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Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

 

         

www.homestead.com/societascriticus

 

Vol.  8 no. 6

6 septembre 2006 - 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

 

Pour nous rejoindre:

di_societas@hotmail.com

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer par courriel. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

Édito 

 

L’avenue Robert Bourassa!

Droit de parole!

Édito du 12 septembre!

Stephen, lâche la Bible!

 

 

Dossier/Essai

 

La confusion des droits

L’économique ostracisé?

 

Le Journal/Fil de presse

 Lettre à la SODEC

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Pour cinéphiles et amateurs d’histoire : Chronologie du cinéma québécois d’Yves Lever et de  Pierre Pageau

Saint-Germain, l'homme qui ne voulait pas mourir

Ça ne s’améliore pas! Rapport annuel 2006, La situation des droits humains dans le monde

Le penseur et les managers! Gouvernement, organisation et gestion : l’héritage de Michel Foucault

La morale dans la classe

Cyrano : moderne il y a 400 ans! Commentaires au sujet de LES ÉTATS ET EMPIRES DE LA LUNE - LES ÉTATS ET EMPIRES DU SOLEIL.

Le Trésor de la Langue Française informatisé  sur cédérom

La Philo pour les enfants

 

Nouveaux livres reçus

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

9e édition des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal

Au TNM… Incendies, collecte de fonds et le théâtre s’exporte!

The U.S. vs. John Lennon - Music from the motion picture

La culture plein la tête Ou du nouveau cinéma to the jazz! (conférence de presse du FNC et lancement d’un CD de jazz)

No Name Jazz Sextet… Ils vont se faire un nom dans la cour des grands!

 

Théâtre

 

LA DAME AUX CAMÉLIAS

TROIS!

 

Festival du nouveau Cinéma

 

On air

 

Deux films Allemands!: Les Particules Élémentaires et Winter Journey

 

Le Voyage en Arménie de Robert Guédiguian

 

12:08 East of Bucharest

 

Sur la trace d'Igor Rizzi

 

Liberté versus tradition : Ou commentaires autour de « Ces filles-là » (El-Banate Dol) de Tahani Rached et « Le fugitif ou les vérités d’Hassan » de Jean-Daniel Lafond

 

Les Films

 

Pour cinéphiles et amateurs d’histoire : Chronologie du cinéma québécois d’Yves Lever et de  Pierre Pageau (Livre)

 

Congorama

RENAISSANCE

Cheech

The U.S. vs. John Lennon (On parle aussi du CD : The U.S. vs. John Lennon. Music from the motion picture)

La Doublure

Sans elle

Les Sœurs fâchées

 

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Index

 

Nos éditos!

 

L’avenue Robert Bourassa!

Michel Handfield

 

Comme l’homme, il faut une rue qui nous divise; qui va toujours dans la même direction (sens unique); à l’ombre de son bureau  et d’Hydro-Québec; qui est d’importance pour nous rappeler qu’il a réussit le tour de force de revenir pour deux mandats après sa défaite de 1976 : Le boulevard St-Laurent! Et n’est-ce pas aussi la rue du « Montreal Pool Room »  reconnu pour les meilleurs hot dogs en ville! Clin d’œil en forme de pied de nez à ceux qui le traitait de mangeur de hot dogs! La rue rappellerait vraiment l’homme.  Et si elle n’est pas acceptée, on pourrait toujours se rabattre sur la rue Clark, qui offre les mêmes caractéristiques!

 

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Droit de parole!

Michel Handfield

 

28 septembre 2006

 

« Les affirmations de la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean, sur le fait que les Québécois sont «déconnectés» du reste du Canada et s'intéressent plus au reste du monde qu'à leur propre pays, ont fait bondir les partisans de la souveraineté au cours de la fin de semaine. » (1)

 

Cette déclaration fait encore jaser quelques jours après, même si elle n’est pas dénudée de sens.

 

Quand Michaëlle Jean fut nommée, les souverainistes lui reprochaient de prendre un poste où elle ne pourrait parler. Elle parle! Les souverainistes lui reprochent maintenant de ne pas se taire!

 

Elle a parlé des deux solitudes (2) et elle n’est pas la seule à l’avoir fait. Cette expression est consacrée. Je l’ai vu à mainte reprise dans mes cours de sociologie (3) et depuis! C’est de sens commun et elle ne pourrait pas le dire. Pourquoi? Surtout parce qu’elle ose opposer l’ouverture sur le monde prôné par le mouvement souverainiste québécois à la fermeture québécoise au « rest of Canada » (ROC). Fermeture que l’on reproche pourtant au ROC envers le Québec. Ça, par contre, elle aurait pu le dire sans causer de remous dans les milieux souverainistes. On l’aurait même félicité de l’avoir fait! 

 

Des raisons linguistiques expliquent peut-être ce barrage. Pourtant, on est ouvert aux États-Unis, non moins anglophones et conservateurs que le ROC. On demande à l’autre de nous connaître, mais faisons-nous l’effort de le connaître de notre part?  Par exemple, je suis abonné au Maclean’s. Combien d’autres Québécois francophones le sont eux aussi? Et combien de Canadiens anglais sont abonnés à l’actualité? À quand des rabais pour des abonnements multiples aux revues canadiennes, car ce serait une façon de mieux se découvrir et se connaître. Et il y a toujours l’internet (voir la liste des journaux et magazines suggérés plus bas). La fiscalité fédérale ne devrait-elle pas davantage s’ouvrir sur l’information et la culture canadienne?  

 

Cette déclaration aura aussi été une façon de faire connaître le nouveau blogue de la gouverneure générale du Canada, qui a pour devise  « Briser les solitudes », et de montrer que la question est encore à débattre. (4) Un hasard? Il ne faudrait surtout pas oublier que notre couple princier vient du milieu des communications.     

 

Notes :

 

1. Alexandre Shields, « Michaëlle Jean fait bondir les leaders souverainistes », Le Devoir, 25 septembre 2006, www.ledevoir.com/2006/09/25/118982.html 

 

2. En fait, il y aurait plus que deux solitudes selon moi. Pensons aux autochtones et à certains groupes ethniques qui sont discriminés malgré des générations de présence ici. 

 

3. Dans les années 80, notamment en sociologie du Québec avec Marcel Rioux.

 

4.  http://www.ecoutedescitoyens.gg.ca

 

Journaux et magazines suggérés

 

The Globe & Mail : http://www.theglobeandmail.com/

 

Canada.com : www.canada.com , dont les journaux suivants :

Ottawa citizen: http://www.canada.com/ottawacitizen/index.html

Calgary herald : http://www.canada.com/calgaryherald/index.html

Vancouver sun : http://www.canada.com/vancouversun/index.html

 

Le Devoir : http://www.ledevoir.com/

 

Cyberpresse : http://www.cyberpresse.ca/

 

L’actualité : http://www.lactualite.com/ 

 

Maclean’s : http://www.macleans.ca/

 

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Édito du 12 septembre!

Michel Handfield

 

C’était les 5 ans du 11 septembre 2001 hier. Tous en ont parlé. Nous avons délibérément choisi de ne pas le faire, car nous ne voulions pas nous souvenir, mais aller au-delà! Prendre le temps de penser.

 

Le pourquoi du 11 septembre est IDÉOLOGIE et CERTITUDE! Cette raison peut être politique, économique ou religieuse. Dieu ou les intérêts supérieurs de la nation! Un groupe ou un gouvernement qui est sûr d’avoir raison peut ainsi justifier tous ses actes, même les plus fous, au nom de certitudes politiques, économiques ou divines! Cela fût vrai des deux 11 septembre de l’histoire récente :

 

- Le 11 septembre 2001, ce fut le rejet de la démocratie par une organisation non gouvernementale et idéologique, terroriste;

 

- Le 11 septembre 1973, ce fut le rejet de la démocratie parlementaire du Chili, avec le renversement du gouvernement Allende par le Général Pinochet, soutenu par les États-Unis, pour « protéger » les intérêts économico stratégiques de l’Amérique – lire les États-Unis!  

 

Deux 11 septembre, deux coups portés à des régimes démocratiques différents pour des raisons idéologiques. Voilà ce qu’il faut se souvenir de cette date fatidique et ce sur quoi l’on devrait se pencher. Comment peut-on équilibrer démocratie et idéologie? Certains droits peuvent-ils aller contre la démocratie et l’égalité? La menace à la démocratie est-elle en son propre sein? Où sont passées les responsabilités face aux droits?

 

Je pourrais donner des pistes de réponse, mais je ne le ferai pas. C’est une réflexion que nous devrions faire ensemble, comme citoyens du monde. C’est une discussion que toutes les sociétés devraient avoir.

 

Une autoanalyse serait souhaitable sans zone d’exceptions, que ce soit les tabous, les croyances ou les traditions; les formes de pouvoirs; les religions et les dogmes;  les régimes, les intérêts et les groupes de pression économiques; les systèmes, les partis et les leaders politiques;  le support et le traitement des citoyens; l’éducation; l’égalité et les formes de discrimination, même positive; les investissements collectifs; et j’en passe. Bref, une psychanalyse collective et globale serait la bienvenue.

 

Cependant, même si l’on parle d’un grand marché global, d’un monde intégré ou de mondialisation, le monde est-il vraiment « un »? Y a-t-il autant de mondes qu’il y a de cultures, incluant certaines formes encore très archaïques? Y-a-t-il encore trop de différences culturelles et de tabous pour pouvoir discuter  librement sur cette planète? Le monde global ne serait-il qu’illusion? Un truc de marketing? Un truc politique? Voilà des questions auxquelles répondre si l’on veut aller au-delà de ces commémorations. Et les réponses nous diront si l’on peut aller au-delà des peurs, car s’il est bien de dire plus jamais, ce n’est pas suffisant si rien ne change.  

 

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Stephen, lâche la Bible!

Michel Handfield

 

8 septembre 2006

 

            Stephen (1), lâche la Bible, car trop de peuples se battent actuellement au nom de Dieu pour croire que les réponses pour la paix et la démocratie viennent de là. C’est ailleurs qu’il faut que tu regardes, car la paix et la démocratie, pour réussir, doivent venir des Hommes. Les philosophes seraient plus appropriés comme lecture de chevet.

 

            Tu serais mieux de fréquenter Socrate, Diogène ou Karl, si tu veux la démocratie dans le monde. Pas ceux qui se sont revendiqués de Karl, mais Marx lui-même! (2)

 

Vois-tu Stephen, la révolution et le changement ne s’imposent pas. Elle vient quand le peuple en a assez d’un régime ou d’un système qui l’aliène. Quand il est tanné de se faire chier pour le profit de quelques-uns ou qu’il sent qu’on aliène sa liberté et ses choix!  Là, le peuple est prêt à descendre dans la rue. Ce n’est pas l’armée des États-Unis qui a défait le mur de Berlin, mais le peuple. (3) Quand le peuple en a assez, le nombre justifie le changement, car contre un million, 10 millions, 20 millions ou un milliard de personnes dans les rues, l’armée aura beau en tuer quelques milliers, la force du nombre l’écrasera. La même chose est vraie des régimes terroristes et des gouvernements qui les soutiennent.

 

Cependant, si le peuple a l’impression que ce n’est pas pour les aider que les puissances agissent, mais pour leurs propres intérêts ou pour mettre la main sur leurs richesses naturelles, pour les exploiter à leur tour, ils resserreront les rangs, même avec leurs ennemis, contre ces puissances étrangères. Les combattre, c’est alors les renforcer!

 

Stephen, combattre les régimes de terreur et amener la démocratie, ça se fait par la base. Pas par les airs et encore moins par des bombes! C’est en  soutenant les militants, les éducateurs et les O.N.G. près du peuple que la démocratie s’implante et s’enracine, car c’est  le savoir qui est la principale arme de changement massif. Tu dois l’apprendre, car même en démocratie on s’arrange pour que certaines connaissances demeurent sur les tablettes ou soient noyés dans une mer de communication si opaque qu’ils ne dérangent pas les pouvoirs en place; parce que savoir c’est aussi vouloir changer les choses et c’est dérangeant pour les tenants du statu quo et les conservateurs. Là-dessus, tant les terroristes que les gouvernements légitimes sont d’accord : il faut faire taire le savoir qui va à l’encontre de l’idéologie qu’ils défendent.

 

Ce n’est pas un hasard si le discours des conservateurs états-uniens et des terroristes est le même : « vous êtes avec nous ou contre nous! » Ils n’acceptent pas la critique et sont prêts à emprisonner, torturer et tuer ceux qui osent s’opposer à leur régime, en commençant par les intellectuels. Certains des pays avec lesquels on fait des affaires d’or ne se sont d’ailleurs jamais gênés pour le faire. On ferme les yeux sur leurs actions et on les qualifie de démocraties économiques! On élève même en modèle ceux qui foulent aux pieds les droits du travail (4) au nom de ce démocratisme économique; nouvelle façon de les faire entrer dans le club des démocraties. Mais une démocratie est-elle digne de ce nom, si elle n’est pas politique? La liberté se limite-t-elle au libre marché économique?

 

Stephen, c’est de la pure hypocrisie. Quand tu suis ton ami Bush sur ce terrain, tu oublies qu’on n’est pas cave. La démocratie c’est davantage que le libre échange. Si l’objectif réel est la démocratie, alors demande à George W. de répondre à ces questions : À quand la démocratie en Chine et dans les pays d’Amérique du Sud qui ont des gouvernements de complaisance pour les États-Unis?  À quand le respect de la syndicalisation, votée démocratiquement, chez Wal-Mart? (5) Car, vois-tu Stephen,  la démocratie, pour porter ce nom, doit aussi être sociale et politique. Rien de moins n’est acceptable. 

 

Alors mon cher Stephen, il est temps que tu cesses de lire la Bible et de dire « God bless Canada », Dieu aura beau nous bénir, le changement et la démocratie viennent d’abord de l’éducation et du sens critique des citoyens, car combien de pays de droits divins sont tout sauf démocratique? Une maudite gang! Il est temps que tu changes de disque mon Stephen et que tu comprennes que les « born again Christian » et les ultras conservateurs comme George W. sont aussi des idéologues. Seul le doute permet de conserver une certaine distance face à l’idéologie. N’as-tu jamais lu John Saul? (6) Tu devrais! 

 

Notes :

 

1. Stephen Harper, Premier Ministre conservateur du Canada, 2006 - ?  Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Stephen_Harper pour plus de détails.

   

2. À ce sujet lire Karl Marx, Le Capital, tome 1 (1977, 1 ère édition1867, Paris: éditions sociales). L’excellente biographie de Jacques Attali, 2005, Karl Marx ou l'esprit du monde (France : Fayard) serait aussi un choix judicieux  pour avoir une vision assez juste de l’œuvre de Marx. 

 

3. En quelque part même, la musique de Pink Floyd a peut-être fait plus contre le mur de Berlin, au niveau symbolique, que tous les discours des présidents états-uniens réunis. Le désir du rock et de la culture occidentale était certainement plus fort que tous les discours politiques. À ce sujet, il est intéressant de voir le film original de Pink-Floyd/The wall et celui du spectacle qui a souligné la destruction du mur : Roger Waters, The wall live in Berlin. 

 

4. Éric Desrosiers, Les positions de la Banque mondiale dénoncées, in Le Devoir, Édition du mercredi 6 septembre 2006 :

 

« Le mouvement syndical international dénonce l'action inavouée de la Banque mondiale en faveur de la déréglementation du marché du travail. L'organisme cite en exemple, dans l'une de ses publications les plus influentes, des pays qui ne souscrivent même pas aux normes minimales internationalement reconnues. »

 

Bilan de l’horreur acceptée au nom de la productivité et de la liberté de marché! Mais la liberté d’association et syndicale?

 

5. A ce sujet lire Barry C. Lynn, .Breaking the Chain. The antitrust case against Wal-Mart, in Harper’s magazine, July 2006. Voir:  www.harpers.org/BreakingTheChain.html

 

6. Stephen, je te conseille de lire tous les essais de John Saul. Je t’ai même mis la plupart des titres en anglais pour être sûr que tu puisses les comprendre. Ces titres sont aussi disponibles en français pour nos lecteurs qui le désirent : 

 

Saul, John Ralston, 1992, Voltaire's Bastards, Toronto: Penguin book.

 

Saul, John Ralston 1994, 1995, The Doubter's companion, Toronto: Penguin book.

 

Saul, John Ralston, 1994, Le citoyen dans un cul-de-sac?, Québec: Musée de la civilisation/Éditions Fides

 

Saul, John Ralston, 1995, The unconscious civilization, Canada: CBC/SRC - Anansi

 

Saul, John Ralston, 1998, Reflection of a siamese twin, Canada at the end of the twentieth century, Canada: Penguin book

 

Saul, John Ralston, 2001 (2002), On equilibrium, Canada: Penguin book

 

Saul, John, « The collapse of globalism. And the rebirth of nationalism » (Essay), in Harper’s Magazine, march 2004

 

Saul, John, 2006, Mort de la globalisation, Paris : Payot – www.payot-rivages.fr

 

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Index
 
Dossier/Essai
 

La confusion des droits

Michel Handfield

 

7 octobre 2006

 

« Une cinquantaine d’enfants de la Mission de l’Esprit-Saint fréquenteraient une école clandestine à Montréal-Nord, selon une enquête de Radio-Canada. » (Maisonneuve en direct, Radio-Canada, 4 octobre 2006 : www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/ 

 

***

« La FQM [Fédération québécoise des municipalités] n'est pas du tout à l'aise avec le projet de loi 9 sur les véhicules hors route, qui prévoit la suspension pendant cinq ans du droit des citoyens d'entreprendre des recours judiciaires pour des inconvénients liés au bruit des motoneiges et des quads circulant sur les sentiers régionaux. » (PC, Motoneiges - Québec va semer la pagaille, croit la FQM, Le Devoir, 2 juin 2006 : www.ledevoir.com/2006/06/02/110692.html) 

 

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« Ce plan alternatif, bien que non arrêté, protégerait le droit de parole des personnes qui, pour des raisons religieuses, s'opposent à certaines initiatives gouvernementales comme la reconnaissance des mariages gais.

 

«La liberté d'expression, c'est la liberté de s'exprimer publiquement, de dire ce qu'on a à dire sur n'importe quel sujet sans avoir peur d'être poursuivi en cour», a dit une personne bien placée au gouvernement pour illustrer l'état d'esprit dans lequel cette démarche a été entreprise. » (Hélène Buzzetti et Alec Castonguay, Le gouvernement Harper veut renforcer les droits religieux,  Le Devoir, jeudi 5 octobre 2006 : www.ledevoir.com/2006/10/05/119821.html)

 

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« Priorité aux piétons: voilà le mantra que la Ville de Montréal souhaite voir repris par les citoyens de la métropole en déposant hier son projet de charte du piéton. » (Clairandrée Cauchy, Montréal veut améliorer la vie des piétons, Le Devoir, Édition du jeudi 8 juin 2006 : www.ledevoir.com/2006/06/08/111091.html)

 

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« La Charte des droits environnementaux (CDE), qui est entrée en vigueur en février 1994, est l'une des plus importantes lois environnementales des 25 dernières années. Elle reconnait que la population de l'Ontario a pour objectif commun la protection de notre environnement naturel. Le CEO a pour mandat de surveiller le respect par le gouvernement de la CDE, de façon à ce que l'intégrité des écosystèmes de l'Ontario, l'un de nos héritages les plus importants, soit préservée au profit des générations futures. » (www.eco.on.ca/french/index.htm) 

 

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« La motion charge le gouvernement fédéral de créer une Charte des droits des aînés qui reconnaît que les Canadiens et les Canadiennes âgés sont des membres créatifs, actifs et valorisés de notre société, qui méritent de bénéficier d'une assurance-médicaments et d'une assurance des soins dentaires sans frais. » (« La motion du NPD visant à protéger les droits des aînés est adoptée », sur www.npd.ca, 2006-06-20 15:03)

 

***

 

Ces débats autour des croyances religieuses et de leur place à l’école; des piétons; des cyclistes; des motoneigistes et des riverains; des aînées; du droit à un environnement sain et j’en passe relèvent tous d’une même problématique : la revendication des droits individuels. Chacun veut ses droits : droit de respirer de l’air pur et d’écouter le chant des oiseaux par exemple versus le droit de vendre ou d’acheter des monstres bruyants et polluants, signe de statut social, pour se promener en ville; sur un petit cours d’eau ou à quelques pas des résidences l’hiver!

 

Ce sont mes droits contre tes droits et les intérêts de l’État deviennent l’étalon du jugement dernier. Ainsi, des motoneigistes ont gagné le droit de circuler près de résidences au détriment des riverains des sentiers de motoneiges, car la motoneige est un apport au développement économique du Québec. On parle même de suspendre les droits civils pour assurer les droits des motoneigistes! 

 

De plus en plus, la Charte des droits et libertés apparaît insuffisante pour régler les droits particuliers et idéologiques qui semblent prendre le pas sur le bien commun. L’équilibre social est remis en cause. En accordant des droits spécifiques à quelques-uns, comment séparer ces droits suivant une pyramide des besoins et des valeurs? Si tous les droits sont égaux, il ne faudrait pas oublier que leur usage ne l’est pas. Égalité ne signifie pas équité.

 

Comment protéger le droit du piéton contre celui de l’automobiliste par exemple? À Montréal, où il y a des trottoirs, on est à mettre sur pied une charte des piétons. Qu’en est-il dans les banlieues pensées autour de l’automobile, où le trottoir n’existe pas? Suffit de sortir de Montréal pour le voir. 

 

Ce manquement de nos chartes des droits, la Québécoise et la Canadienne, se fait de plus en plus sentir et l’on tente de le résoudre par de nouvelles chartes spécifiques, qui s’additionnent les unes aux autres : droits des piétions, des aînés, religieux, etc. Mais ces nouveaux droits ne pourront que s’opposer et créer de l’insatisfaction et de nouvelles demandes particulières. Le droit du raquetteur (la raquette étant une chaussure, le raquetteur devrait donc bénéficier des mêmes droits que le piéton) s’opposera-t-il au droit du motoneigiste? On n’est pas sorti du bois.

 

Les droits religieux, par exemple, permettront-ils n’importe quoi au nom de croyances, comme de tenir des propos racistes ou de marier une enfant de 12 ans? Jusqu’où peut aller la croyance spirituelle? S’arrête-t-elle à des courants spécifiques et reconnus ou protège-t-elle n’importe quelle secte? Les sacrifices  seront-ils permis? C’est une brèche par laquelle risquent de passer bien des excès que l’on ne peut pas imaginer.      

 

Quant à faire des chartes pour combler les lacunes de la Charte des droits et répondre à des particularismes, ce peut être dangereux, car c’est ouvrir la porte à un retour en force des idéologies, des dogmatismes, des sectarismes et aux opportunismes de toutes sortes qui ne sont pas toujours très rassurants. Vaut mieux ouvrir la Charte des droits et y faire un amendement majeur : y ajouter les responsabilités. Seule une Charte des droits, libertés et responsabilités ferait en sorte que je me sente davantage protégé comme citoyen.

 

Vous avez droit à vos croyances, mais vous avez aussi le devoir de respecter le caractère neutre et laïc des institutions et de la société. (1) Vous avez droit à votre religion, mais vos enfants ont aussi droit à une éducation leur permettant de fonctionner dans la société où ils vivront et de faire leurs choix. Que des gourous profitent des chartes pour enrégimenter des enfants dans leur sectarisme, alors qu’ils n’ont pas la capacité de choisir légalement pour leur bien, n’est pas rassurant. Imaginez leur donner des droits supplémentaires sur la base de leurs croyances religieuses! Vous avez des droits, mais aussi des responsabilités comme piéton, cycliste, automobiliste, travailleurs, entrepreneurs ou parents par exemple. Ces responsabilités doivent être incluses, au même titre que les droits, dans nos chartes. 

 

Les apôtres des droits disent que les responsabilités sont implicites et ne voient pas la nécessité d’un tel ajout, mais les jugements portent sur ce qui est écrit. Il faut donc l’écrire. Ainsi, ce sera clair pour tout le monde et nul besoin de chartes particulières, car si cette tendance continue, chaque groupe idéologique voudra sa charte. Le débat sur la charia était de cet ordre. Le droit canon et rabbinique l’est aussi. Qu’il existe en marge se peut, mais il ne doit pas s’imposer à la société au nom d’une morale supérieure ou divine. Il ne doit pas avoir valeur légale dans une société de droits.

 

Si j’ai des droits et des responsabilités face au piéton et à la personne âgée par exemple, ceux-ci ont aussi des responsabilités. Ce n’est qu’avec cet ajout que l’on atteindra un équilibre entre nos droits; pas en ajoutant des chartes particulières les unes au-dessus des autres, car cela est tout le contraire de la transparence et de la clarté. C’est la construction d’une tour de Babel juridique. Plaisirs et honoraires assurés pour les avocats! Désolation et confusion pour les citoyens. Pensez-y, revendicateurs de chartes de toutes sortes. 

 

Note :

 

1. Il y a cependant place à des accommodements raisonnables pour respecter les croyances individuelles en autant qu’elles n’empiètent pas sur le caractère neutre, laïc et non discriminatoire de nos institutions et de la société. Pour ne pas heurter les croyances du fonctionnaire, l’État ne doit pas davantage heurter celle du citoyen à qui il a à répondre. Un équilibre doit donc être atteint entre les deux lorsque possible, sinon c’est le caractère neutre et laïc de l’État et des institutions qui doit primer.  

 
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L’économique ostracisé?

Michel Handfield

 

1er octobre 2006

 

« Le 27 septembre 2006, en regard des résultats mis en lumière par une étude sur les causes et les conséquences de l’abandon des projets du bassin Peel et du Suroît qu’elle a commandée, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) a dévoilé ses recommandations visant à contrer l’immobilisme et à raviver l’entrepreneuriat au Québec, notamment par la création d’une agence d’analyse économique. » (1)

 

 

Nos affairistes se plaignent que l’on tient davantage compte des facteurs sociaux qu’économiques. Mais les facteurs économiques sont-ils toujours fondés? Prenons un exemple passé pour être « neutre », aussi neutre qu’une chambre de commerce s’entend : le cas de nos  Ex-Expos.

 

Si le stade avait été construit au centre-ville, avec l’aide de l’État, on aurait encore nos Expos croient certains gens d’affaires! Mais, quand ils étaient au parc Jarry, il leur fallait le stade olympique. Pourtant, le tennis fonctionne bien au parc Jarry! Ils ont eu le stade, mais, à part deux ou trois saisons où ils ont été très compétitifs,  ils n’ont été que moyen. Les foules aussi. Avec la dégringolade du club, il y eut la dégringolade des assistances. C’était la faute du stade naturellement. Il aurait fallu un stade ouvert au centre ville. Pourquoi? Parce que les gens de l’ouest de Montréal ne viennent pas dans l’Est! Pourtant, quand les Stones viennent au stade, on vient même des États-Unis pour les voir! Le spectacle est bon. Qui, de nos affairistes, l’a dit? Il était plus facile de réclamer des fonds publics pour un nouveau stade à ciel ouvert que de regarder les choix qui ont été faits par les gestionnaires! Qui leur a rappelé que 30 ans auparavant le problème des Expos était justement que le stade du parc Jarry n’avait pas de toit…

 

Il est facile de remettre en cause les groupes communautaires pour l’abandon des projets du bassin Peel et du Suroît, en disant qu’il s’agit de groupes de pression ne représentant pas la population; mais les chambres de commerce, le Conseil du patronat (CPQ) et les syndicats sont des groupes de pression et d’intérêts qui ne sont pas davantage représentatifs des intérêts de la population que les groupes qu’ils décrient. En fait, ils le sont peut-être moins, car les chambres de commerce, le CPQ et les syndicats ne représentent qu’une frange bien particulière de la population alors que plusieurs groupes communautaires représentent des citoyens, incluant autant des assistés sociaux, des intellectuels, que des commerçants et des entrepreneurs attachés à défendre une cause commune, comme l’environnement ou une montagne, que leur milieu de vie, comme un village ou un quartier. C’est notamment le cas d’une table de concertation comme Vivre Saint-Michel en Santé (2) par exemple. Cette table peut donc questionner des projets venant de partenaires ou de l’extérieur, mais une chambre de commerce oserait-elle remettre en cause les décisions d’affaires mal fondées de leurs membres? S’opposer aux délocalisations d’entreprises pour fuir un syndicat ou le salaire minimum un peu plus élevé que dans la province voisine par exemple, et je ne parle même pas des délocalisations vers le Mexique ou la Chine ici, causant ainsi des pertes d’emplois? Questionnent-elles les affairistes qui profitent des largesses subventionnaires de l’État? Les privilèges des entreprises? Ou au contraire leur trouveront-elles des justifications pour revendiquer davantage? Je pose la question.

 

Si les projets du bassin Peel et du Suroît qu’ils citent en exemple avaient passé, mais n’avaient pas répondu aux attentes, les chambres de commerce en auraient-elles été imputables? Probablement pas, car c’étaient des projets impliquant des sociétés d’États, Loto-Québec et Hydro-Québec, au premier plan. Seul le politique en aurait été imputable et aurait eu à ramasser la facture. Mais le privé était prêt à en cueillir les bénéfices. Finances publiques, profits privés! (3) 

 

Il est facile de dire que le social, la santé et l’environnement coûtent cher et retardent le développement du Québec. De dire que ce sont les groupes communautaires qui bloquent les projets prometteurs! Mais les chambres de commerce, le Conseil du patronat et les syndicats seraient-ils prêts à ce que le gouvernement mette fin à tous les programmes de soutien aux entreprises pour montrer ce qu’ils peuvent faire sans l’aide de l’État? Qui dit que cet argent ne serait pas mieux investit ailleurs : en éducation et en culture par exemple! Car, oui, le communautaire dépend de l’État, mais bien des entreprises aussi en dépendent. Une simple recherche sur Google avec « corporate welfare » nous donne 23 900 000 entrées! Assez significatif.

 

Pourtant le but de l’entreprise n’est-il pas de créer, d’innover et d’investir pour assurer sa profitabilité. De cette création découle le profit, la création d’emplois et de la richesse pour la société dit-on! C’est la fameuse théorie du « dégoulinage » qui justifie que l’État peut aider l’entreprise privée, car en découle de la richesse pour la société. Cependant, cette richesse semble n’aller que dans quelques poches : celle des dirigeants! Suffit de regarder leurs salaires par rapport à celui des employés pour voir que la hausse fut beaucoup plus vertigineuse pour les premiers que les seconds :

 

« Aujourd'hui, un président empoche l'équivalent de 262 fois le salaire moyen des employés de la société qu'il dirige.

 

Dans les années 60, un p-.d.g. nord-américain gagnait 24 fois le revenu de l'employé. » (4)

 

En même temps les entreprises demandent de plus en plus d’aide à l’État pour faire les réinvestissements nécessaires à leur compétitivité, ce qui  s’accompagne parfois de demandes de mesures protectionnistes et d’exceptions pour assurer leur survie. Si elles avaient fait leur travail en investissant une plus large part de leurs bénéfices dans leur développement plutôt que dans les salaires de leurs dirigeants, auraient-elles si besoin de recourir à l’État? Cette question, nos leaders économiques doivent se la poser, eux qui questionnent la gestion de l’État et les coûts du communautaire, car on paie collectivement pour leur laxisme. En effet, en échange de leur apport présumé à l’économie ils reçoivent souvent des avantages fiscaux et des subventions, donc de l’argent qui vient des goussets du peuple. Comme citoyens corporatifs avez-vous déjà pensé à ce que ce serait si vous aviez la même fiscalité que le simple quidam. Je croyais que seuls certains idéalistes pensaient que l’argent poussait dans les arbres, mais je me suis trompé. Quelques gens d’affaires le croient aussi! Il ne faudrait pas oublier que les avantages que vous recevez sont payés par tous les contribuables! (5)

 

Un casino, qui siphonne l’argent des citoyens vers les goussets de l’État  est peut-être rentable pour le gouvernement. Mais qu’il soit au bassin Peel plutôt qu’à l’île Notre-Dame créerait-il vraiment davantage de richesse collective? Je ne le crois pas, car un Casino ne crée pas de richesse, mais en siphonne. Cet argent joué pourrait être un meilleur moteur économique s’il était dépensé ou investit ailleurs. Dans de la formation ou des actions d’entreprises québécoises par exemple! Alors, pourquoi ne pas investir dans l’éducation populaire à l’économie plutôt que dans un Casino si vous voulez aider au développement du Québec? Cela pourrait se faire avec les groupes communautaires en éducation populaire par exemple. Au lieu de décrier le communautaire, pourquoi n’allez-vous pas à leur rencontre pour voir ce que vous pourriez faire avec eux.

 

De l’autre côté, quand vous citez le projet de casino du bassin Peel comme étant un projet positif, avez-vous considéré les coûts associés au jeu que la collectivité doit payer? Le Cirque du soleil, par contre, créé de la richesse en exportant ses spectacles et son savoir-faire. Le théâtre et le cinéma sont  créateurs de richesse. Les Festivals aussi! Peut-être qu’une salle de spectacle à la mesure du Cirque et d’autres grands événements est nécessaire à Montréal, mais on n’est pas obligé de lui associer le Casino. Pourquoi ne pas plutôt regarder vers le tourisme de croisière, le bassin Peel étant à côté du vieux Port? Et si ce tourisme n’est qu’estival, le Centre Bell pourrait-il être considéré avant de construire autre chose? En fait, tout est question de choix et d’investissements. Même Télé-Québec pourrait être rentable si on y investissait davantage! Notre télé publique pourrait très bien produire des émissions exportables dans la toute francophonie. Sur papier, vous appelez ça un plan d’affaires, tout est possible. Alors, pourquoi n’avez-vous pas aussi dénoncé le manque d’investissement dans Télé-Québec comme étant de l’immobilisme? 

 

De ne regarder que les retombées économiques est trompeur, car toute dépense a des retombées économiques. Mais encore, faut-il qu’elles soient utiles? Un exemple absurde, mais qui dit tout, vous le fera comprendre. Un entrepreneur futé demanda un jour une subvention sur la simple promesse de créer de l’emploi et des retombées économiques pour son village qui souffrait de chômage chronique, le tout sous prétexte de projet environnemental. Il allait faire travailler quelques citoyens et faire ressortir la machinerie lourde d’un influent donateur du parti au pouvoir, mais aussi président de la chambre de commerce locale. Subvention accordée rubis sur l’ongle, car seules les retombées économiques sont maintenant considérées depuis que le BAPE a été mis de côté au profit de la nouvelle agence d’analyse économique. Tout l’été ces gens ont travaillé à faire des trous et à les remplir, déplaçant ainsi de la terre d’un endroit à l’autre du village sous prétexte que cela faisait respirer le sol et que la végétation absorberait mieux les gaz à effet de serre! Écologiquement ce n’était pas très fort comme argument, mais le BAPE n’était plus là pour écouter ces empêcheurs de tourner en rond que sont les groupes écologiques et bloquer ce projet rentable. Une chance, car ce fut un succès économique pour le village. Les retombés ont permis à 5 personnes de sortir de l’aide sociale, de réparer un peu leur maison, de s’acheter un cinéma maison et d’avoir droit à l’assurance-chômage pour une quarantaine de semaines, cela sans compter les profits du promoteur du projet et de l’entrepreneur. Les cinq travailleurs en ont aussi tiré des bienfaits psychologiques en intégrant enfin les statistiques des gens vaillants! Pour 1 million de dollars, c’était parfait. Merci à l’agence d’analyse économique a dit le Maire lors du souper annuel de la Chambre de commerce à la satisfaction de tous les gens d’affaires réunis.     

   

Il est toujours facile de revendiquer. Tous les groupes de pression le font. Vous les dénoncez, mais vous oubliez de dire à la population que les Chambres de commerce sont aussi des groupes de pression qui travaillent d’abord pour leurs membres. Cela est aussi vrai chez certains communautaires, mais plusieurs ne travaillent que par idéalisme. Faudrait le reconnaître.

 

Les O.N.G. sont là pour rester, les syndicats et les milieux d’affaires aussi. L’État doit donc être le lieu d’arbitrage des débats. Il faudrait certainement davantage de transparence, de commissions d’études et de consultations publiques, j’en conviens. Mais une agence d’analyse économique ne serait qu’une mécanique de plus. Qu’un coût additionnel, à moins que vous ne la mettiez vous-même sur pied et en assumiez tous les frais. D’ailleurs, n’avez-vous pas déjà l’Institut économique de Montréal (6) et le Fraser institue (7) pour ça? Pourquoi ne pas tout simplement améliorer les processus de consultation que nous avons? Permettre une meilleure représentation citoyenne par exemple. Prenons le cas des fusions municipales : le simple citoyen n’a pas eu droit de parole. S’il l’avait eu, on aurait peut-être évité tout le gâchis des fusions et des défusions qui a suivi. Mais on avait d’autres groupes d’intérêts à écouter. Faudrait peut-être laisser plus de place au citoyen, car en fin de compte c’est lui qui ramasse la facture!  

 

Notes :

 

1.  Site de la Fédération des chambres de commerce du Québec : www.fccq.ca

 

Voir aussi Kathleen Lévesque, « Plaidoyer pour réhabiliter les entrepreneurs », in Le Devoir, 28 septembre 2006 : www.ledevoir.com/2006/09/28/119254.html

 

 

2. Par contre, le « membership » d’une chambre de commerce ou du Conseil du patronat est strict pour participer ou bénéficier de ses services. Pour un organisme communautaire c’est plus difficile, car ses activités populaires sont  souvent subventionnées et prises pour acquis par la population. Les gens participent donc à ses activités, mais ne prennent pas de carte de membre, car ils le prennent pour acquis ou un service du milieu. Ces organismes ont donc une participation élevée, mais un faible « membership », ce qui laisse croire à des clubs privés alors que la réalité est tout autre sur le terrain. 

 

3. Bernard, Michel et Lauzon, Léo-Paul, 1996, Finances publiques, profits privés, Québec: L'aut'Journal & Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.

 

4. Serge Truffaut, Le chiffre immoral, Le Devoir, mardi 27 juin 2006 :

www.ledevoir.com/2006/06/27/112435.html

 

Un ouvrage à lire aussi, si ces questions vous intéressent, car il va très loin sur le sujet, est le dernier John Saul dont nous avons déjà parlé sur notre page livres :

Mort de la globalisation, Paris, Payot, 2006 : www.payot-rivages.fr

 

5. La même remarque pourrait s’appliquer à certaines classes de syndiqués de l’État.

 

6. « L'IEDM participe aux débats sur les politiques publiques du Québec et du Canada en proposant des solutions créatrices de richesse sur, notamment, des questions de fiscalité, de réglementation, de réforme du système de santé et d'éducation. » Mot de bienvenue sur le site de l'IEDM : www.iedm.org

 

7. « The Fraser Institute has been changing the way people think about government and the role of markets for over 30 years. Today, government committees, MPs, the media, and think tanks around the world turn to the Institute for their innovative ideas and solutions. » Présentation sur le site du Fraser Institute: www.fraserinstitute.ca

 

Hyperliens autres que ceux déjà dans les notes :

 

BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) : www.bape.gouv.qc.ca

 

CPQ (Conseil du Patronat du Québec) : www.cpq.qc.ca

 

Télé-Québec : www.telequebec.qc.ca

 

 

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Index

 

Le Journal/Fil de presse

 

Lettre à la SODEC

 

Montréal, le 25 septembre 2006

 

SODEC

M. Jean-Guy Chaput, pdg   

 

Monsieur le président directeur général,

 

 

 Suite à la lecture de l’article de Mario Cloutier paru dans La Presse  du vendredi dernier, 22 septembre, intitulé UN PROGRAMME D’AIDE REVU, nous nous permettons de souhaiter que ce qu’on y lit ne sera pas un nouveau prétexte à retarder votre décision dans l’aide à apporter au FFM pour sa 30e édition.  Celui-ci, en effet, s’est terminé avec grand succès aussi bien au plan national  qu’international comme en témoignent tous les gens de bonne foi.

 

Nous espérons que le montant de votre aide sera de l’ordre de 850,000$, somme qu’a reçu Spectra l’an dernier et qu’il aurait sans doute reçu cette année si l’échec de l’an dernier n’avait mis fin à ses ambitions.  Nous espérons également que le montant sera confirmé  aux dirigeants du FFM dès cette semaine.

 

Permettez-nous un premier commentaire concernant deux des recommandations du rapport du comité, tel que rapporté dans l’article de

M. Cloutier, soit :

        

1-      Une date unique de dépôt de demande en mai de chaque année.

2-      Une aide annuelle maximum de 350,000$ par évènement

 

Ces suggestions sont à leur face même ridicules et inconvenantes.  Elles représentent une approche administrative qui ne tient compte ni des besoins réels des directions des festivals, ni des dépenses inhérentes à de grands festivals du cinéma comme les Montréalais les souhaitent.  Elles sont faites sur mesure par des fonctionnaires pour des fonctionnaires qui habitent la certitude de leurs fonctions.

 

Si ces deux recommandations devaient être retenues cela pourrait facilement être interprété comme une nouvelle tentative déguisée de charcuter le FFM.  En effet, non seulement le FMM, par son envergure tant nationale qu’internationale, doit disposer de bien davantage que ces 350,000$ mais en plus le montant de l’aide de la SODEC doit lui être confirmé au plus tard en janvier précédent l’évènement.  En mai tout est déjà en marche.

 

Il y aurait encore beaucoup à dire des recommandations du Comité, et c’est ce que nous comptons faire en temps et lieu.

 

Nous vous prions de considérer en juste part nos remarques et de prendre en considération les désirs et besoins des cinéphiles québécois.

 

Veuillez agréer, Monsieur Chaput, l’expression de nos meilleurs sentiments.

 

 

Les membres du Comité du 30e

        

Daniel Bouchard

Rock Demers

Louis Dussault

Claude Fournier

Diane Gagnon

Jacques Godbout

Myriam Letourneau

Louise Marleau

Pierre Moreau

Paul Toutant

Virginie Valastro

 

Cc : Mme Line Beauchamp, Ministre des affaires culturelles

        Mme Lise Lafontaine, présidente du CNCT

        Médias

 

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Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

Pour cinéphiles et amateurs d’histoire

Michel Handfield

 

25 octobre 2006

 

               A deux mois de Noël, en plein Festival du Nouveau Cinéma (www.nouveaucinema.ca) et en attente des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal (www.ridm.qc.ca), nous croyons qu’il est temps de parler de Chronologie du cinéma québécois d’Yves Lever et de  Pierre Pageau, car c’est une idée cadeau intéressante à mettre sur votre liste.               

 

Commentaires de Michel Handfield (6 avril 2006)

 

               Je m’attendais à un livre parlant de films, avec descriptif, trucs de tournage, acteurs, synopsis et commentaires des auteurs. Un livre qui s’adressait plus à mes confrères qui font dans la critique purement filmique. Ce n’est pas le cas. C’est davantage un livre sociohistorique sur le cinéma au Québec. Un livre qui s’adresse justement à quelqu’un comme moi; qui aime le cinéma, la culture et s’intéresse à l’histoire du Québec pris sous un angle cinématographique! Une foule d’informations, classée de façon chronologique,  à portée de main. En voici quelques exemples, parfois suivi d’un commentaire de ma part :

 

- 1914. Montréal. Le 2 août, l’administration municipale commence à percevoir le « sou du pauvre », taxe d’ « amusement » sur tout billet de spectacle, taxe qui est rapidement très controversée puisque le même sou s’ajoute aussi bien à un billet de cinéma de dix cents qu’à une place de 5$ à l’opéra. (p. 30)

 

On voit bien là l’effet régressif d’une taxe fixe par rapport à un pourcentage. Ainsi à 10%, c’eut été un sous sur le billet de cinéma (loisir de la classe ouvrière), mais 50 cents sur le billet d’opéra de 5$, un loisir qui s’adressait davantage à la bourgeoisie, vu son prix pour l’époque! 

 

- 1968. Montréal. En février, Radio-Québec a pignon sur rue à Montréal, rue Fullum. Une partie de sa production se fait sur film. (p. 116)

 

Quand on pense que l’on s’interroge encore sur Télé-Québec, 40 ans après sa création, c’est signe que les moyens qui y ont été investit n’ont jamais été à la hauteur de ses ambitions ou que la politique a toujours interféré dans son développement! C’est malheureux, car en 40 ans ont aurait pu faire beaucoup mieux.  

 

- 1976. Russie. Le 21 janvier débute à Moscou une semaine du cinéma canadien, laquelle a lieu aussi à Leningrad et à Riga avec un très grand succès. Claude Jutra et Bill Fruet sont parmi les cinéastes invités. (p. 150)

 

- 1985. Val d’Or. Du 13 au 19 février se tient un Festival du film autochtone. (p. 178)

 

  - 1993. Sorel. Du 4 au 6 juin se tient la 1re Rencontre intercollégiale du cinéma au cégep de Sorel-Tracy. (p. 201)

 

- 2004. Maniwaki. Du 13 au 15 août a lieu le premier Festival Images et Lieux. Le vendredi 13, on rend hommage à Gilles Carle. (p. 253)

 

               Cet éventail de citations montre toute la richesse de ce livre; la vision de ses auteurs! Et quand on parle de cinéma et de culture, la vision est importante. C’est donc un livre de référence à ne pas négliger pour soi ou pour un cadeau à un cinéphile. 

 

Arrière de couverture :

 

Lever, Yves, et Pageau, Pierre, 2006, Chronologie du cinéma québécois - 1894-2004, Montréal (Québec) Canada : Les 400 coups

 

En 1919, l'âge minimum pour entrer dans les salles de cinéma est de 16 ans... alors que les filles peuvent se marier à 12 ans et les garçons à 14! En 1923, le journal La Presse organise un concours de scénarios et six mois plus tard le film de Jean Arsin est en salle. En 1966, le jury du Festival du cinéma canadien refuse d' attribuer le prix du meilleur long métrage de fiction...

 

Construit sous forme de notices, Chronologie du cinéma au Québec relate, année après année, tous les événements constitutifs de l'histoire du cinéma au Québec de 1894 à 2004. L'ouvrage, divisé en neuf périodes résumées et mises en contexte, permet au lecteur de voyager à sa guise dans l'histoire et de se confectionner un portrait sur mesure du cinéma au Québec depuis ses débuts. De plus, tous les longs métrages de fiction produits ici depuis 1968 y sont également consignés.

 

Ce répertoire complet permettra à tous les amateurs de cinéma, tant les critiques, les professeurs, les recherchistes que les cinéphiles, d'obtenir des informations précises, variées et parfois même croustillantes sur le septième art au Québec: les événements marquants d'une année en particulier, l'importance d'un organisme ou d'un cinéaste au fil du temps, ou encore l'évolution d'un secteur du cinéma, par exemple.

 

Auteurs :

 

Yves Lever est un professeur de cinéma à la retraite du cégep Ahuntsic. Il a publié plusieurs articles et livres sur le cinéma, notamment Le cinéma de la Révolution tranquille, de Panoramique à Valérie (à compte d'auteur, 1991 ), Les 100 films québécois qu'il faut voir (Nuit blanche, 1995) et Histoire générale du cinéma au Québec (Boréal, 1988 et 1995). Il prépare un dictionnaire de la censure au Québec.

 

Pierre Pageau est aussi un professeur de cinéma à la retraite du cégep Ahuntsic. Il a collaboré à diverses revues de cinéma, contribué à plusieurs ouvrages et fait la recherche historique pour le documentaire Mack Sennett, roi du comique. Il poursuit son travail de recherche sur Sennett et d'autres Québécois qui ont fait carrière à Hollywood. Il anime une émission hebdomadaire sur le cinéma à Radio Centre-ville. 

 

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Saint-Germain, l'homme qui ne voulait pas mourir

Commentaires de Luc Chaput

 

10 octobre 2006

 

MESSADIE GERALD, 2005, Saint-Germain, L’homme qui ne voulait pas mourir  (Tome I, Le masque venu de nulle part, et Tome II, Les puissances de l’invisible) Éditeur: ARCHIPEL, ISBN: 2841877302, www.editionsarchipel.com (Reçu le 14 février 2006) 

 

Dans La Ligne pourpre, roman historique de l'historien allemand de l'art Wolfgang Reischauer, dont nous avons précédemment parlé ici, il y avait dans un article érudit (24 pages) placé en annexe et qui résumaient différemment le livre.

 

Gérald Messadié rédige aussi une annexe de 30 pages qui résume les connaissances sur Saint-Germain. Après s'être intéressé à des figures religieuses historiques, le romancier et journaliste scientifique français tente ici de donner vie à cet être fuyant que fut le comte de Saint-Germain, personnage mythique du Siècle des Lumières auquel certains ont donné une influence plus ou moins directe sur les débuts de la Révolution à cause de l'impact des loges maçonniques.

 

Partant de l'Amérique sous domination espagnole, le récit, souvent haletant, nous mène de Mexico aux colonies anglaises d'Amérique puis à Londres, Paris, Berlin, Moscou, Saint-Pétersboug et même en Inde, nous faisant vivre les dangers et les soubresauts d'un voyage qui paraît si lent pour nous, habitués à l'avion et au TGV. Le voyage en canot en Floride et celui à dos de cheval dans les contrées d'Asie centrale sont décrits de manière palpitante. Messadié donne aussi une grande place à l'alimentation, décrivant par le menu de nombreux festins où ce comte de Saint-Germain faisait pourtant souvent la fine bouche.

 

L'auteur réutilise trois fois le même procédé d'une attaque dans une chambre à coucher (p117et 188 du 1er tome et p11 du 2e) ce qui est un peu beaucoup. La description des sociétés où vit le comte, espion, banquier, homme d'influence et qu'on crut aussi alchimiste, est très informative. Le lecteur, essoufflé par tant de détails pourra toujours se référer ultérieurement à la postface qui contient sous forme plus digeste les éléments essentiels du récit.

 

Sur la même période, les l'œuvre de Gilles Perrault Le Secret du roi m'apparait supérieure pour la compréhension de l'arrière-plan de la politique internationale de la Guerre de Sept ans à la Révolution française.

 

Arrière de couverture

 

 

Peu de personnages historiques ont autant échauffé les imaginations que le comte de Saint-Germain. Umberto Eco s'en est lui-même inspiré pour écrire Le Pendule de Foucault . Qui donc était cet énigmatique initié, enveloppé dans son manteau de courtisan, occupé d'occultisme et d'affaires d'État, sans que l'on sache précisément lesquelles ? On lui attribue la paternité d'un ouvrage kabbalistique et alchimique, la Très Sainte Trinosophie, mais peut-être est-il dû à son disciple, Cagliostro. Quel était donc le secret de Saint-Germain pour paraître trente ans lorsqu'il devait en avoir le double ? Possédait-il vraiment un élixir d'immortalité ?

 

Gerald Messadié lève le voile sur un personnage semi-légendaire. Il décrit l'origine criminelle de son extraordinaire fortune, raconte sa jeunesse tragique, révèle le véritable objet de ses voyages incessants en Europe pendant la guerre contre l'Angleterre. Mais si le masque tombe, on n'en découvre pas moins un homme hors du commun, premier découvreur du radium, occultiste génial, homme de confiance et conseiller secret du roi Louis XV et de Curtis, le conquérant des Indes. Un roman historique fondé sur des documents méconnus, et qui montrent bien mieux qu'un charlatan : un aventurier de haut vol.

 

***

 

Il fut banquier, armateur, grand-maître franc-maçon, découvreur du radium, agent secret de Louis XV... Gerald Messadié poursuit la narration de la vie du Comte de Saint-Germain (1707-1784), le plus fascinant et le plus méconnu des grands personnages du XVIIIe siècle.

En 1760, le comte de Saint-Germain a cinquante ans passés. Or, les témoins rapportent avoir vu un homme 'gé de trente ans... Possède-t-il donc un élixir de jouvence ? Quels sont ses vrais pouvoirs ?

 

L'un des frères Orloff, serviteurs inconditionnels de l'impératrice Catherine II de Russie, la « Sémiramis du Nord » comme l'appelait Diderot, vient remettre solennellement au comte de Saint-Germain un diplôme d'amiral de la marine russe et le manteau d'apparat qui accompagne le titre. L'accolade qu'il lui donne témoigne des liens de Saint-Germain avec l'amant de la Grande Catherine. La même année, un témoin rapporte que Saint-Germain a joué un « rôle essentiel » dans la révolution russe...

 

La révolution ? Oui, celle entraînée par l'assassinat du tsar Pierre III en 1762 par... les frères Orloff, à l'instigation de son épouse Catherine. D'où vient que l'on retrouve encore, à cette période charnière de l'Histoire, Saint-Germain, que chacun croit plus occupé de sciences occultes et d'alchimie que de complots politiques ?

 

Hyperliens

           

http://www.pbs.org/wgbh/nova/newton/

www.memo.fr/articleRoute.asp?ID=PER_MOD_069 

 www.mbam.qc.ca/fr/expositions/exposition_104.html 

www.franc-maconnerie.org/

www.fm-fr.org/  

 

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Ça ne s’améliore pas!

Michel Handfield

 

24 septembre 2006

 

Commentaires au sujet de :  Amnesty International, 2006, Rapport annuel 2006, La situation des droits humains dans le monde, Belgique : CLAES printing

 

Nota Bene : Ce rapport couvre la période allant de janvier à décembre 2005.

 

« Un simple article de presse avait incité l'avocat britannique Peter Benenson à s’élever contre les atteintes aux droits humains.  À l’époque, ces droits n’étaient que peu protégés par les textes internationaux. Indigné par l’histoire de deux étudiants portugais emprisonnés pour avoir porté un toast à la liberté, Peter Benenson lança son Appel pour une amnistie, qui fut publié en première page du journal The Observer. Plus d’un millier de lettres de soutien affluèrent dans les mois qui suivirent.

 

Amnesty International était née. » (p. 5)

 

 

               Malgré tous les progrès scientifiques et techniques que l’on connaît,  Amnistie internationale n’a jamais cessé d’œuvrer depuis1961, car humainement les progrès sont beaucoup moins impressionnants je crois. Le rapport de 2006 compte même plus de 400 pages! C’est dire que « la situation des droits humains dans le monde » est loin d’être résolue. Pourtant on est au XXIe siècle, mondialisé et développé dit-on!

 

               D’accord, tous les pays n’ont pas atteint le degré de développement de l’occident. Qu’on y retrouve l’Afghanistan (p. 69) ou le Kazakhstan (p. 218) surprendra peu. Mais on n’y trouve pas que ces pays. On y trouve aussi le Canada et les États-Unis! Notre voisin du sud, champion porteur de la démocratie dans le monde, a encore la peine de mort, ce que le Mexique à abandonné « pour tous les crimes en avril. » Ce rapport fait même état de 60 peines capitales aux États-Unis en 2005. A cela s’ajoutent les détentions liés à la guerre au terrorisme; les prisonniers d’opinions, le cas de soldats qui ont refusé de servir en Irak pour des raisons de conscience; les tortures sous traitées hors des États-Unis; les atteintes aux droits des minorités sexuelles… et j’en passe! Les États-Unis ont droit à 5 pages dans ce rapport; davantage que la Chine qui n’en compte que 4!

 

               Le Canada y fait objet de parent pauvre à côté des Etats-Unis et c’est tout à notre honneur, avec seulement 1 page et quelques lignes! Mais à l’époque nous n’avions pas encore de gouvernement conservateur enligné sur Washington! Les choses peuvent se détériorer.

               Un rapport fort intéressant, car l’on ne doit pas juger de l’avancement des pays qu’à l’aune de leur économie. Il faut aussi les juger à leurs mesures sociales : le respect des droits humains; les droits politiques et démocratiques de leurs citoyens; et les responsabilités gouvernementales envers ceux ci.

 

               Un rapport à consulter pour comprendre que ce nous proposent les leaders du monde comme modèle, ce n’est pas la réalité. C’est un « produit modèle »; un sous produit de la réalité médiatisée, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire pour l’atteindre.  

 

 

Arrière de couverture :

 

Le Rapport 2006 d'Amnistie internationale rassemble des informations sur les atteintes aux droits humains commises dans 150 pays et territoires du monde. Il montre combien il est nécessaire que les gouvernements, la communauté internationale, les groupes armés et les autres acteurs en position de force assument leurs responsabilités. Il illustre également la vitalité de tous les militants des droits humains aussi bien au niveau local que dans les grandes manifestations ou les sommets internationaux.

 

Au cours de l'année 2005, certains gouvernements parmi les plus puissants du monde ont été mis en échec : tandis que les médias révélaient leur hypocrisie, les tribunaux rejetaient leurs arguments et les militants des droits humains contrecarraient leurs manœuvres répressives. Après cinq années de « guerre contre le terrorisme » marquées par un recul dramatique sur le plan des droits humains, un changement semble enfin s'amorcer.

 

Le déni des droits fondamentaux a toutefois détruit la vie de millions de personnes dans le monde. Tout au long de l'année, la guerre et les attaques des groupes armés ont menacé la sécurité mondiale au même titre que la faim, les maladies et les catastrophes naturelles. Quant aux libertés, elles ont été mises à mal par la répression, la discrimination et l'exclusion sociale.

 

www.amnistie.qc.ca

 

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Le penseur et les managers!

Commentaires de Michel Handfield sur le livre

 

Sous la direction de Armand Hatchuel, Éric Pezet, Ken Starkey, Olivier Lenay, 2005, Gouvernement, organisation et gestion : l’héritage de Michel Foucault, PUL  Collection : Sciences de l'administration, 488 pages, ISBN : 2-7637-8227-2

 

24 septembre 2006

               Par où commencer, car l’œuvre philosophique de Foucault est riche et le gouvernement, l’organisation et la gestion, comme objets d’étude, ne sont pas simples et ne se réduisent  surtout pas à un objet exclusif des écoles de gestion et d’administration publique. Ils sont aussi sous la loupe des politologues, sociologues, historiens, psychologues industriels et j’en passe.

 

               Que l’éclairage de Foucault leur soit utile n’est pas surprenant! Ne parle-t-on pas de philosophie de gestion? De philosophie gouvernementale? La gestion et la gouvernance ne se limitent pas à une méthode ou une technique. Elles font partie de la vie et de sa complexité. Elles sont  philosophies. Le recours à l’éclairage d’un philosophe, Foucault en l’occurrence, n’est pas surprenant dans ces conditions, car il faut que cette science, de la gestion des organisations, apporte « une meilleure compréhension de ces énigmatiques agrégations humaines, tout en fournissant le cadre normatif de la mise en œuvre de ces dernières » écrivent  Armand Hatchuel, Éric Pezet, Ken Starkey, Olivier Lenay dans leur introduction. (p. 4) C’est un vaste programme, mais les auteurs sont nombreux et de perspectives diverses, d’où l’intérêt.

 

               Comme tous recueils de textes, même si la qualité et la pertinence y sont, tous les textes ne sont pas de valeurs égales pour le lecteur. Certains textes l’intéresseront plus que d’autres selon ses intérêts, ses champs de pratique ou  de recherche. Cependant, un texte que vous regarderez distraitement aujourd’hui sera peut-être celui qui vous intéressera davantage dans quelque temps. C’est le propre de ces ouvrages. Leur faiblesse et leur force à la fois.

 

               Certains textes m’ont ainsi davantage intéressé que d’autres, dont « Organisation de la police et néolibéralisme » de Gavin Kendall du Queensland University of Technology, car même si je suis plutôt en opposition avec le néolibéralisme, il faut lui reconnaître quelques apports. Par exemple, « l’introduction d’une procédure de promotion basée sur le mérite » plutôt qu’une « bureaucratie fondée sur des hiérarchies rigides basées sur l’ancienneté »! (pp. 229-230) Après ses excès aurons-nous droit à un retour du balancier?    

 

               À défaut de vous citer quelques passages ou de vous parler des textes qui m’ont particulièrement intéressé, mais qui ne seront pas nécessairement ceux qui vous intéresseront, voici plutôt les titres des différentes sections de ce livre, façon de vous faire une idée des sujets regardés et de l’apport de la pensée de Michel Foucault aux sciences de la gestion :

 

- Introduction-présentation : L’étude des organisations contemporaines et Foucault : détour critique ou inspiration nouvelle?

 

- Première partie : Foucault, théoricien des organisations?

 

- Deuxième partie : organisation et dispositifs : les instruments de l’action collective

 

- Troisième partie : la question de l’autonomie : les dispositifs du sujet

 

- Quatrième partie : la gouvernementalité en action

 

               Quand philosophie et gestion se rencontrent, cela donne ce genre de textes : utile et réflexif à la fois. Bonne lecture.

 

Résumé :

 

J’espère que la vérité de mes livres est dans l’avenir.

Michel Foucault

 

Dans les sciences de l’organisation et de la gestion, ce livre est le premier à réunir les principaux travaux anglosaxons et francophones sur la pensée de Foucault. Face aux formes actuelles de la gestion des entreprises ou aux courants académiques, y compris les plus critiques, la discussion des concepts foucaldiens permet des prises de distance et des avancées nouvelles. Quatre thèmes sont ici privilégiés : Foucault, théoricien des organisations ?, les instruments de l’action collective, la question de l’autonomie et la gouvernementalité en action. En montrant que les dispositifs de gestion forgent non pas la « vérité », mais le « réel » des organisations, ce livre confirme l’importance insoupçonnée des modes de gestion ou de gouvernement pour l’histoire de la culture et de l’action collective modernes.

 

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Jeffrey, Denis, 2001, La morale dans la classe, Québec : Les Presses de l'Université Laval (www.pulaval.com)

 

Commentaires d’Audrée Anne Dupont (19 septembre 2006)

 

               La morale est une notion complexe qui a évolué avec le temps.  Dans son livre, M. Jeffrey explique l’évolution de la morale au Québec ainsi que quelques concepts clés autour de celles-ci : la liberté, les valeurs, qu’est-ce que le mal…  Il explique aussi que s’il y a des choses qui dépendent de notre volonté, d’autres non! (page 12).

 

               J’ai trouvé le chapitre 7 particulièrement intéressant, car il explique les trois axes de la morale (éthique narrative, éthique discursive et éthique du souci) ainsi que les quatre dimensions de celle-ci : cognitive, argumentative, identitaire et existentielle.  L’auteur nous parle de ces concepts en termes pédagogiques, ce qui permet à l’enseignant de comprendre comment les utiliser en classe et ce que cela favorise comme apprentissage chez les élèves. 

 

               Le chapitre, 10 sur le dilemme moral et les études de cas en classes, est une mine d’informations pour utiliser la morale en classe.  Il explique ce qu’est un dilemme, comment en résoudre et il donne des conseils pour les situations problématiques.  Il y a des  pièges (mentir, personnalisation du conflit…) et des attitudes (moralisatrices, défensives, de dérision) à éviter lors d’une discussion.  L’auteur donne des pistes pour que nous puissions les discerner plus facilement.

 

               Ce livre et très complet et nous pouvons nous référer au glossaire pour les termes inconnus ou à l’index des notions pour trouver plus rapidement ce dont nous avons besoin.  Mon étoile va à l’index des cas qui aide à comprendre ce qui est expliqué dans le livre et permet au lecteur de se retrouver plus facilement lors des consultations subséquentes du livre, car il s’agit d’un livre de référence qui peut être fort utile à l’enseignant.

 

Arrière de couverture :

 

Les liens de l'enseignant avec la morale sont multiples. Dans la classe, il formule continuellement des jugements moraux, prend des décisions dans le respect des règles et des normes de l'école, et, bien sûr, encourage chez ses élèves les actions responsables et conséquentes. À vrai dire, l'enseignant partage avec les parents de lourdes responsabilités pour le développement moral de l'enfant. Mais son rôle d'autorité n'est pas toujours aisé à assumer. À cet égard, certains enseignants sont quelquefois démunis devant un enfant qui s'affirme avec maladresse, quelquefois avec violence, sans considération pour autrui. Il va sans dire que l'acte même d'éduquer implique la nécessité de limiter le sentiment de toute-puissance de l'enfant. Les limites vont blesser, frustrer, restreindre, mais elles vont aussi apaiser, calmer, contenir. Elles permettent à l'enfant de se structurer moralement. Il va apprendre que les réactions pulsionnelles ne sont pas celles qui permettent de vivre harmonieusement avec les autres. La morale dans la classe, en somme, concerne la gestion des limites, thème abordé, dans le présent ouvrage, sous différents angles : liberté, politesse, norme, prise de décision, résolution de dilemme, etc.

 

Denis Jeffrey est professeur d'éthique à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval. Il a récemment publié, chez Armand Colin, Jouissance du sacré, Postmodernité et religion, et, aux Presses de l'Université Laval, en collaboration, Enseigner et séduire. Il est aussi l'auteur de plusieurs articles portant sur les rituels, le deuil et la violence.

 

©Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval

 

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Cyrano : moderne il y a 400 ans!

Michel Handfield

 

Reçu le 23 juin 2006 : Savinien Cyrano de Bergerac, 2004, LES ÉTATS ET EMPIRES DE LA LUNE - LES ÉTATS ET EMPIRES DU SOLEIL. L'Autre Monde suivi de FRAGMENT DE PHYSIQUE, Édition de Jacques Prévot, 432 pages, France : Collection Folio classique (No 4110) www.gallimard.fr    

 

Arrière de couverture

 

L'Autre Monde est le récit d'un double voyage dans l'espace vers Les États et Empires de la Lune et vers Les États et Empires du Soleil. Il est en cela le roman du monde tel que la nouvelle science et l'astronomie naissante permettent de l'imaginer, infini et habité, et où la Terre n'est qu'une planète parmi les autres.

 

Mais malgré l'ingéniosité des machines-à-voler et la forte présence de la science, ce n'est pas un roman de science-fiction. Le voyageur doit là-haut affronter des peuples et des sociétés dont les vérités chahutent les certitudes de l'humanité terrestre et chrétienne. Le voyage dans l'espace devient voyage dans le temps, chacun des personnages rencontrés incarnant successivement un des discours qui se sont tenus sur l'origine et sur « nature des choses » : des présocratiques à Gassendi, des récits fabuleux à Descartes. Si peu héroïque que paraisse le personnage principal, il est donc l'acteur d'une aventure intellectuelle mais qui a ses moments de comédie et de poésie, venant interrompre parfois la tension née de l'audace d'un texte qui proclame la faillite des modèles et la débâcle des dogmes.

 

Commentaires de Michel Handfield (17 septembre 2006)

 

            Il a mangé à tous les râteliers que cet homme, et il ratissait fort large. C’est ce que j’ai noté sur la page de garde de ce livre le 1er septembre dernier. C’est loin d’être péjoratif. Au contraire même, car Cyrano (1619-1655) était au fait des découvertes de son temps et il les a utilisés dans ses deux textes - Les états et empires de la lune et Les états et empire du soleil – qui composent L’autre monde!

 

Mi-roman, mi ouvrage philosophique, c’est un texte qui voulait porter à la réflexion, opposant  les dernières découvertes aux mythes, croyances et dogmes de son époque :

 

« Mon bonheur fut grand de rencontrer un homme capable de hautes opinions et qui ne s’étonna point quand je lui dis qu’il fallait que la Terre eût tourné pendant mon élévation; puisqu’ayant commencé de monter à deux lieues de Paris, j’étais tombé par une ligne quasi perpendiculaire en Canada. » (p. 49)

 

C’est là une façon de prouver que la Terre tourne sur elle-même en même temps qu’elle tourne autour du Soleil et que ce n’est surtout pas le soleil qui tourne autour de la terre. C’est la « révolution copernicienne ». (1) Ce qui est surprenant cependant, c’est que cette « révolution » n’est pas encore acceptée aujourd’hui, 400 ans après Cyrano, par certains groupes religieux. (2)   

 

            Notre homme était aussi un visionnaire, souhaitant le livre parlé plus de 300 ans avant son apparition. De mémoire, je n’ai entendu parler du livre enregistré qu’au milieu des années 70 (3) alors que Cyrano en a « parlé » dans Les états et empires de la lune vers 1649! C’est dire son anticipation. Voici d’ailleurs ce passage sur le « livre parlé », genre de radio portative ou de baladeur mécanique :    

 

«          A l’ouverture de la boîte, je trouve dedans un je ne sais quoi de métal quasi tout semblable à nos horloges, plein d’un nombre infini de petits ressorts et de machines imperceptibles. C’est un livre à la vérité mais c’est un livre miraculeux qui n’a ni feuillets ni caractères, enfin c’est un livre où, pour apprendre, les yeux sont inutiles; on n’a besoin que d’oreilles. Quand quelqu’un donc souhaite lire, il bande, avec une grande quantité de toutes sortes de clefs, cette machine, puis il tourne l’aiguille sur le chapitre qu’il désire écouter, et au même temps il sort de cette noix comme de la bouche d’un homme, ou d’un instrument de musique, tous les sons distincts et différents qui servent, entre les grands lunaires, à l’expression du langage.

 

            Lorsque j’eus réfléchi sur cette miraculeuse invention de faire des livres, je ne m’étonnai plus de voir que les jeunes hommes de ce pays-là possédaient davantage de connaissance à seize et dix-huit ans que les barbes grises du nôtre; car sachant lire aussitôt que parler, ils ne sont jamais sans lecture; dans la chambre, à la promenade, en ville, en voyage, à pied, à cheval, ils peuvent avoir dans la poche, ou pendu à l’arçon de leur selles, une trentaine de ces livres dont ils n’ont qu’à bander un ressort pour en ouïr un chapitre seulement, ou bien plusieurs, s’ils sont en humeur d’écouter tout un livre : ainsi vous avez éternellement autour de vous tous les grands hommes et morts et vivants qui vous entretiennent de vive voix. » (pp. 142-3)

 

            Certains diront que « si le podcast servait à instruire plutôt qu’à écouter de la musique, il n’en serait que mieux! » Et bien, il sert aussi à cela. Allez voir les émissions disponibles en podcast sur Radio-Canada, Radio France et la BBC par exemple! (4) Et qui dit que la musique n’est pas aussi instruction et ouverture sur le monde, notamment avec la musique du monde, le jazz, le classique, et la chanson à texte. Brassens, pour qui écoute bien les paroles, il y a quelque chose là!

 

            Bref, L’autre monde est à lire. Surprenant et intéressant à la fois, car il mélange fiction, sciences et philosophie. Un livre éclairant sur la pensée, car la pensée libérée des dogmes peut devenir visionnaire et créatrice. Elle peut ouvrir de nouvelles portes vers où l’on doit aller, non faire du sur place en respectant des mythes et des dogmes passés pour ne pas déplaire à une élite conservatrice et dogmatique qui refuse les avancées de la science et de la pensée. Cyrano (XVIIe siècle) était postérieur de l’inquisition (XV et XVIe siècle), mais précurseur du Siècle des lumières (XVIIIe siècle). (5) Il faisait donc le pont entre passé et modernisme, d’où le plaisir de le découvrir aujourd’hui.

 

***

 

            Pour moi, qui suis un lecteur d’essais, le choix de ce livre ne fut pas un hasard. Je l’ai demandé à l’éditeur après avoir vu la pièce L’Autre Monde (6) à l’espace libre (7) le printemps dernier, ce  qui m’a fait découvrir le vrai Cyrano;  non celui du roman de Rostand, qui s’en est inspiré! (7) Un personnage haut en couleur, qui mérite d’être davantage connu. (8)

 

Notes :

 

1. « Dans son livre De revolutionibus, [Copernic] énonce une série de postulats :

 

- La Terre n'est pas le centre de l'Univers mais seulement le centre du système Terre/Lune ;

-Toutes les sphères tournent autour du Soleil, centre de l'Univers ;

- La Terre tourne autour d'elle-même suivant un axe Nord/Sud ;

- La distance Terre/Soleil est infime comparée à la distance Soleil/autres étoiles. » 

 

Source : La rubrique Le système de Copernic, dans Héliocentrisme, in Wikipedia :  http://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9liocentrisme

 

Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Copernic sur Copernic.

 

 

2. Même au Québec, au moment où j’écris ces lignes, certaines écoles privées n’ont pas d’enseignement scientifique complet, l’enseignement religieux en faisant foi! C’est ce que nous avons appris aux nouvelles de Radio-Canada récemment :

 

« Les 125 écoliers du primaire de l'institution reçoivent entre trois et quatre heures de cours religieux par jour, en plus du programme pédagogique du ministère de l'Éducation. Certains sujets scientifiques sont toutefois escamotés dans cette école Skver orthodoxe. »

 

Quant au niveau secondaire :

 

« Ainsi, les 60 garçons qui fréquentent l'établissement ne reçoivent aucune éducation générale laïque, mais seulement des cours de religion. « La philosophie religieuse l'emporte sur toutes les autres philosophies, explique M. Bensimhon. C'est leur façon de vivre, de voir les événements. » Ces jeunes Québécois étudient l'ensemble de la tradition juive pendant cinq ans. Il s'agit d'études théologiques poussées, mais aucun cours de français, de biologie ou d'histoire canadienne n'y est dispensé. »

 

Source : « École Toldos Yakov Yosef. Entorse à la loi », SRC Nouvelles,  Montréal, 6 septembre 2006 : www.radiocanada.com/nouvelles/regional/modele.asp?page=/regions/Montreal/2006/09/06/009-Ecole-Juive-Loi.shtml

 

3. La Magnétothèque : www.lamagnetotheque.qc.ca Pour les puristes, une recherche internet m’a aussi appris que « Fondée en 1911, la bibliothèque de l'Institut Nazareth et Louis-Braille dispose d'une importante collection de langue française en braille et depuis 1969, d'une collection sonore. » (www.inlb.qc.ca/apropos/c2001sqla_inlb.aspx)

 

4. Radio-Canada : http://radio-canada.ca

Radio France: www.radiofrance.fr

BBC: www.bbc.co.uk

Voici aussi un site de livres audio : www.lelivreaudio.com

 

5. Inquisition : http://fr.wikipedia.org/wiki/Inquisition

Siècle des Lumières : http://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8cle_des_Lumi%C3%A8res

 

6. L’Autre Monde, in Societas Criticus, Vol. 8 no 3, disponible sur le site de Bibliothèque et Archives Canada :

 

http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/

 

7. http://www.espacelibre.qc.ca/

 

8. www.levraicyrano.com

http://fr.wikipedia.org/wiki/Savinien_de_Cyrano_de_Bergerac

 

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Le Trésor de la Langue Française informatisé  sur cédérom

 

L'événement de la rentrée

 

Accès au site du cédérom        

             

 

Commentaires de Michel Handfield, avec la collaboration de Gaétan Chênevert

 

14 septembre 2006

 

D’abord, concernant la richesse de l’information, je n’ai que des félicitations pour ce produit. Lisant et écrivant sur des sujets parfois pointus, en sociologie ou en politique,  j’ai eu l’occasion de l’essayer à quelques occasions déjà. Par exemple, dans un livre consacré à Michel Foucault, j’ai croisé le terme « épistémè »!  J’ai pensé à épistémologie tout naturellement, ce qui était une bonne intuition selon mes autres dictionnaires, mais j’ai aussi vérifié dans le TLFi. Celui-ci les a largement dépassés sur le sujet, ajoutant cette remarque au terme d’épistémologie :

 

Rem. On rencontre ds la docum. a) Le subst. fém. épistémè. Mot gr. repris en philos., en partic. par Michel Foucault, et désignant l'ensemble des catégories ling. qui servent à appréhender la culture, le savoir (dans son sens le plus gén.) d'une époque. Quant à la mutation qui s'est produite vers la fin du XVIIIe siècle dans toute l'épistémè occidentale, il est possible dès maintenant de la caractériser de loin en disant qu'un moment scientifiquement fort s'est constitué là où l'épistémè classique connaissait un temps métaphysiquement fort (...) le classicisme avait établi ses serrures épistémologiques les plus solides (M. FOUCAULT, Les Mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966, p. 219).

 

            L’autre usage est l’aide qu’il peut m’apporter lorsque j’écris. Dans mon édito du 8 septembre dernier - Stephen, lâche la Bible!  - j’ai eu l’intuition d’utiliser le terme démocratisme, mais il n’était pas dans mes dictionnaires usuels (Encarta, Multidictionnaire et Antidote). Cependant, il était dans le TLFi, dans l’article sur la démocratie :

 

Démocratisme, subst. masc., le plus souvent avec une nuance péj. Synon. de démocratie, en tant que opinion, système, mais déformée, en particulier sous l'influence religieuse, revêtant généralement une forme dégradée. Le démocratisme ou mythe religieux de la démocratie (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p. 200). 1re attest. 1794 (Babeuf ds FREY, p. 139, 140); du rad. de démocratie, suff. -isme*. Fréq. abs. littér. : 5.

 

C’est donc un outil essentiel pour le scientifique, l’intellectuel et le francophile, car il donne accès à toute la richesse des mots directement sur votre ordinateur, que ce soit dans Word ou Internet Explorer. (1) Il offre aussi des possibilités de coloration que la version internet n’offre pas, ce qui est fort utile. En effet, on peut choisir des couleurs différentes pour distinguer une foule d’objets dans la définition en un simple coup d’œil. Par exemple, j’ai choisi des couleurs différentes pour le « mot vedette »; la « définition »; « l’exemple » (citations) et son « auteur »; la « source » et les « Synonyme/antonyme », ce qui facilite la visualisation et la recherche dans une entrée.

.     

Par contre, pour ceux qui n’ont pas besoin de cette présence constante d’un tel outil sur leur machine ou qui veulent le vérifier avant de se le procurer, il est en ligne à l’adresse suivante :

 

 http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv4/showps.exe?p=combi.htm;java=no; 

 

            Nous avons vérifié cet outil sur un ordinateur de bureau et un portable, avec les plates formes Explorer (l’auteur du texte) et Mozilla (Gaétan, coéditeur de Societas Criticus). Les résultats furent intéressants avec les deux fureteurs, mais il offre davantage de possibilités avec Internet  Explorer, notamment la vérification des mots sur une page internet, ce qui peut être fort utile sur certains sites. (1) Une explication  s’impose : le TLFi est d’abord un outil internet maintenant disponible sur CD-ROM pour en faciliter l’usage sur votre ordinateur. Ceci fait en sorte que même la version CD n’a pas sa propre interface (2), mais utilise celle de votre fureteur (Explorer, Netscape et Mozilla) pour se déployer.   

 

Nous avons fait  plusieurs essais qui nous ont conduits à vous faire deux mises en garde cependant.

 

D’abord, au niveau de l’intégration un certificat de sécurité est périmé. Il vous faudra peut-être télécharger le nouveau fichier de sécurité disponible à http://www.tlfi.fr/ . Cela a résolu tous les problèmes que nous avions avec Word, même s’ils étaient mineurs par rapport à la richesse de ce dictionnaire. 

 

Ensuite, ce qui fut un peu plus majeur, fut le fait que le TLFi avait rendu inactif mon Antidote. J’ai résolu le problème  en désinstallant le TLFi et Antidote et en les réinstallant en débutant par le TLFi. Ce bug s’est donc réglé de cette façon. Une fois qu’on le sait, rien de plus simple si vous avez Antidote sur votre ordi, car c’est un logiciel fort populaire dans les universités québécoises.

 

 Par contre, nous n’avons eu aucun conflit avec le Multidictionnaire, le Dictionnaire visuel et Encarta. Tous ces outils se complètent même très bien, ayant chacun leurs spécificités, pour qui est exigeant au niveau des définitions et des informations, parfois pointues, en langue française! Pour nous c’est un outil que nous allons utiliser assez fréquemment, car notre matériel ce sont les mots!

 

Notes : 

 

1. Dans les « Remarques techniques importantes », nous retrouvons l’avertissement suivant concernant l’usage du TLFi avec votre navigateur Internet :

 

Pour fonctionner, le TLFi nécessite un des trois navigateurs Internet suivants :

- Internet Explorer version 5 ou ultérieure

- Mozilla version 1.6 ou ultérieure

- Netscape version 7.1 ou ultérieure

 

Cependant l'utilisation du TLFi à partir d'une page Internet n'est possible qu'avec Microsoft Internet Explorer.

 

Nous avons noté un démarrage très lent du TLFi avec les navigateurs Internet Mozilla et Netscape. Cette lenteur est due à une anomalie répertoriée de Mozilla, anomalie qui semble se retrouver à l'identique dans Netscape et qui n'est pas résolue à l'heure où nous publions ce document. Dans l'état actuel des choses, le fonctionnement du TLFi est beaucoup plus rapide avec Microsoft Internet Explorer.

 

NDLR : Cette anomalie a peut-être été résolue depuis, puisque Gaétan l’a trouvé très bien sur la plateforme Mozilla. Cependant, ce qui est plus embêtant, c’est que l’utilisation du TLFi n’est pas possible sur internet avec Mozilla alors qu’elle l’est en Explorer. C’est là une lacune, car l’usage d’un dictionnaire peut parfois être très utile sur certains sites, mais elle est facilement contournable en copiant/collant le mot dans le TLF rapide disponible sur votre bureau. Au risque de se répéter : un faible inconvénient vu la richesse de ce dictionnaire.   

 

2. INTERFACE, subst. fém. B.  INFORMAT. Jonction entre deux matériels ou logiciels leur permettant d'échanger des informations par l'adoption de règles communes physiques ou logiques`` (B.O., 16 févr. 1981, no 8).)

 

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La Philo pour les enfants

Audrée Anne Dupont

 

14 septembre 2006

 

Sasseville, Michel (sous la direction de), 2005,  La pratique de la philosophie avec les enfants, 2e édition, Québec : Les Presses de l'Université Laval

 

Ce livre explique de façon simple au lecteur ce qu’est la philosophie pour enfants.  Cette approche est de plus en plus présente dans les classes et gagnerait à être davantage connue.  L’auteur explique :

 

« Le but n’est pas de transmettre aux enfants ce que des adultes, dans leur langage,  auraient déjà pensé pour eux.  Il est plutôt d’encourager les enfants à penser philosophiquement, c’est-à-dire à penser de façon rigoureuse, avec impartialité, objectivité et dans le respect des raisons avancées par les pairs, tout comme le font les philosophes, mais avec un langage et des centres d’intérêt qui conviennent aux enfants. » (Page 3)

 

La philosophie peut aussi être utilisée par des contes spécialement conçus pour cette approche.  Les concepts philosophiques abordés dans ces histoires sont principalement le dialogue, la réflexion et la recherche.   Ce livre propose sommairement du matériel existant avec les niveaux et les résumés.  Nous pouvons y trouver des conseils sur l’animation de discussions philosophiques.  

 

Somme toute, ce livre est une référence pour tous ceux qui s’intéressent à cette nouvelle approche dans l’enseignement.  Elle peut être intégrée dans la routine hebdomadaire de la classe ou dans le cadre  des cours de morale.  Elle permettra une ouverture sur le monde et développera l’esprit des élèves.  Ce livre est facile à consulter, avec une table des matières séparées selon les grands thèmes du livre.  De plus, il y a une bibliographie permettant de trouver d’autres ouvrages de référence sur le sujet.

 

Bonne philosophie avec vos élèves!

 

Arrière de couverture

 

Ce livre s'adresse à tous ceux et celles qui, de près ou de loin, s'intéressent aux droits et libertés des enfants. Il y est question des principes et des moyens qu'une approche éducative - la philosophie pour les enfants - met en œuvre afin de leur permettre d'apprendre à penser par et pour eux-mêmes.

 

Tantôt pédagogiques, tantôt philosophiques, la plupart du temps les deux à la fois, tous les chapitres de ce livre présentent un ou des aspects d'une pratique de la philosophie avec les enfants qui, s'enracinant dans la longue histoire de l'éducation, se développe rapidement depuis une trentaine d'années, au point d'être présente maintenant sur tous les continents. Notre modernité, préoccupée des moyens qui peuvent favoriser un dialogue entre les peuples, semble avoir besoin d'instruments qui permettent d'éduquer les enfants (et les adultes) à l'ouverture, à la reconnaissance des différences et à la volonté de vivre paisiblement avec les incertitudes que ces différences peuvent engendrer.


© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval

 

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Index

 

Nouveaux livres reçus

 

Reçu le 5 octobre 2006 (LC) :  Peter Schöttler, Philippe Despoix (Sous la direction de), 2006,  Siegfried Kracauer, penseur de l'histoire, PUL Sciences humaines, Éducation et IQRC, Collection pensée allemande et européenne, 248 pages : www.pulaval.com
 
Ce volume ouvre un dialogue entre historiens, philosophes, littéraires et
spécialistes de cinéma autour de l’écriture et de la pensée de l’histoire en partant des travaux de Siegfried Kracauer, et en particulier de History
- The Last Things Before the Last (1969).

Ouvrage testament de la figure marginalisée que fut Kracauer dans l’exil américain, cette étude critique des théories de l’histoire n’a peu ou pas connu de réception chez les historiens. Intempestive confrontation entre l’historisme allemand, l’École des Annales et l’historiographie anglo-saxonne, History est écrit avec la conscience d’un théoricien de la photographie et du cinéma. Dans la réévaluation de ce travail, le recueil aborde les questions de statut épistémologique de l’histoire, de jeux d’échelles micro- et macro-historiques, des dimensions médiales et narratives de son écriture.


Ont collaboré à ce volume : Olivier Agard, Christian Delage, Philippe Despoix, Carlo Ginzburg, Jean-Louis Leutrat, Sabrina Loriga, Walter Moser, Bertrand Müller, Nia Perivolaropoulou, Peter Schöttler, Jakob Tanner.

 

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Reçu le 5 octobre 2006 (MH) : Michel Coutu et Guy Rocher (Sous la direction de), 2006, La légitimité de l'État et du droit. Autour de Max Weber, PUL : Sciences humaines, Éducation et IQRC, Collection pensée allemande et européenne, 400 pages : www.pulaval.com
 

 

Nous entendons défendre la validité et même la nécessité d’une réflexion centrée sur l’idée de légitimité, pour qui veut comprendre les rapports existant entre la sphère de la politique et celle du droit. Mais nous entendons exiger du même souffl e que cette idée soit extraite de la brume confuse dans laquelle elle baigne et que l’utilisation du concept de légitimité par la science sociale ait comme précondition une détermination, aussi rigoureuse que possible compte tenu du contexte, du sens et de la portée que revêt ce concept.

À cet égard, nous croyons que la sociologie politique et juridique de Max Weber offre un point de départ tout à fait incontournable, vu l’immense impact qu’elle a eu sur les théories subséquentes de la légitimité, chez les théoriciens du droit et du politique sous Weimar par exemple, plus récemment chez des auteurs comme Jürgen Habermas ou Niklas Luhmann. En même temps, la position de Max Weber n’a rien perdu de son actualité, ne serait-ce qu’à considérer les controverses qu’elle suscite toujours dans la communauté scientifique.


Ont collaboré à cet ouvrage : Catherine Colliot-Thélène, Claude Didry, Caroline Gendreau, Pierre Guibentif, Carlos Miguel Herrera, Oliver Jouanjan, Jean Marcel Lapierre, Laurence McFalls, Romain Melot, Wolfgang Schluchter, Évelyne Serverin, Augustin Simard, Barbara Thériault, Guylaine Vallée, Ulrich Zachert.

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Reçu le 5 octobre 2006 (MH) : Jean-Pierre Béland (Sous la direction de), 2006, L’Homme biotech : humain ou posthumain ?, PUL :

Sciences humaines, Éducation et IQRC, 144p. : www.pulaval.com

 

Les récentes percées en biotechnologie ont soulevé plusieurs questions en éthique: transgénèse des animaux et des plantes, thérapie génique, clonage, création de cellules souches, création des chimères humain-animal, etc.

On peut imaginer que, dans un avenir rapproché, on tente des modifications plus ambitieuses. Un homme doté de l’odorat du chien, d’une protection contre les radiations semblable à celle des bactéries, de la capacité d’hiberner comme l’ours. En supposant que les obstacles techniques soient un jour surmontés, l’homme disposerait alors de la maîtrise de son évolution et n’aurait de limite à son imagination que les garde-fous législatifs qu’il pourrait lui opposer. Il pourrait manipuler un embryon humain pour faire naître quelqu’un de beaucoup plus puissant. Ainsi, le futur sera-t-il peuplé de super-humains génétiquement modifiés? L’Homme biotech est-il l’avenir de l’homme? Il soulève dans l’esprit de certaines personnes un dilemme: humain ou posthumain ? Pour d’autres, l’enjeu éthique se formule ainsi: peut-on transformer cet humain (ouverture post-humaniste) tout en sauvegardant la dignité humaine ?

 

C’est pour susciter la réflexion sur la problématique éthique internationale «L’Homme biotech: humain ou posthumain?» qu’un colloque interdisciplinaire et ­inter­universitaire s’est tenu lors du 73e congrès annuel de l’Association francophone pour le savoir (Acfas), à l’Université du Québec à Chicoutimi en 2005. Le recueil reprend les textes des exposés et échanges par les conférenciers.

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Reçu le 5 octobre 2006 (MH) :  Luc Vigneault et  Bjarne Melkevik (Sous la direction de), 2006, Droits démocratiques et identités, PUL :

Administration et droit, Collection  Dikè, 160 pages : www.pulaval.com

À l’heure de la mondialisation des échanges, autant culturels qu’économiques, les droits démocratiques et la reconnaissance des identités forment, sans doute, deux des axes qui questionnent le plus en profondeur les fondements de nos institutions juridiques contemporaines. L’idée même de « droits démocratiques » suggère un dialogue plus soutenu, plus ouvert et plus concret entre la société civile et
l’institution juridique. Plus encore, elle présuppose la nécessité d’un réexamen des relations entre le citoyen et le droit.

Dans quelle mesure ces deux entités sont-elles, au-delà de leur volonté, compatibles, aussi distinctes que soient leurs modalités ? Au premier regard, il est vrai, ces deux entités semblent diamétralement opposées. En quoi le simple citoyen peut-il avoir une influence sur les décisions juridiques ? Si on ne peut concevoir qu’un État démocratique ne puisse être soutenu par une institution judiciaire fidèle à ses principes, il ne va pas de soi que cette même institution use elle-même de procédés démocratiques.

Roberto Andorno, Josiane Boulad-Ayoub, Paul Dumouchel, Isabelle Duplessis, Louis LeBel, Geneviève Nootens, Paule-Monique Vernes, Luc Vigneault.

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Reçu le 5 octobre 2006 (MH) : Vittorio Cotesta, 2006, Images du monde et société globale. Grandes interprétations et débats actuels,  PUL, Sciences humaines, Éducation et IQRC, collection : Sociologie contemporaine, 232 pages : www.pulaval.com

Traduction de Yves Zugmeyer, en collaboration avec Anny Mochel

La société globale est une construction animée par un double mouvement : d’une part, l’unité du genre humain, les droits humains, les institutions pour la prévention des conflits et la lutte contre les inégalités des chances, d’autre part, la différenciation des cultures et des civilisations.

Fondé sur une analyse des structures de la globalisation comme un processus de longue durée, cet ouvrage s’inspire de la sociologie, de la philosophie, de l’histoire et de la science politique. Des origines de la conscience d’une certaine forme de société non locale et transculturelle dans le monde ancien jusqu’à la pensée de plusieurs auteurs du XXe
siècle, Vittorio Cotesta nous offre une interprétation originale et une étude approfondie du processus de la globalisation, de ses symboles, de son dynamisme, de ses nombreux conflits ainsi que des conditions nécessaires à un nouvel ordre mondial.

 

 

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Reçu le 27 septembre 2006 (MH) : Lawrence E. Harrison, 2006, The Central Liberal Truth - How Politics Can Change a Culture and Save It from Itself, Oxford University Press, 288 p. www.oup.co.uk

 

Lawrence E. Harrison, Adjunct Lecturer, The Fletcher School, Tufts University

 

A controversial look at how cultural values make some countries democratic and rich and others authoritarian and poor--and how societies can change for the better

 

Which cultural values, beliefs, and attitudes best promote democracy, social justice, and prosperity? How can we use the forces that shape cultural change, such as religion, child-rearing practices, education, and political leadership, to promote these values in the Third World--and for underachieving minorities in the First World? In this book, Lawrence E. Harrison offers intriguing answers to these questions, in a valuable follow-up to his acclaimed Culture Matters .

 

Drawing on a three-year research project that explored the cultural values of dozens of nations--from Botswana, Sweden, and India to China, Egypt, and Chile--Harrison offers a provocative look at values around the globe, revealing how each nation's culture has propelled or retarded their political and economic progress. The book presents 25 factors that operate very differently in cultures prone to progress and those that resist it, including one's influence over destiny, the importance attached to education, the extent to which people identify with and trust others, and the role of women in society. Harrison pulls no punches, and many of his findings will be controversial. He argues, for example, that Protestantism, Confucianism, and Judaism have been more successful in promoting progress than Catholicism, Orthodox Christianity, and Islam.

 

Harrison rejects the Bush administration's doctrine that "the values of freedom are right and true for every person, in every society." Thus nations like Iraq and Afghanistan--where illiteracy, particularly among women, and mistrust are high and traditions of cooperation and compromise are scant--are likely to resist democracy.

 

Most important, the book outlines a series of practical guidelines that developing nations and lagging minority groups can use to enhance their political, social, and economic well-being.

 

Contradicting the arguments of multiculturalists, this book contends that when it comes to promoting human progress, some cultures are clearly more effective than others. It convincingly shows which values, beliefs, and attitudes work and how we can foster them.

 

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Reçu le 21 septembre 2006 (MH): Deneault, Alain (textes choisis et présentés par), 2006, George Simmel. L’argent dans la culture moderne et autres essais sur l’économie de la vie, Québec : PUL (www.pulaval.com) / Éditions de la maison des sciences de l’homme, Paris (www.msh-paris.fr/) Publié avec le concours du Goethe-Institut

 

Couverture rouge : Éditions de la maison des sciences de l’homme, Paris

Couverture blanche : PUL, Québec 

«
L’argent est la seule création culturelle qui soit de pure énergie, qui s’est ­complètement abstrait de son support matériel, n’étant plus qu’absolu symbole. Il est le plus significatif des phénomènes de notre temps dans la mesure où sa dynamique a envahi le sens de toute théorie et de toute pratique.»

La Philosophie de l’argent de Georg Simmel, dont la première édition parut en 1900, suivie d’une édition augmentée en 1907, a donné à la sociologie, au moment même où elle naissait en Allemagne, un tour très particulier. Comme le marxisme, Simmel traite du capital et du travail
; comme Max Weber il traite des formations sociales et des forces morales qui les portent. Mais il le fait en des termes qui, tout à la fois, sont profondément marqués par le contexte spirituel de l’époque - en particulier la
«
philosophie de la Vie» — et ont révélé toutes leurs potentialités critiques en ce qui concerne l’interprétation de la «vie moderne».

Les cinq textes de ce recueil portent précisément sur le rapport entre l’argent et «
l’économie de la vie». Il ne s’agit nullement de parerga mais, dans l’optique de la sociologie de la culture dont Simmel est le fondateur, d’études qui permettent d’appréhender l’ensemble de sa pensée et qu’il a d’ailleurs en partie intégrées à certaines de ses publications majeures, et notamment à son ouvrage-testament Lebensanschauung.


Traduction réalisée par Alain Deneault avec le concours de Céline Colliot-Thélène, Philippe Despoix, Alexandre Dupeyrix, Daniel Meyer, Gérard Raulet et Vanessa Vilkening.

Alain Deneault est titulaire d’un doctorat de philosophie de l’Université de Paris-VIII portant sur la philosophie de l’argent de Georg Simmel. Il est stagiaire post-doctoral au Centre canadien d’études allemandes et européennes de l’Université de Montréal.

 

Table des matières :

Introduction par Alain Deneault

L’argent dans la culture moderne
Sur la psychologie de l’argent
La différenciation et le principe de l’économie d’énergie
L’argent et la nourriture
Le tournant vers l’idée

 

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Index

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

 

 

9e édition des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal

Du 9 au 19 novembre 2006

 

26 octobre 2006

 

La 9 e édition des RIDM ne nous présentera pas moins d’une centaine de films (118 pour être exact) venant de 31 pays, couvrant un large éventail de sujets et de perspectives. Nous en avons vu un échantillon et c’est prometteur. 

 

Le volet compétitif s’est aussi amélioré cette année, car, « outre le désormais traditionnel Prix du Public », 4 nouvelles catégories se sont ajoutées. Ces catégories sont :

 

Caméra-stylo : réunit des œuvres phares du documentaire de création actuel. Des premières côtoient des films présentés dans de prestigieux festivals. Un cinéma qui mise sur le réel, sans bouder une certaine forme de mise en scène.

 

Caméra au poing : un cinéma en marche, proche parent du reportage ou du dossier télévisuel, mais qui va plus loin que la surface des choses, que le sensationnalisme ou le document en temps réel. Ici, le cinéaste donne son point de vue, endosse celui d’une cause ou accompagne une démarche sociale.

 

Première caméra : présentée par Planète, c’est la catégorie de la découverte. On pourra y découvrir un nouvel auteur, prendre connaissance d’une écriture novatrice ou être témoin des premières images d’un(e) jeune réalisateur(trice).

 

ÉcoCaméra : programmée par Marie-Dominique Lahaise, en collaboration avec le Cœur des sciences et l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, on y présente du cinéma qui prend position sur des questions scientifiques et environnementales.

 

Prix du public : comme son nom le dit, le public est invité à évaluer les films de la sélection officielle après chaque séance et à voter.

 

Les Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal c’est plus que des projections de films. Ce sont aussi des rencontres, des discussions et des échanges entre cinéphiles et avec des cinéastes d’une quinzaine de pays; des tables rondes; des débats sur des sujets d’actualité; des hommages et des rétrospectives… nous apprend le document de presse.

 

            En conclusion, les RIDM, c’est du réel qui nous permet de nous enchanter ou de nous révolter! Pour plus de détails: www.ridm.qc.ca

 

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Au TNM…

Incendies, collecte de fonds et le théâtre s’exporte!

Michel Handfield

26 octobre 2006

 

 

Nous avons assisté à la conférence de presse présentant le retour d’Incendies de Wajdi Mouawad au TNM après une tournée de la pièce. Il était accompagné d’Andrée Lachapelle. Voici ce que cette conférence nous a inspiré, car nous avons pris quelques notes, mais nous n’aurions surtout pas la prétention de leur mettre ce que nous avons retenu et ce que cela nous a inspiré dans la bouche.

 

Incendies

 

Cette pièce ne parle pas de la guerre, mais est sur fond de guerre. Elle parle des gens qui cherchent un sens à travers les événements. Comment peut-on être heureux personnellement et malheureux collectivement par exemple?

 

L’histoire pourrait se passer à Montréal et au Liban, tout comme ce pourrait être Berlin et le Kosovo ou Paris et l’Irak, car le propos est universel. L’actualité peut nous conduire à y coller des noms de lieux, mais la pièce porte sur le processus derrière tous ces drames que l’on voit trop souvent en reprise sur l’écran de l’actualité! C’est donc une pièce qui peut se passer partout; qui peut être jouée partout aussi. C’est une pièce qui porte sur la question fondamentale d’entre toutes : comment dompter la colère pour briser la chaîne de la haine?

 

C’est la magie du théâtre, comme de faire croire qu’un escabeau est un arbre! Le spectateur voit un arbre a dit Wajdi en substance.

 

Vous trouverez le communiqué annonçant la pièce en annexe 1 de ce texte.

 

Collecte de fonds

 

Il y aura une générale-bénéfice le 30 octobre prochain ainsi qu’une collecte de fond  pour « exprimer notre soutien aux gens de théâtre libanais et israéliens. Nous vous invitons donc à faire un don à la hauteur de vos moyens afin d’amasser une somme d’argent qui sera distribuée sous forme de bourses : deux bourses à deux auteurs libanais et deux bourses à deux auteurs israéliens avec l’invitation d’écrire, chacun, un texte à partir des événements de cet été. »

 

C’est là une belle initiative et vous trouverez le communiqué en question, ainsi qu’un formulaire de contribution, en annexe 2 de ce texte. Il y aura aussi moyen de faire un don directement au théâtre durant la période où cette pièce y tiendra à l’affiche : du 31 OCTOBRE AU 25 NOVEMBRE 2006.

 

Le théâtre s’exporte

 

Note de la rédaction : Cela ne faisait pas partie de la conférence de presse, mais le fait que cette pièce a connu une vie à l’étranger m’a permis de me pencher sur cette question qui m’intéressait depuis un certain temps déjà.

 

***

 

Loraine Pintal, directrice du TNM, est actuellement en Europe pour la poursuite du développement international du théâtre, car le théâtre s’exporte!

 

Incendies revient d’ailleurs d’une tournée internationale. Cette pièce fut représentée en français en France, Suisse et au Québec. Elle fut aussi présentée en langue étrangère, soit en Allemand (où les gens identifiaient plutôt les conflits du Kosovo et de l’Irak nous a dit Wajdi Mouawad), Russe, Georgien et  Polonais! Elle devait aussi être présentée au Liban cet été, mais, vu les événements que l’on sait, ce projet fut reporté. C’est à une prochaine.

 

La culture s’exporte donc. Elle crée aussi des emplois, car il n’y a pas juste les produits manufacturés qui créent de l’emploi. Justement, au moment où j’allais à cette conférence de presse Bombardier annonçait la mise à pied de 480 employés à Montréal! (1)  La culture est loin d’être  subventionné au même niveau que l’industrie manufacturière je crois, pourtant c’est un secteur créateur d’emploi comme le rapporte une étude de statistique Canada :

 

« En moyenne, plus d’un demi-million de résidents canadiens travaillaient dans le secteur culturel durant chaque année de la période allant de 1996 à 2001 (…). Dans l’ensemble, l’emploi dans le secteur culturel a connu une progression croissante pendant cette période (…). Le nombre total d’emplois dans le secteur a augmenté de 18 %, passant d’environ 517 800, en 1996, à 611 000 en 2001. Environ 4,1 % de tous les emplois canadiens se retrouvaient dans le secteur culturel, ce qui était légèrement supérieur au PIB total engendré par ce secteur (3,8 %) au cours de la même année (…). Cette constatation n’étonne pas puisqu’on pourrait s’attendre à ce que la proportion d’emplois dans le secteur culturel soit supérieure (par rapport au PIB) en raison de la nature même de ce secteur à fort coefficient de main-d’œuvre. » (2)

 

C’est aussi un apport non négligeable à notre économie, car le « secteur culturel a engendré plus de 33 milliards de dollars en PIB (environ 3,8 % du PIB canadien), en moyenne, au cours de la période allant de 1996 à 2001 » (3) sans tenir compte des effets indirects du secteur, ce qui en accroîtrait davantage l’importance dans notre économie. (4)

 

La culture c’est donc une industrie qui rapporte, mais ce n’est surtout pas une production de masse, mais de sens. C’est peut-être ce qui fait peur et explique qu’elle ne reçoit toujours pas le soutien qu’elle mériterait. 

 

Notes :

 

1. « Bombardier Aéronautique va éliminer 1330 emplois sur une période de neuf mois à compter de maintenant. L'usine de Belfast est la plus touchée, avec une perte de 645 emplois, tandis que les usines de la région montréalaise (Dorval, Saint-Laurent et Mirabel) perdront 480 emplois. Il y aura aussi abolition de 200 postes de cadres et salariés à Montréal et Toronto. En revanche, la métropole ontarienne, où sont construits les avions de la Série Q et de la gamme Global, fera un gain net de plus de 800 emplois. » (Claude Turcotte, Bombardier Aéronautique élimine 1300 emplois à Montréal et Belfast, Le Devoir, mercredi 25 octobre 2006 : www.ledevoir.com/2006/10/25/121236.html)

 

2.  Les « (…) » dans le texte indiquent que nous avons éliminé les références à des tableaux  que nous n’avons pas reproduits. Nous avons aussi éliminé les références aux notes de bas de page. Vous trouverez tout cela dans l’étude en question :

 

Singh, Vik, 2004, Contribution économique de la culture au Canada, Ottawa : Statistique Canada,  Division de la Culture, tourisme et centre de la statistique de l’éducation, Document No 81-595-MIF au catalogue — No 023 ISSN: 1711-8328 ISBN: 0-662-77923-1, p. 17. Au moment d’écrire ces lignes, ce texte était disponible à l’adresse suivante :

www.statcan.ca/bsolc/francais/bsolc?catno=81-595-M2004023

 

3. Singh, Vik, 2004, p. 28

 

4. «     Même si le secteur culturel représentait moins de 5 % du PIB et de l’emploi à l’échelle canadienne, l’étude montre que le PIB et l’emploi provenant du secteur culturel a connu une progression plus rapide que l’économie canadienne globale.

 

Ces tendances positives constantes en ce qui concerne l’apport au PIB et à l’emploi renforcent l’importance du secteur culturel en tant que contributeur à la croissance économique canadienne. Il convient également de souligner que seul l’effet direct de la culture a été évalué. Les effets indirects et induits du secteur culturel n’ont pas été étudiés. Si l’on ajoutait les effets indirects et induits, cela augmenterait encore la magnitude des retombées économiques du secteur culturel. » (Singh, Vik, 2004, p. 29)

 

Annexe 1 :

 

INCENDIES

TEXTE ET MISE EN SCÈNE DEWAJDI MOUAWAD

 

«IL Y A DES VÉRITÉS QUI NE PEUVENT ÊTRE RÉVÉLÉES QU’À CONDITION D’ÊTRE DÉCOUVERTES.»

 

AU THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE DU 31 OCTOBRE AU 25 NOVEMBRE

DU MARDI AU VENDREDI À 20H / LES SAMEDIS À 15H ET 20H

RÉSERVATIONS 514.866.8668 / WWW.TNM.QC.CA

 

INCENDIES EN TOURNÉE – Hiver 2007

LONGUEUIL 26 janvier LAVAL 30 janvier

GATINEAU 2+3 février JOLIETTE 6 février

CHICOUTIMI 9 février TROIS-RIVIÈRES 13 février

DRUMMONDVILLE 15 février RIMOUSKI 17 février

SHERBROOKE 20 février

 

Wajdi Mouawad est un incendiaire. Auteur, metteur en scène, comédien, directeur de théâtre, romancier, réalisateur, il grille les feux rouges et met en cendres les frontières entre les disciplines. Libanais d’origine, Français de formation, Montréalais d’adoption, il enflamme tous les drapeaux et crée des mondes impurs et fascinants ; il accouche de fables allégoriques et de récits initiatiques dans lesquels l’on ne parvient chez soi qu’en passant par l’autre, par l’ailleurs, par l’étranger et l’étrangeté. Avec Littoral, Rêves et Forêts, Wajdi a embrasé les scènes d’Europe. Avec Don Quichotte et Les Trois Sœurs, présentés sur la scène du TNM, il a consumé les lieux communs attachés à ces œuvres pour leur donner une nouvelle vie.

 

Wajdi Mouawad est un incendiaire. Mais de fabuleux phénix renaissent de ses brasiers. Incendies parle de cette renaissance, des feux qu’il faut parfois semer, du chemin terrible qu’il faut souvent parcourir pour parvenir jusqu’à soi. Une femme vient de mourir. Et ouvre aujourd’hui l’accès à son silence et ses secrets. Elle laisse à ses jumeaux une veste en toile verte, un cahier rouge et deux enveloppes : autant de boîtes de Pandore sources de maux et de merveilles, et dont le contenu les entraînera dans une odyssée fabuleuse vers un continent lointain, vers un passé inconnu, vers une seconde naissance. « L’enfance est un couteau planté dans la gorge. On ne le retire pas facilement. » Seuls les mots peuvent l’arracher. Et ainsi calmer la brûlure.

 

Wajdi Mouawad est un incendiaire. Brûlant de fièvre. De cette fièvre contagieuse que nous rêvons tous de contracter.

 

Avec Annick Bergeron; Éric Bernier; Gérald Gagnon; Reda Guerinik; Andrée Lachapelle; Marie-Claude Langlois; Isabelle Leblanc; Isabelle Roy; Richard Thériault

  

Annexe 2 :

 

DE THÉÂTRE EN THÉÂTRE, D'ARTISTES EN ARTISTES :

SOLIDARITÉ AVEC LES DRAMATURGES LIBANAIS ET ISRAÉLIENS.

 

Ce qui est beau avec le théâtre, c’est qu’il n’existe pas. Il n’est rien que ce rien entre acteurs et spectateurs lorsque les uns passent en pleine lumière et que les autres investissent leur imagination dans ce qui est là et ce qui leur est raconté. Lorsque le miracle s’abat, il y a alors une profonde conviction de rencontre.

 

Parfois il arrive que la réalité, avec son tranchant habituel, scalpe l’innocence de la fiction; jaillit alors une impression de fin du monde. Ainsi en est-il, malheureusement, entre le spectacle Incendies qui est en préparation ces jours-ci au TNM et la guerre au Liban qui a eu lieu, violente et cruelle, cet été. La concordance des événements fait en sorte que le texte n’existera pas de la même manière, ne sera pas entendu de la même façon, preuve que la guerre a fait irruption dans nos têtes.

 

On ne pouvait pas jouer ce spectacle en faisant semblant qu’il ne s’était rien passé. Sinon alors nous voilà en pleine schizophrénie. Folie, folie. Réfléchir impérativement. De cette réflexion menée de manière concertée avec l’équipe d’Incendies et celle du TNM, il nous semblait évident qu’il fallait faire quelque chose, qu’il fallait, du moins, assumer la responsabilité de cette étrange rencontre entre fiction et réalité. Comme artistes de théâtre, il nous apparaissait impensable d’opposer qui que ce soit contre qui que ce soit, de ne pas présumer d’une situation historique monumentale et de ne pas nous laisser aller à la superficialité de nos opinions puisque, justement, cette situation exige de notre part des idées et non pas des opinions. Aussi, au vue de la complexité qui sévit en ce moment au Moyen-Orient, nous voulions éviter toute prise de position pour un camp contre un autre, bref, éviter le piège de la langue politique en demeurant fidèles à la nôtre, plus poétique, plus abstraite peut-être, mais du moins dénuée de toute violence. Éviter le jeu cruel de la haine.

 

Ainsi de cette tentative de demeurer nous-mêmes, est né un projet qui, nous l’espérons, saura témoigner de notre attachement à faire du théâtre l’occasion d’être à la hauteur de notre fragilité. En tant qu’artistes, nous avions envie de dialoguer avec les artistes, même si nous sommes totalement conscients que c’est l’ensemble des populations de cette région qui est dans le besoin. Cependant, en concentrant nos efforts envers ceux qui pratiquent le même art que nous, nous pouvions, avec nos moyens, être dans un dialogue réel et véritable.

 

Un projet est donc né. Celui d’exprimer notre soutien aux gens de théâtre libanais et israéliens. Nous vous invitons donc à faire un don à la hauteur de vos moyens afin d’amasser une somme d’argent qui sera distribuée sous forme de bourses : deux bourses à deux auteurs libanais et deux bourses à deux auteurs israéliens avec l’invitation d’écrire, chacun, un texte à partir des événements de cet été. Le Centre des auteurs dramatiques (CEAD) nous assure sa précieuse collaboration quant aux choix des auteurs qui se verront remettre cette aide exceptionnelle. Cette invitation, évidemment, cherche avant tout à promouvoir l’idée d’un dialogue par textes interposés entre des auteurs qui ont vécu dans leur chair la même catastrophe.

 

Merci de vous joindre à nous afin que nous puissions, tous ensemble, témoigner de la nécessité du dialogue par le moyen de l’art et de la beauté.

 

Wajdi Mouawad

 

OUI, JE SOUHAITE CONTRIBUER À LA COLLECTE DE FONDS INCENDIES

AU PROFIT DES DRAMATURGES LIBANAIS ET ISRAÉLIENS.

 

NOM :

(EN LETTRES CAPITALES)

Ma (notre) contribution sera de : 􀂅 25 $ 􀂅 50 $ 􀂅 75 $ 􀂅 100 $ 􀂅 200$ 􀂅 Autre $

Aucun reçu aux fins d’impôt ne sera émis.

 

Le TNM versera les fonds recueillis aux dramaturges choisis par le CEAD.

 

MODALITÉS DE PAIEMENT

Par la poste 􀂅 Chèque à l’ordre de la Fondation du Théâtre du Nouveau Monde 􀂅 Visa 􀂅 MasterCard 􀂅 American Express

No de la carte

Exp.

Signature

De tout coeur, merci!

 

Collecte de fonds Incendies / TNM

84, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal (Qc), Canada H2X 1Z6

 

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The U.S. vs. John Lennon

Music from the motion picture

EMI 09463-74912-2-5; www.emimusic.ca

 

23 octobre 2006

 

Commentaires de Michel Handfield

 

« John Lennon, rebelle, connu et politisé avec une tribune : ses chansons et sa popularité, car il est un des membres des Beatles! Nixon le considère donc dangereux et il est dans la mire des services d’État : FBI et CIA. On tentera même de l’extrader des États-Unis, car il vivait à New-York avec Yoko Ono! » Voilà une partie de ce que nous écrivions du film le 28 septembre dernier. Nous en voulions plus, alors nous avons demandé le CD.

 

            Réglons d’abord l’aspect musical : c’est du Lennon! Court, mais ça dit tout. 

 

Réglons ensuite l’emballage : le CD est accompagné d’un livret où, si l’on ne trouve pas les paroles, on a droit à des photos et des documents d’époques, comme la photo du « bed in » de Montréal et, en surimpression, la lettre demandant son renvoi des États-Unis en 1972. Bref, le livret fait référence au film. De toute manière, une recherche internet vous permettra de trouver les paroles de plusieurs chansons de ce CD.

 

Le choix musical du film ne fut pas fait au hasard; c’est un choix éditorial, car la musique est représentative d’un Lennon politique s’opposant au conservatisme États-Uniens, incarné par Nixon, et à la guerre du Vietnam. Ces chansons sont donc davantage que de la musique; elles sont une prise de position politique de l’ex-Beatles. Ce CD est donc plus qu’un CD : il est aussi documentaire. Cependant, est-ce que la plupart des gens qui l’achèteront sans avoir vu le film en seront conscients? Ça j’en suis moins sûr. Le livret et une petite recherche internet leur donneront cependant l’occasion de le découvrir s’ils le veulent bien. 

 

            John Lennon fut politiquement conscient depuis ses débuts dans les Beatles, ce que nous a fait découvrir le film. Mais le cœur de la musique du film (et du CD) porte sur la période de la fin des années 60 et du début des années 70, alors qu’il vivait avec Yoko Ono (rencontré en 1966 à Londres à l’occasion du Destruction in Art Symposium), prémisse de la séparation des Beatles; du tournant que sa carrière allait ensuite prendre avec elle; et de leur installation à New-York, où ils auront des liens avec les mouvements contestataires et pacifiques. Ils seront des activistes à leur manière, ce qui sera loin de plaire aux républicains de l’administration Nixon, vu leur notoriété.  

 

De cette période charnière préfigurant la fin des Beatles et le début de la nouvelle carrière pacifiste et militante de John et Yoko,  nous retrouvons d’ailleurs The ballad of John & Yoko des Beatles (1969). Chanson prémonitoire s’il en est une, car elle est en lien direct avec la suite des événements, allant des « bed in » du couple aux difficultés qu’ils rencontreront par la suite avec la droite états-unienne qu’ils dérangent. Par exemple, vers le milieu de cette ballade de  John et Yoko, il y est écrit…

 

« Drove from Paris to the Amsterdam Hilton,
Talking in our beds for a week.
The newspapers said, "Say what you doing in bed?"
I said, "We're only trying to get us some peace".
Christ you know it ain't easy,
You know how hard it can be.
The way things are going
They're going to crucify me.
»
(1)

 

De telles paroles ne pouvaient que déranger la droite conservatrice, liée aux chrétiens, porteur d’une idéologie militariste et tenant de la peine de mort, car ils ne devaient pas trop aimer se faire rappeler que le Christ parlait de paix et de pardon! C’était leur montrer la poutre au cœur de leur idéologie. S’ils ne l’ont pas crucifié, ils ont voulu le déporter. Le gouvernement Nixon demanda d’ailleurs  l’expulsion du couple des États-Unis en 1972. La lettre en question est même en surimpression dans le livret, sur une photo du « bed in ». (2) L’histoire retiendra d’ailleurs le « bed in » de Montréal (1969), car ils y  enregistreront une chanson qui fera le tour du monde : Give peace a chance. On en retrouve d’ailleurs une version sur ce CD, car c’est un moment charnière pour la suite des événements. (3)

 

L’on pourrait continuer ainsi longuement une analyse du contenu de cet album, car il est « loadé » de significations. Mais pour la plupart des gens ce CD sera d’abord une bonne compilation de John Lennon et ils auront raison. Pour d'autres, ce sera aussi un document pour revivre l’histoire de la contestation des années 70 et ils auront tout aussi raison, car ce CD est plus qu’un greatest hits. Il offre un angle qui fait qu’aux succès tels Imagine ou Happy Xmas (War Is Over) s’ajoutent des chansons moins connues (John Sinclair), mais non moins intéressantes sous l’angle du « discours politique » de John et Yoko! (4) C’est donc un document d’histoire contemporaine en lien direct avec aujourd’hui. Ne dit-on pas que l’Histoire se répète?

 

Si à l’époque les « artistes pour la paix » s’opposaient aux républicains de Nixon et à la guerre du Vietnam, aujourd’hui ils s’opposent à George W. Bush et à sa campagne d’Irak. (5) De ce point de vue, les chansons de ce CD sont encore très actuelles et pourraient facilement être reprises dans les manifestations pacifistes d’aujourd’hui. Ces chansons sont donc des classiques tant de par leurs sujets que leur sensibilité, car elles réfèrent à des préoccupations humanistes qui traversent le temps. Contestataire et toujours à propos que John Lennon!   

 

Titre des pièces :

 

1.   Power To The People

2.   Nobody Told Me

3.   Working Class Hero

4.   I Found Out

5.   Bed Peace (Jingle)

6.   The Ballad Of John & Yoko (The Beatles)

7.   Give Peace A Chance

8.   Love

9.   Attica State (Live)

10.   Happy Xmas (War Is Over)

11.   I Don't Wanna Be A Soldier Mama I Don't Wanna Die

12.   Imagine

13.   How Do You Sleep ? (Instrumental)

14.   New York City

15.   John Sinclair (Live)

16.   Scared

17.   God

18.   Here We Go Again

19.   Gimme Some Truth

20.   Oh My Love

21.   Instant Karma (We All Shine On)

 

Notes:

 

1. The ballad of John & Yoko, written by John Lennon and Paul McCartney. Voir  www.paroles.eu.com/paroles/beatles/ballad-of-john-and-yoko.html 

 

2. Pour des photos du « bed in » de Montréal, voir le site www.johnlennonbedin.com

 

3. Performed by the Plastic Ono Band; written by John Lennon (contient des dialogues du film).

 

4. Car Yoko a contribué au Lennon post-Beatles, notamment en formant le Plastic Ono Band avec John avant la dissolution des Beatles. Ce groupe accompagnera John par la suite même si le nom prendra certaines variantes en cours de route, comme le Plastic Ono Nuclear Band que l’on retrouve ici sur « Scared ».

 

Yoko a contribué à certaines compositions et était aussi musicienne. Elle a d’ailleurs joué avec John Cage et la légende de Jazz Ornette Coleman. Pour plus de détails, voir les différents articles en références d’où nous avons tiré ces informations.

 

5. Même l’entourage de George W. vient de faire une comparaison avec le Vietnam :

 

« WASHINGTON, Oct. 19 — President Bush’s chief spokesman drew a parallel today between the latest carnage in Iraq and the 1968 Tet offensive in Vietnam, declaring that Iraqi terrorists are trying to turn American public opinion as the Communists did in Southeast Asia nearly four decades ago. » (David Stout, Bush Aide Sees a Parallel Between Vietnam and Iraq, The New-York Times, October 19, 2006: http://www.nytimes.com/2006/10/19/world/middleeast/20bushcnd.html)

 

Et si l’on se rappelle bien, la fin de cette histoire ne fut pas des plus glorieuses pour l’administration Nixon à l’époque.

 

Références :

 

John Lennon: http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Lennon.

 

L’article en anglais est cependant plus complet:  http://en.wikipedia.org/wiki/John_Lennon

 

John Lennon, icône rock, sur France 2:  http://musique.france2.fr/dossiers/15608653-fr.php?page=1

 

Yōko Ono : http://fr.wikipedia.org/wiki/Y%C5%8Dko_Ono

 

L’article en anglais est cependant plus complet : http://en.wikipedia.org/wiki/Yoko_Ono

 

The Plastic Ono Band : http://en.wikipedia.org/wiki/The_Plastic_Ono_Band

 

 

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La culture plein la tête

Ou du nouveau cinéma to the jazz! 

Michel Handfield

 

4 octobre 2006

 

            Hier matin votre délinquant intellectuel était dans la culture plein la tête.

 

J’ai d’abord assisté à la conférence de presse du 35e Festival du nouveau cinéma (www.nouveaucinema.ca) au Musée juste pour rire.

 

Ce Festival promet comme à chaque année, notamment avec une   rétrospective Carlos Saura « première période » (1956-79) à la cinémathèque québécoise et, pour la première fois en Amérique du Nord, les œuvres complètes du célèbre cinéaste et philosophe français Guy Debord. En tout : 39 pays, 189 films dont 111 longs métrages; 78 courts; 4 rétrospectives; 38 événements; 13 premières mondiales; 20 nord-américaines et 14 canadiennes!

 

Accompagnent le Festival le DIGIMART (www.digimart.org), du 16 au 19 octobre, et le Festival multimédia möbius (www.mobius2006montreal.uqam.ca), du 13 au 15 octobre, sans compter les autres événements du FNC! De quoi en avoir plein les yeux. En fait, il va encore y en avoir plus qu’on peut en voir!

 

***

 

            Je n’ai pu demeurer jusqu’à la fin de l’événement, car la musique m’appelait. J’ai en effet assisté au lancement du CD Plonger du No name jazz sextet au Gesù, à quelques rues de là, dans l’heure qui suivait. 

 

Si le Festival du nouveau cinéma est moderne, ce jazz est moderne avec des relents des  « fifty’s »! Très rythmique à ce que j’ai entendu sur place. Et à l’écoute du CD, cela se confirme. Ça bouge, mais accompagné de moments langoureux.  J’ai particulièrement apprécié l’harmonie générale et l’orgue Hammond, qui fait différent! Très plaisant pour quelqu’un comme moi qui ne connaît pas la musique, mais aime la musique.  

 

J’aime d’ailleurs particulièrement ce son que je qualifie de « spatial » et que je retrouve souvent dans le jazz, c'est-à-dire  que j’ai l’impression de percevoir les instruments dans l’espace. Très peu de musique me donne ce feeling à part le jazz et, dans une moindre mesure, le classique  et la musique du monde. C’est cependant dans la musique instrumentale que je retrouve ce feeling et ce CD est justement instrumental.

 

C’est donc la langue de la musique qui parle ici; une langue universelle. Un CD pour public internet, car il n’a pas de frontières de langue ni de culture. Chacun peut ressentir la musique selon ses goûts et ses émotions du moment.  Selon son état mental, car  c’est de la musique qui se perçoit!

 

Si l’on a parfois besoin de silence, l’on a aussi besoin de musique pour faire ressortir une intensité ou un spleen intérieur à d’autres occasions et le choix musical que l’on fait est alors crucial, car la musique exprime des émotions. Mal choisie, l’expérience serait insatisfaisante, car il y a tout un côté psychosocial à la musique; celle-ci offrant à la fois de l’énergie et un certain calme, un peu comme le fleuve ou la mer. Comme l’eau, elle est parfois si forte qu’elle pourrait tout démolir sur son passage, mais si douce à d’autres moments qu’elle pourrait caresser la joue d’un enfant baigné par ses parents! Tout est dans le dosage et ils l’ont trouvé entre calme et la tempête : c’est le rythme swing avec un peu de jazz fusion et une touche de « lounge ».  Ce n’est pas un hasard si ce disque s’appelle « Plonger ».

 

***

 

La musique, l’incarnation pure du concept d’infinité : sept notes, huit dans la gamme (Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si (Do)), toujours revisitées et réharmonisées pour faire jazzer leur temps! C’est le miracle des neurones de la création. Plonger dans la création! Plonger dans cet album réalisé sans aucune subvention par amour du jazz.

 

Pour ceux que mon approche plus psychosociale de la musique déroute, Gaétan, qui est un audiophile assumé, a assisté à ce lancement avec moi et vous fera certainement un texte différent sur le sujet. C’est à suivre.

 

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No Name Jazz Sextet…

Ils vont se faire un nom dans la cour des grands!

Gaétan  Chênevert

 

6 octobre 2006

 

 

Album : Plonger

Artiste : No Name Jazz Sextet

Étiquette : VV Records

www.529jazz.com/

http://www.nonamejazzsextet.com/

 

 

Le lancement du deuxième album du groupe No Name Jazz Sextet a eu lieu le 3 octobre dernier au Gesù.  Plusieurs personnes dont des amis, des parents et des médias attendaient avec empressement l’arrivée du sextet.

 

Vic Vogel en personne nous a présenté les musiciens : Alexandre Côté (sax alto), Roberto Murray (sax ténor), Aron Doyle (trompette), Vincent Réhel (orgue Hammond), Frédéric Grenier (contrebasse) et Ugo Di Vito (batterie). Comme d’habitude lors des lancements de disque, le groupe a interprété quelques morceaux de ce nouvel album.

 

Quelle surprise !  C’est la première fois que je les entendais.  J’écoutais une musique swing, moderne, urbaine ; une musique qui présentait des traits semblables à celle de Miles Davis et John Coltrane, un genre fusion, mais pas trop.  Ce furent mes premières impressions.  L’orgue Hammond ajoute une couleur; une plus-value à l’ensemble.  J’avais devant moi de jeunes musiciens talentueux qui jouaient avec énergie, bonheur et amour un jazz made in Québec. Qui plus est, leurs propres compositions, ce n’est pas rien !  De retour chez moi, j’allais écouter ce disque afin de mieux me faire une idée.  Mes premières impressions s’avéreraient-elles exactes? Il me semblait qu’il me manquait quelque chose !

 

À la maison j’ai écouté le CD.  L’enregistrement est à la hauteur.  La prise de son de qualité. On joue ici dans la cour des grands.  On assiste à de bons passages solos de chacun des instruments, le jeu des cuivres est cohérent, les dialogues entre les saxophones ténor et alto sont magnifiques et bien soutenus par la trompette, la contrebasse, la batterie et l’orgue Hammond.  Leur musique me fait penser au Dave Holland Quintet, vibraphone, trombone et roulement de la batterie entre les deux haut-parleurs en moins. Ah ! Voilà le filon manquant.  Avec le No Name Jazz Sextet on a trompette, sax alto et orgue Hammond en plus.  Il en ressort une musique et un style différent. Ce n’est pas peu dire, on entre par la porte d’en avant chez les grands du jazz avec ce CD.

 

De plus, ce disque a été réalisé sans subvention gouvernementale. Faut le faire. Chapeau au No Name Jazz Sextet, à Vic Vogel et à toute l’équipe de cette superbe production.  À suivre.

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Index

 

Théâtre

 

LA DAME AUX CAMÉLIAS

 

                                               « IL FAUT MOINS M’AIMER ET MIEUX ME COMPRENDRE. » MARGUERITE GAUTIER

 

Texte officiel

 

TEXTE DE RENÉ DE CECCATTY D’APRÈS LE ROMAN D’ALEXANDRE DUMAS FILS

MISE EN SCÈNE DE ROBERT BELLEFEUILLE. DANS LES RÔLES DE MARGUERITE GAUTIER ET ARMAND DUVAL ANNE-MARIE CADIEUX ET SÉBASTIEN RICARD

 

AU THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE DU 5 AU 30 SEPTEMBRE 2006

DU MARDI AU VENDREDI À 20H / LES SAMEDIS À 15H ET 20H

RÉSERVATIONS 514.866.8668 / www.tnm.qc.ca

 

 

AMOUREUSE, MORTELLEMENT

 

Je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie. Marguerite est une fleur dont on arrache les pétales un à un, une fleur vénéneuse, une fleur du mal et pourtant pure, d’une pureté corrompue au contact du monde et des hommes. Avilie par ses amants, rejetée par eux, Marguerite, cette courtisane immortalisée à l’opéra sous les traits de «la traviata», rêve de se réhabiliter par l’amour et croit que le destin ne l’a vouée qu’aux plaisirs frivoles. À la fois ange et démon, sublimement généreuse, la dame aux camélias aime. Passionnément, confusément, absolument. Aime jusqu’à en mourir. Et laisse dans la mémoire des pauvres handicapés de l’amour que nous sommes le souvenir ému de sa vertu et de sa candeur. «Cette fille était un ange», dira d’elle Armand Duval, le seul homme qui ait su vraiment la comprendre sans pour autant parvenir à la saisir, elle qui portait en elle plus de pureté et d’amour que nous tous…

 

LE DERNIER AMANT ROMANTIQUE

 

La Dame aux camélias fit scandale lors de sa création au théâtre en 1852. Aux yeux des bien-pensants, le fils naturel de l’auteur des Trois Mousquetaires s’y livrait à la glorification romantique de l’adultère, lui qui pourtant croyait qu’il fallait mettre le théâtre au service des grandes réformes sociales et des plus grandes espérances de l’âme. Dumas fils doit son entrée au panthéon des lettres françaises à cette grande oeuvre romantique, qui fut d’abord un roman qui arracha des larmes dès 1848 et lui valut, quatre ans plus tard, le plus grand succès dramatique de son temps.

 

UNE «ADOPTION» DE DUMAS

 

Ce n’est pas le texte de Dumas qui enflammera la scène du TNM, mais la version qu’en a signée l’écrivain René de Ceccatty, à l’intention tout d’abord de l’actrice Isabelle Adjani. Tout semblait prédestiner Ceccatty à revenir à l’œuvre de Dumas fils, à redonner à cette histoire de passion tragique et d’amour mythique toute sa force et son frémissement.     Plus qu’une «adaptation », sa Dame aux camélias est une «adoption» du roman de Dumas. Plutôt que de dégager la pièce de ses enflures et de ses emphases, il est revenu au roman et en a fait une fable où la maladie d’amour qui affecte Marguerite, cette maladie qui n’a pas de nom, renvoie à une réalité qui est redevenue la nôtre un siècle et demi plus tard.

 

MOURIR NOYÉE D’AMOUR

 

Né à Tunis en 1952, essayiste, traducteur, critique au journal Le Monde, directeur de collection, celui qui a dépoussiéré et revitalisé La Dame aux camélias est également romancier. La passion d’écrire de René de Ceccatty ne fait qu’un avec son désir de maintenir intact et inconsolé le scandale de l’amour non partagé. D’un livre à l’autre, toujours il parcourt le même espace tragique : celui de la souffrance d’aimer, celui de l’impossibilité de rejoindre l’autre. Dans L’Accompagnement, un malade lutte contre la mort, en présence d’un ami qui l’accompagne. On pense déjà à La Dame aux camélias...

 

Dans Aimer, Consolation provisoire et L’Éloignement, il parle avec une impudeur pudique d’un homme qu’il aime et qui ne l’a jamais aimé. «Ne me pardonne pas

/ Car pour aimer je dois / Mourir noyé d’amour» : cette pensée inscrite en exergue à son roman Aimer ne résume-t-elle pas tout entier la passion fiévreuse de Marguerite Gautier?…

 

DU PÈRE AU FILS

 

L’acteur ROBERT BELLEFEUILLE a participé à moult créations qui sont devenues des classiques, que l’on pense seulement à la mythique Trilogie des dragons de Robert Lepage; le metteur en scène ROBERT BELLEFEUILLE aborde les classiques comme s’il s’agissait de créations : son doublé Edmond Dantès et Le Comte de Monte-Cristo, présenté au Théâtre Denise-Pelletier, le démontre hors de tout doute. Homme de théâtre polyvalent, qui écrit, joue et signe des mises en scène, ROBERT BELLEFEUILLE, qui a assené un grand coup il y a deux ans avec Jouliks au Théâtre d’Aujourd’hui, qui est directeur général et artistique du Théâtre de la Vieille 17, une compagnie qui contribue allègrement à la vitalité de la dramaturgie franco-ontarienne, qui est en outre directeur du programme de mise en scène à l’École nationale de théâtre, fait son entrée au TNM en passant de papa à fiston, d’Alexandre Dumas père à Alexandre Dumas fils.

 

UNE HIRONDELLE INSAISISSABLE ET FRAGILE

 

Depuis des années, ANNE-MARIE CADIEUX plane sur le théâtre comme une hirondelle insaisissable et fragile, souvent annonciatrice d’orages et de turbulences, frôlant de son aile brisée le paysage qui est le nôtre pour mieux nous entraîner à cœur et à corps perdus vers des territoires inconnus.  Strindberg, Koltès, Ingeborg Bachmann, Heiner Müller, Dacia Maraini, Réjean Ducharme, même Feydeau : autant de perles noires dont le collier est une actrice capable des plus grands vertiges et des plus bas instincts, et qui, d’un rôle à l’autre, explore nos grandeurs et nos misères. Comédienne en apesanteur à la présence ensorcelante et fascinante, ANNE-MARIE CADIEUX a été associée aux créations les plus aventureuses, que ce soit avec Brigitte Haentjens, Robert Lepage ou Lorraine Pintal, et toujours refuse la sécurité et les modèles standard pour mieux l’aventurer et nous entraîner avec elle vers le dérèglement de tous les sens. Avec Combat de nègre et de chiens, Marie Stuart, et L’Hiver de force, elle a laissé sur la scène du TNM une empreinte ineffaçable. Empreinte aujourd’hui marquée au fer rouge grâce à ce face à face brûlant et passionné avec Sébastien Ricard, le Batlam de Loco Locass, ce rappeur acteur qui fuit toujours la tiédeur. ANNE-MARIE CADIEUX qui, dans tant de ses rôles, impose l’élégance majestueuse du crépuscule devient aujourd’hui Marguerite Gautier : une rencontre au sommet de deux icônes d’une fragilité bouleversante.

 

Avec ÉRIC BRUNEAU / ANNE-MARIE CADIEUX / GINETTE CHEVALIER

/ BÉNÉDICTE DÉCARY / FRANÇOIS-XAVIER DUFOUR / GEOFFREY GAQUERE / AUBERT PALLASCIO / SÉBASTIEN RICARD / PAUL SAVOIE / MONIQUE SPAZIANI

 

Assistance à la mise en scène et régie DIANE FORTIN / décor JEAN BARD /

Costumes FRANÇOIS BARBEAU / éclairages ETIENNE BOUCHER / musique

LOUISE BEAUDOIN / maquillages et coiffures ANGELO BARSETTI / perruques

RACHEL TREMBLAY / accessoires GHISLAIN GAGNON

 

Commentaires de Michel Handfield (10 septembre 2006)

 

Quand on a que l'amour

À s'offrir en partage

Au jour du grand voyage

Qu'est notre grand amour

 

Jacques Brel. (2CD – Barclay/Polygram 845-001-2)

 

Voilà cette pièce en quelques vers, car elle est universelle et hors du temps. C’est Brel, Zola (Nana), le cinéma, et la tragédie grecque!

 

Actuel!

 

La dame aux camélias « est un roman d'Alexandre Dumas fils publié en 1848, inspiré d'un fait divers réel : l'amour d'Agénor de Gramont (1819-1880), duc de Guiche, futur ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, pour la courtisane Marie Duplessis. » Ces personnages se sont retrouvés sous les noms de Marguerite Gautier et d’Armand Duval dans le roman. (1)  La pièce, qui fut actualisée, est criante de vérité. J’ai pris une vingtaine de feuillets de notes sur mon palm… et j’aurais pu en prendre davantage.

                       

Marguerite, la dame aux camélias, est jouée avec brio par Anne-Marie Cadieux. Elle est criante de vérité; vérités qui sont aussi actuelles qu’à l’époque. D’ailleurs, la société bien pensante qui la fréquente, pense d’elle, qu’elle est « dangereuse parce qu’elle a plus de cœur et d’esprit que les autres. » Elle, elle est très lucide sur son état et le monde qui l’entoure, car malade et mourante, on la délaisse : dans ce monde, l’on n’a d’amis que si l’on se porte bien. Les hommes sont aussi bas avec les morts qu’ils le sont avec les vivants. Ils sont sûrs de l’assurance que donnent le préjugé et l’ignorance!

     

Ses réflexions et ses états d’âme, au-delà des fariboles de bon aloi que nécessite sa condition de courtisane, sont percutants et justes. Aucun sujet ne lui échappe. Elle était une femme forte. Aujourd’hui, elle aurait été féministe, politicienne, vedette de la télé ou femme d’affaires! Elle servait le plaisir et la vanité des hommes et leur faisait bien payer en retour comme elle le disait, car elle est objet de pouvoir et de richesse. Un bijou que l’on affiche à son bras! Même si la femme n’avait pas le droit de vote à l’époque, on voit bien que certaines d’entre elles menaient les hommes par le bout du nez pour ne pas dire de la queue! 

 

Sur la morale…

     

Ainsi écrit, cela peut paraître amoral. Mais Marguerite, elle, elle dit qu’on peut bien dire les choses crûment, car cela évite de camoufler ce que tout le monde sait de toute façon! Et ce dont tout le monde parle de toute manière!

       

La dame aux camélias a des principes qui vont au-delà de la morale, ce qui permet justement de la questionner. Qui sert-elle? La morale, est-elle hypocrite? Une façon d’interdire qui relève davantage du pouvoir que du bon sens? Ce sont là des questions encore d’actualités ici et ailleurs.

     

Et, pourquoi la morale n’est pas la même pour les hommes – qui la font et l’imposent souvent? Pourtant, hommes et femmes sont les deux côtés d’une même pièce de monnaie que l’on appelle l’humain!

      

Sur l’amour et la prostitution ♥

     

L’amour, qu’est-ce pour une telle femme? Un vertige! C’est la première fois que je ne vends pas mon corps. Pour elle cela dit tout, car c’est se donner. L’amour est gratuit, le sexe est commerce! Cette question de la séparation du sexe et de l’amour a existé de tout temps et risque d’exister bien longtemps encore. Elle est au cœur de la relation entre Marguerite Gautier et Armand Duval (Sébastien Ricard).

     

Mais l’Homme qui aime veut l’exclusivité, la posséder, alors que pour elle, les hommes sont des clients et lui, son homme, est l’amour! Et si elle lui assure l’exclusivité pour un temps, l’éconduit qui la soutient, le duc de Bassano (Albert Pallascio), se sentira trahi; commercialement et émotivement trahi : J’ai cru qu’elle avait besoin d’un père, elle avait besoin d’un banquier pour s’offrir un amant!

 

La femme derrière la prostituée vit donc une situation schizophrénique. Si cela était vrai à l’époque, ce l’est toujours aujourd’hui. Ce ne sont ni les lois, la morale, l’éthique, la décriminalisation ou la légalisation de la prostitution qui régleront cette épineuse question, car elle est d’un autre niveau. Elle est profondément humaine. J’insiste, humaine, car la prostitution existe depuis que le monde est monde; depuis que la femme s’est aperçue qu’elle peut être objet de désir dans les yeux d’un homme et que celui-ci est prêt à payer pour la posséder quelques instants. Pour avoir accès à son triangle d’amour.  C’est une question animale encore inscrite dans certains gènes, comme chez certaines espèces où le mâle apporte du gibier à la femelle convoitée.  La loi et la morale n’y peuvent rien.

 

Conclusion

 

On parle souvent de l’évolution. Cela est vrai au plan technique. Mais au plan social et politique, qu’en est-il? Au  plan humain, a-t-on évolué? La question se pose puisque la trame de la dame aux camélias est toujours aussi vraie qu’à l’époque où elle fut écrite tout  comme sont encore vraies les observations des philosophes d’il y a quelques millénaires sur le même sujet! On est prisonnier de notre temps et des préjugés de notre espèce. « SOI », est une pièce dans un puzzle beaucoup plus grand que nous et qui nous écrase plus souvent qu’autrement, que ce soit par la tradition, la culture (au sens restreint du terme), la morale, l’idéologie ou le destin. La dame aux camélias, un drame humain qui est encore à l’affiche tous les jours dans une rue de votre quartier, de votre village ou de votre ville!

 

Note :

 

1.  http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Dame_aux_cam%C3%A9lias  

 

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TROIS !

3 auteurs, 3 courtes pièces, 3 contraintes, 3 duos et un 3e personnage.

Du 5 au 23 septembre 2006, à 20h

 

Une présentation du Théâtre du Désordre, en codiffusion avec Espace Libre

 

(photographe : Marlène Gélineau Payette)

 

 (Montréal, le 3 août 2006) – TROIS ! : 3 auteurs, 3 courtes pièces, 3 contraintes, 3 duos et un 3e personnage.

 

Que se passe-t-il quand un duo se transforme en trio ?

 

3 X deux individus existent quelque part. Pour composer ces duos de départ, nous avons fait appel à Diane Lavallée et Élisa Compagnon, Philippe Lambert et Philippe Martin, Delphine Bienvenu et Yann Tanguay.

 

Un troisième individu arrive et perturbe la dynamique. Il y a troisième, il y a mouvement. Les choses et les individus changent. Pour interpréter ce troisième personnage, Benoît Dagenais se joint à chacun des duos.

 

TROIS !, c’est une (non) conversation entre une mère et une fille quand un boucher à neuf doigts fait résonner la sonnette de porte nouvellement réparée. TROIS !, c’est aussi un homme donnant du plaisir et des organes avec une générosité exemplaire qui se voit confronté à un don ultime. Et TROIS! c’est aussi une clinique où trois êtres explosent et exposent leurs drames dans un dialogue de sourds étrangement uni.

 

TROIS! c’est une tragédie de Louis-Dominique Lavigne, une comédie de Pascal Lafond et un drame de Marie-Ève Gagnon, dans une mise en scène de Stéphane Saint-Jean.

 

En 2003, le Théâtre du Désordre lance sa première production professionnelle : Douze(12). Présentée à la Petite Licorne, cette création regroupe 12 monologues écrits pour l’occasion par 9 auteurs. Repris en 2004 dans une version améliorée, Douze(12) connaît un vif succès auprès du grand public et des médias. S’ensuit une tournée des Maisons de la culture de Montréal. TROIS! s’annonce comme le prochain succès de cette jeune compagnie qui a le vent dans les voiles !

 

Idée originale et coordination artistique Yann Tanguay • Décor, costumes et accessoires Isabelle Filion • Lumière Martin Gagné • Musique Stefan Audet • Assistance à la mise en scène et régie Katerine Desgroseilliers • Direction de production Anne Plamondon

 

Commentaires de Michel Handfield (7 septembre 2006)

 

            Pièce originale où les sens – musiques et lumières – sont parties intégrantes du spectacle. J’ai aimé, j’ai ri et parfois je me suis questionné, particulièrement dans la troisième partie.

 

            La proposition théâtrale fut faite au lancement de la programmation 2006-2007 le printemps dernier. Les thèmes, les comédiens et le genre ont été tirés à cette occasion. Les auteurs ont eu à faire avec. Cela donne donc un exercice de style particulier. Mais il y a une constance : les drames intérieurs.

 

            Dans la première courte pièce, le sens était parfois plus profond que les mots seuls, qui pouvaient même sembler superficiels par rapport au sens perceptible. Le sens était dans le ton. Une façon d’aller plus profondément que ce que l’on veut laisser voir, d’aller à l’inconscient et au non-dit. À la vérité? Car si la vérité ne se dit pas toujours, elle se perçoit toujours!

 

            La seconde pièce était une comédie sur le détournement de sens! L’angle : le don de soi poussé à l’extrême! Peut-on tout donner? Et si on se garde un petit quelque chose, est-on égoïste? Mais si l’égoïsme n’était pas celui qui donne avec retenue, mais celui qui réclame sans retenue?

 

            La troisième pièce m’a touché davantage. Elle créait un malaise. On était au cœur du préjugé. D’où vient-il? Et si sa source était le mal? La souffrance? L’injustice de la vie, qui fait que l’autre est notre compétiteur, celui qui nous enlève ce que l’on croyait être notre dû.  La perte de solidarité sociale crée-t-elle l’injustice, le préjugé et le racisme? Et les causes intérieures, les souffrances personnelles? Le racisme serait-il une souffrance sentie comme une injustice dont on tient l’autre, celui qui est différent, responsable? En fait, il n’y est pour rien, sauf qu’il est là et c’est parfois déjà trop pour ceux qui souffrent!

 

            Trois pièces qui sont davantage introspectives et psychanalytiques que politiques. Trois pièces qui questionnent l’être social que nous sommes. Trois pièces qui se prennent bien par leur humour. Mais, je crois qu’elles resurgiront à tout moment chez le spectateur qui les aura vus comme dans un, deux trois… go! Vous ne pourrez vous en défaire et elles feront leur œuvre : vous faire réfléchir où vous ne l’attendiez pas. C’est peut-être ça le sens de la culture.

 

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Index

 

 

16 au 28 Octobre 2006

 

www.nouveaucinema.ca

 

 

On air

 

Deux films Allemands!: Les Particules Élémentaires et Winter Journey

 

Le Voyage en Arménie de Robert Guédiguian

 

12:08 East of Bucharest

 

Sur la trace d'Igor Rizzi

 

Liberté versus tradition : Ou commentaires autour de « Ces filles-là » (El-Banate Dol) de Tahani Rached et « Le fugitif ou les vérités d’Hassan » de Jean-Daniel Lafond

 

 

On air

 

Christophe Joly

France, 2006

53 min; couleur; Vidéo; anglais (s.t. français)

 

Le paysage médiatique nord-américain est aujourd'hui dominé par moins d'une dizaine de conglomérats. Ces géants de la communication contrôlent la majeure partie de ce que l'Amérique voit, écoute et lit... Cet enfermement de la culture et cette centralisation des points de vue a créé un puissant mouvement médiatique parallèle. On Air examine avec attention ce contre-courant et raconte le combat de ces groupuscules, leur existence, leurs revendications. Que ce soit dans les rues de New York pendant diverses manifestations dénonçant l'administration Bush, sur la route avec des activistes ou par le biais d'entrevues avec des figures connues (Naomi Klein, Amy Goodman de Democracy Now, Robert Greenwald, réalisateur de Outfoxed, Danny Schechter de MediaChannel, etc.), On Air traque les poches de résistance d'informateurs alternatifs face à une situation médiatique alarmante.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2006)

 

La critique :

 

Pourquoi un pays qui a tant de médias sur son territoire que les États-Unis a des citoyens si peu informés? Peut être parce que les médias traditionnels ne jouent plus leur rôle critique, mais servent de plus en plus de courroie de transmission à la pensée unique; au message des leaders économiques et politiques; à un message où tout est noir ou blanc, mais surtout pas nuancé.

 

La Federal Communications Commission (www.fcc.gov) est passée de la défense de l’intérêt public des ondes à celle de leur intérêt économique à partir des années Reagan. De service public, les ondes sont devenues un marché comme les autres. Des conglomérats se sont alors formés et ont littéralement gobé les indépendants :

 

« Aujourd’hui, le paysage médiatique nord-américain est dominé par moins d’une dizaine de compagnies. Ces conglomérats contrôlent une grande partie de ce que l’Amérique voit, écoute et lit… » (http://www.onairdoc.org)

 

Avec la concentration de la presse est arrivée la dilution de l’information et la « nouvelle spectacle » qui sert à vendre! Exit l’analyse. La confrontation fait du « rating » (1), alors elle supplante l’information. Les médias ne jouent plus le rôle attendu de leur part dans une démocratie. Ils sont maintenant des centres de profits.

 

Ce film est très critique des médias commerciaux états-uniens, avec raison je crois. Si l’on y parle de la richesse et de la pauvreté (et en quels termes?) par exemple, on oublie de parler de la redistribution! C’est pourtant la question essentielle. Les médias alternatifs, eux, en parlent.

 

Si les médias traditionnels ne jouent plus leur rôle au niveau de la politique intérieure, ils le jouent encore moins au niveau de l’information internationale. On y trouve peu de points de vue extérieurs. Pourtant ils ont les moyens de le faire. Une chance qu’il y a l’internet pour combler cette lacune, car « bientôt nous aurons 6 milliards d’ennemis pour un peu de pétrole et on ne comprendra pas pourquoi! » a dit un des protagonistes du film. C’est justement ce manque d’informations – une forme de désinformation en quelque sorte – qui nous conduit à élire des gouvernements inappropriés, parfois corrompus.

 

Les alternatives :

 

L’on souligne l’importance qu’a joué Faherenheit 9/11 de Michael Moore dans cette prise de conscience citoyenne, car en soulevant la question des non-dits  autour des attentats du 11 septembre 2001, Moore a montré l’importance de trouver d’autres sources d’informations que les médias commerciaux souvent proche du Pouvoir! Ces sources sont tout naturellement les médias alternatifs. Ils ont d’ailleurs pris de l’importance depuis ces événements nous dit le film, car ils offrent  un point de vue et un angle d’analyse.

 

Si ces médias sont souvent privés de moyens, ils sont plein de bonne volonté; souvent tenu par des « cracks » (bénévoles) qui s’investissent pour informer. Là se trouve de plus en plus la véritable information même s’ils n’ont pas le marketing qu’il leur faudrait pour assurer les cotes d’écoute qu’ils mériteraient.

 

Un réquisitoire en règle de la part des principaux commentateurs des milieux alternatifs. Ce n’est pas un hasard si les scoops viennent de plus en plus de l’internet pour être ensuite relayé (lorsqu’ils sont jugés rentables) par les médias commerciaux. Un film choc pour qui s’intéresse à l’information, la vraie!

 

D’ailleurs une visite des médias dont parle le film vaut le détour. Vous les trouverez dans les hyperliens plus bas.

 

***

 

            J’aurai aussi aimé voir John R. MacArthur, président éditeur d’Harper's Magazine (2), dans ce documentaire, car il parle très bien français et c’est une revue alternative importante à mon point de vue. Mais il n’y était pas. Je tenais néanmoins à le souligner.

 

Notes :

 

1. Anglicisme, mais plus court que de parler des côtes d’écoutes pour la radio et la télé et de lectorat pour la presse écrite. 

 

2. www.harpers.org/JohnRMacArthur.html#AboutHarpers

 

 

Hyperliens reliés au film :

 

Site du film : www.onairdoc.org    

Independent media center: www.indymedia.org

Democracy Now : www.democracynow.org

Media Channel : www.mediachannel.org

Mother Jones : www.motherjones.com

Front line : www.pbs.org/wgbh/pages/frontline/

Naomi Klein/No Logo:  www.nologo.org

Howard Zinn: http://howardzinn.org

Guerrilla news: www.guerrillanews.com

Alternative radio: www.alternativeradio.org

KPFA: www.kpfa.org

AlterNet: www.alternet.org

Agora Vox: www.agoravox.fr

Film outfoxed : www.outfoxed.org

Michal Moore : www.michaelmoore.com

 

Hyperliens personnels dans le même ordre d’idées :

 

Harper’s: www.harpers.org

Bazzo.TV : www.bazzo.tv

  

Suggestion de lecture :

 

Borjesson, Kristina, 2003, Black List – Quinze grands journalistes américains brisent la loi du silence, Paris : 10/18

 

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Deux films Allemands!

Les Particules Élémentaires

 

Oskar Roehler

Allemagne 2006

108 min. couleur; 35mm; allemand (s.t. français)

Interprètes : Moritz Bleibtreu, Christian Ulmen, Franka Potente

 

Michael et Bruno sont demi-frères, mais vivent de manières opposées : biologiste, Michael ne vit que pour ses recherches en génétique ; Bruno, au contraire, est l'esclave de ses désirs, et s'abîme dans une quête désespérée du plaisir sexuel. Deux rencontres amoureuses vont alors bouleverser le cours de leur morne existence. Le cinéaste allemand Oskar Roehler (Une famille allemande) s'attaque à l'adaptation du best-seller sulfureux de l'enfant terrible de la littérature française, Michel Houellebecq, et réussit à transposer l'atmosphère désenchantée du roman dans une critique grinçante de la société allemande actuelle. Une comédie acide, portée par le couple d'acteurs de Cours, Lola, cours, Franka Potente et Moritz Bleibtreu, ce dernier ayant remporté pour l'occasion le prix d'interprétation au Festival de Berlin 2006.

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2006)

 

Qu’est-ce qui fait tourner ce monde? La reproduction ou le sexe? C’est le thème derrière ce film porté par deux demi-frères. D’abord, Michael, spécialiste de la génétique qui vit dans sa tête et ses équations; ensuite, Bruno, professeur de lycée (par l’âge de ses étudiantes cela correspondait à la fin de notre secondaire ou au cégep) qui vit par son sexe! Pour Michael, une femme c’est une équation alors que pour Bruno, c’est un objet de désir. Où le premier cherche la vérité, le second cherche le plaisir.

 

Cela fait de Bruno un personnage particulier, qui confronte les normes sociales.  D’un point de vu psychosocial, il est intéressant à suivre. J’ai d’ailleurs pris davantage de notes le concernant que sur Michael. 

 

D’abord, Bruno est psychologiquement affecté par son sexe. Il bande sur une de ses étudiantes pour dire les choses comme elles sont. Problèmes d’hormones et d’éthiques. Problèmes de son passé aussi, lui qui accompagnait sa mère dans une commune lorsqu’il était jeune. 

 

Ensuite, il est un révélateur des maux sociaux, alors que son frère est plutôt aseptisé et idéaliste, voyant la science pour la science et ne réalisant peut être pas ce qui pourrait être tirés de ses recherches par des esprits plus tordus. Bruno, lui, voit le côté noir des choses et le cultive même. Il est loin d’être aseptisé. Ce serait plutôt le contraire.  Ainsi, d’un texte que Bruno a soumis à un éditeur, celui-ci lui dira qu’il est bon, raciste et réactionnaire, mais non publiable. Il l’aurait été sous le nazisme! Mais aujourd’hui publier un tel texte m’attirerait des ennuis. À chaque époque sa liberté d’expression, même si je ne suis pas d’accord avec le nazisme et que je ne croirais pas être d’accord avec ce texte vu les valeurs qu’incarne Bruno. Sauf que cela pose tout de même une question fondée : celle de la rectitude politique. Empêche-t-elle certaines vérités comme le nazisme en empêchait à son époque? A chaque idéologie, ses interdits et ses dogmes. Cela permet de poser la question. En fait ce film permet de poser beaucoup de questions. C’est son mérite.

 

Quant à Michael, il fut  marqué par sa lecture de Huxley dans sa jeunesse,  la dissociation du sexe et de la procréation, et ce film en sera finalement la démonstration avec les deux demi frères, l’un dans le sexe sans procréer et l’autre dans la procréation sans le sexe! Un film à  la fois cynique et rationnel.

 

Références :

 

www.tfmdistribution.com/lesparticuleselementaires

 

Huxley, Aldous, [1932] 1997, Le meilleur des mondes, Angleterre: Plon, Pocket

 

 

Winter Journey

 

Hans Steinbichler

Allemagne | 2006

95 min. | couleur / 35mm | allemand (s.t. anglais)

interprètes: Josef Bierbichler, Sibel Kekilli, Hanna Schygulla

 

Une généreuse neige habille la ville allemande où Franz a amassé sa fortune. Mais Franz n'est aujourd'hui qu'un homme ruiné, aigri et insultant pour ses proches. Sa femme malade et presque aveugle ne peut rien pour apaiser les colères du bonhomme. Arrive une drôle de lettre du Kenya qui promet de l'argent facile à Franz. Le grincheux mord à l'hameçon et le voilà prisonnier d'une fraude impossible à digérer. Accompagné d'une traductrice aventureuse, il vole vers Nairobi pour faire la lumière sur cette arnaque. Portée par des images admirables rappelant les peintres romantiques allemands, cette réflexion prenante sur la naïveté d'un homme réunit trois acteurs aux carrières estimables : le grand Josef Bierbichler, la royale Hannah Schygulla (ici tout en retenue) et l'explosive Sibel Kekilli, découverte dans Head-On.

 

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2006)

 

Franz, aux prises avec des difficultés financières après avoir été un homme d’affaire prospère, est très aigri, désagréable et insultant pour les autres, tant ses amis que ses proches. Tout est de la merde! Il traite tout le monde de « asshole » (trou de cul). Véritable « Moi » sur deux pates, le monde s’arrête à lui.

 

Il a donc tout pour tomber dans le piège de la filière nigérienne, vous savez les lettres reçues par internet vous promettant un % sur une somme colossale si vous aidez à sortir cet argent du pays où il est bloqué! (1) La seule différence avec la réalité que l’on connaît ici, c’est qu’il a reçu cette lettre par la poste plutôt que par l’internet, ce qui lui donne plus de crédibilité à ses yeux!

 

Quand il réalise qu’il s’est fait avoir comme un enfant, il part à la recherche du Dr X en Afrique et découvre un autre monde : celui de la pauvreté et d’un monde oublié par l’occident. Mais il trouvera aussi ce qu’il cherche, malgré nombre de difficultés. 

 

Une pièce musicale le hante tout au long de ce film : Winter Journey de Schubert, qui est une description de la dépression… Des choses s’expliquent jusqu’à la chute du film autour de cette pièce musicale, dont le titre.

 

***

 

Deux films allemands un à la suite de l’autre m’ont fait réaliser qu’il y a une marque de commerce dans le cinéma allemand : une dissection froide et rationnelle de la réalité. Un peu comme leur philosophie. Et si je pense à La Chute, qui disséquait froidement la fin d’Hitler et de son régime, cela confirme mon impression.

 

Note :

 

1. Voici une lettre de ce type reçu au moment où j’écris ce texte. J’ai changé les noms, au cas où ils aient un copyright sur ce genre de lettre et ça mets un peu d’humour dans la chose!

 

October 24, 2006 3:40:35 AM

 

 ATTENTION PLEASE,

 

I am Joe Blow, personal Assistant to the Branch Manager of Bank of Your Choice in an African Country of your Dream.  I want to inquire from you if you can handle this transaction for mutual benefits/life opportunity for you and me.

 

The transaction is about seeking your consent to present you as the next of kin/ beneficiary of the US$15 million dollars, and who is a customer to the bank where I work.

 

He died in a Kenya plane crash 2003 with his family during their vacation journey.

 

The Fund is currently in a suspense account awaiting claim, the bank made a public notice that they are ready to release this fund to any of his relatives abroad.

 

In that regard, I decided to seek your consent for this prospective opportunity.

 

Have it at the back of your mind, that the transaction does not involve any risk and does not need much engagement from you, since I am familiar with this kind of transaction being an insider.

 

Necessary modalities will be worked out to enable us carry out the fund claim under a legitimate arrangement.

 

I have resolved to offer you 30% of the total fund, 10% for sundry expenses that maybe incurred during the process of executing this transaction and 60% percent for me.

 

I will give you more details about the transaction when I receive your affirmative response via my email address.

 

Thanks and God bless.

 

MR Joe Blow

 

Hyperliens :

 

Le centre d’appel antifraude du Canada : www.phonebusters.com

 

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Le Voyage en Arménie de Robert Guédiguian

La sortie du film en salle au Québec est prévue le 15 décembre.

 

Montréal, le 18 octobre 2006.  Robert Guédiguian (Le Promeneur du Champ-de-Mars) vient présenter à Montréal son film le plus récent dans le cadre du festival du nouveau cinéma. Écrit par Robert Guédiguian, Marie Desplechin et Ariane Ascaride, le film met en scène Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Simon Abkarian, Chorik Grigorian, Jalil Lespert, Jean-Pierre Darroussin.

 

Se sachant gravement malade, Barsam souhaite retourner sur la terre qui l’a vu naître. Il souhaite également léguer quelque chose à sa fille Anna. Elle est pétrie de certitudes. Il voudrait lui apprendre à douter. Lorsqu’il s’enfuit en Arménie, il prend soin de laisser de nombreux indices pour qu’Anna puisse le rejoindre. Ce voyage obligé dans ce pays inconnu deviendra pour elle ce que Barsam voulait qu’il soit : un voyage initiatique, une éducation sentimentale, une nouvelle adolescence…

 

Frédéric Strauss dans Télérama du 1er Juillet 2006 a écrit « Plus Guédiguian s’aventure ailleurs, plus il se retrouve au cœur de ce qu’il est, de ce qu’il aime : sa part arménienne, mais aussi son souci d’interroger, à travers la fiction, les idéaux, les rêves de la société. Pour Anna comme pour le spectateur, l’Arménie devient une chambre d’écho : le pays résonne en elle, en nous ».  Le journaliste Jean-Luc Douin du quotidien Le Monde du 27 juin 2006, souligne quant à lui l’engagement du cinéaste qui « …oppose la "saloperie" du business et les excès de l'ultralibéralisme à ce qui reflète l'âme d'un pays : paysages, lumière, musique, convivialité. Au-delà de sa peinture sensuelle d'une terre qui, aux yeux de l'héroïne, devient de moins en moins étrangère, Le Voyage en Arménie propose une belle ode à la communauté, quelle qu'elle soit, pourvu qu'elle n'adopte pas le repli identitaire mais respecte le moi profond de chaque individu, et résiste à la mondialisation ».

 

Commentaires de Michel Handfield (29 octobre 2006)

 

« La vie ce n’est pas de la mécanique » dit Barsan à Anna, sa fille,  cardiologue, qui lui annonce qu’il devrait être opéré. Ce qui complique la situation, c’est le fait qu’elle est sa fille, car elle lui rappelle des événements du passé. Il lui répondra alors «  Ta mère et moi t’as rien compris. Tu ne sais rien! » Et il partira du cabinet de sa fille… pour l’Arménie!

 

Le choc quand elle comprendra. Son mari lui dira alors d’aller le chercher, car « Moi mon père je l’ai perdu à 25 ans et je ne lui ai jamais dit que je l’aimais. J’ai  encore les mots à la gorge… »

 

Ce sera un voyage initiatique à deux points de vue. D’abord la découverte de ses racines (elle n’a pas langue) et, ensuite, la découverte de soi, car dans un pays inconnu elle n’a pas le choix que de découvrir ses propres ressources – quoi qu’elle aura beaucoup d’aide.

 

Quand elle est contrariée, elle va chez le coiffeur, ce qui m’a fait sourire! Comme ma blonde ai-je noté dans mon agenda électronique. Bref, peut importe la culture, une femme demeure une femme et elles ont probablement toutes une relation particulière à la coiffure. Il y aurait une étude anthropologique à faire là-dessus je crois. Est-ce une question de culture, de génétique, de mode ou de marketing international? Qui sait? Seul son coiffeur le sait! 

 

***

 

            Étrangère dans une moitié de sa culture, quand elle demandera à son père pourquoi il ne lui a pas enseigné l’arménien, il lui répondra « Mais ta mère était italienne. La langue c’était l’affaire de ta mère. On ne dit pas la langue maternelle? »

 

Barsan à une façon débonnaire de voir la vie par rapport à sa fille qui est très structuré. Mais cela aussi a une origine culturelle. Elle est française, lui arménien! Si le discours de la méthode (Descartes) est français, en Arménie on lui répond : « Mais  Dieu à fait le monde en 7 jours et il a eu le temps de se reposer le 7e jour, alors tu ne peux pas forcer les choses ma fille! » Bref tout viendra à point…

 

***

 

            Ce film est aussi documentaire, car il offre une ouverture sur un autre monde aux confins de l’Europe, de la Russie et du Moyen-Orient et où ses cultures s’entremêlent. À la fois semblable et différent comme le montrent les quelques exemples qui suivent. 

 

D’abord, dans le commerce, tout se vend, avec des alliances où chacun y tire son profit à la manière orientale. C’est en quelque sorte un pays de passage, où le profit vient de circulation des marchandises (1), de toutes les marchandises, ce qui en fait un pays de trafics en tous genres. Et il est stratégiquement bien placé pour cela.

 

            C’est aussi l’occasion d’en découvrir les problèmes, comme la question des normes du travail : « On a des normes de travail biens rédigées, mais aussi bien rangées dans les tiroirs. » Façon de dire qu’elles ne sont pas appliquées. Et son ami médecin de poursuivre qu’ils ne font pas encore le rapport entre la pollution et les maladies dans ce pays. C’est d’ailleurs un de problèmes actuels de la mondialisation, où des pays attirent l’emploi des pays développés par l’absence de normes environnementales et de santé publique. On troque ainsi la santé du peuple contre le développement économique. Une forme de marchandisation des populations en quelques sortes!  

 

            On y apprend aussi que l’Arménie fut le premier pays chrétien, 300 ans avant Rome! « Les gaulois buvaient encore du sang dans des cranes humains alors que nous étions chrétiens! »

 

***

 

Bref, c’est un film qui offre à la fois une trame scénique – la relation père fille; une réflexion sur la situation des pays dans le nouvel ordre économique et géopolitique mondial; et un côté « grands explorateurs », car l’on découvre l’Arménie avec Anna. Mais découvrir un autre pays et une autre culture nous renvoie aussi une image de nous même et de notre culture par les yeux de l’autre. Ainsi, un businessman franco-arménien lui dira que dans le « communisme, si une tête dépasse tu te la fait couper… Ce n’est pas pour les entrepreneurs. En fait la France est le compromis idéal entre le communisme et le libéralisme américain qui n’offre pas de filet social en cas de malchance! »

 

Nous, nous avons la malchance d’être collé sur les États-Unis et de devoir de plus en plus nous coller à ce modèle pour ne pas payer une surprime sur notre économie alors que notre culture nous rapproche davantage du modèle social de Rhénan! (2) On est donc écartelé entre nos racines européennes et américaines et il nous faut résoudre cette équation au plus tôt, car l’immobilisme équivaut à un recul dans un monde en changement. Mais ce ne sera pas la souveraineté qui le résoudra, car certains leaders et ex-leaders souverainistes sont aussi tournés vers le modèle économique états-unien que privilégient les conservateurs canadiens. (3) Un de ces ex-leaders souverainistes, Lucien Bouchard, ne cesse d’ailleurs pas d’en remettre sur la question. (4) Mais, c’est d’abord une question de valeurs et de créativité, non pas de souveraineté, faut il le rappeler.

 

***

 

Un film intéressant même si, à quelques occasions, j’y ai trouvé un côté didactique et touristique.        

 

Notes :

 

1. Un peu comme Wal-Mart ou le profit se fait par la circulation rapide des marchandises sur les tablettes. Un produit qui ne s’écoule pas assez rapidement sera rapidement délesté par l’entreprise.

 

2. Albert, Michel, 1991, Capitalisme contre capitalisme, Paris: Seuil, l'histoire immédiate (aussi disponible dans la coll. Points Actuels)

 

3. St-Onge, J.-Claude, 2000, L’imposture néo-libérale, Montréal: écosociété

 

4. Après le manifeste des lucides (www.pourunquebeclucide.com) de l’an dernier…

 

 « L'ancien premier ministre Lucien Bouchard a beau avoir tiré un trait sur la vie politique, il a bien malgré lui participé à la rentrée parlementaire hier, en raison de propos tenus à TVA lundi. «On ne travaille pas assez. On travaille moins que les Ontariens, infiniment moins que les Américains! Il faut qu'on travaille plus», avait-il déclaré. » (Antoine Robitaille, Bouchard s'invite à la rentrée parlementaire, Le Devoir, mercredi 18 octobre 2006 : http://www.ledevoir.com/2006/10/18/120712.html )

 

Cette déclaration a fait des vagues tant dans les milieux politiques qu’académiques, car la productivité ne dépend pas seulement du travail. Mais, elle a satisfait les milieux d’affaires plus conservateurs…  qui voient probablement là une occasion de s’en prendre aux travailleurs et aux syndicats.

 

Hyperliens :

 

Union Européenne : http://europa.eu/

 

Sur l’Arménie :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9nie

www.netarmenie.com

www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/armenie_456/index.html

www.rsf.org/article.php3?id_article=10632

 

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12:08 East of Bucharest

 

Corneliu Porumboiu

Roumanie,  2006

89 min.; couleur; 35mm; roumain (s.t. anglais)

interprètes : Mircea Andreeseu, Teo Corban, Ion Sapdaru

 

La Révolution a-t-elle eu lieu ? Une petite ville de province s'apprête à fêter Noël 16 ans après le renversement du régime Ceausescu. Virgile Jederescu, patron de la télévision locale, veut organiser un débat télévisé pour répondre à une question qui le préoccupe depuis longtemps : sa ville a-t-elle réellement participé à la Révolution ? Mais il est difficile de confronter les citoyens à leur propre histoire à l'approche de Noël... Avec ironie et autodérision, Corneliu Porumboiu dresse le portrait insolite d'un pays peu enclin à se souvenir de son noir passé. La Révolution, et après ? La vie continue... Quelque part entre le réquisitoire politique et les Monty Python, 12:08 à l'est de Bucarest est un premier film surprenant, Caméra d'or au dernier Festival de Cannes.

 

Commentaires de Michel Handfield (27 octobre 2006)

 

Film sur un non événement autour d’un événement! Cynique et décapant. Le 22 décembre 2005, ça fait 16 ans qu’ont eu lieu les événements de Bucarest (Roumanie) : le renversement du régime Ceausescu. Un animateur de télé, Virgile Jederescu, se demande donc si sa petite ville a participé aux événements à sa mesure. Il a toutes les difficultés à constituer un plateau sur la question. 

 

Pour la caméra, c’est l’occasion de suivre différentes personnes qu’il tente d’intéresser dans leur vie quotidienne. Un des intérêts du film est donc ce regard sur des scènes de la vie quotidienne. Une des choses qui m’a frappé, c’est que celui qui fait ce show de télé n’a pas accès au vedettariat d’ici. Il a une vie très moyenne quand on regarde son appartement.

 

C’est aussi l’occasion d’une analyse du changement. Après avoir été si « structuré », sous la dictature de Ceausescu, on semble devenu quelque peu anarcho je-m’en-foutisme! Certains boivent même leur liberté jusqu’à la lie! 

 

Virgile aura finalement deux invités, mais peut être pas des plus crédibles et qui n’ont pas grand-chose à dire finalement. Cela donnera un show sur un non événement, car est-ce encore une révolution si les gens vont dans la rue après le fait? Finalement, l’oublie est peut être une bonne chose!

 

Mais si on n’a pas fait cette révolution,  ce n’est pas si grave finalement, car comme le remarquera un des deux invités dans un éclair de lucidité : a-t-on quitté une caverne (le communisme) pour une autre (le capitalisme)?   Une référence directe à l’allégorie de la caverne de Platon. (1) Décapant!

 

Note :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/All%C3%A9gorie_de_la_caverne

 

 

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Sur la trace d'Igor Rizzi

Noël Mitrani

Canada 2006; 91 min; couleur;  35mm;  français

interprètes. : Laurent Lucas, Pierre-Luc Brillant, Isabelle Blais

 

Samedi 21 Octobre, 15h15

 

Tout juste revenu de Toronto et Venise, ce premier essai de Noël Mitrani a le mérite d'avoir été tourné en toute indépendance sans aide à la production. Avec la grâce du 35 mm, Mitrani a tricoté une fable tranquille d'amour et de désespoir dans un Montréal enneigé, depuis longtemps absent de nos écrans. Le toujours parfait Laurent Lucas (flanqué d'une moustache!) interprète Jean-Marc, ancien footballeur français dévasté par la disparition de son ex d'origine québécoise. Réinstallé à Montréal, multipliant les petits coups foireux avec un ami, il attend un signe du destin et s'abandonne au souvenir de celle qu'il a aimée. Mais irait-il jusqu'à effacer un certain Igor Rizzi ?

 

Commentaires de Michel Handfield (16 octobre 2006, mis en ligne le 20)

 

Fable où se mêle le passé qu’il raconte, soit les événements qui l’ont conduit à Montréal, et sa vie actuelle, qui semble irréelle, car elle est davantage le fruit d’une fatalité que de choix pleinement conscients! En désespoir, il est venu à Montréal à la recherche de ce qu’il a perdu de plus précieux dans sa vie  et on le découvrira lentement à travers sa narration. 

 

Sa fragilité émotionnelle le rend cependant vulnérable. Il a donc un ami qui l’embarque dans des combines pour la survie. Combines qui le conduisent jusqu’à accepter un contrat pour éliminer un  certain Igor Rizzi! S’amorce alors un processus de réflexion chez lui. D’abord, sur l’essence de la société de marché : la vie d’Igor Rizzi contre le paiement de mes factures de loyer, de téléphone, d’électricité, etc. Le crime serait-il un sous produit de la société marchande? Une forme de pollution du système. On sait que ce n’est pas bon, mais le système en produit quand même! Il y a là une certaine fatalité : la survie versus la morale! Les beaux principes ne franchissent pas toujours l’épreuve de la réalité!

 

Ensuite, il entre lentement dans un processus introspectif sur ses propres valeurs et se pose indéniablement la question d’entre toutes : comment m’en sortir?  La réponse n’est jamais évidente. Quant à la ligne entre le bien et le mal, elle s’appelle la nécessité et le hasard! Nos choix dépendent parfois de bien peu. Combien de fois se justifient-on en disant « je n’avais pas le choix »? Combien disent « j’ai été chanceux que cette porte s’ouvre devant moi au bon moment »? Il y a une forme de fatalité. Mais ces choix et ces gestes que nous posons un jour, influenceront notre avenir à leur tour dans une réaction en chaîne.

 

Une interprétation philosophique sur la vie et les valeurs sociales. Film introspectif que j’ai aimé, tourné dans un Montréal l’hiver. Symbolique, car c’est l’arrêt, la déprime, avant la renaissance printanière.

 

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Liberté versus tradition

Ou commentaires autour de « Ces filles-là » (El-Banate Dol) de Tahani Rached et

« Le fugitif ou les vérités d’Hassan » de Jean-Daniel Lafond

Michel Handfield

 

18 octobre 2006 (Mis en ligne le 20)

 

            Par choix éditorial, j’ai décidé de traiter de ces deux films en même temps non parce que je les ai vu un à la suite de l’autre, mais parce qu’il y a une ligne entre eux : la question de la liberté versus la tradition, les coutumes et la morale.

 

Ces filles-là

 

Film sur la réalité de filles vivant dans les rues du Caire, en Égypte. Misère, pauvreté et violence semblent le lot de certaines filles à la maison, ce qui explique leur présence dans la rue, où elles se croient davantage en sécurité en bande! Et elles ont la présence rassurante de Hind, une femme musulmane, pratiquante et voilée, qui aide et défends ces filles, même si elle doit passer outre certaines barrières sociales et morales.

 

 Leur situation, et c’est ce qui m’a frappé, dénote d’abord un manque d’éducation autre que religieuse et traditionnelle, car la foi ne peut suppléer le manque d’éducation (sexuelle notamment) et de culture (incluant la culture scientifique). Des coutumes dépassées à nos yeux persistent, comme celle de l’enfant illégitime. Ainsi, la fille mère veut absolument qu’un des garçons qui a couché avec elle la marie et reconnaisse l’enfant qu’elle dit avoir eu de lui, sinon il n’aura pas d’acte de naissance, mais rien ne dit qu’il est vraiment le père. C’est ce concept d’enfant illégitime qui devrait être abandonné. Mais, ce n’est pas facile dans une société religieuse et traditionnelle. Même au Québec, à titre d’exemple, ce n’est qu’en 1977 que le gouvernement Lévesque (PQ) a fait disparaître « la notion d’enfants illégitimes ». (1) À peine 30 ans bientôt.   

 

 À la notion légale, s’ajoutent la coutume et l’usage. Son père est venu à quelques occasions à sa rencontre avec d’un long couteau pour lui ouvrir le ventre et extirper ce fruit du déshonneur, source de malheur pour la famille. Même une fois que le bébé est né, elle doit demeurer sur ses gardes, car si son père la voit il peut la tuer avec le bébé. Ceci me fait me demander si le retour à une éducation religieuse et conservatrice dans certains pays occidentaux ne pourrait pas  menacer certaines de nos libertés actuelles et nous ramener en arrière? La liberté religieuse, porte d’entrée d’un resserrement de nos libertés individuelles et civiles? La question mérite certainement réflexion.

 

Mais en même temps, c’est un film sur la beauté de la vie! Certaines ont l’espoir d’un avenir meilleur. De changer des choses. Sauf que l’espoir de mieux nous tient parfois et empêche la révolte!  Après « la religion, opium du peuple » (Marx), aurait-on « le rêve, opium du peuple! »  (Marketing!) Cela fait bien l’affaire des États parce qu’ils n’ont pas de questions à répondre; pas de révolte organisée; juste des drames personnels qui peuvent être balayés sous le couvert de problèmes familiaux, de délinquance, de troubles psychologiques et de problèmes d’immoralités!

 

La rue, mélange de vérités et de rumeurs, ce qui accentue le côté dramatique de ce film. La rue, espace de libertés et de craintes. Mais de la rue monte la rumeur et la révolte. Ces jeunes peuvent être la voie du changement face à un carcan idéologico-religieux qui les étouffe. Mais ils peuvent aussi être récupérés par des idéologues qui sauront les enrégimenter. Jeunesse qui peut faire croire au changement, mais jeunesse qui peut aussi faire craindre le pire et être récupéré par une droite ultrareligieuse au nom du salut. L’avenir dépendra de la capacité de l’État à se défaire du carcan religieux et à jouer un rôle de gardien des libertés civiles, par l’éducation notamment. (2) La démocratie ne peut passer que par là. Sauf que c’est le mouvement inverse qui s’amorce actuellement, même dans les démocraties : le religieux y revendique de plus en plus de place. Nouvel obscurantisme et triste retour au moyen âge? Cela peut faire craindre le pire.  

 

Le fugitif  ou les vérités d’Hassan

 

« Il y a une vie après l’Amérique » nous apprend David Belfield, alias Hassan Abdulrahman, vivant en Iran où il a fuit il y a 25 ans, après avoir assassiné, pour le compte des milieux islamistes, « Ali Akbar Tabatabai, ancien porte-parole du Shah à l’ambassade d’Iran soupçonné de participer à un coup d’État contre le gouvernement de la révolution islamique et son chef l’ayatollah Khomeiny. »

 

David Belfield, afro-américain d’origine, était très sensible aux conditions des noirs états-uniens des années 60 : une colonie tiers-mondiste au sein des États-Unis. Il fut des manifs de la fin des années 60 et du début des années 70, contestations qui impliquaient  un rejet du ségrégationnisme; le refus de la guerre du Vietnam; le rejet des valeurs capitalistes et une idéalisation du communisme, principalement d’Amérique du Sud. À cette contestation correspondaient parfois des conversions à l’islam, probablement en réaction à la droite chrétienne conservatrice. C’est justement à cette époque qu’un célèbre noir états-unien, Cassius Clay, a aussi rejoint la Nation de l'islam et changé de nom pour Mohammed Ali! (1)

 

Les « leaders » de l’époque savaient canaliser les insatisfactions et soulever la colère des noirs et des musulmans pauvres des États-Unis. C’était le temps des, Black Panthers (2), de Martin Luther King (3) et de Malcom X (4) sur cette terre et de Che Guevara (7) plus au Sud. Quant à la police, elle ne ménageait pas les manifestants. Tabassage et coups de feu à la clef : certains ont même reçu une balle dans le dos. C’était des assassinats politiques, ce qui justifiera le recours à la militance violente de certains. Ce fut le cas de David Belfield, pour qui il est clair que si l’on franchit la ligne tracée par le gouvernement, la « game » devient « kill or be killed » : tuer ou être tué! Le meurtre ou l’attentat politique sont alors justifiables à défaut d’être justifiés.

 

Un détail est cependant important : la Foi est plus grande que l’ethnie ou la nationalité dans l’Islam, car l’Islam est la Nation de tous les musulmans. La raison religieuse devient raison d’État et c’est dans ce contexte culturel que se comprend le geste de Belfield, alias Hassan Abdulrahman. Pour lui, le meurtre dont il est accusé depuis 25 ans est un acte de défense de la nouvelle république islamique d’Iran! Il ne fut que l’instrument de cette autodéfense. D’ailleurs, les régimes politiques, démocratiques ou non, tuent qui ils veulent, car leur intérêt est plus grand que celui des individus. C’est ce que l’on appelle la raison d’État!

 

Mais s’il avait plutôt été une victime? Si c’était un coup monté? S’il avait été manipulé? Des faits sont troublants dans cette histoire. Notamment que les otages états-uniens en Iran aient été libérés avec l’arrivée des conservateurs de Ronald Reagan aux États-Unis. Pour certains intervenants qu’a interviewés Jean-Daniel Lafond, ce n’était pas un hasard si la libération des otages s’est faite avec Ronald Reagan et non avec Jimmy Carter, car la droite Iranienne a des liens avec la droite états-unienne (voir l’addendum). Conservateurs et religieux ont souvent des valeurs communes. Regardez avec quel empressement « le  gouvernement Harper veut renforcer les droits religieux » (6), ce qui en dit beaucoup. Alors, que l’élimination d’un complot contre la révolution islamique d’Iran ait fait partie des négociations entre les conservateurs états-uniens et iraniens pour libérer les otages états-uniens en Iran fait partie des hypothèses sérieuses que soulève ce film.

 

En fait, c’est un excellent documentaire sur un pan particulier de l’histoire contemporaine, qui prend une nouvelle importance dans le cadre de la montée des mouvements religieux, parfois extrémistes, d’aujourd’hui. Le danger de ces mouvements est qu’ils sont de moins en moins sous contrôle de guides spirituels qui ont la capacité de les encadrer et sont de plus en plus vulnérables à des leaders charismatiques dont l’agenda politique ne correspond pas toujours à des objectifs spirituels et pacifiques. Ces mouvements ont toujours existé, mais depuis la crise iranienne ils ont connu une accélération. Des pays se proclament religieux et le pouvoir états-unien n’y échappe pas depuis l’arrivée des chrétiens fondamentalistes à la maison blanche sous George W. Bush. (7)

 

Une des conclusions du film est que la grande victime de la révolution iranienne est l’Islam! Moi je dirais le peuple! Le peuple qui perd ses droits au nom d’un nouveau conservatisme, que ce soit en Iran, aux États-Unis ou ailleurs dans le monde, car il y perd sur deux tableaux à la fois. D’abord, sur celui de sa liberté de penser, car les religions reviennent aux dogmes et imposent de plus en plus leur façon de penser, même contre la science, avec l’aide des conservateurs. Le créationnisme fait d’ailleurs partie de cette conspiration religieuse (8) et le Pape Benoît XVI n’y échappe pas. Ensuite, l’individu perd sur le tableau des libertés individuelles, avec la montée de la société sécuritaire en réponse au terrorisme religieux, car Dieu est maintenant prétexte à la libération au même titre que Marx le fut avant lui! Mais la libération, pourquoi et pour qui? Pour élever de nouveaux idéologues peut-être!

 

Addendum :

 

Deux des personnes rencontrées dans le film sont Joseph Trento, journaliste d’enquêtes spécialisé en questions d’espionnage, et Gary Sick, ancien conseiller spécial en matière de Sécurité pour Jimmy Carter. Voici des références à leurs sujets :

 

Trento's Column:

 

www.storiesthatmatter.org/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=19&Itemid=29

 

Gary Sick:

 

http://en.wikipedia.org/wiki/Gary_Sick

 

Gary G. Sick, 1992, October Surprise: America's Hostages in Iran and the Election of Ronald Reagan. J’ai bien trouvé un nom d’éditeur pour ce livre, mais comme je n’ai pu le contre-vérifier sur le site de l’éditeur en question je ne l’ai pas écrit. Peut être que ce livre est épuisé. Bonne chance dans vos recherches s’il vous intéresse, que ce soit en livre neuf ou usagé.

 

 Notes :

 

Ces filles –là

 

1. L’Histoire des femmes au Québec, p. 528 et 533, cité sur le site http://pages.infinit.net/histoire/femmes6.html. L’encyclopédie canadienne (www.thecanadianencyclopedia.com), elle, nous apprend que ce n’est que « Le Code civil du Québec de 1982 [qui] abolit la notion d'illégitimité. » (Famille, droit de la, in www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=f1SEC849914)        

 

2. L’éducation c’est plus que l’école. Elle peut aussi se faire par les médias d’État.

 

Le fugitif

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cassius_Clay

 

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Black_Panthers

 

3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Luther_King

 

4. http://fr.wikipedia.org/wiki/Malcom_X

 

5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Che_Guevara

 

6. Hélène Buzzetti et Alec Castonguay, Le gouvernement Harper veut renforcer les droits religieux,  Le Devoir, jeudi 5 octobre 2006 : www.ledevoir.com/2006/10/05/119821.html

 

7. A ce sujet, je pense, entre autres, aux textes suivants :

 

Laurent, Éric, 2003, Le monde secret des Bush, France/Canada : Plon/Transcontimental

 

Lapham, Lewis H., Tentacles of Rage. The Republican propaganda mill, a brief history (Essay), in Harper's Magazine, September 2004

 

Lapham, Lewis H., The Case for Impeachment Why we can no longer afford George W. Bush, in Harper's Magazine, March 2006

 

McKibben, Bill, The Christian Paradox. How a faithful nation gets Jesus wrong (Essay), in Harper's Magazine, August 2005

 

Reports: Soldiers of Christ, Part I, Inside America's most powerful megachurch, by Jeff Sharlet; Part II, Feeling the hate with the National Religious Broadcasters, by Chris Hedges, in Harper's Magazine, May 2005

 

8. Chapman, Matthew, Letter from Pennsylvania: God or Gorilla. A Darwin descendant at the Dover monkey trial, in Harper's Magazine, February 2006

 

Résumé des documents de presse:

 

Ces filles-là (El-Banate Dol) de Tahani Rached

 

Première montréalaise le samedi 21 octobre dans le cadre du Festival du nouveau cinéma. Il prendra l’affiche à Montréal en décembre.

 

Le samedi 21 octobre à 15h15 au Cinéma Impérial

Le dimanche 22 octobre à 19h15 au Fellini (Ex-Centris)

 

Sélectionné au Festival de Cannes, au Festival du film francophone de Namur, au Festival international du film de Rio, au New York Film Festival et lauréat du prix du documentaire au Festival d'Ismalia en Égypte.

 

Ces filles-là (El-Banate Dol) est un long métrage documentaire qui nous plonge dans l'univers d'adolescentes qui vivent dans les rues du Caire, un univers de violence et d'oppression, tout comme de liberté.  C'est aussi l'histoire de la rencontre de Tata, Mariam, Abir et Donia avec Hind, une femme musulmane, pratiquante et voilée.  Son engagement envers les filles la conduira  à transgresser barrières sociales et interdits.

 

Née en Égypte et établie au Canada depuis 1966, Tahani Rached a œuvré au sein de l’Office national du film pendant près de vingt-cinq ans et a réalisé plusieurs documentaires acclamés dont Les Voleurs de jobs (1979), Au chic resto pop (1990), Médecins du cœur (1993) et Soraida, une femme de Palestine (2004). Elle a fréquenté les jeunes filles célébrées dans son documentaire pendant plusieurs semaines avant de capter sur pellicule leur bouleversant quotidien.

 

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LE FUGITIF OU LES VÉRITÉS D’HASSAN de Jean-Daniel Lafond

EN SALLES AU QUÉBEC À COMPTER DU 29 OCTOBRE

Projections  pendant le Festival du nouveau cinéma au Fellini (Ex-Centris) le vendredi 20 octobre à 19h15 et le samedi 21 octobre à 13h25

 

À Washington, au cours de l’été 1980, David Belfield assassine Ali Akbar Tabatabai, a ncien porte-parole du Shah à l’ambassade d’Iran soupçonné de participer à un coup d’État contre le gouvernement de la révolution islamique et son chef l’ayatollah Khomeiny. Le film retrace l’histoire de ce jeune Afro-américain qui prend brutalement conscience de la politique de son pays face aux conflits raciaux et à l’islam. Ainsi naît sa colère et sa révolte contre l’oncle Sam, au début des années 70, dans la foulée des Black Panthers, et avec la montée de l’islam dans la communauté noire. Réfugié en Iran depuis 25 ans, David Belfield est aujourd’hui encore sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI.

 

LE FUGITIF ou les vérités d’Hassan nous met en présence d’Américains qui interrogent la politique intérieure et extérieure de leur pays et son implication au cœur du conflit entre l’Occident et le monde islamique. Les propos de Joseph Trento, journaliste d’enquête spécialiste des questions d’espionnage, ceux de Gary Sick, ancien conseiller spécial du président Carter pour la Sécurité, ou ceux du frère jumeau de la victime soulèvent des questions cruciales à propos de possibles convergences entre les tenants du pouvoir en Iran et leurs homologues à Washington. Explorant à la fois le réseau de la violence d’État, la manipulation possible du terrorisme et les arguments d’un meurtrier sans remords devenu un accusateur qui n’a plus rien à perdre, LE FUGITIF ou les vérités d’Hassan tente de comprendre l’un des enjeux cruciaux de notre époque.

 

Jean-Daniel Lafond, cinéaste documentariste, est né en France où il a été professeur de philosophie, chercheur et critique de cinéma. Professeur invité à l’Université de Montréal en 1974, il a choisi de rester au Québec et de devenir citoyen canadien en 1981. Il se consacre alors entièrement au cinéma, à la radio et à l’écriture. Il a scénarisé et réalisé une douzaine de films dont Tropique Nord, Salam Iran : une lettre persane et Le Cabinet du Dr Ferron. Il est également le cofondateur et ancien président des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal. Parallèlement au cinéma, il a développé une œuvre radiophonique originale (France-Culture et Radio-Canada) et a publié plusieurs livres, dont le plus récent, en collaboration avec Fred Reed, Conversations à Téhéran, sortira cet automne aux Éditions Les 400 Coups. Il est l’époux de Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean, Gouverneure générale du Canada.

LE FUGITIF ou les vérités d’Hassan est une production de Nathalie Barton pour InformAction Films. Établie à Montréal, InformAction Films est une société de production de documentaires parmi les plus dynamiques du Canada. Reconnus par de nombreux prix, les films produits par InformAction font le point sur des enjeux sociaux ou politiques majeurs. Ils portent un éclairage particulier sur les aspects artistiques et culturels de notre monde. Ils relèvent des démarches personnelles et des prises de position critiques de quelques-uns des meilleurs cinéastes du Canada.

 

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Index

 

Les Films

 

Congorama de Philippe Falardeau

En salle le 20 octobre

Montréal, 28 septembre 2006 – Présenté à la prestigieuse Quinzaine des réalisateurs de Cannes, au Festival du film de Toronto, et lauréat à Halifax la semaine dernière du prix du meilleur long métrage canadien du 26e Festival du film de l’Atlantique, Congorama prendra l’affiche le 20 octobre.   Auparavant il est projeté, le mercredi 18 octobre, en film d’ouverture du Festival du Nouveau cinéma.
 
Écrit et réalisé par Philippe Falardeau, Congorama a été produit par Luc Déry et Kim McCraw de micro_scope, en coproduction avec Tarantula Belgique et Tarantula France. Ce film met en vedette Olivier Gourmet, Paul Ahmarani, Jean-Pierre Cassel, Lorraine Pintal, Gabriel Arcand, Marie Brassard, Janine Sutto et Henri Chassé.
 
Congorama, c’est l'histoire de Michel, un inventeur belge marié à une Congolaise. À l'âge de 41 ans, il apprend qu'il est adopté et qu'il est né dans une grange au Québec. Michel se rend à Sainte-Cécile pour chercher sa famille. Sur la route, il croise un homme au volant d'une étrange voiture hybride. Ils sont victimes d'un accident qui changera leur vie ainsi que l’avenir de l’industrie automobile.

Après des études en sciences politiques, Philippe Falardeau réalise 20 courts métrages pour La Course destination monde diffusée à Radio-Canada. En 2000, son premier long métrage de fiction, La Moitié gauche du frigo, remporte plusieurs prix et obtient un vif succès au pays et sur le circuit des festivals internationaux. Le film obtient le Prix City TV du Meilleur premier long métrage canadien au Toronto International Film Festival. Congorama est son deuxième long métrage.
 
La direction de la photographie de Congorama est signée par André Turpin, la direction artistique par Jean Babin, le montage est de Frédérique Broos et la musique originale de Jarby McCoy. C'est Christal Films qui distribue le film au Canada tandis que la compagnie britannique The Works assure les ventes internationales.
  

Distribution :

 

Olivier Gourmet — Michel Roy

Paul Ahmarani — Louis Legros

Jean-Pierre Cassel — Hervé

Gabriel Arcand — Curé

Lorraine Pintal — Lucie

Claudia Tagbo — Alice

Arnaud Mouithys — Jules

Guy Pion — Collignon

Jeannine Sutto — Sœur Lafrance

Marie Brassard — Madeleine Longsdale

Henri Chassé — Ministre de l’Energie

 

Commentaires de Michel Handfield (12 octobre 2006, mis en ligne le 20)

 

Un film sur la difficulté d’être le fils de, car on n’est jamais un copier/coller de nos parents. On a tous une part de génétique; une part d’influences extérieures, comme notre réseau social (les amis) et les institutions de socialisation (l’école, la radio et la télé); et une part de soi qui détermine ce que l’on accepte et ce que l’on refuse. Notre libre arbitre.

 

Michel, Ingénieur R&D belge, représente un coût pour son employeur et ami de la famille, car il n’est pas immédiatement rentable! On lui dit même qu’il est là par redevance à son père qui a donné des contacts à l’entreprise il y a longtemps. Mais une autre tuile l’attend : son père, paralysé et qui ne parle plus, lui remets des lettres anciennes qui lui apprennent son adoption. C’est le premier choc. Le second est qu’il apprend qu’il vient d’un petit village du Québec : Sainte Cécille. Il part donc à la recherche de ses racines, ce qui n’est pas évident, car ce fut une « adoption clandestine ».

 

C’est là le premier point de vue de ce film. Un second point de vue sera celui de Louis Legros, qui lui donne un « lift » dans ce qui s’avère être une voiture hybride. Un accident aura cependant des conséquences insoupçonnées sur leur vie et sera le départ de la même histoire du point de vue de Louis. Le troisième acte sera l’après…. 

 

            Un film sur la quête d’identité : biologique ou culturelle? La transmission des valeurs : par l’éducation ou le sang? Sur l’invention : y a-t-il un temps pour inventer les choses? Trop tôt on passe au mieux pour un rêveur, au pire pour un charlatan! La vie, une succession de mensonges et de vérités, souvent de méconnaissance!

 

Un film particulier, car si on a toute l’information pour comprendre les non-dits, les personnages, de leur point de vue, n’ont pas accès à toute l’information. Ils font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont, comme nous dans la vie. Un film à voir et qui vous suivra après sa projection, car j’en ai encore des flashs!

 

Un film qui soulève des questions sociales et politiques sur notre société; autant son histoire, avec les questions de la religion, l’adoption et les normes sociales, que sa modernité, avec la trame construite autour de la voiture électrique et l’Électricité Nationale, clone d’Hydro-Québec! Un film qui recycle des informations parcellaires, sur la voiture électrique et le moteur roue par exemple,  en questions d’intérêts.  

 

Hyperliens :

 

www.radio-canada.ca/television/notre_cinema/nos_films/index.asp

 

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RENAISSANCE

Sortie : vendredi 13 octobre 2006

 

Réalisateur :  Christian Volckman

Distribution :  Robert Dauney, Crystal Sheperd-Cross

 

2054.  Dans un Paris labyrinthique où chaque fait et geste est contrôlé et filmé, Ilona Tasuiev, une jeune scientifique jalousée par tous pour sa beauté et son intelligence, est kidnappée.  Avalon, l'entreprise qui emploie Ilona, fait pression sur Karas, un policier controversé, spécialisé dans les affaires d'enlèvement, pour retrouver au plus vite la disparue... 

 

Commentaires de Michel Handfield (12 octobre 2006)

 

Film  noir! Étouffant, car en 2054 la ville est devenue étouffante, la société aussi. Le film me l’a très bien fait sentir dès les premiers instants.

 

Film d’animation en noir et blanc, sauf de rares occasions où il y a des touches de couleur, ce qui ne peut que contribuer à l’ambiance glauque du tout! Très bien fait.

 

L’avenir ne semble pas rassurant pour les citoyens, pris entre la société programmée et le contrôle par des entreprises intégrées comme Avalon. On est dans une société de verre et de noir! On cherche à tout voir. Les rues à multi paliers sont même de verre. Quelques coins alternatifs sont encore hors contrôles, mais la pieuvre sécuritaire s’y infiltre. (1)  En apparence on vise la société transparente. Je dis bien en apparence, car le Pouvoir n’est pas plus transparent qu’autrefois par contre. Ses moyens de contrôle et de pression se sont raffinés. Si l’individu n’échappe plus aux contrôles, ceux qui ont les moyens de ce contrôle, comme la grande entreprise et ses protégés, lui échappent encore et peuvent faire leurs tractations en toute impunité! Ils ont même leurs entrées dans les sphères politiques, car la toile de contrôle implique leur partenariat.    

 

On est dans la prospective de ce que pourrait devenir la société de demain, construite sur la base de l’idéologie néolibérale d’aujourd’hui. Au nom du libre marché on laisse croître des entreprises au point qu’elles deviennent des oligopoles qui contrôlent le marché, pour ne pas dire qu’elles ne deviennent pas le marché! (2) Mais plus profondément encore, on est dans la quête du pouvoir ultime : le contrôle du vivant et de l’immortalité à des fins commerciales! Si l’on se croît dans un thriller, nous retrouvons une question philosophique essentielle à la clef : quel est le sens de la vie? Une critique sociale sous couvert de thriller. Tordu, mais loin d’être dénudé de sens et d’intérêts. Pour une expérience différente, c’est un film noir à voir.

 

Notes :

 

1. Wacquant, Loïc, 2004, Punir les pauvres, Le nouveau gouvernement de l’insécurité sociale, France : Agone

 

2. Barry C. Lynn, Breaking the Chain. The antitrust case against Wal-Mart, Harper’s, July  2006.  

 

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Cheech
 

Un film de Patrice Sauvé à l'affiche dès le 6 octobre

 

Produit par Nicole Robert de Go Films, Cheech met en vedette Patrice

Robitaille, François Létourneau, Anick Lemay, Maxime Denommée, Fanny Malette, Maxime Gaudette et Gilles Renaud.  Adapté de la pièce de théâtre éponyme qui a connu un vif succès, Cheech est la première incursion au grand écran du réalisateur des succès télévisés La Vie, la Vie, Grande Ourse ainsi que du scénariste François Létourneau à qui l'on doit Les invincibles au petit écran.  En plus d'avoir été sélectionné dans la section « CANADA FIRST! » du Festival international du Film de Toronto, le film sera présenté au Festival international du film de Vancouver, au Festival international du film de Rio (Brésil), au Festival international du film Starz Encore de Denver, et sera en compétition au Festival international du film francophone de Namur.  Distribué par Alliance Atlantis Vivafilm, Cheech prendra l'affiche partout au Québec le 6 octobre.  À Montréal, la grande première tapis rouge aura lieu le lundi 2 octobre à la Place des Arts en présence de toute l'équipe du film.

 

Ron (Patrice Robitaille) essaie d'être heureux. Propriétaire d'une petite agence d'escortes, il découvre qu'il a été cambriolé et que son « BOOK » de filles a été volé. Est-ce Cheech, son grand rival, qui aurait engagé un homme pour planifier ce vol? Jenny (Anick Lemay), la plus populaire de ses filles, lui assure fermement sa fidélité, mais l'est-elle vraiment? Olivier (François Létourneau), en dépression, fait appel à l'agence suivant les excellentes recommandations de son voisin Alexis (Maxim Gaudette). Ron lui envoie Stéphanie (Fanny Mallette), au bord... du suicide! Maxime (Maxime Denommée), nouveau bras droit de Ron, aime secrètement Stéphanie et est prêt à tout pour l'aider...

 

Cheech, c'est une journée chaotique dans la vie de six personnes dont le destin s'entrecroise de façon inattendue. Leur quête du bonheur finira par les révéler les uns aux autres sous un jour insoupçonné.

 

Produit par Nicole Robert de Go Films et distribué par Alliance Atlantis Vivafilm, Cheech  prendra l'affiche partout au Québec le 6 octobre 2006.

 

www.vivafilm.com 

 

Commentaires de Michel Handfield (23 septembre 2006, mis en ligne le 4 octobre 2006)

 

            Une journée de décembre marquée au calendrier de Ron : le 16! À une semaine de Noël. Le temps des dépressions (1), ce qui marque d’ailleurs ce film. C’est gris. Encore plus gris même, car on est dans un monde parallèle : celui des escortes, forme légalisée de prostitution! Elles accompagnent et divertissent des gens qui les paient bien. Discrétion assurée bien entendu!  

 

            C’est un marché où la compétition est féroce. La petite agence fait face à la grosse, bien organisée, avec un marketing efficace. Cheech, le concurrent, c’est le supermarché du cul de classe mondiale. Ron, lui, n’a même pas de site internet : « ça fait amateur mon Ron » lui dira un client corporatif qui veut des filles pour un congrès! 

 

            Mais il a de l’ambition Ron. C’est un débrouillard. Il fait ce qu’il faut, car il veut arriver au sommet. Il apprend l’anglais et  travaille son « Moi » avec des cassettes populaires; « Anglais faciles » et « pop-psycho » que l’on retrouve dans le commerce. Il n’a pas de temps à perdre à consulter. Il doit être productif, la concurrence est féroce, le milieu une jungle. De quoi paranoïer!

   

            On est ici dans une comédie – une fable! - dramatico psychologique! Au cœur des névroses de Ron, le propriétaire de la petite agence d'escortes qui voudrait se faire boeuf; des clients; et des filles, particulièrement  de Stéphanie la « suicidaire » et de Jenny, la « successful », qui mène une double vie pour le plaisir et l’adrénaline que cela lui procure! Elle a besoin d’aller à 100 à l’heure alors que son « chum » est le maître de la valse-hésitation.

 

            Ces individualités, parfois perdues, parfois tordues, se connaissent et se côtoient en cette journée du 16, une des journées les plus courtes et les plus sombres de l’année à quelques jours de Noël. Une période difficile pour névrosés de tous genres. On en est les témoins.

 

            Si les drames psychologiques vous intéressent, on suit ici différents  parcours  de vie qui se croiseront en cette journée. Leur passé, leur être, leurs peurs et leurs espoirs les conduiront à des destins plus ou moins tragiques qu’ils n’avaient pas prévus à leur réveil ce matin là. Journée à marquer d’un X sur le calendrier des acteurs impliqués!   

 

Note :

 

1. www.kino-quebec.qc.ca/blues.asp
 
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The U.S. vs. John Lennon

Un film de David Leaf  & John Scheinfeld

Documentaire de 99 minutes. Sortie le 29 septembre à Montréal

www.theusversusjohnlennon.com/site/

 

Commentaires de Michel Handfield (28 septembre 2006)

John Lennon, rebelle, connu et politisé avec une tribune : ses chansons et sa popularité, car il est un des membres des Beatles! Nixon le considère donc dangereux et il est dans la mire des services d’État : FBI et CIA. On tentera même de l’extrader des États-Unis, car il vivait à New-York avec Yoko Ono! 

 

John savait très bien utiliser son pouvoir et sa popularité dans la contre-culture pour s’opposer aux politiques États-uniennes de la droite Nixonnienne! « Peace », « Power to the people » et « War is over if you want it » chantent la contestation. On le chante dans la rue et les rassemblements contre la guerre du Vietnam. Il est des spectacles engagés. Ça sent le réveil politique et le changement, sauf que les jeunes ne votent pas et Nixon sera réélu! On apprendra plus tard toute la corruption entourant ce gouvernement, ce qui a même forcé le Président à résigner de son poste au cours de son second mandat. « A criminal presidency » dira d’ailleurs un des intervenants de ce film au sujet de la présidence de Nixon.

 

Un documentaire intéressant sur un Lennon politique – un des protagonistes du film dira d’ailleurs de lui «  intellectual force behind the arguments » -  qui s’opposait au pouvoir républicain et à la guerre. Un des points culminants pour nous fut le « bed in » de John et Yoko à Montréal, qui donna la chanson « Give peace a chance »! 

 

Malgré le temps qui a passé, car ce film débute avec la période des Beatles jusqu’à son assassinat le 8 décembre 1980, John Lennon est resté actuel. On pourrait même faire des parallèles avec la période présente. Dans les deux cas les Républicains étaient au pouvoir avec une guerre qui perd en popularité en arrière plan : le Vietnam pour Nixon et l’Irak pour Bush! Reste à voir ce qu’il adviendra à l’élection. Les opposants iront-ils aux urnes cette fois-ci ou feront-ils comme à l’époque? À moins que ce ne soit le système démocratique États-Uniens qui ne soit déficient et que la présidentielle ne corresponde pas à la volonté populaire. L’élection présidentielle de l’an 2000 ne fut peut pas accidentelle, mais un vice du système électoral.  

 

Quoi qu’il en soit c’est un film à voir pour la vision politique et le génie de John. C’était un être de talent et conséquent. À sa mémoire « Give peace a chance and Imagine! »

 

Synopsis:

 

An increasingly unpopular war and a restive public …

 

A presidential administration engaged in secret surveillance and wiretapping…

 

A world-famous musician who speaks out in protest … and comes under fire

 

Before Iraq, before the Bush Administration, before the Dixie Chicks, Bruce Springsteen, and Pearl Jam … there was John Lennon, the celebrated musical artist who used his fame and his fortune to protest the Vietnam War and advocate for world peace.  In the new Lionsgate and VH1 documentary, THE U.S. VS. JOHN LENNON, filmmakers David Leaf and John Scheinfeld trace Lennon’s metamorphosis from lovable “Moptop” to anti-war activist to inspirational icon as they reveal the true story of how and why the U.S. government tried to silence him.

 

Primarily focusing on the decade from 1966-1976, THE U.S. VS. JOHN LENNON places Lennon’s activism - and the socio-political upheaval it represented - in the context of the times.  It was one of the most fractious periods of American history, dominated by the Vietnam War; the rise of antiwar, civil rights, New Left and other political movements challenging the status quo; the Nixon presidency; revelations of government deception, surveillance and harassment; and Watergate.  The film features a large and diverse array of the era’s notable figures, men and women who bear immediate and authoritative witness to specific events as well as to the prevailing climate.  Among them: African-American political activists Angela Davis and Bobby Seale; journalists Carl Bernstein and Walter Cronkite; Nixon Administration officials G. Gordon Liddy and John Dean; Vietnam veteran and antiwar activist Ron Kovic; the eminent American historian/novelist Gore Vidal; former New York Governor Mario Cuomo; and three-term Senator and Democratic Presidential candidate George McGovern.

 

But it is John Lennon himself who is the documentary’s preeminent voice and galvanizing central presence.  With Lennon’s own music providing subtly incisive narration, the film captures a public and private Lennon that many viewers may not know: a principled, funny, and extraordinarily charismatic young man who refused to be silent in the face of injustice.  Yoko Ono, Lennon’s wife, creative collaborator and partner in their campaign for peace, has given the filmmakers unprecedented access to the Lennon-Ono archives, enabling them to draw upon never-before seen or heard audiovisual materials in telling their story.  And in a series of in-depth interviews, Ono shares her personal memories, evoking as no one else can the realities of the couple’s daily lives; their hopes and happiness; and their long ordeal at the hands of the U.S. government.

 

Scrupulously researched and vividly illustrated, THE U.S. VS. JOHN LENNON illuminates a little-known chapter of modern history, when a president and his administration used the machinery of government to wage a covert war against the world’s most popular musician.  Exploring an era roiled by many of the same issues confronting us today, THE U.S. VS. JOHN LENNON delivers a tale that speaks powerfully to our own unsettled times.

 

THE U.S. VS. JOHN LENNON is produced, directed and written by David Leaf and John Scheinfeld.  Executive producers Kevin Beggs, Sandra Stern, Tom Ortenberg, Nick Meyer, Sarah Greenberg,, Tim Palen, Steve Rothenberg, Erik Nelson, Michael Hirschorn, Brad Abramson, and Lauren Lazin.

 

TIMELINE OF RELEVANT EVENTS (Tiré des notes de presse)

 

February 9, 1964 - The Beatles make their first appearance on “The Ed Sullivan Show.”

 

August 7, 1964 – At the request of the Johnson administration, Congress passes the Gulf of Tonkin Resolution authorizing U.S. armed forces to repel armed attacks.  Based on the Johnson’s administration’s claim that North Vietnamese soldiers had attacked a U.S. gunboat – a claim that has largely been discredited - the Resolution effectively allows the U.S. to send forces to Vietnam.

 

April 17, 1965 – 25,000 people participate in an anti-Vietnam War demonstration in Washington D.C., the largest antiwar protest the capitol had yet seen.  

 

July 28, 1965 – President Lyndon Johnson announces plans to send 44 more battalions to Vietnam, increasing the number of military personnel to 125,000.  Monthly draft call-ups are doubled. 

 

October 1966 –Huey P. Newton and Bobby Seale found the Black Panther Party for Self-Defense in Oakland, CA.  Founded on principles of black nationalism and self-determination, the party goes on to work with an array of leftist groups, including the Students for a Democratic Society (SDS), the Youth International Party (Yippies), the Puerto Rican Young Lords of New York, and the Peace and Freedom Party of California. 

 

June 1, 1967 – Vietnam veteran Jan Crumb and six fellow veterans found the antiwar group Vietnam Veterans Against the War.

 

October 22, 1967 – Over 100,000 people participate in the March on the Pentagon to demand an end to the Vietnam War.  Among them are future Yippies Abbie Hoffman, Stew Albert and Jerry Rubin, who introduce some humor to the earnest gathering with an absurdist attempt to levitate the Pentagon.  

 

December 31, 1967 – Paul Krassner comes up with a name for the merry band of political provocateurs consisting of himself, Abbie Hoffman, Anita Hoffman, Jerry Rubin, and Stew Albert, among others: the Yippies.  Anita Hoffman suggests an official-sounding name for the group: the Youth International Party. 

 

January 30, 1968 – North Vietnam launches the Tet Offensive, targeting cities held by the U.S. and South Vietnam.

 

March 31, 1968 – President Lyndon Johnson, his popularity faltering due to the Vietnam War, announces he will not seek re-election. 

 

August 28, 1968 – Violence erupts at the Democratic National Convention in Chicago, as police attack antiwar demonstrators, bystanders and news reporters in full view of national news cameras. 

 

November 5, 1968 – Former Vice President Richard Nixon is elected president, narrowly defeating Vice President Hubert H. Humphrey.

 

March 20, 1969 – John Lennon and Yoko Ono are married in Gibraltar.

 

November 12, 1969 – Investigative reporter Seymour Hersch publishes the first newspaper story about the March 1968 My Lai Massacre, during which an Army infantry murdered approximately 500 South Vietnamese civilians, mostly women, children, babies and the elderly.  Support for the war erodes even further.

 

November 15, 1969 – Between 250,000-600,000 protestors participate in the Washington “Moratorium,” the largest single antiwar demonstration in U.S. history. 

 

May 4, 1970 – Four college students are gunned down and nine others are wounded by the Ohio National Guard on the Kent State University campus. The students were demonstrating against the American invasion of Cambodia which President Richard Nixon launched on April 25, and announced in a television address five days later.

 

June 13, 1971 – The New York Times begins publishing excerpts from the “Pentagon Papers,” the top-secret 47-volume government study of U.S. involvement in Vietnam commissioned by Robert McNamara in 1967 and completed in 1969.  The excerpts, which exposed deceptive practices by the government, increase public anger about the war.  President Nixon’s Justice Department seeks a court injunction to prevent further publication, a move that is ultimately rejected by the Supreme Court.

 

June 17, 1972 – Five men are arrested at the office complex of the Watergate Hotel for attempting to break into the headquarters of the Democratic National Committee.  The burglary is later traced back to the Nixon White House and the Committee to Reelect the President (CREEP), revealing a scheme to sabotage the Democratic presidential campaign. 

 

November 7, 1972 – President Nixon is reelected to a second term, defeating Democratic nominee George McGovern in a landslide.

 

January 27, 1973 – The Paris Peace Accords are signed, clearing the way for U.S. military forces to leave Vietnam.

 

May 17, 1973 – The Senate Watergate Committee convenes its investigation into the Watergate break-in and the ensuing cover-up.  The hearings are televised through August 7th.

 

July 27, 1974 – Congress recommends the first of three articles of impeachment, for obstruction of justice, against President Nixon.

 

August 8, 1974 – In a nationally televised speech, President Nixon announces his resignation, effective at noon the following day.

 

May 1, 1975 – The South Vietnamese government in Saigon falls to the North.

 

July 27, 1976 – John Lennon receives his green card in New York City.

 

December 8, 1980 – John Lennon is shot and killed outside his home, the Dakota, in New York City.

 

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La Doublure

Un film de Francis Veber

www.ladoublure-lefilm.com

 

Sortie: 29 septembre 2006 partout au Québec
Avec : Gad Elmaleh, Daniel Auteuil, Alice Taglioni
Durée : 1h25

Synopsis:

Surpris par un paparazzi avec Elena, sa maîtresse, un top model superbe, le milliardaire Pierre Levasseur tente d'éviter un divorce sanglant en inventant un mensonge invraisemblable. Il profite de la présence sur la photo, d'un passant, François Pignon, pour affirmer à sa femme qu’Eléna n'est pas avec lui, mais avec Pignon.

 

Pignon est voiturier. C'est un petit homme modeste. Levasseur, pour accréditer son mensonge, est obligé d'envoyer la trop belle Eléna vivre avec Pignon. Elena chez Pignon, c'est un oiseau de paradis dans un H.L.M. Et aussi une mine de situations.

 

Commentaires de Michel Handfield (28 septembre 2006)

 

Ce film s’ouvre sur une présentation à l’états-uniennes, avec musique de Chuck Berry.  Ce n’est pas un film « américain », mais il n’est pas totalement « Français » dans sa facture. Ce peut être déroutant pour certains. C’est un film davantage international même s’il se passe à Paris. En fait, il pourrait aussi bien se passer à New-York, Montréal ou Tokyo. Un film commercial diront certains, mais ce n’est pas désagréable. Au visionnement de presse auquel j’ai assisté, les journalistes ont ri de bon cœur à quelques occasions.

 

C’est une comédie de situation sur les différences de classes et la guerre des sexes, où Monsieur n’a pas le dessus, car sa maitresse, Elena, mannequin vedette, est indépendante et surtout brillante. Quand il lui proposera un arrangement financier pour faire passer la chose qu’il lui propose, la faire cohabiter avec le quidam qui était par hasard sur la photo en même temps qu’eux, elle le prendra au mot et lui proposera un arrangement financier de son cru, basé sur l’amour, car elle a le jeu en main. Et depuis le temps qu’il lui promet le divorce d’avec sa femme…  

 

Mais, sa femme, tout aussi brillante, mais qui joue l’effacée depuis des années se délectera de la situation et en remettra! Car elle est très en contrôle. Elle en profite même pour le voir se caller davantage. Monsieur est un véritable prince con-sort à ses dépends! 

 

Ce film est aussi l’occasion d’une critique légère de l’idéologie de l’argent et du Pouvoir, qui veut que l’argent achète tout, même les sentiments! Mais jalousie et pouvoir ne font pas bon ménage! Il y là a un léger cynisme allié à de la comédie, ce que j’ai aimé. On pourrait croire à une romance à la Disney, sauf qu’on est quand même dans plus réaliste. On est dans le cinoche européen, faudrait pas l’oublier!

 

Bref, c’est un éloge du Pouvoir féminin. Il y a des jeux qui se jouent à deux, puis à trois! Monsieur l’apprendra à ses dépends et la situation prêtera à plusieurs gags!

 

Hyperliens :

 

Alice Taglioni, qui joue le rôle d’Elena :  

www.commeaucinema.com/news.php3?nominfos=26216 

 

http://www.christalfilms.com  

 

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Sans elle

Le nouveau film de Jean Beaudin arrive sur nos écrans à compter du 22 septembre

 

Montréal, 13 septembre 2006 — Sans elle, le nouveau long métrage de Jean Beaudin, met en vedette Karine Vanasse, Maxim Gaudette, Marie-Thérèse Fortin, Robert Lalonde.  Michel Dumont, Emmanuel Schwartz, Johanne Marie Tremblay, Linda Sorgini, Isabel Richer et Patrick Goyette complètent cette impressionnante distribution.

 

Sans elle raconte l’histoire insolite de Camille Dubois, une jeune étudiante en musique qui est rapatriée dans sa ville natale au Québec à la suite d’un séjour à Florence où elle a été la proie du syndrome de Stendhal, malaise lui ayant brièvement fait perdre le contact avec la réalité. Son retour précipité la force à affronter un drame qu’elle tentait de fuir : la disparition mystérieuse de sa mère, survenue peu de temps avant son départ.

 

Accompagnée de Solo, un jeune freak violoneux qu’elle prend sur le pouce, Camille suivra les traces de sa mère jusqu’aux Iles de la Madeleine. Elle y fera des découvertes qui l’entraîneront au cœur d’une tourmente et l’ébranleront comme un véritable raz-de-marée.

 

Produit par Pierre Gendron et Christian Larouche de Christal Films et scénarisé par Joanne Arseneau (Le Dernier souffle, La Loi du cochon, Tag), Sans elle prend l’affiche à travers le Québec à partir du 22 septembre.  Pierre Mignot signe la direction photo du film et Jean Robitaille, la musique originale.

 

Rappelons que Sans elle a été présenté au début de l’été au Festival international du film de Shanghai où il avait été sélectionné en compétition officielle.

 

Commentaires de Michel Handfield (25 septembre 2006)

 

            Comme je n’ai pu assister au visionnement de presse, j’ai vu ce film une fois en salle. Le public a semblé l’apprécier.

 

Suite à un choc émotionnel, Camille confond le réel et l’irréel sur fond du syndrome de Stendhal. (1) Cependant, il n’y a pas de coupure nette entre les deux états pour le spectateur, sauf les phases où elle est immergée. L’image, la pensée et la réalité se confondent. C’est comme un tout intégré. Si on ne sait pas trop où elle est, c’est qu’elle ne le sait pas vraiment elle-même, car l’histoire nous est contée de son point de vue. Cela peut être dérangeant pour certains. Pour ma part cela m’est apparu une qualité. Question d’expériences de vie peut être.

 

A-t-elle vue sa mère ou l’a-t-elle imaginée? On ne sait trop, car ses sens l’ont vu comme l’on sent parfois une odeur. C’est réel, mais le plat n’est pas là pour la supporter! L’odeur venait-elle réellement de quelque part, de notre mémoire ou de notre inconscient? Qui sait? L’odeur était bien réelle pour nos sens pourtant. C’est ce qu’elle vit avec sa mère disparue et qu’elle croit avoir retrouvée. Mère réelle ou figure inconsciente qu’elle se crée dans un délire intérieur?

 

Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui ne l’est pas? J’ai vécu cela avec ma grand-mère qui voyait des choses bien réelles, même si elles n’y étaient pas. Des personnes à qui elle parlait. Ses sens la trompaient. Par analogie, c’est comme si l’on voyait les choses de la perspective de ma grand-mère dans ce film. On est dans sa réalité, dans son monde. Il n’y a donc pas de coupure franche entre le réel et l’irréel de sa perspective. Rien ne nous indique quand elle est dans la réalité ou dans ses hallucinations, car elles font parties de l’histoire qu’elle nous raconte. C’est sa réalité.  

 

C’est dans ce jeu que l’on entre par ce film. Il faut donc accepter l’hypothèse de départ. Où l’on plonge dans le jeu de Camille et l’on passe un bon moment de cinéma ou l’on refuse le jeu et il devient en partie inintelligible. Si, comme elle, on le joue, l’on aura un doute jusqu’à la fin et même après, car la réalité est-elle vraiment ce qu’on lui raconte?

 

C’est un film qui sollicite bien davantage que nos yeux et nos oreilles; il sollicite notre sensibilité et nos émotions. C’est d’ailleurs ce qui le rend si déstabilisant et intéressant. C’est plus qu’un film psychologique; c’est un film psychanalytique!

 

Picasso et Freud sont ici réunis, car, comme dans une toile de Picasso ou une psychanalyse, la réalité est décomposée  et recomposée avec une part laissé à l’inconscient, ce qui trouble son entourage et quelques spectateurs. C’est normal, car ce film joue sur la symbolique. 

 

Il y a d’abord le syndrome de Stendhal; mais il y a surtout l’eau! L’eau, c’est le sur-être comme pourraient le dire les philosophes. L’eau claire et peu profonde pour le conscient. L’eau noire, profonde et agitée pour l’inconscient. L’eau associé au couple mer/mère dans son cas, car l’eau c’est aussi le lien à la mère qui remonte au liquide amniotique. Le cordon n’était pas encore coupé lorsqu’elle a perdue tragiquement sa mère alors elle n’a pas d’autres choix que de la chercher et de vouloir élucider le mystère de sa disparition tragique. Remonter le cours de l’histoire pour libérer la suite des choses!

 

Un film dans lequel il faut plonger, s’abandonner, pour l’apprécier. Si l’on résiste… on ne peut suivre le courant et l’on décroche. Il ne faut pas chercher à le comprendre, mais le suivre. Se laisser aller avec le courant. S’y abandonner. Après il devient intelligible. Particulier, mais j’ai apprécié, car j’aime ce genre de film.  

 

Note :

 

1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Stendhal

 

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Les Sœurs fâchées

www.lessoeursfachees.com

 

Un film d’Alexandra Leclère

Date de Sortie: 15 septembre 2006 à Montréal, Québec, Sherbrooke et Gatineau.

Avec : Isabelle Huppert, Catherine Frot et François Berléand

Durée : 1h33

 

Synopsis:

 

Louise, esthéticienne au Mans, vient passer trois jours chez sa sœur Martine qui vit à Paris. Martine a apparemment tout ! Tout sauf l'essentiel.

 

Et l'essentiel, justement, Louise l'a! En l'espace de trois jours, Louise et son bonheur évident exaspèrent Martine au plus haut point et font voler sa vie en éclats.

 

Commentaires de Michel Handfield (14 septembre 2006)

 

            Deux sœurs antagonistes. Martine, épouse parfaitement chiante, de glace et parfois cruelle! Louise, la fine. Candide même! Cette dernière est esthéticienne au Mans et a écrit son bonheur pour le partager. Elle est justement en week-end chez sa sœur à Paris, car elle doit rencontrer un éditeur (Grasset), le lundi. La Parisienne et la provinciale; la chiante et la fine! C’eut pût n’être que ça. Mais pour notre bonheur, c’est bien davantage.

 

            La différence culturelle entre le Mans et Paris ne peut tout expliquer, car ce sont deux sœurs. Elles ont une origine commune. Quelque chose remonte donc au passé. On le découvrira par petites touches tout au long du film, car il y a un personnage important qui les a marqués; personnage que l’on ne voit jamais, sauf sur une photo à une occasion. Elles en parleront, même si Martine s’y refuse.

 

            Un film sur le présent et le passé, ce passé qui marque ce que l’on est même si on ne veut pas le reconnaître. Même si l’on s’est fait une nouvelle vie,  « coupée » de l’ancienne. Même enfouie sous une carapace, elle est là cette vie. Elle nous travaille. Elle marque notre personnalité. Cette vie marque donc Martine même si elle le refuse. Elle marque aussi Louise, mais, elle, elle  l’exulte par sa transparence. Elle peut donc vivre son bonheur au présent et le partager. L’éditeur l’a très bien compris quand il lui dit «  On vend une œuvre, mais en même temps on vend la vie de quelqu’un »; celle de l’auteur bien entendu!

 

            Un film où le langage, les apparences et le non verbal font partie intégrante du scénario. Si les différences entre les codes parisiens et provinciaux  en sont des révélateurs, l’explication est beaucoup plus profonde et personnelle. Objet psychanalytique.

 

            Naturellement, ce film s’inscrivant dans la vie quotidienne, il est l’occasion de voir les codes sociaux en place, qu’ils soient professionnels (1), politiques, civiques, culturels et sexuels par exemple. Quelques surprises attendent donc Louise à Paris, qui seront autant de révélateurs de la vie de Martine. De quoi les éloigner et les rapprocher en même temps.

 

Note :

 

1. c’est ce que l’on a fait qui compte pour avoir un emploi par exemple, et non ce que l’on peut faire!

 

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