive à destination on tri alors les vivants et les
morts comme du bétail. En fait, le bétail est probablement mieux traité ici que
ces gens là bas! Cela peut expliquer que certains veulent aider et jouer les
humanitaires, sauf que dans ces conditions, aider à titre individuel peut être
dangereux, car pour aider il faut se fondre parmi les autres, ce qui accroît
les risques de se retrouver parmi les victimes.
C’est avec de
tels films que l’on réalise que la barbarie de l’Homme est parfois pire que
celle de l’animal, car il tue gratuitement, simplement pour affirmer sa
suprématie ou celle de l’idéologie qu’il défend. Ils avaient de quoi avoir
peur, pris dans ce piège de la violence. Certains pourraient se demander en
lisant ce texte « pourquoi n’ont-ils pas fait marche arrière? » Ils
ont essayé de revenir vers le Pakistan, mais ne connaissant pas vraiment la
langue… on les a plutôt conduits dans une place forte des talibans et leurs
malheurs se sont accumulés jusqu'à ce qu’ils soient faits prisonniers par les
troupes de l’Alliance.
Là, leur
citoyenneté britannique, loin de les protéger, à accru la suspicion à leur
égard. Que faisaient ses jeunes
pakistano-britanniques au cœur d’une place forte du terrorisme international?
Ils furent victimes de leur audace. Ils étaient maintenant des suspects tous
désignés et obtinrent donc un voyage tout compris… vers Guantanamo, où ils ont
eu droit au « full package » de la détention, avec traitements
psychologiques et physiques particuliers! Ce film permet donc de se faire une
idée des conditions de Guantanamo, car même s’il n’est pas un documentaire, il
se base sur des témoignages pour en faire une
reconstitution. C’est donc un premier matériel sur le sujet. Ce ne sera
pas le seul et c’est tant mieux, car c’est aussi leur point de vue et des
questions demeurent.
Au premier
chef, pourquoi ne pas avoir été plus prudent et
plus méfiant de leur part? Pourquoi ne pas tout simplement avoir suivi leur
plan de voyage pour le mariage? Car de s’être ainsi immiscé dans un conflit
qu’il savait venir depuis le 11 septembre, soit quelques mois auparavant, ce
n’était pas très avisé. Parti
d’Angleterre, pouvaient-ils vraiment ne pas être au courant de ce qui se
préparait, même si la rumeur publique allait dans l’autre sens rendu là? Par
contre, à leur défense, le fait de venir d’occident (Angleterre) leur donnait
peut être un sentiment d’invulnérabilité qui les a trahis. Ils auraient mieux
fait de se joindre à un organisme humanitaire reconnu pour aider si tel était
leur but.
C’est par
contre un point de vue qui donne un éclairage nouveau sur cette situation et
celle des prisonniers de Guantanamo. Combien sont innocents par exemple? Car si
l’on se fie à leur mésaventure, on n’a pas fait de longues enquêtes avant de
faire des prisonniers. On est davantage dans un processus après coup :
vous êtes pris et on vous met de la pression jusqu’à être sûr que vous n’êtes
pas un terroriste, mais dans les fait on ne le sait pas du tout au moment de
votre arrestation.
Il reste
encore bien des ombres au tableau et bien des questions doivent être posées aux
responsables de la défense États-uniennes. En voici quelques unes :
Pourquoi fallait-il des attentats aux États-Unis pour leur faire prendre
conscience de l’importance des droits humains et de la démocratie dans des pays
comme l’Afghanistan et l’Irak? Sans les attentats du 11 septembre, les
États-Unis et leurs alliés seraient-ils
intervenus contre ces dictatures? Interviendront-ils prochainement
contre les dictateurs « alliées » des États-Unis si leur objectif est
d’imposer la démocratie à l’échelle de la planète?
Bref,
un film à voir, mais qui ne résout pas tout. Ce n’est qu’un début, continuons
le combat pour saisir la vérité un jour. Toute la vérité? J’en doute
cependant... pour raison d’État du côté des forces Anglos-États-uniennes! Et de
l’autre côté, de celui du terrorisme, qu’elle est la vérité? La foi n’est-elle
qu’un outil de manipulation par des « Politiques » qui prennent la
religion en prétexte? Des questions sont aussi à poser, mais elles ne doivent
pas venir que de l’extérieur. Beaucoup reste donc à savoir dans cette histoire.
Hyperliens
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_de_Guantanamo
---
France –
durée: 98 min
Produit
d’après une idée de Luc Besson
Réalisation :
Pierre Morel
Distribution :
David Belle, Cyril Raffaelli, Patrick Olivier, Tony D’Amario
Paris, 2013.
Damien est l’élite de la police. Officier d’une unité spéciale d’intervention,
expert en arts martiaux, il est passé maître dans l’art de l’infiltration et
sait mener à terme ses opérations par des actions rapides, précises et
néanmoins musclées.
Et c’est bien
la mission la plus extrême de sa carrière qui vient de lui être confiée une
arme de destruction massive a été dérobée par le plus puissant gang de la
banlieue. Damien est chargé d’infiltrer dans le secteur pour désamorcer la
bombe ou la récupérer.
Commentaires de Michel Handfield (22 juin 2006)
2010. Vu la
criminalité de la banlieue on autorise la construction d’un mur autour des
cités. Le film se déroule 3 ans plus tard.
Premier degré
La criminalité
est hors contrôle dans certaines cités. C’est particulièrement le cas du
district 13 en banlieue de Paris. Mais le vase déborde quand le puissant gang
du coin dérobe une nouvelle arme de destruction massive dont le convoi est
passé par là!
Damien a un
plan de match à suivre et il est couplé à un prisonnier injustement condamné,
issu du district 13, pour mener sa mission à bien. Si Damien a des ordres à
suivre, Leïto, lui, se sert de sont instinct de survie. Il sait que l’ordre, le
système, est parfois aussi pourri que ceux qu’ils disent combattre. Damien est
un « pur », un idéaliste. Leïto le découvrira et une relation de
confiance s’établira entre eux jusqu’à certaines limites.
Un film
d’action moderne, qui utilise les effets spéciaux et les cascades à
l’États-uniennes. Vous ne vous ennuierez pas.
Second degré
Ce film est
une démonstration musclée des thèses politiques qui
s’affrontent actuellement dans le monde. Dans le coin droit, George W.
Bush et les néolibéraux (1) qui veulent éradiquer le mal tout en rentabilisant
la chose au passage! Dans le coin gauche, les humanitaires, les
altermondialistes et les communautaires qui soutiennent qu’il faut d’abord en
combattre les causes, car le mal est une indication de problèmes beaucoup plus
profonds. Une revendication. On peut penser ici au terrorisme ou à la
criminalité, qui sont, jusqu’à un certain point, la manifestation d’un même
problème.
D’un côté, le
terrorisme représente le rejet d’une société de consommation qui laisse en plan
une large part de la population mondiale. La société de consommation devient la
représentation du mal pour ces groupes idéologiques qui, sous des prétexte
politique ou religieux, recrutent des volontaires pour exécuter des actions de
représailles contre des cibles économiques ou politiques
« clairement » identifiés au mal, tels que des entreprises, des
institutions, des organismes internationaux ou des pays par exemple.
De l’autre
côté, la criminalité représente une acceptation de l’idéologie économique
dominante : tu es ce que tes moyens disent que tu es! Le recours à des
moyens de fortunes et illégaux pour accéder à la richesse devient justifiable,
car, comme la richesse détermine le statut des gens, l’important est d’y
accéder. On tentera après coup de se légitimer. C’est un processus courant dans
les milieux du crime, où la seconde et, surtout, la troisième et la quatrième
génération sont parfois ignorantes de ce qu’ont fait leurs ancêtres, maintenant
qu’elles sont dans les affaires légales après avoir fréquenté les grandes
écoles de commerce ou de droit par exemple.
Cependant,
malgré leurs différences, ces deux groupes marginalisés se rejoignent et
transigent entre eux sur le marché noir, où vendeurs et acheteurs
transigent de la drogue, des armes et
toutes sortes de commodités (dont des produits médicaux) qui sont inaccessibles
à de larges pans de la population écartés des circuits de consommation traditionnel
et laissé sans protection. On peut donc y échanger un crime (un acte terroriste
par exemple) contre le traitement de son fils malade qu’on n’aurait pas les
moyens de faire soigner sans ça! Une forme de crime d’honneur. Criminels,
terroristes et citoyens marginalisés y établissent des relations d’affaires.
Mais est-ce surprenant quand le ciment social n’est plus la solidarité, mais le
fric?
C’est ce qui
peut arriver quand on décide de retirer des services de proximité à une
population, que ce soit à Paris, en Afrique, au Moyen-Orient ou dans un village
du Québec, car on juge qu’elle ne sera jamais assez productive pour
rentabiliser l’investissement qu’il en coûte pour lui assurer ce service. On la
met face à un choix : se plier à la décision ou se révolter. Cette révolte
peut être physique ou socio-économique. On a alors droit à une manifestation de
violence, comme on en voit parfois dans les nouvelles ou, tranquillement, il se
crée un système parallèle. L’économie au noir et la fraude en sont des manifestations.
C’est le cas de la Banlieue 13!
Certains
comprendront d’où vient la racine du mal et lutteront pour davantage de justice
sociale, mais ils auront alors des bâtons dans les pattes de la part de leur
propre système, car en reconnaître les causes sociales, politiques et
économiques signifie aussi d’accepter un blâme pour le système et il n’est pas
conçu pour s’auto flageller ainsi. Les remises en question ne font pas partie
de sa culture. C’est pour cela qu’elles sont toujours le fait de citoyens, de
journalistes ou d’intellectuels qui le dénoncent. Lorsque les dénonciations
viennent de l’interne, c’est souvent pour des raisons de lutte de pouvoir et de
jeux de coulisses! C’est rarement gratuit ou par conscience. Le système est une
machine rationnelle et aveugle, qui applique la règle et ne la questionne pas.
Un peu comme notre policier, sauf que Leïto joue le rôle de « conscience
sociale » et le confronte dans son auto programmation!
Ce film pose
ainsi la question de la manipulation idéologique. Le crime peut-il être en
partie le fruit du politique (fermeture d’école, fermeture de postes de
polices, coupure des budgets socio sanitaires), façon de conduire à un
mécontentement citoyen qui ne pourra que revendiquer un accroissement des
budgets et des politiques sécuritaires d’un côté et applaudir la répression
violente des groupes qui le terrorisent, par bulletin d’informations
interposés, de l’autre? Cela fait réfléchir dans le cadre de la montée de la
droite au Canada, qui a justement des projets de désinvestissement dans le
social, mais d’investissements massifs dans le sécuritaire! La même question
pourrait se poser pour la santé. Les fermetures d’hôpitaux et l’allongement des
listes d’attentes depuis des décennies, tant par le PQ que le PLQ, fut-il
planifié par des hauts fonctionnaires pour faire accepter une forme de système
de santé privé en complément au système public? Naturellement personne ne
l’avouera, mais on peut le penser, surtout que sa surcharge vient des décisions
politiques des 20 dernières années.
Ce film
questionne les politiques actuelles dans la projection qu’il fait de la
société. Si tous peuvent s’accorder sur le diagnostic : il y a un problème
avec la banlieue et l’intégration des immigrants et des jeunes à la société
(française), la différence se fait surtout sentir par les
solutions retenues. Pour la droite, il faut éradiquer le mal. Pour la gauche, il faut
éduquer et intégrer pour en faire des citoyens! Bref, c’est un film qui porte à
la réflexion si le spectateur y est enclin.
Bon cinéma!
Note :
1. Incluant la
droite française actuellement au pouvoir.
---
23
juin 2006 en V.O.A. au Cinéma du Parc.
Durée
: 104minutes
Réalisé
par : Lian Lunson. Artistes
participants : Nick Cave, Rufus Wainwright, Kate & Anne McGarrigle, Martha
Wainwright, Berth Orton, Linda Thompson, Teddy Thompson, Jarvis Cocker, The
Handsome Family, Anthony, Julie Christensen et Perla Battala.
Synopsis
:
Songwriter. Poet. Counter-culture icon.
Consummate ladies’ man. Since bursting onto the scene in 1967, Leonard Cohen
has inspired generations with his unique personality and haunting music,
becoming one of the most original and enduring artists to emerge from the
1960s. Now, Lionsgate is proud to celebrate Cohen’s legacy with director Lian
Lunson’s LEONARD COHEN I’M YOUR MAN, an intimate look at the songs, poetry and
life of one of music’s most celebrated and influential troubadours.
In January, 2005, Lunson traveled to Sydney to
film the historic “Came So Far For Beauty” show, a tribute to Leonard Cohen at
the Sydney Opera House organized by famed music producer Hal Willner. LEONARD
COHEN I’M YOUR MAN includes behind-the-scenes interviews and live performances
from this event by Nick Cave, Rufus Wainwright, Kate & Anna McGarrigle,
Martha Wainwright, Beth Orton, Linda Thompson, Teddy Thompson, Jarvis Cocker,
The Handsome Family, Julie Christensen and Perla Battala, as well as a special
performance of “Tower of Song” by Cohen and U2. And in a series of candid
interviews, Cohen himself reveals his trademark wry humor and soulful
intensity, using his own artwork, poetry and personal collection of photographs
to reflect upon his colorful past and his creative process.
Sure to please both diehard Cohen fans and the
newly initiated, Lunson’s film is a beautiful record of captivating music, and
an intimate portrait of a truly singular artist. LEONARD COHEN I’M YOUR MAN is
directed Lian Lunson, produced by Lian Lunson, Mel Gibson and Bruce Davey, and
executive produced by Kevin Beggs, Sarah Greenberg, Erik Nelson, Tim Palen and
Sandra Stern.
Commentaires de Michel Handfield (19
juin 2006)
«
He is a song writer! » Bono
On
a droit ici à un film particulier, qui mêle spectacle et documentaire. Si le
spectacle hommage à Leonard Cohen est intégral, certaines chansons sont par
contre entrecoupées par des entrevues et des films d’archives, car c’est
d’abord et avant tout un documentaire. La musique est d’ailleurs excellente et
les réinterprétations des chansons très bonnes. Ne cherchez pas une imitation
si vous le connaissez. Je n’ai qu’un bémol pour « Everybody Knows » même si Rufus
Wainwright en fait une belle interprétation, car celle là, dans ma tête,
est associée au « coffre » particulier de Cohen. C’est comme pour
Vigneault ou Ferland : quelques chansons sont plus que des chansons. Elles
sont l’âme de l’auteur compositeur. Celle là en est.
On
en apprend sur son cheminement et sa vie par des entrevues avec lui et des gens
qui l’ont accompagné au cours de son parcours, le tout agrémenté de photos et
de films d’archives. Montréalais d’origine, je ne sais pas si beaucoup de gens
le connaissent du côté francophone. Moi, je connaissais uniquement la chanson Suzanne dans mon adolescence. (1) J’ai
appris par ce film qui était Suzanne!
Par
contre j’ai découvert Leonard Cohen il y a quelques années à peine, par
l’intermédiaire de Serge Bouchard qui a fait jouer « Everybody Knows » dans son émission « Les chemins de travers » sur la
première chaîne de Radio-Canada. Cette voix profonde m’a fait acheter le CD
« More Best Of Leonard Cohen »
(2) et le découvrir, après quoi j’ai acheté
« The Best of Leonard Cohen
» (3) pour avoir la première version de Suzanne; celle de mon adolescence. Et là, avec ce film, je sais davantage qui il
est.
Si
vous le connaissez déjà, ce film devrait vous intéresser, tout comme le CD de
ce spectacle, à venir cet été selon mes sources. Si vous ne le connaissez pas,
il est à découvrir. Vous risquez alors de faire une agréable découverte. Quand
on parle des deux solitudes, c’en est un exemple. Peu sont connus dans les deux
cultures québécoises, la francophone et l’anglophone, à part Céline Dion. En
fait l’on connaît parfois davantage la musique du monde que celle de notre
contrepartie anglophone! La même chose est vrai de l’autre côté de cette
frontière linguistique : ils connaissent peu nos auteurs-compositeurs
francophones. Il est dommage que ce film ne soit pas sous-titré ou traduit en
français pour élargir sa pénétration chez les francophones, car l’on parle ici
d’un compositeur interprète montréalais de talent qu’on a intérêt à découvrir
si on ne le connait pas déjà. Même Bono a dit de lui « He is a song writer! »
Notes :
1.
Pour moi, Suzanne c’était une fille
qui visitait occasionnellement des amies
d’été alors que nous avions un chalet au lac Gagnon à Duhamel. On aurait dû
avoir entre 12 et 14 ans à l’époque. C’était une franco ontarienne d’Hawksbury,
dont je ne sais même pas le nom de famille. Je la trouvais probablement jolie
puisque je m’en rappelle encore, mais je ne lui ai probablement jamais dit… Par
contre je me rappelle avoir enregistré la chanson Suzanne à la radio à cause
d’elle. Mais à l’époque, si je connaissais la chanson, je ne savais pas que
c’était Leonard Cohen qui la chantait. C’était un autre temps!
2. More Best Of Leonard Cohen: 1 Everybody Knows 2 I'm Your Man 3 Take This Waltz 4 Tower Of Song 5 Anthem 6 Democracy 7 The Future
8 Closing Time 9 Dance Me To The End Of Love 10 Suzanne 11 Hallelujah 12 Never Any Good 13 The Great Event
3. The Best of Leonard Cohen: 1 Suzanne 2 Sisters Of Mercy 3 So Long,
Marianne 4 Bird On The Wire 5 Lady
Midnight 6 The Partisan 7 Hey, That's No
Way To Say Goodbye 8 Famous Blue
Raincoat 9 Last Year's Man 10 Chelsea Hotel No. 2 11 Who By Fire 12 Take This Longing
Hyperliens :
http://www.leonardcohenimyourman.com/
http://www.leonardcohensite.com
www.leonardcohenfiles.com/hw-sydney.html
---
À l’affiche
dès le 16 juin
Duo met en
vedette Anick Lemay, Serge Postigo, François Massicotte, Gildor Roy et Julie
McClemens dans une comédie romantique séduisante… Après avoir été doublée par
son concurrent Jules Simard (François Massicotte) qui a mis sous contrat la
vedette de l’heure, l’agente d’artiste Pascale Lachance (Anick Lemay) est au
bord de la faillite. Elle se rend alors au Festival de la chanson des Caps de
Charlevoix pour courtiser Francis Roy (Serge Postigo), un ex-chanteur qui a
quitté les planches au sommet de sa gloire. Pascale veut convaincre l’artiste
de remonter sur scène et de signer un contrat avec elle. Mais l’habile Jules
Simard est aussi sur le coup…
Cette comédie
romantique est produite par Claude Veillet et Jacques Bonin de Films Vision 4,
scénarisée par Sylvie Pilon et Sylvie Desrosiers, et distribuée par Christal
Films.
Duo est une
présentation de Tim Hortons, en collaboration avec Tourisme Charlevoix (www.tourisme-charlevoix.com).
Commentaires de Michel Handfield (14 juin 2006)
Un film qui a
du rythme! Des fois c’est « con », mais c’est bon, car on est dans la
comédie, la caricature et parfois le burlesque – un genre qui se perd depuis la
fermeture du théâtre des variétés de Gilles Latulippe! (1) Certaines « jokes » sont plus
convenues, mais on y passe aussi des vérités avec le sourire. Bref, une
comédie légère, doublé de romantisme,
qui m’a plu, car je suis bon public pour ce genre de film qui me permet de m’abandonner
et de rire. C’est une pause santé pour moi qui fait souvent dans le
« sérieux » et le sociopolitique. (2)
Notes :
2. En effet,
quand ma blonde écoute ce genre de films, qui mélange romantisme et comédie, je
m’arrête parfois pour quelques instants… qui peuvent durer tout le film, car
cela donne un break à mon cerveau. Des fois ça fait du bien d’arrêter de penser
pour se laisser conter une histoire; de rire de bon cœur et d’avoir une larme à
la fin, même si elle était prévisible. Je suis romantique devant ces films
alors que dans la vie je suis plutôt rationnel et sceptique; loin du
romantisme. Le cinéma change parfois l’homme en nous. Allez savoir
pourquoi…
---
the 3 rooms of melancholia (melancholian
3 huonetta)
au cinÉma du parc dès le 16 juin
un documentaire de pirjo honkasalo
Les
enfants victimes de la guerre de Tchétchénie au fil de trois chapitres
Montréal,
le jeudi 25 mai 2006 – Le Cinéma du Parc s’apprête à accueillir le lauréat du
prix Amnistie International pour le Festival international du film documentaire
à Amersterdam en 2004, the 3 rooms of
melancholia, de Pirjo Honkasalo, dès le 16 juin. Ce film nous
offre trois lieux de mélancolie et découle directement d’une
longue série de documentaires remarquables écrits, réalisés et filmés par la
réalisatrice d’origine finlandaise Pirjo Honkasalo. Dans le film, les images de
Honkasalo révèlent le vrai visage de cette guerre dissimulée et de sa violence
qui nourrit amertume et haine. En
version originale russe et arabe avec sous-titre anglais en exclusivité au
Cinéma du Parc.
Les
enfants victimes de la guerre de Tchétchénie au fil de trois chapitres ou
« chambre » : dans la première chambre, les enfants soldats de
l’Académie de Kronstadt en Russie sont pour la plupart orphelins ou enfants de
familles nombreuses placés là par leurs parents, et soumis à une discipline
militaire pour en faire des « héros ». La deuxième chambre s’ouvre
sur la ville dévastée de Gronzy, capitale Tchétchène où des enfants vivent dans
des ruines. Une femme recueille les orphelins et les enfants dont la mère
malade ne peut s’occuper. Dans la troisième chambre, nous sommes dans un camp
de réfugiés à la frontière de l’Ingouchie, des Tchétchènes dansent sous les
bombardements, les enfants suivent et regardent.
En
1969, Honkasalo fait la photographie du long métrage « Pilvilinna »
(château du nuage), réalisé par Sakari Rimminen. Elle devient ainsi la première
femme en Finlande à signer la photographie d’un long métrage. Filmer est la
partie essentielle de la réalisation pour Pirjo Honkasalo qui filme elle-même
tous ses documentaires.
Commentaires de Michel Handfield
(14 juin 2006)
Un
film « loaded », car on y sent le poids des idéologies. La force de
l’image nous fournit l’information que seuls les mots ne pourraient rendre.
D’abord,
l’Académie de Kronstadt en Russie, où
j’ai l’impression qu’on enrégimentement les enfants dans l’armée comme dans la
religion. Ils ont de 10 à 14 ans; y font l’école et apprennent l’art du combat.
On voit bien qu’ils préfèrent le combat! Ils seront de bons petits soldats. Les
bons tuent les méchants et ils seront du côté des bons! Mais est-ce si simple?
Par analogies, tous les combattants se croient du côté des bons, même de Dieu.
On ne le voit que trop, malheureusement.
D’un
autre côté, il est vrai qu’on les sauve peut-être, car ils viennent de milieu
dysfonctionnel, parfois de la rue, ou sont orphelins. Mais on profite de leur malléabilité et de leur
vulnérabilité pour les enrégimenter! Est-ce mieux parce que c’est une
institution d’État, l’armée, qu’un groupe religieux ou terroriste? Cela
relève-t-il du même phénomène d’enrégimentement?
Ensuite,
nous nous retrouvons dans Grozny,
capitale tchétchène. Ville détruite par une guerre d’indépendance en vue
d’instaurer une république islamiste au Caucase. Les russes disent l’avoir
« écrasée », mais dans les faits la guerre est loin d’être terminée.
On y vit dans des logements coupés de tout; on puise l’eau et on se fait à manger sur un feu. La
désolation. Le peuple souffre. Le conflit s’éternise.
Est-ce
que le peuple voulait cette guerre d’indépendance au nom de Dieu? La foi
est-elle si forte que l’on est prêt à ainsi sacrifier sa qualité de vie et sa
sécurité au nom de Dieu? Ou est-ce plutôt une alliance entre des leaders
nationalistes et religieux pour atteindre l’indépendance, mais qui
préfigurerait un nouveau conflit entre religieux et nationalistes par la suite?
Où est le peuple? En otage entre deux groupes de « libérateurs »?
L’image soulève des questions; elle ne donne pas nécessairement les réponses.
Pour le profane, dont je suis, du travail reste à faire pour en savoir plus
(voir les hyperliens).
Finalement,
on termine ce film dans un camp de
réfugiés à la frontière de l’Ingouchie. J’y ai perçu la force des coutumes
et des idéologies dans les rêves des enfants, notamment d’être combattants! Les
idéaux et les idéologies ont la même racine, mais pas nécessairement les mêmes
effets. L’histoire en témoigne.
***
Ce
film m’amène deux questions fondamentales. La première : les enfants ne
pourraient-ils pas juste jouer? J’ai l’impression d’un enrégimentement sur la
base de la pauvreté et de la souffrance! Et si tel est le cas, avec la
polarisation grandissante entre pauvreté et richesse, même dans les pays
développés, des terreaux fertiles aux combats idéologiques ne pourront que se
développer. Quelles en seront les conséquences? La liberté démocratique
passe-t-elle d’abord par le militaire ou par l’éducation et la culture? L’économique doit-il se servir de la
société (pour accroître son profit) ou
servir la société (par la création de richesse à condition qu’il y ait aussi
une certaine redistribution de celle-ci, que ce soit par des fondations ou
l’État)?
La
seconde concerne le multiculturalisme. Doit-on tout accepter en son nom? S’il y
a des coutumes que l’on juge barbares, selon nos standards occidentaux, doit-on
fermer les yeux sur celles-ci, que ce soit d’égorger un agneau de façon
traditionnelle sur la pelouse; l’excision; ou le viol collectif comme punition?
Est-ce que juger, pour une majorité, est signe de racisme? Et les autres, les
minorités, si elles jugent la majorité ou les autres minorités, est-ce aussi du
racisme? Jusqu’à quel point doit-on accepter ce qui va contre nos valeurs au
nom d’une ouverture multiculturelle? Doit-on mettre une barrière au nom de la
protection de la civilisation ou de nos valeurs?
Attention,
si vous pensez que je ne parle que des islamistes dans ces remarques, car (i)
ce film parle d’une opposition entre islamiste et russe et (ii) les islamistes sont dans l’actualité
canadienne actuellement, vous faites fausse route. L’actualité fait en sorte
que le faisceau est actuellement sur eux, mais il ne faut pas escamoter le fait
qu’il existe des sectes chrétiennes tout aussi dangereuses; qui prônent la
guerre sainte en Israël pour y établir les conditions propres au retour du
Christ par exemple! Le danger idéologique n’est pas le propre d’une seule
culture ou religion. Ni l’ouverture aux autres. Les musulmans ne sont pas
davantage « un » que les chrétiens ou les juifs. Ils sont aussi
traversés par des courants de pensée et des sectarismes, allant des plus
humanistes aux plus conservateurs, voir fascistes. Il faut faire attention aux
généralisations. Mais il faut aussi se questionner sur les valeurs
civilisatrices que nous voulons : ce qui est acceptable et ce qui ne l’est
pas dans notre société. Certains sectarismes sont peut-être tout simplement
incompatibles avec nos valeurs. Il ne faut pas se le cacher, mais il faut
l’afficher clairement : ceci est acceptable et ceci ne l’est pas.
Sommes-nous clairs envers nous même? Si nous ne le sommes pas, comment
pouvons-nous exiger des autres qu’ils comprennent nos valeurs? C’est le sentiment
que ce film a soulevé chez moi.
En
conclusion, je vous cite un passage d’un livre sur la démocratie, car tout est
là, dans ces quelques mots :
« La
démocratie n’est pas une superexplication égalitaire, mais bien une engueulade
générale dans laquelle les égalitaires ne sont pas seuls à avoir le droit de
s’exprimer. S’il existe un pluralisme des valeurs, la démocratie est un débat
dont personne ne pourra jamais sortir vainqueur. Son enjeu réside dans un
terrible conflit entre valeurs, semblable à une guerre civile au paradis. La
démocratie n’est pas le triomphe du bien commun, mais une guerre du bien contre
le bien que personne ne pourra jamais remporter. » (Dewiel, 2005, p. 7)
Sauf
que cette guerre se fait par la force des mots; non celle des armes, des bombes
et de la peur; des conquêtes militaires ou terroristes. On parle de la conquête
des idées et de la raison.
Hyperliens/Références :
Dewiel,
Boris, 2005, La démocratie : histoire des idées, Québec : PUL, Collection:
Zêtêsis
FINKIELKRAUT,
Alain, 1987 [1989], La défaite de la
pensée,
France:
Gallimard, coll. Folio Essai.
Grozny: http://fr.wikipedia.org/wiki/Grozny
Kronstadt : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kronstadt
Ingouchie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ingouchie
Labyrinthe caucasien, Par Ignacio Ramonet:
http://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/RAMONET/11536
Robitaille,
Antoine, Le choc des cultures. Peut-on se
dire Occidental et fier de l'être? Le Devoir, Édition du samedi 20 et du
dimanche 21 mai 2006, A 1 : www.ledevoir.com/2006/05/20/109724.html
Tchétchénie :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tch%C3%A9tch%C3%A9nie
3 chambres de la mélancolie (Les) –
Documentaire :
http://www.ocean-films.com/lestroischambresdelamelancolie/accueil2.htm
---
V.O.
anglaise (États-Unis - durée: 105 min)
et v.o.sous-titré français
Sortie :
vendredi 9 juin 2006
Réalisation :
Robert Altman et Garrison Keillor
Distribution
: Meryl Streep, Lily Tomlin, Lindsay
Lohan, Kevin Kline, Garrison Keillor, Tommy Lee Jones, Woody Harrelson, Maya Rudolph, Virginia Madsen
Musiciens,
comédiens et techniciens sont rassemblés pour la préparation de la dernière
émission de la très populaire série « A
prairie home companion ». Mais des passions et conflits, longtemps
enfouis, éclateront au grand jour à l'occasion
de cette
ultime réunion.
Commentaires de
Michel Handfield (8 juin 2006)
J’ai été à ce
film par curiosité, car je ne connaissais pas cette émission et je ne suis pas
un « fan » de cette musique, même si j’ai 4 ou 5 CD de country à la
maison : Willie Nelson, Garth Brooks et Shania Twain! Bref, je ne
prévoyais rien écrire. Sauf que même si
je ne suis pas représentatif du public cible de ce film, j’y ai eu du plaisir
et de la nostalgie. Si! Si!
D’abord du
plaisir, car la musique vaut le détour. Cela permet de découvrir autre chose;
mais si vous êtes francophone et que vous ne connaissez pas ce genre, mieux
vaut la version sous-titrée, car il est clair que j’ai manqué beaucoup
« d’insides », anglo-américain et propre à cette culture.
Ensuite, j’ai
eu un brin de nostalgie, non pas de cette émission en tant que telle, mais pour
le genre. En fait, par analogie, j’ai pensé au Cabaret des refrains avec Monique Giroux sur les ondes de la
première chaîne de Radio-Canada. Ça me manque, Monique!
Enfin, pour
ceux qui aiment la radio, la face cachée d’une radio en public et en direct;
les improvisations du bruiteur pour sauver la mise quand ça dérape; et les
aléas du direct, incluant les règlements de compte entre initiés, m’ont fait
sourire. Certains y riaient à gorge déployée, ce qui me laisse croire que la
version sous-titrée serait plus appropriée pour les francophones, comme moi,
qui n’ont pas les référents pour ce film.
Et
pour terminer en beauté, malgré la tristesse de cette journée où je me suis
fait voler mon vélo pendant le visionnement de presse, je vous en pousse une
p’tite vite :
Bye Bye mon
cowboy…
Bye bye mon
vélo!
Après quelques
milliers de km
Il n’y aura
plus de rodéo
Dans les nids
de poules de Montréal
Mains à
guidon, Mains à guidon!
Un inconnu t’a pris
Pendant qu’au
ciné je me prélassais
Loin de toi
Qui te faisait
dorer près de la Grande Bibliothèque!
Peut-être te
retrouverais-je
Peut-être te
retrouverais-je
Dans un pan
shop de Montréal
Ou enfourché
par un malotru!
Bye, Bye mon vélo!
Hyperliens :
www.aprairiehomecompanionmovie.com
http://prairiehome.publicradio.org/
http://umusicmedia.ca/aprairiehomecompanion/mediaplayer/index.php
http://en.wikipedia.org/wiki/A_Prairie_Home_Companion
---
La sortie en
salles du dernier film de Costa-Gavras, le 2 juin.
Montréal, le
jeudi 17 mai 2006 - La dernière création de Costa-Gavras, Le
Couperet, prendra l’affiche au Québec. Après le succès d’Amen et la controverse
que le film a suscitée, Costa-Gavras change
de registre et nous revient avec Le Couperet, un suspense plus
intimiste, mais brûlant d’actualité, qui met en vedette José Garcia, Karin
Viard et Ulrich Tukur. Bruno Davert (Garcia) est un cadre très supérieur dans
une usine de papier. S’étant fait licencier avec quelques centaines de ses
collègues pour cause de délocalisation, il est prêt à tout pour retrouver un
poste à son niveau… même à « éliminer » la concurrence.
Le Couperet
est tiré du roman du même nom de l’auteur américain Donald E. Westlake. Selon
Jean-Claude Grumberg qui cosigne cette adaptation avec le réalisateur du film,
l’œuvre constitue en quelque sorte « la suite d’Amen ». Il ajoute qu’en posant
la question : « dans quel monde sommes-nous entrés à la sortie du nazisme ? »,
ce suspense « alerte sur une sorte de nouvelle sauvagerie, de nouvelle barbarie
». Costa-Gavras ne déroge donc pas à l’engagement politique et social qui est
la ligne directrice de son œuvre.
Commentaires de Michel Handfield (2 juin 2006)
Économisme,
individualisme et vie en société sont des valeurs qui s’affrontent. Comment
peut-on vivre en société tout en étant en même temps en concurrence avec ses
semblables, car notre vie est menacée par les autres qui se battent pour les
mêmes emplois que nous? Un pli sur le front qui vous fait paraître plus vieux
que le concurrent et hop, vous n’aurez pas l’emploi convoité! C’est la
déchéance, parfois le suicide.
L’ennemi, on
le connaît : c’est le conseil d’administration, l’actionnaire principal,
les fonds de pension et les fonds mutuels qui veulent du rendement sur l’avoir
et non plus sur le produit. Mais on ne peut l’éliminer, car on parle d’un
système. Il faut faire avec.
C’est comme si
l’État n’avait plus d’autre choix que de soutenir l’action de l’entreprise. Il
subventionne les investissements qui conduisent aux licenciements massifs et
aux délocalisations du travail. Il ne protège plus ses industries ni ses citoyens
(leurs emplois) pour ne pas nuire à ses relations internationales, ses
exportations et certaines de ses importations, jugées plus profitables à
certains secteurs que de produire sur place. C’est peut-être rentable à court
terme, mais à long terme on peut ainsi détruire notre infrastructure
industrielle et devenir de plus en plus dépendant de l’étranger. Mais l’État
joue le jeu. Il réglemente de moins en moins en matière économique. Il abdique,
ne tenant même plus compte des avis des organismes qu’il a mis en place pour
lui faire des recommandations. C’est le cas de l’industrie canadienne du vélo
par exemple. Le Tribunal canadien du commerce extérieur « suggérait une surtaxe de 30 % pour la
première année, de 25 % pour la seconde et de 20 % la troisième » sur
les vélos de moins de 400$ importés d’Asie, mais ce ne fut pas retenu par le
gouvernement pouvait-on lire dans La Presse du 31 mai dernier! (1)
Pourquoi?
« M. Edward soupçonne le gouvernement fédéral
de sacrifier l'industrie canadienne du vélo pour ne pas nuire à ses relations
commerciales avec la Chine, de loin le plus important exportateur de
bicyclettes vers le Canada (580 411 en 2005, en hausse de 41 % par rapport à
2004, selon des données des avocats de Raleigh). « Ça fonctionne bien entre les
deux pays; ils ne veulent pas déranger ça », estime-t-il. » (2)
Cette
idéologie, le néolibéralisme, nous vient des conservateurs anglo-saxons (Reagan
et Thatcher) et fut raffinée par la suite dans des « think thank »
conservateurs et des forums supranationaux comme l’Organisation Mondiale du Commerce et la Banque Mondiale.
L’opposition aux mesures interventionnistes et réglementaires en matière
de production et d’économie, ce qui inclut le protocole Kyoto, vient de là.
Mais notre homme ne peut s’en prendre à ce système qui le dépasse de trop.
L’Homme contre le système idéologique, ce serait un film hollywoodien avec un
super héros, mais pas une fable réaliste à l’européenne. On est dans un autre
imaginaire cinématographique, surtout avec Costa-Gavras qui est dans le
vraisemblable quand il n’est pas dans le réaliste. On est ici dans le film de combat et d’idée; le film
politico-économique. La fiction dénonciatrice!
Notre homme
adopte donc le mode de pensée du système. À la guerre comme à la guerre et dans
cet économisme ambiant, il est en guerre pour sa survie et sa famille. Il lui
faut donc éliminer la concurrence à défaut de l’ennemi néolibéral, qui attaque
le contrat social au nom d’un individualisme économique dominant!
Cela se fait
d’abord au sens figuré, en présentant un CV dynamique par exemple. Mais ça ne
fonctionne pas et vient un temps où la pression sociale est si forte que notre
homme décide de passer en mode « action » : éliminer
physiquement la concurrence, c’est-à-dire les quelques ingénieurs chimiques qui
sont du même calibre que lui! C’est cynique, mais c’est « réaliste »
si on prend ce film comme une transposition du système économique dans la
sphère humaine. Quand on parle de l’entreprise ne parle-t-on pas de citoyen corporatif
d’ailleurs?
L’entreprise qui élimine la concurrence c’est
en quelque sorte un citoyen (corporatif) qui en élimine d’autres pour assurer
son développement. Elle achète et ferme des firmes concurrentes, même si elles sont
rentables, et congédie des gens, car, avec les nouvelles technologies, elle a
une surcapacité de production et besoin de nouveaux marchés pour se déployer.
Elle n’achète donc pas des capacités de production, mais des consommateurs!
Elle paye pour des parts de marché! L’usine et les employés sont des biens
collatéraux qu’elle ne peut intégrer dans son plan d’affaires et elle les
élimine, produisant ainsi des chômeurs tout en se développant. A la limite,
elle ne conservera qu’un bureau des ventes et un centre de distribution,
réalimentant tout simplement ce marché à partir d’usines situées ailleurs dans
le monde, préférablement dans des pays à faible coût de production, où les lois
sont en sa faveur!
Contrairement
à la société industrielle qui créait ou de l’emploi ou du chômage de façon
cyclique, la société technocratique produit à la fois de l’emploi et du
chômage, créant en même temps des emplois dans une économie émergente (comme la
Chine) et des chômeurs dans une économie mature (comme la France ou le Canada)!
Le profit de ces groupes industriels
modernes vient en partie de la spéculation sur les marchés boursiers et de
leurs ventes à l’échelle mondiale. Si autrefois on produisait pour un marché
local, national ou continental, aujourd’hui on produit pour des clients qui ont
les moyens d’acheter nos produits à l’échelle de la planète. Il y a ainsi un
marché pour les Mercedes dans les pays du tiers monde et des refuges pour
sans-abri dans les grandes métropoles occidentales! La planète ne constitue plus
qu’un seul marché segmenté.
Les firmes
multinationales sont passées maîtres dans cet écrémage des marchés. C’est pour
cela que les entreprises font de l’espace sur un marché encombré au nom d’une
logique purement économique qui ne tient plus compte des facteurs humains,
sociaux et politiques sauf si le marché
les force à le faire. Le contrat social entre l’État et le citoyen n’est
plus pris en compte par ces multinationales, car elles sont au dessus des
États. Ce sont d’autres règles qui s’appliquent et ce sont elles qui les
contrôlent. C’est exactement ce que comprend notre homme et il en fera son
credo. Il cherchera à se libérer un espace sur un marché du travail encombré en
éliminant ses principaux concurrents, soit les cinq ou six ingénieurs européens
qui sont en concurrences pour les mêmes postes que lui, car ils nuisent à son
développement et à son profit!
Il sait bien
que les « concurrents » pourraient être ses alliés. Mais dans
un monde individualisé, on ne peut qu’être indépendant; les uns contre les
autres! Il prend bien garde de ne pas fraterniser avec la concurrence pour ne
pas perdre son focus d’ailleurs. De toute façon, si ce n’est pas lui qui mange
l’autre, c’est l’autre qui le fera! Ou une autre qui aura aussi bien compris
que lui cette logique implacable du système économique. À la guerre comme à la
guerre! C’est de la légitime défense économique; la règle du
système néolibéral : croître ou disparaître!
Comme un des
ingénieurs qu’il a pour cible le remarque : on devrait plancher sur les
déchets pour sauver la planète plutôt que de continuellement surfer sur la
productivité. Mais c’est là qu’est la profitabilité, même aux dépens de la
planète. Alors si la vie de la planète ne vaut pas la profitabilité, notre
ingénieur chimiste est-il amoral de tuer quelques échantillons de l’espèce
humaine pour atteindre son but? Beau problème éthique sur lequel on devrait
faire plancher les étudiants des grandes écoles de gestion de ce monde. Mais je
ne crois pas que ce film prenne l’affiche dans une classe de MBA.
Malheureusement.
En conclusion,
ce film illustre bien ce qui fut écrit sur la mondialisation! Courrez le voir,
car ici le cinéma donne vie à la critique théorique de l’économie néolibérale!
Il l’incarne en un personnage totalement rationnel et troublant. Un
Costa-Gavras! Ça dit tout, car j’ai vu Z à la télé de Radio-Canada 2 ou 3 ans
après sa sortie (en 1969), donc à l’âge de 13 ou 14 ans environ, et lorsqu’il
est sorti en DVD (en septembre 2005) je l’ai acheté, car je l’avais encore en
tête plus de 30 ans après l’avoir vu! C’est là que je réalise que mes
préoccupations et mon intérêt pour le cinéma sociopolitique sont profondément
ancrés. Je ne peux le nier devant une telle évidence.
Référence :
Albert,
Michel, 1991, Capitalisme contre
capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate
Banque
mondiale : http://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_mondiale
Costa-Gavras :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Costa-Gavras
Christal
Film : www.christalfilms.com
Le couperet: www.christalfilms.com/officialsites/lecouperet/
Infos
Mondialisation par les éditeurs de Societas Criticus :
www.netrover.com/~stratji/mondialisation.htm
Organisation
mondiale du commerce sur Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_mondiale_du_commerce
La page
économie politique de Societas Criticus :
www.homestead.com/societascriticus/socioeco.html
Pour les
termes comme néolibéral, voir le dictionnaire Societas Criticus sur notre site
(www.netrover.com/~stratji/dictio.htm) ou à Bibliothèque et archives Canada:
http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/michel_handfield/dictionnaire/index.html
Note :
1. Laliberté, Michel, Sombre avenir pour l’usine de vélos Raleigh,
La voix de l’est, reproduit dans la Presse affaires, 31 mai 2006, p. 3
2. Laliberté,
Michel, Ibid.
---
ON A CLEAR DAY (UK
- durée: 98 min)
Sortie :
vendredi 26 mai 2006
Réalisation
: Gaby Dellal
Distribution
: Peter Mullan, Brenda Blethyn, Sean
McGinley, Jamie Sives
Frank, 55 ans,
grand travailleur et homme respecté dans sa communauté, se retrouve brutalement
sans emploi. Pour la première fois de sa vie, il se sent perdu et sans
repères. Un jour, son ami Danny lui dit
en plaisantant qu'il devrait traverser la Manche à la nage par une belle
journée. L'idée fait son chemin dans la tête de Frank et, à l'insu de sa femme
Joan, il décide de redonner un but à sa vie en se préparant pour ce test
d'endurance suprême : traverser la Manche à la nage...
Commentaires de Michel Handfield (25 mai 2006)
Pour ceux qui
s’intéressent à l’étude critique du travail, l’on parle souvent de l’aliénation
de l’Homme par le travail même s’il s’y réalise aussi. Cependant, c’est quand
on perd son travail, qu’on en réalise l’importance, car la détresse du non
travail (même avec une rente) semble une plus grande aliénation que celle du
travail, même déqualifié! Pourquoi? C’est que l’homme est un animal incomplet.
Il ne peut s’auto suffire et a besoin de la société pour vivre (1) et le
travail fait partie de cette organisation sociale. Si ce n’est pas un travail rémunéré, salarié
ou au noir, ce sera du travail fantôme
(2) ou bénévole. C’est que le travail est un facteur de motivation et de
développement; de dépassement. D’ailleurs combien de gens qui n’aiment pas leur
emploi, travaillent bénévolement ou paient pour faire ce qu’ils aiment, que ce
soit de peindre, faire de la broderie,
de la photo, de l’animation radio (pour un poste communautaire) ou de la
coopération internationale par exemple.
Quand Frank
perd son emploi au chantier maritime de Glasgow, son monde s’écroule, déjà que
ses relations avec son fils semblaient quelque peu tendues. Il lui faut un défi à relever et celui-ci
sera de taille : traverser la manche comme le lui propose un ami. Une
façon de se dépasser et de faire sortir le « méchant » accumulé
au cour d’une vie. Une façon de se
retrouver et de refaire sa dignité par un accomplissement personnel plutôt que
professionnel, car si l’Homme a besoin de travailler, il a surtout besoin de se
réaliser et de se dépasser. De faire quelque chose de plus pour montrer que son
existence ne fut pas futile.
Un film
intéressant, qui n’est pas un thriller, ni un drame, mais une histoire de
ressaisissement et de dépassement personnel. Un film psychosocial. L’histoire
d’une réalisation que l’on suit pas à pas.
Notes/hyperliens :
1. Dewiel,
Boris, 2005, La démocratie : histoire des
idées, Québec : PUL, Collection: Zêtêsis
2. ILLICH, Ivan,
1981, Le travail fantôme, Paris:
Seuil.
http://www.iconmovies.co.uk/onaclearday/
---
De Valérie Lemercier
À l’affiche le
26 mai
Montréal, le
10 mai 2006 — À la fois réalisatrice, coscénariste et actrice principale de sa
nouvelle comédie, Valérie Lemercier
signe un portrait décapant sur les moeurs d’une famille royale contemporaine et
sur la fascination qu’exercent les têtes couronnées.
Valérie
Lemercier incarne Armelle, une orthophoniste toute
simple qui devient reine bien malgré elle, quand son tombeur et glandeur de
mari (Lambert Wilson), pourtant fils
cadet du roi, est désigné pour monter sur le trône après le décès accidentel de
son père. Catherine Deneuve campe la
reine mère Eugénia qui ne peut blairer sa belle-fille, Michel Aumont, un chef du protocole plus royaliste que le roi,
tandis que Mathilde Seigner et Denis Podalydès, jouent un couple de
prolétaires.
En écrivant ce
scénario avec Brigitte Duc, Valérie Lemercier dit : «Ce qu’on avait envie
de voir à l’écran, c’est ce qui nous manquait quand on voit les rois, les
reines se parler quand ils sont au balcon, dans leur voiture ou leur
carrosse : le son !»
Distribué au
Québec par les Films Équinoxe, Palais
Royal ! qui a fait 2,7 millions d’entrées en France, arrivera sur nos
écrans à compter le 26 mai.
Commentaires de Michel Handfield (23 mai 2006)
C’est
un film de facture européenne, où se rencontrent les cultures françaises,
britannique et belge dans une critique cynico comique et efficace des royautés
européennes actuelles. Un film où pointe la caricature, mais qui n’est pas
moins juste pour autant! J’y ai vu des parallèles avec Lady Di, même si on
n’est pas dans un pays précis.
Notre héroïne,
Armelle, reste naturelle malgré son accès inattendu à la royauté, par son
conjoint, ce qui énerve la reine mère et le protocole, car le protocole est
tout, sauf naturel! Elle utilise des trucs de femmes, pas toujours subtils,
mais très efficaces, pour mettre les
choses à sa main… mais aussi se venger de certaines « vacheries »
qu’on lui fait très diplomatiquement. Rien de tel que le « naturel »
et la « naïveté » pour mettre la royauté dans l’embarras et en
montrer les coins qui retroussent! C’est ce qui donne un sens au film tout en
soutenant son côté comique.
J’y ai passé
un moment agréable, entre la franche comédie, la critique royale et la caricature, car on soulève somme toute cette
question importante : la royauté est-elle encore nécessaire dans une
démocratie parlementaire? Si non, pourquoi y tient-on? Parce qu’on aime le rêve
qu’elle nous permet d’entretenir; parce qu’elle humanise la relation
amour/haine que l’on a avec l’État et l’autorité; ou, finalement, parce qu’elle est un avantage
touristique et économique : la royauté attire le tourisme et fait vendre
des produits dérivés!
Mais quand le souverain n’aura plus la côte sur le marché de la popularité, la monarchie sera-t-elle encore à l’ordre du jour? Voilà la question que ce film pose sans le dire. Voilà la question qui doit commencer à hanter les britanniques alors qu’Elizabeth II gagne en âge, mais que Charles ne gagne toujours pas en popularité. Une question qui doit hanter toutes les monarchies qui subsistent dans des pays où le parlementarisme est le mode de gouvernement réel, car dans la plupart de ces pays la monarchie n’est plus que symbolique. Combien de temps les citoyens seront-ils prêts à payer pour une monarchie d’apparat si elle est de plus en plus mêlée à des intrigues et des scandales juteux? Nos modèles doivent toujours être plus que parfait, jamais comme nous et encore moins en-dessous de nous. Si autrefois l’information concernant les frasques monarchiques était facilement contrôlable, tel n’est plus le cas aujourd’hui, à l’ère de la concurrence pour l’information la plus juteuse. Faire tomber une monarchie n’est plus impensable, surtout s’il s’agit d’une monarchie d’apparat! Leur temps est compté!
---
A
l’affiche dès le 12 mai
Art
School Confidential marque la deuxième collaboration entre le réalisateur
Terry
Zwigoff et le scénariste Daniel Clowes, après leur long métrage Ghost World
acclamé par la critique. Le film – une
comédie originale qui fait une satire du monde des écoles de beaux-arts – est
adapté d’une nouvelle publiée dans Eightball, le magazine-culte de bandes
dessinées de Clowes.
L’histoire
suit les péripéties d’un jeune artiste talentueux, Jerome (Max Minghella, le
fils du réalisateur Anthony Minghella), alors qu’il commence sa première année
dans une école d’art de la côte est. Or
Jerome a l’ambition de devenir le plus grand artiste du monde entier.
Malheureusement,
les portraits réalistes de Jerome ne sont pas appréciés à leur juste valeur
dans un cours d’art où tout est permis.
Il le considère d’ailleurs bidon et déconcertant. Du côté positif, Jerome a su attirer
l’attention d’Audrey (Sophia Myles) qui pose dans le cours de modèle
vivant. Jerome est toutefois évincé le
jour où Audrey porte son intérêt sur Jonah (Matt Keeslar), un peintre séduisant
dont les tableaux de style primitif lui assurent un succès retentissant dans
l’école. Désespéré, Jerome conçoit alors
un plan risqué en vue de devenir célèbre et de regagner le cœur d’Audrey. Pendant ce temps, un tueur en série circule
en liberté sur le campus.
Dans
les rôles des divers personnages plutôt bizarres qui gravitent autour de
Jerome, John Malkovich campe un professeur égocentrique ayant consacré 25 ans
de sa vie à peindre des «triangles», Anjelica Huston une imposante professeure
d’histoire de l’art, Jim Broadbent un artiste raté, Joel David Moore le
camarade de classe bien informé de Jerome et Ethan Suplee son
colocataire-cinéaste. Le caméo de Steve
Buscemi, qui incarne le propriétaire d’un restaurant pseudo-artistique, est
également à surveiller.
Avec
ce film, le réalisateur Terry Zwigoff continue d’explorer sa fascination pour
les marginaux, un thème qui se dégage de ses précédents documentaires (Louie
Bluie, Crumb) et longs métrages (Ghost World, Bad Santa). Le scénario est signé Daniel Clowes qui s’est
partiellement inspiré de l’époque à laquelle il étudiait dans une école d’art
de Brooklyn alors que le « Sam » de Summer of Sam sévissait. Clowes est également l’auteur des œuvres de
Jonah qui mettent tout le monde en émoi.
Art
School Confidential est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et
dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (10
mai 2006)
Perspective en plongée :
Jerome
rêve de devenir peintre et il poursuit son rêve. Mais pour atteindre un rêve on
peut parfois dépasser la limite de l’acceptable, surtout quand le génie côtoie
la déviance et que le code d’apprentissage est expérimente : Il faut s’ouvrir l’esprit à d’autres
perspectives, à d’autres expériences. Se dépasser! Aller au-delà du
convenu; de la norme. Plonger! Mais au-delà d’un certain point, plonger,
c’est aussi risquer! C’est ce que Jerome apprendra à ses dépends, car poussé à
l’exploration de ses limites, il y répondra par un coup fumant qui se
retournera contre lui.
Perspective parallèle :
On
est ici dans un milieu parallèle; celui des arts avec une faune artistique
typée et égocentrique qui se prend au sérieux. L’égo à fleur de peau. La déviance y fait œuvre de génie et
l’anormalité de norme. Jerome, équilibré, doit se démarquer dans ce milieu
atypique. Une façon de voir que les normes sont d’abord et avant tout des codes
sociaux, signifiants pour le groupe qui les partage, mais parfois insignifiants
pour les autres, voir même illégal et criminel dans certains cas :
« Beaucoup de choses, qu’un
peuple appelait bonnes, pour un autre peuple étaient honteuses et
méprisables : voilà ce que j’ai découvert. Ici beaucoup de choses étaient
appelées mauvaises, et là-bas elles étaient revêtues du manteau de pourpre des
honneurs.
(…)
Est honorable ce qui lui semble difficile; ce
qui est indispensable et difficile s’appelle bien. Et ce qui délivre de la plus
profonde détresse, cette chose rare et difficile, - est sanctifié par
lui. » (Nietzsche,
F., 1998 (1883-5), Ainsi parlait
Zarathoustra, France: Maxi-poche classiques étrangers, p. 61)
De face :
D’entrée
de jeu le prof met cartes sur table : « Si vous voulez faire du cash, allez à l’école des banquiers ou des
webdesigners! Vous ne pourrez pas vivre de votre art. (…) Est-ce que les
choses sont claires?»
Plan sombre (face cachée) :
L’art,
c’est la création de l’émotion. Un moment de grâce entre des moments ordinaires
et quelques « down »! Certains artistes sont prêts à tout pour
provoquer ces moments de grâce. L’art est ici débusqué dans ses derniers
retranchements, ses pires excès.
Hyperlien :
http://www.sonyclassics.com/artschoolconfidential/
---
A
l’affiche dès le 12 mai!
Le
film sera présenté au Cinéma du Parc (en version originale anglaise avec
sous-titres en français) et au cinéma AMC Forum (en version originale
anglaise).
Vingt
ans après leur film Paris, Texas qui a été encensé par la critique, le
scénariste américain, Sam Shepard, et le réalisateur allemand, Wim Wenders, ont
collaboré une fois de plus pour réaliser Don’t Come Knocking, une comédie
dramatique sur une vedette de westerns en déclin réalisant qu’il est passé à
côté de l’amour. Le film a été présenté
au Festival de Cannes 2005 et au Sundance Film Festival 2006.
Howard
(Shepard) a autrefois été célèbre en tant que héros de nombreux westerns. Aujourd’hui âgé d’environ 60 ans, il conserve
toujours une beauté farouche, mais sa vie de débauche fait davantage la une des
journaux que sa carrière. Au lendemain d’une nuit de beuverie, Howard fuit le
plateau du film dans lequel il joue au beau milieu du désert de l’Ouest
américain.
Howard
prend la direction de Elko, dans le Nevada, où il rend visite à sa mère (Eva
Marie Saint) pour la première fois depuis presque 30 ans. Lorsque Howard apprend qu’il est peut-être
père, il part pour Butte, au Montana, pour retrouver Doreen (Jessica Lange),
une serveuse avec qui il a eu une aventure une vingtaine d’années plus tôt
alors qu’il tournait un film dans cette ville.
Doreen tient maintenant le resto-bar où elle travaillait à l’époque. Le
fils (Gabriel Mann) de Doreen – dont Howard est le présumé père – chante à cet
endroit.
L’excellente
distribution est composée de Sarah Polley dans le rôle d’une jeune femme qui
réserve également une surprise à Howard et de Tim Roth dans celui de
l’enquêteur qui a été lancé à la recherche de Howard. George Kennedy, Tim
Matheson et Julia Sweeney font de brèves apparitions quand les réalisateurs du
film se retrouvent dans une impasse en raison du départ précipité de Howard.
Si
Sam Shepard raconte une histoire avec des mots, le réalisateur Wim Wenders
utilise quant à lui des images. Un vieil
album de coupures de journaux. Un ancien modèle de Packard. Une urne contenant
des cendres. Un canapé abandonné sur le trottoir. Dans un style propre à Wenders, ces éléments
créent l’atmosphère de l’histoire – tels des souvenirs, des émotions et des
objets se fondant les uns dans les autres.
Le
film a été tourné dans la région de Moab, dans l’Utah, et dans les villes de
Elko et de Butte. La photographie très soignée d’un nouveau venu, Franz Lustig,
impressionne dès le premier plan – avec cette image qui semble être le masque
d’un bandit, alors qu’il s’agit d’une formation rocheuse. La bande originale composé par T-Bone Burnett
(O Brother, Where Art Thou?) est teintée
par les styles blues et country.
L’acteur Gabriel Mann interprète lui-même les chansons.
Don’t
Come Knocking est distribué au Québec par Métropole Films et dans le reste du
Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield
(10 mai 2006)
« Western road
movie » fort intéressant, car c’est une relecture. On a conservé l’esprit du
genre : les grands espaces, la musique, la route en solitaire, la quête de
soi et d’humanité, puis un peu d’amour
et de nostalgie. Mais on l’a modernisé, car notre « cowboy
solitaire » est un acteur qui fait le point sur sa vie d’homme mûr. Son
passé, ses relations et son futur. Sur ce qu’il a laissé derrière lui et sa
capacité de communiquer. La fuite est parfois le signe d’une difficulté de
communiquer. De dire que l’on aime? D’une peur des attaches, comme si l’amour
nous coupait les ailes.
Notre
cowboy entreprend donc un « road movie » psychanalytique pour
atteindre l’équilibre. Il y fera la découverte d’attaches qu’il ne soupçonnait
pas. Mais si cela change sa vie, cela changera aussi celle des autres.
Lequel
a le plus mal, lequel a le plus de remords? Celui qui abandonne ou celui qui
fut abandonné?
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