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Societas Criticus

Revue de critique sociale et politique

On n'est pas vache…on est critique!

&

D.I. revue d’actualité et de culture

Où la culture nous émeut!

 

www.homestead.com/societascriticus

 

Vol.  8 no. 7

 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

 

Pour nous rejoindre:

di_societas@hotmail.com

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer par courriel. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

Édito 

 

La télédépense!

 

La notion de Nation, prise 2!

 

Vœux criticus pour 2006-7!

 

Les quelques détails manquants

 

En  réponse à notre Lettre à la Bibliothèque et Archives nationale du Québec (BAnQ)

 

Voir aussi Délits d’opinions! Dans la section dossier.

 

Une autre piste pour les attentats du World Trade Center

 

Lettre à la Bibliothèque Nationale du Québec

 

Dossier

 

Service au client, d’abord! Mais dans tout, M. le ministre!

 

Des suites dans le Dossier de L’ex-carrière Francon

 

Délits d’opinions!

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

L’histoire contemporaine vue autrement: La face cachée du pétrole!

 

Mondialisation et bien-être

 

Skull and Bones

 

Le Robert 2007 sur CD-ROM!

 

Salon du livre de Montréal

 

Nouveaux livres reçus

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

Patrick Bruel Des souvenirs devant...

 

 

Théâtre

 

SHOWDOWN

 

L’histoire lamentable de Titus De William Shakespeare

 

INCENDIES

 

Les Films

 

ROMÉO ET JULIETTE

 

PAYSAGES FABRIQUÉS

 

Foi et Athéisme : quand le cinéma se fait philosophie. Sur les films La nativité et Atheism.

 

Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal

 

LITTLE CHILDREN / LES ENFANTS DE CHŒUR

 

Je vous trouve très beau

 

PERSONA NON GRATA

 

 

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Index

 

Nos éditos!

 

La télédépense!

Michel Handfield, M.Sc. sociologie

 

3 décembre 2006

 

     Chers membres du CRTC (www.crtc.gc.ca), depuis quelque temps l’on nous parle des changements à venir avec la télé numérique. Tous devront être câblés; ce sera la fin de la télé gratuite; il faudra s’habituer à payer comme pour les autres services que sont le téléphone ou l’électricité nous dit-on.

 

     D’abord, la télé gratuite est un mythe. Je paie déjà  pour la télé publique à travers mes taxes et impôts. Si une part va  pour Radio-Canada, une autre part sert à la télé privée qui retire aussi des subsides de l’État. Si la télé devient payante cependant, la plupart de ces subsides devraient être abandonnés, sauf quelques encouragements à une création culturelle exceptionnelle et novatrice, puisque le citoyen paiera dès lors par son abonnement obligatoire au service. Seul Radio-Canada/CBC, qui continueront d’offrir un service hertzien gratuit semble-t-il (1), devraient voir leurs subsides augmentés. Les autres, qui feront dans la télé payante, ne peuvent aussi téter aux mamelles de l’État sans que cela ne paraisse  odieux de mon point de vue, d’autant plus que je produis du contenu culturel et journalistique à compte d’auteur, disponible gratuitement par internet. Si vous voulez soutenir la culture, Societas Criticus attends donc vos subventions!        

 

Si un citoyen refuse de s’abonner, je ne vois pas pourquoi il paierait pour un service qu’il ne veut pas. Question d’équité. Cela me frustre de payer pour RDI sans y avoir droit, alors je n’ai pas envie de subventionner le contenu de la câblodistribution si je ne la veux pas. Si les services publics, comme Télé-Québec et RDI, ne peuvent être accessibles par ondes hertziennes pour des raisons de coûts, car la nouvelle technologie semble très dispendieuse, qu’ils soient au moins accessibles par internet pour ceux qui ne veulent pas se câbler. À la limite, je serai prêt à payer un abonnement modique à RDI si tel était le cas. Ainsi, je pourrais avoir accès à ce service public sans prendre tout le kit de la câblodistribution et je ne serai plus frustré chaque fois que la première chaîne de Radio-Canada m’annoncera un reportage intéressant sur RDI, mais auquel je n’ai pas accès parce que je n’ai pas le câble. Car pourquoi avoir le câble quand j’écoute 80% du temps la radio de Radio-Canada et 18% sa première chaîne télé? Le 2% restant va à Télé-Québec et très occasionnellement aux postes privés.      

 

    

De leur côté, les télédiffuseurs privés disent que l’on paie déjà pour des services comme le téléphone ou l’électricité et que ce devrait être de même pour la télé, car rien n’est gratuit! C’est vrai, sauf qu’ils ont déjà des subsides par nos taxes. Alors, qu’ils choisissent entre les subventions de l’État ou la facturation à l’écoute! D’ailleurs, si nous prenons la même comparaison qu’eux avec l’électricité on peut accepter d’être facturé à l’usage. Mais, eux, sont-ils prêts à facturer à l’usage, à ne plus recevoir de subventions et à donner une part de leurs profits à l’État puisqu’Hydro-Québec le fait? Car si l’on se compare, comparons-nous jusqu’au bout. (2)

 

Si je suis d’accord à ce que vous soyez subventionné parce que vous produisez de la culture, il ne faut pas me prendre pour une vache à lait ou, pire, pour un idiot en me disant qu’en plus je devrai dorénavant être câblé pour avoir droit aux chaînes généralistes. Que l’on trouve un moyen qu’elles demeurent disponible, sinon je n’ai aucune raison de payer pour une télé privée (par mes taxes) si elle m’est inaccessible. 

 

Avec l’arrivée de la télé numérique, si les règles du jeu changent, ce ne doit pas être au détriment des citoyens. L’abonnement et la facturation devront donc être revus dans le sens de la flexibilité. Le citoyen devrait pouvoir ne choisir que les postes qu’il désire sans prendre un kit s’il n’en veut pas. Tous les postes pourraient aussi être disponibles, mais facturés à l’usage, à l’heure ou par forfait.  C’est le minimum auquel je m’attends comme contribuable-citoyen!

 

Notes :     

 

1. Sylvain Lafrance, Vice-président principal des services français de Radio-Canada a dit à ce sujet, sur les ondes de Maisonneuve en direct, ce qui suit : 

 

« Actuellement la télé de Radio-Canada ou de CBC est accessible pour 98% des canadiens. Quand on passera au numérique selon le plan que prévoit Radio-Canada ce sera accessible pour 97% des canadiens, mais il y a un 1% pour lequel ça devient difficile. C’est une question purement économique. (…) Le passage au numérique va coûter très cher. (…) Au passage au numérique on va continuer d’offrir une formule hybride, c'est-à-dire que dans les grands centres on va offrir la télévision donc hertzienne numérique, haute définition, mais dans les régions éloignées effectivement faudra trouver d’autres solutions parce que la différence entre rejoindre 97% des canadiens et 98% des canadiens c’est une énorme différence qui se compte en centaine de millions. (…) Radio-Canada est quand même celle qui travaille actuellement à maintenir la diffusion hertzienne. Par le système hybride que nous souhaitons offrir, on est ceux qui vont le plus loin dans le maintien de la gratuité. » (10mn32 @ 19mn15 de Maisonneuve en direct, émission du 29 novembre 2006 : L’avenir de la télévision gratuite :

http://www2.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/)         

 

 

2. Si je prends le cas de l’électricité en exemple, je suis facturé pour ma consommation. Alors si on câble tout le monde, la facturation doit être faite pour les postes choisis ou les heures d’écoutes. Ainsi, si le client choisit 5 postes, il n’a pas à être facturé pour un bouquet de 50 postes dont 45 qu’il n’écoutera pas. La facturation doit représenter la consommation. 

 

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La notion de Nation, prise 2!(1)

Michel Handfield

 

Vendredi, le 24 novembre 2006

 

On patauge dans cette question depuis que le Bloc a exprimé son intention de déposer une motion visant la reconnaissance de la « nation québécoise » et que les conservateurs les ont pris de court, mercredi, en déposant leur motion reconnaissant la « nation québécoise au sein d’un Canada uni »! (2)

 

Hier matin, en entrevue avec René Homier-Roy, Gilles Duceppe a dit, texto, « moi je ne dis pas que la nation canadienne existe à telles ou telles conditions. Les canadiens et les  canadiennes forment une nation point à la ligne. Je n’ai jamais dit qu’il était impossible qu’il y ait plus d’une nation dans un pays. Ça se peux.» (3) Et c’est là tout l’intérêt de ce faux débat.

 

Le Québec serait une nation, mais pourquoi pas l’Ontario, Terre-Neuve ou la Colombie-Britanique, car il y a des différences entre toutes ses provinces et sociétés. La nation canadienne-française existe, car j’ai une certaine culture commune avec le franco-ontarien ou l’acadien. Je connais Édith Buthler et j’ai même un CD de CANO, groupe de musique francophone du Nord-Ontarien!(4) Ai-je la même proximité avec l’anglophone de la Gaspésie ou de Saskatchewan? Pas sûr. Pouvons-nous nommer 10 groupes de musique actuels qui marquent la culture anglo-québécoise? Je croirais plus à la nation montréalaise s’il y a lieu!

 

Par contre si le fait d’occuper un territoire fait de nous une nation, réglons le problème tout de suite : faisons un référendum demandant d’appeler les provinces des nations et changeons tout simplement le nom du Canada pour les « Nations-Unis du Canada »! On aura notre nation dans un beau grand pays multinational… et nous pourrons enfin passer à autre chose! Il serait temps.  

 

Notes :

 

1. Pour la 1 ère prise : « Quelle notion que la nation? », Societas Criticus, Vol. 8 no 4, Dossiers/Essais. Ce texte date du 5 juillet 2006.

 

2. Hélène Buzzetti, Ottawa reconnaît la nation québécoise, Le Devoir, Édition du jeudi 23 novembre 2006 : http://www.ledevoir.com/2006/11/23/123426.html

 

3. À 3 min 49 de l’entrevue de René Homier-Roy avec Gilles Duceppe (diffusé à 7h38 jeudi matin) et reprise en Zapmédia  sur le site de C’est bien meilleur le matin :   www.radio-canada.ca/radio/emissions/emission.asp?numero=27, émission du jeudi 23 novembre 2006

 

4. Groupe des années 70. Vous pouvez trouver « The best of/Les meilleurs succès de CANO », dans The Millenium Collection, 20th Century masters : Universal Music/4400673722.

 

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Vœux criticus pour 2006-7!

 

Opposer rationalité et scepticisme aux idéologies ne ferait pas de tort! Pour la nouvelle année, il faut regarder les choses autrement; voir davantage de films d’art et d’essais; lire davantage de penseurs critiques, de scientifiques, ou de philosophes au lieu de l’horoscope et de théories rose bombonne; qui font du bien sur le coup, mais rendent boulimique des émotions, car il en faut toujours plus pour bien se sentir.  Certains gourous savent d’ailleurs très bien en tirer profit.

 

Si ça va mal à l’ouvrage, à l’école ou dans le monde, ce n’est pas qu’en travaillant sur SOI qu’on va le résoudre. Ni seul. Il faut revenir à la société; travailler collectivement à changer les choses. S’impliquer, ne serait-ce que questionner! Quand même je croirais atteindre l’équilibre par des subterfuges magiques, des anges, des petites pilules ou un gourou de la pop psycho, la source du mal être ne changera pas. Ce n’est que collectivement que l’on peut espérer changer quelque chose. Qu’en étant critique face aux modèles que l’on nous offre, qu’ils soient politiques, religieux, organisationnel ou commerciaux. La solidarité doit d’abord être sociale et citoyenne. 

 

Comme sur les paquets de cigarettes l’on devrait retrouver à la porte des temples en tous genres, incluant les chapelles religieuses, politiques, syndicales,  patronales ou commerciales, cet avis : « Attention, le danger croît avec l’usage!  Une trop grande exposition  peut être dommageable pour la santé. »      

 

Revendiquer du transport collectif ferait davantage pour l’avenir que de rêver à un 4X4 ou de prier pour l’avoir,  même si les apôtres du marketing font tout pour que ce soit notre désir le plus cher! Avez-vous remarqué que la pub dit toujours que nous allons affirmer notre individualité avec ce produit conçu spécialement pour nous, que ce soit une casquette, une bière, un camion ou des souliers de sport… vendus à des millions d’exemplaires! Être unique à des millions d’exemplaires!!!

 

     Il faut  opposer la culture, la rationalité et le scepticisme à toutes ces théories de bonheur et de paradis que proposent des gourous. En cette nouvelle année, soyons vigilants. Nous nous souhaitons de la vigilance et nous ne nous en porterons que mieux.

 

Societas Criticus :

On n’est pas vache, on a le Monde à l’œil!

 

Michel Handfield et Gaétan Chênevert, coéditeurs

21 novembre 2006

 

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Les quelques détails manquants

 

 

17 novembre 2006

 

Suite à notre lettre du 12 novembre dernier, nous avons eu des contacts avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ce que nous avons expliqué dans notre texte du 16, mais nous avions aussi demandé une lettre explicative pour nos lecteurs, ce que nous venons de recevoir. Il nous fait donc plaisir de la publier en complément d’informations.

 

La rédaction.

 

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17 Novembre 2006

 

Monsieur Handfield,

 

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) souhaite par la présente rectifier les faits allégués dans votre Lettre à la Bibliothèque nationale du Québec du 12 novembre dernier parue dans Societas Criticus.

 

Notre institution a débuté l’instauration du dépôt légal des publications diffusées sur Internet en 2001 et a ainsi recueilli à ce jour plus de 9 000 publications accessibles via le catalogue IRIS disponible sur Internet (http://catalogue.banq.qc.ca/cap_fr.html). Vu l’ampleur de la tâche, BAnQ a choisi de mettre en place ce dépôt légal graduellement en ciblant d’abord les monographies et périodiques diffusés sur Internet par les ministères et organismes gouvernementaux québécois. À ce jour, les éditeurs privés n’ont donc pas l’obligation de déposer leurs publications de ce type mais, depuis juin 2005, ils peuvent le faire s’ils le souhaitent sous réserve de la signature d’une licence autorisant BAnQ à capturer, conserver et diffuser leurs publications. Les publications diffusées sur Internet acceptées en dépôt légal actuellement n’incluent pas les sites web eux-mêmes.

 

En espérant que ces informations vous apportent un meilleur éclairage sur l’état d’avancement des travaux relatifs au dépôt légal des publications diffusées sur Internet auprès de BAnQ.

 

Veuillez recevoir, Monsieur Handfield, nos sincères salutations.

 

 

Mireille Laforce
Coordonnatrice - Dépôt légal
Direction des acquisitions de la collection patrimoniale
Section du dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec

 

 

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En  réponse à notre Lettre à la Bibliothèque et Archives nationale du Québec (BAnQ)

Michel Handfield

 

16 novembre 2006

 

Notre lettre du 12 novembre dernier a eu des échos et nous avons pu déposer nos archives tel que souhaité, car certaines archives internet sont maintenant prises par Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Ce qui nous posait problème, c’est que, comme éditeur de revue,  « La Loi sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec(1) impose aux éditeurs le dépôt, gratuit et généralement en deux exemplaires, de tout document publié au Québec, dans les sept jours de leur parution. On appelle cette obligation le dépôt légal. »

 

Par contre, si nous nous sentions cette obligation depuis nos débuts en 1998, car nous éditons une revue, pour BaNQ, nous n’étions pas tenus à cette obligation, n’étant pas imprimés.

 

Si cette obligation de dépôt d’un document électronique comme le nôtre (publié sur internet plutôt que sur un support physique comme un CD-ROM) n’existe pas encore pour les revues de notre genre, ils ont été heureux de nous accueillir une fois que nous avons trouvé le bon endroit ou nous adresser. Le dépôt légal de ce type de publication n’est pas encore obligatoire pour les éditeurs privés et pour les organismes gouvernementaux qui n’ont pas été approchés, mais ces organismes peuvent débuter le dépôt de façon volontaire peut-on lire sur le site de BAnQ. (2) Nous nous inscrivions donc parfaitement dans cette démarche et en somme heureux, mais nous ne nous adressions pas à la bonne place pour le faire savoir.

 

Ceci étant dit, nous avons choisi de faire la mise au point et de laisser notre texte original sur le site, car les questions soulevées peuvent aussi intéresser d’autres organismes, qu’ils soient publics ou privés, ici ou ailleurs dans le Monde, qui auront à débattre des questions de publication électronique un jour ou l’autre s’ils n’en débattent pas déjà. Nous n’avons qu’à penser aux associations de journalistes ou au Conseil de la presse par exemple. C’est toujours de la diffusion d’idées, sauf que le support est tout autre : virtuel! Cela ne change en rien le travail journalistique (3), mais en tout son classement, sa diffusion et son archivage pour les générations futures.

 

Cette confusion nous a donc permis de faire le point sur un dossier d’avenir : la place du cyberjournalisme et les changements et les défis que cela posera aux organismes qui s’en occupent.

 

Ce type de question se répétera probablement dans d’autres secteurs, comme le livre ou la peinture par exemple, car le cyberécrivain et le cyberpeintre, s’ils n’existent pas déjà, sont à la veille d’apparaître et d’être de plus en plus nombreux. Les musées auront donc à faire face à cette question à leur tour. Ils devront, un jour ou l’autre, penser comment sauver les œuvres virtuelles et les transformer pour qu’elles demeurent accessibles dans le temps avec les changements technologiques, de format de fichiers numériques et de plates formes de lecture. C’est le défi d’aujourd’hui pour la transmission de la culture vers demain.        

 

Pour plus d’informations, consultez le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec : www.banq.qc.ca

 

***

 

Concernant nos documents ils sont maintenant accessibles, en format pdf, à la BAnQ. Eux et d’autres documents peuvent être trouvés via le catalogue IRIS : http://catalogue.banq.qc.ca/cap_fr.html 

 

Pour aller directement à nos publications à la BAnQ vous pouvez y accéder par les liens suivants :

 

Societas criticus : revue de critique sociale et politique, vol.1, no 1 (sept. 1999)-

http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212330/3212330.htm

 

Dictionnaire Societas Criticus, ou, Petit lexique à l'usage de nos gouvernants, 2006-

http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212333/3212333.htm

 

Les citations choisies de Societas Criticus, 15 mai 2006-

http://www4.banq.qc.ca/pgq/2006/3212337/3212337.htm

 

À ce sujet, je remercie mesdames Carole Gagné et Mireille Laforce, de Bibliothèque et Archive nationale du Québec, qui ont résous ce dossier qui nous tenait à cœur.

 

Notes :

 

1. http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/B_2_2/B2_2.html

 

2.Voir http://www.banq.qc.ca/portal/dt/collections/dons_acquisitions/depot_legal/publications_assujetties/publications_internet/publications_internet.jsp pour la formulation exacte.

 

3. Façon de parler, car l’écriture journalistique sur internet est quelque peu différente de l’écriture sur support papier vu l’utilisation d’hyperliens.

 

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Une autre piste pour les attentats du World Trade Center

Michel Handfield

 

13 novembre 2006

 

« Une résolution présentée au Conseil de sécurité de l'ONU en vue de condamner les opérations militaires menées cette semaine par Israël à Beit Hanoun, dans la bande de Gaza, a été rejetée, samedi, en raison du veto des États-Unis » (1), car il ne s’agissait que d’une malencontreuse erreur. Naturellement le gouvernement Harper opine dans le même sens que son homologue états-unien et en donne même un peu plus que le client en demande, comme tout bon domestique des plus serviles! (2) Ces militaires étaient probablement à la chasse au pigeon d’argile quand leur tir a dévié. Un malencontreux accident de parcours. Il  n’y a pas de quoi en faire tout un plat! 

 

C’est peut-être là une piste à regarder pour expliquer les attentats du World Trade Center de septembre 2001 : une erreur. Les pirates de l’air ne voulaient que faire un tour pour voir quel était le feeling de voler au-dessus de New-York, mais, comme des pigeons qui mélangent le ciel avec son reflet dans les fenêtres des gratte-ciel, ils se sont pétés la gueule dans le World Trade Center. Bang! Kaboum! Boum! Boum! Kaboul! Ça déboule pour une triste erreur due à un mirage. Des excuses auraient été suffisantes pour éviter tout ce qui s’en est suivit, mais comme ils étaient morts, ils n’ont pas pu s’excuser. Et les États-Unis ne les ont pas excusés eux non plus…

 

Aller donc savoir pourquoi il y en a qui complexifient des choses si simples qu’une bête erreur de jugement en y mêlant la religion, la politique et des revendications de toutes sortes. L’explication d’un simple accident est pourtant si vite acceptée. Ne dit-on pas que l’erreur est humaine ? Que le miséricordieux  pardonne tout ? Il ne faut pas leur en tenir rigueur plus que de raison! Il n’y a pas de quoi faire une guerre au terrorisme pour une simple erreur de tir ou un mirage dans les vitres du World Trade Center, ne croyez-vous pas?

 

Vous pensez que je suis cynique ? Je l’assume, car le cynisme au sens antique du terme consiste à poser des questions, parfois avec ironie, pour aller plus loin. Certains gouvernants ne s’en posent pas assez cependant avant de prendre position. Ça, c’est de la paresse intellectuelle et je pourfends ce manque de productivité. Qu’ils se le tiennent pour dit ou je les dénonce à leur ancien ami et ministre conservateur Lucien Bouchard, car lui aussi en veut à notre manque de productivité. (3)

 

Dans ce conflit, qui éclabousse toute la planète de son  sang, on ne peut toujours pencher du même bord Messieurs Bush et Harper, car c’est donner un droit de guerre à un pays sur l’autre. C’est de justifier l’injustice et ça ne présage jamais rien de bon, car un peuple qui a l’impression de ne plus rien avoir à perdre se sent justifié de tout au nom du désespoir, même au pire. Think to that if you can.    

 

Notes :

 

1. SRC, nouvelles internationales, Nations unies. Opposition américaine, samedi 11 novembre 2006 à 15 h 32 :

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/11/11/007-ONU-veto-americain.shtml

 

Voir aussi LEMONDE.FR avec AFP, Les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution condamnant Israël, Le monde.fr

11.11.06, 19h17 : www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3218,36-833634@51-755926,0.html

 

 

2. « Les États-Unis se sont abstenus de critiquer leur allié israélien, affirmant «regretter profondément» la bavure de Beït Hanoun et appelant à la retenue.

 

Le ministre canadien des Affaires étrangères a pour sa part refusé d'émettre toute critique contre Israël. Il n'a cependant pas hésité à critiquer sévèrement les déclarations de Ghazi Hamad, porte-parole du gouvernement palestinien. » (AFP, Reuters, Dix-huit Palestiniens sont tués - Une bavure israélienne soulève la réprobation générale, Le Devoir, jeudi 9 novembre 2006 : www.ledevoir.com/2006/11/09/122450.html)

 

3. Antoine Robitaille, Bouchard s'invite à la rentrée parlementaire, Le Devoir, Édition du mercredi 18 octobre 2006: www.ledevoir.com/2006/10/18/120712.html

 

Hyperliens :

 

Deux textes de films qui concernent ce même sujet d’Israël et de la Palestine dans ce numéro:

 

Encounter Point

PERSONA NON GRATA

 

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Lettre à la Bibliothèque Nationale du Québec

 

Montréal, le 12 novembre 2006

 

 

Madame,

Monsieur,

 

 

     Comme éditeur de revue, nous sommes obligés au dépôt légal, mais chaque fois que nous allons vous voir (à la Grande Bibliothèque) ou que nous vous écrivons, nous avons  comme réponse que nous ne pouvons déposer parce que la loi n’est pas adaptée à notre statut, publiant sur internet. Bref vous nous placez dans l’illégalité en ne prenant pas notre dépôt légal…

 

     Alors voilà, au niveau Fédéral, nous avons notre ISSN et compagnie, ce qui fait que nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes ce matin et de vous envoyer tous les numéros existants en format rtf dans le fichier ci-joint. Pour vous aider, voici nos NUMÉROS de CLASSIFICATION : Canadiana 20023003545;ISSN 1701-7696; ET Dynix 25248006.

 

     On nous parle sans cesse qu’il faut être à l’heure des nouvelles technologies pour l’avenir; que le Québec est distinct; qu’on est les meilleurs… mais on n’est même pas capable de s’adapter à l’existence d’une revue publiée sur l’internet. Bref, ça fait dur. C’est notre dernière tentative de vous fournir notre dépôt légal et si vous ne pouvez pas le prendre cette fois ci encore, ne nous  contactez pas un jour pour nous dire que nous n’avons  jamais déposé ou que vous voudriez que nous déposions. Vous irez alors chercher nos documents à Bibliothèque et Archives Canada (http://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/)  ou la Bibliothèque de l’Université de Montréal, car il y a longtemps qu’eux sont sortis de l’âge de pierre.  Sachez que l’internet ne sert pas qu’au courriel ou aux sites pornos. Il sert aussi à partager la culture, comme une grande bibliothèque! Ça vous dis peut être quelque chose?

 

     Nous pouvons même vous graver le tout sur un CD si c’est trop compliqué par internet. Suffit de le demander. Et s’il vous faut l’odeur du papier vous aurez juste à l’imprimer sur papier d’odeur et de couleur à votre choix! On n’est pas regardant.

 

     Mais nous, qui tenons une revue internet à compte d’auteur, car on n’a pas droit aux subventions comme certaines industries dépassées, sommes tannés, écœurés même, de ce discours qu’on nous martèle sans cesse : on est à l’heure de la société de l’information; faut prendre le train de l’internet et des nouvelles technologies avant qu’il ne soit trop tard; et le Québec est toujours parmi les meilleurs en tout! Alors, si c’est le cas, dites nous  pourquoi, dès qu’on sort un peu des standards du XIX et du XXe siècle, on n’est pas prêt à nous recevoir?

 

     Faire une revue, c’est faire du contenu. C’est ce que nous faisons et ce que nous vous proposons de déposer depuis des années. La revue doit ensuite décider de faire connaître son contenu alors elle peut (i) le faire imprimer et le distribuer, que ce soit gratuitement ou non; (ii) le graver sur un CD qu’elle vendrait ou distribuerait; ou, enfin, (iii) le « poster » sur internet, car la mission d’une revue est de diffuser du contenu, pas d’imprimer les choses. D’ailleurs plusieurs journaux n’ont même plus d’imprimeries. Elles font imprimer ailleurs.  Faudrait peut être vous mettre à jour. Ils font du contenu, d’autres le mettent sur support papier. Nous on le met sur un support virtuel. C’est un choix. Bienvenu au XXIe siècle et si vous avez besoin de formation nous sommes disponibles moyennant rémunération.

 

     Une simple recherche internet vous montrera que nous sommes cités au même titre que des journaux de papier à bien des endroits. En voici quelques exemples pour vous permettre de vous mettre à jour :

 

 

- Societas Criticus est cité dans une étude de l’UQAM : « Portrait de la presse alternative au Québec : de l’engagement politique aux préoccupations socioculturelles 30 ans d’évolution (1970-2000) » (www.omd.uqam.ca/publications/telechargements/presse-alternative-portrait.pdf)

 

         

- Certains de nos commentaires sur des livres et  des films se retrouvent au côté de critiques d’autres médias, dont la BBC, ce qui nous apparaît pas si mal comme voisinage! Voir, par exemple : http://atheles.org/agone/contrefeux/punirlespauvres/;  www.tramdesign.com/riopelle/revue.htm; ou 

www.handicap.monumentalstudio.com/downloads/press_handicap_fr.pdf 

 

- Ou encore, nous avons un éditorial cité au côté du Devoir par Le Groupe d’étude sur les réformes de l’État (www.er.uqam.ca/nobel/creceqc/rubrique.php3?id_rubrique=4) sur leur page « Le GÉRÉ dans l’actualité » : www.er.uqam.ca/nobel/creceqc/rubrique.php3?id_rubrique=12

 

      C’est dire que nous devrions déposer et vous le recevoir. Espérons que cette fois ci vous serez capable de le faire, car nous on est tanné de se battre contre les moulins à vent du passé. On vit dans un Montréal et un Canada du futur, la Bibliothèque de l’Université de Montréal et Bibliothèque et Archives Canada sont capable de prendre nos documents, mais pas vous. Il serait temps que vous arriviez au XXIe siècle, car être les meilleurs du XIXe et du XXe n’est pas des plus stimulants.

     

      Cela n’est surtout pas politique et ceux qui seraient tentés de dire que le PLQ est responsable de la loi doivent savoir que nous avons vécu les mêmes péripéties sous le PQ, car cela fait 8 ans que nous publions sur internet.     

         

 

Bien à vous,

 

Michel Handfield M.Sc. et

Gaétan Chênevert, M.Sc.

Les coéditeurs de Societas Criticus

Le Portail D.I. Societas

On n'est pas vache, on est critique!

www.societascriticus.com    

 

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Index
 
Dossier
 

Service au client, d’abord!

Mais dans tout, M. le ministre!

Michel Handfield

10 décembre 2006

 

A/S de M. Raymond BACHAND, Député d’Outremont, Parti libéral du Québec et Ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation

 

Vous soutenez qu'un grand nombre de Québécois ont besoin des supermarchés la nuit. « Les consommateurs ont des besoins et la vraie conciliation travail-famille, c'est de donner aux familles du service »! (1) Alors, 23h36, le 9 décembre 2006, un samedi soir où je réfléchissais à votre déclaration, j’ai appelé à votre bureau de la Côte-des-neiges et pas de service, ni à celui du Centre de commerce mondial. Même pas de répondeur! J’ai le droit à l’escalope (2), mais pas au ministre, ni à son personnel. Mais, l’escalope ne peut répondre à ma question même si j’y ai accès à 2h du matin : pourquoi faire les choses à moitié?

 

Ou l’on donne congé le dimanche à la majorité de la population, incluant les commerces, ou tout est ouvert, incluant les écoles et les bureaux gouvernementaux. Pourquoi des parents qui travaillent la fin de semaine ou le soir ne pourraient-ils pas envoyer leurs enfants à l’école ou à la garderie et faire des activités familiales leurs jours de congé? Faire autrement n’est-ce pas brimer les droits de certains? Moi je rédige mes textes de nuit, pourquoi n’y a-t-il personne à vos bureaux pour me répondre? Surtout que le commerce mondial, ça n’a pas d’heure, ni de jour. De toute façon, on est une journée ici, une autre ailleurs! Il pourrait au moins y avoir un répondeur, service au client oblige.

 

Imaginez les hôpitaux ouverts à plein régime 24 sur 24, sept jours sur sept. Les listes d’attentes se régleraient assez vite sans l’aide du privé.

 

Je sais, vous allez me parler des coûts. Mais c’est là un faux problème puisque les blocages du système occasionnent des coûts aussi, alors son déblocage devrait occasionner des économies! Un exemple, combien nous coûtent toutes ces maladies infectieuses par manque d’entretien dans les hôpitaux? Cher, très cher si on calcule ce qu’il en coûte en perte de productivités des malades qui ne sont pas remis sur pieds assez rapidement; en temps pour les soins et l’entretien supplémentaire que cela exige; en commissions d’études et poursuites judiciaires à venir, d’autant plus que les cours de justice sont déjà engorgées; en discussions autour de la machine à café dans les lieux de travail; et j’en passe. Notre plus faible productivité, qu’a dénoncée Lucien Bouchard il y a quelque temps, vient en partie de là: les discussions autour de la santé qui s’éternisent au-delà de la pause café, car tous veulent ajouter leurs mots. Et si ce n’est pas sur la santé, on discutera du système d’éducation, de l’état des routes ou des impôts, car on se demande bien où ils passent puisque rien ne semble se régler. Les choses vont même de mal en pis. Le C difficile se multiplie dans les hôpitaux à la même vitesse que les nids de poules se creusent à Montréal! On n’est pas sorti du trou de poule!

 

Quant au financement, il est bien simple. Soyons productifs. D’abord, en finir avec ces longues vacances de l’Assemblée nationale. Donnez l’exemple de la productivité. Actuellement vos sessions ne sont même pas de la longueur d’une session universitaire ou de cégep. Et je n’exagère même pas :

 

« L'Assemblée nationale se réunit durant deux périodes par année. La première commence le deuxième mardi de mars et se termine au plus tard le 23 juin. La deuxième va du troisième mardi d'octobre jusqu'au 21 décembre au plus tard. » (3)    

 

En plus, vous êtes payé alors que les étudiants s’endettent!

 

     On est en concurrence avec la Chine, les Indes et les Philippines. Finis de nous comparer aux salaires des États-Unis ou de l’Ontario. Ce n’est pas là que nos emplois s’en vont : « lorsque le salaire annuel d'un ingénieur de logiciels s'élève à 43 000 $ au Québec, contre 25 000 $ à Singapour, 13 000 $ en Chine et 8300 $ en Inde » on peut deviner où iront nos emplois! Avec les développements technologiques, le savoir risque de prendre la même route que les industries secondaires avant eux. Que nous restera-t-il si on n’est pas concurrentiel? L’industrie primaire, comme le minerai, et les services publics. Mais encore, pour se payer une fonction publique, faudra-t-il travailler!

 

     J’en rie, mais ce n’est pas drôle. Il faudra penser baisser les salaires, mais aussi le coût de la vie. Mettre plus de gens au travail. Comment? Par un nouveau partage du travail ? Le travail sur 7 jours, mais en horaire 4/3 rotatif? Plus de monde qui travaillent moins d’heures, donc plus de monde qui paient pour les services, ce qui occasionnera une ponction moindre en charge publique pour chaque travailleur. Un salaire brut moindre, mais une qualité de vie comparable! Mais, il faudrait aussi revoir la fiscalité individuelle et d’entreprises ainsi que les programmes de subventions pour être juste. On impose le travailleur, mais jamais le robot qui le remplace par exemple. Son achat est même déductible d’impôt, parfois subventionné, car il améliore la productivité. (4) Pourtant, le robot représente une perte pour l’État, car c’est au moins un contribuable qui disparaît à chaque fois qu’un robot entre sur le marché travail.       

 

Si cela regarde le Québec, cela regarde aussi les autres provinces. Les prochains investissements en automobile se feront où? Mississauga ou la Chine? Les céréales de l’ouest sont-elles concurrentielles sur les marchés mondiaux? Combien de compagnies entièrement québécoises ou canadiennes a-t-on qui ne dépendent pas des marchés extérieurs? Tenter d’y répondre c’est poser la question de notre avenir et cette question est bien plus importante que les débats sur la nation, tant québécoise que canadienne! Dans un monde géré pour faire plaisir aux multinationales, la nation ne pèse pas lourd.

 

L’autre solution c’est de discipliner la mondialisation. Faire en sorte qu’il y ait des normes minimales au plan international en matière d’environnement, de santé, de bien-être, de salaire et j’en passe de telle sorte que des pays n’utilisent pas leurs conditions de quasi-esclavage, asociales et non écologiques pour attirer chez eux les entreprises et les emplois, cela au dépend de la vie elle-même. Mais ces normes doivent être respectées. Pour cela il faut des organismes disciplinaires au niveau mondial; des lois supranationales qui ont des dents. On est encore loin de cela.

 

Non, M. le Ministre, ce n’est pas en ouvrant les commerces toute la nuit que vous assurerez le droit à l’escalope de la population! Peut être pourra-t-on aller l’admirer dans l’étal du marchand, mais se la payer, ça, j’en suis moins sûr. On se croit une société riche, mais il n’y a jamais eu autant de besoins en aide alimentaire, même pour les travailleurs! Les organismes constatent d’ailleurs une demande grandissante de paniers de Noël! Alors, élargir les heures d’ouverture des commerces ne changera pas grand-chose. Vaudrait mieux financer les banques alimentaires.

 

Ce ne sont pas des solutions simplistes qu’il nous faut, genre de panacée magique qui se vend bien dans un clip aux informations de 22 heures, mais un vrai débat de société autour du rôle de l’État dans la redistribution. Quel genre de redistribution avons-nous besoin? Quand je parle de redistribution, je parle aussi de celle du travail. Mais attention, pas à n’importe quel prix. On voit des offres d’emplois dans le commerce pour du travail de 15 à 25 heures semaines qui demandent de la disponibilité en tout temps : 7 jours par semaine de 8h du matin à 23 h le soir. Désolé il faut des heures claires pour que la personne soit libre de son temps; suivre des cours, faire des arts, se cultiver ou philosopher dans un parc l’été en regardant le temps passer. Un emploi sur appel à 15 minutes d’avis ne permet pas grand-chose. Ce doit être du donnant/donnant. Si vous permettez le travail à toutes heures, ne comptez pas sur le marché pour s’autodiscipliner. Où vous réglementez, où vous favorisez la syndicalisation. À partir du moment qu’une entreprise est syndiquée, les normes de l’industrie doivent s’aligner sur celle-ci à moins de négociation entre l’entreprise et le syndicat pour déterminer les exceptions. Ainsi, Wal-Mart devrait appliquer les normes de Maxi où s’entendre avec le syndicat. Think to that!     

 

Des choix devront être faits; des questions posées. Investir dans les garderies universelles par exemple ou mieux alimenter les enfants qui en ont besoin? Et si combattre la pauvreté des enfants se vend bien, peut-on la combattre sans résoudre celle des Parent?  Comment aider les parents tout en respectant leurs droits? Car si la plupart des parents sont victimes de problèmes structurels, comme la perte d’un emploi et son remplacement par un travail de moindre qualité lorsqu’ils en trouveront un, certains enfants sont aussi victimes des dépendances de leurs parents, face au jeu par exemple! Que faire et comment intervenir dans ces cas? La liberté individuelle doit-elle être limitée par la responsabilité? La même question se pose aux citoyens corporatifs, les entreprises, qui délocalisent une part de leur production après avoir été grassement subventionné. Des débats en perspective pour politiciens courageux! En serez-vous? 

 

Notes :

 

1. Heures d'ouverture : Loin d'un consensus. Radio-Canada/Nouvelles, mises à jour le jeudi 7 décembre 2006 à 22 h 13

www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2006/12/07/007-heures-ouverture-jeudi.shtml

 

2. Robert Dutrisac, « Commission parlementaire sur les heures d'ouverture des commerces - La FTQ dénonce «le droit à l'escalope» à toute heure du jour ou de la nuit », Le Devoir, Édition du jeudi 7 décembre 2006 : http://www.ledevoir.com/2006/12/07/124315.html

 

3. www.gouv.qc.ca/portail/quebec/pgs/commun/gouv?lang=fr

 

4. Le Robert sur CD-ROM 2007 nous apprend que la productivité c’est le « Rapport de la quantité produite à un ou plusieurs facteurs de production (travail, capital physique, énergie, etc.). » Ainsi, s’il me faut 100 personnes pour faire une production donnée et que je réduis ce nombre à 90 en changeant la méthode de travail j’ai accru ma productivité. Je peux aussi l’accroitre en faisant produire plus d’unité par le même groupe de 100 personnes, si le marché peut absorber ces unités supplémentaires naturellement. Je pourrais aussi réduire ce groupe de 100 personnes à 3 techniciens, si quelques robots peuvent faire leurs tâches. Productivité n’est donc pas synonyme d’emplois. Une entreprise peut cependant aller chercher des emplois ailleurs en devenant plus productive, car elle aura alors fait fermer un concurrent ou au moins pris une part de ses marchés. Mais au net, il y aura probablement des pertes d’emplois pour une production donnée. Naturellement, si la demande s’accroit en même temps, il pourra y avoir hausse de productivité et création d’emplois simultanément, mais non causales, car ce ne sera pas la hausse de productivité qui aura créé de l’emploi ni la hausse de l’emploi qui aura fait accroitre la productivité, mais la hausse de la demande qui aura absorbé la production supplémentaire due en partie aux augmentations de productivité et d’emplois. 

 
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Des suites dans le Dossier de L’ex-carrière Francon

Michel Handfield

 

 

16 novembre 2006

 

     Le 1er novembre dernier il y a eu une séance d’informations sur le projet de développement et de mise en valeur de la carrière Saint-Michel (mieux connu sous le nom de Francon pour les anciens résidents de St-Michel) par la compagnie Smart Centres (www.smartcentres.com). Avant d’en parler, je voulais prendre un certain recul, car il y a longtemps que je suis impliqué dans ce dossier. (1)

 

      Ce qui étonne, c’est que le milieu s’intéresse à ce site depuis des années et que la ville a agi sans en tenir compte, car un document de la ville de Montréal nous apprends que :

     

« Les élus ont approuvé le plan d’action de la  concertation pour le développement et la mise en valeur de la carrière Saint-Michel dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. La carrière a été achetée au début des années 80 par la Ville qui depuis, utilise la partie nord-est comme dépôt à neige. Le site, de 10 millions pi2, compte pour environ 5 % de la superficie du territoire de l’arrondissement. En conséquence, la Ville voudrait la mettre en valeur pour améliorer la qualité de vie de Saint-Michel. En été 2004, la compagnie First Pro a déposé à l’arrondissement une proposition d’un projet d’un centre commercial et d’un espace vert. Le plan d’action a pour but d’obtenir la participation du promoteur et l’adhésion du milieu sur ce projet. Les orientations du plan d’action ont été déjà présentées au promoteur et à certains organismes du quartier. » (Ville de Montréal, LES FAITS SAILLANTS DU COMITÉ EXÉCUTIF DU 12 AVRIL 2006 : http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/portail_fr/media/documents/fs120406.pdf)

 

 

     Pourtant, il y a des années que le milieu s’intéresse à cette carrière et les élus locaux étaient bien au fait de cet intérêt. La première étude sur le sujet, faite par le PARI St-Michel, date de 1993. (2) D’autres études ont suivi (3) et il a toujours été question du développement de la carrière pour le quartier tant à la table de concertation de Vivre Saint-Michel en Santé que d’un organisme comme le PARI. Le journal local a poussé ce dossier et la maquette du projet fut même exposée au centre d’achat Boulevard (coin Pie-IX et Jean-Talon) durant quelques semaines.

 

      Si la Ville voulait mettre en valeur l’ex-carrière pour améliorer la qualité de vie de Saint-Michel, elle a eu tout le loisir de consulter le milieu avant d’autoriser un tel projet et de le présenter comme étant le seul disponible. Depuis le début des années 90 qu’on en parle dans le quartier! Si le projet de centre de camping caravaning, malgré son intérêt touristique, ne les intéressait pas, la ville a eu tout le temps de le dire et de demander au milieu de se pencher sur d’autres possibilités. Pensons au Shop Angus; le milieu a pensé un projet beaucoup plus structurant qu’un centre d’achat dans le quartier voisin (Rosemont)! À vue de nez, on est à moins d’une demi-heure de transport en commun des centres Boulevard, Forest, Anjou, Henri-Bourassa et à moins d’une heure du centre-ville! A-t-on vraiment besoin d’un autre centre d’achat? Pourquoi pas un marché public pour le quartier, car les gens du Nord du quartier sont plus loin d’un marché public (Jean-Talon et Maisonneuve) que d’un centre commercial?

 

     D’ailleurs, les citoyens n’ont pas été dupes et ont vu qu’un centre d’achat, même avec des arbres et des toits verts, demeure un centre d’achat avec un stationnement asphalté!

 

     Si on n’a pas le choix, car la ville semble vendue à l’idée, j’espère que le choix des magasins tiendra compte des préoccupations sociales soulevées en assemblée. Pour cela il faudrait, au minimum, un choix de locataires répondants aux critères suivant selon moi :

 

- Qui ont une échelle salariale qui remonte rapidement au-dessus du salaire minimum (certains ont même exprimé que le salaire minimum devrait y être de 10$/heure pour que cela ait un impact positif sur le milieu de vie du quartier);

 

- Qui font de l’investissement social et ont une politique d’implication dans le milieu;

 

- Qui font de la formation des employés et offrent des possibilités d’avancement à long terme;

 

- Qui ont une politique d’achat local (par exemple, chez Costco, je vois des produits, comme le café, qui viennent de notre arrondissement : Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension), national et continental avant de privilégier les produits venant de Chine, même sous prétexte que l’importateur est d’ici.

 

     Personnellement, je préférerais un projet plus structurant, comme le Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), car il y aurait un lien direct avec l’Université, elle aussi étant construite dans une ex-carrière, mais à flanc de montagne celle-là! Ce serait beaucoup moins dispendieux que le centre-ville, le gouvernement pouvant vendre ses terrains du centre-ville à bon prix, ce qui compenserait pour une partie des coûts. De plus, la superficie de terrain disponible dans l’ex carrière Francon permettrait des développements futurs ou  l’installation d’entreprises reliées au domaine de la santé, comme des centres de recherches ou des entreprises  pharmaceutiques, ce qui rapporterait davantage au quartier, à la ville centre et à la province. Ceci donnerait aussi de l’emploi de qualité à un quartier qui en a bien besoin en plus d’un renforcement positif à l’éducation pour un milieu qui connaît un fort taux de décrochage scolaire. Smart Centre pourrait même en être partenaire, car le gouvernement veut favoriser les Partenariats Privés Publics pour la construction du centre hospitalier universitaire, ce qui leur rapporterait certainement plus qu’un centre commercial. Cela a fait sourire bien entendu, car nul n’est prophète en son pays.

 

 

      Pourtant, dans les jours qui ont suivi, les 2 et 3 novembre, les nouvelles remettaient encore en doute la construction prochaine du CHUM au centre-ville. Devant le scepticisme que soulèvent le CHUM et même le Centre de Santé de l’Université McGill (CSUM), certains observateurs avisés ont même soulevé le côté irréaliste de ces deux projets concurrents dans le contexte financier actuel du Québec et optent plutôt pour un Centre Hospitalier Universitaire conjoint. Mon hypothèse demeure donc toujours valide, mais je n’ai pas les contacts pour la porter au plan politique alors que d’autres ont des porteurs de ballon efficaces pour des projets qui m’apparaissent beaucoup moins originaux!

 

     D’autres types de projets y seraient aussi réalisables avec un peu d’imagination, car c’est un site exceptionnel. Il faut prendre le temps d’attendre les opportunités et surtout consulter le milieu. Ne pas arriver avec un cadeau tout bien ficelé que l’on offre comme ça à du monde qui s’intéressaient au site et à son impact pour le milieu bien avant les politiciens en place. Une telle approche fait penser à du paternalisme, voire du colonialisme, de la ville centre et ne peut que décevoir les citoyens.

 

Notes : 

 

1. Jai siégé au CA du PARI St-Michel (pour Projet d’Aménagement Résidentiel et Industriel de St-Michel) durant quelques années à partir du milieu des années 90 jusqu’au début des années 2000. J’ai aussi siégé au CA de Camping Montréal, qui avait projet de faire un centre de camping-caravaning au creux de la carrière. J’ai enfin écrit une lettre « Dépotoir ou camping? » parue dans Le Devoir le 14 août 1998, p. A 10.C’est dire qu’il y a longtemps que je suis ce dossier, d’abord comme citoyen du quartier et, ensuite, comme cyberjournaliste. 

 

2. J’ai une copie un peu plus récente de cette étude (vers 95 ou 96), La carrière Francon : un potentiel à découvrir, mais malheureusement non datée.

 

3. Le Groupe-Conseil A.G.I.R, octobre 1999, Centre de camping et plein air Saint-Michel,  Réaménagement de l’ancienne carrière Francon et Le Groupe-Conseil A.G.I.R, Février 2003, Plan d’affaires de Camping Montréal Inc. 

 
      
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Délits d’opinions!

Michel Handfield, cyber citoyen et éditeur

Societas Criticus, revue de critique sociale et politique sur internet.

 

     Alors que les États-Unis parlent d’implanter la démocratie dans le monde; que le Canada justifie son implication en Afghanistan « pour le rétablissement des institutions afghanes et de l'autorité centrale du pays » (1), bref d’une forme de démocratie; l’on commerce allègrement avec la Chine, où exprimer des opinions peut conduire un citoyen à la prison! Pourquoi ne leur parle-t-on pas de démocratie? Pour ne pas nuire à l’intérêt supérieur de l’économie peut être!  

 

Pour la journée de la liberté de la presse – et de l’opinion aux yeux de Societas Criticus – nous parrainons deux cybers chroniqueurs qui payent de leur liberté pour s’être exprimés : YANG ZILI, de Chine, et Habib Saleh, de Syrie. Le premier fut accusé de « subversion  du pouvoir de l’État » et  le second   d’avoir « propagé des informations mensongères » sur internet, bref de parler du régime et de suggérer des changements. Quand l’on vit en régime dogmatique, le seul choix est de croire! Proposer des changements est un crime d’hérésie! Le faire savoir à l’étranger relève du complot et de l’insurrection! Les deux ont donc été condamnés à la prison pour s’être exprimé comme des citoyens du monde. Nous leur devons notre appui. 

 

Demandons leur libération, appuyons Reporters sans frontières (www.rsfcanada.org)  pour la 17e JOURNÉE DE SOUTIEN AUX JOURNALISTES EMPRISONNÉS, le 23 novembre prochain.

 

 

Dossier de RSF

 

YANG ZILI

CHINE

Arrêté le 13 mars 2001

Informaticien et fondateur du site www.lib126.com

 

LIBERATION PRÉVUE EN 2009

 

 

 

 

État civil

 

Né le 10 décembre 1971 à Daming (province du Hebei, nord du pays)

Marié à Lu Kun, institutrice

 

Condamnation

 

Formellement inculpé le 20 avril 2001 de « subversion du pouvoir de l’État », Yang Zili a été condamné, le 28 mai 2003, à huit ans de prison et déchu de ses droits politiques pour une durée de deux ans par la Cour populaire intermédiaire de Pékin.

 

Lieu de détention : Prison n°2 de Pékin

 

Conditions de détention

 

Après son arrestation, Yang Zili a été détenu au secret pendant plus d’un mois et sa famille n’a pas été autorisée à lui rendre visite durant plusieurs années.

 

En novembre 2003, lors du procès en appel, l’avocat de Yang Zili a informé son épouse de son bon état de santé mentale. Mais il serait physiquement affaibli et sa vue se serait détériorée.

 

Selon les informations données par son épouse, qui a pu le rencontrer à deux reprises en juin 2006, le cyberdissident est informé de la mobilisation internationale autour de son cas et son moral est plutôt bon.

 

Circonstances de l'arrestation

 

Yang Zili a été arrêté alors qu'il sortait de son domicile à Pékin. Le même jour, sa femme, Lu Kun, a été interpellée puis détenue soixante-douze heures avant d'être libérée. La police l'a informée qu'il était « inutile de chercher  son mari car il était avec eux ». Les agents du Bureau de la sécurité publique (PSB) de Pékin ont confisqué l'ordinateur, des livres et des articles de Yang Zili. Des documents personnels de Lu Kun ont également été saisis par les policiers.

 

Elle a écrit un texte intitulé « Mon expérience au centre de détention du PSB de Pékin », dans lequel elle raconte son arrestation et sa détention. Elle a été interrogée pendant trois jours par des policiers qui cherchaient à obtenir les noms des amis de son mari. Les interrogatoires étaient notamment menés par Wang Jian, un officier du PSB de Pékin en charge d'arrêter les membres de la Société de la jeunesse nouvelle. L'officier lui a confirmé que ses services agissaient sous les ordres directs de la municipalité de Pékin.

 

Lu Kun a notamment été détenue dans une « cellule obscure et humide » d'un bâtiment de la mairie de Pékin, près du Palais impérial d'été. Avant de la relâcher, les policiers lui ont fait signer un document dans lequel elle s'engageait à ne raconter à personne son arrestation, sous la menace d'être de nouveau arrêtée.

 

Déroulement du procès

 

Le 28 septembre 2001, Yang Zili comparaît devant la Cour populaire intermédiaire de Pékin avec trois autres membres de la Société de la jeunesse nouvelle, un groupe de discussion clandestin. Alors que le procès devait être ouvert au public, la Cour décide de n'accorder que trois accès individuels. Les familles des accusés arrivent tôt pour obtenir des laissez-passer, mais se voient refuser l'accès de la salle d'audience par des responsables qui leur affirment qu'il ne reste plus d'accréditations. Les avocats interviennent et réussissent finalement à faire entrer les familles des quatre dissidents. La salle ne dispose que de dix sièges pour l'auditoire, dont cinq sont réservés à des officiels. Trois des quatre accusés sont représentés par un avocat, seul Zhang Honghai choisit de se défendre lui-même. L'avocat de Jin Haike, Liu Dongbin, met en doute la validité de certains témoignages produits par le procureur. Il souligne que les témoins en question ont déjà été impliqués dans des affaires similaires et que leur valeur juridique est discutable. L'un des juges rétorque alors que les témoignages présentés dans cette enceinte sont l'affaire de la cour, non celle des accusés. Ces derniers rejettent l'allégation du procureur selon laquelle ils cherchaient à réformer le système politique chinois et à promouvoir ce qu'ils appelaient la « libéralisation » de la société. Yang Zili établit que ces chefs d'accusation « n'impliquent en aucun cas l'idée de subversion du pouvoir d'État. Quand nous parlons de liberté et de libéralisation, nous pensons que cela arrivera par des réformes. Est-ce que les vingt dernières années de réforme et d'ouverture ne peuvent pas être considérées comme une voie de libéralisation de la Chine ? » Un témoin cité par l'accusation l'interrompt, affirmant que le concept de libéralisation utilisé par la Société de la jeunesse nouvelle se réfère au modèle américain de séparation des pouvoirs. Yang continue : « Je respecte le système américain de séparation des pouvoirs. Je pense également que les États-Unis représentent un modèle social idéal, mais il s'agit seulement de mon avis. Cela ne signifie pas que l'objectif de notre organisation était de transformer le modèle social chinois selon le référent américain. » Les quatre dissidents rejettent également l'accusation selon laquelle ils bâtissaient des ramifications de leur groupe dans tout le pays par la publication d'articles sur Internet, la création de sites web et la distribution d'autres formes d'information. Pour eux, il ne s'agissait que de plans jamais concrétisés. Selon Zhang Honghai, « rien dans le réquisitoire du procureur ne démontre que nous planifions de renverser le pouvoir. Nous ne possédions même pas les 300 yuans nécessaires à l'ouverture du site. Comment cela pourrait-il constituer une atteinte à l'autorité de l'État ? »

 

Le procureur affirme ensuite que les articles publiés sur Internet, notamment « Devenir un nouveau citoyen, réformer la Chine » et « Ce qui doit être fait », accusent la Chine de « pratiquer une fausse forme de démocratie », demandent la « fin d'un système désuet » et affirment leur intention d'établir « une nouvelle Chine ». Yang Zili, Jin Haike, Xu Wei et Zhang Hongai répliquent alors que leurs mots sont employés hors contexte, comme de coutume dans les procès politiques. «  Vous ne pouvez pas choisir de lire certains passages de nos écrits. Si vous voulez analyser chaque phrase et chaque mot, alors il n'y a rien que nous ne puissions dire », déplore Jin Haike. Après une audition de quatre heures, la cour se retire sans avoir prononcé de verdict.

 

Le procès reprend le 23 avril 2003, après dix-neuf mois d’interruption. Cependant, les divergences d’opinion entre les membres du tribunal empêchent les jurés, cette fois encore, d’arriver à un verdict commun. Les quatre accusés continuent quant à eux de clamer leur innocence et insistent sur la légalité de leur groupe de discussion. Aux yeux du gouvernement, ils sont toujours considérés comme de dangereux partisans d’un renversement du pouvoir politique.

 

Le 28 mai 2003, les quatre dissidents sont finalement condamnés à des peines de prison allant de 8 à 10 ans. Le 10 novembre 2003, les peines ont été confirmées en appel.

 

Le 3 novembre 2005, la Cour suprême de Pékin accepte de revoir le cas des membres de la Société de la jeunesse nouvelle.

 

Le 1e mars 2006, des membres de leurs familles, dont Lu Kun, s’entretiennent avec le juge Li Ping pour lui demander d’ouvrir une nouvelle audience. Durant les mois d’avril et mai 2006, des témoignages en faveur des quatre cyberdissidents, qui avaient été ignorés jusqu’ici, sont soumis à la justice.

 

L’avocat de Yang Zili rencontre le juge le 16 août 2006 et lui présente un témoignage écrit de Li Yuzhou, un agent du PSB qui s’était infiltré au sein de la Société de la jeunesse nouvelle. Il y révèle que cette affaire a été montée de toutes pièces par le PSB qui, dans le but d’“attraper de gros poissons“, a fait passer le groupe de discussion pour une organisation qui visait à renverser le pouvoir. Li Yuzhou s’est aujourd’hui enfui en Thaïlande.

 

Éléments biographiques

 

Yang Zili est diplômé de l'université de Pékin en mécanique. Il a exercé de 1998 à 2000 la profession d’informaticien et développait des programmes pour une société chinoise.

 

Il a publié, sous le nom de plume de “Yang Zi“, de nombreux articles sur son site lib.126.com, connu sous le nom "Le jardin des idées de Yang Zi", dans lesquels il se prononce en faveur du libéralisme politique. Il critique également la répression contre le mouvement spirituel Falungong et dénonce les difficultés économiques des paysans chinois. Dans un poème, il appelle à « asséner un coup fatal » au « spectre du communisme ». Il a également publié des articles d'autres membres de la Société de la jeunesse nouvelle, un groupe de discussion clandestin auquel il appartient et qui se réunit une fois par semaine pour débattre de réforme politique.

 

Actions de Reporters sans frontières

 

- Le 19 avril 2001, Reporters sans frontières s'est adressée au ministre chinois de la Sécurité publique, Jia Chunwang, pour protester contre l'arrestation de Yang Zili.

 

- Le 30 mai 2003, Reporters sans frontières s'est adressée aux présidents Georges W. Bush et à Jacques Chirac, deux jours avant leur rencontre avec leur homologue chinois au sommet du G8 à Evian, pour demander la libération des cyberdissidents, notamment Yang Zili qui vient d'être condamné à huit ans de prison.

 

- Le 27 janvier 2004, des militants de Reporters sans frontières ont symboliquement lâché dans le ciel de Paris des ballons rouges portant des portraits de journalistes et de cyberdissidents emprisonnés en Chine populaire, notamment de Yang Zili, lors de la visite du président chinois Hu Jintao en France.

 

- Lors de la remise de son prix Cyberliberté, le 22 juin 2004, Reporters sans frontières a projeté une vidéo de la femme du cyberdissident. Dans ce film, Lu Kun dénonce les mauvais traitements infligés à son mari en prison et les irrégularités commises par la justice au cours de son procès.

 

- Le 7 novembre 2005, l’épouse de Yang Zili est intervenue lors d’une conférence de presse organisée par Reporters sans frontières à New York, pour témoigner de la censure Internet en Chine et protester contre la condamnation de son mari.

 

- Une équipe de Reporters sans frontières s'est rendue, en novembre 2005, au Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI), qui se tenait à Tunis. Le cas de Yang Zili a été évoqué à cette occasion avec des diplomates et des médias. Les militants de l'organisation ont par ailleurs déployé une affiche intitulée "les ennemis d'Internet" dans l'enceinte du palais où se tenait l'événement. Le poster géant mentionnait la Chine comme l'un des pays où l'on "emprisonne les internautes".

 

- À l’occasion de la visite officielle du Président chinois Hu Jintao aux Etats-Unis entre le 18 et le 21 avril 2006, Reporters sans frontières a communiqué à l’administration américaine une liste de dissidents emprisonnés sur laquelle figure le nom de Yang Zili.

 

- À l’occasion de sa visite en Chine du 8 au 14 juillet, Reporters sans frontières a adressé une lettre au président du Parlement européen, Josep Borrell, pour lui demander d’intervenir en faveur de Yang Zili.

 

- Le Parlement européen a adopté, le 6 juillet 2006, une résolution sur la liberté d’expression sur Internet. Il est fait mention, dans ce texte, du cas de Yang Zili.

 

 

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Habib Saleh

Syrie

Arrêté le 27 mai 2005

Homme d’affaires, journaliste et écrivain

 

LIBERATION PRÉVUE EN 2008

 

État civil

 

Né en 1947 à Tartous (Syrie)

 

Condamnation

 

Accusé d’avoir « propagé des informations mensongères » sur Internet, Habib Saleh a été condamné, le 16 août 2006, à trois ans de prison dans un lieu et des conditions qui nous sont inconnues.

 

Déroulement du procès

 

Habib Saleh a été jugé par un tribunal militaire à Tartous le 16 août 2006, soit plus d’un an après son arrestation.

 

Eléments biographiques

 

Habib Saleh publiait régulièrement des articles dans le quotidien libanais An-Nahar (Le Jour) et sur le site Internet Elaph (http://www.elaph.com/). Il participait également à des forums de discussion en ligne comme celui d’Al-Rai (le Parti démocratique du peuple en Syrie). Il avait notamment mis en ligne des lettres adressées au Parti Baas, actuellement au pouvoir, dans lesquelles il critiquait le régime syrien.

 

Habib Saleh avait déjà été arrêté, en 2001, avec neuf autres activistes du "Printemps de Damas", une période de relative ouverture, en 2000 et 2001, survenue entre la mort du président Hafez al-Assad et l’arrivée au pouvoir de son propre fils Bachar. Il présidait alors le Forum de Tartous pour le dialogue démocratique national. Accusé de "tentative de changer la Constitution par des moyens illégaux", d’"incitation à des dissensions confessionnelles et à la sédition", de "propagation d’informations mensongères" et de "tentative de nuire à l’image de l’Etat", il avait été condamné, en mai 2002, à trois ans de prison.

 

Hyperliens :

 

Free Yang Zili:

www.intelmessages.org/China/freeyzl/

 

Échange international de la liberté d’expression: «  RSF demande au président du Parlement européen d'intervenir en faveur des journalistes et cyberdissidents emprisonnés, lors de sa visite en Chine », voir le texte complet :  www.ifex.org/en/content/view/full/75654

 

Frédéric Bobin, La Chine condamne lourdement un groupe de jeunes intellectuels, in Le Monde, 31 mai 2003 reproduit sur Faire le jour : http://www.fairelejour.org/article.php3?id_article=278.

 

Urgent Action for Habib Saleh: www.ordoesitexplode.com/me/2006/08/urgent_action_f.html

 

Reporters sans frontiers: 

www.rsfcanada.org

 

Human Rights Watch : www.hrw.org

Sur la Chine: http://hrw.org/doc/?t=asia&c=china

Sur la Syrie : http://hrw.org/doc/?t=mideast&c=syria

 

La Chine sur The Economist : http://www.economist.com/countries/China/

 

Note:

 

1. Affaires étrangères et Commerce international Canada,  L'Afghanistan et la politique internationale du Canada. Le contexte afghan :

http://geo.international.gc.ca/cip-pic/current_discussions/afghanistanbackground-fr.asp

 

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Index

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

L’histoire contemporaine vue autrement :

La face cachée du pétrole!

 

Commentaires de Michel Handfield sur le livre d’Éric Laurent, 2006, La face cachée du pétrole, France/Canada : Plon

 

13 décembre 2006

 

      Ouf! L’histoire récente du monde telle que vous ne l’aurez jamais vu auparavant, car elle est prise sous l’angle du pétrole. Par exemple, en 1922, un accord secret, le « traité de Rapallo » est signé entre l’Allemagne et la Russie les deux pays au banc de la communauté internationale, leur permettant « une consolidation du Pouvoir communiste en Russie et un réarmement massif et secret de l’Allemagne. » (p. 55) L’Allemagne profitera ainsi du territoire russe pour refaire son armement, mais aussi de son pétrole pour contourner les limitations qui lui avaient été imposées suite à la première Guerre mondiale. De leur côté, les Russes auront gagné la coopération de l’Allemagne à la mise en place d’une industrie soviétique de l’armement et de l’exploitation pétrolière. Un genre de pétrole contre technologie comme récemment nous avons connu un « Pétrole contre nourriture » qui a aussi dérapé! (p. 369-371)

 

      S’il en est ainsi, c’est que le pétrole est le carburant du XXe siècle. C’est ce qui soutient la production. Mais attention, ce n’est pas qu’une énergie; c’est aussi un produit. Oui, nous en avons besoin comme carburant. Oui, il est la colonne vertébrale de toute l’industrie du transport. Mais c’est beaucoup plus que cela. Le pétrole est à la base des plastiques, insecticides, engrais, peintures, médicaments, fibres synthétiques dans nos vêtements, encres, etc. (p. 379) Pas de pétrole, pas d’autos ni d’ordinateurs, car il entre dans la fabrication du boîtier et des puces électroniques par exemple. Quand on parle d’énergies alternatives, le pétrole entre aussi dans leur fabrication, que ce soit directement dans les composantes ou pour répondre aux besoins énergétiques de leur fabrication!

 

      Le pétrole est le nerf de l’économie moderne. Cependant, il a une limitation : il n’est pas renouvelable. Il ne se régénère pas! La baisse des stocks pétroliers est donc une question sensible. Le contrôle des pays producteurs et des routes d’approvisionnement devient de plus en plus une préoccupation stratégique. L’intervention militaire états-unienne en Irak n’est peut-être pas un hasard; ce que la rumeur publique disait déjà, mais ce que de plus en plus de fuites tendent aussi à confirmer. (pp. 222-229)

 

      Il occasionne aussi des problèmes environnementaux importants, mais l’économie en est trop dépendante pour seulement ralentir son usage, même pas faire marche arrière! Ceci nous donne droit à des campagnes de désinformation bien orchestrée pour faire illusion malgré les risques que nous encourrons.

 

      Pourrions-nous changer nos habitudes de vie? Condamner des pans entiers de notre industrie au nom de la sauvegarde de cette ressource? Par exemple, serions-nous prêts à condamner l’industrie du transport individuel – ou du moins à réduire drastiquement les voitures en nombre et en taille – et à réinvestir massivement dans le transport collectif et les services de proximité pour réduire les déplacements? Ce serait pourtant une façon d’utiliser le pétrole de façon efficiente, c’est-à-dire dans la production de produits « durables », comme les fibres, l’électronique et les médicaments, plutôt que volatile comme le carburant, car celui pose davantage de problèmes qu’il n’en résout.

 

      Et qu’arrivera-t-il avec les besoins grandissants de la Chine, qui est train de devenir le plus grand fournisseur mondial de produits de consommation (1)? Quels seront les effets sur les changements climatiques du recours accéléré aux énergies fossiles par les États-Unis et la Chine? Un affrontement avec les États-Unis, qui ont aussi des besoins immenses en pétrole, devient une possibilité, mais des révolutions et des guerres à l’échelle de la planète sont aussi une probabilité qu’on ne peut pas écarter du revers de la main : 

 

« Ce document prédit qu’un brusque changement climatique pourrait mener la planète au bord de l’anarchie générale, dès le moment où des pays déploieraient leurs arsenaux nucléaires pour se défendre ou se procurer les ressources en nourriture, en eau et en énergie en voie de diminution. La mise en péril de la stabilité mondiale éclipsera largement la menace terroriste, disent les quelques experts dans le secret. » (Mark Townsend et Paul Harris, « Now the Pentagon tells Bush : climate change will destroy us », The Observer, 22 février 2004, cite p. 336)

    

      Faudrait-il revenir à la production locale à plus petite échelle pour fournir des marchés de proximité. (2) Sacrifier une part de la plus-value au profit de la durée? Là on a la mentalité du buffet. On s’empiffre non pas jusqu’à plus faim, mais jusqu’à ce qu’il n’y ait plus; au risque de faire une indigestion et de crever de faim après. Un genre d’hystérie collective. Comme si l’Homme n’avait jamais évolué. Mais on risque un formidable bond en arrière si on ne modifie pas nos comportements : plus de goudrons, d’asphalte  ou d’autos. Fin de la distribution. « L’agriculture recule d’un siècle ». Les tissus synthétiques disparaissent… et j’en passe des meilleures! (pp. 378-9)   

 

      À lire, à méditer et à comprendre. En espérant que la lecture de ce livre fera changer certains de nos comportements et de nos gouvernants pour notre bien commun à tous. 

 

Notes :

 

1. « Dès maintenant, rappelle Jacques Gravereau, la Chine produit 60% des jouets du monde, 50% des appareils photo, 50% des climatiseurs, 45% des DVD, 42% des motos, 40% des téléviseurs. » (Jacques Gravereau, HEC Eurasia Institute, 2005) cité p. 268.             

   

2. Schumacher, E F, 1978, Small is beautiful, Paris: Seuil, coll. Point.

 

Arrière de couverture :

 

Le pétrole a toujours été le principal enjeu planétaire et pourtant, aujourd'hui comme hier, il reste entouré de nombreux mystères.

 

Pour la première fois, ce livre révèle ce qui a été soigneusement dissimulé aux opinions publiques :

 

Pourquoi le fameux choc pétrolier de 1973 n'était qu'une manipulation, le résultat d'une entente entre les pays de l'OPEP et les grandes compagnies pétrolières.

Pourquoi les chiffres concernant les réserves mondiales dé pétrole sont totalement faux,  volontairement grossis par les pays producteurs. En Arabie Saoudite et en Russie, les montants exacts relèvent même du secret d'État.

 

Comment Washington a utilisé l'arme du pétrole saoudien pour provoquer l'effondrement de l'Union soviétique.

 

Pourquoi, dès mars 2001, six mois avant le 11 septembre, des cartes de L'Irak sur lesquelles étaient tracées les futures explorations pétrolières servaient de documents de travail au vice-président Cheney et à des responsables pétroliers, au sein du groupe surnommé " la société secrète ".

 

La Face cachée du pétrole est le résultat d'une longue enquête qui a conduit Eric Laurent - auteur notamment de La Guerre des Bush - en Chine, en Asie centrale, dans la zone de la mer Caspienne et dans le golfe Persique.

 

Désormais, pour six barils consommés chaque jour, un seul est extrait et nous sommes à la veille d'un choc pétrolier d'une ampleur sans précédent.

 

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Helliwell, John F., 2005, Mondialisation et bien-être (Traduit de l'anglais par Michel Buttiens), Québec : PUL, Collection: Sociologie contemporaine

 

Arrière de couverture :

 

Chercheurs et responsables de l’élaboration des politiques jettent un regard neuf sur les politiques publiques afin d’y trouver des fondements plus larges à l’évaluation de leurs incidences économiques et sociales sur les particuliers, les familles, les collectivités et les nations. Le présent ouvrage sert d’introduction à ces nouvelles recherches sur le capital social et le bien-être et les applique aux grandes questions auxquelles sont confrontés autant les particuliers que les gouvernements en cette ère de mondialisation.

John Helliwell commence par examiner les plus récentes données sur les incidences de la mondialisation sur la prééminence des États-nations. Il analyse ensuite les conséquences de la mondialisation sur la nature et la portée des politiques publiques, selon une perspective à la fois nationale et internationale. Dans l’ensemble de l’ouvrage, l’auteur souligne que le bien-être constitue un thème en soi sur le plan de la recherche et des politiques publiques. Il soutient que, quelque opinion que l’on entretienne sur la mondialisation, des pays comme le Canada ont toute la latitude voulue non seulement pour conserver leurs caractéristiques particulières mais également pour mettre en place leurs propres politiques nationales et internationales.

Mondialisation et bien-être constitue une lecture essentielle pour toute personne qui cherche à s’y retrouver dans le fouillis des affirmations contradictoires sur la place laissée aux politiques nationales dans le monde actuel.

John Helliwell est professeur d’économie à l’Université de la Colombie-Britannique. Ses travaux de recherche et ses publications antérieures ont porté sur de nombreux aspects de l’économie et des politiques publiques. Il a dirigé la Chaire Brenda et David McLean d’études canadiennes de 1999 à 2001.

© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval

 

 

Commentaires de Michel Handfield (8 décembre 2006)

 

      Quand, dans l’introduction, j’ai lu que ces textes avaient été présentés « dans le cadre de conférences destinées aux mécènes de l’Institut C.D. Howe » (p. 1) j’ai eu un doute. Ce livre serait-il plombé vers la droite conservatrice?

 

      Mais, le C.D. Howe (www.cdhowe.org) n’est pas le Fraser institute (www.fraserinstitute.ca); moins à droite, plus centriste me semble-t-il? C’est du moins ce que m’a laissé croire la lecture de ce livre  dont j’ai été agréablement surpris.

 

      Il prend ses distances face à ce que l’on entend souvent de la mondialisation, tant des pour que des contres. Oui les marchés extérieurs sont importants, mais il ne faut pas négliger les marchés intérieurs et de proximités. Les chiffres en montrent l’importance.

 

      Il est sûr que si l’on parle de marchés de proximité, l’on ne peut négliger notre voisin états-unien. Mais il ne faut pas non plus en être dépendant. On a d’abord un marché intérieur. (1) Puis, vers l’ouest, nous avons aussi un autre grand marché à proximité : la Russie! Et nous avons une proximité culturelle avec l’Europe et l’Asie par nos populations. Politiquement on est aux confins de ces politiques : euro-Américains. Cela n’a jamais fait de doute chez moi. Alors quand je lis ce qui suit, je ne peux qu’être d’accord :

 

« Lorsqu’on est confronté à une alternative de politique étrangère, un choix étant une politique à l’orientation mondiale et l’autre une voie passant essentiellement par le maintien des efforts en vue d’harmoniser ses politiques avec celles des États-Unis, la décision m’apparaît ne laisser aucun doute. Au vu des données que j’ai recueillies, la deuxième option constituera sans doute un mauvais choix tant sur le plan économique que politique. » (p. 82)

 

     Bref, un livre intéressant si les questions de mondialisation et de bien-être vous préoccupent, car il permet d’aller plus loin que les concepts tout faits de la gauche ou de la droite. Je ne dis pas que toutes les idées soulevées sont parfaites, certaines sont parfois discutables, mais elles sont intéressantes. Cependant, et c’est là le point au sujet de ce livre : il remet en  cause des idées fausses trop souvent répétées par des idéologues, car, même si une idée est souvent répétée, elle n’en demeure pas moins fausse même si elle devient une vérité dans l’opinion publique. 

 

Note :

 

1. Il est sûr qu’il faudrait par contre le libéraliser, car des barrières interprovinciales existent. L’auteur en parle et, pour ajouter de l’eau à son moulin, le Maclean’s a publié un excellent article sur ce sujet dernièrement : Preville, Philip, « Exclusive report : how to fix Canada. On the brink », Maclean’s, Nov. 27, 06, pp. 40-46.

 

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Robbins, Alexandra, 2005, Skull and Bones, Paris: Max Milo/Essais-Documents : http://www.maxmilo.com

 

 

« Lors de ma dernière année d'étude (à l'université de Yale), j'ai rejoint la société secrète Skull and Bones, une société tellement secrète que je ne peux en dire plus. » Georges Bush.

 

Résumé :

 

Un spectre hante l’Amérique. Le pays serait gouverné par une société secrète appelée Skull and Bones. Composé d’anciens élèves de l’université de Yale et fondé en 1832, ce club très fermé repose sur trois fondements : le principe de l’élection, le goût du secret et le développement d’un réseau. En effet, pour pouvoir être placé à des postes d’influence, le Bonesman est choisi et promet de taire à jamais son admission au sein de l’organisation. Skull and Bones intrigue par sa culture du mystère et l’exercice de son pouvoir occulte à travers l’Amérique. Un tel lobby aussi puissant qui fait du secret un objet de fétichisation méritait une enquête : Alexandra Robbins, journaliste d’investigation, elle-même ancienne élève de Yale, retrace ici l’histoire édifiante de cette société mystérieuse qui recrute parmi la crème de la crème de l’establishment. Un travail objectif et sérieux qui désamorce les fantasmes et permet de faire la part des choses entre mythe et réalité, entre conspiration et lobby.

 

Commentaires de Michel Handfield (7 décembre 2006)

 

      Il y a Harvard. Il y a Yale. De grandes institutions qui ont une histoire, mais aussi une aura de mystère, ce qui ne peut qu’encourager la mythologie autour de ces institutions. C’est particulièrement le cas de Yale (www.yale.edu) avec ses sociétés secrètes; confréries d’étudiants! C’est particulièrement le cas d’une de ces sociétés, les « Skull & Bones » (une recherche sur Google est fort intéressante à faire d’ailleurs) dont plusieurs familles en vue aux États-Unis ont été membres, incluant des Bush.

 

      Cette fraternité a toujours su faire les choses pour encourager cette aura de mystère et de suspicion. C’est parfois une forme de marketing que d’être mystérieux, car pour savoir il faut y être reçu. Cela en fait donc une des sociétés en vue et avec un tel bassin de candidats potentiels qu’elle a su s’attirer une certaine élite : élèves au dessus de la normale ou membres de familles célèbres, ce qui ne fait qu’accroître la force de son réseau et l’intérêt d’y être admis.

 

      C’est ce récit, avec débroussaillage des mythes et des vérités, que raconte ce livre. Pour amateur d’histoire et d’anecdotes concernant cette élite qui nous gouverne.

 

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Le Robert 2007 sur CD-ROM!

Michel Handfield

 

24 novembre 2006

 

Il se faisait attendre depuis longtemps et nous avons Le Nouveau Petit Robertété heureux de le voir arriver, car il vient remplacer la version que nous avions sous Windows 98. Nous attendions cette nouvelle version avec impatience depuis que nous avons changé d’ordinateur. Heureux de te revoir Robert! 

 

Nous avons eu un Bogue mineur, mais cela peut être dû à d’autres programmes, car vous comprendrez qu’en tant que revue de critique sociale et politique, nous avons quelques dictionnaires et encyclopédies spécialisées sur notre ordinateur. Ce bogue se résout cependant très facilement s’il survient, ce qui fait que nous ne nous étendrons pas davantage sur celui-ci, mais vous trouverez toutes l’information nécessaire à la fin du texte si besoin est. (1) Mystère et boule de gomme, il n’est pas dit que vous l’aurez!

 

Pour chercher un mot en « Word » ou dans une autre application, contrairement à certains autres dictionnaires électroniques, le clic inversé de la souris ne fonctionne pas. A la place, il faut surligner ou sélectionner le mot, généralement par un double-clic de souris, puis ensuite cliquer sur le logo du Robert dans la « barre des tâches » (voir figure).  Le Petit Robert recherche alors le mot demandé et s’ouvre. Efficace, on n’en demande pas plus.

 

Au niveau des caractéristiques du Robert 2007 sur CD-ROM, il y a  de quoi avoir des heures de plaisirs avec la langue française. Soulignons, entre autres :

 

- 60 000 mots, accompagnés de leur transcription phonétique et de leur étymologie;

 

- Toutes les significations les plus fines et les plus actuelles, au travers de 300 000 sens;

 

- 35 000 citations de plus de 1 150 auteurs;

 

- 180 000 renvois analogiques (synonymes, analogies, contraires, homonymes…) permettant notamment de naviguer au sein des familles de mots, ou du mot connu vers le mot inconnu ou oublié.

 

Le Petit Robert est aussi très convivial. « Le logiciel du Petit Robert incorpore un système de phonétisation vous permettant de retrouver des mots (si vous hésitez sur leur orthographe) d'après leur prononciation, en les tapant de la manière la plus intuitive possible. Ce correcteur est donc phonétique, car il retrouve les mots à partir d'une orthographe approximative pourvu qu'elle respecte la prononciation. » (Source : Aide en ligne du Robert) C’est là un outil fort utile quand l’on a l’intuition d’un mot, mais qu’on ne connaît pas sa graphie.

 

Le Petit Robert sur CD-Rom offre davantage que le dictionnaire papier, car il comprend aussi certains noms propres associés aux citations. Foucault et Rousseau s’y retrouvent par exemple. C’est un plus pour bien comprendre les choses.

 

Je l’ai reçu le 13 novembre dernier et je l’utilise depuis. J’ai donc pu me rendre compte qu’il est assez complet. Peu de mots n’y sont pas, à moins de termes très spécialisés, voir herméneutique. Il est aussi très  convivial, car vous avez des onglets qui renvoient à l’« étymologie », aux « contraires », aux « citations », à des « exemples et expressions » et aux « homonymes ». Un outil essentiel pour le cégépien et l’universitaire; qui répond à au moins 80% des besoins des étudiants avancés, les dictionnaires universitaires et propre à une discipline, comme un dictionnaire de sociologie ou de philosophie, comblant souvent le reste. C’est un essentiel pour qui travaille ou aime la langue française et utilise l’ordinateur. Le joueur de « scrabble » préférera probablement la version papier par contre, à moins de jouer au « scrabble » sur ordinateur ou par internet!

  

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Voici maintenant quelques définitions et citations du Petit Robert en exemple. Je les ai cependant quelque peu coupés pour des raisons techniques et de longueur. Celles-ci renvoient aux mots que nous avons mis en caractères gras et hyperliens dans notre texte. Nous l’avons fait exprès bien entendu.  

 

 

Bogue: Inform. Défaut d'un logiciel entraînant des anomalies de fonctionnement. Supprimer des bogues.

 

Clic : Onomatopée imitant un claquement sec. clic-clac. «Clic, et fin de la communication» (Pennac).

 

2  N. m. Pression exercée par le doigt sur le bouton de la souris d'un ordinateur. Lancer une recherche d'un simple clic. En quelques clics.

 

Complément : Ce qui s'ajoute ou doit s'ajouter à une chose pour qu'elle soit complète. Le complément est intégré à la chose, le supplément est extérieur. Le dessert, complément du repas. Un complément d'information. Complément à un ouvrage imprimé (addenda, 2. annexe, appendice), à une lettre (post-scriptum), à un testament (codicille). Le complément d'une somme. Ajouter qqch. en complément.

 

Convivial : Inform. Se dit d'un système informatique dont l'utilisation est aisée pour un non-professionnel.

 

Foucault (Commentaire) : «Faire une analyse des discours qui échapperait à la fatalité du commentaire».

 

Graphie : Manière dont un mot est écrit. Graphies phonétiques.

 

Herméneutique :[ɛʀmenøtik] adjectif et nom féminin

étym. 1777; grec hermêneutikos, de hermêneuein «interpréter»

 

 1  Qui a pour objet l'interprétation des textes (philosophiques, religieux). L'art, la science herméneutique.

 

▫ N. f. L'herméneutique : interprétation des textes, des symboles. L'herméneutique sacrée : interprétation des textes bibliques. Herméneutique kabbalistique.

 

2  Relatif à l'interprétation des phénomènes du discours considérés en tant que signes. Texte, philosophie herméneutique.

 

▫ N. f. Système d'interprétation (décodage) d'une séquence de signes complexes. « Appelons herméneutique l'ensemble des connaissances […] qui permettent de faire parler les signes et de découvrir leur sens » (Foucault).

 

Mystère et boule de gomme : on n’en sait rien. (Exemples et expressions)

 

Rousseau (Abrutir): «La débauche avait abruti son esprit».

 

Scrabble : Anglic. Jeu de société consistant à remplir une grille préétablie au moyen de jetons portant une lettre, de manière à former des mots.

 

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Juste faire le tour des caractéristiques techniques et  j’en aurais pour quelques pages de plus, mais ce serait encore fragmentaire comme explication, car ce programme offre plusieurs caractéristiques. En cas de besoins particuliers, une « Aide en ligne » peut s’ouvrir si vous êtes branchés sur internet et celle-ci, outre les rubriques d’aide habituelles, comprend aussi des compléments au dictionnaire comme le « Tableau des abréviations », les « accord[s] du p. passé », et les « Noms communs et adjectifs correspondant aux noms de lieux », ce qui est fort utile en plus d’être fort intéressant!

 

Une version de démonstration est disponible sur www.lerobert.com/editions- electroniques/catalogue/pr/petit_robert_pres.asp. Pour les autres produits du Robert, voir www.lerobert.com

 

Note :

 

1. Il faut quand même l’expliquer au cas où vous l’ayez. Quand la fonction « Lancer au démarrage » est activée il nous apparaît une fenêtre « Unhandled exception has occured in your application… » quand nous cliquons sur l’icône du Robert situé dans la « barre des tâches » au premier usage (voir la figure). Il faut alors choisir « continue » puis le tout fonctionne très bien par la suite. Nous pouvons aussi décocher cette option « Lancer au démarrage » et démarrer notre Petit Robert à partir de la barre d’outils « Lancement rapide », du « Bureau » ou du menu « démarrer ». Quand nous avons lancé notre application à partir de la barre d’outils « Lancement rapide », ce message d’erreur n’est plus apparu par la suite même si nous cliquons sur l’icône de la « barre des tâches » (voir la figure) tel qu’indiqué pour avoir une définition. Pourquoi en est-il ainsi puisque l’icône est de toute manière dans la « barre des tâches »? Je ne sais pas. Mystère et boule de gomme!

 

 

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Du 16 au 20 novembre 2006

Salon du livre de Montréal

Michel Handfield

 

17 novembre 2006

 

C’est la place où aller actuellement pour avoir un éventail de la culture écrite, qu’elle soit scientifique, philosophique, poétique, artistique, romancée, imaginaire…! Je risque d’y passer quelques heures… un peu tous les jours!

 

Comme une image vaut mille mots, voici quelques milliers de mots :

 

D’abord, une vue du salon :

 

 

Ensuite, une jeune lectrice de Societas Criticus rencontré au Salon, Stéphanie D. Théoret. L’avenir de la culture… passe par la jeunesse.

 

 

 

 

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Nouveaux livres reçus

 

 

Reçu le 29 novembre 2006 : MOUAWAD, Wajdi, 2003, Incendies (Pièces), France : Actes Sud et Québec : Leméac, 96 pages, ISBN 2-7427-4373-1 / F79759, www.actes-sud.fr

 

Lorsque le notaire Lebel fait aux jumeaux Jeanne et Simon Marwan la lecture du testament de leur mère Nawal, il réveille en eux l'incertaine histoire de leur naissance : qui donc fut leur père, et par quelle odyssée ont-ils vu le jour loin du pays d'origine de leur mère ? En remettant à chacun une enveloppe, destinées l'une à ce père qu'ils croyaient mort et l'autre à leur frère dont ils ignoraient l'existence, il fait bouger les continents de leur douleur : dans le livre des heures de cette famille, des drames insoupçonnés les attendent, qui portent les couleurs de l'irréparable. Mais le prix à payer pour que s'apaise l'âme tourmentée de Nawal risque de dévorer les destins de Jeanne et de Simon.

 

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Finkielkraut, Alain, Baconnet, Marc, et Grange, Mireille, 2003, Enseigner les lettres aujourd'hui, Genève : éditions du tricorne (www.tricorne.org) 

 

Une amie qui enseigne la philosophie dans un lycée parisien me racontait l’autre jour que lors d’un bac blanc elle avait fait plancher ses élèves sur la question : “La science peut-elle tenir lieu de sagesse ?” En corrigeant les copies, elle eut la désagréable surprise de constater que la moitié de la classe était hors sujet, faute d’avoir su ce que voulait dire “tenir lieu de”. Au vu de cette anecdote, que mille autres récits corroborent, je voudrais poser à mes deux invités, Mireille Grange, professeur de collège en zone d’éducation prioritaire, et Marc Baconnet, doyen honoraire de l’Inspection générale des lettres, membre du Comité national des programmes - et romancier - , l’abrupte question suivante : qu’est-il arrivé à l’enseignement du français ?

 

 

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Index

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

Patrick Bruel

Produit

Des souvenirs devant...

www.sonybmg.ca

www.patrickbruel.com

 

RCA/Sony-BMG, code barre : 28767-81442-1

                  

1. Je fais semblant

2. J'm'attendais pas à toi

3. Panne de mélancolie

4. Lettre au père Noël

5. Raconte-moi

6. Adieu

7. Gosses en cavale

8. Va où tu veux

9. Notre plus beau visage

10. Où sont les rêves

11. Peuple impopulaire

12. Ma maison de papier

 

Commentaires de Michel Handfield (18 novembre 2006)

 

N.D.L.R : Les nos de pistes seront entre parenthèses lorsque je ferai référence à une chanson dans le texte.

 

 

     Je ne fais pas semblant, j’ai demandé ce CD pour la piste 11 d’abord. Peuple impopulaire, un texte de Victor Hugo adapté par Patrick Bruel d’après le plaidoyer « A ceux qu’on foule aux pieds. » Paroles très signifiantes même si elles ont plus de 100 ans! Quand il écrit

 

Et c'est tout un peuple

Qui attend son salaire

Ce peuple qui parfois

Devient impopulaire

 

Comment ne peut-on pas penser aux fils de la France, descendants d’immigrés de 2e ou 3e génération qui n’ont plus leur place en France. Comment ne pas penser aux laissés pour compte d’ici, au Québec ou au Canada, car il y en a, fils d’immigrés ou de souche. Sauf qu’en les distinguant on les divise et on les monte les uns contre les autres. Les enjeux ethniques sont parfois des enjeux socioéconomiques, mais maquillés. Quand il demande « Faut-il aller plus loin? Faut-il continuer? », la réponse est clairement oui. Il faut s’impliquer socialement et politiquement pour changer les choses, car la vie ce n’est pas seulement de changer le poste avec sa télécommande ou de vivre par procuration télé!

 

Pour moi juste cette chanson vaut le prix de l’album, surtout que la musique de Bruel la met en valeur. Mais Patrick Bruel, c’est plus qu’une chanson. C’est tout un album. On n’a qu’à lui dire Raconte-moi (5) et il nous parle de rêves (10) et de mélancolie (3); d’Adieu (6) et de liberté : Va où tu veux (8)! Le tout sur un ton entraînant. Ce n’est pas du rock ou de la pop, mais du Brassens ou du Brel d’aujourd’hui. De la chanson à texte sur une bonne musique. C’est du Bruel comme on disait autrefois du Brel!

 

 

Suggestion de lecture :

 

Pena-Ruiz, Henri, et Scot, Jean-Paul, 2002, Un poète en politique. Les combats de Victor Hugo, Paris : Flammarion

 

 

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Index

 

Théâtre

 

 

SHOWDOWN

 

Du 30 Novembre au 9 décembre 2006, à 20h (du mardi au samedi) et le 9 décembre à 15h et 20h.

 

Théâtre LaChapelle

3700, Saint-Dominique, Montréal

Réservations : 514.843.7738

 

Texte : Fanny Britt

Mise en scène : Alexia Bürger

Chorégraphies : Lin Snelling

Avec Dominique Leclerc, Ginette Morin, Nadine Sures et Sarah Wendt

 

La pièce :

 

Une amnésique témoigne de son histoire.

À moins que ce ne soit pas la sienne?

À moins que ce soit celle d'une autre?

Une histoire vue à la télé ?

 

Bientôt émergent des personnages – une reporter, une morte et sa sœur jumelle – qui réclament la place qui leur est due dans un drame opposant l'intime et le public.

 

À travers une série de tableaux théâtraux teintés par la danse, SHOWDOWN se veut une réflexion sur la mémoire et l'empathie. Elle questionne les liens pernicieux qu'entretiennent médias et réalité.

 

SHOWDOWN est la toute première création de Docteur Fröbel.

 

Extrait du texte :

 

On sort du cinéma

On sort du cinéma il est tard

Le film

A un titre

Un titre – je me souviens plus

Joie

Ou

Bonheur

Mélodie du bonheur? Est-ce que c’était la Mélodie du bonheur?

Il y a du monde

Plein de monde plein de talons hauts

Talons hauts bas de soie manteaux longs

Ça doit être l’hiver ou au moins le début de l’hiver

Avant Noël c’est ça c’est avant Noël

Je me souviens plus

On voit rien il y a plein de monde devant la marquise (…)

La foule parle

Elle a couru elle est sortie comme ça en sous vêtements

nus pieds au milieu de la rue

Il paraît

Parce que nous, on l’a pas vue courir

Pas vue s’effondrer

Elle est apparue sous nos pieds comme la première neige

Déjà morte

Couverte de journaux de fortune en attendant la morgue

Ils ont dit son nom

Je me souviens plus

Ils ont raconté son histoire

Je me souviens plus

Noir et Blanc

Nuit

Éteinte

Je me souviens plus

 

Commentaires de Michel Handfield (2 décembre 2006)

 

Court, mais intense. Pièce ethnométhodologique. Un événement a eu lieu. On essai de le reconstituer à travers le témoignage d’une femme à la mémoire défaillante. Y était-elle ou l’a-t-elle vue à la télé, sa mémoire se perdant?

 

A moins que ce ne fût un attentat (portez attention non seulement à ce qui est dit, mais à la trame sonore de cette pièce) et que sa mémoire défaille suite à celui-ci. Ce n’est pas clair. Ce n’est jamais clair. Peut être l’a-t-elle seulement vu à la télé? Peut être est-elle arrivée après coup? Qu’on lui a conté…

 

Les autres personnages qui entrent en jeu, que veulent-ils au juste? Comprendre ce qui est arrivé? Ce qui leur est arrivé? Car si elles y étaient toutes? Si du passage d’un monde à l’autre – de celui-ci à l’au-delà en passant par la nouvelle télévisée – quelque chose se poursuivait en même temps que quelque chose se perdait? Si la journaliste continuait à chercher à comprendre sans réaliser qu’elle n’est plus dans le même monde? Comme sa sœur ou comme la dame amnésique. Si elles étaient toutes dans un univers parallèle, entre le monde d’ici et d’ailleurs, et qu’une partie de la mémoire se poursuivait, mais avec de plus en plus d’absences? Qui croire? Que croire?

 

Une pièce sur les médias, mais aussi sur la vie et l’au-delà, tout étant interprétation et symbolique. Car comme l’amnésique, on ne sait jamais tout à fait! Mais, qui dit qu’elle est amnésique? L’auteur? Et si elle était tout simplement ailleurs; si elle ne se rappelle plus très bien de la pensée de l’auteur d’ailleurs!

 

Des histoires qui se confondent en un point de rencontre – la sortie du cinéma - ou une histoire vue de points de vue différents? Un drame qui est réellement arrivé ou une fiction télévisuelle que l’on confond avec la vie? A vous de voir et de vous faire votre tête, car comme pour un accident, il y a autant d’interprétations que de spectateurs.

 

Histoire vraie ou histoire inventée se confondent dans l’opinion au point que le vrai devient parfois le faux et vice versa. Si la télé le dit, c’est que ce doit être vrai.  C’est la téléréalité. Mais, la téléréalité est-elle la vérité? Au fait étais-je au théâtre ou devant mon écran d’ordinateur le soir de la première? Je ne sais plus, ça se confond dans ma mémoire. Peut être pourriez vous vérifier au théâtre La Chapelle pour moi… jusqu’au 9 décembre 2006!

 

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L’histoire lamentable de Titus

De William Shakespeare

 

Traduction de Jean-Pierre Richard- Mise en scène de Jean Asselin

 

Espace Libre, les 18 et 19 octobre et du 24 octobre au 4 novembre à 19 heures Représentations supplémentaires du 7 au 11 novembre à 19 heures

 

 

Un Shakespeare intégral dans un cadre convivial

 

Production ambitieuse, L’histoire lamentable de Titus, présentée en février dernier à Espace Libre, a conquis plus de 2500 spectateurs ! Suite à ce succès public, la compagnie Omnibus est fière de proposer à nouveau cette fresque anachronique et débridée pour 17 représentations exceptionnelles. 12 comédiens, 35 personnages, 120 accessoires pour 3 heures 30 de spectacle où, comme au temps du grand Will, le public peut boire et manger pendant la représentation…

 

Mieux qu’un spectacle : une véritable expérience théâtrale!

 

L’histoire lamentable de Titus, par Omnibus

 

William Shakespeare donne pour cadre à sa première tragédie un empire hégémonique qui pourfend le barbare. Tiens, tiens! Le révisionnisme esthétique de ses histoires, drames historiques et tragédies, ne fait-il pas office d’Histoire? Le mérite littéraire du grand Will consiste justement à en révéler les intentions politiques et le sens historique.

 

Dans cette Rome où la grâce n’existe pas, seule demeure la vengeance, la loi du talion. Titus, le héros, fait sans état d’âme pencher la balance du côté d’un conservatisme méprisant les valeurs humaines et le pardon. Aux limites de l’endurance humaine, cette tragédie entretient l’inconfort entre la pitié et la répulsion et, devant l’énigme insondable du mal, nous laisse déchirés entre le désir de comprendre et la peur de savoir.

 

Œuvre de jeunesse, Titus flatte le voyeurisme par une véritable débauche de violence et de cruauté.

L’horreur y est agencée dans un style verbal et visuel dantesque. L’atrocité de l’intrigue et la mise en valeur de la souffrance, exactes et crédibles, sont révélées par l’art à l’encontre des médias qui lesbanalisent.

 

Titus, tragédie de la vengeance, se déroule dans une Rome préchrétienne impossible à dater. Par sa ritualisation de l’horreur, d’autant plus effroyable de froideur et de formalisme, cette pièce toujours d’époque invite à nous inquiéter et nous indigner de la résurgence atavique de la violence, et de la fascination qu’elle exerce. Toutes les tragédies impliquent l’abus par des personnes humaines d’une puissance et d’un pouvoir excessifs que notre lâcheté leur a consenti. L’artifice théâtral fait œuvre de résistance à ces dérives, tente de les désamorcer en en révélant le sens philosophique.

 

Résumé de L’histoire lamentable de Titus

 

Titus est un général romain vaillant et héroïque. Ayant combattu les Goths, il revient en triomphe à Rome avec des prisonniers, dont la reine des Goths, Tamora, ses trois fils et le Maure Aaron, favori de la reine. Titus a perdu dans ses campagnes vingt et un de ses vingt cinq fils. Prétextant qu’il obéit aux lois de sa religion, il offre un des fils de Tamora en sacrifice.

 

Le trône est proposé à Titus alors que les deux fils de l’empereur défunt, Saturninus et Bassanius, se disputent la fonction. Titus renonce à cet honneur et se rallie à la candidature de Saturninus, aussitôt couronné. Les deux frères veulent épouser Lavinia, l’unique fille de Titus, puis Saturninus y renonce pour épouser Tamora qui elle, jure de se venger de Titus pour la mort de son fils.

 

Les fils de Tamora, Demetrius et Chiron, poussés par Aaron, tuent Bassanius, violent et mutilent Lavinia. On demande une rançon à Titus pour sauver la vie de ses propres fils accusés faussement du meurtre de Bassanius. Titus accepte de se faire couper une main. Mais il est trompé. On lui rapporte sa main et la tête de ses deux fils sur un plateau. Lucius, le dernier fils de Titus, est exilé.

 

Pendant ce temps, Tamora met au monde un enfant de race maure. Aaron, clairement désigné comme son père, l’emporte hors de Rome.

 

Titus va à son tour se venger de tous ceux qui l’ont trahi. Il tue les deux fils de Tamora et confectionne avec leurs têtes des pâtés qu’il sert lors d’un banquet où Saturninus et Tamora sont invités. À la fin, dans une scène de carnage, Titus tue sa propre fille, Saturninus tue Titus. Lucius tue Saturninus et est proclamé empereur.

 

Crédits :

 

La plupart des acteurs jouent plus d’un rôle, mais j’ai mis entre parenthèse leur principal rôle dans la pièce :

 

Avec Jean Boilard (Saturninus), Daniel Desputeau (Bassianus), Philippe Ducros (Lucius, fils de Titus), Sophie Faucher (Tamora, reine des Goths), Christian LeBlanc (Démétrius, fils de Tamora), Denis Mercier (Titus), Widemir Normil (Le maure Aaron), Isabelle Pastena (La nourrice), Charles Préfontaine (Marcus Andronicus), Sébastien René (Le jeune Lucius), Évelyne Rompré (Lavinia, fille de Titus), Martin Vaillancourt(Chiron, fils de Tamora).

 

Mise en scène Jean Asselin; scénographie Charlotte Rouleau; costumes et accessoires Jaber Lutfi, assisté de Jessica Martin et Marie-Andrée de Courval; conception sonore Éric Forget lumières Mathieu Marcil; direction technique Réal Dorval.

 

Pour y assister :

 

information@mimeomnibus.qc.ca

www.mimeomnibus.qc.ca 

 

Billetterie Espace Libre : 514-521-4191

Tarif : régulier 30 $ - étudiant 20 $ - Passeports Espace Libre : 3 spectacles 45 $, 7 spectacles 98$

 

Commentaires de Michel Handfield (9 novembre 2006)

 

J’ai vu la pièce mardi le 7 novembre 2006 et ce texte est mis en ligne le jeudi le 9 novembre 2006. C’est un détail important pour la suite de ce texte.

 

 

Une histoire de vengeance qui appelle la vengeance! Sous des apparences de compassion se dressent des plans machiavéliques! La tradition et la coutume couvrent de leur voile les pires machinations et injustices. La compassion est stratégique. Qui semble ne pas avoir de pouvoir (Tamora, reine des Goths déchue, faite prisonnière avec ses fils et son amant, le Maure Aaron, par Titus) se mariera à Saturninus, le nouvel empereur de Rome, Titus s’y étant rallié, et usera alors de ruse pour se venger de ce romain qui l’a fait prisonnière avec ses fils et son amant, mais qui a surtout tué un de ses fils devant elle en sacrifice religieux. Sa connaissance de la faiblesse de l’Homme et son amant, le retors Aaron, lui serviront à construire sa vengeance envers Titus et sa famille. Titus souffrira, comprendra et se vengera.

 

***

 

     Ouf! Tout un texte à retenir pour les comédiens. Toute une force à l’intérieur de ce texte. Tout un jeu de leur part.

 

Quand on parle de classique, c’est de l’universalité et de l’intemporalité du propos dont on parle. C’est bien le cas ici. On pourrait penser à l’Irak ou aux États-Unis; au nazisme; à tous les conquérants, car quand on est le plus fort on impose sa loi, son tribunal et ses règles. Le comportement face aux conquis, aux subalternes, aux terroristes et aux barbares est toujours « juste » pour le plus fort! Il est justifiable à défaut d’être justiciable! C’est le corps social et la coutume qui prime sur l’individu. Sans Rome, point de Romains! Ne vous demandez pas ce que l’État peut faire pour vous, mais demandez vous ce que vous pouvez faire pour l’État! Le tout dépasse la somme de ses parties. Etc. On est loin de la souveraineté individuelle que nous a amenée le libéralisme politique. On est dans un mélange de conservatisme à tendance fasciste. (1)   

 

En ces jours suivant le procès de Saddam Hussein (2) pour les geste qu’il a commis envers les irakiens, mais aussi en ces mois suivant la guerre civile entre factions irakiennes, cette pièce est à point nommé. Si le dictateur empêchait la révolte des factions en tenant la bride serrée  sur le peuple et ses collaborateurs, il est facile de croire que la violence du Prince est parfois justifiée. (3) Mieux vaut un dictateur éclairé que la désorganisation et le chaos, s’il assure la sécurité du peuple malgré quelques excès de sa part, diront certains! Mais, si tel est le cas, c’est peut être que la dictature et l’hégémonisme détruit le système social et la capacité de fonctionner en démocratie pour le peuple! Il apprend à être gouverné et à subir son sort. 

 

Mais, est-ce toujours le Prince qui tire les ficelles pouvons nous nous demander. Peut-il être manipulé? Et quand ses manipulateurs n’en auront plus besoin, quel sort lui réserveront-ils? Le Prince ou son entourage peuvent-ils déraper vers la violence gratuite, car si éclairé soit-il, qui lui pose les limites? George W. Bush a entraîné les États-Unis dans une guerre sous de faux prétextes. Au moment où j’assistais à cette pièce cependant, le peuple a commencé à mettre des balises à son action en lui faisant perdre la Chambre des représentants et au moment de mettre ce texte en ligne il aurait même perdu le Sénat(4), car il existe des « check and balance » dans la démocratie États-Uniennes que nous n’avons pas au Canada. Mais, il n’en existe aucune  dans une dictature, si éclairé soit le dictateur, même avec les dieux comme guides de son action!    

 

***

 

Dans cette pièce les intrigues politiques, de pouvoir et de vengeance l’emportent sur le sens commun et l’esprit de justice. Sous des apparences de compassion se dresse des plans machiavéliques! La tradition et la coutume couvre de son voile les pires machinations et injustices. La compassion est stratégique.

 

Tamora, se servira de Saturninus, son mari et empereur, pour exercer sa vengeance envers Titus, fidèle serviteur de Rome, et sa famille. Et quand Titus comprendra la source de ses malheurs, il cherchera vengeance à son tour. Comme dans le conflit actuel entre Israël et la Palestine (5), où l’un et l’autre vengent leurs morts sans se rappeler de la source du mal, on ouvre une plaie béante qui ne fera qu’appeler vengeance. On est alors au cœur des « valeurs » humaines, mais aussi de leur contraire. On est dans les stratagèmes du Pouvoir et de la vengeance, car si le pouvoir est physique (force) et monétaire (solde des soldats et des gens dont il a besoin), il est d’abord stratège et manipulation (tous deux basés sur la connaissance), car la pire des machinations comme la meilleure d’entre elles ne peut se faire sans connaissance de la faiblesse et de la force de l’autre. Payer des gens et avoir des courtisans ne donne rien si on ne sait pas les diriger et les manipuler à ses fins.

 

C’est au cœur de ce triangle que représentent le Pouvoir (Saturinus), la Manipulation (Tamora) et la Stratégie (Titus) que nous plonge cette pièce, mais il ne faudrait pas oublier la Machination (le maure Aaron), l’amant de la Manipulation (Tamora), sans qui il lui serait difficile d’agir. De l’autre côté, la Sagesse (Lucius) a su se retirer pour mieux revenir. Et en s’associant à la Stratégie (Titus, son père), elle n’a que mieux conquit le Pouvoir pour le bien de Rome! Mais si éclairé soit-il, cette histoire recommencera avec d’autres noms jusqu’à maintenant, car un dictateur ne sera jamais à la hauteur d’une démocratie si noble soit-il!

 

***

 

 

Une pièce physique et moderne, dont le texte est encore très actuel après plus de 400 ans, car la première représentation s'est déroulée le 24 janvier 1594! (6) Un texte profond et dramatique, mais qui passe bien vu les touches d’humour qui le ponctuent. A voir s’il est repris ici ou en tournée, car il ne reste que quelques jours à cette pièce. 

 

Notes :

 

1.Pour aller plus loin sur ces questions (libéralisme politique, conservatisme et fascisme),lire Vacher, Laurent-Michel, 2000, Histoire d'idées, Québec: Liber. Et sur la question de savoir si les États-Unis sont fascistes (« Is America a fascist state ? »), lire Lewis H. Lapham, On Message,  Notebook in Harper's Magazine, October 2005 (La question cité ici est dans la première colonne de la page 8)

 

2. Le Devoir (avec l'Agence France-Presse, la BBC et Reuters), Hussein: la sentence de mort divise l'Occident,

Édition du lundi 06 novembre 2006

 

3.« Sur quoi il y a lieu d’observer que la haine est autant le fruit des bonnes actions que des mauvaises; d’où il suit, comme je l’ai dit, qu’un prince qui veut se maintenir est souvent obligé de n’être pas bon; car lorsque la classe de sujets dont il croit avoir besoin, soit peuple, soit soldats, soit grands, est corrompue, il faut à tout prix la satisfaire pour ne l’avoir point contre soi; et alors les bonnes actions nuisent plutôt qu’elles ne servent. » (Machiavel, 1996 [1532], Le Prince, Paris: Booking International, p. 140)

 

4. Vu que l’on est ici dans l’histoire présente, voici quelques références intéressantes sur le sujet :

 

D’abord, une conférence de presse est prévue cet après-midi même par le sénateur républicain défait, où l’on s’attendrait à ce qu’il concède la victoire à son adversaire :

 

« Virginia Sen. George Allen (R) will concede that he has lost the election to Democrat James Webb at a 3 p.m. news conference in Alexandria, according to a source close to the campaign with direct knowledge of the senator's intentions. » (Michael D. Shear, Allen to Concede Election This Afternoon, Washington Post Staff Writer, Thursday, November 9, 2006; (posted on web at)12:40 PM: www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/11/09/AR2006110900775.html)

 

 

Mardi soir, cependant, s’il était confirmé que les républicains avaient perdus « la Chambre des représentants » à ma sortie du théâtre, on ne savait pas encore pour le Sénat même si on voyait « leur majorité fortement menacée ». (Guy Taillefer, Bush désavoué, Le Devoir, Édition du mercredi 08 novembre 2006 : www.ledevoir.com/2006/11/08/122389.html) Mais, à partir de mercredi soir et de ce matin, les choses se sont accélérées :

 

 « In the race that determines control of the Senate, Jim Webb claimed victory Wednesday, but Senator George Allen, the Republican, has yet to concede. » (JOHN M. BRODER and IAN URBINA, All Eyes Turn to Virginia Senate Race, in The New-York Times, November 9, 2006)

 

Ainsi les Démocrates auraient le contrôle du Congrès, soit « du Sénat et de la Chambre des représentants pour la première fois en 12 ans. » (États-Unis : Et maintenant?, Radio-Canada/nouvelles, jeudi 9 novembre 2006 à 10 h 57 : www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/11/09/004-Etats-Unis-Suite.shtml). Pour bien en comprendre l’importance, relative cependant, il faut savoir que le Congrès contrôle l’appareil législatif de l’État, mais que le pouvoir est divisé entre 3 branches distinctes aux États-Unis : l’exécutif, le judiciaire et le législatif. A ce sujet il est intéressant de visiter la page Government  sur le site de la Maison blanche pour bien comprendre leur système politique: www.whitehouse.gov/government/ 

 

5. J’ai vu cette pièce mardi le 7 novembre au soir, mais le matin même j’ai vu PERSONA NON GRATA, un film d’Oliver Stone sur ce conflit Israélo-palestinien qui est très révélateur de cet esprit! Ce film sort le 10 dans certaines  salles.

 

6. http://fr.wikipedia.org/wiki/Titus_Andronicus

 

Hyperliens :

 

William Shakespeare : http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Shakespeare

 

Nicolas Machiavel: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Machiavel

 

www.mimeomnibus.qc.ca 

 

 

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INCENDIES

TEXTE ET MISE EN SCÈNE DE WAJDI MOUAWAD

 

«IL Y A DES VÉRITÉS QUI NE PEUVENT ÊTRE RÉVÉLÉES QU’À CONDITION D’ÊTRE DÉCOUVERTES.»

 

AU THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE DU 31 OCTOBRE AU 25 NOVEMBRE

DU MARDI AU VENDREDI À 20H / LES SAMEDIS À 15H ET 20H

RÉSERVATIONS 514.866.8668 / WWW.TNM.QC.CA 

 

INCENDIES EN TOURNÉE – Hiver 2007

LONGUEUIL 26 janvier LAVAL 30 janvier

GATINEAU 2+3 février JOLIETTE 6 février

CHICOUTIMI 9 février TROIS-RIVIÈRES 13 février

DRUMMONDVILLE 15 février RIMOUSKI 17 février

SHERBROOKE 20 février

 

Wajdi Mouawad est un incendiaire. Auteur, metteur en scène, comédien, directeur de théâtre, romancier, réalisateur, il grille les feux rouges et met en cendres les frontières entre les disciplines. Libanais d’origine, Français de formation, Montréalais d’adoption, il enflamme tous les drapeaux et crée des mondes impurs et fascinants ; il accouche de fables allégoriques et de récits initiatiques dans lesquels l’on ne parvient chez soi qu’en passant par l’autre, par l’ailleurs, par l’étranger et l’étrangeté. Avec Littoral, Rêves et Forêts, Wajdi a embrasé les scènes d’Europe. Avec Don Quichotte et Les Trois Sœurs, présentés sur la scène du TNM, il a consumé les lieux communs attachés à ces œuvres pour leur donner une nouvelle vie.

 

Wajdi Mouawad est un incendiaire. Mais de fabuleux phénix renaissent de ses brasiers. Incendies parle de cette renaissance, des feux qu’il faut parfois semer, du chemin terrible qu’il faut souvent parcourir pour parvenir jusqu’à soi. Une femme vient de mourir. Et ouvre aujourd’hui l’accès à son silence et ses secrets. Elle laisse à ses jumeaux une veste en toile verte, un cahier rouge et deux enveloppes : autant de boîtes de Pandore sources de maux et de merveilles, et dont le contenu les entraînera dans une odyssée fabuleuse vers un continent lointain, vers un passé inconnu, vers une seconde naissance. « L’enfance est un couteau planté dans la gorge. On ne le retire pas facilement. » Seuls les mots peuvent l’arracher. Et ainsi calmer la brûlure.

 

Wajdi Mouawad est un incendiaire. Brûlant de fièvre. De cette fièvre contagieuse que nous rêvons tous de contracter.

 

Avec Annick Bergeron; Éric Bernier; Gérald Gagnon; Reda Guerinik; Andrée Lachapelle; Marie-Claude Langlois; Isabelle Leblanc; Isabelle Roy; Richard Thériault

 

Commentaires de Michel Handfield (5 novembre 2006)

 

     Pièce choc qui passe comme un feu roulant. On a l’impression que ça ne dure que deux heures alors que cela  en fait plus de trois (3h20, entracte comprise). Mais le texte est si fort qu’il nous transporte.

 

     Une pièce sur la vie et les conflits qui la consument, que ce soit au plan individuel ou collectif. Un conflit, un silence, et la haine qui monte. La haine qui fait haïr sa mère; la haine qui fait que l’on se bat entre « cousins/cousines », « frères et sœurs », « pères et fils »…; que l’on tue ses semblables au nom d’une haine que l’on ne peut nommer, mais qui remonte aux pères des pères de nos pères jusqu'au début des temps! Une haine qui vient d’on ne sait où, mais qui se transmet de pères en fils, de mères en filles, de mères en fils… Une chaîne de la haine qu’il faudra briser un jour.

 

     Une pièce où l’on peut « identifier » le Québec, vu le langage de Simon (fils de Nawal) et du notaire (1). Mais l’ailleurs, vu la présence de femmes voilées du début de la pièce, pourrait être le Liban ou l’Afghanistan par exemple;  même si l’on est porté à identifier le premier, sachant que l’auteur est né au Liban avant de venir à Montréal en passant par la France. En d’autre temps, c’eut pût être l’Allemagne nazie, la France collabo, l’Italie mussolinienne, l’Algérie ou n’importe quelle dictature religio-ethnique(2), car la mécanique de la haine et de la violence est la même partout. Transmise, intériorisée et, enfin, organisée et tournée vers un « ennemi » que l’on identifie comme le porteur de tous nos maux! Celui qui a le « mauvais œil » ou qui « vole nos jobs » selon les places et le langage populaire.

 

Cette haine passe d’une génération à l’autre sous forme de préjugés et, soudain, un événement fait que la mèche se rallume. Pourquoi? Question difficile à répondre. Par contre, la pièce pose des pierres à l’échafaudage de la connaissance pour tenter de le comprendre. Et, si c’était justement ça : la connaissance, ou plutôt le manque de connaissance qui fait que la tradition orale ne fait que se réapproprier et réactualiser les histoires et les conflits du passé sans voir que les choses ont changé depuis. Sans voir que les fondements de cette « connaissance » ne sont plus adéquats!

 

 

Une pièce sur le secret aussi, qui fait que si la haine se transmet, le pourquoi ne se dit pas. Comment briser cette haine alors, si on ne sait pas pourquoi elle est là, ni d’où elle vient? Elle nous consume et on ne peut en trouver la source. On l’a hérité et l’on doit faire avec. Quel héritage que la haine?

 

Quelle est donc la clef pour briser ce sort? Sortir de cette transmission de pères en fils et de mères en filles; briser le moule de la haine.  « Apprend à penser » lui dira sa grand-mère avant des mourir.

 

Voilà une autre quête, un autre chemin, mais qui a aussi ses embûches, car dans un pays de traditions et de respects des coutumes, penser par soi est une menace aux autres et un danger pour soi. La science contre l’idéologie. La lumière contre la grande noirceur. Charbonneau contre Duplessis! On n’hésite pas à emprisonner et tuer le savoir pour sauver l’idéologie et le dogme. Il y a là un caractère universel qui fait que l’on s’identifie à cette pièce. Elle vient nous chercher. Ma conjointe mordait littéralement dedans, se mordant même les doigts à quelques occasions, car cette pièce est jouée avec force et conviction. 

 

A la résignation et au silence, il faut opposer la parole pour briser le sort. Nawal est donc devenue femme de parole, mais elle en a payé le prix. Ses enfants devront le découvrir, car elle s’est tue un jour d’août 1997. Pourquoi? Elle leur a laissé des clefs en héritage pour qu’ils brisent le sort à leur tour. Réussiront-ils où elle n’a pu que se taire? Et pourquoi s’est-elle tue ce jour d’août 1997? Ils devront le découvrir pour elle, mais surtout pour eux.

 

Tout l’amour et toute la misère de l’humanité sont les deux faces d’une même pièce de monnaie et peuvent devenir porteur de haine. Une chance qu’il y a l’espoir et le rêve de faire changer les choses.

 

 C’est une pièce intéressante sur laquelle j’aurais pu écrire davantage, mais il est plus plaisant de la découvrir au théâtre. (3) C’est aussi un texte fort qui mériterait d’être lu (4), surtout si vous ne voyez pas la pièce. Car en démontant les mécaniques de la production/reproduction de la haine, cette pièce démonte les mécaniques de la guerre, de toutes les guerres. Après, une fois que nous aurons compris, il faudra consoler, guérir et reconstruire. Une pièce à voir. Une pièce qui devrait être jouée à l’ONU.

 

Si le Canada veut vraiment faire de quoi pour la paix, il devrait en offrir une représentation à l’ONU, rien de moins!  

 

Notes:

 

1. Simon sacre comme un québécois alors que la langue du notaire est chargée de « perronismes » (des dérapages verbaux) qui allègent le côté dramatique de la pièce. Pour des exemples de « perronismes », voir www.increvables.com/perronismes.htm

 

2. « Il est toutefois important de préciser que le voile n'est pas une pratique spécifiquement arabe ou musulmane, mais antérieure à l'Islam et pratiqué dans d'autres aires culturelles et religieuses (par exemple les Touaregs). (…)De nos jours, dans les milieux « traditionnels » ou monastiques, les juives et les chrétiennes se couvrent la tête également. » (Voile (vêtement), in Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Voile_%28v%C3%AAtement%29)

 

 

 

3. En effet, j’ai effacé environs le tiers de mes notes sans les utiliser pour ne pas en dire trop, car c’est une pièce à découvrir et j’insiste là-dessus.

 

4. MOUAWAD, Wajdi, 2003, Incendies, Le Théâtre d'Actes Sud-Papiers,  96 pages, ISBN 2-7427-4373-1 / F79759

 

 

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Index

 

 

Les Films

 

ROMÉO ET JULIETTE
À L'AFFICHE PARTOUT AU QUÉBEC DÈS LE 15 DÉCEMBRE 2006

 

Un film d’Yves Desgagnés, avec Jeanne Moreau, Thomas Lalonde et Charlotte Aubin. Scénario original de Normand Chaurette.

 

Montréal, le 23 novembre 2006 -  Alliance Atlantis Vivafilm est fière d'annoncer que le film « Roméo et Juliette » réalisé par Yves Desgagnés produit par Denise Robert et Daniel Louis prendra l'affiche partout au Québec le 15 décembre prochain.  Le film met en vedette Jeanne Moreau ainsi que Thomas Lalonde et Charlotte Aubin, deux jeunes comédiens qu'on découvrira pour la première fois au grand écran, dans les rôles respectifs de Roméo et Juliette. La première mondiale de « Roméo et Juliette » aura lieu le 4 décembre à la Place des Arts de Montréal en présence de toute l'équipe du film.

 

Juliette, 15 ans, est la fille unique d'un éminent juge de la Cour Supérieure du Québec.  Élevée dans un milieu bourgeois, elle a bénéficié d'une éducation sans failles dans les meilleures écoles.  Son père se retrouve au centre de l'attention médiatique lorsqu'il est invité à présider un des procès les plus importants des dix dernières années: celui de Réal Lamontagne, criminel notoire, redouté et redoutable. Roméo, 17 ans, a lui aussi une famille célèbre: il est le fils de Réal Lamontagne. Son père est accusé d'avoir commis des crimes d'une monstruosité indescriptible: il est incriminé pour avoir causé la mort d'un enfant. Cependant, le magnétisme que dégage Roméo n'est pas passé inaperçu de Juliette. Malgré le fait qu'ils viennent de mondes diamétralement opposés, les deux jeunes gens s'éprennent l'un de l'autre. Les nombreux obstacles les empêcheront-ils de vivre leur amour et de rester unis en liberté? Roméo et Juliette est une grande histoire d'amour. Les pôles opposés de l'amour et de la haine se retrouvent dans un contexte de rivalité et d'incompatibilité sociale. 

 

En plus de Jeanne Moreau ainsi que Thomas Lalonde et Charlotte Aubin, le film met en vedette Pierre Curzi, Gilles Renaud, Danny Gagné, Hubert Lemire, Patrice Bélanger, David Michaël, Maude Guérin, Liliana Komorowska, André Robitaille, Henri Chassé, Marie-Thérèse Fortin, Yves Desgagnés, Martine Francke, Adèle Gigantes, Johanne Fontaine, Michel Laperrière et la participation amicale de Marcel Sabourin.

 

www.vivafilm.com


Commentaires de Michel Handfield (8 décembre 2006, mis en ligne le 13)

 

Roméo et Juliette, un classique. Cette histoire date de la fin du XVIe siècle dans sa version shakespearienne, mais a probablement des origines plus anciennes. On connaît déjà l’histoire : deux jeunes de familles opposées tombent en amour et, devant les conséquences qui s’ensuivent, se suicident. Dans ce cas-ci, Roméo est le fils du chef des motards et Juliette, la fille du juge qui doit présider le procès du père de Roméo! Mis à part l’histoire d’amour, le sens de la fable et le fait que c’est bien tourné, c’est la réinterprétation qui est intéressante.

 

Roméo et Juliette, des enfants victimes de conflits de classes, d’oppositions entre adultes, de divisions entre la représentation du bien et du mal. C’aurait pu être une juive et un palestinien à Jérusalem ou le fils d’un ambassadeur Russe et la fille d’un patron du contre-espionnage états-uniens durant la guerre froide! L’idée est celle d’un amour pur entre deux jeunes gens qui font leurs premiers pas dans l’âge adulte, car avec ce passage arrivent les jeux et les préoccupations d’adultes, c’est-à-dire les tractations et les calculs politiques; les conflits de classe; et l’importance des apparences! À défaut d’une empreinte génétique qui les sépare, c’est une empreinte sociale et politique qui le fera. Mais ils s’y refuseront, ce qui conduira à la fin tragique que l’on sait.

 

Roméo et Juliette pourrait être repris dans 10 ans, dans 100 ans ou dans 1000 ans et il sera probablement tout aussi actuel. Les interprètes et le décor auront certainement changé, mais les humain seront les mêmes. Si les structures et l’architecture changent, que les quartiers pauvres deviennent plus confortables, ils seront toujours des quartiers pauvres et stigmatisés par rapport aux milieux plus nantis.

 

Mais, la différence de classe c’est plus qu’une affaire d’argent, c’est une affaire de culture. Ceux qui auront réussi auront beau demeurer dans un quartier huppé, ils  pourront toujours être différenciés sur des aspects culturels et d’étiquettes. Le cinéma hésite d’ailleurs rarement à exploiter ces différences socioculturelles dans les comédies. Juste les manières d’être à table peuvent être source de qui propos facilement exploitables. De différenciation. Le cinéma ne se gène pas pour le faire d’ailleurs.

 

Ici le propos est davantage en nuance. Ce sont des différences plus atténuées. Le fils du juge est, par exemple, beaucoup plus « bum » que le fils du criminel. On joue sur les contrastes entre la vie publique et la vie privée. En même temps les milieux pauvres ont leurs zones de lumières, les milieux aisés leur part d’ombres.

 

Quant à Roméo et Juliette, ils sont encore purs, c’est-à-dire que l’empreinte sociale et politique, la différence de classe, ne les a pas encore touché. C’est dire que leur amour ne respecte pas les barrières artificielles de classes, ce qui ne pourra que les  conduire à leur triste sort; car s’ils sont en amour, mais pas encore dans leur  rôle « social », cela ne peut que déranger leur entourage.  S’ils s’en mêlent, les choses ne pourront que s’emmêler et déraper, ce qu’elles feront naturellement!    

 

Ce thème fournit l’occasion de jeter un regard sur les dits et non-dits sociaux. Si la liberté individuelle et le droit de s’afficher existe, il n’est pas nécessairement bien vu de tous. Tant dans le quartier pauvre que le quartier riche, on stigmatisera celui qui veut être différent.  La pression sociale, par l’intermédiaire des pairs, sera forte pour faire prendre le « droit chemin » à la personne; pour lui faire comprendre le « bon sens » comme on le dit couramment! C’est là une source de conflits et d’agressivité, donc de menaces. Où la personne s’intègre, où elle doit se trouver un milieu où elle sera intégrée.

 

 C’est de cette façon que se forment certains milieux  homogènes : ethniques, gay, artistiques ou étudiants par exemple. Quand leur nombre s’accroit, on peut alors parler de quadrilatères et même de quartier, comme « le village » à Montréal (quartier gai). Il y a donc des milieux, que l’on nomme parfois ghettos, ou certains peuvent mieux vivre qu’ailleurs, car ils se sentent en communautés. Ils ont leur culture, leurs services et leurs entreprises. Si ces milieux sont souvent ethniques (1), ils peuvent aussi être basés sur une autre stratification, telles que l’orientation sexuelle, le domaine d’activité (culturel) ou l’âge (des retraités) par exemple.

 

Si ces milieux existent, il y cependant des points de rencontre entre eux, comme le bal en blanc à Montréal! (2) C’est d’ailleurs là que la flamme s’allumera entre ces deux jeunes que leurs milieux séparent. Cela en fait un Roméo et Juliette montréalais, mais aussi contemporain. Il serait donc exportable je crois.

 

Finalement, une petite note concernant l’esthétique psychosociale de ce film. On y voit bien le passage d’adolescent à adulte des deux personnages (elle passe de fille à femme et lui de garçon à homme!) tant sur le plan physique, émotionnel, que social, ce qui veut dire faire des choix et les assumer, ce que parfois des adultes ne sont pas encore capable de faire. C’est dire que l’âge, n’est qu’un point de partage politique, une norme, mais ne correspond pas toujours à la réalité psychosociale des individus. D’ailleurs, on est probablement plus souvent les deux à la fois : adulte sur certains aspects, ados sur d’autres! Il y a donc de jeunes adultes comme de vieux ados (le frère de Juliette notamment), mais surtout des adultes précoces et des ados attardés, genre d’hybrides majoritaires! Mais la société, les institutions, en tiennent-ils compte? Il y aurait de quoi faire tout un autre texte sur le sujet.

 

Film que vous pouvez donc voir comme un conte réactualisé, ce qu’il est, mais aussi comme un révélateur de la société contemporaine. Est-elle vraiment différente du passé? L’humain a-t-il tant changé au cours des siècles? Je ne le crois pas vraiment, ce que film illustre d’ailleurs très bien. Shakespeare comme Machiavel sont toujours aussi actuel après quelques siècles… Cela en dit long, très long!

 

Notes:

 

1. Evans, M.D.R., « Immigrant entrepreneurship : effects of ethnic market size and isolated labor pool », American Sociological Review, December 1989 (Vol. 54), pp. 950-962. 

 

2. www.balenblanc.com

 

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PAYSAGES FABRIQUÉS

Dès le 15 décembre

 

Le film sera présenté dans sa version originale – soit en anglais et en mandarin – avec sous-titres en français au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) et sous-titres en anglais au

cinéma AMC Forum.

 

Paysages fabriqués (Manufactured Landscapes) de Jennifer Baichwal a remporté le prix du meilleur film canadien au Festival international du film de Toronto, édition 2006.  Ce documentaire fascinant se penche sur le travail de l’artiste canadien Edward Burtynsky reconnu mondialement pour ses photographies à grande échelle de paysages transformés par l’activité industrielle.  On qualifie souvent son art d’«étonnant» ou de «magnifique» – bien qu’il soulève des questions sur l’éthique et l’esthétisme.  Quels dommages les entreprises humaines causent-elles exactement à la planète?

 

Le film suit Edward Burtynsky jusqu’en Chine, où il photographie les répercussions de l’importante révolution industrielle qui balaie le pays, alors que la Chine passe d’une société agricole à une société urbaine.  Les sujets vont des mines de charbon aux chantiers navals, en passant par les tas de ferraille et les sites de recyclage, bon nombre d’entre eux atteignent des niveaux de toxines si élevés qu’on peut les sentir de loin.  Le barrage des Trois-Gorges, lequel est 50 p. 100 plus grand que tout autre barrage au monde, a déplacé plus d’un million de personnes.  Shanghai, la ville dont la croissance est la plus rapide à l’échelle mondiale, a remplacé ses maisons traditionnelles par des milliers de tours d’habitation.

 

À l’opposé des impressionnantes photos de Burtynsky, il y a l’ennui qu’éprouvent les rouages humains qui passent leurs journées à assembler, recycler et réusiner.  Un travailleur d’usine confie qu’il peut monter quotidiennement 400 disjoncteurs sans heures supplémentaires.

 

Tourné par Peter Mettler, le film s’ouvre sur un plan envoûtant – un travelling de l’intérieur d’une usine qui s’étend sur un kilomètre de long.  Il s’agit du troisième long métrage documentaire de la réalisatrice montréalaise Jennifer Baichwal, qui est née à Montréal et y a fait ses études (Université McGill), après Let it Come Down: the Life of Paul Bowles et The True Meaning of Pictures: Shelby Lee Adams’ Appalachia salués unanimement. Le film est produit par Mercury Films Inc. (Nick de Pencier, Jennifer

Baichwal) et Foundry Films Inc. (Daniel Iron) en coproduction avec l’ONF.

 

Paysages fabriqués est distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (8 décembre 2006, mis en ligne le 13)

 

Le travail du photographe Edward Burtynsky  est intéressant à suivre par le regard environnemental qu’il pose. On regarde ici l’environnement industriel, c’est-à-dire celui modifié par l’Homme!

 

L’intérêt de travailler avec les paysages industriels, c’est qu’ils témoignent de l’activité humaine sur cette planète. Des incursions industrielles qui changent la nature. Ce film est le digne  descendant des films de Cousteau et des Temps modernes de Chaplin!

 

Il illustre bien que l’on est passé de l’économie au service des gens aux gens au service de l’économie, avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Par exemple, autrefois toutes les entreprises avaient un Service du personnel; elles ont maintenant un  Département des ressources humaines. C’est plus qu’un changement de nom, c’est un changement de philosophie, car des ressources c’est facilement remplaçable, voire jetable. On peut donc aller où la ressource est la moins chère et la moins protégée, car en abondance. On le voit dans le film. Ainsi, 50% des ordinateurs sont « recyclés » en Chine, sans protection pour l’environnement et la santé des gens! À la mitaine. Et que dire du Bangladesh, où des adolescents défont des pétroliers pour récupérer les métaux  et les hydrocarbures qu’ils contiennent encore, sans protection aucune. Pieds nus dans le mazout et la ferraille des pétroliers qu’ils démantèlent! Ils n’ont pas d’inspecteurs en santé sécurité au travail ou de syndicats pour les protéger. Mais ce sont des entreprises occidentales dans lesquelles nos fonds de pension, nos banques et nos institutions d’État (pensons à la Caisse de dépôt du Québec) ont probablement investi, pour obtenir des rendements supérieurs, qui transfèrent ce travail vers ces pays, où les protections de la main-d’œuvre sont inexistantes pour des raisons de coûts. Des entreprises que nous avons peut-être subventionnées au nom du soutien à la compétitivité. On se doit d’être vigilant comme consommateur et de poser des questions comme citoyen.

 

On ne peut s’intéresser à la téléréalité et ne pas aussi nous intéresser à ces phénomènes, car c’est peut-être la réalité de l’entreprise pour laquelle nous travaillons ou des entreprises dans lesquelles nos fonds de pension sont investis pour assurer notre avenir. Vous êtes-vous déjà demandé si votre fond de pension était en arrière de la fermeture de l’usine où votre frère travaille parce qu’on l’a déménagé au Mexique, en Chine ou en Inde pour obtenir des rendements supérieurs? C’est une réalité que nos choix dictent quand on achète un jean griffé, à 100$ ou 200$, qui vient de Chine par rapport à un jean non griffé fait au Canada pour la moitié du prix. Malheureusement, nos comportements on fait qu’on a de moins en moins le choix, car les entreprises ont rapidement compris que l’on achète d’abord un standing, une marque, une signature ou un logo avant un produit, peu importe où il est fabriqué, à quel coût et dans quelles conditions. S’il a un logo, on paie le prix! Alors, on a conservé les prix élevés tout en les faisant faire où ils coûtent le moins cher! Trouver un pantalon sport ou un jeans faits ici, c’est du sport! Il faut bien les chercher. Sur 3 pantalons sport ou jeans à moins de 20$ (avec les soldes) acheté dernièrement, j’ai réussi à en avoir un fait au Canada (20$), les deux autres venant de Chine (12$) et du Bengladesh (20$)! Mais il faut vouloir les trouver, je l’avoue.       

 

Ce que j’ai aussi trouvé de fascinant dans ce film, c’est la Chine. Peu de liberté de parole politique, Google s’autocensure même, mais une liberté d’entreprendre qui sied bien au modèle de la mondialisation, car on y retrouve une main-d’œuvre abondante et à bon marché et des entrepreneurs ambitieux, pour qui la demande mondiale en produit de qualité et à bon marché représente une occasion  extraordinaire. La Chine est en train de devenir le fournisseur du monde.

 

Comment ce pays communiste a-t-il réussi un tel virage? C’est que le communisme chinois, par un effet insoupçonné, l’a préparé à ce changement en formant une société hyper hiérarchisée, ordonnée et disciplinée. En ouvrant maintenant la porte au libéralisme économique, le peuple y voit une forme de liberté et s’y engouffre. La consommation devient pouvoir et le travail moyen de l’atteindre. Avec les attributs que sont l’ordre et la discipline du peuple chinois, la Chine devient un redoutable joueur sur le marché mondial. Mais il ne faut jamais oublier que, politiquement, la Chine exerce toujours un contrôle sur ses citoyens. On parle donc de libération économique alors que l’on devrait parler d’enrégimentement, car la Chine a toujours une économie planifiée, sauf qu’elle l’est maintenant pour plaire au capitalisme mondial, en mettant à sa disposition une main-d’œuvre bon marché, bien formée, disciplinée et fière de participer au développement économique, car elle y voit une forme de liberté : celle de s’exprimer par ses choix de consommation. La Chine a donc atteint le stade suprême du capitalisme (1): l’autosatisfaction par le travail et la consommation en lieu et place de la démocratie.  

 

     Un film intéressant pour le regard qu’il nous force à porter sur l’industrialisation et, par le fait même, sa contrepartie la consommation! Nos choix ont des conséquences, ce film nous les montre! 

 

Note :

 

1. LENINE, 1979, L'impérialisme stade suprême du capitalisme, [1 ère édition: 1917], Moscou: éditions du Progrès.

 

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Foi et Athéisme : quand le cinéma se fait philosophie théologique!

Michel Handfield

 

1er décembre 2006

 

     Deux films prendront l’affiche le 1er décembre, mais l’un seulement pour quelques jours en salle de répertoire; l’autre, pour une période plus longue en salles commerciales. Il s’agit d’Atheism, qui sera présenté à l’Ex-centris du 1er au 5 décembre 2006, et de la nativité, qui sortira en salle en version originale anglaise et en versions française et italienne à compter du 1er décembre aussi.

 

Deux films différents, sur un même thème : notre rapport à Dieu! Pour cette raison, nous avons choisi d’en parler en même temps.

 

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D’abord avec la nativité on est devant une fresque religieuse comme au temps des grandes productions cinématographiques. Cela m’a fait penser à des films comme Ben-Hur (1959) ou les dix commandements (1956)! On est parfois dans l’hyperréalisme, presque le dessin animé, car l’image est travaillée par ordinateur. Quant à la musique, elle rappelle cette époque où la religion était beaucoup moins questionnée qu’aujourd’hui; où l’on chantait des cantiques plutôt que de faire des litanies sur ce qu’elle advient, car depuis, la religion a connu son lot de scandales et est quelque peu tombée de son piédestal. C’est le moins que l’on puisse dire.  

 

 On est ici face à une version très littérale de la naissance de Jésus. Une des plus belles histoires d’amour de tous les temps selon certains : Dieu donne son fils aux humains, ce qui changera l’histoire du Monde, et un homme, Joseph, acceptera cette histoire incroyable de sa promise mise enceinte par Dieu au nom de sa foi et de son amour pour elle! Histoire archiconnue qui doit être contée telle qu’elle, car elle a un imprimatur divin! (1) Sauf que si le film respecte le dogme, il n’empêche pas le spectateur de questionner cet événement et le récit qui en fut fait. Tout sera dans l’œil de celui-ci.

 

Le scientifique, pour sa part, ne peut que questionner ce récit, au risque d’être en dissonance entre sa foi et sa science, car telle est sa nature. Il se doit d’être sceptique, peu importe que ce soit de formation à défaut de nature. C’est dans cette optique que je poursuis ce texte.            

 

D’abord, on réalise rapidement qu’il s’agit d’un milieu et d’une époque très pieuse. Tout serait alors perçu à la lumière de Dieu. On peut donc se demander si Marie a vraiment enfantée de Dieu ou si elle fut une fille mère involontaire qui a ainsi su faire accepter son enfant dans un contexte d’attente du Messie? D’urgence d’avoir un sauveur? Marie et le contexte du temps auraient-ils créés le Christ? Élevé dans cette optique il ne pouvait que devenir Dieu. (2) Scientifiquement, la question se pose même si la foi dit « heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (3), car si chez les Chrétiens Dieu et Jésus se confondent en un Dieu en trois personnes; dans d’autres croyances Jésus existe aussi, mais sans être Dieu; que ce soit comme prophète ou « une incarnation très puissante de Krishna »! (4)  

 

Peu importe que l’on regarde ce film d’un point de vue religieux ou humaniste, Marie est devenue la plus célèbre des filles mères. Paradoxalement, la religion chrétienne, érigée sur son fils, condamne l’adultère et les enfants nés hors mariage… alors que Jésus est lui-même né d’un acte adultère selon l’histoire, mais avec Dieu selon la Foi, dans une alliance entre ce dernier et les Hommes! Jésus sera d’ailleurs indulgent sur ces questions, probablement davantage que ceux qui le suivront :

 

Aux Scribes et aux Pharisiens qui lui amenèrent une femme surprise en adultère, ils dirent à Jésus que Moïse, dans la Loi, nous a ordonné de lapider de telles personnes! Il leur répondit « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Ayant entendu cette parole, et se sentant repris par leur conscience, ils se retirèrent les uns après les autres, les plus âgés d'abord, puis tous les autres, de sorte que Jésus resta seul avec la femme qui était au milieu. Alors Jésus s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, lui dit: « Femme, où sont ceux qui vous accusent? Est-ce que personne ne vous a condamnée? Elle répondit: « Personne, Seigneur »; Jésus lui dit « Je ne vous condamne pas non plus. Allez, et ne péchez plus. (5)

 

On peut voir dans ce film l’illustration et le renforcement du dogme, surtout dans le cadre de la montée du renouveau chrétien en alliance avec la droite politique États-uniennes. La droite religieuse, après avoir tenté de remettre au goût du jour le créationnisme, sous le nom du design intelligent(6), s’attaque maintenant à l’histoire. (7) Devant ce besoin de réactualiser les mythes fondateurs, le cinéma est mis à contribution. Ce fut d’abord avec « The Passion of the Christ » (2004) et c’est maintenant avec « la nativité ». Quel sera le prochain film dans cette tradition, car…

 

« The first pillar of American fundamentalism is Jesus Christ; the second is history; and in the fundamentalist mind the two are converging. » (8)

 

On peut donc voir ce film pour différentes raisons. J’en nomme quatre. D’abord, comme le récit d’un événement qui a influencé une large part de l’histoire du monde : la naissance du Christ, car le christianisme est l’un des piliers de l’histoire occidentale avec la pensée gréco-romaine. Ensuite, selon nos croyances, on peut le prendre comme la parfaite illustration du dogme chrétien. Tertio, il peut être vu comme une curiosité philosophique qui permet un questionnement de nos valeurs actuelles à la lumière de celles de cette époque et du christianisme. Enfin, ce film peut être pris comme une belle histoire des fêtes que les Hommes se transmettent de génération en génération depuis plus de deux millénaires. Une tradition et un beau récit, que l’on aime se passer en reprise que l’on soit croyant ou non! 

         

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     S’il y a la Foi, il y a aussi sa contrepartie : Atheism. Celui-ci n’empêche cependant pas de s’intéresser au religieux d’un point de vue humaniste (social), historique ou anthropologique par exemple. Ce film sur l’athéisme se penche donc sur le religieux, mais d’un point de vue désintéressé. On analyse sa portée politique notamment. (9)

 

La religion est un système de pensée tout fait qui rassure, parce que l’on n’a pas besoin de penser par soi même. Les réponses sont données depuis longtemps, ce qui est très sécurisant. Mais c’est aussi politique : si tu crois que tu as raison, par défaut les autres ont tort! La discussion démocratique devient alors impossible. Elle peut même se buter à une fin de non recevoir, car lorsque Dieu a dit quelque chose, cela coupe court à toutes discussions rationnelles par définition. D’ailleurs, la religion et la Foi sont de l’ordre du surnaturel. Les communications entre le fidèle et le divin peuvent se faire en songes (rêves), comme dans la nativité; par l’intermédiaire d’une personne ressource; ou par la prière. L’inspiration divine, quel mystère! Serait-ce ainsi que Dieu peut parler à George W. Bush ou aux terroristes religieux comme il a jadis parlé à Marie et Joseph? Les athées en doutent. Si ce n’étaient que de simples pensées comme nous en avons tous, mais qu’ils attribuent à Dieu en personne au lieu de les considérer comme des dizaines d’idées qui nous passent par la tête tous les jours, certaines méritant d’être conservées, d’autres d’être écartées.     

 

Dieu, God, Allah ou Yahvé serait en quelque sorte la projection des valeurs que nous souhaitons voir se réaliser, telle la justice, la bonté, la paix, etc., mais aussi le justificatif de quelques sautes d’humeurs et pensées irrationnelles qui nous  accompagnent parfois! Dieu est donc une valeur politique; la religion un système qui rassure l’Homme. L’Homme se serait-il donné les dieux dont il a besoin pour se justifier? Pour justifier l’injustifiable, comme la domination des plus faibles et des femmes, les guerres et le terrorisme, qui ont beaucoup moins à voir avec Dieu qu’avec des raisons de pouvoir et d’économie? Avec le machisme et l’impérialisme!   

 

Mais ce qu’il y a de plus intéressant encore que les questions sur la Foi et la démonstration que Dieu est une invention des Hommes, c’est le raisonnement humaniste de l’athéisme. Si la Foi est donné, avec ses lois et son code de conduite, l’athéisme ne peut que compter sur l’Homme pour faire les lois. Cela est très exigeant, car il faut construire un système de confiance de l’Homme en l’Homme sans système de  pénalités ou de récompenses divines à la fin. Que le désir de vivre ensemble, en harmonie et en paix, selon des règles autoproclamées. Le contrat social de Rousseau! (10) Pas de réponses ou de règles venant de l’au-delà. Pas de Dieu pour faire accepter l’inacceptable. Que des humains s’autorégulant. Un athéisme démocratique.

 

Ce film fait aussi des parallèles où on ne les attend pas. Ainsi, le terroriste islamiste qui fait sauter une gare de train ou le terroriste qui fait sauter une clinique d’avortement au nom de Dieu sont de la même famille : ceux qui ont la vérité infuse ou divine! Le dogme de la vérité qui empêche la discussion raisonnée! 

 

Ce film est donc fort intéressant par l’éclairage que l’athéisme porte sur le religieux et le politique, car, en quelque sorte, l’athéisme éclaire le religieux, aussi paradoxal que cela puisse paraître au profane, puisqu’ils ont le même objet : notre relation à Dieu! Mais l’athéisme va où la religion n’ose aller pour ne pas compromettre sa foi, car chercher c’est un peu douter aussi.  

 

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Ces deux films ont naturellement suscités plusieurs réflexions de ma part. Mon premier questionnement est celui-ci : si Dieu existe, aurait-il pu donner différents messages aux Hommes pour que ceux-ci se battent entre eux de façon à éviter la surpopulation? Dieu serait alors machiavélique et astucieux. Mais si Dieu a fait l’Homme à son image, serait-il vraiment surprenant qu’il nous ressemble autant? Croyants et athées se rejoindraient alors, Dieu et les Hommes se renvoyant la même image!  

 

Mais s’il existe, qui a dit qu’il parle aux Humains? Peut être que tout ce qui fut dit en son nom ne vient pas de lui, car il peut être d’une autre dimension. Cependant, et quoi qu’il en soit, certaines personnes semblent avoir très bien comprises qu’on peut contrôler plus facilement les masses au nom de Dieu que de tout autre idéal. Dieu devient un outil de Pouvoir permettant de faire accepter l’inacceptable sur la promesse de jours meilleurs dans un ailleurs. Pêcheurs, pécheresses, vous serez récompensés pour vos souffrances dans mon royaume. Pliez l’échine, ne vous révoltez pas contre vos patrons, vos gouvernants, vos tortionnaires ou ceux qui parlent en mon nom, car ils savent ce qu’ils font! Ce n’est pas trop exigeant pour le capitaliste ou le dictateur… et ça évite bien des questions embarrassantes. Certains gens de pouvoirs doivent être très heureux d’avoir eu Dieu et ses serviteurs de leur côté. On est alors dans « la religion opium du peuple » dont parlait Karl Marx. Mais si telle n’était pas la vérité. Si Dieu ne parlait pas aux Hommes même s’il existe. Nous n’en savons rien. En ce sens je rejoins davantage les agnostiques.       

 

Et s’il a déjà parlé aux Hommes à travers les livres saints que nous connaissons, on peut se poser la question de savoir pourquoi il s’est arrêté. Parce qu’il est mort comme le dit Nietzche? (11) À mois qu’il nous parle encore mais qu’on ne le sait pas. Par les environnementalistes par exemple, même s’ils ne se drapent pas de religion; même s’ils sont non pratiquants ou athées au sens où nous l’entendons communément, Dieu se trouvant peut être davantage au cœur des lois de la nature qu’ils découvrent que des saintes écritures. Si ce n’est pas dit aussi clairement dans le film, certains des intervenants se réfèrent d’ailleurs à l’univers d’une façon qui se rapproche de cette vision des choses. Peut-on être athée et croire en quelque chose en même temps, qu’on lui donne le nom de nature ou de force de l’univers? C’est pourtant le propre du panthéisme, le Dieu de Spinoza et d’Einstein! (12)

 

Mais inversement, on peut aussi croire en Dieu et mettre en doute le caractère textuel et dogmatique des religions, de sa religion, car s’il y a une part de vérité historique, il y aussi une part d’embellissement et de symbolisme dans la plupart des religions. Ce film est donc d’intérêt, que vous soyez croyant ou non à condition de ne pas être dogmatique.

 

Notes

 

1. imprimatur : Autorisation d'imprimer (accordée par l'autorité ecclésiastique ou par l'Université à un ouvrage soumis à son approbation). (Le nouveau petit Robert 2007 CD-ROM, www.lerobert.com)

 

2. C’est la thèse que soutient Gérald Messadié dans L’homme qui devint Dieu. (1988, Paris: Laffont, Le livre de poche)

 

3. Évangile de St-Jean, 20-29 (http://bible.catholique.org/evangile-selon-saint-jean/3283-chapitre-20)

 

4. Jésus de Nazareth : http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus_de_Nazareth

Christologie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Christologie

Quêtes du Jésus historique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Qu%C3%AAtes_du_J%C3%A9sus_historique

 

5. Évangile selon Saint Jean, Chapitre 8 : http://bible.catholique.org/evangile-selon-saint-jean/3271-chapitre-8

 

6. Le créationnisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9ationisme

Dessein intelligent : http://fr.wikipedia.org/wiki/Intelligent_design

 

7. Jeff Sharlet, « Through a Glass, Darkly. How the Christian right is reimagining U.S. history », Harper’s, December 2006, pp. 33-43.

 

8. Jeff Sharlet, Ibid., p. 35

 

9. S’il y a ceux qui croient en Dieu et ceux qui n’y croient pas, il y a aussi ceux qui refusent de répondre à la question, car il n’y a aucun moyen de vérifier l’existence de Dieu. Ce sont les agnostiques. Pour en savoir plus sur l’agnosticisme, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Agnosticisme

 

10. Rousseau, Jean-Jacques, 1992 [1762], Du contrat social, France: Grands écrivains.

 

11. Nietzsche, F., 1998 (1883-5), Ainsi parlait Zarathoustra, France: Maxi-poche classiques étrangers.

 

12. Panthéisme : http://fr.wikipedia.org/wiki/Panth%C3%A9isme

 

 

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Textes officiels

 

THE NATIVITY STORY /  LA NATIVITÉ

(durée: 101 min.)

 

Sortie en salle en version originale anglaise, version française et version italienne: 1er décembre 2006

 

La Nativité fut le premier film de fiction à être présenté en première au Vatican le 26 novembre dernier.

 

Réalisateur: Catherine Hardwicke

 

Distribution: Keisha Castle-Hughes, Shohreh Aghdashloo, Oscar Isacc

 

 

Dans un petit village, une jeune fille vivait les dernières années de son adolescence. Pour qu'elle échappe aux conditions de vie difficiles qu'avait toujours connues sa famille, ses parents espéraient qu'elle pourrait faire un bon mariage. Tout était prévu mais un jour, son destin bascula : Gabriel vint lui annoncer qu'elle aurait un enfant comme aucune autre femme n'en avait porté.

 

Le petit village s'appelait Nazareth, Gabriel était un ange, la jeune fille se prénommait Marie et son enfant allait changer l'histoire de l'humanité...

 

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Atheism

 

Julian Samuel

Canada, 2006, 78 min.; couleur; Vidéo; anglais

 

« Quelques personnes se doivent de faire des documentaires intellectuellement fouillés et denses, sinon nous ne ferons que des trucs comme The Corporation, Bowling for Columbine et tous ces trucs qui sont visuellement divertissants, humoristiques, légers mais qui n'ont que très peu de profondeur analytique. » Ce commentaire controversé, Julian Samuel le formulait en 2004 après la sortie de son documentaire Save and Burn, sur ce qu'il appelait la mort des bibliothèques. Fidèle à sa démarche exigeante et intellectuelle, il nous revient avec une réflexion sur l'athéisme en cette période de grands troubles idéologiques et religieux. Est-ce une nécessité ou une absurdité pour l'homme de prétendre à l'athéisme ? Universitaires et penseurs s'offrent à la caméra de Samuel pour bousculer deux ou trois idées reçues.

 

Source : http://www.nouveaucinema.ca/2006/ 

 

 

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9e édition des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal - Du 9 au 19 novembre 2006

 

The Angelmakers

Nothing and Never

Buenos Aires, crónicas villeras

Encounter Point

Dormente (Cross-Tie)

Diario argentino

 

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The Angelmakers

 

Astrid Bussink

Première canadienne

 

Écosse - Hongrie - Pays-Bas / 2005 / Betacam Num / 33 min / hongrois s.-t.a.

 

Description: Il était une fois un petit village hongrois où, dans les années 1920, des dizaines d’hommes mouraient de façon mystérieuse. En 1929, plusieurs femmes des environs furent accusées de ces meurtres. Les veuves noires travaillaient à l’arsenic! Tourné sur les lieux du crime, The Angelmakers retrace le déroulement des funestes événements, par le biais d’entrevues avec les vieilles qui s’en souviennent encore et les plus jeunes qui, heureusement pour leurs maris, ont droit au divorce! On peut lire entre les lignes la détermination et la détresse de ces femmes d’antan, prisonnières d’hommes violents et buveurs auxquels on les avait mariées de force. Un film empreint de tendresse et d’humour noir qui changera à tout jamais votre vision de la vie à la campagne…

 

www.angelmakers.nl

 

Commentaires de Michel Handfield (24 novembre 2006)

 

Vous n’êtes pas heureuse en mariage, une p’tite dose d’arsenic et il est parti! Une façon de voir que le divorce est une avancée humaniste et beaucoup plus chrétienne qu’une p’tite dose d’arsenic n’en déplaise à l’église! Ça donne a réfléchir. 

 

 

Nothing and Never

Dmitriy Nepochatov

Première canadienne

 

 

Ukraine / 2006 / Betacam SP / 45 min / ukrainien, anglais s.-t.a.

 

Description: Ce docudrame raconte l’histoire d’une jeune étrangère nantie venue à la rencontre du peuple lors de la révolution pacifique en Ukraine. Sur un propos philosophique et humaniste, on s’attache aux événements: l’occupation de la grande place de Kiev à l’automne 2004. Des images importantes sur la spectaculaire solidarité et l’entraide indéfectible d’un peuple unifié et, finalement, victorieux. Des images qui nous rappellent un des moments forts de l’histoire contemporaine. À cause de ses millions de citoyens dehors, les observateurs avaient appelé Kiev «la ville-tente 24 h / 24». La Révolution Orange, avec son drapeau de la couleur de la campagne du parti de l’opposition sur lequel se lit le slogan «!!» («Yes! Yushchenko!»), n’est pas nommée, mais elle crève l’écran!

 

www.nothingandnever.narod.ru

 

Commentaires de Michel Handfield (24 novembre 2006)

 

La révolution orange, une révolution du sourire pour dénoncer un vol électoral. (1) Leur point fut gagné sans violence, les manifestants étant soutenus par la population en un véritable mouvement social, local et national. On campait et on mangeait sur la grande place de Kiev. Les locaux nourrissaient les occupants, qui venaient de toute l’Ukraine, dans un mouvement de solidarité et d’espoir pour changer les choses.

 

Un film sur l’espoir, car c’est le désir de mieux qui alimente le changement. S’il n’y a pas d’espoir, l’individu essai de s’en tirer seul ou de profiter du système au max! C’est alors le règne de l’individualisme égoïste! Ici c’était l’inverse : la solidarité collective. Les ukrainiens ont fait un, se sont uni contre le Pouvoir, ce qui leur a donné du pouvoir.

 

Le cinéaste de poser la question « Qu’est-ce que la liberté? » D’avoir une vie normale; de l’avenir pour les enfants; une bonne éducation; la liberté de penser…  Différentes définitions qui se rejoignent toutes dans un besoin commun, mais qui ne correspondent pas nécessairement au même désir pour chacun, car la liberté c’est d’abord un sentiment personnel, mais bien réel.

 

De notre point de vue, où nous avons la liberté, on ne le réalise pas toujours, sauf quand on la sent menacée, que ce soit quand on limite nos choix, actuel ou d’avenir, ou quand, au contraire, l’on voudrait aller plus loin que ce qu’accepte le sens commun. Si l’on revendique souvent la liberté, parfois, quand on a le sentiment que les choses deviennent trop permissives, l’on peut aussi revendiquer moins de liberté. Autrement dit, la liberté est un « work in progress ». Ce qui paraissait de la liberté il y a dix ans pourra être jugé contraignant aujourd’hui. Mais inversement, on peut aussi trouver que la liberté menace des valeurs sociales communes auxquelles l’on tient. On voudrait alors la refreiner.

 

Bref, la liberté est un point d’équilibre entre l’individualité et la communauté et ce point bouge dans le temps. Les ukrainiens ont gagné leur liberté. Ils devront maintenant apprendre à la gérer.

 

Ce film apparaît d’abord comme un film qui présente la question de la liberté dans le paysage ukrainien, mais il questionne aussi les autres peuples sur cette question, car la narration peut s’adapter à tous les peuples. En effet, par une astuce forte intelligente, ce n’est pas le cinéaste qui présente les choses, mais un personnage féminin et étranger qui était là au moment des événements selon le scénario. (2) Ce film peut donc être narré en toutes les langues - si la version que nous avons vu était en anglais britannique, dans une autre version ce pourrait être l’Allemand, le Français ou l’Arabe! – et questionner tous les peuples sur leur propre notion de liberté au vu et au su des événements ukrainiens! C’est donc un film beaucoup plus politique qu’il ne le laisse voir. Mais politique au sens philosophique du terme. De l’essence de l’Homme, car si le peuple veut la liberté, quelques idéologies que ce soit ne devraient pas pouvoir y résister. Mais les idéologies sont parfois des éteignoirs très puissants qui peuvent même susciter des reculs de la liberté. (3) Quand la narration sera en afghan, c’est qu’on aura vraiment fait un grand pas. 

 

Notes :

 

1. « La « révolution orange » (cette couleur était le signe de ralliement des partisans de V. Iouchtchenko) fut en premier lieu une révélation. Le mouvement populaire qu’ont provoqué les deux tours (31 octobre et 21 novembre 2004) d’une élection présidentielle entachée d’irrégularités a attesté l’existence d’une société civile. Tandis que le président sortant Leonid Koutchma incarnait le clan de Dniepropetrovsk, celui de Donetsk, qui avait, les années passées, investi progressivement les différents centres de décision, devait avec la victoire de Victor Ianoukovitch accéder au sommet de l’État. Il restera dans la mémoire nationale qu’une foule aussi déterminée que pacifique installée des jours durant au cœur de la capitale, Kiev, est parvenue à contrarier ce scénario au nom de la démocratie et de l’État de droit. » (L’État du Monde 2006  sur CD-ROM)

 

2. Elle explique pourquoi naturellement, mais cette explication pourrait varier selon les versions pour demeurer plausible.

 

3. A ce sujet il peut être intéressant de lire Finkielkraut, Alain, 1987 [1989], La défaite de la pensée, France: Gallimard, coll. Folio Essai.

 

 

Hyperliens :

 

Révolution orange sur Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_orange

 

Liberté : http://fr.wikipedia.org/wiki/Libert%C3%A9

 

 

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Buenos Aires, crónicas villeras

 

Marcelo Céspedes; Carmen Guarini /

Argentine; 1986; Betacam SP; 52 min; espagnol s.-t.f.

 

Dans ce film, les auteurs racontent comment on a expulsé de Buenos Aires 50 000 personnes qui habitaient des bidonvilles situés près du centre-ville. Ce geste policier n’a pas seulement détruit les habitations précaires de ces gens, mais il est venu mettre fin à un réseau de solidarité et une organisation sociale de survie.

 

Commentaires de Michel Handfield (18 novembre 2006)

 

     La dictature a détruit les habitations de fortunes des citoyens des bidonvilles à la veille du Mondial de foot de 1978! La junte militaire voulait montrer un pays propre! Elle en a aussi détruit la mémoire. Il n’en reste donc peu de traces, sauf dans la mémoire des citoyens, car le régime militaire a détruit toutes les images du passé qu’elle a pu détruire. Elle a détruit l’histoire pour montrer qu’elle construisait une autre civilisation. C’est d’ailleurs le propre des révolutions et des dictatures qui veulent couper avec le passé. (1) Ce n’est pas pour rien que les intellectuels et les journalistes sont leurs premières cibles.

 

     Mais le bidonville c’était plus qu’un abri. C’était une communauté : de l’entraide et des réunions pour se donner les moyens d’améliorer les choses, de s’organiser et de revendiquer. Et il y avait le père Carlos Mugica, religieux de gauche (la théologie de la libération), qui vivait parmi eux et les aidait à revendiquer. Il fut assassiné.

 

     Des milliers de familles qui vivaient au bidonville de « Retiro » (2), qu’une quarantaine ont résisté à l’expulsion avec le but de créer une coopérative, sauf que ce n’est pas facile. Mais ils avaient la foi.

 

Naturellement, l’éradication des bidonvilles n’éradique pas la pauvreté. Elle ne fait que désorganiser et disperser ces gens. Certains ont rejoint d’autres bidonvilles, sauf qu’échaudés, sachant qu’ils peuvent être expulsés avec un changement de régime, ils sont devenus moins militants. Mais le politique s’est aussi adapté, la ville leur fournit des services maintenant.

 

Comme ce film date d’il y a 20 ans, j’aimerais savoir ce qui arrive aujourd’hui. Ce film me laisse donc un peu sur ma faim, mais me fait espérer une suite dans les prochaines Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal.     

  

Notes :

 

1. En effet, comme la préhistoire ne signifie pas l’absence d’un système social ou technique, mais l’absence de la transmission de l’histoire, les régimes qui se disent révolutionnaires ou qui ont une tendance à vouloir recréer la civilisation sont portés à couper tous liens avec le passé, à détruire les traces historiques et la mémoire, pour reconstruire l’histoire…  à leur manière. L’interprétation et la transmission de l’histoire sont chargées de sens. À ce sujet lire Barreau, Jean-Claude, et Bigot, Guillaume, 2005, Toute l'histoire du monde de la préhistoire à nos jours, France : Fayard Histoire) (Distribution Hachette)

 

2. http://fr.habitants.org/article/articleview/1652/1/461/

 

Hyperliens :

 

www.cineojo.com.ar

Argentine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Argentine

Retiro (Buenos Aires) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Retiro_(Buenos_Aires)

Padre Carlos Mugica : http://www.elortiba.org/memoria.html

International Alliance of Inhabitants (En différentes langues): www.habitants.org

 

 

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Encounter Point

 

De Julia Bacha; Ronit Avni

 

États-Unis; 2006; Betacam Num; 89 min; arabe, hébreu, anglais avec s.-t.a.

 

Description: Aux côtés de la propagande de haine et de peur au Moyen-Orient se tient un film. À contre-courant des actions/réactions de vengeance dans la guerre israélo-palestinienne, des citoyens des deux peuples travaillent pour la réconciliation par la non-violence. Toute l’excellente composition de ce film tend vers cet idéal, cette nouvelle éthique qui amène un espoir réel de coexistence pacifique. Pourtant, chacun des protagonistes a perdu un proche à la guerre, d’un côté comme de l’autre. Ils ne sont pas des «saints»; ils se battent tous les jours contre leurs propres pulsions belliqueuses, les systèmes inculqués de pensée et ils réussissent. Impossible, en voyant le travail d’Ali, de Robi et de plusieurs autres personnes ordinaires, de ne pas laisser tomber ses insensibilités ou ses préjugés.

 

Commentaires de Michel Handfield (13 novembre 2006)

 

     Un film sur des gens, tant palestiniens qu’israéliens, cherchant un dialogue. Certains font davantage un travail  individuels, d’autres travaillent à mettre sur pied des groupes de réconciliation regroupant les deux camps. Ce n’est pas une mission facile et elle suscite suspicion et commentaires, surtout de leurs propres compatriotes. Comment peut-on vouloir fraterniser avec l’ennemi?

 

     Pourtant, pour le néophyte, ils sont si semblables. De la même race des sémites (1) à défaut d’être du même peuple, ce qui est culturel! C’est donc une guerre fratricide. Le message de ces groupes est approprié : Cessons de se tuer pour que moins de mères en souffrent! Après 56 ans de conflit il est temps de passer à une autre tactique selon un militant du dialogue : celle de Gandhi. Comme cela ils n’auront pas de raison de nous tirer dessus et ils devront négocier la paix. Tous y sont arrivés par différents chemins, mais tous ont souffert du conflit. Certains ont perdu un enfant, d’autres ont été blessés, certains du côté israélien, d’autres palestiniens. Il y en a un qui préparait un attentat à l’âge de 16 ans, mais, après l’explosion de la bombe qu’il préparait avec ses amis, il a été emprisonné. C’est là qu’il a lu et qu’il s’est ouvert l’esprit à autre chose. La vision s’élargit dit-il. On n’insiste d’ailleurs jamais assez sur l’importance de l’éducation pour sortir d’une forme de pensée unique dans les deux camps. Ils ont bien raison. 

 

     En fait il n’y a que deux choix : chaque geste amène une réponse de l’autre et la violence continue ou l’on s’arrête et on trouve un terrain d’entente. Si simple, mais si difficile à faire. Comme le remarque une des personne du film, les français, les anglais et les allemands se sont beaucoup plus haïs que les juifs et les palestiniens. Ils ont fait et subit pire. Pourtant, ils vivent maintenant en paix et sans frontières dans une Europe unie! S’ils ont été capable de le faire, pourquoi pas nous?

 

     Ce film, malgré le sujet, offre aussi une pointe d’humour et de légèreté. On rit à plusieurs occasions, comme lorsqu’autour d’une table il y en a un qui dit avoir trouvé la solution pour la paix : on passe une loi et tous les palestiniens et tous les israéliens doivent acheter leurs cigarettes chez l’autre. Je ne donne pas plus qu’une journée et on signe la paix!  

 

Pour une militante juive de la paix qui va dans les colonies de la bande de Gaza, leur discours – Dieu nous a donné cette terre – sonne comme l’Apartheid de l’Afrique du Sud. Elle réagit d’ailleurs fortement – et avec raison selon moi – à cela.

 

     Un excellent film qui montre que s’il y a conflit, il y a aussi des gens de bonne volonté qui établissent un dialogue avec l’autre. Ils sont peut être minoritaires, mais l’espoir est là.

 

 

 

Note :

 

1. Sémite : http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9mite

 

Hyperliens :

 

www.justvision.org

 

www.encounterpoint.org

 

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Dormente (Cross-Tie)

 

De Joel Pizzini

 

Brésil; 2005; 35mm; 15 min; portugais s.-t.a.

 

Description: S’il est vrai que le rôle du poète est de traquer la beauté dans l’instant fugitif, Joel Pizzini en est un. À partir d’images de trains de banlieue de Rio, de voies ferrées nocturnes, de rails démultipliés, de poteaux électriques fantomatiques, d’effets d’ombre et de lumière, le cinéaste brésilien a signé une ode à la nuit et au mouvement. Intimiste et évocateur, ce court métrage expérimental propose une délicate réflexion sur la mémoire et la répétition. De celle qui surgit quand on a le front appuyé sur la vitre d’un métro de banlieue, lorsque la pensée et le regard s’égarent… Le poète nous dit que la beauté est partout et qu’il nous faut regarder. Dormente nous indique la voie.

 

Commentaires de Michel Handfield (13 novembre 2006)

 

Court métrage où l’on voit ce que l’on ne s’attend pas et où l’on ne s’attend pas à ce que l’on voit, car il s’agit de prises de vue avec des angles inhabituels… Le train comme vous ne l’avez jamais vu!

 

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Diario argentino (Journal argentin)

 

De Lupe Pérez Garcia

 

Espagne; 2005; Betacam Num; 79 min; espagnol s.-t.f.

 

Description: «Depuis toute petite, je confonds la gauche et la droite», confie la cinéaste. Avec cette boutade qui fait référence autant à sa dyslexie qu’à sa vision de la politique argentine, Lupe Pérez Garcia marie la grande et la petite histoire et signe un film surprenant, à la frontière de la fiction pure et du documentaire d’auteur. Partie vivre à Barcelone, elle revient en Argentine pour faire le point. Un point tournant où elle doit décider si elle revient vivre ou non dans son pays natal. Au cours de retrouvailles émotives et enflammées avec sa mère et son beau-père, la cinéaste tente d’y voir clair et, en même temps, brouille les cartes en jouant sur la nature même — mise en scène ou non? — de ce qu’elle nous montre.

 

Commentaires de Michel Handfield (13 novembre 2006)

 

Un documentaire qui fait sourire et même rire, car la documentariste se met elle-même en scène. Elle confond sa main droite et gauche depuis son enfance et cherche pourquoi. C’est une occasion pour elle de revenir sur son enfance qui se superpose à l’histoire de l’Argentine, marquée par l’extrême gauche et l’extrême droite (Perón), mais confusément semblable dans la violence et la corruption du pouvoir parfois. De quoi ne plus savoir quelle est la gauche ou la droite!

 

     Des bouts d’archives supportent le propos et, ce qui est fort intéressant, l’on voit même qu’après coup l’on justifie toujours nos choix politiques : ils étaient rationnels au moment de voter, mais ce sont les Hommes politiques qui ont déçu en détournant le pouvoir une fois qu’ils l’ont eu entre les mains. De service à la collectivité, il est devenu à leur service. Ils ne servaient pas l’État, mais s’en servaient.

 

     C’est l’occasion de discussions avec sa mère, qui est toujours une mère, car elle s’inquiète d’elle comme si elle était encore toute petite : je ne sais pas ce qu’elle mange là bas alors qu’elle a 33 ans, vit à Barcelone et a deux enfants! On voit bien qu’elles ont des points de vue différents sur la politique et que la fille veut comprendre les choix de sa mère. Mais elle se heurte à un refus d’explication. On le sent comme ça même si après on peut se dire que sur ce coup là on s’est trompé…

 

Ce film pose un regard sur l’Argentine des 30 dernières années, soit à partir du retour de Perón en 1973 à l’Argentine d’aujourd’hui; qui passe par une dictature (1976-1983) avant le retour à la démocratie suite à la guerre des Malouines avec l’Angleterre. (1) Un éclairage intéressant sur un pays – et une région - que l’on oublie, car il n’est plus dans l’actualité. Mais il y a un temps où l’Amérique latine était dans l’actualité aussi souvent que l’Irak ou l’Afghanistan le sont aujourd’hui. Effet de la mondialisation : avec le déplacement des activités économiques se déplace aussi l’intérêt politico-stratégique et médiatique vers d’autres coins du monde, actuellement les pays producteurs de pétrole.     

 

Un détail m’a particulièrement fait sourie : son amie Adriana, elle, a toujours fait la distinction entre sa main gauche et sa main droite. Ça doit être pour ça qu’elle est sociologue! Justement, je suis sociologue et gaucher! Il y a des discussions et des préoccupations qui nous ressemblent!

 

Note :

 

1. Argentine, in Microsoft Encarta 2006.

 

Hyperliens :

 

Argentine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Argentine

 

Juan Perón : http://fr.wikipedia.org/wiki/Juan_Per%C3%B3n

 

 

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LITTLE CHILDREN / LES ENFANTS DE CHŒUR

www.littlechildrenmovie.com


Festival International du film de Toronto
Réalisation : Todd Field
Distribution: Kate Winslet, Jennifer Connolly, Patrick Wilson



D'après le roman à succès de Tom Perrotta, l'histoire raconte la vie de couples mariés et frustrés, qui réalisent à quel point leur vie rangée, prévisible et aseptisée est ennuyeuse.  Lorsqu'un satyre emménage dans le quartier, les problèmes ne tardent pas à apparaitre.  Une affaire de pornographe sur internet éclate et peu à peu chacun découvre un monde qu'il n'aurait jamais soupçonné...

Commentaires de Michel Handfield (18 novembre 2006)

 

Observation d’un milieu conservateur où une vie planifiée est une bonne vie.

 

Sauf que, même les milieux de vie les plus fermés sont appelés à voir des gens un peu différents venir s’installer chez eux et remettre en question leurs choix, leur vision du monde et même leur vie par leur présence. C’est ainsi que voir un père venir tous les jours au parc avec son fils dérange les mères de famille qui s’en sont accaparés. Qui est-il? Pourquoi ne travaille-t-il pas? Cela éveille  crainte et désirs, car ces femmes ne vivent que pour leur mari et l’enfant roi. Leurs désirs sont refoulés, mais toujours présents. La discussion qu’elles auront autour de Madame Bovary vaut la peine d’être vue à ce sujet.   

 

Quant au pédophile qui habite dans le voisinage - chez sa mère – il soulève des craintes qui leurs donnent peut être l’impression d’exister pour protéger leur milieu de vie…

 

La vie coupée en tranches. On pénètre tranquillement leur intérieur, allant vers ce qu’ils ont refoulés depuis leurs rêves d’adolescence, car la vie ne se déroule jamais tout à fait comme on l’avait prévu. Sous les apparences, notamment de perfection, que retrouve-ton? Des événements qui les ont brisés?

 

Des événements peuvent aussi leurs redonner un regain de vie, car dans cette pièce de théâtre que l’on joue tous, un regard ou un mot peut faire ressortir notre vraie nature;  nos désirs inassouvies et ensevelies qui n’attendaient que ça! Des destins croisés

 

“If you can’t change the past, you can do the future”, à quoi je pourrais ajouter “but the destiny can change it too.”

 

Un film qui se regarde bien. Qui a un angle  ethnométhodologique et dramatique, avec un côté parfois  caricatural. J’ai apprécié, car la fiction et le réalisme s’y rejoignent au point qu’à certains moments on est sur la ligne entre les deux. Pure fabulation ou plausible? A d’autres instants je sentais bien l’ironie et la caricature.

 

Je me demandais parfois si cette communauté vit aujourd’hui ou si elle s’est arrêtée aux années 50. Mais si c’était la vie de la majorité religieuse, chrétienne et conservatrice de notre voisin du Sud? Si c’était nous, avec notre mode de vie et le rejet du religieux, qui étaient  l’exception? Si la remontée du religieux nous ramenait là? Hiiiii… j’ai eu comme un frisson.

 

Excellent divertissement, mais à regarder avec lucidité, car ce film pose un regard à la fois raisonné et caricatural des milieux conservateurs états-uniens. Mais, qu’en est-il des nôtres? Devenons-nous conservateurs? 

 

Bref, un bon divertissement, qui n’est surtout pas ennuyant. Si l’on peut le voir uniquement pour le plaisir, l’on peut aussi le regarder sous un angle plus psychologique, anthropologique ou sociologique.

 

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Je vous trouve très beau

www.christalfilms.com

 

Sortie : 10 novembre à Montréal, Québec, Sherbrooke, Chicoutimi et Gatineau.

 

Un film d’Isabelle Mergault avec Michel Blanc et Medeea Marinescu.

 

Aymé vient de perdre sa femme. Ce n’est pas le chagrin qui le submerge, mais le travail : tout seul il ne peut pas s’en sortir. Il doit impérativement trouver une autre femme, mais dans son village, la chose n’est pas facile. Il décide alors de faire appel à une agence matrimoniale. Comprenant que sa recherche n’est pas affective, mais utilitaire, la directrice de l’agence l’envoie en Roumanie, où de nombreuses filles sont prêtes à tout pour quitter la misère dans laquelle elles vivent. Aymé ne le sait pas, mais sa rencontre avec Elena va changer sa vie…

 

Commentaires de Michel Handfield (5 novembre 2006, mis en ligne le 10)

 

      La vie bucolique, mais le bonheur est dans les « soaps » états-uniens pour sa femme, car il ne la voit plus vraiment. Et la romance, il ne connaît pas. Alors quand il perd sa femme par un bête accident de ferme, il est désespéré par le travail que cela lui laisse. A peine plus d’une semaine et il consulte une agence de rencontre pour se trouver une « bosseuse » de remplacement!

     

      Cela donne droit à de l’humour, mais aussi de l’émotion, car ce n’est pas par machisme qu’il est ainsi. C’est par culture en quelque sorte : il ne connaît pas autre chose. Le travail de ferme est un travail d’équipe. Ça se fait à deux. C’était probablement le cas de ses parents, de ses grands-parents, de ses arrières grands-parents et ainsi de suite…

         

      La romance, ne connaît pas! Et il n’est pas des plus sociables. La directrice de l’agence l’amènera donc en Roumanie, « où les filles sont prêtes à tout pour sortir de leur pays. » Découverte pour lui, mais ce n’est qu’un début. 

     

      Son plus grand choc sera face à lui-même quand il reviendra et fera passer la demoiselle pour une nièce lointaine. Une nièce belle et jeune, ça attire et « quand tu es la femme de personne, c’est comme si tu étais la femme de tout le monde! » Il découvrira donc peu à peu un côté de lui qu’il ne se connaissait pas!

 

      Touchant! (Je l’ai noté plus d’une fois dans mon Palm.)De belles prises de vue, avec un Michel Blanc qui campe très bien ce rôle de bourru qui se découvre peu à peu… différent!

 

***

 

      Un détail sociopolitique pour terminer. Si la France a voté contre le projet de traité constitutionnel européen en mai 2005 (1), certains films français prennent pourtant un tournant plus européen depuis quelques années. Ils nous montrent un changement, que ce soit l’absence de frontières physique ou la présence de relations humaines de plus en plus européanisées, qu’elles soient professionnelles, personnelles ou même sentimentales! (2)

 

On va aux confins de l’Europe (3), dans les pays de l’Est (4), au Maghreb (5) ou au Moyen-Orient! (6) Le cinéma français sort. Il est tolérant et accueillant à ce que l’autre peut lui apporter plutôt que conflictuel (eux contre nous) ou hégémonique (on vous apporte le salut, la paix, la démocratie, etc.) comme on le voit dans un certain cinéma états-unien! Ce n’est peut-être pas un hasard, puisqu’au moment où les frontières sont de plus en plus ouvertes et fluides en Europe, les États-Unis renforcent de plus en plus les leurs, allant jusqu’à construire un mur sur leur frontière avec le Mexique. À quand un mur avec le Canada?

 

Alors que le Monde s’ouvre, les États-Unis se sentent menacés et se renferment comme une huître. S’ils se sentent si menacés, c’est peut-être qu’ils ne peuvent pas lire le Monde, repliés sur eux-mêmes. Pourtant, ils veulent toujours imposer leurs règles du jeu (économiques et politiques) à la communauté internationale, comme la mondialisation et leur interventionnisme militaire. Paradoxalement, ils sont aussi de plus en plus fermés aux revendications et à la libre circulation citoyenne en Amérique. Une coupure de plus en plus profonde est donc en train de se faire entre eux et le Monde, au point que dans un documentaire français tourné aux États-Unis, l’un des leurs remarque à juste titre que« bientôt nous aurons 6 milliards d’ennemis pour un peu de pétrole et on ne comprendra pas pourquoi!» (7)Le cinéma nous fait réaliser cette coupure culturelle de plus en plus profonde entre l’Europe et les États-Unis. On devrait en tenir compte, surtout ici au Canada.

 

Pourtant, ils imposent leur culture à travers la planète, par leurs soaps et leurs films, car ils ont la machine (marketing) pour le faire. Mais on dirait qu’à trop l’imposer cela a l’effet contraire à celui recherché. (8) Cela devient même une raison de ne pas les aimer, car ils sont de plus en plus perçus comme un empire hégémonique à combattre. Du grand frère qui tend la main, leur statut est devenu celui du grand frère qui tord le bras. Ils doivent se refaire une image, car on a besoin des États-Unis, mais pas de ce qu’ils sont en train de devenir.           

 

Si à l’extérieur la France se donne une image de plus en plus ouverte, à l’intérieur il y a cependant un bout de chemin à faire. Pensons à la révolte des cités de l’an dernier. Par contre, certains films, comme « La petite Jérusalem » (9), font ce travail, mêlant  l’interculturel, la culture d’accueil (France) et le désir d’un retour à la « patrie » dans une même famille. La sensibilité cinématographique française est à l’ouverture. Elle est aussi au retour historique pour tourner la page sur les plaies du passé. (10) La France veut reconstruire des ponts avec les autres, dont leurs anciennes colonies. Si ça ne se voit pas encore clairement au niveau sociopolitique, l’imaginaire cinématographique le perçoit très bien. À suivre…   

 

Notes :

 

1. www.vie-publique.fr, voir

 www.vie-publique.fr/actualite/alaune/referendum-france-dit-non-au-traite-europeen.html  

 

2. « Le grand voyage » (Societas Criticus, Vol.7 no.2); « Aime ton père » (Ibid, Vol 6, no 1); ou « Les poupées russes » (Ibid, Vol 7 no 4) en sont quelques exemples.   

 

3. « Le Voyage en Arménie » de Robert Guédiguian (Ibid, Vol 8, no 4), dont la sortie prévue est en décembre (2006).

 

4. « Depuis qu’Otar est parti »  (Ibid, Vol. 6, no 2)

 

5. « Barakat! » (Ibid., Vol. 8, no. 5)

 

6. « La fiancée syrienne » (Ibid., Vol. 7, no. 2)

 

7. « On air », (Ibid., Vol. 8 no 6)

 

8. L’effet de contre productivité décrit par Ivan Illcih dans Némésis médicale, 1975, Paris: Seuil, coll. point.

 

9. « La petite Jérusalem » (Ibid., Vol. 7, no 4)

 

10. « Barakat! » (Ibid.), « Caché » (Ibid., Vol. 7, no 5/8 no 1) et « Nuit noire, 17 octobre 1961 » (Vol. 8 no 5)

 

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PERSONA NON GRATA

 

Un film d’Oliver Stone

 

Avec Yasser Arafat, Ehud Barak, Benjamin Netanyahu, Shimon Peres, Oliver Stone, Jasan Yosef

Durée : 67 minutes

 

Israël et la Palestine sont en guerre. La diplomatie est dans l'impasse. La violence s'intensifie. Oliver Stone, accompagné d'une petite équipe, pénètre au cœur du conflit, explorant les rues où la population essaie de vivre normalement, et rencontrant les leaders des deux camps qui décident de leur sort.

 

Commentaires de Michel Handfield (10 novembre 2006)

 

     Ce film, nous apprend IMDB, date de 2003 et fut tourné pour la télé. Mais cela n’enlève en rien son intérêt, car en trois ans la situation n’a pas tellement changé dans cette région du monde qui connaît des conflits depuis des millénaires.

 

***

 

Après l’échec du second Camp David en 2000, entre Yasser Arafat et Ehud Barak, la tension monte entre Israël et la Palestine sur le terrain. Oliver Stone décide de plonger au cœur des tensions pour comprendre.

 

On s’aperçoit rapidement que ce conflit est émotionnel alors que les négociations de paix doivent être rationnelles, ce qui ne peut que causer des blocages et des affrontements. De plus, comme le Pouvoir des leaders des deux côtés est lié à ce conflit, peut-on vraiment compter sur eux pour le résoudre?

 

C’est donc l’histoire de populations tenues en otage par la politique, la religion et l’idéologie, ce qui est bien triste à voir! Les uns se sentent menacés (Israéliens) par les autres (Palestiniens) qui se sentent spoliés par Israël à leur tour! Comme ils n’ont plus rien à perdre, car ils n’ont rien (même leur droit de circuler est limité), ils prennent les moyens du désespoir pour attirer l’attention sur leur cause : l’attentat suicide. En territoire palestinien on voit d’ailleurs des posters de kamikazes qui se sont fait exploser tout comme si c’étaient des vedettes de rock! Triste réalité qui montre tout le désespoir de cette population.

 

Pendant ce temps les leaders sont enfermés dans un dialogue de sourds sur la base de principes immuables;  comme la question du partage de Jérusalem, au cœur des trois grandes religions que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam! Il y a aussi la question  des frontières d’Israël. Comme l’a remarqué un des commentateurs Israéliens : Israël sait le prix de la paix, alors on remet ça à plus tard. Car après coup, une fois retirés de la vie politique, les politiciens israéliens n’ont pas peur de revenir sur ce qu’ils considèrent des erreurs (stratégiques) du passé. Mais en poste, seuls le discours idéologique ou la langue de bois sont de mise.

 

     D’ailleurs, du côté palestinien des choses, Oliver Stone n’a jamais pu rencontrer Yasser Arafat, car il ne pouvait probablement pas parler ouvertement, pris dans un carcan idéologique qu’une discussion à bâton rompu aurait pu faire dévier sur des vérités; sur le vrai discours de l’homme. Comme il se devait de respecter le discours qu’on attend de lui, il a probablement tout fait pour rendre cette rencontre impossible. C’est du moins mon interprétation, car Oliver Stone lui aurait certainement posé des questions embarrassantes sur son double discours, le film montrant qu’il ne dit pas toujours la même chose lorsqu’il parle en arabe, à son peuple et ses alliés, et en anglais, à la communauté internationale.

 

     À défaut d’avoir rencontré Arafat, Oliver Stone a rencontré des membres du Fatah : des terroristes pour la constitution d’un État démocratique et laïc - par opposition au Hamas islamique. C’est fort instructif comme rencontre, car on apprend qu’ils ont déjà acheté 60 M-16 et 5 millions de cartouches d’un garde de Sharon. Avec l’argent, tout s’achète! Avoir les moyens on pourrait même se procurer un char d’assaut!

 

L’histoire est écrite à l’encre rouge des tueries. L’enseignement de l’histoire tel qu’on le connaît est d’abord et avant tout l’enseignement des conflits et des guerres, non des périodes de coopération et de paix entre les peuples dira en substance une des personnes rencontrées par Stone. On se remémore donc les conflits et après l’on est surpris de ne pouvoir faire la paix…

 

Il y a là une certaine contradiction sur laquelle méditer. Comme je l’ai écrit à quelques reprises, la paix vient d’abord de l’investissement social et éducatif que l’on fait. Mais elle vient peut être autant du contenu que l’on enseigne que de comment on le fait. Si le contenu est axé sur les conflits, il n’est peut-être pas surprenant que l’on reproduise sans cesse des belligérants. Mais il ne faut pas non plus occulter le passé. Le défi est de trouver le bon dosage entre les deux. Sauf que l’enseignement de l’histoire est souvent coloré par des choix politiques, car l’histoire est politique.

 

Hyperliens :

 

Sommet de Camp David II : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sommet_de_Camp_David_II

 

Fatah: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fatah

 

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