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Societas Criticus
Revue de critique sociale et politique
On n'est pas vache…on est critique!
&
D.I. revue d’actualité et de culture
Où la culture nous émeut!
Vol. 9 no. 1
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
Pour nous rejoindre:
C.P. 182, Succ. St-Michel
Montréal (Québec) Canada H2A
3L9
Les co-éditeurs:
Michel
Handfield, M.Sc. Sociologie et Délinquant Intellectuel pour penser
autrement!
Gaétan Chênevert, M.Sc. Adm. et Diogénien
Soumission de texte:
Les envoyer par courriel. Si votre texte est en
fichier attaché, si possible le sauvegarder en format "rtf" (rich
text format) sans notes automatiques.
I want U.S. right to vote for us! [Je demande le droit de vote américain!]
Le
paradigme de la grenouille : L’Illusion tranquille
(Texte autour du Film L’Illusion
tranquille, de Denis Julien
et Joanne Marcotte)
Commentaires livresques : Sous la jaquette!
L’État du monde sur
CD-ROM : la référence!
L'Affaire Silicose par deux
fondateurs de Relations
L’empire
perdu. La conquête du Trône.
Les Rendez-vous du cinéma
québécois 2007
DON JUAN AU TNM :
TOUTE UNE HISTOIRE! (Théâtre)
Le
paradigme de la grenouille : L’Illusion tranquille
(Texte autour du Film L’Illusion
tranquille, de Denis Julien
et Joanne Marcotte)
LA MALÉDICTION
DES FLEURS DORÉES
Happily N’Ever After
/ Au royaume désenchanté
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Michel Handfield
29 janvier 2007
Il y a quelques jours j’étais choqué,
chose rare chez moi. J’ai un lecteur MP3 et ça fait 2 fois qu’il fait défaut.
La première fois que j’ai voulu le retourner où je l’avais acheté (une grande
chaine), on ne voulait pas le reprendre disant que c’était de ma faute. L’écran
à cristaux liquides était brisé sous la vitre de protection alors que celle-ci
n’était même pas égratignée! Comme j’étais le second au comptoir de retour de
cette chaîne pour un lecteur MP3, je ne me suis pas obstiné et j’ai contacté le
fabricant. (1)
J’ai donc reçu un nouvel appareil… qui
n’a fonctionné qu’une vingtaine de jours avant d’avoir le même problème :
mon écran à cristaux liquides a encore éclaté sous le verre protecteur. Le
fabricant m’a donc suggéré de voir le détaillant d’abord et, comme seconde
option, de lui retourner l’appareil s’il ne le reprenait pas; le tout après
avoir reçu description du problème avec photos à l’appui.
J’ai donc appelé le magasin où je l’ai
acheté, et, après avoir spécifié que la
première fois on avait refusé de reprendre l’appareil au comptoir de service,
on m’a répondu que cette fois ci je pouvais y aller en toute confiance puisque j’avais reçu un courriel de
confirmation du fabriquant m’autorisant à le retourner. Une fois là, j’ai cependant eu droit à un autre refus,
sois disant que je l’ai brisé, lancé sur un mur, échappé par terre, sauté
dessus ou je ne sais quoi encore! Mais, encore une fois, l’écran de cristaux
liquides est brisé sous le verre protecteur alors que mon écran n’est même pas
marqué. C’est comme si on refusait de réparer votre montre ou de la changer
sous prétexte que vous l’avez brisé sous le verre, mais sans briser ce dernier! Totalement
illogique.
En fait, même si le verre était
égratigné, n’est-il pas là pour protéger ce qui est derrière? Si le verre
protecteur ne protège pas, il y a problème. D’ailleurs cet appareil est
toujours dans mon sac banane (à la taille) avec mon cellulaire et mon Palm,
beaucoup plus anciens! Je me suis donc obstiné dur comme fer. Comment puis-je
briser quelque chose sans même égratigner l’écran qui le protège? Par magie? Je
suis membre des sceptiques! Je parlais fort, car le responsable semblait dur
d’oreille : il ne comprenait pas que je ne peux pas briser ce qui est
situé derrière un verre protecteur sans briser ce dernier. Les cristaux
liquides gèlent pour craquer derrière l’écran ou il y a un défaut de conception,
mais ce n’est pas normal. Si je prends ton « tape gun » (il était sur le comptoir) et que j’en donne un
coup dans ton écran d’ordi ou sur tes lunettes, l’écran de l’ordi ou tes verres
vont se briser. C’est en dessous de
l’écran de mon lecteur que c’est brisé alors je ne peux pas avoir donné de
coups, l’avoir cogné assez fort pour le briser. C’est une preuve logique pour
moi. Rien n’y fit. De son point de vue, je pouvais l’avoir brisé en le touchant
tout simplement, même en le prenant!!! Alors pourquoi vendre des appareils qu’on ne peut toucher et encore
moins prendre? Après une demi-heure de discussion assez forte, j’ai donc
quitté, non de guerre lasse, mais parce que la seule solution qu’il me restait
aurait été de porter plainte aux crimes économiques, à l’Office de protection
des consommateurs ou à la cour des petites créances, car en quelque sorte j’ai
payé pour une valeur d’usage que je n’aie pas reçue. Cependant, il me restait
toujours l’option de le retourner au fabricant, ce que je fis.
J’exagère peut être quand je dis les
crimes économiques, mais je suis cependant privé de l’usage d’un appareil que
j’ai payé près de 100 $ pour écouter la radio et mes émissions
d’informations en baladodiffusion et
dont je ne jouie pas à sa juste valeur, car il brise sous la brise! Mon petit
Sony à 20$ fait pourtant la « job »! Bref, j’ai l’impression d’avoir
été floué, ayant donné une valeur d’échange, de l’argent, contre une valeur
d’usage dont je ne profite pas. Cet appareil ne me donne pas l’usage que j’en
« entend » pour le prix.
Par la suite, j’ai été dans une autre
chaîne qui tient le même type d’appareil pour satisfaire ma curiosité. Eux non
plus ne l’auraient pas repris, soit disant que je l’aurai brisé. Après
explication, car là il n’y avait pas cette relation entre moi qui me sentait
floué et le vendeur qui refusait de me
donner le service auquel je m’attendais de sa part, j’ai compris que le
problème en est un de conception. L’écran est un mica finalement; non pas un
plastique solide comme sur une radio portative, une montre, une calculatrice ou
un cellulaire. Simplement toucher trop fort l’écran en le prenant, qu’il soit
serré par la ceinture de sécurité en voiture ou que quelqu’un vous accroche en
transport en commun peut le déformer et briser les cristaux liquides derrière.
C’est fragile, trop peut être. Même si la pub vise davantage les gens actifs
que cloués au lit, ils seraient peut être plus appropriés à ces derniers!
Alors, attention si vous achetez ce type d’appareils.
Je vais donc en être à mon troisième
appareil, si j’en reçois un nouveau. Pour avoir voulu sauver quelques sous sur
un plastique protecteur plus rigide, combiens de clients insatisfaits? Et, à
quel coût environnemental, si on calcule les allers-retours des appareils
défectueux et de remplacement? Ces lecteurs sont-ils recyclés ou mis aux
vidanges? En citoyen responsable, cela m’interpelle.
Pour être honnête, je dois cependant
souligner que par le passé j’ai toujours reçu un bon service chez ces
marchands. Je me demande donc si le cas des lecteurs MP3 n’est pas une
exception. Trop fragile, les marchands préfèrent peut être ne pas les
reprendre. C’est une hypothèse que je soumets, car plusieurs personnes à qui
j’en ai parlé n’en sont pas à leur premier appareil peu importe la marque. Cela
m’apparaît symptomatique d’un problème, plus que le hasard. Magasinez donc bien
l’achat de votre MP3 et, surtout, demandez s’ils ont beaucoup de retours
acceptés… et refusés! Mieux vaut être averti.
Note :
1. Le client qui me précédait avait une égratignure sur la vitre de son
appareil et c’est le prétexte qu’on lui a donné pour ne pas le reprendre même
s’il ne fonctionnait plus et qu’il avait une garantie prolongée payé presque
le même coût que l’appareil! Ce n’était
pas trop difficile à comprendre, car, insatisfait, il parlait fort!
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I want U.S. right to vote for us!
[Je demande le droit de vote américain!]
(An English translation follows)
Michel Handfield
18 janvier 2007
« Ainsi, tout citoyen canadien
possédant une deuxième nationalité iranienne, irakienne, cubaine, soudanaise,
nord-coréenne ou du Myanmar est limité dans son choix de comptes à la Banque
Royale. Celle-ci dit agir en conformité avec des exigences américaines. »
(1)
« À Mirabel, 24 employés qui
possèdent une double nationalité et qui travaillent à la production
d'hélicoptères destinés à l'armée américaine chez Bell Helicopter seront
réaffectés au sein de la compagnie. L'entreprise se soumet ainsi à une exigence
américaine. » (2)
« General Dynamics, la
multinationale qui vient d'acheter SNC Technologie, demande que les camionneurs
chargés de transporter leurs produits militaires soient de nationalité
américaine. » (3)
Et maintenant on apprend que « Le
développement accéléré des sables bitumineux de l'Alberta aurait un lien direct
avec les besoins pressants des Américains en pétrole. » (4)
Quatre nouvelles des derniers
jours qui montrent que la politique états-unienne s’applique au Canada. Comment
pouvons-nous intervenir comme citoyen?
En pratique, comme citoyen d’un
espace démocratique j’ai des lois à respecter, mais aussi des droits, dont
celui de voter. Un pays étranger ne peut imposer sa loi sur mon territoire. La
France, par exemple, ne peut imposer ses lois à l’Allemagne ou aux USA. Si
l’Europe peut imposer ses lois aux pays de la communauté européenne par contre,
c’est qu’en contrepartie les citoyens ont un droit de vote européen. L’un ne va
pas sans l’autre. Alors, si une loi états-unienne s’applique ici au nom d’une
certaine intégration continentale ou de la sécurité, je dois avoir des droits
correspondants, dont celui de voter pour la
présidence américaine puisqu’elle me touche directement dans ma
citoyenneté et ma souveraineté. L’un ne va pas sans l’autre dans le contrat
social démocratique entre l’État et les citoyens!
Je réclame donc haut et fort ce
droit de vote pour la prochaine présidentielle américaine puisque votre
politique s’applique maintenant au Canada. Naturellement seront exclus de ce
droit ce qui ne concerne que votre territoire, comme l’élection des sénateurs,
des juges ou les référendums locaux par exemple. Quand on se dit le gardien de
la démocratie mondiale, on se doit d’être à la hauteur des ambitions que l’on
met de l’avant. Si on n’est pas capable de le faire, on se tait!
I want U.S. right to vote for us!
(English version)
”So, every Canadian citizen possessing the second
Iranian, Iraqi, Cuban, Sudanese, North Korean nationality or of Myanmar is
limited in his choice of accounts to the Royal Bank. This one tells to act in
accordance with American requirements." (1)
“At Mirabel, 24 employees who possess a double
nationality and who work on the production of helicopters intended for the
American army at Bell Helicopter will be reinstated within the company. The
company so submits itself to an American requirement." (2)
"General Dynamics, the multinational which has
just bought TECHNOLOGY GENERAL PARTNERSHIP, demand that the carriers asked to
transport their military products are of American nationality." (3)
And now we learn that "the development
accelerated by some bituminous sands of the Alberta would have a direct link
with the pressing needs of the Americans in petroleum." (4)
Four news of the last week
which show us that the policy of United-States is applied here. How can we intervene
as citizen?
In practice, as citizen of a
democratic nation I have laws to respect, but also rights, of which that to
vote. A foreign country can’t impose its law on my territory. France, for
example, cannot impose its law in Germany or in the USA. If Europe can impose
its law on the countries of the European community on the other hand, it’s
because in return the citizens have a European right to vote. L’un ne va pas sans l’autre as we say in
French. Then, if an American law applies in Canada in the name of continental
integration or security, I want the correspondent right: that to vote for the
American presidency because it touches me in my citizenship and my sovereignty.
It’s the basis of democratic social contract between state and citizens! You
act as continental state; you give us the right to vote at your presidency.
I demand clearly this right
to vote for the next American presidential elections because your policy
applies in Canada. Naturally will be excluded from this right what concerns
only your territory, as the election of the senators, the judges or the local
referendums for example. When we say to ourselves we are the guard of the world democracy, we owe be as high as the
ambitions which we put of the front. If we are not capable of making it, we
keep silent!
Notes:
1. Banque Royale du Canada, Des
restrictions discriminatoires, in Radio-Canada, Nouvelles/National, mardi 16 janvier 2007 à 14 h 28 :
www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/01/15/003-royale-discrimination-usa.shtml)
2. Bell Helicopter. À l'encontre de la Charte, in Radio-Canada, Nouvelles/National, jeudi 11 janvier 2007 à 23 h
15 :
www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/01/11/002-bell-vs-charte.shtml)
3. Denis Lessard, TRANSPORT
D'ÉQUIPEMENT MILITAIRE. General Dynamics privilégie les camionneurs américains,
in La Presse, mardi 16 janvier 2007 : www.cyberpresse.ca/article/20070116/CPACTUALITES/701160617/1019/CPACTUALITES
4. Sables bitumineux. Extraire plus
pour les Etats-Unis, in Radio-Canada, Nouvelles/National, mercredi 17
janvier 2007 à 19 h 21 : www.radio-canada.ca/nouvelles/National/2007/01/17/003-Sable-Bitumineux-Can.shtml
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Index
Essais
Le paradigme de la grenouille : L’Illusion
tranquille (1)
(Texte autour du Film L’Illusion tranquille,
de Denis Julien et Joanne Marcotte)
Commentaires de Michel Handfield
12 janvier 2007
Le système craque de partout. Sur ce, tant la gauche que la droite
s’entendent. Mais, à la question « qu’est-ce
qu’on fait? », la réponse est beaucoup moins claire et surtout pas
unanime! Chaque groupe a ses réponses qui ménagent ses vaches sacrées. Pour les
uns le salut passe par l’État, pour les autres par la libre entreprise!
Du point de vue de ce film, l’illusion tranquille (www.lillusiontranquille.com), la gauche,
l’alliance syndicale étatique, prend beaucoup de place dans les médias. Elle
sait se faire voir dans l’espace public; faire valoir ses opinions par des
campagnes de publicité et de relations publiques bien orchestrées; par des
manifestations et des grèves. Elle a su développer des alliances avec les
organismes de la société civile et le réseau communautaire qui la servent bien.
Nous nous retrouvons ainsi face à une opinion publique
« manipulée » par ce discours
de la gauche bien pensante. Pour comprendre, il faut donner la parole à l’autre
côté. C’est ce que fait ce film en questionnant la droite. (2) On assiste ici à
une critique de « droite » du modèle québécois.
Du point de vue du diagnostic posé et de la critique du modèle
québécois, ce film est assez intéressant, car même pour ceux qui défendent ce
modèle, force est d’admettre qu’il n’est pas toujours à la hauteur. N’oublions
pas qu’il a près de 50 ans (1960) et que le monde a changé depuis. Sauf qu’il
est devenu une icône et on ne touche pas facilement aux icônes. On utilise
d’ailleurs le modèle québécois pour bloquer tous changements, ce qui est
paradoxal, car ce modèle en était un de changement pour amener le Québec au
niveau des autres. La gauche, qui était derrière cette révolution, est maintenant
devenue la gardienne du dogme et de l’orthodoxie. Un comportement de droite
(conservateur) selon certains standards.
Ce n’est cependant pas surprenant, car ce qui est de gauche aujourd’hui
fut parfois de droite hier et vice versa, car la frontière fut souvent mouvante
entre les deux. (3)
Cependant, même si on nous présente le changement comme une panacée
universelle et un incontournable, tel n’est pas toujours le cas. Le changement n’est pas toujours bon,
ni une avancée. Il constitue parfois un recul. Il faut savoir conserver un œil
critique.
Si le diagnostic est parfois valable dans ce film, les solutions sont
davantage discutables. Mais, cette remarque s’appliquerait tout aussi bien à
une vision de gauche. Trop souvent on ne prend plus la peine de
discuter les choses en profondeur: il faut un consensus rapide autour
d’une idée ficelée d’avance et présentée clef en main comme un incontournable à
prendre ou à laisser. Si on refuse, on écarte le tout. Pourtant, des nuances
sont à explorer, ce qui peut faire que
même si un projet n’est pas retenu, des balises seront établies pour savoir ce
que l’on veut ou non.
Par contre, je suis d’accord avec eux pour dire que la question
nationale couvre les autres débats au Québec et nous empêche en partie
d’évoluer même si on s’autoproclame les meilleurs (au monde!) avec notre
sacro-saint modèle québécois!
En santé, par exemple, quel est notre modèle? Les urgences encombrées…
et cela peu importe le gouvernement au pouvoir. En éducation? Nos universités
périclitent faute d’investissements. À qui la faute? Au Fédéral bien entendu,
sauf que les autres provinces, qui n’ont pas d’excuses nationalistes, ont
trouvé des solutions sans s’autoproclamer « les meilleurs », les
champions ou un se réclamer d’un « modèle » provincial quelconque!
Pourtant, ils sont dans le même régime Fédéral que nous. Cependant, ils ont
peut-être fait d’autres choix de gestion. On voit ainsi une part de nos
scientifiques (4) et de nos médecins (5) aller gonfler leurs rangs sans qu’on puisse les retenir,
car ils offrent plus que nous. Pourquoi sont-ils capables de le faire dans le
même régime fédéral? Moins de bureaucratie? Leur demande-t-on comment ils font?
Et si c’était à cause des effets contre-productifs de notre soi-disant modèle
québécois? On est peut-être mieux de ne pas leur poser la question.
Et que dire de l’éducation. Leurs discussions sur le sujet sont
intéressantes. Par exemple, sur le gel des frais de scolarité, ils soulignent
que ce gel profite davantage aux classes supérieures qu’aux classes inférieures
que cela devait pourtant aider. Leur solution : accroître les frais de
scolarité et cibler l’aide aux étudiants dans le besoin, ce à quoi la gauche
s’objecte en faisant descendre les étudiants dans la rue au nom de l’équité.
Encore une fois, le diagnostic est bon, mais les solutions convenues. Pourquoi
pas une nouvelle approche, comme un pourcentage du salaire versé à son alma mater pendant les 10 premières
années de pratique au Québec par exemple – par contre, si vous quittez le
Québec pour un emploi à l’étranger, vous acquittez la facture de vos études.
Ainsi, un professionnel fortement rémunéré paierait davantage que celui qui
fait moins de revenus en chiffres absolus, mais qui le remet autrement à la
société, en œuvrant dans un milieu communautaire par exemple ou en faisant du
bénévolat. Ce serait équitable pour les professions dont la valeur d’usage est
supérieure à leur valeur d’échange : faible rémunération ou peu
d’employabilité par exemple.
Autre diagnostic : la fiscalité met toujours le fardeau sur la
classe moyenne alors qu’elle se réduit. Il faut donc créer de la richesse en
cessant de mettre des bâtons dans les roues de nos entrepreneurs chantent
certains en cœur. Avant de redistribuer la richesse, il faudrait la créer
disent-ils! Mais, personne ne pose la question de savoir jusqu’où doit-on la
créer?
Les nouvelles économiques font état de profits records et de parachutes dorés pour les hauts
dirigeants d’entreprises. Prenons le P.D.G. d’Home
Depot, une entreprise qui fait aussi affaire ici : il quitte son poste avec une prime de 210 millions $ US.
(6) Avant de parler d’une fiscalité d’entreprises, faut-il atteindre les primes
de 500 millions de $ ou même d’un milliard? On doit atteindre quel niveau pour
être confortable avec la redistribution? Et ne le sera-t-on jamais, car ces
firmes n’ont pas de patrie?
D’un autre côté, les choses ne sont pas plus roses pour le gagne-petit,
même s’il ne paie pas d’impôt. Mince consolation que de ne pas faire assez
d’argent pour se sauver de l’impôt. Il est bien plus intéressant d’avoir assez
de revenus pour se payer les services d’un fiscaliste ou pour bénéficier des
paradis fiscaux à la place si vous voulez mon avis!
On a beau dire qu’il faut mettre les gens au travail ou favoriser la
formation pour faire monter le revenu médian,
mais la réalité nous rattrape. L’employé est un coût à réduire. On
investit d’ailleurs depuis longtemps pour le remplacer par des robots ou
rationaliser les opérations. Couper du personnel pour accroître la
productivité. (7) Quand on ne peut pas réduire les employés, on cherche à
accroître leur flexibilité pour diminuer leur
coût de revient. Wal-Mart, par exemple, « risque de déstabiliser la vie de ses employés » avec un
nouveau système d’horaire sur appel. L’employé doit être disponible en tout
temps. Plus de vie privée, plus de temps à soi. Comment améliorer son sort, en
s’inscrivant à des cours par exemple, avec ce système? (8)
De l’autre côté, il faut aider les entreprises. On subventionne leur
modernisation même si elle est réductrice d’emplois. Sauf que subventionner la
technologie qui remplace le travail ne donne pas de revenus de remplacement à
l’État. Le robot n’est pas imposé; il est même déductible d’impôt! Et avec la
mondialisation, la fiscalité d’entreprise est objet de compétition entre les
États. Les rentrés sont donc appelés à se réduire, mais les charges sociales à
s’accroître à moins que l’État ne trouve le moyen de réduire ses coûts, en
coupant dans les services ou sa masse salariale, ou en les passant à d’autres,
comme le communautaire et le bénévolat. Cela risque de grincer. Mais a-t-on
vraiment des solutions? Réduire les salaires des employés de l’État? Imposer
davantage les contribuables? Mettre des tickets modérateurs? Refaire la
fiscalité d’entreprise?
Cette dernière solution pourrait apparaître la plus logique, sauf que
nos entreprises peuvent facilement transférer leur production vers des pays
émergents comme le Mexique, l’Inde et la Chine, ce qui accentuera davantage le
problème. Couper les subventions? Cela aussi tombe sous le sens, mais les États
se font une telle compétition pour attirer des investissements que cette
solution n’aurait pas les succès escomptés, car l’État est victime de ses
frontières alors que l’entreprise n’a d’autres obligations que le rendement. Il
faut une discipline économique au niveau mondial, mais ce ne sera pas facile de
s’entendre là-dessus et encore moins de la faire respecter. On doit sortir des
réponses toutes faites que nous proposent tant la droite que la gauche, car
elles sont réductrices et idéologiquement colorées. Pas grand-chose à attendre
de ce côté.
Ce film nous donne droit à une longue entrevue avec Réjean Breton,
spécialiste en droit du travail de l’Université Laval (9), que je ne
connaissais pas. Encore là, et je pèse mes mots, car une recherche internet m’a
permis de voir que ce monsieur est controversé, certaines de ses critiques sont
justes – tout comme à gauche quoi – et intéressantes. C’est notamment le cas de
celle sur l’ancienneté versus la
compétence, surtout lorsque certaines personnes ont obtenu leur poste davantage
par qui ils connaissaient que par ce qu’ils connaissaient. Cependant, on ne
doit pas généraliser non plus. Et même à droite, est-on prêt à accepter la créativité
et à sortir des sentiers battus? Honnêtement, j’en doute. Eux aussi s’entourent
de gens qui ne les remettront pas en cause; de courtisans. Car gauche ou
droite, c’est un peu comme pile ou face. Ce n’est pas de remplacer la pièce de
monnaie par autre chose, c’est juste de la changer de côté!
M. Breton souligne qu’en éducation aussi on empêche la compétence
d’entrer au nom de l’ancienneté. Cependant, je crois que l’on doit protéger une
certaine forme d’expériences qui fait qu’il y a des profs qui en ont vu
d’autres. Leur manque de motivation n’est peut-être pas dû à un manque de
compétences, mais à une désillusion face à certaines réformes davantage
idéologiques que fondées sur l’expérience par exemple. Mais, il faut aussi
reconnaître qu’un certain corporatisme nuit en éducation. Par exemple, et
malgré le discours, on a de la difficulté à faire entrer des gens d’autres
formations qu’en éducation dans les écoles. Ce serait pourtant intéressant, car
cela élargirait les modèles positifs pour les élèves. Les approches aussi.
Faisant cette revue à compte d’auteur, ayant un bac et une maîtrise en
sociologie de l’Université de Montréal, je me suis même renseigné à plusieurs
reprises pour savoir si je pouvais faire de la suppléance ou de l’enseignement
du français au secondaire par exemple. Je n’ai pas le droit, car je n’ai pas
étudié en « français »,
mais en sociologie. En littérature française, cela passerait peut-être. Mais,
enseigne-t-on la littérature? Pas vraiment. Et si on le faisait, tous ne seraient
pas nécessairement intéressés par elle.
On parle de compétences transversales à l’école, alors pourquoi pas une
classe de français de secondaire IV ou V davantage orienté vers l’essai pour
ceux qui n’aiment pas le roman par exemple? Moi-même, j’ai lu très peu de
romans dans ma vie, mais des essais, j’en lis régulièrement. Suis-je un moindre
lecteur pour ça? Avoir lu Histoire des
idées de Laurent-Michel Vacher, La
face cachée du pétrole d’Éric Laurent ou Le pouvoir mis à nu de Noam Chomsky est-il de moindre valeur que le
dernier roman à la mode? Quant aux romans ou aux pièces de théâtre que j’ai
lues, je saurais les présenter à ces futurs citoyens, car mes choix sont ceux
d’un lecteur d’essais. Si ces œuvres m’ont intéressé, c’est pour des raisons
particulières qui pourraient aussi les intéresser et que je pourrais leurs
expliquer. Mais je n’ai pas le droit. Pendant ce temps l’on manque
d’enseignants et l’on parle d’un « taux de décrochage dans
les écoles publiques de l'île de Montréal [qui] tourne toujours autour de 35
% » (10), donc beaucoup plus élevés dans certains milieux, car
il s’agit d’une moyenne pour l’île! Je peux donc difficilement rejeter
l’opinion du professeur Breton sur ce point.
Si les syndiqués de l’État sont protégés mur à mur comme il le dit,
certains entrepreneurs aussi se fient au système. En fait, plusieurs groupes se
fient à un gouvernement qui, pour être
élu, doit savoir saupoudrer ses faveurs. Cependant, si cela fait plaisir à
plusieurs, cela ne résout rien et coûte
cher! Trop cher. La lecture du Prince
de Machiavel serait à conseiller à l’école! Ce serait déjà un début de réforme
du système que de permettre aux étudiants de comprendre ce système pour leur
permettre de le changer plus tard s’ils le désirent. Mais, ce serait aussi
menaçant pour la classe dominante que ce régime sert, notamment par la
reproduction de classe, car elle peut envoyer ses enfants à l’école privée si
elle le désire. Et même si elle ne le fait pas, elle a d’autres moyens
d’enrichir personnellement leur éducation que ce soit par une plus grande
disponibilité de produits culturels dans le milieu familial, une bibliothèque
bien garnie ou la possibilité d’être initié au théâtre et aux arts par les
parents par exemple, ce qui n’est pas donné à tout le monde. C’est peut être
pour cela qu’on ne veut pas de sociologue à l’école.
Par contre, quand on nous dit que le Québec étouffe sous le poids des
monopoles d’État, du clergé syndical et que la panacée passe par la
concurrence, on se doit d’être prudent. La concurrence du privé en éducation,
peut être. Mais à quel niveau doit-on la subventionner quand l’école publique
manque de moyens? La question se pose.
Quant à la question de la concurrence ou de la privatisation de
l’électricité, attention! Si la loi du marché est la meilleure pour le
consommateur, qui peut m’expliquer comment elle fonctionne à la pompe à
essence? Et je le dis même si personnellement
j’augmenterais le prix de l’essence pour des raisons environnementales.
(11) Mais c’est là un autre sujet.
On ne doit pas non plus oublier les Monseigneurs patronaux qui demandent
leur aumône à l’État eux aussi, que ce soit pour leurs bonnes œuvres de
création d’emplois ou de sauvegarde d’une part de ceux-ci, car on coupe dans
les emplois au nom de la compétitivité tout en étant subventionné de nos jours,
ce malgré des profits parfois mirobolants! On les oublie par contre dans
cette dénonciation. Il faut le rappeler.
C’est donc un film intéressant, car il montre un autre point de vue.
Mais attention, faut être aussi critique de celui-ci que de l’autre. J’espère
qu’il sera l’occasion d’un débat de société, car il en faut un pour sortir des
sentiers battus. Cependant, si on ne fait que le rejeter sous prétexte que
c’est trop à droite, ou l’accepter parce que ce film met « enfin » la
gauche à sa place, ce documentaire n’aura servi à rien. Il n’aura qu’ajouté une
pierre au mur des idéologies qui nous bloque la vue sur l’horizon. Ce qu’il
faut, c’est le voir pour le dépasser; pour enfin franchir ce mur. Mais pour
cela il faut d’abord discuter. On n’a plus besoin de dialogues de sourds,
qu’ils soient de gauche ou de droite.
Notes :
1. Si vous vous
demandez pourquoi j’ai titré ce texte « Le paradigme de la grenouille : L’Illusion tranquille », c’est d’abord que le film s’appelle l’illusion
tranquille naturellement. Ensuite, comme une grenouille que l’on fait
cuire s’engourdit lentement avec la chaleur, nous nous sommes engourdis avec
notre révolution tranquille au point qu’on ne le peut plus la rénover. Elle a
atteint le rang d’intouchable et on est incapable de réagir. On ne sent plus le
danger. Pourtant, un coup de barre est nécessaire, mais peut être pas tout à
fait celui proposé dans le film malgré son intérêt. Pour savoir ce que j’en
pense, il faut lire tout le texte, car il n’y a pas de raccourcis possibles. Le
résumé officiel, se trouve en annexe. Bonne lecture.
2. Droite et gauche,
c’est peut-être un peu réducteur, mais ce sont des catégories largement
utilisées. Nous nous retrouvons ainsi en présence de la droite dans ce film
malgré toutes les imperfections de cette dichotomie, car les choses ne sont pas
aussi claires dans la vie. Mais ce sont celles que nous avons. Un syndicat, de
gauche par définition, pourrait par exemple s’avérer très conservateur, donc de
droite, quand on touche les privilèges de ses membres. Inversement, un banquier
très conservateur et antiétatisme pourrait s’avérer plus à gauche si cela lui
permettait de partager les risques avec d’autres, sous forme de mutuelle, ou
même avec l’État!
3. C’est un sujet dont John Saul a parfois parlé dans son œuvre. Je
pense ici à Voltaire's Bastards
(1992, Penguin book); The unconscious
civilization (1995,CBC/SRC – Anansi); et On equilibrium (2002, Penguin book). Alain FINKIELKRAUT y fait aussi allusion dans La défaite de la pensée (1987 [1989], France: Gallimard, coll. Folio Essai).
4. Recherche
universitaire : L'exode se poursuit, Radio-Canada/nouvelles :
dimanche 7 janvier 2007 à 17 h 22.
5. Michel Désautels
s'est entretenu « avec deux médecins
québécois exilés, le Dr Marcel Couture, coordonnateur du programme de formation
médicale du Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick de l'Université
de Moncton, et le Dr Pierre Guy, chirurgien orthopédiste au Vancouver General
Hospital. » Entrevue dans le cadre de l’émission Désautels, Première Chaîne de Radio-Canada, Pratiquer la médecine au Québec
ou ailleurs?, 12 décembre 2006 :
www.radio-canada.ca/radio/desautels/12122006/81023.shtml
6. AP , PC ,Le p.-d.g. de Home Depot
part avec 210 millions $US, in Le Devoir Édition du jeudi 04 janvier
2007 : http://www.ledevoir.com/2007/01/04/126386.html
7. Maisonneuve en
direct (Première Chaîne de Radio-Canada), le 9 janvier 2007 : Quebecor
World : licenciements à Beauceville. On y dit, entre autres, que :
« Quebecor
World ferme son imprimerie de Beauceville, au sud de Québec. Environ 155
personnes perdent leur emploi. (…)
Selon la multinationale,
cette fermeture est le résultat de la « consolidation de son réseau
d’impression de magazines et catalogues au Québec en un ensemble
d’installations moins nombreuses et plus efficientes, de manière à améliorer la
productivité et le service à la clientèle » (extrait du communiqué de Quebecor
World). »
www.radio-canada.ca/radio/maisonneuve/09012007/81904.shtml
8. AP, Fini les horaires fixes chez Wal-Mart?,
in Le Devoir, jeudi 4 janvier 2007: www.ledevoir.com/2007/01/04/126368.html
9. Une recherche d'informations sur le site de
l'Université Laval avec Réjean Breton
en mot clef donne des résultats intéressants. Voir www.ulaval.ca/Al/cherch.html
10. Semaine de
l'école publique. Des exemples de succès,
Radio-Canada/nouvelles,
mercredi 10 janvier 2007 à 15h 40:
11. Sur ce sujet je vous conseille la lecture d’Eric Laurent, 2006, La face cachée du pétrole, France/Canada
: Plon. Votre point de vue sur le pétrole risque de changer avec la lecture de
ce livre.
Annexe
Montréal, le 21
décembre 2006
Le modèle Québécois : si ça marchait, on le saurait !
Arrivée à Montréal du film L’Illusion tranquille
Le documentaire L’Illusion tranquille, de Denis
Julien et Joanne Marcotte sera présenté à Montréal à partir du 12 janvier prochain.
Réalisé par Joanne Marcotte, ce documentaire-choc lève le voile sur les
prétentions du modèle politique québécois. Coproduit et coécrit par le couple
Julien-Marcotte, « L’Illusion tranquille » résulte d’une initiative citoyenne
entreprise en 2004. Il présente la recherche de la réalisatrice sur le « modèle
québécois », et se veut une contribution supplémentaire au débat politique
actuel. Le résultat : un regard critique sur les causes réelles et profondes de
l’immobilisme québécois : culture des acquis, monopoles d’État et syndicaux,
discours idéologique et dogmatique qui masque des intérêts corporatistes.
En plus de solliciter la participation d’économistes, chroniqueurs et
gens de la rue, le film donne également la parole à onze jeunes de 18-30 ans. Y
participent notamment le chroniqueur de La Presse Alain Dubuc et les
économistes Claude Montmarquette, Marcel Boyer et Norma Kozhaya.
La réalisation de L’Illusion tranquille s’est étendue sur une période de
deux ans, a entièrement été financée par les auteurs de l’œuvre, et n’a
bénéficié d’aucune subvention d’organisme ou d’un quelconque niveau de
gouvernement. Le film a été lancé à Québec le 8 novembre et a connu un franc
succès au Cinéma Le Clap du 10 au 30 novembre 2006.
Le film prendra l’affiche à Montréal au Cinéma Beaubien ainsi qu’au
Cinéma du Parc à partir du 12 janvier 2007. Ensuite il reprendra l’affiche au
Cinéma Le Clap de Québec du 12 au 18 janvier, et il sera à la Maison du Cinéma
de Sherbrooke à compter du 19 janvier 2007.
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Commentaires livresques : Sous la
jaquette!
L’État du monde sur CD-ROM : la référence!
Michel Handfield
26 janvier 2007
J’ai reçu le nouvel État du monde sur CD-ROM, outil essentiel pour qui
fait plus que s’intéresser à l’actualité. Il s’adresse parfaitement à
l’étudiant universitaire, au journaliste, au professeur et au chercheur par
exemple, vu toutes les possibilités de recherches interactives qu’il offre. Il
devrait aussi intéresser Monsieur et Madame tout le monde qui aime l’actualité
internationale et l’idée d’encyclopédie sur CD-ROM.
Par contre, si c’est pour vérifier une information en regard de
l’actualité; comme livre de chevet, car on aime apprendre avant de s’endormir;
pour avoir une encyclopédie annuelle dans la bibliothèque; ou qu’on aime
annoter nos livres; l’édition papier sera plus appropriée, bien reliée. C’est
un bel ouvrage de référence à conserver en bibliothèque ou bien en vue, car
elle montre votre intérêt pour les questions internationales.
L’État du monde fait son poids de connaissances sociopolitiques, qu’elle
soit en papier ou numérisée.
Pour en revenir à l’édition électronique, cet ouvrage nous offre
beaucoup : Tous les pays du monde; Histoire du XXe siècle, qui comprend,
Chronologie mondiale, Séquences historiques et Grands dossiers; Le monde
aujourd’hui, qui se divise en Sociétés, Géopolitique, Économie et Politique;
et, enfin, les Statistiques par Pays du monde, Régions du monde, Grands
indicateurs économiques, IDH (indicateur de développement humain), PIB-PPA,
Population, Matières premières, et la Planisphère interactive, le tout accessible
d’un clic de souris dans la barre menu!
Si vous avez besoin d’une information plus circonspecte, par exemple
Hugo Chavez, les Républicains (USA) ou les « ismes » :
communisme, capitalisme, fascisme, sionisme et islamisme par exemple, les
barres des recherches sont appropriées. En fait il y en a deux, la simple et
l’avancée. Vos recherches seront aussi conservées sous l’onglet
« Historique » pour consultations ultérieures. C’est un ouvrage de
référence essentiel.
Je n’ai qu’une amélioration à suggérer pour les prochaines éditions
: au lieu d’écrire « Nouvelle édition » sur la pochette, écrire tout
simplement l’année (Édition 2007), car certains commerçants peuvent avoir
encore en stock l’édition antérieure et le client peut difficilement le savoir
à moins de regarder le copyright à l’endos (2003-2006 pour cette édition
2007).
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Clavette, Suzanne (Sous la direction de),
2006, L'Affaire
Silicose par deux fondateurs de Relations, Québec, PUL,
Sciences humaines, Éducation et IQRC, 462 pages / ISBN : 2-7637-8257-4
Les enjeux étaient de taille : défense des droits des travailleurs québécois et de leurs familles
face à d’imposantes compagnies canadiennes et américaines ; développement
prochain de l’Ungava et de ses gisements de fer, lié à la participation des
compagnies incriminées et au succès d’un important emprunt gouvernemental sur
les marchés américains, un projet prioritaire du régime Duplessis alors bien en
selle mais proche d’une campagne électorale ; autorité et prestige de l’Église
catholique, en particulier dans ses multiples et diverses contributions à la
marche de la société québécoise. Cet affrontement a donné lieu à plusieurs
stratégies et intrigues de coulisses, dignes des meilleurs romans policiers.
La revue Relations fut la
première, en mars 1948, à porter l’épineux problème à l’attention du public.
Les pressions des compagnies mises en cause furent si vives qu’elles menèrent à
la rétractation de la jeune revue jésuite « Relations » et à la
destitution de son directeur, le père Jean-d’Auteuil Richard.
Jamais, jusqu’ici, le grand public et l’ensemble de la communauté
scientifique n’a eu accès à l’intégralité des récits de ces événements écrits
par deux de leurs acteurs majeurs. L’ouvrage publié sous la direction de
Suzanne Clavette comble cette lacune.
Ce livre redonne la parole à deux fondateurs de la revue, les pères
Jean-d’Auteuil Richard et Jacques Cousineau. On y trouve des documents inédits,
le Rapport que le père Richard souhaitait soumettre à Rome et le fameux
Manuscrit Cousineau intitulé « La silicose et l’amiantose au Québec ».
Pour présenter ces écrits, nous avons fait appel à de précieux
collaborateurs : Louis Rousseau, professeur de sciences des religions à l’Université
du Québec à Montréal; Jean-Marc Biron, s. j., directeur de Relations et du
Centre justice et foi ; Jean-Paul Rouleau, s. j., professeur émérite de
sociologie de la religion à l’Université Laval ; Jean-Guy Vaillancourt,
professeur de sociologie à l’Université de Montréal ; Hélène Bois, historienne
et chargée de cours en relations industrielles et en histoire à l’Université
Laval.
Suzanne Clavette, historienne spécialisée en histoire sociale
du Québec au XXe siècle, est l’auteure d’un livre qui vient de paraître : Les
Dessous d’Asbestos. Une lutte idéologique contre la participation des
travailleurs. Dans le cadre de sa recherche postdoctorale, elle prépare une
biographie de Gérard Dion, important théoricien du catholicisme social et
pionnier des relations industrielles.
Commentaires de Michel
Handfield (1er janvier 2007)
D’abord, la silicose est une
« affection pulmonaire chronique causée par l'inhalation de poussières de
silice. » (1)
Ce livre revient sur le cas
de Saint-Rémi d’Amherst, scandale québécois étouffé. La revue relations, des
jésuites, avait dénoncé les morts par négligence de la compagnie et du
gouvernement. Ses dirigeants furent limogés dans l’antichambre de la politique
et de la religion au lieu de recevoir le soutient de leur communauté dans la
poursuite d’un dossier social majeur.
Ce qui m’a surpris fut le
rôle de Mgr Charbonneau, qui « fatigué
de l’affaire, impressionnable et impulsif comme toujours, téléphona à 10 heures
le même soir, pendant ou immédiatement après l’entrevue avec [Me] O’Donnell, au
Rév. Père Provincial, exigeant la destitution immédiate du directeur de
Relations, à qui il enlevait juridiction, et son éloignement du diocèse. »
(p. 182) Il avait cédé aux compagnies. Pourtant quelques mois plus tard, il
appuiera les travailleurs de l’amiante et sera à son tour exilé! Cela n’a pu
que donner du prestige à l’homme. Une pièce de théâtre en fut même tirée :
Charbonneau et le chef, succès de la
compagnie Jean-Duceppe. Il avait peut être appris de ses erreurs dans le
dossier de la silicose. C’est sur ce cas que porte ce livre.
Un dossier fort intéressant
et documenté pour ceux qui s’intéressent à l’histoire industrielle du Québec.
C’est aussi un document précurseur de la théologie de la libération que
mèneront certains religieux catholiques dans les années 60 et 70. Mais c’est
surtout un document actuel qui montre jusqu’où pourrait aller une alliance
entre les élites politiques et économiques dans le cadre d’une politique
conservatrice orchestrée sur plusieurs fronts à la fois. (2)
Pensons à Mario Dumont (ADQ)
qui, un peu avant les fêtes, a parlé de
serrer la vis aux assistés sociaux pour qu’ils aillent travailler. Mais, à
quelles conditions? Qu’ils acceptent n’importe quoi, comme au temps de Duplessis,
même au risque de leur vie par faute d’un soutien minimal? (3) Ou encore à
André Boisclair (PQ) qui, dans une émission de radio, était plutôt complaisant
face aux projets du milieu des affaires. (4) Quant à Jean Charest (PLQ), il ne
faudrait pas oublier qu’il est un ancien chef du Parti Progressiste
Conservateur du Canada, prédécesseur du
Parti Conservateur de Stephen Harper!
Ce livre nous donne donc
l’occasion de tirer les leçons de l’histoire contemporaine du Québec et des
effets de l’alliance entre le gouvernement et les entreprises privées avant d’y
revenir en courant, que ce soit par les privatisations ou les partenariats
publics-privés. Si les nationalisations et les entreprises publiques ne sont
pas toujours des exemples de saine gestion; ni les alliances avec les syndicats
et la gauche caviar toujours des plus
avisés; il ne faudrait pas revenir en arrière, car le privé a aussi connu ses
ratés et ses scandales.
Même le privé a recours aux
largesses de l’État et n’hésite pas à faire du chantage au besoin pour obtenir
plus que son dû (subventions) ou ne pas se plier à certaines mesures sociales,
économiques et environnementales bien légitimes. Combien d’entreprises ont
droit à des subventions sous menace de fermeture? À des lois d’exception en
matière d’environnement? Mais, fait-on enquête sur leurs pratiques de gestion
pour savoir si leurs problèmes ne sont pas dus à leur propre gestion ou à des
prises de profits trop élevé avant de les accommoder? (5)
L’État doit trouver sa place
et jouer son rôle de médiateur social; de support à la collectivité, ce qui
passe nécessairement par des lois et des investissements publics; et de gardien
du bien et du patrimoine collectif, comme les richesses naturelles et l’eau!
Quant au Parlement il doit redevenir l’arène privilégié des débats entre les
divers courants qui traversent la société. Mais, il faut peut être savoir d’où
l’on vient pour savoir où l’on va. Il serait temps de le rappeler au moment où
l’enseignement de l’histoire semble mis à mal au Québec. Une « nation » qui oublie ainsi son
passé, qui le cache même, sera-t-elle encore une nation bien longtemps?
J’invite particulièrement les
politiciens, les fonctionnaires, les enseignants de l’histoire, les
commentateurs de l’actualité et les lucides (6), qui disent que l’on devrait
faire aveuglément confiance aux projets du privé, d’au moins consulter ce
livre, car c’est là une leçon de
l’histoire à méditer. Le privé veut parfois le bien commun, mais il est aussi
prêt à l’oublier au profit de son propre bénéfice. Ce fut écrit noir sur blanc
dans l’histoire à quelques occasions! Ce livre est une occasion de se le
rappeler. Il ne faudrait surtout pas revenir en arrière sous couvert de
progrès. Le seul moyen d’éviter ce piège du néoconservatisme est d’être
renseigné par un meilleur enseignement de l’histoire. À défaut, il faut lire de
tels livres. Le citoyen a aussi ses devoirs à faire.
Notes :
1. Source : Trésor de la Langue Française informatisé, http://atilf.atilf.fr/
2. Ce retour en arrière s’opère aussi sous Benoît XVI, nouveau prélat
conservateur de l’Église catholique. Mais, l’Église catholique a moins de
pouvoirs qu’autrefois ici. Cependant de nouvelles confessionnalités
chrétiennes, de nouvelles religions et de nouvelles sectes ont comblé une
partie de cet espace laissé vacant, certaines même plus conservatrices et plus
fondamentalistes que l’Église catholique. Le conservatisme religieux est donc
loin d’être mort, sauf qu’il n’est plus incarné par un groupe nettement
majoritaire comme c’était le cas avant les années 60 au Québec. Si on ne peut
plus parler d’une alliance entre une élite politique, économique et religieuse
conservatrice comme à l’époque, on peut certainement dire que des groupes
religieux conservateurs participent à cette alliance des milieux conservateurs.
Ils ont d’ailleurs certaines revendications communes malgré leurs différences
confessionnelles.
3. Vincent Marissal, Maudit BS!,
La Presse, le jeudi 21 décembre 2006, sur cyberpresse :
www.cyberpresse.ca/article/20061221/CPOPINIONS/612210686/5034/CPOPINIONS
Voir aussi Bernard Descôteaux, Sa
dernière chance?, Le Devoir, édition du mercredi 20 décembre 2006 :
www.ledevoir.com/2006/12/20/125413.html
4. Antoine Robitaille, Les Québécois ont «peur du succès», dit André
Boisclair, Le Devoir, édition du samedi 30 septembre et du dimanche 01 octobre
2006 : www.ledevoir.com/2006/09/30/119480.html
5. Certains entrepreneurs siphonnent parfois leur propre entreprise, au
lieu d’y réinvestir, au point de mettre son développement en danger. Ils
demanderont ensuite l’aide de l’État, que ce soit sous forme de subventions ou
de protections particulières contre la concurrence étrangère, parce qu’ils ne
sont plus compétitifs, sous menace de fermeture et de mise à pied massive. L’État,
sous la pression publique et syndicale, coopérera jusqu’à la prochaine demande,
car ce comportement est récurent. Et le pire, c’est que certains de ses
entrepreneurs ou de leurs alliés revendiqueront aussi moins d’État sous
prétexte que l’État est mauvais gestionnaire! Suffit d’observer pour le
constater, car ce phénomène est assez« courant.
6. Le groupe de Lucien Bouchard: www.pourunquebeclucide.com
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L’empire perdu. La conquête du Trône. Texte et création
littéraire Serge Fitzback. Illustration
et conception du livre Christian Duguay.
La Plume d’Oie Édition. 2006.
Commentaires d’Audrée Anne Dupont (18 décembre 2006)
Lors de ma visite au Salon du livre en novembre dernier, mon œil a été
attiré par une sculpture de dragon assez grande. Devant celle-ci, deux hommes présentaient
leur livre, « L’empire perdu. La
conquête du Trône. » J’ai tout
d’abord été attiré par le concept de la couverture du livre qui rappelait un
grimoire ancien fait de cuir.
Détrompez-vous par contre, la couverture est en papier rigide. Elle m’a fait penser aux guides des joueurs
de Donjons et Dragons. Je l’ai feuilleté rapidement et j’ai adoré les
images. Elles sont vraiment de toute
beauté; parfois ce sont des peintures
colorées, d’autres fois, ce sont des dessins à l’encre noire. De plus, tout le livre est écrit en style calligraphique. Cela peut fatiguer à la longue, mais ça
ajoute du charme au livre.
C’est l’histoire de deux peuples qui sont en guerre pour avoir le
trône. D’un côté, il y a les humains et
de l’autre les animéens. Ce livre plaira
aux amateurs de fictions médiévales.
Cela m’a fait penser à un croisement entre le Seigneur des Anneaux et
Amos Daragon. La fin laisse place à une
possible suite des auteurs. Les lecteurs
peuvent aussi laisser vagabonder leur imagination. Un livre à découvrir... Par contre, comme
l’histoire est complexe, je le conseillerais davantage aux adolescents et aux adultes.
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Reçu le 6 février 2007 : Shauna Van Praagh, 2006, Hijab et kirpan. Une histoire de cape et
d’épée, PUL, Sciences humaines,
Collection : Mercure du Nord/Verbatim, 51 p. $ 3,99
Site : www.pulaval.com/
La décision récente de la Cour suprême du Canada dans l’affaire Multani
sur le port du kirpan par un enfant sikh dans une école publique du Québec nous
offre l’occasion de réfléchir & ...
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Reçu le 2 février 2007 : Marc Angenot, Maï-Linh Eddi, Paule-Monique
Vernes, 2006, La tolérance est-elle une vertu politique ?, Québec : PUL,
collection Mercure du Nord/Verbatim, 72 pages.
ISBN : 2-7637-8455-0, Prix :$ 3,99. Site : www.pulaval.com/
Cette table ronde sur « l’impossible concept de tolérance » a été organisée par la titulaire de la Chaire Unesco de philosophie,
Josiane Boulad-Ayoub, pour commémorer son président d’honneur, le regretté
professeur Raymond Klibansky, ainsi que ses nombreux travaux consacrés à ce problème qui le préoccupait entre tous.
Mais aussi, en même temps, pour fêter la Journée internationale de philosophie
(novembre), décrétée par l’Unesco qui a toujours placé l’idée de tolérance au
centre de ses valeurs.
Les conférenciers qui nous ont aimablement donné leurs textes, Marc Angenot
(Université McGill), Maï-Linh Eddi (Nanterre et UQAM), Paule-Monique Vernes
(Université de Provence), abordent la question pour répondre au thème de la
table ronde La tolérance est-elle une vertu politique ?, d’abord, sous l’angle
de ses fondements philosophiques, classiques et contemporains. Ils en examinent
ensuite les difficultés, le flou, voire les contradictions, entourant tant la
notion et ses métamorphoses diverses, depuis le XVIe siècle et la croissance du
pouvoir politique, que l’ensemble complexe de conduites caractérisant les
sociétés pluralistes dans lesquelles nous vivons. Ils ont tenu également à
relever les effets pervers du recours de plus en plus fréquent à une idéologie
de la tolérance, plus doucereuse que polémique ou véritablement démocratique.
***
Marc Angenot est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages d'histoire des idées
politiques, d'analyse du discours et de théorie littéraire. Il occupe la Chaire
James-McGill d'étude du discours social à l'Université McGill et est
vice-président de l'Académie des lettres et des sciences humaines (Société
royale du Canada). Le prix du Québec « Léon-Gérin » lui a été décerné en 2005.
Paule-Monique Vernes est professeur émérite de philosophie moderne et
politique de l’Université de Provence. Auteur chacune de nombreuses publications,
elles font équipe ensemble depuis une dizaine d’années dans des projets de
recherche et ont co-signé plusieurs études importantes. Elles ont choisi de
revenir ici, avec bonheur, au plus grand des philosophes modernes, en tous cas
au plus révolutionnaire.
© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval
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Reçu le 19 janvier 2007 : Clavette, Suzanne, 2005, Les Dessous d'Asbestos. Une lutte
idéologique contre la participation des travailleurs, Québec : PUL (www.pulaval.com/), Sciences humaines, Éducation et IQRC, 594 p., ISBN :
2-7637-8256-6
Au moment du déclenchement du conflit de l'amiante en février 1949, une
vive polémique a cours au Québec autour de la réforme de l'entreprise. Inspiré
des expériences européennes d'après-guerre et de la doctrine sociale de
l'Église, ce courant de pensée prône la participation des travailleurs à la
gestion et, dans une moindre mesure, le partage des profits.
Bien présente chez les catholiques progressistes de l'époque, soutenue par
les aumôniers sociaux, cette nouvelle philosophie de l'entreprise sera
développée par la jeune Commission sacerdotale d'études sociales (CSES). Elle
sera ensuite reprise par la centrale syndicale catholique, la CTCC (ancêtre de
la CSN), ainsi qu'au sein des mouvements d'action catholique (JOC, LOC et LIC).
Après quelques grèves victorieuses, ce courant de pensée novateur suscite
les craintes du premier ministre Maurice Duplessis et du patronat catholique,
en particulier de l'Association professionnelle des industriels (API). Une
véritable lutte idéologique s'engage alors; elle atteindra son point culminant
lors de la grève d'Asbestos.
Une bataille s'ensuivra au sein du clergé, notamment autour de la Lettre
pastorale sur le problème ouvrier (1950). Le contenu d'un document inédit, la
première version de la Lettre pastorale intitulée La Condition ouvrière
chrétienne, est ici présenté au lecteur. Il est également fait état des
nombreuses pressions des forces conservatrices à Rome. Au cours des années
cinquante, la hiérarchie religieuse opèrera un important virage à droite,
permettant ainsi aux tenants du corporatisme d'occuper dorénavant
l'avant-scène.
Appuyé sur de nombreuses sources inédites, cet ouvrage invite le lecteur à
suivre les multiples péripéties de ce mouvement jugé trop novateur qui, dans le
Québec de la «Grande Noirceur», sera étouffé par les pouvoirs politiques,
patronaux et religieux.
Biographie de Suzanne Clavette
Suzanne Clavette est historienne. Ses recherches lui on mérité le prix
Jean-Charles-Bonenfant et les prix des ministères des Affaires étrangères de
France et des Relations extérieures du Québec lors de la Journée du livre
politique en avril 2005.
© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval
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Clavette, Suzanne (Textes présentés par), 2006, Participation des travailleurs et réforme de l’entreprise,
Québec : PUL (www.pulaval.com/), Sciences humaines, 108 p., ISBN : 2-7637-8461-5
En 1949, au moment de la grève de l’amiante, une vive polémique avait cours
au Québec. À tel point que l’on décida de retarder la publication du texte qui
était à l’origine de ce débat, La Participation des travailleurs à la vie de
l’entreprise.
Résultat des journées d’études des aumôniers sociaux du printemps 1947, ce
document suscita la division au sein de la Commission sacerdotale d’études
sociales, instance mise sur pied pour conseiller les évêques sur les questions
sociales et pour unifier l’action des aumôniers. L’aumônier patronal de
l’Association professionnelle des industriels tenta d’en empêcher la parution
et se lança dans une campagne contre cet écrit, l’associant au « socialisme ».
Cette étude fut fortement inspirée par la publication de deux jésuites à la
tête de l’Action populaire de Paris, les pères Desbuquois et Bigo, Les
Réformes de l’entreprise et la pensée chrétienne. Celle-ci traduisait la
nouvelle orientation de l’œuvre française désireuse de se joindre aux forces de
la Libération. Au Québec, elle allait vite devenir la « bible » des aumôniers sociaux
qui s’en inspirèrent, en 1947, lors de leurs journées d’études. La
Participation des travailleurs à la vie de l’entreprise est le résultat de ces
discussions. Après plusieurs mois de débats sur ce document, la Commission
obtint, au début de 1949, l’autorisation de le publier. Mais, durant la grève
d’Asbestos, l’opposition d’Émile Bouvier et l’ardente campagne de Lewis Brown,
président de la Johns-Manville, en retardèrent la parution jusqu’en septembre.
Sa vie mouvementée ne cessa point pour autant, car quelques mois plus tard, un
jésuite conservateur tentera d’obtenir sa condamnation à Rome.
Biographie Suzanne Clavette
Suzanne Clavette est historienne. Ses recherches lui on mérité le prix
Jean-Charles-Bonenfant et les prix des ministères des Affaires étrangères de
France et des Relations extérieures du Québec lors de la Journée du livre
politique en avril 2005.
© Tous droits réservés aux Presses de l'Université Laval
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Reçu le 12 janvier 2007 : Laponce, Jean, 2006, Loi de Babel et autres
régularités des rapports entre langue et politique, PUL, Sciences
humaines ISBN : 2-7637-8410-0
Les langues en contact établissent entre elles des rapports de
communication, de compétition, de coopération et de conflit que les politiques
publiques régissent plus ou moins, et plus ou moins bien. Or, ces rapports sont
affectés par des tendances naturelles auxquelles toute langue est confrontée,
qu’elle soit dominante ou minoritaire. Ce précis, qui présente ces tendances
sous forme de lois, s’adresse non seulement à l’étudiant des liens entre langue
et politique mais aussi à tous ceux qu’interpelle la protection de plus en plus
difficile de langues qui ont besoin de ces arcs-boutants que sont territoire, école, marché, famille et
gouvernement.
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CD & DVD Audio Surround
5.1 disponible, incluant un vidéo de la séance d’enregistrement et galerie de
photos
Commentaires de Michel Handfield (9 février 2007)
En fin d’après midi, mardi dernier (6 février), j’ai assisté au lancement du nouveau CD d’Angèle Dubeau. L’émotion était au
rendez-vous, car le violon peut être mélancolique, plaintif ou fougueux. Il
vibre au diapason de la violoniste. Il nous transmet Angèle. Elle dit carburer à la chair de poule,
c’est-à-dire qu’elle choisit les pièces qui la touchent, et c’est ainsi qu’elle
nous touche aussi. Elle nous fait vibrer à son diapason. Cela peut sembler
poétique, mais c’est bien cela.
C’est un cadeau qu’elle se
fait pour ses 30 ans de carrières et ses 44 ans! C’est elle. Bref on reçoit
Angèle avec ce CD. Pour les plus audiophiles, une version DVD audio sera disponible dans un coffret
double : CD/DVD audio.
Les pièces de ce CD ont été
choisies avec cœur. Par exemple, elle a vécu quelque temps en Roumanie et a
parlé à Glick 3 jours avant sa mort. Elle a donc choisi Sérénade et danse pour ce CD. Elle a déjà joué avec Dave Brubeck,
alors on y retrouve sa Bourrée, dont
c’est ici le premier enregistrement.
On retrouve sur ce CD/DVD
audio des pièces et des genres différents qu’elle aime : classique, jazz
et tango par exemple. Un conte aussi, Ferdinand le taureau (de Ridout), lu par
Pierre Lebeau. Une première en français.
L’expression, le visage,
d’Angèle Dubeau valait la peine d’être vu. Elle mord dans la musique comme dans
la vie. Mais, en fait, la musique c’est la vie éternelle. Par exemple elle interprète le Divertimento de Bartolomeo Campagnoli, violoniste italien né le 10
septembre 1751 et mort le 6 novembre 1827, ce qui fait que Campagnoli peut
encore nous toucher ici par l’archet d’Angèle Dubeau près de 200 ans après sa
disparition! C’est toute la force de l’art et de la culture.
Notes d’écoutes
Il y a deux versions de cet
album. L’une est le CD, l’autre le coffret comprenant le CD et un DVD audio
5.1. Pour ma part j’ai écouté le DVD sur mon lecteur DVD et j’ai apprécié
l’expérience ambiophonique. On a l’impression que le violon est là, entendant
le déplacement du son dans la pièce. Ce n’est pas un écho. On sent la
vibration. J’ai aimé l’expérience. L’enregistrement DVD est si intéressant que
mon système de son m’apparaissait une coche ou deux au dessus de ce qu’il est
vraiment.
Même si j’ai près d’une
centaine de CD classique déjà, j’ai découvert d’autres pièces sur celui-ci. Pietro Locatelli (1695 -1764), violoniste
virtuose et compositeur italien, et
Campagnoli (1751 – 1827), autre violoniste italien.
Angèle Dubeau ne s’est pas
contentée du classique cependant. Elle est allée dans ce qu’elle aime : la
musique. Moi qui aime aussi le blues, le jazz et la musique du monde en plus du
classique, j’ai apprécié les tangos d’Astor Pantaleón Piazzolla et la Bourrée du pianiste et jazzman Dave
Brubeck. Ce disque peut donc être une occasion de découvertes pour ceux qui
sont moins éclectiques dans leurs choix.
Si la version française de Ferdinand le taureau de Ridout est
narrée par Pierre Lebeau (1), la version originale anglaise est lue par Blair
Williams.
Certaines des pièces sont
aussi des premiers enregistrements, ce qui donne encore plus de valeurs à ce
disque, car le premier interprète établit souvent le standard. Et quelle
interprète.
Violon plaintif, violon
joyeux, violon mélancolique, violon endiablé, joli violon se retrouvent dans
nos oreilles pour notre plus grand plaisir.
Ce disque ferait donc un
cadeau parfait pour la St-Valentin qui vient dans quelques jours. Au lieu
d’offrir un bouquet de fleurs à votre valentin(e), offrez-lui plutôt ce bouquet
d’émotions. Pur amour… du violon bien entendu.
Post-scriptum :
Je n’en ai pas parlé dans le texte, mais le livret (39 pages)
est tout aussi superbe que le CD.
Programme Musical |
Durée |
|
[1] |
Caprice no 9 en do majeur - Locatelli Pietro |
3m19s |
[2] |
Prélude, Op. 9, No.1 - Enescu George |
5m27s |
[3] |
Étude-Tango no
3 - Piazzolla Astor Pantaleón |
3m56s |
[4] |
Ferdinand le taureau - Ridout |
11m25s |
[5] |
Sérénade et danse - Glick |
6m07s |
[6] |
Etude-Tango no
4 - Piazzolla Astor Pantaleón |
4m00s |
[7] |
Etude-Tango no
1 - Piazzolla Astor Pantaleón |
2m50s |
[8] |
Bourrée - Brubeck Dave |
5m47s |
[9] |
Divertimento : I. Aria del piccolo
marinaio - Campagnoli |
1m39s |
[10] |
Divertimento : II. Scherzo - Campagnoli |
2m52s |
[11] |
Divertimento : III. Allegro - Campagnoli |
2m10s |
[12] |
Ferdinand the Bull, for narrator and solo
violin - Ridout |
10m47s |
Note :
1. Dans une adaptation
française d’Yves Beauchemin.
Références :
Pietro Locatelli : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_Locatelli
Campagnoli : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bartolomeo_Campagnoli
Astor Pantaleón Piazzolla : http://fr.wikipedia.org/wiki/Astor_Piazzolla
Dave Brubeck: http://fr.wikipedia.org/wiki/Dave_Brubeck
Le communiqué:
La grande violoniste
canadienne célèbre ses 30 ans de carrière avec un hommage exquis au violon.
Montréal, 7 février 2007 –
Analekta est fière de célébrer la violoniste de renommée internationale, Angèle
Dubeau, qui a vendu un nombre record de disques, alors qu’elle marque 30 ans de
carrière dévouée et passionnée à faire de la musique. De retour au violon seul
avec son album SOLO, Angèle écrit une lettre d’amour à son instrument. Elle
s’exclame : « quelle richesse que de pouvoir s’exprimer avec émotion à travers
cet objet de bois sculpté du vide à la vibration de l’âme… mon violon me fait
retrouver avec le même bonheur le public, ma raison d’être en tant que
musicienne et surtout ma source d’énergie. »
Toutes les œuvres musicales
ont été spécialement choisies par Angèle, commençant par L’Arte del violino de
Locatelli datée de 1733, année où son célèbre instrument, le Stradivarius Des
Rosiers, a été façonné. De là un voyage à travers le temps et l’espace qui nous
emmène par autant de voies différentes que de compositeurs: époques baroque,
classique et romantique, à la musique contemporaine, d’inspiration folklorique,
jazz et tango. La sélection inclut la Suite pour orchestre Opus 9 no. 1 de
George Enescu, dans une version pour violon seul, trois Études-Tango d’Astor
Piazzolla, Divertimento pour violon seul de Campagnoli, et du compositeur
canadien Srul Irving Glick, l’oeuvre méditative et poétique Sérénade et Danse
pour violon seul. Du grand compositeur et pianiste jazz, Dave Brubeck, on retrouve
Bourree pour violon seul, un mariage harmonieux du jazz et du classique, écrite
en 1999 et enregistrée pour la première fois par Angèle au Festival
International de Jazz de Montréal en 2002. « C'est à cette occasion qu'Angèle
m'avait surpris et ravi par son interprétation solo remarquable… » a déclaré
Brubeck. On retrouve également sur le CD, narré en français et en anglais par
les acteurs Pierre Lebeau et Blair Williams, Ferdinand le taureau, un conte
musical pour violon seul et narrateur du compositeur Alan Ridout.
---
Les Rendez-vous du cinéma québécois 2007
Michel Handfield
6 février 2007
Du 15 au 25 février 2007, les Rendez-vous du
cinéma québécois vous invitent à la célébration de
leurs 25 ans d’existence. Ce sera un réchauffement puissant pour
ce mois de février. Il ne sera pas dû qu’aux changements climatiques, mais
aussi au frottement culturel! Entrez donc en contact avec la culture
québécoise, mais aussi d’ailleurs, car le cinéma québécois ne fait pas
qu’exporter; il va aussi tourner ailleurs. La culture ne se dissout pas au
contact de l’autre, elle explose et donne encore plus de culture. Alors il faut
savoir en profiter.
Pour découvrir ou
redécouvrir le cinéma québécois, prenez rendez-vous. De plus, cette année, le
cinéma belge et franco-canadien y seront aussi à l’honneur. Bon cinéma
québécois… ouvert sur le monde.
Plus de détails sur www.rvcq.com/
---
Présenté le 18
février prochain.
23 janvier 2007
Aujourd’hui j’ai fait acte de
présence au dévoilement des finalistes des Jutra. A surveiller, BON COP BAD COP, succès populaire de
l’année.
Pour la trame sociopolitique, si
cette catégorie existait, notre choix
irait à UN DIMANCHE À KIGALI. Ce
texte est d’ailleurs sur notre page « Archives culturelles ». Mais
attention, ce n’est pas un documentaire, mais une fiction. Comme nous le
disions en conclusion de notre texte sur ce film :
«
Il peut cependant donner le goût de se renseigner pour comprendre ce
drame humain que fut le génocide rwandais et c’est tant mieux, car la
démocratie fleurit à la lumière de la connaissance comme l’idéologie croît à
l’ombre du préjugé. »
Bon gala des Jutra, mais surtout bonne nouvelle année
cinéma!
Michel Handfield
Informations et finalistes 2007 sur :
www.radio-canada.ca/television/jutra
Extrait du
document de presse
Montréal, le 23 Janvier 2007 - C’est aujourd’hui lors d’une conférence de
presse qu’ont été dévoilés les finalistes aux prix Jutra 2007. Les gagnants
seront connus lors de la 9e Soirée des Jutra présentée par Radio-Canada le 18
février prochain. Cette soirée est commanditée par Guzzo et Fidelity
Investment. Normand Brathwaite animera ce gala télédiffusé du Théâtre
Maisonneuve de la Place des arts dès 19h30.
ARTV donnera le coup d’envoi à 18h avec La Fièvre des Jutra et le Tapis
rouge pour les Jutra, deux émissions spéciales, et collabore à la remise du
Jutra-Hommage en produisant un film qui retrace la carrière de Pierre Curzi.
Tout de suite après la soirée, également sur ARTV, René Homier-Roy
s’entretiendra avec les lauréats, dont le meilleur acteur et la meilleure
actrice, dans une émission spéciale de Viens voir les comédiens. La Soirée des Jutra sera par la suite
diffusée sur les cinq continents par TV5-Monde.
---
Michel Handfield
19 janvier 2007
D’abord, en mise en contexte, voici des extraits d’une lettre reçue du
théâtre La Chapelle que nous portons à l’attention de la communauté web.
Ensuite, suivra notre commentaire.
1. La lettre
Montréal, le 15 janvier 2007
Chers collègues,
Par la présente, nous, le Conseil
d’administration et l’équipe du Théâtre La Chapelle, souhaitons informer l’ensemble
du milieu culturel et plus particulièrement nos divers partenaires, de la
situation de crise qui menace la survie de notre lieu. En effet, La Chapelle
qui mène à bien sa mission de soutien à la création et à l’expérimentation
depuis près de 17 ans, risque de devoir fermer ses portes à la fin de la saison
en cours. Bien que nos différents partenaires publics s’accordent à dire que La
Chapelle joue un rôle important au sein de sa communauté, le soutien nécessaire
au maintien de ses activités n’est pas au rendez-vous. Les coupures de certains
programmes, combinées à l’augmentation normale des coûts d’opération et au
manque d’évolution de nos subventions de fonctionnement ont pour effet de nous
laisser sur une glace fine. Sans évolution de la situation, le déficit semble
inévitable dès la saison prochaine et ira en s’accentuant pour les années
subséquentes.
Le conseil d’administration du
Théâtre La Chapelle a donc exigé de ses dirigeants qu’ils ne posent aucune
action ni ne prennent aucun engagement pour la saison 2007-2008 et ce jusqu’au
25 janvier 2007. Le Conseil se réunira de nouveau à cette date pour prendre une
décision quant à la poursuite ou non de nos activités. (…)
Depuis sa fondation, La Chapelle se
définit bien sûr comme un diffuseur mais aussi comme un organisme de soutien
aux artistes. Son action, plutôt que de se consacrer à une seule discipline,
rejoint les milieux de la musique, de la danse, du théâtre et de
l’interdisciplinarité en soutenant la recherche, l’innovation, l’expérimentation,
les artistes en marge, la relève, etc. Dans cette perspective, avant de poser
un geste définitif, il nous paraissait important, voire essentiel, de vous
informer de l’état des choses. C’est après plus de 10 mois de rencontres et
d’échanges avec nos différents subventionneurs que nous arrivons à cette étape
ultime.
(…)
Cordialement,
George Krump, pour le Conseil
d’administration du Théâtre La Chapelle
Richard Simas, pour l’équipe du
Théâtre La Chapelle
2. Notre
commentaire
On n’hésite pas
à soutenir à répétition des entreprises multimillionnaires au nom de l’emploi
même si ces entreprises n’ont pas atteint l’objectif premier que l’on attend
d’elles : d’assurer leur pérennité. Au lieu de réinvestir une part de leur
profit dans leur développement quand ça va bien, elles l’empochent. Dès qu’une
difficulté pointe à l’horizon, comme la hausse du dollar, une diminution de la
ressource ou la concurrence étrangère,
elles demandent l’intervention de l’État. Parfois infidèles, pour quelques
millions de dollars de plus, elles peuvent ouvrir une nouvelle usine ailleurs
dans le monde et nous laisser en plan après nous avoir vidés de plusieurs centaines
de millions. Bonjour, pas de merci; l’usine est partie vers d’autres cieux!
Un théâtre par
contre, ça fait aussi travailler du monde, que ce soit des artisans ou des
comédiens. Ça exporte aussi, mais de la culture. Certaines de nos pièces sont ainsi
jouées ailleurs dans le monde, mais ça n’épuise pas la ressource. Au contraire,
la culture ça se partage, ça se cultive, ça s’étend et ça croît en même temps
par contamination! On peut couper la forêt à blanc. On peut vider nos bancs de
poissons. On peut assécher nos sources d’eau. On peut transférer nos usines de
pneus ou d’autos en Chine ou au Mexique, mais on ne peut pas remplacer les
acteurs du Québec par des acteurs venant de Chine pour un bol de riz ou une
poutine au poulet!
Par contre, la
culture ça s’échange. Une pièce chinoise peut être adapté et produite ici tout
comme une pièce québécoise peut être adaptée en Chine. Là est l’essence
véritable du libre échange!
Notre culture a donc
autant besoin de soutien que l’industrie du pneu, du transport, de
l’aéronautique, du pétrole, du bois ou du porc par exemple, mais on ne lui en
donne pas autant malgré un énorme avantage : elle compte sur des artisans
pour fonctionner, non sur des technologies souvent importés d’ailleurs, ce qui
fait que chaque dollars investit en culture rapporte beaucoup plus au niveau
local que pour d’autres industries :
« Cette constatation n’étonne pas puisqu’on
pourrait s’attendre à ce que la proportion d’emplois dans le secteur culturel
soit supérieure (par rapport au PIB) en raison de la nature même de ce secteur
à fort coefficient de main-d’œuvre. » (1)
C’est aussi un
apport non négligeable à notre économie, car le « secteur culturel a engendré plus de 33 milliards de dollars en PIB
(environ 3,8 % du PIB canadien), en moyenne, au cours de la période allant de
1996 à 2001 » (2) sans tenir compte des effets indirects du secteur,
ce qui en accroîtrait davantage l’importance dans notre économie. (3)
Mais, il est
vrai que si l’on veut un peuple soumis et servile, vaut mieux les empêcher de
penser. On peut le faire en soutenant les émissions les plus débilitantes de la
télé et en coupant dans la culture la plus exigeante, en commençant par le
théâtre expérimental sous prétexte qu’il n’attire pas les masses! Les artisans comprendront et iront où sont les
fonds ou crèveront pour leurs idées comme Brassens l’a déjà chanté. Mourir pour des idées! L’État ne s’en
portera que mieux, libéré de ces gens qui osent élever leur voix et s’opposer.
Sauf que sans leurs cris pour vous alerter, verrez-vous à temps le précipice
vers lequel vous foncez en regardant vers l’arrière pour voir si vos
concurrents vous rattrapent? Cette recherche du surdéveloppement économique,
avez-vous pensez qu’elle pouvait être contre-productive? La contre productivité
d’Ivan Illich (4) et Small is beautiful
de Schumacher (5), ça vous dit quelque chose? Ça devrait. C’est pour cela que
la culture est notre première richesse à conserver, car elle est renouvelable
et exponentielle; mais elle fait aussi œuvre de mémoire! Je me souviens, ça vous dit quelque chose?
Notes
1.
Les « (…) » dans le texte indiquent que nous avons éliminé les
références à des tableaux que nous
n’avons pas reproduits. Nous avons aussi éliminé les références aux notes de
bas de page. Vous trouverez tout cela dans l’étude en question :
Singh, Vik, 2004, Contribution
économique de la culture au Canada, Ottawa : Statistique
Canada, Division de la Culture, tourisme
et centre de la statistique de l’éducation, Document No 81-595-MIF au catalogue
— No 023 ISSN: 1711-8328 ISBN: 0-662-77923-1, p. 17. Au moment d’écrire ces
lignes, ce texte était disponible à l’adresse suivante :
www.statcan.ca/bsolc/francais/bsolc?catno=81-595-M2004023
2. Singh, Vik, 2004, Ibid., p. 28
3. « Même si le secteur culturel
représentait moins de 5 % du PIB et de l’emploi à l’échelle canadienne, l’étude
montre que le PIB et l’emploi provenant du secteur culturel a connu une
progression plus rapide que l’économie canadienne globale.
Ces
tendances positives constantes en ce qui concerne l’apport au PIB et à l’emploi
renforcent l’importance du secteur culturel en tant que contributeur à la
croissance économique canadienne. Il convient également de souligner que seul
l’effet direct de la culture a été évalué. Les effets indirects et induits du secteur
culturel n’ont pas été étudiés. Si l’on ajoutait les effets indirects et
induits, cela augmenterait encore la magnitude des retombées économiques du
secteur culturel. » (Singh, Vik, 2004, Ibid., p. 29)
4. Ivan Illich, 1975, Némésis
médicale, Paris: Seuil, coll. point
5.
Schumacher, E.F., 1978, Small is beautiful, Paris: Seuil,
coll. Point
###
Attention : Dans les commentaires cinés, de théâtres ou de
spectacles, les citations sont rarement exactes, car même si l’on prend des
notes il est rare de pouvoir tout noter. C’est généralement l’essence de ce qui
est dit qui est retenue, pas le mot à mot.
Je ne fais pas non plus dans la critique, mais dans le commentaire, car
de ma perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et
nourrit une réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les
décors, les plans de caméra, le jeu des
acteurs ou la mise en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les
problématiques qu’il montre et les questions qu’il soulève. Le film est un
matériel sociologique, un révélateur social : psychosocial,
socioéconomique ou sociopolitique par exemple. C’est ainsi que sur de très bons
films selon la critique, je n’ai fait que de courts textes alors que sur des
films qui ont décriés en cœur, j’ai pu faire de très longues analyses, car je
n’ai pas la même grille, le même angle, qu’eux dans la tête. Je prends
d’ailleurs des notes durant les projections de presse que je ne peux renier par
la suite, même si je discute avec des confrères qui ne l’ont pas apprécié de la
même manière que moi, car je travaille d’un autre angle. J’encourage donc le
lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire une idée. Ce n’est pas un
hasard si nos pages offrent plusieurs hyperliens de références, car cette
diversité de points de vue est nécessaire. Il faut la protéger.
Michel Handfield
À
l’affiche dès le 9 février au Cinéma Parallèle (Ex-Centris)!
Le
film sera présenté dans sa version originale espagnole avec sous-titres en
français.
La Dignité du peuple (La Dignidad de los nadies) est
le deuxième documentaire de Fernando Solanas traitant de la crise économique
qui règne en Argentine. Le premier de
cette série, Mémoire d’un saccage, démontrait comment des représentants élus
démocratiquement ont précipité l’Argentine dans la pauvreté, alors que ce pays
a déjà été l’un des plus riches du monde.
Ce deuxième volet adopte un point de vue plus optimiste puisqu’il
dépeint le portrait d’hommes et de femmes ordinaires qui ont su se prendre en
main et dont les efforts ont porté fruit.
Dans les pampas (cœur de la région agricole de
l’Argentine), des agriculteurs sont chassés de leur terre ancestrale parce
qu’on a saisi leur bien hypothéqué. Un
groupe de femmes entonnent l’hymne national pendant la vente aux enchères d’une
ferme, ce qui perturbe son déroulement et en force l’arrêt. C’est avec de
pareilles tactiques que ce réseau de femmes a depuis empêché plus de 1000
ventes aux enchères.
Ailleurs, des travailleurs sans emploi décident de
prendre possession de leur usine qui a été fermée et, grâce à l’autogestion,
ont prouvé sa viabilité sur le plan de la production. D’autres ouvriers ont
emboîté le pas et ont ainsi permis la réouverture de 160 manufactures.
Le film présente également des histoires de soupes
populaires où des lessiveuses tiennent lieu de marmites ainsi que de cliniques
communautaires où des bénévoles distribuent gratuitement des médicaments. Il y est également question de manifestations
silencieuses, de piquets de grève et bien d’autres choses.
La Dignité du peuple a été scénarisé, réalisé et
tourné par l’Argentin Fernando Solanas, lequel s’est d’abord fait connaître sur
la scène internationale en 1968, avec un documentaire inédit L’heure des
fourneaux, celui-ci a par la suite poursuivi sa carrière et réalisé des œuvres
de fictions, notamment Tangos, l’exil de Gardel, Le Voyage, Le Sud et Le
Nuage. En 1991, Solanas a tenté de
porter des accusations contre Menem pour avoir vendu les sociétés pétrolières
de l’État, ce qui lui a valu six balles dans les jambes. De 1993 à 1997, il s’est éloigné
temporairement de la réalisation pour devenir député national au parlement.
La Dignité du peuple est distribuée au Québec par
Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (9 février 2007)
D’abord, il faut présenter l’Argentine de ce film. Les
dictats économiques dominent, malgré l’insatisfaction, et la crise financière
semble se poursuivre d’un régime à l’autre. La situation politique Argentine
étant fort complexe, voici un bref résumé de cette période :
« Ayant
obtenu la rééligibilité du président par une réforme constitutionnelle en 1994,
C. Menem est reconduit en mai 1995 face à une opposition affaiblie et en dépit
de la crise financière due à la dévaluation du peso mexicain fin 1994. En 1996,
il congédie D. Cavallo, père de la « convertibilité ».
Le radical
Fernando de la Rúa (1937-), candidat de l’Alliance pour le travail, la justice
et l’éducation, qui regroupe la vénérable UCR et l’opposition de gauche, est
élu président en octobre 1999.
L’Argentine
sort de la décennie « menémiste » plus proche que jamais du Brésil et des
États-Unis, mais aussi plus dépendante des flux de capitaux et des marchés
mondiaux. Les syndicats et les militaires sont profondément affaiblis. En
2000-2001, de drastiques plans d’austérité ne peuvent juguler une très violente
crise économique et financière. Le pays est au bord de la faillite. Des émeutes
éclatent qui conduisent le chef de l’État à la démission et à la proclamation
de l’état de siège. L’élection à la Présidence de Nestor Kichner (péroniste) en
2003 a semblé clore une période. Celui-ci, dès son investiture, a multiplié les
signaux forts d’un repositionnement politique, tant intérieur
qu’extérieur. » (1)
Kichner fut réélu en novembre 2005. (2) C’est à cette période
trouble que fait référence ce film, car il regarde les conséquences de la crise
économique Argentine sur le peuple. Ceci étant dit, le contexte étant placé,
nous pouvons parler du film.
Fernando Solanas présente son film en disant que c’est
l’histoire de gens sans importance et
sans nom de l’Argentine, mais dans les faits c’est une boutade, car si le
Pouvoir leur accorde peu d’importance, lui leur en accorde. Et beaucoup! On
découvre ainsi des êtres d’exceptions qui luttent pour leur dignité et celle
des autres. Je suis même sûr qu’il ne s’agit là que d’un échantillon, car il y
en a certainement des centaines d’autres qui auraient mérités d’être présenté.
Alors, pourquoi ne peut-on pas changer les choses?
Question difficile à répondre. Il y a les intérêts
économiques; les intérêts politiques; les enchevêtrements continentaux et
mondiaux. Mais, si on ne peut changer le tout, des gestes sont posés qui
amènent certains changements. Ce film en montre. Naturellement, il y a encore
peu de victoires, mais il y en a.
Le Peuple est descendu dans la rue pour faire entendre
sa voix et le refera encore. Il s’oppose à la suspension de ses droits par la
cour suprême. Sauf, qu’il ne fait pas que s’opposer; une frange à l’avant-garde
cherche aussi de nouvelles solutions, de
nouvelles formes de participation citoyenne. Une forme de démocratie
participative…
Ce film nous fait « rencontrer »
ces résistants et ces entrepreneurs d’un nouveau genre; qui résistent aux
avancés de la pauvreté et qui entreprennent de redonner espoir à leurs
compatriotes en organisant une manif, du travail collectif ou une forme
d’éducation populaire par exemple. Leur point commun : ce sont des gens
qui veulent aller de l’avant et pour qui les liens sociaux et communautaires
sont importants; sont la voie à suivre.
On parle de solidarités plurielles ici, car la
solidarité peut prendre plusieurs formes. Et « Basta a la patria
financiare » comme il était écrit sur les chandails de certains petits
commerçants du centre-ville. Il était d’ailleurs fort rafraichissant de voir
ces petits commerçants s’associer au peuple et non à l’élite financière. C’est
peut être là un des points positif du néolibéralisme : il s’aliène des
gens de différents milieux et ces derniers commencent à s’allier au-delà des
anciennes divisions de classe. De nouvelles solidarités se créent. Des modèles
alternatifs sont cherchés. Une nouvelle classe politique devrait donc naître
sur ces fondements d’ici quelques temps.
Quant on parle de nouvelles solidarités, elles ne sont
pas qu’économiques. Elles sont aussi sociales et humaines. Des travailleuses
sociales de l’hôpital par exemple, aidées par une large part du personnel de
tous les niveaux, s’occupent aussi des problématiques qu’entraîne cette
dégradation économique tant au niveau de l’intégrité mentale, physique que
sociale de la personne. Au niveau de la rue, quoi! Malheureusement, les
solutions durables sont souvent politiques, donc hors de leur atteinte. Mais,
elles font tout ce qui est en leur pouvoir et même plus.
C’est un film que je conseillerait à nos chefs
politiques à la veille des élections au Québec, les uns et les autres voulant
faire plus de place au secteur privé malgré quelques nuances de style. Les
privatisations n’ont pas réglé les problèmes argentins et n’ont été profitables
qu’aux entreprises, car elles vont chercher leur profit en diminuant non
seulement la qualité des services, mais les services eux-mêmes! Les employés et les citoyens doivent donc se
débrouillent pour suppléer ces coupures… au bonheur des entrepreneurs. Certains
argentins disent avoir assistés au vol du bien être de la population et de la
propriété collective pour faire plaisir au FMI.
La réponse du gouvernement, à qui on demande de venir
en aide à ses citoyens, fut d’ignorer leurs doléances et de subventionner les
compagnies et les banques. Déjà, il avait privatisé les pétrolières quelques
années auparavant. Ce n’était pas pour aider une fois de plus. Les gens sont
donc descendus dans la rue à plus d’une reprise. La police, elle, tire sur les
manifestants. Le cinéaste nous fait d’ailleurs rencontrer quelques personnes
qui ont été victimes de ce traitement ou qui étaient proches de certaines
victimes. Naturellement, les forces de l’ordre disent que ces personnes étaient
armées. Sauf que, comme le remarque l’une d’elles, « comment on peut s’acheter des armes ou des munitions si on n’a pas de
quoi se nourrir? » La question en dit long. D’ailleurs une autre
personne que nous présente Fernando Solanas souligne que la mafia et la police
sont sous contrôle de la mafia politique? Cela dit tout.
Ils ont la foi cependant. Moi je me demande pourquoi,
car si Dieu a fait l’Homme a son image… ce n’est pas fort des fois, surtout
quand on regarde ce qui se passe dans certains pays ultrareligieux, qu’ils
soient chrétiens ou d’autres confessions!
Malheureusement, le mouvement populaire n’a pas pu
mettre en place le mouvement social qu’il souhaitait; une certaine forme de
démocratie participative. Cependant, certaines expériences ont fonctionnés.
C’est le cas de l’expérience d’autogestion de Zanon, une usine de
céramique qui avait été fermée,
mais reprise par les employés. Nous aurions probablement des leçons à en
tirer avec les fermetures d’entreprises que nous connaissons ici, ce qui m’a
fait penser à ceci :
Toute usine subventionnée ne devrait pas pouvoir être
fermée et démantelée au seul gré de
l’entreprise. En conséquence, toute entreprise qui a reçu des fonds publics
devrait les rembourser avec intérêt sur le champ ou remettre l’usine et les
équipements à la communauté qui pourrait décider de la démanteler et d’en
répartir les actifs avec les employés; de s’en servir pour attirer un nouvel
investisseur ou de la faire fonctionner avec les employés mis à pied, sous
forme coopérative par exemple.
Si
le marché ne fonctionne pas, il faut le discipliner.
Notes :
1.
L'ARGENTINE AU XXe SIÈCLE in
l’encyclopédie l’État du monde sur
CD-Rom (www.etatdumonde.com/).
2.
Argentine 2005-2006. Le pouvoir du
péronisme, in Ibid. l’État du monde sur CD-Rom nous offre un
suivi annuel depuis 1980-1981 sans compter plusieurs informations factuelles et
statistiques!
Hyperliens
Parto
Del Blanco: http://www.partodelblanco.com.ar/
Les
mères (et les grands-mères) de la place de mai : http://www.abuelas.org.ar/
Morillas,
Francisco, 20 septembre 2004, Argentine -
Usine Zanon : succès de la gestion ouvrière : http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1120
---
LA VIE
DES AUTRES (THE LIVES OF THE OTHERS)
www.sonyclassics.com/thelivesofothers/
Finaliste aux Oscar
En salle le 9
février
Montréal, 24 janvier 2007 – La Vie des autres, du réalisateur et
scénariste allemand Florian Henckel von Donnersmarck, sortira en salle dès le 9
février à Ex-Centris et à l'AMC Forum. Le film prendra aussi l'affiche ailleurs
au Québec dans les semaines qui suivront sa sortie Montréalaise.
Finaliste aux Oscar, gagnant de 7 Prix Lola (équivalent allemand des Oscars)
pour le meilleur film, la meilleure réalisation, le meilleur scénario, la
meilleure actrice, le meilleur acteur, le meilleur acteur de soutien et la
meilleure direction artistique, La Vie des autres met en vedette Martina
Gedek, Ulrich Mühe, Sebastian Koch et Ulrich Tukur.
Au début des années 1980, en Allemagne de l'Est, l'auteur à succès Georges
Dreyman et sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland, sont considérés comme
faisant partie de l'élite des intellectuels de l'Etat communiste, même si,
secrètement, ils n'adhèrent aux idées du parti. Le Ministère de la Culture
commence à s'intéresser à Christa et dépêche un agent secret, nommé Wiesler,
ayant pour mission de l'observer. Tandis qu'il progresse dans l'enquête, le
couple d'intellectuels le fascine de plus en plus...
Florian Henckel von Donnersmarck est né à Cologne en 1973 et a grandi dans les
villes de New York, Berlin, Frankfurt et Brussels. Àprès ses études en russe à
l’Institut National de St-Petersbourg, il s’inscrit à Oxford pour étudier les
sciences politiques, la philosophie et l’économie. Ensuite, il se dirige vers
le cinéma et travaille comme assistant producteur sur le film Love and War
de Richard Attenborough. Il est admis à la prestigieuse Académie du cinéma et
de la télévision à Munich, où il a écrit et réalisé de nombreux courts métrages
qui ont remporté plusieurs prix.
Commentaires
de Michel Handfield (9 février 2007)
1984. Berlin, Allemagne de
l’Est. Le communisme est bien en selle. Revendiquer des réformes sociales est
une raison d’emprisonnement. Les citoyens sont constamment surveillés par la
STASI, car des ennemis potentiels du socialisme. Pourtant, le socialisme ne
devait-il pas être la société d’individus libres? Dans le Manifeste du Parti Communiste il est pourtant écrit :
« A la place de l'ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses
antagonismes de classes, surgit une association dans laquelle le libre
développement de chacun est la condition du libre développement de tous. »
(Marx et Engels, 1848, p. 49)
Je me demande comment ces
gens ont interprété Karl? L’ont-ils même lu?
Rapidement j’ai pensé à La
Boétie : ordre et soumission donnent une position dans le système, car
c’est un donnant-donnant! Ainsi, les Artistes ont besoin du Parti et le Parti a
besoin des artistes alors s’installe un certaine zone de confort à condition de
ne pas s’opposer de front au régime.
On doit toujours être sur
nos gardes. Un relâchement, un mot livré en toute confiance et soudain on se
retrouve en interrogatoire, car le voisin ou le cousin, la belle-sœur ou la
coiffeuse peuvent être des informateurs. Alors tu passes au tordeur… Même
penser tout haut, aux toilettes, peut vous conduire dans les bureaux de la
STASI pour un interrogatoire, car l’appartement peut être truffé de micros! Il
faut garder ses pensées pour soi. Toujours. Mais, est-ce possible? Tout le
monde est donc à risque. De quoi devenir schizophrène.
S’ils veulent une personne,
juste à la surveiller, car tôt ou tard elle risque de faire un geste humain qui
la mettra dans le trouble. Il faut une seule preuve – même hors contexte – pour
la prison. D’ailleurs, les amis peuvent toujours te pousser à dire ce que tu
penses, mais que tu ne voulais pas dire : « Si tu ne prends pas position, tu n’es pas un humain! » La
pelure de banane est là, à chaque conversation.
La STASI le sait, car ils
font des études psychologiques poussées pour comprendre les différents types de
personnalité. Ils savent comment mener un interrogatoire : cela doit durer
48 heures, parce que si c’était organisé, les réponses apprises, la personne
répètera toujours la même formule. Invariablement. Par contre, si elle n’est
pas coupable, l’ordre et les détails vont
varier, car l’information n’est pas organisée dans sa tête. C’est comme
cela qu’on sépare les coupables des innocents.
La STASI sait aussi comment
détruire les différents types de caractères. Pour certains, il suffit de bien
les traiter, mais de les isoler : bonne nourriture, aucun manque matériel,
le traitement d’hôtel, mais sans rien dire. Le moins de contacts humains
possibles, du moins de contacts signifiants. Après quelques temps la personne
sera détruite. Certains ne s’en
remettront jamais. Leur œuvre artistique arrêté depuis des années même s’ils
n’ont subit ce régime que quelques mois sans aucuns sévices. Juste d’être isolé
et de ne rien savoir…
Certains réussissent
cependant à fonctionner dans ce régime, même à être assez bien, car ils se sont
faits des zones de confort; des espaces de liberté. (Crozier et Friedberg, 1977) C’est ce que
croyait Georges Dreyman et sa compagne, l'actrice Christa-Maria Sieland, sauf
qu’un agent de la STASI voulait vérifier s’ils étaient hors de tous soupçons
comme certains le croyaient. Il obtint donc la permission de mettre le couple
sous surveillance jusqu’à trouver quelque chose.
Quel est le coût de ce
système, toute cette bureaucratie de surveillance? Associé aux coûts de l’espionnage et de la défense face à
l’extérieur, il y a de quoi avoir provoqué la faillite du système socialiste je
crois. Cela est sans compter que l’on emprisonnait le talent qui aurait pu être
mis à contribution. La loi du silence, étouffer le peuple, c’est aussi
asphyxier l’État. Sans compter que le peuple peut l’accepter un certain temps
pour le bien collectif, mais il s’en lasse. On a beau vouloir empêcher
l’information de circuler, il en passe quand même. Le peuple sait la différence
entre eux et les autres; l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest. On sent donc une
insatisfaction grandissante, même dans les rangs de la STASI. Le désir de
liberté, comme de l’eau, s’infiltre et commence à miner le sous-sol communiste.
Le système paraît fort, mais le sous-sol du régime est miné. Tôt ou tard, tout
va s’écrouler, car le désir de savoir autre chose que ce que l’idéologie a
toujours dit se retrouve même chez les plus fidèles serviteurs du régime.
Wiesler, l’incorruptible
agent qui avait pour mission d’observer ce couple, découvre un bonheur de
savoir, notamment quand il lui « emprunte » un livre de Bertolt
Brecht et le lit. Celui-ci a aussi un plaisir évident d’écouter sa proie jouer
du piano. L’émotion le gagne, la culture fait son œuvre sur cet homme. Et il
voit aussi les abus du régime, car le ministre profite de son poste pour tenter
de conquérir la compagne de Dreyman, l'actrice Christa-Maria Sieland. De son poste de surveillance,
il est un témoin privilégié. Il commence donc à douter de ce qu’il fait et du régime qu’il sert.
Il s’attache de plus en plus
à sa proie, mais il sent le poids du régime, car il se met en dissonance avec
son travail pour protéger ce couple duquel il est de plus en plus proche.
Mais, le Ministre veut
Christa-Maria ; alors comme elle s’y refuse, il donnera des ordres. Que
pourra Wiesler contre
le ministre. Se mettra-il lui-même dans le trouble.
Un excellent film jusqu’à la
fin pour qui aime les thrillers, mais pour moi ce fut surtout un excellent
document sur le contexte pré-libéralisation de l’URSS. Par exemple, tout était
compté, que ce soit les souliers, les livres ou la vodka que vous achetiez… mais pas les
suicides, car cela aurait été un indice de l’échec du régime.
Finalement, le 9
novembre 1989, l’impensable arriva. Ce
fut la chute du mur de Berlin. La liberté de parole retrouvée. Dreyman écrira Sonata for a good man. Pour savoir ce qu’il contient, il faut voir le film cependant, car
Dreyman est un personnage fictif, mais qui donne vie à la réalité d’une autre
époque, pas si lointaine même si c’est d’un autre siècle :
« The film
is historically true in the way that a film like "Doctor Zhivago" is
true about the Russian Revolution, or that "The Deer Hunter" is true
about the Vietnam war. It is a truthfulaccount, but not a true story. There was
no Captain Wiesler in 1984, and there was no Georg Dreyman who wrote an article
about suicide in "Der Spiegel".
However, there
were plenty of stories that were similar. » (The Lives of Others – press booklet)
***
Ce n’est pas
un hasard si j’ai écrit quelques lignes plus haut « d’un autre siècle ».
Les historiens s’accordent pour dire que le XXe siècle s’est terminé
avec la fin de l’empire soviétique en 1991, dont la chute du mur de Berlin fut
un des facteurs clef deux ans plus tôt. (de Tinguy, 2004)
Si le
siècle mathématique est de 100 ans, le siècle historique est plus ou moins
long. Il représente une période d’unité qui joue autour de 100 ans, parfois
moins, parfois plus. Le XXe siècle a donc débuté avec le premier conflit
mondial, qui mettait fin à l’ancien partage du monde et en ouvrait une nouvelle
conception, pour se terminer avec la fin de cette conception que rien ne
représentait mieux que la chute de l’empire soviétique en 1991. (Voir Hosbawm,
1999)
Nous sommes
entrés dans une période de flottement depuis, où l’on a parlé d’un monde
unipolaire centré sur les États-Unis, mais où on voit aussi de plus en plus
d’acteurs prendre du poids, avec l’Asie et l’Europe, pour leur faire
contrepoids. Mais on voit aussi les idéologies religieuses revenir à l’avant
plan sur la scène mondiale et s’opposer à l’héritage des lumières et de la
laïcité. Un nouveau moyen-âge?
Il est
encore trop tôt pour dire ce que sera ce siècle, mais s’y côtoient des zones
d’ombres et de lumières, de sciences et de croyances, de rationalité et de
tabous. Un siècle où l’individualisme sera à l’avant plan, mais plus
enrégimenté que jamais auparavant. Au nom de l’individualité on s’accroche à
des croyances religieuses ou au consumérisme pour s’affirmer. Je suis la
religion que je pratique, l’auto que je conduis, le jean ou la casquette que je porte! Même la gouvernance est de plus
en plus personnalisée; incarnée dans le chef de l’État. On assiste à la
personnalisation du gouvernement : George W. Bush (États-Unis), Hu Jintao
(Chine), Kim Jong-il (Corée du Nord), Vladimir Poutine (Russie), Mahmoud
Ahmadinedjad (Iran) et Castro (Cuba) par exemple. Quand Bush disait « You are either
with us or against us », un
États-Uniens pouvait-il être à la fois contre le Président et pour sa nation ou
le Président incarne-t-il la nation au point qu’hors du Président point de
salut?
Serait-ce
le siècle du JE? Ce n’est pas que l’individualité n’existait pas auparavant;
mais c’est qu’elle serait maintenant au Pouvoir, ce qui ferait toute la
différence. Même à la radio les noms des programmes sont de plus en plus
personnalisés. Ce n’est plus « Indicatif Présent », le
« Montréal Express » ou « La tribune du Québec » que
j’écoute à la radio, mais « Christiane Charette »,
« Désautels » ou « Maisonneuve ». L’ère du Moi. Je te le dis que j’ai raison!
Références/Hyperliens
Crozier, Michel, et Friedberg, Erhard, 1977 (1981), L'acteur et le système, France: Seuil, col point politique.
De Tinguy, Anne, 2004, La grande migration. La Russie et les Russes depuis l’ouverture du
rideau de fer, Paris : Plon
L’État du monde, sur CD-ROM
Hosbawm, Eric, 1999, Age of extremes. The short Twentieth
Century, 1914-1991, London: Abacus
La Boétie, 1995 [1576], Discours de
la servitude volontaire, Mille-et-une-nuits.
MARX, Karl, et Engels, Friedrich, 1848, Manifeste du parti communiste, in Marx et Engels, 1978, Œuvres choisies, Moscou: éd. du Progrès.
Ce texte est aussi disponible sur le site des classiques des sciences sociales en format téléchargeable : http://classiques.uqac.ca/classiques/Engels_Marx/manifeste_communiste/manifeste_communiste.html
STASI : http://fr.wikipedia.org/wiki/Stasi
The
Lives of Others – press booklet, Thirteen Questions With Florian Henckel von Donnersmarck, Writer
and Director of The Lives Of Others (p. 9):
www.sonyclassics.com
---
CŒURS, d’Alain Resnais,
À l’affiche le 2 février
Montréal, le mardi 23
janvier 2007 - Récipiendaire du Lion d’Argent du Meilleur Réalisateur à la
Mostra de Venise, Cœurs, le dernier film d’Alain Resnais (Pas sur la bouche, On
connaît la chanson, Hiroshima mon amour), prendra l’affiche au Québec le 2
février prochain.
D’après la pièce de
théâtre Private Fears in Public Places d’Alan Ayckbourn, Cœurs met en vedette
Sabine Azéma (Peindre ou faire l’amour, Pas sur la bouche), Isabelle Carré
(Entre ses mains, Holy Lola), Laura Morante (Fauteuils d’orchestre, L’Empire
des loups), récompensée du prix Pasinetti à la Mostra de Venise, Pierre Arditi
(Pas sur la bouche, Le Mystère de la chambre jaune), André Dussollier (Lemming,
Mon petit doigt m’a dit), Claude Rich (Le Cou de la girafe, Astérix et Obélix :
mission Cléopâtre) et Lambert Wilson (Palais Royal !, Pas sur la bouche). C’est
la deuxième fois qu’Alain Resnais s’attaque à l’une des œuvres de l’auteur
anglais Ayckbourn, ayant adapté en 1992 Intimate exchanges devenu Smoking/No
Smoking.
Thierry, qui est
agent immobilier, se donne beaucoup de mal pour trouver un appartement à Nicole
et Dan, un couple de clients difficiles. Charlotte, sa collaboratrice, lui fait
découvrir une émission de télévision qu’elle adore, un programme de variétés
religieuses dont la vision le troublera fortement. La sœur de Thierry, Gaëlle,
recherche secrètement l’amour, allant même jusqu’à recourir aux petites
annonces. Dan passe ses journées dans le bar d’un nouvel hôtel où il confie à
Lionel, le barman, ses mésaventures professionnelles et sentimentales avec
Nicole. Lionel fait appel à une assistante à domicile bénévole pour s’occuper
d’Arthur, son père. C’est Charlotte qui se présente. Et ainsi, le mouvement
d’un personnage peut bouleverser le destin d’un autre sans pour autant le
connaître voire même le rencontrer.
Cœurs est distribué
au Québec par Christal Films et prendra l’affiche le 2 février prochain dans
les cinémas suivants : Ex-Centris de Montréal, Starcité Sainte-Foy, Starcité de
Hull et Maison du cinéma de Sherbrooke.
Commentaires de Michel Handfield (1 février 2007)
Un film sur les relations humaines. La place qu’elles occupent, mais
aussi la place qu’on ne leur accorde pas toujours, pris que l’on est par le
travail ou l’absence de travail; les responsabilités; la routine quotidienne ou
les habitudes.
C’est un film psychologique un peu particulier, où désespoirs et espoirs
se mêlent. Où chacun cherche le réconfort, que ce soit en Dieu, l’amour ou la
boisson…
On plonge parfois dans des choses dures à dire. On comprend parfois par
les non dits et les expressions faciales. Je ne vous conseillerais cependant
pas ce film si vous êtes perturbés, dépressives ou en « burn-out ».
Ce film un peu particulier m’a rappelé les films à sketches d’autrefois,
passant d’une scénette à l’autre, dans un va et viens perpétuel, avec un
personnage qui sert de fil conducteur entre les scènes. Sauf que, ce personnage
n’est pas toujours le même, mais il a toujours un lien, soit direct, soit
indirect, avec Charlotte.
Femme un peu particulière, inspiré par la Bible, Charlotte donne toute l’importance qu’il faut aux
relations humaines comme moyen de réconfort… mais pas nécessairement de la
façon dont on s’y attendrait d’une telle personne. Si elle lit la Bible, elle a
aussi un côté caché et bouleversant que l’on découvrira peu à peu. Peut-on
séduire au nom de Dieu? Mais, si c’est pour le bonheur des autres et leur
offrir une forme de béatitude? Déstabilisant, mais intéressant!
Signe des temps, le café est parfois plus occupé que le bar.
Hyperliens :
http://www.marsdistribution.com/xml/flash.html?cfilm=51847
---
DON JUAN AU TNM : TOUTE UNE HISTOIRE!
AU THÉÂTRE DU NOUVEAU
MONDE DU 16 JANVIER AU 10 FÉVRIER 2007. Trois
supplémentaires les 14, 15 et 16 février, 20h
DU MARDI AU VENDREDI
À 20H / LES SAMEDIS À 15H ET 20H
RÉSERVATIONS
514.866.8668 / WWW.TNM.QC.CA
«SI LE CIEL ME DONNE UN AVIS, IL FAUT QU’IL PARLE UN PEU PLUS
CLAIREMENT, S’IL VEUT QUE JE L’ENTENDE.»
Il y a de ces pièces qu’il faut voir et revoir. Inépuisables, elles
touchent à chaque fois notre sensibilité avec une énigmatique fraîcheur. Don
Juan en fait partie. Tous les directeurs artistiques du TNM ont, un jour ou
l’autre, été confrontés au chef-d’œuvre de Molière. Héritière de cette tradition de maîtres, Lorraine Pintal se devait de
faire renaître et revivre à son tour cette grande pièce sur la transgression
qu’est Don Juan. Qui plus est, reprenant le flambeau de Jean Gascon, elle
entame à son tour un dialogue avec le prestigieux Festival de Stratford, où sa
mise en scène de Don Juan fut créée l’été dernier dans la langue de
Shakespeare. Aujourd’hui, le spectacle arrive à Montréal, porté par les
critiques acclamant le génie comique de Benoît Brière, qui reprend donc le rôle
de Sganarelle qu’il jouait déjà en anglais l’été dernier. Mais en revenant à sa
langue maternelle, Sganarelle accompagnera un nouveau Don Juan dans sa quête
éperdue : James Hyndman, qui succède à Colm Feore, effectue ainsi un grand
retour au TNM avec l’un des rôles les plus exigeants et les plus complexes de
tout le répertoire français.
LES MÉTAMORPHOSES
D’UN MYTHE
Chacun connaît Don Juan et pourtant, chaque nouvelle représentation de
la pièce continue de fasciner. Molière y tisse une intrigue mêlant tragique et
comique, qui, trois siècles et demi après sa création, nous questionne encore
avec une pertinence inégalée sur les valeurs de la société, sur l’argent et
l’honneur, sur la religion, l’amour et la mort. Au gré de ses multiples
réincarnations, Don Juan, cet enfant roi à qui nul n’a jamais posé de limites,
cet homme à l’appétit démesuré et à l’orgueil monstrueux est resté une énigme :
séducteur impénitent, jouisseur sensuel, funambule ou mécréant, sa grâce n’est
pas de ce monde et son commerce avec les femmes demeure lié à un dialogue
intime avec l’absolu. Don Juan n’est pas que le jouisseur et le séducteur sans
scrupules que le 17e siècle catholique jette en enfer, il est le profanateur du
sacré, l’offenseur de Dieu. En effet, Don Juan n’est pas Casanova. Plaisirs
terrestres et feux célestes, élans de la chair et châtiments du ciel, la figure
de Don Juan mêle le physique et le métaphysique, le corps et l’esprit. Ce héros
mythique ne suit pas seulement la voie de ses désirs interdits, mais cherche sa
damnation comme une joie, à corps et âme perdus. Le Don Juan de Molière ne
croit ni en Dieu ni au Diable. Il se refuse à respecter les règles ancestrales
de la famille, de la parenté, de l’Église et de tous les commandeurs. Il
transgresse les interdits et regarde la mort en face. Il défie la Loi sous toutes
ses formes et s’impose comme un héros de la raison, comme l’infatigable
interlocuteur d’un Dieu apparemment silencieux.
DE LA FARCE AU
SUBLIME
Jamais a-t-on eu droit dans le passé à projet théâtral plus singulier :
une même mise en scène, présentée dans deux des théâtres les plus prestigieux
du pays, en anglais puis en français. James Hyndman et Benoît Brière, ces deux
présences majuscules, seront accompagnés sur scène par une solide troupe de
comédiens venus de Stratford et de Montréal, en tête de laquelle figure
Jean-Louis Roux, qui reprend ici le rôle de Don Louis qu’il endossait déjà en
1979 lorsqu’il montait lui-même Don Juan au TNM. Et tous seront soutenus dans
leur dialogue avec le mythe de Don Juan par une équipe de concepteurs que
Lorraine Pintal retrouve avec plaisir. Tous réunis dans un Molière en dialogue
avec Dieu et qui pourtant flirte avec le théâtre de foire et de tréteaux, dans
une œuvre où jamais le sublime n’exclut la jonglerie.
« L’HYPOCRISIE EST UN VICE À LA MODE, ET TOUS
LES VICES À LA MODE PASSENT POUR DES VERTUS. »
Avec JAMES HYNDMAN /
BENOÎT BRIÈRE / JEAN-FRANÇOIS
BLANCHARD / PAUL
ESSIEMBRE / ÉVELINE GÉLINAS / NOÉMIE GODINVIGNEAU / FRÉDÉRIC-ANTOINE GUIMOND /
SARA HANLEY / CLAUDE LAROCHE / JEAN-MICHEL LE GAL / MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU /
GARETH POTTER / JEAN-LOUIS ROUX / NICOLAS VAN BUREK
Assistance à la mise
en scène et régie BETHZAÏDA THOMAS / Décor DANIÈLE LÉVESQUE / Costumes FRANÇOIS
ST-AUBIN / Éclairages AXEL MORGENTHALER / Musique ROBERT NORMANDEAU /
Chorégraphies des combats JOHN STEAD / Chorégraphie ESTELLE CLARETON /
Conception des maquillages JACQUESLEE
PELLETIER / Coiffures
et perruques GERALD ALTENBURG
Commentaires de Michel Handfield (24 janvier 2007)
Les annonces courtoises du début – fermer votre cellulaire, ne pas tousser,
ne pas développer vos bonbons en faisant craquer le papier bien comme il faut,
etc. – sont faites d’une façon d’époque par Benoît Brière accompagné de
certains des comédiens de la pièce. Cela nous indique qu’on est en
un autre temps : 1665, date de la création de Don Juan! Cependant, malgré
ses 342 ans, cette pièce n’a pas pris une ride. Les comédiens non plus, ajouterait certainement Sganarelle.
On découvre lentement Don Juan (James Hyndman) par son valet, Sganarelle
(Benoît Brière), et tout au long de la pièce on peut se faire une idée de ce
personnage plus complexe qu’il n’y parait, car il se découvre lentement. Ce
n’est pas Casanova. Quand il en a séduite une,
il veut en séduire une autre pour le plaisir de la séduction. C’est un séducteur, pas
nécessairement un tombeur comme Casanova. Séduire flatte son égo. En ce sens il
est très moderne. Aujourd’hui il se tiendrait dans les bars et les discos,
serait le gagnant d’une téléréalité, où il se serait amusé à séduire les
téléspectatrices et à berner les téléspectateurs en même temps, et
s’enorgueillirait à son valet de l’épaisseur de son carnet d’adresse! A
l’époque, cela le mettait dans le trouble, car pour avoir la fille il fallait
promettre de l’épouser. Hérétique, il accumulait les fiançailles et les
mariages, mais se faisait autant d’ennemis. Ce n’est là qu’un aspect de son
caractère.
Il est intelligent, égocentrique, libertaire et cynique. Il croit en
lui, rejette les normes et se sert des autres pour atteindre ses fins. Un
enfant roi doublé d’un habile stratège.
Il ne croît en rien, sauf en lui-même, et s’amuse à démonter les
croyances des autres dans le dessein de les tromper, non de les instruire! Son
valet le voit et le dépeint tel qu’il est, sauf qu’il est pris à le servir. La
condition est affaire d’argent ou de naissance, rarement de talents, encore
moins de morale quoi qu’on en dise.
Mais Don Juan est talentueux. Il sait lire les gens et les manipuler. Il
ne croît ni au ciel ni à Dieu. C’est un
rationnel : « Je crois
que 2 et 2 font 4 et que 4 et 4 font 8! » Il feint très bien, que ce
soit pour séduire ou pour tromper, car la vie est un jeu qu’il manipule. C’est
son serviteur qui a des problèmes de conscience de le voir ainsi aller. Honnête
serviteur du maître fourbe, qui s’en fait pour l’âme de Don Juan et pour les
gens qu’il dupe. Il a toute la sympathie des spectateurs.
Ce serviteur, Sganarelle, joué par Benoît Brière est
« funèsque », c'est-à-dire qu’il m’a fait penser à Louis de Funès.
Don Juan (James Hyndman), par opposition, est froid et impassible, calculateur
et manipulateur! La pièce joue d’ailleurs sur ce contraste entre les deux
hommes : le valet, moraliste et comique, versus le maître, cynique et
calculateur. C’est ce qui donne toute la force de cette pièce à qui aime les
études de caractères.
Aujourd’hui, Don Juan pourrait certainement être un patron de
multinationale, après avoir triomphé de sa téléréalité bien entendu, car il a
tous les talents que l’on recherche en affaires. Un certain modernisme aussi.
Comme le dirigeant d’une pétrolière qui pourrait dire le plus sérieusement du
monde et sans rire que son industrie travaille à être de plus en plus verte,
Don Juan pousse le mensonge au rang de vérité. C’est du grand art, car il a
compris que « l’hypocrisie est un vice à
la mode, et tous les vices à la mode passent pour des vertus. » Il trompe
même son père, ce qui est pire que de le rejeter je crois. Il ira jusqu’à
porter un habit d’homme de Dieu, car quoi de mieux pour protéger le fourbe que
cet apparat. Ainsi vêtu, « je
pourrais même accuser mes détracteurs », car la vindicte populaire ne
peut que suivre l’homme de bien; l’homme qui a les apparats du bien!
Mais s’il trompe les Hommes, car les Hommes aiment croire ce qui les
flatte, ce que Machiavel et La Boétie ont montré chacun à leur manière,
fourbera-t-il celui qui est dans l’au-delà? Dans ce ciel auquel il ne croit
pas?
Une pièce qui nous fait voir l’Homme sous
tous ses angles et toutes ses couleurs, principalement avec Don Juan et
Sganarelle. Cependant, il ne faudrait pas oublier les autres personnages qui
représentent différents caractères, comme la naïveté ou la bonté par exemple!
Vous y verrez des caractères toujours
présents, car l’Homme est resté ce qu’il était. Don Juan existe
toujours. Après avoir vu cette pièce vous le reconnaîtrez à l’occasion.
***
M’a
aussi intéressé dans cette pièce, la partie en vieux français, où l’on se
serait cru au pays de la Sagouine: L’Acadie. J’ai aussi aimé le visuel: mise en scène, décors et
costumes.
J’ai enfin remarqué un public d’âge varié. Si la culture a un passé,
elle a aussi un avenir, car elle se transmet.
Références/Hyperliens
Don Juan : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dom_Juan_ou_le_Festin_de_pierre
La Boétie, 1995 [1576], Discours de la servitude volontaire,
Mille-et-une-nuits.
Machiavel, Nicolas, 1996
[1532], Le prince, Paris: Booking
International.
Molière : http://fr.wikipedia.org/wiki/Moli%C3%A8re
---
Date de sortie :
26 janvier
Un
film de Ross Weber, 1h27
The "gulf" between upper class and underclass can be a flimsy
dividing line in a city like Vancouver, the locale of the searing urban drama
Mount Pleasant. It's a divide as short as a ride on a crosstown bus, as
innocuous as a wrong turn by a sports car in a seedy neighbourhood, and as
panic-inducing as a daughter in danger.
Written and directed by Ross Weber, Mount Pleasant opens with an
all-too-commonplace urban incident - a little girl (Haley Adrianna Guiel)
accidentally sticks herself with a discarded hypodermic needle. This minor
event in a city of millions ultimately connects the lives of families and
individuals who might as well live on different planets.
Their daughter's accident is a traumatic introduction to the
neighbourhood for Doug and Sarah Cameron (Ben Ratner and Camille Sullivan). The
middle-class couple had moved in to help gentrify Mount Pleasant, a
neighbourhood in transition, but still home to boarded up businesses, pawnshops
and greasy spoon restaurants.
With weeks to wait before their daughter can be tested for communicable
diseases, guilt-ridden Doug joins a neighbourhood watch program and becomes a
zealous "clean-up" crusader. His wife, Sarah Cameron (Camille
Sulivan), a high school drug and alcohol counsellor, struggles to cope with her
daugther’s possible serious illness.
Meanwhile, four blocks away lives Nadia (Katie Boland), a teenaged
prostitute who shares a slum with her pimp/pusher Nick (Tygh Runyan).
Nadia's "best" client is affluent realtor Stephen Burrows
(Shawn Doyle), a "loving father" who patronizes teenage prostitutes
in the Mount Pleasant area, and who offers Nadia empty promises of a job in
real estate by which to escape her life.
Back in his own upscale 'hood, Stephen has a status-conscious wife Anne
Burrows (Kelly Rowan), a full time social coordinator, and a virtually-ignored
13-year old daughter Megan (Genevieve Buechner) on her own collision course.
It's a social-class house of cards that's begging to come crashing down.
And when it does, no one's comfort zone is left unscathed.
Mount Pleasant was written and directed by Ross Weber - whose last film
No More Monkeys Jumping On The Best was named Best Canadian First Feature at
the Vancouver International Film Festival. It is a production of L'étranger
Film Productions in association with Christal Films, and with the participation
of TeleFilm Canada, British Columbia Film, Movie Central, The Movie Network,
CanWest Western Independent Producers Fund, Film Incentive BC and The Canadian
Film or Video Production Tax Credit.
Commentaires
de Michel Handfield (25 janvier 2007)
“This is a film that exposes the
hypocrisy and irony of a society that labels who is good and who isn’t.” (Document de presse,
p 3)
Aux premières images,
ça parle. Le milieu est situé. Une famille moyenne, avec une petite fille,
essaie d’y vivre avec certaines valeurs, mais la misère et le désespoir tout
autour crée une ambiance et un climat
malsain : vol, prostitution de rue, drogue, donc des seringues et des
condoms qui peuvent traîner dans la rue, la ruelle ou la cour. Des facteurs de
risque.
Vivent aussi dans ce
quartier une mineure (16 ans) et son chum, qui se prostitue pour lui et la
drogue, car il est à la fois son fournisseur, son « pimp » et son chum. Quand il n’écoute pas de la musique, il
peut faire de petits vols dans les alentours.
En opposition, on a
une famille vivant dans un quartier plus huppé : grosse maison, SUV de
luxe (Lincoln Navigator), mais avec
d’autres problèmes en latence derrière ces apparences heureuses.
Nous découvrirons
lentement ces personnages et leur milieu tout au long du film. Quant à la
frontière entre les deux milieux, elle est perméable. Les clients de la
prostitution peuvent ainsi venir des quartiers plus riches tout comme des
résidents de Mount-Pleasant peuvent travailler ou étudier à l’extérieur du
quartier; y recevoir des services aussi.
À partir de là, les
interprétations peuvent varier, ce film nous présentant plusieurs images de
droite très fortes : le voleur qui se fait tabasser par deux gars de la
rénovation et qui meut chez lui; la vigile citoyenne qui patrouille les rues du
secteur pour déloger les prostitué(e)s
et les junkies; la délation des clients par une lettre à leur femme. Certains
pourraient voir ce film comme un appui aux mouvements de
« nettoyage » d’un quartier par exemple ou aux citoyens qui se font
eux même justice. Cela est d’autant plus plausible qu’il y a une montée du
conservatisme dans l’Ouest canadien et que nous avons actuellement un
gouvernement conservateur au Canada.
Ces méthodes
(rencontre de quartier ou de voisins et « patrouille citoyenne ») ne
sont cependant pas nouvelles, ni en lien direct avec une fièvre conservatrice dans l’Ouest canadien
puisqu’elles ont été appliquées ici aussi. Tout est cependant dans la façon de
faire. Dans le cas de Tandem Montréal par exemple, ce fut une approche davantage
communautaire qui fut mise de l’avant dès 1982 et qui continue toujours.
Cependant, une recherche nous montre que des solutions plus drastiques, entre
autres de délation, ont aussi été appliquées à Montréal il y a quelques
années et le sont probablement encore dans certains quartiers chauds :
« Depuis 2000, la
ville de Montréal (http://ville.montreal.qc.ca) a donné carte blanche à la police pour
"nettoyer" les rues du Centre-ville et du Centre-sud des
"indésirables".
"Les
commerçant-es disent que les prostituées de rue ôtent de la valeur à leurs
commerces, tandis que pour les résidant-es qui emménagent dans leurs nouveaux
condos, les prostituées, les drogué-es, les "squeegies" et les
itinérant-es sont des irritants", déplore Marie-Neige, travailleuse chez
Stella (www.chezstella.org). Le service de police de la Ville (www.spvm.qc.ca) a donc déclenché des opérations de répression
accrue envers la prostitution de rue. "On est passé de 38 arrestations
pour sollicitation en 2001, à 715 pour les 9 premiers mois de 2004", (www.chezstella.org/stella/?q=node/166) s'indigne Marie-Neige.
(…) La police a vidé
le Centre-sud de ses femmes de la rue tandis que les travailleuses du sexe
recevaient un allé simple vers la prison. Les opérations de répression ont
aussi visé leurs clients. La section Moralité du SPVM a organisé des opérations
clients et invité les résidant-es à la délation : le projet "Cyclope"
(www.er.uqam.ca/nobel/arrfm/Cyclope.html) - "qui vise à sensibiliser les clients aux
méfaits causés par la sollicitation à des fins de prostitution", selon le
SPVM - a été mis sur pied et la délation a été institutionnalisée. » (1)
Certains biens
pensants de droite devraient se rappeler des abuseurs qui ont été protégés par
les milieux conservateurs et religieux pendant des années. Ils devraient regarder
au Sud de nos frontières et ils verraient que la prison et la peine de mort,
associées à une culture qui valorise l’argent, le fusil et l’autodéfense, ne
diminuent en rien la criminalité. Au contraire. Le Pouvoir de l’argent et de
Dieu ne donne pas tous les droits, même si cette idée est véhiculée par une
certaine conception de l’éthique protestante. (2) Elle a parfois des effets
pervers aussi.
La société est un
vase communicant quoiqu’on en dise. Le drogué, la prostituée et l’itinérant ne
sont pas d’une autre planète. Il ne faudrait pas l’oublier. Certains ont aussi
le rêve de s’en sortir, mais leur offre-t-on toujours l’aide dont ils ont
besoin?
C’est
le cas de cette jeune fille de 16 ans, prostituée et droguée, que le film suit
parmi les personnages centraux de l’histoire. Elle rêve de gagner assez pour
faire autre chose. Mais, pour oublier, elle se « shot », ce qui
l’éloigne de son rêve et accroît les risques qu’elle court : le SIDA, la
violence et l’overdose par exemple. Quand elle en aura assez, sera-t-on prêt à
l’aider? Les organismes auront-ils de la place et des budgets pour le faire ou
devra-t-elle attendre dans ce milieu qu’elle veut quitter? Sa famille
accepterait-elle son retour pour l’aider? Sinon, demeurer dans le même milieu
constituera une forme de condamnation; condamnation au nom de budgets que l’on
n’a pas, alors que l’on subventionne des entreprises pétrolières dans l’Ouest
canadien et des multinationales de l’aluminium au Québec!
Si l’action de ce
film se déroule à Vancouver, des parallèles peuvent être tirés avec Calgary, Toronto ou Montréal. De quoi faire
réfléchir le spectateur qui le veut, car à voir ce film on peut facilement
condamner la pensée de droite. Je l’ai d’ailleurs reçu comme une forme de
dénonciation par l’image. Mais, il y aura toujours des gens pour approuver.
***
D’un
autre point de vue, on peut aussi comprendre ce père de famille qui s’inquiète
pour sa fille qui s’est piquée sur une seringue jetée près de la clôture de sa
cour et qui veut mener un combat pour nettoyer
son quartier. Il s’implique à partir de ce moment dans la milice citoyenne (neighbourhood patrols), au point que sa
femme, intervenante en toxicomanie dans une école secondaire, ne le reconnaît
plus, notamment pour la délation.
C’est cependant
humain; une forme de désespoir et d’inquiétude, car la seringue étai-elle
infectée au VIH/SIDA ou par une forme d’hépatite? Une innocente victime d’à
peine 5 ans qui peut être condamnée pour la vie pour avoir simplement joué dans
sa cour. On aurait beau être le plus progressiste des progressistes, il est sûr
que d’être touché d’aussi près peu ébranler certains de nos principes pour
quelques jours au moins. C’est humain. L’ouverture, c’est aussi de le
comprendre.
***
Des seringues et des
condoms en bordure des terrains, dans les parcs, ou dans les cours d’école, est-ce raisonnable
si on y élève des enfants? Cette question se pose, même à Montréal où j’en ai
vu dans certains quartiers. Mais, si on envoie ces gens, ils vont aller où? Le
problème est là, au point de rencontre entre les anciens occupants du secteur
et les nouveaux arrivants; la classe moyenne qui s’installe dans ces anciens
quartiers pauvres dans un mouvement d’embourgeoisement (gentrification), et qui en change le tissu social sans nécessairement
améliorer les conditions des anciens habitants. Ces pauvres, les retraités d’un
certain âge dont les pensions sont réduites en rapport du coût de la vie, et
les paumés vont se retrouver dans un autre quartier ou dans la rue s’ils
perdent les logements qu’ils occupaient. On n’aura que déplacé un problème vers
un autre quartier ou, pire, on l’aura essaimé sur les quartiers voisins ou dans
la ville. Ce n’est pas une solution.
Comment peut-on les
aider? D’abord, par des programmes d’échanges de seringues et d’éducation;
ensuite, par des investissements dans le logement social et des services de
santé communautaires à proximité (3); enfin par le soutien à des organismes du
milieu. Il ne faut cependant pas être dupe : ces problèmes ne se résoudront pas
facilement et surtout pas rapidement.
Une recherche
internet nous montre que Vancouver n’est pas si à droite que cela après tout.
Cette ville est même en lien avec Montréal sur certains points. Ainsi, un
article paru il y a quelques jours dans le Vancouver
Courrier nous apprenait que :
« A scientific experiment offering
free heroin to drug users is looking for 38 more volunteers addicted to heroin
for at least five years.
The North American
Opiate Medication Initiative, or NAOMI, is a program approved by Health Canada
that began enrolling drug users in Vancouver in February 2005.
So far, the program
in Vancouver has 161 participants and the program in Montreal, which began
later in 2005, has 54. Another 38
are needed to round out the study. » (4)
***
Des scènes sont dures
et ce n’est pas le genre de société que je veux : la drogue par dépit; la
délation et l’auto justice comme solution. Mais pour éviter cela il faut
soutenir des initiatives communautaires et publiques d’éducation et de
réinsertion sociale. Les solutions ne viendront pas d’une augmentation des
budgets sécuritaires non plus, surtout si l’on coupe dans les investissements
sociaux. Ce film permet donc de poser les bonnes questions s’il ne les pose pas
lui-même. Pourquoi ne pas travailler à mettre sur pied des structures
communautaires, pour reprendre les choses en main et aider la communauté en
place par exemple, plutôt que de faire une milice de nettoyage et de délation?
C’est une option qui pourrait être amené dans une discussion autour de ce film.
Plusieurs n’attendent que cette bouée pour s’en sortir. Tout est dans l’optique
de celui qui regarde le film. Certains approuveront ces méthodes de droites;
d’autres se questionneront à savoir s’il n’y a pas d’autres solutions, ce qui
pourrait faire des débats intéressants à l’aube d’élections qui peuvent être
déclenchées au Québec et au Canada. Quelle société voulons-nous?
***
Enfin, quel est le
rôle du milieu dans tout cela? Dans la
chute vers la drogue par exemple? Mais d’abord, qu’est-ce que le milieu?
La famille? L’école? Le voisinage? Et les autres influences, comme la télé, la
musique ou la mode? Quand on dit « Our
children are our future », ça fait bien des choses à voir.
Mais, comment peut-on
aider les jeunes si on ne tient pas compte des parents? Même en milieu
favorisé, les parents ne sont pas
toujours présents quand il le faudrait ou de la bonne façon. D’ailleurs,
ont-ils le temps de voir au développement de leurs enfants, pris par leurs objectifs
de productivité? Plusieurs parents manquent aussi de moyens face à leurs
enfants; et quand je parle de moyens, je ne parle pas d’argent. Ce peut être un
manque de temps ou de talents. Vous pouvez être excellent pour montrer à votre
fils ou votre fille à patiner, à écrire ou à faire du vélo, mais si c’est
l’improvisation, la musique, le théâtre ou le curling qui l’intéresse, que
faites-vous? Les ressources sont-elles disponibles?
Les organismes
communautaires, de sports et loisirs, ou d’éducation peuvent donc aider tant
les enfants de riches que de pauvres, car ils en ont tous besoins. Ce contact
des uns avec les autres peut aussi être bénéfique. Des activités parascolaires
comme le théâtre, l’impro ou les camps de sciences sont aussi nécessaires que
les maths, le football ou le hockey pour les éveiller. Un bon réseau de
bibliothèques scolaires et publiques aussi, car l’éducation ne se fait pas
juste en classe. Elle doit se poursuivre après les heures de classe. Pourquoi
les bibliothèques scolaires ne seraient-elles pas ouvertes durant les vacances
d’été par exemple? Qui dit que la lecture d’un livre n’aurait pas empêché un(e)
jeune de faire son premier larcin ou de fumer son premier joint à 13 ans par
ennui, peu importe son milieu socio-économique, car il faut de l’argent de
poche pour s’acheter son premier joint à cet âge. À 20 ans on le/la
stigmatisera! Des services de garde et des investissements en sports, loisirs
et culture sont donc nécessaires peu importe le niveau socio-économique des
parents, surtout si les jeunes sont laissés à eux-mêmes. Un film à discussion!
***
Enfin,
ce film me permet de faire un court aparté sur mes textes cinématographiques.
Je ne fais pas dans la critique, mais dans le commentaire, car de ma
perspective, ma formation de sociologue, le film est un matériel et nourrit une
réflexion qui peut le dépasser. Certains accrocheront sur les décors, les plans
de caméra, le jeu des acteurs ou la mise
en scène, ce qui m’atteint moins. Moi, j’accroche sur les problématiques qu’il
montre et les questions qu’il soulève. Le film est un matériel sociologique, un
révélateur social : psychosocial, socioéconomique ou sociopolitique par
exemple. C’est ainsi que sur de très bons films selon la critique, je n’ai fait
que de courts textes alors que sur des films qui ont décriés en cœur, j’ai pu
faire de très longues analyses, car je n’ai pas la même grille, le même angle,
qu’eux dans la tête. Je prends d’ailleurs des notes durant les projections de
presse - j’ai pris 32 feuillets de notes dans mon Palm pour ce film par exemple
– que je ne peux renier par la suite, même si je discute avec des confrères qui
ne l’ont pas apprécié de la même manière que moi, car je travaille d’un autre
angle. J’encourage donc le lecteur à lire plusieurs points de vue pour se faire
une idée. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nos pages offrent plusieurs
hyperliens de références, car cette diversité de points de vue est nécessaire.
Il faut la protéger.
Notes :
1. Quand revitalisation rime avec
répression, sur Cybersolidaire :
http://cybersolidaires.typepad.com/ameriques/2005/02/quand_revitalis.html
2. Sur l’éthique protestante, étude
sociologique de Max Weber, voir la notice suivante : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%A9thique_protestante_et_l%27esprit_du_capitalisme Le livre, L’éthique protestante et l’esprit du
capitalisme de Max Weber, peut être téléchargé intégralement à partir des
classiques des sciences sociales pour qui veut tout en savoir : http://classiques.uqac.ca/
3. Je pense à notre réseau de CLSC par
exemple : « Les centres locaux de services communautaires ont pour
mission d'offrir, en première ligne, à la population du territoire qu'ils
desservent, des services de santé et des services sociaux courants, de nature
préventive ou curative, de réadaptation ou de réinsertion. » (http://wpp01.msss.gouv.qc.ca/appl/m02/M02Lexique.asp)
4. Mike
Howell, Free heroin: addicts wanted,
in The Vancouver courier, published on
01/19/2007: www.vancourier.com/issues07/013207/news/013207nn3.html
Hyhperliens :
www.christalfilms.com/officialsites/mountpleasant/
www.city.vancouver.bc.ca/community_profiles/mount_pleasant/index.htm
http://www.discovervancouver.com/gvb/mount-pleasant.asp
www.anhgv.org/neighbourhood_houses/mount_pleasant.php
Pour trouver de l’information ou de
l’aide, des groupes de pression ou des groupes de défense des droits sur les
toxicomanies ou la prostitution, une
recherche sur Google (www.google.com) serait le plus approprié avec une indication de
votre région. Par exemple, Montréal: toxicomanie; Montréal: prostitution ou Montréal: travail du sexe! Bonne
recherche.
---
Sortie : le 19 janvier 2007
Un film de : Daï
Sijie
Avec : Mylène
Jampanoï, Li Xiaoran et Dongfu Lin
Produit par : Roger
Frappier et Luc Vandal (Max Films Productions) et Lise Fayolle (Fayolle et
Sotela Films)
Durée : 1h45
Dans la Chine des années 80, tous les tabous ne sont pas levés.
Min, jeune orpheline, part faire ses études chez un botaniste de renom.
Homme secret et père autoritaire, ce professeur vit sur une île qu’il a
transformée en jardin luxuriant. Contrainte de partager cette vie solitaire et
effacée, sa fille An accueille avec joie l’arrivée de l’étudiante. Très vite
complices, les deux jeunes femmes voient leur amitié évoluer vers une
attraction troublante, sensuelle et interdite.
Incapables de se séparer, Min et An imaginent bientôt un dangereux
arrangement pour continuer à partager le même toit…
Festival des Films du Monde de Montréal 2006 - gagnant des prix…
De la meilleure contribution artistique - Guy Dufaux
Du public pour le film le plus populaire
Du film canadien le plus populaire
Commentaires de Michel Handfield (23 décembre 2006, mis en ligne le 19
janvier 2007)
Prises de vues et paysages superbes;
sensualité de l’image; le tout en opposition avec une culture très
conservatrice, ce qui en fait un film tout en contraste.
Le maître de botanique, qui vit avec sa fille
au cœur d’un jardin luxuriant, est « droit », dans le sens de
conservateur. Avec l’arrivée d’une jeune stagiaire, sa fille se révélera plus
libérale. Beaucoup trop libérale pour le jardinier et la Chine, car une amitié
particulière naîtra entre ces deux filles, qui se transformera en amour
véritable, mais interdit.
Tout le contraste de cette Chine, de
cette culture, se retrouve dans de petits détails; comme la relation aux
plantes du jardinier, qui semble beaucoup plus humaine et attentionnée que sa
relation aux autres. Ce respect de la nature dans la tradition est d’ailleurs
en porte-à-faux avec le rejet de la relation profonde qui existe entre les deux
filles. Autant de tendresse, d’amour et de respect de la vie envers les
plantes, mais si peu de respects envers les homosexuels, passibles de peine de
mort! Pourtant, tant l’homosexualité que
la bisexualité existent dans la nature!
D’ailleurs, les idéologies tant vénérées
dans la société, qu’elles soient religieuses ou politiques, n’existent pas
toujours dans la nature, mais les idéologues en appellent toujours soit à Dieu,
soit à la nature. Et si une chose ne respecte pas la morale idéologique qu’ils
défendent, l’argument massue est que cette chose n’est pas naturelle ou qu’elle
est contre nature! L’homosexualité est ainsi contre nature, le mariage naturel.
Pourtant l’homosexualité existe dans la nature, le mariage non!
La même remarque s’applique à
l’économie. Si les taxes et les impôts n’existent pas dans la nature, comme
le rappellent les néolibéraux qui
prônent un marché libre de toutes entraves en se basant sur la loi naturelle;
le profit et la thésaurisation n’existent pas non plus faut-il leur rappeler.
Si la nature a ses forces, elle a aussi ses faiblesses, dont celle d’être à la
merci des éléments. C’est ce qui a amené l’Homme à se donner des règles
sociales, des politiques et une organisation technique pour ne pas être
dépendant de la seule loi naturelle et des intérêts particuliers. Il ne
faudrait surtout pas l’oublier. La loi n’est pas innée, mais construite. Elle
peut être changée par la volonté des Hommes. C’est la démocratie. Si
l’homosexualité est, elle peut donc être reconnue et encadrée. En fait, elle
doit l’être au même titre que l’hétérosexualité. C’est d’ailleurs ce qui permet
de faire une distinction entre les relations entre adultes consentants; les
relations pédophiles, tant homosexuelles qu’hétérosexuelles; et celles basées
sur une forme de domination.
Quel contraste de voir d’un côté un tel
respect de la nature et de l’autre un tel blocage face à la vie et à l’amour,
même s’il prend une figure plus marginale. C’est un film fort, mais tout en
nuances.
Contrastant aussi ce respect de la Chine
des années’80 pour la nature, car un autre film dont nous avons déjà parlé, Paysages fabriqués (Manufactured Landscapes) de Jennifer Baichwal, nous montre comment
la Chine capitaliste prend maintenant le dessus sur la Chine traditionnelle et
paysanne au nom du progrès industriel. Un tout autre monde…
Mais, si les mœurs et les règles
sociales n’ont peut être pas évoluées au même rythme que les avancées
technologiques du capitalisme chinois, les choses commencent à changer à ce
niveau aussi, ce que montre une recherche internet avec les mots « Homosexualité et Chine » sur
Google. La Chine est peut être sur la voie de la démocratisation et de
l’acceptation de la nature humaine, même si cela se fait à petit pas.
---
www.sonyclassics.com/drivinglessons
Dès le 19 janvier au
cinéma AMC Forum!
Le film sera présenté dans sa version originale anglaise.
Rupert Grint est probablement le rouquin
le mieux connu de la planète grâce à son personnage de meilleur ami de Harry
dans quatre films Harry Potter. Il campe maintenant son premier rôle
«presque d’adulte» dans Driving Lessons, une histoire vivante sur le passage à
l’âge adulte qui met également en vedette Laura Linney et Julie Walters.
Driving Lessons marque le début à la
réalisation de Jeremy Brock, lequel a écrit le scénario d’après son expérience
personnelle acquise à l’emploi de la légendaire actrice Dame Peggy Ashcroft.
Brock est mieux connu comme le scénariste des films à succès Mrs. Brown et
Charlotte Gray ainsi que le coauteur de la très populaire série télévisée
britannique sur le milieu médical, Casualty.
(…)
Le film a été tourné à Londres, à
Édimbourg et dans leurs environs. L’un des magnifiques lieux de tournage
est cette maison de style géorgien dotée de l’un des plus vastes jardins privés
londoniens. Cette dernière sert de demeure à Evie et son jardin est
l’endroit où elle adore déclamer du Shakespeare ou jurer après ses plantes.
Driving Lessons est distribué au Québec
par Métropole Films et dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires de Michel Handfield (jeudi, 19 janvier
2007)
Ben est étouffé par
l’amour de sa mère pour Jésus, car elle lui « donne » son fils comme
Dieu nous a donné le sien. Elle le « sacrifie », mais c’est lui qui
subit finalement, pas elle! Il est son instrument; doit suivre des séminaires
bibliques et aider les personnes âgées de la communauté dans ses vacances
d’été. Elle, elle s’enorgueillit de la chose. Maniaque, contrôlante, castrante
et manipulatrice! Son père, est effacé devant cette inconditionnelle de Dieu
qui, sous des airs de bienveillance et de compassion chrétienne, est finalement
une terreur psychologique.
Si Dieu donne la
liberté, pour elle c’est la liberté d’entrer dans la légion de Jésus comme
d’autres entrent dans l’armée ou la drogue. C’est une dépendance, car hors de
lui point de salut! Une « Jesus
freak » à un point tel que son mari, pasteur de la communauté, n’ose
pas l’affronter sauf dans ses homélies. L’une d’elle porte justement sur les
dangers d’être « Jesus freak », car le plus beau cadeau qu’il nous a
fait c’est la capacité de peser le pour et le contre; de choisir; d’être libre…
C’est même paradoxal, car ça semble être la seule façon qu’il a de parler à son
fils, la maison ressemblant à une prison idéologique.
Ce film dénonce une
certaine hypocrisie Chrétienne, le message principal du Christ étant « aimer vous les uns les autres »,
alors qu’un tel contrôle en est tout le contraire.
Son initiation au
monde se fera lorsqu’il décrochera un emploi d’aide auprès de Dame Evie, une actrice
excentrique et poétesse à la retraite. Elle est alcoolo, théâtrale, poétique et
anarchiste. Les conventions, surtout morales, ne trouvent pas grâce à ses yeux.
Une bouffée d’air frais pour ce jeune, mais ce sera aussi déstabilisant pour
lui : « Tu diras à Dieu que je
t’ai enlevé! » Il aura d’abord un certain vertige avant de trouver SON
équilibre entre cette réalité et celle qui lui avait été inculqué jusque là par
sa mère.
Dans son escapade en
écosse avec Evie, qu’il conduit à un congrès de poésie, il découvrira autre
chose que maman. Surtout une fille qui lui fera goûter le plaisir. Un one night stand. Mais, reverra-t-il
cette fille plus tard? Il y aurait peut
être là objet à une suite qui serait intéressante pour voir comment il se sera
sorti de ce milieu familial et surtout quels en auront été les effets.
Au pub, où il l’aura
d’abord accompagné avant de se retrouver chez elle, ça brasse dans la cabane
avec de la musique trad-rock et ce n’est pas le temps des fêtes. Une leçon pour
nous au Québec qui sortons cette musique en décembre et la remisons avec les
décors des fêtes, car on l’a joué à s’en écoeurer!
Mais, maman est
forte. Elle lui reprochera d’avoir quitté la maison de Dieu et, à son retour,
lui interdira de revoir Evie. Pourtant, sa présence fait du bien à cette
vieille dame. Mais la charité chrétienne n’est que pour ceux qui répondent à
certaines attentes selon sa mère. Cette vieille dame indigne ne mérite pas sa
présence. Sauf qu’après avoir connu autre chose, rentrer dans le rang ne pourra
pas durer. On en verra les premières conséquences. Quels en seront les
résultats à plus long terme? Un nouvel équilibre ou un vertige? C’est ce que
j’aimerais voir dans une suite.
---
Sortie :
19 janvier 2007
Durée : 95min
PETER O’TOOLE – NOMINATION AUX GOLDEN GLOBES - Meilleur acteur (drame)
Réalisation : Roger Michell
Distribution: Peter O’Toole, Vanessa Redgrave, Jodi Whittaker
La rencontre entre deux vieux comédiens et une
jeune fille prénommée Jodie
Commentaires de
Michel Handfield (19 janvier 2007)
La vieillesse,
où la dérive est à chaque tournant; mais aussi où ce que l’on a toujours été
est toujours là, enfouie sous une couche de poussière, mais là. Bien là,
surtout pas si loin dans notre tête même si notre corps y semble à des années
lumières!
Un film sur le
« naufr’âge », traité avec humour, tendresse et un brin de
concupiscence parce qu’un des deux amis, Maurice (Peter O’Toole) est en amour
avec cette jeune fille, Jessie (Jodie Whittaker), en visite chez son ami, Ian
(Leslie Phillips). Mais il n’y a pas de retour! Sauf que cela le met en
position de vulnérabilité face à la petite nièce de Ian, qui pourrait
facilement marchander un toucher, ne serait-ce que lui tenir la main. Est-il
prédateur ou victime? J’avais parfois un malaise face à Maurice, d’autres fois
face à Jessie. Et si son ami s’en rend compte?
Un film autant
sur les différences intergénérationnelles que les relations hommes/femmes,
surtout en ce temps d’individualité, de mode sexué et de codes qui ne sont plus
les mêmes selon les générations.
A voir, car ce
film ne vous laissera pas indifférent. Il pourrait être objet de discussions
fort intéressantes en classe sur les sujets de l’intergénérationnel et des
relations entre les hommes et les femmes. Pédagogique? Il faudrait juste le
voir dans cette perspective pour en sortir d’abord les questions clefs. Des
discussions intéressantes pourraient s’ensuivre.
---
ARTHUR ET LES
MINIMOYS
www.arthuretlesminimoys.com
« Arthur et les minimoys » prendra l'affiche en versions française et
anglaise le 12 janvier 2007.
Commentaires de Michel Handfield
(6 janvier 2007, mis en ligne le 12)
Été 1960.
Arthur est dans ses rêveries de préadolescent
concernant son grand-père disparu il y a quelques années. Mais si ce grand-père, dont les albums
souvenirs sont remplis d’anecdotes et d’images qui semblent magiques, était
caché quelque part dans le jardin; chez un peuple d’être miniature qu’il aurait
ramené d’Afrique?
L’imagination
d’Arthur et les histoires étranges que lui raconte sa grand-mère, concernant
son grand-père, se confondent avec la réalité, surtout depuis qu’ils sont
menacés d’expulsion par un promoteur véreux. Tout est en place pour une
aventure fantastique. Arthur, cœur pur, saura trouver la clef de l’énigme et…
Si vous y
voyez une référence au roi Arthur, c’est qu’on ne peut tout réinventer. On
emprunte quelquefois. Cela donne cependant un bon divertissement pour les
cœurs jeunes. Un film pour toute la
famille.
---
LA MALÉDICTION DES FLEURS DORÉES
www.sonyclassics.com/curseofthegoldenflower
À l’affiche dès le 12
janvier!
Le film sera présenté dans sa version
originale en mandarin, avec sous-titres français et sous-titres anglais.
Les superstars chinoises Chow Yun Fat et
Gong Li tiennent la vedette de La Malédiction des fleurs dorées, la troisième
épopée d’arts martiaux du réalisateur chinois Zhang Yimou (Le Secret des
poignards volants, Héro), sa plus grosse production et la plus haute en couleur
à ce jour.
Le film – candidat chinois pour l’Oscar
2006 du meilleur film en langue étrangère – est un drame historique portant sur
une famille impériale qui s’effondre lentement de l’intérieur.
L’action se situe il y a plus de mille
ans, à la fin de la dynastie Tang. Celle-ci a été l’une des dynasties les
plus flamboyantes de l’histoire de la Chine. Or selon un vieil adage
chinois : « L’or et le jade à l’extérieur, la pourriture et la décomposition à
l’intérieur. » Il arrive parfois que sous une belle apparence se cache
une vérité épouvantable.
C’est la veille de la fête de Chong Yang,
une célébration de la famille annuelle associée traditionnellement aux
chrysanthèmes. D’où la profusion de fleurs jaune d’or qui décorent le
palais. L’empereur (Yun Fat) rentre fortuitement chez lui accompagné de
son fils cadet (la vedette pop asiatique Jay Chou) sous prétexte de vouloir
célébrer cette fête avec les siens. Mais, compte tenu des rapports tendus
entre l’empereur et l’impératrice souffrante (Li), cela semble
fallacieux.
Trahison, tromperie et passion sont
dévoilées, opposant l’empereur (Yun Fat) à l’impératrice (Li), et les fils les
uns aux autres. Par une nuit de lune, le sang coule pendant que des
milliers de chrysanthèmes sont piétinés.
Des bijoux scintillants aux lanternes
luisantes, la couleur or est largement employée, ce qui contribue à amplifier
l’opulence du palais. Les costumes dorés sont tout à fait chinois, la
plupart comportant quatre à six vêtements superposés. La confection des
robes « Dragon » de l’empereur et « Phœnix » de l’impératrice ont exigé chacune
le travail manuel de 40 artisans pendant deux mois.
Le film réunit plusieurs membres de
l’équipe de création des productions Le Secret des poignards volants et Héro,
notamment le réalisateur des scènes d’action, Tony Ching Siu-Tung, qui a
intégré une scène de bataille époustouflante dans laquelle des guerriers
cuirassés d’or chargent le palais impérial.
Le scénario est de Zhang Yimou, Wu Nan et
Bian Zhihong.
La Malédiction des fleurs dorées est
distribué au Québec par Métropole Films Distribution et dans le reste du Canada par Mongrel Media.
Commentaires
de Michel Handfield
(6 janvier 2007, mis en ligne le 12)
D’abord,
en terme cinématographique, on a droit à un film de cape et d’épée historique
et grandiose, mais de l’empire du milieu!
S’y
mêlent le Pouvoir et les relations filiales, l’impératrice semblant amoureuse
d’un de ses fils (on comprendra plus tard qu’il n’est pas d’elle) alors que
l’empereur a pour projet d’éliminer cette femme, sa femme. Il est tellement
froid à son égard et rationnel dans sa conduite du Pouvoir, qu’il donne froid
dans le dos. Les Hommes sont comme des pièces sur un jeu d’échec pour lui. Sans
plus de considération.
Mais
l’impératrice est lucide. Résistante! Un jeu de pouvoir s’engage à l’intérieur
du palais entre elle, l’empereur et ses fils. On s’affronte au sein de la
famille dans un ballet où raffinement et barbarie se côtoient, car on ne se
révolte pas sans quelques mercenaires à ce niveau du Pouvoir, mais non plus
sans grâce et une certaine étiquette. Mais, si barbare est-on dans la lutte
sans merci pour le Pouvoir, on sait en effacer rapidement les traces pour
sauver les apparences face aux sujets du royaume. Le perdant saura se résoudre
à son sort dignement.
Un film que j’ai davantage regardé qu’intellectualisé,
car il est grandiose comme je le disais au début de ce texte. Ça fait du bien
parfois de regarder un film plutôt que de l’intellectualiser.
---
RENÉE ZELLEWEGER – NOMINATION AUX GOLDEN GLOBES – Meilleur actrice
(comédie)
Réalisation : Chris Noonan
Distribution : René Zellweger, Ewan McGregor, Emily Watson, Jane How
Jeune femme de l'époque victorienne, élevée dans la morale stricte de l'époque,
Beatrix Potter va tout connaître : des affres de la création au succès aussi
fulgurant qu'inattendu, de la soumission à la morale bourgeoise familiale à la
liberté du grand amour. Séparée par la maladie de l'homme de sa vie, Beatrix
surmontera toute les épreuves sous l'œil amusé et complice de ses personnages.
Commentaires de Michel Handfield (12 janvier
2007)
Londres 1902. Beatrix Potter représente le XXe
siècle naissant, du moins dans ce milieu conservateur londonien. Elle est un modèle de modernisme, croyant en
elle et en son talent; refusant le mariage de convenance et affirmant son
indépendance grâce à son talent! Une féministe et une écologiste avant l’heure,
car elle a donné des acres de terrain pour protéger une région qu’elle
affectionnait particulièrement. Beatrix m’a touché.
Ce film est aussi touchant par le rapport aux
animaux qu’elle a; car elle les personnalise, les humanise. Ils sont des êtres
entiers pour elle et prennent vie sous sa plume. Cela commence par son lapin
qu’elle dessine toute jeune et qui deviendra plus tard Peter Rabbit’s (1). Je la comprends très bien, car j’en ai un à la
maison! (Photo) Un lapin est un animal fort attachant pour son maître. Qui en a
un, le sait. De cet amour des animaux; de cette passion du dessin et d’une
telle imagination, ne pouvait probablement ne sortir que ce qui en est
sortie : ses contes pour enfants. Et comme à l’époque le livre qu’elle a
conçu était tout nouveau dans son format et son style, une révolution en
quelque sorte, il n’y avait pas de concurrence. Elle créait le mouvement tout
en répondant à un besoin. Le succès a donc suivi. (2) Une précurseure et ce
film le lui rend bien.
Un film
biographique et historique avec un geste de magie, car ses dessins s’animent
sous sa plume! J’aime ce concept. Si vous aimez les biographies ou les films historiques,
il devrait vous intéresser.
Notes :
1. Le dessin de Peter Rabbit vient de www.peterrabbit.com, © Frederick Warne & Co Limited 2002
2. Ce n’est pas toujours le cas. Certains
précurseurs sont parfois trop en avance et n’ont pas de succès pour cette
raison.
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Happily N’Ever After / Au royaume désenchanté
Sortie : le 5 janvier 2007
Un film d’animation de Paul J. Bolger.
Version originale anglaise avec les voix de Sarah Michelle Gellar (Ella),
Freddie Prinze Jr. (Rick), Andy Dick (Mambo), Wallace Shawn (Munk),
Patrick Warburton (Prince Humperdink), George Carlin (The Wizard), Sigourney
Weaver (Frieda).
Version française avec les voix de Catherine Trudeau (Ella), Rachid
Badouri (Mambo), Guy Nadon (Munk), Anne Dorval (Frieda).
Inspiré de nos contes de fées préférés,
le film d’animation Au royaume
désenchanté est une variation satirique de l’histoire classique de
Cendrillon.
Il était une fois au Royaume des contes
de fées... L'équilibre entre le bien et le mal ayant toujours existé est
soudainement bouleversé. Frieda, la méchante belle-mère de Cendrillon (voix
d’Anne Dorval), a formé une alliance diabolique pour nuire aux bonnes gens du
royaume. Perdant le contrôle de son propre conte de fée, Cendrillon (ici nommée
Ella) (voix de Catherine Trudeau) est forcée d’abandonner son attitude de
demoiselle en détresse, pour prendre le contrôle de sa destinée et mener la
résistance sans son prince charmant.
Dans un monde où les fins ont cessé
d'être heureuses, une course a lieu pour le contrôle du royaume et le sort de
la phrase « ils vécurent heureux… ».
Commentaires de Michel
Handfield
(22 décembre 2006, mis en ligne 4 janvier 2007)
Le dessin est réaliste. Je dirais qu’il
est en filiation avec Shrek. Cela devrait vous donner une idée de ce que je
veux dire, sinon allez voir le site officiel du film: www.happilyneverafterthefilm.com
L’idée est simple, mais intéressante.
L’équilibre entre le bien et le mal est parfait dans les contes de fée, ce qui
fait que les bons ont toujours le beau rôle et que les contes finissent
toujours bien. Mais, est-ce réaliste? Et qui sont ces bons? Ils sont beaux et
charmants, mais sont-ils futés? Pourraient-ils soutenir une conversation après
avoir réveillé la princesse d’un baiser ou l’avoir fait valser avant que son
carrosse ne se transforme en citrouille? Que se cache-t-il derrière les
apparences? Quelle serait la suite si on les connaissait mieux? Seraient-ils des
princes charmants ou des êtres sans substances?
On le découvrira, puisque suite à une
série de circonstances, la méchante belle mère de Cendrillon a l’occasion de
donner plus de poids au mal, espérant que les mauvais personnages aient enfin
leur revanche sur tous ces contes à l’eau de rose…
Mais, mettre plus de mal dans les
contes, ce n’est pas donner le pouvoir aux méchants comme s’y attendait Frieda,
la méchante belle-mère de Cendrillon, car le bon peut aussi savoir tirer profit
de ces aspects de la personnalité que l’on qualifie de plus sombre. Certains
« défauts » peuvent même s’avérer très utiles si on sait en tirer
profit et les contrôler pour ne pas qu’ils nous entraînent dans des dérapages.
Être dur contre l’injustice, ce n’est pas si mauvais que cela après tout! Les
battants de la bonne cause ont toujours su faire craquer les cœurs. Le cinéma
fait un éloge constant à certaines brutes sympathiques depuis des lustres.
Mais, le bon n’est peut être pas celui qu’on attendait non plus. Les contes étant
libérés de leurs entraves, certains personnages secondaires et même tertiaires
peuvent en profiter pour révéler toute leur personnalité.
Qui dit que les mauvais bougres et les
mauvaises bougresses n’ont pas leurs bons côtés? Leur zone de tendresse? Ironique,
mais combien vrai, car le monde n’est pas en noir et rose, mais en nuances de
gris et de pourpres! Il est donc plus réaliste de libérer la balance, qu’elle
oscille librement entre le bien et le mal, que de la tenir dans un équilibre
artificiel penchant toujours vers le bon! Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions?
Tous ceux qui se sont essayés de faire un monde parfait, tant à droite qu’à
gauche, se sont buttés à cette réalité : ce monde devenait rapidement un
enfer dictatorial, que ce soit le nazisme ou le communisme soviétique par
exemple. Le manque de liberté rendait triste la vie!
Alors, vivre dans des contes déjà ficelés d’avance, ce ne doit pas être
facile tous les jours, même pour ses héros. On ne peut que saluer cette libération
de nos contes, ce qui leur donne une nouvelle fraîcheur.
---
ANGEL-A de Luc Besson
En salle le 22 décembre
Le film met en vedette Jamel
Debbouze et Rie Rasmussen.
Synopsis :
Un homme rencontre une femme à Paris...
Commentaires de Michel
Handfield (19 décembre 2006)
Un film en noir et blanc, tout en couleur! Irradiant! Il se passe à Paris, après le conflit Franco États-uniens sur la question de l’Irak,
avec un maghrébin naturalisé états-uniens qui est pris dans des petites
combines qui le dépassent! Mais au fait, qui est-il? Est-il important dans
l’organisation sociale? À part ceux à qui il doit et avec qui il s’est mis les
pieds dans les plats, il ne semble pas trop important. « Une petite merde, quoi! » Mais,
n’est-il que cela?
Est-il pris dans ses combines à cause de
ce qu’il est, de ce qu’il se refuse d’être, ou de ce qu’il croit vouloir être?
Car, pourquoi doit-il à tous les gangs de la métropole? À cause de sa façon d’être
peut-être? Car il voudrait être autre chose que ce qu’il est, mais il voudrait
que ce soit tout de suite. Il n’a jamais pris le temps de s’écouter et de se
construire. Et là, il est face à une échéance, mais sa date de péremption n’est
pas encore arrivée selon le très haut!
De quoi être tout perdu… à moins d’une
aide divine pour se comprendre, s’en sortir et ne plus retomber dans la
merde… Seul un ange qui passerait par là
au bon moment pourrait peut être le sauver. Mais encore, il aurait tout un
processus d’autoanalyse à faire.
Il y a eu l’agent 007, lui rencontrera Angel-A! Mais il ne comprendra pas tout
de suite. Il doit travailler sur lui d’abord… On est dans le
psycho-surréaliste! La psychanalyse profonde qui doit aller au-delà des habitudes.
Si on peut tricher avec les autres un certains temps, on peut tricher bien plus
longtemps encore avec soi même si on est consentant.
Mais qu’est-ce qu’un ange? La prise de
conscience du bon que l’on a en soi! Et qui dit que cela ne peut se faire que
par des moyens doux et aimable? Certainement pas Luc Besson, car notre ange a
une main de fer sous une peau de velours! Angel-A a hérité d’un esprit Lino
Ventura dans un corps de Marylin…
Idée hollywoodienne que l’ange, mais
avec toute l’ironie française ça ne pouvait que donner un humour satirique et
intelligent! Touchant, que ce film!
Petit plus philosophique!
Film philosophique aussi, car il pose la
question de la liberté, valeur États-uniennes, mais aussi française s’il en est
une. Mais qu’est-ce que la liberté? Si on peut la sentir, la percevoir, elle
n’est pas physique. C’est un état d’esprit; un état d’âme! Pas surprenant de
voir un ange à la rescousse. Mais, au fond, la liberté est-elle mystique ou
psychologique? Et si elle n’était que conceptuelle? Si la liberté ne dépendait
que de la définition qu’on lui donne et de ce que l’on fait pour répondre aux
critères que l’on s’est soi même fixé?
La liberté pourrait alors être autant de
travailler dur pour s’acheter tout ce que l’on veut (matérialiste et
consumériste), que de consciemment refuser de travailler pour pouvoir communier
avec les pigeons et les petits oiseaux dans un parc ou sous un pont si c’est ce
que l’on désire le plus profondément (mystique ou philosophique)? C’est donc
une valeur profonde, mais à laquelle on peut accoler bien des façons d’être et
de vivre.
Façons contradictoires, ce qui explique
les tensions sociales que l’on connaît autour de cette notion : les
conflits interreligieux; les oppositions entre athées, agnostiques et croyants;
les désaccords profonds entre le
travailleur et l’assisté social, l’un et l’autre s’opposant sur des valeurs!
Par exemple, pour le travailleur, l’assisté social ne devrait pas être
entretenu dans son refus de travailler alors que pour l’assisté social qui l’a
consciemment choisit, ces maux modernes que sont le stress et le « burn-out » sont le fait de gens qui
ont fait passer le travail, l’argent et la surconsommation bien au-dessus de la
qualité de vie! Des oppositions de valeurs irréductibles et irréconciliables
parfois. Pourquoi ne peut-on pas travailler que pour ce que l’on a besoin sans
entrer dans un système qui nous bouffe tout entier se demandera peut être le
philosophe pour sa part? Ils auront tous
raison de leur point de vue; tous tort de celui de l’autre; la liberté étant un
concept et une valeur individuelle.
C’est ce qui m’a fait penser à l’acteur et le système de Crozier, car
dans tout ce qui est organisé il y a toujours des espaces de liberté que l’on
peut prendre pour tenter de changer les choses (militantisme, collectivisme ou
syndicalisme) ou pour soi (individualisme). Cependant, il est sûr qu’on ne
réussira pas la plupart du temps, car d’autres aussi prennent ces espaces pour
transformer les choses de leur point de vue ou même pour sauvegarder le statu
quo, car il peut faire leur affaire. Certains, ainsi, voudraient que les choses
ne changent pas par crainte de pire! L’immobilisme les rassure. Ils se sont
fait à la situation. C’est ce qui peut expliquer que des gens ne participeront
pas au renversement d’une dictature ou d’un gouvernement par peur de pire
(représailles possibles, arrivée d’une dictature militaire ou d’un gouvernement
pire que le précédent, même en démocratie), s’étant fait un certain espace de
confort malgré la situation. Il faut avouer qu’ils n’ont pas toujours tort,
mais pas nécessairement raison non plus!
À partir de ces interactions se
construit et se transforme la société. On pénètre dans le concept d’historicité
de Touraine. La société se construit par elle-même, fruit de nos interactions.
Elle n’est jamais tout à fait ce que nous voulons, ni totalement ce que les
autres veulent. On peut agir ou laisser aller, car on a toujours le choix entre
action, inaction ou réaction, façon moderne de qualifier la dialectique
hégélienne (thèse, antithèse, synthèse) reprise par Marx plus tard! (1)
En est-il de même pour l’individu?
Quelqu’un, en haut, a cru qu’il pouvait se changer si on lui en donnait la
chance. Il lui a donc envoyé Angel-A!
Société, individualité et mystique se
rejoignent dans ce film, car « le XXIe
siècle sera spirituel ou ne sera pas » dit l’adage! (2) N’en est-on
pas témoins d’ailleurs, la montée des conflits religieux prenant des
proportions insoupçonnées jusqu’ici, la fin du XXe siècle ayant plutôt été
placé sous le règne du laïcisme.
Notes :
1. Voir DIALECTIQUE, in
Trésors de la Langue Française informatisé : http://atilf.atilf.fr/
2. Je préfère dire l’adage que Malraux, car il y a controverse au sujet de
cette citation qu’on lui prêtre, lui en refusant la paternité et certains
témoins disant l’avoir entendu de sa bouche. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Malraux)
Références :
Crozier, Michel, et Friedberg, Erhard, 1977 (1981), L'acteur et le système, France: Seuil, col point politique.
TOURAINE, Alain, 1965, Sociologie
de l’action, Paris: Seuil
TOURAINE, Alain, 1969, La société
post industrielle, Paris: Denoël, coll. Médiations.
TOURAINE, Alain, 1993 (1973), Production
de la société, Paris: Le livre de poche, biblio essais
---
www.lecoudelagirafe-lefilm.com
Réalisé par : Safy Nebou
Date de Sortie : 22 décembre 2006
Distribution : Sandrine Bonnaire, Claude Rich, Louisa Pili
Durée : 84 minutes
Synopsis :
Mathilde, neuf ans, vit seule avec sa mère Hélène depuis le divorce de
ses parents et l’opération cardiaque de son grand-père, Paul. Entre la mère et
la fille, l’échec scolaire est source de conflit. Une nuit, Mathilde s’enfuit
de chez elle pour rejoindre la résidence médicalisée où végète son grand-père.
Dans ses mains, elle tient une lettre de Madeleine, disparue depuis trente ans.
Mathilde sait maintenant qu’on lui ment, que sa grand-mère n’est pas morte.
Elle est venue enlever Paul pour qu’il l’aide à la retrouver. Au petit matin,
le TGV file vers Biarritz… Hélène est bouleversée en découvrant dans les
affaires de sa fille des dizaines de lettres envoyées par sa mère, que son père
lui dissimule depuis toujours. Au volant de sa voiture, elle roule vers le
sud-ouest… Commence alors pour Paul, Mathilde et Hélène, le voyage de la
vérité. Les cloisons se brisent, les mensonges et les secrets se dissipent.
Grâce à la force de Mathilde, ils finiront par se parler enfin…
Commentaires de Michel
Handfield (19 décembre 2006)
Il y a parfois des trous de la vie qui
ne sont pas comblés et on cherche toujours à les remplir! Mathilde, neuf ans,
veut remplir un de ces trous avant qu’il ne soit trop tard : connaître sa
grand-mère qu’on lui disait morte!
C’est une idée fixe qui entraînera son
grand-père dans son passé et ses secrets, mais ouvrira aussi les yeux de sa
mère. Un film tendre, où se mêlent la sagesse de l’enfance et le désir de
délinquance des cheveux blancs. Une façon de sentir que l’on est encore vivant!
Les deux se rejoignent dans la fugue… main dans la main.
Mais la mère, en adulte raisonnable
qu’elle est, pourra-t-elle comprendre? Car elle est à l’âge où l’on sait, alors
que lorsqu’on est enfant on veut savoir
et quand l’on est vieux, l’on sait que
l’on ne sait jamais comme le chantait Jean Gabin à une autre époque.
Jeunesse et vieillesse se rejoignent donc sur ce point, savoir, comme ils se
rejoignent aussi sur la question de l’amour, des sentiments et des relations
interpersonnelles. Ce n’est peut être pas un hasard la relation privilégié des
grands-parents à leurs petits-enfants.
Se pourrait-il que certains des maux de la
jeunesse d’aujourd’hui ne viennent pas tant de la famille éclatée que de la
famille distanciée? En effet, avec l’étalement urbain, les grands-parents sont
de moins en moins accessibles pour les petits-enfants, du moins par leurs
propres moyens. Ils sont dépendants des visites des parents. De liens privilégiés qui se tissaient alors,
ne se tissent plus. Une certaine forme de transmission n’existe plus, sans
compter que les grands-parents s’assimilent de plus en plus à des parents
lointains, voir des étrangers. Il y aurait là un sujet d’étude psychosocial je
crois.
Un film touchant sur les deux côtés de
l’amour : l’attachement et l’abandon. Cela est vrai des personnes comme
des familles. Parfois l’abandon fait souffrir; d’autres fois, aimer signifie
aussi abandonner, lâcher prise, comme ne pas s’acharner sur une personne
malade, mais seulement être présent. La vie est ainsi faite que l’on veut
parfois oublier ce qui est toujours là alors que d’autre fois on oublie même ce
que l’on voudrait se souvenir de tout notre être!
***
À travers ce film passent aussi certains
détails qui m’on intéressé d’un point de vue social.
D’abord, les codes de communications
différents selon les générations. Pour le grand-père, l’apprentissage
passe par la lecture alors que pour sa petite-fille, c’est dans l’audio-visuel.
Elle connaît l’histoire, car elle a vu le film.
Ensuite, c’est une remarque sur le
savoir tranquille qui a attiré mon attention. Je l’ai d’ailleurs noté du mieux
que j’ai pu durant la projection, car elle parle d’elle-même :
« Les choses qui paraissent parfois les plus inutiles sont parfois les
plus utiles! Des écrits peuvent changer le monde, car ils sont à la source
des révolutions! » (Grand-père à sa petite fille)
Enfin, cette richesse multilingue de
l’Europe me fascine, car si on aime parler de nos racines européennes ici au
Québec (et j’y crois) nous avons pourtant encore de la difficulté à enseigner
ne serait-ce qu’une langue seconde, l’anglais, dans nos écoles. On devrait peut
être regarder ce qui se passe ailleurs et, à défaut de voyager, le cinéma en
est un excellent révélateur.
---
Reconstitution
historique et innovation technologique
Jeudi 21 décembre 2006 à 21 h,
rediffusion lundi 23 h .Sur les ondes de Télé-Québec. Durée : 90
minutes
Suivi, le lendemain, de Marie-Antoinette sur fond vert,
Vendredi 22 décembre 2006 à 21 h, rediffusion lundi vers 0 h 30.
Durée : 60 minutes
Commentaires de Michel
Handfield (16 décembre 2006)
Ce docufiction fut tourné « sur « fond vert », les scènes
ensuite superposées sur des images numériques réelles — environ 3500;
lesquelles ont préalablement été tournées à Versailles et à la Conciergerie nous apprend le communiqué que vous
trouverez plus bas. Il y aura
d’ailleurs diffusion du « making of », Marie-Antoinette sur fond vert, le lendemain de celle de Marie-Antoinette. Le décor est donc
naturel et virtuel à la fois, mais
le tout arrive juste. Je dois aussi dire que l’image est très belle.
C’était important de le souligner dès le départ, vu cette particularité
technologique.
***
Marie-Antoinette, on l’a aimé, on l’a
haït, mais on l’a toujours raillé! Marié à 15 ans au futur roi, qui n’en avait
que 16, pour sceller une alliance politique entre la France et l’Autriche,
alors ennemies de longue date, c’était
un peu un jeu d’enfants. Elle était sacrifiée dès son arrivée, Versailles étant alors la cour
la plus corrompue d’Europe!
Quant au roi, il aurait probablement
mieux aimé un métier, l’ingénierie ou l’architecture, car il était manuel et
plus curieux des mécanismes de serrure et des travaux de construction, que de
la politique et de la stratégie. Plus manuel que conceptuel qu’il était, le roi
devait donc s’en remettre à ses conseillers.
Coupé du monde et dans sa bulle, les
goûts de la reine sont sans commune mesure avec la situation du peuple. Ça ne
pouvait qu’aggraver le ressentiment de la cour envers elle et susciter le
mécontentement populaire. En situation financière précaire, le roi de France
aide les insurgés États-uniens contre l’Angleterre et la reine se fait des plus
dépensières. Pendant ce temps, 500 000 indigents sont dans les rues de
Paris et le royaume ploie de toutes parts sous les dettes. Coupé du monde, le
couple royal ne sent pas venir le danger.
Mauvaises décisions par-dessus
mauvaises décisions. Insensibilité aux malheurs du peuple, celui-ci en aura
assez.
Si la France a soutenu la révolution
États-uniennes, pourquoi ne ferait-elle pas la sienne? Ce sera la Déclaration des Droits de l'homme et du
citoyen de 1789 suivi deux ans plus tard de la Constitution de 1791 : tout homme nait égaux, même le roi! Le Pouvoir revient à la Nation!
Ce qui est fascinant dans ce mouvement,
c’est qu’une part des difficultés financières de la France venait justement de
l’aide que le roi avait apporté aux États-Unis pour les aider à se libérer de
l’Angleterre et établir leur république; difficultés qui ont plongé le peuple
français dans l’indigence et l’a amené à se révolter à son tour contre le
pouvoir monarchique! Le roi a soutenu la révolution états-unienne, il a reçu la
révolution française en cadeau. Vive la République!
Plus profondément, cela pose toute la
question de la légitimité royale. On devient roi de naissance, mais cela ne
signifie pas pour autant que la personne a la capacité de la fonction. Le
souverain est en quelque sorte piégé par une forme de légitimité divine du
pouvoir. Ce n’est pas toujours heureux pour le peuple, ni pour le souverain. Ce
n’est pas un hasard si cette forme archaïque de pouvoir est de plus en plus
confinée à un rôle protocolaire, séparé de la démocratie parlementaire, le vrai
pouvoir politique. L’époque de Marie-Antoinette en fut la quintessence et en
marqua aussi la chute : le passage des États-Unis et de la France à l’État
républicain. C’est ce qui leur a mérité
ce passage à l’histoire.
Un docufiction que je vous
recommande, car très bien fait. A la fois plaisant et instructif. On y trouve
les vertus du film et du documentaire.
Hyperliens :
Marie-Antoinette d'Autriche :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Antoinette_d%27Autriche
Louis XVI de France :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XVI_de_France
Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen de 1789 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_des_Droits_de_l%27homme_et_du_citoyen_de_1789
Constitution de 1791 :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Constitution_de_1791
Communiqué :
Marie-Antoinette
La diffusion de ce long métrage de docufiction
est un événement à plus d'un titre. D'abord, elle témoigne d'une innovation
technologique québécoise révolutionnaire. Pour la première fois, en effet, et
ce, grâce à la société québécoise Hybride, une œuvre télévisée de
quatre-vingt-dix minutes est entièrement tournée en décors virtuels. Les
caractéristiques de ce tournage unique font l’objet d’une chronique dans une
émission diffusée le lendemain, Marie-Antoinette sur fond vert. La
rigueur historique est un autre point fort de ce long métrage. Pas un mot, pas
une phrase, qui ne se réfèrent à des sources historiques. Le scénario est
l’œuvre du scénariste français Jean-Claude Carrière, qui a déjà signé Cyrano
de Bergerac et Le hussard sur le toit. Derniers atouts : la qualité
de l'interprétation et de la réalisation. Karine Vanasse, dans le rôle de
Marie-Antoinette, et Olivier Aubin, qui incarne le roi Louis XVI, livrent une
prestation de haut calibre, soutenus par plusieurs comédiens québécois — dont
David La Haye, Paul Ahmarani, Daniel Brière, Paul Doucet et Hélène Florent.
Enfin, Francis Leclerc (Mémoires affectives) et Yves Simoneau (Napoléon)
cosignent la réalisation du documentaire. Tous ces éléments conjugués feront de
cette reconstitution historique de la vie de Marie-Antoinette, de son arrivée à
Versailles, en 1770, jusqu'à sa mort — guillotinée — en 1793, un des moments
marquants de notre saison.
Distribution : Karine Vanasse
(Marie-Antoinette), Olivier Aubin (Louis XVI), Paul Ahmarani (Léonard,
le coiffeur), Marie-Ève Beaulieu (Madame de Polignac), Daniel Brière
(Tronson), Vincent Champoux (Comte de Provence), Frédéric Desager
(Joseph II), Paul Doucet (Fouquier-Tinville), Hélène Florent (Madame
du Barry), Danny Gilmore (Comte de Fersen), Paul Hébert (Juge),
Roc Lafortune (Ministre Necker), David La Haye (Cardinal de Rohan),
Mathilde Lavigne (Comtesse de La Motte), Paul Savoie (Louis XV),
Vincent Guillaume Otis (Comte D'Artois) Narration : Guy Nadon Musique originale : Luc Sicard Scénario : Jean-Claude Carrière Réalisation : Yves Simoneau, Francis Leclerc Producteurs : Alex Sliman, Yves Simoneau, Danielle
Fontaine Production : Émergence
International, Télé-Québec, GMT, France 2 — France,
Québec, 2006.
Marie-Antoinette sur fond vert
Pour la première fois, une œuvre télévisée de
quatre-vingt-dix minutes est entièrement tournée en décors virtuels. Une
innovation technologique rendue possible grâce à l’expertise de la société
québécoise Hybride. Plus précisément : les comédiens jouent sur
« fond vert » et les scènes sont ensuite superposées sur des images
numériques réelles — environ 3500; lesquelles ont préalablement été tournées à
Versailles et à la Conciergerie. Le résultat est si hallucinant, le procédé à
ce point efficace que l'on peut difficilement imaginer que les acteurs ne sont
pas sur les lieux. Les costumes et les accessoires sont, par ailleurs, bien
réels. Quelque deux cent vingt perruques et deux cent cinquante costumes
d'époque ont été nécessaires à la réalisation de l'œuvre. C’est cet exploit technologique que relate ce
documentaire.
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