Version archive pour bibliothèques de Societas Criticus et DI

Revues Internet en ligne

 

Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

 

         

www.homestead.com/societascriticus

 

Vol.  8 no. 4

 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

(10 mai 2006 -

 

Pour nous rejoindre:

di_societas@hotmail.com

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer par courriel. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

Édito 

 

Que la paix soit avec vous!

On sait qui!

Qui?

 

Dossier/Essai

 

Quelle notion que la nation?

Un autre épisode dans le dossier Wal-Mart à St-Michel

Des suites à suivre! D’abord la réponse de la ville à notre texte, et notre commentaire à celle-ci.

 

Le Journal/Fil de presse:   Il y aura un deuxième Jean Charest!; Annonce du  Fonds du secteur volontaire par le gouvernement. Une reconnaissance du travail de la société civile dans la réduction de la pauvreté; LE PARC JARRY : LE PREMIER GRAND PARC BRANCHÉ À MONTRÉAL ET AU QUÉBEC; Signature d’un Accord de Paix au Darfour;

 

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Islam et musulmans, sur Voyage dans la France musulmane et L'Islam et la Raison.

Du plomb dans le gaz au plomb dans le sang! Sur L’HISTOIRE SECRÈTE DU PLOMB.

 

 Nouveaux livres reçus :  Savinien Cyrano de Bergerac, 2004, LES ÉTATS ET EMPIRES DE LA LUNE - LES ÉTATS ET EMPIRES DU SOLEIL. L'Autre Monde suivi de FRAGMENT DE PHYSIQUE, Édition de Jacques Prévot, 432 pages, France : Collection Folio classique (No 4110); Annesty International, 2006, Rapport annuel 2006, La situation des droits humains dans le monde, Belgique : CLAES printing; Clavette, Suzanne (Sous la direction de), 2006, L'Affaire Silicose par deux fondateurs de Relations, Québec,  PUL,  Sciences humaines, Éducation et IQRC, 462 pages; Saul, John, 2006, Mort de la globalisation, Paris : Payot.

 

Spectacles

 

PRÉSENCE AUTOCHTONE 2006 : APERÇU

 

Théâtre

 

OPÉRA WOZZECK

25e CUVÉE (SAISON 2006–2007) ESPACE LIBRE

 

Les Films

 

LE SECRET DE MA MÈRE

THE DEVIL AND DANIEL JOHNSTON

ALLER SIMPLE POUR GUANTANAMO

BANLIEUE 13 / DISTRICT 13

Leonard Cohen: I’m your man

Duo

THE 3 ROOMS OF MELANCHOLIA

A PRAIRIE HOME COMPANION

Le Couperet, de Costa-Gavras

ON A CLEAR DAY

PALAIS ROYAL!

ART SCHOOL CONFIDENTIAL

DON’T COME KNOCKING

 

###

 

Index

 

Nos éditos!

 

Que la paix soit avec vous!

Michel Handfield

 

14 juin 2006

 

Au nom de la paix, devrait-on abolir les religions si elles sont cause de dissension et de  guerre? Comme on ne pourra jamais empêcher l’Homme de se questionner sur sa présence; d’où vient-il; qui l’a mis là; bref sur « Dieu », le hasard ou les extra-terrestres; la religion fera probablement toujours partie du paysage, car elle relève d’une question fondamentale : d’où venons nous? L’abolir est donc utopique. On voit même leur retour en force dans les pays de l’ex-Union Soviétique, malgré des décennies à essayer de les faire disparaître au nom du communisme. Même la Chine voit un intérêt grandissant pour le religieux, ce qui n’est pas peu dire. (1)

 

Si on ne peut l’abolir, on doit se questionner sur la Foi et son caractère parfois antidémocratique, quand elle ne peut être discutée, mais qu’elle est imposée? La foi, les religions et les croyances pourront-elles un jour sortir de leur enfermement théologique, de leur « vérité » absolue, pour être débattues librement et pacifiquement sur la place publique sans que cela ne soit perçu comme une injure à quelques croyants, prophètes ou dieux que ce soit?

 

Si l’Homme est né de Dieu, périra-t-il au nom de Dieu? L’Homme pourra-t-il surmonter cette fatalité ou il est dans sa destinée de s’y frapper?  

 

Note :

 

1. Religions en Chine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Religions_en_Chine

 

---

 

On sait qui!

Michel Handfield

 

8 juin 2006

 

Christiane Charette remplacera Marie-France Bazzo a-t-on appris aujourd’hui sur les ondes de Radio-Canada (http://radio-canada.ca/radio/indexPc.html). Bravo Christiane, on t’écoutera avec plaisirs, car tu étais un des deux noms que nous suggérions dans notre édito du 18 mai dernier, « Qui? », pour prendre la relève de Marie-France Bazzo dans ce créneau. L’autre nom que nous suggérions était celui de Jean-François Lépine.

 

Naturellement, même si nous avions envoyé un tiré à part de notre texte à quelques émissions de la radio de Radio-Canada,  on n’en a pas parlé, « car on n’y parle que de la presse écrite » nous a-t-on déjà dit! Nous sommes de l’écrit pourtant, mais pas de l’imprimé! De l’écrit sur le Web. Un jour ils comprendront peut-être!

 

Alors bravo Christiane de la part de Societas Criticus, revue internet très écrite!  

 

   

---

 

Qui?

Michel Handfield

 

 

Le 18 mai 2006

 

Avec le départ annoncé de Marie-France Bazzo d’indicatif présent, la question est sur toutes les lèvres : Qui chaussera ses chaussures? Étant un inconditionnel de la radio de Radio-Canada, j’ai deux noms en têtes que je verrais très bien « remplacer » Marie-France si l’on peut dire. Bref, c’est un édito en forme de suggestion à la direction de Radio-Canada. Ces deux personnes, offrant des qualités exceptionnelles pour ce « job », sont :

 

- Jean-François Lépine, qui offre ce mélange de culture et d’informations pour ce type de magazine et qui a d’ailleurs très bien remplacé Marie-France à quelques occasions déjà;

 

- Christiane Charrette, qui a aussi du métier dans ce type d’émission – elle nous l’a prouvé à la télé – et qui est une excellente intervieweuse.

 

            D’autres chroniqueurs embarqueront très certainement dans cette dance du « qui remplacera Marie-France? » prochainement. On verra quelles seront leurs suggestions. Le débat est maintenant ouvert. 

 

            Et comme auditeur je n’y perds pas vraiment, car je suis un auditif : j’écoute donc la télé comme j’écoute la radio. Alors je gagnerai Marie-France à mon autre télé publique tout simplement. Bonne chance Marie-France.  

 

---

 

 
Index
 
Dossier/Essai
 

Quelle notion que la nation?

Michel Handfield

 

5 juillet 2006

 

Harper [a] dit non à la nation québécoise (1), ce qui a fait jaser au Québec autour de la fête nationale. Mais, qui se pose vraiment la question : qu’est-ce qu’une nation? Si on regarde l’usage, nation et pays sont souvent synonymes, les entreprises multinationales étant des entreprises présentes dans plusieurs pays et les Nations-Unies un organisme regroupant des pays souverains à la table commune des nations! Mais en même temps, on parle aussi des nations autochtones du Canada, nations qui correspondent à des cultures et des territoires, mais pas à des pays. Ce n’est donc pas un concept limpide. Voilà une question qui ne pouvait qu’intéresser Societas Criticus.

 

D’abord, avant de discuter un tel sujet, il faut une définition officielle de ce concept. Après en avoir regardé quelques-unes, voici la définition tirée du dictionnaire Microsoft Encarta 2006.

 

Nation :

 

1.  groupe humain titulaire de la souveraineté, établit sur un territoire déterminé et formant une entité politique

Synonyme: pays

- un accord qui concerne plusieurs nations

 2.  ensemble de personnes liées par la conscience d'une histoire, d'une culture, de traditions et parfois d'une langue communes 

Synonyme: peuple

- la nation hellénique

 

               Juste à regarder cette définition, on voit toute l’ambiguïté de la question. Nation est synonyme de peuple ou de pays, ce qui pose problème pour le gouvernement canadien, car reconnaître la nation québécoise serait-ce en reconnaître le peuple ou la  souveraineté? Question d’interprétation, mais dans le contexte canado-québécois cela pose plus de problèmes que de reconnaître la nation Iroquoise par exemple. Il est moins compromettant pour un politicien canadien de parler du peuple québécois que de la nation québécoise, vu le double sens de cette expression.

 

Mais, socialement, peut-on vraiment parler de peuple québécois? En ce temps du « mondial » de football (Soccer), on s’aperçoit qu’on est loin d’être un seul peuple, une seule nation, car chacun revendique une autre identité que québécoise, remontant parfois de quelques générations s’il le faut! Ainsi, avec le foot, l’un redevient italien, l’autre français, même si son ancêtre est arrivé ici il y a 400 ans!

 

On est un regroupement de citoyens issus de nations et de cultures différentes, vivant sur un même territoire et se forgeant une identité commune tout en se préservant des espaces culturels privés. L’haïtien-montréalais ou l’italo-montréalais qui va en voyage à Toronto, à New-York ou au pays de ses ancêtres va probablement se sentir quelque peu étranger et découvrir sa québécitude au contact des autres. Cependant, et  en même temps,  l’haïtien-montréalais ou l’italo-montréalais vont se sentir différents ici malgré un certain partage culturel et civique. Bref, l’identité québécoise est à la fois une, car nous développons certaines caractéristiques communes à vivre ensemble, mais aussi multiple, car cette identité est traversée par des cultures différenciées. Nous sommes en quelque sorte une communauté multiethnique partageant un même territoire. On n’est pas si loin qu’on voudrait le croire de l’identité canadienne! 

 

               Certains diront que j’exagère et que je prends des exemples extrêmes. Soit! Alors, je vous pose une question : croyez-vous que les Tremblay du Saguenay et les Boileau de Longueuil ont davantage en commun avec les Jones de Kirkland ou les Paquette d’Hawkesbury? Poser la question c’est un peu lui répondre.

 

En fait, comme montréalais, je suis probablement plus près des préoccupations urbaines de mes concitoyens que de celle des gaspésiens. Mais je suis aussi plus près de celle des habitants d’autres communautés urbaines, comme Toronto ou Boston, que de Rivière-du-loup ou d’Alma, car nous vivons des problèmes semblables liés à la ville! Mon identité est donc davantage montréalaise que québécoise. Pourtant, je ne peux parler d’une nation montréalaise. Mais j’aimerais!

 

Le terme de nation s’applique à une situation bien précise si ce n’est pas à un pays souverain : « ensemble de personnes liées par la conscience d'une histoire, d'une culture, de traditions et parfois d'une langue communes.» (Ibid.) L’appliquer aux Québécois pourrait alors poser problème face aux non francophones du Québec, car si ce terme peut être perçu comme inclusif au sens d’habitants du territoire, il peut aussi être perçu comme une forme d’exclusion des non francophones au sens de peuple, car il ne faut jamais oublier que la culture et la langue sont intimement liées au Québec. (2) Si l’on peut parler de citoyens du Québec, il est beaucoup plus difficile de parler de nation québécoise, tout comme il est difficile de parler d’une nation canadienne. C’est là que l’on prend conscience que les notions de québécois et de canadiens ont beaucoup plus en commun qu’on veut nous le faire croire pour des raisons de nationalisme, car nous avons aussi forgé une part de l’histoire et de l’identité canadienne.  L’une et l’autre se recouvrent comme des plaques tectoniques, n’en déplaise aux fondamentalistes québécois et canadiens qui s’opposent.  

 

Cependant, comme l’on ne peut plus se revendiquer de la nation canadienne-française comme on le faisait autrefois, pour des raisons politiques évidentes, ni recourir à celle de Québécois, beaucoup plus large et inclusive, il faut trouver une solution qui nous est propre. Comme est Québécois tous habitants du Québec, francophone ou non, d’une même culture d’origine ou non, si on ne peut parler de nation québécoise on pourrait par contre parler des nations et communautés culturelles québécoises, cette dernière dénomination recouvrant les groupes plus restreints. Culture et langues étant très liées dans l’identité, seraient élevés au rang de nations québécoises les Franco-québécois; les Anglo-québécois; les premières nations et peut-être quelques ethnies qui ont une historicité, une culture commune et des institutions assez fortes au Québec pour le justifier. On peut donner l’exemple de la communauté juive qui répond à ces critères. Ensuite, pour les communautés qui n’y répondent pas, nous continuerons de parler de communautés culturelles, ce qui n’est pas péjoratif. D’ailleurs, la majorité de ces communautés culturelles seraient de toute manière incluse dans l’une des grandes familles franco-québécoises ou anglo-québécoises. 

 

La notion de nation est très complexe et difficile à appliquer, surtout dans une société multiculturelle et d’ouverture sur le monde comme nous la connaissons. N’oublions pas que les notions de mondialisation et d’altermondialisme nous parlent beaucoup au Québec. Elles ont même eu des porteurs d’ici qui les ont amenés dans le reste du Canada et dans le monde. Alors, à part de faire couler beaucoup d’encre et faire de beaux titres pour vendre des journaux en période de « fête nationale » et de disette de nouvelles politiques locales, je crois qu’être une nation n’apporte pas grand-chose de plus à mon identité de toute manière, car telle n’est pas la réalité vécue. 

 

Je préfère de loin être citoyen, ce qui est beaucoup plus ouvert, d’autant plus que nous partageons des cultures qui ne correspondent plus à une localisation géographique. En fait, avec les échanges culturels, les migrations, les médias et l’internet, notre identité puise à plusieurs sources. Notre individualité est construite de plusieurs couches de couleurs et de vernis pour faire image, certaines puisant à nos racines et d’autres à des cultures qui nous étaient totalement étrangères il y a un demi-siècle à peine! On le voit avec le sport, en cette période de « mondial » de football, et avec les échanges culturels dans lesquels des citoyens du Québec sont impliqués à l’échelle de la planète! Pensons au Cirque du soleil et au Festival de jazz de Montréal. D’ailleurs, avant d’être québécois ou canadien, je suis montréalais et internaute. Voilà mon identité première et ce n’est pas une nation. 

 

Notes :

 

1. Robitaille, Antoine, « Harper dit non à la nation québécoise » in Le Devoir, Édition du samedi 24 et du dimanche 25 juin 2006 : www.ledevoir.com/2006/06/24/112388.html

 

2. Cela s’explique par le fait que les francophones sont majoritaires au Québec, mais se sentent minorisés et en danger sur un continent américain dominé par l’anglais au Canada et aux États-Unis et par l’espagnol au sud des États-Unis. Nous sommes comme un îlot francophone dans une mer anglophone! 

 
---
 

Un autre épisode dans le dossier Wal-Mart à St-Michel

Michel Handfield

 

19 mai 2006

 

Cette semaine j’ai assisté à la conférence de presse de l’ADDM (Association pour la Défense des Droits des Montréalais) concernant le dossier de Wal-Mart à St-Michel, mais comme je m’intéresse au dossier de l’ex-carrière Francon depuis des années, ce n’était pas tout à fait nouveau pour moi. Je suis d’ailleurs membre d’organismes du quartier St-Michel proche de ce dossier, car c’est le quartier qui m’a vu naître et que j’habite encore. C’est dire mon intérêt pour ce dossier et le quartier. (1)

 

Il y a donc quelques jours, Léo Bricault, président de l’ADDM, s’est prononcé contre la venue de Wal-Mart non seulement à St-Michel, mais à Montréal. Ancien journaliste et éditeur du Journal Saint-Michel, son communiqué de presse est assez clair pour que je n’aie rien à ajouter sur le sujet, sauf quelques points qu’il n’a pas soulevés, mais qui sont d’importances selon moi.

 

Premièrement, le site est un joyau en termes de paysage, car au fond d’une carrière, avec les parois rocheuses, l’on se sent dans un canyon. Un bijou, dans une ville, que l’on devrait conserver pour des projets beaucoup plus structurants qu’un centre d’achat. J’en ai déjà parlé d’ailleurs. Moi, je penserais à un centre de recherche universitaire ou à vocation internationale par exemple. Ou pourquoi pas l’hôpital universitaire de Montréal? Il ne serait pas trop tard pour y penser, car les travaux n’ont pas encore débuté au centre-ville. Vu la valeur des terrains du centre-ville versus celle de la carrière, qui appartient à la ville de Montréal; les possibilités qu’elle offre en termes d’espace pour des développements futurs; la tranquillité du site et sa situation géographique au centre-nord de l’île, soit près de Pie IX, du futur train de banlieue vers Repentigny et de la Transcanadienne (boulevard Métropolitain), ce sont des facteurs à ne pas négliger. (2) Il y aurait aussi de quoi donner des emplois de qualité à un quartier qui en a bien besoin. Cela constituerait un modèle positif pour les jeunes du quartier, car nous sommes dans un quartier où le décrochage scolaire est problématique et ce n’est pas avec un centre d’achat, qui constituera un lieu de flânage et d’emplois précaires, qu’on résoudra ce problème. Naturellement, c’est toujours mieux qu’un dépotoir et c’est la seule raison qui m’empêche d’être contre un projet de centre d’achat, mais on pourrait avoir davantage de vision à la ville.

 

Deuxièmement, pour ceux qui croient qu’un emploi au salaire minimum chez Wal-Mart ou un emploi au salaire minimum dans un petit commerce d’une artère commerciale c’est du pareil au même, il y a deux différences majeures à considérer à ce niveau.

 

D’abord, s’il y a des emplois au salaire minimum dans les commerces de rue, il y aussi des propriétaires commerçants et des propriétaires artisans, comme des tailleurs ou des cordonniers, ce que les grandes surfaces ne peuvent remplacer. Cependant, si ces commerçants-artisans ne sont pas capables de supporter la perte d’une part de leurs ventes, ils fermeront, car leur chiffre d’affaires vient en partie de leurs ventes, même si les réparations représentent souvent la plus grande part de leurs affaires. Avec les seules réparations, ils ne pourront probablement plus en vivre, d’autant plus qu’il n’en coûte parfois pas tellement plus cher d’acheter des chaussures « made in China » que de faire ressemeler ses anciennes godasses! Seul le mixte entre la vente et la réparation leur permet de tenir le coup et d’offrir leurs services. Sommes-nous prêts à les sacrifier ainsi? Cela représente une part du coût humain d’une telle décision.

 

Ensuite, il faut considérer les emplois indirects. Nos petits commerçants  encouragent souvent des « locaux » pour leurs tâches professionnelles : comptabilité, graphisme, services-conseils, institution financière (la BN ou la caisse pop par exemple). Les géants, comme Wal-Mart, ont leurs professionnels à leur siège social et cela me surprendrait qu’ils utilisent le designer de votre quartier. Dans bien des cas, ils ont même leurs services financiers qui concurrencent nos institutions bancaires. Quand on parle de perte d’emplois, on ne parle pas que des emplois en vente, même si ce sont les plus visibles, mais de tous ces emplois qui gravitent autour du commerce de détail. Pensons seulement à une campagne de publicité orchestrée au Québec versus une campagne « worldwide », commandé du siège social d’une multinationale états-unienne à un de leur « major » de la pub! Peut-être que nos artistes travailleront au doublage, mais ce n’est pas l’industrie de la création qui en profitera le plus. Ceci n’est pas considéré dans le quantitatif des emplois directs, mais ce doit l’être dans celui des emplois indirects, tout comme celui du graphiste qui fait du lettrage pour la fruiterie de son quartier et le cordonnier qui place de la publicité dans le journal de quartier.

 

Troisièmement, une telle décision a aussi un coût environnemental. S’il n’en coûte pas plus cher d’acheter des chaussures « made in China » que de faire ressemeler ses anciennes chaussures, ces dernières s’entasseront dans les dépotoirs avant même d’avoir fini leur vie utile, car on peut faire ressemeler un bon soulier plus d’une fois avant que le cuir de l’empeigne ne soit plus bon. Ce n’est pas très environnemental comme approche quand l’on reproche au gouvernement Harper de ne pas respecter l’accord de Kyoto! Cela c’est sans tenir compte des gaz à effet de serre dus au transport de tous ces produits, dont les vêtements et les chaussures provenant de Chine, pour remplacer ce qu’on aurait pu faire réparer ou recycler. Il me semble qu’il faudrait être conséquent avec les exigences environnementales que l’on a envers nos gouvernements supérieurs avant de prendre une telle décision au plan local! Celle-ci est à notre niveau, d’arrondissement et de ville, alors c’est à nous d’y voir. 

 

Ce sont là des facteurs dont on n’a pas parlé à cette conférence de presse, mais qui doivent être pris en considération dans ce dossier.

 

***

 

Comme je ne reviendrai pas sur la question de Wal-Mart et des oppositions que ce géant soulève, ce qu’a souligné M. Bricault dans sa conférence de presse, voici quelques liens à ce sujet pour ceux que cela intéresse:

 

Wal-Mart : www.walmart.com

Wal-Mart sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wal-Mart

TUAC Canada : www.tuac.ca

Wal-Mart watch: http://walmartwatch.com

 

« La face cache de l’empire Wal-Mart », Zone Libre, Radio-Canada informations, 2 décembre 2005 : http://radio-canada.ca/actualite/v2/zonelibre/documentaires/Walmart/index.shtml

 

Notes:

 

1. a) Pour les lecteurs du site, tous nos textes antérieurs sur ce dossier sont regroupés sur notre page Criticus Politikos dans un dossier sur l’ex-carrière Francon  actuellement en ligne :

 

www.netrover.com/~stratji/delinkanpolitik.htm#Francon 

 

b) Pour les autres lecteurs, en bibliothèque par exemple,  voici la liste des textes que j’ai écrits sur le sujet, avec les numéros de parution, tous disponibles en ligne à Bibliothèque et Archives Canada (l’adresse web suit la liste) ou sur CD à la bibliothèque de l’Université de Montréal : 

 

- Un retour sur Francon (1er mai 2006; Vol. 8 no 3, Éditos);

- Une vision d’avenir pour un quartier! Ou le recyclage d’une carrière. (2 mars 2006; Vol. 8 no 2, Dossiers/Essais);

- Vision et union, où ça? (L’affaire Wal-Mart à Saint-Michel) (14 février 2006) + Suivi (Vol. 8 no 2, Dossiers et Essais);

- Le point sur un projet novateur! (9 Décembre 2005; Vol. 7, no 5/8 no 1, Éditos);

- Frilosité politique face à un projet novateur : le cas de Camping Montréal (4 novembre 2005; Societas Criticus/Dossiers, Vol. 7, no. 4);

- Un site novateur pour le CHUM! (8 décembre, 2004; Societas Criticus/Éditos, Vol. 6 no. 3).

 

BAC : http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/

 

2. J’ai parlé du CHUM dans les deux textes suivants : « Une vision d’avenir pour un quartier! Ou le recyclage d’une carrière. » et « Un site novateur pour le CHUM! », disponibles à Bibliothèque et Archives Canada. (Voir note 1)

 

***

 

Communiqué de presse de l’Association pour la Défense des Droits des Montréalais

 

Montréal, le 16 mai 2006  

 

Le maire Tremblay doit rouvrir immédiatement l’appel d’offres concernant le site de la carrière Francon. L’ADDM exige que l’administration Tremblay protège les artères commerciales de la ville des effets nocifs de dix nouveaux Wal-Mart projetés, un appel à l’aide est lancé à la Chambre de commerce.

 

C’est dans le cadre d’une conférence de presse tenue au centre St-Pierre à Montréal ce matin que M. Léo Bricault, président de l’Association de défense des droits des montréalais (ADDM), a dénoncé le projet d’implantation de 10 magasins Wal-Mart à Montréal. L’ADDM a critiqué la façon de procéder de l’administration Tremblay qui a fait fi des procédures usuelles en publiant en catimini pendant la période des fêtes, soit le 12 décembre dernier, un appel d’offres pour 20 % du territoire du quartier St-Michel qui prenait fin le 21 décembre, soit 9 jours plus tard, un comportement énigmatique digne du Code Da Vinci. En effet, statistiques à la main, M. Bricault a démontré que l’examen des appels d’offres de la ville de la même période révèle que, pour un simple projet de réfection de bouts de trottoir, une vingtaine de jours étaient accordés!

 

En présence de représentants d’artères commerciales montréalaises, M. Bricault a invité publiquement la Chambre de commerce du Montréal métropolitain à ouvrir un débat public sur la question. Profitant de l’occasion, il a aussi invité tous les autres groupes concernés par la préservation de l’intégrité économique de Montréal et la qualité de vie et de l’environnement à se joindre à lui pour contrer le cancer que représente selon lui Wal-Mart pour la ville. Il a précisé, preuves à l’appui, que des petites agglomérations et d’aussi grandes villes que New York, ont réussi à fermer la porte à ce citoyen corporatif de deuxième ordre. « Wal-Mart est un mauvais voisin! » a tonné M. Bricault en déposant à l’appui une revue de presse massive. « Que diriez-vous d’avoir comme voisin quelqu’un qui maltraite les gens qui vivent sous son toit, quelqu’un qui a déjà cadenassé ses employés qui travaillent la nuit, quelqu’un qui est accusé de nuire à l’accès à des postes de décision pour les femmes, de racisme, de ne pas respecter l’environnement, d’engager des travailleurs illégaux, de détruire des centres-villes, quelqu’un de condamné pour harcèlement psychologique et intimidation de ses employés ici même au Québec, quelqu’un coupable d’appauvrir et  de détruire les emplois manufacturiers de qualité au pays en facilitant systématiquement l’exportation de cette production au Tiers-monde où elle est réalisée par des enfants dans des conditions de travail pitoyables, tout cela ayant comme objectif le maintien de la mantra honteuse… le plus bas prix à tout prix ? On ne parle pas de favoriser un employeur québécois comme Bombardier qui a une solide réputation en tant que générateur d’emplois de qualité. Le maire Tremblay est en train d’user ses genoux de pantalon pour accommoder un groupe qui représente historiquement les intérêts de Wal-Mart ».

 

2,50 $ le pied carré !

 

Selon un récent reportage, le projet pour vendre 4 millions de pieds carrés du quartier St-Michel serait consenti au développeur immobilier au prix de 2,50 $ le pied carré, pour une somme totale de 10 millions $ et à ce jour, on ne sait même pas qui assumerait le coût des infrastructures municipales nécessaires (routes, égouts, feux de circulation). De là à donner ce terrain, il y aurait lieu, comme l’exige aujourd’hui l’ADDM, de publier un nouvel appel d’offres en bonne et due forme, ouvert pour 90 jours et d’utiliser la même méthodologie que celle qui a servi lors de la cession du terrain  de la Ronde de l’île Notre-Dame et des installations de l’aéroport de Mirabel, c’est-à-dire faire appel à des courtiers spécialisés.

 

À propos de l’ADDM

 

L’ADDM qui a été fondée en 1979 a pour objectif de préserver les droits des citoyens et citoyennes de Montréal. C’est un des premiers, sinon le premier mouvement organisé dans le quartier St-Michel pour mettre fin au dynamitage au détriment des enfants du quartier. À travers l’association se sont réunis au cours des ans, différents leaders du quartier, autant en provenance du milieu associatif local que politique et qui ont fait pression sur l’administration municipale dans divers dossiers. L’organisme, présidé par Léo Bricault, ancien propriétaire et éditeur du Journal de St-Michel s’est fait connaître dans le cadre de son intervention pour protéger les aires vertes dans le quartier St-Michel face à un développement douteux. Le siège social du Cirque du Soleil occupe aujourd’hui une partie des aires qu’elle a contribué à protéger.

 

---
 
Des suites à suivre!
D’abord la réponse de la ville à notre texte, et notre commentaire à celle-ci.
 
 

Le 14 juin 2006

Monsieur Michel Handfield

Monsieur,

Le maire de Montréal, M. Gérald Tremblay, a bien reçu votre courriel du 22 mai 2006 et le texte publié dans Societas Criticus que vous lui avez fait parvenir avec vos commentaires.

Je vous rappelle la position de la Ville de Montréal à ce sujet. D’abord, le maire M. Gérald Tremblay a clairement annoncé en octobre dernier que son Administration entendait développer l’ancienne carrière Saint-Michel à des fins commerciales et récréatives. Ce dont se sont réjouis les élus de l’arrondissement.

Depuis, un comité de concertation mis en place par la Ville de Montréal et composé de représentants de la Ville, de l’arrondissement, d’organismes locaux, de gens d’affaires du milieu ainsi que du promoteur Smart Center ayant consulté le milieu, a tenu compte des préoccupations de la population ainsi que des organismes et des commerçants locaux sur le développement de la carrière Saint-Michel.

Cette première étape de consultation étant terminée, le comité exécutif et le conseil municipal seront appelés dans les prochaines semaines, à approuver un accord de principe pour permettre au promoteur de mener diverses études pour s’assurer de la faisabilité de son projet. Si ces études s’avèrent concluantes, le comité exécutif et le conseil municipal auront à adopter, au printemps 2007, un accord de développement pour définir les termes et conditions de la réalisation du projet, les obligations de chacune des parties, les délais d’acquisitions des parcelles de terrains et les montants minimums d’investissements.

Cet accord de développement mènera par la suite aux transactions immobilières. Pendant toutes ces étapes, le comité de concertation poursuivra ses rencontres et ses travaux. Des séances publiques de consultation permettront aux citoyens de s’exprimer sur le sujet.

Enfin, l’accord de principe sera rendu public lors de son adoption par le comité exécutif.


Souhaitant que ces précisions vous permettront de suivre le développement d’un site qui vous est cher et de prendre part aux débats qu’il suscite, je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

Richard Thériault,

Directeur de l’administration et des communications

 

---

 

20 juin 2006

 

Bonjour M. Thériault,

 

Je vous remercie de votre réponse au tiré à part de mont texte « Un autre épisode dans le dossier Wal-Mart à St-Michel » que j’ai fait parvenir au maire de Montréal au mois de mai dernier. Rappelons d’abord que ce texte fut écrit à la suite d’une conférence de presse d’un groupe opposé au projet. Mon matériel de réflexion  pour ce texte était donc cette conférence de presse.

 

J’aurai pu ne pas la faire parvenir à l’attention du maire, mais, comme je sais d’expériences que les services de documentation ne font généralement que des revues de presse des journaux imprimés, il m’apparaissait essentiel de vous faire parvenir ce texte, façon de souligner que la presse internet a aussi écrit sur le sujet. Peut être devrais-je avoir un correspondant à vos services documentaire pour lui faire parvenir nos textes lorsqu’ils concernent la ville de Montréal ou que vous devriez leur refiler l’adresse de notre revue, Societas Criticus – revue de critique sociale et politique, pour qu’ils y jettent un œil : www.homestead.com/societascriticus

 

Ceci étant clarifié, je suis au courant du processus en cours, car je suis membre de VSMS. J’ai même voté pour ce processus. Vaut mieux être consulté que de ne pas l’être n’est-ce pas? Je ne suis donc pas contre l’idée d’un centre d’achat en principe, car, comme je l’ai écrit,  « c’est toujours mieux qu’un dépotoir (…), mais on pourrait avoir davantage de vision à la ville. » Cependant, ne pas être contre n’empêche pas de réfléchir au plus et au moins d’un tel projet avant de s’y engager. De le questionner.

 

Que « Smart! Centres » (www.smartcentres.com), anciennement First Pro, fasse des études de faisabilité ne signifie pas qu’elles seront concluantes, car le secteur du commerce a des besoins et des paramètres qui lui sont propres. Si leurs études ne sont pas concluantes, ils n’investiront tout simplement pas. Il vous faut en être conscient. Ça s’est déjà vu des projets qui n’ont pas levé. Laissons donc« Smart! Centres » faire ses études et faisons aussi les nôtres. Mais si vous ne le faites pas, rien n’empêche un éditorialiste de penser à votre place. C’est donc ce que j’ai fait.

 

***

 

Amener les services au creux de la carrière représentera un coût pour la ville. Le faire pour un centre d’achat versus pour une institution de recherche n’a pas le même impact socioéconomique, ni la même visibilité internationale. Les Montréalais ne souffrent pas de pénuries au niveau de la consommation. On n’est pas l’URSS des années 1970! Alors, investir dans des infrastructures municipales plus coûteuses (au fond de la carrière) pour un centre d’achat nous rapporte quoi par rapport à d’autres sites beaucoup plus accessibles et déjà munis de telles infrastructures à portée de main? Ce sont des réflexions que la ville se doit d’avoir et rien n’empêche la ville de le faire à cette étape, car l’accord de principe à être signé n’accorde au promoteur qu’un droit de mener diverses études pour s’assurer de la faisabilité de son projet. On ne lui cède pas encore le terrain. 

 

               Si le promoteur a la liberté de préférer d’autres sites après étude, la ville doit aussi avoir le droit de préférer d’autres projets, d’en solliciter de nouveaux ou même de décider, après réflexion, d’une fin de non recevoir si elle juge que cet espace pourrait mieux la servir dans l’avenir que d’y construire immédiatement un centre d’achat. Pensez au modèle des shops Angus, fruit de la vision du milieu, par exemple. Ce n’est pas parce que l’on est sollicité que la réponse doit être un oui automatique, ni un rejet je vous l’accorde. Mais les terrains de cette grandeur sont rares au centre de l’île, près des grands axes routiers et des services de transport en commun. Avant de le brader, vaut mieux y réfléchir, d’autant plus que dans le Devoir du 14 juin dernier, on apprenait que « Le Conseil du patrimoine condamne le projet du CHUM » (1). S’il y a trop de bâtons dans les roues du CHUM au centre-ville, un autre site devra peut-être être trouvé et le site Francon deviendrait fort intéressant dans ces conditions, les sites Rosemont et du CP ayant déjà été écartés. Avez-vous pensé l’offrir au gouvernement. Moi j’en ai parlé à quelques occasions sur mon site.  

   

               Mais si nous revenons au projet qui nous intéresse ici, même si les études d’impacts sont laissées au promoteur, cela ne doit pas empêcher la ville de faire ses devoirs. De penser aux conséquences globales de ses gestes dans le cadre des préoccupations qu’elle met elle-même à l’avant-plan : l’environnement, l’appauvrissement de ses citoyens, la circulation et la santé des Montréalais. Quels seront les impacts d’un méga centre sur ces facteurs? Une concentration des déplacements motorisés vers un point unique, au lieu de services de proximité dans les quartiers et accessible à pied ou à vélo? Des économies pour les citoyens et une amélioration de la qualité de vie? D’autres fermetures d’usines et des pertes d’emplois, car la pression sera encore plus forte pour importer des produits asiatiques à meilleur coût? Je vous le signale, car la ville a de beaux discours sur les déplacements et l’atteinte des objectifs de Kyoto, sauf que le transport des marchandises entre aussi dans la production des gaz à effet de serre et le transport de produits d'outre-mer doit entrer dans ces considérations par rapport à des produits fabriqués ici! En tenez-vous compte dans vos évaluations? Vous le devriez, car ne dit-on pas penser globalement, agir localement en matière d’environnement! Je vous signale d’ailleurs à ce propos que nous avons déjà accès aux centres d’achats Boulevard, Forest, Henri-Bourassa, Langelier et les Galeries d’Anjou et à plusieurs rues commerciales, soit dans le quartier ou en bordure de celui-ci, le tout facilement accessible en transport en commun ou en vélo, pour consommer. Et il n’y a pas de liste d’attente pour y être servi ni de pénurie dans les magasins. Par contre, nous avons perdu l’hôpital Saint-Michel et il y a des heures d’attentes aux urgences restantes. Le manque de service est plutôt là, si vous n’en êtes pas conscient. C’est bien de faire des chartes des Montréalais et de l’environnement, mais encore faut-il penser ses gestes à la lumière de celles-ci.

 

Par contre, à votre défense, il est vrai que les beaux principes ne mettent pas d’argent dans les coffres de la ville. On a entendu ce refrain dernièrement de la part de certains groupes d’affaires. D’un autre côté, pour économiser sur son compte de taxe, le citoyen pourrait penser de la même façon que ces affairistes et revendiquer le droit de voter sur des appels d’offres : pourquoi ne pas voter pour la meilleure firme de gestion pour gérer sa ville au lieu d’un conseil municipal coûteux et qui s’obstine parfois pour des virgules? N’est-ce pas une perte d’argent et de temps alors que des gestionnaires patentés pourraient gérer la ville plus efficacement et à meilleur coût selon l’idéologie dominante? Une bonne firme de gestion-conseil qui fait dans la comptabilité, les relations publiques, la gestion de projet et même le financement et les partenariats publics privés serait tellement plus efficace. Elle aurait certainement l’aval de la chambre de commerce!

 

Cependant, l’efficacité est parfois contraire à la démocratie, mais pour quelques dollars d’économie certains sont prêt à passer outre. Regardez la Chine : ils n’ont pas de « démocratie » mais toutes les élites économiques de la planète ont les yeux tournés vers elle, car elle offre une économie qui roule; elle ne s’embête pas avec des normes sociales et environnementales trop contraignantes; et elle offre une main-d’œuvre docile et à bon marché aux entrepreneurs de tous genres. On parle alors de « démocratie de marché », façon de démocratiser le non démocratique! Quant aux prisonniers politiques, ce sont des exceptions collatérales! Pour quelques dollars, bien des principes peuvent être maquillés! N’ont-ils pas des Mac-Do (www.mcdonalds.com) et des Wal-Mart (www.wal-martchina.com) en Chine?  Et les États-Unis, n’ont-elles pas  aussi la peine de mort et l’emprisonnement préventif sans procès? On parle donc bien de « démocraties »!    

 

J’ose espérer qu’on n’en arrivera pas à ce maquillage de la démocratie ici aussi et c’est pour cette raison que j’attends plus de ma ville  que de la voir servilement attendre la position d’un promoteur. Qu’elle le laisse étudier ce projet, soit; mais qu’elle soit aussi ouverte à d’autres opportunités pour ce site s’il s’en présente de meilleures, car ce n’est tout de même pas le projet du  siècle! Elle n’a  pas à être davantage liée au promoteur que celui-ci ne l’est à elle. Il peut décider de ne pas s’embarquer dans ce projet pour différentes raisons qui le regardent et la ville doit aussi avoir ce droit. Le projet est en étude chez le promoteur et il doit aussi l’être du côté de la ville : elle doit l’étudier, réfléchir et peut même changer d’idée si ce n’est pas  la meilleure opportunité de développement pour le site, le quartier ou la ville. C’est la moindre des choses auquel je m’attends d’élus qui me représentent. Si moi je suis capable de réflexions et de discernement; de reconnaître quand je me trompe; et même de reculer face à des arguments sensés, eux aussi doivent être capables de le faire.    

 

Une chance cependant, qu’avant d’en arriver à l’accord de développement et aux transactions immobilières, « le comité de concertation poursuivra ses rencontres et ses travaux » et que « des séances publiques de consultation permettront aux citoyens de s’exprimer sur le sujet »! S’exprimer c’est bien, mais j’espère qu’ils seront aussi écoutés. Y aura-t-il possibilité de référendum? Je vous pose la question.

 

Peut être que le projet est bien aussi, car je ne peux le juger avec le peu d’informations que l’on a actuellement. Peut être pourra-t-il être bonifié dans tout ce processus, mais la question de fond demeure toujours : est-il vraiment nécessaire ou le terrain devrait-il être conservé en réserve de la république pour un projet futur et plus structurant? C’est sur cela que je m’interroge : avons-nous vraiment besoin d’autres magasins, possiblement à grande surface, à Montréal? Et s’il y en a trop, qu’arrivera-t-il de ceux qui fermeront? La question doit être posée au moment où l’on parle de hausse possible des taux d’intérêts et d’endettement maximal des consommateurs. Si la consommation se restreint aurons-nous un nouvel épisode d’édifices commerciaux barricadés, en délabrement ou transformés en terrains vagues qui attendront de trouver preneur comme nous en avons déjà connus à Montréal? Cela aussi a un impact sur la ville. Les mandats de nos élus sont de 4 ans, mais les impacts de leurs décisions peuvent nous affecter sur plusieurs générations; c’est pour cela que la vigilance citoyenne est de rigueur.     

 

Bien à vous,

 

Michel Handfield, M.Sc. sociologie

Coéditeur de Societas Criticus

Citoyen de Saint-Michel

 

Note :

 

1.    Kathleen Lévesque, « Montréal - Le Conseil du patrimoine condamne le projet du CHUM », Le Devoir, Édition du mercredi 14 juin 2006 :  www.ledevoir.com/2006/06/14/111591.html

   

   

 

###
 

Index

 

Le Journal/Fil de presse

 

Il y aura un deuxième Jean Charest !

 

Communiqué

 

Victime d’une grave erreur judiciaire, Michel Dumont changera de nom pour celui de Jean Charest.

 

L’objectif de sa démarche : répondre à l’absurde par l’absurde pour dénoncer la situation insensée des victimes d’erreurs judiciaires qui sont à la merci du gouvernement Charest, un gouvernement qui nie aux victimes leur droit à une indemnisation.

 

Montréal, le 29 juin 2006 –  Condamné injustement pour un crime qu’il n’a pas commis et pour lequel il a purgé trois ans de prison, Michel Dumont, président d’Injustice Québec, un organisme de soutien aux victimes d’erreurs judiciaires, a annoncé aujourd’hui qu’il a déposé une demande officielle de changement de nom auprès du directeur général de l’État civil. Il pose ce geste sans précédent pour se libérer du fardeau qu’il traîne depuis plus de cinq ans, soit depuis qu’il a été acquitté unanimement par trois juges de la Cour d’appel du Québec de toutes les accusations en rapport avec une affaire de viol commis en 1990 à Boisbriand. Cinq années difficiles pour cet électricien, sa femme et leurs cinq enfants, qui subissent les conséquences de ce dérapage de la justice.

 

Par sa demande de changement de nom, Michel Dumont fait état de son combat pour rétablir sa bonne réputation. Une réputation noircie à la suite d’une enquête bâclée et du travail minable de la Couronne, menant à son incarcération ainsi qu’à la perte de la garde de ses enfants. Tout cela en dépit de l’existence d’un affidavit signé par la victime qui l’innocentait, un affidavit qui s’est mystérieusement égaré! Il révèle aussi la honte vécue par ses enfants, un cauchemar qu’ils devront tous nécessairement revivre lors du procès au civil auquel le gouvernement Charest le pousse. Il invoque aussi le manque d’empathie évident de Jean Charest à qui il a écrit pour lui demander d’agir, ce qu’il refuse de faire en refilant le dossier aux ministres successifs de la Justice, dont le dernier est Yvon Marcoux. « J’ai hésité longtemps à choisir ce nom car Jean Charest est loin d’être un chef populaire au Québec... mais à l’absurde, je réponds par l’absurde! J’anticipe d’utiliser ce nouveau nom “notoire” lors des prochaines élections pour dénoncer les péripéties qu’on impose aux victimes d’erreurs judiciaires pour se faire dédommager des torts subis...  J’ai envisagé de prendre le nom de Paul Gobeil, un nom bien chanceux, qui a réussi à faire voter une loi spéciale à l’Assemblée nationale pour faire pousser des condos dans le parc national d’Orford! Et pendant ce temps-là,  les victimes d’erreurs judiciaires attendent depuis des années qu’on les indemnise. Dans mon cas, cela fait cinq ans que j’attends... M. Charest refuse toujours d’intervenir tandis que le ministère de la Justice maintient la fiction juridique en prétextant qu’il existe un programme d’indemnisation pour les victimes d’erreurs judiciaires. »

 

Ce programme, lancé en 1988, n’est rien d’autre que quelques lignes directrices. D’ailleurs ce semblant de programme n’a mené qu’à l’indemnisation d’un seul Québécois, Réjean Pépin, qui a dû patienter 15 ans avant qu’on s’occupe de lui, et seulement à la suite de l’intervention directe du Protecteur du citoyen. En 1997, ce dernier, appelé à enquêter sur le cas de M. Pépin, avait recommandé la création d’un programme québécois d’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires. Son raisonnement était le suivant : nous devons, collectivement, assumer les risques de dérapages de la justice. Mais cette portion du rapport a été reléguée aux oubliettes. Et Michel Dumont d’ajouter : « J’accuse Jean Charest d’aveuglement volontaire en forçant les victimes à poursuivre au civil pour recevoir une indemnisation qui leur est due. J’accuse Jean Charest de manquer d’humanité en refusant la création d’une loi spéciale permettant l’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires. J’accuse Jean Charest et son ministre de la Justice de laxisme entraînant des délais d’audition interminables. La justice est bien loin d’être une priorité pour ce gouvernement, à moins que ce soit pour un “spin” lors d’une campagne électorale. J’ai ainsi l’intention de suivre de près la caravane de Jean Charest cet automne s’il y a des élections.»

 

Michel Dumont propose à cet effet un slogan pour la prochaine campagne du PLQ « On est capable du meilleur et du pire, mais dans le pire, on est les meilleurs.»

 

Injustice Québec fait état de sa lutte pour le droit à l’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires

 

Rappelons que l’ONU a promis de faire enquête sur le refus des gouvernements fédéral et provincial d’indemniser Michel Dumont, qui affirme « M. Charest se gargarise de son bon coup d’être admis à la table de l’UNESCO mais son manque de respect pour le pacte que Québec a signé avec l’ONU est un affront aux droits intrinsèques de la personne ». Jean Charest doit mettre fin à son aveuglement volontaire et respecter la parole du gouvernement du Québec. En effet le droit fondamental d’être indemnisé pour une victime d’erreur judiciaire est consacré par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel le Canada ainsi que le Québec ont souscrit sans réserve devant la communauté internationale. Il est donc très surprenant, voire contradictoire, que l’on n’ait jamais élaboré, ni au Canada, ni au Québec, un quelconque mécanisme structuré et encadré d’indemnisation des victimes d’erreurs judiciaires. Il est à noter que le Québec a entériné le Pacte le 21 avril 1976 par l’Arrêté en Conseil 1438-76, pris sous l’égide de l’article 17 de la Loi sur le ministère des Affaires internationales. Deux ans plus tard, le 2 novembre 1978, le Québec adhérait au Protocole facultatif aux termes de l’Arrêté en Conseil 3343-78. Ce Pacte est l’une des composantes de la « Charte internationale des droits de l’Homme ».

 

L’article 14 (6) du Pacte stipule ce qui suit :

 

« 14 (…) 6. Lorsqu’une condamnation pénale définitive est ultérieurement annulée ou lorsque la grâce est accordée parce qu’un fait nouveau ou nouvellement révélé prouve qu’il s’est produit une erreur judiciaire, la personne qui a subi une peine à raison de cette condamnation sera indemnisée, conformément à la loi, à moins qu’il ne soit prouvé que la non-révélation en temps utile du fait inconnu lui est imputable en tout ou en partie. »

 

Signalons que cette disposition n’impose aucunement à la victime d’erreur judiciaire le fardeau de «prouver» son innocence, encore moins «hors de tout doute».  Cela est logique; dès que cette personne est acquittée, elle retrouve, comme tout justiciable, le bénéfice de la présomption d’innocence.

 

À propos d’Injustice Québec

 

Injustice Québec se consacre à la prévention des erreurs judiciaires et au soutien des personnes qui en sont victimes. Ses moyens d’action sont l’éducation, la promotion et la défense des droits des victimes d’erreurs judiciaires, ainsi que la pression en faveur de réformes législatives. L’organisme souhaite contribuer à faire du Québec une société plus juste et plus humanitaire. Les victimes considèrent que l’accès à la justice est primordial dans une société démocratique, une réalité à laquelle elles souhaitent que Jean Charest non seulement réfléchisse, mais agisse.

 

www.injusticequebec.ca

 

---

 

Annonce du  Fonds du secteur volontaire par le gouvernement

Une reconnaissance du travail de la société civile dans la réduction de la pauvreté

 

 

Montréal, le 15 juin 2006- L’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) accueille favorablement l’annonce faite ce 15 juin par la ministre de la Coopération internationale, Madame Josée Verner, concernant la création d’un nouveau Fonds du secteur volontaire. Ce fonds, doté d’un budget annuel de 20 millions de dollars, aidera la conduite de projets de développement visant à réduire la pauvreté,  promouvoir les droits de la personne et à renforcer les organisations de la société civile du Sud.

 

La ministre a également annoncé que, dans le cadre de ce fonds, l’ACDI travaillera de concert avec les sept Conseils provinciaux de coopération internationale, dont l’AQOCI fait partie, pour offrir aux organisations non gouvernementales canadiennes et québécoises un programme de formation. Selon Maria-Luisa Monreal, directrice générale de l’AQOCI, «cette annonce constitue une reconnaissance par le gouvernement canadien du travail effectué par les organisations non gouvernementales  canadiennes en  faveur du développement».

 

L’AQOCI demande au gouvernement canadien de poursuivre ses engagements internationaux en faveur de la réduction de la pauvreté de concert avec les organisations de la société civile canadienne.

 

L’AQOCI regroupe 54 organismes de coopération et de solidarité internationale œuvrant au Québec pour le développement solidaire, juste et démocratique à l’échelle mondiale.

 

SOURCE : Maria-Luisa Monreal, directrice de l’AQOCI

 

---

 

 

LE PARC JARRY :

LE PREMIER GRAND PARC BRANCHÉ À MONTRÉAL ET AU QUÉBEC

 

Montréal – 16 mai 2006. Résultat d'un partenariat communautaire, communauté (P.C.C.), le projet d'un parc branché dans le parc Jarry est le premier du genre à Montréal et au Québec à voir le jour. Il recoupe les communautés des Clercs de St-Viateur de l'institut des sourds et muets et des Jésuites de la maison Bellarmin d'une part, et d'autre part du côté communautaire on y trouve la Coalition des amis du parc Jarry, Communautique (un groupe communautaire œuvrant dans le domaine des technologies informatiques pour les rendre accessibles à la communauté) et finalement l'organisme sans but lucratif (OSBL) Île Sans Fil.

 

Chacune des entités a procuré qui une expertise, qui de l'argent, qui des toitures, qui l'accès à des bandes passantes à haute vitesse commerciale pour un branchement Internet. Chacun y a vu la possibilité de redonner à la communauté un service non pas essentiel, mais utile pour des membres de la communauté environnante du parc Jarry soit ses résidents de proximité et ceux venus de l'extérieur.

 

Deuxièmement, nous croyons dans l'aspect démocratique de l'accès au réseau Internet. C'est ainsi que nous pensons que la technologie du WIFI (Wireless Fidelity) qui a déjà fait ses preuves peut être utilisée dans le but d'amener les gens à entrer en contact entre eux et contribuer grandement à l'émergence de nouvelles communautés dans le parc Jarry et à l'extérieur. Ainsi, nous entendons utiliser ce point d'accès qu'est le parc Jarry dans le but de promouvoir l'interaction entre ses usagers et enfin fournir de l'information qui soit pertinente localement, si besoin il y a, en prenant les mesures de sécurité inhérentes à un lieu ouvert et public.

 

En somme, le projet Un parc branché se veut un outil de rassemblement en réseautant des individus dans un espace vert soit le parc Jarry et cela tout a fait gratuitement, 7 jours sur 7 et cela 24 heures par jour, évidemment selon la réglementation sur la fréquentation des parcs en vigueur.

 

---

 

Signature d’un Accord de Paix au Darfour

L’AQOCI déplore le laxisme canadien devant la désolation au Soudan.

 

Lettre ouverte au Premier ministre, au ministre des Affaires étrangères et à la ministre de la Coopération internationale du Canada.

 

La région du Darfour, au nord-ouest du Soudan, est ravagée, depuis février 2003, par un conflit économico politique qui a provoqué la mort de 300.000 personnes et un exode massif d’environ 200.000 réfugiés au Tchad. Cette catastrophe humanitaire, à propos de laquelle les Nations Unies évoquent un « nettoyage ethnique », est souvent éclipsée par les fragiles pourparlers de paix entre le nord et le sud, qui s’affrontent depuis 1983. La signature le vendredi 5 mai 2006 d’un accord de paix prévoyant entre autres la création d’un gouvernement régional pourrait ouvrir la voie au déploiement d’une force des Nations-Unies au Darfour. Toutefois, un regain de violence est constaté sur le terrain. Selon la Croix Rouge au Soudan, 5000 personnes se seraient réfugiées au camp de Gereida à cause des récents combats alors que la population dans ledit camp a plus que doublé depuis le début de l’année.

 

Il faut rappeler que le Canada collabore activement avec d'autres pays au sein des Nations Unies pour veiller à ce que le Conseil de Sécurité assume ses responsabilités concernant le conflit au Darfour. Le Canada doit poursuivre son rôle de sensibilisation auprès des membres du Conseil, notamment en encourageant l'élaboration d'un régime de sanctions ciblées visant à mettre un terme à la violence au Darfour, et en faisant en sorte que toutes les parties concernées au Darfour soient tenues responsables de leurs actes. À la Conférence des donateurs tenue à Oslo en avril 2005, le Canada a promis de verser 90 millions $ sur une période de deux ans pour aider le peuple soudanais. En outre, une somme de 14 millions $ a été allouée au ministère des Affaires étrangères pour lui permettre de soutenir les initiatives de consolidation de la paix dans les domaines de la sécurité, de la gouvernance, de la justice ainsi que du bien-être économique et social, et pour faciliter le processus de paix.

 

 Toutefois, le laxisme et l’hésitation constante du Canada à intervenir de façon plus  ferme- notamment par l’envoi de troupes canadiennes- dans ce que de nombreux experts dénoncent comme le premier génocide du 21ème siècle, jettent des doutes sur l’engagement réel du Canada dans le processus de paix au Darfour. Nos gouvernements vont-ils restés inactifs devant le conflit le plus meurtrier depuis le génocide du Rwanda ? Quand le Canada va-t-il clairement prendre position pour soutenir cette nouvelle mission potentiellement dangereuse de l’ONU ? Le Canada soutiendrait-il les Nations-Unies pour remplacer – tel que souhaité par le secrétaire général Kofi Annan- les 7000 soldats de l’Union africaine et rétablir la paix dans un Soudan dévasté par des milices arabes, présumément financées par le gouvernement central, qui sèment la terreur parmi les populations noires ?

 

               Lors d'un débat à la Chambre des Communes, le lundi 30 avril dernier, le ministre canadien des Affaires étrangères Peter MacKay avait dit souhaiter de nouveaux engagements de la communauté internationale au Darfour, mais ne s'était pas prononcé sur l'envoi de soldats canadiens. Deux députés de l'opposition libérale, Keith Martin et Stéphane Dion, ont également estimé que "le Canada doit puiser dans ses ressources diplomatiques, politiques et militaires pour mettre fin à cette catastrophe humanitaire"."A chaque jour qui passe, notre inaction signe l'arrêt de mort de milliers de personnes, en raison de la violence, de la malnutrition et de la maladie qui sévissent dans la région", ont-ils ajouté dans un communiqué commun. De son côté, le sénateur Roméo Dallaire, ex-commandant de la mission de l'ONU lors du génocide au Rwanda en 1994, a appelé le gouvernement conservateur à envoyer un important contingent canadien au Darfour dans l'éventualité du déploiement d'une force de maintien de la paix de l'ONU. "Le gouvernement canadien essaie-t-il de se soustraire en douce à ses obligations dans la tragédie qui est en cours au Darfour? Il semble que oui...", a-t-il affirmé dans une lettre publiée dans plusieurs journaux canadiens.

 

Jusqu’à la signature de l’accord de paix du vendredi 5 mai 2006, le gouvernement soudanais prétextait des négociations engagées avec les mouvements rebelles pour s’opposer à une intervention militaire de l’ONU au Soudan. Si le cercle vicieux pourrait être brisé par la signature de cet accord de paix, la dégradation se poursuit dans les camps de réfugiés et les pénuries d’aide alimentaire pourraient augmenter dans un futur proche, notamment au cours de la saison des pluies qui commence. Par ailleurs, peu d’observateurs pensent qu’une force de l’ONU puisse être opérationnelle avant la fin de l’année.

 

Pour l’AQOCI, il est clair que la lenteur de la communauté internationale aussi bien que celle du Canada à réagir et à agir concrètement au Darfour ne peuvent qu’augmenter les menaces qui pèsent sur cette région et ses populations. En conséquence, l’AQOCI lance un appel au gouvernement pour qu’il s’exprime clairement sur son engagement et les actions concrètes à mener au Darfour par le Canada pour venir en aide aux victimes  d’une des plus graves catastrophes humanitaires de ce début de siècle.

 

Maria-Luisa Monreal
Directrice générale
AQOCI

Montréal, le 15 mai 2006.

---

 

###

 

Index

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Islam et musulmans

Michel Handfield

26 mai 2006

 

               L’islam et les musulmans font parler dans les chaumières. On craint ce que l’on ne connaît pas, comme des habitudes différentes des nôtres. On a des préjugés, qui nous viennent en partie de notre culture. La rumeur devient vérité et l’actualité l’alimente. Le moindre attentat impliquant quelques islamistes nous fait craindre tous les musulmans. 

 

Pourtant, une poignée de terroristes « islamistes » sont loin d’être représentatifs de tous les musulmans, qui sont 1,3 milliard de croyants dans le monde, soit 20 % de la population mondiale! (1) Ce serait comme dire que les Québécois francophones sont tous des motards criminalisés en devenir ou les Italiens des mafiosos en latence.

 

Voyage dans la France musulmane est un livre approprié pour contrer cette méconnaissance. Un livre actuel  et accessible dont nous parlerons suite à l'Islam et la Raison, plus herméneutique, mais non moins intéressant.

 

***

 

CHEBEL, Malek, 2005, L'Islam et la Raison, France : Perrin (www.editions-perrin.fr), ISBN : 2-262-02369-7.

 

D'abord, L'Islam et la Raison prend un point de vue historique. On y apprend que l’islam a peu fréquenté les autres religions et philosophies, ce qui aurait pu faire un contrepoids à la théologie. (2) Il a été le lieu de combats internes, fratricides, entre divers courants de pensée, allant des plus orthodoxes aux plus libéraux, combats non seulement sémantiques, mais armés. Religion fermée elle en a payé le prix. Seule à Cordoue existait cette convivialité entre foi et philosophie selon Malek Chebel, anthropologue, spécialiste du monde arabe et de l’islam :

 

« Cet esprit qu’on appelle aujourd’hui l’esprit de Cordoue aura marqué l’histoire de l’islam. Tous les spécialistes de l’Espagne musulmane accréditent l’incroyable convivialité qui régnait entre les communautés, en particulier musulmanes et juives, et ce, pendant plusieurs siècles. Cela venait-il d’une aptitude propre aux habitants de Al-Andalus plus aptes qu’ailleurs à se prêter aux jeux de l’esprit, à la controverse et à la spéculation philosophique? Une aptitude qui aurait préféré à l’affrontement radical le compromis politique, la joute verbale? » (CHEBEL, p. 86)

 

Ce fut un lieu de culture jusqu'à la mort « d’Abu Ya’qub Yusuf prince-philosophe en l’an 1184 ». Alors, les choses changèrent; les théologiens ont pris le haut du pavé sur les penseurs et l’on brûlât tous les ouvrages de philosophie. Un changement qui affecta le monde musulman : « L’irrationnel gagna petit à petit les esprits. » (CHEBEL, p. 94)

 

Si la raison a perdu du terrain au dépend de la foi, il faudrait qu’elle en reprenne aujourd’hui. Pour cela il faut « donner aux théologiens modernistes la possibilité de réajuster à la réalité du monde moderne les textes et les concepts coraniques » (CHEBEL, p. 146). Mais est-ce possible?

 

Ce livre est fort intéressant pour saisir le combat entre foi et raison dans l’islam; pour en comprendre les racines; et, finalement, pour comprendre les relations qui existent entre les diverses écoles musulmanes entre elles et avec le monde extérieur. L’auteur conclu sur « le temps du renouveau », car l’islam doit se renouveler pour demain. Mais « le combat des idées en Islam ne ressemble pas à un long fleuve tranquille » (CHEBEL, p. 146).

 

L’Islam et la Raison s’adresse à un public de moyennement à très informé, car son sujet est spécialisé de par son essence. Il plaira au lecteur qui aime l’histoire et les civilisations tout autant qu’au chercheur intéressé par les questions d’islam, de philosophie, d’anthropologie et de culture, bref d’herméneutique.    

 

***

 

Hajji, Sadek, et Marteau, Stéphanie, 2005, Voyage dans la France musulmane, France : Plon.

 

Le renouveau de l’islam pourrait-il venir de l’influence des musulmans d’occident? Des musulmans de France par exemple.  Voyage dans la France musulmane est d’ailleurs un livre fort éclairant sur le sujet. D'abord, il met les pendules à l’heure : tous les musulmans ne pratiquent pas au même degré. Certains sont non pratiquants par exemple, mais musulman de culture, car ici on  ne parle pas exclusivement de religion quand on parle de la « France musulmane », mais d’un groupe socioculturel. Tous les débats qui traversent la société française sont des débats qui intéressent aussi les musulmans de France.

 

Leurs réflexions, que ce livre rapporte, sont éclairantes non seulement pour les Français, mais pour tous les Occidentaux qui ont une immigration musulmane sur leur territoire, ce qui est notamment le cas du Québec : pourquoi certains se sentent-ils Français et laïques par exemple, alors que d’autres se sentent toujours étrangers et musulmans? Les fait-on toujours se sentir étranger après des générations de présence en sol français? Prenons l’exemple de Mohamed Ghatou, 73 ans. Il a fait son service militaire pour la France; son père a aussi fait son service militaire en 1918 et la guerre de 39-45; et son oncle est mort dans les tranchées en 1918. Il est donc français depuis quelques générations, mais «Il se bat [encore] pour ses petits-enfants, tous nés de mariages mixtes… »  (Hajji et Marteau, p. 22)

 

Pour ne donner qu’un exemple des débats citoyens entourant l’islam, qui traversent le monde occidental et les communautés musulmanes elles-mêmes, nous n’avons qu’à penser à celui entourant le port du foulard islamique. Pour Mohamed :

 

« Politiquement, je préfère l’extrême droite, avec sa politique ouverte pour la religion. Je pourrais voter Le Pen, c’est le seul qui soit pour le voile et qui veuille des femmes décentes », lance-t-il sans rire. » (Hajji et Marteau, p. 165) 

 

Pour Ahmed, arrivé du Maroc en 1989, c’est l’inverse :

 

« J’ai ressenti de la pitié pour ces jeunes filles. Je me suis dit : « Mon Dieu, quelle ignorance que d’avoir pris cela dans l’islam », qui est une civilisation autant qu’un texte. À cause de leur inculture, elles sont manipulées par des gens qui ont une lecture littéraliste du Coran qui n’a rien à voir avec l’esprit de l’islam », s’emporte-t-il. » (…) Ahmed se dit agnostique, bien qu’il ait été très proche de son grand-père, un imam réputé du Sud marocain (…). (Hajji et Marteau, p. 57) 

 

On le voit bien : la communauté musulmane, comme toutes les autres communautés, ne fait qu’une qu’aux yeux des autres. C’est comme dire les « Français », les « Québécois » ou les « Canadiens »! Ça ne veut rien dire, car toutes les communautés sont traversées par des courants de pensée divers, mais face à un groupe on a tendance à le réduire à quelques caractéristiques. Tous les États-Uniens ne sont pas fondamentalistes chrétiens; tous les Français ne sont pas lepénistes; et tous les musulmans ne sont pas des fondamentalistes islamistes!

 

Cette tendance à catégoriser est aussi vraie chez les mieux intentionnés. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions? On peut penser au multiculturalisme canadien par exemple, où l’on parle de communautés ethnoculturelles. Dans mon arrondissement, nous retrouvons des Grecs, Indiens, Pakistanais, Haïtiens, Italiens, Magrébins… et des  Canadiens français (3) pour ne nommer que ceux-là. Mais ils seront Haïtiens, Italiens ou Magrébins pendant combien de générations encore? Quand seront-ils pleinement Québécois ou Canadiens?

 

Le multiculturalisme peut constituer une forme d’acceptation tel que tu es, mais il représente aussi une forme d’exclusion, renvoyant toujours le citoyen à son ethnicité originelle! Il n’est jamais Canadien ou Français,  mais toujours autre. C’est ainsi qu’un Maghrébin ou un musulman français, même né d’un mariage mixte, n’est jamais tout à fait Français! C’est un poids supplémentaire à porter, car ils ne connaissent parfois plus grand-chose des valeurs ancestrales qu’on leur prête. Cela est d’autant plus marquant pour les descendants de mariages mixtes, toujours identifiés à leur racine « autre », rarement à leurs racines autochtones! On en parle dans ce livre et c’est d’actualité même pour nous au Québec. Par exemple, les petits enfants d’un de mes amis sont mulâtres et à l’école on les identifiait à des Haïtiens dans un but d’intégration, escamotant d’un seul trait leurs racines québécoises, comme si la culture maternelle n’existait pas. Pourtant, on a bien une langue maternelle!     

 

Un livre qui nous fait saisir cette autre réalité du multiculturalisme : la différenciation qui, poussée ou montée à l’excès, constitue une forme de fermeture à l’autre, car on le piège dans un moule ethnoculturel qui ne lui fait pas! On l’enferme dans un modèle qui nous accommode, mais qui n’est pas le sien. Être musulman n’est pas plus unidimensionnel que d’être chrétien, car il y a toute une gamme de musulmans sur ce continuum, allant de la culture musulmane à l’intégrisme religieux. Un livre pour s’ouvrir l’esprit à une communauté de plus en plus présente, avec tout un éventail de différences.

 

C’est un livre d’actualité pour les communautés francophones qui reçoivent de l’immigration maghrébine, car les débats qui ont traversé la société française et leurs « communautés musulmanes » traversent ou traverseront prochainement nos sociétés, notamment le Québec : doit-on faire des accommodements aux croyances religieuses individuelles dans une société de plus en plus laïque par exemple? Si oui, lesquels?  Et tout comme nous, les musulmans n’ont pas de réponses uniques à ces questions, certains d’entre eux étant très pros religieux et d’autres d’une laïcité extrême. Mais c’est le propre d’une démocratie d’avoir de tels débats. Le jour où il n’y en aura plus, nous ne serons plus en démocratie! (4)

 

Ce livre offre l’avantage de se lire comme un roman tout en instruisant son lecteur sur des réalités méconnues, car les musulmans ne sont pas plus homogènes que les autres groupes sociaux. Il intéressera le lecteur curieux des autres cultures et du monde dans lequel il vit, mais aussi le professionnel (professeurs, sociologues, intervenants sociaux), car il s’agit de données provenant d’entretiens avec des musulmans de France. C’est donc un livre différent d’un traité savant; qui s’approche du parcours des gens, de leur vie. Le lecteur devrait en apprécier le style plus près des acteurs, parfois de l’ordre de la confidence, qui le rend plaisant à lire.   

 

  ***

 

Pour terminer, voici un passage intéressant de Voyage dans la France musulmane que je ne pouvais citer ni laisser en plan, étant une revue internet :

 

« Ainsi, c’est par le biais d’Internet que s’opère le processus cathartique qui libère les plus jeunes. Dans l’intimité de leur chambre, protégés par un nom de code, ils surfent sur les sites dédiés aux Français de culture musulmane, comme oumma.com ou saphirnet. On y suit et commente l’actualité, mais ce sont surtout les forums de discussion, véritables défouloirs, qui attirent les internautes. » (Hajji et Marteau, p. 246) 

 

 

oumma.com:  www.oumma.com

SaphirNet.info laisse place à SaphirNews.com : www.saphirnews.com

 

Notes

 

1. Islam, in Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Islam

 

2. « Les mu’tazilites n’ont cependant pas joué un rôle de transmission, celui qui aurait relié la Grèce antique à la Renaissance; ils n’ont pas traduit Aristote ou Platon, ni projeté une vraie philosophie du sujet, la seule à pouvoir contester dans le fond et dans la forme la puissante machinerie doctrinale en place, et avec elle toute la problématique de la peine et du châtiment. » (CHEBEL, p. 37)

 

3. J’utilise le terme Canadien français plutôt que Québécois non pour des raisons politiques mais sociologiques. Le terme de Québécois englobe tous les habitants du Québec tout comme le terme Canadien englobe tous les habitants du Canada. Quant au terme Québécois francophone, il engloberait tous les québécois, peu importe leur ethnicité, parlant français. Pour les anglophones on parle d’anglo-québécois. Québécois de souche pose lui aussi des difficultés, car il touche des sensibilités. Nous l’avons vu par le passé, car le terme de Québécois ne définit pas une ethnie mais tous les habitants du Québec. Des politiciens se sont mis le pied dans la bouche avec cette expression de Québécois de souche d’ailleurs, car ils se sont fait demander « il faut être né ici depuis combien de génération pour être considéré comme un québécois de souche? » J’en reviens donc aux appellations millésimées de Canadiens français et de Canadiens anglais pour parler des descendants des peuples Français et Britanniques des origines de la colonie. Ils se sont aussi appelés les Canadiens à une certaine époque, par opposition à ceux qui s’identifiaient d’abord à leur métropole européenne, que ce soit la France ou l’Angleterre. Mais même ces termes de Canadiens français et de Canadiens anglais ne sont pas parfaits, car ma famille est Canadienne française depuis des générations, même si un de mes ancêtres, celui qui nous a donné notre nom, fut d’origine britannique! Le Québec ou le Canada, pays de colonisation, ayant cru d’apports de différentes ethnies et cultures depuis sa fondation, a donc toujours connu cette problématique de l’identité. Les États-Unis aussi. Ils l’ont résolu en parlant du melting-pot. Tous sont « États-uniens ».  Ici on tenait davantage à nos identités premières, ce qui a culminé dans le  multiculturalisme à la canadienne et l’interculturel à la québécoise. Le questionnement de la population, qui balance entre le nous/eux, est alors moins surprenant même s’il est parfois déroutant. Durant le mondial mon voisin est Italien, Brésilien ou Magrébin, à la St-Jean il est Québécois et le 1er juillet il est Canadien! Puis quand il vient voir mon jardin, il me dit que je deviens Italien! Il faut dire que je plante des piments forts et des tomates  San Marsano dans mon jardin, goût que j’ai développé à fréquenter des amis italiens! Bref, moi je ne me définis même plus comme Québécois ou Canadien, mais comme Montréalais et Michelois, car je m’identifie d’abord à ma ville et à mon quartier, qui ont leur culture!          

 

4. Sur ces questions de démocratie, je souligne Dewiel, Boris, 2005, La démocratie : histoire des idées, Québec : PUL, Collection: Zêtêsis

 

Arrières de couverture :

 

Reçu le 24 octobre 2005 : CHEBEL, Malek, 2005, L'Islam et la Raison, France : Perrin (www.editions-perrin.fr), ISBN : 2-262-02369-7

 

Quand l'islam va mal, la voix de la raison peine à se faire entendre...

 

Certaines époques ont été fastes pour la réflexion et les idées musulmanes : la dynastie abbasside à Bagdad, l'Espagne musulmane avec Grenade et Cordoue, ou encore l'Égypte des Fatimides. Des doctrines, des mouvements, des hommes ont incarné les aspirations à la liberté et au progrès inhérentes à toute société humaine. Mais ces explorations intellectuelles ont souvent tourné aux combats fratricides : déjà s'affrontaient les tenants d'une orthodoxie réactionnaire et les défenseurs de la raison, tels Averroès, Farabi, Ibn Khaldun...

 

Dans cette flamboyante synthèse, Malek Chebel, auteur du très remarqué Dictionnaire amoureux de l'islam, retrace l'histoire de ces conflits, au cœur même du monde musulman. Depuis le prophète Mohammed et les premiers libres-penseurs - les Mu'tazilites (VIIe-VIIIe siècles) - jusqu'aux réformistes actuels tentés par la modernité face à des intégristes obtus et violents, Malek Chebel interroge en filigrane le message du Coran. Une réflexion essentielle pour comprendre les défis de l'islam en Europe aujourd'hui  

  

***

 

Reçu le 30 juin 2005 : Hajji, Sadek, et Marteau, Stéphanie, 2005, Voyage dans la France musulmane, France : Plon

 

Anciennement « fille aînée de l’Église », la France compte aujourd’hui sur son sol 5 millions d’hommes et de femmes de culture musulmane, dont 2 à 3 millions sont de nationalité française. Des chiffres qui pourraient placer la France au quinzième rang des 56 pays que compte l’Organisation de la Conférence  islamique, et dont les conséquences nécessitent explications et ajustements. Mais politiques et médias ont renoncé à faire le travail pédagogique qui aurait permis de dépassionner le débat et de lever les profonds malentendus qui règnent de part et d’autre.

 

En sillonnant la France, le dictaphone à la main, Sadek Hajji et Stéphan Marteau ont entrepris d’offrir pour la première fois, un panorama de cette France musulmane, dans toute sa diversité. Les auteurs ont veillé à donner la parole aux athées aussi bien qu’aux pratiquants « intégristes; aux femmes autant qu’aux hommes, aux chefs d’entreprise comme aux chômeurs et aux jeunes qui «tiennent les murs dans les quartiers. Ils les ont invités à s’exprimer en tant que citoyens - souvent à leur plus grande joie - sur tous les débats qui animent société française (la politique, les médias, la religion, l’école, République...).

 

Ce livre, fondé sur une enquête de terrain, propose des dizaines de témoignages, tantôt enthousiastes, tantôt désespérés, souvent drôle parfois provocateurs: il en ressort que les Français de culture musulmane se sentent caricaturés par les médias, confrontés à la méfiance et à la discrimination. Pourtant ils se refusent à considérer leurs compatriotes non musulmans comme racistes, et manifestent une volonté farouche d’appartenir à la nation.

Sadek Hajji est correspondant permanent à Paris du quotidien marocain Libération et collabore occasionnellement à des journaux français et étrangers.

Stéphanie Marteau est journaliste indépendante.

 

---

 

Du plomb dans le gaz au plomb dans le sang!

Luc Chaput

 

 

26 mai 2006 (mise en ligne)

 

Kitman, Jamie Lincoln, L’HISTOIRE SECRÈTE DU PLOMB, traduit de l’anglais (États-Unis) par Arnaud Pouillot, Allia, 160 pages,   2005, ISBN: 2844851878. www.editionsallia.com

 

En ces temps d'augmentation effrénée du prix du pétrole, donc de l'essence, du plastique et de ses autres dérivés, la lecture de ce petit, mais important, livre arrive encore plus à point nommé. Fruit d'une enquête fouillée d'un journaliste étatsunien, spécialiste de l'histoire de l'automobile, ce texte, originellement publié dans un numéro de la revue américaine Nation (mars 2000), montre comment on mit du plomb dans l'essence pour annuler le cliquetis qui se produisait dans le moteur lors de certaines manœuvres.

 

Les constructeurs automobiles avaient déjà, à l'époque, le choix de l'éthanol. Le premier moteur de Benz roulait d’ailleurs à l'huile d'arachide. L'éthanol ne nécessitait aucun brevet pour être employé de cette façon, mais fabriquer le plomb tétraéthyle et le mettre dans l'essence  avait nécessité de la recherche. Cependant, le fruit de ces recherches, plusieurs découvertes techniques, était monnayable.

 

Pendant plus de 50 ans, GM et Dupont  contrèrent les actions de ceux qui voyaient dans la présence du plomb dans l'essence l’explication d'une maladie insidieuse : le saturnisme, un empoisonnement au plomb. (p. 16)

 

Source de pollution dangereuse, le plomb, mais rentable! M. Kitman réussit à nous mener de main de maître à travers les dédales de cette affaire pleine de rebondissements qui mena à l'élimination du plomb de l'essence, dans les années 1980, dans les pays occidentaux.  Cependant, il existe encore de nombreux pays où cette essence est encore utilisée et l’on parle d'effet de transmission de particules de plomb dans certains produits alimentaires issus de ces contrées.

 

Le livre de Kitman est d’intérêt pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire industrielle du XXe siècle et à ses rapports troubles avec l'écologie et la santé.

 

Biblio et Liens

 

John Emsley, Elements of murder Oxford U Press 2005 421p. (56 pages sur le plomb dont certains cas célèbres de saturnisme)

 

Le film "Beethoven's Hair": www.imdb.com/title/tt0446283/

 

"Les enfants du plomb" : http://cbarbier.blog.lemonde.fr/cbarbier/"

 

www.dupont.com

 

 www.taieb.net/fiches/dupont.htm

 

 www.caducee.net/DossierSpecialises/toxicologie/saturnisme.asp

 

www.unep.org/Documents.Multilingual/Default.Print.asp?DocumentID=469&ArticleID=5137&l=fr"

 

http://www.asme.org/NewsPublicPolicy/Newsletters/METoday/Power.cfm

 

www.asme.org/Communities/History/Resources/Industrial_Resources.cfm

 

www.industrie.gouv.fr/energie/comprendre/q-r-eco-energ-aut.htm

 

 

---

 

###

 

Index

 

Nouveaux livres reçus

 

 

Reçu le 23 juin 2006 : Savinien Cyrano de Bergerac, 2004, LES ÉTATS ET EMPIRES DE LA LUNE - LES ÉTATS ET EMPIRES DU SOLEIL. L'Autre Monde suivi de FRAGMENT DE PHYSIQUE, Édition de Jacques Prévot, 432 pages, France : Collection Folio classique (No 4110) www.gallimard.fr    

 

Résumé

 

L'Autre Monde est le récit d'un double voyage dans l'espace vers Les États et Empires de la Lune et vers Les États et Empires du Soleil. Il est en cela le roman du monde tel que la nouvelle science et l'astronomie naissante permettent de l'imaginer, infini et habité, et où la Terre n'est qu'une planète parmi les autres.

 

Mais malgré l'ingéniosité des machines-à-voler et la forte présence de la science, ce n'est pas un roman de science-fiction. Le voyageur doit là-haut affronter des peuples et des sociétés dont les vérités chahutent les certitudes de l'humanité terrestre et chrétienne. Le voyage dans l'espace devient voyage dans le temps, chacun des personnages rencontrés incarnant successivement un des discours qui se sont tenus sur l'origine et sur « nature des choses » : des présocratiques à Gassendi, des récits fabuleux à Descartes. Si peu héroïque que paraisse le personnage principal, il est donc l'acteur d'une aventure intellectuelle mais qui a ses moments de comédie et de poésie, venant interrompre parfois la tension née de l'audace d'un texte qui proclame la faillite des modèles et la débâcle des dogmes.

 

---

 

 

Reçu le 20 juin 2006 : Annesty International, 2006, Rapport annuel 2006, La situation des droits humains dans le monde, Belgique : CLAES printing

 

La situation des droits humains dans le monde

 

Le Rapport 2006 d'Amnistie internationale rassemble des informations sur les atteintes aux droits humains commises dans 150 pays et territoires du monde. Il montre combien il est nécessaire que les gouvernements, la communauté internationale, les groupes armés et les autres acteurs en position de force assument leurs responsabilités. Il illustre également la vitalité de tous les militants des droits humains aussi bien au niveau local que dans les grandes manifestations ou les sommets internationaux.

 

Au cours de l'année 2005, certains gouvernements parmi les plus puissants du monde ont été mis en échec : tandis que les médias révélaient leur hypocrisie, les tribunaux rejetaient leurs arguments et les militants des droits humains contrecarraient leurs manœuvres répressives. Après cinq années de « guerre contre le terrorisme » marquées par un recul dramatique sur le plan des droits humains, un changement semble enfin s'amorcer.

 

Le déni des droits fondamentaux a toutefois détruit la vie de millions de personnes dans le monde. Tout au long de l'année, la guerre et les attaques des groupes armés ont menacé la sécurité mondiale au même titre que la faim, les maladies et les catastrophes naturelles. Quant aux libertés, elles ont été mises à mal par la répression, la discrimination et l'exclusion sociale.

 

www.amnistie.qc.ca

 

---

 

Reçu le 16 juin 2006 : Clavette, Suzanne (Sous la direction de), 2006, L'Affaire Silicose par deux fondateurs de Relations, Québec,  PUL,  Sciences humaines, Éducation et IQRC, 462 pages / ISBN : 2-7637-8257-4


Les enjeux étaient de taille : défense des droits des travailleurs québécois et de leurs familles face à d’imposantes compagnies
canadiennes et américaines ; développement prochain de l’Ungava et de ses gisements de fer, lié à la participation des compagnies incriminées et au succès d’un important emprunt gouvernemental sur les marchés américains, un projet prioritaire du régime Duplessis alors bien en selle mais proche d’une campagne électorale ; autorité et prestige de l’Église catholique, en particulier dans ses multiples et diverses contributions à la marche de la société québécoise. Cet affrontement a donné lieu à plusieurs stratégies et intrigues de coulisses, dignes des meilleurs romans policiers.

La revue Relations fut la première, en mars 1948, à porter l’épineux problème à l’attention du public. Les pressions des compagnies mises en cause furent si vives qu’elles menèrent à la rétractation de la jeune revue jésuite et à la destitution de son directeur, le père Jean-d’Auteuil Richard.

Jamais, jusqu’ici, le grand public et l’ensemble de la communauté scientifique n’a eu accès à l’intégralité des récits de ces événements écrits par deux de leurs acteurs majeurs. L’ouvrage publié sous la direction de Suzanne Clavette comble cette lacune.

Ce livre redonne la parole à deux fondateurs de la revue, les pères Jean-d’Auteuil Richard et Jacques Cousineau. On y trouve des documents inédits, le Rapport que le père Richard souhaitait soumettre à Rome et le fameux Manuscrit Cousineau intitulé « La silicose et l’amiantose au Québec ».

Pour présenter ces écrits, nous avons fait appel à de précieux collaborateurs : Louis Rousseau, professeur de sciences des religions à l’Université du Québec à Montréal ; Jean-Marc Biron, s. j., directeur de Relations et du Centre justice et foi ; Jean-Paul Rouleau, s. j., professeur émérite de sociologie de la religion à l’Université Laval ; Jean-Guy Vaillancourt, professeur de sociologie à l’Université de Montréal ; Hélène Bois, historienne et chargée de cours en relations industrielles et en histoire à l’Université Laval.

Suzanne Clavette, historienne spécialisée en histoire sociale du Québec au XXe siècle, est l’auteure d’un livre qui vient de paraître : Les Dessous d’Asbestos. Une lutte idéologique contre la participation des travailleurs. Dans le cadre de sa recherche postdoctorale, elle prépare une biographie de Gérard Dion, important théoricien du catholicisme social et pionnier des relations industrielles.

 

---

 

 

Reçu le jeudi, 18 mai 2006 : Saul, John, 2006, Mort de la globalisation, Paris : Payot – www.payot-rivages.fr

 

Il y a trente ans, la globalisation surgissait, balayant tout sur son passage. Ses apôtres, les néolibéraux, proclamaient que ce mouvement était inéluctable et que, pour leur plus grand bonheur, toutes les sociétés seraient désormais organisées autour d’un seul élément : l’économie. Ils nous demandaient de les croire ; nous les avons crus. En vérité, la globalisation n’était pas une fatalité, mais une idéologie, une théorie expérimentale visant à remodeler simultanément les paysages économique, politique et social. Or, tout montre aujourd’hui que cette idéologie-là est en train de mourir… Dans la lignée des Bâtards de Voltaire, qui provoqua un électrochoc lors de sa sortie, John Saul décrit un monde en transition, où des pays, voire des continents, à la dérive, ont quitté le " navire global " tandis que s’affrontent les économistes, mais où pointent également les idées et les expériences, bonnes ou risquées, qui préparent la société de demain.

 

Essayiste, romancier, John Saul est notamment l’auteur de Paradis blues et Les Bâtards de Voltaire : la dictature de la raison en Occident. Il a reçu en 2004 le prix Pablo Neruda pour l’ensemble de son œuvre.

 

 

 

 

###

 

Index

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

PRÉSENCE AUTOCHTONE 2006 : APERÇU

 

11 mai 2006

 

J’ai assisté à cette conférence de presse hier, mais à part de répéter qu’André Dudemaine est toujours d’un enthousiasme communicatif d’année en année, je n’ai vraiment rien à ajouter au communiqué sauf : www.nativelynx.qc.ca

 

Michel Handfield

***

 

Montréal, 10 mai 2006

 

C’est en deux temps que se déploiera Présence autochtone 2006 : exceptionnellement cette année, le festival tiendra sa 16e édition du 25 mai au 8 juin et du 21 au 25 juin. Organisé par Terres en vues, le festival Présence autochtone mettra en lumière les cultures des Premières Nations à travers une solide programmation d’expositions, de films et d’activités littéraires. Prenant le relais de la regrettée Myra Cree, la cinéaste et artiste en arts visuels Alanis Obomsawin assume désormais la présidence du festival, à qui elle offre Osunkhiline, eau-forte illustrant le programme 2006.
 
Au volet arts visuels de Présence autochtone 2006
 

À compter du mardi 30 mai, la Grande Bibliothèque accueillera, dans la salle de la Collection nationale, l’exposition Le patrimoine écrit des Premières Nations : explorer, annoter, révéler. Sept artistes proposent des œuvres entretenant une relation étroite avec un document fondateur (transcription ou traduction d’un texte marquant). L’exposition sera présentée jusqu’au 1er octobre.

 

Le festival s’amorcera le jeudi 25 mai par le vernissage de l’exposition Quinze sculpteurs inuits contemporains du Nunavik. Présentée à la Guilde canadienne des métiers d’art, cette exposition témoignant de la production actuelle d’artistes du Nord québécois se poursuivra jusqu’au 30 juin.

 

Le samedi 27 mai s’ouvrira au Musée McCord l’exposition Robert Davidson au seuil de l’abstraction, qui tiendra l’affiche jusqu’au 15 octobre. Réalisée par le Musée d’anthropologie de l’Université de Colombie-Britannique, en collaboration avec le Musée des Beaux-arts du Canada, cette exposition réunit des peintures et des sculptures de cet éminent artiste contemporain de la nation haïda.

 

Le Centre culturel Kanien’kehaka Onkwawen:na Raotitiohkawa de Kahnawake, qui collabore toujours étroitement avec le festival, offre à compter du 7 juin, Silver Bear, 40 ans de sculpture, une exposition reflétant des décennies de création par l’artiste mohawk Steeve McComber.

 

À noter que des œuvres de John Tenasco, artiste algonquin, seront accrochées au Cinéma ONF et que des textiles amazoniens de la nation shipibo seront présentés à l’Économusée de la broderie.


Au volet cinéma

Fidèle à sa tradition, Présence autochtone réserve comme toujours une large part à la production cinématographique et vidéographique des Premières Nations des trois Amériques.
 

En première mondiale à Kahnesatake le samedi 27 mai, puis à Kahnawake le lundi 29 mai et à Montréal les 2 et 3 juin, Présence autochtone nous fera découvrir Indian Summer ; The Oka Crisis, télésérie de quatre heures, produite par Claudio Luca, écrite et réalisée par Gil Cardinal et qui met en vedette Alex Rice, incarnant Ellen Gabriel, et Tony Nardi, le ministre John Ciaccia, ainsi que Gary Farmer, Tantoo Cardinal, Eric Schweig, Billy Merasty. De nombreux membres des communautés de Kahnesatake et de Kahnawake ont participé au tournage.

 

Au nombre des documentaires qui marqueront la programmation 2006, on retrouve Trudell, consacré au célèbre poète et activiste amérindien John Trudell et la version finale de Brocket 99Rockin’ the Country de Nilesh Patel dont une version préliminaire avait fait une très forte impression au festival de Calgary l’an dernier. Tourné à l’été 2004 à travers l’Ouest canadien, ce film évoque l’impact laissé par un document audio qui avait circulé dans les années 80 parodiant une émission du matin animée par des Améridiens et truffée de stéréotypes à leur sujet.

 

À voir aussi en première canadienne, A Bride of the Seventh Heaven un long-métrage de fiction, en version originale nenet sous-titrée, d’Anastasia Lapsui et Markku Lehmuskallio qui nous avaient donné Les 7 chants de la toundra.

 

Au programme également, les dernières réalisations des jeunes participants aux ateliers menés dans les communautés autochtones avec le Wapikoni mobile et en milieu urbain avec Terres en vues et le Video Paradiso, associés au Centre d’amitié autochtone de Montréal.

 

Le 8 juin, à la Société des arts technologiques, sera consacré à la jeunesse des Premières Nations : le moment fort de la journée sera le départ de six équipes de jeunes reporters-cinéastes des Premières Nations pour La course autour de la Grande Tortue, un projet de Via le monde en association avec APTN, le réseau des peuples autochtones.

 

Du 25 mai au 1er juin, la Cinémathèque québécoise présente, en collaboration avec Terres en vues, une rétrospective Emilio «el Indio» Fernandez, un cycle de 13 films du réalisateur mexicain, Kakapu, zapatiste, mythomane, pistolero et cinéaste, comme titre la Revue de la Cinémathèque.


Au volet livres

Présence autochtone sera le cadre du lancement par Albin Michel du roman Le Chemin des âmes, version française de Three Day Road de Joseph Boyden. L’écrivain ojibway y raconte le retour au pays d’un Amérindien ayant combattu dans un bataillon canadien pendant la Première Guerre mondiale. Le 7 juin, à la Grande Bibliothèque, salle d’animation M450, une lecture croisée réunira Joseph Boyden et le comédien Charles Bender (pour la version française).

Le 21 juin, Jour national des peuples autochtones, le festival procédera au lancement d’un ouvrage de Bernard Saladin d’Anglure intitulé Être ou renaître inuit qui paraît chez Gallimard. Parallèlement, un pré-lancement du site internet Ullumi permettra de confronter la tradition orale inuit à sa traduction dans le monde virtuel. Par ailleurs, Claude Hubert et Rémi Savard lanceront Les Algonquins de Trois-Rivières : de l’oral à l’écrit, publié par Recherches amérindiennes au Québec.
 
Au volet animation extérieure

 

Du 21 au 25 juin, le Parc Émilie-Gamelin deviendra le lieu d’échanges et de rencontres entre les communautés autochtones et le grand public. Cette année, la culture iroquoienne du Saint-Laurent sera particulièrement mise à l’honneur sur le site extérieur de Présence autochtone. S’y côtoieront également un groupe d’artistes de la nation cherokee et des Attikamekw de Manawan dont on soulignera les 100 ans de l’établissement permanent. Tous les jours, un spectacle coloré de danses traditionnelles sera offert sur le site qui cette année porte le nom de Tiotia :keh («lieu où les courants se rencontrent et se séparent», nom iroquois de l’archipel de Montréal).

 

Pour marquer le Jour national des peuples autochtones, le festival est honoré de la présence de Mme Celinda Sosa, ministre du développement économique chargée de la production et des microentreprises de Bolivie, qui vient témoigner de l’affirmation identitaire des populations autochtones andines et de leur émergence sur la scène politique.

 

Une activité spéciale se tiendra le 24 juin en collaboration avec le Comité de la Fête nationale à Montréal.

 

Présence autochtone soulignera les 35 ans de la revue Recherches amérindiennes au Québec.

 

---

 

###

 

Index

 

Théâtre

 

OPÉRA WOZZECK

DU 30 MAI AU 15 JUIN 2006 + RÉSERVATIONS 514.866.8668 + WWW.TNM.QC.CA

 

LIVRET / PAROLES + MUSIQUE ALBAN BERG

D’APRÈS LA PIÈCE WOYZECK DE GEORG BÜCHNER

 

ADAPTATION ORCHESTRALE : JOHN REA

DIRECTION MUSICALE : YANNICK NÉZET-SÉGUIN

MISE EN SCÈNE : LORRAINE PINTAL

 

UNE COPRODUCTION : CENTRE D’ARTS ORFORD, ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN DU GRAND MONTRÉAL et THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE

 

Avec les musiciens de l’Orchestre Métropolitain et les chanteurs de l’atelier lyrique du Centre d’arts Orford. Les concepteurs Jean Bard, Marc Senécal,  Claude Cournoyer, Jacques-lee Pelletier et assistance à la mise en scène et régie Bethzaïda Thomas.

 

Œuvre phare de l’opéra au XXe siècle, l’audacieuse tragédie passionnelle et militaire d’Alban Berg (1885–1935), réorchestrée par le compositeur montréalais JOHN REA, vient clore la saison du TNM avec panache ! Placé sous la direction musicale du brillant chef d’orchestre YANNICK NÉZET-SÉGUIN, le puissant psychodrame mis en scène par LORRAINE PINTAL a été salué par la critique lors de sa création, à l’été 2004 au Centre d’arts Orford.

 

Inspirée d’un fait divers survenu en Allemagne au 19e siècle, l’histoire est celle d’un soldat à l’esprit tourmenté par des visions et des hallucinations. Contaminé par la guerre, il perpétue la violence en tuant la femme qu’il aime et en s’enlevant lui-même la vie. Explorant les méandres psychologiques, la raison et la folie présente en chacun de nous, l’œuvre, intense et électrisante, dénonce une société broyeuse d’individus.

 

En allemand avec surtitres français.

 

Commentaires de Michel Handfield (1er juin 2006)

 

N.B. Pour plus d’informations sur les noms en caractères gras, voir les hyperliens à la suite du texte. 

 

 

Opéra d’un autre temps, mais avec les mêmes problématiques  qu’aujourd’hui. Amour, trahison, manipulation, jalousie, morale et violence s’y côtoient! J’aurais pu noter beaucoup de choses durant cet opéra qui prend pour fondement la nature humaine et ses dérives, car ce sont des thèmes sans âge et universels. Deux exemples l’illustrent bien :

 

- « Tout est vanité, l’argent est voué à la corruption. »  Cela fait image dans ce temps post Gomery;

 

- « La vertu est le propre des classes supérieures, les petites gens la troquent pour un peu d’argent. » Et les scandales financiers des dernières années? N’est-ce pas troquer leur vertu pour de l’argent, sauf que les classes supérieures ont les moyens de payer pour tenter de récupérer leur vertu perdue ou de s’en refaire une nouvelle, ce que les petites gens n’ont tout simplement pas! Avec de l’argent, une fille peut même se faire refaire une virginité (hymenoplastie) maintenant!    

 

Victime du capitaine, qui lui fait peur; du docteur, qui le manipule; du tambour-major, qui l’humilie; et, enfin, de sa propre folie et de ses peurs intérieures, Wozzeck ne pourra jamais retrouver l’équilibre perdu dans l’armée, ce qui conduit à la chute finale. On peut donc voir cette pièce comme un psychodrame social, la pression des autres accélérant sa descente aux enfers.   

 

               Mais, c’est une autre piste que je préfère. Au début de la pièce le capitaine dit : « Wozzeck, vous êtes un honnête homme, mais vous n’avez pas de morale. » Tout est là. Wozzeck pourrait être qualifié de victime ou d’avoir provoqué ses propres malheurs par sa bêtise, mais cette assertion contradictoire sera toujours vrai! Honnêteté et morale ne sont pas du même acabit! La morale est souvent liée à une idéologie et une culture. L’honnêteté au respect de ce que l’on juge juste; au respect de soi-même. Parfois d’être honnête envers soi peut nous pousser à aller contre la loi si on la juge injuste. Des révolutions ont ainsi été faites par des hommes honnêtes, mais jugés amoraux en leur temps! Ils ont agi contre la morale de l’Église pour renverser un prince dictateur par exemple. Il faut se rappeler que ce qui est moral en un lieu ne l’est pas nécessairement en un autre ou dans une autre culture, mais ce qui est juste et honnête risque d’être universel.   

 

On est donc ici au cœur de l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme  de Max Weber (1864-1920) et de la lutte des classes de Karl Marx (1818-1883), incluant l’aliénation de classe et religieuse! Morale et justice s’affrontant dans l’esprit des Hommes! Les peurs, dues à l’ignorance, prêtent flanc à la manipulation. La conscience de classe ouvre la porte à la quête de justice. Bref, nous sommes dans une pièce marxico-weberienne où le tourment entre ces deux pôles, morale et honnêteté, s’incarne en un seul homme, Wozzeck, représentant du prolétariat. À la lecture du programme, ceci m’apparaît évident, Büchner (1813-1837), auteur de la pièce d’origine, étant un contemporain de Marx, et Berg (1885-1935), qui en a fait un opéra près de 75 ans plus tard, ayant vécu à la même époque que Weber! Le duo Büchner-Berg fait donc le pont entre l’époque de Marx et de Weber, tant en termes de synchronicité que de théorie sociopolitique! Et là ne s’arrête pas la comparaison :

 

« Büchner avait été à la fois un activiste politique de gauche, un homme de science accompli et un écrivain d’une étonnante modernité en regard du romantisme de son temps, dont le style préfigurait l’expressionnisme «fin de siècle», voire l’absurde d’un Ionesco. » (Guy Marchand, Wozzeck/Alban Berg (1885-1935), in Traçantes, 2004, reproduit dans le programme de la soirée, p. 9)    

 

               Nous sommes donc face à un opéra qui contient les germes du XXe siècle; siècle de l’idéologie poussée au-delà de la raison et pour elle-même, avec Hitler (1889-1945) d’un côté, et le regard introspectif sur l’inconscient, avec Freud (1856-1939) de l’autre! L’Allemagne germait à l’époque où cette pièce fut écrite par Büchner (1837) et le nazisme à celle où Berg à créé cet opéra (1925). Ça se sent.

 

Quand l’opéra devient théâtre et le théâtre opéra, il ne peut qu’y avoir des étincelles. C’est ce à quoi vous convie le TNM avec Wozzeck. En allemand avec sous-titres français, ce qui se suit très bien.

 

Hyperliens :

 

Alban Berg : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alban_Berg

 

Georg Büchner :  http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_B%C3%BCchner

 

Max Weber: http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Weber

 

Karl Marx: http://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Marx

 

Hitler : http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Hitler

 

Freud: http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmund_Freud

 

Commission Gomery: http://fr.wikipedia.org/wiki/Enqu%C3%AAte_Gomery et www.gomery.ca/fr/ (Site officiel de la commission)

 

---

 

25e CUVÉE (SAISON 2006–2007)

ESPACE LIBRE 1945 rue Fullum, Montréal H2K 3N3

www.espacelibre.qc.ca  theatre@espacelibre.qc.ca  514-521-4191

 

11 mai 2006

 

Lundi en 8 j’ai assisté au lancement de la  saison à venir à l’espace libre. Une présentation de chacune des pièces fut faite par des artisans de celles-ci (comédiens, auteur, metteur en scène) en 4 minutes!  Assez pour se faire une impression. J’ai donc pris quelques notes sur mon programme que vous retrouverez ici après chaque descriptif des pièces en question. Cette première impression, ce feeling, est en caractère gras et  italique, signé Michel H. Vous ne pourrez pas vous tromper avec le descriptif de la pièce.

 

Michel Handfield

 

***

 

Déjà notre 25e cuvée et, toujours, le théâtre nous monte à la tête ! Théâtre charnu et robuste, théâtre fauve et exubérant, ardent, capiteux et pénétrant, théâtre corsé, théâtre nouveau issu de ceps en émergence. Théâtre du corps, de la parole, théâtre qui expérimente, théâtre qui interroge et cherche à dire le théâtre.

 

Les passeports !!!

Plus de 35% de rabais sur nos tarifs réguliers. Étanchez votre soif d’aventures théâtrales

grâce aux Passeports Espace Libre : 3 SPECTACLES POUR 45$ ou 7 SPECTACLES POUR 98$ parmi les neuf suivants :

 

• TROIS !

• L'histoire lamentable de Titus

• Bas-Reliefs

• Amour, cul et violence

• L’amour est un opéra muet

• Le Diable en partage

• Jeux d'enfants

• 200 épreuves

• Frank Ketchup ou le salon de la manipulation

 

***

 

TROIS ! 5 au 23 septembre 2006 DU MARDI AU SAMEDI À 20H – Mardi 12 et 19 sept. à 19h

 

CONCEPTION ET PRODUCTION Théâtre du Désordre www.theatredudesordre.com 

CODIFFUSION Espace Libre

 

3 auteurs, 3 courtes pièces,

3 contraintes, 3 duos et un 3e personnage…

 

 

Que se passe-t-il quand un duo se transforme en trio ? Deux personnes existent ensemble quelque part. Une troisième arrive et perturbe l’action. Il y a troisième, il y a mouvement. Les choses et les individus changent. Qui sommes-nous à deux et que devenons-nous à trois ? TROIS! c’est une tragédie, une comédie et un drame. TROIS! quand la création naît du hasard…

 

Il y a de l’esprit libre dans l’air! Michel H.

 

***

 

SALUT ROBERT ! 2 au 7 octobre 2006 DU LUNDI AU SAMEDI À 20H30. LE THÉÂTRE OUVRIRA SES PORTES À 17H (ACTIVITÉS, BAR)

 

PRODUCTION Nouveau Théâtre Expérimental www.nte.qc.ca 

 

 

L’automne prochain, ça fera déjà dix ans que Robert Gravel, le Grand Bob, nous a quittés ! Déjà… Pourtant sa présence est toujours aussi avouée, prégnante. On a alors pensé que ça serait plaisant, au-delà de la commémoration comptable (dix ans), de faire une semaine d’activités avec lui et son œuvre : lecture de ses textes, match d’improvisation, un bar convivial pour échanger, des jeux d’écriture, un cabaret éclectique… Une occasion en or, pour ceux qui ne l’ont pas fréquenté, de le découvrir. Pas de quoi pleurer surtout, mais rire et avoir du bon temps sur son dos spectral.

 

Salut Robert, on n’en a pas fini avec toi!

 

Cela à l’air à la fois festif et culturel. Un retour sur un comédien qui a marqué son temps. (Michel H.)

 

***

 

L’HISTOIRE LAMENTABLE DE TITUS. 18 et 19 octobre et du 24 octobre au 4 novembre 2006 DU MARDI AU SAMEDI À 19H

 

PRODUCTION Omnibus le corps du théâtre www.mimeomnibus.qc.ca

TEXTE : William Shakespeare; TRADUCTION Jean-Pierre Richard

 

Créée pour la première fois en 1594, L’histoire lamentable de Titus est sans doute la première tragédie de William Shakespeare, et assurément la plus sanglante. Elle décrit un cycle inextricable de vengeances fatales entre Titus, général imaginaire de la Rome impériale, et son ennemie Tamora, reine des Goths. Dans cette Rome où la grâce n’existe pas, seule demeure la loi du talion. Barbarie et civilisation sont confondues dans cette intrigue où se succèdent trahison, sacrifice, viol et assassinat. Par sa ritualisation de l’horreur, cette pièce invite à nous inquiéter de la résurgence atavique de la violence et de la fascination qu’elle opère.

 

Attention : cela n’a pas l’air léger, ni jojo. Mais cela a l’air intéressant. Cœur sensible peut être s’abstenir. Michel H.

 

***

 

Festival Les Coups de Théâtre. 13 au 26 novembre 2006

www.coupsdetheatre.com 

 

Une sélection des meilleurs spectacles jeune public à travers le monde.

Présenté à Montréal tous les deux ans, il a pour objectif de développer un lien d’intelligence et de sensibilité avec les enfants et de susciter leur enthousiasme pour les arts.

 

Assoiffés – Création PRODUCTION Théâtre Le Clou (Québec)

www.leclou.qc.ca

 

Pour ceux qui croient que la terre est ronde

PRODUCTION Mathieu, François et les autres... (Québec)

www.theatredubic.com

www.coupsdetheatre.com

 

Sous les yeux de Pinocchio (Con gli occhi di Pinocchio)

PRODUCTION Compagnia Piccoli Principi (Italie)

PRÉSENTÉ EN COPRODUCTION AVEC Regione Toscana, Théâtre Massalia/ Système

Friche Théâtre, Maison des Comoni / TPM AVEC LE SOUTIEN DE Théâtre Athénor, Fonds Régional d’Art Contemporain des Pays de la Loire ET Scandicci Cultura

www.piccoliprincipiteatro.it

 

Un peu comme toi – Création

PRODUCTION Montréal Danse (Québec) PRÉSENTÉ EN COPRODUCTION AVEC LE

Centre National des Arts ET EN COLLABORATION AVEC LE Festival Les Coups de Théâtre

www.montrealdanse.com

www.nac-cna.ca

 

Les billets du Festival Les Coups de Théâtre sont disponibles uniquement au 514-871-2224, au 1-888-844-2172 ou à la Billetterie articulée / Monument-National 1182, boul. Saint-Laurent à Montréal. Ces représentations ne sont pas incluses dans les Passeports Espace Libre.

 

***

 

BAS-RELIEFS. 6 au 16 décembre 2006 DU MERCREDI AU SAMEDI À 20H

 

COPRODUCTION Chartier Danse (Toronto) ET Danse-Cité (Montréal) PRODUCTION DANS LE CADRE DU PROJET « TRACES-INTERPRÈTES »

CODIFFUSION Espace Libre

www.chartierdanse.com

www.danse-cite.org

 

Comment la vision de plusieurs créateurs peut-elle se fondre en une œuvre? Telle est la question de l’artiste Marie-Josée Chartier, instigatrice et catalyseur de cette création. Elle réunit dix artistes de Toronto et de Montréal et propose l’œuvre de la peintre Betty Goodwin comme point de rencontre. Il en résulte un duo interprété par Chartier elle-même et Dan Wild.

 

***

 

AMOUR, CUL ET VIOLENCE. 9 janvier au 3 février 2007 DU MARDI AU SAMEDI À 20H30

 

AUTEURS ET METTEURS EN SCÈNE : Didier Lucien et Guillermina Kerwin

www.nte.qc.ca 

 

 

Comment le cerveau génère-t-il une idée ? Comment gère-t-il cette idée ? Est-ce qu’une idée a un sexe ? Si l’on considère que l’amour, le cul et la violence sont les plates-formes d’où décollent les pensées et les fantasmes, est-ce que le cerveau peut synthétiser tout cela en même temps dans un même spectacle ?

 

Dans une esthétique moderne où se côtoient la mode, la tragédie et la comédie musicale, Didier et Mina vous convient littéralement à l’intérieur de leurs cerveaux, à l’endroit même

où se manifeste en une fraction de seconde la genèse d’un spectacle.

 

La pièce démonte et sollicite la force physique et mentale, masculine ou féminine, esthétique ou morale que nous utilisons pour survivre à toutes sortes de fatalités.

 

Dans les 4 minutes de présentation les yeux des comédiens parlaient d’une expression indescriptible! Quelles idées étaient derrière ces yeux? Il faudra voir la pièce pour le savoir, mais l’entrée était riche en la matière! Michel H. 

 

***

 

L’AMOUR EST UN OPÉRA MUET. 13 février au 3 mars 2007 DU MARDI AU SAMEDI À 20H 7 au 24 mars 2007 DU MARDI AU SAMEDI À 20H

 

D’APRÈS L’OPÉRA Cosi fan tutte / LIVRET DE Lorenzo Da Ponte

MUSIQUE DE Wolfgang Amadeus Mozart

 

PRODUCTION Omnibus le corps du théâtre

EN COLLABORATION AVEC LE QUINTETTE À VENT Pentaèdre

www.mimeomnibus.qc.ca 

www.pentaedre.com 

 

À l’encontre de la mise en scène d’un texte préexistant, donc deux choses et deux personnes, la maîtrise d’œuvre inclut cette conception substantielle de l’œuvre, corporelle et dramatique, ainsi que sa mise en forme esthétique. Hors du temps, cinq musiciens expirent en un jardin bucolique vingt-deux extraits musicaux du célèbre opéra Cosi fan tutte de Mozart inspiré, lui, d’une histoire d’amours et de leurs trahisons. Deux femmes et deux hommes se livrent, à corps perdu et défendant, à la déclinaison de ce thème éternel. Au-delà des sexes et des cultures, s’il est un lieu commun où être toutes et tous les mêmes, c’est bien celui dont l’ultime fonction est de nous recréer les uns les autres. À tort ou à travers, cet espace est celui du drame, du dépit et du plaisir amoureux.

 

Cela a l’air assez flyé. Jouissif?! Michel H.

 

***

 

LE DIABLE EN PARTAGE.  7 au 24 mars 2007, DU MARDI AU SAMEDI À 20H - SOIRÉE DES LÈVE-TÔT  MARDIS 13 ET 20 MARS À 19H

PRODUCTION Du Bunker CODIFFUSION Espace Libre

 

Enfermé pour trahison envers sa patrie, Lorko, jeune Serbe, s’écrie : Ne frappez plus. J’irai me battre. Je n’ai pas peur. Les Croates doivent mourir, les Musulmans, mourir. La Grande Nation Serbe ! Puis, incapable de tirer sur quiconque, il désertera laissant derrière lui Elma son amour sa femme musulmane, son petit frère Jovan, son meilleur ami Alexandre et ses parents, qui assisteront impuissants à cette guerre qui s’infiltre lentement au travers des murs de leur famille. Oscillant entre le monde réel et celui du rêve, Le Diable en partage dépeint les marques laissées sur ceux qui choisissent délibérément de prendre le parti de la guerre, comme celles laissées sur ceux qui la fuient, mais demeure avant tout un chant d’amour dans les guerres de tous les temps.

 

Critique dénonciatrice sociopolitique. Cela à l’air prometteur! Michel H.

 

***

 

JEUX D’ENFANTS. 3 au 28 avril 2007DU MARDI AU SAMEDI À 20H30

 

 

PRODUCTION Nouveau Théâtre Expérimental www.nte.qc.ca

 

AUTEURS ET METTEURS EN SCÈNE

Daniel Brière

Alexis Martin

 

Portés par une démarche qui a des semblants de recherche anthropologique, Daniel Brière et Alexis Martin interrogent les mécanismes et les forces à l’œuvre dans le jeu enfantin, comment celui-ci dépasse toujours toute attente, déjoue les pronostics, mène le bal véritablement, quand on croit pourtant l’avoir deviné tout entier. Le jeu : un examen ludique de la part la plus essentielle des êtres, artistes ou non, ici comme ailleurs, enfants avoués et ceux qui s’ignorent…

 

A conseiller aux étudiants en éducation... et à ceux qui ont encore la flamme de la découverte et du jeu en eux, car l’un ne va pas sans l’autre. Michel H.

 

***

 

200 ÉPREUVES. 8 au 19 mai 2007 DU MARDI AU SAMEDI À 20H

 

PRODUCTION Omnibus le corps du théâtre EN COLLABORATION AVEC Cie Mâle/Femelle

www.mimeomnibus.qc.ca 

www.malefemelle.com 

 

Étudier et comprendre la Femme. La comprendre avec le regard d’un homme, de plusieurs hommes. Partager cette recherche grâce à l’aide d’un photographe sur une scène de théâtre où celui-ci peut devenir un pont entre le public et notre égérie : rendre l’acte photographique cathartique. Théâtre, photographie, danse, performance, musique sont présents : carrefour d’une rencontre entre plusieurs médiums et des artistes émergents. Différentes techniques, différentes approches artistiques d’où résulteront effervescence et stimulations. Le but n’est pas de comprendre, mais de constamment chercher. Et qui cherche à chaque instant trouve à chaque instant.

 

Cela m’a laissé curieux. J’aimerais bien voir les résultats de cette étude… mais il me faudra attendre en mai 2007. Michel H.

 

***

 

FRANK KETCHUP ou le salon de la manipulation. 24 mai au 9 juin* 2007 (dates à confirmer)

 

PRODUCTION Le Pont Bridge EN COPRODUCTION AVEC LE Festival TransAmériques

EN CODIFFUSION AVEC LE Festival TransAmériques ET Espace Libre

www.pontbridge.qc.ca 

www.fta.qc.ca

 

Frankenstein, icône glacée, chargée d’effroi. Jamais dans l’histoire de l’humanité aurons-nous été aussi prêts de ce mythe. Nous assistons à l’amorce d’une nouvelle ère, celle du bricolage généralisé du vivant, un jeu de combinatoires, où se dissolvent progressivement les frontières entre les espèces, les personnes et les choses, les vivants et la matière… Regard humoristique sur ce nouvel ordre du biopouvoir qui bouleversera nos modes de pensée et de relations, nos conceptions intimes du lien et de la limite, nos repères psychiques. Frankenstein était un mythe. Frank Ketchup, lui, existe. Il est déjà là.

 

Dans les années 60 on parlait de science fiction, maintenant on à peur à la science frisson! Michel H.

***

 

Les clés – Activité sur demande pour les groupes de 10 ou plus

 

Les clés ouvrent les portes de la création et des coulisses d’un spectacle. Le groupe est reçu au théâtre par des artisans de la production à l’affiche qui en dévoilent le projet artistique et les aspects les plus marquants. Les étudiants sont invités à discuter

avec ces artistes, à les interroger sur leur travail et découvrir ainsi l’envers du décor. L’activité peut se dérouler avant ou après la représentation. Dans certains cas, la rencontre peut également se dérouler en classe, sur les lieux d’enseignement.

 

Les mercredis-bavards

 

Étirez le plaisir et complétez la soirée par la rencontre des artisans de la production. Surveillez les dates !

 

La soirée des lève-tôt

 

Pour ceux et celles qui se lèvent tôt, nous offrons quelques représentations à 19h : TROIS! les mardis 12 et 19 septembre 2006. LE DIABLE EN PARTAGE les mardis13 et 20 mars 2007.

 

Notez que toutes les représentations de L’HISTOIRE LAMENTABLE DE TITUS débutent également à 19h.

 

Plus de détails sur www.espacelibre.qc.ca. 

 

---

 

###

 

Index

 

 

Les Films

 

LE SECRET DE MA MÈRE
Sortie le 7 juillet prochain
 
Montréal, le 12 juin 2006 -  Remstar et Alliance Atlantis Vivafilm sont fiers d'annoncer que le film « Le Secret de ma mère », de Ghyslaine Côté, prendra l'affiche partout au Québec le 7 juillet prochain.  Écrit par Martin Girard et Ghyslaine Côté, le film est produit par Maxime Rémillard et André Rouleau.  
 
Passion amoureuse, liens familiaux et solidarité familiale sont les thèmes abordés dans cette comédie dramatique. 
 
Un premier de l'An, alors qu'une tempête souffle sur Montréal, de nombreux parents et amis sont réunis dans un salon funéraire à l'occasion des funérailles du septuagénaire Jos.  Malgré la tristesse de l'événement, un climat de fête s'installe lentement parmi les gens réunis autour de Jeanne, la fille du défunt, et Blanche, son ex-épouse.  Au fil de la journée, à travers les réminiscences des uns et des autres, Jeanne va apprendre d'étonnants secrets sur le passé de ses parents.
 
Après nous avoir présenté le succès autant critique que populaire « Elles étaient cinq », la réalisatrice s'est entourée d'une distribution de taille. « Le secret de ma mère » mettant en vedette Ginette Reno (Blanche), Céline Bonnier (Jeanne), David Boutin (jeune Jos), Joëlle Morin (jeune Blanche), Clémence DesRochers (Rolande), Guy Thauvette (Jos), Andrée Lachapelle (Germaine), Paule Baillargeon (Cécile), Catherine Bégin (Fleurette), Bianca Gervais (jeune Cécile) et Marie-Chantal Perron (Annie). Il faut aussi souligner la participation de Benoît Girard, Frank Schorpion, Lise Roy, Brigitte Paquette, Kevin Houle, Karine Pelletier, Laurence Leboeuf, Danny Gilmore et Carmen Ferland.
 
Distribué par Remstar et Alliance Atlantis Vivafilm, « Le secret de ma mère » prendra l'affiche le 7 juillet 2006 partout au Québec.
 
Alliance Atlantis Vivafilm est la filiale québécoise de Motion Picture 
Distribution LP, un des plus grands distributeurs de longs métrages au Canada et qui occupe une place sans cesse grandissante dans le marché de la distribution de films au Royaume-Uni et en Espagne. Alliance Atlantis Vivafilm distribue des longs métrages à des salles de cinéma, sur vidéo et dvd, ainsi qu'auprès des entreprises de télédiffusion. Les porteurs de parts de Movie Distribution Income Fund (TSX: FLM.UN) détiennent une participation minoritaire dans Motion Picture Distribution LP.
 
Commentaires de Michel Handfield (28 juin 2006, mis en ligne 6 juillet 2006)
 
               « Pas de métier, pas de mariage », telle était la sagesse parentale il y a un demi siècle à peine. « Le pool, ce n’est pas un métier » dira le père à sa fille, la belle Blanche, qui s’était amourachée de Jos, joueur de pool de son état, mais sans métier et sans avenir selon le paternel. Sauf que l’amour est souvent plus fort que la police  et Jos, sachant très bien roucouler à la belle, fit trou d’un coup! Mariage fut célébré et la vie fut.  
 
               C’est donc un retour sur cette vie et ses secrets auquel on a droit dans ce film,  sous l’angle des souvenirs. On remonte le cours de la vie à travers ce que l’on raconte autour du corps de Jos, maintenant décédé. Présent et passé s’expliquent et s’excluent mutuellement, car tout ne fut pas toujours dit dans la famille. Certains secrets sont mêmes plus lourds à porter que d’autres, ce qui fait qu’avec l’âge, les émotions et un petit peu de boisson – surtout que le corps est exposé en ce jour de l’an - certains souvenirs qui ont été tus jusque là sont échappés… à la surprise des personnes concernées.  
 
               On ne peut cependant pas voir ce film comme un drame psychosocial, car la culture populaire du salon funéraire lui donne un côté comique qui l’allège. Ce n’est donc pas dramatique, mais l’on est dans l’émotion cependant. 
 
               Pour ceux qui ne le savent pas, le salon funéraire est la place des retrouvailles, des faux-fuyants et des vérités dans la famille « québécoise » traditionnelle! Le dramatique et le comique s’y succèdent, contrairement à d’autres cultures, où les funérailles sont parfois beaucoup plus solennelles. Cela dit quelque chose sur nous, du moins les franco-montréalais, en portant un regard sur notre culture d’un autre angle, car il s’agit d’un rite culturel avant d’être religieux. C’est le service qui est religieux, mais il est de moins en moins fréquent, remplacé par une liturgie de la parole sur place ou de nouvelles pratiques spirituelles quand on ne passe pas tout simplement au buffet! 
 
               L’exposition au salon funéraire est d’ailleurs l’un des derniers rites largement partagé par la famille élargie, ce qui inclut les proches, la famille, les amis et les connaissances, car les rites religieux et de passage ont beaucoup diminués depuis les trois dernières décennies. Pensons aux mariages, mais surtout aux premières communions. Quant avez-vous assisté à l’un de ces rites la dernière fois? En plus d’avoir diminués, ceux qui les passent encore en font de plus en plus une expérience privée, se limitant au noyau de la famille. Pour toutes ces raisons, ce film offre un intérêt anthropologique.
 
               Il offre aussi un intérêt philosophique, car à la question « où va-t-on? » correspond celle « d’où vient-on? » Questions importantes qui peuvent prendre plusieurs formes au cours d’une vie. Et ce sont justement les deux questions que pose ce film. 
 
               Bref, c’est un film que j’ai aimé, qui fait remonter des souvenirs, mais qui fait rire aussi. Un film bien calibré qui trace un portrait de notre culture à travers l’un des derniers rites qui demeurent. Mais, pour combien de temps encore? Question importante s’il en est une puisqu’avec la fin de ce rite, ce sera probablement la fin de la famille telle que nous la connaissons, car c’est souvent le dernier lieu de rencontres intergénérationnelles avec tout ce qui est au-delà de la famille nucléaire : oncles, tantes, cousin(e)s, petits cousin(e)s, arrières cousin(e)s, amis et connaissances. L’expression consacrée qu’il faudrait bien se voir ailleurs la prochaine fois dit tout de ce qu’il est advenu de la famille élargie et des relations familiales. Un film que je vous conseille.   
 

---

 

THE DEVIL AND DANIEL JOHNSTON

www.sonyclassics.com/devilanddaniel

 

 

Documentaire de JEFF FEUERZIG

États-Unis, 2005, 110 min.

 

Ce documentaire a remporté le Prix du Meilleur documentaire au Festival de Sundance 2005.

 

Synopsis :

 

Biographie de Daniel Johnston : icône rock pour de nombreux groupes et artistes (dont David Bowie, Sonic Youth, Kurt Cobain ou encore Tom Waits), fou allié pour les autres... Drogué, parano, toujours à deux doigts de l'internement psychiatrique à vie, l’œuvre de Daniel Johnston ne peut laisser indifférent : entre mélancolie, pop, rock, folk...

 

Le documentaire prend l’affiche au Cinéma du parc à partir du 7 JUILLET en version anglaise!

 

Commentaires de Michel Handfield (4 juillet 2006, mis en ligne 6 juillet 2006)

 

Daniel Johnston était un naturel dans les arts avec une sensibilité à fleur de peau. Cependant, créatif dans un milieu chrétien et conservateur, marqué au fer rouge par la  relation Dieu/Satan, il a peu de repères et de guides dans son cheminement, sauf de la désapprobation senti comme du rejet : « creative life, is not productive one’s! »

 

Ici le rejet semble engendrer le rejet et il n’accepte pas un minimum social  pour vivre avec les autres. Déconnecté de la réalité, maniaco-dépressif et consommateur de drogues, cela conduit à sa descente aux enfers. Mais sa créativité exploite cette descente; son obsession du diable nourrit sa production artistique jusqu’au point où il sombre profondément! Un personnage fascinant, où l’autodestruction est aussi création!

 

               Un film pour ceux qui le connaissent et s’intéressent au milieu underground, mais aussi pour ceux qui ont de l’intérêt pour la psychologie et la psychosociologie.

 

---

 

ALLER SIMPLE POUR GUANTANAMO/ROAD TO GUANTANAMO

(Angleterre – drame – durée 95 min)

www.roadtoguantanamomovie.com

 

Sortie (v.o.a / v.o.a.s.t.f) :       Vendredi 30 juin 2006

 

Réalisation: Michael Winterbottom

Distribution: Riz Ahmed, Ewan Bailey, Steven Beckingham

 

L’histoire vraie de quatre jeunes Anglais partis célébrer le mariage d’un ami au Pakistan, leur pays d’origine, fin septembre 2001. Ils ne reviendront chez eux que 2 ans et demi plus tard après un séjour prolongé à la prison américaine de Guantanamo.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 juin 2006)

 

Profilage : si tu as le look, tu soulèves le doute et tu deviens une cible de contrôle et d’arrestation préventive. Un client pour Guantanamo.

 

Avec la fabrication de l’image du terroriste par les États-Unis, transmise par leur appareil idéologique dans le monde, ce qui inclus les médias, mais aussi les fictions, même le citoyen le plus démocrate peut parfois avoir un doute quand il voit une personne correspondant à ce « portrait type » du terroriste tel que dressé  par les « forces du bien », surtout s’il porte un sac ou un « pack-sac » dans les transports en commun. S’il peut en être ainsi du militant de gauche, imaginez ce qu’il en est des membres des forces de l’ordre, des militaires et des citoyens qui se reconnaissent dans le discours de la droite.

 

Ceci étant dit, ce film nous « parle » de quatre jeunes britanniques d’origine pakistanaise parti au Pakistan quelques mois après le 11 septembre 2001 pour un mariage. Jusque là tout va bien, sauf qu’après quelques jours de bon temps, ils décident d’aller aider en Afghanistan à la  suite du prêche d’un imam d’une mosquée qu’ils ont visité avec le cousin pakistanais de l’un d’eux. C’est à partir de là que les choses se gâtent. D’abord ils se retrouvent sur un terrain et dans une culture qu’ils ne connaissent pas réellement. Mais surtout, c’est dans le même temps que les forces États-uniennes commencent leur intervention contre les « force du mal » en Afghanistan, considéré comme le « terreau du terrorisme » selon les États-Unis. Vu le contexte de guerre qui se prépare et la désorganisation du pays, il n’en faut pas plus pour être dépourvus, manipulés (on n’en parle pas mais on peut le supposer), et considéré comme suspects par les forces Anglos-États-uniennes qui foulent le terrain après les bombardements. Pris dans cet engrenage, ils devront suivre un long processus, passant par Guantanamo, lieu de tortures physiques et psychologiques, avant d’être libéré 2 ans plus tard!      

 

***

 

Eux qui vivaient en Angleterre ont dû subir tout un choc culturel puisque nous même, comme spectateurs, nous en avons un de voir du monde ainsi traité. Je pense ici à une séquence particulière du film, où après qu’on les a fait embarquer dans des camions, on troue ensuite la boîte à la mitraillette pour faire de l’air! Quant la « cargaison » arrive à destination on tri alors les vivants et les morts comme du bétail. En fait, le bétail est probablement mieux traité ici que ces gens là bas! Cela peut expliquer que certains veulent aider et jouer les humanitaires, sauf que dans ces conditions, aider à titre individuel peut être dangereux, car pour aider il faut se fondre parmi les autres, ce qui accroît les risques de se retrouver parmi les victimes.

 

C’est avec de tels films que l’on réalise que la barbarie de l’Homme est parfois pire que celle de l’animal, car il tue gratuitement, simplement pour affirmer sa suprématie ou celle de l’idéologie qu’il défend. Ils avaient de quoi avoir peur, pris dans ce piège de la violence. Certains pourraient se demander en lisant ce texte « pourquoi n’ont-ils pas fait marche arrière? » Ils ont essayé de revenir vers le Pakistan, mais ne connaissant pas vraiment la langue… on les a plutôt conduits dans une place forte des talibans et leurs malheurs se sont accumulés jusqu'à ce qu’ils soient faits prisonniers par les troupes de l’Alliance.

 

Là, leur citoyenneté britannique, loin de les protéger, à accru la suspicion à leur égard.  Que faisaient ses jeunes pakistano-britanniques au cœur d’une place forte du terrorisme international? Ils furent victimes de leur audace. Ils étaient maintenant des suspects tous désignés et obtinrent donc un voyage tout compris… vers Guantanamo, où ils ont eu droit au « full package » de la détention, avec traitements psychologiques et physiques particuliers! Ce film permet donc de se faire une idée des conditions de Guantanamo, car même s’il n’est pas un documentaire, il se base sur des témoignages pour en faire une  reconstitution. C’est donc un premier matériel sur le sujet. Ce ne sera pas le seul et c’est tant mieux, car c’est aussi leur point de vue et des questions demeurent. 

 

Au premier chef, pourquoi ne pas avoir été plus prudent et  plus méfiant de leur part? Pourquoi ne pas tout simplement avoir suivi leur plan de voyage pour le mariage? Car de s’être ainsi immiscé dans un conflit qu’il savait venir depuis le 11 septembre, soit quelques mois auparavant, ce n’était pas très avisé.  Parti d’Angleterre, pouvaient-ils vraiment ne pas être au courant de ce qui se préparait, même si la rumeur publique allait dans l’autre sens rendu là? Par contre, à leur défense, le fait de venir d’occident (Angleterre) leur donnait peut être un sentiment d’invulnérabilité qui les a trahis. Ils auraient mieux fait de se joindre à un organisme humanitaire reconnu pour aider si tel était leur but. 

 

C’est par contre un point de vue qui donne un éclairage nouveau sur cette situation et celle des prisonniers de Guantanamo. Combien sont innocents par exemple? Car si l’on se fie à leur mésaventure, on n’a pas fait de longues enquêtes avant de faire des prisonniers. On est davantage dans un processus après coup : vous êtes pris et on vous met de la pression jusqu’à être sûr que vous n’êtes pas un terroriste, mais dans les fait on ne le sait pas du tout au moment de votre arrestation.

 

Il reste encore bien des ombres au tableau et bien des questions doivent être posées aux responsables de la défense États-uniennes. En voici quelques unes : Pourquoi fallait-il des attentats aux États-Unis pour leur faire prendre conscience de l’importance des droits humains et de la démocratie dans des pays comme l’Afghanistan et l’Irak? Sans les attentats du 11 septembre, les États-Unis et leurs alliés seraient-ils  intervenus contre ces dictatures? Interviendront-ils prochainement contre les dictateurs « alliées » des États-Unis si leur objectif est d’imposer la démocratie à l’échelle de la planète?  

 

               Bref, un film à voir, mais qui ne résout pas tout. Ce n’est qu’un début, continuons le combat pour saisir la vérité un jour. Toute la vérité? J’en doute cependant... pour raison d’État du côté des forces Anglos-États-uniennes! Et de l’autre côté, de celui du terrorisme, qu’elle est la vérité? La foi n’est-elle qu’un outil de manipulation par des « Politiques » qui prennent la religion en prétexte? Des questions sont aussi à poser, mais elles ne doivent pas venir que de l’extérieur. Beaucoup reste donc à savoir dans cette histoire.

 

Hyperliens

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_de_Guantanamo

 

---

 

BANLIEUE 13 / DISTRICT 13

www.banlieue13-lefilm.com

 

France – durée: 98 min

Produit d’après une idée de Luc Besson

Réalisation : Pierre Morel

Distribution : David Belle, Cyril Raffaelli, Patrick Olivier, Tony D’Amario

 

 

 

Paris, 2013. Damien est l’élite de la police. Officier d’une unité spéciale d’intervention, expert en arts martiaux, il est passé maître dans l’art de l’infiltration et sait mener à terme ses opérations par des actions rapides, précises et néanmoins musclées.

 

Et c’est bien la mission la plus extrême de sa carrière qui vient de lui être confiée une arme de destruction massive a été dérobée par le plus puissant gang de la banlieue. Damien est chargé d’infiltrer dans le secteur pour désamorcer la bombe ou la récupérer.

 

Commentaires de Michel Handfield (22 juin 2006)

 

2010. Vu la criminalité de la banlieue on autorise la construction d’un mur autour des cités. Le film se déroule 3 ans plus tard.

 

Premier degré 

 

La criminalité est hors contrôle dans certaines cités. C’est particulièrement le cas du district 13 en banlieue de Paris. Mais le vase déborde quand le puissant gang du coin dérobe une nouvelle arme de destruction massive dont le convoi est passé par là!

 

Damien a un plan de match à suivre et il est couplé à un prisonnier injustement condamné, issu du district 13, pour mener sa mission à bien. Si Damien a des ordres à suivre, Leïto, lui, se sert de sont instinct de survie. Il sait que l’ordre, le système, est parfois aussi pourri que ceux qu’ils disent combattre. Damien est un « pur », un idéaliste. Leïto le découvrira et une relation de confiance s’établira entre eux jusqu’à certaines limites. 

 

Un film d’action moderne, qui utilise les effets spéciaux et les cascades à l’États-uniennes. Vous ne vous ennuierez pas.

 

Second degré 

 

Ce film est une démonstration musclée des thèses politiques qui s’affrontent actuellement dans le monde. Dans le coin droit, George W. Bush et les néolibéraux (1) qui veulent éradiquer le mal tout en rentabilisant la chose au passage! Dans le coin gauche, les humanitaires, les altermondialistes et les communautaires qui soutiennent qu’il faut d’abord en combattre les causes, car le mal est une indication de problèmes beaucoup plus profonds. Une revendication. On peut penser ici au terrorisme ou à la criminalité, qui sont, jusqu’à un certain point, la manifestation d’un même problème.

 

D’un côté, le terrorisme représente le rejet d’une société de consommation qui laisse en plan une large part de la population mondiale. La société de consommation devient la représentation du mal pour ces groupes idéologiques qui, sous des prétexte politique ou religieux, recrutent des volontaires pour exécuter des actions de représailles contre des cibles économiques ou politiques « clairement » identifiés au mal, tels que des entreprises, des institutions, des organismes internationaux ou des pays par exemple.

 

De l’autre côté, la criminalité représente une acceptation de l’idéologie économique dominante : tu es ce que tes moyens disent que tu es! Le recours à des moyens de fortunes et illégaux pour accéder à la richesse devient justifiable, car, comme la richesse détermine le statut des gens, l’important est d’y accéder. On tentera après coup de se légitimer. C’est un processus courant dans les milieux du crime, où la seconde et, surtout, la troisième et la quatrième génération sont parfois ignorantes de ce qu’ont fait leurs ancêtres, maintenant qu’elles sont dans les affaires légales après avoir fréquenté les grandes écoles de commerce ou de droit par exemple.   

 

Cependant, malgré leurs différences, ces deux groupes marginalisés se rejoignent et transigent entre eux sur le marché noir, où vendeurs et acheteurs transigent  de la drogue, des armes et toutes sortes de commodités (dont des produits médicaux) qui sont inaccessibles à de larges pans de la population écartés des circuits de consommation traditionnel et laissé sans protection. On peut donc y échanger un crime (un acte terroriste par exemple) contre le traitement de son fils malade qu’on n’aurait pas les moyens de faire soigner sans ça! Une forme de crime d’honneur. Criminels, terroristes et citoyens marginalisés y établissent des relations d’affaires. Mais est-ce surprenant quand le ciment social n’est plus la solidarité, mais le fric?

 

C’est ce qui peut arriver quand on décide de retirer des services de proximité à une population, que ce soit à Paris, en Afrique, au Moyen-Orient ou dans un village du Québec, car on juge qu’elle ne sera jamais assez productive pour rentabiliser l’investissement qu’il en coûte pour lui assurer ce service. On la met face à un choix : se plier à la décision ou se révolter. Cette révolte peut être physique ou socio-économique. On a alors droit à une manifestation de violence, comme on en voit parfois dans les nouvelles ou, tranquillement, il se crée un système parallèle. L’économie au noir et la fraude en sont des manifestations. C’est le cas de la Banlieue 13! 

 

Certains comprendront d’où vient la racine du mal et lutteront pour davantage de justice sociale, mais ils auront alors des bâtons dans les pattes de la part de leur propre système, car en reconnaître les causes sociales, politiques et économiques signifie aussi d’accepter un blâme pour le système et il n’est pas conçu pour s’auto flageller ainsi. Les remises en question ne font pas partie de sa culture. C’est pour cela qu’elles sont toujours le fait de citoyens, de journalistes ou d’intellectuels qui le dénoncent. Lorsque les dénonciations viennent de l’interne, c’est souvent pour des raisons de lutte de pouvoir et de jeux de coulisses! C’est rarement gratuit ou par conscience. Le système est une machine rationnelle et aveugle, qui applique la règle et ne la questionne pas. Un peu comme notre policier, sauf que Leïto joue le rôle de « conscience sociale » et le confronte dans son auto programmation! 

 

Ce film pose ainsi la question de la manipulation idéologique. Le crime peut-il être en partie le fruit du politique (fermeture d’école, fermeture de postes de polices, coupure des budgets socio sanitaires), façon de conduire à un mécontentement citoyen qui ne pourra que revendiquer un accroissement des budgets et des politiques sécuritaires d’un côté et applaudir la répression violente des groupes qui le terrorisent, par bulletin d’informations interposés, de l’autre? Cela fait réfléchir dans le cadre de la montée de la droite au Canada, qui a justement des projets de désinvestissement dans le social, mais d’investissements massifs dans le sécuritaire! La même question pourrait se poser pour la santé. Les fermetures d’hôpitaux et l’allongement des listes d’attentes depuis des décennies, tant par le PQ que le PLQ, fut-il planifié par des hauts fonctionnaires pour faire accepter une forme de système de santé privé en complément au système public? Naturellement personne ne l’avouera, mais on peut le penser, surtout que sa surcharge vient des décisions politiques des 20 dernières années.     

 

Ce film questionne les politiques actuelles dans la projection qu’il fait de la société. Si tous peuvent s’accorder sur le diagnostic : il y a un problème avec la banlieue et l’intégration des immigrants et des jeunes à la société (française), la différence se fait surtout sentir par les solutions retenues. Pour la droite, il faut  éradiquer le mal. Pour la gauche, il faut éduquer et intégrer pour en faire des citoyens! Bref, c’est un film qui porte à la réflexion si le spectateur y est enclin.

 

Bon cinéma!

 

 

Note :

 

1. Incluant la droite française actuellement au pouvoir.

 

---

 

Leonard Cohen: I’m your man

23 juin 2006 en V.O.A. au Cinéma du Parc.

 

Durée : 104minutes

 

Réalisé par :  Lian Lunson. Artistes participants : Nick Cave, Rufus Wainwright, Kate & Anne McGarrigle, Martha Wainwright, Berth Orton, Linda Thompson, Teddy Thompson, Jarvis Cocker, The Handsome Family, Anthony, Julie Christensen et Perla Battala.

 

Synopsis :

 

Songwriter.  Poet. Counter-culture icon. Consummate ladies’ man. Since bursting onto the scene in 1967, Leonard Cohen has inspired generations with his unique personality and haunting music, becoming one of the most original and enduring artists to emerge from the 1960s. Now, Lionsgate is proud to celebrate Cohen’s legacy with director Lian Lunson’s LEONARD COHEN I’M YOUR MAN, an intimate look at the songs, poetry and life of one of music’s most celebrated and influential troubadours.

 

In January, 2005, Lunson traveled to Sydney to film the historic “Came So Far For Beauty” show, a tribute to Leonard Cohen at the Sydney Opera House organized by famed music producer Hal Willner. LEONARD COHEN I’M YOUR MAN includes behind-the-scenes interviews and live performances from this event by Nick Cave, Rufus Wainwright, Kate & Anna McGarrigle, Martha Wainwright, Beth Orton, Linda Thompson, Teddy Thompson, Jarvis Cocker, The Handsome Family, Julie Christensen and Perla Battala, as well as a special performance of “Tower of Song” by Cohen and U2. And in a series of candid interviews, Cohen himself reveals his trademark wry humor and soulful intensity, using his own artwork, poetry and personal collection of photographs to reflect upon his colorful past and his creative process.

 

Sure to please both diehard Cohen fans and the newly initiated, Lunson’s film is a beautiful record of captivating music, and an intimate portrait of a truly singular artist. LEONARD COHEN I’M YOUR MAN is directed Lian Lunson, produced by Lian Lunson, Mel Gibson and Bruce Davey, and executive produced by Kevin Beggs, Sarah Greenberg, Erik Nelson, Tim Palen and Sandra Stern.

 

Commentaires de Michel Handfield (19 juin 2006)

 

« He is a song writer! » Bono

 

On a droit ici à un film particulier, qui mêle spectacle et documentaire. Si le spectacle hommage à Leonard Cohen est intégral, certaines chansons sont par contre entrecoupées par des entrevues et des films d’archives, car c’est d’abord et avant tout un documentaire. La musique est d’ailleurs excellente et les réinterprétations des chansons très bonnes. Ne cherchez pas une imitation si vous le connaissez. Je n’ai qu’un bémol pour « Everybody Knows » même si Rufus  Wainwright en fait une belle interprétation, car celle là, dans ma tête, est associée au « coffre » particulier de Cohen. C’est comme pour Vigneault ou Ferland : quelques chansons sont plus que des chansons. Elles sont l’âme de l’auteur compositeur. Celle là en est.

 

On en apprend sur son cheminement et sa vie par des entrevues avec lui et des gens qui l’ont accompagné au cours de son parcours, le tout agrémenté de photos et de films d’archives. Montréalais d’origine, je ne sais pas si beaucoup de gens le connaissent du côté francophone. Moi, je connaissais uniquement la chanson Suzanne dans mon adolescence. (1) J’ai appris  par ce film qui était Suzanne!

 

Par contre j’ai découvert Leonard Cohen il y a quelques années à peine, par l’intermédiaire de Serge Bouchard qui a fait jouer « Everybody Knows » dans son émission « Les chemins de travers » sur la première chaîne de Radio-Canada. Cette voix profonde m’a fait acheter le CD « More Best Of Leonard Cohen » (2) et le découvrir, après quoi j’ai acheté  « The Best of Leonard Cohen » (3) pour avoir la première version de Suzanne; celle de mon adolescence.  Et là, avec ce film, je sais davantage qui il est.

 

Si vous le connaissez déjà, ce film devrait vous intéresser, tout comme le CD de ce spectacle, à venir cet été selon mes sources. Si vous ne le connaissez pas, il est à découvrir. Vous risquez alors de faire une agréable découverte. Quand on parle des deux solitudes, c’en est un exemple. Peu sont connus dans les deux cultures québécoises, la francophone et l’anglophone, à part Céline Dion. En fait l’on connaît parfois davantage la musique du monde que celle de notre contrepartie anglophone! La même chose est vrai de l’autre côté de cette frontière linguistique : ils connaissent peu nos auteurs-compositeurs francophones. Il est dommage que ce film ne soit pas sous-titré ou traduit en français pour élargir sa pénétration chez les francophones, car l’on parle ici d’un compositeur interprète montréalais de talent qu’on a intérêt à découvrir si on ne le connait pas déjà. Même Bono a dit de lui « He is a song writer! »

   

Notes :

 

1. Pour moi, Suzanne c’était une fille qui visitait occasionnellement  des amies d’été alors que nous avions un chalet au lac Gagnon à Duhamel. On aurait dû avoir entre 12 et 14 ans à l’époque. C’était une franco ontarienne d’Hawksbury, dont je ne sais même pas le nom de famille. Je la trouvais probablement jolie puisque je m’en rappelle encore, mais je ne lui ai probablement jamais dit… Par contre je me rappelle avoir enregistré la chanson Suzanne à la radio à cause d’elle. Mais à l’époque, si je connaissais la chanson, je ne savais pas que c’était Leonard Cohen qui la chantait. C’était un autre temps!  

 

2. More Best Of Leonard Cohen: 1  Everybody Knows 2 I'm Your Man 3  Take This Waltz 4  Tower Of Song 5 Anthem 6 Democracy 7 The Future 8 Closing Time 9 Dance Me To The End Of Love 10 Suzanne 11 Hallelujah 12  Never Any Good 13  The Great Event

 

3. The Best of Leonard Cohen: 1  Suzanne 2 Sisters Of Mercy 3 So Long, Marianne 4 Bird On The Wire 5   Lady Midnight 6  The Partisan 7 Hey, That's No Way To Say Goodbye 8  Famous Blue Raincoat 9  Last Year's Man 10  Chelsea Hotel No. 2 11  Who By Fire 12  Take This Longing

 

 

Hyperliens :

 

http://www.leonardcohenimyourman.com/

 

http://www.leonardcohensite.com

 

www.leonardcohen.com/

 

www.leonardcohenfiles.com

 

www.leonardcohenfiles.com/hw-sydney.html

 

---

 

Duo

www.duo-lefilm.com

À l’affiche dès le 16 juin

 

 

Duo met en vedette Anick Lemay, Serge Postigo, François Massicotte, Gildor Roy et Julie McClemens dans une comédie romantique séduisante… Après avoir été doublée par son concurrent Jules Simard (François Massicotte) qui a mis sous contrat la vedette de l’heure, l’agente d’artiste Pascale Lachance (Anick Lemay) est au bord de la faillite. Elle se rend alors au Festival de la chanson des Caps de Charlevoix pour courtiser Francis Roy (Serge Postigo), un ex-chanteur qui a quitté les planches au sommet de sa gloire. Pascale veut convaincre l’artiste de remonter sur scène et de signer un contrat avec elle. Mais l’habile Jules Simard est aussi sur le coup…

 

Cette comédie romantique est produite par Claude Veillet et Jacques Bonin de Films Vision 4, scénarisée par Sylvie Pilon et Sylvie Desrosiers, et distribuée par Christal Films.

 

Duo est une présentation de Tim Hortons, en collaboration avec Tourisme Charlevoix (www.tourisme-charlevoix.com). 

 

Commentaires de Michel Handfield (14 juin 2006)

 

Un film qui a du rythme! Des fois c’est « con », mais c’est bon, car on est dans la comédie, la caricature et parfois le burlesque – un genre qui se perd depuis la fermeture du théâtre des variétés de Gilles Latulippe! (1)  Certaines « jokes » sont plus convenues, mais on y passe aussi des vérités avec le sourire. Bref, une comédie  légère, doublé de romantisme, qui m’a plu, car je suis bon public pour ce genre de film qui me permet de m’abandonner et de rire. C’est une pause santé pour moi qui fait souvent dans le « sérieux » et le sociopolitique. (2)

 

Notes :

 

1. http://archives.radio-canada.ca/IDC-0-72-2208-13289-10/index_souvenirs/arts_culture/theatre_des_varietes

 

2. En effet, quand ma blonde écoute ce genre de films, qui mélange romantisme et comédie, je m’arrête parfois pour quelques instants… qui peuvent durer tout le film, car cela donne un break à mon cerveau. Des fois ça fait du bien d’arrêter de penser pour se laisser conter une histoire; de rire de bon cœur et d’avoir une larme à la fin, même si elle était prévisible. Je suis romantique devant ces films alors que dans la vie je suis plutôt rationnel et sceptique; loin du romantisme. Le cinéma change parfois l’homme en nous. Allez savoir pourquoi… 

 

---

 

the 3 rooms of melancholia (melancholian 3 huonetta)

au cinÉma du parc dès le 16 juin

un documentaire de pirjo honkasalo

 

Les enfants victimes de la guerre de Tchétchénie au fil de trois chapitres

 

Montréal, le jeudi 25 mai 2006 – Le Cinéma du Parc s’apprête à accueillir le lauréat du prix Amnistie International pour le Festival international du film documentaire à Amersterdam en 2004, the 3 rooms of melancholia, de Pirjo Honkasalo, dès le 16 juin. Ce film nous offre trois lieux de mélancolie et découle directement d’une longue série de documentaires remarquables écrits, réalisés et filmés par la réalisatrice d’origine finlandaise Pirjo Honkasalo. Dans le film, les images de Honkasalo révèlent le vrai visage de cette guerre dissimulée et de sa violence qui nourrit amertume et haine. En version originale russe et arabe avec sous-titre anglais en exclusivité au Cinéma du Parc.

 

Les enfants victimes de la guerre de Tchétchénie au fil de trois chapitres ou « chambre » : dans la première chambre, les enfants soldats de l’Académie de Kronstadt en Russie sont pour la plupart orphelins ou enfants de familles nombreuses placés là par leurs parents, et soumis à une discipline militaire pour en faire des « héros ». La deuxième chambre s’ouvre sur la ville dévastée de Gronzy, capitale Tchétchène où des enfants vivent dans des ruines. Une femme recueille les orphelins et les enfants dont la mère malade ne peut s’occuper. Dans la troisième chambre, nous sommes dans un camp de réfugiés à la frontière de l’Ingouchie, des Tchétchènes dansent sous les bombardements, les enfants suivent et regardent.

 

En 1969, Honkasalo fait la photographie du long métrage « Pilvilinna » (château du nuage), réalisé par Sakari Rimminen. Elle devient ainsi la première femme en Finlande à signer la photographie d’un long métrage. Filmer est la partie essentielle de la réalisation pour Pirjo Honkasalo qui filme elle-même tous ses documentaires.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 juin 2006)

 

Un film « loaded », car on y sent le poids des idéologies. La force de l’image nous fournit l’information que seuls les mots ne pourraient rendre.

  

D’abord, l’Académie de Kronstadt en Russie, où j’ai l’impression qu’on enrégimentement les enfants dans l’armée comme dans la religion. Ils ont de 10 à 14 ans; y font l’école et apprennent l’art du combat. On voit bien qu’ils préfèrent le combat! Ils seront de bons petits soldats. Les bons tuent les méchants et ils seront du côté des bons! Mais est-ce si simple? Par analogies, tous les combattants se croient du côté des bons, même de Dieu. On ne le voit que trop, malheureusement. 

 

 

D’un autre côté, il est vrai qu’on les sauve peut-être, car ils viennent de milieu dysfonctionnel, parfois de la rue, ou sont orphelins. Mais on  profite de leur malléabilité et de leur vulnérabilité pour les enrégimenter! Est-ce mieux parce que c’est une institution d’État, l’armée, qu’un groupe religieux ou terroriste? Cela relève-t-il du même phénomène d’enrégimentement?

 

Ensuite, nous nous retrouvons dans Grozny, capitale tchétchène. Ville détruite par une guerre d’indépendance en vue d’instaurer une république islamiste au Caucase. Les russes disent l’avoir « écrasée », mais dans les faits la guerre est loin d’être terminée. On y vit dans des logements coupés de tout; on puise l’eau  et on se fait à manger sur un feu. La désolation. Le peuple souffre. Le conflit s’éternise.

 

Est-ce que le peuple voulait cette guerre d’indépendance au nom de Dieu? La foi est-elle si forte que l’on est prêt à ainsi sacrifier sa qualité de vie et sa sécurité au nom de Dieu? Ou est-ce plutôt une alliance entre des leaders nationalistes et religieux pour atteindre l’indépendance, mais qui préfigurerait un nouveau conflit entre religieux et nationalistes par la suite? Où est le peuple? En otage entre deux groupes de « libérateurs »? L’image soulève des questions; elle ne donne pas nécessairement les réponses. Pour le profane, dont je suis, du travail reste à faire pour en savoir plus (voir les hyperliens).  

 

Finalement, on termine ce film dans un camp de réfugiés à la frontière de l’Ingouchie. J’y ai perçu la force des coutumes et des idéologies dans les rêves des enfants, notamment d’être combattants! Les idéaux et les idéologies ont la même racine, mais pas nécessairement les mêmes effets. L’histoire en témoigne.

 

***

 

Ce film m’amène deux questions fondamentales. La première : les enfants ne pourraient-ils pas juste jouer? J’ai l’impression d’un enrégimentement sur la base de la pauvreté et de la souffrance! Et si tel est le cas, avec la polarisation grandissante entre pauvreté et richesse, même dans les pays développés, des terreaux fertiles aux combats idéologiques ne pourront que se développer. Quelles en seront les conséquences? La liberté démocratique passe-t-elle d’abord par le militaire ou par l’éducation et la culture?  L’économique doit-il se servir de la société  (pour accroître son profit) ou servir la société (par la création de richesse à condition qu’il y ait aussi une certaine redistribution de celle-ci, que ce soit par des fondations ou l’État)?     

 

La seconde concerne le multiculturalisme. Doit-on tout accepter en son nom? S’il y a des coutumes que l’on juge barbares, selon nos standards occidentaux, doit-on fermer les yeux sur celles-ci, que ce soit d’égorger un agneau de façon traditionnelle sur la pelouse; l’excision; ou le viol collectif comme punition? Est-ce que juger, pour une majorité, est signe de racisme? Et les autres, les minorités, si elles jugent la majorité ou les autres minorités, est-ce aussi du racisme? Jusqu’à quel point doit-on accepter ce qui va contre nos valeurs au nom d’une ouverture multiculturelle? Doit-on mettre une barrière au nom de la protection de la civilisation ou de nos valeurs?

 

Attention, si vous pensez que je ne parle que des islamistes dans ces remarques, car (i) ce film parle d’une opposition entre islamiste et russe et (ii)  les islamistes sont dans l’actualité canadienne actuellement, vous faites fausse route. L’actualité fait en sorte que le faisceau est actuellement sur eux, mais il ne faut pas escamoter le fait qu’il existe des sectes chrétiennes tout aussi dangereuses; qui prônent la guerre sainte en Israël pour y établir les conditions propres au retour du Christ par exemple! Le danger idéologique n’est pas le propre d’une seule culture ou religion. Ni l’ouverture aux autres. Les musulmans ne sont pas davantage « un » que les chrétiens ou les juifs. Ils sont aussi traversés par des courants de pensée et des sectarismes, allant des plus humanistes aux plus conservateurs, voir fascistes. Il faut faire attention aux généralisations. Mais il faut aussi se questionner sur les valeurs civilisatrices que nous voulons : ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas dans notre société. Certains sectarismes sont peut-être tout simplement incompatibles avec nos valeurs. Il ne faut pas se le cacher, mais il faut l’afficher clairement : ceci est acceptable et ceci ne l’est pas. Sommes-nous clairs envers nous même? Si nous ne le sommes pas, comment pouvons-nous exiger des autres qu’ils comprennent nos valeurs? C’est le sentiment que ce film a soulevé chez moi. 

 

En conclusion, je vous cite un passage d’un livre sur la démocratie, car tout est là, dans ces quelques mots :

 

« La démocratie n’est pas une superexplication égalitaire, mais bien une engueulade générale dans laquelle les égalitaires ne sont pas seuls à avoir le droit de s’exprimer. S’il existe un pluralisme des valeurs, la démocratie est un débat dont personne ne pourra jamais sortir vainqueur. Son enjeu réside dans un terrible conflit entre valeurs, semblable à une guerre civile au paradis. La démocratie n’est pas le triomphe du bien commun, mais une guerre du bien contre le bien que personne ne pourra jamais remporter. » (Dewiel, 2005, p. 7)

 

Sauf que cette guerre se fait par la force des mots; non celle des armes, des bombes et de la peur; des conquêtes militaires ou terroristes. On parle de la conquête des idées et de la raison.

 

Hyperliens/Références :

 

Dewiel, Boris, 2005, La démocratie : histoire des idées, Québec : PUL, Collection: Zêtêsis

 

FINKIELKRAUT, Alain, 1987 [1989], La défaite de la pensée,

France: Gallimard, coll. Folio Essai.

 

Grozny: http://fr.wikipedia.org/wiki/Grozny

 

Kronstadt : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kronstadt

 

Ingouchie: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ingouchie

 

Labyrinthe caucasien, Par Ignacio Ramonet:

http://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/RAMONET/11536

 

Robitaille, Antoine, Le choc des cultures. Peut-on se dire Occidental et fier de l'être? Le Devoir, Édition du samedi 20 et du dimanche 21 mai 2006, A 1 : www.ledevoir.com/2006/05/20/109724.html

 

Tchétchénie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tch%C3%A9tch%C3%A9nie

 

3 chambres de la mélancolie (Les) – Documentaire :

http://www.ocean-films.com/lestroischambresdelamelancolie/accueil2.htm

 

 

---

 

A PRAIRIE HOME COMPANION

V.O. anglaise  (États-Unis - durée: 105 min) et v.o.sous-titré français

 

Sortie : vendredi 9 juin 2006

 

Réalisation : Robert Altman et Garrison Keillor

Distribution :  Meryl Streep, Lily Tomlin, Lindsay Lohan, Kevin Kline, Garrison Keillor, Tommy Lee Jones, Woody Harrelson,               Maya Rudolph, Virginia Madsen

 

Musiciens, comédiens et techniciens sont rassemblés pour la préparation de la dernière émission de la très populaire série « A prairie home companion ». Mais des passions et conflits, longtemps enfouis, éclateront au grand jour à l'occasion

de cette ultime réunion.

 

Commentaires de  Michel Handfield (8 juin 2006)

 

J’ai été à ce film par curiosité, car je ne connaissais pas cette émission et je ne suis pas un « fan » de cette musique, même si j’ai 4 ou 5 CD de country à la maison : Willie Nelson, Garth Brooks et Shania Twain! Bref, je ne prévoyais rien écrire.  Sauf que même si je ne suis pas représentatif du public cible de ce film, j’y ai eu du plaisir et de la nostalgie. Si! Si!

 

D’abord du plaisir, car la musique vaut le détour. Cela permet de découvrir autre chose; mais si vous êtes francophone et que vous ne connaissez pas ce genre, mieux vaut la version sous-titrée, car il est clair que j’ai manqué beaucoup « d’insides », anglo-américain et propre à cette culture.

 

Ensuite, j’ai eu un brin de nostalgie, non pas de cette émission en tant que telle, mais pour le genre. En fait, par analogie, j’ai pensé au Cabaret des refrains avec Monique Giroux sur les ondes de la première chaîne de Radio-Canada. Ça me manque, Monique!

 

Enfin, pour ceux qui aiment la radio, la face cachée d’une radio en public et en direct; les improvisations du bruiteur pour sauver la mise quand ça dérape; et les aléas du direct, incluant les règlements de compte entre initiés, m’ont fait sourire. Certains y riaient à gorge déployée, ce qui me laisse croire que la version sous-titrée serait plus appropriée pour les francophones, comme moi, qui n’ont pas les référents pour ce film.

 

               Et pour terminer en beauté, malgré la tristesse de cette journée où je me suis fait voler mon vélo pendant le visionnement de presse, je vous en pousse une p’tite vite :

Bye Bye mon cowboy…

Bye bye mon vélo!

 

Après quelques milliers de km

Il n’y aura plus de rodéo

Dans les nids de poules de Montréal

Mains à guidon, Mains à guidon!

 

Un  inconnu t’a pris

Pendant qu’au ciné je me prélassais

Loin de toi

Qui te faisait dorer près de la Grande Bibliothèque!

 

Peut-être te retrouverais-je

Peut-être te retrouverais-je

Dans un pan shop de Montréal

Ou enfourché par un malotru!

 

Bye, Bye mon vélo!

 

Hyperliens :

 

www.aprairiehomecompanionmovie.com

http://prairiehome.publicradio.org/

http://umusicmedia.ca/aprairiehomecompanion/mediaplayer/index.php 

http://en.wikipedia.org/wiki/A_Prairie_Home_Companion

 

---

 

Le Couperet

La sortie en salles du dernier film de Costa-Gavras, le 2 juin.

Montréal, le jeudi 17 mai 2006  -  La dernière création de Costa-Gavras, Le Couperet, prendra l’affiche au Québec. Après le succès d’Amen et la controverse que le film a suscitée, Costa-Gavras change  de registre et nous revient avec Le Couperet, un suspense plus intimiste, mais brûlant d’actualité, qui met en vedette José Garcia, Karin Viard et Ulrich Tukur. Bruno Davert (Garcia) est un cadre très supérieur dans une usine de papier. S’étant fait licencier avec quelques centaines de ses collègues pour cause de délocalisation, il est prêt à tout pour retrouver un poste à son niveau… même à « éliminer » la concurrence.

 

Le Couperet est tiré du roman du même nom de l’auteur américain Donald E. Westlake. Selon Jean-Claude Grumberg qui cosigne cette adaptation avec le réalisateur du film, l’œuvre constitue en quelque sorte « la suite d’Amen ». Il ajoute qu’en posant la question : « dans quel monde sommes-nous entrés à la sortie du nazisme ? », ce suspense « alerte sur une sorte de nouvelle sauvagerie, de nouvelle barbarie ». Costa-Gavras ne déroge donc pas à l’engagement politique et social qui est la ligne directrice de son œuvre.

 

Commentaires de Michel Handfield (2 juin 2006)

 

Économisme, individualisme et vie en société sont des valeurs qui s’affrontent. Comment peut-on vivre en société tout en étant en même temps en concurrence avec ses semblables, car notre vie est menacée par les autres qui se battent pour les mêmes emplois que nous? Un pli sur le front qui vous fait paraître plus vieux que le concurrent et hop, vous n’aurez pas l’emploi convoité! C’est la déchéance, parfois le suicide.

 

L’ennemi, on le connaît : c’est le conseil d’administration, l’actionnaire principal, les fonds de pension et les fonds mutuels qui veulent du rendement sur l’avoir et non plus sur le produit. Mais on ne peut l’éliminer, car on parle d’un système. Il faut faire avec.

 

C’est comme si l’État n’avait plus d’autre choix que de soutenir l’action de l’entreprise. Il subventionne les investissements qui conduisent aux licenciements massifs et aux délocalisations du travail. Il ne protège plus ses industries ni ses citoyens (leurs emplois) pour ne pas nuire à ses relations internationales, ses exportations et certaines de ses importations, jugées plus profitables à certains secteurs que de produire sur place. C’est peut-être rentable à court terme, mais à long terme on peut ainsi détruire notre infrastructure industrielle et devenir de plus en plus dépendant de l’étranger. Mais l’État joue le jeu. Il réglemente de moins en moins en matière économique. Il abdique, ne tenant même plus compte des avis des organismes qu’il a mis en place pour lui faire des recommandations. C’est le cas de l’industrie canadienne du vélo par exemple. Le Tribunal canadien du commerce extérieur « suggérait une surtaxe de 30 % pour la première année, de 25 % pour la seconde et de 20 % la troisième » sur les vélos de moins de 400$ importés d’Asie, mais ce ne fut pas retenu par le gouvernement pouvait-on lire dans La Presse du 31 mai dernier! (1) Pourquoi?  

 

« M. Edward soupçonne le gouvernement fédéral de sacrifier l'industrie canadienne du vélo pour ne pas nuire à ses relations commerciales avec la Chine, de loin le plus important exportateur de bicyclettes vers le Canada (580 411 en 2005, en hausse de 41 % par rapport à 2004, selon des données des avocats de Raleigh). « Ça fonctionne bien entre les deux pays; ils ne veulent pas déranger ça », estime-t-il. » (2)

 

Cette idéologie, le néolibéralisme, nous vient des conservateurs anglo-saxons (Reagan et Thatcher) et fut raffinée par la suite dans des « think thank » conservateurs et des forums supranationaux comme l’Organisation Mondiale du Commerce et la Banque Mondiale.  L’opposition aux mesures interventionnistes et réglementaires en matière de production et d’économie, ce qui inclut le protocole Kyoto, vient de là. Mais notre homme ne peut s’en prendre à ce système qui le dépasse de trop. L’Homme contre le système idéologique, ce serait un film hollywoodien avec un super héros, mais pas une fable réaliste à l’européenne. On est dans un autre imaginaire cinématographique, surtout avec Costa-Gavras qui est dans le vraisemblable quand il n’est pas dans le réaliste. On est ici  dans le film de combat et d’idée; le film politico-économique. La fiction dénonciatrice! 

 

Notre homme adopte donc le mode de pensée du système. À la guerre comme à la guerre et dans cet économisme ambiant, il est en guerre pour sa survie et sa famille. Il lui faut donc éliminer la concurrence à défaut de l’ennemi néolibéral, qui attaque le contrat social au nom d’un individualisme économique dominant! 

 

Cela se fait d’abord au sens figuré, en présentant un CV dynamique par exemple. Mais ça ne fonctionne pas et vient un temps où la pression sociale est si forte que notre homme décide de passer en mode « action » : éliminer physiquement la concurrence, c’est-à-dire les quelques ingénieurs chimiques qui sont du même calibre que lui! C’est cynique, mais c’est « réaliste » si on prend ce film comme une transposition du système économique dans la sphère humaine. Quand on parle de l’entreprise ne parle-t-on pas de citoyen corporatif d’ailleurs?

 

 L’entreprise qui élimine la concurrence c’est en quelque sorte un citoyen (corporatif) qui en élimine d’autres pour assurer son développement. Elle achète et ferme des firmes concurrentes, même si elles sont rentables, et congédie des gens, car, avec les nouvelles technologies, elle a une surcapacité de production et besoin de nouveaux marchés pour se déployer. Elle n’achète donc pas des capacités de production, mais des consommateurs! Elle paye pour des parts de marché! L’usine et les employés sont des biens collatéraux qu’elle ne peut intégrer dans son plan d’affaires et elle les élimine, produisant ainsi des chômeurs tout en se développant. A la limite, elle ne conservera qu’un bureau des ventes et un centre de distribution, réalimentant tout simplement ce marché à partir d’usines situées ailleurs dans le monde, préférablement dans des pays à faible coût de production, où les lois sont en sa faveur!

 

Contrairement à la société industrielle qui créait ou de l’emploi ou du chômage de façon cyclique, la société technocratique produit à la fois de l’emploi et du chômage, créant en même temps des emplois dans une économie émergente (comme la Chine) et des chômeurs dans une économie mature (comme la France ou le Canada)! Le  profit de ces groupes industriels modernes vient en partie de la spéculation sur les marchés boursiers et de leurs ventes à l’échelle mondiale. Si autrefois on produisait pour un marché local, national ou continental, aujourd’hui on produit pour des clients qui ont les moyens d’acheter nos produits à l’échelle de la planète. Il y a ainsi un marché pour les Mercedes dans les pays du tiers monde et des refuges pour sans-abri dans les grandes métropoles occidentales! La planète ne constitue plus qu’un seul marché segmenté.

 

Les firmes multinationales sont passées maîtres dans cet écrémage des marchés. C’est pour cela que les entreprises font de l’espace sur un marché encombré au nom d’une logique purement économique qui ne tient plus compte des facteurs humains, sociaux et politiques sauf si le marché  les force à le faire. Le contrat social entre l’État et le citoyen n’est plus pris en compte par ces multinationales, car elles sont au dessus des États. Ce sont d’autres règles qui s’appliquent et ce sont elles qui les contrôlent. C’est exactement ce que comprend notre homme et il en fera son credo. Il cherchera à se libérer un espace sur un marché du travail encombré en éliminant ses principaux concurrents, soit les cinq ou six ingénieurs européens qui sont en concurrences pour les mêmes postes que lui, car ils nuisent à son développement et à son profit! 

 

Il sait bien que  les « concurrents » pourraient être ses alliés. Mais dans un monde individualisé, on ne peut qu’être indépendant; les uns contre les autres! Il prend bien garde de ne pas fraterniser avec la concurrence pour ne pas perdre son focus d’ailleurs. De toute façon, si ce n’est pas lui qui mange l’autre, c’est l’autre qui le fera! Ou une autre qui aura aussi bien compris que lui cette logique implacable du système économique. À la guerre comme à la guerre! C’est de la légitime défense économique; la règle du système néolibéral : croître ou disparaître! 

 

Comme un des ingénieurs qu’il a pour cible le remarque : on devrait plancher sur les déchets pour sauver la planète plutôt que de continuellement surfer sur la productivité. Mais c’est là qu’est la profitabilité, même aux dépens de la planète. Alors si la vie de la planète ne vaut pas la profitabilité, notre ingénieur chimiste est-il amoral de tuer quelques échantillons de l’espèce humaine pour atteindre son but? Beau problème éthique sur lequel on devrait faire plancher les étudiants des grandes écoles de gestion de ce monde. Mais je ne crois pas que ce film prenne l’affiche dans une classe de MBA. Malheureusement.   

 

En conclusion, ce film illustre bien ce qui fut écrit sur la mondialisation! Courrez le voir, car ici le cinéma donne vie à la critique théorique de l’économie néolibérale! Il l’incarne en un personnage totalement rationnel et troublant. Un Costa-Gavras! Ça dit tout, car j’ai vu Z à la télé de Radio-Canada 2 ou 3 ans après sa sortie (en 1969), donc à l’âge de 13 ou 14 ans environ, et lorsqu’il est sorti en DVD (en septembre 2005) je l’ai acheté, car je l’avais encore en tête plus de 30 ans après l’avoir vu! C’est là que je réalise que mes préoccupations et mon intérêt pour le cinéma sociopolitique sont profondément ancrés. Je ne peux le nier devant une telle évidence.

 

Référence :

 

Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate

 

Banque mondiale : http://fr.wikipedia.org/wiki/Banque_mondiale

 

Costa-Gavras : http://fr.wikipedia.org/wiki/Costa-Gavras

 

Christal Film : www.christalfilms.com

 

Le couperet: www.christalfilms.com/officialsites/lecouperet/ 

 

Infos Mondialisation par les éditeurs de Societas Criticus :

www.netrover.com/~stratji/mondialisation.htm

 

Organisation mondiale du commerce sur Wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_mondiale_du_commerce

 

La page économie politique de Societas Criticus :

www.homestead.com/societascriticus/socioeco.html

 

Pour les termes comme néolibéral, voir le dictionnaire Societas Criticus sur notre site (www.netrover.com/~stratji/dictio.htm) ou à Bibliothèque et archives Canada:  

http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/michel_handfield/dictionnaire/index.html

 

Note :

 

1. Laliberté, Michel, Sombre avenir pour l’usine de vélos Raleigh, La voix de l’est, reproduit dans la Presse affaires, 31 mai 2006, p. 3

 

2. Laliberté, Michel, Ibid.

 

---

 

ON A CLEAR DAY (UK - durée:  98 min)

Sortie : vendredi 26 mai 2006

 

Réalisation :  Gaby Dellal

Distribution :  Peter Mullan, Brenda Blethyn, Sean McGinley, Jamie Sives

 

 

Frank, 55 ans, grand travailleur et homme respecté dans sa communauté, se retrouve brutalement sans emploi. Pour la première fois de sa vie, il se sent perdu et sans repères.  Un jour, son ami Danny lui dit en plaisantant qu'il devrait traverser la Manche à la nage par une belle journée. L'idée fait son chemin dans la tête de Frank et, à l'insu de sa femme Joan, il décide de redonner un but à sa vie en se préparant pour ce test d'endurance suprême : traverser la Manche à la nage...

 

Commentaires de Michel Handfield (25 mai 2006)

 

Pour ceux qui s’intéressent à l’étude critique du travail, l’on parle souvent de l’aliénation de l’Homme par le travail même s’il s’y réalise aussi. Cependant, c’est quand on perd son travail, qu’on en réalise l’importance, car la détresse du non travail (même avec une rente) semble une plus grande aliénation que celle du travail, même déqualifié! Pourquoi? C’est que l’homme est un animal incomplet. Il ne peut s’auto suffire et a besoin de la société pour vivre (1) et le travail fait partie de cette organisation sociale.  Si ce n’est pas un travail rémunéré, salarié ou au noir,  ce sera du travail fantôme (2) ou bénévole. C’est que le travail est un facteur de motivation et de développement; de dépassement. D’ailleurs combien de gens qui n’aiment pas leur emploi, travaillent bénévolement ou paient pour faire ce qu’ils aiment, que ce soit de  peindre, faire de la broderie, de la photo, de l’animation radio (pour un poste communautaire) ou de la coopération internationale par exemple. 

 

Quand Frank perd son emploi au chantier maritime de Glasgow, son monde s’écroule, déjà que ses relations avec son fils semblaient quelque peu tendues.  Il lui faut un défi à relever et celui-ci sera de taille : traverser la manche comme le lui propose un ami. Une façon de se dépasser et de faire sortir le « méchant » accumulé au  cour d’une vie. Une façon de se retrouver et de refaire sa dignité par un accomplissement personnel plutôt que professionnel, car si l’Homme a besoin de travailler, il a surtout besoin de se réaliser et de se dépasser. De faire quelque chose de plus pour montrer que son existence ne fut pas futile.

 

Un film intéressant, qui n’est pas un thriller, ni un drame, mais une histoire de ressaisissement et de dépassement personnel. Un film psychosocial. L’histoire d’une réalisation que l’on suit pas à pas.

 

 

Notes/hyperliens :

                              

1. Dewiel, Boris, 2005, La démocratie : histoire des idées, Québec : PUL, Collection: Zêtêsis

 

2. ILLICH, Ivan, 1981, Le travail fantôme, Paris: Seuil.

 

http://www.iconmovies.co.uk/onaclearday/

 

---

 

Palais ROYAL!

www.palaisroyal-lefilm.com

De Valérie Lemercier

À l’affiche le 26 mai

 

Montréal, le 10 mai 2006 — À la fois réalisatrice, coscénariste et actrice principale de sa nouvelle comédie, Valérie Lemercier signe un portrait décapant sur les moeurs d’une famille royale contemporaine et sur la fascination qu’exercent les têtes couronnées.

 

 Valérie Lemercier incarne Armelle, une orthophoniste toute simple qui devient reine bien malgré elle, quand son tombeur et glandeur de mari (Lambert Wilson), pourtant fils cadet du roi, est désigné pour monter sur le trône après le décès accidentel de son père. Catherine Deneuve campe la reine mère Eugénia qui ne peut blairer sa belle-fille, Michel Aumont, un chef du protocole plus royaliste que le roi, tandis que Mathilde Seigner et Denis Podalydès, jouent un couple de prolétaires.

 

En écrivant ce scénario avec Brigitte Duc, Valérie Lemercier dit : «Ce qu’on avait envie de voir à l’écran, c’est ce qui nous manquait quand on voit les rois, les reines se parler quand ils sont au balcon, dans leur voiture ou leur carrosse : le son !»

 

Distribué au Québec par les Films Équinoxe, Palais Royal ! qui a fait 2,7 millions d’entrées en France, arrivera sur nos écrans à compter le 26 mai.

 

Commentaires de Michel Handfield (23 mai 2006)

 

               C’est un film de facture européenne, où se rencontrent les cultures françaises, britannique et belge dans une critique cynico comique et efficace des royautés européennes actuelles. Un film où pointe la caricature, mais qui n’est pas moins juste pour autant! J’y ai vu des parallèles avec Lady Di, même si on n’est pas dans un pays précis. 

 

Notre héroïne, Armelle, reste naturelle malgré son accès inattendu à la royauté, par son conjoint, ce qui énerve la reine mère et le protocole, car le protocole est tout, sauf naturel! Elle utilise des trucs de femmes, pas toujours subtils, mais très  efficaces, pour mettre les choses à sa main… mais aussi se venger de certaines « vacheries » qu’on lui fait très diplomatiquement. Rien de tel que le « naturel » et la « naïveté » pour mettre la royauté dans l’embarras et en montrer les coins qui retroussent! C’est ce qui donne un sens au film tout en soutenant son côté comique.

 

J’y ai passé un moment agréable, entre la franche comédie, la critique royale et la  caricature, car on soulève somme toute cette question importante : la royauté est-elle encore nécessaire dans une démocratie parlementaire? Si non, pourquoi y tient-on? Parce qu’on aime le rêve qu’elle nous permet d’entretenir; parce qu’elle humanise la relation amour/haine que l’on a avec l’État et l’autorité; ou, finalement,  parce qu’elle est un avantage touristique et économique : la royauté attire le tourisme et fait vendre des produits dérivés!

 

Mais quand le souverain n’aura plus la côte sur le marché de la popularité, la monarchie sera-t-elle encore à l’ordre du jour? Voilà la question que ce film pose sans le dire. Voilà la question qui doit commencer à hanter les britanniques alors qu’Elizabeth II gagne en âge, mais que Charles ne gagne toujours pas en popularité. Une question qui doit hanter toutes les monarchies qui subsistent dans des pays où le parlementarisme est le mode de gouvernement réel, car dans la plupart de ces pays la monarchie n’est plus que symbolique. Combien de temps les citoyens seront-ils prêts à payer pour une monarchie d’apparat si elle est de plus en plus mêlée à des intrigues et des scandales juteux? Nos modèles doivent toujours être plus que parfait, jamais comme nous et encore moins en-dessous de nous. Si autrefois  l’information concernant les frasques monarchiques était facilement contrôlable, tel n’est plus le cas aujourd’hui, à l’ère de la concurrence pour l’information la plus juteuse. Faire tomber une monarchie n’est plus impensable, surtout s’il s’agit d’une monarchie d’apparat! Leur temps est compté!       

 

---

 

ART SCHOOL CONFIDENTIAL

A l’affiche dès le 12 mai

 

Art School Confidential marque la deuxième collaboration entre le réalisateur

Terry Zwigoff et le scénariste Daniel Clowes, après leur long métrage Ghost World acclamé par la critique.  Le film – une comédie originale qui fait une satire du monde des écoles de beaux-arts – est adapté d’une nouvelle publiée dans Eightball, le magazine-culte de bandes dessinées de Clowes.

 

L’histoire suit les péripéties d’un jeune artiste talentueux, Jerome (Max Minghella, le fils du réalisateur Anthony Minghella), alors qu’il commence sa première année dans une école d’art de la côte est.  Or Jerome a l’ambition de devenir le plus grand artiste du monde entier.

 

Malheureusement, les portraits réalistes de Jerome ne sont pas appréciés à leur juste valeur dans un cours d’art où tout est permis.  Il le considère d’ailleurs bidon et déconcertant.  Du côté positif, Jerome a su attirer l’attention d’Audrey (Sophia Myles) qui pose dans le cours de modèle vivant.  Jerome est toutefois évincé le jour où Audrey porte son intérêt sur Jonah (Matt Keeslar), un peintre séduisant dont les tableaux de style primitif lui assurent un succès retentissant dans l’école.  Désespéré, Jerome conçoit alors un plan risqué en vue de devenir célèbre et de regagner le cœur d’Audrey.  Pendant ce temps, un tueur en série circule en liberté sur le campus.

 

Dans les rôles des divers personnages plutôt bizarres qui gravitent autour de Jerome, John Malkovich campe un professeur égocentrique ayant consacré 25 ans de sa vie à peindre des «triangles», Anjelica Huston une imposante professeure d’histoire de l’art, Jim Broadbent un artiste raté, Joel David Moore le camarade de classe bien informé de Jerome et Ethan Suplee son colocataire-cinéaste.  Le caméo de Steve Buscemi, qui incarne le propriétaire d’un restaurant pseudo-artistique, est également à surveiller.

 

Avec ce film, le réalisateur Terry Zwigoff continue d’explorer sa fascination pour les marginaux, un thème qui se dégage de ses précédents documentaires (Louie Bluie, Crumb) et longs métrages (Ghost World, Bad Santa).  Le scénario est signé Daniel Clowes qui s’est partiellement inspiré de l’époque à laquelle il étudiait dans une école d’art de Brooklyn alors que le « Sam » de Summer of Sam sévissait.  Clowes est également l’auteur des œuvres de Jonah qui mettent tout le monde en émoi.

 

Art School Confidential est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (10 mai 2006)

 

Perspective en plongée :

 

Jerome rêve de devenir peintre et il poursuit son rêve. Mais pour atteindre un rêve on peut parfois dépasser la limite de l’acceptable, surtout quand le génie côtoie la déviance et que le code d’apprentissage est  expérimente : Il faut s’ouvrir l’esprit à d’autres perspectives, à d’autres expériences. Se dépasser! Aller au-delà du convenu; de la norme. Plonger! Mais au-delà d’un certain point, plonger, c’est aussi risquer! C’est ce que Jerome apprendra à ses dépends, car poussé à l’exploration de ses limites, il y répondra par un coup fumant qui se retournera contre lui.

 

Perspective parallèle :

 

On est ici dans un milieu parallèle; celui des arts avec une faune artistique typée et égocentrique qui se prend au sérieux. L’égo à fleur de peau.  La déviance y fait œuvre de génie et l’anormalité de norme. Jerome, équilibré, doit se démarquer dans ce milieu atypique. Une façon de voir que les normes sont d’abord et avant tout des codes sociaux, signifiants pour le groupe qui les partage, mais parfois insignifiants pour les autres, voir même illégal et criminel dans certains cas :

 

« Beaucoup de choses, qu’un peuple appelait bonnes, pour un autre peuple étaient honteuses et méprisables : voilà ce que j’ai découvert. Ici beaucoup de choses étaient appelées mauvaises, et là-bas elles étaient revêtues du manteau de pourpre des honneurs.

 

(…)

 

Est honorable ce qui lui semble difficile; ce qui est indispensable et difficile s’appelle bien. Et ce qui délivre de la plus profonde détresse, cette chose rare et difficile, - est sanctifié par lui. »   (Nietzsche, F., 1998 (1883-5), Ainsi parlait Zarathoustra, France: Maxi-poche classiques étrangers, p. 61)

 

De face :

 

D’entrée de jeu le prof met cartes sur table : « Si vous voulez faire du cash, allez à l’école des banquiers ou des webdesigners! Vous ne pourrez pas vivre de votre art. (…) Est-ce que les choses sont claires?»

 

Plan sombre (face cachée) :

 

L’art, c’est la création de l’émotion. Un moment de grâce entre des moments ordinaires et quelques « down »! Certains artistes sont prêts à tout pour provoquer ces moments de grâce. L’art est ici débusqué dans ses derniers retranchements, ses pires excès.

 

Hyperlien :

 

http://www.sonyclassics.com/artschoolconfidential/

 

---

 

DON’T COME KNOCKING

A l’affiche dès le 12 mai!

 

Le film sera présenté au Cinéma du Parc (en version originale anglaise avec sous-titres en français) et au cinéma AMC Forum (en version originale anglaise).

 

Vingt ans après leur film Paris, Texas qui a été encensé par la critique, le scénariste américain, Sam Shepard, et le réalisateur allemand, Wim Wenders, ont collaboré une fois de plus pour réaliser Don’t Come Knocking, une comédie dramatique sur une vedette de westerns en déclin réalisant qu’il est passé à côté de l’amour.  Le film a été présenté au Festival de Cannes 2005 et au Sundance Film Festival 2006.

 

Howard (Shepard) a autrefois été célèbre en tant que héros de nombreux westerns.  Aujourd’hui âgé d’environ 60 ans, il conserve toujours une beauté farouche, mais sa vie de débauche fait davantage la une des journaux que sa carrière. Au lendemain d’une nuit de beuverie, Howard fuit le plateau du film dans lequel il joue au beau milieu du désert de l’Ouest américain.

 

Howard prend la direction de Elko, dans le Nevada, où il rend visite à sa mère (Eva Marie Saint) pour la première fois depuis presque 30 ans.  Lorsque Howard apprend qu’il est peut-être père, il part pour Butte, au Montana, pour retrouver Doreen (Jessica Lange), une serveuse avec qui il a eu une aventure une vingtaine d’années plus tôt alors qu’il tournait un film dans cette ville.  Doreen tient maintenant le resto-bar où elle travaillait à l’époque. Le fils (Gabriel Mann) de Doreen – dont Howard est le présumé père – chante à cet endroit.

 

L’excellente distribution est composée de Sarah Polley dans le rôle d’une jeune femme qui réserve également une surprise à Howard et de Tim Roth dans celui de l’enquêteur qui a été lancé à la recherche de Howard. George Kennedy, Tim Matheson et Julia Sweeney font de brèves apparitions quand les réalisateurs du film se retrouvent dans une impasse en raison du départ précipité de Howard.

 

Si Sam Shepard raconte une histoire avec des mots, le réalisateur Wim Wenders utilise quant à lui des images.  Un vieil album de coupures de journaux. Un ancien modèle de Packard. Une urne contenant des cendres. Un canapé abandonné sur le trottoir.  Dans un style propre à Wenders, ces éléments créent l’atmosphère de l’histoire – tels des souvenirs, des émotions et des objets se fondant les uns dans les autres.

 

Le film a été tourné dans la région de Moab, dans l’Utah, et dans les villes de Elko et de Butte. La photographie très soignée d’un nouveau venu, Franz Lustig, impressionne dès le premier plan – avec cette image qui semble être le masque d’un bandit, alors qu’il s’agit d’une formation rocheuse.  La bande originale composé par T-Bone Burnett (O Brother, Where Art Thou?) est  teintée par les styles blues et  country. L’acteur Gabriel Mann interprète lui-même les chansons.

 

Don’t Come Knocking est distribué au Québec par Métropole Films et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (10 mai 2006)

 

« Western road movie » fort intéressant, car c’est une relecture. On a conservé l’esprit du genre : les grands espaces, la musique, la route en solitaire, la quête de soi et  d’humanité, puis un peu d’amour et de nostalgie. Mais on l’a modernisé, car notre « cowboy solitaire » est un acteur qui fait le point sur sa vie d’homme mûr. Son passé, ses relations et son futur. Sur ce qu’il a laissé derrière lui et sa capacité de communiquer. La fuite est parfois le signe d’une difficulté de communiquer. De dire que l’on aime? D’une peur des attaches, comme si l’amour nous coupait les ailes. 

 

Notre cowboy entreprend donc un « road movie » psychanalytique pour atteindre l’équilibre. Il y fera la découverte d’attaches qu’il ne soupçonnait pas. Mais si cela change sa vie, cela changera aussi celle des autres.

 

Lequel a le plus mal, lequel a le plus de remords? Celui qui abandonne ou celui qui fut abandonné? 

 

Hyperlien :

 

www.dontcomeknocking.com 

 

 

###

 

Index