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Societas Criticus

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www.societascriticus.com 

 

Vol.  9 no. 1

 

Cette revue est éditée à compte d'auteurs.

 

 

Pour nous rejoindre:

di_societas@hotmail.com

 

Societas Criticus

C.P. 182, Succ. St-Michel

Montréal (Québec) Canada H2A 3L9

 

Les co-éditeurs:

 

Michel Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser autrement!

Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien

 

Soumission de texte:

Les envoyer par courriel. Si votre texte est en fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich text format) sans notes automatiques.

 

Index de ce numéro :

 

 

Édito 

 

Question de principes!  

I want U.S. right to vote for us! [Je demande le droit de vote américain!]

 

Essais

 

Le paradigme de la grenouille : L’Illusion tranquille

(Texte autour du Film L’Illusion tranquille, de Denis Julien et Joanne Marcotte)

 

Le Journal/Fil de presse

 

Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

 L’État du monde sur CD-ROM : la référence!

L'Affaire Silicose par deux fondateurs de Relations

 

Livres jeunesse

 

L’empire perdu.  La conquête du Trône.

 

Nouveaux livres reçus

 

Spectacles/Arts/Musiques

 

SOLO d’Angèle Dubeau

Les Rendez-vous du cinéma québécois 2007  

Sur le Gala des Jutra 2007.

De quelle chapelle est-on?

 

Cinéma et Théâtre

 

LA DIGNITÉ DU PEUPLE

LA VIE DES AUTRES

Cœur d’Alain Resnais

DON JUAN AU TNM : TOUTE UNE HISTOIRE! (Théâtre)

Mount Pleasant

Les Filles du botaniste

DRIVING LESSONS

Venus

Le paradigme de la grenouille : L’Illusion tranquille

(Texte autour du Film L’Illusion tranquille, de Denis Julien et Joanne Marcotte)

ARTHUR ET LES MINIMOYS

LA MALÉDICTION DES FLEURS DORÉES

MISS POTTER

Happily N’Ever After / Au royaume désenchanté

ANGEL-A

Le Cou de la girafe

Marie-Antoinette

 

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Index

 

Nos éditos!

 

Question de principes! 

Michel Handfield

 

29 janvier 2007

 

Il y a quelques jours j’étais choqué, chose rare chez moi. J’ai un lecteur MP3 et ça fait 2 fois qu’il fait défaut. La première fois que j’ai voulu le retourner où je l’avais acheté (une grande chaine), on ne voulait pas le reprendre disant que c’était de ma faute. L’écran à cristaux liquides était brisé sous la vitre de protection alors que celle-ci n’était même pas égratignée! Comme j’étais le second au comptoir de retour de cette chaîne pour un lecteur MP3, je ne me suis pas obstiné et j’ai contacté le fabricant. (1)

 

J’ai donc reçu un nouvel appareil… qui n’a fonctionné qu’une vingtaine de jours avant d’avoir le même problème : mon écran à cristaux liquides a encore éclaté sous le verre protecteur. Le fabricant m’a donc suggéré de voir le détaillant d’abord et, comme seconde option, de lui retourner l’appareil s’il ne le reprenait pas; le tout après avoir reçu description du problème avec photos à l’appui.

 

J’ai donc appelé le magasin où je l’ai acheté, et,  après avoir spécifié que la première fois on avait refusé de reprendre l’appareil au comptoir de service, on m’a répondu que cette fois ci je pouvais y aller en toute  confiance puisque j’avais reçu un courriel de confirmation du fabriquant m’autorisant à le retourner. Une fois là,   j’ai cependant eu droit à un autre refus, sois disant que je l’ai brisé, lancé sur un mur, échappé par terre, sauté dessus ou je ne sais quoi encore! Mais, encore une fois, l’écran de cristaux liquides est brisé sous le verre protecteur alors que mon écran n’est même pas marqué. C’est comme si on refusait de réparer votre montre ou de la changer sous prétexte que vous l’avez brisé sous le verre,  mais sans briser ce dernier! Totalement illogique.

 

En fait, même si le verre était égratigné, n’est-il pas là pour protéger ce qui est derrière? Si le verre protecteur ne protège pas, il y a problème. D’ailleurs cet appareil est toujours dans mon sac banane (à la taille) avec mon cellulaire et mon Palm, beaucoup plus anciens! Je me suis donc obstiné dur comme fer. Comment puis-je briser quelque chose sans même égratigner l’écran qui le protège? Par magie? Je suis membre des sceptiques! Je parlais fort, car le responsable semblait dur d’oreille : il ne comprenait pas que je ne peux pas briser ce qui est situé derrière un verre protecteur sans briser ce dernier. Les cristaux liquides gèlent pour craquer derrière l’écran ou il y a un défaut de conception, mais ce n’est pas normal. Si je prends ton « tape gun » (il était sur le comptoir) et que j’en donne un coup dans ton écran d’ordi ou sur tes lunettes, l’écran de l’ordi ou tes verres vont se  briser. C’est en dessous de l’écran de mon lecteur que c’est brisé alors je ne peux pas avoir donné de coups, l’avoir cogné assez fort pour le briser. C’est une preuve logique pour moi. Rien n’y fit. De son point de vue, je pouvais l’avoir brisé en le touchant tout simplement, même en le prenant!!! Alors pourquoi vendre  des appareils qu’on ne peut toucher et encore moins prendre? Après une demi-heure de discussion assez forte, j’ai donc quitté, non de guerre lasse, mais parce que la seule solution qu’il me restait aurait été de porter plainte aux crimes économiques, à l’Office de protection des consommateurs ou à la cour des petites créances, car en quelque sorte j’ai payé pour une valeur d’usage que je n’aie pas reçue. Cependant, il me restait toujours l’option de le retourner au fabricant, ce que je fis. 

 

J’exagère peut être quand je dis les crimes économiques, mais je suis cependant privé de l’usage d’un appareil que j’ai payé près de 100 $ pour écouter la radio et mes émissions d’informations en baladodiffusion et dont je ne jouie pas à sa juste valeur, car il brise sous la brise! Mon petit Sony à 20$ fait pourtant la « job »! Bref, j’ai l’impression d’avoir été floué, ayant donné une valeur d’échange, de l’argent, contre une valeur d’usage dont je ne profite pas. Cet appareil ne me donne pas l’usage que j’en « entend » pour le prix.

 

Par la suite, j’ai été dans une autre chaîne qui tient le même type d’appareil pour satisfaire ma curiosité. Eux non plus ne l’auraient pas repris, soit disant que je l’aurai brisé. Après explication, car là il n’y avait pas cette relation entre moi qui me sentait floué et le vendeur qui refusait de me  donner le service auquel je m’attendais de sa part, j’ai compris que le problème en est un de conception. L’écran est un mica finalement; non pas un plastique solide comme sur une radio portative, une montre, une calculatrice ou un cellulaire. Simplement toucher trop fort l’écran en le prenant, qu’il soit serré par la ceinture de sécurité en voiture ou que quelqu’un vous accroche en transport en commun peut le déformer et briser les cristaux liquides derrière. C’est fragile, trop peut être. Même si la pub vise davantage les gens actifs que cloués au lit, ils seraient peut être plus appropriés à ces derniers! Alors, attention si vous achetez ce type d’appareils.

 

Je vais donc en être à mon troisième appareil, si j’en reçois un nouveau. Pour avoir voulu sauver quelques sous sur un plastique protecteur plus rigide, combiens de clients insatisfaits? Et, à quel coût environnemental, si on calcule les allers-retours des appareils défectueux et de remplacement? Ces lecteurs sont-ils recyclés ou mis aux vidanges? En citoyen responsable, cela m’interpelle.

 

Pour être honnête, je dois cependant souligner que par le passé j’ai toujours reçu un bon service chez ces marchands. Je me demande donc si le cas des lecteurs MP3 n’est pas une exception. Trop fragile, les marchands préfèrent peut être ne pas les reprendre. C’est une hypothèse que je soumets, car plusieurs personnes à qui j’en ai parlé n’en sont pas à leur premier appareil peu importe la marque. Cela m’apparaît symptomatique d’un problème, plus que le hasard. Magasinez donc bien l’achat de votre MP3 et, surtout, demandez s’ils ont beaucoup de retours acceptés… et refusés! Mieux vaut être averti.  

 

Note :

 

1. Le client qui me précédait avait une égratignure sur la vitre de son appareil et c’est le prétexte qu’on lui a donné pour ne pas le reprendre même s’il ne fonctionnait plus et qu’il avait une garantie prolongée payé presque le  même coût que l’appareil! Ce n’était pas trop difficile à comprendre, car, insatisfait, il parlait fort!

 

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I want U.S. right to vote for us!

[Je demande le droit de vote américain!]

(An English translation follows)

Michel Handfield

 

18 janvier 2007

 

« Ainsi, tout citoyen canadien possédant une deuxième nationalité iranienne, irakienne, cubaine, soudanaise, nord-coréenne ou du Myanmar est limité dans son choix de comptes à la Banque Royale. Celle-ci dit agir en conformité avec des exigences américaines. » (1)

 

« À Mirabel, 24 employés qui possèdent une double nationalité et qui travaillent à la production d'hélicoptères destinés à l'armée américaine chez Bell Helicopter seront réaffectés au sein de la compagnie. L'entreprise se soumet ainsi à une exigence américaine. » (2)

 

« General Dynamics, la multinationale qui vient d'acheter SNC Technologie, demande que les camionneurs chargés de transporter leurs produits militaires soient de nationalité américaine. » (3)

 

Et maintenant on apprend que « Le développement accéléré des sables bitumineux de l'Alberta aurait un lien direct avec les besoins pressants des Américains en pétrole. » (4)

 

     Quatre nouvelles des derniers jours qui montrent que la politique états-unienne s’applique au Canada. Comment pouvons-nous intervenir comme citoyen?

 

En pratique, comme citoyen d’un espace démocratique j’ai des lois à respecter, mais aussi des droits, dont celui de voter. Un pays étranger ne peut imposer sa loi sur mon territoire. La France, par exemple, ne peut imposer ses lois à l’Allemagne ou aux USA. Si l’Europe peut imposer ses lois aux pays de la communauté européenne par contre, c’est qu’en contrepartie les citoyens ont un droit de vote européen. L’un ne va pas sans l’autre. Alors, si une loi états-unienne s’applique ici au nom d’une certaine intégration continentale ou de la sécurité, je dois avoir des droits correspondants, dont celui de voter pour la  présidence américaine puisqu’elle me touche directement dans ma citoyenneté et ma souveraineté. L’un ne va pas sans l’autre dans le contrat social démocratique entre l’État et les citoyens!

 

Je réclame donc haut et fort ce droit de vote pour la prochaine présidentielle américaine puisque votre politique s’applique maintenant au Canada. Naturellement seront exclus de ce droit ce qui ne concerne que votre territoire, comme l’élection des sénateurs, des juges ou les référendums locaux par exemple. Quand on se dit le gardien de la démocratie mondiale, on se doit d’être à la hauteur des ambitions que l’on met de l’avant. Si on n’est pas capable de le faire, on se tait!  

 

I want U.S. right to vote for us!

 (English version)

 

”So, every Canadian citizen possessing the second Iranian, Iraqi, Cuban, Sudanese, North Korean nationality or of Myanmar is limited in his choice of accounts to the Royal Bank. This one tells to act in accordance with American requirements." (1)

 

“At Mirabel, 24 employees who possess a double nationality and who work on the production of helicopters intended for the American army at Bell Helicopter will be reinstated within the company. The company so submits itself to an American requirement." (2)

 

"General Dynamics, the multinational which has just bought TECHNOLOGY GENERAL PARTNERSHIP, demand that the carriers asked to transport their military products are of American nationality." (3)

 

And now we learn that "the development accelerated by some bituminous sands of the Alberta would have a direct link with the pressing needs of the Americans in petroleum." (4)

 

Four news of the last week which show us that the policy of United-States is applied here. How can we intervene as citizen? 

 

In practice, as citizen of a democratic nation I have laws to respect, but also rights, of which that to vote. A foreign country can’t impose its law on my territory. France, for example, cannot impose its law in Germany or in the USA. If Europe can impose its law on the countries of the European community on the other hand, it’s because in return the citizens have a European right to vote. L’un ne va pas sans l’autre as we say in French. Then, if an American law applies in Canada in the name of continental integration or security, I want the correspondent right: that to vote for the American presidency because it touches me in my citizenship and my sovereignty. It’s the basis of democratic social contract between state and citizens! You act as continental state; you give us the right to vote at your presidency.

 

I demand clearly this right to vote for the next American presidential elections because your policy applies in Canada. Naturally will be excluded from this right what concerns only your territory, as the election of the senators, the judges or the local referendums for example. When we say to ourselves we are the guard of the world democracy, we owe be as high as the ambitions which we put of the front. If we are not capable of making it, we keep silent!  

 

Notes:

 

1. Banque Royale du Canada, Des restrictions discriminatoires, in Radio-Canada, Nouvelles/National,  mardi 16 janvier 2007 à 14 h 28 :

www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/01/15/003-royale-discrimination-usa.shtml)

 

2. Bell Helicopter. À l'encontre de la Charte, in Radio-Canada, Nouvelles/National, jeudi 11 janvier 2007 à 23 h 15 : 

www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/01/11/002-bell-vs-charte.shtml)

 

3. Denis Lessard, TRANSPORT D'ÉQUIPEMENT MILITAIRE. General Dynamics privilégie les camionneurs américains, in La Presse, mardi 16 janvier 2007 : www.cyberpresse.ca/article/20070116/CPACTUALITES/701160617/1019/CPACTUALITES

 

4. Sables bitumineux. Extraire plus pour les Etats-Unis, in Radio-Canada, Nouvelles/National, mercredi 17 janvier 2007 à 19 h 21 : www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/01/17/003-Sable-Bitumineux-Can.shtml

 

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Index
 
Essais
 

Le paradigme de la grenouille : L’Illusion tranquille (1)

(Texte autour du Film L’Illusion tranquille,

de Denis Julien et Joanne Marcotte)

Commentaires de Michel Handfield

 

12 janvier 2007

 

Le système craque de partout. Sur ce, tant la gauche que la droite s’entendent. Mais, à la question « qu’est-ce qu’on fait? », la réponse est beaucoup moins claire et surtout pas unanime! Chaque groupe a ses réponses qui ménagent ses vaches sacrées. Pour les uns le salut passe par l’État, pour les autres par la libre entreprise!   

 

Du point de vue de ce film, l’illusion tranquille (www.lillusiontranquille.com), la gauche, l’alliance syndicale étatique, prend beaucoup de place dans les médias. Elle sait se faire voir dans l’espace public; faire valoir ses opinions par des campagnes de publicité et de relations publiques bien orchestrées; par des manifestations et des grèves. Elle a su développer des alliances avec les organismes de la société civile et le réseau communautaire qui la servent bien. Nous nous retrouvons ainsi face à une opinion publique « manipulée »  par ce discours de la gauche bien pensante. Pour comprendre, il faut donner la parole à l’autre côté. C’est ce que fait ce film en questionnant la droite. (2) On assiste ici à une critique de « droite » du modèle québécois.   

 

Du point de vue du diagnostic posé et de la critique du modèle québécois, ce film est assez intéressant, car même pour ceux qui défendent ce modèle, force est d’admettre qu’il n’est pas toujours à la hauteur. N’oublions pas qu’il a près de 50 ans (1960) et que le monde a changé depuis. Sauf qu’il est devenu une icône et on ne touche pas facilement aux icônes. On utilise d’ailleurs le modèle québécois pour bloquer tous changements, ce qui est paradoxal, car ce modèle en était un de changement pour amener le Québec au niveau des autres. La gauche, qui était derrière cette révolution, est maintenant devenue la gardienne du dogme et de l’orthodoxie. Un comportement de droite (conservateur) selon certains standards.  Ce n’est cependant pas surprenant, car ce qui est de gauche aujourd’hui fut parfois de droite hier et vice versa, car la frontière fut souvent mouvante entre les deux. (3)  

 

Cependant, même si on nous présente le changement comme une panacée universelle et un incontournable, tel n’est pas toujours  le cas. Le changement n’est pas toujours bon, ni une avancée. Il constitue parfois un recul. Il faut savoir conserver un œil critique.

 

Si le diagnostic est parfois valable dans ce film, les solutions sont davantage discutables. Mais, cette remarque s’appliquerait tout aussi bien à une vision de gauche. Trop souvent on ne prend plus la peine de discuter les choses en profondeur: il faut un consensus rapide autour d’une idée ficelée d’avance et présentée clef en main comme un incontournable à prendre ou à laisser. Si on refuse, on écarte le tout. Pourtant, des nuances sont à explorer, ce  qui peut faire que même si un projet n’est pas retenu, des balises seront établies pour savoir ce que l’on veut ou non.     

 

Par contre, je suis d’accord avec eux pour dire que la question nationale couvre les autres débats au Québec et nous empêche en partie d’évoluer même si on s’autoproclame les meilleurs (au monde!) avec notre sacro-saint modèle québécois!

 

En santé, par exemple, quel est notre modèle? Les urgences encombrées… et cela peu importe le gouvernement au pouvoir. En éducation? Nos universités périclitent faute d’investissements. À qui la faute? Au Fédéral bien entendu, sauf que les autres provinces, qui n’ont pas d’excuses nationalistes, ont trouvé des solutions sans s’autoproclamer « les meilleurs », les champions ou un se réclamer d’un « modèle » provincial quelconque! Pourtant, ils sont dans le même régime Fédéral que nous. Cependant, ils ont peut-être fait d’autres choix de gestion. On voit ainsi une part de nos scientifiques (4) et de nos médecins (5) aller gonfler  leurs rangs sans qu’on puisse les retenir, car ils offrent plus que nous. Pourquoi sont-ils capables de le faire dans le même régime fédéral? Moins de bureaucratie? Leur demande-t-on comment ils font? Et si c’était à cause des effets contre-productifs de notre soi-disant modèle québécois? On est peut-être mieux de ne pas leur poser la question. 

 

Et que dire de l’éducation. Leurs discussions sur le sujet sont intéressantes. Par exemple, sur le gel des frais de scolarité, ils soulignent que ce gel profite davantage aux classes supérieures qu’aux classes inférieures que cela devait pourtant aider. Leur solution : accroître les frais de scolarité et cibler l’aide aux étudiants dans le besoin, ce à quoi la gauche s’objecte en faisant descendre les étudiants dans la rue au nom de l’équité. Encore une fois, le diagnostic est bon, mais les solutions convenues. Pourquoi pas une nouvelle approche, comme un pourcentage du salaire versé à son alma mater pendant les 10 premières années de pratique au Québec par exemple – par contre, si vous quittez le Québec pour un emploi à l’étranger, vous acquittez la facture de vos études. Ainsi, un professionnel fortement rémunéré paierait davantage que celui qui fait moins de revenus en chiffres absolus, mais qui le remet autrement à la société, en œuvrant dans un milieu communautaire par exemple ou en faisant du bénévolat. Ce serait équitable pour les professions dont la valeur d’usage est supérieure à leur valeur d’échange : faible rémunération ou peu d’employabilité par exemple.

 

Autre diagnostic : la fiscalité met toujours le fardeau sur la classe moyenne alors qu’elle se réduit. Il faut donc créer de la richesse en cessant de mettre des bâtons dans les roues de nos entrepreneurs chantent certains en cœur. Avant de redistribuer la richesse, il faudrait la créer disent-ils! Mais, personne ne pose la question de savoir jusqu’où doit-on la créer?

 

Les nouvelles économiques font état de profits records  et de parachutes dorés pour les hauts dirigeants d’entreprises. Prenons le P.D.G. d’Home Depot, une entreprise qui fait aussi affaire ici : il quitte son poste avec une prime de 210 millions $ US. (6) Avant de parler d’une fiscalité d’entreprises, faut-il atteindre les primes de 500 millions de $ ou même d’un milliard? On doit atteindre quel niveau pour être confortable avec la redistribution? Et ne le sera-t-on jamais, car ces firmes n’ont pas de patrie?

 

D’un autre côté, les choses ne sont pas plus roses pour le gagne-petit, même s’il ne paie pas d’impôt. Mince consolation que de ne pas faire assez d’argent pour se sauver de l’impôt. Il est bien plus intéressant d’avoir assez de revenus pour se payer les services d’un fiscaliste ou pour bénéficier des paradis fiscaux à la place si vous voulez mon avis!

 

On a beau dire qu’il faut mettre les gens au travail ou favoriser la formation pour faire monter le revenu médian,  mais la réalité nous rattrape. L’employé est un coût à réduire. On investit d’ailleurs depuis longtemps pour le remplacer par des robots ou rationaliser les opérations. Couper du personnel pour accroître la productivité. (7) Quand on ne peut pas réduire les employés, on cherche à accroître leur flexibilité pour diminuer leur  coût de revient. Wal-Mart, par exemple, « risque de déstabiliser la vie de ses employés » avec un nouveau système d’horaire sur appel. L’employé doit être disponible en tout temps. Plus de vie privée, plus de temps à soi. Comment améliorer son sort, en s’inscrivant à des cours par exemple, avec ce système? (8)

 

De l’autre côté, il faut aider les entreprises. On subventionne leur modernisation même si elle est réductrice d’emplois. Sauf que subventionner la technologie qui remplace le travail ne donne pas de revenus de remplacement à l’État. Le robot n’est pas imposé; il est même déductible d’impôt! Et avec la mondialisation, la fiscalité d’entreprise est objet de compétition entre les États. Les rentrés sont donc appelés à se réduire, mais les charges sociales à s’accroître à moins que l’État ne trouve le moyen de réduire ses coûts, en coupant dans les services ou sa masse salariale, ou en les passant à d’autres, comme le communautaire et le bénévolat. Cela risque de grincer. Mais a-t-on vraiment des solutions? Réduire les salaires des employés de l’État? Imposer davantage les contribuables? Mettre des tickets modérateurs? Refaire la fiscalité d’entreprise?

 

Cette dernière solution pourrait apparaître la plus logique, sauf que nos entreprises peuvent facilement transférer leur production vers des pays émergents comme le Mexique, l’Inde et la Chine, ce qui accentuera davantage le problème. Couper les subventions? Cela aussi tombe sous le sens, mais les États se font une telle compétition pour attirer des investissements que cette solution n’aurait pas les succès escomptés, car l’État est victime de ses frontières alors que l’entreprise n’a d’autres obligations que le rendement. Il faut une discipline économique au niveau mondial, mais ce ne sera pas facile de s’entendre là-dessus et encore moins de la faire respecter. On doit sortir des réponses toutes faites que nous proposent tant la droite que la gauche, car elles sont réductrices et idéologiquement colorées. Pas grand-chose à attendre de ce côté.

 

Ce film nous donne droit à une longue entrevue avec Réjean Breton, spécialiste en droit du travail de l’Université Laval (9), que je ne connaissais pas. Encore là, et je pèse mes mots, car une recherche internet m’a permis de voir que ce monsieur est controversé, certaines de ses critiques sont justes – tout comme à gauche quoi – et intéressantes. C’est notamment le cas de celle sur  l’ancienneté versus la compétence, surtout lorsque certaines personnes ont obtenu leur poste davantage par qui ils connaissaient que par ce qu’ils connaissaient. Cependant, on ne doit pas généraliser non plus. Et même à droite, est-on prêt à accepter la créativité et à sortir des sentiers battus? Honnêtement, j’en doute. Eux aussi s’entourent de gens qui ne les remettront pas en cause; de courtisans. Car gauche ou droite, c’est un peu comme pile ou face. Ce n’est pas de remplacer la pièce de monnaie par autre chose, c’est juste de la changer de côté! 

 

M. Breton souligne qu’en éducation aussi on empêche la compétence d’entrer au nom de l’ancienneté. Cependant, je crois que l’on doit protéger une certaine forme d’expériences qui fait qu’il y a des profs qui en ont vu d’autres. Leur manque de motivation n’est peut-être pas dû à un manque de compétences, mais à une désillusion face à certaines réformes davantage idéologiques que fondées sur l’expérience par exemple. Mais, il faut aussi reconnaître qu’un certain corporatisme nuit en éducation. Par exemple, et malgré le discours, on a de la difficulté à faire entrer des gens d’autres formations qu’en éducation dans les écoles. Ce serait pourtant intéressant, car cela élargirait les modèles positifs pour les élèves. Les approches aussi.

 

Faisant cette revue à compte d’auteur, ayant un bac et une maîtrise en sociologie de l’Université de Montréal, je me suis même renseigné à plusieurs reprises pour savoir si je pouvais faire de la suppléance ou de l’enseignement du français au secondaire par exemple. Je n’ai pas le droit, car je n’ai pas étudié en « français », mais en sociologie. En littérature française, cela passerait peut-être. Mais, enseigne-t-on la littérature? Pas vraiment. Et si on le faisait, tous ne seraient pas nécessairement intéressés par elle.

 

On parle de compétences transversales à l’école, alors pourquoi pas une classe de français de secondaire IV ou V davantage orienté vers l’essai pour ceux qui n’aiment pas le roman par exemple? Moi-même, j’ai lu très peu de romans dans ma vie, mais des essais, j’en lis régulièrement. Suis-je un moindre lecteur pour ça? Avoir lu Histoire des idées de Laurent-Michel Vacher, La face cachée du pétrole d’Éric Laurent ou Le pouvoir mis à nu de Noam Chomsky est-il de moindre valeur que le dernier roman à la mode? Quant aux romans ou aux pièces de théâtre que j’ai lues, je saurais les présenter à ces futurs citoyens, car mes choix sont ceux d’un lecteur d’essais. Si ces œuvres m’ont intéressé, c’est pour des raisons particulières qui pourraient aussi les intéresser et que je pourrais leurs expliquer. Mais je n’ai pas le droit. Pendant ce temps l’on manque d’enseignants et l’on parle d’un « taux de décrochage dans les écoles publiques de l'île de Montréal [qui] tourne toujours autour de 35 % » (10), donc beaucoup plus élevés dans certains milieux, car il s’agit d’une moyenne pour l’île! Je peux donc difficilement rejeter l’opinion du professeur Breton sur ce point. 

 

Si les syndiqués de l’État sont protégés mur à mur comme il le dit, certains entrepreneurs aussi se fient au système. En fait, plusieurs groupes se fient à un  gouvernement qui, pour être élu, doit savoir saupoudrer ses faveurs. Cependant, si cela fait plaisir à plusieurs, cela  ne résout rien et coûte cher! Trop cher. La lecture du Prince de Machiavel serait à conseiller à l’école! Ce serait déjà un début de réforme du système que de permettre aux étudiants de comprendre ce système pour leur permettre de le changer plus tard s’ils le désirent. Mais, ce serait aussi menaçant pour la classe dominante que ce régime sert, notamment par la reproduction de classe, car elle peut envoyer ses enfants à l’école privée si elle le désire. Et même si elle ne le fait pas, elle a d’autres moyens d’enrichir personnellement leur éducation que ce soit par une plus grande disponibilité de produits culturels dans le milieu familial, une bibliothèque bien garnie ou la possibilité d’être initié au théâtre et aux arts par les parents par exemple, ce qui n’est pas donné à tout le monde. C’est peut être pour cela qu’on ne veut pas de sociologue à l’école.    

 

Par contre, quand on nous dit que le Québec étouffe sous le poids des monopoles d’État, du clergé syndical et que la panacée passe par la concurrence, on se doit d’être prudent. La concurrence du privé en éducation, peut être. Mais à quel niveau doit-on la subventionner quand l’école publique manque de moyens? La question se pose.

 

Quant à la question de la concurrence ou de la privatisation de l’électricité, attention! Si la loi du marché est la meilleure pour le consommateur, qui peut m’expliquer comment elle fonctionne à la pompe à essence? Et je le dis même si personnellement  j’augmenterais le prix de l’essence pour des raisons environnementales. (11) Mais c’est là un autre sujet. 

 

On ne doit pas non plus oublier les Monseigneurs patronaux qui demandent leur aumône à l’État eux aussi, que ce soit pour leurs bonnes œuvres de création d’emplois ou de sauvegarde d’une part de ceux-ci, car on coupe dans les emplois au nom de la compétitivité tout en étant subventionné de nos jours, ce malgré des profits parfois mirobolants! On les oublie par contre dans cette  dénonciation. Il faut le rappeler.

 

C’est donc un film intéressant, car il montre un autre point de vue. Mais attention, faut être aussi critique de celui-ci que de l’autre. J’espère qu’il sera l’occasion d’un débat de société, car il en faut un pour sortir des sentiers battus. Cependant, si on ne fait que le rejeter sous prétexte que c’est trop à droite, ou l’accepter parce que ce film met « enfin » la gauche à sa place, ce documentaire n’aura servi à rien. Il n’aura qu’ajouté une pierre au mur des idéologies qui nous bloque la vue sur l’horizon. Ce qu’il faut, c’est le voir pour le dépasser; pour enfin franchir ce mur. Mais pour cela il faut d’abord discuter. On n’a plus besoin de dialogues de sourds, qu’ils soient de gauche ou de droite.  

 

Notes :

 

1. Si vous vous demandez pourquoi j’ai titré ce texte « Le paradigme de la grenouille : L’Illusion tranquille », c’est d’abord que le film s’appelle l’illusion tranquille naturellement. Ensuite, comme une grenouille que l’on fait cuire s’engourdit lentement avec la chaleur, nous nous sommes engourdis avec notre révolution tranquille au point qu’on ne le peut plus la rénover. Elle a atteint le rang d’intouchable et on est incapable de réagir. On ne sent plus le danger. Pourtant, un coup de barre est nécessaire, mais peut être pas tout à fait celui proposé dans le film malgré son intérêt. Pour savoir ce que j’en pense, il faut lire tout le texte, car il n’y a pas de raccourcis possibles. Le résumé officiel, se trouve en annexe. Bonne lecture.   

 

2. Droite et gauche, c’est peut-être un peu réducteur, mais ce sont des catégories largement utilisées. Nous nous retrouvons ainsi en présence de la droite dans ce film malgré toutes les imperfections de cette dichotomie, car les choses ne sont pas aussi claires dans la vie. Mais ce sont celles que nous avons. Un syndicat, de gauche par définition, pourrait par exemple s’avérer très conservateur, donc de droite, quand on touche les privilèges de ses membres. Inversement, un banquier très conservateur et antiétatisme pourrait s’avérer plus à gauche si cela lui permettait de partager les risques avec d’autres, sous forme de mutuelle, ou même avec l’État!      

 

3. C’est un sujet dont John Saul a parfois parlé dans son œuvre. Je pense ici à Voltaire's Bastards (1992, Penguin book); The unconscious civilization (1995,CBC/SRC – Anansi); et On equilibrium (2002, Penguin book). Alain FINKIELKRAUT y fait aussi allusion dans La défaite de la pensée (1987 [1989], France: Gallimard, coll. Folio Essai).

 

4. Recherche universitaire : L'exode se poursuit, Radio-Canada/nouvelles : dimanche 7 janvier 2007 à 17 h 22.

www.radio-canada.ca/nouvelles/regional/modele.asp?page=/regions/Montreal/2007/01/07/001-science-subventions.shtml

 

5. Michel Désautels s'est entretenu « avec deux médecins québécois exilés, le Dr Marcel Couture, coordonnateur du programme de formation médicale du Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick de l'Université de Moncton, et le Dr Pierre Guy, chirurgien orthopédiste au Vancouver General Hospital. » Entrevue dans le cadre de l’émission Désautels, Première Chaîne de Radio-Canada, Pratiquer la médecine au Québec ou ailleurs?, 12 décembre 2006 :

www.radio-canada.ca/radio/desautels/12122006/81023.shtml

 

6. AP , PC ,Le p.-d.g. de Home Depot part avec 210 millions $US, in Le Devoir Édition du jeudi 04 janvier 2007 : http://www.ledevoir.com/2007/01/04/126386.html

 

7. Maisonneuve en direct (Première Chaîne de Radio-Canada), le 9 janvier 2007 : Quebecor World : licenciements à Beauceville. On y dit, entre autres, que :

 

«    Quebecor World ferme son imprimerie de Beauceville, au sud de Québec. Environ 155 personnes perdent leur emploi. (…)

 

Selon la multinationale, cette fermeture est le résultat de la « consolidation de son réseau d’impression de magazines et catalogues au Québec en un ensemble d’installations moins nombreuses et plus efficientes, de manière à améliorer la productivité et le service à la clientèle » (extrait du communiqué de Quebecor World). »

www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/09012007/81904.shtml

 

8. AP, Fini les horaires fixes chez Wal-Mart?, in Le Devoir, jeudi 4 janvier 2007: www.ledevoir.com/2007/01/04/126368.html

 

 

9. Une recherche d'informations sur le site de l'Université Laval avec Réjean Breton en mot clef donne des résultats intéressants. Voir www.ulaval.ca/Al/cherch.html

 

10. Semaine de l'école publique. Des exemples de succès,

Radio-Canada/nouvelles, mercredi 10 janvier 2007 à 15h 40:

www.radio-canada.ca/nouvelles/regional/modele.asp?page=/regions/Montreal/2007/01/10/007-Mtl-Ecole-publique.shtml

 

11. Sur ce sujet je vous conseille la lecture d’Eric Laurent, 2006, La face cachée du pétrole, France/Canada : Plon. Votre point de vue sur le pétrole risque de changer avec la lecture de ce livre. 

 

Annexe

 

Montréal, le 21 décembre 2006

 

Le modèle Québécois : si ça marchait, on le saurait !

Arrivée à Montréal du film L’Illusion tranquille

www.lillusiontranquille.com

 

Le documentaire L’Illusion tranquille, de Denis Julien et Joanne Marcotte sera présenté à Montréal à partir du 12 janvier prochain.

 

Réalisé par Joanne Marcotte, ce documentaire-choc lève le voile sur les prétentions du modèle politique québécois. Coproduit et coécrit par le couple Julien-Marcotte, « L’Illusion tranquille » résulte d’une initiative citoyenne entreprise en 2004. Il présente la recherche de la réalisatrice sur le « modèle québécois », et se veut une contribution supplémentaire au débat politique actuel. Le résultat : un regard critique sur les causes réelles et profondes de l’immobilisme québécois : culture des acquis, monopoles d’État et syndicaux, discours idéologique et dogmatique qui masque des intérêts corporatistes.

 

En plus de solliciter la participation d’économistes, chroniqueurs et gens de la rue, le film donne également la parole à onze jeunes de 18-30 ans. Y participent notamment le chroniqueur de La Presse Alain Dubuc et les économistes Claude Montmarquette, Marcel Boyer et Norma Kozhaya.

 

La réalisation de L’Illusion tranquille s’est étendue sur une période de deux ans, a entièrement été financée par les auteurs de l’œuvre, et n’a bénéficié d’aucune subvention d’organisme ou d’un quelconque niveau de gouvernement. Le film a été lancé à Québec le 8 novembre et a connu un franc succès au Cinéma Le Clap du 10 au 30 novembre 2006.

 

Le film prendra l’affiche à Montréal au Cinéma Beaubien ainsi qu’au Cinéma du Parc à partir du 12 janvier 2007. Ensuite il reprendra l’affiche au Cinéma Le Clap de Québec du 12 au 18 janvier, et il sera à la Maison du Cinéma de Sherbrooke à compter du 19 janvier 2007.

 

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Commentaires livresques : Sous la jaquette!

 

L’État du monde sur CD-ROM : la référence!

http://www.etatdumonde.com/

Michel Handfield

 

26 janvier 2007

 

J’ai reçu le nouvel État du monde sur CD-ROM, outil essentiel pour qui fait plus que s’intéresser à l’actualité. Il s’adresse parfaitement à l’étudiant universitaire, au journaliste, au professeur et au chercheur par exemple, vu toutes les possibilités de recherches interactives qu’il offre. Il devrait aussi intéresser Monsieur et Madame tout le monde qui aime l’actualité internationale et l’idée d’encyclopédie sur CD-ROM.

 

Par contre, si c’est pour vérifier une information en regard de l’actualité; comme livre de chevet, car on aime apprendre avant de s’endormir; pour avoir une encyclopédie annuelle dans la bibliothèque; ou qu’on aime annoter nos livres; l’édition papier sera plus appropriée, bien reliée. C’est un bel ouvrage de référence à conserver en bibliothèque ou bien en vue, car elle montre votre intérêt pour les questions internationales.

 

L’État du monde fait son poids de connaissances sociopolitiques, qu’elle soit en papier ou numérisée.

 

Pour en revenir à l’édition électronique, cet ouvrage nous offre beaucoup : Tous les pays du monde; Histoire du XXe siècle, qui comprend, Chronologie mondiale, Séquences historiques et Grands dossiers; Le monde aujourd’hui, qui se divise en Sociétés, Géopolitique, Économie et Politique; et, enfin, les Statistiques par Pays du monde, Régions du monde, Grands indicateurs économiques, IDH (indicateur de développement humain), PIB-PPA, Population, Matières premières, et la Planisphère interactive, le tout accessible d’un clic de souris dans la barre menu!

 

Si vous avez besoin d’une information plus circonspecte, par exemple Hugo Chavez, les Républicains (USA) ou les « ismes » : communisme, capitalisme, fascisme, sionisme et islamisme par exemple, les barres des recherches sont appropriées. En fait il y en a deux, la simple et l’avancée. Vos recherches seront aussi conservées sous l’onglet « Historique » pour consultations ultérieures. C’est un ouvrage de référence essentiel.

 

Je n’ai qu’une amélioration à suggérer pour les prochaines éditions : au lieu d’écrire « Nouvelle édition » sur la pochette, écrire tout simplement l’année (Édition 2007), car certains commerçants peuvent avoir encore en stock l’édition antérieure et le client peut difficilement le savoir à moins de regarder le copyright à l’endos (2003-2006 pour cette édition 2007).      

 

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Clavette, Suzanne (Sous la direction de), 2006, L'Affaire Silicose par deux fondateurs de Relations, Québec,  PUL,  Sciences humaines, Éducation et IQRC, 462 pages / ISBN : 2-7637-8257-4

 

      Les enjeux étaient de taille : défense des droits des travailleurs québécois et de leurs familles face à d’imposantes compagnies canadiennes et américaines ; développement prochain de l’Ungava et de ses gisements de fer, lié à la participation des compagnies incriminées et au succès d’un important emprunt gouvernemental sur les marchés américains, un projet prioritaire du régime Duplessis alors bien en selle mais proche d’une campagne électorale ; autorité et prestige de l’Église catholique, en particulier dans ses multiples et diverses contributions à la marche de la société québécoise. Cet affrontement a donné lieu à plusieurs stratégies et intrigues de coulisses, dignes des meilleurs romans policiers.

 

      La revue Relations fut la première, en mars 1948, à porter l’épineux problème à l’attention du public. Les pressions des compagnies mises en cause furent si vives qu’elles menèrent à la rétractation de la jeune revue jésuite « Relations » et à la destitution de son directeur, le père Jean-d’Auteuil Richard.

 

      Jamais, jusqu’ici, le grand public et l’ensemble de la communauté scientifique n’a eu accès à l’intégralité des récits de ces événements écrits par deux de leurs acteurs majeurs. L’ouvrage publié sous la direction de Suzanne Clavette comble cette lacune.

 

      Ce livre redonne la parole à deux fondateurs de la revue, les pères Jean-d’Auteuil Richard et Jacques Cousineau. On y trouve des documents inédits, le Rapport que le père Richard souhaitait soumettre à Rome et le fameux Manuscrit Cousineau intitulé « La silicose et l’amiantose au Québec ».

 

      Pour présenter ces écrits, nous avons fait appel à de précieux collaborateurs : Louis Rousseau, professeur de sciences des religions à l’Université du Québec à Montréal; Jean-Marc Biron, s. j., directeur de Relations et du Centre justice et foi ; Jean-Paul Rouleau, s. j., professeur émérite de sociologie de la religion à l’Université Laval ; Jean-Guy Vaillancourt, professeur de sociologie à l’Université de Montréal ; Hélène Bois, historienne et chargée de cours en relations industrielles et en histoire à l’Université Laval.

 

      Suzanne Clavette, historienne spécialisée en histoire sociale du Québec au XXe siècle, est l’auteure d’un livre qui vient de paraître : Les Dessous d’Asbestos. Une lutte idéologique contre la participation des travailleurs. Dans le cadre de sa recherche postdoctorale, elle prépare une biographie de Gérard Dion, important théoricien du catholicisme social et pionnier des relations industrielles.

 

Commentaires de Michel Handfield (1er  janvier 2007)

 

      D’abord, la silicose est une « affection pulmonaire chronique causée par l'inhalation de poussières de silice. » (1) 

 

      Ce livre revient sur le cas de Saint-Rémi d’Amherst, scandale québécois étouffé. La revue relations, des jésuites, avait dénoncé les morts par négligence de la compagnie et du gouvernement. Ses dirigeants furent limogés dans l’antichambre de la politique et de la religion au lieu de recevoir le soutient de leur communauté dans la poursuite d’un dossier social majeur.

 

      Ce qui m’a surpris fut le rôle de Mgr Charbonneau, qui « fatigué de l’affaire, impressionnable et impulsif comme toujours, téléphona à 10 heures le même soir, pendant ou immédiatement après l’entrevue avec [Me] O’Donnell, au Rév. Père Provincial, exigeant la destitution immédiate du directeur de Relations, à qui il enlevait juridiction, et son éloignement du diocèse. » (p. 182) Il avait cédé aux compagnies. Pourtant quelques mois plus tard, il appuiera les travailleurs de l’amiante et sera à son tour exilé! Cela n’a pu que donner du prestige à l’homme. Une pièce de théâtre en fut même tirée : Charbonneau et le chef, succès de la compagnie Jean-Duceppe. Il avait peut être appris de ses erreurs dans le dossier de la silicose. C’est sur ce cas que porte ce livre.

 

      Un dossier fort intéressant et documenté pour ceux qui s’intéressent à l’histoire industrielle du Québec. C’est aussi un document précurseur de la théologie de la libération que mèneront certains religieux catholiques dans les années 60 et 70. Mais c’est surtout un document actuel qui montre jusqu’où pourrait aller une alliance entre les élites politiques et économiques dans le cadre d’une politique conservatrice orchestrée sur plusieurs fronts à la fois. (2)

 

      Pensons à Mario Dumont (ADQ) qui, un peu avant les fêtes,  a parlé de serrer la vis aux assistés sociaux pour qu’ils aillent travailler. Mais, à quelles conditions? Qu’ils acceptent n’importe quoi, comme au temps de Duplessis, même au risque de leur vie par faute d’un soutien minimal? (3) Ou encore à André Boisclair (PQ) qui, dans une émission de radio, était plutôt complaisant face aux projets du milieu des affaires. (4) Quant à Jean Charest (PLQ), il ne faudrait pas oublier qu’il est un ancien chef du Parti Progressiste Conservateur du Canada, prédécesseur  du Parti Conservateur de Stephen Harper! 

 

      Ce livre nous donne donc l’occasion de tirer les leçons de l’histoire contemporaine du Québec et des effets de l’alliance entre le gouvernement et les entreprises privées avant d’y revenir en courant, que ce soit par les privatisations ou les partenariats publics-privés. Si les nationalisations et les entreprises publiques ne sont pas toujours des exemples de saine gestion; ni les alliances avec les syndicats et la gauche caviar toujours des plus avisés; il ne faudrait pas revenir en arrière, car le privé a aussi connu ses ratés et ses scandales.

 

      Même le privé a recours aux largesses de l’État et n’hésite pas à faire du chantage au besoin pour obtenir plus que son dû (subventions) ou ne pas se plier à certaines mesures sociales, économiques et environnementales bien légitimes. Combien d’entreprises ont droit à des subventions sous menace de fermeture? À des lois d’exception en matière d’environnement? Mais, fait-on enquête sur leurs pratiques de gestion pour savoir si leurs problèmes ne sont pas dus à leur propre gestion ou à des prises de profits trop élevé avant de les accommoder? (5)

 

      L’État doit trouver sa place et jouer son rôle de médiateur social; de support à la collectivité, ce qui passe nécessairement par des lois et des investissements publics; et de gardien du bien et du patrimoine collectif, comme les richesses naturelles et l’eau! Quant au Parlement il doit redevenir l’arène privilégié des débats entre les divers courants qui traversent la société. Mais, il faut peut être savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. Il serait temps de le rappeler au moment où l’enseignement de l’histoire semble mis à mal au Québec. Une « nation » qui oublie ainsi son passé, qui le cache même, sera-t-elle encore une nation bien longtemps?

 

      J’invite particulièrement les politiciens, les fonctionnaires, les enseignants de l’histoire, les commentateurs de l’actualité et les lucides (6), qui disent que l’on devrait faire aveuglément confiance aux projets du privé, d’au moins consulter ce livre, car c’est là une  leçon de l’histoire à méditer. Le privé veut parfois le bien commun, mais il est aussi prêt à l’oublier au profit de son propre bénéfice. Ce fut écrit noir sur blanc dans l’histoire à quelques occasions! Ce livre est une occasion de se le rappeler. Il ne faudrait surtout pas revenir en arrière sous couvert de progrès. Le seul moyen d’éviter ce piège du néoconservatisme est d’être renseigné par un meilleur enseignement de l’histoire. À défaut, il faut lire de tels livres. Le citoyen a aussi ses devoirs à faire.

      

Notes :

 

1. Source : Trésor de la Langue Française informatisé, http://atilf.atilf.fr/  

 

2. Ce retour en arrière s’opère aussi sous Benoît XVI, nouveau prélat conservateur de l’Église catholique. Mais, l’Église catholique a moins de pouvoirs qu’autrefois ici. Cependant de nouvelles confessionnalités chrétiennes, de nouvelles religions et de nouvelles sectes ont comblé une partie de cet espace laissé vacant, certaines même plus conservatrices et plus fondamentalistes que l’Église catholique. Le conservatisme religieux est donc loin d’être mort, sauf qu’il n’est plus incarné par un groupe nettement majoritaire comme c’était le cas avant les années 60 au Québec. Si on ne peut plus parler d’une alliance entre une élite politique, économique et religieuse conservatrice comme à l’époque, on peut certainement dire que des groupes religieux conservateurs participent à cette alliance des milieux conservateurs. Ils ont d’ailleurs certaines revendications communes malgré leurs différences confessionnelles.          

 

3. Vincent Marissal, Maudit BS!, La Presse, le jeudi 21 décembre 2006, sur cyberpresse :

www.cyberpresse.ca/article/20061221/CPOPINIONS/612210686/5034/CPOPINIONS

 

Voir aussi Bernard Descôteaux, Sa dernière chance?, Le Devoir, édition du mercredi 20 décembre 2006 :

www.ledevoir.com/2006/12/20/125413.html

 

4. Antoine Robitaille, Les Québécois ont «peur du succès», dit André Boisclair, Le Devoir, édition du samedi 30 septembre et du dimanche 01 octobre 2006 : www.ledevoir.com/2006/09/30/119480.html

 

5. Certains entrepreneurs siphonnent parfois leur propre entreprise, au lieu d’y réinvestir, au point de mettre son développement en danger. Ils demanderont ensuite l’aide de l’État, que ce soit sous forme de subventions ou de protections particulières contre la concurrence étrangère, parce qu’ils ne sont plus compétitifs, sous menace de fermeture et de mise à pied massive. L’État, sous la pression publique et syndicale, coopérera jusqu’à la prochaine demande, car ce comportement est récurent. Et le pire, c’est que certains de ses entrepreneurs ou de leurs alliés revendiqueront aussi moins d’État sous prétexte que l’État est mauvais gestionnaire! Suffit d’observer pour le constater, car ce phénomène est assez« courant.       

 

6. Le groupe de Lucien Bouchard: www.pourunquebeclucide.com

 

 

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Livres jeunesse

 

L’empire perdu. La conquête du Trône.  Texte et création littéraire Serge Fitzback.  Illustration et conception du livre Christian Duguay.  La Plume d’Oie Édition.  2006.

www.laplumedoie.com

 

Commentaires d’Audrée Anne Dupont (18 décembre 2006)

 

Lors de ma visite au Salon du livre en novembre dernier, mon œil a été attiré par une sculpture de dragon assez grande.  Devant celle-ci, deux hommes présentaient leur livre, « L’empire perdu. La conquête du Trône. »  J’ai tout d’abord été attiré par le concept de la couverture du livre qui rappelait un grimoire ancien fait de cuir.  Détrompez-vous par contre, la couverture est en papier rigide.  Elle m’a fait penser aux guides des joueurs de Donjons et Dragons. Je l’ai feuilleté rapidement et j’ai adoré les images.  Elles sont vraiment de toute beauté;  parfois ce sont des peintures colorées, d’autres fois, ce sont des dessins à l’encre noire.  De plus, tout le livre est écrit en style calligraphique.  Cela peut fatiguer à la longue, mais ça ajoute du charme au livre. 

 

C’est l’histoire de deux peuples qui sont en guerre pour avoir le trône.  D’un côté, il y a les humains et de l’autre les animéens.  Ce livre plaira aux amateurs de fictions médiévales.  Cela m’a fait penser à un croisement entre le Seigneur des Anneaux et Amos Daragon.  La fin laisse place à une possible suite des auteurs.  Les lecteurs peuvent aussi laisser vagabonder leur imagination.  Un livre à découvrir... Par contre, comme l’histoire est complexe, je le conseillerais davantage  aux adolescents  et aux adultes. 

 

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Nouveaux livres reçus

 

Reçu le 6 février 2007 : Shauna Van Praagh, 2006,  Hijab et kirpan. Une histoire de cape et d’épée, PUL, Sciences humaines,  Collection : Mercure du Nord/Verbatim, 51 p. $ 3,99

Site : www.pulaval.com/

 

La décision récente de la Cour suprême du Canada dans l’affaire Multani sur le port du kirpan par un enfant sikh dans une école publique du Québec nous offre l’occasion de réfléchir & ...

 

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Reçu le 2 février 2007 : Marc Angenot, Maï-Linh Eddi, Paule-Monique Vernes, 2006, La tolérance est-elle une vertu politique ?, Québec : PUL, collection Mercure du Nord/Verbatim, 72 pages.

ISBN : 2-7637-8455-0, Prix :$ 3,99. Site : www.pulaval.com/

 

Cette table ronde sur «l’impossible concept de tolérance» a été organisée par la titulaire de la Chaire Unesco de philosophie, Josiane Boulad-Ayoub, pour commémorer son président d’honneur, le regretté professeur Raymond Klibansky, ainsi que ses nombreux travaux consacrés à  ce problème qui le préoccupait entre tous. Mais aussi, en même temps, pour fêter la Journée internationale de philosophie (novembre), décrétée par l’Unesco qui a ­toujours placé l’idée de tolérance au centre de ses valeurs.

 

Les conférenciers qui nous ont aimablement donné leurs textes, Marc ­Angenot (Université McGill), Maï-Linh Eddi (Nanterre et UQAM), Paule-­Monique Vernes (Université de Provence), abordent la question pour répondre au thème de la table ronde La tolérance est-elle une vertu politique ?, d’abord, sous l’angle de ses fondements philosophiques, classiques et contem­porains. Ils en examinent ensuite les difficultés, le flou, voire les contradictions, entourant tant la notion et ses métamorphoses diverses, depuis le XVIe siècle et la croissance du pouvoir politique, que l’ensemble complexe de conduites caractérisant les sociétés pluralistes dans lesquelles nous vivons. Ils ont tenu également à relever les effets pervers du recours de plus en plus fréquent à une idéologie de la tolérance, plus doucereuse que polé­mique ou véritablement démocratique.

 

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Marc Angenot est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages d'histoire des idées politiques, d'analyse du discours et de théorie littéraire. Il occupe la Chaire James-McGill d'étude du discours social à l'Université McGill et est vice-président de l'Académie des lettres et des sciences humaines (Société royale du Canada). Le prix du Québec « Léon-Gérin » lui a été décerné en 2005.

 

Paule-Monique Vernes est professeur émérite de philosophie moderne et politique de l’Université de Provence. Auteur chacune de nombreuses publications, elles font équipe ensemble depuis une dizaine d’années dans des projets de recherche et ont co-signé plusieurs études importantes. Elles ont choisi de revenir ici, avec bonheur, au plus grand des philosophes modernes, en tous cas au plus révolutionnaire.

 

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Reçu le 19 janvier 2007 : Clavette, Suzanne, 2005, Les Dessous d'Asbestos. Une lutte idéologique contre la participation des travailleurs, Québec : PUL (www.pulaval.com/), Sciences humaines, Éducation et IQRC, 594 p., ISBN : 2-7637-8256-6

 

Au moment du déclenchement du conflit de l'amiante en février 1949, une vive polémique a cours au Québec autour de la réforme de l'entreprise. Inspiré des expériences européennes d'après-guerre et de la doctrine sociale de l'Église, ce courant de pensée prône la participation des travailleurs à la gestion et, dans une moindre mesure, le partage des profits.

 

Bien présente chez les catholiques progressistes de l'époque, soutenue par les aumôniers sociaux, cette nouvelle philosophie de l'entreprise sera développée par la jeune Commission sacerdotale d'études sociales (CSES). Elle sera ensuite reprise par la centrale syndicale catholique, la CTCC (ancêtre de la CSN), ainsi qu'au sein des mouvements d'action catholique (JOC, LOC et LIC).

 

Après quelques grèves victorieuses, ce courant de pensée novateur suscite les craintes du premier ministre Maurice Duplessis et du patronat catholique, en particulier de l'Association professionnelle des industriels (API). Une véritable lutte idéologique s'engage alors; elle atteindra son point culminant lors de la grève d'Asbestos.

 

Une bataille s'ensuivra au sein du clergé, notamment autour de la Lettre pastorale sur le problème ouvrier (1950). Le contenu d'un document inédit, la première version de la Lettre pastorale intitulée La Condition ouvrière chrétienne, est ici présenté au lecteur. Il est également fait état des nombreuses pressions des forces conservatrices à Rome. Au cours des années cinquante, la hiérarchie religieuse opèrera un important virage à droite, permettant ainsi aux tenants du corporatisme d'occuper dorénavant l'avant-scène.

 

 

Appuyé sur de nombreuses sources inédites, cet ouvrage invite le lecteur à suivre les multiples péripéties de ce mouvement jugé trop novateur qui, dans le Québec de la «Grande Noirceur», sera étouffé par les pouvoirs politiques, patronaux et religieux.

 

Biographie de Suzanne Clavette

 

Suzanne Clavette est historienne. Ses recherches lui on mérité le prix Jean-Charles-Bonenfant et les prix des ministères des Affaires étrangères de France et des Relations extérieures du Québec lors de la Journée du livre politique en avril 2005.

 

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Clavette, Suzanne (Textes présentés par), 2006, Participation des travailleurs et réforme de l’entreprise, Québec : PUL (www.pulaval.com/), Sciences humaines, 108 p., ISBN : 2-7637-8461-5

 

En 1949, au moment de la grève de l’amiante, une vive polémique avait cours au Québec. À tel point que l’on décida de retarder la publication du texte qui était à l’origine de ce débat, La Participation des travailleurs à la vie de l’entreprise.

 

Résultat des journées d’études des aumôniers sociaux du printemps 1947, ce document suscita la division au sein de la Commission sacerdotale d’études sociales, instance mise sur pied pour conseiller les évêques sur les questions sociales et pour unifier l’action des aumôniers. L’aumônier patronal de l’Association professionnelle des industriels tenta d’en empêcher la parution et se lança dans une campagne contre cet écrit, l’associant au «socialisme ».

 

Cette étude fut fortement inspirée par la publication de deux jésuites à la tête de l’Action populaire de ­Paris, les pères Desbuquois et Bigo, Les Réformes de l’entreprise et la pensée chrétienne. Celle-ci traduisait la nouvelle orientation de l’œuvre française désireuse de se joindre aux forces de la Libération. Au Québec, elle allait vite devenir la «bible» des aumôniers sociaux qui s’en inspirèrent, en 1947, lors de leurs journées d’études. La Participation des travailleurs à la vie de l’entreprise est le résultat de ces discussions. Après plusieurs mois de débats sur ce document, la Commission obtint, au début de 1949, l’autorisation de le publier. Mais, durant la grève d’Asbestos, l’opposition d’Émile Bouvier et l’ardente campagne de Lewis Brown, président de la Johns-Manville, en retardèrent la parution jusqu’en septembre. Sa vie mouvementée ne cessa point pour autant, car quelques mois plus tard, un jésuite conservateur tentera d’obtenir sa condamnation à Rome.

 

Biographie Suzanne Clavette

 

Suzanne Clavette est historienne. Ses recherches lui on mérité le prix Jean-Charles-Bonenfant et les prix des ministères des Affaires étrangères de France et des Relations extérieures du Québec lors de la Journée du livre politique en avril 2005.

 

© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval

 

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Reçu le 12 janvier 2007 : Laponce, Jean, 2006, Loi de Babel et autres régularités des rapports entre langue et politique, PUL, Sciences humaines ISBN : 2-7637-8410-0

Loi de Babel et autres régularités des rapports entre langue et politique

Les langues en contact établissent entre elles des rapports de communication, de compétition, de coopération et de conflit que les politiques publiques régissent plus ou moins, et plus ou moins bien. Or, ces rapports sont affectés par des tendances naturelles auxquelles toute langue est confrontée, qu’elle soit dominante ou minoritaire. Ce précis, qui présente ces tendances sous forme de lois, s’adresse non seulement à l’étudiant des liens entre langue et politique mais aussi à tous ceux qu’interpelle la protection de plus en plus difficile de langues qui ont besoin de ces arcs-boutants que sont  territoire, école, marché, famille et gouvernement.

 

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Spectacles/Arts/Musiques

 

Analekta, AN 2 8740

 

SOLO d’Angèle Dubeau

www.angeledubeau.com

 

CD & DVD Audio Surround 5.1 disponible, incluant un vidéo de la séance d’enregistrement et galerie de photos

 

Commentaires de Michel Handfield (9 février 2007)

 

     En fin d’après midi, mardi dernier (6 février), j’ai assisté au lancement du nouveau CD d’Angèle Dubeau. L’émotion était au rendez-vous, car le violon peut être mélancolique, plaintif ou fougueux. Il vibre au diapason de la violoniste. Il nous transmet Angèle. Elle dit carburer à la chair de poule, c’est-à-dire qu’elle choisit les pièces qui la touchent, et c’est ainsi qu’elle nous touche aussi. Elle nous fait vibrer à son diapason. Cela peut sembler poétique, mais c’est bien cela.

 

C’est un cadeau qu’elle se fait pour ses 30 ans de carrières et ses 44 ans! C’est elle. Bref on reçoit Angèle avec ce CD. Pour les plus audiophiles, une version  DVD audio sera disponible dans un coffret double : CD/DVD audio.

 

Les pièces de ce CD ont été choisies avec cœur. Par exemple, elle a vécu quelque temps en Roumanie et a parlé à Glick 3 jours avant sa mort. Elle a donc choisi Sérénade et danse pour ce CD. Elle a déjà joué avec Dave Brubeck, alors on y retrouve sa Bourrée, dont c’est ici le premier enregistrement.

 

On retrouve sur ce CD/DVD audio des pièces et des genres différents qu’elle aime : classique, jazz et tango par exemple. Un conte aussi, Ferdinand le taureau (de Ridout), lu par Pierre Lebeau. Une première en français.

 

L’expression, le visage, d’Angèle Dubeau valait la peine d’être vu. Elle mord dans la musique comme dans la vie. Mais, en fait, la musique c’est la vie éternelle. Par exemple  elle interprète le Divertimento de Bartolomeo Campagnoli, violoniste italien né le 10 septembre 1751 et mort le 6 novembre 1827, ce qui fait que Campagnoli peut encore nous toucher ici par l’archet d’Angèle Dubeau près de 200 ans après sa disparition! C’est toute la force de l’art et de la culture. 

 

Notes d’écoutes

 

Il y a deux versions de cet album. L’une est le CD, l’autre le coffret comprenant le CD et un DVD audio 5.1. Pour ma part j’ai écouté le DVD sur mon lecteur DVD et j’ai apprécié l’expérience ambiophonique. On a l’impression que le violon est là, entendant le déplacement du son dans la pièce. Ce n’est pas un écho. On sent la vibration. J’ai aimé l’expérience. L’enregistrement DVD est si intéressant que mon système de son m’apparaissait une coche ou deux au dessus de ce qu’il est vraiment.  

 

Même si j’ai près d’une centaine de CD classique déjà, j’ai découvert d’autres pièces sur celui-ci. Pietro Locatelli (1695 -1764), violoniste virtuose et compositeur italien, et  Campagnoli  (1751 – 1827), autre violoniste italien.

 

Angèle Dubeau ne s’est pas contentée du classique cependant. Elle est allée dans ce qu’elle aime : la musique. Moi qui aime aussi le blues, le jazz et la musique du monde en plus du classique, j’ai apprécié les tangos d’Astor Pantaleón Piazzolla et la Bourrée du pianiste et jazzman Dave Brubeck. Ce disque peut donc être une occasion de découvertes pour ceux qui sont moins éclectiques dans leurs choix.

 

Si la version française de Ferdinand le taureau de Ridout est narrée par Pierre Lebeau (1), la version originale anglaise est lue par Blair Williams.

 

Certaines des pièces sont aussi des premiers enregistrements, ce qui donne encore plus de valeurs à ce disque, car le premier interprète établit souvent le standard. Et quelle interprète.

 

Violon plaintif, violon joyeux, violon mélancolique, violon endiablé, joli violon se retrouvent dans nos oreilles pour notre plus grand plaisir.

 

Ce disque ferait donc un cadeau parfait pour la St-Valentin qui vient dans quelques jours. Au lieu d’offrir un bouquet de fleurs à votre valentin(e), offrez-lui plutôt ce bouquet d’émotions. Pur amour… du violon bien entendu.

 

Post-scriptum :

 

     Je n’en ai pas parlé dans le texte, mais le livret (39 pages) est tout aussi superbe que le CD.

 

Programme Musical

Durée

[1]

Caprice no 9 en do majeur - Locatelli Pietro

3m19s

[2]

Prélude, Op. 9, No.1 - Enescu George

5m27s

[3]

Étude-Tango no 3 - Piazzolla Astor Pantaleón

3m56s

[4]

Ferdinand le taureau - Ridout 

11m25s

[5]

Sérénade et danse - Glick 

6m07s

[6]

Etude-Tango no 4 - Piazzolla Astor Pantaleón

4m00s

[7]

Etude-Tango no 1 - Piazzolla Astor Pantaleón

2m50s

[8]

Bourrée - Brubeck Dave

5m47s

[9]

Divertimento : I. Aria del piccolo marinaio - Campagnoli 

1m39s

[10]

Divertimento : II. Scherzo - Campagnoli 

2m52s

[11]

Divertimento : III. Allegro - Campagnoli 

2m10s

[12]

Ferdinand the Bull, for narrator and solo violin - Ridout 

10m47s

 

Note :

 

1. Dans une adaptation française d’Yves Beauchemin.

 

Références :

 

Pietro Locatelli : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_Locatelli

 

Campagnoli : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bartolomeo_Campagnoli

 

Astor Pantaleón Piazzolla : http://fr.wikipedia.org/wiki/Astor_Piazzolla

 

Dave Brubeck: http://fr.wikipedia.org/wiki/Dave_Brubeck

 

Le communiqué:

 

La grande violoniste canadienne célèbre ses 30 ans de carrière avec un hommage exquis au violon.

 

Montréal, 7 février 2007 – Analekta est fière de célébrer la violoniste de renommée internationale, Angèle Dubeau, qui a vendu un nombre record de disques, alors qu’elle marque 30 ans de carrière dévouée et passionnée à faire de la musique. De retour au violon seul avec son album SOLO, Angèle écrit une lettre d’amour à son instrument. Elle s’exclame : « quelle richesse que de pouvoir s’exprimer avec émotion à travers cet objet de bois sculpté du vide à la vibration de l’âme… mon violon me fait retrouver avec le même bonheur le public, ma raison d’être en tant que musicienne et surtout ma source d’énergie. »

 

Toutes les œuvres musicales ont été spécialement choisies par Angèle, commençant par L’Arte del violino de Locatelli datée de 1733, année où son célèbre instrument, le Stradivarius Des Rosiers, a été façonné. De là un voyage à travers le temps et l’espace qui nous emmène par autant de voies différentes que de compositeurs: époques baroque, classique et romantique, à la musique contemporaine, d’inspiration folklorique, jazz et tango. La sélection inclut la Suite pour orchestre Opus 9 no. 1 de George Enescu, dans une version pour violon seul, trois Études-Tango d’Astor Piazzolla, Divertimento pour violon seul de Campagnoli, et du compositeur canadien Srul Irving Glick, l’oeuvre méditative et poétique Sérénade et Danse pour violon seul. Du grand compositeur et pianiste jazz, Dave Brubeck, on retrouve Bourree pour violon seul, un mariage harmonieux du jazz et du classique, écrite en 1999 et enregistrée pour la première fois par Angèle au Festival International de Jazz de Montréal en 2002. « C'est à cette occasion qu'Angèle m'avait surpris et ravi par son interprétation solo remarquable… » a déclaré Brubeck. On retrouve également sur le CD, narré en français et en anglais par les acteurs Pierre Lebeau et Blair Williams, Ferdinand le taureau, un conte musical pour violon seul et narrateur du compositeur Alan Ridout.

 

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Les Rendez-vous du cinéma québécois 2007

Michel Handfield

 

6 février 2007

 

Du 15 au 25 février 2007, les Rendez-vous du cinéma québécois vous invitent à la célébration de  leurs 25 ans d’existence. Ce sera un réchauffement puissant pour ce mois de février. Il ne sera pas dû qu’aux changements climatiques, mais aussi au frottement culturel! Entrez donc en contact avec la culture québécoise, mais aussi d’ailleurs, car le cinéma québécois ne fait pas qu’exporter; il va aussi tourner ailleurs. La culture ne se dissout pas au contact de l’autre, elle explose et donne encore plus de culture. Alors il faut savoir en profiter.

 

Pour découvrir ou redécouvrir le cinéma québécois, prenez rendez-vous. De plus, cette année, le cinéma belge et franco-canadien y seront aussi à l’honneur. Bon cinéma québécois… ouvert sur le monde.

 

Plus de détails sur www.rvcq.com/

 

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Sur le Gala des Jutra 2007.

Présenté le 18 février prochain. 

 

23 janvier 2007

 

Aujourd’hui j’ai fait acte de présence au dévoilement des finalistes des Jutra. A surveiller, BON COP BAD COP, succès populaire de l’année. 

 

Pour la trame sociopolitique, si cette catégorie existait,  notre choix irait à UN DIMANCHE À KIGALI. Ce texte est d’ailleurs sur notre page « Archives culturelles ». Mais attention, ce n’est pas un documentaire, mais une fiction. Comme nous le disions en conclusion de notre texte sur ce film :

 

«  Il peut cependant donner le goût de se renseigner pour comprendre ce drame humain que fut le génocide rwandais et c’est tant mieux, car la démocratie fleurit à la lumière de la connaissance comme l’idéologie croît à l’ombre du préjugé. »  

 

 

Bon gala des Jutra, mais surtout bonne nouvelle année cinéma!

 

Michel Handfield

 

Informations et finalistes 2007 sur :

www.radio-canada.ca/television/jutra

 

 

Extrait du document de presse

 

Montréal, le 23 Janvier 2007 -  C’est aujourd’hui lors d’une conférence de presse qu’ont été dévoilés les finalistes aux prix Jutra 2007. Les gagnants seront connus lors de la 9e Soirée des Jutra présentée par Radio-Canada le 18 février prochain. Cette soirée est commanditée par Guzzo et Fidelity Investment. Normand Brathwaite animera ce gala télédiffusé du Théâtre Maisonneuve de la Place des arts dès 19h30.  ARTV donnera le coup d’envoi à 18h avec La Fièvre des Jutra et le Tapis rouge pour les Jutra, deux émissions spéciales, et collabore à la remise du Jutra-Hommage en produisant un film qui retrace la carrière de Pierre Curzi. Tout de suite après la soirée, également sur ARTV, René Homier-Roy s’entretiendra avec les lauréats, dont le meilleur acteur et la meilleure actrice, dans une émission spéciale de Viens voir les comédiens.  La Soirée des Jutra sera par la suite diffusée sur les cinq continents par TV5-Monde.

 

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De quelle chapelle est-on?

Michel Handfield

 

 19 janvier 2007

 

      D’abord, en mise en contexte, voici des extraits d’une lettre reçue du théâtre La Chapelle que nous portons à l’attention de la communauté web. Ensuite, suivra notre commentaire.

     

1. La lettre

 

Montréal, le 15 janvier 2007

       

Chers collègues,

     

Par la présente, nous, le Conseil d’administration et l’équipe du Théâtre La Chapelle, souhaitons informer l’ensemble du milieu culturel et plus particulièrement nos divers partenaires, de la situation de crise qui menace la survie de notre lieu. En effet, La Chapelle qui mène à bien sa mission de soutien à la création et à l’expérimentation depuis près de 17 ans, risque de devoir fermer ses portes à la fin de la saison en cours. Bien que nos différents partenaires publics s’accordent à dire que La Chapelle joue un rôle important au sein de sa communauté, le soutien nécessaire au maintien de ses activités n’est pas au rendez-vous. Les coupures de certains programmes, combinées à l’augmentation normale des coûts d’opération et au manque d’évolution de nos subventions de fonctionnement ont pour effet de nous laisser sur une glace fine. Sans évolution de la situation, le déficit semble inévitable dès la saison prochaine et ira en s’accentuant pour les années subséquentes.

 

Le conseil d’administration du Théâtre La Chapelle a donc exigé de ses dirigeants qu’ils ne posent aucune action ni ne prennent aucun engagement pour la saison 2007-2008 et ce jusqu’au 25 janvier 2007. Le Conseil se réunira de nouveau à cette date pour prendre une décision quant à la poursuite ou non de nos activités. (…)

 

Depuis sa fondation, La Chapelle se définit bien sûr comme un diffuseur mais aussi comme un organisme de soutien aux artistes. Son action, plutôt que de se consacrer à une seule discipline, rejoint les milieux de la musique, de la danse, du théâtre et de l’interdisciplinarité en soutenant la recherche, l’innovation, l’expérimentation, les artistes en marge, la relève, etc. Dans cette perspective, avant de poser un geste définitif, il nous paraissait important, voire essentiel, de vous informer de l’état des choses. C’est après plus de 10 mois de rencontres et d’échanges avec nos différents subventionneurs que nous arrivons à cette étape ultime.

 

(…)

 

Cordialement,

 

George Krump, pour le Conseil d’administration du Théâtre La Chapelle

Richard Simas, pour l’équipe du Théâtre La Chapelle

 

2. Notre commentaire

 

On n’hésite pas à soutenir à répétition des entreprises multimillionnaires au nom de l’emploi même si ces entreprises n’ont pas atteint l’objectif premier que l’on attend d’elles : d’assurer leur pérennité. Au lieu de réinvestir une part de leur profit dans leur développement quand ça va bien, elles l’empochent. Dès qu’une difficulté pointe à l’horizon, comme la hausse du dollar, une diminution de la ressource ou la concurrence  étrangère, elles demandent l’intervention de l’État. Parfois infidèles, pour quelques millions de dollars de plus, elles peuvent ouvrir une nouvelle usine ailleurs dans le monde et nous laisser en plan après nous avoir vidés de plusieurs centaines de millions. Bonjour, pas de merci; l’usine est partie vers d’autres cieux!

 

Un théâtre par contre, ça fait aussi travailler du monde, que ce soit des artisans ou des comédiens. Ça exporte aussi, mais de la culture. Certaines de nos pièces sont ainsi jouées ailleurs dans le monde, mais ça n’épuise pas la ressource. Au contraire, la culture ça se partage, ça se cultive, ça s’étend et ça croît en même temps par contamination! On peut couper la forêt à blanc. On peut vider nos bancs de poissons. On peut assécher nos sources d’eau. On peut transférer nos usines de pneus ou d’autos en Chine ou au Mexique, mais on ne peut pas remplacer les acteurs du Québec par des acteurs venant de Chine pour un bol de riz ou une poutine au poulet!

 

Par contre, la culture ça s’échange. Une pièce chinoise peut être adapté et produite ici tout comme une pièce québécoise peut être adaptée en Chine. Là est l’essence véritable du libre échange!

 

Notre culture a donc autant besoin de soutien que l’industrie du pneu, du transport, de l’aéronautique, du pétrole, du bois ou du porc par exemple, mais on ne lui en donne pas autant malgré un énorme avantage : elle compte sur des artisans pour fonctionner, non sur des technologies souvent importés d’ailleurs, ce qui fait que chaque dollars investit en culture rapporte beaucoup plus au niveau local que pour d’autres industries :

 

« Cette constatation n’étonne pas puisqu’on pourrait s’attendre à ce que la proportion d’emplois dans le secteur culturel soit supérieure (par rapport au PIB) en raison de la nature même de ce secteur à fort coefficient de main-d’œuvre. » (1)

 

C’est aussi un apport non négligeable à notre économie, car le « secteur culturel a engendré plus de 33 milliards de dollars en PIB (environ 3,8 % du PIB canadien), en moyenne, au cours de la période allant de 1996 à 2001 » (2) sans tenir compte des effets indirects du secteur, ce qui en accroîtrait davantage l’importance dans notre économie. (3)

 

Mais, il est vrai que si l’on veut un peuple soumis et servile, vaut mieux les empêcher de penser. On peut le faire en soutenant les émissions les plus débilitantes de la télé et en coupant dans la culture la plus exigeante, en commençant par le théâtre expérimental sous prétexte qu’il n’attire pas les masses!  Les artisans comprendront et iront où sont les fonds ou crèveront pour leurs idées comme Brassens l’a déjà chanté. Mourir pour des idées! L’État ne s’en portera que mieux, libéré de ces gens qui osent élever leur voix et s’opposer. Sauf que sans leurs cris pour vous alerter, verrez-vous à temps le précipice vers lequel vous foncez en regardant vers l’arrière pour voir si vos concurrents vous rattrapent? Cette recherche du surdéveloppement économique, avez-vous pensez qu’elle pouvait être contre-productive? La contre productivité d’Ivan Illich (4) et Small is beautiful de Schumacher (5), ça vous dit quelque chose? Ça devrait. C’est pour cela que la culture est notre première richesse à conserver, car elle est renouvelable et exponentielle; mais elle fait aussi œuvre de mémoire! Je me souviens, ça vous dit quelque chose?  

        

Notes

 

1.  Les « (…) » dans le texte indiquent que nous avons éliminé les références à des tableaux  que nous n’avons pas reproduits. Nous avons aussi éliminé les références aux notes de bas de page. Vous trouverez tout cela dans l’étude en question :

 

Singh, Vik, 2004, Contribution économique de la culture au Canada, Ottawa : Statistique Canada,  Division de la Culture, tourisme et centre de la statistique de l’éducation, Document No 81-595-MIF au catalogue — No 023 ISSN: 1711-8328 ISBN: 0-662-77923-1, p. 17. Au moment d’écrire ces lignes, ce texte était disponible à l’adresse suivante :

www.statcan.ca/bsolc/francais/bsolc?catno=81-595-M2004023  

 

2. Singh, Vik, 2004, Ibid., p. 28

 

3. « Même si le secteur culturel représentait moins de 5 % du PIB et de l’emploi à l’échelle canadienne, l’étude montre que le PIB et l’emploi provenant du secteur culturel a connu une progression plus rapide que l’économie canadienne globale.

 

Ces tendances positives constantes en ce qui concerne l’apport au PIB et à l’emploi renforcent l’importance du secteur culturel en tant que contributeur à la croissance économique canadienne. Il convient également de souligner que seul l’effet direct de la culture a été évalué. Les effets indirects et induits du secteur culturel n’ont pas été étudiés. Si l’on ajoutait les effets indirects et induits, cela augmenterait encore la magnitude des retombées économiques du secteur culturel. » (Singh, Vik, 2004, Ibid., p. 29)

 

4. Ivan Illich, 1975, Némésis médicale, Paris: Seuil, coll. point  

 

5. Schumacher, E.F., 1978, Small is beautiful, Paris: Seuil, coll. Point

 

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Index

 

Cinéma et Théâtre

 

 

Attention : Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui est dit qui est retenue, pas le mot à mot.

 

Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.

 

Michel Handfield 

 

 

LA DIGNITÉ DU PEUPLE

www.pinosolanas.com/

 

À l’affiche dès le 9 février au Cinéma Parallèle (Ex-Centris)!

 

Le film sera présenté dans sa version originale espagnole avec sous-titres en français.

 

La Dignité du peuple (La Dignidad de los nadies) est le deuxième documentaire de Fernando Solanas traitant de la crise économique qui règne en Argentine.  Le premier de cette série, Mémoire d’un saccage, démontrait comment des représentants élus démocratiquement ont précipité l’Argentine dans la pauvreté, alors que ce pays a déjà été l’un des plus riches du monde.  Ce deuxième volet adopte un point de vue plus optimiste puisqu’il dépeint le portrait d’hommes et de femmes ordinaires qui ont su se prendre en main et dont les efforts ont porté fruit.

 

Dans les pampas (cœur de la région agricole de l’Argentine), des agriculteurs sont chassés de leur terre ancestrale parce qu’on a saisi leur bien hypothéqué.  Un groupe de femmes entonnent l’hymne national pendant la vente aux enchères d’une ferme, ce qui perturbe son déroulement et en force l’arrêt. C’est avec de pareilles tactiques que ce réseau de femmes a depuis empêché plus de 1000 ventes aux enchères.

 

Ailleurs, des travailleurs sans emploi décident de prendre possession de leur usine qui a été fermée et, grâce à l’autogestion, ont prouvé sa viabilité sur le plan de la production. D’autres ouvriers ont emboîté le pas et ont ainsi permis la réouverture de 160 manufactures.

 

Le film présente également des histoires de soupes populaires où des lessiveuses tiennent lieu de marmites ainsi que de cliniques communautaires où des bénévoles distribuent gratuitement des médicaments.  Il y est également question de manifestations silencieuses, de piquets de grève et bien d’autres choses.

 

La Dignité du peuple a été scénarisé, réalisé et tourné par l’Argentin Fernando Solanas, lequel s’est d’abord fait connaître sur la scène internationale en 1968, avec un documentaire inédit L’heure des fourneaux, celui-ci a par la suite poursuivi sa carrière et réalisé des œuvres de fictions, notamment Tangos, l’exil de Gardel, Le Voyage, Le Sud et Le Nuage.  En 1991, Solanas a tenté de porter des accusations contre Menem pour avoir vendu les sociétés pétrolières de l’État, ce qui lui a valu six balles dans les jambes.  De 1993 à 1997, il s’est éloigné temporairement de la réalisation pour devenir député national au parlement.

 

La Dignité du peuple est distribuée au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (9 février 2007)

 

D’abord, il faut présenter l’Argentine de ce film. Les dictats économiques dominent, malgré l’insatisfaction, et la crise financière semble se poursuivre d’un régime à l’autre. La situation politique Argentine étant fort complexe, voici un bref résumé de cette période :

 

« Ayant obtenu la rééligibilité du président par une réforme constitutionnelle en 1994, C. Menem est reconduit en mai 1995 face à une opposition affaiblie et en dépit de la crise financière due à la dévaluation du peso mexicain fin 1994. En 1996, il congédie D. Cavallo, père de la « convertibilité ».

 

Le radical Fernando de la Rúa (1937-), candidat de l’Alliance pour le travail, la justice et l’éducation, qui regroupe la vénérable UCR et l’opposition de gauche, est élu président en octobre 1999.

 

L’Argentine sort de la décennie « menémiste » plus proche que jamais du Brésil et des États-Unis, mais aussi plus dépendante des flux de capitaux et des marchés mondiaux. Les syndicats et les militaires sont profondément affaiblis. En 2000-2001, de drastiques plans d’austérité ne peuvent juguler une très violente crise économique et financière. Le pays est au bord de la faillite. Des émeutes éclatent qui conduisent le chef de l’État à la démission et à la proclamation de l’état de siège. L’élection à la Présidence de Nestor Kichner (péroniste) en 2003 a semblé clore une période. Celui-ci, dès son investiture, a multiplié les signaux forts d’un repositionnement politique, tant intérieur qu’extérieur. » (1)

 

Kichner fut réélu en novembre 2005. (2) C’est à cette période trouble que fait référence ce film, car il regarde les conséquences de la crise économique Argentine sur le peuple. Ceci étant dit, le contexte étant placé, nous pouvons parler du film.

 

Fernando Solanas présente son film en disant que c’est l’histoire de gens sans importance et sans nom de l’Argentine, mais dans les faits c’est une boutade, car si le Pouvoir leur accorde peu d’importance, lui leur en accorde. Et beaucoup! On découvre ainsi des êtres d’exceptions qui luttent pour leur dignité et celle des autres. Je suis même sûr qu’il ne s’agit là que d’un échantillon, car il y en a certainement des centaines d’autres qui auraient mérités d’être présenté. Alors, pourquoi ne peut-on pas changer les choses?

 

Question difficile à répondre. Il y a les intérêts économiques; les intérêts politiques; les enchevêtrements continentaux et mondiaux. Mais, si on ne peut changer le tout, des gestes sont posés qui amènent certains changements. Ce film en montre. Naturellement, il y a encore peu de victoires, mais il y en a. 

 

Le Peuple est descendu dans la rue pour faire entendre sa voix et le refera encore. Il s’oppose à la suspension de ses droits par la cour suprême. Sauf, qu’il ne fait pas que s’opposer; une frange à l’avant-garde cherche aussi de nouvelles solutions,  de nouvelles formes de participation citoyenne. Une forme de démocratie participative…

 

     Ce film nous fait « rencontrer » ces résistants et ces entrepreneurs d’un nouveau genre; qui résistent aux avancés de la pauvreté et qui entreprennent de redonner espoir à leurs compatriotes en organisant une manif, du travail collectif ou une forme d’éducation populaire par exemple. Leur point commun : ce sont des gens qui veulent aller de l’avant et pour qui les liens sociaux et communautaires sont importants; sont la voie à suivre.

 

On parle de solidarités plurielles ici, car la solidarité peut prendre plusieurs formes. Et « Basta a la patria financiare » comme il était écrit sur les chandails de certains petits commerçants du centre-ville. Il était d’ailleurs fort rafraichissant de voir ces petits commerçants s’associer au peuple et non à l’élite financière. C’est peut être là un des points positif du néolibéralisme : il s’aliène des gens de différents milieux et ces derniers commencent à s’allier au-delà des anciennes divisions de classe. De nouvelles solidarités se créent. Des modèles alternatifs sont cherchés. Une nouvelle classe politique devrait donc naître sur ces fondements d’ici quelques temps.   

 

Quant on parle de nouvelles solidarités, elles ne sont pas qu’économiques. Elles sont aussi sociales et humaines. Des travailleuses sociales de l’hôpital par exemple, aidées par une large part du personnel de tous les niveaux, s’occupent aussi des problématiques qu’entraîne cette dégradation économique tant au niveau de l’intégrité mentale, physique que sociale de la personne. Au niveau de la rue, quoi! Malheureusement, les solutions durables sont souvent politiques, donc hors de leur atteinte. Mais, elles font tout ce qui est en leur pouvoir et même plus.

 

C’est un film que je conseillerait à nos chefs politiques à la veille des élections au Québec, les uns et les autres voulant faire plus de place au secteur privé malgré quelques nuances de style. Les privatisations n’ont pas réglé les problèmes argentins et n’ont été profitables qu’aux entreprises, car elles vont chercher leur profit en diminuant non seulement la qualité des services, mais les services eux-mêmes!  Les employés et les citoyens doivent donc se débrouillent pour suppléer ces coupures… au bonheur des entrepreneurs. Certains argentins disent avoir assistés au vol du bien être de la population et de la propriété collective pour faire plaisir au FMI.

 

La réponse du gouvernement, à qui on demande de venir en aide à ses citoyens, fut d’ignorer leurs doléances et de subventionner les compagnies et les banques. Déjà, il avait privatisé les pétrolières quelques années auparavant. Ce n’était pas pour aider une fois de plus. Les gens sont donc descendus dans la rue à plus d’une reprise. La police, elle, tire sur les manifestants. Le cinéaste nous fait d’ailleurs rencontrer quelques personnes qui ont été victimes de ce traitement ou qui étaient proches de certaines victimes. Naturellement, les forces de l’ordre disent que ces personnes étaient armées. Sauf que, comme le remarque l’une d’elles, « comment on peut s’acheter des armes ou des munitions si on n’a pas de quoi se nourrir? » La question en dit long. D’ailleurs une autre personne que nous présente Fernando Solanas souligne que la mafia et la police sont sous contrôle de la mafia politique? Cela dit tout.

 

Ils ont la foi cependant. Moi je me demande pourquoi, car si Dieu a fait l’Homme a son image… ce n’est pas fort des fois, surtout quand on regarde ce qui se passe dans certains pays ultrareligieux, qu’ils soient chrétiens ou d’autres confessions!

 

Malheureusement, le mouvement populaire n’a pas pu mettre en place le mouvement social qu’il souhaitait; une certaine forme de démocratie participative. Cependant, certaines expériences ont fonctionnés. C’est le cas de l’expérience d’autogestion de Zanon, une usine de céramique qui avait été fermée,  mais reprise par les employés. Nous aurions probablement des leçons à en tirer avec les fermetures d’entreprises que nous connaissons ici, ce qui m’a fait penser à ceci :

 

Toute usine subventionnée ne devrait pas pouvoir être fermée  et démantelée au seul gré de l’entreprise. En conséquence, toute entreprise qui a reçu des fonds publics devrait les rembourser avec intérêt sur le champ ou remettre l’usine et les équipements à la communauté qui pourrait décider de la démanteler et d’en répartir les actifs avec les employés; de s’en servir pour attirer un nouvel investisseur ou de la faire fonctionner avec les employés mis à pied, sous forme coopérative par exemple. 

 

Si le marché ne fonctionne pas, il faut le discipliner.

   

Notes :

 

1. L'ARGENTINE AU XXe SIÈCLE in l’encyclopédie l’État du monde sur CD-Rom (www.etatdumonde.com/).

 

2. Argentine 2005-2006. Le pouvoir du péronisme, in Ibid. l’État du monde sur CD-Rom nous offre un suivi annuel depuis 1980-1981 sans compter plusieurs informations factuelles et statistiques!

 

Hyperliens 

 

Parto Del Blanco: http://www.partodelblanco.com.ar/

 

Les mères (et les grands-mères) de la place de mai : http://www.abuelas.org.ar/

 

Morillas, Francisco, 20 septembre 2004, Argentine - Usine Zanon : succès de la gestion ouvrière : http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1120

 

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LA VIE DES AUTRES (THE LIVES OF THE OTHERS)

www.sonyclassics.com/thelivesofothers/

Finaliste aux Oscar
En salle le 9 février


Montréal, 24 janvier 2007 – La Vie des autres, du réalisateur et scénariste allemand Florian Henckel von Donnersmarck, sortira en salle dès le 9 février à Ex-Centris et à l'AMC Forum. Le film prendra aussi l'affiche ailleurs au Québec dans les semaines qui suivront sa sortie Montréalaise.
 
Finaliste aux Oscar, gagnant de 7 Prix Lola (équivalent allemand des Oscars) pour le meilleur film, la meilleure réalisation, le meilleur scénario, la meilleure actrice, le meilleur acteur, le meilleur acteur de soutien et la meilleure direction artistique, La Vie des autres met en vedette Martina Gedek, Ulrich Mühe, Sebastian Koch et Ulrich Tukur.
 
Au début des années 1980, en Allemagne de l'Est, l'auteur à succès Georges Dreyman et sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland, sont considérés comme faisant partie de l'élite des intellectuels de l'Etat communiste, même si, secrètement, ils n'adhèrent aux idées du parti. Le Ministère de la Culture commence à s'intéresser à Christa et dépêche un agent secret, nommé Wiesler, ayant pour mission de l'observer. Tandis qu'il progresse dans l'enquête, le couple d'intellectuels le fascine de plus en plus...

Florian Henckel von Donnersmarck est né à Cologne en 1973 et a grandi dans les villes de New York, Berlin, Frankfurt et Brussels. Àprès ses études en russe à l’Institut National de St-Petersbourg, il s’inscrit à Oxford pour étudier les sciences politiques, la philosophie et l’économie. Ensuite, il se dirige vers le cinéma et travaille comme assistant producteur sur le film Love and War de Richard Attenborough. Il est admis à la prestigieuse Académie du cinéma et de la télévision à Munich, où il a écrit et réalisé de nombreux courts métrages qui ont remporté plusieurs prix.

 

Commentaires de Michel Handfield (9 février 2007)

 

1984. Berlin, Allemagne de l’Est. Le communisme est bien en selle. Revendiquer des réformes sociales est une raison d’emprisonnement. Les citoyens sont constamment surveillés par la STASI, car des ennemis potentiels du socialisme. Pourtant, le socialisme ne devait-il pas être la société d’individus libres? Dans le Manifeste du Parti Communiste il est pourtant écrit :

 

« A la place de l'ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses antagonismes de classes, surgit une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous. » (Marx et Engels, 1848, p. 49)

 

Je me demande comment ces gens ont interprété Karl? L’ont-ils même lu?

 

Rapidement j’ai pensé à La Boétie : ordre et soumission donnent une position dans le système, car c’est un donnant-donnant! Ainsi, les Artistes ont besoin du Parti et le Parti a besoin des artistes alors s’installe un certaine zone de confort à condition de ne pas s’opposer de front au régime.

 

On doit toujours être sur nos gardes. Un relâchement, un mot livré en toute confiance et soudain on se retrouve en interrogatoire, car le voisin ou le cousin, la belle-sœur ou la coiffeuse peuvent être des informateurs. Alors tu passes au tordeur… Même penser tout haut, aux toilettes, peut vous conduire dans les bureaux de la STASI pour un interrogatoire, car l’appartement peut être truffé de micros! Il faut garder ses pensées pour soi. Toujours. Mais, est-ce possible? Tout le monde est donc à risque. De quoi devenir schizophrène.

 

S’ils veulent une personne, juste à la surveiller, car tôt ou tard elle risque de faire un geste humain qui la mettra dans le trouble. Il faut une seule preuve – même hors contexte – pour la prison. D’ailleurs, les amis peuvent toujours te pousser à dire ce que tu penses, mais que tu ne voulais pas dire : « Si tu ne prends pas position, tu n’es pas un humain! » La pelure de banane est là, à chaque conversation.

 

La STASI le sait, car ils font des études psychologiques poussées pour comprendre les différents types de personnalité. Ils savent comment mener un interrogatoire : cela doit durer 48 heures, parce que si c’était organisé, les réponses apprises, la personne répètera toujours la même formule. Invariablement. Par contre, si elle n’est pas coupable, l’ordre et les détails vont  varier, car l’information n’est pas organisée dans sa tête. C’est comme cela qu’on sépare les coupables des innocents.

 

La STASI sait aussi comment détruire les différents types de caractères. Pour certains, il suffit de bien les traiter, mais de les isoler : bonne nourriture, aucun manque matériel, le traitement d’hôtel, mais sans rien dire. Le moins de contacts humains possibles, du moins de contacts signifiants. Après quelques temps la personne sera  détruite. Certains ne s’en remettront jamais. Leur œuvre artistique arrêté depuis des années même s’ils n’ont subit ce régime que quelques mois sans aucuns sévices. Juste d’être isolé et de ne rien savoir…  

 

Certains réussissent cependant à fonctionner dans ce régime, même à être assez bien, car ils se sont faits des zones de confort; des espaces de liberté. (Crozier et Friedberg, 1977) C’est ce que croyait Georges Dreyman et sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland, sauf qu’un agent de la STASI voulait vérifier s’ils étaient hors de tous soupçons comme certains le croyaient. Il obtint donc la permission de mettre le couple sous surveillance jusqu’à trouver quelque chose.

 

Quel est le coût de ce système, toute cette bureaucratie de surveillance? Associé aux coûts de  l’espionnage et de la défense face à l’extérieur, il y a de quoi avoir provoqué la faillite du système socialiste je crois. Cela est sans compter que l’on emprisonnait le talent qui aurait pu être mis à contribution. La loi du silence, étouffer le peuple, c’est aussi asphyxier l’État. Sans compter que le peuple peut l’accepter un certain temps pour le bien collectif, mais il s’en lasse. On a beau vouloir empêcher l’information de circuler, il en passe quand même. Le peuple sait la différence entre eux et les autres; l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest. On sent donc une insatisfaction grandissante, même dans les rangs de la STASI. Le désir de liberté, comme de l’eau, s’infiltre et commence à miner le sous-sol communiste. Le système paraît fort, mais le sous-sol du régime est miné. Tôt ou tard, tout va s’écrouler, car le désir de savoir autre chose que ce que l’idéologie a toujours dit se retrouve même chez les plus fidèles serviteurs du régime.

 

Wiesler, l’incorruptible agent qui avait pour mission d’observer ce couple, découvre un bonheur de savoir, notamment quand il lui « emprunte » un livre de Bertolt Brecht et le lit. Celui-ci a aussi un plaisir évident d’écouter sa proie jouer du piano. L’émotion le gagne, la culture fait son œuvre sur cet homme. Et il voit aussi les abus du régime, car le ministre profite de son poste pour tenter de conquérir la compagne de Dreyman, l'actrice Christa-Maria Sieland. De son poste de surveillance, il est un témoin privilégié. Il commence donc à douter de ce qu’il fait et du régime qu’il sert.

 

Il s’attache de plus en plus à sa proie, mais il sent le poids du régime, car il se met en dissonance avec son travail pour protéger ce couple duquel il est de plus en plus proche.

 

Mais, le Ministre veut Christa-Maria ; alors comme elle s’y refuse, il donnera des ordres. Que pourra Wiesler contre le ministre. Se mettra-il lui-même dans le trouble.

 

Un excellent film jusqu’à la fin pour qui aime les thrillers, mais pour moi ce fut surtout un excellent document sur le contexte pré-libéralisation de l’URSS. Par exemple, tout était compté, que ce soit les souliers, les livres ou la  vodka que vous achetiez… mais pas les suicides, car cela aurait été un indice de l’échec du régime.

 

Finalement, le 9 novembre  1989, l’impensable arriva. Ce fut la chute du mur de Berlin. La liberté de parole retrouvée. Dreyman écrira Sonata for a good man. Pour savoir ce qu’il contient, il faut voir le film cependant, car Dreyman est un personnage fictif, mais qui donne vie à la réalité d’une autre époque, pas si lointaine même si c’est d’un autre siècle :

 

« The film is historically true in the way that a film like "Doctor Zhivago" is true about the Russian Revolution, or that "The Deer Hunter" is true about the Vietnam war. It is a truthfulaccount, but not a true story. There was no Captain Wiesler in 1984, and there was no Georg Dreyman who wrote an article about suicide in "Der Spiegel".

 

However, there were plenty of stories that were similar. » (The Lives of Others – press booklet)

 

***

 

     Ce n’est pas un hasard si j’ai écrit quelques lignes plus haut « d’un autre siècle ».  Les historiens s’accordent pour dire que le XXe siècle s’est terminé avec la fin de l’empire soviétique en 1991, dont la chute du mur de Berlin fut un des facteurs clef deux ans plus tôt. (de Tinguy, 2004)

 

     Si le siècle mathématique est de 100 ans, le siècle historique est plus ou moins long. Il représente une période d’unité qui joue autour de 100 ans, parfois moins, parfois plus. Le XXe siècle a donc débuté avec le premier conflit mondial, qui mettait fin à l’ancien partage du monde et en ouvrait une nouvelle conception, pour se terminer avec la fin de cette conception que rien ne représentait mieux que la chute de l’empire soviétique en 1991. (Voir Hosbawm, 1999)

 

     Nous sommes entrés dans une période de flottement depuis, où l’on a parlé d’un monde unipolaire centré sur les États-Unis, mais où on voit aussi de plus en plus d’acteurs prendre du poids, avec l’Asie et l’Europe, pour leur faire contrepoids. Mais on voit aussi les idéologies religieuses revenir à l’avant plan sur la scène mondiale et s’opposer à l’héritage des lumières et de la laïcité. Un nouveau moyen-âge?

 

     Il est encore trop tôt pour dire ce que sera ce siècle, mais s’y côtoient des zones d’ombres et de lumières, de sciences et de croyances, de rationalité et de tabous. Un siècle où l’individualisme sera à l’avant plan, mais plus enrégimenté que jamais auparavant. Au nom de l’individualité on s’accroche à des croyances religieuses ou au consumérisme pour s’affirmer. Je suis la religion que je pratique, l’auto que je conduis, le jean ou la casquette que je porte! Même la gouvernance est de plus en plus personnalisée; incarnée dans le chef de l’État. On assiste à la personnalisation du gouvernement : George W. Bush (États-Unis), Hu Jintao (Chine), Kim Jong-il (Corée du Nord), Vladimir Poutine (Russie), Mahmoud Ahmadinedjad (Iran) et Castro (Cuba) par exemple. Quand Bush disait « You are either with us or against us », un États-Uniens pouvait-il être à la fois contre le Président et pour sa nation ou le Président incarne-t-il la nation au point qu’hors du Président point de salut?    

 

     Serait-ce le siècle du JE? Ce n’est pas que l’individualité n’existait pas auparavant; mais c’est qu’elle serait maintenant au Pouvoir, ce qui ferait toute la différence. Même à la radio les noms des programmes sont de plus en plus personnalisés. Ce n’est plus « Indicatif Présent », le « Montréal Express » ou « La tribune du Québec » que j’écoute à la radio, mais « Christiane Charette », « Désautels » ou « Maisonneuve ». L’ère du Moi. Je te le dis que j’ai raison!        

 

Références/Hyperliens

 

Crozier, Michel, et Friedberg, Erhard, 1977 (1981), L'acteur et le système, France: Seuil, col point politique.

 

De Tinguy, Anne, 2004, La grande migration. La Russie et les Russes depuis l’ouverture du rideau de fer, Paris : Plon

 

L’État du monde, sur CD-ROM

 

Hosbawm, Eric, 1999, Age of extremes. The short Twentieth Century, 1914-1991, London: Abacus

 

La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.

 

MARX, Karl, et Engels, Friedrich, 1848, Manifeste du parti communiste, in Marx et Engels, 1978, Œuvres choisies, Moscou: éd. du Progrès. Ce texte est aussi disponible sur le site des classiques des sciences sociales en format téléchargeable : http://classiques.uqac.ca/classiques/Engels_Marx/manifeste_communiste/manifeste_communiste.html

 

STASI : http://fr.wikipedia.org/wiki/Stasi

 

The Lives of Others – press booklet, Thirteen Questions With Florian Henckel von Donnersmarck, Writer and Director of The Lives Of Others (p. 9): www.sonyclassics.com

 

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CŒURS, d’Alain Resnais,

À l’affiche le 2 février

 

Montréal, le mardi 23 janvier 2007 - Récipiendaire du Lion d’Argent du Meilleur Réalisateur à la Mostra de Venise, Cœurs, le dernier film d’Alain Resnais (Pas sur la bouche, On connaît la chanson, Hiroshima mon amour), prendra l’affiche au Québec le 2 février prochain.

 

D’après la pièce de théâtre Private Fears in Public Places d’Alan Ayckbourn, Cœurs met en vedette Sabine Azéma (Peindre ou faire l’amour, Pas sur la bouche), Isabelle Carré (Entre ses mains, Holy Lola), Laura Morante (Fauteuils d’orchestre, L’Empire des loups), récompensée du prix Pasinetti à la Mostra de Venise, Pierre Arditi (Pas sur la bouche, Le Mystère de la chambre jaune), André Dussollier (Lemming, Mon petit doigt m’a dit), Claude Rich (Le Cou de la girafe, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre) et Lambert Wilson (Palais Royal !, Pas sur la bouche). C’est la deuxième fois qu’Alain Resnais s’attaque à l’une des œuvres de l’auteur anglais Ayckbourn, ayant adapté en 1992 Intimate exchanges devenu Smoking/No Smoking.  

 

Thierry, qui est agent immobilier, se donne beaucoup de mal pour trouver un appartement à Nicole et Dan, un couple de clients difficiles. Charlotte, sa collaboratrice, lui fait découvrir une émission de télévision qu’elle adore, un programme de variétés religieuses dont la vision le troublera fortement. La sœur de Thierry, Gaëlle, recherche secrètement l’amour, allant même jusqu’à recourir aux petites annonces. Dan passe ses journées dans le bar d’un nouvel hôtel où il confie à Lionel, le barman, ses mésaventures professionnelles et sentimentales avec Nicole. Lionel fait appel à une assistante à domicile bénévole pour s’occuper d’Arthur, son père. C’est Charlotte qui se présente. Et ainsi, le mouvement d’un personnage peut bouleverser le destin d’un autre sans pour autant le connaître voire même le rencontrer.

 

Cœurs est distribué au Québec par Christal Films et prendra l’affiche le 2 février prochain dans les cinémas suivants : Ex-Centris de Montréal, Starcité Sainte-Foy, Starcité de Hull et Maison du cinéma de Sherbrooke.

 

Commentaires de Michel Handfield (1 février 2007)

 

Un film sur les relations humaines. La place qu’elles occupent, mais aussi la place qu’on ne leur accorde pas toujours, pris que l’on est par le travail ou l’absence de travail; les responsabilités; la routine quotidienne ou les habitudes.

 

C’est un film psychologique un peu particulier, où désespoirs et espoirs se mêlent. Où chacun cherche le réconfort, que ce soit en Dieu, l’amour ou la boisson…

 

On plonge parfois dans des choses dures à dire. On comprend parfois par les non dits et les expressions faciales. Je ne vous conseillerais cependant pas ce film si vous êtes perturbés, dépressives ou en « burn-out ». 

 

Ce film un peu particulier m’a rappelé les films à sketches d’autrefois, passant d’une scénette à l’autre, dans un va et viens perpétuel, avec un personnage qui sert de fil conducteur entre les scènes. Sauf que, ce personnage n’est pas toujours le même, mais il a toujours un lien, soit direct, soit indirect, avec Charlotte. 

 

Femme un peu particulière, inspiré par la Bible, Charlotte  donne toute l’importance qu’il faut aux relations humaines comme moyen de réconfort… mais pas nécessairement de la façon dont on s’y attendrait d’une telle personne. Si elle lit la Bible, elle a aussi un côté caché et bouleversant que l’on découvrira peu à peu. Peut-on séduire au nom de Dieu? Mais, si c’est pour le bonheur des autres et leur offrir une forme de béatitude? Déstabilisant, mais intéressant!

 

Signe des temps, le café est parfois plus occupé que le bar.

 

Hyperliens :

 

http://www.marsdistribution.com/xml/flash.html?cfilm=51847

 

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DON JUAN AU TNM : TOUTE UNE HISTOIRE!

www.tnm.qc.ca

 

AU THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE DU 16 JANVIER AU 10 FÉVRIER 2007. Trois supplémentaires les 14, 15 et 16 février, 20h

DU MARDI AU VENDREDI À 20H / LES SAMEDIS À 15H ET 20H

RÉSERVATIONS 514.866.8668 / WWW.TNM.QC.CA 

 

«SI LE CIEL ME DONNE UN AVIS, IL FAUT QU’IL PARLE UN PEU PLUS CLAIREMENT, S’IL VEUT QUE JE L’ENTENDE.»

 

Il y a de ces pièces qu’il faut voir et revoir. Inépuisables, elles touchent à chaque fois notre sensibilité avec une énigmatique fraîcheur. Don Juan en fait partie. Tous les directeurs artistiques du TNM ont, un jour ou l’autre, été confrontés au chef-d’œuvre de Molière. Héritière de cette tradition de maîtres, Lorraine Pintal se devait de faire renaître et revivre à son tour cette grande pièce sur la transgression qu’est Don Juan. Qui plus est, reprenant le flambeau de Jean Gascon, elle entame à son tour un dialogue avec le prestigieux Festival de Stratford, où sa mise en scène de Don Juan fut créée l’été dernier dans la langue de Shakespeare. Aujourd’hui, le spectacle arrive à Montréal, porté par les critiques acclamant le génie comique de Benoît Brière, qui reprend donc le rôle de Sganarelle qu’il jouait déjà en anglais l’été dernier. Mais en revenant à sa langue maternelle, Sganarelle accompagnera un nouveau Don Juan dans sa quête éperdue : James Hyndman, qui succède à Colm Feore, effectue ainsi un grand retour au TNM avec l’un des rôles les plus exigeants et les plus complexes de tout le répertoire français.

 

LES MÉTAMORPHOSES D’UN MYTHE

 

Chacun connaît Don Juan et pourtant, chaque nouvelle représentation de la pièce continue de fasciner. Molière y tisse une intrigue mêlant tragique et comique, qui, trois siècles et demi après sa création, nous questionne encore avec une pertinence inégalée sur les valeurs de la société, sur l’argent et l’honneur, sur la religion, l’amour et la mort. Au gré de ses multiples réincarnations, Don Juan, cet enfant roi à qui nul n’a jamais posé de limites, cet homme à l’appétit démesuré et à l’orgueil monstrueux est resté une énigme : séducteur impénitent, jouisseur sensuel, funambule ou mécréant, sa grâce n’est pas de ce monde et son commerce avec les femmes demeure lié à un dialogue intime avec l’absolu. Don Juan n’est pas que le jouisseur et le séducteur sans scrupules que le 17e siècle catholique jette en enfer, il est le profanateur du sacré, l’offenseur de Dieu. En effet, Don Juan n’est pas Casanova. Plaisirs terrestres et feux célestes, élans de la chair et châtiments du ciel, la figure de Don Juan mêle le physique et le métaphysique, le corps et l’esprit. Ce héros mythique ne suit pas seulement la voie de ses désirs interdits, mais cherche sa damnation comme une joie, à corps et âme perdus. Le Don Juan de Molière ne croit ni en Dieu ni au Diable. Il se refuse à respecter les règles ancestrales de la famille, de la parenté, de l’Église et de tous les commandeurs. Il transgresse les interdits et regarde la mort en face. Il défie la Loi sous toutes ses formes et s’impose comme un héros de la raison, comme l’infatigable interlocuteur d’un Dieu apparemment silencieux.

 

DE LA FARCE AU SUBLIME

 

Jamais a-t-on eu droit dans le passé à projet théâtral plus singulier : une même mise en scène, présentée dans deux des théâtres les plus prestigieux du pays, en anglais puis en français. James Hyndman et Benoît Brière, ces deux présences majuscules, seront accompagnés sur scène par une solide troupe de comédiens venus de Stratford et de Montréal, en tête de laquelle figure Jean-Louis Roux, qui reprend ici le rôle de Don Louis qu’il endossait déjà en 1979 lorsqu’il montait lui-même Don Juan au TNM. Et tous seront soutenus dans leur dialogue avec le mythe de Don Juan par une équipe de concepteurs que Lorraine Pintal retrouve avec plaisir. Tous réunis dans un Molière en dialogue avec Dieu et qui pourtant flirte avec le théâtre de foire et de tréteaux, dans une œuvre où jamais le sublime n’exclut la jonglerie.

 

« L’HYPOCRISIE EST UN VICE À LA MODE, ET TOUS LES VICES À LA MODE PASSENT POUR DES VERTUS. »

 

Avec JAMES HYNDMAN / BENOÎT BRIÈRE / JEAN-FRANÇOIS

BLANCHARD / PAUL ESSIEMBRE / ÉVELINE GÉLINAS / NOÉMIE GODINVIGNEAU / FRÉDÉRIC-ANTOINE GUIMOND / SARA HANLEY / CLAUDE LAROCHE / JEAN-MICHEL LE GAL / MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU / GARETH POTTER / JEAN-LOUIS ROUX / NICOLAS VAN BUREK

 

Assistance à la mise en scène et régie BETHZAÏDA THOMAS / Décor DANIÈLE LÉVESQUE / Costumes FRANÇOIS ST-AUBIN / Éclairages AXEL MORGENTHALER / Musique ROBERT NORMANDEAU / Chorégraphies des combats JOHN STEAD / Chorégraphie ESTELLE CLARETON / Conception des maquillages JACQUESLEE

PELLETIER / Coiffures et perruques GERALD ALTENBURG

 

Commentaires de Michel Handfield (24 janvier 2007)

 

Les annonces courtoises du début – fermer votre cellulaire, ne pas tousser, ne pas développer vos bonbons en faisant craquer le papier bien comme il faut, etc. – sont faites d’une façon d’époque par Benoît Brière accompagné de certains des  comédiens  de la pièce. Cela nous indique qu’on est en un autre temps : 1665, date de la création de Don Juan! Cependant, malgré ses 342 ans, cette pièce n’a pas pris une ride. Les comédiens non plus,  ajouterait certainement Sganarelle.  

 

On découvre lentement Don Juan (James Hyndman) par son valet, Sganarelle (Benoît Brière), et tout au long de la pièce on peut se faire une idée de ce personnage plus complexe qu’il n’y parait, car il se découvre lentement. Ce n’est pas Casanova. Quand il en a séduite une,  il veut en séduire une autre pour le plaisir  de la séduction. C’est un séducteur, pas nécessairement un tombeur comme Casanova. Séduire flatte son égo. En ce sens il est très moderne. Aujourd’hui il se tiendrait dans les bars et les discos, serait le gagnant d’une téléréalité, où il se serait amusé à séduire les téléspectatrices et à berner les téléspectateurs en même temps, et s’enorgueillirait à son valet de l’épaisseur de son carnet d’adresse! A l’époque, cela le mettait dans le trouble, car pour avoir la fille il fallait promettre de l’épouser. Hérétique, il accumulait les fiançailles et les mariages, mais se faisait autant d’ennemis. Ce n’est là qu’un aspect de son caractère.

 

Il est intelligent, égocentrique, libertaire et cynique. Il croit en lui, rejette les normes et se sert des autres pour atteindre ses fins. Un enfant roi doublé d’un habile stratège.

 

Il ne croît en rien, sauf en lui-même, et s’amuse à démonter les croyances des autres dans le dessein de les tromper, non de les instruire! Son valet le voit et le dépeint tel qu’il est, sauf qu’il est pris à le servir. La condition est affaire d’argent ou de naissance, rarement de talents, encore moins de morale quoi qu’on en dise.

 

Mais Don Juan est talentueux. Il sait lire les gens et les manipuler. Il ne croît ni au ciel ni à Dieu. C’est un  rationnel : « Je crois que 2 et 2 font 4 et que 4 et 4 font 8! » Il feint très bien, que ce soit pour séduire ou pour tromper, car la vie est un jeu qu’il manipule. C’est son serviteur qui a des problèmes de conscience de le voir ainsi aller. Honnête serviteur du maître fourbe, qui s’en fait pour l’âme de Don Juan et pour les gens qu’il dupe. Il a toute la sympathie des spectateurs. 

 

Ce serviteur, Sganarelle, joué par Benoît Brière est « funèsque », c'est-à-dire qu’il m’a fait penser à Louis de Funès. Don Juan (James Hyndman), par opposition, est froid et impassible, calculateur et manipulateur! La pièce joue d’ailleurs sur ce contraste entre les deux hommes : le valet, moraliste et comique, versus le maître, cynique et calculateur. C’est ce qui donne toute la force de cette pièce à qui aime les études de caractères.

 

Aujourd’hui, Don Juan pourrait certainement être un patron de multinationale, après avoir triomphé de sa téléréalité bien entendu, car il a tous les talents que l’on recherche en affaires. Un certain modernisme aussi. Comme le dirigeant d’une pétrolière qui pourrait dire le plus sérieusement du monde et sans rire que son industrie travaille à être de plus en plus verte, Don Juan pousse le mensonge au rang de vérité. C’est du grand art, car il a compris que « l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour des vertus. » Il trompe même son père, ce qui est pire que de le rejeter je crois. Il ira jusqu’à porter un habit d’homme de Dieu, car quoi de mieux pour protéger le fourbe que cet apparat. Ainsi vêtu, « je pourrais même accuser mes détracteurs », car la vindicte populaire ne peut que suivre l’homme de bien; l’homme qui a les apparats du bien! 

 

Mais s’il trompe les Hommes, car les Hommes aiment croire ce qui les flatte, ce que Machiavel et La Boétie ont montré chacun à leur manière, fourbera-t-il celui qui est dans l’au-delà? Dans ce ciel auquel il ne croit pas? 

 

     Une pièce qui nous fait voir l’Homme sous tous ses angles et toutes ses couleurs, principalement avec Don Juan et Sganarelle. Cependant, il ne faudrait pas oublier les autres personnages qui représentent différents caractères, comme la naïveté ou la bonté par exemple! Vous y verrez des caractères toujours  présents, car l’Homme est resté ce qu’il était. Don Juan existe toujours. Après avoir vu cette pièce vous le reconnaîtrez à l’occasion.

 

***

 

     M’a aussi intéressé dans cette pièce, la partie en vieux français, où l’on se serait cru au pays de la Sagouine: L’Acadie. J’ai aussi aimé le visuel: mise en scène, décors et costumes.

 

J’ai enfin remarqué un public d’âge varié. Si la culture a un passé, elle a aussi un avenir, car elle se transmet.

 

Références/Hyperliens

 

Don Juan : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dom_Juan_ou_le_Festin_de_pierre

 

La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.

 

Machiavel, Nicolas, 1996 [1532], Le prince, Paris: Booking International.

 

Molière : http://fr.wikipedia.org/wiki/Moli%C3%A8re

 

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Mount Pleasant

Date de sortie : 26 janvier

 

Un film de Ross Weber, 1h27

 

The "gulf" between upper class and underclass can be a flimsy dividing line in a city like Vancouver, the locale of the searing urban drama Mount Pleasant. It's a divide as short as a ride on a crosstown bus, as innocuous as a wrong turn by a sports car in a seedy neighbourhood, and as panic-inducing as a daughter in danger.

 

Written and directed by Ross Weber, Mount Pleasant opens with an all-too-commonplace urban incident - a little girl (Haley Adrianna Guiel) accidentally sticks herself with a discarded hypodermic needle. This minor event in a city of millions ultimately connects the lives of families and individuals who might as well live on different planets.

 

Their daughter's accident is a traumatic introduction to the neighbourhood for Doug and Sarah Cameron (Ben Ratner and Camille Sullivan). The middle-class couple had moved in to help gentrify Mount Pleasant, a neighbourhood in transition, but still home to boarded up businesses, pawnshops and greasy spoon restaurants.

 

With weeks to wait before their daughter can be tested for communicable diseases, guilt-ridden Doug joins a neighbourhood watch program and becomes a zealous "clean-up" crusader. His wife, Sarah Cameron (Camille Sulivan), a high school drug and alcohol counsellor, struggles to cope with her daugther’s possible serious illness.

 

Meanwhile, four blocks away lives Nadia (Katie Boland), a teenaged prostitute who shares a slum with her pimp/pusher Nick (Tygh Runyan).

 

Nadia's "best" client is affluent realtor Stephen Burrows (Shawn Doyle), a "loving father" who patronizes teenage prostitutes in the Mount Pleasant area, and who offers Nadia empty promises of a job in real estate by which to escape her life.

 

Back in his own upscale 'hood, Stephen has a status-conscious wife Anne Burrows (Kelly Rowan), a full time social coordinator, and a virtually-ignored 13-year old daughter Megan (Genevieve Buechner) on her own collision course.

 

It's a social-class house of cards that's begging to come crashing down. And when it does, no one's comfort zone is left unscathed.

 

Mount Pleasant was written and directed by Ross Weber - whose last film No More Monkeys Jumping On The Best was named Best Canadian First Feature at the Vancouver International Film Festival. It is a production of L'étranger Film Productions in association with Christal Films, and with the participation of TeleFilm Canada, British Columbia Film, Movie Central, The Movie Network, CanWest Western Independent Producers Fund, Film Incentive BC and The Canadian Film or Video Production Tax Credit.

 

Commentaires de Michel Handfield (25 janvier 2007)

 

This is a film that exposes the hypocrisy and irony of a society that labels who is good and who isn’t.(Document de presse, p 3)

 

Aux premières images, ça parle. Le milieu est situé. Une famille moyenne, avec une petite fille, essaie d’y vivre avec certaines valeurs, mais la misère et le désespoir tout autour  crée une ambiance et un climat malsain : vol, prostitution de rue, drogue, donc des seringues et des condoms qui peuvent traîner dans la rue, la ruelle ou la cour. Des facteurs de risque. 

 

Vivent aussi dans ce quartier une mineure (16 ans) et son chum, qui se prostitue pour lui et la drogue, car il est à la fois son fournisseur, son « pimp » et son chum. Quand il n’écoute pas de la musique, il peut faire de petits vols dans les alentours.  

 

En opposition, on a une famille vivant dans un quartier plus huppé : grosse maison, SUV de luxe (Lincoln Navigator), mais avec  d’autres problèmes en latence derrière ces apparences heureuses.

 

Nous découvrirons lentement ces personnages et leur milieu tout au long du film. Quant à la frontière entre les deux milieux, elle est perméable. Les clients de la prostitution peuvent ainsi venir des quartiers plus riches tout comme des résidents de Mount-Pleasant peuvent travailler ou étudier à l’extérieur du quartier; y recevoir des services aussi.  

 

À partir de là, les interprétations peuvent varier, ce film nous présentant plusieurs images de droite très fortes : le voleur qui se fait tabasser par deux gars de la rénovation et qui meut chez lui; la vigile citoyenne qui patrouille les rues du secteur pour déloger les  prostitué(e)s et les junkies; la délation des clients par une lettre à leur femme. Certains pourraient voir ce film comme un appui aux mouvements de « nettoyage » d’un quartier par exemple ou aux citoyens qui se font eux même justice. Cela est d’autant plus plausible qu’il y a une montée du conservatisme dans l’Ouest canadien et que nous avons actuellement un gouvernement conservateur au Canada.

 

Ces méthodes (rencontre de quartier ou de voisins et « patrouille citoyenne ») ne sont cependant pas nouvelles, ni en lien direct avec une fièvre  conservatrice dans l’Ouest canadien puisqu’elles ont été appliquées ici aussi. Tout est cependant dans la façon de faire. Dans le cas de Tandem Montréal par exemple, ce fut une approche davantage communautaire qui fut mise de l’avant dès 1982 et qui continue toujours. Cependant, une recherche nous montre que des solutions plus drastiques, entre autres de délation, ont aussi été appliquées à Montréal il y a quelques années et le sont probablement encore dans certains quartiers chauds :

 

« Depuis 2000, la ville de Montréal (http://ville.montreal.qc.ca) a donné carte blanche à la police pour "nettoyer" les rues du Centre-ville et du Centre-sud des "indésirables".

 

"Les commerçant-es disent que les prostituées de rue ôtent de la valeur à leurs commerces, tandis que pour les résidant-es qui emménagent dans leurs nouveaux condos, les prostituées, les drogué-es, les "squeegies" et les itinérant-es sont des irritants", déplore Marie-Neige, travailleuse chez Stella (www.chezstella.org). Le service de police de la Ville (www.spvm.qc.ca)  a donc déclenché des opérations de répression accrue envers la prostitution de rue. "On est passé de 38 arrestations pour sollicitation en 2001, à 715 pour les 9 premiers mois de 2004", (www.chezstella.org/stella/?q=node/166) s'indigne Marie-Neige.

 

(…) La police a vidé le Centre-sud de ses femmes de la rue tandis que les travailleuses du sexe recevaient un allé simple vers la prison. Les opérations de répression ont aussi visé leurs clients. La section Moralité du SPVM a organisé des opérations clients et invité les résidant-es à la délation : le projet "Cyclope" (www.er.uqam.ca/nobel/arrfm/Cyclope.html) - "qui vise à sensibiliser les clients aux méfaits causés par la sollicitation à des fins de prostitution", selon le SPVM - a été mis sur pied et la délation a été institutionnalisée. » (1)

 

 

Certains biens pensants de droite devraient se rappeler des abuseurs qui ont été protégés par les milieux conservateurs et religieux pendant des années. Ils devraient regarder au Sud de nos frontières et ils verraient que la prison et la peine de mort, associées à une culture qui valorise l’argent, le fusil et l’autodéfense, ne diminuent en rien la criminalité. Au contraire. Le Pouvoir de l’argent et de Dieu ne donne pas tous les droits, même si cette idée est véhiculée par une certaine conception de l’éthique protestante. (2) Elle a parfois des effets pervers aussi. 

 

La société est un vase communicant quoiqu’on en dise. Le drogué, la prostituée et l’itinérant ne sont pas d’une autre planète. Il ne faudrait pas l’oublier. Certains ont aussi le rêve de s’en sortir, mais leur offre-t-on toujours l’aide dont ils ont besoin? 

 

     C’est le cas de cette jeune fille de 16 ans, prostituée et droguée, que le film suit parmi les personnages centraux de l’histoire. Elle rêve de gagner assez pour faire autre chose. Mais, pour oublier, elle se « shot », ce qui l’éloigne de son rêve et accroît les risques qu’elle court : le SIDA, la violence et l’overdose par exemple. Quand elle en aura assez, sera-t-on prêt à l’aider? Les organismes auront-ils de la place et des budgets pour le faire ou devra-t-elle attendre dans ce milieu qu’elle veut quitter? Sa famille accepterait-elle son retour pour l’aider? Sinon, demeurer dans le même milieu constituera une forme de condamnation; condamnation au nom de budgets que l’on n’a pas, alors que l’on subventionne des entreprises pétrolières dans l’Ouest canadien et des multinationales de l’aluminium au Québec!

 

Si l’action de ce film se déroule à Vancouver, des parallèles peuvent être tirés avec  Calgary, Toronto ou Montréal. De quoi faire réfléchir le spectateur qui le veut, car à voir ce film on peut facilement condamner la pensée de droite. Je l’ai d’ailleurs reçu comme une forme de dénonciation par l’image. Mais, il y aura toujours des gens pour approuver.

 

***

 

     D’un autre point de vue, on peut aussi comprendre ce père de famille qui s’inquiète pour sa fille qui s’est piquée sur une seringue jetée près de la clôture de sa cour et qui veut mener un combat pour nettoyer son quartier. Il s’implique à partir de ce moment dans la milice citoyenne (neighbourhood patrols), au point que sa femme, intervenante en toxicomanie dans une école secondaire, ne le reconnaît plus, notamment pour la délation.

 

C’est cependant humain; une forme de désespoir et d’inquiétude, car la seringue étai-elle infectée au VIH/SIDA ou par une forme d’hépatite? Une innocente victime d’à peine 5 ans qui peut être condamnée pour la vie pour avoir simplement joué dans sa cour. On aurait beau être le plus progressiste des progressistes, il est sûr que d’être touché d’aussi près peu ébranler certains de nos principes pour quelques jours au moins. C’est humain. L’ouverture, c’est aussi de le comprendre.

 

***

 

Des seringues et des condoms en bordure des terrains, dans les parcs,  ou dans les cours d’école, est-ce raisonnable si on y élève des enfants? Cette question se pose, même à Montréal où j’en ai vu dans certains quartiers. Mais, si on envoie ces gens, ils vont aller où? Le problème est là, au point de rencontre entre les anciens occupants du secteur et les nouveaux arrivants; la classe moyenne qui s’installe dans ces anciens quartiers pauvres dans un mouvement d’embourgeoisement (gentrification), et qui en change le tissu social sans nécessairement améliorer les conditions des anciens habitants. Ces pauvres, les retraités d’un certain âge dont les pensions sont réduites en rapport du coût de la vie, et les paumés vont se retrouver dans un autre quartier ou dans la rue s’ils perdent les logements qu’ils occupaient. On n’aura que déplacé un problème vers un autre quartier ou, pire, on l’aura essaimé sur les quartiers voisins ou dans la ville. Ce n’est pas une solution.

 

Comment peut-on les aider? D’abord, par des programmes d’échanges de seringues et d’éducation; ensuite, par des investissements dans le logement social et des services de santé communautaires à proximité (3); enfin par le soutien à des organismes du milieu. Il ne faut cependant pas être dupe : ces problèmes ne se résoudront pas facilement et surtout pas rapidement.

 

Une recherche internet nous montre que Vancouver n’est pas si à droite que cela après tout. Cette ville est même en lien avec Montréal sur certains points. Ainsi, un article paru il y a quelques jours dans le Vancouver Courrier nous apprenait que :

 

« A scientific experiment offering free heroin to drug users is looking for 38 more volunteers addicted to heroin for at least five years.

 

The North American Opiate Medication Initiative, or NAOMI, is a program approved by Health Canada that began enrolling drug users in Vancouver in February 2005.

 

So far, the program in Vancouver has 161 participants and the program in Montreal, which began later in 2005, has 54. Another 38 are needed to round out the study. » (4)

 

***

 

Des scènes sont dures et ce n’est pas le genre de société que je veux : la drogue par dépit; la délation et l’auto justice comme solution. Mais pour éviter cela il faut soutenir des initiatives communautaires et publiques d’éducation et de réinsertion sociale. Les solutions ne viendront pas d’une augmentation des budgets sécuritaires non plus, surtout si l’on coupe dans les investissements sociaux. Ce film permet donc de poser les bonnes questions s’il ne les pose pas lui-même. Pourquoi ne pas travailler à mettre sur pied des structures communautaires, pour reprendre les choses en main et aider la communauté en place par exemple, plutôt que de faire une milice de nettoyage et de délation? C’est une option qui pourrait être amené dans une discussion autour de ce film. Plusieurs n’attendent que cette bouée pour s’en sortir. Tout est dans l’optique de celui qui regarde le film. Certains approuveront ces méthodes de droites; d’autres se questionneront à savoir s’il n’y a pas d’autres solutions, ce qui pourrait faire des débats intéressants à l’aube d’élections qui peuvent être déclenchées au Québec et au Canada. Quelle société voulons-nous? 

 

***

 

Enfin, quel est le rôle du milieu dans tout cela? Dans la  chute vers la drogue par exemple? Mais d’abord, qu’est-ce que le milieu? La famille? L’école? Le voisinage? Et les autres influences, comme la télé, la musique ou la mode? Quand on dit « Our children are our future », ça fait bien des choses à voir.

 

Mais, comment peut-on aider les jeunes si on ne tient pas compte des parents? Même en milieu favorisé, les parents  ne sont pas toujours présents quand il le faudrait ou de la bonne façon. D’ailleurs, ont-ils le temps de voir au développement de leurs enfants, pris par leurs objectifs de productivité? Plusieurs parents manquent aussi de moyens face à leurs enfants; et quand je parle de moyens, je ne parle pas d’argent. Ce peut être un manque de temps ou de talents. Vous pouvez être excellent pour montrer à votre fils ou votre fille à patiner, à écrire ou à faire du vélo, mais si c’est l’improvisation, la musique, le théâtre ou le curling qui l’intéresse, que faites-vous? Les ressources sont-elles disponibles?

 

Les organismes communautaires, de sports et loisirs, ou d’éducation peuvent donc aider tant les enfants de riches que de pauvres, car ils en ont tous besoins. Ce contact des uns avec les autres peut aussi être bénéfique. Des activités parascolaires comme le théâtre, l’impro ou les camps de sciences sont aussi nécessaires que les maths, le football ou le hockey pour les éveiller. Un bon réseau de bibliothèques scolaires et publiques aussi, car l’éducation ne se fait pas juste en classe. Elle doit se poursuivre après les heures de classe. Pourquoi les bibliothèques scolaires ne seraient-elles pas ouvertes durant les vacances d’été par exemple? Qui dit que la lecture d’un livre n’aurait pas empêché un(e) jeune de faire son premier larcin ou de fumer son premier joint à 13 ans par ennui, peu importe son milieu socio-économique, car il faut de l’argent de poche pour s’acheter son premier joint à cet âge. À 20 ans on le/la stigmatisera! Des services de garde et des investissements en sports, loisirs et culture sont donc nécessaires peu importe le niveau socio-économique des parents, surtout si les jeunes sont laissés à eux-mêmes. Un film à discussion!

 

***

 

     Enfin, ce film me permet de faire un court aparté sur mes textes cinématographiques. Je ne fais pas dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans de caméra,  le jeu des acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de presse - j’ai pris 32 feuillets de notes dans mon Palm pour ce film par exemple – que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.  

    

Notes :

 

1. Quand revitalisation rime avec répression, sur Cybersolidaire :

http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2005/02/quand_revitalis.html

 

2. Sur l’éthique protestante, étude sociologique de Max Weber, voir la notice suivante : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%A9thique_protestante_et_l%27esprit_du_capitalisme  Le livre, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme de Max Weber, peut être téléchargé intégralement à partir des classiques des sciences sociales pour qui veut tout en savoir : http://classiques.uqac.ca/ 

 

3. Je pense à notre réseau de CLSC par exemple : « Les centres locaux de services communautaires ont pour mission d'offrir, en première ligne, à la population du territoire qu'ils desservent, des services de santé et des services sociaux courants, de nature préventive ou curative, de réadaptation ou de réinsertion. » (http://wpp01.msss.gouv.qc.ca/appl/m02/M02Lexique.asp)

 

4. Mike Howell, Free heroin: addicts wanted, in  The Vancouver courier, published on 01/19/2007: www.vancourier.com/issues07/013207/news/013207nn3.html

 

Hyhperliens :

    

www.christalfilms.com/officialsites/mountpleasant/

 

www.city.vancouver.bc.ca/community_profiles/mount_pleasant/index.htm

 

http://www.discovervancouver.com/gvb/mount-pleasant.asp

 

www.vancourier.com

 

www.anhgv.org/neighbourhood_houses/mount_pleasant.php

 

Pour trouver de l’information ou de l’aide, des groupes de pression ou des groupes de défense des droits sur les toxicomanies  ou la prostitution, une recherche sur Google (www.google.com) serait le plus approprié avec une indication de votre région. Par exemple,  Montréal: toxicomanie; Montréal: prostitution ou Montréal: travail du sexe! Bonne recherche.   

 

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Les Filles du botaniste

www.lesfillesdubotaniste.com

Sortie : le 19 janvier 2007

 

Un film de : Daï Sijie

Avec : Mylène Jampanoï, Li Xiaoran et Dongfu Lin

 

Produit par : Roger Frappier et Luc Vandal (Max Films Productions) et Lise Fayolle (Fayolle et Sotela Films)

Durée : 1h45

 

Dans la Chine des années 80, tous les tabous ne sont pas levés.

 

Min, jeune orpheline, part faire ses études chez un botaniste de renom. Homme secret et père autoritaire, ce professeur vit sur une île qu’il a transformée en jardin luxuriant. Contrainte de partager cette vie solitaire et effacée, sa fille An accueille avec joie l’arrivée de l’étudiante. Très vite complices, les deux jeunes femmes voient leur amitié évoluer vers une attraction troublante, sensuelle et interdite.

 

Incapables de se séparer, Min et An imaginent bientôt un dangereux arrangement pour continuer à partager le même toit…

 

Festival des Films du Monde de Montréal 2006 - gagnant des prix…

 

De la meilleure contribution artistique - Guy Dufaux

Du public pour le film le plus populaire

Du film canadien le plus populaire

 

Commentaires de Michel Handfield (23 décembre 2006, mis en ligne le 19 janvier 2007)

 

Prises de vues et paysages superbes; sensualité de l’image; le tout en opposition avec une culture très conservatrice, ce qui en fait un film tout en contraste. 

 

Le maître de botanique, qui vit avec sa fille au cœur d’un jardin luxuriant, est « droit », dans le sens de conservateur. Avec l’arrivée d’une jeune stagiaire, sa fille se révélera plus libérale. Beaucoup trop libérale pour le jardinier et la Chine, car une amitié particulière naîtra entre ces deux filles, qui se transformera en amour véritable, mais interdit. 

  

Tout le contraste de cette Chine, de cette culture, se retrouve dans de petits détails; comme la relation aux plantes du jardinier, qui semble beaucoup plus humaine et attentionnée que sa relation aux autres. Ce respect de la nature dans la tradition est d’ailleurs en porte-à-faux avec le rejet de la relation profonde qui existe entre les deux filles. Autant de tendresse, d’amour et de respect de la vie envers les plantes, mais si peu de respects envers les homosexuels, passibles de peine de mort! Pourtant, tant  l’homosexualité que la bisexualité existent dans la nature! 

 

D’ailleurs, les idéologies tant vénérées dans la société, qu’elles soient religieuses ou politiques, n’existent pas toujours dans la nature, mais les idéologues en appellent toujours soit à Dieu, soit à la nature. Et si une chose ne respecte pas la morale idéologique qu’ils défendent, l’argument massue est que cette chose n’est pas naturelle ou qu’elle est contre nature! L’homosexualité est ainsi contre nature, le mariage naturel. Pourtant l’homosexualité existe dans la nature, le mariage non!

 

La même remarque s’applique à l’économie. Si les taxes et les impôts n’existent pas dans la nature, comme le  rappellent les néolibéraux qui prônent un marché libre de toutes entraves en se basant sur la loi naturelle; le profit et la thésaurisation n’existent pas non plus faut-il leur rappeler. Si la nature a ses forces, elle a aussi ses faiblesses, dont celle d’être à la merci des éléments. C’est ce qui a amené l’Homme à se donner des règles sociales, des politiques et une organisation technique pour ne pas être dépendant de la seule loi naturelle et des intérêts particuliers. Il ne faudrait surtout pas l’oublier. La loi n’est pas innée, mais construite. Elle peut être changée par la volonté des Hommes. C’est la démocratie. Si l’homosexualité est, elle peut donc être reconnue et encadrée. En fait, elle doit l’être au même titre que l’hétérosexualité. C’est d’ailleurs ce qui permet de faire une distinction entre les relations entre adultes consentants; les relations pédophiles, tant homosexuelles qu’hétérosexuelles; et celles basées sur une forme de domination.

 

Quel contraste de voir d’un côté un tel respect de la nature et de l’autre un tel blocage face à la vie et à l’amour, même s’il prend une figure plus marginale. C’est un film fort, mais tout en nuances.

 

Contrastant aussi ce respect de la Chine des années’80 pour la nature, car un autre film dont nous avons déjà parlé, Paysages fabriqués (Manufactured Landscapes) de Jennifer Baichwal, nous montre comment la Chine capitaliste prend maintenant le dessus sur la Chine traditionnelle et paysanne au nom du progrès industriel. Un tout autre monde…

 

Mais, si les mœurs et les règles sociales n’ont peut être pas évoluées au même rythme que les avancées technologiques du capitalisme chinois, les choses commencent à changer à ce niveau aussi, ce que montre une recherche internet avec les mots « Homosexualité et Chine » sur Google. La Chine est peut être sur la voie de la démocratisation et de l’acceptation de la nature humaine, même si cela se fait à petit pas. 

 

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DRIVING LESSONS

www.sonyclassics.com/drivinglessons

Dès le 19 janvier au cinéma AMC Forum!

 

Le film sera présenté dans sa version originale anglaise.

 

Rupert Grint est probablement le rouquin le mieux connu de la planète grâce à son personnage de meilleur ami de Harry dans quatre films Harry Potter.  Il campe maintenant son premier rôle «presque d’adulte» dans Driving Lessons, une histoire vivante sur le passage à l’âge adulte qui met également en vedette Laura Linney et Julie Walters.

 

Driving Lessons marque le début à la réalisation de Jeremy Brock, lequel a écrit le scénario d’après son expérience personnelle acquise à l’emploi de la légendaire actrice Dame Peggy Ashcroft.  Brock est mieux connu comme le scénariste des films à succès Mrs. Brown et Charlotte Gray ainsi que le coauteur de la très populaire série télévisée britannique sur le milieu médical, Casualty.

 

(…)

 

Le film a été tourné à Londres, à Édimbourg et dans leurs environs.  L’un des magnifiques lieux de tournage est cette maison de style géorgien dotée de l’un des plus vastes jardins privés londoniens.  Cette dernière sert de demeure à Evie et son jardin est l’endroit où elle adore déclamer du Shakespeare ou jurer après ses plantes.

 

Driving Lessons est distribué au Québec par Métropole Films et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield (jeudi, 19 janvier 2007)

 

Ben est étouffé par l’amour de sa mère pour Jésus, car elle lui « donne » son fils comme Dieu nous a donné le sien. Elle le « sacrifie », mais c’est lui qui subit finalement, pas elle! Il est son instrument; doit suivre des séminaires bibliques et aider les personnes âgées de la communauté dans ses vacances d’été. Elle, elle s’enorgueillit de la chose. Maniaque, contrôlante, castrante et manipulatrice! Son père, est effacé devant cette inconditionnelle de Dieu qui, sous des airs de bienveillance et de compassion chrétienne, est finalement une terreur psychologique. 

 

Si Dieu donne la liberté, pour elle c’est la liberté d’entrer dans la légion de Jésus comme d’autres entrent dans l’armée ou la drogue. C’est une dépendance, car hors de lui point de salut! Une « Jesus freak » à un point tel que son mari, pasteur de la communauté, n’ose pas l’affronter sauf dans ses homélies. L’une d’elle porte justement sur les dangers d’être « Jesus freak », car le plus beau cadeau qu’il nous a fait c’est la capacité de peser le pour et le contre; de choisir; d’être libre… C’est même paradoxal, car ça semble être la seule façon qu’il a de parler à son fils, la maison ressemblant à une prison idéologique.

 

Ce film dénonce une certaine hypocrisie Chrétienne, le message principal du Christ étant « aimer vous les uns les autres », alors qu’un tel contrôle en est tout le contraire.

 

Son initiation au monde se fera lorsqu’il décrochera un emploi d’aide auprès de Dame Evie, une actrice excentrique et poétesse à la retraite. Elle est alcoolo, théâtrale, poétique et anarchiste. Les conventions, surtout morales, ne trouvent pas grâce à ses yeux. Une bouffée d’air frais pour ce jeune, mais ce sera aussi déstabilisant pour lui : « Tu diras à Dieu que je t’ai enlevé! » Il aura d’abord un certain vertige avant de trouver SON équilibre entre cette réalité et celle qui lui avait été inculqué jusque là par sa mère.

 

Dans son escapade en écosse avec Evie, qu’il conduit à un congrès de poésie, il découvrira autre chose que maman. Surtout une fille qui lui fera goûter le plaisir. Un one night stand. Mais, reverra-t-il cette fille plus tard? Il y  aurait peut être là objet à une suite qui serait intéressante pour voir comment il se sera sorti de ce milieu familial et surtout quels en auront été les effets.

 

Au pub, où il l’aura d’abord accompagné avant de se retrouver chez elle, ça brasse dans la cabane avec de la musique trad-rock et ce n’est pas le temps des fêtes. Une leçon pour nous au Québec qui sortons cette musique en décembre et la remisons avec les décors des fêtes, car on l’a joué à s’en écoeurer!

 

Mais, maman est forte. Elle lui reprochera d’avoir quitté la maison de Dieu et, à son retour, lui interdira de revoir Evie. Pourtant, sa présence fait du bien à cette vieille dame. Mais la charité chrétienne n’est que pour ceux qui répondent à certaines attentes selon sa mère. Cette vieille dame indigne ne mérite pas sa présence. Sauf qu’après avoir connu autre chose, rentrer dans le rang ne pourra pas durer. On en verra les premières conséquences. Quels en seront les résultats à plus long terme? Un nouvel équilibre ou un vertige? C’est ce que j’aimerais voir dans une suite.  

 

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VENUS

www.venus-themovie.com

Sortie : 19 janvier 2007

 

Durée : 95min 

PETER O’TOOLE – NOMINATION AUX GOLDEN GLOBES - Meilleur acteur  (drame)

Réalisation : Roger Michell

Distribution: Peter O’Toole, Vanessa Redgrave, Jodi Whittaker

 

La rencontre entre deux vieux comédiens et une jeune fille prénommée Jodie

 

Commentaires de Michel Handfield (19 janvier 2007)

 

La vieillesse, où la dérive est à chaque tournant; mais aussi où ce que l’on a toujours été est toujours là, enfouie sous une couche de poussière, mais là. Bien là, surtout pas si loin dans notre tête même si notre corps y semble à des années lumières!

 

Un film sur le « naufr’âge », traité avec humour, tendresse et un brin de concupiscence parce qu’un des deux amis, Maurice (Peter O’Toole) est en amour avec cette jeune fille, Jessie (Jodie Whittaker), en visite chez son ami, Ian (Leslie Phillips). Mais il n’y a pas de retour! Sauf que cela le met en position de vulnérabilité face à la petite nièce de Ian, qui pourrait facilement marchander un toucher, ne serait-ce que lui tenir la main. Est-il prédateur ou victime? J’avais parfois un malaise face à Maurice, d’autres fois face à Jessie. Et si son ami s’en rend compte?

 

Un film autant sur les différences intergénérationnelles que les relations hommes/femmes, surtout en ce temps d’individualité, de mode sexué et de codes qui ne sont plus les mêmes selon les générations.

 

A voir, car ce film ne vous laissera pas indifférent. Il pourrait être objet de discussions fort intéressantes en classe sur les sujets de l’intergénérationnel et des relations entre les hommes et les femmes. Pédagogique? Il faudrait juste le voir dans cette perspective pour en sortir d’abord les questions clefs. Des discussions intéressantes pourraient s’ensuivre.    

 

 

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ARTHUR ET LES MINIMOYS
www.arthuretlesminimoys.com

 

« Arthur et les minimoys » prendra l'affiche en versions française et anglaise le 12 janvier 2007.

Commentaires de Michel Handfield

(6 janvier 2007, mis en ligne le 12)

 

Été 1960. Arthur est dans ses rêveries de préadolescent  concernant son grand-père disparu il y a quelques années.  Mais si ce grand-père, dont les albums souvenirs sont remplis d’anecdotes et d’images qui semblent magiques, était caché quelque part dans le jardin; chez un peuple d’être miniature qu’il aurait ramené d’Afrique?  

 

L’imagination d’Arthur et les histoires étranges que lui raconte sa grand-mère, concernant son grand-père, se confondent avec la réalité, surtout depuis qu’ils sont menacés d’expulsion par un promoteur véreux. Tout est en place pour une aventure fantastique. Arthur, cœur pur, saura trouver la clef de l’énigme et…

 

Si vous y voyez une référence au roi Arthur, c’est qu’on ne peut tout réinventer. On emprunte quelquefois. Cela donne cependant un bon divertissement pour les cœurs  jeunes. Un film pour toute la famille.

 

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LA MALÉDICTION DES FLEURS DORÉES

www.sonyclassics.com/curseofthegoldenflower

À l’affiche dès le 12 janvier!

 

Le film sera présenté dans sa version originale en mandarin, avec sous-titres français et sous-titres anglais.

 

Les superstars chinoises Chow Yun Fat et Gong Li tiennent la vedette de La Malédiction des fleurs dorées, la troisième épopée d’arts martiaux du réalisateur chinois Zhang Yimou (Le Secret des poignards volants, Héro), sa plus grosse production et la plus haute en couleur à ce jour. 

 

Le film – candidat chinois pour l’Oscar 2006 du meilleur film en langue étrangère – est un drame historique portant sur une famille impériale qui s’effondre lentement de l’intérieur.

 

L’action se situe il y a plus de mille ans, à la fin de la dynastie Tang.  Celle-ci a été l’une des dynasties les plus flamboyantes de l’histoire de la Chine.  Or selon un vieil adage chinois : « L’or et le jade à l’extérieur, la pourriture et la décomposition à l’intérieur. »  Il arrive parfois que sous une belle apparence se cache une vérité épouvantable.

 

C’est la veille de la fête de Chong Yang, une célébration de la famille annuelle associée traditionnellement aux chrysanthèmes.  D’où la profusion de fleurs jaune d’or qui décorent le palais.  L’empereur (Yun Fat) rentre fortuitement chez lui accompagné de son fils cadet (la vedette pop asiatique Jay Chou) sous prétexte de vouloir célébrer cette fête avec les siens.  Mais, compte tenu des rapports tendus entre l’empereur et l’impératrice souffrante (Li), cela semble fallacieux. 

 

Trahison, tromperie et passion sont dévoilées, opposant l’empereur (Yun Fat) à l’impératrice (Li), et les fils les uns aux autres.  Par une nuit de lune, le sang coule pendant que des milliers de chrysanthèmes sont piétinés.

 

Des bijoux scintillants aux lanternes luisantes, la couleur or est largement employée, ce qui contribue à amplifier l’opulence du palais.  Les costumes dorés sont tout à fait chinois, la plupart comportant quatre à six vêtements superposés.  La confection des robes « Dragon » de l’empereur et « Phœnix » de l’impératrice ont exigé chacune le travail manuel de 40 artisans pendant deux mois.

 

Le film réunit plusieurs membres de l’équipe de création des productions Le Secret des poignards volants et Héro, notamment le réalisateur des scènes d’action, Tony Ching Siu-Tung, qui a intégré une scène de bataille époustouflante dans laquelle des guerriers cuirassés d’or chargent le palais impérial. 

 

Le scénario est de Zhang Yimou, Wu Nan et Bian Zhihong.

 

La Malédiction des fleurs dorées est distribué au Québec par Métropole Films Distribution  et dans le reste du Canada par Mongrel Media.

 

Commentaires de Michel Handfield

(6 janvier 2007, mis en ligne le 12)

 

     D’abord, en terme cinématographique, on a droit à un film de cape et d’épée historique et grandiose, mais de l’empire du milieu!

 

     S’y mêlent le Pouvoir et les relations filiales, l’impératrice semblant amoureuse d’un de ses fils (on comprendra plus tard qu’il n’est pas d’elle) alors que l’empereur a pour projet d’éliminer cette femme, sa femme. Il est tellement froid à son égard et rationnel dans sa conduite du Pouvoir, qu’il donne froid dans le dos. Les Hommes sont comme des pièces sur un jeu d’échec pour lui. Sans plus de considération.

 

     Mais l’impératrice est lucide. Résistante! Un jeu de pouvoir s’engage à l’intérieur du palais entre elle, l’empereur et ses fils. On s’affronte au sein de la famille dans un ballet où raffinement et barbarie se côtoient, car on ne se révolte pas sans quelques mercenaires à ce niveau du Pouvoir, mais non plus sans grâce et une certaine étiquette. Mais, si barbare est-on dans la lutte sans merci pour le Pouvoir, on sait en effacer rapidement les traces pour sauver les apparences face aux sujets du royaume. Le perdant saura se résoudre à son sort dignement.

 

     Un film que j’ai davantage regardé qu’intellectualisé, car il est grandiose comme je le disais au début de ce texte. Ça fait du bien parfois de regarder un film plutôt que de l’intellectualiser.   

 

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MISS POTTER

www.misspottermovie.co.uk


RENÉE ZELLEWEGER – NOMINATION AUX GOLDEN GLOBES – Meilleur actrice (comédie)


Réalisation :  Chris Noonan
Distribution :  René Zellweger, Ewan McGregor, Emily Watson, Jane How


Jeune femme de l'époque victorienne, élevée dans la morale stricte de l'époque, Beatrix Potter va tout connaître : des affres de la création au succès aussi fulgurant qu'inattendu, de la soumission à la morale bourgeoise familiale à la liberté du grand amour. Séparée par la maladie de l'homme de sa vie, Beatrix surmontera toute les épreuves sous l'œil amusé et complice de ses personnages.

Commentaires de Michel Handfield (12 janvier 2007)

 

Peter Rabbit ActivitiesLondres 1902. Beatrix Potter représente le XXe siècle naissant, du moins dans ce milieu conservateur londonien.  Elle est un modèle de modernisme, croyant en elle et en son talent; refusant le mariage de convenance et affirmant son indépendance grâce à son talent! Une féministe et une écologiste avant l’heure, car elle a donné des acres de terrain pour protéger une région qu’elle affectionnait particulièrement. Beatrix m’a touché.

 

Ce film est aussi touchant par le rapport aux animaux qu’elle a; car elle les personnalise, les humanise. Ils sont des êtres entiers pour elle et prennent vie sous sa plume. Cela commence par son lapin qu’elle dessine toute jeune et qui deviendra plus tard Peter Rabbit’s (1). Je la comprends très bien, car j’en ai un à la maison! (Photo) Un lapin est un animal fort attachant pour son maître. Qui en a un, le sait. De cet amour des animaux; de cette passion du dessin et d’une telle imagination, ne pouvait probablement ne sortir que ce qui en est sortie : ses contes pour enfants. Et comme à l’époque le livre qu’elle a conçu était tout nouveau dans son format et son style, une révolution en quelque sorte, il n’y avait pas de concurrence. Elle créait le mouvement tout en répondant à un besoin. Le succès a donc suivi. (2) Une précurseure et ce film le lui rend bien.

 

Un film biographique et historique avec un geste de magie, car ses dessins s’animent sous sa plume! J’aime ce concept. Si vous aimez les biographies ou les films historiques, il devrait vous intéresser.   

 

Notes :

 

1. Le dessin de Peter Rabbit vient de www.peterrabbit.com, © Frederick Warne & Co Limited 2002

 

2. Ce n’est pas toujours le cas. Certains précurseurs sont parfois trop en avance et n’ont pas de succès pour cette raison.

 

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Happily N’Ever After / Au royaume désenchanté

Sortie : le 5 janvier 2007

 

Un film d’animation de Paul J. Bolger. 

 

Version originale anglaise avec les voix de Sarah Michelle Gellar (Ella), Freddie Prinze Jr. (Rick), Andy Dick (Mambo), Wallace Shawn (Munk), Patrick Warburton (Prince Humperdink), George Carlin (The Wizard), Sigourney Weaver (Frieda).

 

Version française avec les voix de Catherine Trudeau (Ella), Rachid Badouri (Mambo), Guy Nadon (Munk), Anne Dorval (Frieda).

 

Inspiré de nos contes de fées préférés, le film d’animation Au royaume désenchanté est une variation satirique de l’histoire classique de Cendrillon.

 

Il était une fois au Royaume des contes de fées... L'équilibre entre le bien et le mal ayant toujours existé est soudainement bouleversé. Frieda, la méchante belle-mère de Cendrillon (voix d’Anne Dorval), a formé une alliance diabolique pour nuire aux bonnes gens du royaume. Perdant le contrôle de son propre conte de fée, Cendrillon (ici nommée Ella) (voix de Catherine Trudeau) est forcée d’abandonner son attitude de demoiselle en détresse, pour prendre le contrôle de sa destinée et mener la résistance sans son prince charmant.

 

Dans un monde où les fins ont cessé d'être heureuses, une course a lieu pour le contrôle du royaume et le sort de la phrase « ils vécurent heureux… ».

 

Commentaires de Michel Handfield

(22 décembre 2006, mis en ligne 4 janvier 2007)

 

Le dessin est réaliste. Je dirais qu’il est en filiation avec Shrek. Cela devrait vous donner une idée de ce que je veux dire, sinon allez voir le site officiel du film: www.happilyneverafterthefilm.com

 

L’idée est simple, mais intéressante. L’équilibre entre le bien et le mal est parfait dans les contes de fée, ce qui fait que les bons ont toujours le beau rôle et que les contes finissent toujours bien. Mais, est-ce réaliste? Et qui sont ces bons? Ils sont beaux et charmants, mais sont-ils futés? Pourraient-ils soutenir une conversation après avoir réveillé la princesse d’un baiser ou l’avoir fait valser avant que son carrosse ne se transforme en citrouille? Que se cache-t-il derrière les apparences? Quelle serait la suite si on les connaissait mieux? Seraient-ils des princes charmants ou des êtres sans substances?

 

On le découvrira, puisque suite à une série de circonstances, la méchante belle mère de Cendrillon a l’occasion de donner plus de poids au mal, espérant que les mauvais personnages aient enfin leur revanche sur tous ces contes à l’eau de rose…

 

Mais, mettre plus de mal dans les contes, ce n’est pas donner le pouvoir aux méchants comme s’y attendait Frieda, la méchante belle-mère de Cendrillon, car le bon peut aussi savoir tirer profit de ces aspects de la personnalité que l’on qualifie de plus sombre. Certains « défauts » peuvent même s’avérer très utiles si on sait en tirer profit et les contrôler pour ne pas qu’ils nous entraînent dans des dérapages. Être dur contre l’injustice, ce n’est pas si mauvais que cela après tout! Les battants de la bonne cause ont toujours su faire craquer les cœurs. Le cinéma fait un éloge constant à certaines brutes sympathiques depuis des lustres. Mais, le bon n’est peut être pas celui qu’on attendait non plus. Les contes étant libérés de leurs entraves, certains personnages secondaires et même tertiaires peuvent en profiter pour révéler toute leur personnalité.

 

Qui dit que les mauvais bougres et les mauvaises bougresses n’ont pas leurs bons côtés? Leur zone de tendresse? Ironique, mais combien vrai, car le monde n’est pas en noir et rose, mais en nuances de gris et de pourpres! Il est donc plus réaliste de libérer la balance, qu’elle oscille librement entre le bien et le mal, que de la tenir dans un équilibre artificiel penchant toujours vers le bon! Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions? Tous ceux qui se sont essayés de faire un monde parfait, tant à droite qu’à gauche, se sont buttés à cette réalité : ce monde devenait rapidement un enfer dictatorial, que ce soit le nazisme ou le communisme soviétique par exemple. Le manque de liberté rendait triste la vie!

 

  Alors, vivre dans des contes déjà ficelés d’avance, ce ne doit pas être facile tous les jours, même pour ses héros. On ne peut que saluer cette libération de nos contes, ce qui leur donne une nouvelle fraîcheur.

 

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ANGEL-A de Luc Besson

www.angela-lefilm.com

En salle le 22 décembre

 

 Le film met en vedette Jamel Debbouze et Rie Rasmussen.

 

Synopsis :

 

Un homme rencontre une femme à Paris...

 

Commentaires de Michel Handfield (19 décembre 2006)

 

Un film en noir et blanc, tout en couleur! Irradiant! Il se passe à Paris, après le conflit Franco États-uniens sur la question de l’Irak, avec un maghrébin naturalisé états-uniens qui est pris dans des petites combines qui le dépassent! Mais au fait, qui est-il? Est-il important dans l’organisation sociale? À part ceux à qui il doit et avec qui il s’est mis les pieds dans les plats, il ne semble pas trop important. « Une petite merde, quoi! » Mais, n’est-il que cela?

 

Est-il pris dans ses combines à cause de ce qu’il est, de ce qu’il se refuse d’être, ou de ce qu’il croit vouloir être? Car, pourquoi doit-il à tous les gangs de la métropole? À cause de sa façon d’être peut-être? Car il voudrait être autre chose que ce qu’il est, mais il voudrait que ce soit tout de suite. Il n’a jamais pris le temps de s’écouter et de se construire. Et là, il est face à une échéance, mais sa date de péremption n’est pas encore arrivée selon le très haut! 

 

De quoi être tout perdu… à moins d’une aide divine pour se comprendre, s’en sortir et ne plus retomber dans la merde…  Seul un ange qui passerait par là au bon moment pourrait peut être le sauver. Mais encore, il aurait tout un processus d’autoanalyse à faire. 

 

Il y a eu l’agent 007, lui rencontrera Angel-A! Mais il ne comprendra pas tout de suite. Il doit travailler sur lui d’abord… On est dans le psycho-surréaliste! La psychanalyse profonde qui doit aller au-delà des habitudes. Si on peut tricher avec les autres un certains temps, on peut tricher bien plus longtemps encore avec soi même si on est consentant.

 

Mais qu’est-ce qu’un ange? La prise de conscience du bon que l’on a en soi! Et qui dit que cela ne peut se faire que par des moyens doux et aimable? Certainement pas Luc Besson, car notre ange a une main de fer sous une peau de velours! Angel-A a hérité d’un esprit Lino Ventura dans un corps de Marylin…

 

Idée hollywoodienne que l’ange, mais avec toute l’ironie française ça ne pouvait que donner un humour satirique et intelligent! Touchant, que ce film!

 

Petit plus philosophique!

 

Film philosophique aussi, car il pose la question de la liberté, valeur États-uniennes, mais aussi française s’il en est une. Mais qu’est-ce que la liberté? Si on peut la sentir, la percevoir, elle n’est pas physique. C’est un état d’esprit; un état d’âme! Pas surprenant de voir un ange à la rescousse. Mais, au fond, la liberté est-elle mystique ou psychologique? Et si elle n’était que conceptuelle? Si la liberté ne dépendait que de la définition qu’on lui donne et de ce que l’on fait pour répondre aux critères que l’on s’est soi même fixé?

 

La liberté pourrait alors être autant de travailler dur pour s’acheter tout ce que l’on veut (matérialiste et consumériste), que de consciemment refuser de travailler pour pouvoir communier avec les pigeons et les petits oiseaux dans un parc ou sous un pont si c’est ce que l’on désire le plus profondément (mystique ou philosophique)? C’est donc une valeur profonde, mais à laquelle on peut accoler bien des façons d’être et de vivre.

 

Façons contradictoires, ce qui explique les tensions sociales que l’on connaît autour de cette notion : les conflits interreligieux; les oppositions entre athées, agnostiques et croyants; les  désaccords profonds entre le travailleur et l’assisté social, l’un et l’autre s’opposant sur des valeurs! Par exemple, pour le travailleur, l’assisté social ne devrait pas être entretenu dans son refus de travailler alors que pour l’assisté social qui l’a consciemment choisit, ces maux modernes que sont le stress et le « burn-out » sont le fait de gens qui ont fait passer le travail, l’argent et la surconsommation bien au-dessus de la qualité de vie! Des oppositions de valeurs irréductibles et irréconciliables parfois. Pourquoi ne peut-on pas travailler que pour ce que l’on a besoin sans entrer dans un système qui nous bouffe tout entier se demandera peut être le philosophe pour sa part?  Ils auront tous raison de leur point de vue; tous tort de celui de l’autre; la liberté étant un concept et une valeur individuelle.          

 

C’est ce qui m’a fait penser à l’acteur et le système de Crozier, car dans tout ce qui est organisé il y a toujours des espaces de liberté que l’on peut prendre pour tenter de changer les choses (militantisme, collectivisme ou syndicalisme) ou pour soi (individualisme). Cependant, il est sûr qu’on ne réussira pas la plupart du temps, car d’autres aussi prennent ces espaces pour transformer les choses de leur point de vue ou même pour sauvegarder le statu quo, car il peut faire leur affaire. Certains, ainsi, voudraient que les choses ne changent pas par crainte de pire! L’immobilisme les rassure. Ils se sont fait à la situation. C’est ce qui peut expliquer que des gens ne participeront pas au renversement d’une dictature ou d’un gouvernement par peur de pire (représailles possibles, arrivée d’une dictature militaire ou d’un gouvernement pire que le précédent, même en démocratie), s’étant fait un certain espace de confort malgré la situation. Il faut avouer qu’ils n’ont pas toujours tort, mais pas nécessairement raison non plus!  

 

À partir de ces interactions se construit et se transforme la société. On pénètre dans le concept d’historicité de Touraine. La société se construit par elle-même, fruit de nos interactions. Elle n’est jamais tout à fait ce que nous voulons, ni totalement ce que les autres veulent. On peut agir ou laisser aller, car on a toujours le choix entre action, inaction ou réaction, façon moderne de qualifier la dialectique hégélienne (thèse, antithèse, synthèse) reprise par Marx plus tard! (1)

 

En est-il de même pour l’individu? Quelqu’un, en haut, a cru qu’il pouvait se changer si on lui en donnait la chance. Il lui a donc envoyé Angel-A! 

 

Société, individualité et mystique se rejoignent dans ce film, car « le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas » dit l’adage! (2) N’en est-on pas témoins d’ailleurs, la montée des conflits religieux prenant des proportions insoupçonnées jusqu’ici, la fin du XXe siècle ayant plutôt été placé sous le règne du laïcisme.  

 

Notes :

 

1. Voir DIALECTIQUE, in Trésors de la Langue Française informatisé : http://atilf.atilf.fr/   

 

2. Je préfère dire l’adage que Malraux, car il y a controverse au sujet de cette citation qu’on lui prêtre, lui en refusant la paternité et certains témoins disant l’avoir entendu de sa bouche. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Malraux)    

 

Références :

 

Crozier, Michel, et Friedberg, Erhard, 1977 (1981), L'acteur et le système, France: Seuil, col point politique.

 

TOURAINE, Alain, 1965, Sociologie de l’action, Paris: Seuil

 

TOURAINE, Alain, 1969, La société post industrielle, Paris: Denoël, coll. Médiations. 

 

TOURAINE, Alain, 1993 (1973), Production de la société, Paris: Le livre de poche, biblio essais

 

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Le Cou de la girafe

www.lecoudelagirafe-lefilm.com

 

Réalisé par : Safy Nebou

Date de Sortie : 22 décembre 2006

 

Distribution : Sandrine Bonnaire, Claude Rich, Louisa Pili

Durée : 84 minutes

Synopsis :

Mathilde, neuf ans, vit seule avec sa mère Hélène depuis le divorce de ses parents et l’opération cardiaque de son grand-père, Paul. Entre la mère et la fille, l’échec scolaire est source de conflit. Une nuit, Mathilde s’enfuit de chez elle pour rejoindre la résidence médicalisée où végète son grand-père. Dans ses mains, elle tient une lettre de Madeleine, disparue depuis trente ans. Mathilde sait maintenant qu’on lui ment, que sa grand-mère n’est pas morte. Elle est venue enlever Paul pour qu’il l’aide à la retrouver. Au petit matin, le TGV file vers Biarritz… Hélène est bouleversée en découvrant dans les affaires de sa fille des dizaines de lettres envoyées par sa mère, que son père lui dissimule depuis toujours. Au volant de sa voiture, elle roule vers le sud-ouest… Commence alors pour Paul, Mathilde et Hélène, le voyage de la vérité. Les cloisons se brisent, les mensonges et les secrets se dissipent. Grâce à la force de Mathilde, ils finiront par se parler enfin…

 

Commentaires de Michel Handfield (19 décembre 2006)

 

Il y a parfois des trous de la vie qui ne sont pas comblés et on cherche toujours à les remplir! Mathilde, neuf ans, veut remplir un de ces trous avant qu’il ne soit trop tard : connaître sa grand-mère qu’on lui disait morte!

 

C’est une idée fixe qui entraînera son grand-père dans son passé et ses secrets, mais ouvrira aussi les yeux de sa mère. Un film tendre, où se mêlent la sagesse de l’enfance et le désir de délinquance des cheveux blancs. Une façon de sentir que l’on est encore vivant! Les deux se rejoignent dans la fugue… main dans la main.

 

Mais la mère, en adulte raisonnable qu’elle est, pourra-t-elle comprendre? Car elle est à l’âge où l’on sait, alors que lorsqu’on est enfant on veut savoir et quand l’on est vieux, l’on sait que l’on ne sait jamais comme le chantait Jean Gabin à une autre époque. Jeunesse et vieillesse se rejoignent donc sur ce point, savoir, comme ils se rejoignent aussi sur la question de l’amour, des sentiments et des relations interpersonnelles. Ce n’est peut être pas un hasard la relation privilégié des grands-parents à leurs petits-enfants.

 

Se pourrait-il que certains des maux de la jeunesse d’aujourd’hui ne viennent pas tant de la famille éclatée que de la famille distanciée? En effet, avec l’étalement urbain, les grands-parents sont de moins en moins accessibles pour les petits-enfants, du moins par leurs propres moyens. Ils sont dépendants des visites des parents.  De liens privilégiés qui se tissaient alors, ne se tissent plus. Une certaine forme de transmission n’existe plus, sans compter que les grands-parents s’assimilent de plus en plus à des parents lointains, voir des étrangers. Il y aurait là un sujet d’étude psychosocial je crois. 

 

Un film touchant sur les deux côtés de l’amour : l’attachement et l’abandon. Cela est vrai des personnes comme des familles. Parfois l’abandon fait souffrir; d’autres fois, aimer signifie aussi abandonner, lâcher prise, comme ne pas s’acharner sur une personne malade, mais seulement être présent. La vie est ainsi faite que l’on veut parfois oublier ce qui est toujours là alors que d’autre fois on oublie même ce que l’on voudrait se souvenir de tout notre être!

 

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À travers ce film passent aussi certains détails qui m’on intéressé d’un point de vue social.

 

D’abord, les codes de communications différents selon les générations. Pour le grand-père, l’apprentissage passe par la lecture alors que pour sa petite-fille, c’est dans l’audio-visuel. Elle connaît l’histoire, car elle a vu le film.

 

Ensuite, c’est une remarque sur le savoir tranquille qui a attiré mon attention. Je l’ai d’ailleurs noté du mieux que j’ai pu durant la projection, car elle parle d’elle-même :

 

« Les choses qui paraissent parfois les plus inutiles sont parfois les plus utiles! Des écrits peuvent changer le monde, car ils sont à la source des révolutions! » (Grand-père à sa petite fille)

 

Enfin, cette richesse multilingue de l’Europe me fascine, car si on aime parler de nos racines européennes ici au Québec (et j’y crois) nous avons pourtant encore de la difficulté à enseigner ne serait-ce qu’une langue seconde, l’anglais, dans nos écoles. On devrait peut être regarder ce qui se passe ailleurs et, à défaut de voyager, le cinéma en est un excellent révélateur. 

 

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Marie-Antoinette

Reconstitution historique et innovation technologique

 

Jeudi 21 décembre 2006 à 21 h, rediffusion lundi 23 h .Sur les ondes de Télé-Québec. Durée : 90 minutes

  

Suivi, le lendemain, de Marie-Antoinette sur fond vert, Vendredi 22 décembre 2006 à 21 h, rediffusion lundi vers 0 h 30. Durée : 60 minutes

 

Commentaires de Michel Handfield (16 décembre 2006)

 

Ce docufiction fut tourné « sur « fond vert », les scènes ensuite superposées sur des images numériques réelles — environ 3500; lesquelles ont préalablement été tournées à Versailles et à la Conciergerie nous apprend le communiqué que vous trouverez plus bas. Il y aura d’ailleurs diffusion du « making of », Marie-Antoinette sur fond vert, le lendemain de celle de Marie-Antoinette. Le décor est donc naturel et virtuel à la fois, mais  le tout arrive juste. Je dois aussi dire que l’image est très belle. C’était important de le souligner dès le départ, vu cette particularité technologique.

 

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Marie-Antoinette, on l’a aimé, on l’a haït, mais on l’a toujours raillé! Marié à 15 ans au futur roi, qui n’en avait que 16, pour sceller une alliance politique entre la France et l’Autriche, alors ennemies de longue date,  c’était un peu un jeu d’enfants. Elle était sacrifiée dès  son arrivée, Versailles étant alors la cour la plus corrompue d’Europe!

 

Quant au roi, il aurait probablement mieux aimé un métier, l’ingénierie ou l’architecture, car il était manuel et plus curieux des mécanismes de serrure et des travaux de construction, que de la politique et de la stratégie. Plus manuel que conceptuel qu’il était, le roi devait donc s’en remettre à ses conseillers.

 

Coupé du monde et dans sa bulle, les goûts de la reine sont sans commune mesure avec la situation du peuple. Ça ne pouvait qu’aggraver le ressentiment de la cour envers elle et susciter le mécontentement populaire. En situation financière précaire, le roi de France aide les insurgés États-uniens contre l’Angleterre et la reine se fait des plus dépensières. Pendant ce temps, 500 000 indigents sont dans les rues de Paris et le royaume ploie de toutes parts sous les dettes. Coupé du monde, le couple royal ne sent pas venir le danger.

 

     Mauvaises décisions par-dessus mauvaises décisions. Insensibilité aux malheurs du peuple, celui-ci en aura assez.

 

Si la France a soutenu la révolution États-uniennes, pourquoi ne ferait-elle pas la sienne? Ce sera la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789 suivi deux ans plus tard de la Constitution de 1791 : tout homme nait égaux,  même le roi! Le Pouvoir revient à la Nation!

 

Ce qui est fascinant dans ce mouvement, c’est qu’une part des difficultés financières de la France venait justement de l’aide que le roi avait apporté aux États-Unis pour les aider à se libérer de l’Angleterre et établir leur république; difficultés qui ont plongé le peuple français dans l’indigence et l’a amené à se révolter à son tour contre le pouvoir monarchique! Le roi a soutenu la révolution états-unienne, il a reçu la révolution française en cadeau. Vive la République!  

 

Plus profondément, cela pose toute la question de la légitimité royale. On devient roi de naissance, mais cela ne signifie pas pour autant que la personne a la capacité de la fonction. Le souverain est en quelque sorte piégé par une forme de légitimité divine du pouvoir. Ce n’est pas toujours heureux pour le peuple, ni pour le souverain. Ce n’est pas un hasard si cette forme archaïque de pouvoir est de plus en plus confinée à un rôle protocolaire, séparé de la démocratie parlementaire, le vrai pouvoir politique. L’époque de Marie-Antoinette en fut la quintessence et en marqua aussi la chute : le passage des États-Unis et de la France à l’État républicain. C’est ce qui leur a mérité  ce passage à l’histoire.   

 

     Un docufiction que je vous recommande, car très bien fait. A la fois plaisant et instructif. On y trouve les vertus du film et du documentaire.

 

Hyperliens :

 

www.telequebec.qc.ca

 

Marie-Antoinette d'Autriche :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Antoinette_d%27Autriche

 

Louis XVI de France :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XVI_de_France

 

Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789 :

http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_des_Droits_de_l%27homme_et_du_citoyen_de_1789

 

Constitution de 1791 :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Constitution_de_1791

 

Communiqué :

 

Marie-Antoinette

 

La diffusion de ce long métrage de docufiction est un événement à plus d'un titre. D'abord, elle témoigne d'une innovation technologique québécoise révolutionnaire. Pour la première fois, en effet, et ce, grâce à la société québécoise Hybride, une œuvre télévisée de quatre-vingt-dix minutes est entièrement tournée en décors virtuels. Les caractéristiques de ce tournage unique font l’objet d’une chronique dans une émission diffusée le lendemain, Marie-Antoinette sur fond vert. La rigueur historique est un autre point fort de ce long métrage. Pas un mot, pas une phrase, qui ne se réfèrent à des sources historiques. Le scénario est l’œuvre du scénariste français Jean-Claude Carrière, qui a déjà signé Cyrano de Bergerac et Le hussard sur le toit. Derniers atouts : la qualité de l'interprétation et de la réalisation. Karine Vanasse, dans le rôle de Marie-Antoinette, et Olivier Aubin, qui incarne le roi Louis XVI, livrent une prestation de haut calibre, soutenus par plusieurs comédiens québécois — dont David La Haye, Paul Ahmarani, Daniel Brière, Paul Doucet et Hélène Florent. Enfin, Francis Leclerc (Mémoires affectives) et Yves Simoneau (Napoléon) cosignent la réalisation du documentaire. Tous ces éléments conjugués feront de cette reconstitution historique de la vie de Marie-Antoinette, de son arrivée à Versailles, en 1770, jusqu'à sa mort — guillotinée — en 1793, un des moments marquants de notre saison.

 

Distribution : Karine Vanasse (Marie-Antoinette), Olivier Aubin (Louis XVI), Paul Ahmarani (Léonard, le coiffeur), Marie-Ève Beaulieu (Madame de Polignac), Daniel Brière (Tronson), Vincent Champoux (Comte de Provence), Frédéric Desager (Joseph II), Paul Doucet (Fouquier-Tinville), Hélène Florent (Madame du Barry), Danny Gilmore (Comte de Fersen), Paul Hébert (Juge), Roc Lafortune (Ministre Necker), David La Haye (Cardinal de Rohan), Mathilde Lavigne (Comtesse de La Motte), Paul Savoie (Louis XV), Vincent Guillaume Otis (Comte D'Artois) Narration : Guy Nadon Musique originale : Luc Sicard Scénario : Jean-Claude Carrière Réalisation : Yves Simoneau, Francis Leclerc Producteurs : Alex Sliman, Yves Simoneau, Danielle Fontaine Production : Émergence International, Télé-Québec, GMT, France 2 France, Québec, 2006.

 

Marie-Antoinette sur fond vert

 

Pour la première fois, une œuvre télévisée de quatre-vingt-dix minutes est entièrement tournée en décors virtuels. Une innovation technologique rendue possible grâce à l’expertise de la société québécoise Hybride. Plus précisément : les comédiens jouent sur « fond vert » et les scènes sont ensuite superposées sur des images numériques réelles — environ 3500; lesquelles ont préalablement été tournées à Versailles et à la Conciergerie. Le résultat est si hallucinant, le procédé à ce point efficace que l'on peut difficilement imaginer que les acteurs ne sont pas sur les lieux. Les costumes et les accessoires sont, par ailleurs, bien réels. Quelque deux cent vingt perruques et deux cent cinquante costumes d'époque ont été nécessaires à la réalisation de l'œuvre. C’est cet exploit technologique que relate ce documentaire.

 

 

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