Version archive pour
bibliothèques de Societas Criticus et DI
Revues Internet en ligne
Societas
Criticus
Revue de critique
sociale et politique
On n'est pas
vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité
et de culture
Où la culture nous émeut!
www.homestead.com/societascriticus
Vol. 8 no. 7
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel Handfield, M.Sc.
Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm.
et Diogénien
Soumission de texte:
Les
envoyer par courriel. Si
votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format
"rtf" (rich text format) sans notes automatiques.
Les quelques détails manquants
En réponse à
notre Lettre à la Bibliothèque et Archives nationale du Québec (BAnQ)
Voir
aussi Délits d’opinions! Dans la section
dossier.
Une autre piste pour les attentats du World Trade
Center
Lettre à la Bibliothèque Nationale du Québec
Service au client, d’abord! Mais dans
tout, M. le ministre!
Des suites dans le Dossier de L’ex-carrière
Francon
Commentaires livresques : Sous la jaquette!
L’histoire contemporaine vue
autrement: La face cachée du pétrole!
Patrick Bruel Des souvenirs devant...
L’histoire lamentable de Titus De William
Shakespeare
Foi et Athéisme : quand le cinéma se
fait philosophie. Sur les films La nativité et Atheism.
Rencontres Internationales
du Documentaire de Montréal
LITTLE CHILDREN / LES ENFANTS DE CHŒUR
###
La télédépense!
Michel
Handfield, M.Sc. sociologie
3 décembre 2006
Chers
membres du CRTC (www.crtc.gc.ca), depuis quelque temps l’on nous parle des
changements à venir avec la télé numérique. Tous devront être câblés; ce sera
la fin de la télé gratuite; il faudra s’habituer à payer comme pour les autres
services que sont le téléphone ou l’électricité nous dit-on.
D’abord,
la télé gratuite est un mythe. Je paie déjà
pour la télé publique à travers mes taxes et impôts. Si une part va pour Radio-Canada, une autre part sert à la
télé privée qui retire aussi des subsides de l’État. Si la télé devient payante
cependant, la plupart de ces subsides devraient être abandonnés, sauf quelques
encouragements à une création culturelle exceptionnelle et novatrice, puisque
le citoyen paiera dès lors par son abonnement obligatoire au service. Seul
Radio-Canada/CBC, qui continueront d’offrir un service hertzien gratuit
semble-t-il (1), devraient voir leurs subsides augmentés. Les autres, qui
feront dans la télé payante, ne peuvent aussi téter aux mamelles de l’État sans
que cela ne paraisse odieux de mon point
de vue, d’autant plus que je produis du contenu culturel et journalistique à
compte d’auteur, disponible gratuitement par internet. Si vous voulez soutenir
la culture, Societas Criticus attends donc vos subventions!
Si un citoyen
refuse de s’abonner, je ne vois pas pourquoi il paierait pour un service qu’il
ne veut pas. Question d’équité. Cela me frustre de payer pour RDI sans y avoir
droit, alors je n’ai pas envie de subventionner le contenu de la
câblodistribution si je ne la veux pas. Si les services publics, comme
Télé-Québec et RDI, ne peuvent être accessibles par ondes hertziennes pour des
raisons de coûts, car la nouvelle technologie semble très dispendieuse, qu’ils
soient au moins accessibles par internet pour ceux qui ne veulent pas se
câbler. À la limite, je serai prêt à payer un abonnement modique à RDI si tel
était le cas. Ainsi, je pourrais avoir accès à ce service public sans prendre
tout le kit de la câblodistribution et je ne serai plus frustré chaque fois que
la première chaîne de Radio-Canada m’annoncera un reportage intéressant sur
RDI, mais auquel je n’ai pas accès parce que je n’ai pas le câble. Car pourquoi
avoir le câble quand j’écoute 80% du temps la radio de Radio-Canada et 18% sa
première chaîne télé? Le 2% restant va à Télé-Québec et très occasionnellement
aux postes privés.
De leur côté,
les télédiffuseurs privés disent que l’on paie déjà pour des services comme le
téléphone ou l’électricité et que ce devrait être de même pour la télé, car
rien n’est gratuit! C’est vrai, sauf qu’ils ont déjà des subsides par nos
taxes. Alors, qu’ils choisissent entre les subventions de l’État ou la
facturation à l’écoute! D’ailleurs, si nous prenons la même comparaison qu’eux
avec l’électricité on peut accepter d’être facturé à l’usage. Mais, eux,
sont-ils prêts à facturer à l’usage, à ne plus recevoir de subventions et à
donner une part de leurs profits à l’État puisqu’Hydro-Québec le fait? Car si
l’on se compare, comparons-nous jusqu’au bout. (2)
Si je suis
d’accord à ce que vous soyez subventionné parce que vous produisez de la
culture, il ne faut pas me prendre pour une vache à lait ou, pire, pour un
idiot en me disant qu’en plus je devrai dorénavant être câblé pour avoir droit
aux chaînes généralistes. Que l’on trouve un moyen qu’elles demeurent
disponible, sinon je n’ai aucune raison de payer pour une télé privée (par mes
taxes) si elle m’est inaccessible.
Avec
l’arrivée de la télé numérique, si les règles du jeu changent, ce ne doit pas
être au détriment des citoyens. L’abonnement et la facturation devront donc
être revus dans le sens de la flexibilité. Le citoyen devrait pouvoir ne
choisir que les postes qu’il désire sans prendre un kit s’il n’en veut pas.
Tous les postes pourraient aussi être disponibles, mais facturés à l’usage, à
l’heure ou par forfait. C’est le minimum
auquel je m’attends comme contribuable-citoyen!
Notes :
1. Sylvain Lafrance, Vice-président principal
des services français de Radio-Canada a dit à ce sujet, sur les ondes de Maisonneuve en direct, ce qui
suit :
« Actuellement la télé de Radio-Canada ou de
CBC est accessible pour 98% des canadiens. Quand on passera au numérique selon
le plan que prévoit Radio-Canada ce sera accessible pour 97% des canadiens,
mais il y a un 1% pour lequel ça devient difficile. C’est une question purement
économique. (…) Le passage au numérique va coûter très cher. (…) Au passage au
numérique on va continuer d’offrir une formule hybride, c'est-à-dire que dans
les grands centres on va offrir la télévision donc hertzienne numérique, haute
définition, mais dans les régions éloignées effectivement faudra trouver
d’autres solutions parce que la différence entre rejoindre 97% des canadiens et
98% des canadiens c’est une énorme différence qui se compte en centaine de
millions. (…) Radio-Canada est quand même celle qui travaille actuellement à
maintenir la diffusion hertzienne. Par le système hybride que nous souhaitons
offrir, on est ceux qui vont le plus loin dans le maintien de la gratuité. »
(10mn32 @ 19mn15 de Maisonneuve en direct, émission du 29 novembre 2006 : L’avenir de la télévision gratuite :
http://www2.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/)
2. Si je prends le cas de l’électricité en exemple, je suis facturé pour ma consommation. Alors si on câble tout le monde, la facturation doit être faite pour les postes choisis ou les heures d’écoutes. Ainsi, si le client choisit 5 postes, il n’a pas à être facturé pour un bouquet de 50 postes dont 45 qu’il n’écoutera pas. La facturation doit représenter la consommation.
---
La notion de Nation, prise 2!(1)
Michel
Handfield
Vendredi, le 24 novembre 2006
On patauge
dans cette question depuis que le Bloc a exprimé son intention de déposer une
motion visant la reconnaissance de la « nation québécoise » et que
les conservateurs les ont pris de court, mercredi, en déposant leur motion
reconnaissant la « nation québécoise
au sein d’un Canada uni »! (2)
Hier matin,
en entrevue avec René Homier-Roy, Gilles Duceppe a dit, texto, « moi je ne dis pas que la nation canadienne
existe à telles ou telles conditions. Les canadiens et les canadiennes forment une nation point à la
ligne. Je n’ai jamais dit qu’il était impossible qu’il y ait plus d’une
nation dans un pays. Ça se peux.» (3) Et c’est là tout l’intérêt de ce faux
débat.
Le Québec
serait une nation, mais pourquoi pas l’Ontario, Terre-Neuve ou la
Colombie-Britanique, car il y a des différences entre toutes ses provinces et
sociétés. La nation canadienne-française existe, car j’ai une certaine culture
commune avec le franco-ontarien ou l’acadien. Je connais Édith Buthler et j’ai
même un CD de CANO, groupe de musique francophone du Nord-Ontarien!(4) Ai-je la
même proximité avec l’anglophone de la Gaspésie ou de Saskatchewan? Pas sûr.
Pouvons-nous nommer 10 groupes de musique actuels qui marquent la culture
anglo-québécoise? Je croirais plus à la nation montréalaise s’il y a lieu!
Par contre si
le fait d’occuper un territoire fait de nous une nation, réglons le problème
tout de suite : faisons un référendum demandant d’appeler les provinces
des nations et changeons tout simplement le nom du Canada pour les « Nations-Unis du Canada »! On aura
notre nation dans un beau grand pays multinational… et nous pourrons enfin passer
à autre chose! Il serait temps.
Notes :
1. Pour la 1 ère prise : « Quelle notion que la nation? »,
Societas Criticus, Vol. 8 no 4, Dossiers/Essais. Ce texte date du 5 juillet
2006.
2. Hélène Buzzetti, Ottawa reconnaît la nation québécoise, Le Devoir, Édition du
jeudi 23 novembre 2006 : http://www.ledevoir.com/2006/11/23/123426.html
3. À 3 min 49 de l’entrevue de René Homier-Roy
avec Gilles Duceppe (diffusé à 7h38 jeudi matin) et reprise en Zapmédia sur le site de C’est bien meilleur le matin : www.radio-canada.ca/radio/emissions/emission.asp?numero=27, émission du jeudi 23 novembre 2006
4. Groupe des années 70. Vous pouvez trouver
« The best of/Les meilleurs
succès de CANO », dans The Millenium Collection, 20th Century
masters : Universal Music/4400673722.
---
Opposer rationalité et scepticisme aux
idéologies ne ferait pas de tort! Pour la nouvelle année, il faut regarder les
choses autrement; voir davantage de films d’art et d’essais; lire davantage de
penseurs critiques, de scientifiques, ou de philosophes au lieu de l’horoscope
et de théories rose bombonne; qui font du bien sur le coup, mais rendent
boulimique des émotions, car il en faut toujours plus pour bien se sentir. Certains gourous savent d’ailleurs très bien
en tirer profit.
Si ça va mal
à l’ouvrage, à l’école ou dans le monde, ce n’est pas qu’en travaillant sur SOI
qu’on va le résoudre. Ni seul. Il faut revenir à la société; travailler
collectivement à changer les choses. S’impliquer, ne serait-ce que questionner!
Quand même je croirais atteindre l’équilibre par des subterfuges magiques, des
anges, des petites pilules ou un gourou de la pop psycho, la source du mal être
ne changera pas. Ce n’est que collectivement que l’on peut espérer changer
quelque chose. Qu’en étant critique face aux modèles que l’on nous offre,
qu’ils soient politiques, religieux, organisationnel ou commerciaux. La
solidarité doit d’abord être sociale et citoyenne.
Comme sur les
paquets de cigarettes l’on devrait retrouver à la porte des temples en
tous genres, incluant les chapelles religieuses, politiques, syndicales, patronales ou commerciales, cet avis :
« Attention, le danger croît avec
l’usage! Une trop grande exposition
peut être dommageable pour la santé. »
Revendiquer
du transport collectif ferait davantage pour l’avenir que de rêver à un 4X4 ou
de prier pour l’avoir, même si les
apôtres du marketing font tout pour que ce soit notre désir le plus cher!
Avez-vous remarqué que la pub dit toujours que nous allons affirmer notre
individualité avec ce produit conçu spécialement pour nous, que ce soit une
casquette, une bière, un camion ou des souliers de sport… vendus à des millions
d’exemplaires! Être unique à des millions d’exemplaires!!!
Il faut
opposer la culture, la rationalité et le scepticisme à toutes ces
théories de bonheur et de paradis que proposent des gourous. En cette nouvelle
année, soyons vigilants. Nous nous souhaitons de la vigilance et nous ne nous
en porterons que mieux.
Societas
Criticus :
On
n’est pas vache, on a le Monde à l’œil!
Michel Handfield et Gaétan Chênevert, coéditeurs
21 novembre 2006
---
Les quelques détails manquants
17 novembre 2006
Suite à notre
lettre du 12
novembre dernier, nous avons eu des contacts avec Bibliothèque et Archives nationales
du Québec, ce que nous avons expliqué dans notre texte du 16, mais nous avions
aussi demandé une lettre explicative pour nos lecteurs, ce que nous venons de
recevoir. Il nous fait donc plaisir de la publier en complément d’informations.
La rédaction.
***
17 Novembre 2006
Monsieur Handfield,
Bibliothèque et
Archives nationales du Québec (BAnQ) souhaite par la présente rectifier les
faits allégués dans votre Lettre à la Bibliothèque nationale du Québec
du 12 novembre dernier parue dans Societas Criticus.
Notre institution a
débuté l’instauration du dépôt légal des publications diffusées sur Internet en
2001 et a ainsi recueilli à ce jour plus de 9 000 publications accessibles via
le catalogue IRIS disponible sur Internet (http://catalogue.banq.qc.ca/cap_fr.html). Vu l’ampleur de
la tâche, BAnQ a choisi de mettre en place ce dépôt légal graduellement en
ciblant d’abord les monographies et périodiques diffusés sur Internet par les
ministères et organismes gouvernementaux québécois. À ce jour, les éditeurs
privés n’ont donc pas l’obligation de déposer leurs publications de ce type
mais, depuis juin 2005, ils peuvent le faire s’ils le souhaitent sous réserve
de la signature d’une licence autorisant BAnQ à capturer, conserver et diffuser
leurs publications. Les publications diffusées sur Internet acceptées en dépôt
légal actuellement n’incluent pas les sites web eux-mêmes.
En espérant que ces
informations vous apportent un meilleur éclairage sur l’état d’avancement des
travaux relatifs au dépôt légal des publications diffusées sur Internet auprès
de BAnQ.
Veuillez recevoir,
Monsieur Handfield, nos sincères salutations.
Mireille Laforce
Coordonnatrice - Dépôt légal
Direction des acquisitions de la collection patrimoniale
Section du dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
---
En
réponse à notre Lettre à la Bibliothèque et Archives nationale du Québec
(BAnQ)
Michel Handfield
16 novembre 2006
Notre lettre
du 12 novembre dernier a eu des échos et nous avons pu déposer nos archives tel
que souhaité, car certaines archives internet sont maintenant prises par
Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Ce qui nous posait problème,
c’est que, comme éditeur de revue,
« La Loi sur Bibliothèque et
Archives nationales du Québec(1) impose aux éditeurs le dépôt, gratuit et
généralement en deux exemplaires, de tout document publié au Québec, dans les
sept jours de leur parution. On appelle cette obligation le dépôt légal. »
Par contre,
si nous nous sentions cette obligation depuis nos débuts en 1998, car nous
éditons une revue, pour BaNQ, nous n’étions pas tenus à cette obligation,
n’étant pas imprimés.
Si cette
obligation de dépôt d’un document électronique comme le nôtre (publié sur
internet plutôt que sur un support physique comme un CD-ROM) n’existe pas
encore pour les revues de notre genre, ils ont été heureux de nous accueillir
une fois que nous avons trouvé le bon endroit ou nous adresser. Le dépôt légal de ce type de publication
n’est pas encore obligatoire pour les éditeurs privés et pour les organismes
gouvernementaux qui n’ont pas été approchés, mais ces organismes peuvent
débuter le dépôt de façon volontaire peut-on lire sur le site de BAnQ. (2)
Nous nous inscrivions donc parfaitement dans cette démarche et en somme
heureux, mais nous ne nous adressions pas à la bonne place pour le faire
savoir.
Ceci étant
dit, nous avons choisi de faire la mise au point et de laisser notre texte
original sur le site, car les questions soulevées peuvent aussi intéresser
d’autres organismes, qu’ils soient publics ou privés, ici ou ailleurs dans le
Monde, qui auront à débattre des questions de publication électronique un jour
ou l’autre s’ils n’en débattent pas déjà. Nous n’avons qu’à penser aux
associations de journalistes ou au Conseil de la presse par exemple. C’est
toujours de la diffusion d’idées, sauf que le support est tout autre :
virtuel! Cela ne change en rien le travail journalistique (3), mais en tout son
classement, sa diffusion et son archivage pour les générations futures.
Cette
confusion nous a donc permis de faire le point sur un dossier d’avenir :
la place du cyberjournalisme et les changements et les défis que cela posera
aux organismes qui s’en occupent.
Ce type de
question se répétera probablement dans d’autres secteurs, comme le livre ou la
peinture par exemple, car le cyberécrivain et le cyberpeintre, s’ils n’existent
pas déjà, sont à la veille d’apparaître et d’être de plus en plus nombreux. Les
musées auront donc à faire face à cette question à leur tour. Ils devront, un
jour ou l’autre, penser comment sauver les œuvres virtuelles et les transformer
pour qu’elles demeurent accessibles dans le temps avec les changements
technologiques, de format de fichiers numériques et de plates formes de
lecture. C’est le défi d’aujourd’hui pour la transmission de la culture vers
demain.
Pour plus d’informations, consultez le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec : www.banq.qc.ca
***
Concernant
nos documents ils sont maintenant accessibles, en format pdf, à la BAnQ. Eux et
d’autres documents peuvent être trouvés via le catalogue IRIS : http://catalogue.banq.qc.ca/cap_fr.html
Pour aller
directement à nos publications à la BAnQ vous pouvez y accéder par les liens
suivants :
Societas criticus : revue de critique sociale
et politique, vol.1, no 1 (sept. 1999)-
http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212330/3212330.htm
Dictionnaire Societas Criticus, ou, Petit
lexique à l'usage de nos gouvernants, 2006-
http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212333/3212333.htm
Les citations choisies de Societas Criticus, 15
mai 2006-
http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212337/3212337.htm
À ce sujet,
je remercie mesdames Carole Gagné et Mireille Laforce, de Bibliothèque et
Archive nationale du Québec, qui ont résous ce dossier qui nous tenait à cœur.
Notes :
2.Voir http://www.banq.qc.ca/portal/dt/collections/dons_acquisitions/depot_legal/publications_assujetties/publications_internet/publications_internet.jsp pour la formulation exacte.
3. Façon de parler, car l’écriture
journalistique sur internet est quelque peu différente de l’écriture sur
support papier vu l’utilisation d’hyperliens.
---
Une
autre piste pour les attentats du World Trade Center
Michel
Handfield
13 novembre 2006
« Une
résolution présentée au Conseil de sécurité de l'ONU en vue de condamner les
opérations militaires menées cette semaine par Israël à Beit Hanoun, dans la
bande de Gaza, a été rejetée, samedi, en raison du veto des États-Unis »
(1), car il ne s’agissait que d’une malencontreuse erreur. Naturellement le
gouvernement Harper opine dans le même sens que son homologue états-unien et en
donne même un peu plus que le client en demande, comme tout bon domestique des
plus serviles! (2) Ces militaires étaient probablement à la chasse au pigeon
d’argile quand leur tir a dévié. Un malencontreux accident de parcours. Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat!
C’est
peut-être là une piste à regarder pour expliquer les attentats du World Trade
Center de septembre 2001 : une erreur. Les pirates de l’air ne voulaient
que faire un tour pour voir quel était le feeling de voler au-dessus de
New-York, mais, comme des pigeons qui mélangent le ciel avec son reflet dans
les fenêtres des gratte-ciel, ils se sont pétés la gueule dans le World Trade
Center. Bang! Kaboum! Boum! Boum! Kaboul! Ça déboule pour une triste erreur
due à un mirage. Des excuses auraient été suffisantes pour éviter tout ce qui
s’en est suivit, mais comme ils étaient morts, ils n’ont pas pu s’excuser. Et
les États-Unis ne les ont pas excusés eux non plus…
Aller
donc savoir pourquoi il y en a qui complexifient des choses si simples qu’une
bête erreur de jugement en y mêlant la religion, la politique et des
revendications de toutes sortes. L’explication d’un simple accident est
pourtant si vite acceptée. Ne dit-on pas que l’erreur est humaine ? Que le
miséricordieux pardonne tout ? Il
ne faut pas leur en tenir rigueur plus que de raison! Il n’y a pas de quoi
faire une guerre au terrorisme pour une simple erreur de tir ou un mirage dans
les vitres du World Trade Center, ne croyez-vous pas?
Vous
pensez que je suis cynique ? Je l’assume, car le cynisme au sens antique
du terme consiste à poser des questions, parfois avec ironie, pour aller plus
loin. Certains gouvernants ne s’en posent pas assez cependant avant de prendre
position. Ça, c’est de la paresse intellectuelle et je pourfends ce manque de
productivité. Qu’ils se le tiennent pour dit ou je les dénonce à leur ancien
ami et ministre conservateur Lucien Bouchard, car lui aussi en veut à notre
manque de productivité. (3)
Dans ce
conflit, qui éclabousse toute la planète de son
sang, on ne peut toujours pencher du même bord Messieurs Bush et Harper,
car c’est donner un droit de guerre à un pays sur l’autre. C’est de justifier
l’injustice et ça ne présage jamais rien de bon, car un peuple qui a
l’impression de ne plus rien avoir à perdre se sent justifié de tout au nom du
désespoir, même au pire. Think to that if you can.
Notes :
1. SRC, nouvelles internationales, Nations unies. Opposition
américaine, samedi 11 novembre 2006 à 15 h 32 :
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/11/11/007-ONU-veto-americain.shtml
Voir aussi LEMONDE.FR avec AFP, Les États-Unis ont opposé leur veto à une
résolution condamnant Israël, Le monde.fr
11.11.06, 19h17 : www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-833634@51-755926,0.html
2. « Les États-Unis se sont abstenus de critiquer leur allié israélien,
affirmant «regretter profondément» la bavure de Beït Hanoun et appelant à la
retenue.
Le
ministre canadien des Affaires étrangères a pour sa part refusé d'émettre toute
critique contre Israël. Il n'a cependant pas hésité à critiquer sévèrement les
déclarations de Ghazi Hamad, porte-parole du gouvernement palestinien. » (AFP,
Reuters, Dix-huit Palestiniens sont tués
- Une bavure israélienne soulève la réprobation générale, Le Devoir, jeudi 9 novembre 2006 : www.ledevoir.com/2006/11/09/122450.html)
3. Antoine Robitaille, Bouchard s'invite à la rentrée parlementaire, Le Devoir, Édition du
mercredi 18 octobre 2006: www.ledevoir.com/2006/10/18/120712.html
Hyperliens :
Deux textes de
films qui concernent ce même sujet d’Israël et de la Palestine dans ce
numéro:
---
Lettre à la Bibliothèque Nationale du Québec
Montréal,
le 12 novembre 2006
Madame,
Monsieur,
Comme éditeur de revue, nous sommes obligés
au dépôt légal, mais chaque fois que nous allons vous voir (à la Grande
Bibliothèque) ou que nous vous écrivons, nous avons comme réponse que nous ne pouvons déposer
parce que la loi n’est pas adaptée à notre statut, publiant sur internet. Bref
vous nous placez dans l’illégalité en ne prenant pas notre dépôt légal…
Alors voilà, au niveau Fédéral, nous avons
notre ISSN et compagnie, ce qui fait que nous avons décidé de prendre le
taureau par les cornes ce matin et de vous envoyer tous les numéros existants
en format rtf dans le fichier ci-joint. Pour vous aider, voici nos NUMÉROS de
CLASSIFICATION : Canadiana 20023003545;ISSN 1701-7696; ET Dynix 25248006.
On nous parle sans cesse qu’il faut être à
l’heure des nouvelles technologies pour l’avenir; que le Québec est distinct;
qu’on est les meilleurs… mais on n’est même pas capable de s’adapter à
l’existence d’une revue publiée sur l’internet. Bref, ça fait dur. C’est notre
dernière tentative de vous fournir notre dépôt légal et si vous ne pouvez pas
le prendre cette fois ci encore, ne nous
contactez pas un jour pour nous dire que nous n’avons jamais déposé ou que vous voudriez que nous
déposions. Vous irez alors chercher nos documents à Bibliothèque et Archives
Canada (http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/) ou la Bibliothèque de l’Université de
Montréal, car il y a longtemps qu’eux sont sortis de l’âge de pierre. Sachez que l’internet ne sert pas qu’au
courriel ou aux sites pornos. Il sert aussi à partager la culture, comme une
grande bibliothèque! Ça vous dis peut être quelque chose?
Nous pouvons même vous graver le tout sur
un CD si c’est trop compliqué par internet. Suffit de le demander. Et s’il vous
faut l’odeur du papier vous aurez juste à l’imprimer sur papier d’odeur et de
couleur à votre choix! On n’est pas regardant.
Mais nous, qui tenons une revue internet à
compte d’auteur, car on n’a pas droit aux subventions comme certaines
industries dépassées, sommes tannés, écœurés même, de ce discours qu’on nous
martèle sans cesse : on est à l’heure de la société de l’information; faut
prendre le train de l’internet et des nouvelles technologies avant qu’il ne
soit trop tard; et le Québec est toujours parmi les meilleurs en tout! Alors,
si c’est le cas, dites nous pourquoi,
dès qu’on sort un peu des standards du XIX et du XXe siècle, on n’est pas prêt
à nous recevoir?
Faire une revue, c’est faire du contenu.
C’est ce que nous faisons et ce que nous vous proposons de déposer depuis des
années. La revue doit ensuite décider de faire connaître son contenu alors elle
peut (i) le faire imprimer et le distribuer, que ce soit gratuitement ou non;
(ii) le graver sur un CD qu’elle vendrait ou distribuerait; ou, enfin, (iii) le
« poster » sur internet, car la mission d’une revue est de diffuser
du contenu, pas d’imprimer les choses. D’ailleurs plusieurs journaux n’ont même
plus d’imprimeries. Elles font imprimer ailleurs. Faudrait peut être vous mettre à jour. Ils
font du contenu, d’autres le mettent sur support papier. Nous on le met sur un
support virtuel. C’est un choix. Bienvenu au XXIe siècle et si vous avez besoin
de formation nous sommes disponibles moyennant rémunération.
Une simple recherche internet vous montrera
que nous sommes cités au même titre que des journaux de papier à bien des
endroits. En voici quelques exemples pour vous permettre de vous mettre à
jour :
-
Societas Criticus est cité dans une étude de l’UQAM : « Portrait de
la presse alternative au Québec : de l’engagement politique aux préoccupations
socioculturelles 30 ans d’évolution (1970-2000) » (www.omd.uqam.ca/publications/telechargements/presse-alternative-portrait.pdf)
-
Certains de nos commentaires sur des livres et
des films se retrouvent au côté de critiques d’autres médias, dont la
BBC, ce qui nous apparaît pas si mal comme voisinage! Voir, par exemple : http://atheles.org/agone/contrefeux/punirlespauvres/; www.tramdesign.com/riopelle/revue.htm;
ou
www.handicap.monumentalstudio.com/downloads/press_handicap_fr.pdf
-
Ou encore, nous avons un éditorial cité au côté du Devoir par Le Groupe d’étude
sur les réformes de l’État (www.er.uqam.ca/nobel/creceqc/rubrique.php3?id_rubrique=4)
sur leur page « Le GÉRÉ dans l’actualité » : www.er.uqam.ca/nobel/creceqc/rubrique.php3?id_rubrique=12
C’est dire que nous devrions déposer et
vous le recevoir. Espérons que cette fois ci vous serez capable de le faire,
car nous on est tanné de se battre contre les moulins à vent du passé. On vit
dans un Montréal et un Canada du futur, la Bibliothèque de l’Université de
Montréal et Bibliothèque et Archives Canada sont capable de prendre nos
documents, mais pas vous. Il serait temps que vous arriviez au XXIe siècle, car
être les meilleurs du XIXe et du XXe n’est pas des plus stimulants.
Cela n’est surtout pas politique et ceux
qui seraient tentés de dire que le PLQ est responsable de la loi doivent savoir
que nous avons vécu les mêmes péripéties sous le PQ, car cela fait 8 ans que
nous publions sur internet.
Bien
à vous,
Michel
Handfield M.Sc. et
Gaétan
Chênevert, M.Sc.
Les
coéditeurs de Societas Criticus
Le
Portail D.I. Societas
On
n'est pas vache, on est critique!
---
Index
Dossier
Mais
dans tout, M. le ministre!
Michel
Handfield
10 décembre 2006
A/S de M. Raymond BACHAND, Député d’Outremont,
Parti libéral du Québec et Ministre du Développement économique, de
l'Innovation et de l'Exportation
Vous soutenez
qu'un grand nombre de Québécois ont besoin des supermarchés la nuit. « Les consommateurs ont des besoins et la
vraie conciliation travail-famille, c'est de donner aux familles du service »!
(1) Alors, 23h36, le 9 décembre 2006, un samedi soir où je
réfléchissais à votre déclaration, j’ai appelé à votre bureau
de la Côte-des-neiges et pas de
service, ni à celui du Centre de commerce
mondial. Même pas de répondeur! J’ai le droit à l’escalope (2), mais pas au
ministre, ni à son personnel. Mais, l’escalope ne peut répondre à ma question
même si j’y ai accès à 2h du matin : pourquoi faire les choses à moitié?
Ou l’on
donne congé le dimanche à la majorité de la population, incluant les commerces,
ou tout est ouvert, incluant les écoles et les bureaux gouvernementaux.
Pourquoi des parents qui travaillent la fin de semaine ou le soir ne
pourraient-ils pas envoyer leurs enfants à l’école ou à la garderie et faire des
activités familiales leurs jours de congé? Faire autrement n’est-ce pas brimer
les droits de certains? Moi je rédige mes textes de nuit, pourquoi n’y a-t-il
personne à vos bureaux pour me répondre? Surtout que le commerce mondial, ça
n’a pas d’heure, ni de jour. De toute façon, on est une journée ici, une autre
ailleurs! Il pourrait au moins y avoir un répondeur, service au client oblige.
Imaginez
les hôpitaux ouverts à plein régime 24 sur 24, sept jours sur sept. Les listes
d’attentes se régleraient assez vite sans l’aide du privé.
Je
sais, vous allez me parler des coûts. Mais c’est là un faux problème puisque
les blocages du système occasionnent des coûts aussi, alors son déblocage
devrait occasionner des économies! Un exemple, combien nous coûtent toutes ces
maladies infectieuses par manque d’entretien dans les hôpitaux? Cher, très cher
si on calcule ce qu’il en coûte en perte de productivités des malades qui ne
sont pas remis sur pieds assez rapidement; en temps pour les soins et
l’entretien supplémentaire que cela exige; en commissions d’études et
poursuites judiciaires à venir, d’autant plus que les cours de justice sont
déjà engorgées; en discussions autour de la machine à café dans les lieux de
travail; et j’en passe. Notre plus faible productivité, qu’a dénoncée Lucien
Bouchard il y a quelque temps, vient en partie de là: les discussions autour de
la santé qui s’éternisent au-delà de la pause café, car tous veulent ajouter
leurs mots. Et si ce n’est pas sur la santé, on discutera du système d’éducation,
de l’état des routes ou des impôts, car on se demande bien où ils passent
puisque rien ne semble se régler. Les choses vont même de mal en pis. Le C
difficile se multiplie dans les hôpitaux à la même vitesse que les nids de
poules se creusent à Montréal! On n’est pas sorti du trou de poule!
Quant
au financement, il est bien simple. Soyons productifs. D’abord, en finir avec
ces longues vacances de l’Assemblée nationale. Donnez l’exemple de la
productivité. Actuellement vos sessions ne sont même pas de la longueur d’une
session universitaire ou de cégep. Et je n’exagère même pas :
« L'Assemblée nationale se réunit durant deux
périodes par année. La première commence le deuxième mardi de mars et se
termine au plus tard le 23 juin. La deuxième va du troisième mardi d'octobre
jusqu'au 21 décembre au plus tard. » (3)
En plus, vous êtes payé alors que les
étudiants s’endettent!
On
est en concurrence avec la Chine, les Indes et les Philippines. Finis de nous
comparer aux salaires des États-Unis ou de l’Ontario. Ce n’est pas là que nos
emplois s’en vont : « lorsque le salaire annuel d'un ingénieur de
logiciels s'élève à 43 000 $ au Québec, contre 25 000 $ à Singapour, 13 000 $
en Chine et 8300 $ en Inde » on peut deviner où iront nos emplois! Avec
les développements technologiques, le savoir risque de prendre la même route
que les industries secondaires avant eux. Que nous restera-t-il si on n’est pas
concurrentiel? L’industrie primaire, comme le minerai, et les services publics.
Mais encore, pour se payer une fonction publique, faudra-t-il travailler!
J’en
rie, mais ce n’est pas drôle. Il faudra penser baisser les salaires, mais aussi
le coût de la vie. Mettre plus de gens au travail. Comment? Par un nouveau
partage du travail ? Le travail sur 7 jours, mais en horaire
4/3 rotatif? Plus de monde qui travaillent moins d’heures, donc plus de
monde qui paient pour les services, ce qui occasionnera une ponction moindre en
charge publique pour chaque travailleur. Un salaire brut moindre, mais une
qualité de vie comparable! Mais, il faudrait aussi revoir la fiscalité
individuelle et d’entreprises ainsi que les programmes de subventions pour être
juste. On impose le travailleur, mais jamais le robot qui le remplace par
exemple. Son achat est même déductible d’impôt, parfois subventionné, car il
améliore la productivité. (4) Pourtant, le robot représente une perte pour
l’État, car c’est au moins un contribuable qui disparaît à chaque fois qu’un
robot entre sur le marché travail.
Si cela
regarde le Québec, cela regarde aussi les autres provinces. Les prochains
investissements en automobile se feront où? Mississauga ou la Chine? Les
céréales de l’ouest sont-elles concurrentielles sur les marchés mondiaux?
Combien de compagnies entièrement québécoises ou canadiennes a-t-on qui ne
dépendent pas des marchés extérieurs? Tenter d’y répondre c’est poser la
question de notre avenir et cette question est bien plus importante que les
débats sur la nation, tant québécoise que canadienne! Dans un monde géré pour faire
plaisir aux multinationales, la nation ne pèse pas lourd.
L’autre
solution c’est de discipliner la mondialisation. Faire en sorte qu’il y ait des
normes minimales au plan international en matière d’environnement, de santé, de
bien-être, de salaire et j’en passe de telle sorte que des pays n’utilisent pas
leurs conditions de quasi-esclavage, asociales et non écologiques pour attirer
chez eux les entreprises et les emplois, cela au dépend de la vie elle-même.
Mais ces normes doivent être respectées. Pour cela il faut des organismes
disciplinaires au niveau mondial; des lois supranationales qui ont des dents.
On est encore loin de cela.
Non, M.
le Ministre, ce n’est pas en ouvrant les commerces toute la nuit que vous
assurerez le droit à l’escalope de la population! Peut être pourra-t-on aller
l’admirer dans l’étal du marchand, mais se la payer, ça, j’en suis moins sûr.
On se croit une société riche, mais il n’y a jamais eu autant de besoins en
aide alimentaire, même pour les travailleurs! Les organismes constatent
d’ailleurs une demande grandissante de
paniers de Noël! Alors, élargir les heures d’ouverture des commerces ne
changera pas grand-chose. Vaudrait mieux financer les banques alimentaires.
Ce ne
sont pas des solutions simplistes qu’il nous faut, genre de panacée magique qui
se vend bien dans un clip aux informations de 22 heures, mais un vrai débat de
société autour du rôle de l’État dans la redistribution. Quel genre de
redistribution avons-nous besoin? Quand je parle de redistribution, je parle
aussi de celle du travail. Mais attention, pas à n’importe quel prix. On voit
des offres d’emplois dans le commerce pour du travail de 15 à 25 heures
semaines qui demandent de la disponibilité en tout temps : 7 jours par
semaine de 8h du matin à 23 h le soir. Désolé il faut des heures claires
pour que la personne soit libre de son temps; suivre des cours, faire des arts,
se cultiver ou philosopher dans un parc l’été en regardant le temps passer. Un
emploi sur appel à 15 minutes d’avis ne permet pas grand-chose. Ce doit être du
donnant/donnant. Si vous permettez le travail à toutes heures, ne comptez pas
sur le marché pour s’autodiscipliner. Où vous réglementez, où vous favorisez la
syndicalisation. À partir du moment qu’une entreprise est syndiquée, les normes
de l’industrie doivent s’aligner sur celle-ci à moins de négociation entre
l’entreprise et le syndicat pour déterminer les exceptions. Ainsi, Wal-Mart
devrait appliquer les normes de Maxi où s’entendre avec le syndicat. Think to that!
Des
choix devront être faits; des questions posées. Investir dans les garderies
universelles par exemple ou mieux alimenter les enfants qui en ont besoin? Et
si combattre la pauvreté des enfants se vend bien, peut-on la combattre sans
résoudre celle des Parent? Comment aider
les parents tout en respectant leurs droits? Car si la plupart des parents sont
victimes de problèmes structurels, comme la perte d’un emploi et son
remplacement par un travail de moindre qualité lorsqu’ils en trouveront un,
certains enfants sont aussi victimes des dépendances de leurs parents, face au
jeu par exemple! Que faire et comment intervenir dans ces cas? La liberté
individuelle doit-elle être limitée par la responsabilité? La même question se
pose aux citoyens corporatifs, les entreprises, qui délocalisent une part de
leur production après avoir été grassement subventionné. Des débats en
perspective pour politiciens courageux! En serez-vous?
Notes :
1. Heures d'ouverture : Loin d'un
consensus. Radio-Canada/Nouvelles, mises à jour le jeudi 7 décembre 2006 à 22 h
13
www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2006/12/07/007-heures-ouverture-jeudi.shtml
2. Robert Dutrisac, « Commission parlementaire sur les heures
d'ouverture des commerces - La FTQ dénonce «le droit à l'escalope» à toute
heure du jour ou de la nuit », Le Devoir, Édition du jeudi 7 décembre
2006 : http://www.ledevoir.com/2006/12/07/124315.html
3. www.gouv.qc.ca/portail/quebec/pgs/commun/gouv?lang=fr
4. Le Robert sur CD-ROM 2007 nous apprend
que la productivité c’est le « Rapport
de la quantité produite à un ou plusieurs facteurs de production (travail,
capital physique, énergie, etc.). » Ainsi, s’il me faut 100 personnes
pour faire une production donnée et que je réduis ce nombre à 90 en changeant
la méthode de travail j’ai accru ma productivité. Je peux aussi l’accroitre en
faisant produire plus d’unité par le même groupe de 100 personnes, si le marché
peut absorber ces unités supplémentaires naturellement. Je pourrais aussi
réduire ce groupe de 100 personnes à 3 techniciens, si quelques robots peuvent
faire leurs tâches. Productivité n’est donc pas synonyme d’emplois. Une
entreprise peut cependant aller chercher des emplois ailleurs en devenant plus
productive, car elle aura alors fait fermer un concurrent ou au moins pris une
part de ses marchés. Mais au net, il y aura probablement des pertes d’emplois
pour une production donnée. Naturellement, si la demande s’accroit en même
temps, il pourra y avoir hausse de productivité et création d’emplois
simultanément, mais non causales, car ce ne sera pas la hausse de productivité
qui aura créé de l’emploi ni la hausse de l’emploi qui aura fait accroitre la
productivité, mais la hausse de la demande qui aura absorbé la production
supplémentaire due en partie aux augmentations de productivité et
d’emplois.
---
Des suites dans le Dossier de L’ex-carrière Francon
Michel Handfield
16
novembre 2006
Le 1er novembre dernier il y a eu une
séance d’informations sur le projet de développement et de mise en valeur de la
carrière Saint-Michel (mieux connu sous le nom de Francon pour les anciens
résidents de St-Michel) par la compagnie Smart Centres (www.smartcentres.com). Avant d’en
parler, je voulais prendre un certain recul, car il y a longtemps que je suis
impliqué dans ce dossier. (1)
Ce qui étonne, c’est que le milieu
s’intéresse à ce site depuis des années et que la ville a agi sans en tenir
compte, car un document de la ville de Montréal nous apprends que :
« Les élus ont approuvé le plan d’action de
la concertation pour le développement et
la mise en valeur de la carrière Saint-Michel dans l’arrondissement de
Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. La carrière a été achetée au début des années
80 par la Ville qui depuis, utilise la partie nord-est comme dépôt à neige. Le
site, de 10 millions pi2, compte pour environ 5 % de la superficie du
territoire de l’arrondissement. En conséquence, la Ville voudrait la mettre en
valeur pour améliorer la qualité de vie de Saint-Michel. En été 2004, la
compagnie First Pro a déposé à l’arrondissement une proposition d’un projet
d’un centre commercial et d’un espace vert. Le plan d’action a pour but
d’obtenir la participation du promoteur et l’adhésion du milieu sur ce projet.
Les orientations du plan d’action ont été déjà présentées au promoteur et à
certains organismes du quartier. » (Ville de Montréal, LES FAITS
SAILLANTS DU COMITÉ EXÉCUTIF DU 12 AVRIL 2006 : http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/portail_fr/media/documents/fs120406.pdf)
Pourtant, il y a des années que le milieu
s’intéresse à cette carrière et les élus locaux étaient bien au fait de cet
intérêt. La première étude sur le sujet, faite par le PARI St-Michel, date de
1993. (2) D’autres études ont suivi (3) et il a toujours été question du
développement de la carrière pour le quartier tant à la table de concertation
de Vivre Saint-Michel en Santé que d’un organisme comme le PARI. Le journal
local a poussé ce dossier et la maquette du projet fut même exposée au centre
d’achat Boulevard (coin Pie-IX et Jean-Talon) durant quelques semaines.
Si la Ville voulait mettre en valeur
l’ex-carrière pour améliorer la qualité de vie de Saint-Michel, elle a eu tout
le loisir de consulter le milieu avant d’autoriser un tel projet et de le
présenter comme étant le seul disponible. Depuis le début des années 90 qu’on
en parle dans le quartier! Si le projet de centre de camping caravaning, malgré
son intérêt touristique, ne les intéressait pas, la ville a eu tout le temps de
le dire et de demander au milieu de se pencher sur d’autres possibilités.
Pensons au Shop Angus; le milieu a pensé un projet beaucoup plus structurant
qu’un centre d’achat dans le quartier voisin (Rosemont)! À vue de nez, on est à
moins d’une demi-heure de transport en commun des centres Boulevard, Forest,
Anjou, Henri-Bourassa et à moins d’une heure du centre-ville! A-t-on vraiment
besoin d’un autre centre d’achat? Pourquoi pas un marché public pour le
quartier, car les gens du Nord du quartier sont plus loin d’un marché public
(Jean-Talon et Maisonneuve) que d’un centre commercial?
D’ailleurs, les citoyens n’ont pas été
dupes et ont vu qu’un centre d’achat, même avec des arbres et des toits verts,
demeure un centre d’achat avec un stationnement asphalté!
Si on n’a pas le choix, car la ville semble
vendue à l’idée, j’espère que le choix des magasins tiendra compte des
préoccupations sociales soulevées en assemblée. Pour cela il faudrait, au
minimum, un choix de locataires répondants aux critères suivant selon
moi :
- Qui ont une échelle salariale qui remonte rapidement
au-dessus du salaire minimum (certains ont même exprimé que le salaire minimum
devrait y être de 10$/heure pour que cela ait un impact positif sur le milieu
de vie du quartier);
- Qui font de l’investissement social et ont une
politique d’implication dans le milieu;
- Qui font de la formation des employés et offrent des
possibilités d’avancement à long terme;
- Qui ont une politique d’achat local (par exemple,
chez Costco, je vois des produits, comme le café, qui viennent de notre
arrondissement : Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension), national et
continental avant de privilégier les produits venant de Chine, même sous
prétexte que l’importateur est d’ici.
Personnellement, je préférerais un projet
plus structurant, comme le Centre Hospitalier de l’Université de Montréal
(CHUM), car il y aurait un lien direct avec l’Université, elle aussi étant
construite dans une ex-carrière, mais à flanc de montagne celle-là! Ce serait
beaucoup moins dispendieux que le centre-ville, le gouvernement pouvant vendre
ses terrains du centre-ville à bon prix, ce qui compenserait pour une partie
des coûts. De plus, la superficie de terrain disponible dans l’ex carrière
Francon permettrait des développements futurs ou l’installation d’entreprises reliées au
domaine de la santé, comme des centres de recherches ou des entreprises pharmaceutiques, ce qui rapporterait
davantage au quartier, à la ville centre et à la province. Ceci donnerait aussi
de l’emploi de qualité à un quartier qui en a bien besoin en plus d’un
renforcement positif à l’éducation pour un milieu qui connaît un fort taux de
décrochage scolaire. Smart Centre pourrait même en être partenaire, car le
gouvernement veut favoriser les Partenariats Privés Publics pour la
construction du centre hospitalier universitaire, ce qui leur rapporterait
certainement plus qu’un centre commercial. Cela a fait sourire bien entendu,
car nul n’est prophète en son pays.
Pourtant, dans les jours qui ont suivi,
les 2 et 3 novembre, les nouvelles remettaient encore en doute la construction
prochaine du CHUM au centre-ville. Devant le scepticisme que soulèvent le CHUM et
même le Centre de Santé de l’Université McGill (CSUM), certains observateurs
avisés ont même soulevé le côté irréaliste de ces deux projets concurrents dans
le contexte financier actuel du Québec et optent plutôt pour un Centre
Hospitalier Universitaire conjoint. Mon hypothèse demeure donc toujours valide,
mais je n’ai pas les contacts pour la porter au plan politique alors que
d’autres ont des porteurs de ballon efficaces pour des projets qui
m’apparaissent beaucoup moins originaux!
D’autres types de projets y seraient aussi
réalisables avec un peu d’imagination, car c’est un site exceptionnel. Il faut
prendre le temps d’attendre les opportunités et surtout consulter le milieu. Ne
pas arriver avec un cadeau tout bien ficelé que l’on offre comme ça à du monde
qui s’intéressaient au site et à son impact pour le milieu bien avant les
politiciens en place. Une telle approche fait penser à du paternalisme, voire
du colonialisme, de la ville centre et ne peut que décevoir les citoyens.
Notes :
1.
Jai siégé au CA du PARI St-Michel (pour Projet d’Aménagement Résidentiel et
Industriel de St-Michel) durant quelques années à partir du milieu des années
90 jusqu’au début des années 2000. J’ai aussi siégé au CA de Camping Montréal,
qui avait projet de faire un centre de camping-caravaning au creux de la
carrière. J’ai enfin écrit une lettre « Dépotoir ou camping? » parue dans Le Devoir le 14 août 1998,
p. A 10.C’est dire qu’il y a longtemps que je suis ce dossier, d’abord comme
citoyen du quartier et, ensuite, comme cyberjournaliste.
2.
J’ai une copie un peu plus récente de cette étude (vers 95 ou 96), La carrière Francon : un potentiel à
découvrir, mais malheureusement non datée.
3.
Le Groupe-Conseil A.G.I.R, octobre 1999, Centre
de camping et plein air Saint-Michel,
Réaménagement de l’ancienne carrière Francon et Le Groupe-Conseil
A.G.I.R, Février 2003, Plan d’affaires de
Camping Montréal Inc.
---
Michel Handfield, cyber citoyen et éditeur
Societas Criticus, revue de critique sociale et
politique sur internet.
Alors que les États-Unis
parlent d’implanter la démocratie dans le monde; que le Canada justifie son
implication en Afghanistan « pour le
rétablissement des institutions afghanes et de l'autorité centrale du pays »
(1), bref d’une forme de démocratie; l’on commerce allègrement avec la Chine,
où exprimer des opinions peut conduire un citoyen à la prison! Pourquoi ne leur
parle-t-on pas de démocratie? Pour ne pas nuire à l’intérêt supérieur de
l’économie peut être!
Pour la journée de la liberté de la presse – et
de l’opinion aux yeux de Societas Criticus – nous parrainons deux cybers
chroniqueurs qui payent de leur liberté pour s’être exprimés : YANG ZILI,
de Chine, et Habib Saleh, de Syrie. Le premier fut accusé de « subversion
du pouvoir de l’État » et le
second d’avoir « propagé des informations mensongères » sur internet, bref de parler
du régime et de suggérer des changements. Quand l’on vit en régime dogmatique,
le seul choix est de croire! Proposer des changements est un crime d’hérésie!
Le faire savoir à l’étranger relève du complot et de l’insurrection! Les deux
ont donc été condamnés à la prison pour s’être exprimé comme des citoyens du
monde. Nous leur devons notre appui.
Demandons leur libération, appuyons Reporters
sans frontières (www.rsfcanada.org) pour
la 17e JOURNÉE DE SOUTIEN AUX JOURNALISTES EMPRISONNÉS, le 23 novembre
prochain.
Dossier de RSF
CHINE
Arrêté le 13 mars 2001
Informaticien et fondateur du site www.lib126.com
LIBERATION PRÉVUE EN 2009
État civil
Né le 10 décembre 1971 à Daming (province du Hebei, nord du pays)
Marié à Lu Kun, institutrice
Condamnation
Formellement inculpé le 20 avril 2001 de « subversion du pouvoir de
l’État », Yang Zili a été condamné, le 28 mai 2003, à huit ans de prison et
déchu de ses droits politiques pour une durée de deux ans par la Cour populaire
intermédiaire de Pékin.
Lieu de détention :
Prison n°2 de Pékin
Conditions de détention
Après son arrestation, Yang Zili a été détenu au secret pendant plus
d’un mois et sa famille n’a pas été autorisée à lui rendre visite durant
plusieurs années.
En novembre 2003, lors du procès en appel, l’avocat de Yang Zili a informé
son épouse de son bon état de santé mentale. Mais il serait physiquement
affaibli et sa vue se serait détériorée.
Selon les informations données par son épouse, qui a pu le rencontrer à
deux reprises en juin 2006, le cyberdissident est informé de la mobilisation
internationale autour de son cas et son moral est plutôt bon.
Circonstances de l'arrestation
Yang Zili a été arrêté alors qu'il sortait de son domicile à Pékin. Le
même jour, sa femme, Lu Kun, a été interpellée puis détenue soixante-douze heures
avant d'être libérée. La police l'a informée qu'il était « inutile de
chercher son mari car il était avec eux
». Les agents du Bureau de la sécurité publique (PSB) de Pékin ont confisqué
l'ordinateur, des livres et des articles de Yang Zili. Des documents personnels
de Lu Kun ont également été saisis par les policiers.
Elle a écrit un texte intitulé « Mon expérience au centre de détention
du PSB de Pékin », dans lequel elle raconte son arrestation et sa détention.
Elle a été interrogée pendant trois jours par des policiers qui cherchaient à
obtenir les noms des amis de son mari. Les interrogatoires étaient notamment
menés par Wang Jian, un officier du PSB de Pékin en charge d'arrêter les
membres de la Société de la jeunesse nouvelle. L'officier lui a confirmé que
ses services agissaient sous les ordres directs de la municipalité de Pékin.
Lu Kun a notamment été détenue dans une « cellule obscure et humide »
d'un bâtiment de la mairie de Pékin, près du Palais impérial d'été. Avant de la
relâcher, les policiers lui ont fait signer un document dans lequel elle
s'engageait à ne raconter à personne son arrestation, sous la menace d'être de
nouveau arrêtée.
Déroulement du procès
Le 28 septembre 2001, Yang Zili comparaît devant la Cour populaire
intermédiaire de Pékin avec trois autres membres de la Société de la jeunesse
nouvelle, un groupe de discussion clandestin. Alors que le procès devait être
ouvert au public, la Cour décide de n'accorder que trois accès individuels. Les
familles des accusés arrivent tôt pour obtenir des laissez-passer, mais se
voient refuser l'accès de la salle d'audience par des responsables qui leur
affirment qu'il ne reste plus d'accréditations. Les avocats interviennent et
réussissent finalement à faire entrer les familles des quatre dissidents. La
salle ne dispose que de dix sièges pour l'auditoire, dont cinq sont réservés à
des officiels. Trois des quatre accusés sont représentés par un avocat, seul
Zhang Honghai choisit de se défendre lui-même. L'avocat de Jin Haike, Liu Dongbin,
met en doute la validité de certains témoignages produits par le procureur. Il
souligne que les témoins en question ont déjà été impliqués dans des affaires
similaires et que leur valeur juridique est discutable. L'un des juges rétorque
alors que les témoignages présentés dans cette enceinte sont l'affaire de la
cour, non celle des accusés. Ces derniers rejettent l'allégation du procureur
selon laquelle ils cherchaient à réformer le système politique chinois et à
promouvoir ce qu'ils appelaient la « libéralisation » de la société. Yang Zili
établit que ces chefs d'accusation « n'impliquent en aucun cas l'idée de
subversion du pouvoir d'État. Quand nous parlons de liberté et de
libéralisation, nous pensons que cela arrivera par des réformes. Est-ce que les
vingt dernières années de réforme et d'ouverture ne peuvent pas être
considérées comme une voie de libéralisation de la Chine ? » Un témoin cité par
l'accusation l'interrompt, affirmant que le concept de libéralisation utilisé
par la Société de la jeunesse nouvelle se réfère au modèle américain de
séparation des pouvoirs. Yang continue : « Je respecte le système américain de
séparation des pouvoirs. Je pense également que les États-Unis représentent un
modèle social idéal, mais il s'agit seulement de mon avis. Cela ne signifie pas
que l'objectif de notre organisation était de transformer le modèle social
chinois selon le référent américain. » Les quatre dissidents rejettent
également l'accusation selon laquelle ils bâtissaient des ramifications de leur
groupe dans tout le pays par la publication d'articles sur Internet, la
création de sites web et la distribution d'autres formes d'information. Pour
eux, il ne s'agissait que de plans jamais concrétisés. Selon Zhang Honghai, «
rien dans le réquisitoire du procureur ne démontre que nous planifions de
renverser le pouvoir. Nous ne possédions même pas les 300 yuans nécessaires à
l'ouverture du site. Comment cela pourrait-il constituer une atteinte à
l'autorité de l'État ? »
Le procureur affirme ensuite que les articles publiés sur Internet,
notamment « Devenir un nouveau citoyen, réformer la Chine » et « Ce qui doit
être fait », accusent la Chine de « pratiquer une fausse forme de démocratie »,
demandent la « fin d'un système désuet » et affirment leur intention d'établir
« une nouvelle Chine ». Yang Zili, Jin Haike, Xu Wei et Zhang Hongai répliquent
alors que leurs mots sont employés hors contexte, comme de coutume dans les
procès politiques. « Vous ne pouvez pas
choisir de lire certains passages de nos écrits. Si vous voulez analyser chaque
phrase et chaque mot, alors il n'y a rien que nous ne puissions dire », déplore
Jin Haike. Après une audition de quatre heures, la cour se retire sans avoir
prononcé de verdict.
Le procès reprend le 23 avril 2003, après dix-neuf mois d’interruption.
Cependant, les divergences d’opinion entre les membres du tribunal empêchent
les jurés, cette fois encore, d’arriver à un verdict commun. Les quatre accusés
continuent quant à eux de clamer leur innocence et insistent sur la légalité de
leur groupe de discussion. Aux yeux du gouvernement, ils sont toujours
considérés comme de dangereux partisans d’un renversement du pouvoir politique.
Le 28 mai 2003, les quatre dissidents sont finalement condamnés à des
peines de prison allant de 8 à 10 ans. Le 10 novembre 2003, les peines ont été
confirmées en appel.
Le 3 novembre 2005, la Cour suprême de Pékin accepte de revoir le cas
des membres de la Société de la jeunesse nouvelle.
Le 1e mars 2006, des membres de leurs familles, dont Lu Kun,
s’entretiennent avec le juge Li Ping pour lui demander d’ouvrir une nouvelle
audience. Durant les mois d’avril et mai 2006, des témoignages en faveur des
quatre cyberdissidents, qui avaient été ignorés jusqu’ici, sont soumis à la
justice.
L’avocat de Yang Zili rencontre le juge le 16 août 2006 et lui présente
un témoignage écrit de Li Yuzhou, un agent du PSB qui s’était infiltré au sein
de la Société de la jeunesse nouvelle. Il y révèle que cette affaire a été
montée de toutes pièces par le PSB qui, dans le but d’“attraper de gros
poissons“, a fait passer le groupe de discussion pour une organisation qui
visait à renverser le pouvoir. Li Yuzhou s’est aujourd’hui enfui en Thaïlande.
Éléments biographiques
Yang Zili est diplômé de l'université de Pékin en mécanique. Il a exercé
de 1998 à 2000 la profession d’informaticien et développait des programmes pour
une société chinoise.
Il a publié, sous le nom de plume de “Yang Zi“, de nombreux articles sur
son site lib.126.com, connu sous le nom "Le jardin des idées de Yang
Zi", dans lesquels il se prononce en faveur du libéralisme politique. Il
critique également la répression contre le mouvement spirituel Falungong et
dénonce les difficultés économiques des paysans chinois. Dans un poème, il
appelle à « asséner un coup fatal » au « spectre du communisme ». Il a
également publié des articles d'autres membres de la Société de la jeunesse
nouvelle, un groupe de discussion clandestin auquel il appartient et qui se
réunit une fois par semaine pour débattre de réforme politique.
Actions de Reporters sans frontières
- Le 19 avril 2001, Reporters sans frontières s'est adressée au ministre
chinois de la Sécurité publique, Jia Chunwang, pour protester contre
l'arrestation de Yang Zili.
- Le 30 mai 2003, Reporters sans frontières s'est adressée aux
présidents Georges W. Bush et à Jacques Chirac, deux jours avant leur rencontre
avec leur homologue chinois au sommet du G8 à Evian, pour demander la
libération des cyberdissidents, notamment Yang Zili qui vient d'être condamné à
huit ans de prison.
- Le 27 janvier 2004, des militants de Reporters sans frontières ont
symboliquement lâché dans le ciel de Paris des ballons rouges portant des
portraits de journalistes et de cyberdissidents emprisonnés en Chine populaire,
notamment de Yang Zili, lors de la visite du président chinois Hu Jintao en
France.
- Lors de la remise de son prix Cyberliberté, le 22 juin 2004, Reporters
sans frontières a projeté une vidéo de la femme du cyberdissident. Dans ce
film, Lu Kun dénonce les mauvais traitements infligés à son mari en prison et
les irrégularités commises par la justice au cours de son procès.
- Le 7 novembre 2005, l’épouse de Yang Zili est intervenue lors d’une
conférence de presse organisée par Reporters sans frontières à New York, pour
témoigner de la censure Internet en Chine et protester contre la condamnation
de son mari.
- Une équipe de Reporters sans frontières s'est rendue, en novembre
2005, au Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), qui se tenait à
Tunis. Le cas de Yang Zili a été évoqué à cette occasion avec des diplomates et
des médias. Les militants de l'organisation ont par ailleurs déployé une
affiche intitulée "les ennemis d'Internet" dans l'enceinte du palais
où se tenait l'événement. Le poster géant mentionnait la Chine comme l'un des
pays où l'on "emprisonne les internautes".
- À l’occasion de la visite officielle du Président chinois Hu Jintao
aux Etats-Unis entre le 18 et le 21 avril 2006, Reporters sans frontières a
communiqué à l’administration américaine une liste de dissidents emprisonnés
sur laquelle figure le nom de Yang Zili.
- À l’occasion de sa visite en Chine du 8 au 14 juillet, Reporters sans
frontières a adressé une lettre au président du Parlement européen, Josep
Borrell, pour lui demander d’intervenir en faveur de Yang Zili.
- Le Parlement européen a adopté, le 6 juillet 2006, une résolution sur
la liberté d’expression sur Internet. Il est fait mention, dans ce texte, du
cas de Yang Zili.
***
Habib Saleh
Syrie
Arrêté le 27 mai 2005
Homme d’affaires, journaliste et écrivain
LIBERATION PRÉVUE EN 2008
État civil
Né en 1947 à Tartous (Syrie)
Condamnation
Accusé d’avoir « propagé des informations mensongères » sur Internet,
Habib Saleh a été condamné, le 16 août 2006, à trois ans de prison dans un lieu
et des conditions qui nous sont inconnues.
Déroulement du procès
Habib Saleh a été jugé par un tribunal militaire à Tartous le 16 août
2006, soit plus d’un an après son arrestation.
Eléments biographiques
Habib Saleh publiait régulièrement des articles dans le quotidien
libanais An-Nahar (Le Jour) et sur le site Internet Elaph (http://www.elaph.com/). Il participait également à des forums de discussion en ligne comme
celui d’Al-Rai (le Parti démocratique du peuple en Syrie). Il avait notamment
mis en ligne des lettres adressées au Parti Baas, actuellement au pouvoir, dans
lesquelles il critiquait le régime syrien.
Habib Saleh avait déjà été arrêté, en 2001, avec neuf autres activistes
du "Printemps de Damas", une période de relative ouverture, en 2000
et 2001, survenue entre la mort du président Hafez al-Assad et l’arrivée au
pouvoir de son propre fils Bachar. Il présidait alors le Forum de Tartous pour
le dialogue démocratique national. Accusé de "tentative de changer la
Constitution par des moyens illégaux", d’"incitation à des
dissensions confessionnelles et à la sédition", de "propagation
d’informations mensongères" et de "tentative de nuire à l’image de
l’Etat", il avait été condamné, en mai 2002, à trois ans de prison.
Free Yang Zili:
www.intelmessages.org/China/freeyzl/
Échange international de la liberté d’expression: « RSF demande au président du Parlement européen
d'intervenir en faveur des journalistes et cyberdissidents emprisonnés, lors de
sa visite en Chine », voir le texte complet :
www.ifex.org/en/content/view/full/75654
Frédéric Bobin, La Chine condamne lourdement un groupe de jeunes intellectuels, in
Le Monde, 31 mai 2003 reproduit sur Faire le jour : http://www.fairelejour.org/article.php3?id_article=278.
Urgent
Action for Habib Saleh: www.ordoesitexplode.com/me/2006/08/urgent_action_f.html
Reporters sans frontiers:
Human Rights Watch : www.hrw.org
Sur la Chine: http://hrw.org/doc/?t=asia&c=china
Sur la Syrie : http://hrw.org/doc/?t=mideast&c=syria
La Chine sur The
Economist : http://www.economist.com/countries/China/
Note:
1. Affaires étrangères et Commerce
international Canada, L'Afghanistan et la
politique internationale du Canada. Le contexte afghan :
http://geo.international.gc.ca/cip-pic/current_discussions/afghanistanbackground-fr.asp
###
Commentaires livresques : Sous la jaquette!
L’histoire contemporaine
vue autrement :
La
face cachée du pétrole!
Commentaires de Michel Handfield sur le livre
d’Éric Laurent, 2006, La face cachée du pétrole, France/Canada : Plon
13 décembre 2006
Ouf!
L’histoire récente du monde telle que vous ne l’aurez jamais vu auparavant, car
elle est prise sous l’angle du pétrole. Par exemple, en 1922, un
accord secret, le « traité de
Rapallo » est signé entre l’Allemagne et la Russie les deux pays au
banc de la communauté internationale, leur permettant « une consolidation du Pouvoir communiste en
Russie et un réarmement massif et secret de l’Allemagne. » (p. 55)
L’Allemagne profitera ainsi du territoire russe pour refaire son armement, mais
aussi de son pétrole pour contourner les limitations qui lui avaient été
imposées suite à la première Guerre mondiale. De leur côté, les Russes auront
gagné la coopération de l’Allemagne à la mise en place d’une industrie
soviétique de l’armement et de l’exploitation pétrolière. Un genre de pétrole
contre technologie comme récemment nous avons connu un « Pétrole
contre nourriture »
qui a aussi dérapé! (p. 369-371)
S’il
en est ainsi, c’est que le pétrole est le carburant du XXe siècle. C’est ce qui
soutient la production. Mais attention, ce n’est pas qu’une énergie; c’est
aussi un produit. Oui, nous en avons besoin comme carburant. Oui, il est la
colonne vertébrale de toute l’industrie du transport. Mais c’est beaucoup plus
que cela. Le pétrole est à la base des plastiques, insecticides, engrais,
peintures, médicaments, fibres synthétiques dans nos vêtements, encres, etc.
(p. 379) Pas de pétrole, pas d’autos ni d’ordinateurs, car il entre dans la
fabrication du boîtier et des puces électroniques par exemple. Quand on parle
d’énergies alternatives, le pétrole entre aussi dans leur fabrication, que ce
soit directement dans les composantes ou pour répondre aux besoins énergétiques
de leur fabrication!
Le
pétrole est le nerf de l’économie moderne. Cependant, il a une
limitation : il n’est pas renouvelable. Il ne se régénère pas! La baisse
des stocks pétroliers est donc une question sensible. Le contrôle des pays
producteurs et des routes d’approvisionnement devient de plus en plus une préoccupation
stratégique. L’intervention militaire états-unienne en Irak n’est peut-être pas
un hasard; ce que la rumeur publique disait déjà, mais ce que de plus en plus
de fuites tendent aussi à confirmer. (pp. 222-229)
Il
occasionne aussi des problèmes environnementaux importants, mais l’économie en
est trop dépendante pour seulement ralentir son usage, même pas faire marche
arrière! Ceci nous donne droit à des campagnes de désinformation bien
orchestrée pour faire illusion malgré les risques que nous encourrons.
Pourrions-nous
changer nos habitudes de vie? Condamner des pans entiers de notre industrie au
nom de la sauvegarde de cette ressource? Par exemple, serions-nous prêts à
condamner l’industrie du transport individuel – ou du moins à réduire
drastiquement les voitures en nombre et en taille – et à réinvestir massivement
dans le transport collectif et les services de proximité pour réduire les
déplacements? Ce serait pourtant une façon d’utiliser le pétrole de façon
efficiente, c’est-à-dire dans la production de produits « durables »,
comme les fibres, l’électronique et les médicaments, plutôt que volatile comme
le carburant, car celui pose davantage de problèmes qu’il n’en résout.
Et
qu’arrivera-t-il avec les besoins grandissants de la Chine, qui est train de
devenir le plus grand fournisseur mondial de produits de consommation (1)?
Quels seront les effets sur les changements climatiques du recours accéléré aux
énergies fossiles par les États-Unis et la Chine? Un affrontement avec les
États-Unis, qui ont aussi des besoins immenses en pétrole, devient une
possibilité, mais des révolutions et des guerres à l’échelle de la planète sont
aussi une probabilité qu’on ne peut pas écarter du revers de la
main :
« Ce
document prédit qu’un brusque changement climatique pourrait mener la planète
au bord de l’anarchie générale, dès le moment où des pays déploieraient leurs
arsenaux nucléaires pour se défendre ou se procurer les ressources en
nourriture, en eau et en énergie en voie de diminution. La mise en péril de la
stabilité mondiale éclipsera largement la menace terroriste, disent les
quelques experts dans le secret. » (Mark Townsend et Paul Harris, « Now the
Pentagon tells Bush : climate change will destroy us », The Observer, 22
février 2004, cite p. 336)
Faudrait-il revenir à la production locale à
plus petite échelle pour fournir des marchés de proximité. (2) Sacrifier une
part de la plus-value au profit de la durée? Là on a la mentalité du buffet. On
s’empiffre non pas jusqu’à plus faim, mais jusqu’à ce qu’il n’y ait plus; au
risque de faire une indigestion et de crever de faim après. Un genre d’hystérie
collective. Comme si l’Homme n’avait jamais évolué. Mais on risque un
formidable bond en arrière si on ne modifie pas nos comportements : plus
de goudrons, d’asphalte ou d’autos. Fin
de la distribution. « L’agriculture recule d’un siècle ». Les tissus
synthétiques disparaissent… et j’en passe des meilleures! (pp. 378-9)
À
lire, à méditer et à comprendre. En espérant que la lecture de ce livre fera
changer certains de nos comportements et de nos gouvernants pour notre bien
commun à tous.
Notes :
1. « Dès maintenant, rappelle Jacques
Gravereau, la Chine produit 60% des jouets du monde, 50% des appareils photo,
50% des climatiseurs, 45% des DVD, 42% des motos, 40% des téléviseurs. »
(Jacques Gravereau, HEC Eurasia Institute, 2005) cité p. 268.
2. Schumacher, E F, 1978, Small is beautiful, Paris: Seuil, coll. Point.
Arrière de couverture :
Le pétrole a toujours été le principal enjeu
planétaire et pourtant, aujourd'hui comme hier, il reste entouré de nombreux
mystères.
Pour la première fois, ce livre révèle ce qui a
été soigneusement dissimulé aux opinions publiques :
Pourquoi le fameux choc pétrolier de 1973
n'était qu'une manipulation, le résultat d'une entente entre les pays de l'OPEP
et les grandes compagnies pétrolières.
Pourquoi les chiffres concernant les réserves
mondiales dé pétrole sont totalement faux,
volontairement grossis par les pays producteurs. En Arabie Saoudite et
en Russie, les montants exacts relèvent même du secret d'État.
Comment Washington a utilisé l'arme du pétrole
saoudien pour provoquer l'effondrement de l'Union soviétique.
Pourquoi, dès mars 2001, six mois avant le 11
septembre, des cartes de L'Irak sur lesquelles étaient tracées les futures
explorations pétrolières servaient de documents de travail au vice-président
Cheney et à des responsables pétroliers, au sein du groupe surnommé " la
société secrète ".
La Face cachée du pétrole est le résultat d'une
longue enquête qui a conduit Eric Laurent - auteur notamment de La Guerre des
Bush - en Chine, en Asie centrale, dans la zone de la mer Caspienne et dans le
golfe Persique.
Désormais, pour six barils consommés chaque
jour, un seul est extrait et nous sommes à la veille d'un
choc pétrolier d'une ampleur sans précédent.
---
Helliwell, John F., 2005, Mondialisation et bien-être (Traduit
de l'anglais par Michel Buttiens), Québec : PUL, Collection: Sociologie
contemporaine
Arrière de couverture :
Chercheurs et responsables de l’élaboration des
politiques jettent un regard neuf sur les politiques publiques afin d’y trouver
des fondements plus larges à l’évaluation de leurs incidences économiques et
sociales sur les particuliers, les familles, les collectivités et les nations.
Le présent ouvrage sert d’introduction à ces nouvelles recherches sur le
capital social et le bien-être et les applique aux grandes questions auxquelles
sont confrontés autant les particuliers que les gouvernements en cette ère de
mondialisation.
John Helliwell commence par examiner les plus récentes données sur les
incidences de la mondialisation sur la prééminence des États-nations. Il
analyse ensuite les conséquences de la mondialisation sur la nature et la
portée des politiques publiques, selon une perspective à la fois nationale et
internationale. Dans l’ensemble de l’ouvrage, l’auteur souligne que le
bien-être constitue un thème en soi sur le plan de la recherche et des
politiques publiques. Il soutient que, quelque opinion que l’on entretienne sur
la mondialisation, des pays comme le Canada ont toute la latitude voulue non
seulement pour conserver leurs caractéristiques particulières mais également
pour mettre en place leurs propres politiques nationales et internationales.
Mondialisation et bien-être constitue une lecture essentielle pour toute
personne qui cherche à s’y retrouver dans le fouillis des affirmations
contradictoires sur la place laissée aux politiques nationales dans le monde
actuel.
John Helliwell est
professeur d’économie à l’Université de la Colombie-Britannique. Ses travaux de
recherche et ses publications antérieures ont porté sur de nombreux aspects de
l’économie et des politiques publiques. Il a dirigé la Chaire Brenda et David
McLean d’études canadiennes de 1999 à 2001.
© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval
Commentaires de Michel Handfield (8 décembre 2006)
Quand, dans l’introduction, j’ai lu que ces
textes avaient été présentés « dans
le cadre de conférences destinées aux mécènes de l’Institut C.D. Howe »
(p. 1) j’ai eu un doute. Ce livre serait-il plombé vers la droite
conservatrice?
Mais,
le C.D. Howe (www.cdhowe.org)
n’est pas le Fraser institute (www.fraserinstitute.ca); moins à droite, plus centriste me
semble-t-il? C’est du moins ce que m’a laissé croire la lecture de ce
livre dont j’ai été agréablement
surpris.
Il
prend ses distances face à ce que l’on entend souvent de la mondialisation,
tant des pour que des contres. Oui les marchés extérieurs sont importants, mais
il ne faut pas négliger les marchés intérieurs et de proximités. Les chiffres
en montrent l’importance.
Il
est sûr que si l’on parle de marchés de proximité, l’on ne peut négliger notre
voisin états-unien. Mais il ne faut pas non plus en être dépendant. On a
d’abord un marché intérieur. (1) Puis, vers l’ouest, nous avons aussi un autre
grand marché à proximité : la Russie! Et nous avons une proximité culturelle
avec l’Europe et l’Asie par nos populations. Politiquement on est aux confins
de ces politiques : euro-Américains. Cela n’a jamais fait de doute chez
moi. Alors quand je lis ce qui suit, je ne peux qu’être d’accord :
« Lorsqu’on est confronté à une alternative
de politique étrangère, un choix étant une politique à l’orientation mondiale
et l’autre une voie passant essentiellement par le maintien des efforts en vue
d’harmoniser ses politiques avec celles des États-Unis, la décision m’apparaît
ne laisser aucun doute. Au vu des données que j’ai recueillies, la deuxième
option constituera sans doute un mauvais choix tant sur le plan économique que
politique. » (p. 82)
Bref, un livre intéressant si les questions de mondialisation et de bien-être vous préoccupent,
car il permet d’aller plus loin que les concepts tout faits de la gauche ou de
la droite. Je ne dis pas que toutes les idées soulevées sont parfaites,
certaines sont parfois discutables, mais elles sont intéressantes. Cependant,
et c’est là le point au sujet de ce livre : il remet en cause des idées fausses trop souvent répétées
par des idéologues, car, même si une idée est souvent répétée, elle n’en
demeure pas moins fausse même si elle devient une vérité dans l’opinion
publique.
Note :
1. Il est sûr qu’il faudrait par contre le
libéraliser, car des barrières interprovinciales existent. L’auteur en parle
et, pour ajouter de l’eau à son moulin, le Maclean’s a publié un excellent
article sur ce sujet dernièrement : Preville, Philip, « Exclusive report : how to fix
Canada. On the brink », Maclean’s, Nov. 27, 06, pp. 40-46.
---
Robbins, Alexandra, 2005, Skull and Bones, Paris: Max
Milo/Essais-Documents : http://www.maxmilo.com
« Lors de
ma dernière année d'étude (à l'université de Yale), j'ai rejoint la société
secrète Skull and Bones, une société tellement secrète que je ne peux en dire
plus. » Georges Bush.
Résumé :
Un spectre hante l’Amérique. Le pays serait
gouverné par une société secrète appelée Skull and Bones. Composé d’anciens
élèves de l’université de Yale et fondé en 1832, ce club très fermé repose sur
trois fondements : le principe de l’élection, le goût du secret et le
développement d’un réseau. En effet, pour pouvoir être placé à des postes
d’influence, le Bonesman est choisi et promet de taire à jamais son admission
au sein de l’organisation. Skull and Bones intrigue par sa culture du mystère
et l’exercice de son pouvoir occulte à travers l’Amérique. Un tel lobby aussi
puissant qui fait du secret un objet de fétichisation méritait une enquête :
Alexandra Robbins, journaliste d’investigation, elle-même ancienne élève de
Yale, retrace ici l’histoire édifiante de cette société mystérieuse qui recrute
parmi la crème de la crème de l’establishment. Un travail objectif et sérieux
qui désamorce les fantasmes et permet de faire la part des choses entre mythe
et réalité, entre conspiration et lobby.
Commentaires de Michel Handfield (7 décembre 2006)
Il y
a Harvard. Il y a Yale. De grandes institutions qui ont une histoire, mais
aussi une aura de mystère, ce qui ne peut qu’encourager la mythologie autour de
ces institutions. C’est particulièrement le cas de Yale (www.yale.edu)
avec ses sociétés secrètes; confréries d’étudiants! C’est particulièrement le
cas d’une de ces sociétés, les « Skull
& Bones » (une recherche sur Google est fort intéressante à faire
d’ailleurs) dont plusieurs familles en vue aux États-Unis ont été membres,
incluant des Bush.
Cette
fraternité a toujours su faire les choses pour encourager cette aura de mystère
et de suspicion. C’est parfois une forme de marketing que d’être mystérieux,
car pour savoir il faut y être reçu. Cela en fait donc une des sociétés en vue
et avec un tel bassin de candidats potentiels qu’elle a su s’attirer une
certaine élite : élèves au dessus de la normale ou membres de familles
célèbres, ce qui ne fait qu’accroître la force de son réseau et l’intérêt d’y
être admis.
C’est
ce récit, avec débroussaillage des mythes et des vérités, que raconte ce livre.
Pour amateur d’histoire et d’anecdotes concernant cette élite qui nous
gouverne.
---
Michel Handfield
24 novembre 2006
Il se faisait attendre depuis longtemps et nous
avons été heureux de le voir arriver, car il vient
remplacer la version que nous avions sous Windows 98. Nous attendions cette
nouvelle version avec impatience depuis que nous avons changé d’ordinateur.
Heureux de te revoir Robert!
Nous avons eu un Bogue mineur, mais cela peut être dû à d’autres
programmes, car vous comprendrez qu’en tant que revue de critique sociale et
politique, nous avons quelques dictionnaires et encyclopédies spécialisées sur
notre ordinateur. Ce bogue se résout cependant très facilement s’il survient,
ce qui fait que nous ne nous étendrons pas davantage sur celui-ci, mais vous
trouverez toutes l’information nécessaire à la fin du texte si besoin est. (1) Mystère et boule
de gomme, il n’est pas dit que vous l’aurez!
Pour chercher un mot en « Word » ou
dans une autre application, contrairement à certains autres dictionnaires
électroniques, le clic inversé de la souris ne fonctionne pas. A la place, il
faut surligner ou sélectionner le mot, généralement par un double-clic de souris, puis ensuite cliquer sur le logo du Robert dans la « barre des tâches » (voir
figure). Le Petit Robert recherche alors
le mot demandé et s’ouvre. Efficace, on n’en demande pas plus.
Au niveau des caractéristiques du Robert 2007
sur CD-ROM, il y a de quoi avoir des
heures de plaisirs avec la langue française. Soulignons, entre autres :
- 60 000 mots, accompagnés de leur
transcription phonétique et de leur étymologie;
- Toutes les significations les plus fines et
les plus actuelles, au travers de 300 000 sens;
- 35 000 citations de plus de 1 150 auteurs;
- 180 000 renvois analogiques (synonymes,
analogies, contraires, homonymes…) permettant notamment de naviguer au sein des
familles de mots, ou du mot connu vers le mot inconnu ou oublié.
Le Petit Robert est aussi très convivial.
« Le logiciel du Petit Robert incorpore un système de phonétisation
vous permettant de retrouver des mots (si
vous hésitez sur leur orthographe) d'après leur prononciation, en les tapant de
la manière la plus intuitive possible. Ce correcteur est donc phonétique, car
il retrouve les mots à partir d'une orthographe approximative pourvu qu'elle
respecte la prononciation. » (Source : Aide en ligne du Robert)
C’est là un outil fort utile quand l’on a l’intuition d’un mot, mais qu’on ne
connaît pas sa graphie.
Le Petit Robert sur CD-Rom offre davantage que
le dictionnaire papier, car il comprend aussi certains noms propres associés
aux citations. Foucault et Rousseau s’y retrouvent par
exemple. C’est un plus pour bien comprendre les choses.
Je l’ai reçu le 13 novembre dernier et je
l’utilise depuis. J’ai donc pu me rendre compte qu’il est assez complet. Peu de
mots n’y sont pas, à moins de termes très spécialisés, voir herméneutique. Il est aussi très convivial,
car vous avez des onglets qui renvoient à l’« étymologie », aux « contraires »,
aux « citations », à des
« exemples et expressions »
et aux « homonymes ». Un
outil essentiel pour le cégépien et l’universitaire; qui répond à au moins 80%
des besoins des étudiants avancés, les dictionnaires universitaires et propre à
une discipline, comme un dictionnaire de sociologie ou de philosophie, comblant
souvent le reste. C’est un essentiel pour qui travaille ou aime la langue
française et utilise l’ordinateur. Le joueur de « scrabble »
préférera probablement la version papier par contre, à moins de jouer au
« scrabble » sur ordinateur ou par internet!
***
Voici maintenant quelques définitions et citations du Petit Robert en exemple. Je les ai cependant quelque peu coupés pour des raisons techniques et de longueur. Celles-ci renvoient aux mots que nous avons mis en caractères gras et hyperliens dans notre texte. Nous l’avons fait exprès bien entendu.
Bogue: Inform.
Défaut d'un logiciel entraînant des anomalies de fonctionnement. Supprimer des
bogues.
Clic : Onomatopée imitant un claquement sec.
clic-clac. «Clic, et fin de la communication» (Pennac).
2
N. m. Pression exercée par le doigt sur le bouton de la souris d'un
ordinateur. Lancer une recherche d'un simple clic. En
quelques clics.
Complément :
Ce qui s'ajoute ou doit s'ajouter à une chose pour qu'elle soit complète. Le
complément est intégré à la chose, le supplément est extérieur. Le dessert,
complément du repas. Un complément d'information. Complément à un ouvrage
imprimé (addenda, 2. annexe, appendice), à une lettre (post-scriptum), à un
testament (codicille). Le complément d'une somme. Ajouter qqch. en complément.
Convivial : Inform. Se dit d'un système informatique dont
l'utilisation est aisée pour un non-professionnel.
Foucault
(Commentaire) : «Faire une
analyse des discours qui échapperait à la fatalité du commentaire».
Graphie :
Manière dont un mot est écrit. Graphies phonétiques.
Herméneutique :[ɛʀmenøtik]
adjectif et nom féminin
étym. 1777; grec hermêneutikos, de hermêneuein «interpréter»
1
Qui a pour objet l'interprétation des textes (philosophiques,
religieux). L'art, la science herméneutique.
▫ N. f. L'herméneutique : interprétation des textes, des symboles.
L'herméneutique sacrée : interprétation des textes bibliques. Herméneutique
kabbalistique.
2 Relatif à l'interprétation des
phénomènes du discours considérés en tant que signes. Texte, philosophie
herméneutique.
▫ N. f. Système d'interprétation (décodage) d'une séquence de
signes complexes. « Appelons herméneutique l'ensemble des connaissances […] qui
permettent de faire parler les signes et de découvrir leur sens » (Foucault).
Mystère
et boule de gomme :
on n’en sait rien. (Exemples et expressions)
Rousseau (Abrutir): «La
débauche avait abruti son esprit».
Scrabble : Anglic. Jeu de société consistant à remplir
une grille préétablie au moyen de jetons portant une lettre, de manière à
former des mots.
***
Juste faire le tour des caractéristiques
techniques et j’en aurais pour quelques
pages de plus, mais ce serait encore fragmentaire comme explication, car ce
programme offre plusieurs caractéristiques. En cas de besoins particuliers, une
« Aide en ligne » peut
s’ouvrir si vous êtes branchés sur internet et celle-ci, outre les rubriques
d’aide habituelles, comprend aussi des compléments au dictionnaire comme le « Tableau des
abréviations », les « accord[s] du p. passé », et les « Noms communs et adjectifs correspondant aux
noms de lieux », ce qui est fort utile en plus d’être fort
intéressant!
Une version de démonstration est disponible sur www.lerobert.com/editions-
electroniques/catalogue/pr/petit_robert_pres.asp. Pour les autres produits du Robert, voir www.lerobert.com
Note :
1. Il faut quand même l’expliquer au cas où vous l’ayez. Quand la
fonction « Lancer au démarrage »
est activée il nous apparaît une fenêtre « Unhandled exception has occured in your application… » quand
nous cliquons sur l’icône du Robert
situé dans la « barre des tâches »
au premier usage (voir la figure). Il faut alors choisir « continue » puis le tout fonctionne très bien par la suite. Nous pouvons aussi
décocher cette option « Lancer au
démarrage » et démarrer notre Petit
Robert à partir de la barre d’outils « Lancement
rapide », du « Bureau »
ou du menu « démarrer ».
Quand nous avons lancé notre application à partir de la barre d’outils « Lancement rapide », ce
message d’erreur n’est plus apparu par la suite même si nous cliquons sur
l’icône de la « barre des tâches »
(voir la figure) tel qu’indiqué pour avoir une définition. Pourquoi en est-il
ainsi puisque l’icône est de toute manière dans la « barre des tâches »? Je ne sais pas. Mystère
et boule de gomme!
---
Salon du livre de Montréal
Michel Handfield
17 novembre 2006
C’est la place où aller actuellement pour avoir un éventail de la
culture écrite, qu’elle soit scientifique, philosophique, poétique, artistique,
romancée, imaginaire…! Je risque d’y passer quelques heures… un peu tous les
jours!
Comme une image vaut mille mots, voici quelques milliers de mots :
D’abord, une vue du
salon :
Ensuite, une jeune lectrice de Societas Criticus rencontré au Salon, Stéphanie D. Théoret. L’avenir de la culture… passe par la jeunesse.
###
Reçu le 29 novembre 2006 : MOUAWAD, Wajdi, 2003, Incendies (Pièces), France : Actes
Sud et Québec : Leméac, 96 pages, ISBN 2-7427-4373-1 / F79759, www.actes-sud.fr
Lorsque le notaire Lebel fait aux jumeaux Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament
de leur mère Nawal, il réveille en eux l'incertaine histoire de leur naissance
: qui donc fut leur père, et par quelle odyssée ont-ils vu le jour loin du pays
d'origine de leur mère ? En remettant à chacun une enveloppe, destinées l'une à
ce père qu'ils croyaient mort et l'autre à leur frère dont ils ignoraient
l'existence, il fait bouger les continents de leur douleur : dans le livre des
heures de cette famille, des drames insoupçonnés les attendent, qui portent les
couleurs de l'irréparable. Mais le prix à payer pour que s'apaise l'âme
tourmentée de Nawal risque de dévorer les destins de Jeanne et de Simon.
---
Finkielkraut, Alain, Baconnet, Marc, et Grange, Mireille, 2003, Enseigner les lettres aujourd'hui,
Genève : éditions du tricorne (www.tricorne.org)
Une amie qui enseigne la philosophie dans un
lycée parisien me racontait l’autre jour que lors d’un bac blanc elle avait
fait plancher ses élèves sur la question : “La science peut-elle tenir lieu de
sagesse ?” En corrigeant les copies, elle eut la désagréable surprise de
constater que la moitié de la classe était hors sujet, faute d’avoir su ce que voulait
dire “tenir lieu de”. Au vu de cette anecdote, que mille autres récits
corroborent, je voudrais poser à mes deux invités, Mireille Grange, professeur
de collège en zone d’éducation prioritaire, et Marc Baconnet, doyen honoraire
de l’Inspection générale des lettres, membre du Comité national des programmes
- et romancier - , l’abrupte question suivante : qu’est-il arrivé à
l’enseignement du français ?
###
Des souvenirs devant...
RCA/Sony-BMG, code barre : 28767-81442-1
1. Je fais semblant
2. J'm'attendais pas à toi
3. Panne de mélancolie
4. Lettre au père Noël
5. Raconte-moi
6. Adieu
7. Gosses en cavale
8. Va où tu veux
9. Notre plus beau visage
10. Où sont les rêves
11. Peuple impopulaire
12. Ma maison de papier
Commentaires de Michel Handfield (18
novembre 2006)
N.D.L.R : Les nos de pistes seront entre
parenthèses lorsque je ferai référence à une chanson dans le texte.
Je ne
fais pas semblant, j’ai demandé ce CD pour la piste 11 d’abord. Peuple impopulaire, un texte de Victor
Hugo adapté par Patrick Bruel d’après le plaidoyer « A ceux qu’on foule aux pieds. » Paroles très signifiantes même
si elles ont plus de 100 ans! Quand il écrit
Et c'est tout un peuple
Qui attend son salaire
Ce peuple qui parfois
Devient impopulaire
Comment
ne peut-on pas penser aux fils de la France, descendants d’immigrés de 2e
ou 3e génération qui n’ont plus leur place en France. Comment ne pas
penser aux laissés pour compte d’ici, au Québec ou au Canada, car il y en a,
fils d’immigrés ou de souche. Sauf qu’en les distinguant on les divise et on
les monte les uns contre les autres. Les enjeux ethniques sont parfois des
enjeux socioéconomiques, mais maquillés. Quand il demande « Faut-il aller plus loin? Faut-il continuer? »,
la réponse est clairement oui. Il faut s’impliquer socialement et politiquement
pour changer les choses, car la vie ce n’est pas seulement de changer le poste
avec sa télécommande ou de vivre par procuration télé!
Pour moi
juste cette chanson vaut le prix de l’album, surtout que la musique de Bruel la
met en valeur. Mais Patrick Bruel, c’est plus qu’une chanson. C’est tout un
album. On n’a qu’à lui dire Raconte-moi
(5) et il nous parle de rêves (10) et de mélancolie (3); d’Adieu (6) et de liberté : Va
où tu veux (8)! Le tout sur un ton entraînant. Ce n’est pas du rock ou de
la pop, mais du Brassens ou du Brel d’aujourd’hui. De la chanson à texte sur
une bonne musique. C’est du Bruel comme on disait autrefois du Brel!
Suggestion de lecture :
Pena-Ruiz, Henri, et Scot, Jean-Paul, 2002, Un poète en politique. Les combats de Victor Hugo, Paris : Flammarion
###
Du 30 Novembre au 9 décembre 2006, à 20h (du
mardi au samedi) et le 9 décembre à 15h et 20h.
Théâtre LaChapelle
3700, Saint-Dominique, Montréal
Réservations : 514.843.7738
Texte : Fanny Britt
Mise en scène : Alexia Bürger
Chorégraphies : Lin Snelling
Avec Dominique Leclerc, Ginette Morin, Nadine Sures et Sarah Wendt
La pièce :
Une amnésique témoigne de son histoire.
À moins que ce ne soit pas la sienne?
À moins que ce soit celle d'une autre?
Une histoire vue à la télé ?
Bientôt émergent des personnages – une
reporter, une morte et sa sœur jumelle – qui réclament la place qui leur est
due dans un drame opposant l'intime et le public.
À travers une série de tableaux théâtraux
teintés par la danse, SHOWDOWN se veut une réflexion sur la mémoire et
l'empathie. Elle questionne les liens pernicieux qu'entretiennent médias et
réalité.
SHOWDOWN est la toute première création de
Docteur Fröbel.
Extrait du texte :
On sort du cinéma
On sort du cinéma il est tard
Le film
A un titre
Un titre – je me souviens plus
Joie
Ou
Bonheur
Mélodie du bonheur? Est-ce que
c’était la Mélodie du bonheur?
Il y a du monde
Plein de monde plein de talons
hauts
Talons hauts bas de soie manteaux
longs
Ça doit être l’hiver ou au moins
le début de l’hiver
Avant Noël c’est ça c’est avant
Noël
Je me souviens plus
On voit rien il y a plein de
monde devant la marquise (…)
La foule parle
Elle a couru elle est sortie
comme ça en sous vêtements
nus pieds au milieu de la rue
Il paraît
Parce que nous, on l’a pas vue
courir
Pas vue s’effondrer
Elle est apparue sous nos pieds
comme la première neige
Déjà morte
Couverte de journaux de fortune
en attendant la morgue
Ils ont dit son nom
Je me souviens plus
Ils ont raconté son histoire
Je me souviens plus
Noir et Blanc
Nuit
Éteinte
Je me souviens plus
Commentaires de Michel Handfield (2 décembre
2006)
Court, mais
intense. Pièce ethnométhodologique. Un événement a eu lieu. On essai de le
reconstituer à travers le témoignage d’une femme à la mémoire défaillante. Y
était-elle ou l’a-t-elle vue à la télé, sa mémoire se perdant?
A moins que
ce ne fût un attentat (portez attention non seulement à ce qui est dit, mais à
la trame sonore de cette pièce) et que sa mémoire défaille suite à celui-ci. Ce
n’est pas clair. Ce n’est jamais clair. Peut être l’a-t-elle seulement vu à la
télé? Peut être est-elle arrivée après coup? Qu’on lui a conté…
Les autres
personnages qui entrent en jeu, que veulent-ils au juste? Comprendre ce qui est
arrivé? Ce qui leur est arrivé? Car si elles y étaient toutes? Si du passage
d’un monde à l’autre – de celui-ci à l’au-delà en passant par la nouvelle
télévisée – quelque chose se poursuivait en même temps que quelque chose se
perdait? Si la journaliste continuait à chercher à comprendre sans réaliser
qu’elle n’est plus dans le même monde? Comme sa sœur ou comme la dame
amnésique. Si elles étaient toutes dans un univers parallèle, entre le monde
d’ici et d’ailleurs, et qu’une partie de la mémoire se poursuivait, mais avec
de plus en plus d’absences? Qui croire? Que croire?
Une pièce
sur les médias, mais aussi sur la vie et l’au-delà, tout étant interprétation
et symbolique. Car comme l’amnésique, on ne sait jamais tout à fait! Mais, qui
dit qu’elle est amnésique? L’auteur? Et si elle était tout simplement ailleurs;
si elle ne se rappelle plus très bien de la pensée de l’auteur d’ailleurs!
Des
histoires qui se confondent en un point de rencontre – la sortie du cinéma - ou
une histoire vue de points de vue différents? Un drame qui est réellement
arrivé ou une fiction télévisuelle que l’on confond avec la vie? A vous de voir
et de vous faire votre tête, car comme pour un accident, il y a autant
d’interprétations que de spectateurs.
Histoire
vraie ou histoire inventée se confondent dans l’opinion au point que le vrai
devient parfois le faux et vice versa. Si la télé le dit, c’est que ce doit
être vrai. C’est la téléréalité. Mais,
la téléréalité est-elle la vérité? Au fait étais-je au théâtre ou devant mon
écran d’ordinateur le soir de la première? Je ne sais plus, ça se confond dans
ma mémoire. Peut être pourriez vous vérifier au théâtre La Chapelle pour moi… jusqu’au 9 décembre 2006!
---
L’histoire lamentable de Titus
De
William Shakespeare
Traduction de Jean-Pierre Richard- Mise en
scène de Jean Asselin
Espace Libre, les 18 et 19 octobre et du 24
octobre au 4 novembre à 19 heures Représentations supplémentaires du 7 au 11
novembre à 19 heures
Un Shakespeare intégral dans un cadre convivial
Production ambitieuse, L’histoire lamentable de
Titus, présentée en février dernier à Espace Libre, a conquis plus de 2500
spectateurs ! Suite à ce succès public, la compagnie Omnibus est fière de
proposer à nouveau cette fresque anachronique et débridée pour 17
représentations exceptionnelles. 12 comédiens, 35 personnages, 120 accessoires
pour 3 heures 30 de spectacle où, comme au temps du grand Will, le public peut
boire et manger pendant la représentation…
Mieux qu’un spectacle : une véritable
expérience théâtrale!
L’histoire lamentable de Titus, par Omnibus
William Shakespeare donne pour cadre à sa
première tragédie un empire hégémonique qui pourfend le barbare. Tiens, tiens!
Le révisionnisme esthétique de ses histoires, drames historiques et tragédies,
ne fait-il pas office d’Histoire? Le mérite littéraire du grand Will consiste
justement à en révéler les intentions politiques et le sens historique.
Dans cette Rome où la grâce n’existe pas, seule
demeure la vengeance, la loi du talion. Titus, le héros, fait sans état d’âme
pencher la balance du côté d’un conservatisme méprisant les valeurs humaines et
le pardon. Aux limites de l’endurance humaine, cette tragédie entretient
l’inconfort entre la pitié et la répulsion et, devant l’énigme insondable du
mal, nous laisse déchirés entre le désir de comprendre et la peur de savoir.
Œuvre de jeunesse, Titus flatte le voyeurisme
par une véritable débauche de violence et de cruauté.
L’horreur y est agencée dans un style verbal et
visuel dantesque. L’atrocité de l’intrigue et la mise en valeur de la
souffrance, exactes et crédibles, sont révélées par l’art à l’encontre des médias
qui lesbanalisent.
Titus, tragédie de la vengeance, se déroule
dans une Rome préchrétienne impossible à dater. Par sa ritualisation de
l’horreur, d’autant plus effroyable de froideur et de formalisme, cette pièce
toujours d’époque invite à nous inquiéter et nous indigner de la résurgence
atavique de la violence, et de la fascination qu’elle exerce. Toutes les
tragédies impliquent l’abus par des personnes humaines d’une puissance et d’un
pouvoir excessifs que notre lâcheté leur a consenti. L’artifice théâtral fait
œuvre de résistance à ces dérives, tente de les désamorcer en en révélant le
sens philosophique.
Résumé de L’histoire lamentable de Titus
Titus est un général romain vaillant et
héroïque. Ayant combattu les Goths, il revient en triomphe à Rome avec des
prisonniers, dont la reine des Goths, Tamora, ses trois fils et le Maure Aaron,
favori de la reine. Titus a perdu dans ses campagnes vingt et un de ses vingt
cinq fils. Prétextant qu’il obéit aux lois de sa religion, il offre un des fils
de Tamora en sacrifice.
Le trône est proposé à Titus alors que les deux
fils de l’empereur défunt, Saturninus et Bassanius, se disputent la fonction.
Titus renonce à cet honneur et se rallie à la candidature de Saturninus,
aussitôt couronné. Les deux frères veulent épouser Lavinia, l’unique fille de
Titus, puis Saturninus y renonce pour épouser Tamora qui elle, jure de se
venger de Titus pour la mort de son fils.
Les fils de Tamora, Demetrius et Chiron,
poussés par Aaron, tuent Bassanius, violent et mutilent Lavinia. On demande une
rançon à Titus pour sauver la vie de ses propres fils accusés faussement du
meurtre de Bassanius. Titus accepte de se faire couper une main. Mais il est
trompé. On lui rapporte sa main et la tête de ses deux fils sur un plateau.
Lucius, le dernier fils de Titus, est exilé.
Pendant ce temps, Tamora met au monde un enfant
de race maure. Aaron, clairement désigné comme son père, l’emporte hors de
Rome.
Titus va à son tour se venger de tous ceux qui
l’ont trahi. Il tue les deux fils de Tamora et confectionne avec leurs têtes
des pâtés qu’il sert lors d’un banquet où Saturninus et Tamora sont invités. À
la fin, dans une scène de carnage, Titus tue sa propre fille, Saturninus tue
Titus. Lucius tue Saturninus et est proclamé empereur.
Crédits :
La plupart des acteurs jouent plus d’un rôle,
mais j’ai mis entre parenthèse leur principal rôle dans la pièce :
Avec Jean Boilard (Saturninus), Daniel
Desputeau (Bassianus), Philippe Ducros (Lucius, fils de Titus), Sophie Faucher
(Tamora, reine des Goths), Christian LeBlanc (Démétrius, fils de Tamora), Denis
Mercier (Titus), Widemir Normil (Le maure Aaron), Isabelle Pastena (La
nourrice), Charles Préfontaine (Marcus Andronicus), Sébastien René (Le jeune
Lucius), Évelyne Rompré (Lavinia, fille de Titus), Martin Vaillancourt(Chiron,
fils de Tamora).
Mise en scène Jean Asselin; scénographie
Charlotte Rouleau; costumes et accessoires Jaber Lutfi, assisté de Jessica
Martin et Marie-Andrée de Courval; conception sonore Éric Forget lumières
Mathieu Marcil; direction technique Réal Dorval.
Pour y assister :
Billetterie Espace Libre : 514-521-4191
Tarif : régulier 30 $ - étudiant 20 $ -
Passeports Espace Libre : 3 spectacles 45 $, 7 spectacles 98$
Commentaires de Michel Handfield (9 novembre
2006)
J’ai vu la
pièce mardi le 7 novembre 2006 et ce texte est mis en ligne le jeudi le 9
novembre 2006. C’est un détail important pour la suite de ce texte.
Une histoire
de vengeance qui appelle la vengeance! Sous des apparences de compassion se
dressent des plans machiavéliques! La tradition et la coutume couvrent de leur
voile les pires machinations et injustices. La compassion est stratégique. Qui
semble ne pas avoir de pouvoir (Tamora, reine des Goths déchue, faite
prisonnière avec ses fils et son amant, le Maure Aaron, par Titus) se mariera à
Saturninus, le nouvel empereur de Rome, Titus s’y étant rallié, et usera alors
de ruse pour se venger de ce romain qui l’a fait prisonnière avec ses fils et
son amant, mais qui a surtout tué un de ses fils devant elle en sacrifice
religieux. Sa connaissance de la faiblesse de l’Homme et son amant, le retors
Aaron, lui serviront à construire sa vengeance envers Titus et sa famille.
Titus souffrira, comprendra et se vengera.
***
Ouf!
Tout un texte à retenir pour les comédiens. Toute une force à l’intérieur de ce
texte. Tout un jeu de leur part.
Quand on
parle de classique, c’est de l’universalité et de l’intemporalité du propos
dont on parle. C’est bien le cas ici. On pourrait penser à l’Irak ou aux
États-Unis; au nazisme; à tous les conquérants, car quand on est le plus fort
on impose sa loi, son tribunal et ses règles. Le comportement face aux conquis,
aux subalternes, aux terroristes et aux barbares est toujours
« juste » pour le plus fort! Il est justifiable à défaut d’être
justiciable! C’est le corps social et la coutume qui prime sur l’individu. Sans
Rome, point de Romains! Ne vous demandez
pas ce que l’État peut faire pour vous, mais demandez vous ce que vous pouvez
faire pour l’État! Le tout dépasse la somme de ses parties. Etc. On est
loin de la souveraineté individuelle que nous a amenée le libéralisme politique.
On est dans un mélange de conservatisme à tendance fasciste. (1)
En ces jours
suivant le procès de Saddam Hussein (2) pour les geste qu’il a commis envers
les irakiens, mais aussi en ces mois suivant la guerre civile entre factions
irakiennes, cette pièce est à point nommé. Si le dictateur empêchait la révolte
des factions en tenant la bride serrée
sur le peuple et ses collaborateurs, il est facile de croire que la
violence du Prince est parfois justifiée. (3) Mieux vaut un dictateur éclairé
que la désorganisation et le chaos, s’il assure la sécurité du peuple malgré
quelques excès de sa part, diront certains! Mais, si tel est le cas, c’est peut
être que la dictature et l’hégémonisme détruit le système social et la capacité
de fonctionner en démocratie pour le peuple! Il apprend à être gouverné et à
subir son sort.
Mais, est-ce
toujours le Prince qui tire les ficelles pouvons nous nous demander. Peut-il
être manipulé? Et quand ses manipulateurs n’en auront plus besoin, quel sort
lui réserveront-ils? Le Prince ou son entourage peuvent-ils déraper vers la
violence gratuite, car si éclairé soit-il, qui lui pose les limites? George W.
Bush a entraîné les États-Unis dans une guerre sous de faux prétextes. Au
moment où j’assistais à cette pièce cependant, le peuple a commencé à mettre
des balises à son action en lui faisant perdre la Chambre des représentants et
au moment de mettre ce texte en ligne il aurait même perdu le Sénat(4), car il
existe des « check and balance » dans la démocratie États-Uniennes
que nous n’avons pas au Canada. Mais, il n’en existe aucune dans une dictature, si éclairé soit le
dictateur, même avec les dieux comme guides de son action!
***
Dans cette
pièce les intrigues politiques, de pouvoir et de vengeance l’emportent sur le
sens commun et l’esprit de justice. Sous des apparences de compassion se dresse
des plans machiavéliques! La tradition et la coutume couvre de son voile les
pires machinations et injustices. La compassion est stratégique.
Tamora, se
servira de Saturninus, son mari et empereur, pour exercer sa vengeance envers
Titus, fidèle serviteur de Rome, et sa famille. Et quand Titus comprendra la
source de ses malheurs, il cherchera vengeance à son tour. Comme dans le
conflit actuel entre Israël et la Palestine (5), où l’un et l’autre vengent
leurs morts sans se rappeler de la source du mal, on ouvre une plaie béante qui
ne fera qu’appeler vengeance. On est alors au cœur des « valeurs »
humaines, mais aussi de leur contraire. On est dans les stratagèmes du Pouvoir
et de la vengeance, car si le pouvoir est physique (force) et monétaire (solde
des soldats et des gens dont il a besoin), il est d’abord stratège et
manipulation (tous deux basés sur la connaissance), car la pire des
machinations comme la meilleure d’entre elles ne peut se faire sans
connaissance de la faiblesse et de la force de l’autre. Payer des gens et avoir
des courtisans ne donne rien si on ne sait pas les diriger et les manipuler à
ses fins.
C’est au
cœur de ce triangle que représentent le Pouvoir (Saturinus), la Manipulation
(Tamora) et la Stratégie (Titus) que nous plonge cette pièce, mais il ne
faudrait pas oublier la Machination (le maure Aaron), l’amant de la
Manipulation (Tamora), sans qui il lui serait difficile d’agir. De l’autre
côté, la Sagesse (Lucius) a su se retirer pour mieux revenir. Et en s’associant
à la Stratégie (Titus, son père), elle n’a que mieux conquit le Pouvoir pour le
bien de Rome! Mais si éclairé soit-il, cette histoire recommencera avec
d’autres noms jusqu’à maintenant, car un dictateur ne sera jamais à la hauteur
d’une démocratie si noble soit-il!
***
Une pièce
physique et moderne, dont le texte est encore très actuel après plus de 400
ans, car la première représentation s'est déroulée le 24 janvier 1594! (6) Un
texte profond et dramatique, mais qui passe bien vu les touches d’humour qui le
ponctuent. A voir s’il est repris ici ou en tournée, car il ne reste que
quelques jours à cette pièce.
Notes :
1.Pour aller
plus loin sur ces questions (libéralisme politique, conservatisme et
fascisme),lire Vacher, Laurent-Michel, 2000, Histoire d'idées, Québec: Liber. Et sur la question de savoir si
les États-Unis sont fascistes (« Is
America a fascist state ? »), lire Lewis H. Lapham, On Message, Notebook in Harper's Magazine, October 2005
(La question cité ici est dans la première colonne de la page 8)
2. Le Devoir (avec l'Agence France-Presse, la
BBC et Reuters), Hussein: la sentence de
mort divise l'Occident,
Édition du lundi 06 novembre 2006
3.« Sur quoi il y a lieu d’observer que la haine
est autant le fruit des bonnes actions que des mauvaises; d’où il suit, comme
je l’ai dit, qu’un prince qui veut se maintenir est souvent obligé de n’être
pas bon; car lorsque la classe de sujets dont il croit avoir besoin, soit peuple,
soit soldats, soit grands, est corrompue, il faut à tout prix la satisfaire
pour ne l’avoir point contre soi; et alors les bonnes actions nuisent plutôt
qu’elles ne servent. » (Machiavel, 1996
[1532], Le Prince, Paris:
Booking International, p. 140)
4. Vu que l’on est ici dans l’histoire
présente, voici quelques références intéressantes sur le sujet :
D’abord, une
conférence de presse est prévue cet après-midi même par le sénateur républicain
défait, où l’on s’attendrait à ce qu’il concède la victoire à son
adversaire :
« Virginia Sen. George Allen (R) will concede
that he has lost the election to Democrat James Webb at a 3 p.m. news
conference in Alexandria, according to a source close to the campaign with
direct knowledge of the senator's intentions. » (Michael D. Shear, Allen to Concede Election This Afternoon,
Washington Post Staff Writer, Thursday, November 9, 2006; (posted on web
at)12:40 PM: www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/11/09/AR2006110900775.html)
Mardi soir,
cependant, s’il était confirmé que les républicains avaient perdus « la Chambre des représentants » à ma
sortie du théâtre, on ne savait pas encore pour le
Sénat même si on voyait « leur
majorité fortement menacée ». (Guy Taillefer, Bush désavoué, Le Devoir, Édition du mercredi 08 novembre
2006 : www.ledevoir.com/2006/11/08/122389.html) Mais, à partir de mercredi soir et de ce
matin, les choses se sont accélérées :
« In the race that determines control of the Senate, Jim Webb claimed
victory Wednesday, but Senator George Allen, the Republican, has yet to
concede. » (JOHN M. BRODER and IAN URBINA, All Eyes Turn to Virginia Senate Race, in The New-York Times,
November 9, 2006)
5. J’ai vu cette pièce mardi le 7 novembre au
soir, mais le matin même j’ai vu PERSONA
NON GRATA, un film d’Oliver Stone sur ce conflit Israélo-palestinien qui
est très révélateur de cet esprit! Ce film sort le 10 dans certaines salles.
6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Titus_Andronicus
Hyperliens :
William Shakespeare : http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespeare
Nicolas Machiavel: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Machiavel
---
TEXTE ET
MISE EN SCÈNE DE WAJDI MOUAWAD
«IL Y A
DES VÉRITÉS QUI NE PEUVENT ÊTRE RÉVÉLÉES QU’À CONDITION D’ÊTRE DÉCOUVERTES.»
AU THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE DU 31 OCTOBRE AU 25
NOVEMBRE
DU MARDI AU VENDREDI À 20H / LES SAMEDIS À 15H
ET 20H
RÉSERVATIONS 514.866.8668 / WWW.TNM.QC.CA
INCENDIES EN TOURNÉE – Hiver 2007
LONGUEUIL 26 janvier LAVAL 30 janvier
GATINEAU 2+3 février JOLIETTE 6 février
CHICOUTIMI 9 février TROIS-RIVIÈRES 13 février
DRUMMONDVILLE 15 février RIMOUSKI 17 février
SHERBROOKE 20 février
Wajdi Mouawad est un incendiaire. Auteur,
metteur en scène, comédien, directeur de théâtre, romancier, réalisateur, il
grille les feux rouges et met en cendres les frontières entre les disciplines.
Libanais d’origine, Français de formation, Montréalais d’adoption, il enflamme
tous les drapeaux et crée des mondes impurs et fascinants ; il accouche de
fables allégoriques et de récits initiatiques dans lesquels l’on ne parvient
chez soi qu’en passant par l’autre, par l’ailleurs, par l’étranger et
l’étrangeté. Avec Littoral, Rêves et Forêts, Wajdi a embrasé les scènes
d’Europe. Avec Don Quichotte et Les Trois Sœurs, présentés sur la scène du TNM,
il a consumé les lieux communs attachés à ces œuvres pour leur donner une
nouvelle vie.
Wajdi Mouawad est un incendiaire. Mais de
fabuleux phénix renaissent de ses brasiers. Incendies parle de cette
renaissance, des feux qu’il faut parfois semer, du chemin terrible qu’il faut
souvent parcourir pour parvenir jusqu’à soi. Une femme vient de mourir. Et
ouvre aujourd’hui l’accès à son silence et ses secrets. Elle laisse à ses jumeaux
une veste en toile verte, un cahier rouge et deux enveloppes : autant de boîtes
de Pandore sources de maux et de merveilles, et dont le contenu les entraînera
dans une odyssée fabuleuse vers un continent lointain, vers un passé inconnu,
vers une seconde naissance. « L’enfance est un couteau planté dans la gorge. On
ne le retire pas facilement. » Seuls les mots peuvent l’arracher. Et ainsi
calmer la brûlure.
Wajdi Mouawad est un incendiaire. Brûlant de
fièvre. De cette fièvre contagieuse que nous rêvons tous de contracter.
Avec Annick Bergeron; Éric Bernier; Gérald
Gagnon; Reda Guerinik; Andrée Lachapelle; Marie-Claude Langlois; Isabelle
Leblanc; Isabelle Roy; Richard Thériault
Commentaires de Michel Handfield (5 novembre
2006)
Pièce
choc qui passe comme un feu roulant. On a l’impression que ça ne dure que deux
heures alors que cela en fait plus de
trois (3h20, entracte comprise). Mais le texte est si fort qu’il nous
transporte.
Une
pièce sur la vie et les conflits qui la consument, que ce soit au plan
individuel ou collectif. Un conflit, un silence, et la haine qui monte. La
haine qui fait haïr sa mère; la haine qui fait que l’on se bat entre
« cousins/cousines », « frères et sœurs », « pères et
fils »…; que l’on tue ses semblables au nom d’une haine que l’on ne peut
nommer, mais qui remonte aux pères des pères de nos pères jusqu'au début des
temps! Une haine qui vient d’on ne sait où, mais qui se transmet de pères en
fils, de mères en filles, de mères en fils… Une chaîne de la haine qu’il faudra
briser un jour.
Une
pièce où l’on peut « identifier » le Québec, vu le langage de Simon
(fils de Nawal) et du notaire (1). Mais l’ailleurs, vu la présence de femmes
voilées du début de la pièce, pourrait être le Liban ou l’Afghanistan par
exemple; même si l’on est porté à
identifier le premier, sachant que l’auteur est né au Liban avant de venir à
Montréal en passant par la France. En d’autre temps, c’eut pût être l’Allemagne
nazie, la France collabo, l’Italie mussolinienne, l’Algérie ou n’importe quelle
dictature religio-ethnique(2), car la mécanique de la haine et de la violence
est la même partout. Transmise, intériorisée et, enfin, organisée et tournée
vers un « ennemi » que l’on identifie comme le porteur de tous nos
maux! Celui qui a le « mauvais œil » ou qui « vole nos
jobs » selon les places et le langage populaire.
Cette haine
passe d’une génération à l’autre sous forme de préjugés et, soudain, un
événement fait que la mèche se rallume. Pourquoi? Question difficile à
répondre. Par contre, la pièce pose des pierres à l’échafaudage de la
connaissance pour tenter de le comprendre. Et, si c’était justement ça :
la connaissance, ou plutôt le manque de connaissance qui fait que la tradition
orale ne fait que se réapproprier et réactualiser les histoires et les conflits
du passé sans voir que les choses ont changé depuis. Sans voir que les
fondements de cette « connaissance » ne sont plus adéquats!
Une pièce
sur le secret aussi, qui fait que si la haine se transmet, le pourquoi ne se
dit pas. Comment briser cette haine alors, si on ne sait pas pourquoi elle est
là, ni d’où elle vient? Elle nous consume et on ne peut en trouver la source.
On l’a hérité et l’on doit faire avec. Quel héritage que la haine?
Quelle est
donc la clef pour briser ce sort? Sortir de cette transmission de pères en fils
et de mères en filles; briser le moule de la haine. « Apprend à penser » lui dira sa
grand-mère avant des mourir.
Voilà une
autre quête, un autre chemin, mais qui a aussi ses embûches, car dans un pays
de traditions et de respects des coutumes, penser par soi est une menace aux
autres et un danger pour soi. La science contre l’idéologie. La lumière contre
la grande noirceur. Charbonneau contre Duplessis! On n’hésite pas à emprisonner
et tuer le savoir pour sauver l’idéologie et le dogme. Il y a là un caractère
universel qui fait que l’on s’identifie à cette pièce. Elle vient nous
chercher. Ma conjointe mordait littéralement dedans, se mordant même les doigts
à quelques occasions, car cette pièce est jouée avec force et conviction.
A la
résignation et au silence, il faut opposer la parole pour briser le sort. Nawal
est donc devenue femme de parole, mais elle en a payé le prix. Ses enfants
devront le découvrir, car elle s’est tue un jour d’août 1997. Pourquoi? Elle
leur a laissé des clefs en héritage pour qu’ils brisent le sort à leur tour.
Réussiront-ils où elle n’a pu que se taire? Et pourquoi s’est-elle tue ce jour
d’août 1997? Ils devront le découvrir pour elle, mais surtout pour eux.
Tout l’amour
et toute la misère de l’humanité sont les deux faces d’une même pièce de
monnaie et peuvent devenir porteur de haine. Une chance qu’il y a l’espoir et
le rêve de faire changer les choses.
C’est une pièce intéressante sur laquelle
j’aurais pu écrire davantage, mais il est plus plaisant de la découvrir au
théâtre. (3) C’est aussi un texte fort qui mériterait d’être lu (4), surtout si
vous ne voyez pas la pièce. Car en démontant les mécaniques de la
production/reproduction de la haine, cette pièce démonte les mécaniques de la
guerre, de toutes les guerres. Après, une fois que nous aurons compris, il
faudra consoler, guérir et reconstruire. Une pièce à voir. Une pièce qui
devrait être jouée à l’ONU.
Si le
Canada veut vraiment faire de quoi pour la paix, il devrait en offrir une
représentation à l’ONU, rien de moins!
Notes:
1. Simon sacre comme un québécois alors que la
langue du notaire est chargée de « perronismes » (des dérapages
verbaux) qui allègent le côté dramatique de la pièce. Pour des exemples de
« perronismes », voir www.increvables.com/perronismes.htm
2. « Il
est toutefois important de préciser que le voile n'est pas une pratique
spécifiquement arabe ou musulmane, mais antérieure à l'Islam et pratiqué dans
d'autres aires culturelles et religieuses (par exemple les Touaregs). (…)De nos
jours, dans les milieux « traditionnels » ou monastiques, les juives et les
chrétiennes se couvrent la tête également. » (Voile (vêtement), in
Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Voile_%28v%C3%AAtement%29)
3. En effet, j’ai effacé environs le tiers de
mes notes sans les utiliser pour ne pas en dire trop, car c’est une pièce à
découvrir et j’insiste là-dessus.
4. MOUAWAD, Wajdi, 2003, Incendies, Le
Théâtre d'Actes Sud-Papiers, 96 pages,
ISBN 2-7427-4373-1 / F79759
###
ROMÉO ET JULIETTE
À L'AFFICHE PARTOUT AU QUÉBEC DÈS LE 15 DÉCEMBRE 2006
Un film d’Yves Desgagnés, avec Jeanne Moreau,
Thomas Lalonde et Charlotte Aubin. Scénario original de Normand Chaurette.
Montréal, le 23 novembre 2006 - Alliance Atlantis Vivafilm est fière
d'annoncer que le film « Roméo et Juliette » réalisé par Yves Desgagnés produit
par Denise Robert et Daniel Louis prendra l'affiche partout au Québec le 15
décembre prochain. Le film met en
vedette Jeanne Moreau ainsi que Thomas Lalonde et Charlotte Aubin, deux jeunes
comédiens qu'on découvrira pour la première fois au grand écran, dans les rôles
respectifs de Roméo et Juliette. La première mondiale de « Roméo et Juliette »
aura lieu le 4 décembre à la Place des Arts de Montréal en présence de toute
l'équipe du film.
Juliette, 15 ans, est la fille unique d'un
éminent juge de la Cour Supérieure du Québec.
Élevée dans un milieu bourgeois, elle a bénéficié d'une éducation sans
failles dans les meilleures écoles. Son
père se retrouve au centre de l'attention médiatique lorsqu'il est invité à
présider un des procès les plus importants des dix dernières années: celui de
Réal Lamontagne, criminel notoire, redouté et redoutable. Roméo, 17 ans, a lui
aussi une famille célèbre: il est le fils de Réal Lamontagne. Son père est
accusé d'avoir commis des crimes d'une monstruosité indescriptible: il est
incriminé pour avoir causé la mort d'un enfant. Cependant, le magnétisme que
dégage Roméo n'est pas passé inaperçu de Juliette. Malgré le fait qu'ils viennent
de mondes diamétralement opposés, les deux jeunes gens s'éprennent l'un de
l'autre. Les nombreux obstacles les empêcheront-ils de vivre leur amour et de
rester unis en liberté? Roméo et Juliette est une grande histoire d'amour. Les
pôles opposés de l'amour et de la haine se retrouvent dans un contexte de
rivalité et d'incompatibilité sociale.
En plus de Jeanne Moreau ainsi que Thomas
Lalonde et Charlotte Aubin, le film met en vedette Pierre Curzi, Gilles Renaud,
Danny Gagné, Hubert Lemire, Patrice Bélanger, David Michaël, Maude Guérin,
Liliana Komorowska, André Robitaille, Henri Chassé, Marie-Thérèse Fortin, Yves
Desgagnés, Martine Francke, Adèle Gigantes, Johanne Fontaine, Michel Laperrière
et la participation amicale de Marcel Sabourin.
Commentaires de Michel Handfield (8 décembre
2006, mis en ligne le 13)
Roméo et
Juliette, un classique. Cette histoire date de la fin du XVIe siècle dans sa
version shakespearienne, mais a probablement des origines plus anciennes. On
connaît déjà l’histoire : deux jeunes de familles opposées tombent en
amour et, devant les conséquences qui s’ensuivent, se suicident. Dans ce
cas-ci, Roméo est le fils du chef des motards et Juliette, la fille du juge qui
doit présider le procès du père de Roméo! Mis à part l’histoire d’amour, le
sens de la fable et le fait que c’est bien tourné, c’est la réinterprétation
qui est intéressante.
Roméo et
Juliette, des enfants victimes de conflits de classes, d’oppositions entre
adultes, de divisions entre la représentation du bien et du mal. C’aurait pu
être une juive et un palestinien à Jérusalem ou le fils d’un ambassadeur Russe
et la fille d’un patron du contre-espionnage états-uniens durant la guerre
froide! L’idée est celle d’un amour pur entre deux jeunes gens qui font leurs
premiers pas dans l’âge adulte, car avec ce passage arrivent les jeux et les
préoccupations d’adultes, c’est-à-dire les tractations et les calculs
politiques; les conflits de classe; et l’importance des apparences! À défaut
d’une empreinte génétique qui les sépare, c’est une empreinte sociale et
politique qui le fera. Mais ils s’y refuseront, ce qui conduira à la fin
tragique que l’on sait.
Roméo et
Juliette pourrait être repris dans 10 ans, dans 100 ans ou dans 1000 ans et il
sera probablement tout aussi actuel. Les interprètes et le décor auront
certainement changé, mais les humain seront les mêmes. Si les structures et
l’architecture changent, que les quartiers pauvres deviennent plus confortables,
ils seront toujours des quartiers pauvres et stigmatisés par rapport aux
milieux plus nantis.
Mais, la
différence de classe c’est plus qu’une affaire d’argent, c’est une affaire de
culture. Ceux qui auront réussi auront beau demeurer dans un quartier huppé,
ils pourront toujours être différenciés
sur des aspects culturels et d’étiquettes. Le cinéma hésite d’ailleurs rarement
à exploiter ces différences socioculturelles dans les comédies. Juste les
manières d’être à table peuvent être source de qui propos facilement
exploitables. De différenciation. Le cinéma ne se gène pas pour le faire
d’ailleurs.
Ici le propos
est davantage en nuance. Ce sont des différences plus atténuées. Le fils du
juge est, par exemple, beaucoup plus « bum » que le fils du criminel.
On joue sur les contrastes entre la vie publique et la vie privée. En même
temps les milieux pauvres ont leurs zones de lumières, les milieux aisés leur
part d’ombres.
Quant à Roméo
et Juliette, ils sont encore purs, c’est-à-dire que l’empreinte sociale et
politique, la différence de classe, ne les a pas encore touché. C’est dire que
leur amour ne respecte pas les barrières artificielles de classes, ce qui ne
pourra que les conduire à leur triste
sort; car s’ils sont en amour, mais pas encore dans leur rôle « social », cela ne peut que
déranger leur entourage. S’ils s’en
mêlent, les choses ne pourront que s’emmêler et déraper, ce qu’elles feront
naturellement!
Ce thème
fournit l’occasion de jeter un regard sur les dits et non-dits sociaux. Si la
liberté individuelle et le droit de s’afficher existe, il n’est pas
nécessairement bien vu de tous. Tant dans le quartier pauvre que le quartier
riche, on stigmatisera celui qui veut être différent. La pression sociale, par l’intermédiaire des
pairs, sera forte pour faire prendre le « droit chemin » à la personne; pour lui faire comprendre le
« bon sens » comme on le
dit couramment! C’est là une source de conflits et d’agressivité, donc de
menaces. Où la personne s’intègre, où elle doit se trouver un milieu où elle
sera intégrée.
C’est de cette façon que se forment certains
milieux homogènes : ethniques, gay,
artistiques ou étudiants par exemple. Quand leur nombre s’accroit, on peut
alors parler de quadrilatères et même de quartier, comme « le village » à Montréal (quartier
gai). Il y a donc des milieux, que l’on nomme parfois ghettos, ou certains
peuvent mieux vivre qu’ailleurs, car ils se sentent en communautés. Ils ont
leur culture, leurs services et leurs entreprises. Si ces milieux sont souvent
ethniques (1), ils peuvent aussi être basés sur une autre stratification,
telles que l’orientation sexuelle, le domaine d’activité (culturel) ou l’âge
(des retraités) par exemple.
Si ces milieux existent, il y cependant des points de rencontre entre eux, comme le bal en blanc à Montréal! (2) C’est d’ailleurs là que la flamme s’allumera entre ces deux jeunes que leurs milieux séparent. Cela en fait un Roméo et Juliette montréalais, mais aussi contemporain. Il serait donc exportable je crois.
Finalement,
une petite note concernant l’esthétique psychosociale de ce film. On y voit
bien le passage d’adolescent à adulte des deux personnages (elle passe de fille
à femme et lui de garçon à homme!) tant sur le plan physique, émotionnel, que
social, ce qui veut dire faire des choix et les assumer, ce que parfois des
adultes ne sont pas encore capable de faire. C’est dire que l’âge, n’est qu’un
point de partage politique, une norme, mais ne correspond pas toujours à la
réalité psychosociale des individus. D’ailleurs, on est probablement plus
souvent les deux à la fois : adulte sur certains aspects, ados sur
d’autres! Il y a donc de jeunes adultes comme de vieux ados (le frère de
Juliette notamment), mais surtout des adultes précoces et des ados attardés, genre
d’hybrides majoritaires! Mais la société, les institutions, en tiennent-ils
compte? Il y aurait de quoi faire tout un autre texte sur le sujet.
Film que vous pouvez donc voir comme un conte réactualisé, ce qu’il est, mais aussi comme un révélateur de la société contemporaine. Est-elle vraiment différente du passé? L’humain a-t-il tant changé au cours des siècles? Je ne le crois pas vraiment, ce que film illustre d’ailleurs très bien. Shakespeare comme Machiavel sont toujours aussi actuel après quelques siècles… Cela en dit long, très long!
Notes:
1. Evans, M.D.R., « Immigrant
entrepreneurship : effects of ethnic market size and isolated labor pool »,
American Sociological Review, December 1989 (Vol. 54),
pp. 950-962.
---
Dès le 15
décembre
Le film sera présenté dans sa version originale
– soit en anglais et en mandarin – avec sous-titres en français au Cinéma
Parallèle (Ex-Centris) et sous-titres en anglais au
cinéma AMC Forum.
Paysages fabriqués (Manufactured Landscapes) de
Jennifer Baichwal a remporté le prix du meilleur film canadien au Festival
international du film de Toronto, édition 2006.
Ce documentaire fascinant se penche sur le travail de l’artiste canadien
Edward Burtynsky reconnu mondialement pour ses photographies à grande échelle
de paysages transformés par l’activité industrielle. On qualifie souvent son art d’«étonnant» ou
de «magnifique» – bien qu’il soulève des questions sur l’éthique et l’esthétisme. Quels dommages les entreprises humaines
causent-elles exactement à la planète?
Le film suit Edward Burtynsky jusqu’en Chine,
où il photographie les répercussions de l’importante révolution industrielle
qui balaie le pays, alors que la Chine passe d’une société agricole à une
société urbaine. Les sujets vont des
mines de charbon aux chantiers navals, en passant par les tas de ferraille et
les sites de recyclage, bon nombre d’entre eux atteignent des niveaux de toxines
si élevés qu’on peut les sentir de loin.
Le barrage des Trois-Gorges, lequel est 50 p. 100 plus grand que tout
autre barrage au monde, a déplacé plus d’un million de personnes. Shanghai, la ville dont la croissance est la
plus rapide à l’échelle mondiale, a remplacé ses maisons traditionnelles par
des milliers de tours d’habitation.
À l’opposé des impressionnantes photos de
Burtynsky, il y a l’ennui qu’éprouvent les rouages humains qui passent leurs
journées à assembler, recycler et réusiner.
Un travailleur d’usine confie qu’il peut monter quotidiennement 400
disjoncteurs sans heures supplémentaires.
Tourné par Peter Mettler, le film s’ouvre sur
un plan envoûtant – un travelling de l’intérieur d’une usine qui s’étend sur un
kilomètre de long. Il s’agit du
troisième long métrage documentaire de la réalisatrice montréalaise Jennifer
Baichwal, qui est née à Montréal et y a fait ses études (Université McGill),
après Let it Come Down: the Life of Paul Bowles et The True Meaning of
Pictures: Shelby Lee Adams’ Appalachia salués unanimement. Le film est produit
par Mercury Films Inc. (Nick de Pencier, Jennifer
Baichwal) et Foundry Films Inc. (Daniel Iron)
en coproduction avec l’ONF.
Paysages fabriqués est distribué au Québec par
Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (8 décembre
2006, mis en ligne le 13)
Le travail du
photographe Edward Burtynsky est
intéressant à suivre par le regard environnemental qu’il pose. On regarde ici
l’environnement industriel, c’est-à-dire celui modifié par l’Homme!
L’intérêt de
travailler avec les paysages industriels, c’est qu’ils témoignent de l’activité
humaine sur cette planète. Des incursions industrielles qui changent la nature.
Ce film est le digne descendant des
films de Cousteau et des Temps modernes
de Chaplin!
Il illustre
bien que l’on est passé de l’économie au service des gens aux gens au service
de l’économie, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Par exemple,
autrefois toutes les entreprises avaient un Service
du personnel; elles ont maintenant un
Département des ressources
humaines. C’est plus qu’un changement de nom, c’est un changement de
philosophie, car des ressources c’est facilement remplaçable, voire jetable. On
peut donc aller où la ressource est la moins chère et la moins protégée, car en
abondance. On le voit dans le film. Ainsi, 50% des ordinateurs sont
« recyclés » en Chine, sans protection pour l’environnement et la
santé des gens! À la mitaine. Et que dire du Bangladesh, où des adolescents défont
des pétroliers pour récupérer les métaux
et les hydrocarbures qu’ils contiennent encore, sans protection aucune.
Pieds nus dans le mazout et la ferraille des pétroliers qu’ils démantèlent! Ils
n’ont pas d’inspecteurs en santé sécurité au travail ou de syndicats pour les
protéger. Mais ce sont des entreprises occidentales dans lesquelles nos fonds
de pension, nos banques et nos institutions d’État (pensons à la Caisse de
dépôt du Québec) ont probablement investi, pour obtenir des rendements
supérieurs, qui transfèrent ce travail vers ces pays, où les protections de la
main-d’œuvre sont inexistantes pour des raisons de coûts. Des entreprises que
nous avons peut-être subventionnées au nom du soutien à la compétitivité. On se
doit d’être vigilant comme consommateur et de poser des questions comme
citoyen.
On ne peut
s’intéresser à la téléréalité et ne pas aussi nous intéresser à ces phénomènes,
car c’est peut-être la réalité de l’entreprise pour laquelle nous travaillons
ou des entreprises dans lesquelles nos fonds de pension sont investis pour
assurer notre avenir. Vous êtes-vous déjà demandé si votre fond de pension
était en arrière de la fermeture de l’usine où votre frère travaille parce
qu’on l’a déménagé au Mexique, en Chine ou en Inde pour obtenir des rendements
supérieurs? C’est une réalité que nos choix dictent quand on achète un jean
griffé, à 100$ ou 200$, qui vient de Chine par rapport à un jean non griffé
fait au Canada pour la moitié du prix. Malheureusement, nos comportements on
fait qu’on a de moins en moins le choix, car les entreprises ont rapidement
compris que l’on achète d’abord un standing, une marque, une signature ou un
logo avant un produit, peu importe où il est fabriqué, à quel coût et dans
quelles conditions. S’il a un logo, on paie le prix! Alors, on a conservé les
prix élevés tout en les faisant faire où ils coûtent le moins cher! Trouver un
pantalon sport ou un jeans faits ici, c’est du sport! Il faut bien les
chercher. Sur 3 pantalons sport ou jeans à moins de 20$ (avec les soldes) acheté
dernièrement, j’ai réussi à en avoir un fait au Canada (20$), les deux autres
venant de Chine (12$) et du Bengladesh (20$)! Mais il faut vouloir les trouver,
je l’avoue.
Ce que j’ai
aussi trouvé de fascinant dans ce film, c’est la Chine. Peu de liberté de parole politique, Google s’autocensure
même, mais une liberté d’entreprendre qui sied bien au modèle de la
mondialisation, car on y retrouve une main-d’œuvre abondante et à bon marché et
des entrepreneurs ambitieux, pour qui la demande mondiale en produit de qualité
et à bon marché représente une occasion
extraordinaire. La Chine est en train de devenir le fournisseur du
monde.
Comment ce
pays communiste a-t-il réussi un tel virage? C’est que le communisme chinois,
par un effet insoupçonné, l’a préparé à ce changement en formant une société
hyper hiérarchisée, ordonnée et disciplinée. En ouvrant maintenant la porte au
libéralisme économique, le peuple y voit une forme de liberté et s’y engouffre.
La consommation devient pouvoir et le travail moyen de l’atteindre. Avec les
attributs que sont l’ordre et la discipline du peuple chinois, la Chine devient
un redoutable joueur sur le marché mondial. Mais il ne faut jamais oublier que,
politiquement, la Chine exerce toujours un contrôle sur ses citoyens. On parle
donc de libération économique alors que l’on devrait parler d’enrégimentement,
car la Chine a toujours une économie planifiée, sauf qu’elle l’est maintenant
pour plaire au capitalisme mondial, en mettant à sa disposition une
main-d’œuvre bon marché, bien formée, disciplinée et fière de participer au
développement économique, car elle y voit une forme de liberté : celle de
s’exprimer par ses choix de consommation. La Chine a donc atteint le stade suprême du capitalisme (1):
l’autosatisfaction par le travail et la consommation en lieu et place de la
démocratie.
Un
film intéressant pour le regard qu’il nous force à porter sur
l’industrialisation et, par le fait même, sa contrepartie la consommation! Nos
choix ont des conséquences, ce film nous les montre!
Note :
1. LENINE,
1979, L'impérialisme stade suprême du
capitalisme, [1 ère édition: 1917], Moscou:
éditions du Progrès.
---
Foi et
Athéisme : quand le cinéma se fait philosophie théologique!
Michel Handfield
1er décembre 2006
Deux
films prendront l’affiche le 1er décembre, mais l’un seulement pour
quelques jours en salle de répertoire; l’autre, pour une période plus longue en
salles commerciales. Il s’agit d’Atheism,
qui sera présenté à l’Ex-centris du 1er au 5 décembre 2006, et de la nativité, qui sortira en salle en
version originale anglaise et en versions française et italienne à compter du
1er décembre aussi.
Deux films
différents, sur un même thème : notre rapport à Dieu! Pour cette raison,
nous avons choisi d’en parler en même temps.
***
D’abord avec la nativité on est devant une
fresque religieuse comme au temps des grandes productions cinématographiques.
Cela m’a fait penser à des films comme Ben-Hur
(1959) ou les dix commandements
(1956)! On est parfois dans l’hyperréalisme, presque le dessin animé, car
l’image est travaillée par ordinateur. Quant à la musique, elle rappelle cette
époque où la religion était beaucoup moins questionnée qu’aujourd’hui; où l’on
chantait des cantiques plutôt que de faire des litanies sur ce qu’elle advient, car depuis, la religion a connu
son lot de scandales et est quelque peu tombée de son piédestal. C’est le moins
que l’on puisse dire.
On est ici face à une version très littérale
de la naissance de Jésus. Une des plus belles histoires d’amour de tous
les temps selon certains : Dieu donne son fils aux humains, ce qui changera
l’histoire du Monde, et un homme, Joseph, acceptera cette histoire incroyable
de sa promise mise enceinte par Dieu au nom de sa foi et de son amour pour
elle! Histoire archiconnue qui doit être contée telle qu’elle, car elle a un
imprimatur divin! (1) Sauf que si le film respecte le dogme, il n’empêche pas
le spectateur de questionner cet événement et le récit qui en fut fait. Tout
sera dans l’œil de celui-ci.
Le scientifique, pour
sa part, ne peut que questionner ce récit, au risque d’être en dissonance entre
sa foi et sa science, car telle est sa nature. Il se doit d’être sceptique, peu
importe que ce soit de formation à défaut de nature. C’est dans cette optique que
je poursuis ce texte.
D’abord, on réalise
rapidement qu’il s’agit d’un milieu et d’une époque très pieuse. Tout serait
alors perçu à la lumière de Dieu. On peut donc se demander si Marie a vraiment
enfantée de Dieu ou si elle fut une fille mère involontaire qui a ainsi su
faire accepter son enfant dans un contexte d’attente du Messie? D’urgence
d’avoir un sauveur? Marie et le contexte du temps auraient-ils créés le Christ?
Élevé dans cette optique il ne pouvait que devenir Dieu. (2) Scientifiquement,
la question se pose même si la foi dit « heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (3), car si chez les
Chrétiens Dieu et Jésus se confondent en un Dieu en trois personnes; dans
d’autres croyances Jésus existe aussi, mais sans être Dieu; que ce soit comme
prophète ou « une incarnation très
puissante de Krishna »! (4)
Peu importe que l’on
regarde ce film d’un point de vue religieux ou humaniste, Marie est devenue la
plus célèbre des filles mères. Paradoxalement, la religion chrétienne, érigée sur
son fils, condamne l’adultère et les enfants nés hors mariage… alors que Jésus
est lui-même né d’un acte adultère selon l’histoire, mais avec Dieu selon la
Foi, dans une alliance entre ce dernier et les Hommes! Jésus sera d’ailleurs
indulgent sur ces questions, probablement davantage que ceux qui le
suivront :
Aux Scribes et aux Pharisiens qui lui amenèrent une
femme surprise en adultère, ils dirent à Jésus que Moïse, dans la Loi, nous a
ordonné de lapider de telles personnes! Il leur répondit « Que celui de
vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Ayant entendu
cette parole, et se sentant repris par leur conscience, ils se retirèrent les
uns après les autres, les plus âgés d'abord, puis tous les autres, de sorte que
Jésus resta seul avec la femme qui était au milieu. Alors Jésus s'étant relevé,
et ne voyant plus que la femme, lui dit: « Femme, où sont ceux qui vous
accusent? Est-ce que personne ne vous a condamnée? Elle répondit:
« Personne, Seigneur »; Jésus lui dit « Je ne vous condamne pas
non plus. Allez, et ne péchez plus. (5)
On peut voir dans ce
film l’illustration et le renforcement du dogme, surtout dans le cadre de la
montée du renouveau chrétien en alliance avec la droite politique
États-uniennes. La droite religieuse, après avoir tenté de remettre au goût du
jour le créationnisme, sous le nom du design intelligent(6), s’attaque
maintenant à l’histoire. (7) Devant ce besoin de réactualiser les mythes
fondateurs, le cinéma est mis à contribution. Ce fut d’abord avec « The Passion of the Christ » (2004)
et c’est maintenant avec « la
nativité ». Quel sera le
prochain film dans cette tradition, car…
« The first pillar of American
fundamentalism is Jesus Christ; the second is history; and in the
fundamentalist mind the two are converging. » (8)
On peut donc voir ce
film pour différentes raisons. J’en nomme quatre. D’abord, comme le récit d’un
événement qui a influencé une large part de l’histoire du monde : la
naissance du Christ, car le christianisme est l’un des piliers de l’histoire
occidentale avec la pensée gréco-romaine. Ensuite, selon nos croyances, on peut
le prendre comme la parfaite illustration du dogme chrétien. Tertio, il peut
être vu comme une curiosité philosophique qui permet un questionnement de nos
valeurs actuelles à la lumière de celles de cette époque et du christianisme.
Enfin, ce film peut être pris comme une belle histoire des fêtes que les Hommes
se transmettent de génération en génération depuis plus de deux millénaires.
Une tradition et un beau récit, que l’on aime se passer en reprise que l’on
soit croyant ou non!
***
S’il
y a la Foi, il y a aussi sa contrepartie : Atheism. Celui-ci n’empêche cependant pas de s’intéresser au
religieux d’un point de vue humaniste (social), historique ou anthropologique
par exemple. Ce film sur l’athéisme se penche donc sur le religieux, mais d’un
point de vue désintéressé. On analyse sa portée politique notamment. (9)
La religion est un
système de pensée tout fait qui rassure, parce que l’on n’a pas besoin de
penser par soi même. Les réponses sont données depuis longtemps, ce qui est
très sécurisant. Mais c’est aussi politique : si tu crois que tu as
raison, par défaut les autres ont tort! La discussion démocratique devient
alors impossible. Elle peut même se buter à une fin de non recevoir, car
lorsque Dieu a dit quelque chose, cela coupe court à toutes discussions
rationnelles par définition. D’ailleurs, la religion et la Foi sont de l’ordre
du surnaturel. Les communications entre le fidèle et le divin peuvent se faire
en songes (rêves), comme dans la
nativité; par l’intermédiaire d’une personne ressource; ou par la prière.
L’inspiration divine, quel mystère! Serait-ce ainsi que Dieu peut parler à
George W. Bush ou aux terroristes religieux comme il a jadis parlé à Marie et
Joseph? Les athées en doutent. Si ce n’étaient que de simples pensées comme
nous en avons tous, mais qu’ils attribuent à Dieu en personne au lieu de les
considérer comme des dizaines d’idées qui nous passent par la tête tous les
jours, certaines méritant d’être conservées, d’autres d’être écartées.
Dieu, God, Allah ou
Yahvé serait en quelque sorte la projection des valeurs que nous souhaitons
voir se réaliser, telle la justice, la bonté, la paix, etc., mais aussi le
justificatif de quelques sautes d’humeurs et pensées irrationnelles qui
nous accompagnent parfois! Dieu est donc
une valeur politique; la religion un système qui rassure l’Homme. L’Homme
se serait-il donné les dieux dont il a besoin pour se justifier? Pour justifier
l’injustifiable, comme la domination des plus faibles et des femmes, les
guerres et le terrorisme, qui ont beaucoup moins à voir avec Dieu qu’avec des
raisons de pouvoir et d’économie? Avec le machisme et l’impérialisme!
Mais ce qu’il y a de
plus intéressant encore que les questions sur la Foi et la démonstration que
Dieu est une invention des Hommes, c’est le raisonnement humaniste de
l’athéisme. Si la Foi est donné, avec ses lois et son code de conduite,
l’athéisme ne peut que compter sur l’Homme pour faire les lois. Cela est très
exigeant, car il faut construire un système de confiance de l’Homme en l’Homme
sans système de pénalités ou de
récompenses divines à la fin. Que le désir de vivre ensemble, en harmonie et en
paix, selon des règles autoproclamées. Le contrat social de Rousseau! (10) Pas
de réponses ou de règles venant de l’au-delà. Pas de Dieu pour faire accepter
l’inacceptable. Que des humains s’autorégulant. Un athéisme démocratique.
Ce film fait aussi
des parallèles où on ne les attend pas. Ainsi, le terroriste islamiste qui fait
sauter une gare de train ou le terroriste qui fait sauter une clinique
d’avortement au nom de Dieu sont de la même famille : ceux qui ont la
vérité infuse ou divine! Le dogme de la vérité qui empêche la discussion raisonnée!
Ce film est donc fort
intéressant par l’éclairage que l’athéisme porte sur le religieux et le
politique, car, en quelque sorte, l’athéisme éclaire le religieux, aussi
paradoxal que cela puisse paraître au profane, puisqu’ils ont le même
objet : notre relation à Dieu! Mais l’athéisme va où la religion n’ose
aller pour ne pas compromettre sa foi, car chercher c’est un peu douter
aussi.
***
Ces deux films ont
naturellement suscités plusieurs réflexions de ma part. Mon premier
questionnement est celui-ci : si Dieu existe, aurait-il pu donner
différents messages aux Hommes pour que ceux-ci se battent entre eux de façon à
éviter la surpopulation? Dieu serait alors machiavélique et astucieux. Mais si
Dieu a fait l’Homme à son image, serait-il vraiment surprenant qu’il nous
ressemble autant? Croyants et athées se rejoindraient alors, Dieu et les Hommes
se renvoyant la même image!
Mais s’il existe, qui
a dit qu’il parle aux Humains? Peut être que tout ce qui fut dit en son nom ne
vient pas de lui, car il peut être d’une autre dimension. Cependant, et quoi
qu’il en soit, certaines personnes semblent avoir très bien comprises qu’on
peut contrôler plus facilement les masses au nom de Dieu que de tout autre
idéal. Dieu devient un outil de Pouvoir permettant de faire accepter
l’inacceptable sur la promesse de jours meilleurs dans un ailleurs. Pêcheurs, pécheresses, vous serez
récompensés pour vos souffrances dans mon royaume. Pliez l’échine, ne vous
révoltez pas contre vos patrons, vos gouvernants, vos tortionnaires ou ceux qui
parlent en mon nom, car ils savent ce qu’ils font! Ce n’est pas trop
exigeant pour le capitaliste ou le dictateur… et ça évite bien des questions
embarrassantes. Certains gens de pouvoirs doivent être très heureux d’avoir eu
Dieu et ses serviteurs de leur côté. On est alors dans « la religion opium du peuple » dont
parlait Karl Marx. Mais si telle n’était pas la vérité. Si Dieu ne parlait pas
aux Hommes même s’il existe. Nous n’en savons rien. En ce sens je rejoins
davantage les agnostiques.
Et s’il a déjà parlé
aux Hommes à travers les livres saints que nous connaissons, on peut se poser
la question de savoir pourquoi il s’est arrêté. Parce qu’il est mort comme le
dit Nietzche? (11) À mois qu’il nous parle encore mais qu’on ne le sait pas.
Par les environnementalistes par exemple, même s’ils ne se drapent pas de
religion; même s’ils sont non pratiquants ou athées au sens où nous l’entendons
communément, Dieu se trouvant peut être davantage au cœur des lois de la nature
qu’ils découvrent que des saintes écritures. Si ce n’est pas dit aussi
clairement dans le film, certains des intervenants se réfèrent d’ailleurs à
l’univers d’une façon qui se rapproche de cette vision des choses. Peut-on être
athée et croire en quelque chose en même temps, qu’on lui donne le nom de
nature ou de force de l’univers? C’est pourtant le propre du panthéisme, le
Dieu de Spinoza et d’Einstein! (12)
Mais inversement, on
peut aussi croire en Dieu et mettre en doute le caractère textuel et dogmatique
des religions, de sa religion, car s’il y a une part de vérité historique, il y
aussi une part d’embellissement et de symbolisme dans la plupart des religions.
Ce film est donc d’intérêt, que vous soyez croyant ou non à condition de ne pas
être dogmatique.
Notes
1. imprimatur :
Autorisation d'imprimer (accordée par l'autorité ecclésiastique ou par
l'Université à un ouvrage soumis à son approbation). (Le nouveau petit Robert
2007 CD-ROM, www.lerobert.com)
2. C’est la thèse que soutient Gérald
Messadié dans L’homme qui devint Dieu. (1988,
Paris: Laffont, Le livre de poche)
3. Évangile de St-Jean, 20-29 (http://bible.catholique.org/evangile-selon-saint-jean/3283-chapitre-20)
4. Jésus de Nazareth : http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus_de_Nazareth
Christologie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Christologie
Quêtes du Jésus historique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Qu%C3%AAtes_du_J%C3%A9sus_historique
5. Évangile selon Saint Jean, Chapitre 8 : http://bible.catholique.org/evangile-selon-saint-jean/3271-chapitre-8
6. Le créationnisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9ationisme
Dessein intelligent : http://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligent_design
7.
Jeff Sharlet, « Through a Glass, Darkly.
How the Christian right is reimagining U.S. history », Harper’s, December
2006, pp. 33-43.
8. Jeff Sharlet, Ibid., p. 35
9. S’il y a ceux qui croient en Dieu et
ceux qui n’y croient pas, il y a aussi ceux qui refusent de répondre à la
question, car il n’y a aucun moyen de vérifier l’existence de Dieu. Ce
sont les agnostiques. Pour en savoir plus sur l’agnosticisme, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Agnosticisme
10. Rousseau, Jean-Jacques,
1992 [1762], Du contrat social,
France: Grands écrivains.
11. Nietzsche,
F., 1998 (1883-5), Ainsi parlait
Zarathoustra, France: Maxi-poche classiques étrangers.
12. Panthéisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Panth%C3%A9isme
***
Textes officiels
THE NATIVITY STORY
/ LA NATIVITÉ
(durée: 101 min.)
Sortie en salle en version originale
anglaise, version française et version italienne: 1er décembre 2006
La Nativité fut le premier film de
fiction à être présenté en première au Vatican le 26 novembre dernier.
Réalisateur:
Catherine Hardwicke
Distribution:
Keisha Castle-Hughes, Shohreh Aghdashloo, Oscar Isacc
Dans un petit
village, une jeune fille vivait les dernières années de son adolescence. Pour
qu'elle échappe aux conditions de vie difficiles qu'avait toujours connues sa
famille, ses parents espéraient qu'elle pourrait faire un bon mariage. Tout
était prévu mais un jour, son destin bascula : Gabriel vint lui annoncer
qu'elle aurait un enfant comme aucune autre femme n'en avait porté.
Le petit village
s'appelait Nazareth, Gabriel était un ange, la jeune fille se prénommait Marie
et son enfant allait changer l'histoire de l'humanité...
***
Atheism
Julian Samuel
Canada, 2006, 78 min.; couleur; Vidéo; anglais
« Quelques personnes
se doivent de faire des documentaires intellectuellement fouillés et denses,
sinon nous ne ferons que des trucs comme The Corporation, Bowling for Columbine
et tous ces trucs qui sont visuellement divertissants, humoristiques, légers
mais qui n'ont que très peu de profondeur analytique. » Ce commentaire
controversé, Julian Samuel le formulait en 2004 après la sortie de son
documentaire Save and Burn, sur ce qu'il appelait la mort des bibliothèques.
Fidèle à sa démarche exigeante et intellectuelle, il nous revient avec une
réflexion sur l'athéisme en cette période de grands troubles idéologiques et
religieux. Est-ce une nécessité ou une absurdité pour l'homme de prétendre à
l'athéisme ? Universitaires et penseurs s'offrent à la caméra de Samuel pour
bousculer deux ou trois idées reçues.
Source : http://www.nouveaucinema.ca/2006/
---
9e édition des
Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal - Du 9 au 19 novembre
2006
Buenos Aires, crónicas villeras
***
Astrid Bussink
Première canadienne
Écosse - Hongrie - Pays-Bas / 2005 / Betacam Num / 33 min / hongrois
s.-t.a.
Description: Il était une fois un petit village
hongrois où, dans les années 1920, des dizaines d’hommes mouraient de façon
mystérieuse. En 1929, plusieurs femmes des environs furent accusées de ces
meurtres. Les veuves noires travaillaient à l’arsenic! Tourné sur les lieux du
crime, The Angelmakers retrace le déroulement des funestes événements, par le
biais d’entrevues avec les vieilles qui s’en souviennent encore et les plus
jeunes qui, heureusement pour leurs maris, ont droit au divorce! On peut lire
entre les lignes la détermination et la détresse de ces femmes d’antan,
prisonnières d’hommes violents et buveurs auxquels on les avait mariées de
force. Un film empreint de tendresse et d’humour noir qui changera à tout
jamais votre vision de la vie à la campagne…
Commentaires de Michel Handfield (24 novembre
2006)
Vous n’êtes
pas heureuse en mariage, une p’tite dose d’arsenic et il est parti! Une façon
de voir que le divorce est une avancée humaniste et beaucoup plus chrétienne
qu’une p’tite dose d’arsenic n’en déplaise à l’église! Ça donne a
réfléchir.
Dmitriy Nepochatov
Première canadienne
Ukraine / 2006 / Betacam SP / 45 min / ukrainien, anglais s.-t.a.
Description: Ce docudrame raconte l’histoire
d’une jeune étrangère nantie venue à la rencontre du peuple lors de la
révolution pacifique en Ukraine. Sur un propos philosophique et humaniste, on
s’attache aux événements: l’occupation de la grande place de Kiev à l’automne
2004. Des images importantes sur la spectaculaire solidarité et l’entraide
indéfectible d’un peuple unifié et, finalement, victorieux. Des images qui nous
rappellent un des moments forts de l’histoire contemporaine. À cause de ses
millions de citoyens dehors, les observateurs avaient appelé Kiev «la
ville-tente 24 h / 24». La Révolution Orange, avec son drapeau de la couleur de
la campagne du parti de l’opposition sur lequel se lit le slogan «!!» («Yes!
Yushchenko!»), n’est pas nommée, mais elle crève l’écran!
Commentaires de Michel Handfield (24 novembre
2006)
La révolution orange, une révolution du
sourire pour dénoncer un vol électoral. (1) Leur point fut gagné sans violence,
les manifestants étant soutenus par la population en un véritable mouvement
social, local et national. On campait et on mangeait sur la grande place de
Kiev. Les locaux nourrissaient les occupants, qui venaient de toute l’Ukraine,
dans un mouvement de solidarité et d’espoir pour changer les choses.
Un film sur
l’espoir, car c’est le désir de mieux qui alimente le changement. S’il n’y a
pas d’espoir, l’individu essai de s’en tirer seul ou de profiter du système au
max! C’est alors le règne de l’individualisme égoïste! Ici c’était
l’inverse : la solidarité collective. Les ukrainiens ont fait un, se sont
uni contre le Pouvoir, ce qui leur a donné du pouvoir.
Le cinéaste de
poser la question « Qu’est-ce que la
liberté? » D’avoir une vie normale; de l’avenir pour les enfants; une
bonne éducation; la liberté de penser…
Différentes définitions qui se rejoignent toutes dans un besoin commun,
mais qui ne correspondent pas nécessairement au même désir pour chacun, car la
liberté c’est d’abord un sentiment personnel, mais bien réel.
De notre point
de vue, où nous avons la liberté, on ne le réalise pas toujours, sauf quand on
la sent menacée, que ce soit quand on limite nos choix, actuel ou d’avenir, ou
quand, au contraire, l’on voudrait aller plus loin que ce qu’accepte le sens
commun. Si l’on revendique souvent la liberté, parfois, quand on a le sentiment
que les choses deviennent trop permissives, l’on peut aussi revendiquer moins
de liberté. Autrement dit, la liberté est un « work in progress ». Ce qui paraissait de la liberté il y a dix
ans pourra être jugé contraignant aujourd’hui. Mais inversement, on peut aussi
trouver que la liberté menace des valeurs sociales communes auxquelles l’on
tient. On voudrait alors la refreiner.
Bref, la
liberté est un point d’équilibre entre l’individualité et la communauté et ce
point bouge dans le temps. Les ukrainiens ont gagné leur liberté. Ils devront
maintenant apprendre à la gérer.
Ce film
apparaît d’abord comme un film qui présente la question de la liberté dans le
paysage ukrainien, mais il questionne aussi les autres peuples sur cette
question, car la narration peut s’adapter à tous les peuples. En effet, par une
astuce forte intelligente, ce n’est pas le cinéaste qui présente les choses,
mais un personnage féminin et étranger qui était là au moment des événements
selon le scénario. (2) Ce film peut donc être narré en toutes les langues - si
la version que nous avons vu était en anglais britannique, dans une autre
version ce pourrait être l’Allemand, le Français ou l’Arabe! – et questionner
tous les peuples sur leur propre notion de liberté au vu et au su des
événements ukrainiens! C’est donc un film beaucoup plus politique qu’il ne le
laisse voir. Mais politique au sens philosophique du terme. De l’essence de
l’Homme, car si le peuple veut la liberté, quelques idéologies que ce soit ne
devraient pas pouvoir y résister. Mais les idéologies sont parfois des
éteignoirs très puissants qui peuvent même susciter des reculs de la liberté.
(3) Quand la narration sera en afghan, c’est qu’on aura vraiment fait un grand
pas.
Notes :
1. « La
« révolution orange » (cette couleur était le signe de ralliement des partisans
de V. Iouchtchenko) fut en premier lieu une révélation. Le mouvement populaire
qu’ont provoqué les deux tours (31 octobre et 21 novembre 2004) d’une élection
présidentielle entachée d’irrégularités a attesté l’existence d’une société
civile. Tandis que le président sortant Leonid Koutchma incarnait le clan de
Dniepropetrovsk, celui de Donetsk, qui avait, les années passées, investi
progressivement les différents centres de décision, devait avec la victoire de
Victor Ianoukovitch accéder au sommet de l’État. Il restera dans la mémoire
nationale qu’une foule aussi déterminée que pacifique installée des jours
durant au cœur de la capitale, Kiev, est parvenue à contrarier ce scénario au
nom de la démocratie et de l’État de droit. » (L’État du Monde 2006
sur CD-ROM)
2. Elle
explique pourquoi naturellement, mais cette explication pourrait varier selon
les versions pour demeurer plausible.
3. A ce sujet
il peut être intéressant de lire Finkielkraut, Alain, 1987 [1989], La défaite de la pensée, France:
Gallimard, coll. Folio Essai.
Hyperliens :
Révolution orange sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_orange
Liberté : http://fr.wikipedia.org/wiki/Libert%C3%A9
---
Buenos Aires, crónicas villeras
Marcelo Céspedes; Carmen Guarini /
Argentine; 1986; Betacam SP; 52 min; espagnol s.-t.f.
Dans ce film, les auteurs racontent comment on
a expulsé de Buenos Aires 50 000 personnes qui habitaient des bidonvilles
situés près du centre-ville. Ce geste policier n’a pas seulement détruit les
habitations précaires de ces gens, mais il est venu mettre fin à un réseau de
solidarité et une organisation sociale de survie.
Commentaires de Michel Handfield (18 novembre
2006)
La
dictature a détruit les habitations de fortunes des citoyens des bidonvilles à
la veille du Mondial de foot de 1978! La junte militaire voulait montrer un
pays propre! Elle en a aussi détruit la mémoire. Il n’en reste donc peu de
traces, sauf dans la mémoire des citoyens, car le régime militaire a détruit
toutes les images du passé qu’elle a pu détruire. Elle a détruit l’histoire
pour montrer qu’elle construisait une autre civilisation. C’est d’ailleurs le
propre des révolutions et des dictatures qui veulent couper avec le passé. (1)
Ce n’est pas pour rien que les intellectuels et les journalistes sont leurs
premières cibles.
Mais
le bidonville c’était plus qu’un abri. C’était une communauté : de
l’entraide et des réunions pour se donner les moyens d’améliorer les choses, de
s’organiser et de revendiquer. Et il y avait le père Carlos Mugica, religieux
de gauche (la théologie de la libération), qui vivait parmi eux et les aidait à
revendiquer. Il fut assassiné.
Des
milliers de familles qui vivaient au bidonville de « Retiro » (2),
qu’une quarantaine ont résisté à l’expulsion avec le but de créer une
coopérative, sauf que ce n’est pas facile. Mais ils avaient la foi.
Naturellement,
l’éradication des bidonvilles n’éradique pas la pauvreté. Elle ne fait que
désorganiser et disperser ces gens. Certains ont rejoint d’autres bidonvilles,
sauf qu’échaudés, sachant qu’ils peuvent être expulsés avec un changement de
régime, ils sont devenus moins militants. Mais le politique s’est aussi adapté,
la ville leur fournit des services maintenant.
Comme ce film
date d’il y a 20 ans, j’aimerais savoir ce qui arrive aujourd’hui. Ce film me
laisse donc un peu sur ma faim, mais me fait espérer une suite dans les
prochaines Rencontres Internationales du
Documentaire de Montréal.
Notes :
1. En effet, comme la préhistoire ne signifie
pas l’absence d’un système social ou technique, mais l’absence de la
transmission de l’histoire, les régimes qui se disent révolutionnaires ou qui
ont une tendance à vouloir recréer la civilisation sont portés à couper tous
liens avec le passé, à détruire les traces historiques et la mémoire, pour
reconstruire l’histoire… à leur manière.
L’interprétation et la transmission de l’histoire sont chargées de sens. À ce
sujet lire Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire
à nos jours, France : Fayard Histoire) (Distribution Hachette)
2. http://fr.habitants.org/article/articleview/1652/1/461/
Hyperliens :
Argentine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Argentine
Retiro (Buenos Aires) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Retiro_(Buenos_Aires)
Padre Carlos Mugica : http://www.elortiba.org/memoria.html
International Alliance of Inhabitants (En différentes langues): www.habitants.org
---
De Julia Bacha; Ronit Avni
États-Unis; 2006; Betacam Num; 89 min; arabe,
hébreu, anglais avec s.-t.a.
Description: Aux côtés de la propagande de
haine et de peur au Moyen-Orient se tient un film. À contre-courant des
actions/réactions de vengeance dans la guerre israélo-palestinienne, des
citoyens des deux peuples travaillent pour la réconciliation par la
non-violence. Toute l’excellente composition de ce film tend vers cet idéal,
cette nouvelle éthique qui amène un espoir réel de coexistence pacifique.
Pourtant, chacun des protagonistes a perdu un proche à la guerre, d’un côté
comme de l’autre. Ils ne sont pas des «saints»; ils se battent tous les jours
contre leurs propres pulsions belliqueuses, les systèmes inculqués de pensée et
ils réussissent. Impossible, en voyant le travail d’Ali, de Robi et de
plusieurs autres personnes ordinaires, de ne pas laisser tomber ses
insensibilités ou ses préjugés.
Commentaires de Michel Handfield (13 novembre
2006)
Un
film sur des gens, tant palestiniens qu’israéliens, cherchant un dialogue.
Certains font davantage un travail
individuels, d’autres travaillent à mettre sur pied des groupes de
réconciliation regroupant les deux camps. Ce n’est pas une mission facile et
elle suscite suspicion et commentaires, surtout de leurs propres compatriotes.
Comment peut-on vouloir fraterniser avec l’ennemi?
Pourtant,
pour le néophyte, ils sont si semblables. De la même race des sémites (1) à
défaut d’être du même peuple, ce qui est culturel! C’est donc une guerre
fratricide. Le message de ces groupes est approprié : Cessons de se tuer pour que moins de mères en souffrent! Après 56
ans de conflit il est temps de passer à une autre tactique selon un militant du
dialogue : celle de Gandhi. Comme cela ils n’auront pas de raison de nous
tirer dessus et ils devront négocier la paix. Tous y sont arrivés par
différents chemins, mais tous ont souffert du conflit. Certains ont perdu un
enfant, d’autres ont été blessés, certains du côté israélien, d’autres
palestiniens. Il y en a un qui préparait un attentat à l’âge de 16 ans, mais,
après l’explosion de la bombe qu’il préparait avec ses amis, il a été
emprisonné. C’est là qu’il a lu et qu’il s’est ouvert l’esprit à autre chose.
La vision s’élargit dit-il. On n’insiste d’ailleurs jamais assez sur
l’importance de l’éducation pour sortir d’une forme de pensée unique dans les
deux camps. Ils ont bien raison.
En
fait il n’y a que deux choix : chaque geste amène une réponse de l’autre
et la violence continue ou l’on s’arrête et on trouve un terrain d’entente. Si
simple, mais si difficile à faire. Comme le remarque une des personne du film, les français, les anglais et les allemands
se sont beaucoup plus haïs que les juifs et les palestiniens. Ils ont fait et
subit pire. Pourtant, ils vivent maintenant en paix et sans frontières dans une
Europe unie! S’ils ont été capable de le faire, pourquoi pas nous?
Ce
film, malgré le sujet, offre aussi une pointe d’humour et de légèreté. On rit à
plusieurs occasions, comme lorsqu’autour d’une table il y en a un qui dit avoir
trouvé la solution pour la paix : on
passe une loi et tous les palestiniens et tous les israéliens doivent acheter
leurs cigarettes chez l’autre. Je ne donne pas plus qu’une journée et on signe
la paix!
Pour une
militante juive de la paix qui va dans les colonies de la bande de Gaza, leur
discours – Dieu nous a donné cette terre
– sonne comme l’Apartheid de l’Afrique du Sud. Elle réagit d’ailleurs fortement
– et avec raison selon moi – à cela.
Un excellent film qui montre que s’il y a
conflit, il y a aussi des gens de bonne volonté qui établissent un dialogue
avec l’autre. Ils sont peut être minoritaires, mais l’espoir est là.
Note :
1. Sémite : http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9mite
Hyperliens :
---
De Joel Pizzini
Brésil; 2005; 35mm; 15 min; portugais s.-t.a.
Description: S’il est vrai que le rôle du poète
est de traquer la beauté dans l’instant fugitif, Joel Pizzini en est un. À
partir d’images de trains de banlieue de Rio, de voies ferrées nocturnes, de
rails démultipliés, de poteaux électriques fantomatiques, d’effets d’ombre et
de lumière, le cinéaste brésilien a signé une ode à la nuit et au mouvement.
Intimiste et évocateur, ce court métrage expérimental propose une délicate
réflexion sur la mémoire et la répétition. De celle qui surgit quand on a le
front appuyé sur la vitre d’un métro de banlieue, lorsque la pensée et le
regard s’égarent… Le poète nous dit que la beauté est partout et qu’il nous
faut regarder. Dormente nous indique la voie.
Commentaires de Michel Handfield (13 novembre
2006)
Court métrage
où l’on voit ce que l’on ne s’attend pas et où l’on ne s’attend pas à ce que
l’on voit, car il s’agit de prises de vue avec des angles inhabituels… Le train
comme vous ne l’avez jamais vu!
---
Diario argentino (Journal argentin)
De Lupe Pérez Garcia
Espagne; 2005; Betacam Num; 79 min; espagnol
s.-t.f.
Description: «Depuis toute petite, je confonds
la gauche et la droite», confie la cinéaste. Avec cette boutade qui fait
référence autant à sa dyslexie qu’à sa vision de la politique argentine, Lupe
Pérez Garcia marie la grande et la petite histoire et signe un film surprenant,
à la frontière de la fiction pure et du documentaire d’auteur. Partie vivre à
Barcelone, elle revient en Argentine pour faire le point. Un point tournant où
elle doit décider si elle revient vivre ou non dans son pays natal. Au cours de
retrouvailles émotives et enflammées avec sa mère et son beau-père, la cinéaste
tente d’y voir clair et, en même temps, brouille les cartes en jouant sur la
nature même — mise en scène ou non? — de ce qu’elle nous montre.
Commentaires de Michel Handfield (13 novembre
2006)
Un
documentaire qui fait sourire et même rire, car la documentariste se met
elle-même en scène. Elle confond sa main droite et gauche depuis son enfance et
cherche pourquoi. C’est une occasion pour elle de revenir sur son enfance qui
se superpose à l’histoire de l’Argentine, marquée par l’extrême gauche et
l’extrême droite (Perón), mais confusément semblable dans la violence et la
corruption du pouvoir parfois. De quoi ne plus savoir quelle est la gauche ou
la droite!
Des
bouts d’archives supportent le propos et, ce qui est fort intéressant, l’on
voit même qu’après coup l’on justifie toujours nos choix politiques : ils
étaient rationnels au moment de voter, mais ce sont les Hommes politiques qui
ont déçu en détournant le pouvoir une fois qu’ils l’ont eu entre les mains. De
service à la collectivité, il est devenu à leur service. Ils ne servaient pas
l’État, mais s’en servaient.
C’est l’occasion de discussions avec sa
mère, qui est toujours une mère, car elle s’inquiète d’elle comme si elle était
encore toute petite : je ne sais pas
ce qu’elle mange là bas alors qu’elle a 33 ans, vit à Barcelone et a deux
enfants! On voit bien qu’elles ont des points de vue différents sur la
politique et que la fille veut comprendre les choix de sa mère. Mais elle se
heurte à un refus d’explication. On le
sent comme ça même si après on peut se dire que sur ce coup là on s’est trompé…
Ce film pose
un regard sur l’Argentine des 30 dernières années, soit à partir du retour de
Perón en 1973 à l’Argentine d’aujourd’hui; qui passe par une dictature
(1976-1983) avant le retour à la démocratie suite à la guerre des Malouines
avec l’Angleterre. (1) Un éclairage intéressant sur un pays – et une région -
que l’on oublie, car il n’est plus dans l’actualité. Mais il y a un temps où
l’Amérique latine était dans l’actualité aussi souvent que l’Irak ou
l’Afghanistan le sont aujourd’hui. Effet de la mondialisation : avec le
déplacement des activités économiques se déplace aussi l’intérêt
politico-stratégique et médiatique vers d’autres coins du monde, actuellement
les pays producteurs de pétrole.
Un détail m’a
particulièrement fait sourie : son amie Adriana, elle, a toujours fait la
distinction entre sa main gauche et sa main droite. Ça doit être pour ça
qu’elle est sociologue! Justement, je suis sociologue et gaucher! Il y a des
discussions et des préoccupations qui nous ressemblent!
Note :
1. Argentine,
in Microsoft Encarta 2006.
Hyperliens :
Argentine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Argentine
Juan Perón : http://fr.wikipedia.org/wiki/Juan_Per%C3%B3n
###
---
LITTLE CHILDREN / LES ENFANTS DE CHŒUR
Festival International du film de Toronto
Réalisation : Todd Field
Distribution: Kate Winslet, Jennifer Connolly, Patrick Wilson
D'après le roman à succès de Tom Perrotta, l'histoire raconte la vie de couples
mariés et frustrés, qui réalisent à quel point leur vie rangée, prévisible et
aseptisée est ennuyeuse. Lorsqu'un satyre emménage dans le quartier,
les problèmes ne tardent pas à apparaitre. Une affaire de
pornographe sur internet éclate et peu à peu chacun découvre un monde qu'il
n'aurait jamais soupçonné...
Commentaires
de Michel Handfield (18 novembre 2006)
Observation d’un milieu conservateur où une vie planifiée est une bonne
vie.
Sauf que, même les milieux de vie les plus fermés sont appelés à voir
des gens un peu différents venir s’installer chez eux et remettre en question
leurs choix, leur vision du monde et même leur vie par leur présence. C’est
ainsi que voir un père venir tous les jours au parc avec son fils dérange les
mères de famille qui s’en sont accaparés. Qui est-il? Pourquoi ne
travaille-t-il pas? Cela éveille crainte
et désirs, car ces femmes ne vivent que pour leur mari et l’enfant roi. Leurs
désirs sont refoulés, mais toujours présents. La discussion qu’elles auront
autour de Madame Bovary vaut la peine
d’être vue à ce sujet.
Quant au pédophile qui habite dans le voisinage - chez sa mère – il
soulève des craintes qui leurs donnent peut être l’impression d’exister pour
protéger leur milieu de vie…
La vie coupée
en tranches. On pénètre tranquillement leur intérieur, allant vers ce qu’ils
ont refoulés depuis leurs rêves d’adolescence, car la vie ne se déroule jamais
tout à fait comme on l’avait prévu. Sous les apparences, notamment de
perfection, que retrouve-ton? Des événements qui les ont brisés?
Des événements
peuvent aussi leurs redonner un regain de vie, car dans cette pièce de théâtre
que l’on joue tous, un regard ou un mot peut faire ressortir notre vraie
nature; nos désirs inassouvies et
ensevelies qui n’attendaient que ça! Des destins croisés…
“If you can’t change the past, you
can do the future”, à quoi je pourrais ajouter “but the destiny can change it too.”
Un film qui se
regarde bien. Qui a un angle
ethnométhodologique et dramatique, avec un côté parfois caricatural. J’ai apprécié, car la fiction et
le réalisme s’y rejoignent au point qu’à certains moments on est sur la ligne
entre les deux. Pure fabulation ou plausible? A d’autres instants je sentais
bien l’ironie et la caricature.
Je me
demandais parfois si cette communauté vit aujourd’hui ou si elle s’est arrêtée
aux années 50. Mais si c’était la vie de la majorité religieuse, chrétienne et
conservatrice de notre voisin du Sud? Si c’était nous, avec notre mode de vie
et le rejet du religieux, qui étaient
l’exception? Si la remontée du religieux nous ramenait là? Hiiiii… j’ai
eu comme un frisson.
Excellent
divertissement, mais à regarder avec lucidité, car ce film pose un regard à la
fois raisonné et caricatural des milieux conservateurs états-uniens. Mais,
qu’en est-il des nôtres? Devenons-nous conservateurs?
Bref, un bon
divertissement, qui n’est surtout pas ennuyant. Si l’on peut le voir uniquement
pour le plaisir, l’on peut aussi le regarder sous un angle plus psychologique,
anthropologique ou sociologique.
---
Sortie : 10 novembre à Montréal,
Québec, Sherbrooke, Chicoutimi et Gatineau.
Un film d’Isabelle Mergault avec Michel
Blanc et Medeea Marinescu.
Aymé vient de perdre sa femme. Ce n’est
pas le chagrin qui le submerge, mais le travail : tout seul il ne peut pas s’en
sortir. Il doit impérativement trouver une autre femme, mais dans son village,
la chose n’est pas facile. Il décide alors de faire appel à une agence
matrimoniale. Comprenant que sa recherche n’est pas affective, mais utilitaire,
la directrice de l’agence l’envoie en Roumanie, où de nombreuses filles sont
prêtes à tout pour quitter la misère dans laquelle elles vivent. Aymé ne le
sait pas, mais sa rencontre avec Elena va changer sa vie…
Commentaires de Michel Handfield (5 novembre 2006,
mis en ligne le 10)
La vie bucolique, mais le bonheur est dans les « soaps »
états-uniens pour sa femme, car il ne la voit plus vraiment. Et la romance, il
ne connaît pas. Alors quand il perd sa femme par un bête accident de ferme, il
est désespéré par le travail que cela lui laisse. A peine plus d’une semaine et
il consulte une agence de rencontre pour se trouver une « bosseuse »
de remplacement!
Cela donne droit à de l’humour, mais aussi de l’émotion, car ce n’est
pas par machisme qu’il est ainsi. C’est par culture en quelque sorte : il
ne connaît pas autre chose. Le travail de ferme est un travail d’équipe. Ça se
fait à deux. C’était probablement le cas de ses parents, de ses grands-parents,
de ses arrières grands-parents et ainsi de suite…
La romance, ne connaît pas! Et il n’est pas des plus sociables. La
directrice de l’agence l’amènera donc en Roumanie, « où les filles sont prêtes à tout pour sortir de leur pays. »
Découverte pour lui, mais ce n’est qu’un début.
Son plus grand choc sera face à
lui-même quand il reviendra et fera passer la demoiselle pour une nièce
lointaine. Une nièce belle et jeune, ça attire et « quand tu es la femme de personne, c’est comme si tu étais la femme de
tout le monde! » Il découvrira donc peu à peu un côté de lui qu’il ne
se connaissait pas!
Touchant! (Je l’ai noté plus d’une fois dans mon Palm.)De belles prises
de vue, avec un Michel Blanc qui campe très bien ce rôle de bourru qui se
découvre peu à peu… différent!
***
Un détail sociopolitique pour
terminer. Si la France a voté contre le projet de traité constitutionnel
européen en mai 2005 (1), certains films français prennent pourtant un tournant
plus européen depuis quelques années. Ils nous montrent un changement, que ce
soit l’absence de frontières physique ou la présence de relations humaines de
plus en plus européanisées, qu’elles soient professionnelles, personnelles ou
même sentimentales! (2)
On va aux confins de
l’Europe (3), dans les pays de l’Est (4), au Maghreb (5) ou au Moyen-Orient!
(6) Le cinéma français sort. Il est tolérant et accueillant à ce que l’autre
peut lui apporter plutôt que conflictuel (eux contre nous) ou hégémonique (on
vous apporte le salut, la paix, la démocratie, etc.) comme on le voit dans un
certain cinéma états-unien! Ce n’est peut-être pas un hasard, puisqu’au moment
où les frontières sont de plus en plus ouvertes et fluides en Europe, les
États-Unis renforcent de plus en plus les leurs, allant jusqu’à construire un
mur sur leur frontière avec le Mexique. À quand un mur avec le Canada?
Alors que le Monde
s’ouvre, les États-Unis se sentent menacés et se renferment comme une huître.
S’ils se sentent si menacés, c’est peut-être qu’ils ne peuvent pas lire le
Monde, repliés sur eux-mêmes. Pourtant, ils veulent toujours imposer leurs
règles du jeu (économiques et politiques) à la communauté internationale, comme
la mondialisation et leur interventionnisme militaire. Paradoxalement, ils sont
aussi de plus en plus fermés aux revendications et à la libre circulation
citoyenne en Amérique. Une coupure de plus en plus profonde est donc en train
de se faire entre eux et le Monde, au point que dans un documentaire français
tourné aux États-Unis, l’un des leurs remarque à juste titre que« bientôt
nous aurons 6 milliards d’ennemis pour un peu de pétrole et on ne
comprendra pas pourquoi!» (7)Le cinéma nous fait réaliser cette coupure
culturelle de plus en plus profonde entre l’Europe et les États-Unis. On
devrait en tenir compte, surtout ici au Canada.
Pourtant, ils
imposent leur culture à travers la planète, par leurs soaps et leurs films, car
ils ont la machine (marketing) pour le faire. Mais on dirait qu’à trop
l’imposer cela a l’effet contraire à celui recherché. (8) Cela devient même une
raison de ne pas les aimer, car ils sont de plus en plus perçus comme un empire
hégémonique à combattre. Du grand frère qui tend la main, leur statut est
devenu celui du grand frère qui tord le bras. Ils doivent se refaire une image,
car on a besoin des États-Unis, mais pas de ce qu’ils sont en train de
devenir.
Si à l’extérieur la
France se donne une image de plus en plus ouverte, à l’intérieur il y a
cependant un bout de chemin à faire. Pensons à la révolte des cités de l’an
dernier. Par contre, certains films, comme « La petite Jérusalem » (9), font ce travail, mêlant l’interculturel, la culture d’accueil
(France) et le désir d’un retour à la « patrie » dans une même
famille. La sensibilité cinématographique française est à l’ouverture. Elle est
aussi au retour historique pour tourner la page sur les plaies du passé. (10)
La France veut reconstruire des ponts avec les autres, dont leurs anciennes
colonies. Si ça ne se voit pas encore clairement au niveau sociopolitique,
l’imaginaire cinématographique le perçoit très bien. À suivre…
Notes :
1. www.vie-publique.fr, voir
www.vie-publique.fr/actualite/alaune/referendum-france-dit-non-au-traite-europeen.html
2. « Le grand voyage » (Societas Criticus, Vol.7 no.2); « Aime ton père » (Ibid, Vol 6, no
1); ou « Les poupées russes »
(Ibid, Vol 7 no 4) en sont quelques exemples.
3. « Le Voyage en Arménie » de Robert Guédiguian (Ibid, Vol 8, no
4), dont la sortie prévue est en décembre (2006).
4. « Depuis qu’Otar est parti » (Ibid, Vol. 6, no 2)
5.
« Barakat! » (Ibid., Vol.
8, no. 5)
6. « La fiancée syrienne » (Ibid., Vol.
7, no. 2)
7.
« On air », (Ibid., Vol. 8
no 6)
8. L’effet de contre productivité décrit
par Ivan Illcih dans Némésis médicale, 1975,
Paris: Seuil, coll. point.
9.
« La petite Jérusalem »
(Ibid., Vol. 7, no 4)
10.
« Barakat! » (Ibid.), « Caché »
(Ibid., Vol. 7, no 5/8 no 1) et « Nuit
noire, 17 octobre 1961 » (Vol. 8 no 5)
---
Un film d’Oliver Stone
Avec Yasser Arafat, Ehud Barak,
Benjamin Netanyahu, Shimon Peres, Oliver Stone, Jasan Yosef
Durée : 67 minutes
Israël et la Palestine sont en guerre. La
diplomatie est dans l'impasse. La violence s'intensifie. Oliver Stone,
accompagné d'une petite équipe, pénètre au cœur du conflit, explorant les rues
où la population essaie de vivre normalement, et rencontrant les leaders des
deux camps qui décident de leur sort.
Commentaires de Michel Handfield (10 novembre
2006)
Ce
film, nous apprend IMDB, date de 2003 et fut tourné pour la télé. Mais cela
n’enlève en rien son intérêt, car en trois ans la situation n’a pas tellement
changé dans cette région du monde qui connaît des conflits depuis des
millénaires.
***
Après l’échec
du second Camp David en 2000, entre Yasser Arafat et Ehud Barak, la tension
monte entre Israël et la Palestine sur le terrain. Oliver Stone décide de
plonger au cœur des tensions pour comprendre.
On s’aperçoit
rapidement que ce conflit est émotionnel alors que les négociations de paix
doivent être rationnelles, ce qui ne peut que causer des blocages et des
affrontements. De plus, comme le Pouvoir des leaders des deux côtés est lié à
ce conflit, peut-on vraiment compter sur eux pour le résoudre?
C’est donc
l’histoire de populations tenues en otage par la politique, la religion et
l’idéologie, ce qui est bien triste à voir! Les uns se sentent menacés
(Israéliens) par les autres (Palestiniens) qui se sentent spoliés par Israël à
leur tour! Comme ils n’ont plus rien à perdre, car ils n’ont rien (même leur
droit de circuler est limité), ils prennent les moyens du désespoir pour
attirer l’attention sur leur cause : l’attentat suicide. En territoire
palestinien on voit d’ailleurs des posters de kamikazes qui se sont fait
exploser tout comme si c’étaient des vedettes de rock! Triste réalité qui
montre tout le désespoir de cette population.
Pendant ce
temps les leaders sont enfermés dans un dialogue de sourds sur la base de
principes immuables; comme la question
du partage de Jérusalem, au cœur des trois grandes religions que sont le
judaïsme, le christianisme et l’islam! Il y a aussi la question des frontières d’Israël. Comme l’a remarqué un
des commentateurs Israéliens : Israël
sait le prix de la paix, alors on remet ça à plus tard. Car après coup, une
fois retirés de la vie politique, les politiciens israéliens n’ont pas peur de
revenir sur ce qu’ils considèrent des erreurs (stratégiques) du passé. Mais en
poste, seuls le discours idéologique ou la langue de bois sont de mise.
D’ailleurs,
du côté palestinien des choses, Oliver Stone n’a jamais pu rencontrer Yasser
Arafat, car il ne pouvait probablement pas parler ouvertement, pris dans un
carcan idéologique qu’une discussion à bâton rompu aurait pu faire dévier sur
des vérités; sur le vrai discours de l’homme. Comme il se devait de respecter
le discours qu’on attend de lui, il a probablement tout fait pour rendre cette
rencontre impossible. C’est du moins mon interprétation, car Oliver Stone lui
aurait certainement posé des questions embarrassantes sur son double discours,
le film montrant qu’il ne dit pas toujours la même chose lorsqu’il parle en
arabe, à son peuple et ses alliés, et en anglais, à la communauté
internationale.
À défaut d’avoir rencontré Arafat, Oliver
Stone a rencontré des membres du Fatah : des terroristes pour la
constitution d’un État démocratique et laïc - par opposition au Hamas
islamique. C’est fort instructif comme rencontre, car on apprend qu’ils ont
déjà acheté 60 M-16 et 5 millions de cartouches d’un garde de Sharon. Avec
l’argent, tout s’achète! Avoir les moyens on pourrait même se procurer un char
d’assaut!
L’histoire est écrite à l’encre rouge des
tueries. L’enseignement de l’histoire tel qu’on le connaît est d’abord et avant
tout l’enseignement des conflits et des guerres, non des périodes de
coopération et de paix entre les peuples dira en
substance une des personnes rencontrées par Stone. On se remémore donc les
conflits et après l’on est surpris de ne pouvoir faire la paix…
Il y a là une
certaine contradiction sur laquelle méditer. Comme je l’ai écrit à quelques
reprises, la paix vient d’abord de l’investissement social et éducatif que l’on
fait. Mais elle vient peut être autant du contenu que l’on enseigne que de
comment on le fait. Si le contenu est axé sur les conflits, il n’est peut-être
pas surprenant que l’on reproduise sans cesse des belligérants. Mais il ne faut
pas non plus occulter le passé. Le défi est de trouver le bon dosage entre les
deux. Sauf que l’enseignement de l’histoire est souvent coloré par des choix
politiques, car l’histoire est politique.
Hyperliens :
Sommet de Camp David II : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sommet_de_Camp_David_II
Fatah: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fatah
###